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« Marie-Christine d'Autriche (1742-1798) » : différence entre les versions

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{{Homonymies|Marie-Christine d'Autriche (homonymie)}}
[[Fichier:Johann Zoffany 004.jpg|thumb|upright=1.2|Marie-Christine de Habsbourg-Lorraine, archiduchesse d'Autriche, duchesse de Teschen, gouvernante des Pays-Bas. Tableau de [[Johann Zoffany]], 1776.]]
{{Infobox Politicien
'''Marie, Christine, Jeanne, Josèphe, Antoinette (''Maria Christina Johanna Josepha Antonia'') de [[maison de Habsbourg-Lorraine|Habsbourg-Lorraine]], archiduchesse d'Autriche, duchesse de Saxe, gouvernante des Pays-Bas''', (°[[Vienne (Autriche)|Vienne]], [[13 mai]] [[1742]] – † [[24 juin]] [[1798]]).
| charte = Monarque
| conjoint = [[Albert de Saxe-Teschen]]
| dynastie = [[Maison de Habsbourg-Lorraine]]
| nom de naissance = Marie, Christine, Jeanne, Josèphe, Antoinette
| date de naissance = {{date|13|mai|1742}}
| lieu de naissance = [[Vienne (Autriche)|Vienne]] ([[Archiduché d'Autriche|Autriche]])
| date de décès = {{date de décès|24|juin|1798|13|mai|1742}}
| lieu de décès = [[Vienne (Autriche)|Vienne]] ([[Archiduché d'Autriche|Autriche]])
| nature du décès =
| sépulture = [[Crypte des Capucins]]
| père = [[François Ier du Saint-Empire|François {{Ier}} du Saint-Empire]]
| mère = [[Marie-Thérèse d'Autriche (1717-1780)|Marie-Thérèse d'Autriche]]
| fratrie =
| enfants =
| prédécesseur 5 =
| entourage =
| profession =
| religion = [[Catholicisme]]
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| co-titulaire 1 = [[Albert de Saxe-Teschen]]
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| successeur 5 =
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| nom = Marie-Christine d'Autriche
| co-titulaire 2 =
| image = Marie-Christine de Habsbourg-Lorraine.jpg
| légende = Portrait de Marie-Christine d'Autriche
| fonction1 = [[Liste des gouverneurs des Pays-Bas espagnols et autrichiens|Régente des Pays-Bas autrichiens]]
| à partir du fonction1 = {{date|29|novembre|1780}}
| jusqu'au fonction1 = {{date|1|mars|1792}}<br /><small>({{Durée|29|novembre|1780|1|mars|1792}})</small>
| monarque 1 =
| prédécesseur 1 = [[Charles-Alexandre de Lorraine]]
| successeur 1 = [[Charles-Louis d'Autriche-Teschen]]
| fonction2 =
| à partir du fonction2 =
| jusqu'au fonction2 =
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| à partir du fonction5 =
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| à partir du fonction3 =
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| successeur 3 =
| fonction4 =
| à partir du fonction4 =
| jusqu'au fonction4 =
| prédécesseur 4 =
| successeur 4 =
| fonction5 =
| depuis le fonction1 =
}}


'''Marie Christine Jeanne Josèphe Antoinette d'Autriche''' (''Maria Christina Johanna Josepha Antonia''), archiduchesse d'Autriche, princesse de Bohême et de Hongrie, duchesse de Saxe, née à [[Vienne (Autriche)|Vienne]] le {{date de naissance|13 mai 1742}} et morte le {{date de décès|24 juin 1798}}, fut gouvernante des [[Pays-Bas autrichiens]] de 1780 à 1793.
Marie-Christine est la cinquième enfant de l'empereur [[François Ier du Saint-Empire|François I{{er}}]] de Lorraine et de l'impératrice d'Autriche [[Marie-Thérèse Ire de Hongrie|Marie-Thérèse]].


== L'affection d'Isabelle ==
== L'affection d'Isabelle ==
L'archiduchesse est le cinquième enfant de l'empereur [[François Ier du Saint-Empire|François {{Ier}}]] de Lorraine et de l'impératrice-reine [[Marie-Thérèse Ire de Hongrie|Marie-Thérèse]].
Marie-Christine, surnommée ''Mimi'' dans sa famille, naquit le même jour que sa mère (13 mai) et après la naissance si attendue de l'héritier du trône, le futur [[Joseph II du Saint-Empire|Joseph II]] en mars 1741, était l'enfant favori de sa mère. La préférence dont l'impératrice faisait montre à son égard lui valut la jalousie de ses frères et sœurs, particulièrement de l'empereur [[Joseph II d'Autriche|Joseph II]], dont la première épouse, [[Marie-Isabelle de Bourbon-Parme|Isabelle de Parme]], semblait elle aussi préférer la compagnie de Marie-Christine à celle de son mari. Les lettres écrites par Isabelle à Marie-Christine sont d'un ton extrêmement passionné, et sont le témoignage d'une idylle homosexuelle véritable. Même si les expressions de tendresse exaltées qu'on y trouve sont tout-à-fait conformes à la mode de l'époque (telles qu'elles abondent, par exemple, dans la correspondance entre Julie et Claire de la ''Nouvelle Héloïse'', ou dans celle de la duchesse de Devonshire et de Lady Foster). Malheureusement les lettres de Marie-Christine n'ont jamais été retrouvées mais Isabelle l'a cite souvent. Après la mort d'Isabelle, dont Joseph II fut désespéré, Marie-Christine elle-même offrit à son frère, pour le consoler par un souvenir de sa femme, l'ensemble des lettres qu'elle avait reçues de la défunte, après quoi le propre mari de Marie-Christine les conserva soigneusement dans ses propres papiers. Le XVIIIème siècle n'a pas du tout la même vison de l'homosexualité féminine qu'aujourd'hui, héritage du XIXèms siècle.

