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« Gnosticisme » : différence entre les versions

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{{confusion|texte=Cet article traite des gnostiques des premiers siècles de l'ère chrétienne. Pour une vision plus générale voir l'article [[Gnose]]}}
{{confusion|texte=Cet article traite des gnostiques des premiers siècles de l'ère chrétienne. Pour une vision plus générale voir l'article [[Gnose]]}}


Le '''gnosticisme''' est l'ensemble des mouvements religieux qui se développent au cours des {{S2|II|III}} dans les limites de l'[[Empire romain]], caractérisés par la doctrine commune selon laquelle une connaissance (en grec : ''gnôsis'') des mystères de l'humanité, du divin et du monde — résultat d'un enseignement ésotérique et d'une expérience initiatique menant à une révélation progressive — est possible et nécessaire au salut de l'âme après la mort. Le terme désigne aussi les différentes théories et recherches d'une telle ''connaissance'', regroupant éventuellement des doctrines variées et multiformes. Ces doctrines incluent généralement l'affirmation que les âmes des êtres humains sont emprisonnées dans un monde matériel intrinsèquement mauvais, créé par un dieu inférieur, imparfait voire mauvais, le [[Démiurge]] ou [[Yahvé]]<ref>{{chapitre|auteur=[[Pierre Hadot]]|titre=Le Gnosticisme|ouvrage=Dictionnaire de l'Histoire du christianisme|éditeur=Encyclopaedia Universalis|année=2014|passage=641}}.</ref>, à l'opposé duquel existe un autre dieu, supérieur et parfait, créateur des esprits et des âmes, plus éloigné, auquel une élite peut s'unir après la mort grâce à cette « connaissance »<ref>{{Lien web |auteur1=Madeleine Scopello |titre=Le gnosticisme, un christianisme d'élite. |url=http://www.akadem.org/sommaire/colloques/rome-jerusalem-ou-qoumran-d-ou-vient-le-christianisme-/le-gnosticisme-un-christianisme-d-elite-07-03-2016-12382_4205.php |site=akadem.org |date= |consulté le=2018-04-25}}.</ref>.
Le '''gnosticisme''' est un mouvement religieux regroupant des doctrines variées du [[bassin méditerranéen]] et du [[Moyen-Orient]] qui se caractérisent généralement par la [[croyance]] que les hommes sont des âmes divines emprisonnées dans un monde matériel créé par un dieu mauvais ou imparfait appelé le [[démiurge]]. Le mouvement connut son apogée au cours du {{s|II}}<ref>« ''Gnocticism'' » dans l<nowiki>'</nowiki>''[[Encyclopædia Britannica]]'', version en ligne consultable au 12/04/2009.</ref>.


Longtemps, le gnosticisme n'a été connu qu'à travers les écrits de ses détracteurs : ceux de certains [[Pères de l'Église]], au nombre desquels ceux d'[[Irénée de Lyon]], dont sa ''[[Contre les hérésies|Dénonciation et réfutation de la gnose au nom menteur]]'', écrite pendant la deuxième moitié du {{s|II}}. La découverte en 1945 d'écrits gnostiques parmi la [[bibliothèque de Nag Hammadi]], dont une première traduction complète a été finalisée en 1977, a permis de renouveler la recherche sur le sujet.
Le démiurge peut être considéré comme une incarnation du mal, ou comme un dieu bon mais imparfait. Il existe aux côtés d'un autre être suprême plus éloigné et dont la connaissance est difficile, qui incarne le bien.
Afin de se libérer du monde matériel inférieur, l'homme a besoin de la [[gnose]], soit la connaissance spirituelle [[ésotérique]] disponible à travers l'expérience directe ou la connaissance (gnose) de l'être suprême. Jésus de Nazareth est identifié par certains cultes gnostiques comme une incarnation de l'être suprême qui s'incarne pour apporter la gnose aux hommes.


Ce mouvement, dont les origines ne sont pas claires, connaît son apogée au cours du {{s|II}}<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Gnosticism |url=https://www.britannica.com/topic/gnosticism |site=britannica.com |date=2024-03-08 |consulté le=2024-03-28}}.</ref>. Les sectes gnostiques ont ensuite progressivement disparu à partir du {{s-|IV}}, mais il est visible qu'elles ont influencé d'autres mouvements, que certains qualifient également de gnostiques, comme le [[Manichéisme (religion)|manichéisme]], le [[marcionisme]] ou encore le [[bogomilisme]].
Le terme [[gnose]], du grec {{grec ancien|γνώσις}} / {{Lang|grc-Latn|''gnốsis''}} ({{citation|connaissance}}), désigne {{citation|des tendances universelles de la pensée qui trouvent leur dénominateur commun autour de la notion de connaissance<ref>Madeleine Scopello — ''les Gnostiques''</ref>}}. Ainsi, le [[manichéisme]], le [[mandéisme]], la [[Kabbale]] et l'[[hermétisme]], entre autres, peuvent être considérés comme des formes de gnose<ref>Madeleine Scopello, Les gnostiques.</ref>. Par contre le terme gnosticisme a une connotation historique précise.


== « Gnosticisme » et « Gnose » ==
Selon la définition du [[néoplatonicien]] [[Plotin]], adversaire des gnostiques, ceux-ci sont:
Une définition précise de ce que sont le « gnosticisme » et la « gnose » n'est pas sans poser de difficultés, notamment parce que l'histoire de leurs apparitions reste difficilement accessible par suite d'un manque de sources<ref name=":0">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Hans|nom1=Conzelmann|prénom2=Andreas|nom2=Lindemann|titre=Guide pour l'étude du Nouveau Testament|éditeur=Labor et Fides|année=1999|pages totales=603|passage=242|isbn=978-2-8309-0943-2|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=PsBuIILx-r8C&printsec=frontcover}}.</ref>. Néanmoins, à la suite d'un [[Colloque international sur les origines du gnosticisme|colloque au sujet de la ''Gnose'']] tenu à [[Messine]] en [[1966]], dans le cadre d'un programme pour la traduction de la [[bibliothèque de Nag Hammadi]] nécessitant d'arriver à un consensus d'usage, des définitions ''a minima'' ont été retenues qui proposaient « par application simultanée des méthodes historiques et typologiques » les définitions suivantes : que le terme ''gnosticisme'' désigne un ensemble particulier de systèmes religieux du {{Sap-|II}} et que le terme ''gnose'' désigne une conception des buts de la connaissance, indépendamment des époques, décrits comme visant à une « connaissance des mystères divins » et celle-ci comme étant « réservée à une élite »<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Christoph|nom1=Markschies|titre=Gnosis: an introduction|éditeur=T & T Clark|date=2003|passage=13|isbn=978-0-567-08944-1|isbn2=978-0-567-08945-8|oclc=ocm51568084|lire en ligne=https://www.worldcat.org/title/ocm51568084|consulté le=2024-04-03|extrait=In this concluding document of Messina the proposal was 'by the simultaneous application of historical and typological methods' to designate 'a particular group of systems of the second century after Christ' as 'gnosticism', and to use 'gnosis' to define a conception of knowledge transcending the times which was described as 'knowledge of divine mysteries for an élite'.}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Ugo|nom1=Bianchi|titre=Le Origini Dello Gnosticismo: Colloquio Di Messina, 13-18 Aprile 1966. Testi E Discussioni Pubblicati a Cura Di Ugo Bianchi. The Origins of Gnosticism. Colloquim of Messina, 13-18 April 1966|éditeur=Brill Archive|date=1967|passage=XXVI|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=X7M3AAAAIAAJ|consulté le=2024-04-03}}.</ref>{{,}}<ref name=":1">{{chapitre|langue=fr|auteur=Madeleine Scopello|titre chapitre=Courants gnostiques|auteur ouvrage=Jean-Marie Mayeur, Luce Pietri, André Vauchez et Marc Venard (dirs.)|titre ouvrage=Histoire du Christianisme|sous-titre ouvrage=Le nouveau peuple (des origines à 250)|volume=I|éditeur=Fleurus|date=2000|passage=332|isbn=9782718907277}}.</ref> même si elles ne sont pas exempte de critiques{{Note|texte=En 1996, Michael Allen Williams a proposé une nouvelle définition du terme ''gnosticisme'', trouvant celle de 1966 trop marquée par les critiques de l'hérésiologie des Églises chrétiennes, mais celle qu'il a proposée — parlant de « tradition biblique démiurgique » — n'a pas été retenue par les chercheurs<ref name="Jacques le juste, frère de Jésus">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Simon Claude|nom1=Mimouni|titre=Jacques le juste, frère de Jésus|lieu=Paris|éditeur=Bayard Culture|année=2015|pages totales=200|passage=424|isbn=978-2-7470-6140-7|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=UGqVDAAAQBAJ&printsec=frontcover}}.</ref>{{,}}<ref name="painchaud" />.}}.
{{début citation}}Ceux qui disent que le [[Démiurge]] de ce monde est mauvais et que le [[Univers|Cosmos]] est mauvais.<ref>Plotin, ''Ennéades II,9'' </ref>{{fin citation}}


Selon une définition plus courante (du dictionnaire ''Le Robert''), le ''gnosticisme'' — terme de création moderne — est l'ensemble des doctrines de la ''gnose'', c'est-à-dire des doctrines des mouvements religieux centrés sur la recherche d'une « connaissance » (en grec : ''gnôsis'') suprême du monde et du divin qui se sont développés dans l'Empire romain au cours des {{S2-|II|III}} {{Ap JC}}
Ainsi <ref>Serge Hutin, Les Gnostiques, chapitre 2.</ref>, à leurs yeux, L'homme est prisonnier du [[temps]], de son [[corps]], de son [[âme]] inférieure et du [[monde]].


Le terme ''gnose'' est attesté depuis le deuxième siècle et se retrouve vingt-neuf fois dans les écrits canoniques du nouveau Testament<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=William F. Moulton|titre=A Concordance to the Greek Testament|lieu=Édimbourg|éditeur=T. & T. Clarck|année=1980|pages totales=XII + 1110|passage=173 et 174|isbn=}}.</ref> pour désigner la ''connaissance suprême des choses divines'' que revendiquent ces mouvements<ref name=":1" />, qui connaissent diverses manifestations à travers l'histoire<ref>[[Émile Puech]], ''En quête de la Gnose'', vol. I, cité par {{chapitre|langue=fr|auteur=Madeleine Scopello|titre chapitre=Courants gnostiques|auteur ouvrage=Jean-Marie Mayeur, Luce Pietri, André Vauchez et Marc Venard (dirs.)|titre ouvrage=Histoire du Christianisme|sous-titre ouvrage=Le nouveau peuple (des origines à 250)|volume=I|éditeur=Fleurus|date=2000|passage=333|isbn=9782718907277}}.</ref> et dont relèvent par exemple également des mouvements de pensée aussi divers que la [[kabbale]], le [[Manichéisme (religion)|manichéisme]] ou encore le [[mandéisme]].
Les gnostiques en concluent : {{citation|Je suis au monde, mais je ne suis pas de ce monde<ref>Puech, in Ann. du collège de France, 55e année p. 176</ref>}}, et de ce point de vue, le monde et l'existence dans le monde apparaîtront mauvais parce qu'ils sont mélange de deux natures et de deux mondes d'êtres contraires et inconciliables. Le gnostique sera celui qui retrouvera son ''moi'' véritable et qui prendra conscience de la condition glorieuse, divine qui était la sienne dans un passé immémorial<ref>Serge Hutin,les Gnostiques Puf</ref>.


Cette définition du ''gnosticisme'', ou plutôt ''des'' gnosticismes<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Simon Claude Mimouni]]|nom2=[[Pierre Maraval (historien)|Pierre Maraval]]|titre=Le christianisme des origines à Constantin|éditeur=Presses universitaires de France|année=2006|passage=364|isbn=}}.</ref>, ne lève pas pour autant tous les débats sur lesquels de ces mouvements on qualifiera de ''gnostique''<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Claudio|nom1=Moreschini|prénom2=Enrico|nom2=Norelli|titre=Histoire de la littérature chrétienne ancienne grecque et latine|éditeur=Labor et Fides|année=2000|pages totales=510|passage=211|isbn=978-2-8309-0942-5|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=dOfCplxDzmwC&printsec=frontcover}}</ref> et la question reste disputée quant à savoir si l'on peut parler de gnosticisme pré-chrétien<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Claudio|nom1=Moreschini|prénom2=Enrico|nom2=Norelli|titre=Histoire de la littérature chrétienne ancienne grecque et latine|éditeur=Labor et Fides|année=2000|pages totales=510|passage=212|isbn=978-2-8309-0942-5|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=dOfCplxDzmwC&printsec=frontcover}}.</ref>, si le gnosticisme était un phénomène concurrent du christianisme ancien<ref name="painchaud">{{Chapitre|auteur1=Louis Painchaud|auteur2=Anne Pasquier|titre chapitre=La bibliothèque copte de Nag Hammadi|auteurs ouvrage=J.-M. Larouche et G. Ménard|titre ouvrage=L’étude de la religion au Québec. Bilan et prospective|éditeur=Presses de l'Université de Laval|année=2001|passage=165–182|lire en ligne=https://www.erudit.org/en/books/hors-collection/letude-de-la-religion-au-quebec--2763779069/000482li.pdf}}.</ref> ou si les mouvements gnostiques sont apparus au sein du [[Christianisme primitif|christianisme]] et ont progressivement été condamnés et qualifiés d'[[hérésie]]s par les courants [[Grande Église|dogmatiques dominants]] du christianisme de l'époque<ref name=":0" />.
Les gnostiques chrétiens se référaient tant aux textes canoniques qu'apocryphes, le plus célèbre étant l'[[évangile de Thomas]].
D'inspiration chrétienne, le gnosticisme fut qualifié d'[[hérésie]] par les [[Père de l'Église|Pères de l'Église]] de ce qui allait devenir la [[christianisme ancien|{{citation|Grande Église}} chrétienne]].
[[Irénée de Lyon]], dans la deuxième moitié du {{IIe siècle|II|e}} dans sa ''Dénonciation et réfutation de la gnose au nom menteur'' (ou ''[[Contre les hérésies]]'') en a laissé le témoignage antique le plus important et le nom qui leur restera. Il est possible que certains de ces groupes aient revendiqué le terme.
Les sectes gnostiques disparurent presque complètement à partir du {{s-|III|e}}, mais leurs doctrines influencèrent d'autres religions comme le [[manichéisme]], le [[marcionisme]] et le [[catharisme]].


Néanmoins, et malgré la réalité variée des tendances gnostiques nourries de différentes traditions — grecques ([[hermétisme]], [[pythagorisme]] et [[orphisme]]), judéennes (thème de la [[Ange déchu|chute des anges]]) ou encore chrétiennes (thème de la [[Messie|venue du messie]])<ref> Karen L. King, ''What is Gnosticism ?'', University of Cambridge, 2003, citée par {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Simon Claude|nom1=Mimouni|titre=Jacques le juste, frère de Jésus|lieu=Paris|éditeur=Bayard Culture|année=2015|pages totales=200|passage=424|isbn=978-2-7470-6140-7|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=UGqVDAAAQBAJ&printsec=frontcover}}.</ref> —, le gnosticisme conserve « [une] spécificité intellectuelle et [une] originalité existentielle : la recherche et la réalisation de la ''connaissance'' […] qui est une illumination directe du dieu dans l'homme »<ref name=":1" /> et qui revêt pour ses adeptes un rôle essentiel dans l'accès au [[Salut (théologie)|salut]]<ref name="Jacques le juste, frère de Jésus" />. Ces derniers cherchent à débarrasser leur âme des entraves d'une condition corporelle vécue comme un accident afin qu'elle puisse être rendue à son état supposé de pureté initiale et d'union avec la ''vraie'' divinité<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Simon Claude|nom1=Mimouni|titre=Jacques le juste, frère de Jésus|lieu=Paris|éditeur=Bayard Culture|année=2015|pages totales=200|passage=424-425|isbn=978-2-7470-6140-7|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=UGqVDAAAQBAJ&printsec=frontcover}}.</ref>.
Jusqu'au milieu du {{XXe siècle}} on ne disposait que de très peu de sources directes sur les gnostiques, celles-ci ayant été falsifiées ou détruites.
Les principaux témoignages viennent de leurs détracteurs, notamment les [[Père de l'Église|pères de l'Église]]. La découverte en 1945 de la [[Bibliothèque de Nag Hammadi]] (la première traduction complète étant publiée en 1977), a permis de renouveler la recherche sur le sujet.


== Les sources de connaissance du gnosticisme ==
== Gnose et gnosticisme — Problèmes de définition et de catégorisation ==
Les courants gnostiques anciens sont essentiellement connus à travers deux types de sources : indirectes d'une part, avec les nombreux écrits de leurs détracteurs (essentiellement leurs adversaires de la [[Grande Église (christianisme)|Grande Église]])<ref name=":3" />, et directes d'autre part, avec leurs propres écrits plus rares mais récemment étoffés par la découverte en 1945 de la [[bibliothèque de Nag Hammadi]]<ref name=":2">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Madeleine|nom1=Scopello|titre=Les gnostiques|éditeur=éditions Fides|année=1991|pages totales=125|passage=15-16|isbn=978-2-204-04375-5|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=35a9joj8nR8C&printsec=frontcover}}</ref>.


Parmi le premier type de sources, les écrits d'[[Irénée de Lyon]] (''[[Contre les hérésies|Dénonciation et réfutation de la gnose au nom menteur]])'' et ceux de l'auteur d'une ''{{Lien|langue=en|trad=Refutation of All Heresies|fr=Philosophoumena|texte=Réfutation de toutes les hérésies}}''<ref>L'attribution traditionnelle de cette dernière œuvre à [[Hippolyte de Rome]] étant désormais largement remise en question depuis les travaux de Pierre Nautin derrière lequel se range une bonne partie de la recherche actuelle qui mentionne régulièrement un « Pseudo-Hyppolite » quand elle ne considère pas l'ouvrage comme simplement anonyme ; cf. notamment {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Dominique|nom1=Bernard|préface=[[Alain Le Boulluec]]|titre=Les disciples juifs de Jésus du {{s-|I|er}} à Mahomet|sous-titre=Recherches sur le mouvement ébionite|lieu=Paris|éditeur=Cerf|date=2017|isbn=978-2-204-11851-4|lire en ligne=https://books.google.be/books?id=WAmCDwAAQBAJ|consulté le=2022-02-01|numéro chapitre=V|titre chapitre=L'Elenchos}}</ref>, ceux de [[Clément d'Alexandrie]], d'[[Origène]] (''Commentaire de l'Évangile selon Jean'') et d'[[Épiphane de Salamine]] (le ''[[Panarion]]'')<ref name=":3" />.
En 1966 se tint à [[Messine]] une conférence au sujet de la ''Gnose''. Parmi ses différents objectifs se trouvaient la définition d'un programme pour la traduction de la [[bibliothèque de Nag Hammadi]] récemment acquise et le besoin d'arriver à un consensus sur la définition du terme ''Gnosticisme''. C'était une réponse à la tendance dominante depuis le dix-huitième siècle d'utiliser le terme 'gnostique' non pas en relation à ses origines, mais plutôt comme une catégorie interprétative pour des mouvements philosophiques et religieux ''contemporains''. Par exemple en 1835 le spécialiste du [[Nouveau Testament]] [[Ferdinand Christian Baur]] avait construit un modèle de développement du gnosticisme culminant avec la philosophie religieuse de [[Georg Wilhelm Friedrich Hegel|Hegel]] ; ou encore plus récemment les tentatives du [[critique littéraire]] [[Harold Bloom]] d'identifier des éléments gnostiques dans la religion américaine contemporaine, ou l'analyse de [[Eric Voegelin]] des pulsions totalitaristes à travers le filtre interprétatif du gnosticisme.
Parmi le deuxième type de sources, les textes gnostiques, on peut citer les textes [[copte]]s datant du {{Sp|IV|ou|V}}<ref name=":3" /> conservés dans le [[Codex de Londres]] ou ''Codex Askewianus'', le [[Codex de Berlin]] et le [[Codex Bruce]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Madeleine|nom1=Scopello|titre=Les gnostiques|éditeur=éditions Fides|année=1991|pages totales=125|passage=33-36|isbn=978-2-204-04375-5|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=35a9joj8nR8C&printsec=frontcover}}</ref> ainsi que les cinquante-deux traités de [[bibliothèque de Nag Hammadi|Nag Hammadi]]<ref name=":3" />.


[[Irénée de Lyon]] dont la ''Dénonciation'' a été rédigée entre 180 et 185<ref name=":3">{{Ouvrage|auteur1=[[Simon Claude Mimouni]], [[Pierre Maraval (historien)|Pierre Maraval]]|titre=Le christianisme des origines à Constantin|éditeur=Presses universitaires de France|année=2006|passage=370|isbn=}}</ref>, décrit dans les détails les doctrines gnostiques dualistes qu'il combat, de manière à prouver qu'il n'y a que peu de choses en commun entre le [[Dualisme (religion)|dualisme]] et la [[gnose]] et le christianisme tel qu'il le défend. Dans le [[Nouveau Testament]], la [[Première épître à Timothée]] laisse entrevoir des dissensions au sein de la communauté paléochrétienne et dénonce la « prétendue gnose ». Les [[Actes des Apôtres]] mentionnent, pour le condamner, un prêcheur du nom de [[Simon le Magicien|Simon le Mage]]. L'[[Apocalypse de Jean]] mentionne un [[Nicolas (diacre)|diacre, Nicolas]]. Tous sont considérés par les hérésiologues chrétiens comme les premiers « gnostiques »<ref name=":2" />.
Au sujet de gnosticisme, la conférence aboutit au prudent consensus suivant :


La plupart des essais sur les mouvements gnostiques, faute de pouvoir s’appuyer sur des documents originaux, héritent des erreurs d’appréciation des réfutateurs chrétiens qui les combattent aux {{s2-|IV|V}}. Ces textes se recopient parfois les uns les autres, et omettent de tenir compte des autres mythologies, orientales, sur les vestiges desquelles le gnosticisme s'est aussi construit<ref name="Doresse2">{{Ouvrage|prénom1=Jean|nom1=Doresse|titre=« La Gnose, origines des sectes gnostiques » dans ''Histoire des Religions''|tome=2|éditeur=La Pléiade|année=1972|passage=365-370|isbn=}}.</ref>.
{{Citation bloc|Dans le document de conclusion de Messine, la proposition fut de désigner sous le nom de gnosticisme, 'par l'application simultanée des méthodes historiques et typologiques'[...] ' un groupe particulier de systèmes du deuxième siècle ap. J.C., et d'utiliser le terme 'gnose' pour définir une conception de la connaissance, indépendamment des époques, décrite comme une 'connaissance des mystères divins réservée à une élite<ref>{{lang|en|texte=In the concluding document of Messina the proposal was 'by the simultaneous application of historical and typological methods' to designate 'a particular group of systems of the second century after Christ' as 'gnosticism', and to use 'gnosis' to define a conception of knowledge transcending the times which was described as 'knowledge of divine mysteries for an élite'}}</ref>.|Markschies|Gnosis: An Introduction, {{p.}}13.}}


L’établissement d’une histoire précise des mouvements gnostiques est impossible à cause du flou des sources dont on dispose, et aussi de ce que les titres des quelques sources disponibles changent d’une version à l’autre et que leurs véritables auteurs restent inconnus. Enfin, très peu de vestiges archéologiques ou d'objets relatifs aux gnostiques ont été retrouvés<ref name="Doresse2" />.
En substance, il avait été décidé que le ''gnosticisme'' devenait un terme spécifique historiquement, réservé aux mouvements gnostiques répandus au {{IIe siècle}}, alors que la ''gnose'' serait un terme universel pour désigner un système de connaissances réservées à une élite privilégiée. Cependant, cet effort de clarté apporta aussi une certaine confusion conceptuelle, car le terme historique ''gnosticisme'' était une invention moderne, alors que le terme ''gnose'' avait une histoire : on appelait ''gnosticisme'' ce que les anciens théologiens avaient appelé ''Gnose'' … le concept de ''Gnose'' inventé à Messine était presque inutilisable dans un sens historique<ref>{{lang|en|texte=something was being called "gnosticism" that the ancient theologians had called "gnosis" ... [A] concept of gnosis had been created by Messina that was almost unusable in a historical sense'}} (Markschies, ''Gnosis: An Introduction'', 14-15)</ref>.


