« Saint-Barthélemy (Antilles françaises) » : différence entre les versions
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Version du 1 décembre 2008 à 19:08
Saint-Barthélemy est une île des Petites Antilles et une collectivité d'outre-mer depuis la promulgation de la loi organique 2007-223 du 21 février 2007 au J.O du 22 février. Avant le 15 juillet 2007, elle était encore une commune française du DOM-ROM de la Guadeloupe, date à laquelle le changement de statut a pris effet lors la première réunion du conseil territorial nouvellement élu.
Elle est familièrement appelée Saint-Barth. Ses habitants sont les " Saint-Barthéléminois" communément appelés Saint-Barths. Son code postal est le 97133.
Géographie
Saint-Barthélemy se situe à 230 km au nord-ouest de la Guadeloupe "continentale", et à 25 km au sud-est de Saint-Martin.
C'est une île montagneuse d'environ 21 km² (25 km² avec ses îlets). Elle possède 32 km de côtes.
Au dernier recensement de 2007, sa population comptait 8 450 habitants.
Le point culminant de l'île est le morne Vitet, à 286 m.
L'île est entourée de nombreux îlets parmi lesquels l'île Chevreau, Coco, île Fourchue (important mouillage de plaisance), île Frégate, La Tortue, île Le Boulanger, Les Grenadins, Pain de Sucre, île Pelé, île Petit Jean, Toc Vers...
L'île dispose d'une zone exclusive économique (ZEE) de 4 000 km².
Le Milieu naturel
Saint-Barthélemy est une île dite « sèche » ; la nature de son socle rocheux, son relief et la déforestation ancienne et les faibles précipitations font que l'eau n'est pas assez retenue pour fournir les habitants en eau potable. Celle-ci est importée (bouteilles) ou est fournie au robinet à partir d'eau de mer dessalée par osmose inverse, ce qui explique un prix au mètre cube le plus élevé de France. L'île a en 2007 une capacité de 3 500 m³/j qui devrait atteindre 4 300 m³/j début 2008. Pour supprimer les pollutions et nuisances dues au décharges et se mettre en règle avec les directives européenne et la loi, un incinérateur d'ordures ménagères a été construit, dont la vapeur alimente une unité de dessalement d'eau de mer (ce double processus industriel est une première mondiale selon la collectivité).
Le milieu naturel est le principal atout de développement de l'île.
Milieu naturel terrestre
Le milieu naturel terrestre s'est dégradé avec l'arrivée des premiers colons, mais la présence de la mer et des reliefs épargnés par l'agriculture et l'urbanisation ont permis la conservation de paysages appréciés des habitants et des touristes.
Comme dans toutes les îles des Antilles, la faune s'est fortement raréfiée. (Iguanes.. Quelques tortues marines viennent encore pondre sur le littoral, où leurs oeufs sont depuis longtemps collectés ou braconnés (une surveillance n'est organisée que sur la réserve). Ce sont surtout la tortue verte (Chelonia mydas) et tortue imbriquée (Eretmochelys imbricata) ; la dernière ponte de tortue Luth daterait de 1982 (sur la plage de Flamands, selon le site de la réserve naturelle).
Les oiseaux, plus difficiles à chasser, sont eux encore nombreux, avec 13 espèces nicheuses qui font de cette île la plus riche en oiseaux marins nicheurs de Guadeloupe. Hormis l'Herminier (Puffinus lherminieri) et les Paille-en-Queue (Phaeton aethereus] et Phaeton lepturus) qui s'alimentent au large, toutes les autres espèces dépendent du littoral. Les îlets Frégate et Toc-Vers abritent la reproduction de la sterne bridée (Sterna anaethetus), la sterne fuligineuse (Sterna fuscata) et le noddi brun (Anous stolidus). Dauphins (Tursiops truncatus) et baleines sont occasionnellement observés. Les poussins d'oiseaux marins tropicaux semblent très sensibles au phénomène dit de pollution lumineuse qui tend à se développer sur les îles habitées.
