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Version du 8 février 2020 à 16:52
Règne | Animalia |
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Embranchement | Chordata |
Sous-embr. | Vertebrata |
Classe | Mammalia |
Ordre | Pholidota |
Famille | Manidae |
Manis est un genre de mammifères pholidotes de la famille des manidés regroupant tous les pangolins modernes dont toutes les espèces actuelles. Les pangolins actuels (du malais pengguling : « enrouleur ») ont un régime alimentaire insectivore et leur corps allongé est en grande partie recouvert d'écailles, ce qui leur vaut d'être aussi appelés fourmiliers écailleux.
Ils vivent dans les régions tropicales et équatoriales d'Afrique et d'Asie du Sud-Est.
Les pangolins sont particulièrement ciblés par les braconniers. Ils voit leurs populations s'effondrer et beaucoup d'espèces sont classés comme espèces en danger critique d'extinction[1].
Caractéristiques
Le pangolin possède des similarités extérieures avec l'oryctérope et le tatou, en plus d'être comme eux myrmécophage. Selon les espèces, le corps, brunâtre et allongé, mesure entre 30 et 80 cm de long. Il est prolongé par une queue parfois plus longue encore. Le pangolin géant, le plus grand, pèse jusqu'à 35 kg et mesure 1,5 m. La tête est étroite et allongée. Les pattes, courtes, se terminent par cinq doigts griffus. Les écailles, entre lesquelles poussent quelques poils, s'imbriquent pour recouvrir les surfaces supérieures et latérales du corps, queue comprise ; seuls le museau, le ventre et l'intérieur des pattes en sont dépourvus. La langue est très longue et collante, elle mesure jusqu'à 30 cm chez le pangolin géant.
Comme le montre leur squelette, les pangolins sont plantigrades[2]. Par ailleurs, les espèces terrestres pratiquent la bipédie comme principal mode de locomotion, une occurrence rare au sein des mammifères.
Écologie et comportement
Alimentation
Le pangolin se nourrit essentiellement de fourmis et de termites mais aussi d'autres invertébrés[3] grâce à sa langue visqueuse sur laquelle les insectes restent collés. Il fouille les termitières, les excréments d'éléphant, les feuilles à terre, les bases de troncs, l'herbe et les buissons à la recherche de ses proies[4].
Éthologie
Le pangolin est généralement nocturne et reste à l'abri durant la journée, mais certaines espèces sont plutôt diurnes[5]. Il peut passer 12 à 20 % de son temps à se nourrir selon l'habitat[4].
Les espèces terrestres creusent un terrier et les espèces arboricoles — tel le pangolin à petites écailles — utilisent leur queue pour grimper et s’enrouler autour des branches. La vue médiocre est compensée par un bon odorat et une ouïe fine.
En cas de danger, à l'instar du tatou, le pangolin rabat sa tête entre ses pattes antérieures et s'enroule sur lui-même. Il peut blesser l'attaquant en contractant ses puissants muscles afin de hérisser ses écailles.
Le pangolin étant solitaire, le mâle et la femelle ne se rencontrent que pour s'accoupler. La femelle donne généralement naissance à un seul petit, dont les écailles durcissent après quelques jours. Lors du déplacement, les petits s’accrochent sur le dos ou à la queue de leur mère.
Habitats et répartitions
Les pangolins peuplent les forêts et les savanes des régions tropicales et équatoriales d'Afrique et d'Asie du Sud-Est. Ils préfèrent les sols sableux ou terreux dans lesquels ils peuvent fouir afin de trouver leur nourriture.
Classification
Espèces actuelles
Liste des genres actuels selon ITIS[6]:
- sous-genre Manis (Manis) Linnaeus, 1758 :
- Manis crassicaudata Gray, 1827 — Pangolin indien (Pakistan - Ouest du Bengale, Inde, Sri Lanka, Yunnan).
- Manis pentadactyla Linnaeus, 1758 — Pangolin à courte queue ou Pangolin de Chine — (Himalaya, Népal, Sud-Est de la Chine, Haïnan, Nord de l'Indochine, Taïwan).