=== Quelques traités gnostiques ===
Du fait de ces problèmes,les ambiguïtés sur la définition précise du gnosticisme ont persisté. Néanmoins l'utilisation de gnosticisme dans un sens historique, et de Gnose dans un sens universel, est restée courante. Mais même l'utilisation de 'gnosticisme' pour désigner une catégorie de religions du {{IIe siècle}} et {{IIIe siècle}} a récemment été remis en question. En particulier dans l'ouvrage de [[Michael Allen Williams]] ''Repenser le gnosticisme (Rethinking Gnosticism: An Argument for the Dismantling of a Dubious Category)'', dans lequel l'auteur examine les termes qui définissent le gnosticisme en tant que catégorie, et en les comparant précisément avec le contenu des textes gnostiques (en particulier ceux de Nag-Hamadi).
Sur la période du {{sp-|I|au|V}}, des sectes gnostiques se sont développées en particulier en [[Égypte]].


On a retrouvé, à partir de [[1800]], des textes gnostiques dans des [[nécropole#Nécropoles égyptiennes|nécropoles égyptiennes]]. Un [[Évangile de Marie]], un [[Livre secret de Jean]] et une [[Sophia de Jésus-Christ]] ont ainsi été vendus en [[1896]] en [[Égypte]], dans un même lot de [[parchemin]]s.
Williams affirme que les fondements conceptuels de la catégorie ''gnosticisme'' sont hérités des hérésiologues. L'accent a trop été mis sur le dualisme, sur le rejet du corps et de la matière et sur l'anticosmisme, sans que ces hypothèses aient été {{citation|testées}} correctement. Ce faisant, Williams juge la catégorisation douteuse, et conclut que le terme doit être remplacé pour mieux refléter les mouvements qu'il comprend. Les remarques de Williams ont suscité le débat, mais à ce jour sa proposition de terme de remplacement {{citation|tradition biblique démiurgique}} n'a pas été reprise largement.


En décembre [[1945]], plus de quarante écrits ont été retrouvés dans une jarre à [[Nag Hammadi]], en Haute Egypte, dont des écrits de sectes orientales, mais aussi des textes [[Apocryphe (Bible)|apocryphes]] chrétiens et des écrits gnostiques. Cependant, cette bibliothèque n’est qu’un « instantané » de la pensée gnostique de l'époque, les textes en étant, à ce qu'on sait, constamment remaniés et modifiés au cours de leur histoire.
=== Les écrits gnostiques ===


Parmi les écrits de nature gnostique on peut citer l'[[Évangile de vérité]]<ref>[http://www.naghammadi.org/traductions/textes/evangile_verite.asp]</ref>, l'[[Évangile de Thomas|Évangile selon Thomas]]<ref>[http://www.naghammadi.org/traductions/textes/evangile_thomas.asp]</ref>, l'[[Évangile de Marie-Madeleine|Évangile selon Marie]]<ref>[http://www.naghammadi.org/traductions/textes/evangile_marie.asp] [http://elishean.unblog.fr/files/2009/06/l_evangile_de_marie-madeleine.pdf]</ref> ; la [[Pistis sophia]]<ref>[http://remacle.org/bloodwolf/apocryphes/pistissophia.htm]</ref>, l'[[Évangile de Judas]]<ref>[http://langoo.free.fr/ala/images/docs/Traduction_EvJudas.pdf]</ref>, le [[Livre des secrets de Jean]]<ref>[http://www.naghammadi.org/traductions/textes/livres_secrets_jean.asp]</ref>, le [[Livre sacré du Grand esprit invisible]]<ref>[http://www.naghammadi.org/traductions/textes/livre_esprit_invisible.asp]</ref> ou encore l'[[Apocalypse d'Adam]].
La plupart des essais anciens, faute de pouvoir s’appuyer sur des documents originaux, héritèrent des erreurs d’appréciation des réfutateurs chrétiens qui combattirent les gnostiques aux {{s2-|IV|e|V|e}}. Ces textes parfois se recopient les uns les autres, et sans tenir compte des mythologies orientales sur les vestiges desquelles le gnosticisme s'était développé<ref name="Doresse2">{{ouvrage|prénom1=Jean |nom1=Doresse|titre=La Gnose, origines des sectes gnostiques dans Histoire des Religions|tome=2|éditeur=La Pléïade|année=1972|passage=365-370}}.</ref>.


Par ailleurs, s'il existe des parallèles et des ressemblances entre l'[[évangile selon Jean]] et le gnosticisme, beaucoup de spécialistes doutent que cet évangile ait emprunté au gnosticisme<ref>voir Raymond E. Brown, ''Que sait-on du Nouveau Testament ?'', éd. Bayard, 2011, p. 172, 414</ref>.
L'une des principales sources concernant le gnosticisme est [[Irénée de Lyon]] ({{s-|II|e}}). Il décrit dans les détails les doctrines gnostiques qu'il combat, de manière à prouver qu'il n'y a que peu de choses en commun entre la gnose et le christianisme. À cette époque, des gnostiques grecs se faisaient baptiser, mais tenaient à concilier leurs doctrines avec leur nouvelle religion. L'une des principales différences entre gnose et christianisme tient à la conception du Salut. Le christianisme exotérique le propose à tous tandis que la gnose, dans son ésotérisme, le réserve aux initiés. (ref nécessaire)


== Histoire du gnosticisme ==
Les plus anciens témoignages des réfutateurs datent du Nouveau Testament qui dénonce les hérésies et les faux prophètes, dont [[Simon le Magicien|Simon de Samarie]] et le [[Nicolas (diacre)|diacre Nicolas]].
=== Origines ===
Si les hérésiologues font remonter le gnosticisme au {{S-|I}} en l'associant à Simon le Magicien et ses successeurs, la recherche actuelle postule plutôt que le phénomène est né et s'est affirmé aux environs du {{S-|II}} dans les grandes cités hellénistiques<ref name=":7">{{Chapitre|auteur1=Gionanni Filoramo|titre chapitre=Gnose|auteurs ouvrage=Régine Azria et Danièle Hervieu-Léger (dirs.)|titre ouvrage=Dictionnaire des faits religieux|éditeur=Presses universitaires de France|année=2010|isbn=9782130545767|lire en ligne=|passage=440}}</ref> puis s'est développé dans le reste de l'Empire romain au cours des {{S2|II|III}}<ref name=":1" />.


Les origines du gnosticisme sont l'objet d'un large débat et il est difficilement possible de proposer une explication ou une origine uniques à cet ensemble constitué de doctrines diverses et disparates dont il n'est pas davantage possible de restituer une histoire linéaire ou de décrire précisément les éventuels liens de parenté ni même de trouver des sources d'inspiration communes, elles-mêmes variées<ref name=":6" />. Le gnosticisme ne semble ainsi à certains pas réductible à « une grande nébuleuse, marquée par l'anticosmisme, le dualisme, l'encratisme{{, etc.}} » mais plutôt à considérer comme {{citation|un ensemble de croyances concrètement enracinées dans les sociétés de l'Antiquité tardive avec des tendances communes [et des] traits particuliers}}<ref>{{chapitre|langue=fr|auteur=Annarita Magri|titre chapitre=L'Évangile de Jean au IIes|auteur ouvrage=Gabriella Aragione, Eric Junod et Enrico Norelli(dirs.)|titre ouvrage=Le canon du Nouveau Testament|sous-titre ouvrage=Regards nouveaux sur l'histoire de sa formation|éditeur=Labor et Fides|date=2005|isbn=9782830911770|passage=128}}</ref>.
Pour la période jusqu’au {{s-|III|e}}, on ne possède que les récits des hérésiologues, c'est-à-dire les réfutateurs des gnostiques <ref name="Doresse2"/> .


Les débats ont pu proposer, entre autres hypothèses sur les origines du gnosticisme, tantôt un christianisme hellénisé teinté de dualisme platonicien, tantôt une dissidence d'un judaïsme lui aussi hellenisé, ou ont présenté ses mouvements comme des formes spécifiques d'un phénomène général sans, d'ailleurs, que ces positions soient exclusives les unes des autres<ref name=":6" />. En tout état de cause, pour diversifiés qu'ils soient, les mouvements gnostiques entretiennent des rapports — certes « ténus et embrouillés » — avec les divers mouvements du christianisme alors en voie de constitution<ref name=":7" />.
L’établissement d’une histoire précise des mouvements gnostiques est impossible à cause de ce flou, et des livres dont les titres changent d’une version à l’autre et dont les véritables auteurs restent anonymes. Très peu de monuments ou objets relatifs aux gnostiques furent retrouvés<ref name="Doresse2"/>.


=== Expansion ===
Sur la période du {{sp-|III|e|au|V|e|s}}, les sectes se sont étendues en [[Égypte]], où le sable conserva des écrits en [[copte]]. C’est pourquoi on retrouva, à partir de [[1800]], des textes dans les [[nécropole#Nécropoles égyptiennes|nécropoles égyptiennes]].
{{Section à recycler|date=25 avril 2018|motif=non sourcé ou par Doresse, obsolète}}
Selon les descriptions des hérésiologues, c’est dans un cadre géographique allant de la vallée du [[Jourdain]] à l’[[Anatolie|Asie Mineure]] que des communautés gnostiques apparaissent à partir de l’époque des [[apôtre]]s. [[Simon le Magicien|Simon]] par exemple enseignait la [[Gnose]]. On retrouve mention dans certains textes de [[Nicolaïsme|Nicolaïtes]] à cette époque à [[Samarie]] et à [[Antioche]] et les réflexions de ces derniers sur des textes de ce qui n'est pas encore notre Ancien et du Nouveau Testament, et certains autres considérés comme [[Apocryphe biblique|apocryphes]], sont marqués par l’[[Religion grecque antique|hellénisme]]. Parmi ces textes, le [[livre des Jubilés]] et le [[Livre d'Hénoch]] sont peut-être les plus significatifs<ref name="Doresse1">Jean Doresse, « La Gnose, origines des sectes gnostiques » dans ''Histoire des Religions'', Tome 2, coll. « La Pléiade », 1972, {{p.|374-379}}.</ref>.


Vers 120, le gnosticisme gagne [[Alexandrie]]<ref>Jean Doresse (La Pléiade, ''Histoire des religions, Tome 2, {{p.|375}}''</ref>, et se développe autour de [[Basilide]], [[Carpocrate]] et [[Valentin (gnostique)|Valentin]]. Ce dernier se rend vers 140 à Rome où des sectes fortement influencées par des éléments orientaux continuent d’affluer. Les sectes gnostiques se propagent ensuite notamment en [[Espagne]]<ref name="Doresse1"/>. En l'absence d'autres sources, on mesure l'influence du gnosticisme à la force et au nombre de ses réfutations.
L’[[Évangile de Marie]], le [[Livre secret de Jean]] et la [[Sophia de Jésus-Christ]] ont été achetés en [[1896]] en [[Égypte]], dans un même lot de [[parchemin]]s. En décembre [[1945]], plus de 40 écrits perdus furent retrouvés dans une jarre à [[Nag Hammadi]], dont en premier lieu des écrits de sectes orientales, mais aussi des [[Apocryphe (Bible)|apocryphes]] chrétiens et des gnostiques. Cependant, cette bibliothèque n’est qu’un « instantané » de la pensée gnostique de l'époque, les textes y étant constamment remaniés et modifiés.


Quelques traités gnostiques :
== Les courants gnostiques antiques ==
De nos jours, les historiens du gnosticisme<ref>Louis Painchaud et Anne Pasquier (éd.), ''Les textes de Nag Hammadi et le problème de leur classification'', Québec, Les Presses de l'Université Laval, 1995, {{p.|151-260}}. Bentley Layton (éd.), ''The rediscovery of Gnosticism'', Leyde, Brill, 1980-1981, 2 t. Wouter J. Hanegraaff (dir.), ''Dictionary of Gnosis and Western Esotericism'', Leyde, Brill, vol. II, 2005, {{p.|895-898}}, 1063-1069, 1144-1157. Jean-Pierre Mahé et Paul-Hubert Poirier (dir.), ''Écrits gnostiques'', Gallimard, coll. « La Pléiade », 2007, p. XXXVI-LXVIII.</ref> isolent différents courants d'origine chrétienne parmi lesquels un hypothétique<ref name=":6" /> [[Gnosticisme séthien|courant séthien]], le [[Valentinisme|courant valentinien]], le [[Encratisme|courant encratite]]<ref>Raymond Kuntzmann, ''Le Livre de Thomas (NH II, 7)'', Québec, Presses de l'Université Laval, 1986. Yves Tissot, ''L'encratisme des Actes de Thomas'', 1988. Jean-Pierre Mahé et Paul-Hubert Poirier (dir.), ''Écrits gnostiques'', Gallimard, coll. « La Pléiade », 2007, p. LXVII, 304, 411, 452, 489, 1681.</ref>, le [[Cérinthe|courant cérinthien]]<ref name=":4" /> ou encore le [[Hermétisme|courant hermétique]]<ref>Jean-Pierre Mahé, ''Hermès en Haute-Égypte'', t. I : ''Les textes hermétiques de Nag Hammadi et leurs parallèles grecs et latins'', Québec, Presses de l'Université Laval, 1978.</ref>. Certains auteurs isolent d'autres courants d'origine non chrétienne<ref>Henri-Charles Puech, ''En quête de la gnose'', Gallimard, t. I, 1978, {{p.|148}}. Jean-Pierre Mahé et Paul-Hubert Poirier (dir.), ''Écrits gnostiques'', Gallimard, coll. « La Pléiade », 2007, p. LXII. - Mais James M. Robinson nie un gnosticisme pré-chrétien (apud ''The Rediscovery of Gnosticism'', Brill, 1981, t. II, {{p.|662}}.)</ref>, au nombre desquels les [[Ophites]] ou {{Lien|langue=en|trad=Naassenes|fr=Naassènes}}, les [[Barbélognostiques]], les [[Pérates]]<ref name=":4" />… auxquels on peut ajouter le courant « antinomiste et libertin »<ref>Irénée de Lyon, ''Contre les hérésies'', I, 25. Jacques Matter, ''Histoire critique du gnosticisme'', 1828. H. Leisegang, ''La gnose'' (1924), Petite Bibliothèque Payot, 1971, Serge Hutin, ''Les gnostiques'', PUF, 1958. Gedaliahu C. Stroumsa, « Gnostic justice and antinomianism », in ''Barbarian philosophy'', 1999, {{p.|246-257}}. A. Wypustek, « Un aspect ignoré des persécutions des chrétiens dans l'Antiquité : les accusations de magie érotique imputées aux chrétiens aux {{s2-|II|III}} », ''Jahrburch für Antike und Christentum'', 42 (1999), {{p.|50-71}}. - Mais Morton Smith nie l'existence d'un tel courant, il accuse l'animosité des hérésiologues.</ref> de [[Carpocrate]] et de son fils Épiphane le gnostique<ref name=":4" />. L'existence même de certains de ces courants, à l'instar des [[Caïnites]]<ref>{{chapitre|langue=fr|auteur=John D. Turner|titre chapitre=The Place of the ''Gospel of Judas'' in Sethian Tradition|auteur ouvrage=Madeleine Scopello (dir.)|titre ouvrage=The Gospel of Judas in Context|sous-titre ouvrage=Proceedings of the First International Conference on the Gospel of Judas|éditeur=Brill|date=2008|isbn=9789004167216|passage=191-195}}</ref>, semble douteuse à certains<ref name=":4" />, qui les pensent avoir été inventés par les hérésiologues.
* l'[[Évangile de vérité]];
* l'[[Évangile de Thomas|Évangile selon Thomas]];
* l'[[Évangile de Marie-Madeleine|Évangile selon Marie]];
* la [[Pistis sophia]];
* l'[[Évangile de Judas]];


=== Les maîtres gnostiques ===
== Le cas de l'[[Évangile selon Jean]] ==
==== Simon le Magicien ====
Bien qu'il soit inexact de l'appeler gnostique, l'évangile de Jean contient bien quelques éléments laissant à penser à une influence ou des croisements possibles avec le gnosticisme<ref>(en) Stephen L. Harris, Understanding the Bible, Palo Alto: Mayfield, 1985.
{{Article détaillé|Simon le Magicien|Simonisme}}
</ref>.
[[Simon le Magicien]] ({{S-|I}}), présenté comme un élève ou condisciple de [[Dosithée de Samarie]], a longtemps été considéré à la suite des hérésiologues de la [[Grande Église (christianisme)|Grande Église]] comme le premier hérétique. D'après ces derniers, ses disciples seraient devenus gnostiques après la catastrophe de 70 (la destruction du Temple de Jérusalem), et auraient formé la secte des [[Gnosticisme séthien|séthiens]] dont, cependant, l'existence même est débattue, du moins comme communauté gnostique particulière<ref name=":6">{{Ouvrage|auteur1=[[Simon Claude Mimouni]], [[Pierre Maraval (historien)|Pierre Maraval]]|titre=Le christianisme des origines à Constantin|éditeur=Presses universitaires de France|année=2006|passage=373|isbn=}}</ref>. L'hérésiologie présente son successeur [[Ménandre (gnostique)|Ménandre le gnostique]] comme le maître de Satornil (ou Saturninus) d'Antioche, lui-même considéré par d'aucuns comme le premier véritable gnostique<ref name=":4" />.


Si l'appartenance de Simon le magicien aux courants gnostiques est abandonnée par une partie de la recherche contemporaine, un courant gnostique [[Simonisme|simonianiste]] apparu au {{S-|II}} a bel et bien existé<ref name=":4">{{Ouvrage|auteur1=[[Simon Claude Mimouni]], [[Pierre Maraval (historien)|Pierre Maraval]]|titre=Le christianisme des origines à Constantin|éditeur=Presses universitaires de France|année=2006|passage=371-372|isbn=}}</ref>.
== Quelles sont les origines du gnosticisme ? ==


==== Basilide ====
Trois hypothèses principales ont été proposées faisant remonter l'origine du gnosticisme au {{s-|I|e}}<ref>Nag Hammadi: Évangile selon Thomas. Textes gnostiques aux origines du christianisme présentés par F. Kuntzmann et J.-D. Dubois (Supplément au Cahier Évangile, 58), Paris: Cerf, 1987</ref>:
{{Article détaillé|Basilide|Basilidiens}}
[[Basilide]] exerce son activité de 125 à 155 à [[Alexandrie]]. Auteur de vingt-quatre ''Exegêtica'' (''Expositions'') et de son propre évangile<ref name=":5">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Claudio|nom1=Moreschini|prénom2=Enrico|nom2=Norelli|titre=Histoire de la littérature chrétienne ancienne grecque et latine|éditeur=Labor et Fides|année=2000|pages totales=510|passage=219|isbn=978-2-8309-0942-5|lire en ligne=https://books.google.be/books?id=dOfCplxDzmwC|consulté le=2018-04-25}}</ref>, il est un des premiers maîtres gnostiques. A l'origine ses réflexions se concentrent, comme chez beaucoup de gnostiques, sur l'existence du mal<ref name=":4" />. Il met l'accent sur la transcendance absolue de Dieu<ref name=":5" />. La pensée de [[Carpocrate]] en est assez proche<ref name=":4" />. Le fils de Basilide, Isidore le gnostique, enseigne à sa suite et les fragments conservés de leurs écrits ne semblent pas correspondre aux restitutions qu'en font les hérésiologues ultérieurement<ref name=":4" />. L'existence d'une école ou communauté [[Basilidiens|basilidienne]] est largement attestée dans la première moitié du {{S|III}}<ref>{{chapitre|langue=fr|auteur=Jean-Daniel Dubois|titre chapitre=L'Évangile de Judas et la tradition basilidienne|auteur ouvrage=Madeleine Scopello (dir.)|titre ouvrage=The Gospel of Judas in Context|sous-titre ouvrage=Proceedings of the First International Conference on the Gospel of Judas|éditeur=Brill|date=2008|isbn=9789004167216|passage=145-146}}</ref>.


