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« Dubh Artach » : différence entre les versions

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'''Dubh Artach''' (prononcé /duːˈɑrtɑːx/ en anglais et /t̪uh arˠʃt̪əx/ en [[gaélique écossais|gaélique]]) est une petit île rocailleuse de [[basalte]] sur la côte ouest de l'[[Écosse]], à {{unité|29|km}} à l'ouest de [[Colonsay]] et {{unité|24|km}} au sud-ouest de Ross of Mull, plus large péninsule de [[Mull (Écosse)|île de Mull]]. Un [[phare]] conçu par [[Thomas Stevenson]], avec une tour haute de {{unité|44|m}}, fut érigé à Dubh Artach entre 1867 et 1872, et un poste naval fut construit sur l'[[Erraid|île d'Erraid]]. L'île, ou rocher, est sujette à des conditions de mer rude, les gardiens du phare ayant fait face à des vagues de {{unité|28|m}} ou plus. En dépit de ces conditions défavorables, plusieurs personnes servirent sur le phare pour de longues périodes, jusqu'à ce qu'il soit automatisé en 1971. ''Dubh Artach'' est le nom officiel du phare, et le rocher lui-même est aussi connu sous le nom de ''Dhu Heartach'' ; des interprétations variées ont été proposées pour la signification du nom gaélique, et « le rocher noir » est la plus probable.
'''Dubh Artach''' (prononcé /duːˈɑrtɑːx/ en anglais et /t̪uh arˠʃt̪əx/ en [[gaélique écossais|gaélique]]) est une petit île rocailleuse de [[basalte]] sur la côte ouest de l'[[Écosse]], à {{unité|29|km}} à l'ouest de [[Colonsay]] et {{unité|24|km}} au sud-ouest de Ross of Mull, plus large péninsule de [[Mull (Écosse)|île de Mull]]. Un [[phare]] conçu par [[Thomas Stevenson]], avec une tour haute de {{unité|44|m}}, fut érigé à Dubh Artach entre 1867 et 1872, et un poste naval fut construit sur l'[[Erraid|île d'Erraid]]. L'île, ou rocher, est sujette à des conditions de mer rude, les gardiens du phare ayant fait face à des vagues de {{unité|28|m}} ou plus. En dépit de ces conditions défavorables, plusieurs personnes servirent sur le phare pour de longues périodes, jusqu'à ce qu'il soit automatisé en 1971. ''Dubh Artach'' est le nom officiel du phare, et le rocher lui-même est aussi connu sous le nom de ''Dhu Heartach'' ; des interprétations variées ont été proposées pour la signification du nom gaélique, et « le rocher noir » est la plus probable.


== Étymologie ==
== Toponymie ==
La traduction la plus probable de Dubh Artach est « le rocher noir », ''artach'' étant un mot gaélique devenu obsolète pour un rocher ou un terrain rocailleux en [[gaélique écossais]]<ref>{{en}} E. Dwelly - ''The Illustrated Gaelic English Dictionary'', page 48, 1941.</ref> comme en [[irlandais]]<ref>{{ga}} P. Dineen - ''Foclóir Gaeḋilge agus Béarla'', page 60, 1927.</ref>. Les variations entre les formes anglicisées Dubh Artach et Dhu Heartach provient d'une mauvaise séparation des mots : le ''h'' final de /t̪uh arˠʃt̪əx/ semble faire parti du mot suivant, suggérant ''hartach'' ou ''heartach'' à une oreille inexercée.
La traduction la plus probable de Dubh Artach est « le rocher noir », ''artach'' étant un mot gaélique devenu obsolète pour un rocher ou un terrain rocailleux en [[gaélique écossais]]<ref>{{en}} E. Dwelly - ''The Illustrated Gaelic English Dictionary'', page 48, 1941.</ref> comme en [[irlandais]]<ref>{{ga}} P. Dineen - ''Foclóir Gaeḋilge agus Béarla'', page 60, 1927.</ref>. Les variations entre les formes anglicisées Dubh Artach et Dhu Heartach provient d'une mauvaise séparation des mots : le ''h'' final de /t̪uh arˠʃt̪əx/ semble faire parti du mot suivant, suggérant ''hartach'' ou ''heartach'' à une oreille inexercée.


Stevenson pensait que « noir et lugubre » était une traduction du nom, observant que « comme d'habitude, en gaélique, ce n'est pas la seule [traduction] »<ref name="Stev">{{en}} Robert Louis Stevenson - ''The New Lighthouse on the Dhu Heartach Rock, Argyllshire'', Silverado Museum, Californie, 1995. Basé sur un manuscrit de 1872 et édité par R. G. Swearingen. Pages 4 à 10.</ref>. Adamnan, dans sa ''Vie de St Columba'' du {{s|VII}}, appelle poétiquement le rocher An Dubh Iar-stac, « le [[Stack (géologie)|stack]] noir de l'ouest »<ref name="Northern">{{en}} Northern Lighthouse Board - ''[http://www.nlb.org.uk/ourlights/history/dubhartach.htm Histoire de Dubh Artach]'', consulté le 7 septembre 2009.</ref>. Le rocher était aussi connu sous le nom de ''rocher de St. John'' avant la construction du phare<ref>{{en}} Robert Louis Stevenson - ''The New Lighthouse on the Dhu Heartach Rock, Argyllshire'', Silverado Museum, Californie, 1995. Basé sur un manuscrit de 1872 et édité par R. G. Swearingen. Page 1.</ref>.
Stevenson pensait que « noir et lugubre » était une traduction du nom, observant que « comme d'habitude, en gaélique, ce n'est pas la seule [traduction] »<ref name="Stev">{{en}} Robert Louis Stevenson - ''The New Lighthouse on the Dhu Heartach Rock, Argyllshire'', Silverado Museum, Californie, 1995. Basé sur un manuscrit de 1872 et édité par R. G. Swearingen. Pages 4 à 10.</ref>. Adamnan, dans sa ''Vie de St Columba'' du {{s|VII}}, appelle poétiquement le rocher An Dubh Iar-stac, « le [[Stack (géologie)|stack]] noir de l'ouest »<ref name="Northern">{{en}} Northern Lighthouse Board - ''[http://www.nlb.org.uk/ourlights/history/dubhartach.htm Histoire de Dubh Artach]'', consulté le 7 septembre 2009.</ref>. Le rocher était aussi connu sous le nom de ''rocher de St. John'' avant la construction du phare<ref>{{en}} Robert Louis Stevenson - ''The New Lighthouse on the Dhu Heartach Rock, Argyllshire'', Silverado Museum, Californie, 1995. Basé sur un manuscrit de 1872 et édité par R. G. Swearingen. Page 1.</ref>.