Marie-Christine, surnommée ''Mimi'' dans sa famille, née le même jour que sa mère ({{date-|13 mai}}) et après la naissance si attendue de l'héritier du trône, le futur [[Joseph II du Saint-Empire|Joseph II]] en {{date-|mars 1741}}, était l'enfant favori de sa mère. La préférence dont l'impératrice faisait montre à son égard lui valut la jalousie de ses frères et sœurs, particulièrement de l'empereur [[Joseph II d'Autriche|Joseph II]], dont la première épouse, [[Marie-Isabelle de Bourbon-Parme|Isabelle de Parme]], semblait elle aussi préférer la compagnie de Marie-Christine à celle de son mari. Les lettres écrites par Isabelle à Marie-Christine sont d'un ton extrêmement passionné, et sont le témoignage des sentiments exacerbés qu'éprouvait Isabelle, jeune femme étrangère, très intelligente mais fragile voire dépressive envers sa belle-sœur. Il est toutefois difficile de leur donner une signification précise selon les conceptions actuelles de l'homosexualité. Le {{s|XVIII|e}} n'a pas du tout la même vision de l'homosexualité féminine qu'aujourd'hui, héritage du {{s|XIX|e}}. Les expressions de tendresse exaltées qu'on trouve dans cette correspondance sont tout à fait conformes à la mode de l'époque (telles qu'elles abondent, par exemple, dans la correspondance - littéraire - entre Julie et Claire de ''[[La Nouvelle Héloïse]]'', ou dans celle - authentique - entre la [[Georgiana Cavendish|duchesse de Devonshire]] et Lady Foster).

Face à l'exaltation amoureuse d'Isabelle, Marie-Christine semble avoir montré une attitude plus compassée, s'efforçant en vain de remettre Isabelle dans un état d'esprit plus raisonnable (les lettres de Marie-Christine n'ont jamais été retrouvées, mais on déduit leur contenu des réponses d'Isabelle, qui souffre de la non-réciprocité de ses sentiments)<ref>Simone Bertière, ''Marie-Antoinette, l'Insoumise'', Paris, Éditions de Fallois, 2002 {{ISBN|28 77 06442 5}}</ref>.

Au surplus, précisément à cette époque, Marie-Christine était amoureuse du [[Louis VII de Wurtemberg|duc Louis de Wurtemberg]], et s'était même fiancée secrètement avec lui. Le mariage n'eut pas lieu car le prince, cadet d'une petite famille régnante, ne fut pas considéré comme un parti suffisant par l'Impératrice. Marie-Christine, face aux effusions croissantes d'Isabelle, finit par se résoudre à éviter soigneusement de se trouver seule avec elle, ne la rencontrant plus qu'en public dans les cérémonies de la Cour<ref>Edgarda Ferri, ''Maria Teresa. Una Donna al Potere'', Milano, Mondadori, 2008. {{ISBN|88-04-42449-4}}</ref>. Enfin, elle choisit de s'éloigner définitivement en s'établissant à Prague. De cette époque datent les lettres les plus désespérées d'Isabelle, qui se livre alors avec Marie-Christine à un véritable chantage au suicide. À quoi Marie-Christine répondit froidement (une de ses rares lettres subsistantes) : ''« Votre désir de mort est une chose entièrement mauvaise, et qui témoigne de votre égoïsme ou d'une prétention aux résolutions héroïques »''.

Au demeurant, « ''Isabelle était déchirée entre ses sentiments pour sa belle-sœur, son devoir envers son mari, et sa foi catholique ardente. Elle se sentait mourir de honte et de culpabilité (« Dieu connaît mon désir de fuir une vie par laquelle je L'offense chaque jour », écrit-elle ailleurs). Son sentiment de faute est impressionnant. Marie-Thérèse semble ne s'être jamais aperçue de rien''. »<ref>Edgarda Ferri, ''Op. cit.''</ref>

Après la mort d'Isabelle, dont Joseph II fut désespéré, Marie-Christine elle-même offrit à son frère, pour le consoler par un souvenir de sa femme, l'ensemble des lettres qu'elle avait reçues de la défunte, et ce dernier les conserva soigneusement dans ses propres papiers.