==== Valentin ====
* La première, émise notamment par [[Adolf von Harnack]] fait du gnosticisme une hellénisation du christianisme naissant.
{{Article détaillé|Valentin (gnostique)}}
* Le gnosticisme pourrait aussi être un retour aux sources orientales du christianisme, ou un [[syncrétisme]] oriental.
[[Valentin (gnostique)|Valentin]] est un des plus importants maîtres gnostiques et l'auteur d'un ''[[Évangile de la vérité|Évangile de Vérité]]''<ref name=":4" />. Originaire d'Alexandrie où il commence à développer sa théogonie, il s'installe à Rome vers 140 et y enseigne jusque vers 160, époque à laquelle il rompt avec la communauté chrétienne locale et retourne dans sa ville natale<ref name=":4" />. Son enseignement connaît un certain succès et se poursuit au travers de deux écoles valentiniennes, l'une, orientale, incarnée par [[Théodote (gnostique)|Théodote]] et [[Marc le Mage]], l'autre, occidentale, incarnée par Ptolémée le gnostique et [[Héracléon]]<ref name=":4" />.
* Enfin le gnosticisme pourrait être d'origine juive.<ref>Jacques Matter. Histoire critique du Gnosticisme. La Gnose y est définie comme "l'introduction dans le sein du christianisme de toutes les spéculations cosmologiques et théosophiques qui avaient formé la partie la plus considérable des anciennes religions de l'Orient et que les nouveaux platoniciens avaient adopté également en Occident</ref>


==== Marcion ====
En effet, la vision des gnostiques est celle d'une dualité, développée d'une façon incroyablement variée et qui peut paraître paradoxale.
{{Article détaillé|Marcion}}
Elle différait cependant des doctrines de leur époque sous trois formes :
Le rapport de Marcion au gnosticisme est fort débattu. Une tradition en fait un disciple d'un gnostique nommé [[Cerdon (gnostique)|Cerdon]]<ref name="Mimouni/Maraval 2007, p.366">{{Harvsp|Mimouni|Maraval|p=366|2007}}.</ref> mais un auteur antique comme [[Celse (philosophe)|Celse]] distingue dans son ''[[Discours véritable]]'' les marcionites des gnostiques<ref>{{Harvsp|Levieils|2007|p=150}}.</ref>. Les études de von Harnack ont proposé un Marcion éloigné du gnosticisme mais cette position est contestée et le débat reste ouvert<ref name="Mimouni/Maraval 2007, p.366" />.
* La [[cosmogonie]]
* L'[[anthropologie]]
* L'[[eschatologie]]


En tout état de cause, s'il existe bien des traits communs entre la doctrine de Marcion et certaines doctrines gnostiques, il existe de nombreuses différences. Pour Marcion, c'est la foi (''pistis'') — et non la [[gnose]] (''gnosis'') — qui joue le rôle principal dans l'accès au salut<ref name="Mattei 2008, p.188">{{Harvsp|Mattei|2008|p=188}}.</ref>, à telle enseigne qu'on a parlé à son sujet d'un {{citation|[[paulinisme]] exacerbé}}<ref name="Mattei 2008, p.189">{{Harvsp|Mattei|2008|p=189}}.</ref>. Sur le plan exégétique, Marcion entend se fonder exclusivement sur l’Écriture judaïque et chrétienne et, à la différence des gnostiques, réfute toute théogonie concernant le monde divin<ref name="Mimouni/Maraval 2007, p.366" />. Néanmoins, une partie de la recherche actuelle décèle chez lui des influences [[encratites]], [[Antilégalisme|antilégalistes]]<ref>Doctrine chrétienne fondée sur la distinction paulinienne entre la foi et la connaissance de la Loi.</ref> et [[Docétisme|docètes]], autant de traits qui tendent à le rapprocher du gnosticisme chrétien<ref name="Mattei 2008, p.189" />.
Comme le dit Ioan P Couliano:
* "Les doctrines religieuses de l'époque connaissaient trois variantes, fixant ''le rôle de l'homme dans l'univers'' (le Cosmos).
* "Ce monde a été créé pour cet homme" et cet homme a été créé pour ce monde (variantes bibliques)
* "Ce monde a été créé comme cet homme" et "cet homme a été créé comme ce monde " (variantes platoniciennes).


== La mythologie gnostique ==
Mais la conception des gnostiques est au contraire:
{{Section à recycler|date=25 avril 2018|motif=A actualiser, Doresse souvent obsolète}}
* "L'homme a été créé contre le monde.
Les [[cosmogonie]]s et [[Théogonie (mythologie)|théogonie]]s des auteurs gnostiques abordent la plupart des thèmes [[mythologie|mythologiques]] et [[eschatologie|eschatologiques]] de leur époque, et les réinterprètent en s'appuyant sur des "révélations" secrètes ou sur un [[mythe]] total portant sur l’[[Mythes et création du monde|origine et la création du Monde]], l’origine du [[Mal]], le drame du Rédempteur Divin descendu sur terre afin de sauver les hommes et la victoire finale du Dieu [[transcendance|transcendant]] conduisant à la fin de l’Histoire et l’[[Fin du monde|anéantissement du ''Cosmos'']]<ref name="Doresse3">Jean Doresse, « La Gnose, origines des sectes gnostiques » dans ''Histoire des Religions'', Tome 2, coll. « La Pléiade », 1972, {{p.|379-385}}.</ref>.
* "L'homme est supérieur à ses créateurs".<ref>p. 19 introduction aux "Gnoses dualistes d'[[occident]]")</ref>
On peut qualifier cette attitude d"'anti-cosmisme".


Un point de départ de gnose est la considération par l’individu de sa situation et de sa condition dans ce monde : Qui est il? Pourquoi se sent-il étranger dans ce monde? Qu’était il à l’origine? Comment pourrait il éventuellement revenir à cette situation initiale ? C’est ensuite la révélation d’une Chute passée et de la notion que le [[Bien (religion)|Bien]] et le Mal sont deux éléments inconciliables et absurdement mêlés ici-bas à la suite de cette chute contraire à la volonté du vrai dieu. La révolte intime de l'individu contre le Mal lui est alors présentée comme la preuve de son appartenance au Bien, à un absolu parfait extérieur à ce monde<ref name="Doresse3"/>.
Les gnostiques, à l'image des "initiés" de ce temps, voyaient en [[Jésus]], non un personnage historique, né d'une vierge et capable de marcher sur les eaux mais un être mythique, et le but de tout initié chrétien était de devenir un [[Christ]].


L’humanité lui est présentée comme divisée en trois catégories :
Force est de constater que l'on retrouve des éléments gnostiques en marge des grandes religions, mais souvent en leur sein même et il en fut de même dans le christianisme naissant.
* celle de ceux qui se sentent (donc, se savent) pourvus d’une perfection innée et dont la nature est [[Esprit]] : les ''Pneumatiques'' (''pneuma'' veut effectivement dire « esprit » en grec) ou ''Spirituels'' ou ''Élus''. Ils sont ceux qui sont [[prédestination (religion)|prédestinés]] au [[Salut (religion)|Salut]] hors de ce monde après la mort.
Elaine Pagels a remarqué que les similitudes entre le gnosticisme et le [[bouddhisme]] ont incité certains universitaires à s'interroger sur leurs relations mutuelles et à se demander "si le "bouddha vivant" pourrait justement dire ce que l'[[Évangile de Thomas]] attribue au Jésus vivant, pour peu que les noms soient changés". Bien qu'intriguée, elle soutient à juste titre qu'une telle ressemblance n'est pas concluante, des traditions parallèles pouvant apparaître dans des cultures différentes sans qu'il y ait d'influence directe.<ref>Elaine Pagels, The Gnostic Gospels, New-York, Random House, 1979, réédition 1989, pp. xx-xxi.</ref>
* celle de ceux qui ont une [[Âme]] mais point ou trop peu d’Esprit, mais pour qui le Salut de l'âme hors de ce monde après la mort peut être atteint : ce sont les ''[[psychique (gnosticisme)|Psychiques]]'', ceux qui peuvent être sauvés au prix d'un effort personnel de connaissance, d'une [[conversion]] et d'une pratique de la justice<ref>Madeleine Scopello. ''Les Gnostiques'', éd du Cerf, 1991.</ref> ;
* enfin, celle de ceux qui sont dépourvus et d’Âme et d’Esprit, et qui sont uniquement constituée d’éléments matériels : les ''Hyliques'', dont les âmes sont vouées à rester emprisonnées dans ce monde et à s'y réincarner, éventuellement en un humain d'une autre catégorie ou de la leur jusqu'à leur destruction comme le reste de la matière à la fin des temps.


Le but premier du gnostique est la délivrance de sa parcelle divine, aliénée dans le monde matériel corrompu, et sa [[remontée de l'âme|remontée]] après la mort à travers les sphères célestes vers le monde de la plénitude. Cette délivrance passe par la Gnose : la connaissance par l'individu de la vraie divinité, des structures mystérieuses du Cosmos, de l'histoire passée et future de celui-ci et de la nature de son propre esprit,<ref name="Doresse3"/>.
== Expansions et fins du gnosticisme ==


Le principal aspect de la Gnose porte sur les origines de la présence de l'Humanité et du Mal dans le monde matériel. Le mal est présenté comme inhérent au monde matériel et la présence de l'humanité dans celui-ci comme due à la chute accidentelle d’éléments du cosmos supérieur dans le cosmos inférieur, matériel, temporel et sexué, au fond duquel les éléments du cosmos supérieur se sont disjoints, dispersés et sont maintenant emprisonnés sans pour autant avoir perdu de leur pureté.
Selon les témoignages des historiens anciens, c’est dans un cadre géographique allant de la vallée du [[Jourdain]] à l’[[Anatolie|Asie Mineure]] que les communautés gnostiques se manifestèrent à l’époque des [[apôtres]].
[[Simon le Magicien|Simon]] par exemple enseignait la [[Gnose]].
On retrouve la trace des Nicolaïtes à [[Samarie]], [[Nicolaïsme|Nicolas]] à [[Antioche]].
Leur réflexion sur des textes de l’Ancien et du Nouveau Testament, dont certains considérés aujourd’hui comme [[Apocryphe (Bible)|apocryphes]], marqués de l’[[Religion grecque antique|hellénisme]]. Parmi ces livres, le livre des [[Jubilés]] et le [[Livre d'Hénoch]] sont parmi les plus significatifs<ref name="Doresse1">Jean Doresse, La Gnose, origines des sectes gnostiques dans Histoire des Religions, Tome2, La Pléïade, 1972, p.374-379</ref>.


Le second aspect de la Gnose vise la destinée de l’humanité dans ce cosmos. Celle de ce dernier est la dissolution finale de sa matière et celle de l'humanité est la libération des esprits des élus et des parfaits qui y étaient emprisonnés et leur retour à l'unité parfaite intemporelle avec la plénitude.
Vers 120, les gnostiques gagnent [[Alexandrie]]<ref>Jean Doresse (La Pléïade, "Histoire des religions, Tome 2, p.375"</ref>, autour de [[Basilide]], [[Carpocrate]] et [[Valentin (gnostique)|Valentin]] (Valentinus ou Valentinius). Valentin se rendit à Rome, où sa gnose voila ses mythes orientaux d’une exégèse [[philosophie|philosophique]] mêlée de [[christianisme]]. À Rome, des sectes fortement influencées par les éléments orientaux continuent d’affluer. Les sectes se propagent, notamment en [[Espagne]]<ref name="Doresse1"/>.
On peut mesurer l'influence du gnosticisme à la force et au nombre de ses réfutations.


De même que le cosmos inférieur (matériel) n’est qu’une copie maladroite du cosmos supérieur, seul à avoir été organisé par une intelligence authentiquement créatrice, de même, l’humanité terrestre est l’image imparfaite du modèle céleste. Il y a eu une Chute de l'humanité dans le monde, et il y a pour une partie d'elle une possibilité de libération hors de celui-ci.
En Iran : [[Mani (prophète)|Mani]] qui fait une vaste synthèse des nombreux enseignements, et [[Audi (Gnose)|Audi]], un chrétien qui se sépare de l’Église après [[Premier concile de Nicée|Nicée]]. De l’[[Orient]], le gnosticisme s’étendit jusqu’à la [[Civilisation chinoise|Chine]]<ref name="Doresse1"/>.


Pour les Élus, le Salut peut être personnel. Pour les autres le Rachat se fera après une [[eschatologie]] générale ayant pour terme la destruction de l’univers matériel<ref name="Doresse3"/>.
On retrouve aussi :
* les [[kantéen]]s en [[Iran]],
* les [[séthien]]s disciples de [[Simon le Magicien]] qui formèrent un groupe important,
* les [[barbélognosticisme|barbélognostiques]], les [[archontique]]s, les [[ophites]] (ou naassènes) aux pratiques hérités des mystères grecs,
* les [[pérate]]s, les [[caïnites]], ces derniers louent [[Caïn]] le fils prodigue d'Adam et Eve<ref name="Doresse1"/>.

== Parenté et survivance des mythes gnostiques ==

Il est difficile de déterminer la manière dont resurgissent et d'où proviennent les idées gnostiques. Avons-nous affaire à une filiation ininterrompue et souterraine qui relie les époques ?

On les trouve chez les grands précurseurs que furent [[Platon]] ou [[Pythagore]], tout comme elles ont perduré jusqu'à [[Hegel]] ou [[Jean-Paul Sartre]] de nos jours.

Elles sembleraient procéder, comme le dit [[Joseph Campbell]], d'une même "anatomie", c'est-à-dire de quelque chose d'inhérent à la nature humaine. Campbell croyait que toutes les religions du monde, tous les rituels et les déités n'étaient que les “masques” d'une seule et même vérité transcendante, laquelle serait “insaisissable" (inconnaissable). Il décrivait le christianisme et le bouddhisme, que l’objet en fût “la conscience de Buddha” ou “la conscience du Christ”, comme un niveau de perception au-dessus des “oppositions binaires” telles que le bien et le mal. {{refnec|De telles conceptions unificatrices sont parfois mal reçues}}.

L'idée gnostique est présente au sein du [[bouddhisme]]<ref>Cf. paroles du [[Bouddha]] - "tout est souffrance, tout est non-vérité", semble-t-il plus spécialement au sein du Hinayana qui oppose "Samsara" et Nirvana.</ref>, du [[judaïsme]] ([[Kabbale]]) <ref>Couliano "Où en est la question du dualisme ?"</ref>
et plus tard de l'[[Islam]] avec l'[[ismaélisme]].

Mais elles circulèrent parmi les [[bogomilisme|bogomiles]] et [[catharisme|cathares]] du [[Moyen Âge]], sans qu'on sache s'ils descendent de groupes gnostiques ayant survécu depuis l'Antiquité, ou s'il s'agit de résurgences suscitées par la transmission d’écrits gnostiques déguisés en apocryphes chrétiens.

Les survivances de la gnose la plus philosophique se décèlent dans la littérature [[alchimie|alchimique]], notamment les textes attribués à [[Hermès Trismégiste]]. Peut-on dire que la gnose, avec le mythe d'[[Hiram]], sa résurrection et sa mort, fait partie des racines de la [[franc-maçonnerie]] ?

De même, il y a intercommunication entre la littérature juive kabbalistique et certaines doctrines du gnosticisme hellénisé.

* En Orient, les gnostiques s'intégrèrent à l’[[Islam]].

Aux confins de la [[Mésopotamie]] et de l’[[Iran]] certaines sectes survécurent jusqu'au {{XIIe siècle}}. On trouve, en effet, une influence du gnosticisme chez les [[Islam|musulmans]] [[chiisme|chiites]], mais aussi dans la foi [[druze]].

On trouve des traces de pensée gnostique chez les [[ranter]]s, le [[Libre-Esprit]] et divers mouvements [[millénarisme|millénaristes]]<ref> Jean Doresse, La Gnose, origines des sectes gnostiques dans Histoire des Religions, Tome 2, Pléïade, 1972, p. 417-421.</ref>.

Le [[dualisme]] n'est d'ailleurs pas une spécificité des gnostiques des premiers siècles mais se retrouve dans le [[zoroastrisme]], bien antérieur, et dans de nombreux cultes à [[mystères]] autour du bassin méditérranéen.

* En terre d'Islam
Le sens du mot "gnostique" ne revêt pas la même signification en Islam où ce terme est quasiment équivalent à [[mystique]].
Ainsi, les [[Soufisme|soufis]] se désignent souvent par le terme "gnostique" au sens de "possesseur de la connaissance de Dieu", cette connaissance étant conforme aux dogmes musulmans mais dans un état plus "avancé". Ainsi, ''stricto sensu'', le gnostique musulman est un musulman et non un [[Hérésie|hérétique]].

== Gnosticisme et christianisme naissant ==

Comme le dit [[Elaine Pagels]] - "''ce sont les vainqueurs qui écrivent l'histoire... à leur façon. Il n'est pas étonnant qu'ils soient les premiers à en définir les termes. ... Ensuite ils démontrent que leur triomphe était historiquement inévitable ou, en termes religieux, qu'ils étaient guidés par le Saint-Esprit.''" L'opinion courante veut que le gnosticisme soit une branche déviante de ce qui allait devenir le christianisme.

L'idée dominante serait que le gnosticisme est une adaptation juive des anciens Mystères païens. La future religion d'état instituée par Constantin se serait ainsi purifiée et séparé d'éléments déviants.
S'appuyant sur la foi plus que tiède de [[Constantin]], elle fermait les temples antiques, interdisait les cultes à Mystères et détruisait ou falsifiait les textes. Ces textes auraient peut-être pu donner une vision différente de l'antiquité, de la [[Gnose]] et du Gnosticisme.

== Les thèmes principaux ==

Les auteurs gnostiques abordent la plupart des thèmes [[mythologie|mythologiques]] et [[eschatologie|eschatologiques]], les réinterprètent en passant par la révélation d’une « histoire secrète », d'un [[mythe]] total : l’[[Mythes et création du monde|origine et la création du Monde]] ; l’origine du [[Mal]] ; le drame du Rédempteur divin descendu sur Terre afin de sauver les hommes ; la victoire finale du Dieu [[transcendance|transcendant]], conduisant à la [[Fin de l'histoire|fin de l’Histoire]] et l’[[Fin du monde|anéantissement du ''Cosmos'']] <ref name="Doresse3"> Jean Doresse, La Gnose, origines des sectes gnostiques dans Histoire des Religions, Tome2, La Pléïade, 1972, p.379-385 </ref>.

Le point de départ est la considération, par l’individu, de sa situation face au monde : que suis-je, pourquoi ce monde me semble-t-il étranger, qu’étais-je à l’origine et comment (éventuellement) revenir à cette situation ? C’est la prise de conscience d’une déchéance impliquant que le [[Bien (philosophie)|Bien]] et le [[Mal]] sont deux éléments inconciliables, absurdement mêlés ici-bas par un accident contraire à la volonté divine. La révolte intime contre le [[Mal]] est la preuve de l’appartenance au Bien, à un absolu parfait extérieur à ce monde <ref name="Doresse3"/>.

L’humanité est divisée en trois catégories :
* ceux qui se sentent (donc, se savent) pourvus d’une perfection innée dont la nature est [[esprit]] : les ''pneumatiques''; ''pneuma'' veut effectivement dire "esprit". En grec sont les spirituels ceux qui sont prédestinés au salut ;
* ceux qui n’ont qu’une âme et point d’[[esprit]], mais chez qui le [[Salut]] peut encore être introduit par instruction : les ''[[psychique (gnosticisme)|psychiques]]'', ceux qui possèdent une âme et peuvent être sauvés au prix d'un effort personnel et d'une conversion <ref>Madeleine Scopello. "Glossaire des Gnostiques" ed du Cerf</ref> ;
* enfin, les êtres dépourvus d’[[esprit]] et d’âme, uniquement constitués d’éléments charnels voués à la destruction : les ''hyliques''.

Le but premier du gnostique est la délivrance de sa parcelle divine, aliénée dans un monde matériel corrompu, et sa remontée vers les sphères célestes. Cette délivrance passe par la Gnose, la connaissance parfaite de la nature de l’[[esprit]], des structures de l’univers, de son histoire passée et future<ref name="Doresse3"/>.

Le premier aspect de la Gnose porte sur les origines du monde matériel et de l’homme, le Mal s’expliquant par la chute accidentelle d’éléments supérieurs dans un cosmos matériel, temporel et sexué, au fond duquel ils se sont disjoints, dispersés et emprisonnés sans pour autant perdre leur pureté. Le second aspect de la Gnose vise la Destinée de l’humanité et du ''Cosmos'', aboutissant à la dissolution finale de la matière, à la libération de l’[[esprit]] et au retour à l'unité parfaite intemporelle dont les élus, ici-bas, gardaient le souvenir. Le monde supérieur ayant seul été organisé par une intelligence authentiquement créatrice, le matériel n’en est qu’une copie maladroite. De même, l’homme terrestre est l’image imparfaite d’un modèle céleste. On voit l’idée de Décadence, puis de Rédemption. Pour les Élus, le Salut peut être personnel, alors que pour les autres le rachat se fera par une [[eschatologie]] générale ayant pour terme la destruction de l’univers matériel <ref name="Doresse3"/>.


=== Du Pro-Père au Démiurge ===
=== Du Pro-Père au Démiurge ===
* '''Le Pro-Père'''


A l'origine de tout il y a un [[Éon (ontologie)|Éon]] parfait, invisible, inconçu et éternel (une des significations de ''éon''), habité par un être absolu et immuable, le ''Pro-Père'', replié sur lui-même et coexistant avec sa pensée, qui est, elle, silence absolu<ref name="Doresse4">Jean Doresse, « La Gnose, origines des sectes gnostiques », dans ''Histoire des Religions'', Tome 2, coll. « La Pléiade », 1972, {{p.|385-389}}.</ref>.
* '''À l’origine de tout''',


De cette unité primitive du Pro-Père et de sa pensée-silence émane une image du Père. Cette ''Émanation'' capable d’engendrer se dégage du repli sur soi primordial et suscite l’apparition des trente éons hiérarchisés du [[Plérôme]].
Il y a un [[Eon]] parfait, invisible, inconcevable et éternel, habité par un Être absolu et immuable, le Pro-Père, replié sur lui-même et coexistant avec sa Pensée qui est, elle, Silence absolu. <ref name="Doresse4"> Jean Doresse, La Gnose, origines des sectes gnostiques dans Histoire des Religions, Tome2, La Pléïade, 1972, p.385-389 </ref>


* '''Le Plérôme'''
De cette unité primitive du Pro-Père et de sa Pensée émane une seconde image du Père. Cette première émanation est dégagée de l’isolement primordial et capable d’engendrer. Elle suscite alors l’apparition des trente éons hiérarchisés du Plérôme.