== Géologie ==
== Géographie ==
=== Topographie ===
{{...}}

=== Faune et flore ===
{{...}}

=== Climat ===
{{...}}

=== Géologie ===
Dans les temps [[préhistorique]], Dhu Artach était couvert par des plaques de glace qui s'étendaient de l'Écosse dans l'océan Atlantique au-delà des [[hébrides extérieures]]. Après le dernier recul de la glace il y a environ {{unité|20000|ans}}, les niveaux de la mer était jusqu'à {{unité|130|m}} plus bas qu'actuellement<ref>{{en}} McKirdy, Alan Gordon, John & Crofts, Roger - ''Land of Mountain and Flood: The Geology and Landforms of Scotland'', Birlinn, Édimbourg, Birlinn, 2007.</ref>. L'estimation du littoral après l'époque glaciaire est une tâche complexe, en raison de la montée [[Isostasie|isostatique]] des terres, mais vers le 14{{e}} millénaire avant Jésus-Christ, il est probable que le rocher soit sur à l'extrémité ouest d'un grand pont naturel reliant ce qui à présent l'île d'Irlande à l'Écosse. Ce pont incluait les îles de [[Jura (Écosse)|Jura]] et d'[[Islay (Écosse)|Islay]] et était probablement connecté à l'Écosse proprement dite par un isthme vers le Loch Craignish au sud d'[[Oban (Écosse)|Oban]]<ref>{{en}} William Hutchison Murray - ''The Islands of Western Scotland'', Eyre Methuen, London, 1973. Pages 67-69.</ref>.
Dans les temps [[préhistorique]], Dhu Artach était couvert par des plaques de glace qui s'étendaient de l'Écosse dans l'océan Atlantique au-delà des [[hébrides extérieures]]. Après le dernier recul de la glace il y a environ {{unité|20000|ans}}, les niveaux de la mer était jusqu'à {{unité|130|m}} plus bas qu'actuellement<ref>{{en}} McKirdy, Alan Gordon, John & Crofts, Roger - ''Land of Mountain and Flood: The Geology and Landforms of Scotland'', Birlinn, Édimbourg, Birlinn, 2007.</ref>. L'estimation du littoral après l'époque glaciaire est une tâche complexe, en raison de la montée [[Isostasie|isostatique]] des terres, mais vers le 14{{e}} millénaire avant Jésus-Christ, il est probable que le rocher soit sur à l'extrémité ouest d'un grand pont naturel reliant ce qui à présent l'île d'Irlande à l'Écosse. Ce pont incluait les îles de [[Jura (Écosse)|Jura]] et d'[[Islay (Écosse)|Islay]] et était probablement connecté à l'Écosse proprement dite par un isthme vers le Loch Craignish au sud d'[[Oban (Écosse)|Oban]]<ref>{{en}} William Hutchison Murray - ''The Islands of Western Scotland'', Eyre Methuen, London, 1973. Pages 67-69.</ref>.


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{{Citation bloc|Un récif laid est celui de Dhu Heartach; aucune collection plaisante de saillies, mares et criques où un enfant pourrait jouer pour un été entier sans s'ennuyer, comme le ''Bell Rock'' ou ''Skerryvore'', mais un nodule ovale [...] barbouillé de façon éparse avec un fucus à peine visible, et vivant dans chaque fissure avec un insecte miteux entre un cloporte et une punaise. Aucune autre vie n'était là mais les oiseaux de mer, et la mer elle-même, qui courait ici [...] et grondait vers le récif extérieur encore, et encore et toujours, dans la météo la plus calme, soufflant et mugissant sur le rocher lui-même.<ref group="note">An ugly reef is this of the Dhu Heartach; no pleasant assemblage of shelves, and pools, and creeks, about which a child might play for a whole summer without weariness, like the Bell Rock or the Skerryvore, but one oval nodule of black-trap, sparsely bedabbled with an inconspicuous fucus, and alive in every crevice with a dingy insect between a slater and a bug. No other life was there but of sea-birds, and of the sea itself, that here ran like a mill-race, and growled about the outer reef for ever, and ever and again, in the calmest weather, roared and spouted on the rock itself.</ref>}}
{{Citation bloc|Un récif laid est celui de Dhu Heartach; aucune collection plaisante de saillies, mares et criques où un enfant pourrait jouer pour un été entier sans s'ennuyer, comme le ''Bell Rock'' ou ''Skerryvore'', mais un nodule ovale [...] barbouillé de façon éparse avec un fucus à peine visible, et vivant dans chaque fissure avec un insecte miteux entre un cloporte et une punaise. Aucune autre vie n'était là mais les oiseaux de mer, et la mer elle-même, qui courait ici [...] et grondait vers le récif extérieur encore, et encore et toujours, dans la météo la plus calme, soufflant et mugissant sur le rocher lui-même.<ref group="note">An ugly reef is this of the Dhu Heartach; no pleasant assemblage of shelves, and pools, and creeks, about which a child might play for a whole summer without weariness, like the Bell Rock or the Skerryvore, but one oval nodule of black-trap, sparsely bedabbled with an inconspicuous fucus, and alive in every crevice with a dingy insect between a slater and a bug. No other life was there but of sea-birds, and of the sea itself, that here ran like a mill-race, and growled about the outer reef for ever, and ever and again, in the calmest weather, roared and spouted on the rock itself.</ref>}}


