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« Histoire de l'Arabie saoudite » : différence entre les versions

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L’'''histoire de l'Arabie saoudite''' proprement dite débute le {{date-|21 septembre 1932}}<ref name=":0">{{Lien web|langue=fr-FR|titre=Présentation de l'Arabie saoudite|url=https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiersppp-pays/arabie-saoudite/presentation-de-l-arabie-saoudite/|site=France Diplomatie : : Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères|consulté le=2017-11-21}}.</ref> avec la proclamation officielle par [[Abdelaziz ibn Saoud|Abdelaziz Ibn Saoud]] du [[royaume]] d'[[Arabie saoudite]]<ref>L'Arabie ''séoudite'', selon la transcription française du nom de son fondateur, Ibn ''Séoud'', à l'époque. De nos jours, les graphies ''Ibn Saoud'' et ''Arabie saoudite'' sont plus répandues, à l'image de l'anglais ''Saud''.</ref>, concrétisant ses conquêtes d'une grande partie de la [[Arabie|péninsule arabique]], à partir de la ville de [[Riyad]] reprise en 1902.


Ce royaume est le troisième [[État]] dominé par la [[famille royale saoudienne]], le premier étant né en 1744, à [[Dariya]], de l'alliance entre le chef tribal de cette oasis du [[Nejd]], [[Mohammed Ibn Saoud|Mohammed ben Saoud]] et le prédicateur du tawhid [[Mohammed ben Abdelwahhab]] : [[émirat de Dariya]] (1744-1818)<ref name=":0" />.
Cet article relate l’'''[[histoire]] de l'[[Arabie saoudite]]'''.


Cependant, la région de l'Arabie saoudite actuelle est riche d'une histoire humaine remontant à la [[Préhistoire]] et a été au {{VIIe siècle}} le berceau de l'[[islam]]. La dynastie saoudienne repose en partie sur cette origine religieuse.
== La Préhistoire ==


== Préhistoire ==
Les premières explorations [[archéologie|archéologiques]] menées avant le milieu des années 1970 avaient mis en évidence les traces d'un peuplement ancien de la péninsule, parmi lesquelles des sites d'habitation et des monuments mortuaires. Les découvertes essentielles du milieu des années 1980 vinrent confirmer que des bandes d'''[[Homo erectus]]'' des gorges d'Olduvai, dans l'Est africain, avaient apporté à l'Ouest de l'Arabie leur culture développée — dite des outils olduviens — il y a plus d'un million d'années. Les outils de la fin du [[Paléolithique]] et du Néolithique, trouvés dans un [[Rub al-Khali]] aujourd'hui désertique, y ont été laissés par des chasseurs ou des colons venus s'installer sur les berges des lacs : une première vague de ces peuplements a eu lieu il y a {{formatnum:17000}} ans, suivie d'une autre il y a {{formatnum:10000}} ans et d'une dernière il y a {{formatnum:5000}} ans. Des fouilles le long de la côte du Nord-Est ont fait la preuve de l'existence de liens antérieurs à [[-2500]] avec les civilisations [[mésopotamie]]nnes.
{{Article détaillé|Préhistoire de l'Arabie}}


[[Fichier:Petroglyph at Bir Hima in Saudi Arabia.jpg|vignette|gauche|[[Pétroglyphe]], {{Lien|langue=en|trad=Bir Hima Rock Petroglyphs and Inscriptions|fr=Bir Hima}}, [[Najran (province)|province de Najran]].]]
La reconstitution du tracé des anciennes routes a montré que la plupart des villes dépendaient économiquement du passage d'une des nombreuses pistes qu'empruntaient les caravanes. La plus importante de ces anciennes routes partait d'[[Aden]], traversait l'[[Asir]] et l'[[Hedjaz]] en direction du Nord, puis desservait le point d'eau et de ravitaillement de [[La Mecque]] avant de se poursuivre plus au Nord. La circulation marchande le long de cette route au début du {{s-|VII|e}} a influencé l'émergence et la diffusion de l'[[islam]].
Les premières explorations [[archéologie|archéologiques]] menées avant le milieu des années 1970 ont mis en évidence les traces d'un peuplement ancien de la péninsule, remontant à entre {{formatnum:300000}} et {{nombre|500000|ans}}. Une équipe internationale de chercheurs établit en novembre 2018 dans la revue [[Nature (revue)|Nature]] d'un peuplement plus ancien encore qu'imaginé jusqu'alors : des populations de type [[Homo erectus]] auraient occupé la [[Arabie|péninsule arabique]] cent mille ans auparavant.
Ces hominidés n'auraient pas eu besoin de s'adapter au climat de l'époque, découvrant une ''Arabie Verte'' hospitalière<ref>{{Article|auteur1=Patrick Roberts|titre=Fossil herbivore stable isotopes reveal middle Pleistocene hominin palaeoenvironment in ‘Green Arabia’|périodique= [[Nature (revue)|revue Nature]]|date=novembre 2018|lire en ligne=https://www.nature.com/articles/s41559-018-0698-9.epdf?shared_access_token=x-eKvyDe2EU_G6A74hUl3NRgN0jAjWel9jnR3ZoTv0N9kU6ZdocH1K5tlqbulC1NizVpqUU5kqteB_qCOfNYh20-a_39aC09t08FpFwFc_OP-tHMeHG5R8mhS4SzErpI7gvh4PgDFB3RGPnaCkzPomxJd9xx0onzcJ8Bw21L1C4%3D|consulté le=2018-11-12}}</ref>.


Des outils de la fin du [[Paléolithique]] et du Néolithique, trouvés dans un [[Rub al-Khali]] aujourd'hui désertique, y ont été laissés par des chasseurs ou des colons venus s'installer sur les berges des lacs : une première vague de ces peuplements a eu lieu il y a {{nombre|17000|ans}}, suivie d'une autre il y a {{nombre|10000|ans}} et d'une dernière il y a {{nombre|5000|ans}}. Des fouilles le long de la côte du Nord-Est ont fait la preuve de l'existence de liens antérieurs à -2500 (4500 ans avant le présent) avec les civilisations [[mésopotamie]]nnes.
== L´Antiquité ==
{{Article détaillé|Histoire de l'Arabie préislamique}}
Pendant cette période, la péninsule est marquée par la présence de tribus juives, arabes et de minorités chrétiennes notamment d´origine grecque. Les habitants de la péninsule sont en partie des sédentaires vivant dans de petites agglomérations, généralement formées autour d'un cours d'eau, d'une source ou même d'une [[oasis]] ; ainsi que de nomades, bédouins vivant dans des campements de tentes en milieu désertique.


* [[Al-Magar]], culture néolithique du [[Nejd]]
== Au Moyen Âge ==
=== Mahomet et l´islam ===


== Antiquité ==
Au VI{{e}} siècle les [[Arabes]] sont divisés en plusieurs tribus et clans antagonistes. Seule une langue sémitique, l'[[arabe]], unit ces diverses tribus. Celles-ci opèrent ponctuellement des razzias militaires sans lendemain contre le menaçant [[Empire byzantin]], au nord. Mais ce seront les sables et l'aridité de la péninsule - du moins dans ses parties septentrionales et centrales -, qui protègeront le mieux l'[[Arabie]] des incursions byzantines.
{{Article détaillé|Arabie préislamique|Kindah}}
Pendant cette période, la péninsule est marquée par la présence de tribus [[arabes]], qui ont pu être, tardivement et partiellement, de religion chrétienne (dont le [[nestorianisme]]), ou juive ([[Himyar]]), et probablement une importante minorité de gens d'origine grecque, au moins sur les côtes.


Les habitants de la péninsule sont en partie des sédentaires vivant dans de petites agglomérations, généralement formées autour d'un cours d'eau, d'une source ou d'une [[oasis]].
[[La Mecque]], ville de commerçants et surtout centre religieux, constitue un point de passage entre le [[Yémen]] et le [[Levant]] pour de nombreuses caravanes. Prêchant une religion monothéiste s'inspirant en partie d'un judaïsme et d'un christianisme, des religions qui furent déformés, Mahomet fuit un assassinat en 622 et émigre vers [[Médine]]. Quelques années plus tard, cet exode, aussi appelé "[[hégire]]", constitue pour l'historiographie musulmane l'an 1 du nouveau [[calendrier musulman]]. Dans la ville instable de Médine (autrefois appelée "[[Yathrib]]"), les tribus lui confient rapidement le pouvoir politique, en raison de sa qualité d'arbitre entre les tribus juives, ainsi que de son rôle spirituel pour les nouveaux croyants. Mahomet parvient progressivement à unifier les tribus arabes et l'islam unifie rapidement l'essentiel de la péninsule Arabique, non sans susciter inquiétude - voire hostilité - parmi certaines tribus, restées polythéistes ou juives.
Il existe également des nomades, bédouins, vivant dans des campements de tentes en milieu désertique.
Il existe enfin des tribus marchandes.


L'[[Arabie préislamique]], c'est donc d'abord la variété des [[tribus d'Arabie]], [[Qahtan]]ites (du Sud), [[Adnan]]ites (du Nord), de langue [[arabe]]. Au moins, deux peuples (ou tribus) arabes ([[Ad (peuple)|Ad]] et [[Thamud]]) sont réputés disparus depuis suffisamment longtemps pour qu'on leur attribue divers événements non datables : domestication du chameau, prophète [[Houd]], prophète [[Sâlih]], [[anciennes cités d'Arabie saoudite|anciennes cités de la péninsule arabique]].
Mahomet devient alors législateur, organise l´administration de l'État naissant et lève une taxe en faveur des nécessiteux, la [[Zakat]]. À sa mort, ses successeurs, les [[califes]], répandent rapidement la religion musulmane. En [[683]], le monde musulman s´étend de la [[Perse]] aux côtes [[Maroc|marocaines]].


Une partie de la [[route de l'encens]] et de la [[myrrhe]], produits de l'actuel Yémen, sans doute commercialisés depuis -1800 vers la Méditerranée (Aqaba et Gaza), passe par la partie nord-ouest de la péninsule arabique, un temps annexée par les [[Achéménides]] puis les [[Séleucides]] :
=== Le califat ===
* [[Royaume de Qédar]] (de -850 à -350, Nord-Arabie et Sud-Syrie et Palestine, capitale : [[Dumat Al-Djandal]]),
* [[Royaume nabatéen]] (vers 350-106, Nord-Ouest Arabie, Sud-Jordanie, capitale [[Pétra]], ruines de [[Madâin Sâlih]]).


Le royaume de [[Lihyan]] (vers 550-250, [[Dadan]], [[Al-'Ula]]) est lié à la route de l'encens, tout comme [[Tayma]] et [[Tabuk]].
[[Image:Ottoman Empire 1914 h.PNG|thumb|right|Carte de la région sous l'Empire ottoman]]


Le royaume de [[Kindah]] (vers 450-550, [[Nejd]], [[Al Faw (Arabie saoudite)|Al Faw]]), au moins un temps vassal du royaume d'[[Himyar]], renvoie également à l'[[histoire du Yémen]], ou plus exactement à l'histoire de l'Arabie sud-péninsulaire : [[Royaume de Saba]], [[Marib]], [[Qataban]], [[Royaume d'Awsân|Awsan]], [[Minéens|Ma'in]], [[Hadramaout#Royaume_d'Hadramaout|Hadramaout]], [[Himyar]].
Quand le flambeau du pouvoir politique et militaire de l'[[islam]] passe de [[La Mecque]] et [[Médine (Arabie saoudite)|Médine]] à [[Damas]] à la fin du {{VIIe siècle}}, puis à [[Bagdad]], le rôle de l'[[Hedjaz]] et de l'Arabie entame un déclin de plusieurs siècles. La majeure partie de l'Arabie demeure une zone frontière, isolée et fragmentée en tribus rivales. Avec la chute du calife [[Abbassides|abbasside]] en [[1258]], l'autorité sur les lieux saints du Hedjaz passe entre les mains de l'[[Égypte]] [[Mamelouks|mamelouk]]. Il revient ensuite aux [[Empire ottoman|Ottomans]] quand les [[Turquie|Turcs]] conquièrent l'[[Égypte]] en [[1517]]. L'intérieur de la péninsule connaît alors une évolution séparée qui mène à l'émergence de la famille Al-Saoud au {{XVIIIe siècle}}. Matant les autres clans rivaux, tels que les Al-Rachid, les Al-Saoud parviennent à la domination du [[Nejd]], région de plateaux située au centre de la péninsule arabique. Avec comme capitale [[Riyadh]], cette région constitue toujours le noyau du pouvoir de la famille royale.


Le petit groupe tribal atypique {{Lien|langue=en|trad=Solluba|fr=Solluba}} ou ''Sulayb / Sleb / Sulluba'', peut-être {{Lien|langue=en|trad=Huteimi|fr=Huteimi}}, en partie dans le [[désert du Néfoud]] (Nord-Ouest), serait lié à la région nommée [[Magan]] (dans l'[[Oman]]ais), et à la région nommée [[Gédrosie]] (après l'expédition d'[[Alexandre le Grand]]) puis {{Lien|langue=en|trad=Maka (satrapy)|fr=satrapie de Maka}}, ou [[Makran]]/Mékran (dans le [[Baloutchistan]], Iran-Pakistan).
L'État saoudien trouve sa source en [[1744]], lorsqu'une alliance est scellée entre un chef de tribu local, patriarche des [[dynastie saoudienne|Séoud]], alors seigneurs de Nejd, [[Mohammed ibn Saoud]], qui s'associe avec un réformateur religieux, [[Mohamed ibn Abd al-Wahhab]], fondateur du [[wahhabisme]], pour créer une nouvelle entité politique. La famille des Al-Saoud et le royaume connaissent des hauts et des bas en fonction des accords et désaccords avec l'[[Égypte]], l'[[Empire ottoman]] et d'autres familles arabes pour le pouvoir de la péninsule, et connaît une certaine décadence.


<gallery>
== Le premier État saoudien ==
Langues semitique version française.svg|[[Langues sémitiques]]
{{article détaillé|Premier État saoudien}}
MapHymiariteKingdom.jpg|Royaume [[Himyar]]ite et environs, vers 100-200, selon le ''[[Périple de la mer Érythrée]]''
En [[1744]], le chef des Al-Saoud, [[Mohammed ibn Saoud]], allie la famille à un réformateur religieux, [[Mohamed ibn Abd al-Wahhab]], liant le pouvoir temporel saoudite au puritanisme religieux. La croyance religieuse qui en résulte est parfois appelée [[unitarisme]] et souvent, de manière inadéquate, [[wahhabisme]]. Depuis leur capitale à [[dariya|al-Diriyah]] près de [[Riyad]], les deux chefs parviennent à étendre leur pouvoir à presque toute la péninsule aux alentours de l'an [[1800]].
NabateensRoutes.png|Routes commerciales terrestres des [[Nabatéens]]
Madain Saleh (6720592565).jpg|[[Madâin Sâlih]] : Hégra (Al-Hijr)
Dioecesis Orientis 400 AD.png|[[Diocèse d'Antioche|Diocèse byzantin d'Orient]] vers 400
</gallery>


<gallery>
Las du pouvoir grandissant des Al-Saoud, les [[Empire ottoman|Ottomans]] envoient alors l'Égyptien [[Mohammed Ali]] les renverser et rétablir l'autorité de l'Empire sur le Hedjaz sacré. Les Égyptiens s'emparent de la capitale saoudite d'al-Diriyah en [[1818]], détruisant ses forts et interrompant la domination des Al-Saoud sur la région ; ils ne parviennent cependant pas à éradiquer les racines religieuses et nationales de leur pouvoir.
Kindite Kingdom, ca. 500.png|Royaume de [[Kindah]], vers 500.
NE 565ad.jpg|Situation vers 565.
Tribes english.png|Tribus arabes au début de l'ère islamique
Map of Arabia 600 AD.svg|Localisation traditionnelle des principales tribus vers 600
Persia 600ad.jpg|Proche-Orient vers 600
</gallery>


Après les [[campagnes d'Auguste en Afrique et en Arabie]] (de -30 à +6), se constitue la [[Arabie (province romaine)|province romaine d'Arabie Pétrée]] ([[Bosra]], [[Pétra]]) : la protection de l'[[Égypte romaine et byzantine]] (de -30 à +641) et de la [[Judée (province romaine)|province romaine de Judée]] (6-135, puis [[Syrie-Palestine]] de 135 à 390) passe par la constitution d'un [[Limes Arabicus]], frontière du désert contre les attaques des tribus du désert d'Arabie et de l'incursion des armées perses ([[guerres perso-romaines]]), et d'une [[Via Nova Traiana]] ([[Bosra]]-[[Aqaba]]), souvent restaurée.
== Le deuxième État saoudien ==
Quelques années plus tard, les Al-Saoud regagnent leurs territoires perdus, à l'exception du [[Hedjaz]], et établissent leur nouvelle capitale à [[Riyad]].