''Plérôme''<ref>selon M. Scopello ''Les gnostiques'', Cerf, 1991, {{p.|124}}.</ref> est un terme grec signifiant « plénitude » et désignant le monde céleste formé par l'ensemble des trente éons, monde que le gnostique rejoindra après la fin de son aventure terrestre. Parmi ces éons : Monogène, [[Logos]], la Mère céleste, l'Homme primordial (ou [[Adam]]), le Fils de cet Homme primordial (ou [[Seth]]), la grande Génération des Fils de l’Homme primordial, [[sophia (philosophie)|Sophia]] (La sagesse, parfois qualifiée de lascive), etc. Ces éons vont par couples féminin/masculin, appelés aussi [[syzygie (ésotérisme)|Syzygies]]. Ils sont, en même temps que des personnifications de concepts, des univers à part entière, infinis et éternels, reproduisant le schéma général du Plérôme Inengendré suprême<ref name="Doresse4"/>.
* '''La présence du Plérôme'''


* '''Les Trois schémas de la lutte de la Lumière et de la Matière'''
Le [[Plérôme]] <ref>selon M Scopello "Glossaire gnostique"</ref>est un terme grec signifiant "plénitude" et qui désigne le monde céleste formé par l'ensemble des [[éons]], que le gnostique atteindra à la fin de son aventure terrestre
On y retrouve : [[Monogène]], [[Logos]], Mère céleste, Homme primordial, Fils de cet Homme (ou [[Seth]] céleste), grande Génération des Fils de l’Homme primordial, [[Sophia]] (Sagesse, parfois qualifiée de lascive), etc. Ces éons vont par couples, féminin/masculin, appelés [[syzygie (ésotérisme)|syzygies]]. Les éons sont, en même temps que des personnifications de concepts, des univers à part entière, infinis et éternels, reproduisant le schéma général du Plérôme tout entier et de l’Inengendré suprême. <ref name="Doresse4"/>


L’opposition entre le monde parfait de la Lumière et celui, imparfait, des Ténèbres et de la Matière peut suivre trois schémas.
* '''Dualisme radical ou mitigé'''


Le schéma le plus radical met une subite agression des Eaux ténébreuses préexistantes d'en-bas contre la Lumière d’en-haut à l’origine de la création du monde matériel. L'attaque se déroule dans l’espace intermédiaire d’un troisième principe, l'Air ou le Vide. On retrouve ce thème chez les [[Bogomilisme|bogomiles]] et les [[manichéisme (religion)|manichéens]].
L’opposition entre le monde idéal de la Lumière et celui, imparfait, des Ténèbres et de la Matière peut suivre 3 schémas.


Plus fréquemment, dans la Lumière d’en-haut qui préexiste à toute création, un accident engendre une puissance difforme et ignorante, l'éon [[Ialdabaôth]] (en hébreux "fils du chaos"), qui devient éon de ténèbres puis le monde matériel. La Lumière entreprend alors une ''œuvre salvatrice'' pour anéantir cet éon maléfique. Selon une première variante, [[Sabaoth|Sabaôth]] (en hébreux "dieu des armées", un des attributs de [[Yahvé]]...), éon engendré par ''Ialdabaôth'', découvre l'existence de la Lumière et est finalement mis par les puissances supérieures à la place de son père pour engager le monde matériel vers le salut.
Les plus radicaux situent, à l’origine de la création du monde matériel, une subite agression des eaux ténébreuses préexistantes contre la Lumière d’en haut, attaque qui se déroule dans l’espace intermédiaire d’un troisième principe, air ou vide. On retrouve ce thème chez les [[Bogomilisme|bogomiles]] et les [[manichéen]]s.


Selon une variante, ''Ialdabaôth'' revient de lui-même au monde supérieur<ref name="Doresse3"/>.
Plus fréquemment, la Lumière d’en-haut préexiste seule à toute création. Un accident survenu dans le monde supérieur engendre une puissance difforme et ignorante, [[Ialdabaôth]], autour de qui se forme un éon ténébreux, notre bas monde. La Lumière entreprend une œuvre salvatrice pour anéantir cet éon maléfique. Selon une première variante, [[Sabaôth]], le fils d’Ialdabaôth, va découvrir la Lumière et sera mis par les puissances supérieures à la place de son père pour engager le cosmos vers le salut. Une seconde variante montre Ialdabaôth revenant lui-même au bien <ref name="Doresse3"/> .


Les diverses divinités sont considérées comme perverses, liées au monde matériel, tel le [[Démiurge]] de la Bible. Les gnostiques n’emploient pas le terme « Dieu » pour désigner l’Être infini dont tout le monde supérieur émane<ref name="Doresse3"/> .
Diverses divinités considérées comme perverses, sont liées au monde matériel, tel le [[Démiurge]], le dieu créateur de la Bible. À noter que les gnostiques n’emploient pas le terme « Dieu » pour désigner l’Être suprême dont tout le monde supérieur émane<ref name="Doresse3"/>.


* '''La rédemption'''
* '''La Chute et la Rédemption de Sophia'''


L'éon ''Sophia'', la sagesse, a été prise d’égarement. Elle s’est prise d’amour pour le monde matériel, ou son reflet dans celui-ci. Elle y est descendue et s’y est enlisée.
Ainsi, [[Sophia]] est prise d’égarement, elle s’éprend d’amour pour la matière vers laquelle elle descend et où elle s’enlise. Une autre version dit que Sophia, emportée par sa vanité, voulait ressembler à l’Entité suprême en engendrant seule sans sa contrepartie masculine. S’ensuit l’apparition d’un être difforme, Ialdabaôth, que Sophia cacha sous un voile qui formera le ciel, limite entre les mondes supérieurs et le monde matériel. Sous ce voile, Ialdabaôth ignorait tout de la Lumière, ne disposant en son sein que d’une étincelle céleste héritée de sa mère. Sophia fut exilée du monde supérieur après sa faute. Du fond de l’abîme Ialdabaôth engendra la matière, il est le Démiurge. Il s’unit à sa propre Ignorance pour engendrer les archontes correspondant aux zodiaques et aux planètes. Des [[archange]]s et [[ange]]s leur sont associés. Le repentir de Sophia touche les puissances suprêmes qui la tirent de l’abîme et l’établissent aux abords inférieurs du monde de la Lumière, [[purgatoire]] où elle attendra d’être plus complètement relevée de sa déchéance.<ref name="Doresse4"/>
Une autre version dit que ''Sophia'', emportée par sa vanité, a voulu ressembler à l’Entité suprême en engendrant, seule et sans sa contrepartie masculine. S’est ensuivi l’apparition d’un être difforme, ''Ialdabaôth'', que ''Sophia'' a caché sous un voile qui a formé le ciel, limite entre le monde supérieur et un monde inférieur. Sous ce voile, ''Ialdabaôth'' ignorait tout de la Lumière et du monde supérieur, ne disposant en son sein que d’une étincelle céleste héritée de sa mère, elle-même exilée du monde supérieur après sa faute. Dans l’abîme ''Ialdabaôth'' a engendré la matière. Il est devenu le ''Démiurge''. Il s’est uni à l'éon ''Ignorance'' et a engendré les ''[[Archonte (gnose)|Archontes]]'', chacun étant lié à une [[constellation]] du [[zodiaque]] ou à une planète. Des [[archange]]s et des [[ange]]s leur ont été associés. Ensuite, le repentir de ''Sophia'' a touché des puissances supérieures qui l'ont tirée de l’Abîme et l'ont établie aux abords inférieurs du monde de la Lumière, au [[purgatoire]], où elle attendit d’être plus complètement relevée de sa déchéance<ref name="Doresse4"/>. ''Sophia'' est en effet responsable de l’erreur qui a abouti à sa chute vers la matière et son retour en tant qu'élément féminin à sa contrepartie masculine reste pour eux deux une condition indispensable à leur retour à la perfection céleste.


Le ''Principe Féminin'' a toujours un rôle important parmi les éons. Des figures féminines jouent des rôles prophétiques. Les gnostiques ne semblent pas tous considérer la femme comme inférieure à l’homme. Par exemple, l'[[Évangile de Marie-Madeleine]] accorde à la figure de celle-ci une place au moins aussi importante qu'aux apôtres<ref name="Doresse5"/>.
* ''' L'éternel féminin'''


=== Le destin de l'Humanité ===
Le principe féminin a un rôle important dans les éons, des figures féminines vont jouer des rôles prophétiques, les gnostiques ne semblent pas considérer la femme comme inférieure à l’homme. Mais le retour de l’élément féminin à sa contrepartie masculine reste une condition indispensable à l’accès à la perfection céleste, et Sophia est responsable de l’erreur qui a conduit la chute vers la matière.
Parmi les éons, il y a ''l’Homme primordial'', ainsi que le ''Fils de l’Homme primordial''. C’est à partir de son propre reflet que le ''Démiurge'' aidé de ses ''Archontes'' a décidé de fabriquer ''l’Homme primordial''. Le ''Pro-Père'', grâce à ses anges déguisés en autres ''Archontes'', a suggéré au ''Démiurge'' d’insuffler un esprit de Lumière dans l{{'}}''Adam''. La Lumière a ainsi été transmise à l’Humanité.
Par exemple, l'[[Évangile de Marie-Madeleine]] accordera à la figure de celle-ci une place au moins aussi importante qu'aux apôtres<ref name="Doresse5"/>.


De rage, les Archontes du Démiurge ont emprisonné Adam dans l'Éden, décrit comme un lieu terrible, mais dans lequel les puissances d’en-haut ont caché la Gnose et la Vie, dans le fruit défendu, et envoyé un Sauveur sous la forme d'un Serpent pour inciter Adam et [[Ève]] à s’emparer de ses secrets<ref name="Doresse5">Jean Doresse, « La Gnose, origines des sectes gnostiques », dans ''Histoire des Religions'', Tome 2, Gallimard, coll. « La Pléiade », 1972, {{p.|389-393}}.</ref>.
== La personne de Jésus ==
Malgré leurs différences, les évangiles canoniques décrivent Jésus comme un personnage historique et se présentent comme l'accomplissement des prophéties de l'Ancien Testament. Mais pour certains chrétiens gnostiques cette réalité paraissait secondaire par rapport à la signification qu'on lui prêtait.
L'Évangile de Thomas indique :
"Ses disciples lui dirent - Vingt-quatre prophètes ont parlé en Israël et ils ont tous parlé de toi. Et il leur dit: Vous avez délaissé celui qui est vivant en votre présence et vous avez parlé de ceux qui sont morts".


Les Archontes du Démiurge ont aussi installé en Adam un second esprit, le Contrefacteur, qui combat sans cesse ceux des mouvements de son Esprit qui sont tirés vers le haut. Le premier couple est expulsé de l'Éden par le Démiurge, furieux, qui souille Ève de sa lubricité et engendre [[Caïn]] et [[Abel]]. La vraie postérité d’Adam ne commence qu’avec [[Seth (Bible)|Seth]], dont seule la descendance, les Parfaits, est promise au Salut. Le Démiurge envoie le Déluge pour anéantir les Parfaits, mais Noé s’abrite avec les siens dans l’Arche et c’est finalement seulement la lignée née de l’union des Anges du Démiurge et des Filles de la Terre qui est anéantie<ref name="Doresse5"/>.
Pour le gnostique, la réalité apparaît secondaire par rapport à la signification qu'on lui prête<ref>Elaine Pagels, "Les évangiles secrets" page 185</ref>. Il n'y a donc pas d'autorité absolue dans le monde matériel, dans le royaume des ténèbres ou mondes des morts. La réalité est pour le gnostique le monde spirituel, le monde de la Vie, le divin. Ainsi on peut comprendre l'extrait de l'Évangile de Thomas qui précède ainsi:
* "Vingt-quatre prophètes ont parlé en Israël et ils ont tous parlé de toi" dans le sens "tous les prophètes annoncent la même bonne nouvelle : le chemin de l'éveil de l'esprit (Christ) en l'homme"
* "Vous avez délaissé celui qui est vivant en votre présence" dans le sens "Vous avez oublié l'étincelle d'esprit du monde divin qui gît en vous"
* "vous avez parlé de ceux qui sont morts" dans le sens "vous avez parlé de l'homme matériel, ceux qui sont voués à la mort, ce qui est poussière".


Les Archontes du pro père étant liés aux éléments de la voûte céleste et aux planètes, chaque partie de l’Homme, physique ou psychique, appartient souverainement à l'Archonte de la voûte céleste qui l’a façonné. Une âme descend dans le corps de chaque fœtus en traversant l’un après l’autre chacun des cieux, et, en fonction du moment de son passage, celle-ci reçoit telle ou telle disposition par laquelle l’individu restera soumis aux astres et aux planètes. Les Archontes insinuent aussi dans le fœtus l’esprit Contrefacteur destiné à contrarier les pulsions éventuelles de l'individu vers le Salut<ref name="Doresse5"/>.
De plus, il y a, chez ces gnostiques, une réflexion profonde sur la personnalité de celui qu'ils nomment le "Sauveur". Selon [[Madeleine Scopello]], le sauveur gnostique reste fondamentalement étranger au monde matériel. En effet, il est du monde spirituel, il est aussi appelé Christ.
On retrouve ainsi ce thème : Le Sauveur descend sur terre pour le salut des hommes et à son tour, il assume, pour un temps leur destinée. Non dans le but de donner un sens au monde à la souffrance ici-bas, mais pour délivrer les parcelles lumineuses qui s'y sont dévoyées.<ref>Madeleine Scopello "Les gnostiques", page 89 Éd du Cerf</ref>.


Le mélange de tous ces facteurs entraîne des degrés de perfections fort différents d'un individu à l'autre qui expliquent l'existence des trois grandes catégories de l’humanité (pneumatique, psychique ou hylique)<ref name="Doresse5"/>.
Le seul "sens au monde à la souffrance ici-bas" est de permettre par l'expérience, la libération de l'esprit endormi en l'homme.


=== Le destin de l'Homme ===
=== L’Eschatologie gnostique ===
Parmi les éons, il y a l’Homme (primordial, originel) ainsi que le Fils de l’Homme. C’est à partir de son reflet que le Démiurge et ses archontes décident de fabriquer l’homme, Adam. Le Père, grâce à ses anges déguisés en archontes, suggère au Démiurge d’insuffler son [[esprit]], la Lumière dont il s’était emparé, à [[Adam]]. La Lumière est ainsi passée à l’humanité. De rage, les archontes emprisonnent Adam dans l'Éden, vu comme un lieu terrible. Les puissances d’en-haut cachèrent la Gnose et la Vie dans le fruit défendu, et envoyèrent un Sauveur sous la forme du serpent pour inciter [[Adam]] et [[Ève]] à s’emparer de ces secrets<ref name="Doresse5">Jean Doresse, La Gnose, origines des sectes gnostiques dans Histoire des Religions, Tome2, La Pléiade, 1972, p.389-393</ref>.
Le Démiurge ne cesse d’envoyer contre les Parfaits des cataclysmes et des persécutions. Il faut réveiller les Élus en leur rappelant leurs origines célestes. Pour cela, des Sauveurs et des Prophètes sont envoyés d’en-haut pour dispenser confidentiellement leurs révélations. L’acte final du Salut de l’Humanité est la descente d’une Puissance de Lumière jusqu’au fond des Enfers<ref name="Doresse6">Jean Doresse, « La Gnose, origines des sectes gnostiques » dans ''Histoire des Religions'', Tome 2, Gallimard, coll. « La Pléiade », 1972, {{p.|393-397}}.</ref>


L'acte final du Salut de l'humanité, l'Oeuvre Salvatrice de la Descente de la Mère Céleste dans les Abîmes où l’Humanité est prisonnière rappelle le mythe de la descente d’[[Ishtar]] aux enfers. Dans celui-ci, Seth a eu une incarnation céleste, et des mages, dont [[Zoroastre]], sont les Prophètes gardiens de l’enseignement secret à Adam et Seth. La figure de la Mère Céleste est alors remplacée par celle de Seth puis celle-ci par celle du Christ Sauveur<ref name="Doresse6"/>.
Les archontes installent en Adam un second [[esprit]], le contrefacteur, qui va sans cesse combattre les mouvements de l'[[esprit]] tiré vers le haut. Le premier couple est expulsé de l'Éden par le Démiurge, furieux. Il souille Ève de sa lubricité, ce qui explique la génération d’Abel et Caïn. La vraie postérité d’Adam ne commence qu’avec Seth, dont seule la descendance, les parfaits, est promise au salut. Le Démiurge envoie le Déluge pour anéantir les parfaits, mais Noé s’abrite avec les siens dans l’Arche et au final c’est la race née de l’union des anges du Démiurge et des filles de la terre qui est anéantie<ref name="Doresse5"/> .


Annoncé par un signe des cieux, le Sauveur descend des cieux inférieurs d’abord déguisé en Archonte, puis revêtu de toute sa gloire. Les gnostiques répugnant à l’idée d’incarnation du Sauveur, celui-ci est le plus souvent incorporel. Dans certaines versions du mythe le Sauveur doit subir les conséquences humiliantes de l’incarnation pour transmettre son message à quelques élus avant de retourner au Ciel. Parfois il oublie sa mission et doit être lui-même sauvé (mythe du « Sauveur Sauvé »)<ref name="Doresse6"/>.
Les archontes sont liés à la voûte céleste, au mouvement des planètes. Chaque partie de l’homme, physique ou psychique, appartient souverainement à la puissance de la voûte céleste qui l’a façonnée. Dans ce corps assemblé descend une âme qui, traversant l’un après l’autre chacun des cieux des planètes, y reçoit, en fonction du moment de ce passage, telle ou telle disposition par laquelle l’individu restera soumis aux astres. Enfin, les puissances insinuent dans le fœtus l’esprit contrefacteur destiné à contrarier les pulsions éventuelles de l’homme vers le salut<ref name="Doresse5"/>.


L’Amnésie comme oubli de sa condition/destinée originelle est un thème spécifiquement gnostique. En se tournant vers la Matière, l’âme oublie sa propre identité. C’est la mort spirituelle. Le mythe du Sauveur Sauvé tourne autour de cette notion d’amnésie, qu’illustre l{{'}}''Hymne de la Perle'', dans les ''Actes de Thomas''.
Le mélange de tous ces facteurs entraîne des degrés de perfections fort différents qui expliquent les 3 grandes catégorisations de l’humanité (pneumatique, psychique ou hylique)<ref name="Doresse5"/>.


La découverte du principe transcendant à l’intérieur de soi-même constitue l’élément central de la religion gnostique. Cette (re)découverte, ''l’Anamnèse'', a lieu grâce à un messager divin et à la Gnose<ref name="Doresse6"/>.
=== L’eschatologie ===
Le Démiurge ne cesse d’envoyer contre les parfaits des cataclysmes et persécutions. Il faut éveiller les élus en leur rappelant leurs origines (racines) célestes. Pour cela, des sauveurs et des prophètes sont envoyés d’en-haut pour dispenser confidentiellement leurs révélations. L’acte final du salut de l’humanité est la descente d’une puissance de la Lumière jusqu’au fond des Enfers<ref name="Doresse6">Jean Doresse, "La Gnose, origines des sectes gnostiques dans Histoire des Religions", Tome2, La Pléiade, 1972, p.393-397</ref>


L'Oubli est bien illustré quand le Messie dit sur la croix: « Mon peuple se perd faute de connaissance » ( [[Livre d'Osée|Osée 4v6]]).
L’œuvre salvatrice est associée à la descente de la Mère Céleste dans les abîmes où l’humanité est prisonnière, mythe remontant à la descente d’Ishtar aux Enfers. Seth aurait eu une incarnation céleste, et les mages (Zoroastre, etc.) sont les prophètes gardiens de l’enseignement secret de Adam et Seth. La figure de la Mère sera remplacée par celles de Seth puis du Christ<ref name="Doresse6"/>.


Le symbole du Sommeil est également utilisé dans les mythes gnostiques. C’est un symbole archaïque universellement répandu dans les récits de quêtes d’initiation, le réveil signifiant le retour au point de départ, à l'origine. Ne plus être endormi c'est pouvoir s'adresser à l'étincelle d'esprit qui gît en soi. Être « réveillé », c'est non seulement être pleinement conscient mais vivre selon l'esprit, ce qui veut dire : être dans le monde de l’esprit.
Annoncé par un signe des cieux, le Sauveur va descendre, d’abord déguisé en archonte des cieux inférieurs, puis revêtu de toute sa gloire. Les gnostiques répugnant à l’idée d’incarnation, le Sauveur est incorporel. Dans certaines versions du mythe le Sauveur doit subir les conséquences humiliantes de l’incarnation pour transmettre son message à quelques élus avant de retourner au Ciel. Parfois il oublie sa mission et doit être lui-même sauvé (mythe du « Sauveur sauvé »)<ref name="Doresse6"/>.


L'état de mort est souvent évoqué par les gnostiques dans le même sens que le sommeil. (Dans le Bouddhisme le sommeil est aussi appelé la petite mort.)
L’amnésie, l'oubli de la condition originale est une image spécifiquement gnostique. En se tournant vers la Matière, l’âme oublie sa propre identité. C’est la mort spirituelle. Le mythe du Sauveur Sauvé tourne autour de cette notion d’amnésie, qu’illustre l'Hymne de la Perle, dans les Actes de Thomas. La découverte du principe transcendant à l’intérieur de Soi-même constitue l’élément central de la religion gnostique. Cette redécouverte, l’anamnèse, est obtenue grâce à un messager divin et grâce à la gnose<ref name="Doresse6"/>.
Dans les Évangiles, l'aspect de l'oubli est bien éclairé quand Jésus sur la croix dit: "Mon peuple se perd faute de connaissance".


Dans l'[[Évangile de Luc]], chapitre 3 versets 31-40, Jésus, dans une parabole, rappelle à tout homme qu'il doit rester éveillé et prêt à l'avènement du Fils de l'homme.
Le symbole du sommeil est également utilisé dans ces mythes. C’est un symbole archaïque universellement répandu dans la quête de l’initiation, signifiant le retour au point de départ, à l'origine. Ne pas être endormi c'est s'adresser à l'étincelle d'esprit qui git en l'homme. Être « éveillé », c'est être non seulement pleinement conscient mais vivant selon l'esprit, ce qui veut dire : être présent au monde de l’[[esprit]].
L'état de mort est souvent utilisé par les gnostiques dans le même sens que sommeil. D'ailleurs dans le Bouddhisme le sommeil est appelé aussi la petite mort.
Dans l'[[Évangile de Luc]], chapitre 3 versets 31-40, Jésus, dans une parabole, rappelle a tout homme qu'il doit rester éveillé et prêt à l'avènement du Fils de l'homme.