== Préparation et construction du phare ==
== Histoire ==
{{...}}
=== Préparation et construction du phare ===
Entre 1800 et 1854, trente navires s'échouèrent sur le récif<ref name="Bella">{{en}} Bella Bathhurst - ''The Lighthouse Stevensons'', Flamingo, London, 2000.</ref>. Cependant, le but du phare n'était pas seulement de prévenir les marins quant à Dhu Artach lui-même, mais aussi de les guider après les redoutables Rochers de Torran qui se trouvent entre Ross of Mull et Colonsay. Il fut tout d'abord considéré que le site était impossible pour un phare, il y eut la perte en 1864 du bateau à vapeur ''Bussorah'' avec ses trente-trois membres de l'équipage, ainsi que de {{unité|24|vaisseaux}} dans la zone à cause d'une tempête le 30-31 décembre 1865. Les assureurs Lloyds de Londres et le capitaine Bedford de l'amirauté poussèrent à ce que des actions soient prises<ref name="Bella"/>{{,}}<ref name="Stev"/>. Les travaux d'ingénierie furent supervisés par la famille Stevenson, ingénieurs réputés, dont les frères [[Thomas Stevenson|Thomas]] et [[David Stevenson (ingénieur)|David]] commencèrent le travail en 1866<ref name="Nicholson"/>. Thomas observa que « ce ne serait pas un travail d'une ampleur ordinaire »<ref name="Bella"/>.
Entre 1800 et 1854, trente navires s'échouèrent sur le récif<ref name="Bella">{{en}} Bella Bathhurst - ''The Lighthouse Stevensons'', Flamingo, London, 2000.</ref>. Cependant, le but du phare n'était pas seulement de prévenir les marins quant à Dhu Artach lui-même, mais aussi de les guider après les redoutables Rochers de Torran qui se trouvent entre Ross of Mull et Colonsay. Il fut tout d'abord considéré que le site était impossible pour un phare, il y eut la perte en 1864 du bateau à vapeur ''Bussorah'' avec ses trente-trois membres de l'équipage, ainsi que de {{unité|24|vaisseaux}} dans la zone à cause d'une tempête le 30-31 décembre 1865. Les assureurs Lloyds de Londres et le capitaine Bedford de l'amirauté poussèrent à ce que des actions soient prises<ref name="Bella"/>{{,}}<ref name="Stev"/>. Les travaux d'ingénierie furent supervisés par la famille Stevenson, ingénieurs réputés, dont les frères [[Thomas Stevenson|Thomas]] et [[David Stevenson (ingénieur)|David]] commencèrent le travail en 1866<ref name="Nicholson"/>. Thomas observa que « ce ne serait pas un travail d'une ampleur ordinaire »<ref name="Bella"/>.


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{{Citation bloc|Ce serait peu généreux [...] de ne pas faire l'éloge d'hommes tels que M. Brebner, le super-intendant sur place, M. MacGregor, capitaine du bateau à vapeur, M. Goodwillie, chef des maçons sur le rocher, et M. Irvine, le chef du débarquement. Si justice devait être donnée, la liste serait bien plus longue, mais je peux seulement ajouter que de tous les hommes qui ont [participé à] finir le phare de Dhu Heartach, il y en a très peu qui se sont avérés être des poltrons. Et ceci est l'histoire habituelle de telles entreprises.<ref group="note">It would be ungenerous if a great and dangerous work like this were brought unsuccessfully to an end and no praise should be given to such men as Mr Brebner the resident Superintendent, Mr MacGregor the captain of the steamer, Mr Goodwillie the master-builder on the rock and Mr Irvine the landing master. If full justice were to be done, the list should be much longer, but I can only add that out of all the workmen who took their lives in their hand to finish the Dhu Heartach Lighthouse, there were very few who turned poltroon. And this is the common history of all such undertakings.</ref>}}
{{Citation bloc|Ce serait peu généreux [...] de ne pas faire l'éloge d'hommes tels que M. Brebner, le super-intendant sur place, M. MacGregor, capitaine du bateau à vapeur, M. Goodwillie, chef des maçons sur le rocher, et M. Irvine, le chef du débarquement. Si justice devait être donnée, la liste serait bien plus longue, mais je peux seulement ajouter que de tous les hommes qui ont [participé à] finir le phare de Dhu Heartach, il y en a très peu qui se sont avérés être des poltrons. Et ceci est l'histoire habituelle de telles entreprises.<ref group="note">It would be ungenerous if a great and dangerous work like this were brought unsuccessfully to an end and no praise should be given to such men as Mr Brebner the resident Superintendent, Mr MacGregor the captain of the steamer, Mr Goodwillie the master-builder on the rock and Mr Irvine the landing master. If full justice were to be done, the list should be much longer, but I can only add that out of all the workmen who took their lives in their hand to finish the Dhu Heartach Lighthouse, there were very few who turned poltroon. And this is the common history of all such undertakings.</ref>}}


=== Mise en service du phare ===
{{Infobox Phare
{{Infobox Phare
| nom = Phare de Dubh Artach
| nom=Phare de Dubh Artach
| image =
| image=
| position={{coord|56.13|-6.63|display|inline|format|dms}}
| position = Comme l'île.
| localisation = [[Dubh Artach]], [[Écosse]]
| localisation=Dubh Artach, [[Écosse]]
| construction = [[1867]] - [[1872]]
| construction=[[1867]] - [[1872]]
| hauteur = 44m
| hauteur=38 m
| élévation =
| élévation=44 m
| portée =
| portée=20 [[Mille international|milles]]
| feux=Deux flashs blancs toutes les 30 secondes
| feux =
| optique =
| optique=
| lanterne =
| lanterne=
| aide sonore =
| aide sonore=
| visitable=non
| visitable = Terrain seulement. Débarquement par mer risqué voire impossible.
| habité = non
| habité=non
| automatisation =1971
| automatisation=1971
}}
}}