Au début de notre ère, deux royaumes arabes émergent, aux marges Nord, et s'imposent comme ''tampons'' contre toute excursion arabe péninsulaire :
L'autorité des Al-Saoud est mise à mal par des querelles familiales, et les [[Empire ottoman|Ottomans]] parviennent donc à occuper de nouveau le [[Hasa]], à l'est de la péninsule ; et les Al-Rachid, la famille rivale, assure son pouvoir dans une bonne partie du [[Nejd]], devenu alors l'émirat rachidite du [[Hail|Ha'ïl]] de [[1835]] à [[1921]].
* royaume des [[Ghassanides]] (220-638, capitale [[Jabiyah (Golan)]]),
* royaume des [[Lakhmides]] (300-602), alliés / vassaux des Sassanides, capitale [[Al-Hira]] ([[Nadjaf]], Irak actuel).


C'est dans ce contexte complexe qu'apparaît, plus au Sud, dans la tribu des [[Quraych]], le prophète [[Mahomet]] (570-632, [[arbre généalogique de Mahomet]]), dont le [[Messagers de l'islam|message]] ou [[révélation]], à l'origine de l'[[Islam]], marque la fin de l'ignorance ([[Jâhilîya]]).
== La création de l'Arabie saoudite moderne ==
[[Image:Saud alrasheed.jpg|thumb|right|150px|Saoud Al-Rachid]]
[[Image:Ibn Saud 1945.jpg|thumb|right|[[Ibn Séoud]] en 1945]]


== Moyen Âge ==
Les Al-Saoud trouvent refuge au [[Koweït]], d'où un jeune Al-Saoud, [[Abd al-Aziz ben Abd al-Rahman Al Saoud]], organise la prise de Riyadh et du Nejd en [[1902]] : dans la nuit du 15 au 16 janvier 1902, Abd-al-Aziz s'empare de Riyad, alors sous l'autorité de la famille rivale des Al-Rachid (de Haïl).
=== Naissance de l'islam ===
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Muslim Conquest.PNG|[[Expansion de l'islam]] en 620-630.
Le Califat Abu bakr 632-633.jpg|[[Califat]] à l'époque d'[[Abou Bakr As-Siddiq]] en 633.
Mohammad adil rais-Invasion of Anatolia and Armenia-es.svg|Campagnes musulmanes en 637-638.
First Fitna Map, Ali-Muawiya Phase.png|[[Grande discorde]], 656-661.
Second Fitna Territorial Control Map ca 686.png|Monde musulman vers +686 ([[deuxième Fitna]]).
</gallery>
Au {{s-|VI|e}} les [[Arabes]] sont divisés en plusieurs tribus et clans antagonistes. Seule une langue sémitique, l'[[arabe]], unit ces diverses tribus. Celles-ci opèrent ponctuellement des razzias militaires sans lendemain contre le menaçant [[Empire byzantin]], au nord. Mais ce sont les sables et l'aridité de la péninsule - du moins dans ses parties septentrionales et centrales -, qui protègent le mieux l'[[Arabie]] des incursions byzantines.


[[La Mecque]], ville de commerçants et surtout centre religieux, constitue un point de passage entre le [[Yémen]] et le [[Levant (Proche-Orient)|Levant]] pour de nombreuses caravanes. Prêchant une religion monothéiste dans la continuité du judaïsme et du christianisme, [[Mahomet]] fuit un assassinat en 622 et émigre vers [[Médine]]. Quelques années plus tard, cet exode, aussi appelé "[[hégire]]", constitue pour l'historiographie musulmane l'an 1 du nouveau [[Calendrier hégirien|calendrier musulman]]. Dans la ville instable de [[Médine]] (autrefois appelée "[[Médine|Yathrib]]"), les tribus lui confient rapidement le pouvoir politique, en raison de sa qualité d'arbitre entre les tribus juives, ainsi que de son rôle spirituel pour les nouveaux croyants. Mohamed parvient progressivement à unifier les tribus arabes et l'islam unifie rapidement l'essentiel de la péninsule Arabique, non sans susciter inquiétude - voire hostilité - parmi certaines tribus, restées polythéistes ou juives.
En 1904, Abd-al-Aziz s'empare de l'oasis de [[Buraydah]], capitale de la région du Qasim, au nord du Nejd. Nouveau chef du clan, Abd al-Aziz organise en 1912 les Bédouins en "[[Ikhwan (Arabie saoudite)|ikhwan]]" (fratries), qui constituent sa force de frappe et lui permettent de reprendre graduellement le pouvoir dans la majeure partie de la péninsule. Les Ikwân sont progressivement installés dans environ 200 colonies agricoles (les "hujjar"). En 1913, Abd-al-Aziz s'empare de la province du Hasa, dans l'est, dont la population est majoritairement [[chiisme|chiite]].


Mohamed devient alors législateur, organise l´administration de l'État naissant et lève une taxe en faveur des nécessiteux, la [[zakât]]. À sa mort, ses successeurs, les [[calife]]s, répandent rapidement la religion musulmane. En [[683]], le monde musulman s'étend de la [[empire perse|Perse]] aux côtes [[maroc]]aines.
Son poids politique est reconnu par les Ottomans en mai 1914, lorsque ces derniers le
nomment [[Wali (arabe)|wali]] ("préfet") du Nejd


L’intense activité militaire et diplomatique qu’a été la ''[[Apostasie dans l'islam|Ridda]]'' peut être considérée comme la répression d’une [[apostasie]], une reconquête ou une conquête. Un exemple est le cas particulier de [[Musaylima al-kadhdhâb|Musaylima]] (Banû Hanifâ), dernière confédération de tribus du Hedjaz à être réfractaire aux demandes musulmanes. D’autres exemples isolés sont ''Ayhala le Noir'' au Yémen, ''Tulayha al-Asadî'' dans le Nedjd, et la prophétesse ''Sajâh'' des ''Tamîm'' et des ''Taghlib''.
Avec le déclenchement de la [[Première Guerre mondiale]], Abdelaziz se rapproche graduellement des Britanniques. Un traité de coopération est signé avec ces derniers en 1915.


=== Califat ===
En novembre 1921, Abd-al-Aziz conquiert l'oasis de Haïl. Le pouvoir des Ar-Rachid s'effondre. Abd-al-Aziz prend le titre de [[sultan]] du Nejd.
Quand le flambeau du pouvoir politique et militaire de l'[[islam]] passe de [[La Mecque]] et [[Médine]] à [[Damas]] à la fin du {{VIIe siècle}} ([[Omeyyades]]), puis à [[Bagdad]] ([[Abbassides]]), le rôle de l'Arabie en particulier l'Arabie centrale, désertique, entame un déclin de plusieurs siècles. La majeure partie de l'Arabie demeure une zone frontière, isolée et fragmentée en tribus rivales. Elle conserve l'importance des origines, des pèlerinages, du brassage de populations lors du [[hajj]], et du commerce.


=== Ingérences étrangères régionales (1093-1918) ===
En octobre 1924, les [[Hachémite]]s du chérif Hussein sont défaits par les partisans d'Abd-al-Aziz, à la bataille de La Mecque. Le 13 octobre 1924, Abdelaziz entre à La Mecque vêtu en pèlerin (sans revendiquer, contrairement à Hussein, le titre de [[calife]] ; le titre de gardien des deux sanctuaires pris par les souverains saoudiens ne remonte qu'aux années 1980). Le port de [[Djeddah]] est conquis peu après (1924). La conquête du Hedjaz s'achève en 1925.
Avec la chute de l'[[État d'Al-Akhdari|Émirat Lakhdaride]] en [[1093]] et la chute du calife [[Abbassides|abbasside]] en [[1258]], l'autorité sur les lieux saints du Hedjaz passe entre les mains de l'[[Égypte]] [[mamelouk]].


[[Image:OttomanEmpireMain.png|vignette|Empire ottoman en 1683]]
Le 2 novembre 1925, les Al-Saoud et les Britanniques signent le traité de Hadda, destiné à délimiter les frontières entre le domaine des Saoud et la toute nouvelle [[Jordanie]].
Il revient ensuite aux [[Empire ottoman|Ottomans]] quand les [[Turquie|Turcs]] conquièrent l'[[Égypte]] en [[1517]]. L'intérieur de la péninsule connaît alors une évolution séparée qui mène à l'émergence de la famille [[Famille royale saoudienne|Al Saoud]] au {{XVIIIe siècle}}. Matant les autres clans rivaux, tels que les Al Rachid, les Al Saoud parviennent à la domination du [[Nejd]], région de plateaux située au centre de la péninsule arabique. Avec comme capitale [[Riyad]], cette région constitue toujours le noyau du pouvoir de la famille royale.


L'État saoudien trouve sa source en [[1744]], lorsqu'une alliance est scellée entre un chef de tribu local, patriarche des [[Famille royale saoudienne|Séoud]], alors seigneurs de Nejd, [[Mohammed Ibn Saoud]], qui s'associe avec un réformateur religieux, [[Mohammed ben Abdelwahhab]], fondateur du [[wahhabisme]], pour créer une nouvelle entité politique. La famille des Al Saoud et le royaume connaissent des hauts et des bas en fonction des accords et désaccords avec l'[[Égypte]], l'[[Empire ottoman]] et d'autres familles arabes pour le pouvoir dans la péninsule.
La dernière grande conquête a lieu en 1926 avec la prise de l'Asir, du Jizan et du Najran, régions historiquement yéménites. Des légations soviétiques (le 16 février) et britanniques ouvrent à Djeddah en 1926.
La même année, Abdelaziz se proclame roi du Hedjaz. Il est reconnu roi du Hedjaz, du Nejd et de leurs dépendances en janvier 1927.


== Premier État saoudien : 1744-1818 ==
Le 20 mai 1927, avec l'aide de [[St. John Philby]], Abdelaziz signe avec les Britanniques le traité de Djeddah par lequel il renonce à toute extension du territoire saoudien au détriment des souverains protégés par Londres tandis que les Britanniques reconnaissent le statu quo.
{{article détaillé|Émirat de Dariya}}
[[Image:First Saudi State Big.png|vignette|droite|[[Émirat de Dariya]].]]
En [[1744]], l'[[émir]] de [[Émirat de Dariya|Dariya]] (''premier État saoudien''), [[Mohammed Ibn Saoud]], s'allie à un prédicateur religieux, [[Mohammed ben Abdelwahhab]], un [[imam]] fondamentaliste prônant le retour à la base de l'islam pur (doctrine religieuse parfois appelée [[Wahhabisme#Critiques et controverses|unitarisme]] et souvent, de manière inadéquate, [[wahhabisme]]). Depuis leur capitale, [[Émirat de Dariya|Dariya]] près de [[Riyad]], les deux chefs unissent les tribus du [[Nejd]], prennent le contrôle de Riyad en 1773, et leurs successeurs étendent leur pouvoir à une grande partie de la [[Arabie|péninsule Arabique]] en 1806, jusqu'alors officiellement [[Empire ottoman|ottomane]] depuis presque trois siècles.


Après la défaite ottomane lors de la [[guerre russo-turque de 1768-1774]], à l'issue de laquelle le [[khanat de Crimée]] (1441-1783) passe sous suzeraineté russe, au [[traité de Koutchouk-Kaïnardji]], les critiques contre l'[[Empire ottoman]] s'élèvent.
Des tensions ont alors lieu avec les Ikhwân, désireux de poursuivre la lutte. Les principaux dirigeants des Ikhwân (Ibn Humaÿd, Ad-Dawish et Ibn Hithlaÿn) sont déposés en octobre 1928. Abdelaziz écrase militairement les Ikhwân en mars 1929 à [[Bataille de Sabilah|As-Sabilah]] grâce notamment à l'appui de l'aviation britannique. Ibn Humaÿd est capturé. Ibn Hithlaÿn est tué.


La [[campagne d'Égypte]] (1798-1801), expédition militaire française, menée en [[Égypte]] par le général [[Napoléon Ier|Bonaparte]] et ses successeurs, confirme le diagnostic de fragilité du pouvoir ottoman en Égypte, bien avant que le pouvoir ottoman impose la [[dynastie de Méhémet Ali]] (1805-1953) : [[Égypte sous les Alaouites]].
Le royaume d'Arabie saoudite est fondé officiellement le 22 septembre 1932 par la fusion des provinces du Nejd et du Hedjaz. Il conserve aujourd'hui cette désignation. Les guerres ayant permis l'accession au pouvoir d'Ibn Saoud firent 500 000 morts entre 1901 et 1932<ref name="Murawiec">{{Article|prénom1=Laurent|nom1=Murawiec|titre= L’Arabie saoudite : un business familial|périodique=L’Histoire|mois=avril|année=2004|numéro=286|pages=18-19|issn=T01842}}</ref>.


Le {{date|21 avril 1802}}, [[Abdelaziz ben Mohammed ben Saoud|Abdelaziz ben Saoud]] à la tête des [[wahhabisme|wahhabites]] envahit l'Irak et pille Kerbala<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Roger Joint Daguenet|titre=Histoire de la Mer Rouge|sous-titre=De Lesseps à nos jours|lieu=Paris/Montréal (Québec)|éditeur=[[Éditions L'Harmattan|L'Harmattan]]|année=1997|pages totales=566|passage=11|isbn=978-2-7384-5854-4|isbn2=2-7384-5854-8|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=6LREMgksf6AC&printsec=frontcover}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Olivier Da Lage]] |titre= Géopolitique de l'Arabie saoudite |lieu=Bruxelles/Paris|éditeur=Complexe|année=2006|pages totales=143|passage=28|isbn=2-8048-0121-7|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=Bp0V0qDWPaoC&printsec=frontcover}}</ref>{{,}}<ref>Le massacre de [[Kerbala]] (Irak) est souvent placé en [[1802]] ; il semble que [[1801]] soit la bonne date, notamment selon {{Ouvrage |auteur1=Hamadi Redissi |titre=Le Pacte de Nadjd : ou comment l'islam sectaire est devenu l'islam |éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]] |année=2013 |pages totales=349 |isbn=978-2-02-112431-6 |présentation en ligne={{Google Livres|1f8DAAAAQBAJ|page=PT37}}}}</ref>. Iconoclastes, ils y détruisent des sanctuaires, dont celui d'[[Al-Hussein ibn Ali]], ainsi que son tombeau<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Martin S. Kramer|titre=Arab awakening and Islamic revival: the politics of ideas in the Middle East|lieu=New Brunswick (N.J.)/London|éditeur=Transaction Publishers|année=1996|pages totales=297|passage=164|isbn=1-56000-272-7|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=SRkTJCcyn00C&printsec=frontcover}}</ref>{{,}}<ref name=Abdullah>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Thabit Abdullah|titre=A Short History of Iraq|sous-titre=from 636 to the Present|éditeur=Pearson Education|année=2003|pages totales=234|passage=89|isbn=0-582-50579-8|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=7K0grLIF0D8C&printsec=frontcover}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Wayne H. Bowen|titre=The History of Saudi Arabia|éditeur=[[Greenwood Publishing Group]]|année=2008|pages totales=153|passage=73|isbn=978-0-313-34012-3|isbn2=0-313-34012-9|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=n2UeIkOFYY4C&printsec=frontcover}}</ref>. Entre {{formatnum:2000}} et {{nombre|3000|habitants}} sont tués<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteurs=Heinz Halm, Janet C. E. Watson, Marian Hill|titre=Shi'ism|lieu=Édimbourg|éditeur=[[Edinburgh University Press]]|année=2004|pages totales=216|passage=98|isbn=0-7486-1888-0|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=u5jO3QzVtPUC&printsec=frontcover}}</ref>{{,}}<ref name=Abdullah/> : [[mausolée de l'imam Hussein]], [[pillage du mausolée de l'imam Hussein]].
Le deuxième souverain de l'émirat de Dariya (1765-1803), [[Abdelaziz ben Mohammed ben Saoud]], est assassiné en 1803 par un chiite à Dariya, durant une prière à la mosquée.
Son fils {{Lien|lang=en|trad=Saud bin Abdul-Aziz bin Muhammad bin Saud|fr=Saoud ben Abdelaziz ben Mohammed ben Saoud|texte=Saoud ben Abdelaziz}} (1803-1814) lui succède. Les Saoudiens conquièrent les plateaux de l'[[Asir]] et la région du [[Hedjaz]], et les deux villes saintes de [[Médine]] et de [[La Mecque]].
Prônant un monothéisme strict, ils détruisent les différentes idoles et les tombeaux de saints.
L'[[Empire ottoman]], qui exerce la souveraineté sur les villes saintes depuis [[1517]], voit le pèlerinage compromis, selon les modalités ottomanes.