Finalement, le rédempteur remontera aux Cieux, occasion d’un bouleversement céleste qui fixera les archontes aux planètes, traversant la voûte céleste à l’endroit d’un X gigantesque considéré comme la Croix céleste. Ce phénomène de la crucifixion sur le X céleste est déjà attesté à Rome au moment de l’avènement du règne d’Auguste, à qui on attribue déjà l’abolition de la Fatalité astrale <ref name="Doresse6"/>.
Finalement, le Rédempteur remonte aux Cieux en traversant la première voûte céleste à l’endroit d’un X gigantesque considéré comme étant une Croix céleste et cela est l'occasion d’un bouleversement céleste et du détachement des Archontes de leurs astres ou planètes . Ce rapprochement entre la crucifixion est le X céleste est déjà attesté à Rome au moment de l’avènement d’Auguste, et il est déjà le symbole de l’abolition de la Fatalité astrale<ref name="Doresse6"/>.


Les gnostiques se croyaient presque parvenus à la fin des temps. Les livres prétendument gardés secrets venaient d’être ressortis de leurs cachettes. Pour les Parfaits, l’enseignement portait sur les mystères de la descente et de l’ascension du Sauveur/Christ à travers les 7 cieux habités par les anges, et sur l’eschatologie individuelle, c'est-à-dire l’itinéraire mystique de l’âme après la mort. Cette tradition fait écho à l’ésotérisme (juif et d’ailleurs), à l’ascension de l’âme et aux secrets du monde céleste<ref name="Doresse6"/>.
Les gnostiques pensaient la Fin des Temps proches. Des livres prétendument gardés secrets étaient présentés comme venant d’être ressortis de leurs cachettes. Pour les Parfaits, l’enseignement portait sur les mystères de la descente puis de l’ascension du Sauveur/Christ à travers les sept cieux habités par les Anges, et sur l’eschatologie individuelle, c'est-à-dire l’itinéraire mystique de l’âme de chacun après sa mort. Cela faisait écho, dans l’ésotérisme juif et d’ailleurs, à l’ascension de l’âme et à son accès aux secrets du monde céleste<ref name="Doresse6"/>.


=== L’âme après la mort ===
=== L’âme après la mort ===
Un certain nombre de mouvements gnostiques, [[christianisme|chrétiens]] et non-chrétiens, ont accepté la doctrine de la [[réincarnation]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Norman C. McClelland|titre=Encyclopedia of Reincarnation and Karma|éditeur=McFarland|année=2010|passage=100|isbn=|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=S_Leq4U5ihkC}}</ref>.
L’homme est asservi aux puissances des cieux visibles qui l’ont façonné. Les gnostiques pensent pouvoir réduire leur puissance en employant des conjurations contenant les noms secrets de ces puissances. Ils mettent également en place des rites pour échapper aux égarements de "l’esprit contrefacteur". Au moment de la mort, un élu muni de tous les sacrements de la gnose fait son ascension à travers les cieux sans retour : il présente les sceaux aux gardiens pour que les portes lui soient ouvertes. Des autres, les moins souillés sont purifiés dans les purgatoires des espaces célestes, montant parfois d’une sphère à l’autre lors d’une conjonction astrale. Mais bien des malheureux sont rejetés vers le bas, tourmentés en Enfer, avant d’être soumis à l’oubli de leur vie précédente et rejetés dans de nouveaux corps<ref>Jean Doresse, "La Gnose, origines des sectes gnostiques dans Histoire des Religions", Tome2, La Pléiade, 1972, p.397-399</ref>


L’individu étant supposé asservi aux puissances des cieux qui l’ont façonné, les gnostiques pensaient pouvoir réduire le pouvoir de celles-ci en employant des conjurations contenant les noms secrets de ces puissances. Ils mettaient également en place des rites pour échapper aux égarements de l’esprit Contrefacteur. Au moment de leur mort, selon eux, les âmes des Élus munis de tous les sacrements gnostiques faisaient leur ascension à travers les cieux, sans retour. Elles présentaient les sceaux aux gardiens et les portes leur étaient ouvertes.
=== La morale ===
Les gnostiques, voyant le corps charnel asservi dans ses actes et ses passions à la souveraineté des planètes, ou encore se croyant pourvus d'une grâce d'en-haut qui délivre des actes ici-bas, n'ont pas de notions de moralité individuelle très strictes.


Des âmes des autres humains, celles des moins souillés seraient purifiés dans les Purgatoires des espaces célestes, montant parfois d’une sphère (d'un ciel) à l’autre lors d’une conjonction astrale.
La gnose peut donc aussi bien conduire à un ascétisme rigoureux qu'à de curieuses immoralités, avec la volonté de contredire en tout la loi biblique. La chair appartenant à la matière et ne sachant participer au Salut, peu importe qu'elle fût souillée. Les pratiques licencieuses de certains groupes gnostiques sont réprouvées par d’autres groupes gnostiques comme par les réfutateurs chrétiens.


Mais les âmes de bien des malheureux seraient rejetées vers le bas pour être tourmentées en Enfer, avant d’être soumises à l’Oubli de leur vie précédente et rejetées dans de nouveaux corps<ref>Jean Doresse, « La Gnose, origines des sectes gnostiques » dans ''Histoire des Religions'', Tome 2, coll. « La Pléiade », 1972, {{p.|397-399}}.</ref>.
Enfin l'héritage de certains mystères grecs (par exemple chez les Naassènes) put être à l'origine de comportements immoraux en leur donnant une valeur mystique.


=== La hiérarchie et les rites ===
=== La morale gnostique ===
Les gnostiques pensant le corps charnel asservi dans ses actes et ses passions à la souveraineté des planètes et des astres estimaient que l'Homme était par ailleurs pourvu d'une grâce capable de le délivrer des conséquences de ses actes, et n'avaient pas nécessairement de notions de moralité individuelle très strictes.
Il y aurait eu '''trois grades''' : les « commençants », les « progressants » et les « parfaits ». L’enseignement ésotérique aux fidèles portait sur le symbolisme du baptême, de l’eucharistie, de la Croix, sur les Archanges et sur l’interprétation de l’Apocalypse. L'enseignement gnostique était secret dans le sens qu'il se transmettait de manière oral. Pour éviter d'être repérée, la Gnose se dissimulait, évitant d'imposer des manières de vivre voyantes. On connaît mal l'organisation interne des sectes. Des témoins anciens, seul [[Épiphane]] a essayé de pénétrer la vie des sectes<ref name="Doresse7">Jean Doresse, "La Gnose, origines des sectes gnostiques dans Histoire des Religions", Tome2, La Pléïade, 1972, p.400-402 </ref>


La gnose pouvait donc aussi bien conduire à un [[Ascèse|ascétisme]] rigoureux qu'à certaines libéralités, (en opposition volontaire avec certaines lois bibliques). La chair appartenant à la matière, qui était pour eux d'origine spirituelle, une certaine sexualité n'était pas réprouvée, bien au contraire. Les pratiques licencieuses de certains groupes gnostiques, réprouvées par leurs opposants chrétiens, n'étaient cependant pas nécessairement suivies par tous les groupes gnostiques.
Les '''parfaits''' sont voués au respect de tous les préceptes de la Gnose et leur identité première s'efface devant quelque surnom mystique. Les simples fidèles continuaient leur existences impures en subvenant aux besoins des élus. Les premiers fondateurs, et parfois leurs successeurs, s’étaient présentés comme des prophètes ou des incarnations de puissances célestes. À des fins de propagande, les gnostiques se présentaient d'abord aux chrétiens comme leurs frères, ne dévoilant que les croyances les plus proches, puis en posant des questions ébranlant l'interlocuteur. De même, ils travestissaient certains de leurs textes en leur donnant une apparence plus orthodoxe<ref name="Doresse7"/> .


Enfin, certains [[culte à mystère|cultes à mystère grecs]] pouvaient être à l'origine de comportements érotiques à valeur sacramentelle particulière, destinés par exemple à célébrer l'union avec Sophia-[[Gaïa]], comme chez les Naassènes,<ref>Jean Doresse, La Gnose, origines des sectes gnostiques dans Histoire des Religions, Tome2, La Pléïade, 1972, p.399-400</ref>.
Enfin, tout comme le christianisme se répand par la [[thaumaturgie]], la gnose attire par la magie et l'astrologie, très répandue au début de l’ère chrétienne, qui tiennent une place très importante dans leurs écrits<ref name="Doresse7"/>.


=== Hiérarchie et rites gnostiques ===
Les rites étaient divers. Les uns individuels, les autres collectifs, destinés aux divers échelons des initiés, et donc plus ou moins secrets. Il s'agissait principalement de baptêmes, d'onctions, d'impositions des mains, de communions, d'agapes et d'unions spirituelles plus ou moins symboliques. Dans certains groupes, la frontière entre la Gnose et les magies gréco-orientales est très perméable<ref>Jean Doresse, "La Gnose, origines des sectes gnostiques dans Histoire des Religions", Tome2, La Pléiade, 1972, p.402-406</ref>.
Il y aurait eu '''trois grades''' chez les gnostiques : les « Commençants », les « Progressants » et les « Parfaits ». L'enseignement ésotérique aux fidèles gnostiques portait sur les symbolismes du Baptême, de l’Eucharistie, de la Croix, sur les Archanges et sur l’interprétation de l’Apocalypse. L'enseignement gnostique était secret dans la mesure où il était fait de manière orale. Par ailleurs, pour éviter d'être repérés par leurs détracteurs, les fidèles des sectes gnostiques dissimulaient leur appartenance à celles-ci et évitaient des manières de vivre voyantes. On connaît mal l'organisation interne des sectes gnostiques. Des témoins anciens, seul [[Épiphane de Salamine|Épiphane]] a essayé de pénétrer leur vie<ref name="Doresse7">Jean Doresse, « La Gnose, origines des sectes gnostiques », dans ''Histoire des Religions'', Tome 2, Gallimard, coll. « La Pléiade », 1972, {{p.|400-402}}.</ref>.


Les '''Parfaits''' étaient voués au respect de tous les préceptes de la Gnose et leur identité était effacée par quelque surnom à connotation mystique. Les simples Fidèles continuaient leurs existences impures en subvenant aux besoins des Élus. Les fondateurs de sectes, et parfois leurs successeurs, étaient présentés comme des Prophètes ou des incarnations de Puissances célestes. À des fins de conciliation, les gnostiques se présentaient aux chrétiens d'abord comme semblables à eux, ne mettant en avant que celles de leurs doctrines qui étaient les plus proches des leurs, puis leur posaient des questions destinées à les ébranler. De même, ils modifiaient certains de leurs textes pour leur donner une apparence plus orthodoxe<ref name="Doresse7"/>.
== Les maîtres gnostiques ==


Enfin, tout comme le christianisme se répandait par la [[thaumaturgie]], la gnose attirait par la magie et l'astrologie, lesquelles étaient très répandues au début de l’ère chrétienne et tiennent une place très importante dans les écrits gnostiques<ref name="Doresse7"/>.
Simon et Dosithée étaient des gnostiques qui officiaient en [[Samarie]].


Les rites étaient divers. Les uns individuels, les autres collectifs, destinés aux divers échelons des initiés, et donc plus ou moins secrets. Il s'agissait principalement de baptêmes, d'onctions, d'impositions des mains, de communions, d'[[agapes]] et d'unions spirituelles plus ou moins symboliques. Dans certains groupes, la frontière entre la Gnose et les magies gréco-orientales était très perméable<ref>Jean Doresse, « La Gnose, origines des sectes gnostiques » dans ''Histoire des Religions'', Tome 2, Gallimard, coll. « La Pléiade », 1972, {{p.|402-406}}.</ref>.
Ménandre, disciple de Simon, introduisit le gnosticisme à [[Antioche]]. Son héritier, Satornil, fut actif à Antioche de 100 à 130. À Antioche, également, Nicolas le diacre.


== Antécédents et survivances du Gnosticisme ==
Cérinthe, un judéo-chrétien contemporain de Jean, voit Jésus comme le fils de Joseph et de Marie. Jésus reçut en lui le Christ, mais plus tard. Cérinthe s’établit ensuite à Alexandrie. Là, Carpocrate proclama une théorie analogue concernant Jésus.
{{Section à sourcer|date=avril 2018}}
Le [[dualisme (religion)|dualisme]] n'est pas une spécificité des gnostiques des premiers siècles mais se retrouve dans le [[zoroastrisme]], bien antérieur, et dans de nombreux [[Culte à mystères|cultes à mystères]] autour du bassin méditerranéen. L'idée gnostique est présente au sein de la [[Kabbale]]<ref>Ioan P. Couliano, ''Où en est la question du dualisme ?''</ref>.


En Iran, le prophète [[Mani (prophète)|Mani]] opère une vaste synthèse de nombreux enseignements gnostiques, connue sous le terme [[Manichéisme (religion)|Manichéisme]], et [[Audi (Gnose)|Audi]] est un chrétien qui se sépare de l’Église après [[Premier concile de Nicée|Nicée]]. On trouve aussi des « kantéens ».
À [[Alexandrie]] on retrouve Basilide (disciple de Ménandre), Carpocrate et Valentin. Ce dernier se rendit ensuite à Rome.


De l’[[Moyen-Orient|Orient]], le gnosticisme pourrait s'être étendu jusqu’à la [[Chine]]<ref name="Doresse1" />.
=== Simon le Magicien ===
{{Article détaillé|Simon le Magicien|Simonisme}}
Il est vu comme le premier hérétique et l’ancêtre de toutes les hérésies. Ses disciples sont devenus gnostiques après la catastrophe de 70 (la destruction du Temple de Jérusalem), formant la secte des séthiens (?).


Certains chercheurs de la première moitié du {{S-|XX}} ont avancé que des idées gnostiques ont circulé parmi les [[bogomilisme|bogomiles]] et les [[catharisme|cathares]] du [[Moyen Âge]], sans qu'on sache si celles-ci descendent de celles de groupes gnostiques ayant survécu depuis l'Antiquité, ou s'il s'agit de résurgences suscitées par la transmission d’écrits gnostiques chrétiens<ref>voir notamment les hypothèses de [[Paul Alphandéry]], [[Steven Runciman]], [[Émile Puech]] ou encore le suédois [[Hans Söderberg]] ; cf. {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Pilar|nom1=Jiménez-Sanchez|titre=Les catharismes : Modèles dissidents du christianisme médiéval ({{sp-|XII|-|XIII}}s)|éditeur=Presses universitaires de Rennes|année=2015|pages totales=456|passage=48-49|isbn=978-2-7535-3118-5|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=Jz8RCwAAQBAJ&printsec=frontcover}}</ref>.
Il était adoré comme le « premier Dieu », et sa compagne Hélène, découverte par Simon dans un bordel de Tyr, était considérée comme la dernière et la plus déchue incarnation de la « Pensée » de Dieu. Rachetée par Simon, elle est devenue le moyen de la rédemption universelle. L’union du magicien et de la prostituée assure le salut universel, car cette union est en réalité la réunion de Dieu et de la Sagesse divine.


On trouve des traces de pensée gnostique chez les [[ranter]]s, le [[Libre-Esprit]] et divers mouvements [[millénarisme|millénaristes]]<ref>Jean Doresse, « La Gnose, origines des sectes gnostiques » dans ''Histoire des Religions'', Tome 2, coll. « La Pléiade », 1972, {{p.|417-421}}.</ref>.
Selon la légende, Simon annonça à Rome son ascension au Ciel, mais la prière de l’apôtre Pierre le fit retomber lamentablement.

=== Basilide ===
{{loupe|Basilide}}
Basilide exerça son activité de 125 à 155 à Alexandrie. Il fut un des premiers maîtres gnostiques. Il écrivit 24 livres d’exégèse de l’Écriture, synthèse des doctrines enseignées par les disciples de Simon le Magicien. Mais c’est surtout par ses observations critiques qu’on connaît ses idées, reprises par son disciple et fils Isidore, puis par toute une école théologique.

Il professait la transcendance absolue de Dieu, de qui la Pensée, puis la Parole, puis la Prudence, la Sagesse et la Force avaient émané. De là étaient sortis les anges et les puissances constituant le premier ciel, puis les 365 cieux qui séparaient Dieu du groupe des anges les plus modestes, lesquels avaient créé le monde et s’étaient réparti entre eux les peuples.

Yahvé, le Dieu paléo-testamentaire, était un personnage querelleur et autoritaire qui avait semé le désordre et dont le peuple était constamment agressif. Dieu intervint alors en envoyant dans le monde sa Pensée comme Christ.

À tous les niveaux, sauf le plus élevé, l’ignorance conduisait chacun des êtres célestes intermédiaires à se prendre pour le Dieu Suprême.

Le salut était apporté par la Connaissance (''Gnôsis'') révélée par le Christ et les maîtres inspirés. Avec cette gnose, le Mal était surmonté puisqu’il n’était que l’œuvre du méchant Yahvé. La souffrance des justes était vue comme une expiation pour les péchés de chacun des croyants.

=== Valentin ===
{{loupe|Valentin (gnostique)}}
Il fut le plus important des maîtres gnostiques. Il naquit en Égypte et fut éduqué à Alexandrie. Il enseigna à Rome entre 135 et 160. L'[[Évangile de vérité]], ainsi que d’autres textes découvert à [[Nag Hammadi]], se rattachent à l’école valentinienne.

D’entre les grands gnostiques, il n’y a guère que les valentiniens qui, lorsqu’ils se réfèrent aux enseignements chrétiens, le fassent d’après les évangiles canoniques.

Le Père, premier principe absolu et transcendant, est invisible et incompréhensible. Il s’unit à sa compagne, la Pensée (Ennoia) et engendre les 15 couples des éons, formant le Plérôme. Le dernier des éons, Sophia, veut connaître le Père et provoque une crise qui entraînera l’apparition du mal et des passions. Sophia et ses créations sont rejetées, produisant une sagesse inférieure.

En haut, un nouveau couple est créé, le Christ et son partenaire féminin le [[Saint-Esprit]]. Le Plérôme, de nouveau pur, engendre le Sauveur Jésus. En descendant dans les régions inférieures, le Sauveur mélange la matière, provenant de la sagesse inférieure (hylique), avec les éléments psychiques, engendrant le Démiurge, le dieu de la Genèse, qui se croit seul Dieu. Celui-ci crée le monde et le peuple de deux catégories d’hommes, les hyliques et les psychiques. Mais des éléments venant de la Sophia supérieure s’introduisent dans le souffle du Démiurge, donnant naissance aux pneumatiques. Le Christ descend alors sur Terre pour révéler la connaissance libératrice. Les pneumatiques, réveillés par la gnose, remonteront vers le Père.

La rédemption du dernier pneumatique sera accompagnée par l’anéantissement du Monde, de la Matière.

La Matière a une origine spirituelle, c’est un état, une « expression externe solidifiée » de l’Être absolu. L’ignorance (l’aveuglement de Sophia) est la cause première de l’existence du Monde. La connaissance constitue la condition originelle de l’Absolu.

=== Marcion ===
{{Article détaillé|Marcion}}
Marcion (v.[[85]]- v.[[160]]) est un personnage capital du christianisme primitif mais c'est aussi le premier grand ''[[hérétique]]''<ref>[http://ermitage.ouvaton.org/spip.php?article759 Mordillat et Prieur, ''L’Origine du christianisme. Rompre avec le Judaïsme'', transcription sur le Bulletin de l’Ermitage]</ref>. [[Marcion]] est né dans une famille chrétienne du [[Royaume du Pont]]. C’est un représentant typique des élites chrétiennes non juives. Son père, riche armateur, fut [[épiscope (christianisme)|épiscope]] de [[Sinope]]. Il part en [[Asie Mineure]] avant de se rendre à Rome vers [[135]] où il est le premier à amener les [[Paul de Tarse#Les Épîtres pauliniennes|lettres de Paul]] inconnues auparavant. Il devint membre influent de l’[[Église (institution)|Église]] de Rome en lui faisant une importante donation avant d'être excommunié par celle-ci pour ses positions. Ce rejet est sans influence en [[Bithynie]] où il s'en retourne reprendre la charge sacerdotale de son père<ref>[[Adolf von Harnack]], ''Marcion. L'Évangile du Dieu étranger'', éd. du Cerf, Paris, 2005</ref>

Il publia les [[Antithèse]]s, où il dit que le Dieu de Jésus n’a rien à voir avec le Créateur de l’[[Ancien Testament]], divinité ignorante, brutale et matérialiste. Il rejette les anciennes Écritures, ne gardant qu’une sélection des nouveaux écrits<ref>Voir [http://ermitage.ouvaton.org/spip.php?article759 Mordillat et Prieur, op.cit.]</ref> . Exclu de l’Église de Rome en [[144]], il se lance dans des campagnes missionnaires, fonde de nombreuses églises où l’on pratiquait une morale très austère, comportant la renonciation à la sexualité et à la vie de famille, tout en se préparant au martyre. Son Église qui s’étend « à tout le monde habité » rivalisera longtemps avec la ''Grande Église'' avant de disparaître vers le {{IXe siècle}}.<ref>[[Adolf von Harnack]], ibid.</ref>

Du fait que [[Marcion]] retenait certains textes chrétiens du [[Nouveau Testament]] considérés ultérieurement comme [[canonique]]s, bien des critiques refuseront de considérer [[Marcion]] comme un gnostique. [[Adolf von Harnack]] en fait une des figures les plus importantes de l’histoire de l’Église entre [[Paul de Tarse]] et [[Augustin d'Hippone]].

[[Marcion]] partage l’essentiel du [[dualisme]] gnostique, sans inclure les implications apocalyptiques. Il oppose la Loi et la Justice, instituées par le ''Dieu Créateur'' de l’[[Ancien Testament]], [[Yahvé]], à l’Amour et à l’[[Évangile]], révélés par le ''Dieu Bon'' à travers Jésus. Par la prédication de Jésus, le ''Démiurge'' apprend l’existence du ''Dieu Transcendant'', et il se venge en livrant Jésus à ses persécuteurs. Par son sacrifice, Jésus rachète l’humanité au ''Dieu Créateur''. Mais les fidèles continueront d’être persécutés jusqu’à la fin des temps, lorsque le ''Dieu Bon'' se fera connaître, qu’il les recevra dans son royaume, et qu’il anéantira la Matière et le ''Créateur/Démiurge''.