== Mise en service du phare ==
La mise en service du phare ne mit pas fin aux risques. A marée basse, le débarquement est à environ {{unité|12|m}} au-dessus d'un bateau mais pas hors de portée de la houle. La majorité des déparquements se faisait par l'utilisation précaire de cordes depuis le mât de charge même par les jours calmes. Par exemple, en 1947, la mer empêcha tout débarquement pendant 10 semaines et des provisions durent être larguées depuis un [[Junkers Ju 52]]<ref>{{en}} Phil Lo Bao et Iain Hutchison - ''BEAline to the islands: the story of air services to offshore communities of the British Isles by British European Airways, its predecessors and successors'', kea publishing, 2002, {{ISBN|0951895842}}.</ref>. Les tempêtes de mer pouvaient donner lieu à des hauteurs impressionantes et, durant la première année d'opération, le [[paratonnerre]] en cuivre fut arraché de son support à une hauteur de {{unité|28|m}} au dessus du niveau de la mer<ref name="Nicholson"/>.
La mise en service du phare ne mit pas fin aux risques. A marée basse, le débarquement est à environ {{unité|12|m}} au-dessus d'un bateau mais pas hors de portée de la houle. La majorité des déparquements se faisait par l'utilisation précaire de cordes depuis le mât de charge même par les jours calmes. Par exemple, en 1947, la mer empêcha tout débarquement pendant 10 semaines et des provisions durent être larguées depuis un [[Junkers Ju 52]]<ref>{{en}} Phil Lo Bao et Iain Hutchison - ''BEAline to the islands: the story of air services to offshore communities of the British Isles by British European Airways, its predecessors and successors'', kea publishing, 2002, {{ISBN|0951895842}}.</ref>. Les tempêtes de mer pouvaient donner lieu à des hauteurs impressionantes et, durant la première année d'opération, le [[paratonnerre]] en cuivre fut arraché de son support à une hauteur de {{unité|28|m}} au dessus du niveau de la mer<ref name="Nicholson"/>.


Le premier gardien principal du phare fut James Ewing, qui fut en charge de la lumière pour les onze années suivantes. En dépit des conditions hostiles auxquelles faisaient face les gardiens, qui recevaient des primes pour cette raison, Ewing ne fut pas le seul à servir la lumière pour dix ans ou plus<ref name="Nicholson"/>{{,}}<ref>{{en}} R. W. Munro - ''Scottish Lighthouses'', Thule Press, Stornoway, 1979. Pages 181.</ref>. Cependant, certains ont trouvé le rocher isolé et ses quartiers exigus peu à leur goût : un des gardiens dû être empêché de plonger dans la mer et de nager jusqu'à la rive<ref name="Bella"/>.
Le premier gardien principal du phare fut James Ewing, qui fut en charge de la lumière pour les onze années suivantes. En dépit des conditions hostiles auxquelles faisaient face les gardiens, qui recevaient des primes pour cette raison, Ewing ne fut pas le seul à servir la lumière pour dix ans ou plus<ref name="Nicholson"/>{{,}}<ref>{{en}} R. W. Munro - ''Scottish Lighthouses'', Thule Press, Stornoway, 1979. Pages 181.</ref>. Cependant, certains ont trouvé le rocher isolé et ses quartiers exigus peu à leur goût : un des gardiens dû être empêché de plonger dans la mer et de nager jusqu'à la rive<ref name="Bella"/>.


== Évènements ultérieurs ==
=== Évènements ultérieurs ===
En 1874, le principal gardien rapporta un incident suggérant que le rocher fit face à un tremblement de terre, mais le phare tint bon<ref name="Bella"/>. En 1890, une bande rouge fut peinte autour de la section centrale du phare afin de le distinguer depuis Skerryvore, {{unité|32|km}} au nord-ouest<ref name="Nicholson"/>. Une dispute concernant le financement des phares conduisit à ce que le président du ministère du commerce et le ministère des finances, [[Michael Hicks Beach]], se rendent à Dubh Artach en 1898. En 1964, le nom du phare fut changé de ''Dhuheartach'' à son nom actuel de ''Dubh Artach'', pour des raisons encore incertaines, bien que la seconde variante puisse être plus facile à écrire pour des anglophones<ref name="Northern"/>. En 1971, le phare devint entièrement automatique et géré depuis [[Rinns of Islay]]<ref name="Redfern"/>. L'année suivante, un héliport fut construit afin de permettre aux travaux de maintenance d'être entrepris sans devoir recourir aux débarquements périlleux en mer<ref>{{en}} R. W. Munro - ''Scottish Lighthouses'', Thule Press, Stornoway, 1979. Pages 259 et 262.</ref>.
En 1874, le principal gardien rapporta un incident suggérant que le rocher fit face à un tremblement de terre, mais le phare tint bon<ref name="Bella"/>. En 1890, une bande rouge fut peinte autour de la section centrale du phare afin de le distinguer depuis Skerryvore, {{unité|32|km}} au nord-ouest<ref name="Nicholson"/>. Une dispute concernant le financement des phares conduisit à ce que le président du ministère du commerce et le ministère des finances, [[Michael Hicks Beach]], se rendent à Dubh Artach en 1898. En 1964, le nom du phare fut changé de ''Dhuheartach'' à son nom actuel de ''Dubh Artach'', pour des raisons encore incertaines, bien que la seconde variante puisse être plus facile à écrire pour des anglophones<ref name="Northern"/>. En 1971, le phare devint entièrement automatique et géré depuis [[Rinns of Islay]]<ref name="Redfern"/>. L'année suivante, un héliport fut construit afin de permettre aux travaux de maintenance d'être entrepris sans devoir recourir aux débarquements périlleux en mer<ref>{{en}} R. W. Munro - ''Scottish Lighthouses'', Thule Press, Stornoway, 1979. Pages 259 et 262.</ref>.