Milieu naturel marin
Le milieu naturel du littoral et sous-marin est la seconde richesse naturelle de l'île, avec notamment ses coraux (51 espèces, et 31 genres différents) récifs bioconstruits et les herbiers de phanérogames marines. Là aussi, d'importantes dégradations sont constatées, comme sur toutes les îles de l'arc antillais.
Ceci peut amplifier le risque ciguatera[1]. Rien que dans la réserve naturelle, 183 espèces de poissons étaient comptabilisés en 2007, avec une densité moyenne de 238 individus/100 m², taux honorable par rapport à d'autres réserves antillaises. Le SEI (Sustainable Ecosystems Institute) a déjà montré que les populations se reconstituaient nettement depuis 1996 autour de Gros-Ilets et de Pain de Sucre, restauration qui semble liée à la mise en réserve (la pêche n'est pas interdite dans toute la réserve).
Comme sur toutes les îles les espèces introduites sont sources de disparition d'espèces locales et d'appauvrissement de la biodiversité. Et les flux important de touristes venant du monde entier augmentent les risques d'épidémies et de zoonoses, de même que les apports en mer d'eaux usées et de ruissèlement mal épurées.
Une réserve naturelle a été créée (Accueil/Réserve) au sein de laquelle la pêche est interdite dans les zones de protection renforcée et réglementée ailleurs. La réserve est gérée par l'association GRENAT avec la ville et l’État.
La pollution générale de l'environnement marin est responsable de la bioconcentration de métaux lourds (et probablement de résidus de pesticides) chez les mammifères marins et poissons du sommet de la pyramide alimentaire. Le mercure méthylé atteint en particulier fréquemment des taux préoccupants dans la chair des les espèces prédatrices (thazards, thons, colas, espadons, marlins et voiliers) recherchés par les pêcheurs locaux et les touristes pêcheurs dits « sportifs ». Étant donné la forte augmentation de l'orpaillage sauvage et autorisé dans le nord de l'Amérique du Sud (Surinam, Guyane…) la situation ne devrait pas s'améliorer. Certaines espèces considérées comme de bons indicateurs de naturalité et qualité de l'environnement sont en forte régression, dont le Lambi maintenant totalement protégé (pêche interdite à tous, en tout temps et tout lieu, mort ou vif).
Toutes les dégradations environnementales semblent pouvoir être attribuées aux modes de développement.
Histoire
L'île a été découverte par Christophe Colomb, qui l'a baptisée ainsi en l'honneur de son frère Bartolomé, lors de son deuxième voyage en 1493. Il la revendiqua alors pour l'Espagne.
En 1648 eut lieu la première occupation par les Français, sur décision du commandeur Lonvilliers de Poincy.
De 1651 à 1656, l'île est gouvernée par les chevaliers de Malte.
Elle fut ensuite abandonnée jusqu'en 1659, date à laquelle elle redevient colonie française. Dotée d'un sol pauvre et d'un climat très sec, elle n'offre aucun potentiel économique, mais demeure cependant un enjeu stratégique dans le nord des Petites Antilles. Les habitants y développent davantage la flibuste et la pêche que la culture du coton ou de la canne à sucre.
En 1784, l'île est cédée par Louis XVI au roi Gustave III de Suède contre un droit d'entrepôt à Göteborg. Les Suédois font de Saint-Barthélemy un port franc en 1785. En hommage au roi de Suède, le principal bourg de l'île (Le Carénage) fut renommé Gustavia vers 1787.
Une ordonnance de « Police générale » suédoise[2] légifère l'esclavage à Saint-Barthélemy à partir de 1787 en lieu et place du Code Noir français. L'esclavage fut définitivement aboli à Saint-barthélemy le 9 octobre 1847[3].
Ce n'est que le 16 mars 1878 que les Suédois revendront l'île à la France et qu'elle sera rattachée à la Guadeloupe. L'île s'enrichit mais subit au XIXe siècle de nombreuses calamités.
En 1957, David Rockefeller acheta une propriété de 27 hectares pour quelques milliers de dollars et enclencha la transformation progressive de l’île en « site exceptionnel, assurant aux touristes une ambiance familiale et confidentielle en haute saison, et un fort degré de sécurité, ce qui distingue cette destination des autres îles des Caraïbes ». Le prix très élevé d’une résidence secondaire ou d’un séjour sur place ainsi que les difficultés d’accès par avion (l’atterrissage n’est possible que pour de petits appareils) permettent dès lors de « capter la clientèle haut de gamme, soucieuse de préserver la confidentialité de la destination ».