== Bibliographie ==
== Bibliographie ==
=== Textes ===
=== Textes ===
* ''Lettre de Ptolémée à Flora'' (II° s.), trad., Cerf, coll. "Sources chrétiennes", 1966.
* ''Lettre de Ptolémée à Flora'' ({{s-|II}}), trad., Cerf, coll. « Sources chrétiennes », 1966.
* ''Pistis Sophia'' (vers 330), trad. du copte E. Aménineau (1895), Archè, Milan, 1975.
* ''[[Pistis Sophia]]'' (vers 330), trad. du copte E. Aménineau (1895), Archè, Milan, 1975.
* Jean-Pierre Mahé et Paul-Hubert Poirier : ''Écrits gnostiques. La bibliothèque de Nag Hammadi'', Gallimard, coll. "Bibliothèque de la Pléiade", 1830 p., 2007. 48 traités : ''Prière de l’apôtre Paul, Épître apocryphe de Jacques, '''Évangile de la vérité''', Traité sur la résurrection, Traité tripartite, Livre des secrets de Jean, '''Évangile selon Thomas''', Évangile selon Philippe, L’Hypostase des archontes, Écrit sans titre, Exégèse de l’âme, Livre de Thomas, Livre sacré du Grand Esprit invisible, Eugnoste, La Sagesse de Jésus Christ, Dialogue du Sauveur, Apocalypse de Paul, Apocalypses de Jacques, Apocalypse d’Adam, Actes de Pierre et des douze apôtres, Le Tonnerre, Intellect parfait, Enseignement d’autorité, L’Entendement de notre Grande Puissance, Extrait de « La République » de Platon, L’Ogdoade et l’Ennéade, Prière d’action de grâces, Extrait du « Discours parfait », Paraphrase de Sem, Deuxième traité du Grand Seth, Apocalypse de Pierre, Enseignements de Silvanos, Les Trois Stèles de Seth, Zostrien, Lettre de Pierre à Philippe, Melchisédek, Noréa, Témoignage véritable, Marsanès, Interprétation de la gnose, Exposé du mythe valentinien, Allogène, Hypsiphroné, Sentences de Sextus, Fragments de traités, La Pensée Première à la triple forme, Évangile selon Marie, Acte de Pierre''.
* Jean-Pierre Mahé et Paul-Hubert Poirier : ''Écrits gnostiques. La bibliothèque de Nag Hammadi'', Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1830 p., 2007. 48 traités : ''[[Prière de Paul|Prière de l’apôtre Paul]], Épître apocryphe de Jacques, [[Évangile de la vérité]], Traité sur la résurrection, Traité tripartite, [[Livre des secrets de Jean]], [[Évangile selon Thomas]], [[Évangile selon Philippe]], L’Hypostase des archontes, Écrit sans titre, [[Exégèse de l'âme|Exégèse de l’âme]], [[Livre de Thomas]], [[Livre sacré du Grand Esprit invisible]], [[Eugnoste le Bienheureux|Eugnoste]], La Sagesse de Jésus-Christ, [[Dialogue du Sauveur]], [[Apocalypse de Paul]], Apocalypses de Jacques, [[Apocalypse d'Adam|Apocalypse d’Adam]], [[Actes de Pierre|Actes de Pierre et des douze apôtres]], [[Le tonnerre, intellect parfait|Le Tonnerre, Intellect parfait]], Enseignement d’autorité, L’Entendement de notre Grande Puissance, Extrait de « La République » de Platon, L’Ogdoade et l’Ennéade, Prière d’action de grâces, Extrait du « Discours parfait », [[Paraphrase de Sem]], Deuxième traité du Grand Seth, [[Apocalypse de Pierre]], Enseignements de Silvanos, Les Trois Stèles de Seth, Zostrien, Lettre de Pierre à Philippe, Melchisédek, Noréa, Témoignage véritable, Marsanès, Interprétation de la gnose, Exposé du mythe valentinien, Allogène, Hypsiphroné, Sentences de [[Sextus le Pythagoricien|Sextus]], Fragments de traités, La Pensée Première à la triple forme, [[Évangile de Marie|Évangile selon Marie]], [[Actes de Pierre]]''.
* ''Écrits gnostiques. Codex de Berlin'', trad. Michel Tardieu, Paris, Éditions du Cerf, 1984, 518 p. Y Figurent : ''Évangile selon Marie'' (fin II° s.), ''Livre des secrets, de Jean'' (vers 170).
* ''Écrits gnostiques. Codex de Berlin'', trad. Michel Tardieu, Paris, Éditions du Cerf, 1984, 518 p. Y Figurent : ''[[Évangile de Marie|Évangile selon Marie]]'' ([[Marie de Magdala|Marie-Madeleine]]) (fin {{s-|II}}), ''[[Livre des secrets de Jean]]'' (vers 170).

=== Sources patrologiques ===
=== Sources patrologiques ===
* [[Irénée de Lyon]], ''Contre les hérésies'' (188), Cerf, 1991, 749 p.
* [[Irénée de Lyon]], ''Contre les hérésies'' (188), Cerf, 1991, 749 p.
* [[Tertullien]], ''Contre les Valentiniens'' (212), Cerf, 1980, 2 t.
* [[Tertullien]], ''Contre les Valentiniens'' (212), Cerf, 1980, {{unité|2|t}}.
* [[Hippolyte de Rome]], ''Philosophoumena, ou Réfutation de toutes les hérésies'' (vers 230), Archè, Milan, 1988, 249 p.
* [[Hippolyte de Rome]], ''{{Lien|langue=en|trad=Refutation of All Heresies|fr=Philosophoumena}}, ou {{Lien|langue=en|trad=Refutation of All Heresies|fr=Philosophoumena|texte=Réfutation de toutes les hérésies}}'' (vers 230), Archè, Milan, 1988, 249 p. ; Beya, Grez-Doiceau, 2019, 394 p.
* [[Épiphane de Salamine]], ''Panarion. Pharmacie contre toutes les hérésies'' (374-378), non traduit.
* [[Épiphane de Salamine]], ''Panarion. Pharmacie contre toutes les hérésies'' (374-378). Édition par Karl Holl, Panarion, Leipzig, J. C. Heinrichs, 1915-1933, t. 2 et 3. Traduction anglaise : ''The Panarion of Epiphanius of Salamis'', par Frank Williams, Leyde, Brill, 1987-1994, 2 vol., XXX-359, XVIII-677 p.


=== Études générales ===
=== Études générales ===
(par ordre alphabétique)
(par ordre alphabétique)
* [[Jean Borella]], ''Problèmes de gnose'', l'Harmattan, 2007
* Jean Doresse, article « Le gnosticisme » dans ''Histoire des religions'', Gallimard, coll. Folio essais
* [[Mircéa Eliade]], ''Histoire des religions et idées religieuses'', Bibliothèque historique Payot
* Jean Doresse, article « Le gnosticisme » dans ''Histoire des religions'', Gallimard, coll. « Folio essais » 1972.
* [[Mircea Eliade]], ''Histoire des religions et idées religieuses'', t. II : ''De Gautama Bouddha au triomphe du christianisme'', Payot, 1978, {{p.|353}} sq.
* Serge Hutin, ''Les gnostiques'', PUF, coll. "Que sais-je ?"
* [[Hans Jonas]], ''La Religion gnostique. Le message du Dieu étranger et les débuts du christianisme'' (1954), trad. L. Evrard, Flammarion, Paris, 1978.
* [[Jacques Lacarrière (écrivain)|Jacques Lacarrière]], ''Les Gnostiques'', Collection Idées, Gallimard 1964 ;
* [[Hans Jonas]], ''La gnose et l'esprit de l'Antiquité tardive. Histoire et méthodologie de la recherche'' (1934), trad. et prés. N. Frogneux, Mimesis, Milan, 2017.
* Hans Leisegang, ''La Gnose'', Collection Petite bibliothèque Payot, 1951
* [[Wolfgang Kosack]]: ''Geschichte der Gnosis in Antike, Urchristentum und Islam.'' Texte, Bilder, Dokumente. 525 Seiten. Verlag Christoph Brunner, Basel 2014. {{ISBN|978-3-906206-06-6}} [http://d-nb.info/1052235077]
* [[Madeleine Scopello]], ''Les Gnostiques'', Paris, Cerf, « Fides ».
* [[Serge Hutin]], ''Les gnostiques'', PUF, coll. « Que sais-je ? », 1958
* Michel Tardieu, « Gnostiques » dans ''Dictionnaire de l'histoire du christianisme'', Paris, Albin Michel, 2000, pp. 453 et 463-474.
* [[Jacques Lacarrière (écrivain)|Jacques Lacarrière]], ''Les Gnostiques'', Gallimard, collection « Idées », 1964.
* Bentley Layton, ''The Gnostic Sciptures'', New York, Doubleday, 1987.
* [[Hans Leisegang]], ''La Gnose'' (1924), trad. Payot, collection « Petite bibliothèque », 1951.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Paul|nom1=Mattei|lien auteur1=Paul Mattéi|titre=Le christianisme antique de Jésus à Constantin|lieu=Paris|éditeur=[[Armand Colin]]|année=2008|pages totales=318|isbn=978-2-200-35123-6}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Simon Claude|nom1=Mimouni|lien auteur1=Simon Claude Mimouni|prénom2=Pierre|nom2=Maraval|lien auteur2=Pierre Maraval (historien)|titre=Le christianisme des origines à Constantin|lieu=Paris|éditeur=[[Presses universitaires de France]]|collection=Nouvelle Clio|année=2007|pages totales=528|isbn=978-2-13-052877-7}}.
* [[Madeleine Scopello]], ''Les Gnostiques'', Cerf, coll. « Fides », 1991.
* Michel Tardieu, « Gnostiques » dans ''Dictionnaire de l'histoire du christianisme'', Paris, Albin Michel, 2000, {{p.}}453 et 463-474.


=== Études spécialisées ===
=== Études spécialisées ===
* Alfaric, Prosper, ''Gnostiques et gnosticisme''; Revue de l' Histoire des religions, t. 93, P. 108-115 Paris, Ernest Leroux, 1926 .
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* Assaraf, Albert, ''L'Hérétique, Elicha ben Abouya ou l'autre absolu'', Paris, Balland, 1991.
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* Brakke, David, ''The Gnostics : myth, ritual, and diversity in early Christianity.'' Harvard University Press, 2010. Edition française : Les gnostiques : ''Mythe, rituel et diversité au temps du christianisme primitif'' Traduit de l’anglais par Marie Chuvin. Ed. Les Belles Lettres, 2019.
* Boyarin, Daniel, ''Border Lines The Partition of Judaeo-Christianity''.
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* Doresse, Jean, ''Les Livres secrets des gnostiques d'Égypte'' Plon, 1958.
* Ioan P. Couliano, ''Les Gnoses dualistes d'Occident'', Paris, Plon, 1990.
* Doresse, Jean, ''Les Livres secrets des gnostiques d'Égypte'', Payot, 2004.
* Grant, Robert, traduit par JH Marrou. ''La Gnose et les origines chrétiennes'', Seuil, 1964.
* [[Jean-Daniel Dubois]], « Où en sont les problèmes du gnosticisme ? », ''Dialogues d'histoire ancienne'', 1981, vol. 7, {{numéro|1}}, {{p.}}273-296. [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_1981_num_7_1_1435]
* Painchaud, Louis, ''La Bibliothèque copte de Nag Hammadi'', in ''L'Étude de la religion au Québec : Bilan et prospective'', sous la direction de Jean-Marc Larouche et Guy Ménard, Les Presses de l'Université Laval, 2001
* Grant, Robert, traduit par J.H. Marrou. ''La Gnose et les origines chrétiennes'', Seuil, 1964.
* Pagels, Elaine, ''Les Évangiles secrets'', Gallimard, 1982, ré-édité 2006
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Xavier|nom1=Levieils|titre=Contra Christianos|sous-titre=La critique sociale et religieuse du christianisme des origines au concile de Nicée, 45-325|lieu=Berlin|éditeur=[[Walter de Gruyter]]|année=2007|pages totales=548|isbn=978-3-11-019554-5|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=MlzqRS3M_54C&printsec=frontcover}}
* Puech, Henri-Charles, ''En quête de la gnose''
* Painchaud, Louis, ''La Bibliothèque copte de Nag Hammadi'', in ''L'Étude de la religion au Québec : Bilan et prospective'', sous la direction de Jean-Marc Larouche et Guy Ménard, Les Presses de l'Université Laval, 2001.
* Tardieu, Michel, et Dubois, Jean-Daniel, ''Introduction à la littérature gnostique'', tome Ier : ''Collections retrouvées avant 1945'', [[Éditions du Cerf]] et [[Éditions du CNRS]], 1986, 152 p.
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* Jean-Daniel Dubois ''Où en sont les problèmes du gnosticisme ?'' Dialogues d'histoire ancienne, 1981, vol. 7, n° 1, pp. 273-296. [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_1981_num_7_1_1435]
* Puech, Henri-Charles, ''En quête de la gnose'', t. I : ''La gnose et le temps'', Gallimard, 1978.
* Tardieu, Michel, et Dubois, Jean-Daniel, ''Introduction à la littérature gnostique'', tome {{Ier}} : ''Collections retrouvées avant 1945'', [[Éditions du Cerf]] et [[Éditions du CNRS]], 1986, 152 p.
* Edwin M. Yamauchi, ''Pre-Christian Gnosticism : A Survey of the Proposed Evidences'', Tyndale Press, 1983
* [[Michel Weber]], ''Essai sur la gnose de Harvard. Whitehead apocryphe'', Louvain-la-Neuve, Éditions Chromatika, 2011.


=== Romans ===
=== Essais et romans ===
* [[Olivier Delorme]], ''Le Château du silence''
* [[Umberto Eco]], ''[[Le pendule de Foucault]]'' (1988, trad. 1990).
* [[Jacques Lacarrière (écrivain)]], ''Les Gnostiques''<ref>[[Jacques Lacarrière (écrivain)]], ''Les Gnostiques'', 1973, Gallimard, collection « Idées », avec une préface de Lawrence Durrell (rééd. 1994, Albin Michel, collection « Spiritualités Vivantes » {{ISBN|978-2226070241}})</ref>.
* [[Níkos Kazantzákis]], ''La Dernière tentation du Christ'' (1951), où l'auteur semble mystérieusement inspiré de l'[[Évangile de Judas]], ce qui lui a valu l'excommunication par les autorités religieuses grecques.
{{commentaire biblio|[[La Dernière Tentation du Christ (film)]] de [[Martin Scorsese]] a été tiré de cette œuvre}}
* [[Vladimir Nabokov]], ''Invitation au supplice''.
* [[Georges Rodenbach]], ''Bruges-la-Morte''.
* [[Philip Kindred Dick]], ''SIVA''
* [[David Madsen]], ''Le Nain de l'Ombre''.

=== Poésie ===
* [[Yves Bonnefoy]], ''Anti-Platon'' (1947), ''Du mouvement et de l'immobilité de Douve'' (1953)
* [[Michel Camus]], ''Paraphrases hérétiques'' (1983)
* [[Ferenc Rákóczy]], ''Dans la noix du monde'' (2008)
* [[Maurice Scève]], ''Délie'' (1544)

=== Films ===

* [[La Dernière Tentation du Christ (film)]] de [[Martin Scorsese]]
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* [http://www.mondedelabible.com/article/index.jsp?docId=2264006 Le monde de la Bible] par Jean Daniel Dubois
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Le gnosticisme est l'ensemble des mouvements religieux qui se développent au cours des IIe et IIIe siècles dans les limites de l'Empire romain, caractérisés par la doctrine commune selon laquelle une connaissance (en grec : gnôsis) des mystères de l'humanité, du divin et du monde — résultat d'un enseignement ésotérique et d'une expérience initiatique menant à une révélation progressive — est possible et nécessaire au salut de l'âme après la mort. Le terme désigne aussi les différentes théories et recherches d'une telle connaissance, regroupant éventuellement des doctrines variées et multiformes. Ces doctrines incluent généralement l'affirmation que les âmes des êtres humains sont emprisonnées dans un monde matériel intrinsèquement mauvais, créé par un dieu inférieur, imparfait voire mauvais, le Démiurge ou Yahvé[1], à l'opposé duquel existe un autre dieu, supérieur et parfait, créateur des esprits et des âmes, plus éloigné, auquel une élite peut s'unir après la mort grâce à cette « connaissance »[2].

Longtemps, le gnosticisme n'a été connu qu'à travers les écrits de ses détracteurs : ceux de certains Pères de l'Église, au nombre desquels ceux d'Irénée de Lyon, dont sa Dénonciation et réfutation de la gnose au nom menteur, écrite pendant la deuxième moitié du IIe siècle. La découverte en 1945 d'écrits gnostiques parmi la bibliothèque de Nag Hammadi, dont une première traduction complète a été finalisée en 1977, a permis de renouveler la recherche sur le sujet.

Ce mouvement, dont les origines ne sont pas claires, connaît son apogée au cours du IIe siècle[3]. Les sectes gnostiques ont ensuite progressivement disparu à partir du IVe siècle, mais il est visible qu'elles ont influencé d'autres mouvements, que certains qualifient également de gnostiques, comme le manichéisme, le marcionisme ou encore le bogomilisme.

« Gnosticisme » et « Gnose »

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Une définition précise de ce que sont le « gnosticisme » et la « gnose » n'est pas sans poser de difficultés, notamment parce que l'histoire de leurs apparitions reste difficilement accessible par suite d'un manque de sources[4]. Néanmoins, à la suite d'un colloque au sujet de la Gnose tenu à Messine en 1966, dans le cadre d'un programme pour la traduction de la bibliothèque de Nag Hammadi nécessitant d'arriver à un consensus d'usage, des définitions a minima ont été retenues qui proposaient « par application simultanée des méthodes historiques et typologiques » les définitions suivantes : que le terme gnosticisme désigne un ensemble particulier de systèmes religieux du IIe siècle apr. J.-C. et que le terme gnose désigne une conception des buts de la connaissance, indépendamment des époques, décrits comme visant à une « connaissance des mystères divins » et celle-ci comme étant « réservée à une élite »[5],[6],[7] même si elles ne sont pas exempte de critiques[10].

Selon une définition plus courante (du dictionnaire Le Robert), le gnosticisme — terme de création moderne — est l'ensemble des doctrines de la gnose, c'est-à-dire des doctrines des mouvements religieux centrés sur la recherche d'une « connaissance » (en grec : gnôsis) suprême du monde et du divin qui se sont développés dans l'Empire romain au cours des IIe et IIIe siècles apr. J.-C.

Le terme gnose est attesté depuis le deuxième siècle et se retrouve vingt-neuf fois dans les écrits canoniques du nouveau Testament[11] pour désigner la connaissance suprême des choses divines que revendiquent ces mouvements[7], qui connaissent diverses manifestations à travers l'histoire[12] et dont relèvent par exemple également des mouvements de pensée aussi divers que la kabbale, le manichéisme ou encore le mandéisme.

Cette définition du gnosticisme, ou plutôt des gnosticismes[13], ne lève pas pour autant tous les débats sur lesquels de ces mouvements on qualifiera de gnostique[14] et la question reste disputée quant à savoir si l'on peut parler de gnosticisme pré-chrétien[15], si le gnosticisme était un phénomène concurrent du christianisme ancien[9] ou si les mouvements gnostiques sont apparus au sein du christianisme et ont progressivement été condamnés et qualifiés d'hérésies par les courants dogmatiques dominants du christianisme de l'époque[4].

Néanmoins, et malgré la réalité variée des tendances gnostiques nourries de différentes traditions — grecques (hermétisme, pythagorisme et orphisme), judéennes (thème de la chute des anges) ou encore chrétiennes (thème de la venue du messie)[16] —, le gnosticisme conserve « [une] spécificité intellectuelle et [une] originalité existentielle : la recherche et la réalisation de la connaissance […] qui est une illumination directe du dieu dans l'homme »[7] et qui revêt pour ses adeptes un rôle essentiel dans l'accès au salut[8]. Ces derniers cherchent à débarrasser leur âme des entraves d'une condition corporelle vécue comme un accident afin qu'elle puisse être rendue à son état supposé de pureté initiale et d'union avec la vraie divinité[17].

Les sources de connaissance du gnosticisme

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Les courants gnostiques anciens sont essentiellement connus à travers deux types de sources : indirectes d'une part, avec les nombreux écrits de leurs détracteurs (essentiellement leurs adversaires de la Grande Église)[18], et directes d'autre part, avec leurs propres écrits plus rares mais récemment étoffés par la découverte en 1945 de la bibliothèque de Nag Hammadi[19].

Parmi le premier type de sources, les écrits d'Irénée de Lyon (Dénonciation et réfutation de la gnose au nom menteur) et ceux de l'auteur d'une Réfutation de toutes les hérésies (en)[20], ceux de Clément d'Alexandrie, d'Origène (Commentaire de l'Évangile selon Jean) et d'Épiphane de Salamine (le Panarion)[18]. Parmi le deuxième type de sources, les textes gnostiques, on peut citer les textes coptes datant du IVe ou Ve siècle[18] conservés dans le Codex de Londres ou Codex Askewianus, le Codex de Berlin et le Codex Bruce[21] ainsi que les cinquante-deux traités de Nag Hammadi[18].

Irénée de Lyon dont la Dénonciation a été rédigée entre 180 et 185[18], décrit dans les détails les doctrines gnostiques dualistes qu'il combat, de manière à prouver qu'il n'y a que peu de choses en commun entre le dualisme et la gnose et le christianisme tel qu'il le défend. Dans le Nouveau Testament, la Première épître à Timothée laisse entrevoir des dissensions au sein de la communauté paléochrétienne et dénonce la « prétendue gnose ». Les Actes des Apôtres mentionnent, pour le condamner, un prêcheur du nom de Simon le Mage. L'Apocalypse de Jean mentionne un diacre, Nicolas. Tous sont considérés par les hérésiologues chrétiens comme les premiers « gnostiques »[19].

La plupart des essais sur les mouvements gnostiques, faute de pouvoir s’appuyer sur des documents originaux, héritent des erreurs d’appréciation des réfutateurs chrétiens qui les combattent aux IVe et Ve siècles. Ces textes se recopient parfois les uns les autres, et omettent de tenir compte des autres mythologies, orientales, sur les vestiges desquelles le gnosticisme s'est aussi construit[22].

L’établissement d’une histoire précise des mouvements gnostiques est impossible à cause du flou des sources dont on dispose, et aussi de ce que les titres des quelques sources disponibles changent d’une version à l’autre et que leurs véritables auteurs restent inconnus. Enfin, très peu de vestiges archéologiques ou d'objets relatifs aux gnostiques ont été retrouvés[22].

Quelques traités gnostiques

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Sur la période du Ier au Ve siècle, des sectes gnostiques se sont développées en particulier en Égypte.

On a retrouvé, à partir de 1800, des textes gnostiques dans des nécropoles égyptiennes. Un Évangile de Marie, un Livre secret de Jean et une Sophia de Jésus-Christ ont ainsi été vendus en 1896 en Égypte, dans un même lot de parchemins.