== Dans la culture ==
== Culture ==
Les rapports personnels entre Robert Louis Stevenson et la construction du phare ainsi que du poste naval jouèrent un rôle important dans son roman ''[[Enlevé !|Kidnapped (Enlevé !)]]'' de 1886. Le personnage principal, David Balfour, connaît les dangers des Rochers de Torran et fait naufrage sur Erraid. L'île est également mentionnée à plusieurs reprise par l'écrivain [[William Black]], dans son roman ''Macleod of Dare'' (1879)<ref>{{en}} [[William Black]] - ''Macleod of Dare'', Harper & brothers, 1879. Egalement disponible dans le ''Harper's new monthly magazine'', volume 58, ou ''The eclectic magazine of foreign literature, science, and art'', volume 59, tous deux de 1879.</ref>:
Les rapports personnels entre Robert Louis Stevenson et la construction du phare ainsi que du poste naval jouèrent un rôle important dans son roman ''[[Enlevé !|Kidnapped (Enlevé !)]]'' de 1886. Le personnage principal, David Balfour, connaît les dangers des Rochers de Torran et fait naufrage sur Erraid. L'île est également mentionnée à plusieurs reprise par l'écrivain [[William Black]], dans son roman ''Macleod of Dare'' (1879)<ref>{{en}} [[William Black]] - ''Macleod of Dare'', Harper & brothers, 1879. Egalement disponible dans le ''Harper's new monthly magazine'', volume 58, ou ''The eclectic magazine of foreign literature, science, and art'', volume 59, tous deux de 1879.</ref>:
{{Citation bloc|L'éclat à l'ouest se coucha; un blême crépuscule vint sur la mer et le ciel; et une petite étoile dorée, telle la pointe d'une aiguille, désigna là où les hommes de Dubh Artach avaient allumé leur phare pour la nuit à venir. [...] MacLeod était toujours sur le pont. Ils franchirent le Ross of Mull et vinrent dans les eaux plus calmes du Sound. Si une seule personne dans les chaumières d'Erraidh avait vu ce vaisseau gris fantomatique glisser au-dessus des eaux ombres ! Derrière eux brûlait l'oeil jaune de Dubh Artach.<ref group="note">[...] the glory in the west sank down; a wan twilight came over the sea and the sky; and a small golden star, like the point of a needle, told where the Dubh Artach men had lit their beacon for the coming night. [...] Macleod was still on deck. They rounded the Ross of Mull, and got into the smoother waters of the Sound. Would any of the people in the cottages at Erraidh see this gray ghost of a vessel go gliding past over the dark water! Behind them burned the yellow eye of Dubh Artach.</ref>}}
{{Citation bloc|L'éclat à l'ouest se coucha; un blême crépuscule vint sur la mer et le ciel; et une petite étoile dorée, telle la pointe d'une aiguille, désigna là où les hommes de Dubh Artach avaient allumé leur phare pour la nuit à venir. [...] MacLeod était toujours sur le pont. Ils franchirent le Ross of Mull et vinrent dans les eaux plus calmes du Sound. Si une seule personne dans les chaumières d'Erraidh avait vu ce vaisseau gris fantomatique glisser au-dessus des eaux ombres ! Derrière eux brûlait l'oeil jaune de Dubh Artach.<ref group="note">[...] the glory in the west sank down; a wan twilight came over the sea and the sky; and a small golden star, like the point of a needle, told where the Dubh Artach men had lit their beacon for the coming night. [...] Macleod was still on deck. They rounded the Ross of Mull, and got into the smoother waters of the Sound. Would any of the people in the cottages at Erraidh see this gray ghost of a vessel go gliding past over the dark water! Behind them burned the yellow eye of Dubh Artach.</ref>}}


== Références ==
== Annexes ==
=== Article connexe ===
{{traduction/Référence|en|Dubh Artach}}
* [[Hébrides intérieures]]

=== Lien externe ===
* {{en}} [http://www.nlb.org.uk/ourlights/history/dubhartach.htm Northern Lighthouse Board - Dubh Artach Lighthouse]

=== Références ===
{{Traduction/Référence|en|Dubh Artach}}
{{Références|colonnes=2}}
{{Références|colonnes=2}}


== Notes ==
=== Notes ===
<references group="note"/>
<references group="note"/>



{{Portail|Écosse|maritime}}
{{Portail|Écosse|maritime}}
Ligne 106 : Ligne 122 :
[[Catégorie:Île des Hébrides intérieures]]
[[Catégorie:Île des Hébrides intérieures]]
[[Catégorie:Île de l'océan Atlantique Nord]]
[[Catégorie:Île de l'océan Atlantique Nord]]
[[Catégorie:Île inhabitée]]
[[Catégorie:Phare du Royaume-Uni]]


[[en:Dubh Artach]]{{Lien BA|en}}
{{Lien BA|en}}
[[en:Dubh Artach]]

Version du 18 septembre 2009 à 15:32

Dubh Artach
Localisation de Dubh Artach et d'îles voisines.
Localisation de Dubh Artach et d'îles voisines.
Géographie
Pays Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Archipel Hébrides intérieures
Localisation Mer des Hébrides (océan Atlantique)
Coordonnées 56° 08′ N, 6° 38′ O
Superficie km2
Point culminant non nommé (11 m)
Géologie Île continentale
Administration
Nation constitutive Écosse
Council Area Argyll and Bute
Démographie
Population Aucun habitant
Autres informations
Découverte Préhistoire
Fuseau horaire UTC+0
Géolocalisation sur la carte : Royaume-Uni
(Voir situation sur carte : Royaume-Uni)
Dubh Artach
Dubh Artach
Îles du Royaume-Uni

Dubh Artach (prononcé /duːˈɑrtɑːx/ en anglais et /t̪uh arˠʃt̪əx/ en gaélique) est une petit île rocailleuse de basalte sur la côte ouest de l'Écosse, à 29 km à l'ouest de Colonsay et 24 km au sud-ouest de Ross of Mull, plus large péninsule de île de Mull. Un phare conçu par Thomas Stevenson, avec une tour haute de 44 m, fut érigé à Dubh Artach entre 1867 et 1872, et un poste naval fut construit sur l'île d'Erraid. L'île, ou rocher, est sujette à des conditions de mer rude, les gardiens du phare ayant fait face à des vagues de 28 m ou plus. En dépit de ces conditions défavorables, plusieurs personnes servirent sur le phare pour de longues périodes, jusqu'à ce qu'il soit automatisé en 1971. Dubh Artach est le nom officiel du phare, et le rocher lui-même est aussi connu sous le nom de Dhu Heartach ; des interprétations variées ont été proposées pour la signification du nom gaélique, et « le rocher noir » est la plus probable.