Les [[Empire ottoman|Ottomans]] envoient alors l'Égyptien [[Méhémet Ali]] les renverser et rétablir l'autorité de l'Empire sur le Hedjaz sacré.
[[Image:FDR on quincy.jpg|thumb|280px|right|Rencontre du [[Franklin Delano Roosevelt|président Roosevelt]] et du roi [[Ibn Saoud]], en Égypte en février 1945, photo prise à bord d'un bâtiment de l'US Navy. Cette rencontre instaura la période de stabilité du royaume et son insertion dans l'économie de libre-échange d'après-guerre<ref>Voir l'article [[géopolitique du pétrole]].</ref>.]]
Malgré leur défaite à la {{Lien|lang=en|trad=Battle of Al-Safra|fr=bataille de Al-Safra}} (1811), les Égyptiens s'emparent de [[Yanbu]] (1811), [[Bataille de Médine (1812)|Médine]] (1812), [[Djeddah]] (1813), La Mecque (1813), [[Ar Rass]], [[Buraydah]], [[Unaizah]], et enfin de la capitale saoudite d'al-[[Dariya|Diriyah]] en [[1818]] ({{Lien|lang=en|trad=Siege of Diriyah|fr=siège de Dariya}}), détruisant ses forts et interrompant la domination des Al Saoud sur la région.
Ils ne parviennent cependant pas à éradiquer les racines religieuses et nationales de leur pouvoir.


== Période ottomane ==
Le roi saoudien (plus connu en Occident sous le nom d'[[Ibn Séoud]]) conclut à l'époque une alliance stratégique avec les [[États-Unis]], qui en échange d'un accès au [[pétrole]], s'engagent a protéger militairement la dynastie des Saouds, ce qui se poursuit toujours aujourd'hui.
Ébranlé par le pouvoir grandissant des [[Famille royale saoudienne|Al Saoud]], l'[[Empire ottoman]] ne tarde pas à réagir sous l'impulsion de [[Méhémet Ali]] et de son fils [[Ibrahim Pacha]] en libérant les villes saintes et en détruisant [[Dariya]] en [[1818]]. Le petit-fils de [[Mohammed ben Abdelwahhab]] est fusillé par ses propres troupes et l'imam [[Abdallah ben Saoud ben Abdelaziz]] décapité à [[Constantinople]] et sa tête jetée dans le [[Bosphore]].
* {{Lien|langue=en|trad=Ottoman Arabia|fr=Arabie ottomane}}
* {{Lien|langue=en|trad=Wahhabi War|fr=Guerre Wahhabi}} entre Ottomans et Saoudiens (1811-1818)


== Deuxième État saoudien : 1824-1891 ==
Abd al-Aziz accepte le concept de modernisation du pays et persuade les ultra-conservateurs religieux d'accepter les nouvelles technologies : les automobiles, la radio, le téléphone, l'avion et la télévision (il considérait cela comme des outils, et qu'on pouvait les utiliser dans le bien, ce qui rassura les oulémas saoudiens). Après cinquante ans de pouvoir, Adb al-Aziz meurt en [[1953]], lui succèdent ses fils —&nbsp;[[Saoud ben Abdelaziz al-Saoud|Saoud ben Abdelaziz]], [[Fayçal ben Abdelaziz al-Saoud|Fayçal ibn Abd al-Aziz]], [[Khaled ben Abdelaziz Al Saoud|Khaled ibn Abd al-Aziz]], [[Fahd ben Abdelaziz al-Saoud|Fahd ibn Abd al-Aziz]] et depuis [[2005]] le roi [[Abdallah ben Abdelaziz Al Saoud|Abdallah ibn Abd al-Aziz]].
[[Image:Second Saudi State Big.png|vignette|droite|[[Émirat du Nedjd]]]]
{{Lien|langue=en|trad=Turki bin Abdullah bin Muhammad|fr=Tourki ben Abdallah Al Saoud}}, petit-fils de [[Mohammed Ibn Saoud|Mohammed ben Saoud]] (1710-1765), parvient à se réfugier auprès des bédouins dans le désert et à échapper à la déportation. Il mène alors une révolte contre les troupes occupantes en 1821 et établit sa tribu à Riyad, qui devient la capitale du deuxième royaume saoudien. Il regagne les territoires perdus, à l'exception du [[Hedjaz]], et de l'[[Émirat de Haïl]] où le clan [[Maison al Rachid|Al Rachid]] prend le pouvoir en 1835.


Après l'ouverture en 1869 du [[Canal de Suez]], la Turquie engage l'{{lien|langue=en|trad=Al-Hasa Expedition (1871)|fr=expédition d'Al-Hassa (1871)}}, afin de s'assurer le maximum de littoral. La région devient le {{lien|langue=en|trad=Najd Sanjak|fr=sandjak de Nadj}} (1871-1915), rattaché au [[vilayet de Bagdad]], puis en 1875 au [[vilayet de Bassora]].
Dans les [[années 1980]], la [[prise de la Grande Mosquée de La Mecque]] met en évidence le poids de la communauté ultra-conservatrice ({{référence nécessaire|représentant environ 70% de la population saoudienne|date=26 février 2010}}), et la pression fondamentaliste s'accentue. Une police des mœurs, la [[muttawa]], est mise en place, s'assurant que tout ce qui se passe dans le royaume n'enfreint pas les règles de l'[[islam]]. Les nouvelles technologies sont encadrées, comme par exemple [[internet]] (les sites sexuellement explicites sont censurés) ou la [[téléphonie mobile]] (les téléphones portables dotés d'appareil photo sont interdits). La musique n'est pas autorisée en public, encore moins le théâtre, et la télévision par satellite est également filtrée, tandis que la ségrégation sexuelle (pas de salle mixte dans les restaurants) est accentuée, et le port du voile islamique obligatoire.


En 1871, à la suite d'une querelle de succession, [[Saoud ben Fayçal ben Turki Al Saoud]] (1833-1875) reprend le pouvoir à son frère [[Abdallah ben Fayçal ben Turki Al Saoud|Abdallah]]. À sa mort, son autre frère [[Abderrahmane ben Fayçal Al Saoud]] (1850-1928) lui succède, mais Abdallah revient un an plus tard et le force à abdiquer. En représailles, les enfants de Saoud décident en 1887 de capturer Abdallah. En échange de la libération d'Abdallah, l'émir d'[[Haïl]], [[Mohammed ben Abdallah Al Rachid]] (1872-1897), devient gouverneur de Riyad, alors que les [[Empire ottoman|Ottomans]] occupent de nouveau le [[Al-Hassa|Hassa]], à l'est de la péninsule.
Le prince Sultan (branche des Soudeiri), ministre de la Défense, est reconnu prince héritier depuis 2005. Le prince Nayef (également de la branche des Soudeiri) fait figure de numéro 3 officieux sans avoir officiellement le titre de vice-héritier. Il fait cependant figure d'homme fort en tant que ministre de l'Intérieur et à ce titre chef des services de renseignement du royaume.


== Période Al Rachid : 1891-1921 ==
== L'Arabie moderne ==
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Alrasheed hail english.png|État rachidien
Saud alrasheed.jpg|[[Saoud ben Abdelaziz Al Rachid]] (1898-1920)
Ottoman Empire 1914 fr.PNG|Carte de la région sous l'Empire ottoman en 1914
</gallery>
L'émir d'Haïl décide alors de mettre fin au royaume saoudien. En 1891, les [[Émirat de Dariya|Al Saoud]] sont défaits à la {{Lien|lang=en|trad=Battle of Mulayda|fr=bataille de Mulayda}} dans la région de [[Al Qasim|Qassim]] par les [[Maison al Rachid|Al Rachid]], soutenus par les [[Dynastie ottomane|Ottomans]] qui restaient ennemis des Saoud. La famille saoudienne est obligée de s'exiler au [[Koweït]], alors protégé par le [[Royaume-Uni]], ennemi de l'[[Empire ottoman]].


== Naissance du troisième État saoudien ==
[[Image:Coat of arms of Saudi Arabia.svg|150px|right|Armes du royaume saoudien]]
{{Article détaillé|Unification de l'Arabie saoudite|}}
[[Image:Sultan Al-Otaibi.jpg|vignette|droite|100px|[[Ikhwan (Arabie saoudite)|Ikhwan]] (1912-1930).]]


Après avoir erré dans le désert du Ruba al Khali, les Al Saoud trouvent refuge au [[Koweït]], d'où le jeune [[Abdelaziz ibn Saoud|Abdelaziz ben Abderrahmane]] organise avec une poignée d'hommes la prise de Riyadh et du Nejd en [[1902]] : dans la nuit du 15 au {{date-|16 janvier 1902}}, Abdelaziz s'empare de Riyad, alors sous l'autorité de la famille rivale des Al Rachid (de [[Haïl]]).
Le royaume d'Arabie Saoudite a donc été fondé en 1932 par le roi [[Abd al-Aziz ben Abd al-Rahman Al Saoud|Abdel Aziz ibn Saoud]] ([[1880]]-[[1953]]), roi de l'[[Arabie saoudite]] de [[1932]] à [[1953]]. Il a eu vingt épouses qui lui donnèrent quarante-cinq fils, au total cent quatre-vingts descendants mâles reconnus (voir [[Famille princière Ibn Saoud]]). Cinq de ses fils lui succèdent.


En 1904, Abdelaziz s'empare de l'oasis de [[Buraydah]], capitale de la région du Qasim, au nord du Nejd. Désormais reconnu chef du clan sous le nom d'Ibn Séoud, il organise en 1912 les Bédouins en « [[Ikhwan (Arabie saoudite)|ikhwan]] » (fratries), qui constituent sa force de frappe et lui permettent de reprendre graduellement le pouvoir dans la majeure partie de la péninsule. Les Ikwân sont progressivement installés dans environ 200 colonies agricoles (les « [[hujjar]] »). En 1912 ou 1913, Abdelaziz s'empare de la province du Hasa ([[Al-Hassa]]), dans l'est, dont la population est majoritairement [[chiisme|chiite]].
== L'Arabie depuis la crise du Golfe de 1990 ==


Son poids politique est reconnu par les Ottomans en {{date-|mai 1914}}, lorsque ces derniers le nomment [[Wali (arabe)|wali]] (« préfet ») du [[Nejd]]. Mais, après le déclenchement de la [[Première Guerre mondiale]], [[Abdelaziz ibn Saoud|Ibn Séoud]] se rapproche graduellement des Britanniques. Le [[Traité de Darin]], signé le {{date-|26 décembre 1915}} avec [[Percy Cox]], au nom du [[Bureau de l'Inde]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=David|nom1=Rigoulet-Roze|titre=Géopolitique de l'Arabie saoudite|éditeur=[[Armand Colin]]|date=2005-07-01|pages totales=312|isbn=978-2-200-35676-7|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=Op33_nB7uT4C&pg=PT34&dq=Dara%C3%AFn|consulté le=2018-02-24}}</ref>, lui accorde protection, armes et subsides en échange d'une non-agression contre leurs protectorats de [[Koweït]], du [[Qatar]] et des [[États de la Trêve|États de la Trève]].
L'[[guerre du Koweït|invasion militaire du Koweït]] par l'[[Irak]], le 2 août 1990, a constitué un choc politique considérable pour l'Arabie saoudite, brutalement confrontée à sa propre vulnérabilité et à ses contradictions. Dès le 8 août 1990, le roi Fahd prononce un discours annonçant l'accueil d'une coalition internationale sur le sol du royaume, ce qui n'est pas sans provoquer de fortes réticences au sein de la société saoudienne.
Mais contrairement aux attentes de celui-ci, Ibn Séoud ne prend pas part à la [[Révolte arabe de 1916-1918|Révolte arabe]] initiée par le [[chérif de La Mecque]] [[Hussein ben Ali (roi du Hedjaz)|Hussein ben Ali]] et qui contribue aux côtés des [[Alliés de la Première Guerre mondiale|Alliés]] à libérer la péninsule arabique de l'occupation ottomane.
Au contraire, il attaque les tribus de Hussein, entretient des contacts avec les Ottomans, avant de revenir à la neutralité et d'interrompre l'attaque de ses rivaux [[Maison al Rachid|Al Rachid]] du [[Émirat de Haïl|Djebel Chammar]] (''Haïl''), entre-temps ralliés aux Britanniques<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Ibn Saoud et la naissance du royaume d’Arabie saoudite – deuxième partie - Les clés du Moyen-Orient|url=https://www.lesclesdumoyenorient.com/Ibn-Saoud-et-la-naissance-du-1642.html|site=lesclesdumoyenorient.com|consulté le=2018-02-24}}.</ref>.

{{article détaillé|Révolte arabe de 1916-1918}}

En {{date-|novembre 1921}}, il conquiert l'oasis de [[Haïl]] : le pouvoir des Al Rachid s'effondre, Abdelaziz prend le titre de [[sultan]] du Nejd.

En {{date-|octobre 1924}}, les [[Dynastie hachémite|Hachémite]]s du chérif Hussein sont défaits par les partisans d'Abdelaziz, à la seconde bataille de La Mecque.
Le {{date-|13 octobre 1924}}, Abdelaziz entre à La Mecque vêtu en pèlerin (sans revendiquer, contrairement à Hussein, le titre de [[calife]] ; le titre de gardien des deux sanctuaires pris par les souverains saoudiens ne remonte qu'aux années 1980).
La conquête du Hedjaz s'achève en 1925 avec la prise de Médine et de Djeddah.

Le {{date-|2 novembre 1925}}, les Al Saoud et les Britanniques signent le [[traité de Hadda]], destiné à délimiter les frontières entre le domaine des Saoud et la toute nouvelle [[Émirat de Transjordanie|Transjordanie]].

La dernière grande conquête a lieu en 1926 avec la prise de l'[[Asir]], du [[Jizan]] et du [[Najran]], régions historiquement yéménites.

Des légations soviétiques (le {{date-|16 février}}) et britanniques ouvrent à Djeddah en 1926.