- sous-genre Manis (Paramanis) Pocock, 1824 :
- Manis culionensis (en) (de Elera, 1915) (Philippines).
- Manis javanica Desmarest, 1822 — Pangolin de Malaisie — Asie du Sud-Est (Birmanie, Thaïlande, Indochine, Sumatra, Java, Bornéo, Sud-Ouest des Philippines).
- sous-genre Manis (Phataginus) Rafinesque, 1821 :
- Manis tricuspis Rafinesque, 1821 — Pangolin à petites écailles ou Pangolin à écailles tricuspides — Afrique (Sénégal, Ouest du Kenya, Nord-Est de la Zambie, Sud-Ouest de l'Angola, Bioko). Appelé aussi Pangolitas Crabisere.
- sous-genre Manis (Smutsia) Gray, 1865 :
- Manis gigantea Illiger, 1815 — Pangolin géant — Golfe de Guinée et Afrique centrale (Sénégal - Ouest du Kenya - Rwanda - RDC - Sud-Ouest de l'Angola).
- Manis temminckii Smuts, 1832 — Pangolin de Temminck ou Pangolin terrestre du Cap — Sahel, Afrique australe jusqu'à la corne de l'Afrique (Afrique du Sud, Namibie, Zimbabwe, Mozambique, Botswana, Angola, Kenya, Sud de la RDC, Sud du Soudan, Tchad).
- sous-genre Manis (Uromanis) Pocock, 1924 :
- Manis tetradactyla Linnaeus, 1766 — Pangolin à longue queue — Golfe de Guinée et Afrique centrale (Sénégal, Gambie, Ouest de l'Ouganda, Sud-Ouest de l'Angola).
Menaces
Les pangolins font l'objet d'un braconnage particulièrement intense à destination du marché sud-est asiatique (Chine, Thaïlande, Cambodge, Inde, Malaisie, Birmanie ou Vietnam), et seraient les mammifères les plus menacés au monde par le braconnage et le commerce illégal[7].
Le Pangolin de Chine est au bord de l'extinction à force d'être chassé pour ses écailles ou sa chair, ce qui menace indirectement la survie de tous les autres pangolins du monde[8].
En Afrique Centrale (notamment au Gabon et au Congo), le pangolin est chassé pour sa viande, réputée savoureuse[9].
En 2016, 3,1 tonnes d'écailles de pangolin sont saisies en Chine, en provenance du Nigéria. Il s'agit à l'époque de la plus grosse saisie jamais effectuée dans le pays[10].
En 2017, 12 tonnes d'écailles de pangolin, en provenance d'Afrique, sont saisies en Chine. Ce stock représente les écailles de 20 000 pangolins[11].
Grâce à son odorat et à ses capacités d'apprentissage, le rat de Gambie pourrait être utilisé pour détecter la présence de pangolins ou d'écailles dans la lutte contre le trafic d'animaux. On en entraîne en 2017 en Belgique, avec le soutien du U.S. Fish and Wildlife Service, qui pourront détecter des pangolins ou leurs écailles dans les véhicules, ports ou aéroports [12],[13].
En 2019, des responsables de Hong Kong ont intercepté neuf tonnes d'écailles faisant escale à Hong Kong depuis le Nigeria. La cargaison d'une valeur de 8 millions de dollars représente environ 13 000 pangolins.
Statut de protection
Les pangolins, notamment les trois espèces asiatiques (M. crassicaudata, M. javanica et M. pentadactyla), figurent sur la liste des espèces de l'annexe I de la CITES (Convention on International Trade in Endangered Species of Wild Fauna and Flora, i.e. Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction, dite de Washington)[7] depuis 2016. Les deux espèces asiatiques Manis javanica et Manis pentadactyla sont classées « en danger critique » par l'IUCN, et les deux autres espèces asiatiques « en danger ».
