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Paul Carnot

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Paul Carnot
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Paul Carnot ( - ) est un médecin français né à Limoges, et mort à Paris (7e). Il exerce dans les hôpitaux de Paris, puis est professeur de médecine thérapeutique en 1918 à la Faculté de médecine de Paris. En 1922, il est élu membre de l'Académie nationale de médecine[1].

Biographie

Famille

Paul appartient à la très ancienne famille Carnot, originaire de l'Autunois en Bourgogne[2]. Il est le fils aîné de Marie-Adolphe Carnot (1839-1920), professeur puis directeur de l'École des mines de Paris et de Marguerite Barraud-Richemond (1847-1869)[3].

C'est l'arrière-petit-fils de Lazare Carnot[3], le petit-fils d'Hippolyte Carnot, le petit-neveu du physicien Sadi-Carnot, et le neveu du président de la Troisième République Sadi-Carnot.

Il se marie avec Madeleine Guadet (1876-1965), fille de l'architecte Julien Guadet, dont il a une descendance nombreuse s'élevant à neuf enfants[3], dont 7 survivants à l'âge adulte (3 filles dont une médecin et 2 épouses de directeurs de société ; 4 garçons dont 2 directeurs de société, un architecte, et un parfumeur) [2].

Son beau-frère Paul Guadet, architecte, fait les plans de leur maison, un hôtel particulier qui est bâti avenue Élisée-Reclus, dans le 7e arrondissement de 1906 à 1908[4].

Études et carrière

En 1888, il est licencié en sciences physiques et naturelles. Il poursuit alors des études simultanées en médecine et en sciences naturelles. En 1891, il est reçu au concours de l'externat, et à celui de l'internat en 1894[2].

Il obtient son doctorat en sciences naturelles à Lille en 1896 (thèse : Recherches sur le mécanisme de la pigmentation), et en médecine à Paris en 1898 (thèse : Recherches expérimentales et cliniques sur les pancréatites).

En 1902, il est chef de laboratoire, dépendant de la chaire de thérapeutique tenue par Augustin Gilbert. En 1903, il est médecin des hôpitaux et l'année suivante, agrégé de pathologie interne et de médecine légale, chargés de cours et de conférences[2],[5].

En 1911, il est chef de service à l'hôpital Tenon, et en 1919 à l'hôpital Beaujon.

En 1918, il est nommé à la chaire de thérapeutique, à la suite d'Antoine Marfan, et à celle de clinique médicale en 1927, à la suite d'Augustin Gilbert.

Il prend sa retraite en 1939 (professeur honoraire en 1940).

En plus de ses fonctions dans les hôpitaux, il est nommé médecin de l'École des mines le 29 octobre 1898, ainsi que chargé de conférences d'hygiène à titre accessoire du 12 décembre 1906 jusqu'à sa démission le 1er janvier 1937. Il se plaisait à revenir dans cet établissement, où il avait demeuré avec ses parents durant quinze ans, son père y étant directeur de 1901 à 1907 et précédemment inspecteur des études (équivalent de directeur-adjoint), « ce qui lui rappelait les origines scientifiques de sa famille »[3].

Opinion politique

Il est signataire de la pétition de soutien à la guerre du Rif, manifeste patriote nationaliste, paru dans Le Figaro du 7 juillet 1925[2].

Travaux

Médecin des Hôpitaux de Paris dès 1903, il fait la découverte, en 1905, de l'hémopoïétine (érythropoïétine), avec Clotilde-Camille Deflandre, dans le laboratoire d'Augustin Nicolas Gilbert à l'hôpital Broussais à Paris.

Carnot et Gilbert avaient un intérêt de longue date dans l'opothérapie[6] ou utilisation d'un extrait d'organe (extrait thyroïdien, extrait pancréatique...) pour remplacer un facteur manquant ou déficitaire, car on ne savait pas encore isoler ou synthétiser les substances actives exactes (hormones, enzymes, etc...).

S'inscrivant dans cette tradition dans le laboratoire de Gilbert, Deflandre entreprend de déterminer la valeur « opothérapeutique » du sang. En 1905, Carnot et Deflandre découvrent que l'injection d'une petite quantité du sérum d'un lapin préalablement saigné entraîne une augmentation considérable des globules rouges le lendemain de l'injection chez les lapins receveurs normaux. Ils montrent également que si le sérum d'un animal saigné était actif, celui d'un animal normal ne l'était pas.