== Habile et intelligente ==
== Habile et intelligente ==
[[Image:Anonym Albert von Sachsen-Teschen.jpg|thumb|Albert de Saxe, duc de Teschen.]]
Marie-Christine était une femme très intelligente qui, avec les conseils de sa belle-soeur [[Isabelle de Bourbon-Parme]] avait toujours su très habilement gérer ses relations avec ses parents, particulièrement sa mère. La mort inopinée de son père, l'empereur François I{{er}}, ayant plongé l'impératrice Marie-Thérèse dans une dépression profonde, Marie-Christine profita de cette faiblesse momentanée pour arracher à sa mère l'autorisation de se marier par amour plutôt que par raison d'État. Elle était en effet amoureuse du prince [[Albert de Saxe-Teschen|Albert de Saxe]] depuis un certain temps, et cette union avait d'abord été rejetée par l'impératrice, comme peu prestigieuse et par l'empereur qui voulait marier Marie-Christine au fils de sa soeur défunte [[Charles-Maurice de Savoie]], comte de Chablais. Marie-Christine finit ainsi par parvenir à ses fins, et elle épousa Albert dès [[1766]]. Marie-Thérèse titra son gendre duc de Teschen. Les deux époux furent nommés conjointement [[Liste des gouverneurs des Pays-Bas espagnols et autrichiens#Pays-Bas autrichiens|gouverneurs]] des [[Pays-Bas autrichiens]] à la mort de leur oncle le prince [[Charles-Alexandre de Lorraine]] en [[1780]].
[[Fichier:Johann Zoffany 004.jpg|thumb|upright=1.2|Marie-Christine de Habsbourg-Lorraine, archiduchesse d'Autriche, duchesse de Teschen, gouvernante des Pays-Bas. Tableau de [[Johann Zoffany]], 1776.]]
Marie-Christine était une femme très intelligente qui, avec les conseils de sa belle-sœur [[Isabelle de Bourbon-Parme]] avait toujours su très habilement gérer ses relations avec ses parents, particulièrement sa mère. La mort inopinée de son père, l'empereur François {{Ier}}, ayant plongé l'impératrice Marie-Thérèse dans une dépression profonde, Marie-Christine profita de cette faiblesse momentanée pour arracher à sa mère l'autorisation de se marier par amour plutôt que par raison d'État. Elle était en effet amoureuse du prince [[Albert de Saxe-Teschen|Albert de Saxe]] depuis un certain temps, et cette union avait d'abord été rejetée par l'impératrice, comme peu prestigieuse et par l'empereur qui voulait marier Marie-Christine au fils de sa sœur défunte [[Benoît de Savoie]], comte de Chablais. Son père étant mort en août 1765, sa mère sombrant dans un désespoir profond, Marie-Christine finit ainsi par parvenir à ses fins, et elle épousa Albert en [[1766]]. Albert, qui était le quatrième fils du roi de Pologne, n'avait que peu de chance de porter un jour une couronne. Pour dissimuler ce handicap politique, Marie-Thérèse titra son gendre duc de Teschen puis les deux époux furent nommés conjointement [[Liste des gouverneurs des Pays-Bas espagnols et autrichiens#Pays-Bas autrichiens|gouverneurs]] des [[Pays-Bas autrichiens]] à la mort de leur oncle, le prince [[Charles-Alexandre de Lorraine]] en [[1780]].


== Marie-Antoinette ==
== Marie-Antoinette ==
Marie-Christine fut probablement celle de ses sœurs avec qui Marie-Antoinette, de treize années sa cadette, s'entendit le moins. La préférence trop accusée de sa mère ne fut jamais pardonnée. En outre, Marie-Christine étant gouvernante générale des Pays-Bas, où paraissaient la majorité des pamphlets satiriques dirigés contre elle, la reine de France était persuadée que sa sœur envoyait à leur mère tous les ragots à son propos imprimés à Bruxelles. Ainsi, lorsque Marie-Thérèse écrivit à Marie-Antoinette pour lui reprocher une dépense exorbitante consacrée à l'achat de bracelets de diamants, Marie-Antoinette écrivit aussitôt à l'ambassadeur [[Florimond de Mercy-Argenteau]] son opinion sur la façon dont Marie-Thérèse avait eu vent de cette affaire. « C'est sûrement encore la Marie [Christine], c'est de la jalousie, c'est bien dans son goût… »
Marie-Christine fut probablement celle de ses sœurs avec qui [[Marie-Antoinette d'Autriche|Marie-Antoinette]], de treize années sa cadette, s'entendit le moins. La préférence trop accusée de sa mère ne fut jamais pardonnée. En outre, Marie-Christine étant gouvernante générale des Pays-Bas, où paraissaient la majorité des pamphlets satiriques dirigés contre elle, la reine de France était persuadée que sa sœur envoyait à leur mère tous les ragots à son propos imprimés à [[Bruxelles]]. Ainsi, lorsque Marie-Thérèse écrivit à Marie-Antoinette pour lui reprocher une dépense exorbitante consacrée à l'achat de bracelets de diamants, Marie-Antoinette écrivit aussitôt à l'ambassadeur [[Florimond de Mercy-Argenteau]] son opinion sur la façon dont Marie-Thérèse avait eu vent de cette affaire. « C'est sûrement encore la Marie [Christine], c'est de la jalousie, c'est bien dans son goût… »