Élevage
Le pangolin est un des seuls mammifères[14] à être quasiment impossible à élever en captivité, pour des raisons liées à son alimentation, à sa santé et à son comportement ; son espérance de vie ne dépasse pas, en général, quelques mois en zoo[15],[16] ou dans toute autre forme d'élevage. Seuls quelques zoos d'Asie ont su l'élever (comme celui de Taipei[17]), et, exceptionnellement, le reproduire (zoo de Taipei et Nandankanan en Inde[18]).
Culture
Symboles et croyances
Dans certaines tribus d'Afrique centrale le pangolin occupe une place symbolique particulière et est l'objet de chasses rituelles[19].
Dans certains pays d'Asie, le pangolin est supposé augmenter la virilité. Il est aussi censé favoriser la santé des femmes allaitantes, mais ces effets n'ont jamais été prouvés et ne sont étayés par aucune justification[20].
Dans les pratiques médicales ancestrales asiatiques, les écailles de pangolin ont la réputation d'avoir des vertus curatives. À cause de cette réputation infondée (leurs écailles sont simplement constituées de kératine, comme les cheveux ou les ongles humains), ces animaux donnent lieu à un braconnage particulièrement important malgré les mesures de protection mises en place par la Convention internationale sur le commerce d'espèces sauvages menacées (Cites)[21].
Définitions humoristiques
- L'humoriste Pierre Desproges définit le pangolin dans son dictionnaire[22], disant notamment :
« Le pangolin ressemble à un artichaut à l'envers avec des pattes, prolongé d'une queue à la vue de laquelle on se prend à penser qu'en effet, le ridicule ne tue plus. »
Il présentera néanmoins des excuses pour ses attaques envers cette « bête formidable », à l'occasion d'une de ses Chroniques de la haine ordinaire[23], louant tour à tour ses « supers écailles » et ses « supers griffes ».
- Le Chat de Philippe Geluck le définit de façon « originale » dans son calendrier Le tour du chat en 365 jours, au 29 septembre :
« Pangolin (n.m). Poisson triste de la mer Morte. Pourquoi est-il si triste ? Eh bien ! Parce que sa mer est morte. »
Dans la fiction
- Dans le dessin animé Les Mondes engloutis, deux des personnages principaux sont des pangolins très… futuristes : Bic et Bac. Comme dit dans la Gigue de Bic et Bac : « Nous sommes deux Pangolins/Qui se carapatent/Nous sommes deux gros malins/Donnons-nous la main »
- Dans le jeu vidéo Pokémon et les adaptations du même nom, Sablaireau ressemble à un pangolin[24].
- Dans les Chroniques de la Haine Ordinaire, Pierre Desproges évoque l'histoire d'un pangolin nommé Gérard.
- Dans la bande dessinée Storm épisode La Légende d'Iggdrasil de Don Lawrence, un des personnages secondaires de l'histoire est un mutant reptilien dérivé de pangolin. Il apparaît comme sympathique.
- Dans la série de jeux vidéo Borderlands, le joueur peut acheter des boucliers de la marque Pangolin, fabricant dont l'emblème est une silhouette de pangolin et dont les boucliers ont une plus grande capacité, ce qui rappelle les capacités défensives de l'animal.
- Dans un jeu vidéo créé par Google Doodle en 2017, les personnages sont des pangolins[25].
- Dans le Manga animé Killing Bites, le personnage Takeshi Kido est un homme Pangolin[26].
- Dans "Trois vies chinoises", la troisième nouvelle de Dai Sijie "Le cuirassé qui passe à travers les montagnes" relate la mise à mort d'un pangolin destiné à être cuisiné par le héros pour un client d'un restaurant.
- The Pangolin Men, un documentaire publié en 2016 en collaboration avec le photographe Adrian Steirn met ainsi en vedette des gardiens de pangolin qui ont développé une relation avec chaque pangolin dont ils s'occupent[27].
- Le nom de code de la version 12.04 du système d'exploitation libre Ubuntu est « Precise Pangolin ».
- Dans la musique, Leo Roi a sorti une chanson nommée "Fais fumer le pangolin"[28].