En décembre 1945, plus de quarante écrits ont été retrouvés dans une jarre à Nag Hammadi, en Haute Egypte, dont des écrits de sectes orientales, mais aussi des textes apocryphes chrétiens et des écrits gnostiques. Cependant, cette bibliothèque n’est qu’un « instantané » de la pensée gnostique de l'époque, les textes en étant, à ce qu'on sait, constamment remaniés et modifiés au cours de leur histoire.

Parmi les écrits de nature gnostique on peut citer l'Évangile de vérité[23], l'Évangile selon Thomas[24], l'Évangile selon Marie[25] ; la Pistis sophia[26], l'Évangile de Judas[27], le Livre des secrets de Jean[28], le Livre sacré du Grand esprit invisible[29] ou encore l'Apocalypse d'Adam.

Par ailleurs, s'il existe des parallèles et des ressemblances entre l'évangile selon Jean et le gnosticisme, beaucoup de spécialistes doutent que cet évangile ait emprunté au gnosticisme[30].

Histoire du gnosticisme

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Si les hérésiologues font remonter le gnosticisme au Ier siècle en l'associant à Simon le Magicien et ses successeurs, la recherche actuelle postule plutôt que le phénomène est né et s'est affirmé aux environs du IIe siècle dans les grandes cités hellénistiques[31] puis s'est développé dans le reste de l'Empire romain au cours des IIe et IIIe siècles[7].

Les origines du gnosticisme sont l'objet d'un large débat et il est difficilement possible de proposer une explication ou une origine uniques à cet ensemble constitué de doctrines diverses et disparates dont il n'est pas davantage possible de restituer une histoire linéaire ou de décrire précisément les éventuels liens de parenté ni même de trouver des sources d'inspiration communes, elles-mêmes variées[32]. Le gnosticisme ne semble ainsi à certains pas réductible à « une grande nébuleuse, marquée par l'anticosmisme, le dualisme, l'encratisme, etc. » mais plutôt à considérer comme « un ensemble de croyances concrètement enracinées dans les sociétés de l'Antiquité tardive avec des tendances communes [et des] traits particuliers »[33].

Les débats ont pu proposer, entre autres hypothèses sur les origines du gnosticisme, tantôt un christianisme hellénisé teinté de dualisme platonicien, tantôt une dissidence d'un judaïsme lui aussi hellenisé, ou ont présenté ses mouvements comme des formes spécifiques d'un phénomène général sans, d'ailleurs, que ces positions soient exclusives les unes des autres[32]. En tout état de cause, pour diversifiés qu'ils soient, les mouvements gnostiques entretiennent des rapports — certes « ténus et embrouillés » — avec les divers mouvements du christianisme alors en voie de constitution[31].

Selon les descriptions des hérésiologues, c’est dans un cadre géographique allant de la vallée du Jourdain à l’Asie Mineure que des communautés gnostiques apparaissent à partir de l’époque des apôtres. Simon par exemple enseignait la Gnose. On retrouve mention dans certains textes de Nicolaïtes à cette époque à Samarie et à Antioche et les réflexions de ces derniers sur des textes de ce qui n'est pas encore notre Ancien et du Nouveau Testament, et certains autres considérés comme apocryphes, sont marqués par l’hellénisme. Parmi ces textes, le livre des Jubilés et le Livre d'Hénoch sont peut-être les plus significatifs[34].

Vers 120, le gnosticisme gagne Alexandrie[35], et se développe autour de Basilide, Carpocrate et Valentin. Ce dernier se rend vers 140 à Rome où des sectes fortement influencées par des éléments orientaux continuent d’affluer. Les sectes gnostiques se propagent ensuite notamment en Espagne[34]. En l'absence d'autres sources, on mesure l'influence du gnosticisme à la force et au nombre de ses réfutations.

Les courants gnostiques antiques

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De nos jours, les historiens du gnosticisme[36] isolent différents courants d'origine chrétienne parmi lesquels un hypothétique[32] courant séthien, le courant valentinien, le courant encratite[37], le courant cérinthien[38] ou encore le courant hermétique[39]. Certains auteurs isolent d'autres courants d'origine non chrétienne[40], au nombre desquels les Ophites ou Naassènes, les Barbélognostiques, les Pérates[38]… auxquels on peut ajouter le courant « antinomiste et libertin »[41] de Carpocrate et de son fils Épiphane le gnostique[38]. L'existence même de certains de ces courants, à l'instar des Caïnites[42], semble douteuse à certains[38], qui les pensent avoir été inventés par les hérésiologues.

Les maîtres gnostiques

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Simon le Magicien

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Simon le Magicien (Ier siècle), présenté comme un élève ou condisciple de Dosithée de Samarie, a longtemps été considéré à la suite des hérésiologues de la Grande Église comme le premier hérétique. D'après ces derniers, ses disciples seraient devenus gnostiques après la catastrophe de 70 (la destruction du Temple de Jérusalem), et auraient formé la secte des séthiens dont, cependant, l'existence même est débattue, du moins comme communauté gnostique particulière[32]. L'hérésiologie présente son successeur Ménandre le gnostique comme le maître de Satornil (ou Saturninus) d'Antioche, lui-même considéré par d'aucuns comme le premier véritable gnostique[38].

Si l'appartenance de Simon le magicien aux courants gnostiques est abandonnée par une partie de la recherche contemporaine, un courant gnostique simonianiste apparu au IIe siècle a bel et bien existé[38].

Basilide exerce son activité de 125 à 155 à Alexandrie. Auteur de vingt-quatre Exegêtica (Expositions) et de son propre évangile[43], il est un des premiers maîtres gnostiques. A l'origine ses réflexions se concentrent, comme chez beaucoup de gnostiques, sur l'existence du mal[38]. Il met l'accent sur la transcendance absolue de Dieu[43]. La pensée de Carpocrate en est assez proche[38]. Le fils de Basilide, Isidore le gnostique, enseigne à sa suite et les fragments conservés de leurs écrits ne semblent pas correspondre aux restitutions qu'en font les hérésiologues ultérieurement[38]. L'existence d'une école ou communauté basilidienne est largement attestée dans la première moitié du IIIe siècle[44].

Valentin est un des plus importants maîtres gnostiques et l'auteur d'un Évangile de Vérité[38]. Originaire d'Alexandrie où il commence à développer sa théogonie, il s'installe à Rome vers 140 et y enseigne jusque vers 160, époque à laquelle il rompt avec la communauté chrétienne locale et retourne dans sa ville natale[38]. Son enseignement connaît un certain succès et se poursuit au travers de deux écoles valentiniennes, l'une, orientale, incarnée par Théodote et Marc le Mage, l'autre, occidentale, incarnée par Ptolémée le gnostique et Héracléon[38].

Le rapport de Marcion au gnosticisme est fort débattu. Une tradition en fait un disciple d'un gnostique nommé Cerdon[45] mais un auteur antique comme Celse distingue dans son Discours véritable les marcionites des gnostiques[46]. Les études de von Harnack ont proposé un Marcion éloigné du gnosticisme mais cette position est contestée et le débat reste ouvert[45].

En tout état de cause, s'il existe bien des traits communs entre la doctrine de Marcion et certaines doctrines gnostiques, il existe de nombreuses différences. Pour Marcion, c'est la foi (pistis) — et non la gnose (gnosis) — qui joue le rôle principal dans l'accès au salut[47], à telle enseigne qu'on a parlé à son sujet d'un « paulinisme exacerbé »[48]. Sur le plan exégétique, Marcion entend se fonder exclusivement sur l’Écriture judaïque et chrétienne et, à la différence des gnostiques, réfute toute théogonie concernant le monde divin[45]. Néanmoins, une partie de la recherche actuelle décèle chez lui des influences encratites, antilégalistes[49] et docètes, autant de traits qui tendent à le rapprocher du gnosticisme chrétien[48].

La mythologie gnostique

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Les cosmogonies et théogonies des auteurs gnostiques abordent la plupart des thèmes mythologiques et eschatologiques de leur époque, et les réinterprètent en s'appuyant sur des "révélations" secrètes ou sur un mythe total portant sur l’origine et la création du Monde, l’origine du Mal, le drame du Rédempteur Divin descendu sur terre afin de sauver les hommes et la victoire finale du Dieu transcendant conduisant à la fin de l’Histoire et l’anéantissement du Cosmos[50].

Un point de départ de gnose est la considération par l’individu de sa situation et de sa condition dans ce monde : Qui est il? Pourquoi se sent-il étranger dans ce monde? Qu’était il à l’origine? Comment pourrait il éventuellement revenir à cette situation initiale ? C’est ensuite la révélation d’une Chute passée et de la notion que le Bien et le Mal sont deux éléments inconciliables et absurdement mêlés ici-bas à la suite de cette chute contraire à la volonté du vrai dieu. La révolte intime de l'individu contre le Mal lui est alors présentée comme la preuve de son appartenance au Bien, à un absolu parfait extérieur à ce monde[50].

L’humanité lui est présentée comme divisée en trois catégories :

  • celle de ceux qui se sentent (donc, se savent) pourvus d’une perfection innée et dont la nature est Esprit : les Pneumatiques (pneuma veut effectivement dire « esprit » en grec) ou Spirituels ou Élus. Ils sont ceux qui sont prédestinés au Salut hors de ce monde après la mort.
  • celle de ceux qui ont une Âme mais point ou trop peu d’Esprit, mais pour qui le Salut de l'âme hors de ce monde après la mort peut être atteint : ce sont les Psychiques, ceux qui peuvent être sauvés au prix d'un effort personnel de connaissance, d'une conversion et d'une pratique de la justice[51] ;
  • enfin, celle de ceux qui sont dépourvus et d’Âme et d’Esprit, et qui sont uniquement constituée d’éléments matériels : les Hyliques, dont les âmes sont vouées à rester emprisonnées dans ce monde et à s'y réincarner, éventuellement en un humain d'une autre catégorie ou de la leur jusqu'à leur destruction comme le reste de la matière à la fin des temps.

Le but premier du gnostique est la délivrance de sa parcelle divine, aliénée dans le monde matériel corrompu, et sa remontée après la mort à travers les sphères célestes vers le monde de la plénitude. Cette délivrance passe par la Gnose : la connaissance par l'individu de la vraie divinité, des structures mystérieuses du Cosmos, de l'histoire passée et future de celui-ci et de la nature de son propre esprit,[50].

Le principal aspect de la Gnose porte sur les origines de la présence de l'Humanité et du Mal dans le monde matériel. Le mal est présenté comme inhérent au monde matériel et la présence de l'humanité dans celui-ci comme due à la chute accidentelle d’éléments du cosmos supérieur dans le cosmos inférieur, matériel, temporel et sexué, au fond duquel les éléments du cosmos supérieur se sont disjoints, dispersés et sont maintenant emprisonnés sans pour autant avoir perdu de leur pureté.

Le second aspect de la Gnose vise la destinée de l’humanité dans ce cosmos. Celle de ce dernier est la dissolution finale de sa matière et celle de l'humanité est la libération des esprits des élus et des parfaits qui y étaient emprisonnés et leur retour à l'unité parfaite intemporelle avec la plénitude.

De même que le cosmos inférieur (matériel) n’est qu’une copie maladroite du cosmos supérieur, seul à avoir été organisé par une intelligence authentiquement créatrice, de même, l’humanité terrestre est l’image imparfaite du modèle céleste. Il y a eu une Chute de l'humanité dans le monde, et il y a pour une partie d'elle une possibilité de libération hors de celui-ci.

Pour les Élus, le Salut peut être personnel. Pour les autres le Rachat se fera après une eschatologie générale ayant pour terme la destruction de l’univers matériel[50].

Du Pro-Père au Démiurge

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  • Le Pro-Père

A l'origine de tout il y a un Éon parfait, invisible, inconçu et éternel (une des significations de éon), habité par un être absolu et immuable, le Pro-Père, replié sur lui-même et coexistant avec sa pensée, qui est, elle, silence absolu[52].

De cette unité primitive du Pro-Père et de sa pensée-silence émane une image du Père. Cette Émanation capable d’engendrer se dégage du repli sur soi primordial et suscite l’apparition des trente éons hiérarchisés du Plérôme.

  • Le Plérôme

Plérôme[53] est un terme grec signifiant « plénitude » et désignant le monde céleste formé par l'ensemble des trente éons, monde que le gnostique rejoindra après la fin de son aventure terrestre. Parmi ces éons : Monogène, Logos, la Mère céleste, l'Homme primordial (ou Adam), le Fils de cet Homme primordial (ou Seth), la grande Génération des Fils de l’Homme primordial, Sophia (La sagesse, parfois qualifiée de lascive), etc. Ces éons vont par couples féminin/masculin, appelés aussi Syzygies. Ils sont, en même temps que des personnifications de concepts, des univers à part entière, infinis et éternels, reproduisant le schéma général du Plérôme Inengendré suprême[52].

  • Les Trois schémas de la lutte de la Lumière et de la Matière

L’opposition entre le monde parfait de la Lumière et celui, imparfait, des Ténèbres et de la Matière peut suivre trois schémas.

Le schéma le plus radical met une subite agression des Eaux ténébreuses préexistantes d'en-bas contre la Lumière d’en-haut à l’origine de la création du monde matériel. L'attaque se déroule dans l’espace intermédiaire d’un troisième principe, l'Air ou le Vide. On retrouve ce thème chez les bogomiles et les manichéens.

Plus fréquemment, dans la Lumière d’en-haut qui préexiste à toute création, un accident engendre une puissance difforme et ignorante, l'éon Ialdabaôth (en hébreux "fils du chaos"), qui devient éon de ténèbres puis le monde matériel. La Lumière entreprend alors une œuvre salvatrice pour anéantir cet éon maléfique. Selon une première variante, Sabaôth (en hébreux "dieu des armées", un des attributs de Yahvé...), éon engendré par Ialdabaôth, découvre l'existence de la Lumière et est finalement mis par les puissances supérieures à la place de son père pour engager le monde matériel vers le salut.

Selon une variante, Ialdabaôth revient de lui-même au monde supérieur[50].

Diverses divinités considérées comme perverses, sont liées au monde matériel, tel le Démiurge, le dieu créateur de la Bible. À noter que les gnostiques n’emploient pas le terme « Dieu » pour désigner l’Être suprême dont tout le monde supérieur émane[50].

  • La Chute et la Rédemption de Sophia

L'éon Sophia, la sagesse, a été prise d’égarement. Elle s’est prise d’amour pour le monde matériel, ou son reflet dans celui-ci. Elle y est descendue et s’y est enlisée. Une autre version dit que Sophia, emportée par sa vanité, a voulu ressembler à l’Entité suprême en engendrant, seule et sans sa contrepartie masculine. S’est ensuivi l’apparition d’un être difforme, Ialdabaôth, que Sophia a caché sous un voile qui a formé le ciel, limite entre le monde supérieur et un monde inférieur. Sous ce voile, Ialdabaôth ignorait tout de la Lumière et du monde supérieur, ne disposant en son sein que d’une étincelle céleste héritée de sa mère, elle-même exilée du monde supérieur après sa faute. Dans l’abîme Ialdabaôth a engendré la matière. Il est devenu le Démiurge. Il s’est uni à l'éon Ignorance et a engendré les Archontes, chacun étant lié à une constellation du zodiaque ou à une planète. Des archanges et des anges leur ont été associés. Ensuite, le repentir de Sophia a touché des puissances supérieures qui l'ont tirée de l’Abîme et l'ont établie aux abords inférieurs du monde de la Lumière, au purgatoire, où elle attendit d’être plus complètement relevée de sa déchéance[52]. Sophia est en effet responsable de l’erreur qui a abouti à sa chute vers la matière et son retour en tant qu'élément féminin à sa contrepartie masculine reste pour eux deux une condition indispensable à leur retour à la perfection céleste.

Le Principe Féminin a toujours un rôle important parmi les éons. Des figures féminines jouent des rôles prophétiques. Les gnostiques ne semblent pas tous considérer la femme comme inférieure à l’homme. Par exemple, l'Évangile de Marie-Madeleine accorde à la figure de celle-ci une place au moins aussi importante qu'aux apôtres[54].

Le destin de l'Humanité

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Parmi les éons, il y a l’Homme primordial, ainsi que le Fils de l’Homme primordial. C’est à partir de son propre reflet que le Démiurge aidé de ses Archontes a décidé de fabriquer l’Homme primordial. Le Pro-Père, grâce à ses anges déguisés en autres Archontes, a suggéré au Démiurge d’insuffler un esprit de Lumière dans l'Adam. La Lumière a ainsi été transmise à l’Humanité.

De rage, les Archontes du Démiurge ont emprisonné Adam dans l'Éden, décrit comme un lieu terrible, mais dans lequel les puissances d’en-haut ont caché la Gnose et la Vie, dans le fruit défendu, et envoyé un Sauveur sous la forme d'un Serpent pour inciter Adam et Ève à s’emparer de ses secrets[54].

Les Archontes du Démiurge ont aussi installé en Adam un second esprit, le Contrefacteur, qui combat sans cesse ceux des mouvements de son Esprit qui sont tirés vers le haut. Le premier couple est expulsé de l'Éden par le Démiurge, furieux, qui souille Ève de sa lubricité et engendre Caïn et Abel. La vraie postérité d’Adam ne commence qu’avec Seth, dont seule la descendance, les Parfaits, est promise au Salut. Le Démiurge envoie le Déluge pour anéantir les Parfaits, mais Noé s’abrite avec les siens dans l’Arche et c’est finalement seulement la lignée née de l’union des Anges du Démiurge et des Filles de la Terre qui est anéantie[54].

Les Archontes du pro père étant liés aux éléments de la voûte céleste et aux planètes, chaque partie de l’Homme, physique ou psychique, appartient souverainement à l'Archonte de la voûte céleste qui l’a façonné. Une âme descend dans le corps de chaque fœtus en traversant l’un après l’autre chacun des cieux, et, en fonction du moment de son passage, celle-ci reçoit telle ou telle disposition par laquelle l’individu restera soumis aux astres et aux planètes. Les Archontes insinuent aussi dans le fœtus l’esprit Contrefacteur destiné à contrarier les pulsions éventuelles de l'individu vers le Salut[54].

Le mélange de tous ces facteurs entraîne des degrés de perfections fort différents d'un individu à l'autre qui expliquent l'existence des trois grandes catégories de l’humanité (pneumatique, psychique ou hylique)[54].

L’Eschatologie gnostique

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Le Démiurge ne cesse d’envoyer contre les Parfaits des cataclysmes et des persécutions. Il faut réveiller les Élus en leur rappelant leurs origines célestes. Pour cela, des Sauveurs et des Prophètes sont envoyés d’en-haut pour dispenser confidentiellement leurs révélations. L’acte final du Salut de l’Humanité est la descente d’une Puissance de Lumière jusqu’au fond des Enfers[55]

L'acte final du Salut de l'humanité, l'Oeuvre Salvatrice de la Descente de la Mère Céleste dans les Abîmes où l’Humanité est prisonnière rappelle le mythe de la descente d’Ishtar aux enfers. Dans celui-ci, Seth a eu une incarnation céleste, et des mages, dont Zoroastre, sont les Prophètes gardiens de l’enseignement secret à Adam et Seth. La figure de la Mère Céleste est alors remplacée par celle de Seth puis celle-ci par celle du Christ Sauveur[55].

Annoncé par un signe des cieux, le Sauveur descend des cieux inférieurs d’abord déguisé en Archonte, puis revêtu de toute sa gloire. Les gnostiques répugnant à l’idée d’incarnation du Sauveur, celui-ci est le plus souvent incorporel. Dans certaines versions du mythe le Sauveur doit subir les conséquences humiliantes de l’incarnation pour transmettre son message à quelques élus avant de retourner au Ciel. Parfois il oublie sa mission et doit être lui-même sauvé (mythe du « Sauveur Sauvé »)[55].

L’Amnésie comme oubli de sa condition/destinée originelle est un thème spécifiquement gnostique. En se tournant vers la Matière, l’âme oublie sa propre identité. C’est la mort spirituelle. Le mythe du Sauveur Sauvé tourne autour de cette notion d’amnésie, qu’illustre l'Hymne de la Perle, dans les Actes de Thomas.

La découverte du principe transcendant à l’intérieur de soi-même constitue l’élément central de la religion gnostique. Cette (re)découverte, l’Anamnèse, a lieu grâce à un messager divin et à la Gnose[55].

L'Oubli est bien illustré quand le Messie dit sur la croix: « Mon peuple se perd faute de connaissance » ( Osée 4v6).

Le symbole du Sommeil est également utilisé dans les mythes gnostiques. C’est un symbole archaïque universellement répandu dans les récits de quêtes d’initiation, le réveil signifiant le retour au point de départ, à l'origine. Ne plus être endormi c'est pouvoir s'adresser à l'étincelle d'esprit qui gît en soi. Être « réveillé », c'est non seulement être pleinement conscient mais vivre selon l'esprit, ce qui veut dire : être dans le monde de l’esprit.

L'état de mort est souvent évoqué par les gnostiques dans le même sens que le sommeil. (Dans le Bouddhisme le sommeil est aussi appelé la petite mort.)

Dans l'Évangile de Luc, chapitre 3 versets 31-40, Jésus, dans une parabole, rappelle à tout homme qu'il doit rester éveillé et prêt à l'avènement du Fils de l'homme.

Finalement, le Rédempteur remonte aux Cieux en traversant la première voûte céleste à l’endroit d’un X gigantesque considéré comme étant une Croix céleste et cela est l'occasion d’un bouleversement céleste et du détachement des Archontes de leurs astres ou planètes . Ce rapprochement entre la crucifixion est le X céleste est déjà attesté à Rome au moment de l’avènement d’Auguste, et il est déjà le symbole de l’abolition de la Fatalité astrale[55].

Les gnostiques pensaient la Fin des Temps proches. Des livres prétendument gardés secrets étaient présentés comme venant d’être ressortis de leurs cachettes. Pour les Parfaits, l’enseignement portait sur les mystères de la descente puis de l’ascension du Sauveur/Christ à travers les sept cieux habités par les Anges, et sur l’eschatologie individuelle, c'est-à-dire l’itinéraire mystique de l’âme de chacun après sa mort. Cela faisait écho, dans l’ésotérisme juif et d’ailleurs, à l’ascension de l’âme et à son accès aux secrets du monde céleste[55].

L’âme après la mort

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Un certain nombre de mouvements gnostiques, chrétiens et non-chrétiens, ont accepté la doctrine de la réincarnation[56].