Toponymie

La traduction la plus probable de Dubh Artach est « le rocher noir », artach étant un mot gaélique devenu obsolète pour un rocher ou un terrain rocailleux en gaélique écossais[1] comme en irlandais[2]. Les variations entre les formes anglicisées Dubh Artach et Dhu Heartach provient d'une mauvaise séparation des mots : le h final de /t̪uh arˠʃt̪əx/ semble faire parti du mot suivant, suggérant hartach ou heartach à une oreille inexercée.

Stevenson pensait que « noir et lugubre » était une traduction du nom, observant que « comme d'habitude, en gaélique, ce n'est pas la seule [traduction] »[3]. Adamnan, dans sa Vie de St Columba du VIIe siècle, appelle poétiquement le rocher An Dubh Iar-stac, « le stack noir de l'ouest »[4]. Le rocher était aussi connu sous le nom de rocher de St. John avant la construction du phare[5].

Géographie

Topographie

Faune et flore

Climat

Géologie

Dans les temps préhistorique, Dhu Artach était couvert par des plaques de glace qui s'étendaient de l'Écosse dans l'océan Atlantique au-delà des hébrides extérieures. Après le dernier recul de la glace il y a environ 20 000 ans, les niveaux de la mer était jusqu'à 130 m plus bas qu'actuellement[6]. L'estimation du littoral après l'époque glaciaire est une tâche complexe, en raison de la montée isostatique des terres, mais vers le 14e millénaire avant Jésus-Christ, il est probable que le rocher soit sur à l'extrémité ouest d'un grand pont naturel reliant ce qui à présent l'île d'Irlande à l'Écosse. Ce pont incluait les îles de Jura et d'Islay et était probablement connecté à l'Écosse proprement dite par un isthme vers le Loch Craignish au sud d'Oban[7].

Le niveau de la mer augmentant progressivement aurait lentement isolé le rocher. Cette masse ronde et vert sombre, probablement d'âge tertiaire est faite de roche basaltique, avec une présence minérale en augite et diabase[8]. Longue de 73 m et large de 40 m, elle se dresse jusqu'à 11 m au-dessus du niveau de la mer[9]. Les études sous-marines indique que le rocher est à l'extrémité est d'une vallée s'étendant sur 130 km dans l'atlantique, ce qui pourrait « expliquer les niveaux apparemment anormaux des mers auxquels la tour est sujette »[10]. Le rocher est ainsi un bastion isolé de l'archipel des hébrides intérieures. L'auteur Robert Louis Stevenson, fils de Thomas Stevenson qui conçu le phare, écrivit[11] :

« Un récif laid est celui de Dhu Heartach; aucune collection plaisante de saillies, mares et criques où un enfant pourrait jouer pour un été entier sans s'ennuyer, comme le Bell Rock ou Skerryvore, mais un nodule ovale [...] barbouillé de façon éparse avec un fucus à peine visible, et vivant dans chaque fissure avec un insecte miteux entre un cloporte et une punaise. Aucune autre vie n'était là mais les oiseaux de mer, et la mer elle-même, qui courait ici [...] et grondait vers le récif extérieur encore, et encore et toujours, dans la météo la plus calme, soufflant et mugissant sur le rocher lui-même.[note 1] »

Histoire

Préparation et construction du phare

Entre 1800 et 1854, trente navires s'échouèrent sur le récif[12]. Cependant, le but du phare n'était pas seulement de prévenir les marins quant à Dhu Artach lui-même, mais aussi de les guider après les redoutables Rochers de Torran qui se trouvent entre Ross of Mull et Colonsay. Il fut tout d'abord considéré que le site était impossible pour un phare, il y eut la perte en 1864 du bateau à vapeur Bussorah avec ses trente-trois membres de l'équipage, ainsi que de 24 vaisseaux dans la zone à cause d'une tempête le 30-31 décembre 1865. Les assureurs Lloyds de Londres et le capitaine Bedford de l'amirauté poussèrent à ce que des actions soient prises[12],[3]. Les travaux d'ingénierie furent supervisés par la famille Stevenson, ingénieurs réputés, dont les frères Thomas et David commencèrent le travail en 1866[9]. Thomas observa que « ce ne serait pas un travail d'une ampleur ordinaire »[12].

La base terrestre pour la construction du phare fut l'île d'Erraid près d'Iona. A environ 22 km de Dubh Artach par mer, Erraid fournissait une carrière de granite gris et un poste naval une fois le phare complété. La construction initiale sur le rocher débuta le 25 juin 1867[3] sous la supervision d'Alan Brebner, nécessitant une caserne en fer pour les ouvriers. Les grands vents de l'été engendrèrent des mers hautes, entraînant des vagues qui se brisèrent sur la toiture à 23 m au-dessus du niveau de la mer. Quatorze hommes y compris Brebner furent pris au piège pour cinq jours. A un moment, l'eau de mer se déversa par la trappe, tourbillonnant autour d'eux et emportant ce qui restait de leurs provisions. Malgré tout, l'ensemble tint bon[12]. Stevenson décrivit une situation similaire[11] : « les hommes s'assirent dans les hauteurs, prisonniers de leur tambours de fer, qui résonnait alors avec les fouets des embruns... Ce fut alors que le chef d'équipe, Mr. Goodwillie, que je vois devant moi dans ses habits en loque, prit son fiddle et attaqua les arts humains du ménestrel dans la musique de la tempête »[note 2].