Liens externes
Sites de référence taxinomiques :
- (en) Référence Tree of Life Web Project : Manidae
- (fr + en) Référence ITIS : Manidae Gray, 1821
- (en) Référence Animal Diversity Web : Manidae
- (en) Référence NCBI : Manidae (taxons inclus)
- (fr + en) Référence CITES : famille Manidae (sur le site de l’UNEP-WCMC)
Vidéo :
- « Séquence vidéo de Pangolin Extrait du film "Apotrigona nebulata - Une abeille sociale africaine" »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), SFRS/CERIMES,
Notes et références
- « Asie : il reste moins de 70 rhinocéros de Java adultes dans la nature », sur Sciences et Avenir (consulté le )
- « skeleton of long taled pangolin »
- C. W. Yang, « History and dietary husbandry of pangolins in captivity », Zoo biology, vol. 26, no 3, , p. 223–230 (lire en ligne, consulté le )
- R. Richer, « Foraging behaviour and ecology of the Cape pangolin (Manis temminckii) in north-western Zimbabwe », African Journal of Ecology, vol. 35, no 4, , p. 361–369 (lire en ligne, consulté le )
- Coulson, I.M. (1989) The pangolin (Manis temminckii smuts, 1835) in Zimbabwe. Afr. J. Ecol. 27, 149–155.
- Integrated Taxonomic Information System (ITIS), www.itis.gov, CC0 https://doi.org/10.5066/F7KH0KBK, consulté le 8 février 2020
- Audrey Garric, « Les pangolins, mammifères les plus braconnés au monde, désormais protégés », Eco(lo) (Blog Le Monde.fr), (lire en ligne, consulté le )
- (en)Daniel W. Challender, The most traded wild mammal - the Pangolin - is being eaten to extinction publié en juillet 2013 sur le site de l'UICN, consulté en mars 2014.
- « Au Gabon, on mange encore le pangolin [Vidéo] », Le Monde Afrique.fr, (lire en ligne)
- Avec AFP, « La Chine réalise une saisie record d’écailles de pangolin », Le Monde Afrique.fr, (lire en ligne)
- « Saisie record d’écailles de pangolins, l’animal le plus braconné au monde [Vidéo] », Le Monde.fr, (lire en ligne)
- Brulliard K (2017) These heroic rats detect land mines. Now they might help save an endangered anteater., article du WashingtonPost de 2017-12-21
- Science (2017) Rats to the rescue! Rodents train to save endangered anteater | News de la revue Science |publiée : 2017-12-26
- Taipei Zoo classifies its recipe for pangolins
- Pangolin arboricole d'Afrique
- Requiem For A Pangolin | Los Angeles Metblogs
- Des pangolins bien nourris
- KalingaTimes.com: Successful breeding of pangolin in Orissa zoo
- Wauthier de Mahieu, Qui a obstrué la cascade?: analyse sémantique du rituel de la circoncision chez les Komo du Zaire, Cambridge University Press, 1985. Page 200.
- (en) Damian Carrington, « Chinese vessel on Philippine coral reef caught with illegal pangolin meat », The Guardian, (lire en ligne)
- Braconnage : une centaine de pangolins vivants récupérés sur un bateau de pêche. Publié le 25 octobre 2017 à 14h11 par Sud Ouest avec AFP, consulté le 2 décembre 2017.
- Pierre Desproges, Dictionnaire superflu à l'usage de l'élite et des bien nantis, Le Seuil, 1997
- Chroniques de la haine ordinaire de Pierre Desproges sur France Inter en 1985.
- Sabelette dans le Pokédex.
- « Google’s Valentine’s Day-themed Doodle game is a tribute to the world's most-trafficked animal », sur Business Insider France (consulté le )
- (en) « Killing Bites », dans Wikipedia, (lire en ligne)
- Joseph Martin, « Le pangolin, mammifère le plus prisé du marché noir », sur RSE Magazine (consulté le )
- (en) Leo Roi – Fais fumer le pangolin (lire en ligne)
Bibliographie
- Luc de Heusch, « La capture sacrificielle du pangolin en Afrique centrale », Systèmes de pensée en Afrique noire, Paris, CNRS-EPHE, no 6 « Le sacrifice V », , p. 131-147 (ISSN 0294-7080)