De 1962 à 2007, les communes de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy ont constitué le 3e arrondissement de la Guadeloupe ("les îles du nord"). Elles étaient administrées par un sous-préfet qui avait sa résidence principale à Saint-Martin mais disposait aussi d’un bureau et d’une résidence secondaire à Saint-Barthélemy.
Le , les Saint-Barths ont approuvé par référendum, avec une participation de 78,71 % et 95,51 % des suffrages exprimés, un projet institutionnel faisant de leur île une collectivité territoriale à assemblée unique détachée du DOM-ROM de la Guadeloupe. L'île est ainsi devenue le 21 février 2007 collectivité d'outre-mer [4],[5]. L’ancienne commune de Saint-Barthélemy est dissoute, de même que l’arrondissement départemental et le canton. Son territoire est administré directement par la nouvelle collectivité. Toutes les références au canton sont remplacées par celle de circonscriptions électorales, dont la délimitation est fixée par le nouveau conseil territorial.
Les premières élections territoriales de Saint-Barthélemy se sont tenues en juillet 2007 avec 4 listes candidates.
Administration
Le statut de Collectivité d’outre-mer (C.O.M) de Saint-Barthélemy est contenu dans la Loi organique du 21 février 2007 portant dispositions statutaires et institutionnelles relatives à l’outre-mer. * [2]
La C.O.M de Saint-Barthélemy est administrée par un Conseil territorial de 19 membres et d’un Conseil exécutif de 7 membres dirigé par le président du Conseil territorial. La loi du 21 février 2007 prévoit la création d'un « Conseil économique, social, et culturel » (C.E.S.C.), dont le nombre des membres a été fixé à 11 par le décret du 25 mai 2007. Ces conseils font partie d’une seule et même collectivité territoriale, laquelle reçoit l'ensemble des compétences précédemment dévolues à la commune de Saint-Barthélemy, au département ou la région de la Guadeloupe, ou aux services de l’État pour lesquels la nouvelle collectivité territoriale a acquis la compétence.
Le siège de la nouvelle collectivité est « L’hôtel de Collectivité » , établi en lieu et place de la Mairie, à « La Pointe » (Gustavia).
Saint-Barthélemy sera représenté à l'Assemblée nationale par 1 député (élection prévue en 2012) et est représenté au Sénat par 1 sénateur, Michel Magras (depuis 2008). C’est le député de la quatrième circonscription de la Guadeloupe, Victorin Lurel qui représentera Saint-Barthélemy à l’Assemblée nationale de 2007 à 2012.
Le représentant de l'État français est le préfet délégué des îles de Saint-Martin et Saint-Barthélemy.
497 habitants de l'île ont payé l'impôt sur le revenu en 2002, alors que le dernier recensement de l'INSEE comptait 2 766 actifs ayant un emploi [6]. L'île bénéficie de défiscalisation, de jure et de facto, y compris pour la TVA immobilière [6].
Démographie et langues
1766 | 1785 | 1812 | 1885 | 1961 | 1967 | 1974 | 1982 | 1990 | 1999 | 2007 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
327 | 950 | 5,482 | 2,600 | 2,176 | 2,351 | 2,491 | 3,059 | 5,038 | 6,852 | 8,450 |
Selon les recensements suédois et français. |
L'île est habitée en majorité par les descendants des colons normands, bretons, poitevins, saintongeais et angevins. Sa population a la particularité d'être à forte majorité d'origine européenne, la grande majorité de la population d'origine africaine ayant émigré dans les années qui suivirent l'abolition de l’esclavage de 1847.
Les langues maternelles de la population de souche sont le patois st-barth dans la partie sous le vent de l'île et le créole st-barth dans la partie au vent. Le patois est un parent proche du français québécois et des autres variétés du français populaire des Amériques tandis que le créole parlé est une variété archaïque du créole martiniquais. Les deux variétés de langues de l'île sont parlées par une population blanche de descendance européenne.[7]
L’île accueille aujourd'hui les résidences secondaires de célébrités internationales.