Lorsque Marie-Christine et son mari vinrent visiter le roi et la reine à Versailles, Marie-Antoinette prévint Mercy très nettement qu'elle n'avait pas envie de supporter la présence de sa sœur au quotidien et qu'il avait à s'arranger pour prévoir un emploi du temps qui la débarrasserait de Marie-Christine le plus souvent possible. De fait, si Louis XVI et son beau-frère s'entendirent très bien (rappelons qu'Albert était le dernier frère de [[Marie-Josèphe de Saxe]], la propre mère de Louis XVI), les rapports entre Marie-Christine et Marie-Antoinette furent d'une froideur glaciale, et Marie-Antoinette, contrairement à l'usage, ne fit organiser pour sa sœur ni réception à Trianon, ni aucune soirée de gala particulière.
Lorsque Marie-Christine et son mari vinrent visiter le roi et la reine à Versailles, Marie-Antoinette prévint Mercy très nettement qu'elle n'avait pas envie de supporter la présence de sa sœur au quotidien et qu'il avait à s'arranger pour prévoir un emploi du temps qui la débarrasserait de Marie-Christine le plus souvent possible. De fait, si Louis XVI s'entendit très bien avec ce beau-frère qui était aussi son jeune oncle (rappelons qu'Albert était le dernier frère de [[Marie-Josèphe de Saxe (1731-1767)|Marie-Josèphe de Saxe]], la propre mère de Louis XVI), les rapports entre Marie-Christine et Marie-Antoinette furent d'une extrême froideur, et Marie-Antoinette, contrairement à l'usage, ne fit organiser pour sa sœur ni réception à Trianon, ni aucune soirée de gala particulière.

En revanche, [[Marie-Thérèse de France (1778-1851)|Marie-Thérèse]], la fille de Marie-Antoinette, sera très proche de sa tante pendant son exil à Vienne jusqu'à la mort de cette dernière en 1798<ref>Hélène Baecquet, ''Marie-Thérèse de France, l'orpheline du Temple'', Perrin, 2012, p.188-189</ref>.


== Un couple d'artistes ==
== Un couple d'artistes ==
L'union d'Albert et Marie-Christine fut parfaitement heureuse, les deux époux partageant entre autres la même passion pour le dessin. Albert réunit une des plus belles collections de dessins au monde, aujourd'hui conservée dans le célèbre musée viennois qui porte son nom, l' ''Albertina''. Marie-Christine peignait de son côté en amateur des aquarelles et des gouaches conservées aujourd'hui à Schoenbrunn, qui nous permettent de contempler la famille impériale dans l'intimité. On citera entre autres son autoportrait, une représentation de l'accouchement de sa belle-soeur Isabelle, et une représentation d'un matin de la [[Saint Nicolas]] au coin du feu, l'empereur François I{{er}} lisant son journal, Marie-Thérèse préparant le café tandis que les plus jeunes enfants impériaux découvrent leurs cadeaux dans leurs souliers (une poupée pour Marie-Antoinette, mais un fouet pour Ferdinand en pleurs, qui regrette sûrement de ne pas avoir été sage…).
L'union d'Albert et Marie-Christine fut parfaitement heureuse, les deux époux partageant entre autres la même passion pour le dessin. Albert réunit une des plus belles collections de dessins au monde, aujourd'hui conservée dans le célèbre musée viennois qui porte son nom, l{{'}}''[[Albertina (musée)|Albertina]]''. Marie-Christine peignait de son côté en amateur des aquarelles et des gouaches conservées aujourd'hui à Schoenbrunn, qui nous permettent de contempler la famille impériale dans l'intimité. On citera entre autres son autoportrait, une représentation de l'accouchement de sa belle-sœur Isabelle, et une représentation d'un matin de la [[Nicolas de Myre|Saint Nicolas]] au coin du feu, l'empereur [[François Ier (empereur des Romains)|François {{Ier}}]] lisant son journal, Marie-Thérèse préparant le café, tandis que les plus jeunes enfants impériaux découvrent leurs cadeaux dans leurs souliers (une poupée pour [[Marie-Antoinette d'Autriche|Marie-Antoinette]], mais un fouet pour [[Ferdinand d'Autriche-Este|Ferdinand]] en pleurs, qui regrette sûrement de ne pas avoir été sage…).
A Bruxelles, Marie-Christine et Albert bâtirent en 1782-1784 le château de Laeken (l'actuelle résidence de la famille royale de Belgique), oeuvre de l'architecte Louis Montoyer et des meilleurs artistes européens, sculpteurs, décorateurs, paysagistes, etc.
À Bruxelles, Marie-Christine et Albert bâtirent en 1782-1784 le [[château de Laeken]] (l'actuelle résidence de la famille royale de Belgique), œuvre de l'architecte [[Louis Montoyer]] et des meilleurs artistes européens, sculpteurs, décorateurs, paysagistes, etc. En 1786, le couple décide de faire un voyage incognito, sous les noms de Comte et Comtesse de Bellye, pour visiter les cotes françaises de Nantes à Dunkerque. Ils passeront 2 jours dans chaque port dont Lorient où ils admirent un bateau à quai, appartenant à [[Jean Peltier Dudoyer]], ''Le Bretton'', 1 200 tx, décoré pour l'occasion, et 3 jours à Brest en raison de l'arsenal.