En dépit des épreuves, une fosse de fondation de 11 m de diamètre fut excavée. En 1869, une partie solide de la tour s'élevait 9,8 m au dessus des fondations. Ceci n'était pas un mince exploit. En une fois, onze pierres de deux tonnes furent délogées de la troisième troisième couche de l'ouvrage et emportées pour ne jamais être revues[9],[13]. Robert Stevenson remarqua que cette destruction survint à la même hauteur « au dessus de la mer que les carreaux de la lanterne du phare de Smeaton » à Eddystone[3].

La base solide de 1 840 tonnes du phare s'élève à plus de 20 m au-dessus des mers battantes, ce qui est plus de deux fois la hauteur de son phare rival britannique le plus proche, Skerryvore. Les blocs, taillés et assemblés sur Erraid, furent halés sur le rocher dans des barges par le bateau à vapeur Dhuheartach ; chaque barge transportait 16 tonnes. Les travaux de maçonnerie furent terminés en 1871 et la lanterne, l'équipement optique et la cloche de brouillard furent installés l'année suivante. Le but de la cloche, sonnée continuellement lors de brouillard, était d'orienter les marins qui savaient où ils étaient selon la provenance du son[14]. Le feu à secteurs du phare, d'une puissance de 800 000 candela, comportait un secteur lumineux blanc et un secteur rouge pour les zones dangereuses telles que les côtes d'Iona et les rochers de Torran[15]. Par temps clair, le signal était visible à environ 29 km[note 3], avec deux flash toutes les 30 secondes. Lors des brouillards, la cloche était sonnée rapidement pendant 10 secondes puis s'ensuivait une pause de 30 secondes[16].

Dubh Artach devint le premier phare isolé de l'île de Bretagne à utiliser la paraffine. La paraffine, dont le procédé est dû au chimiste écossais James Young est utilisée sous forme d'huile dans l'éclairage. L'ouvrage terminé s'élève à 31 m au-dessus de la fondation, avec 77 couches de pierres au total[9]. L'ensemble des travaux entrepris par le Northern Lighthouse Board coûta 65 784 £, en excluant les 10 300 £ pour l'établissement du poste naval d'Erraid[13]. Stevenson offre cette conclusion[3] :

« Ce serait peu généreux [...] de ne pas faire l'éloge d'hommes tels que M. Brebner, le super-intendant sur place, M. MacGregor, capitaine du bateau à vapeur, M. Goodwillie, chef des maçons sur le rocher, et M. Irvine, le chef du débarquement. Si justice devait être donnée, la liste serait bien plus longue, mais je peux seulement ajouter que de tous les hommes qui ont [participé à] finir le phare de Dhu Heartach, il y en a très peu qui se sont avérés être des poltrons. Et ceci est l'histoire habituelle de telles entreprises.[note 4] »

Mise en service du phare

Phare de Dubh Artach
Localisation
Coordonnées
Baigné par
Site
Localisation
Histoire
Construction
Automatisation
1971
Gardienné
non
Visiteurs
non
Architecture
Hauteur
38 m
Longueur
70 mVoir et modifier les données sur Wikidata
Largeur
40 mVoir et modifier les données sur Wikidata
Élévation
44 m
Équipement
Portée
20 milles
Feux
Deux flashs blancs toutes les 30 secondes
Carte

La mise en service du phare ne mit pas fin aux risques. A marée basse, le débarquement est à environ 12 m au-dessus d'un bateau mais pas hors de portée de la houle. La majorité des déparquements se faisait par l'utilisation précaire de cordes depuis le mât de charge même par les jours calmes. Par exemple, en 1947, la mer empêcha tout débarquement pendant 10 semaines et des provisions durent être larguées depuis un Junkers Ju 52[17]. Les tempêtes de mer pouvaient donner lieu à des hauteurs impressionantes et, durant la première année d'opération, le paratonnerre en cuivre fut arraché de son support à une hauteur de 28 m au dessus du niveau de la mer[9].

Le premier gardien principal du phare fut James Ewing, qui fut en charge de la lumière pour les onze années suivantes. En dépit des conditions hostiles auxquelles faisaient face les gardiens, qui recevaient des primes pour cette raison, Ewing ne fut pas le seul à servir la lumière pour dix ans ou plus[9],[18]. Cependant, certains ont trouvé le rocher isolé et ses quartiers exigus peu à leur goût : un des gardiens dû être empêché de plonger dans la mer et de nager jusqu'à la rive[12].

Évènements ultérieurs

En 1874, le principal gardien rapporta un incident suggérant que le rocher fit face à un tremblement de terre, mais le phare tint bon[12]. En 1890, une bande rouge fut peinte autour de la section centrale du phare afin de le distinguer depuis Skerryvore, 32 km au nord-ouest[9]. Une dispute concernant le financement des phares conduisit à ce que le président du ministère du commerce et le ministère des finances, Michael Hicks Beach, se rendent à Dubh Artach en 1898. En 1964, le nom du phare fut changé de Dhuheartach à son nom actuel de Dubh Artach, pour des raisons encore incertaines, bien que la seconde variante puisse être plus facile à écrire pour des anglophones[4]. En 1971, le phare devint entièrement automatique et géré depuis Rinns of Islay[15]. L'année suivante, un héliport fut construit afin de permettre aux travaux de maintenance d'être entrepris sans devoir recourir aux débarquements périlleux en mer[19].