Si Gustavia est la principale agglomération, les autres sont : Anse des Cayes, Grand Fond, Grand Cul-de-Sac, Petit Cul-de-Sac, Quartier de Colombier, Quartier de la Grande Saline, Quartier de la petite Saline, Quartier de Public, Quartier de Toiny, Quartier des Flamands et Merlette, Quartier du Corossol, Quartier du Marigot, Quartier du Roy, Quartier de Vitet, Quartier de Devé, Quartier de Lurin, Quartier de Gouverneur, Quartier Lorient et Quartier Saint-Jean.
Économie et Société
L'économie de l'île est essentiellement basée sur le tourisme de luxe, favorisée par le fait que l'île revendique l'exonération de toute fiscalité nationale fondée sur les exonérations fiscales instituées sous le gouvernorat de Suède. Ceci en fait une destination appréciée de nombre de grandes fortunes.
L'île de 8450 habitants bénéficie peu des services qu'offre la métropole, ni des services publics habituellement mis en oeuvre par une commune de métropole : les voiries ont longtemps été en très mauvais état, les services de santé se résument à un dispensaire et à un hôpital local sans bloc opératoire, l'éducation nationale n'assure plus de cours après le collège (ce qui implique des coûts financiers important pour le transport des enfants vers les lycées et universités, souvent très éloignés).
Les produits de consommation courante, tous importés par avion ou bateau, sont surtarifés (avec un surcoût d'environ 25% pour les produits de construction, voire 400% pour certaines denrées alimentaires). Le coût de la vie est donc très élevé, notamment les loyers.
Monuments historiques inscrits et autres sites touristiques
- Maison Dinzey (Brigantin) à Gustavia
- Église catholique de Gustavia
- Ancien presbytère de l'église catholique
- Fort Gustave (batterie suédoise gustavia)
- Le phare
- Clocher suédois à Gustavia
- Maison des gouverneurs (ancienne mairie)
- Clocher de l'église de Lorient
- Wall House (musée - bibliothèque)
- Fort Karl
- Sous-préfecture (ancienne prison suédoise)
- Cimetière suédois (quartier de Public)
- Musée international du coquillage (Inter-Oceans Museum) à Corossol
- Musée « Le p’tit Collectionneur » à Gustavia
Codes
Saint-Barthélemy a pour codes :
- BL, selon la norme ISO 3166-1, code alpha-2 (liste des codets de pays et territoires),
- BLM, selon la norme ISO 3166-1, code alpha-3,
Voir aussi
Notes et références
- VERNOUX, Jean-Paul. «La ciguatera dans l'île de Saint-Barthélemy : aspects épidémiologiques, toxicologiques et préventifs» dans Oceanologica Acta, Paris, vol. 11, no 1, 1988, p. 37-46.
- « Code noir » suédois
- 9 octobre 1847 et Abolition de l’esclavage à Saint-Barthélemy
- LOI organique n° 2007-223 du 21 février 2007 portant dispositions statutaires et institutionnelles relatives à l'outre-mer
- LOI n° 2007-224 du 21 février 2007 portant dispositions statutaires et institutionnelles relatives à l'outre-mer
- Sébastien Chauvin et Bruno Cousin, Une île française sans impôts, Le Monde diplomatique, janvier 2006.
- WITTMANN, Henri. "Grammaire comparée des variétés coloniales du français populaire de Paris du 17e siècle et origines du français québécois." Le français des Amériques, ed. Robert Fournier & Henri Wittmann, 281-334. Trois-Rivières: Presses universitaires de Trois-Rivières, 1995[1]; CALVET, Louis-Jean et Robert Chaudenson. Saint-Barthélemy: une énigme linguistique, Paris, CIRELFA, Agence de la Francophonie, 1998, 165 p.
Bibliographie
Liens externes
- Site officiel de la Collectivité d'Outre Mer de Saint-Barthélemy
- Comite de Liaison et d'Application des Sources Historiques (Archives et histoire de Saint-Barthélemy)
- Fiche Saint-Barthélemy sur le site www.tlfq.ulaval.ca
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