== Adoption de l'archiduc ==
== Adoption de l'archiduc ==
La seule déception de ce mariage fut dans sa postérité, Albert et Marie-Christine n'eurent en effet qu'une fille, qui mourut le lendemain de sa naissance, le [[17 mai]] [[1767]], la princesse Marie-Thérèse de Saxe-Teschen (rappelons que Marie-Thérèse avait décidé qu'elle serait la marraine de la fille aînée de chacun de ses enfants, qui tous devraient donner à leur fille aînée le prénom de leur grand-mère). Marie-Christine ne pouvant plus avoir d'autres enfants, le couple adopta un neveu de Marie-Christine, l'archiduc [[Charles Louis d'Autriche|Charles-Louis]].
La seule déception de ce mariage fut dans sa postérité, Albert et Marie-Christine n'eurent en effet qu'une fille, qui mourut le lendemain de sa naissance, le {{date|17 mai 1767}}, la princesse Marie-Thérèse de Saxe-Teschen (rappelons que Marie-Thérèse avait décidé qu'elle serait la marraine de la fille aînée de chacun de ses enfants, qui tous devraient donner à leur fille aînée le prénom de leur grand-mère). Marie-Christine ne pouvant plus avoir d'autres enfants, le couple adopta un neveu de Marie-Christine, l'archiduc [[Charles-Louis d'Autriche-Teschen|Charles-Louis]], né en 1771.


== Chassée de ses États ==
== Chassée de ses États ==
[[Fichier:Antonio Canova Cenotaph of Archduchess Maria Christina Augustinerkirche (Wien) panoramic sculpture Austria 2014 photo Paolo Villa August FOTO8412 - FOTO8425auto.jpg|thumb|[[Antonio Canova]], monument funéraire de Marie-Christine d'Autriche.]]
Le couple eut à lutter contre la révolte de leurs états causée par les maladroites réformes de l'empereur [[Joseph II du Saint-Empire|Joseph II]], frère de Marie-Christine : la [[Révolution brabançonne]].
Le couple eut à lutter contre la révolte de leurs États causée par les maladroites réformes de l'empereur [[Joseph II du Saint-Empire|Joseph II]], frère de Marie-Christine. C'est la [[révolution brabançonne]] qui, en 1789, donna naissance aux [[États-Belgiques-Unis]].


En [[1793]], chassés par les armées de la [[Révolution française]], Marie-Christine et Albert se retirèrent dans la capitale Autrichienne.
Après une tentative de l'Autriche de se réinstaller - qui ne dura guère - en [[1793]] Marie-Christine et Albert, chassés par les armées de la [[Révolution française]], se retirèrent dans la capitale autrichienne.


Morte du [[typhus]] en [[1798]], Marie-Christine est inhumée à [[Vienne (Autriche)|Vienne]], dans la crypte impériale de l'église des Capucins, habituelle nécropole des Habsbourg, mais dans l'église des Augustins, paroisse de la famille impériale, son mari lui fit élever un beau monument par le grand sculpteur italien [[Canova]], avec une simple inscription : ''« Uxori optimae. Albertus »'' (« À la meilleure des épouses. Albert »).
Morte du [[typhus]] en [[1798]], Marie-Christine est inhumée à [[Vienne (Autriche)|Vienne]], dans la crypte impériale de l'[[Église des Capucins (Vienne)|église des Capucins]], habituelle nécropole des Habsbourgs. Mais en outre, dans l'[[Église des Augustins (Vienne)|église des Augustins]], paroisse de la famille impériale, son mari lui fit élever un beau monument par le grand sculpteur italien [[Antonio Canova|Canova]], avec une simple inscription : ''« Uxori optimae. Albertus »'' (« À la meilleure des épouses. Albert »).


== Voir aussi ==
== Ascendance ==
{{Boîte déroulante/début|alignT=center|titre=Ancêtres de Marie-Christine d'Autriche (1742-1798)}}
[[Liste des gouverneurs des Pays-Bas espagnols et autrichiens]]
<center>{{Ancêtres-compact6
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|1= 1. Marie-Christine d'Autriche
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|4= 4. [[Léopold Ier de Lorraine|Léopold {{Ier}} de Lorraine]]
|5= 5. [[Élisabeth-Charlotte d'Orléans]]
|6= 6. [[Charles VI du Saint-Empire]]
|7= 7. [[Élisabeth-Christine de Brunswick-Wolfenbüttel]]
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|9= 9. [[Éléonore d'Autriche (1653-1697)|Éléonore d'Autriche]]
|10= 10. [[Philippe d'Orléans (1640-1701)|Philippe d'Orléans]]
|11= 11. [[Élisabeth-Charlotte de Bavière]]
|12= 12. [[Léopold Ier du Saint-Empire|Léopold {{Ier}} du Saint-Empire]]
|13= 13. [[Éléonore de Neubourg]]
|14= 14. [[Louis-Rodolphe de Brunswick-Wolfenbüttel]]
|15= 15. [[Christine-Louise d'Oettingen-Oettingen]]
|16= 16. [[Nicolas-François de Lorraine]]
|17= 17. [[Claude-Françoise de Lorraine]]
|18= 18. [[Ferdinand III du Saint-Empire]]
|19= 19. [[Éléonore de Nevers-Mantoue]]
|20= 20. [[Louis XIII de France]]
|21= 21. [[Anne d'Autriche (1601-1666)|Anne d'Autriche]]
|22= 22. [[Charles Ier Louis du Palatinat|Charles {{Ier}} Louis du Palatinat]]
|23= 23. [[Charlotte de Hesse-Cassel]]
|24= 24. [[Ferdinand III du Saint-Empire]]
|25= 25. [[Marie-Anne d'Autriche (1606-1646)|Marie-Anne d'Autriche]]
|26= 26. [[Philippe-Guillaume de Neubourg]]
|27= 27. [[Élisabeth-Amélie de Hesse-Darmstadt]]
|28= 28. [[Antoine-Ulrich de Brunswick-Wolfenbüttel]]
|29= 29. [[Élisabeth-Julienne de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Norbourg]]
|30= 30. [[Albert-Ernest Ier d'Oettingen-Oettingen|Albert-Ernest {{Ier}} d'Oettingen-Oettingen]]
|31= 31. [[Christine-Frédérique de Wurtemberg]]
|32= 32. [[François II de Lorraine]]
|33= 33. [[Christine de Salm]]
|34= 34. [[Henri II de Lorraine]]
|35= 35. [[Marguerite de Mantoue (1591-1632)|Marguerite de Mantoue]]
|36= 36. [[Ferdinand II du Saint-Empire]]
|37= 37. [[Marie-Anne de Bavière (1574-1616)|Marie-Anne de Bavière]]
|38= 38. [[Charles II de Nevers-Mantoue]]
|39= 39. [[Marie de Mantoue]]
|40= 40. [[Henri IV de France]]
|41= 41. [[Marie de Médicis]]
|42= 42. [[Philippe III d'Espagne]]
|43= 43. [[Marguerite d'Autriche-Styrie]]
|44= 44. [[Frédéric V du Palatinat]]
|45= 45. [[Élisabeth Stuart]]
|46= 46. [[Guillaume V de Hesse-Cassel]]
|47= 47. [[Amélie-Élisabeth de Hanau-Münzenberg]]
|48= 48. [[Ferdinand II du Saint-Empire]]
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|62= 62. [[Eberhard VII de Wurtemberg]]
|63= 63. [[Anne-Catherine de Salm-Kyrbourg]]
}}</center>
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== Bibliographie ==
== Notes et références ==
{{Références}}