La même année, Abdelaziz se proclame roi du Hedjaz : il est reconnu roi du Hedjaz, du Nejd et de leurs dépendances en {{date-|janvier 1927}}.

Le {{date-|20 mai 1927}}, avec l'aide de [[St. John Philby]], Abdelaziz signe avec les Britanniques le traité de Djeddah par lequel il renonce à toute extension du territoire saoudien au détriment des souverains protégés par Londres tandis que les Britanniques reconnaissent le ''statu quo''.

Des tensions ont alors lieu avec les [[Ikhwan (Arabie saoudite)|Ikhwân]], désireux de poursuivre la lutte.
Les principaux dirigeants des Ikhwân (Ibn Humaÿd, Ad-Dawish et Ibn Hithlaÿn) sont déposés en {{date-|octobre 1928}}.
Abdelaziz écrase militairement les Ikhwân en {{date-|mars 1929}} à [[Bataille de Sabilah|As-Sabilah]] grâce notamment à l'appui de l'aviation britannique : Ibn Humaÿd est capturé, Ibn Hithlaÿn est tué<ref name="Murawiec">.
Au total, les guerres ayant permis l'accession au pouvoir d'Ibn Saoud auraient fait {{nombre|500000|morts}} entre 1901 et 1932 {{Article|prénom1=Laurent|nom1=Murawiec|titre= L’Arabie saoudite : un business familial|périodique=L’Histoire|mois=avril|année=2004|numéro=286|pages=18-19}}</ref>.
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Arabia 1914.png|Arabie, 1914
Arabia Armistice Mudros.png|Arabie, 1918
Hijaz.png|[[Royaume du Hedjaz]] (1916-1925)
Saudi Arabia map.png|Arabie saoudite, depuis 1934
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== Arabie saoudite ==
[[Fichier:Ibn Saud 1945.jpg|vignette|droite|[[Ibn Séoud]] en 1945.]]
Le royaume d'Arabie saoudite est fondé officiellement le {{date-|21 septembre 1932}}<ref name=":0" /> par la fusion des provinces du [[Nejd]] et du [[Hedjaz]].

[[Fichier:Franklin D. Roosevelt with King Ibn Saud aboard USS Quincy (CA-71), 14 February 1945 (USA-C-545).jpg|vignette|280px|droite|Rencontre du [[Franklin Delano Roosevelt|président Roosevelt]] et du roi [[Ibn Saoud]], en Égypte en {{date-|février 1945}}, photo prise à bord du ''Quincy'', un bâtiment de l'US Navy. Cette rencontre instaura la période de stabilité du royaume et son insertion dans l'économie de libre-échange d'après-guerre<ref>Voir l'article [[géopolitique du pétrole]].</ref>.]]
[[Fichier:Nasser_and_Faisal.jpg|vignette|280x280px|Faisal et le [[Gamal Abdel Nasser|président Nasser]] au Caire en 1969.]]
En {{date-|février 1945}}, le roi [[Abdelaziz ibn Saoud]] (1876/1880-1953) conclut avec les [[États-Unis]] le [[Pacte du Quincy]], alliance stratégique qui en échange d'un accès au [[pétrole]], engage les États-Unis à protéger militairement la dynastie des Saoud, et qui se poursuit toujours aujourd'hui. Cette alliance se révèlera d'autant plus durable que le pays se présente comme un allié de poids face à la montée des [[nationalisme arabe|nationalismes arabes]] dans les années 1950-1960 soutenus par l'Union soviétique<ref name="atlantico.fr">[http://www.atlantico.fr/decryptage/wahhabite-connection-comment-arabie-saoudite-destabilise-monde-en-exportant-islam-radical-depuis-40-ans-david-rigoulet-roze-1838403.html Wahhabite connexion : comment l’Arabie saoudite a déstabilisé le monde en exportant son islam radical depuis 40 ans], David Rigoulet-Roze, atlantico.fr, 3 novembre 2014</ref>.

Abdelaziz accepte le concept de modernisation du pays et persuade les ultra-conservateurs religieux d'accepter les nouvelles technologies : les automobiles, la radio, le téléphone, l'avion et la télévision (il considérait cela comme des outils, et qu'on pouvait les utiliser dans le bien, ce qui rassura les oulémas saoudiens). Après cinquante ans de pouvoir, Adb al-Aziz meurt en [[1953]], lui succèdent ses fils —&nbsp;[[Saoud ben Abdelaziz Al Saoud|Saoud]], [[Fayçal ben Abdelaziz Al Saoud|Fayçal]], [[Khaled ben Abdelaziz Al Saoud|Khaled]], [[Fahd ben Abdelaziz Al Saoud|Fahd]], [[Abdallah ben Abdelaziz Al Saoud|Abdallah]] et depuis le {{date-|23 janvier 2015}} [[Salmane ben Abdelaziz Al Saoud]]

À la mort de Adb al-Aziz, ses fils Saoud et Fayçal, s'affrontent violemment pour obtenir le pouvoir. En 1958, Saoud doit céder à l’ultimatum qui lui est imposé de céder tous les pouvoirs exécutifs à Fayçal : sa participation à l’organisation d’une tentative d’assassinat du président égyptien [[Gamal Abdel Nasser]] en {{date-|mars 1958}} a été démasquée. En 1958, Fayçal prend la tête du royaume, et engage une politique d’austérité sévère, afin de redresser les finances publiques. La lutte entre les deux frères dure jusqu'en 1964, provoquant une grande instabilité des institutions<ref name=":1">{{Lien web|titre=Le mouvement des « Princes rouges » en Arabie saoudite (1958-1964)|url=https://www.lesclesdumoyenorient.com/Le-mouvement-des-Princes-rouges-en-Arabie-saoudite-1958-1964.html|site=lesclesdumoyenorient.com|date=}}.</ref>.

Face à eux émergent les « princes rouges » (surnommés ainsi en raison de leurs opinions inspirés des idéaux socialistes) qui s'opposent à l'absolutisme. Ils défendent dès 1958 l’idée d’un « Conseil National », qu'il tentent immédiatement de promouvoir auprès de la population, avec des résultats très mitigés. Dans les années 1960, les partis de gauche, communistes ou nassériens, se développent clandestinement dans les monarchies du Golfe. L’Arabie saoudite intervient pour soutenir la [[Royaume mutawakkilite du Yémen|monarchie yéménite]] contre les [[République arabe du Yémen|nationalistes républicains]], soutenu par l'[[République arabe unie|Égypte]], et la monarchie omanaise contre une [[Guerre du Dhofar|rébellion d'influence marxiste]]. L’Arabie saoudite s'efforce en effet d'affaiblir, jusqu’à leur possible disparition, les mouvements de gauche actifs dans la péninsule<ref name=":1" />.

À la fin des [[années 1970]], la [[prise de la Grande Mosquée de La Mecque]] met en évidence le poids de la communauté ultra-conservatrice ({{référence nécessaire|représentant environ 70 % de la population saoudienne|date=26 février 2010}}), et la pression fondamentaliste s'accentue. Une police des mœurs, la [[muttawa]], est mise en place, s'assurant que rien de ce qui se passe dans le royaume n'enfreigne les règles de l'[[islam]]. Les nouvelles technologies sont encadrées, comme [[internet]] (les sites sexuellement explicites sont censurés). La musique n'est pas autorisée en public, encore moins le théâtre, et la télévision par satellite est également filtrée, tandis que la ségrégation sexuelle (pas de salle mixte dans les restaurants) est accentuée, et le port du voile islamique obligatoire.

La rapide augmentation des recettes saoudiennes au début des années 1980 qui passent 65 milliards de dollars à près de 135 milliards en 1981, permet également au pays qui est le « berceau » du [[wahhabisme]] d'exporter sa doctrine religieuse sous la forme du [[salafisme]]. Cette politique extérieure se manifeste dans la lutte organisée contre l'Union soviétique dans le [[Guerre d'Afghanistan (1979-1989)|conflit afghan]] en accord avec l'allié américain<ref name="atlantico.fr"/>, mais également dans le soutien financier de nombreuses organisations islamiques à travers le monde dans les années 2000-2015<ref>[http://www.atlantico.fr/pepites/wikileaks-revele-dessous-strategie-saoudienne-pour-exporter-islamisme-partout-planete-2253161.html Wikileaks révèle les dessous de la stratégie saoudienne pour exporter l'islamisme partout sur la planète], atlantico.fr, 24 juillet 2015</ref>.

Le prince Sultan (branche des Soudeiri), ministre de la Défense, est reconnu prince héritier depuis 2005. Le prince Nayef (également de la branche des Soudeiri) fait figure de numéro 3 officieux sans avoir officiellement le titre de vice-héritier. Il fait cependant figure d'homme fort en tant que ministre de l'Intérieur et à ce titre chef des services de renseignement du royaume.

[[Fichier:Coat of arms of Saudi Arabia.svg|150px|droite|Armes du royaume saoudien]]

== Depuis la crise du Golfe de 1990 ==
L'[[Invasion du Koweït|invasion militaire du Koweït]] par l'[[Irak]], le {{date-|2 août 1990}}, a constitué un choc politique considérable pour l'Arabie saoudite, brutalement confrontée à sa propre vulnérabilité et à ses contradictions. Dès le {{date-|8 août 1990}}, le roi Fahd prononce un discours annonçant l'accueil d'une coalition internationale sur le sol du royaume, ce qui n'est pas sans provoquer de fortes réticences au sein de la société saoudienne.


À la fin de 1990, en représailles au soutien du [[Yémen]] à l'Irak, 800.000 travailleurs yéménites sont expulsés, tandis que les immigrés yéménites se voient imposer un permis de résidence.
À la fin de 1990, en représailles au soutien du [[Yémen]] à l'Irak, 800.000 travailleurs yéménites sont expulsés, tandis que les immigrés yéménites se voient imposer un permis de résidence.


Dans le même temps, le contexte est favorable à l'expression de revendications de la part des plus libéraux des Saoudiens : le 6 novembre 1990, environ quatre-vingt femmes manifestent au volant de leurs voitures afin de revendiquer le droit de conduire et sont aussitôt arrêtées.
Dans le même temps, le contexte est favorable à l'expression de revendications de la part des plus libéraux des Saoudiens : le {{date-|6 novembre 1990}}, environ quatre-vingt femmes manifestent au volant de leurs voitures afin de revendiquer le droit de conduire et sont aussitôt arrêtées.
En février 1991, une pétition "libérale" signée par quarante-trois personnes demande des changements, notamment une réforme des mouttawayn (police de la vertu et de la prévention du vice), la création d'un majlis ech-choura (conseil consultatif) et la rédaction d'une constitution.
En {{date-|février 1991}}, une pétition "libérale" signée par quarante-trois personnes demande des changements, notamment une réforme des mouttawayn (police de la vertu et de la prévention du vice), la création d'un majlis ech-choura (conseil consultatif) et la rédaction d'une constitution.


Les tensions internes se poursuivent au lendemain de la [[guerre du Golfe]] (janvier-février 1991).
Les tensions internes se poursuivent au lendemain de la [[guerre du Golfe]] (janvier-{{date-|février 1991}}).
En mai 1991, plusieurs personnalités religieuses, au premier rang desquelles Salman el Auda et Safar el Hawali présentent une résolution (le "khitab el matâlib") par l'intermédiaire d'Abdelaziz Ben Baz afin de demander la mise en place d'un majlis ech-choura composé d'oulémas, la mise en conformité des lois avec l'Islam, l'islamisation de la police étrangère, la création d'une armée de défense de la terre sainte de l'Islam tout en critiquant la corruption (notamment morale).
En {{date-|mai 1991}}, plusieurs personnalités religieuses, au premier rang desquelles [[Salmân al-'Awdah|Salman al-Ouda]] et {{Lien|langue=en|trad=Safar al-Hawali|fr=Safar al-Hawali}} présentent une résolution (le "Khitâb al-matâlib") par l'intermédiaire d'[[Abd al-Aziz ibn Baz|Ibn Baz]] afin de demander la mise en place d'un Conseil consultatif composé d'ouléma, la mise en conformité des lois avec l'Islam, l'islamisation de la police étrangère, la création d'une armée de défense de la terre sainte de l'Islam tout en critiquant la corruption (notamment morale).
Cette demande est suivie d'une seconde pétition en juillet 1991.
Cette demande est suivie d'une seconde pétition en {{date-|juillet 1991}}.


Répondant partiellement à ces exigences, les lois fondamentales du royaume sont codifiées en mars 1992.
Répondant partiellement à ces exigences, les lois fondamentales du royaume sont codifiées en {{date-|mars 1992}}.


La présence militaire [[États-Unis d’Amérique|américaine]], bras armé protecteur de la dynastie saoudienne devant Saddam Hussein et l'[[Iran]] des [[ayatollah]]s, est de plus en plus contestée parmi la population, en particulier à cause de la présence massive de troupes américaines sur le sol saoudien pendant la crise et la guerre du Golfe de 1990-91.
La présence militaire [[États-Unis|américaine]], bras armé protecteur de la dynastie saoudienne devant Saddam Hussein et l'[[Iran]] des [[ayatollah]]s, est de plus en plus contestée parmi la population, en particulier à cause de la présence massive de troupes américaines sur le sol saoudien pendant la crise et la guerre du Golfe de 1990-91.


Le 13 novembre 1995, un premier attentat à la voiture piégée vise des militaires et des civils américains (travaillant pour la Garde nationale saoudienne) à Riyad, faisant sept morts (dont cinq Américains).
Le {{date-|13 novembre 1995}}, un premier attentat à la voiture piégée vise des militaires et des civils américains (travaillant pour la Garde nationale saoudienne) à Riyad, faisant sept morts (dont cinq Américains).
Dans la nuit du 25 au 26 octobre 1996, un attentat plus important vise la base d'[[Al-Khobar]], dans l'est du pays, tuant dix-neuf soldats américains. Les mesures de sécurité sont alors renforcées et les troupes alliées regroupées ou déplacées.
Dans la nuit du 25 au {{date-|26 octobre 1996}}, un attentat plus important vise la base d'[[Al-Khobar]], dans l'est du pays, tuant dix-neuf soldats américains. Les mesures de sécurité sont alors renforcées et les troupes alliées regroupées ou déplacées.


La principale base militaire américaine sur le sol saoudien (la base d'Al-Kharj, au nord du Roub-al-Ghali, protégée par un périmètre de sécurité de 60 km de rayon) aurait été fermée début 2003 au profit d'un déplacement des principales installations militaires américaines vers le [[Qatar]] (notamment la base d'Al-Odeid, où se trouve le Centcom).
La principale base militaire américaine sur le sol saoudien (la base d'Al-Kharj, au nord du Roub-al-Ghali, protégée par un périmètre de sécurité de {{unité|60|km}} de rayon) aurait été fermée début 2003 au profit d'un déplacement des principales installations militaires américaines vers le [[Qatar]] (notamment la base d'Al-Odeid, où se trouve le Centcom).
[[Image:Saudi Crown Prince Abdullah and George W. Bush.jpg|thumb|right|Abdallah et [[George W. Bush]]]]
[[Fichier:Saudi Crown Prince Abdullah and George W. Bush.jpg|vignette|droite|Abdallah et [[George W. Bush]].]]


Le chef terroriste [[Oussama Ben Laden]], d'origine saoudienne, a acquis une importante notoriété auprès de la population saoudienne, plus particulièrement de la jeunesse. Ancien combattant en Afghanistan, il s'était en particulier prononcé contre la présence de troupes américaines sur le sol saoudien en 1990 et avait proposé de lever des troupes de volontaires arabes pour libérer le Koweït sans recourir aux Américains.
Le chef terroriste [[Oussama ben Laden]], d'origine saoudienne, a acquis une importante notoriété auprès de la population saoudienne, plus particulièrement de la jeunesse. Ancien combattant en Afghanistan, il s'était en particulier prononcé contre la présence de troupes américaines sur le sol saoudien en 1990 et avait proposé de lever des troupes de volontaires arabes pour libérer le Koweït sans recourir aux Américains. Il est déchu de sa nationalité saoudienne en 1994 et s'exile dans un premier temps à [[Khartoum]].
Il a été déchu de sa nationalité saoudienne en 1994 et s'est dans un premier temps exilé à [[Khartoum]].