L’individu étant supposé asservi aux puissances des cieux qui l’ont façonné, les gnostiques pensaient pouvoir réduire le pouvoir de celles-ci en employant des conjurations contenant les noms secrets de ces puissances. Ils mettaient également en place des rites pour échapper aux égarements de l’esprit Contrefacteur. Au moment de leur mort, selon eux, les âmes des Élus munis de tous les sacrements gnostiques faisaient leur ascension à travers les cieux, sans retour. Elles présentaient les sceaux aux gardiens et les portes leur étaient ouvertes.

Des âmes des autres humains, celles des moins souillés seraient purifiés dans les Purgatoires des espaces célestes, montant parfois d’une sphère (d'un ciel) à l’autre lors d’une conjonction astrale.

Mais les âmes de bien des malheureux seraient rejetées vers le bas pour être tourmentées en Enfer, avant d’être soumises à l’Oubli de leur vie précédente et rejetées dans de nouveaux corps[57].

La morale gnostique

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Les gnostiques pensant le corps charnel asservi dans ses actes et ses passions à la souveraineté des planètes et des astres estimaient que l'Homme était par ailleurs pourvu d'une grâce capable de le délivrer des conséquences de ses actes, et n'avaient pas nécessairement de notions de moralité individuelle très strictes.

La gnose pouvait donc aussi bien conduire à un ascétisme rigoureux qu'à certaines libéralités, (en opposition volontaire avec certaines lois bibliques). La chair appartenant à la matière, qui était pour eux d'origine spirituelle, une certaine sexualité n'était pas réprouvée, bien au contraire. Les pratiques licencieuses de certains groupes gnostiques, réprouvées par leurs opposants chrétiens, n'étaient cependant pas nécessairement suivies par tous les groupes gnostiques.

Enfin, certains cultes à mystère grecs pouvaient être à l'origine de comportements érotiques à valeur sacramentelle particulière, destinés par exemple à célébrer l'union avec Sophia-Gaïa, comme chez les Naassènes,[58].

Hiérarchie et rites gnostiques

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Il y aurait eu trois grades chez les gnostiques : les « Commençants », les « Progressants » et les « Parfaits ». L'enseignement ésotérique aux fidèles gnostiques portait sur les symbolismes du Baptême, de l’Eucharistie, de la Croix, sur les Archanges et sur l’interprétation de l’Apocalypse. L'enseignement gnostique était secret dans la mesure où il était fait de manière orale. Par ailleurs, pour éviter d'être repérés par leurs détracteurs, les fidèles des sectes gnostiques dissimulaient leur appartenance à celles-ci et évitaient des manières de vivre voyantes. On connaît mal l'organisation interne des sectes gnostiques. Des témoins anciens, seul Épiphane a essayé de pénétrer leur vie[59].

Les Parfaits étaient voués au respect de tous les préceptes de la Gnose et leur identité était effacée par quelque surnom à connotation mystique. Les simples Fidèles continuaient leurs existences impures en subvenant aux besoins des Élus. Les fondateurs de sectes, et parfois leurs successeurs, étaient présentés comme des Prophètes ou des incarnations de Puissances célestes. À des fins de conciliation, les gnostiques se présentaient aux chrétiens d'abord comme semblables à eux, ne mettant en avant que celles de leurs doctrines qui étaient les plus proches des leurs, puis leur posaient des questions destinées à les ébranler. De même, ils modifiaient certains de leurs textes pour leur donner une apparence plus orthodoxe[59].

Enfin, tout comme le christianisme se répandait par la thaumaturgie, la gnose attirait par la magie et l'astrologie, lesquelles étaient très répandues au début de l’ère chrétienne et tiennent une place très importante dans les écrits gnostiques[59].

Les rites étaient divers. Les uns individuels, les autres collectifs, destinés aux divers échelons des initiés, et donc plus ou moins secrets. Il s'agissait principalement de baptêmes, d'onctions, d'impositions des mains, de communions, d'agapes et d'unions spirituelles plus ou moins symboliques. Dans certains groupes, la frontière entre la Gnose et les magies gréco-orientales était très perméable[60].

Antécédents et survivances du Gnosticisme

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Le dualisme n'est pas une spécificité des gnostiques des premiers siècles mais se retrouve dans le zoroastrisme, bien antérieur, et dans de nombreux cultes à mystères autour du bassin méditerranéen. L'idée gnostique est présente au sein de la Kabbale[61].

En Iran, le prophète Mani opère une vaste synthèse de nombreux enseignements gnostiques, connue sous le terme Manichéisme, et Audi est un chrétien qui se sépare de l’Église après Nicée. On trouve aussi des « kantéens ».

De l’Orient, le gnosticisme pourrait s'être étendu jusqu’à la Chine[34].

Certains chercheurs de la première moitié du XXe siècle ont avancé que des idées gnostiques ont circulé parmi les bogomiles et les cathares du Moyen Âge, sans qu'on sache si celles-ci descendent de celles de groupes gnostiques ayant survécu depuis l'Antiquité, ou s'il s'agit de résurgences suscitées par la transmission d’écrits gnostiques chrétiens[62].

On trouve des traces de pensée gnostique chez les ranters, le Libre-Esprit et divers mouvements millénaristes[63].

Bibliographie

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Sources patrologiques

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Études générales

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(par ordre alphabétique)

  • Jean Borella, Problèmes de gnose, l'Harmattan, 2007
  • Jean Doresse, article « Le gnosticisme » dans Histoire des religions, Gallimard, coll. « Folio essais » 1972.
  • Mircea Eliade, Histoire des religions et idées religieuses, t. II : De Gautama Bouddha au triomphe du christianisme, Payot, 1978, p. 353 sq.
  • Hans Jonas, La Religion gnostique. Le message du Dieu étranger et les débuts du christianisme (1954), trad. L. Evrard, Flammarion, Paris, 1978.
  • Hans Jonas, La gnose et l'esprit de l'Antiquité tardive. Histoire et méthodologie de la recherche (1934), trad. et prés. N. Frogneux, Mimesis, Milan, 2017.
  • Wolfgang Kosack: Geschichte der Gnosis in Antike, Urchristentum und Islam. Texte, Bilder, Dokumente. 525 Seiten. Verlag Christoph Brunner, Basel 2014. (ISBN 978-3-906206-06-6) [9]
  • Serge Hutin, Les gnostiques, PUF, coll. « Que sais-je ? », 1958
  • Jacques Lacarrière, Les Gnostiques, Gallimard, collection « Idées », 1964.
  • Bentley Layton, The Gnostic Sciptures, New York, Doubleday, 1987.
  • Hans Leisegang, La Gnose (1924), trad. Payot, collection « Petite bibliothèque », 1951.
  • Paul Mattei, Le christianisme antique de Jésus à Constantin, Paris, Armand Colin, , 318 p. (ISBN 978-2-200-35123-6).
  • Simon Claude Mimouni et Pierre Maraval, Le christianisme des origines à Constantin, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Nouvelle Clio », , 528 p. (ISBN 978-2-13-052877-7).
  • Madeleine Scopello, Les Gnostiques, Cerf, coll. « Fides », 1991.
  • Michel Tardieu, « Gnostiques » dans Dictionnaire de l'histoire du christianisme, Paris, Albin Michel, 2000, p. 453 et 463-474.

Études spécialisées

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  • Alfaric, Prosper, « Gnostiques et gnosticisme », Revue de l'Histoire des religions, t. 93, p. 108-115 Paris, Ernest Leroux, 1926.
  • Assaraf, Albert, L'Hérétique, Elicha ben Abouya ou l'autre absolu, Paris, Balland, 1991.
  • Brakke, David, The Gnostics : myth, ritual, and diversity in early Christianity. Harvard University Press, 2010. Edition française : Les gnostiques : Mythe, rituel et diversité au temps du christianisme primitif Traduit de l’anglais par Marie Chuvin. Ed. Les Belles Lettres, 2019.
  • Boyarin, Daniel, Border Lines The Partition of Judaeo-Christianity.
  • Ioan P. Couliano, Les Gnoses dualistes d'Occident, Paris, Plon, 1990.
  • Doresse, Jean, Les Livres secrets des gnostiques d'Égypte, Payot, 2004.
  • Jean-Daniel Dubois, « Où en sont les problèmes du gnosticisme ? », Dialogues d'histoire ancienne, 1981, vol. 7, no 1, p. 273-296. [10]
  • Grant, Robert, traduit par J.H. Marrou. La Gnose et les origines chrétiennes, Seuil, 1964.
  • Xavier Levieils, Contra Christianos : La critique sociale et religieuse du christianisme des origines au concile de Nicée, 45-325, Berlin, Walter de Gruyter, , 548 p. (ISBN 978-3-11-019554-5, lire en ligne)
  • Painchaud, Louis, La Bibliothèque copte de Nag Hammadi, in L'Étude de la religion au Québec : Bilan et prospective, sous la direction de Jean-Marc Larouche et Guy Ménard, Les Presses de l'Université Laval, 2001.
  • Pagels, Elaine, Les Évangiles secrets, Gallimard, 1982, ré-édité 2006.
  • Puech, Henri-Charles, En quête de la gnose, t. I : La gnose et le temps, Gallimard, 1978.
  • Tardieu, Michel, et Dubois, Jean-Daniel, Introduction à la littérature gnostique, tome Ier : Collections retrouvées avant 1945, Éditions du Cerf et Éditions du CNRS, 1986, 152 p.
  • Edwin M. Yamauchi, Pre-Christian Gnosticism : A Survey of the Proposed Evidences, Tyndale Press, 1983
  • Michel Weber, Essai sur la gnose de Harvard. Whitehead apocryphe, Louvain-la-Neuve, Éditions Chromatika, 2011.

Essais et romans

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Notes et références

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  1. Pierre Hadot, « Le Gnosticisme », dans Dictionnaire de l'Histoire du christianisme, Encyclopaedia Universalis, , p. 641.
  2. Madeleine Scopello, « Le gnosticisme, un christianisme d'élite. », sur akadem.org (consulté le ).
  3. (en) « Gnosticism », sur britannica.com, (consulté le ).
  4. a et b Hans Conzelmann et Andreas Lindemann, Guide pour l'étude du Nouveau Testament, Labor et Fides, , 603 p. (ISBN 978-2-8309-0943-2, lire en ligne), p. 242.
  5. (en) Christoph Markschies, Gnosis: an introduction, T & T Clark, (ISBN 978-0-567-08944-1 et 978-0-567-08945-8, OCLC ocm51568084, lire en ligne), p. 13 :

    « In this concluding document of Messina the proposal was 'by the simultaneous application of historical and typological methods' to designate 'a particular group of systems of the second century after Christ' as 'gnosticism', and to use 'gnosis' to define a conception of knowledge transcending the times which was described as 'knowledge of divine mysteries for an élite'. »

  6. Ugo Bianchi, Le Origini Dello Gnosticismo: Colloquio Di Messina, 13-18 Aprile 1966. Testi E Discussioni Pubblicati a Cura Di Ugo Bianchi. The Origins of Gnosticism. Colloquim of Messina, 13-18 April 1966, Brill Archive, (lire en ligne), p. XXVI.
  7. a b c et d Madeleine Scopello, « Courants gnostiques », dans Jean-Marie Mayeur, Luce Pietri, André Vauchez et Marc Venard (dirs.), Histoire du Christianisme : Le nouveau peuple (des origines à 250), vol. I, Fleurus, (ISBN 9782718907277), p. 332.
  8. a et b Simon Claude Mimouni, Jacques le juste, frère de Jésus, Paris, Bayard Culture, , 200 p. (ISBN 978-2-7470-6140-7, lire en ligne), p. 424.
  9. a et b Louis Painchaud et Anne Pasquier, « La bibliothèque copte de Nag Hammadi », dans J.-M. Larouche et G. Ménard, L’étude de la religion au Québec. Bilan et prospective, Presses de l'Université de Laval, (lire en ligne), p. 165–182.
  10. En 1996, Michael Allen Williams a proposé une nouvelle définition du terme gnosticisme, trouvant celle de 1966 trop marquée par les critiques de l'hérésiologie des Églises chrétiennes, mais celle qu'il a proposée — parlant de « tradition biblique démiurgique » — n'a pas été retenue par les chercheurs[8],[9].
  11. (en) William F. Moulton, A Concordance to the Greek Testament, Édimbourg, T. & T. Clarck, , XII + 1110, p. 173 et 174.
  12. Émile Puech, En quête de la Gnose, vol. I, cité par Madeleine Scopello, « Courants gnostiques », dans Jean-Marie Mayeur, Luce Pietri, André Vauchez et Marc Venard (dirs.), Histoire du Christianisme : Le nouveau peuple (des origines à 250), vol. I, Fleurus, (ISBN 9782718907277), p. 333.
  13. Simon Claude Mimouni et Pierre Maraval, Le christianisme des origines à Constantin, Presses universitaires de France, , p. 364.
  14. Claudio Moreschini et Enrico Norelli, Histoire de la littérature chrétienne ancienne grecque et latine, Labor et Fides, , 510 p. (ISBN 978-2-8309-0942-5, lire en ligne), p. 211
  15. Claudio Moreschini et Enrico Norelli, Histoire de la littérature chrétienne ancienne grecque et latine, Labor et Fides, , 510 p. (ISBN 978-2-8309-0942-5, lire en ligne), p. 212.
  16. Karen L. King, What is Gnosticism ?, University of Cambridge, 2003, citée par Simon Claude Mimouni, Jacques le juste, frère de Jésus, Paris, Bayard Culture, , 200 p. (ISBN 978-2-7470-6140-7, lire en ligne), p. 424.
  17. Simon Claude Mimouni, Jacques le juste, frère de Jésus, Paris, Bayard Culture, , 200 p. (ISBN 978-2-7470-6140-7, lire en ligne), p. 424-425.
  18. a b c d et e Simon Claude Mimouni, Pierre Maraval, Le christianisme des origines à Constantin, Presses universitaires de France, , p. 370
  19. a et b Madeleine Scopello, Les gnostiques, éditions Fides, , 125 p. (ISBN 978-2-204-04375-5, lire en ligne), p. 15-16
  20. L'attribution traditionnelle de cette dernière œuvre à Hippolyte de Rome étant désormais largement remise en question depuis les travaux de Pierre Nautin derrière lequel se range une bonne partie de la recherche actuelle qui mentionne régulièrement un « Pseudo-Hyppolite » quand elle ne considère pas l'ouvrage comme simplement anonyme ; cf. notamment Dominique Bernard (préf. Alain Le Boulluec), Les disciples juifs de Jésus du Ier siècle à Mahomet : Recherches sur le mouvement ébionite, Paris, Cerf, (ISBN 978-2-204-11851-4, lire en ligne), chap. V (« L'Elenchos »)
  21. Madeleine Scopello, Les gnostiques, éditions Fides, , 125 p. (ISBN 978-2-204-04375-5, lire en ligne), p. 33-36
  22. a et b Jean Doresse, « La Gnose, origines des sectes gnostiques » dans Histoire des Religions, t. 2, La Pléiade, , p. 365-370.
  23. [1]
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  30. voir Raymond E. Brown, Que sait-on du Nouveau Testament ?, éd. Bayard, 2011, p. 172, 414
  31. a et b Gionanni Filoramo, « Gnose », dans Régine Azria et Danièle Hervieu-Léger (dirs.), Dictionnaire des faits religieux, Presses universitaires de France, (ISBN 9782130545767), p. 440
  32. a b c et d Simon Claude Mimouni, Pierre Maraval, Le christianisme des origines à Constantin, Presses universitaires de France, , p. 373
  33. Annarita Magri, « L'Évangile de Jean au IIes », dans Gabriella Aragione, Eric Junod et Enrico Norelli(dirs.), Le canon du Nouveau Testament : Regards nouveaux sur l'histoire de sa formation, Labor et Fides, (ISBN 9782830911770), p. 128
  34. a b et c Jean Doresse, « La Gnose, origines des sectes gnostiques » dans Histoire des Religions, Tome 2, coll. « La Pléiade », 1972, p. 374-379.
  35. Jean Doresse (La Pléiade, Histoire des religions, Tome 2, p. 375
  36. Louis Painchaud et Anne Pasquier (éd.), Les textes de Nag Hammadi et le problème de leur classification, Québec, Les Presses de l'Université Laval, 1995, p. 151-260. Bentley Layton (éd.), The rediscovery of Gnosticism, Leyde, Brill, 1980-1981, 2 t. Wouter J. Hanegraaff (dir.), Dictionary of Gnosis and Western Esotericism, Leyde, Brill, vol. II, 2005, p. 895-898, 1063-1069, 1144-1157. Jean-Pierre Mahé et Paul-Hubert Poirier (dir.), Écrits gnostiques, Gallimard, coll. « La Pléiade », 2007, p. XXXVI-LXVIII.
  37. Raymond Kuntzmann, Le Livre de Thomas (NH II, 7), Québec, Presses de l'Université Laval, 1986. Yves Tissot, L'encratisme des Actes de Thomas, 1988. Jean-Pierre Mahé et Paul-Hubert Poirier (dir.), Écrits gnostiques, Gallimard, coll. « La Pléiade », 2007, p. LXVII, 304, 411, 452, 489, 1681.
  38. a b c d e f g h i j k et l Simon Claude Mimouni, Pierre Maraval, Le christianisme des origines à Constantin, Presses universitaires de France, , p. 371-372
  39. Jean-Pierre Mahé, Hermès en Haute-Égypte, t. I : Les textes hermétiques de Nag Hammadi et leurs parallèles grecs et latins, Québec, Presses de l'Université Laval, 1978.
  40. Henri-Charles Puech, En quête de la gnose, Gallimard, t. I, 1978, p. 148. Jean-Pierre Mahé et Paul-Hubert Poirier (dir.), Écrits gnostiques, Gallimard, coll. « La Pléiade », 2007, p. LXII. - Mais James M. Robinson nie un gnosticisme pré-chrétien (apud The Rediscovery of Gnosticism, Brill, 1981, t. II, p. 662.)
  41. Irénée de Lyon, Contre les hérésies, I, 25. Jacques Matter, Histoire critique du gnosticisme, 1828. H. Leisegang, La gnose (1924), Petite Bibliothèque Payot, 1971, Serge Hutin, Les gnostiques, PUF, 1958. Gedaliahu C. Stroumsa, « Gnostic justice and antinomianism », in Barbarian philosophy, 1999, p. 246-257. A. Wypustek, « Un aspect ignoré des persécutions des chrétiens dans l'Antiquité : les accusations de magie érotique imputées aux chrétiens aux IIe et IIIe siècles », Jahrburch für Antike und Christentum, 42 (1999), p. 50-71. - Mais Morton Smith nie l'existence d'un tel courant, il accuse l'animosité des hérésiologues.
  42. John D. Turner, « The Place of the Gospel of Judas in Sethian Tradition », dans Madeleine Scopello (dir.), The Gospel of Judas in Context : Proceedings of the First International Conference on the Gospel of Judas, Brill, (ISBN 9789004167216), p. 191-195
  43. a et b Claudio Moreschini et Enrico Norelli, Histoire de la littérature chrétienne ancienne grecque et latine, Labor et Fides, , 510 p. (ISBN 978-2-8309-0942-5, lire en ligne), p. 219
  44. Jean-Daniel Dubois, « L'Évangile de Judas et la tradition basilidienne », dans Madeleine Scopello (dir.), The Gospel of Judas in Context : Proceedings of the First International Conference on the Gospel of Judas, Brill, (ISBN 9789004167216), p. 145-146
  45. a b et c Mimouni et Maraval 2007, p. 366.
  46. Levieils 2007, p. 150.
  47. Mattei 2008, p. 188.
  48. a et b Mattei 2008, p. 189.
  49. Doctrine chrétienne fondée sur la distinction paulinienne entre la foi et la connaissance de la Loi.
  50. a b c d e et f Jean Doresse, « La Gnose, origines des sectes gnostiques » dans Histoire des Religions, Tome 2, coll. « La Pléiade », 1972, p. 379-385.
  51. Madeleine Scopello. Les Gnostiques, éd du Cerf, 1991.
  52. a b et c Jean Doresse, « La Gnose, origines des sectes gnostiques », dans Histoire des Religions, Tome 2, coll. « La Pléiade », 1972, p. 385-389.
  53. selon M. Scopello Les gnostiques, Cerf, 1991, p. 124.
  54. a b c d et e Jean Doresse, « La Gnose, origines des sectes gnostiques », dans Histoire des Religions, Tome 2, Gallimard, coll. « La Pléiade », 1972, p. 389-393.
  55. a b c d e et f Jean Doresse, « La Gnose, origines des sectes gnostiques » dans Histoire des Religions, Tome 2, Gallimard, coll. « La Pléiade », 1972, p. 393-397.
  56. (en) Norman C. McClelland, Encyclopedia of Reincarnation and Karma, McFarland, (lire en ligne), p. 100
  57. Jean Doresse, « La Gnose, origines des sectes gnostiques » dans Histoire des Religions, Tome 2, coll. « La Pléiade », 1972, p. 397-399.
  58. Jean Doresse, La Gnose, origines des sectes gnostiques dans Histoire des Religions, Tome2, La Pléïade, 1972, p.399-400
  59. a b et c Jean Doresse, « La Gnose, origines des sectes gnostiques », dans Histoire des Religions, Tome 2, Gallimard, coll. « La Pléiade », 1972, p. 400-402.
  60. Jean Doresse, « La Gnose, origines des sectes gnostiques » dans Histoire des Religions, Tome 2, Gallimard, coll. « La Pléiade », 1972, p. 402-406.
  61. Ioan P. Couliano, Où en est la question du dualisme ?
  62. voir notamment les hypothèses de Paul Alphandéry, Steven Runciman, Émile Puech ou encore le suédois Hans Söderberg ; cf. Pilar Jiménez-Sanchez, Les catharismes : Modèles dissidents du christianisme médiéval (XIIe – XIIIe siècles), Presses universitaires de Rennes, , 456 p. (ISBN 978-2-7535-3118-5, lire en ligne), p. 48-49
  63. Jean Doresse, « La Gnose, origines des sectes gnostiques » dans Histoire des Religions, Tome 2, coll. « La Pléiade », 1972, p. 417-421.
  64. Jacques Lacarrière (écrivain), Les Gnostiques, 1973, Gallimard, collection « Idées », avec une préface de Lawrence Durrell (rééd. 1994, Albin Michel, collection « Spiritualités Vivantes » (ISBN 978-2226070241))
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