Culture

Les rapports personnels entre Robert Louis Stevenson et la construction du phare ainsi que du poste naval jouèrent un rôle important dans son roman Kidnapped (Enlevé !) de 1886. Le personnage principal, David Balfour, connaît les dangers des Rochers de Torran et fait naufrage sur Erraid. L'île est également mentionnée à plusieurs reprise par l'écrivain William Black, dans son roman Macleod of Dare (1879)[20]:

« L'éclat à l'ouest se coucha; un blême crépuscule vint sur la mer et le ciel; et une petite étoile dorée, telle la pointe d'une aiguille, désigna là où les hommes de Dubh Artach avaient allumé leur phare pour la nuit à venir. [...] MacLeod était toujours sur le pont. Ils franchirent le Ross of Mull et vinrent dans les eaux plus calmes du Sound. Si une seule personne dans les chaumières d'Erraidh avait vu ce vaisseau gris fantomatique glisser au-dessus des eaux ombres ! Derrière eux brûlait l'oeil jaune de Dubh Artach.[note 5] »

Annexes

Article connexe

Lien externe

Références

  1. (en) E. Dwelly - The Illustrated Gaelic English Dictionary, page 48, 1941.
  2. (ga) P. Dineen - Foclóir Gaeḋilge agus Béarla, page 60, 1927.
  3. a b c d et e (en) Robert Louis Stevenson - The New Lighthouse on the Dhu Heartach Rock, Argyllshire, Silverado Museum, Californie, 1995. Basé sur un manuscrit de 1872 et édité par R. G. Swearingen. Pages 4 à 10. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « Stev » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  4. a et b (en) Northern Lighthouse Board - Histoire de Dubh Artach, consulté le 7 septembre 2009.
  5. (en) Robert Louis Stevenson - The New Lighthouse on the Dhu Heartach Rock, Argyllshire, Silverado Museum, Californie, 1995. Basé sur un manuscrit de 1872 et édité par R. G. Swearingen. Page 1.
  6. (en) McKirdy, Alan Gordon, John & Crofts, Roger - Land of Mountain and Flood: The Geology and Landforms of Scotland, Birlinn, Édimbourg, Birlinn, 2007.
  7. (en) William Hutchison Murray - The Islands of Western Scotland, Eyre Methuen, London, 1973. Pages 67-69.
  8. (en) Frederick Walker - The Geology of Skerryvore Dubh Artach and Sule Skerry , Geological Magazine, volume 68, numéro 7, pages 315-323, 1931.
  9. a b c d e f et g (en) Christopher Nicholson - Rock Lighthouses of Britain: The End of an Era?, Whittles, Caithness, 1995, pages 146 à 157.
  10. (en) David Alan Stevenson - The Dhu Heartach Lighthouse, Proceedings of the Institute of Civil Engineering, 25 avril 1876.
  11. a et b (en) Robert Louis Stevenson - Memories and Portraits, Chatto and Windus, 1887. Réimpression de 1st World Publishing, 2004.
  12. a b c d e et f (en) Bella Bathhurst - The Lighthouse Stevensons, Flamingo, London, 2000.
  13. a et b (en) R. W. Munro - Scottish Lighthouses, Thule Press, Stornoway, 1979. Pages 162 et 163.
  14. (fr) Alphonse Esquiros - L'angleterre et la vie anglaise, chapitre 25 Les lumières flottantes et les phares, dans Revue des deux mondes, tome 53, page 122, Paris, 1864.
  15. a et b (en) Roger Redfern - Walking in the Hebrides, Chapitre 14 Distant lights and Remote Reefs, Cicerone Press Limited, 1998, (ISBN 1852842636).
  16. (en) Great Britain Hydrographic Department - West coast of Scotland pilot, partie 2, J. D. Potter, 1877.
  17. (en) Phil Lo Bao et Iain Hutchison - BEAline to the islands: the story of air services to offshore communities of the British Isles by British European Airways, its predecessors and successors, kea publishing, 2002, (ISBN 0951895842).
  18. (en) R. W. Munro - Scottish Lighthouses, Thule Press, Stornoway, 1979. Pages 181.
  19. (en) R. W. Munro - Scottish Lighthouses, Thule Press, Stornoway, 1979. Pages 259 et 262.
  20. (en) William Black - Macleod of Dare, Harper & brothers, 1879. Egalement disponible dans le Harper's new monthly magazine, volume 58, ou The eclectic magazine of foreign literature, science, and art, volume 59, tous deux de 1879.

Notes

  1. An ugly reef is this of the Dhu Heartach; no pleasant assemblage of shelves, and pools, and creeks, about which a child might play for a whole summer without weariness, like the Bell Rock or the Skerryvore, but one oval nodule of black-trap, sparsely bedabbled with an inconspicuous fucus, and alive in every crevice with a dingy insect between a slater and a bug. No other life was there but of sea-birds, and of the sea itself, that here ran like a mill-race, and growled about the outer reef for ever, and ever and again, in the calmest weather, roared and spouted on the rock itself.
  2. The men sat high up prisoned in their iron drum, that then resounded with the lashings of the sprays ... It was then that the foreman builder, Mr. Goodwillie, whom I see before me in his rock-habit of indecipherable rags, would get his fiddle down and strike up human minstrelsy amid the music of the storms.
  3. Une autre mesure est proposée par Roger Redfern pour qui le signal peut être vu jusqu'à 33 km.
  4. It would be ungenerous if a great and dangerous work like this were brought unsuccessfully to an end and no praise should be given to such men as Mr Brebner the resident Superintendent, Mr MacGregor the captain of the steamer, Mr Goodwillie the master-builder on the rock and Mr Irvine the landing master. If full justice were to be done, the list should be much longer, but I can only add that out of all the workmen who took their lives in their hand to finish the Dhu Heartach Lighthouse, there were very few who turned poltroon. And this is the common history of all such undertakings.
  5. [...] the glory in the west sank down; a wan twilight came over the sea and the sky; and a small golden star, like the point of a needle, told where the Dubh Artach men had lit their beacon for the coming night. [...] Macleod was still on deck. They rounded the Ross of Mull, and got into the smoother waters of the Sound. Would any of the people in the cottages at Erraidh see this gray ghost of a vessel go gliding past over the dark water! Behind them burned the yellow eye of Dubh Artach.

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