Des attentats sanglants à Ryad ont montré l'étendue de ce malaise.
Des attentats sanglants à Ryad ont montré l'étendue de ce malaise.

=== La crise de 2011 ===
=== Crise de 2011 ===
Le [[Abdallah ben Abdelaziz Al Saoud|roi Abdallah]] accorde le droit d'asile au président [[Ben Ali]] de [[Tunisie]] en fuite pendant la [[Protestations et révolutions dans le monde arabe en 2010-2011|révolution tunisienne]] et apporte son soutien au président [[égypte|égyptien]] [[Moubarak]], avant qu'il ne démissionne, indiquant ainsi son opposition au mouvement.
Le [[Abdallah ben Abdelaziz Al Saoud|roi Abdallah]] accorde le droit d'asile au président [[Zine el-Abidine Ben Ali|Zine El-Abidine Ben Ali]] de la [[Tunisie|République de Tunisie]] ainsi qu'à sa famille pendant la [[révolution tunisienne]] et apporte son soutien au président [[égypte|égyptien]] [[Moubarak]], avant qu'il ne démissionne, indiquant ainsi son opposition au mouvement du [[Printemps arabe]].


== Chronologie ==
== Chronologie ==
* [[1720]] : Le cheikh bédouin, [[Mohammed ibn Saoud]], qui règne sur la modeste [[oasis]] de [[dariya|Darriyah]], au centre du désert arabique, recueille un réformateur religieux en fuite, [[Mohamed ibn Abd al-Wahhab]] qui prêche un retour aux sources de la religion et refuse toute innovation religieuse. Il va fonder ce qu'on appelle le [[wahhabisme]] (en Arabie Saoudite actuelle, le terme "wahhabite" est considéré comme une insulte, car il laisse entendre que l'imam Abd al-Wahhab a "créé" une nouvelle secte, il faut plutôt utiliser le terme [[salafisme]]), qui se veut une vision pure de l'islam, dont le berceau se situe à [[Nadjd]], au centre de l'Arabie.
* [[1720]] : Le cheikh bédouin, [[Mohammed Ibn Saoud|Saoud ben Mohammed Al Mouqrin]] règne sur la modeste [[oasis]] de [[Dariya]], au centre du désert arabique. Son fils [[Mohammed ben Saoud]] lui succède à sa mort en 1725.
* [[1744]] : Alliance historique entre la tribu des Al-Saoud et le fondateur du [[Salafisme]], le réformateur religieux, [[Mohamed ibn Abd al-Wahhab]]. Le pacte est passé pour faire triompher « ''fût-ce par les armes, le règne de Dieu'' ». [[Mohammed ibn Saoud]] mettait ses armes au service de l'expansion du salafisme, et le second imposait à ses fidèles de reconnaître l'autorité des Saoud.
* [[1744]] : [[Mohammed ben Saoud]] recueille un réformateur religieux en fuite avec qui il conclut une alliance historique, [[Mohammed ben Abdelwahhab]]. Celui-ci prêche un retour aux sources de la religion et refuse toute innovation religieuse, qui va fonder ce qu'on appelle le salafisme . Le « pacte de [[Dariya]] » est passé pour faire triompher « ''fût-ce par les armes, le règne de Dieu'' ». [[Mohammed ben Saoud|Ibn Saoud]] met ses armes au service de l'expansion du salafisme, et [[Mohammed ben Abdelwahhab|Ibn Abdelwahhab]] impose à ses fidèles de reconnaître l'autorité des [[Dynastie saoudienne|Saoud]].
* [[1878]] : Naissance d'[[Abdel Aziz ibn Saoud]], fondateur de l'[[Arabie saoudite]].
* [[1878]] : Naissance d'[[Abdelaziz ibn Saoud|Abdelaziz ben Abderrahmane Al Saoud]], fondateur de l'[[Arabie saoudite]].
* [[1902]] : [[Abdel Aziz ibn Saoud]] lance à partir de la région actuelle du [[Koweït]], le reconquête de [[Riyad]], la capitale ancestrale de la dynastie des Al-Saoud, alors occupée par la famille rivale Al-Rachid. Depuis cette conquête, il étendra peu à peu son autorité sur l'ensemble de l'Arabie actuelle, et imposera la [[salafisme]] aux tribus conquises.
* [[1902]] : [[Abdelaziz ibn Saoud|Abdelaziz ben Abderrahmane Al Saoud]] lance à partir de la région actuelle du [[Koweït]], la reconquête de [[Riyad]], la capitale ancestrale de la dynastie des Al Saoud, alors occupée par la famille rivale Al Rachid. Depuis cette conquête, il étendra peu à peu son autorité sur l'ensemble de l'Arabie actuelle, et imposera la [[salafisme]] aux tribus conquises.
* [[1924]] : [[Abdel Aziz ibn Saoud]] chasse de [[La Mecque]], [[Hussein Al-Rachid]], arrière-grand-père du roi [[Hussein de Jordanie]], et s'installe au pouvoir.
* [[1924]] : [[Abdelaziz ibn Saoud|Abdelaziz ben Abderrahmane Al Saoud]] chasse de [[La Mecque]] le [[chérif de La Mecque|chérif]] [[hachémite]] [[Hussein ben Ali (chérif de La Mecque)]], arrière-grand-père du roi [[Hussein de Jordanie]], et s'installe au pouvoir.
* [[1932]] : L'Arabie conquise par [[Abdel Aziz ibn Saoud]] prend officiellement le nom d'[[Arabie saoudite]].
* [[1932]] : L'Arabie conquise par [[Abdelaziz ibn Saoud|Abdelaziz ben Abderrahmane Al Saoud]] prend officiellement le nom d'[[Arabie saoudite]].
* [[1934]] : Le royaume d'Arabie saoudite est créé, avec la [[charia]] comme loi fondamentale. Le premier roi, [[Abdel Aziz ibn Saoud]], est intronisé par les [[ouléma]]s.
* [[1934]] : Le royaume d'Arabie saoudite est créé, avec la [[charia]] comme loi fondamentale. Le premier roi, [[Abdelaziz ben Abderrahmane Al Saoud]], est intronisé par les [[ouléma]]s.
* [[1938]] : Pour la première fois, du [[pétrole]] est découvert près de [[Dammam (ville)|Dammam]], dans le nord-est du pays. Cette découverte va transformer le pays sur le plan économique. La famille Saoud va désormais pouvoir appuyer sur trois piliers : le [[salafisme]], la rente pétrolière et l'alliance avec les [[États-Unis]].
* [[1938]] : Pour la première fois, du [[pétrole]] est découvert près de [[Dammam (ville)|Dammam]], dans le nord-est du pays. Cette découverte va transformer le pays sur le plan économique. La famille Saoud va désormais pouvoir appuyer sur trois piliers : le [[salafisme]], la rente pétrolière et l'alliance avec les [[États-Unis]].
* [[1953]] : Mort du roi [[Abdel Aziz ibn Saoud]], le fondateur de l'[[Arabie saoudite]]. Son fils, [[Saoud IV d'Arabie saoudite|Saoud ben Abd al-Aziz Al Saoud]] (1901-1969), lui succède son le nom de [[Saoud IV d'Arabie saoudite|Saoud IV]], roi de [[1953]] à [[1964]].
* [[1945]] : [[Pacte du Quincy]] entre le roi [[Abdelaziz ibn Saoud|Ibn Séoud]], fondateur du royaume d'Arabie saoudite, et le président américain [[Franklin D. Roosevelt]], de retour de la [[conférence de Yalta]].
* [[1964]] : Le roi Saoud IV est déposé, son frère, [[Fayçal II d'Arabie saoudite|Fayçal ben Abd al-Aziz Al Saoud]] ([[1904]]-[[1975]]), lui succède sous le nom de [[Fayçal II d'Arabie saoudite|Fayçal II]].
* [[1953]] : Mort du roi [[Abdelaziz ibn Saoud|Abdelaziz ben Abderrahmane Al Saoud]], le fondateur de l'[[Arabie saoudite]]. Son fils, [[Saoud ben Abdelaziz Al Saoud]] (1901-1969), lui succède son le nom{{refnec}} de [[Saoud ben Abdelaziz Al Saoud|Saoud IV]], roi de [[1953]] à [[1964]].
* [[1975]] : Le roi [[Fayçal II d'Arabie saoudite|Fayçal II]] est assassiné par son neveu Fayçal ben Moussaid al Saoud. Son frère [[Khaled Ier d'Arabie saoudite|Khaled ben Abd al-Aziz Al Saoud]] ([[1912]]-[[1982]]), lui succède sous le nom de [[Khaled Ier d'Arabie saoudite|Khaled Ier]].
* [[1964]] : Le roi Saoud IV est déposé, son frère, [[Fayçal ben Abdelaziz Al Saoud]] ([[1906]]-[[1975]]), lui succède sous le nom{{refnec}} de [[Fayçal ben Abdelaziz Al Saoud|Fayçal II]].
* [[1975]] : Le roi [[Fayçal ben Abdelaziz Al Saoud|Fayçal II]] est [[Assassinat de Fayçal ben Abdelaziz Al Saoud|assassiné]] par son neveu [[Fayçal ben Moussaïd ben Abdelaziz Al Saoud|Fayçal ben Moussaïd Al Saoud]]. Son frère [[Khaled ben Abdelaziz Al Saoud]] ([[1912]]-[[1982]]), lui succède sous le nom{{refnec}} de [[Khaled ben Abdelaziz Al Saoud|Khaled {{Ier}}]].
* [[1979]] : Avec la chute du [[chah d'Iran]], l'Arabie saoudite n'est plus seulement un fournisseur de pétrole pour les [[États-Unis]] mais aussi l'allié stratégique dans la région face à la montée du [[chiisme]] iranien.
* [[1979]] : Avec la chute du [[chah d'Iran]], l'Arabie saoudite n'est plus seulement un fournisseur de pétrole pour les [[États-Unis]] mais aussi l'allié stratégique dans la région face à la montée du [[chiisme]] iranien.
* [[1982]] : Le roi [[Khaled Ier d'Arabie saoudite|Khaled Ier]] meurt. Son frère [[Fahd Ier d'Arabie saoudite|Fahd ben Abd al-Aziz Al Saoud]], né en [[1921]], lui succède sous le nom de [[Fahd Ier d'Arabie saoudite|Fahd Ier]].
* [[1982]] : Le roi [[Khaled ben Abdelaziz Al Saoud|Khaled {{Ier}}]] meurt. Son frère [[Fahd ben Abdelaziz Al Saoud]], né en [[1921]], lui succède sous le nom{{refnec}} de [[Fahd ben Abdelaziz Al Saoud|Fahd {{Ier}}]].
* [[1990]] : La [[Guerre du Koweït (1990-1991)|première Guerre du golfe]] permit aux [[États-Unis]] de disposer désormais d'une [[base aérienne]] permanente près de [[Dhahran]] et de facilités à [[Taif]] et à [[Riyad]].
* [[1990]] : La [[Guerre du Koweït (1990-1991)|première Guerre du golfe]] permit aux [[États-Unis]] de disposer désormais d'une [[base aérienne]] permanente près de [[Dhahran]] et de facilités à [[Taif]] et à [[Riyad]].
* [[1992]] :
* [[1992]] :
** [[Oussama ben Laden]] est déchu de sa nationalité saoudienne.
** [[Oussama ben Laden]] est déchu de sa nationalité saoudienne.
** 400 intellectuels musulmans écrivent au roi pour demander des réformes en dénonçant la gabegie, l'iniquité de la justice et les liens trop forts avec l'[[Occident]].
** 400 intellectuels musulmans écrivent au roi pour demander des réformes en dénonçant la gabegie, l'iniquité de la justice et les liens trop forts avec l'[[Occident]].
* [[1994]] :
* [[1994]] :
** [[Intifada de Burayda]], plusieurs [[imam]]s (Safar el Hawali et Salman el Auda notamment) qui avaient critiqué la famille royale dans leurs sermons sont jetés en prison ; la foule envahit les locaux pour les libérer. Il y a des dizaines de morts.
** [[Intifada de Buraydah]], plusieurs [[imam]]s (Safar el Hawali et Salman el Auda notamment) qui avaient critiqué la famille royale dans leurs sermons sont jetés en prison ; la foule envahit les locaux pour les libérer. Il y a des dizaines de morts.
** [[Mohammes Masari]], un des responsables de la contestations des intellectuels islamistes se réfugie à [[Londres]] d'où il dirige le Comité de défense des droits légitimes (CDLR).
** [[Mohammed Masari]], un des responsables de la contestation des intellectuels islamistes se réfugie à [[Londres]] d'où il dirige le Comité de défense des droits légitimes (CDLR).
* [[1995]] :
* [[1995]] :
** Fin novembre, Fahd est atteint d'une embolie cérébrale<ref name=DaLage>{{ouvrage|éditeur=Complexe|collection=|série=|titre=Géopolitique de l'Arabie Saoudite|titre vo=|ref=|volume=|titre volume=|auteur=[[Olivier Da Lage]]|prénom=|nom=|auteurs=|directeur=|préface=|trad=|langue=français|lien langue=|lieu=|année=2006|mois=|jour=|publi=|pages=143|format=|isbn=2804801217|issn=|oclc=|présentation en ligne=|lire en ligne=http://books.google.fr/books?id=Bp0V0qDWPaoC&printsec=frontcover#PPA58,M1|partie=|numéro=|chap=|passage=58|id=|commentaire=}}
** Fin novembre, Fahd est atteint d'une embolie cérébrale<ref name=DaLage>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Olivier Da Lage]]|titre=Géopolitique de l'Arabie saoudite|lieu=Bruxelles/Paris|éditeur=Complexe|année=2006|pages totales=143|passage=58|isbn=2-8048-0121-7|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=Bp0V0qDWPaoC&printsec=frontcover}}</ref>. Son demi-frère [[Abdallah ben Abdelaziz Al Saoud]], prince héritier et premier vice-Premier ministre, le remplace<ref name=DaLage/>.
* [[2001]] :
</ref>. Son demi-frère [[Abdallah ben Abdel Aziz Ibn Saoud]], prince héritier et premier vice-Premier ministre, le remplace<ref name=DaLage />.
* [[2001]] :
** Le pays renferme un quart des ressources pétrolières de la planète et a fourni aux [[États-Unis]] 16 % de leurs besoins en [[pétrole]].
** Le pays renferme un quart des ressources pétrolières de la planète et a fourni aux [[États-Unis]] 16 % de leurs besoins en [[pétrole]].
** Au lendemain de l'[[Aïd-el-fitr]], à [[Djeddah]], quelque 2 000 personnes, le visage masqué, ont arrêté la circulation sur la corniche, pour faire savoir le mécontentement des jeunes de la classe moyenne envers un système qui ne leur garantit plus ni emplois ni revenus. Près de 400 d'entre eux ont été arrêtés par la police.
** Au lendemain de l'[[Aïd el-Fitr]], à [[Djeddah]], quelque {{nombre|2000|personnes}}, le visage masqué, ont arrêté la circulation sur la corniche, pour faire savoir le mécontentement des jeunes de la classe moyenne envers un système qui ne leur garantit plus ni emplois ni revenus. Près de 400 d'entre eux ont été arrêtés par la police.
* [[2005]]
* [[2005]]
** Le roi [[Fahd d'Arabie saoudite]] décède le lundi 1{{er}} août. Le prince héritier [[Abdallah ben Abd al-Aziz ben Abd al-Rahman Al Saoud|Abdallah]] lui succède, et le ministre de la défense, [[Sultan ben Abd al-Aziz ben Abd al-Rahman Al Saoud|Sultan]], devient prince héritier.
** Le roi [[Fahd ben Abdelaziz Al Saoud|Fahd d'Arabie saoudite]] décède le lundi {{1er}} août. Le prince héritier [[Abdallah ben Abdelaziz ben Abderrahmane Al Saoud|Abdallah]] lui succède, et le ministre de la défense, [[Sultan ben Abdelaziz ben Abderrahmane Al Saoud|Sultan]], devient prince héritier.
* 27 mars 2009 : le prince [[Nayef ben Abd al-Aziz ben Abd al-Rahman Al Saoud|Nayef]] est nommé deuxième vice-président du conseil des ministres<ref>et donc en principe prochain prince héritier ; [http://www.ambafrance-sa.org/france_arabiesaoudite/spip.php?article1405]</ref>
* {{date-|27 mars 2009}} : le prince [[Nayef ben Abdelaziz ben Abderrahmane Al Saoud|Nayef]] est nommé deuxième vice-président du conseil des ministres<ref>et donc en principe prochain prince héritier ; [http://www.ambafrance-sa.org/france_arabiesaoudite/spip.php?article1405]</ref>.
* {{date-|23 janvier 2015}} : le roi [[Abdallah ben Abdelaziz ben Abderrahmane Al Saoud|Abdallah]] décède, le prince héritier [[Salmane ben Abdelaziz Al Saoud|Salmane]] lui succède, [[Moukrine ben Abdelaziz Al Saoud|Muqrin]] est désigné comme héritier au trône<ref>{{lien web|url=https://www.lemonde.fr/moyen-orient/article/2015/01/23/mort-du-roi-abdallah-d-arabie-saoudite_4561907_1667081.html|éditeur=Le Monde|langue=fr|titre=Mort du roi Abdallah d'Arabie saoudite, le prince Salman lui succède|date=23 janvier 2015|consulté le=23 janvier 2015|site=lemonde.fr|année=2015}}.</ref>.