== Voir aussi ==
=== Bibliographie ===
* Friedrich Wassensteiner, ''Die Töchter Maria-Theresias'', Bergisch Gladbach, 1996.
* Friedrich Wassensteiner, ''Die Töchter Maria-Theresias'', Bergisch Gladbach, 1996.
* Richard Reifenscheid, ''Die Habsburger in Lebensbildern'', Diederichs, 2000.
* Richard Reifenscheid, ''Die Habsburger in Lebensbildern'', Diederichs, 2000.
* Simone Bertière ''Marie-Antoinette, l'Insoumise'', Paris, Éditions de Fallois, 2002.
* Antonia Fraser, ''Marie-Antoinette'', Flammarion, 2006.
* Antonia Fraser, ''Marie-Antoinette'', Flammarion, 2006.
* Edgarda Ferri, ''Maria Teresa. Una Donna al Potere'', Milano, Mondadori, 2008.
*Tugdual de Langlais, ''L'armateur préféré de Beaumarchais Jean Peltier Dudoyer, de Nantes à l'Isle de France'', Éd. Coiffard, 2015, 340 p. {{ISBN|9782919339280}}.
*Les Cahiers de l'Iroise, N°4, 1982, pp 188-192.


=== Articles connexes ===
{{Dynastie|couleur1="#ffaaaa"|couleur2="ffffaa"||avant=[[Charles-Alexandre de Lorraine]]|nom=[[Liste des gouverneurs des Pays-Bas espagnols et autrichiens#Pays-Bas autrichiens|Gouverneurs des Pays-Bas autrichiens]]<br />[[1780]]-[[1792]]|après=[[Charles Louis d'Autriche]]}}
* [[Liste des gouverneurs des Pays-Bas espagnols et autrichiens]]
* [[Rue Marie-Christine]] à [[Laeken]]
* [[Concert Noble]] et [[hôtel de ville de Bruxelles]]. Rue d'Arlon, Les portraits, peints vers 1785 par [[Alexandre Roslin]] (1718-1793), du couple offerts par eux à la Société du Concert Noble sont situés dans l'antichambre surmontés de leurs armoiries et de la couronne surmontée d'une croix.


=== Liens externes ===
{{Portail|Cliopédia|Belgique}}
* {{Autorité}} <!-- Si aucune information, Wikipédia n'affichera rien de cette ligne -->
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Dernière version du 25 mars 2024 à 19:24

Marie-Christine d'Autriche
Illustration.
Portrait de Marie-Christine d'Autriche
Titre
Régente des Pays-Bas autrichiens

(11 ans, 3 mois et 1 jour)
Avec Albert de Saxe-Teschen
Prédécesseur Charles-Alexandre de Lorraine
Successeur Charles-Louis d'Autriche-Teschen
Biographie
Dynastie Maison de Habsbourg-Lorraine
Nom de naissance Marie, Christine, Jeanne, Josèphe, Antoinette
Date de naissance
Lieu de naissance Vienne (Autriche)
Date de décès (à 56 ans)
Lieu de décès Vienne (Autriche)
Sépulture Crypte des Capucins
Père François Ier du Saint-Empire
Mère Marie-Thérèse d'Autriche
Conjoint Albert de Saxe-Teschen
Religion Catholicisme

Marie Christine Jeanne Josèphe Antoinette d'Autriche (Maria Christina Johanna Josepha Antonia), archiduchesse d'Autriche, princesse de Bohême et de Hongrie, duchesse de Saxe, née à Vienne le et morte le , fut gouvernante des Pays-Bas autrichiens de 1780 à 1793.