Ils en déduisent que le sérum, plutôt que les éléments figurés (cellules) du sang, contient une substance déclenchée par l'anémie (la saignée) ; et que cette substance provoque la reconstitution du nombre de globules rouges. Ils appellent cette substance hémopoïétine et postulent qu'elle fait partie d'un groupe de cytopoïétines, maintenant appelé cytokines.

La présentation est effectuée le 27 août 1906[7]. Entre 1906 et 1907, deux articles de Carnot et Deflandre sont publiés dans les Comptes Rendus de l'Académie des Sciences[8],[9], décrivant l'existence de cette substance et son application possible en thérapeutique.

Ces articles ont jeté les bases intellectuelles de l'ensemble du domaine des facteurs de croissance, c'est-à-dire de protéines-signaux produites sur divers sites et agissant la croissance de population de cellules cibles éloignées. La thèse de Deflandre pour son doctorat en médecine Les applications du sérum hématopoïétique a été approuvée par la faculté de pharmacie de l'université de Lille en 1910.

Dans les années qui suivent, la difficulté à reproduire ces résultats conduit à la mise en doute et à la perte d'intérêt pour ce travaila condu[10]. Cependant, en 1947, Eva Bonsdorff et ses collègues ont pu reproduire les premiers résultats de Carnot et Deflandre et renommer la substance active en érythropoïétine (EPO)[11]. Les ventes mondiales d'érythropoïétine recombinante ont atteint autour de 7 milliards de dollars en 2012[12].

Distinctions

Publications

Carnot est l'auteur de nombreux traités médicaux. Avec Paul Brouardel (1837–1906), Augustin Nicolas Gilbert (1858–1927) et d'autres, il publie le Nouveau traité de médecine et de thérapeutique en plusieurs volumes. Les plus connus de ses autres ouvrages sont les suivants :

  • Les régénérations d'organes, 1899
  • Maladies microbiennes en général, 1905
  • Médications histopoiétiques et médications histolytiques, 1911
  • Précis de thérapeutique, 1925
  • La clinique medicale de l'Hôtel-Dieu et l'œuvre du Pr Gilbert 1927

Références

  1. « http://www.biusante.parisdescartes.fr/histoire/biographies/index.php?cle=3676 ».
  2. a b c d et e Françoise Huguet, Les professeurs de la faculté de médecine de Paris, dictionnaire biographique 1794-1939, INREP-CNRS, (ISBN 2-222-04527-4), p. 89-92
  3. a b c et d « Paul Carnot (1869-1957) », sur www.annales.org (consulté le )
  4. « Archiwebture — Objet PERAU-309. Hôtel particulier du docteur Carnot, av. Élisée-Reclus, Paris 7e. 1906-1908 », sur archiwebture.citedelarchitecture.fr (consulté le ).
  5. « Paul Carnot (1869-1957) - Auteur - Ressources de la Bibliothèque nationale de France », sur data.bnf.fr (consulté le )
  6. Paul Carnot, Les régénérations des organes, Paris, Baillière, .
  7. Académie des sciences (France) Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences / publiés... par MM. les secrétaires perpétuels. 1835-1965. 1906/07 (T143) → 1906/12, consultables sur Gallica.
  8. P. Carnot et Cl Deflandre, « Sur l’activité hémopoïétique du sérum au cours de la régénération du sang », Compt. Rend. Acad. Sci., vol. 143,‎ , p. 384–386.
  9. P. Carnot et Cl. Deflandre, « Sur l’activité hémopoïétique des différents organes au cours de la régénération du sang », Compt. Rend. Acad. Sci., vol. 143,‎ , p. 432–435
  10. A.S. Gordon et Max Dubin, « On the Alleged Presence of "Hemopoietine" in the Blood Serum of Rabbits either Rendered Anemic or Subjected to Low Pressures », Am. J. Physiol., vol. 107,‎ , p. 704–708.
  11. E. Bonsdorff et E Jalavisto, « A humoral mechanism in anoxic erythrocytosis », Acta. Physiol. Scand., vol. 16,‎ , p. 150–170.
  12. Nuala Moran, « Affymax poised to challenge Amgen », Nature Biotechnology, vol. 30,‎ , p. 377–379.
(en)/(fr) Cet article est partiellement ou en totalité issu des articles intitulés en anglais « Paul Carnot » (voir la liste des auteurs) et en français « Clotilde-Camille Deflandre » (voir la liste des auteurs).


Liens externes