== Voir aussi ==
== Notes et références ==
=== Notes et références ===
{{Références}}
{{Références}}


== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
{{autres projets|commons=Category:History of Saudi Arabia}}
=== Liens internes ===
* [[Islam]]
* [[Histoire économique de l'Arabie saoudite]]


=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
*{{en}} J.E. Peterson, ''Historical Dictionary of Saudi Arabia'', Scarecrow press, Lanham Md, 2003, 304 p. {{ISBN|978-0-8108-4677-7}}
* {{en}} J.E. Peterson, ''Historical Dictionary of Saudi Arabia'', Scarecrow press, Lanham Md, 2003, 304 p. {{ISBN|978-0-8108-4677-7}}
* Benoist-Mechin, ''Ibn-Seoud ou la naissance d'un royaume'', Albin Michel, 1955, 507 p.
* Jérémie Schiettecatte, ''L’Arabie à la veille de l’islam'', De Boccard, 2009.

=== Articles connexes ===
* [[Liste du patrimoine mondial en Arabie saoudite]]
* [[Liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité en Arabie saoudite]]
* [[Registre_international_Mémoire_du_monde#Arabie_saoudite|Registre international Mémoire du monde (Arabie saoudite)]]
* [[Culture de l'Arabie saoudite]], [[littérature arabophone]]
* [[Études arabes]]
* [[Arabie heureuse]]

==== 600 ====
* [[Islam]], [[histoire de l'islam]], [[genèse de l'islam]], [[conquête de la Mecque]] (629/630)
* [[Expansion de l'islam]], [[conquête musulmane du Levant]] (633-640)
* [[Grande discorde]] (656-661, ''première Fitna''), [[deuxième Fitna]] (680-692)

* [[Hajj]], {{Lien|lang=en|trad=History of the Hajj|fr=histoire du pèlerinage à La Mecque}}, [[ziyarat]], [[Tawaf (Islam)|tawaf]]
* [[Tribus musulmanes et juives de Yathrib]], [[Juifs_arabes#Les_Juifs_de_la_péninsule_arabique_jusqu'aux_premiers_temps_de_l'islam|Juifs en péninsule arabique avant l'islam]], [[histoire des Juifs en Arabie saoudite]]
* [[Sahaba]], ''compagnons du prophète''
* [[Apostasie dans l'islam]] (''Ridda'')

* [[Traite orientale]] (esclavage dans le monde arabo-musulman), [[esclavage dans le monde musulman]]
* [[Traite négrière dans le sud-ouest de l'océan Indien]], [[esclavage dans la Corne de l'Afrique]]
* {{Lien|lang=en|trad=Sexual slavery in Islam|fr=Esclavage sexuel en Islam}}, {{Lien|langue=en|trad=Mukataba|fr=Mukataba}}

* [[Histoire du Moyen-Orient]]
* [[Califes bien guidés|Califat des Rachidoune]] (632-661, Médine puis Koufa)
* [[Califat omeyyade]] (661-750, Damas, puis Harran)
* [[Califat abbasside]] (750-1258, Koufa puis Al-Anbar, Bagdad, Raqqa, Samarra, Le Caire), [[âge d'or de l'Islam]], ''[[Livre des Routes et des Royaumes]]'' (870)
* [[Culture islamique]], [[arts de l'Islam]]

==== 900 ====
* [[État d'Al-Akhdari]] (866-1093), premier État indépendant d'Arabie centrale, capitale [[Al-Yamâma]] : [[Lakhdarides]]
* [[Qarmates]] (899-1077, Al-Hassa), [[Chiisme|chiites]] [[Ismaélisme|ismaéliens]] de [[Bahreïn]] (côte Est de la péninsule) considérant le [[hajj]] comme de la superstition, {{Lien|lang=en|trad=Sack of Mecca|fr=sac de la Mecque par les Qarmates (930)}}, avec [[profanation]] de la [[Pierre noire (islam)|Pierre noire]] et de [[Zamzam]]

* [[Chérifat de La Mecque]] (968-1925), émirat semi-autonome des deux lieux saints (Médine, La Mecque), [[Chérif de La Mecque]]
* Dynasties hachémites : [[Lakhdarides]], [[Ja'far ibn Muhammad al-Hasani|Jafarides]], [[Sulaymanides]], [[Dynastie hachémite|Hachémites]], [[Banu Qatadah|Qatadides]]

* [[Période fatimide de l'Égypte]] (969-1171)
* {{Lien|lang=en|trad=Overthrow of the Qarmatians|fr=Renversement des Qarmates}} (1058-1077)
* {{Lien|lang=en|trad=Uyunid Emirate|fr=Émirat Uyunide}} (1076-1238, Arabie de l'Est)
* [[Croisade]]s (1095-1291), [[États latins d'Orient]] (Levant)
* Dynastie des [[Ayyoubides]] (1169-1250, Égypte-Syrie), [[Saladin]] (1138-1193)
* {{Lien|lang=en|trad=List of Muslim states and dynasties|fr=Liste des États et dynasties musulmanes}}

==== 1300 ====
* [[Sultanat mamelouk d'Égypte]] (1250-1517), [[Baharites]] (1250-1382), [[Burjites]] (1382-1517), [[art mamelouk]], [[architecture mamelouke]]
* {{Lien|lang=en|trad=Usfurids|fr=Dynastie Usfurid}} (1253-1392, Arabie orientale et centrale)
* {{Lien|lang=en|trad=Jarwanid dynasty|fr=Dynastie Jarwanid}} (1310-1417, [[Qatif]]), chiite
* {{Lien|lang=en|trad=Jabrids|fr=Émirat des Banu Jabr}} (1417-1524, Jabrides, [[Qatif]]/[[Al-Hassa]]), chiite
* {{Lien|lang=en|trad=Eastern_Arabia#History|fr=Histoire de l'Arabie orientale}} (côte Est)

==== 1500 ====
* [[Guerre ottomano-mamelouke (1516-1517)]]
* {{Lien|lang=en|trad=Ottoman Arabia|fr=Arabie sous domination ottomane}} (1517-1918)
* [[Eyalet de Lahsa]] (1553-1670, [[Al-Hassa]], Sud du golfe persique, [[Empire ottoman]]), et [[Eyalet du Yémen]] (1538–1636, 1849–1872)
* [[Esclavage dans l'Empire ottoman]], [[expéditions navales ottomanes dans l'océan Indien]] (1509-1589), [[raids ottomans sur la côte swahilie]] (1585-1589)
* {{Lien|lang=en|trad=Bani Khalid Emirate|fr=Émirat des Beni Khalid}} (1669-1796, [[Al-Hufuf]] puis [[Al-Hassa]])
* [[Famille royale saoudienne]] (dynastie saoudienne), [[liste des descendants d'Abdelaziz Al Saoud]]
** [[Saoud ben Mohammed Al Mouqrin]] (1640-1725)
** [[Mohammed Ibn Saoud]] (1710-1765) et [[Mohammed ben Abdelwahhab]] (1703-1792)
** [[Émirat de Dariya]] (1727/1744-1818), {{Lien|lang=en|trad=Saudi Founding Day|fr=Saudi Founding Day}}
** {{Lien|lang=en|trad=1757 Hajj caravan raid|fr=Raid sur des caravanes du Hajj en 1757}} par des [[Bédouins]], avec un bilan estimé de {{nb|20000|pèlerins morts}} (tués, blessés, affamés/assoiffés)
*** après d'autres raids (1699, 1700, 1703, 1726)
** [[Abdelaziz ben Mohammed ben Saoud]] (?-1803), souverain 1765-1803
** {{Lien|lang=en|trad=Saud bin Abdulaziz Al Saud (1748–1814)|fr=Saud bin Abdulaziz Al Saud (1748–1814)}}, au pouvoir en 1803-1814
* {{Lien|lang=en|trad=Ail al-Kahiay Campaign (1798)|fr=Campagne d'Ali Al-Kikhia (1798-1801)}}, des [[Muntafiq]] (tribus bédouines d'Irak), pour s'emparer d'Al-Hassa (avant de s'attaquer à Dariya)

==== 1800 ====
* {{Lien|lang=en|trad =Wahhabi War|fr=Guerre Wahhabi}} (1811-1818, ''guerre saoudo-ottomane''), entre la [[province ottomane d'Égypte]] et l'[[émirat de Dariya]]
* [[Ibrahim Pacha]] d'Égypte (1789-1848), wali du Hedjaz : [[expédition du Najd]] (1818) dont destruction de la ville de Dariya et décapitation d'[[Abdallah ben Saoud ben Abdelaziz]] (1785-1818)
* [[Émirat du Nedjd]] (1824-1891), deuxième État saoudien
* [[Première guerre égypto-ottomane]] (1831-1833)
* [[Émirat de Haïl]] (1835-1921) ou ''Rashidi'' ou de ''Jabal Shammar''
* [[Deuxième guerre égypto-ottomane]] (1839-1841)
* [[Vilayet du Hedjaz]] (1872-1918, [[La Mecque]] et [[Taëf]]), [[vilayet de Bassora]], [[vilayet du Yémen]]

==== 1900 ====
* [[Nationalisme arabe]], [[panarabisme]]
* [[Bataille de Riyad (1902)]]
* {{Lien|lang=en|trad=Emirate of Riyadh|fr=Émirat de Riad}} (1902-1913)
* [[Émirat du Nedjd et du Hassa]] (1902-1921)
* {{Lien|lang=en|trad=First Saudi–Rashidi War (1903–1907)|fr=Première guerre Saoud-Rachid (1903-1907)}}
* [[Unification de l'Arabie saoudite]] (1902-1932)
** ralliement de nombreux petits États arabes traditionnels, pour la plupart des émirats correspondant à des oasis ( [[Buraydah]], [[Djaouf]], [[Ghatghat]], [[Kassim]], {{Lien|lang=en|trad=Al Khurmah, Mecca|fr=Khurma}}, [[Murrah]], [[Mutayr]], [[Unaizah]], {{Lien|lang=en|trad=Otaibah|fr=Utayba}})...
* [[Chemin de fer du Hedjaz]] (1908-1918)
* [[Émirat idrisside d'Asir]] (1910-1934), {{Lien|lang=en|trad=Sheikdom of Upper Asir|fr=Cheikhat du Haut-Assir (1916-1920)}}
* [[Ikhwan (Arabie saoudite)|Ikhwan]] (1912-1930), milice religieuse islamique bédouine, {{Lien|lang=en|trad=Sultan bin Bajad al-Otaybi|fr=Sultan bin Bajad al-Otaybi}} (1876-1932)
* {{Lien|lang=en|trad=Conquest of al-Hasa|fr=Conquête d'Al-Hassa (1913)}}
* [[Front du Moyen-Orient]] (Première Guerre mondiale, 1914-1918), [[histoire de l'Arabie du Sud durant la Première Guerre mondiale]], [[partition de l'Empire ottoman]] (1918-1922)
* {{Lien|lang=en|trad=Second Saudi-Rashidi War (1915–1918)|fr=Seconde guerre Saoud-Rachid (1915-1918)}}
* [[Royaume du Hedjaz]] (1916-1925)
* [[Révolte arabe de 1916-1918]]
* {{Lien|lang=en|trad=Kuwait–Najd War|fr=Guerre Koweït-Nedjd}} (1919-1920)
* {{Lien|lang=en|trad=Conquest of Ha'il|fr=Conquête du Haïl}} (1921), ''troisième guerre Saoud-Rachid''
* [[Sultanat du Nedjd]] (1921-1926) ([[Émirat de Haïl]] (1835-1921) dit ''émirat du Djebel Chammar'')
* [[Émirat de Transjordanie]] (1921-1946), [[frontière entre l'Arabie saoudite et la Jordanie]]
* {{Lien|lang=en|trad=Ikhwan raids on Transjordan|fr=Raids d'Ikhwan en Transjordanie (1922-1924)}}
* [[Protocole d'Uqair]] (1922), [[zone neutre Koweït-Arabie saoudite]] (1922-1970), [[zone neutre Irak-Arabie saoudite]] (1922-1991)
* [[Seconde guerre saoudo-hachémite]] (1924-1925)
* [[Royaume du Nedjd et du Hedjaz]] (1926-1932)
* {{Lien|lang=en|trad=Treaty of Jeddah (1927)|fr=Traité de Jeddah (1927)}}
* [[Révolte des Ikhwans]] (1927-1930)

==== 1932 ====
* {{Lien|lang=en|trad=Proclamation of the Kingdom of Saudi Arabia|fr=Proclamation du Royaume d'Arabie Saoudite}}, {{date|23|septembre|1932}}
* {{Lien|lang=en|trad=Modern history of Saudi Arabia|fr=Histoire moderne de l'Arabie saoudite}} (depuis 1932)
* Recherche de pétrole à partir de 1932, concessions, découvertes (Al-Ahssa, 1938, etc.), exploitation...
* Conquête des trois [[Royaume mutawakkilite du Yémen|provinces yéménites]] de l'[[Émirat idrisside d'Asir|Asir]], [[Najran]] et [[Jizan]] (1934)
* {{Lien|lang=en|trad=Saudi–Yemeni war (1934)|fr=Guerre Arabie saoudite-Yémen (1934)}}, [[frontière entre l'Arabie saoudite et le Yémen]]
* [[Comité pour la promotion de la vertu et la prévention du vice (Arabie saoudite)]] (1940)

==== 1970 ====
* {{Lien|lang=en|trad=List of terrorist incidents in Saudi Arabia|fr=Liste d'attaques terroristes en Arabie saoudite}}
* [[Prise de la Grande Mosquée de La Mecque]] (1979), [[mosquée al-Harâm]]
* [[Al-Qaïda dans la péninsule arabique]] (Yémen, depuis 1998)

==== 2000 ====
* [[Liste des guerres de l'Arabie saoudite|Liste de guerres impliquant l'Arabie saoudite]]
* [[Économie de l'Arabie saoudite]], [[histoire économique de l'Arabie saoudite]], [[industrie pétrolière de l'Arabie saoudite]]
* {{Lien|lang=en|trad=Foreign workers in Saudi Arabia|fr=Travailleurs étrangers en Arabie Saoudite}} (9 millions en 2013)
* [[Politique en Arabie saoudite]], [[liste des Premiers ministres d'Arabie saoudite]]
* [[Roi d'Arabie saoudite]]
* [[Vision 2030]], [[Neom]], [[The Line (Arabie saoudite)|The Line]]
* {{Lien|lang=en|trad=Slavery in 21st-century Islamism|fr=Esclavage en islamisme au XXIe siècle}}

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L’histoire de l'Arabie saoudite proprement dite débute le [1] avec la proclamation officielle par Abdelaziz Ibn Saoud du royaume d'Arabie saoudite[2], concrétisant ses conquêtes d'une grande partie de la péninsule arabique, à partir de la ville de Riyad reprise en 1902.