L'affection d'Isabelle

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L'archiduchesse est le cinquième enfant de l'empereur François Ier de Lorraine et de l'impératrice-reine Marie-Thérèse.

Marie-Christine, surnommée Mimi dans sa famille, née le même jour que sa mère () et après la naissance si attendue de l'héritier du trône, le futur Joseph II en , était l'enfant favori de sa mère. La préférence dont l'impératrice faisait montre à son égard lui valut la jalousie de ses frères et sœurs, particulièrement de l'empereur Joseph II, dont la première épouse, Isabelle de Parme, semblait elle aussi préférer la compagnie de Marie-Christine à celle de son mari. Les lettres écrites par Isabelle à Marie-Christine sont d'un ton extrêmement passionné, et sont le témoignage des sentiments exacerbés qu'éprouvait Isabelle, jeune femme étrangère, très intelligente mais fragile voire dépressive envers sa belle-sœur. Il est toutefois difficile de leur donner une signification précise selon les conceptions actuelles de l'homosexualité. Le XVIIIe siècle n'a pas du tout la même vision de l'homosexualité féminine qu'aujourd'hui, héritage du XIXe siècle. Les expressions de tendresse exaltées qu'on trouve dans cette correspondance sont tout à fait conformes à la mode de l'époque (telles qu'elles abondent, par exemple, dans la correspondance - littéraire - entre Julie et Claire de La Nouvelle Héloïse, ou dans celle - authentique - entre la duchesse de Devonshire et Lady Foster).

Face à l'exaltation amoureuse d'Isabelle, Marie-Christine semble avoir montré une attitude plus compassée, s'efforçant en vain de remettre Isabelle dans un état d'esprit plus raisonnable (les lettres de Marie-Christine n'ont jamais été retrouvées, mais on déduit leur contenu des réponses d'Isabelle, qui souffre de la non-réciprocité de ses sentiments)[1].

Au surplus, précisément à cette époque, Marie-Christine était amoureuse du duc Louis de Wurtemberg, et s'était même fiancée secrètement avec lui. Le mariage n'eut pas lieu car le prince, cadet d'une petite famille régnante, ne fut pas considéré comme un parti suffisant par l'Impératrice. Marie-Christine, face aux effusions croissantes d'Isabelle, finit par se résoudre à éviter soigneusement de se trouver seule avec elle, ne la rencontrant plus qu'en public dans les cérémonies de la Cour[2]. Enfin, elle choisit de s'éloigner définitivement en s'établissant à Prague. De cette époque datent les lettres les plus désespérées d'Isabelle, qui se livre alors avec Marie-Christine à un véritable chantage au suicide. À quoi Marie-Christine répondit froidement (une de ses rares lettres subsistantes) : « Votre désir de mort est une chose entièrement mauvaise, et qui témoigne de votre égoïsme ou d'une prétention aux résolutions héroïques ».

Au demeurant, « Isabelle était déchirée entre ses sentiments pour sa belle-sœur, son devoir envers son mari, et sa foi catholique ardente. Elle se sentait mourir de honte et de culpabilité (« Dieu connaît mon désir de fuir une vie par laquelle je L'offense chaque jour », écrit-elle ailleurs). Son sentiment de faute est impressionnant. Marie-Thérèse semble ne s'être jamais aperçue de rien. »[3]

Après la mort d'Isabelle, dont Joseph II fut désespéré, Marie-Christine elle-même offrit à son frère, pour le consoler par un souvenir de sa femme, l'ensemble des lettres qu'elle avait reçues de la défunte, et ce dernier les conserva soigneusement dans ses propres papiers.

Habile et intelligente

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Albert de Saxe, duc de Teschen.
Marie-Christine de Habsbourg-Lorraine, archiduchesse d'Autriche, duchesse de Teschen, gouvernante des Pays-Bas. Tableau de Johann Zoffany, 1776.

Marie-Christine était une femme très intelligente qui, avec les conseils de sa belle-sœur Isabelle de Bourbon-Parme avait toujours su très habilement gérer ses relations avec ses parents, particulièrement sa mère. La mort inopinée de son père, l'empereur François Ier, ayant plongé l'impératrice Marie-Thérèse dans une dépression profonde, Marie-Christine profita de cette faiblesse momentanée pour arracher à sa mère l'autorisation de se marier par amour plutôt que par raison d'État. Elle était en effet amoureuse du prince Albert de Saxe depuis un certain temps, et cette union avait d'abord été rejetée par l'impératrice, comme peu prestigieuse et par l'empereur qui voulait marier Marie-Christine au fils de sa sœur défunte Benoît de Savoie, comte de Chablais. Son père étant mort en août 1765, sa mère sombrant dans un désespoir profond, Marie-Christine finit ainsi par parvenir à ses fins, et elle épousa Albert en 1766. Albert, qui était le quatrième fils du roi de Pologne, n'avait que peu de chance de porter un jour une couronne. Pour dissimuler ce handicap politique, Marie-Thérèse titra son gendre duc de Teschen puis les deux époux furent nommés conjointement gouverneurs des Pays-Bas autrichiens à la mort de leur oncle, le prince Charles-Alexandre de Lorraine en 1780.