Ce royaume est le troisième État dominé par la famille royale saoudienne, le premier étant né en 1744, à Dariya, de l'alliance entre le chef tribal de cette oasis du Nejd, Mohammed ben Saoud et le prédicateur du tawhid Mohammed ben Abdelwahhab : émirat de Dariya (1744-1818)[1].

Cependant, la région de l'Arabie saoudite actuelle est riche d'une histoire humaine remontant à la Préhistoire et a été au VIIe siècle le berceau de l'islam. La dynastie saoudienne repose en partie sur cette origine religieuse.

Préhistoire

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Pétroglyphe, Bir Hima (en), province de Najran.

Les premières explorations archéologiques menées avant le milieu des années 1970 ont mis en évidence les traces d'un peuplement ancien de la péninsule, remontant à entre 300 000 et 500 000 ans. Une équipe internationale de chercheurs établit en novembre 2018 dans la revue Nature d'un peuplement plus ancien encore qu'imaginé jusqu'alors : des populations de type Homo erectus auraient occupé la péninsule arabique cent mille ans auparavant. Ces hominidés n'auraient pas eu besoin de s'adapter au climat de l'époque, découvrant une Arabie Verte hospitalière[3].

Des outils de la fin du Paléolithique et du Néolithique, trouvés dans un Rub al-Khali aujourd'hui désertique, y ont été laissés par des chasseurs ou des colons venus s'installer sur les berges des lacs : une première vague de ces peuplements a eu lieu il y a 17 000 ans, suivie d'une autre il y a 10 000 ans et d'une dernière il y a 5 000 ans. Des fouilles le long de la côte du Nord-Est ont fait la preuve de l'existence de liens antérieurs à -2500 (4500 ans avant le présent) avec les civilisations mésopotamiennes.

Pendant cette période, la péninsule est marquée par la présence de tribus arabes, qui ont pu être, tardivement et partiellement, de religion chrétienne (dont le nestorianisme), ou juive (Himyar), et probablement une importante minorité de gens d'origine grecque, au moins sur les côtes.

Les habitants de la péninsule sont en partie des sédentaires vivant dans de petites agglomérations, généralement formées autour d'un cours d'eau, d'une source ou d'une oasis. Il existe également des nomades, bédouins, vivant dans des campements de tentes en milieu désertique. Il existe enfin des tribus marchandes.

L'Arabie préislamique, c'est donc d'abord la variété des tribus d'Arabie, Qahtanites (du Sud), Adnanites (du Nord), de langue arabe. Au moins, deux peuples (ou tribus) arabes (Ad et Thamud) sont réputés disparus depuis suffisamment longtemps pour qu'on leur attribue divers événements non datables : domestication du chameau, prophète Houd, prophète Sâlih, anciennes cités de la péninsule arabique.

Une partie de la route de l'encens et de la myrrhe, produits de l'actuel Yémen, sans doute commercialisés depuis -1800 vers la Méditerranée (Aqaba et Gaza), passe par la partie nord-ouest de la péninsule arabique, un temps annexée par les Achéménides puis les Séleucides :

Le royaume de Lihyan (vers 550-250, Dadan, Al-'Ula) est lié à la route de l'encens, tout comme Tayma et Tabuk.

Le royaume de Kindah (vers 450-550, Nejd, Al Faw), au moins un temps vassal du royaume d'Himyar, renvoie également à l'histoire du Yémen, ou plus exactement à l'histoire de l'Arabie sud-péninsulaire : Royaume de Saba, Marib, Qataban, Awsan, Ma'in, Hadramaout, Himyar.

Le petit groupe tribal atypique Solluba (en) ou Sulayb / Sleb / Sulluba, peut-être Huteimi (en), en partie dans le désert du Néfoud (Nord-Ouest), serait lié à la région nommée Magan (dans l'Omanais), et à la région nommée Gédrosie (après l'expédition d'Alexandre le Grand) puis satrapie de Maka (en), ou Makran/Mékran (dans le Baloutchistan, Iran-Pakistan).

Après les campagnes d'Auguste en Afrique et en Arabie (de -30 à +6), se constitue la province romaine d'Arabie Pétrée (Bosra, Pétra) : la protection de l'Égypte romaine et byzantine (de -30 à +641) et de la province romaine de Judée (6-135, puis Syrie-Palestine de 135 à 390) passe par la constitution d'un Limes Arabicus, frontière du désert contre les attaques des tribus du désert d'Arabie et de l'incursion des armées perses (guerres perso-romaines), et d'une Via Nova Traiana (Bosra-Aqaba), souvent restaurée.

Au début de notre ère, deux royaumes arabes émergent, aux marges Nord, et s'imposent comme tampons contre toute excursion arabe péninsulaire :

C'est dans ce contexte complexe qu'apparaît, plus au Sud, dans la tribu des Quraych, le prophète Mahomet (570-632, arbre généalogique de Mahomet), dont le message ou révélation, à l'origine de l'Islam, marque la fin de l'ignorance (Jâhilîya).

Naissance de l'islam

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Au VIe siècle les Arabes sont divisés en plusieurs tribus et clans antagonistes. Seule une langue sémitique, l'arabe, unit ces diverses tribus. Celles-ci opèrent ponctuellement des razzias militaires sans lendemain contre le menaçant Empire byzantin, au nord. Mais ce sont les sables et l'aridité de la péninsule - du moins dans ses parties septentrionales et centrales -, qui protègent le mieux l'Arabie des incursions byzantines.

La Mecque, ville de commerçants et surtout centre religieux, constitue un point de passage entre le Yémen et le Levant pour de nombreuses caravanes. Prêchant une religion monothéiste dans la continuité du judaïsme et du christianisme, Mahomet fuit un assassinat en 622 et émigre vers Médine. Quelques années plus tard, cet exode, aussi appelé "hégire", constitue pour l'historiographie musulmane l'an 1 du nouveau calendrier musulman. Dans la ville instable de Médine (autrefois appelée "Yathrib"), les tribus lui confient rapidement le pouvoir politique, en raison de sa qualité d'arbitre entre les tribus juives, ainsi que de son rôle spirituel pour les nouveaux croyants. Mohamed parvient progressivement à unifier les tribus arabes et l'islam unifie rapidement l'essentiel de la péninsule Arabique, non sans susciter inquiétude - voire hostilité - parmi certaines tribus, restées polythéistes ou juives.

Mohamed devient alors législateur, organise l´administration de l'État naissant et lève une taxe en faveur des nécessiteux, la zakât. À sa mort, ses successeurs, les califes, répandent rapidement la religion musulmane. En 683, le monde musulman s'étend de la Perse aux côtes marocaines.

L’intense activité militaire et diplomatique qu’a été la Ridda peut être considérée comme la répression d’une apostasie, une reconquête ou une conquête. Un exemple est le cas particulier de Musaylima (Banû Hanifâ), dernière confédération de tribus du Hedjaz à être réfractaire aux demandes musulmanes. D’autres exemples isolés sont Ayhala le Noir au Yémen, Tulayha al-Asadî dans le Nedjd, et la prophétesse Sajâh des Tamîm et des Taghlib.

Quand le flambeau du pouvoir politique et militaire de l'islam passe de La Mecque et Médine à Damas à la fin du VIIe siècle (Omeyyades), puis à Bagdad (Abbassides), le rôle de l'Arabie en particulier l'Arabie centrale, désertique, entame un déclin de plusieurs siècles. La majeure partie de l'Arabie demeure une zone frontière, isolée et fragmentée en tribus rivales. Elle conserve l'importance des origines, des pèlerinages, du brassage de populations lors du hajj, et du commerce.

Ingérences étrangères régionales (1093-1918)

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Avec la chute de l'Émirat Lakhdaride en 1093 et la chute du calife abbasside en 1258, l'autorité sur les lieux saints du Hedjaz passe entre les mains de l'Égypte mamelouk.

Empire ottoman en 1683

Il revient ensuite aux Ottomans quand les Turcs conquièrent l'Égypte en 1517. L'intérieur de la péninsule connaît alors une évolution séparée qui mène à l'émergence de la famille Al Saoud au XVIIIe siècle. Matant les autres clans rivaux, tels que les Al Rachid, les Al Saoud parviennent à la domination du Nejd, région de plateaux située au centre de la péninsule arabique. Avec comme capitale Riyad, cette région constitue toujours le noyau du pouvoir de la famille royale.

L'État saoudien trouve sa source en 1744, lorsqu'une alliance est scellée entre un chef de tribu local, patriarche des Séoud, alors seigneurs de Nejd, Mohammed Ibn Saoud, qui s'associe avec un réformateur religieux, Mohammed ben Abdelwahhab, fondateur du wahhabisme, pour créer une nouvelle entité politique. La famille des Al Saoud et le royaume connaissent des hauts et des bas en fonction des accords et désaccords avec l'Égypte, l'Empire ottoman et d'autres familles arabes pour le pouvoir dans la péninsule.

Premier État saoudien : 1744-1818

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Émirat de Dariya.

En 1744, l'émir de Dariya (premier État saoudien), Mohammed Ibn Saoud, s'allie à un prédicateur religieux, Mohammed ben Abdelwahhab, un imam fondamentaliste prônant le retour à la base de l'islam pur (doctrine religieuse parfois appelée unitarisme et souvent, de manière inadéquate, wahhabisme). Depuis leur capitale, Dariya près de Riyad, les deux chefs unissent les tribus du Nejd, prennent le contrôle de Riyad en 1773, et leurs successeurs étendent leur pouvoir à une grande partie de la péninsule Arabique en 1806, jusqu'alors officiellement ottomane depuis presque trois siècles.

Après la défaite ottomane lors de la guerre russo-turque de 1768-1774, à l'issue de laquelle le khanat de Crimée (1441-1783) passe sous suzeraineté russe, au traité de Koutchouk-Kaïnardji, les critiques contre l'Empire ottoman s'élèvent.

La campagne d'Égypte (1798-1801), expédition militaire française, menée en Égypte par le général Bonaparte et ses successeurs, confirme le diagnostic de fragilité du pouvoir ottoman en Égypte, bien avant que le pouvoir ottoman impose la dynastie de Méhémet Ali (1805-1953) : Égypte sous les Alaouites.

Le , Abdelaziz ben Saoud à la tête des wahhabites envahit l'Irak et pille Kerbala[4],[5],[6]. Iconoclastes, ils y détruisent des sanctuaires, dont celui d'Al-Hussein ibn Ali, ainsi que son tombeau[7],[8],[9]. Entre 2 000 et 3 000 habitants sont tués[10],[8] : mausolée de l'imam Hussein, pillage du mausolée de l'imam Hussein. Le deuxième souverain de l'émirat de Dariya (1765-1803), Abdelaziz ben Mohammed ben Saoud, est assassiné en 1803 par un chiite à Dariya, durant une prière à la mosquée. Son fils Saoud ben Abdelaziz (en) (1803-1814) lui succède. Les Saoudiens conquièrent les plateaux de l'Asir et la région du Hedjaz, et les deux villes saintes de Médine et de La Mecque. Prônant un monothéisme strict, ils détruisent les différentes idoles et les tombeaux de saints. L'Empire ottoman, qui exerce la souveraineté sur les villes saintes depuis 1517, voit le pèlerinage compromis, selon les modalités ottomanes.

Les Ottomans envoient alors l'Égyptien Méhémet Ali les renverser et rétablir l'autorité de l'Empire sur le Hedjaz sacré. Malgré leur défaite à la bataille de Al-Safra (en) (1811), les Égyptiens s'emparent de Yanbu (1811), Médine (1812), Djeddah (1813), La Mecque (1813), Ar Rass, Buraydah, Unaizah, et enfin de la capitale saoudite d'al-Diriyah en 1818 (siège de Dariya (en)), détruisant ses forts et interrompant la domination des Al Saoud sur la région. Ils ne parviennent cependant pas à éradiquer les racines religieuses et nationales de leur pouvoir.

Période ottomane

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Ébranlé par le pouvoir grandissant des Al Saoud, l'Empire ottoman ne tarde pas à réagir sous l'impulsion de Méhémet Ali et de son fils Ibrahim Pacha en libérant les villes saintes et en détruisant Dariya en 1818. Le petit-fils de Mohammed ben Abdelwahhab est fusillé par ses propres troupes et l'imam Abdallah ben Saoud ben Abdelaziz décapité à Constantinople et sa tête jetée dans le Bosphore.

Deuxième État saoudien : 1824-1891

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Émirat du Nedjd

Tourki ben Abdallah Al Saoud (en), petit-fils de Mohammed ben Saoud (1710-1765), parvient à se réfugier auprès des bédouins dans le désert et à échapper à la déportation. Il mène alors une révolte contre les troupes occupantes en 1821 et établit sa tribu à Riyad, qui devient la capitale du deuxième royaume saoudien. Il regagne les territoires perdus, à l'exception du Hedjaz, et de l'Émirat de Haïl où le clan Al Rachid prend le pouvoir en 1835.

Après l'ouverture en 1869 du Canal de Suez, la Turquie engage l'expédition d'Al-Hassa (1871) (en), afin de s'assurer le maximum de littoral. La région devient le sandjak de Nadj (en) (1871-1915), rattaché au vilayet de Bagdad, puis en 1875 au vilayet de Bassora.

En 1871, à la suite d'une querelle de succession, Saoud ben Fayçal ben Turki Al Saoud (1833-1875) reprend le pouvoir à son frère Abdallah. À sa mort, son autre frère Abderrahmane ben Fayçal Al Saoud (1850-1928) lui succède, mais Abdallah revient un an plus tard et le force à abdiquer. En représailles, les enfants de Saoud décident en 1887 de capturer Abdallah. En échange de la libération d'Abdallah, l'émir d'Haïl, Mohammed ben Abdallah Al Rachid (1872-1897), devient gouverneur de Riyad, alors que les Ottomans occupent de nouveau le Hassa, à l'est de la péninsule.

Période Al Rachid : 1891-1921

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L'émir d'Haïl décide alors de mettre fin au royaume saoudien. En 1891, les Al Saoud sont défaits à la bataille de Mulayda (en) dans la région de Qassim par les Al Rachid, soutenus par les Ottomans qui restaient ennemis des Saoud. La famille saoudienne est obligée de s'exiler au Koweït, alors protégé par le Royaume-Uni, ennemi de l'Empire ottoman.

Naissance du troisième État saoudien

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Ikhwan (1912-1930).

Après avoir erré dans le désert du Ruba al Khali, les Al Saoud trouvent refuge au Koweït, d'où le jeune Abdelaziz ben Abderrahmane organise avec une poignée d'hommes la prise de Riyadh et du Nejd en 1902 : dans la nuit du 15 au , Abdelaziz s'empare de Riyad, alors sous l'autorité de la famille rivale des Al Rachid (de Haïl).

En 1904, Abdelaziz s'empare de l'oasis de Buraydah, capitale de la région du Qasim, au nord du Nejd. Désormais reconnu chef du clan sous le nom d'Ibn Séoud, il organise en 1912 les Bédouins en « ikhwan » (fratries), qui constituent sa force de frappe et lui permettent de reprendre graduellement le pouvoir dans la majeure partie de la péninsule. Les Ikwân sont progressivement installés dans environ 200 colonies agricoles (les « hujjar »). En 1912 ou 1913, Abdelaziz s'empare de la province du Hasa (Al-Hassa), dans l'est, dont la population est majoritairement chiite.

Son poids politique est reconnu par les Ottomans en , lorsque ces derniers le nomment wali (« préfet ») du Nejd. Mais, après le déclenchement de la Première Guerre mondiale, Ibn Séoud se rapproche graduellement des Britanniques. Le Traité de Darin, signé le avec Percy Cox, au nom du Bureau de l'Inde[11], lui accorde protection, armes et subsides en échange d'une non-agression contre leurs protectorats de Koweït, du Qatar et des États de la Trève. Mais contrairement aux attentes de celui-ci, Ibn Séoud ne prend pas part à la Révolte arabe initiée par le chérif de La Mecque Hussein ben Ali et qui contribue aux côtés des Alliés à libérer la péninsule arabique de l'occupation ottomane. Au contraire, il attaque les tribus de Hussein, entretient des contacts avec les Ottomans, avant de revenir à la neutralité et d'interrompre l'attaque de ses rivaux Al Rachid du Djebel Chammar (Haïl), entre-temps ralliés aux Britanniques[12].

En , il conquiert l'oasis de Haïl : le pouvoir des Al Rachid s'effondre, Abdelaziz prend le titre de sultan du Nejd.

En , les Hachémites du chérif Hussein sont défaits par les partisans d'Abdelaziz, à la seconde bataille de La Mecque. Le , Abdelaziz entre à La Mecque vêtu en pèlerin (sans revendiquer, contrairement à Hussein, le titre de calife ; le titre de gardien des deux sanctuaires pris par les souverains saoudiens ne remonte qu'aux années 1980). La conquête du Hedjaz s'achève en 1925 avec la prise de Médine et de Djeddah.

Le , les Al Saoud et les Britanniques signent le traité de Hadda, destiné à délimiter les frontières entre le domaine des Saoud et la toute nouvelle Transjordanie.

La dernière grande conquête a lieu en 1926 avec la prise de l'Asir, du Jizan et du Najran, régions historiquement yéménites.

Des légations soviétiques (le ) et britanniques ouvrent à Djeddah en 1926.

La même année, Abdelaziz se proclame roi du Hedjaz : il est reconnu roi du Hedjaz, du Nejd et de leurs dépendances en .

Le , avec l'aide de St. John Philby, Abdelaziz signe avec les Britanniques le traité de Djeddah par lequel il renonce à toute extension du territoire saoudien au détriment des souverains protégés par Londres tandis que les Britanniques reconnaissent le statu quo.

Des tensions ont alors lieu avec les Ikhwân, désireux de poursuivre la lutte. Les principaux dirigeants des Ikhwân (Ibn Humaÿd, Ad-Dawish et Ibn Hithlaÿn) sont déposés en . Abdelaziz écrase militairement les Ikhwân en à As-Sabilah grâce notamment à l'appui de l'aviation britannique : Ibn Humaÿd est capturé, Ibn Hithlaÿn est tué[13].

Arabie saoudite

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Ibn Séoud en 1945.

Le royaume d'Arabie saoudite est fondé officiellement le [1] par la fusion des provinces du Nejd et du Hedjaz.

Rencontre du président Roosevelt et du roi Ibn Saoud, en Égypte en , photo prise à bord du Quincy, un bâtiment de l'US Navy. Cette rencontre instaura la période de stabilité du royaume et son insertion dans l'économie de libre-échange d'après-guerre[14].
Faisal et le président Nasser au Caire en 1969.

En , le roi Abdelaziz ibn Saoud (1876/1880-1953) conclut avec les États-Unis le Pacte du Quincy, alliance stratégique qui en échange d'un accès au pétrole, engage les États-Unis à protéger militairement la dynastie des Saoud, et qui se poursuit toujours aujourd'hui. Cette alliance se révèlera d'autant plus durable que le pays se présente comme un allié de poids face à la montée des nationalismes arabes dans les années 1950-1960 soutenus par l'Union soviétique[15].

Abdelaziz accepte le concept de modernisation du pays et persuade les ultra-conservateurs religieux d'accepter les nouvelles technologies : les automobiles, la radio, le téléphone, l'avion et la télévision (il considérait cela comme des outils, et qu'on pouvait les utiliser dans le bien, ce qui rassura les oulémas saoudiens). Après cinquante ans de pouvoir, Adb al-Aziz meurt en 1953, lui succèdent ses fils — Saoud, Fayçal, Khaled, Fahd, Abdallah et depuis le Salmane ben Abdelaziz Al Saoud

À la mort de Adb al-Aziz, ses fils Saoud et Fayçal, s'affrontent violemment pour obtenir le pouvoir. En 1958, Saoud doit céder à l’ultimatum qui lui est imposé de céder tous les pouvoirs exécutifs à Fayçal : sa participation à l’organisation d’une tentative d’assassinat du président égyptien Gamal Abdel Nasser en a été démasquée. En 1958, Fayçal prend la tête du royaume, et engage une politique d’austérité sévère, afin de redresser les finances publiques. La lutte entre les deux frères dure jusqu'en 1964, provoquant une grande instabilité des institutions[16].

Face à eux émergent les « princes rouges » (surnommés ainsi en raison de leurs opinions inspirés des idéaux socialistes) qui s'opposent à l'absolutisme. Ils défendent dès 1958 l’idée d’un « Conseil National », qu'il tentent immédiatement de promouvoir auprès de la population, avec des résultats très mitigés. Dans les années 1960, les partis de gauche, communistes ou nassériens, se développent clandestinement dans les monarchies du Golfe. L’Arabie saoudite intervient pour soutenir la monarchie yéménite contre les nationalistes républicains, soutenu par l'Égypte, et la monarchie omanaise contre une rébellion d'influence marxiste. L’Arabie saoudite s'efforce en effet d'affaiblir, jusqu’à leur possible disparition, les mouvements de gauche actifs dans la péninsule[16].

À la fin des années 1970, la prise de la Grande Mosquée de La Mecque met en évidence le poids de la communauté ultra-conservatrice (représentant environ 70 % de la population saoudienne[réf. nécessaire]), et la pression fondamentaliste s'accentue. Une police des mœurs, la muttawa, est mise en place, s'assurant que rien de ce qui se passe dans le royaume n'enfreigne les règles de l'islam. Les nouvelles technologies sont encadrées, comme internet (les sites sexuellement explicites sont censurés). La musique n'est pas autorisée en public, encore moins le théâtre, et la télévision par satellite est également filtrée, tandis que la ségrégation sexuelle (pas de salle mixte dans les restaurants) est accentuée, et le port du voile islamique obligatoire.

La rapide augmentation des recettes saoudiennes au début des années 1980 qui passent 65 milliards de dollars à près de 135 milliards en 1981, permet également au pays qui est le « berceau » du wahhabisme d'exporter sa doctrine religieuse sous la forme du salafisme. Cette politique extérieure se manifeste dans la lutte organisée contre l'Union soviétique dans le conflit afghan en accord avec l'allié américain[15], mais également dans le soutien financier de nombreuses organisations islamiques à travers le monde dans les années 2000-2015[17].

Le prince Sultan (branche des Soudeiri), ministre de la Défense, est reconnu prince héritier depuis 2005. Le prince Nayef (également de la branche des Soudeiri) fait figure de numéro 3 officieux sans avoir officiellement le titre de vice-héritier. Il fait cependant figure d'homme fort en tant que ministre de l'Intérieur et à ce titre chef des services de renseignement du royaume.

Armes du royaume saoudien
Armes du royaume saoudien

Depuis la crise du Golfe de 1990

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L'invasion militaire du Koweït par l'Irak, le , a constitué un choc politique considérable pour l'Arabie saoudite, brutalement confrontée à sa propre vulnérabilité et à ses contradictions. Dès le , le roi Fahd prononce un discours annonçant l'accueil d'une coalition internationale sur le sol du royaume, ce qui n'est pas sans provoquer de fortes réticences au sein de la société saoudienne.

À la fin de 1990, en représailles au soutien du Yémen à l'Irak, 800.000 travailleurs yéménites sont expulsés, tandis que les immigrés yéménites se voient imposer un permis de résidence.

Dans le même temps, le contexte est favorable à l'expression de revendications de la part des plus libéraux des Saoudiens : le , environ quatre-vingt femmes manifestent au volant de leurs voitures afin de revendiquer le droit de conduire et sont aussitôt arrêtées. En , une pétition "libérale" signée par quarante-trois personnes demande des changements, notamment une réforme des mouttawayn (police de la vertu et de la prévention du vice), la création d'un majlis ech-choura (conseil consultatif) et la rédaction d'une constitution.

Les tensions internes se poursuivent au lendemain de la guerre du Golfe (janvier-). En , plusieurs personnalités religieuses, au premier rang desquelles Salman al-Ouda et Safar al-Hawali (en) présentent une résolution (le "Khitâb al-matâlib") par l'intermédiaire d'Ibn Baz afin de demander la mise en place d'un Conseil consultatif composé d'ouléma, la mise en conformité des lois avec l'Islam, l'islamisation de la police étrangère, la création d'une armée de défense de la terre sainte de l'Islam tout en critiquant la corruption (notamment morale). Cette demande est suivie d'une seconde pétition en .

Répondant partiellement à ces exigences, les lois fondamentales du royaume sont codifiées en .

La présence militaire américaine, bras armé protecteur de la dynastie saoudienne devant Saddam Hussein et l'Iran des ayatollahs, est de plus en plus contestée parmi la population, en particulier à cause de la présence massive de troupes américaines sur le sol saoudien pendant la crise et la guerre du Golfe de 1990-91.

Le , un premier attentat à la voiture piégée vise des militaires et des civils américains (travaillant pour la Garde nationale saoudienne) à Riyad, faisant sept morts (dont cinq Américains). Dans la nuit du 25 au , un attentat plus important vise la base d'Al-Khobar, dans l'est du pays, tuant dix-neuf soldats américains. Les mesures de sécurité sont alors renforcées et les troupes alliées regroupées ou déplacées.

La principale base militaire américaine sur le sol saoudien (la base d'Al-Kharj, au nord du Roub-al-Ghali, protégée par un périmètre de sécurité de 60 km de rayon) aurait été fermée début 2003 au profit d'un déplacement des principales installations militaires américaines vers le Qatar (notamment la base d'Al-Odeid, où se trouve le Centcom).

Abdallah et George W. Bush.

Le chef terroriste Oussama ben Laden, d'origine saoudienne, a acquis une importante notoriété auprès de la population saoudienne, plus particulièrement de la jeunesse. Ancien combattant en Afghanistan, il s'était en particulier prononcé contre la présence de troupes américaines sur le sol saoudien en 1990 et avait proposé de lever des troupes de volontaires arabes pour libérer le Koweït sans recourir aux Américains. Il est déchu de sa nationalité saoudienne en 1994 et s'exile dans un premier temps à Khartoum.

Des attentats sanglants à Ryad ont montré l'étendue de ce malaise.

Crise de 2011

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Le roi Abdallah accorde le droit d'asile au président Zine El-Abidine Ben Ali de la République de Tunisie ainsi qu'à sa famille pendant la révolution tunisienne et apporte son soutien au président égyptien Moubarak, avant qu'il ne démissionne, indiquant ainsi son opposition au mouvement du Printemps arabe.

Chronologie

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Notes et références

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  1. a b et c « Présentation de l'Arabie saoudite », sur France Diplomatie : : Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères (consulté le ).
  2. L'Arabie séoudite, selon la transcription française du nom de son fondateur, Ibn Séoud, à l'époque. De nos jours, les graphies Ibn Saoud et Arabie saoudite sont plus répandues, à l'image de l'anglais Saud.
  3. Patrick Roberts, « Fossil herbivore stable isotopes reveal middle Pleistocene hominin palaeoenvironment in ‘Green Arabia’ », revue Nature,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. Roger Joint Daguenet, Histoire de la Mer Rouge : De Lesseps à nos jours, Paris/Montréal (Québec), L'Harmattan, , 566 p. (ISBN 978-2-7384-5854-4 et 2-7384-5854-8, lire en ligne), p. 11
  5. Olivier Da Lage, Géopolitique de l'Arabie saoudite, Bruxelles/Paris, Complexe, , 143 p. (ISBN 2-8048-0121-7, lire en ligne), p. 28
  6. Le massacre de Kerbala (Irak) est souvent placé en 1802 ; il semble que 1801 soit la bonne date, notamment selon Hamadi Redissi, Le Pacte de Nadjd : ou comment l'islam sectaire est devenu l'islam, Seuil, , 349 p. (ISBN 978-2-02-112431-6, présentation en ligne)
  7. (en) Martin S. Kramer, Arab awakening and Islamic revival: the politics of ideas in the Middle East, New Brunswick (N.J.)/London, Transaction Publishers, , 297 p. (ISBN 1-56000-272-7, lire en ligne), p. 164
  8. a et b (en) Thabit Abdullah, A Short History of Iraq : from 636 to the Present, Pearson Education, , 234 p. (ISBN 0-582-50579-8, lire en ligne), p. 89
  9. (en) Wayne H. Bowen, The History of Saudi Arabia, Greenwood Publishing Group, , 153 p. (ISBN 978-0-313-34012-3 et 0-313-34012-9, lire en ligne), p. 73
  10. (en) Heinz Halm, Janet C. E. Watson, Marian Hill, Shi'ism, Édimbourg, Edinburgh University Press, , 216 p. (ISBN 0-7486-1888-0, lire en ligne), p. 98
  11. David Rigoulet-Roze, Géopolitique de l'Arabie saoudite, Armand Colin, , 312 p. (ISBN 978-2-200-35676-7, lire en ligne)
  12. « Ibn Saoud et la naissance du royaume d’Arabie saoudite – deuxième partie - Les clés du Moyen-Orient », sur lesclesdumoyenorient.com (consulté le ).
  13. . Au total, les guerres ayant permis l'accession au pouvoir d'Ibn Saoud auraient fait 500 000 morts entre 1901 et 1932 Laurent Murawiec, « L’Arabie saoudite : un business familial », L’Histoire, no 286,‎ , p. 18-19
  14. Voir l'article géopolitique du pétrole.
  15. a et b Wahhabite connexion : comment l’Arabie saoudite a déstabilisé le monde en exportant son islam radical depuis 40 ans, David Rigoulet-Roze, atlantico.fr, 3 novembre 2014
  16. a et b « Le mouvement des « Princes rouges » en Arabie saoudite (1958-1964) », sur lesclesdumoyenorient.com.
  17. Wikileaks révèle les dessous de la stratégie saoudienne pour exporter l'islamisme partout sur la planète, atlantico.fr, 24 juillet 2015
  18. a et b Olivier Da Lage, Géopolitique de l'Arabie saoudite, Bruxelles/Paris, Complexe, , 143 p. (ISBN 2-8048-0121-7, lire en ligne), p. 58
  19. et donc en principe prochain prince héritier ; [1]
  20. « Mort du roi Abdallah d'Arabie saoudite, le prince Salman lui succède », sur lemonde.fr, Le Monde, (consulté le ).

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Bibliographie

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  • (en) J.E. Peterson, Historical Dictionary of Saudi Arabia, Scarecrow press, Lanham Md, 2003, 304 p. (ISBN 978-0-8108-4677-7)
  • Benoist-Mechin, Ibn-Seoud ou la naissance d'un royaume, Albin Michel, 1955, 507 p.
  • Jérémie Schiettecatte, L’Arabie à la veille de l’islam, De Boccard, 2009.

Articles connexes

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Liens externes

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