Marie-Antoinette

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Marie-Christine fut probablement celle de ses sœurs avec qui Marie-Antoinette, de treize années sa cadette, s'entendit le moins. La préférence trop accusée de sa mère ne fut jamais pardonnée. En outre, Marie-Christine étant gouvernante générale des Pays-Bas, où paraissaient la majorité des pamphlets satiriques dirigés contre elle, la reine de France était persuadée que sa sœur envoyait à leur mère tous les ragots à son propos imprimés à Bruxelles. Ainsi, lorsque Marie-Thérèse écrivit à Marie-Antoinette pour lui reprocher une dépense exorbitante consacrée à l'achat de bracelets de diamants, Marie-Antoinette écrivit aussitôt à l'ambassadeur Florimond de Mercy-Argenteau son opinion sur la façon dont Marie-Thérèse avait eu vent de cette affaire. « C'est sûrement encore la Marie [Christine], c'est de la jalousie, c'est bien dans son goût… »

Lorsque Marie-Christine et son mari vinrent visiter le roi et la reine à Versailles, Marie-Antoinette prévint Mercy très nettement qu'elle n'avait pas envie de supporter la présence de sa sœur au quotidien et qu'il avait à s'arranger pour prévoir un emploi du temps qui la débarrasserait de Marie-Christine le plus souvent possible. De fait, si Louis XVI s'entendit très bien avec ce beau-frère qui était aussi son jeune oncle (rappelons qu'Albert était le dernier frère de Marie-Josèphe de Saxe, la propre mère de Louis XVI), les rapports entre Marie-Christine et Marie-Antoinette furent d'une extrême froideur, et Marie-Antoinette, contrairement à l'usage, ne fit organiser pour sa sœur ni réception à Trianon, ni aucune soirée de gala particulière.

En revanche, Marie-Thérèse, la fille de Marie-Antoinette, sera très proche de sa tante pendant son exil à Vienne jusqu'à la mort de cette dernière en 1798[4].

Un couple d'artistes

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L'union d'Albert et Marie-Christine fut parfaitement heureuse, les deux époux partageant entre autres la même passion pour le dessin. Albert réunit une des plus belles collections de dessins au monde, aujourd'hui conservée dans le célèbre musée viennois qui porte son nom, l'Albertina. Marie-Christine peignait de son côté en amateur des aquarelles et des gouaches conservées aujourd'hui à Schoenbrunn, qui nous permettent de contempler la famille impériale dans l'intimité. On citera entre autres son autoportrait, une représentation de l'accouchement de sa belle-sœur Isabelle, et une représentation d'un matin de la Saint Nicolas au coin du feu, l'empereur François Ier lisant son journal, Marie-Thérèse préparant le café, tandis que les plus jeunes enfants impériaux découvrent leurs cadeaux dans leurs souliers (une poupée pour Marie-Antoinette, mais un fouet pour Ferdinand en pleurs, qui regrette sûrement de ne pas avoir été sage…). À Bruxelles, Marie-Christine et Albert bâtirent en 1782-1784 le château de Laeken (l'actuelle résidence de la famille royale de Belgique), œuvre de l'architecte Louis Montoyer et des meilleurs artistes européens, sculpteurs, décorateurs, paysagistes, etc. En 1786, le couple décide de faire un voyage incognito, sous les noms de Comte et Comtesse de Bellye, pour visiter les cotes françaises de Nantes à Dunkerque. Ils passeront 2 jours dans chaque port dont Lorient où ils admirent un bateau à quai, appartenant à Jean Peltier Dudoyer, Le Bretton, 1 200 tx, décoré pour l'occasion, et 3 jours à Brest en raison de l'arsenal.

Adoption de l'archiduc

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La seule déception de ce mariage fut dans sa postérité, Albert et Marie-Christine n'eurent en effet qu'une fille, qui mourut le lendemain de sa naissance, le , la princesse Marie-Thérèse de Saxe-Teschen (rappelons que Marie-Thérèse avait décidé qu'elle serait la marraine de la fille aînée de chacun de ses enfants, qui tous devraient donner à leur fille aînée le prénom de leur grand-mère). Marie-Christine ne pouvant plus avoir d'autres enfants, le couple adopta un neveu de Marie-Christine, l'archiduc Charles-Louis, né en 1771.

Chassée de ses États

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Antonio Canova, monument funéraire de Marie-Christine d'Autriche.

Le couple eut à lutter contre la révolte de leurs États causée par les maladroites réformes de l'empereur Joseph II, frère de Marie-Christine. C'est la révolution brabançonne qui, en 1789, donna naissance aux États-Belgiques-Unis.

Après une tentative de l'Autriche de se réinstaller - qui ne dura guère - en 1793 Marie-Christine et Albert, chassés par les armées de la Révolution française, se retirèrent dans la capitale autrichienne.

Morte du typhus en 1798, Marie-Christine est inhumée à Vienne, dans la crypte impériale de l'église des Capucins, habituelle nécropole des Habsbourgs. Mais en outre, dans l'église des Augustins, paroisse de la famille impériale, son mari lui fit élever un beau monument par le grand sculpteur italien Canova, avec une simple inscription : « Uxori optimae. Albertus » (« À la meilleure des épouses. Albert »).

Notes et références

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  1. Simone Bertière, Marie-Antoinette, l'Insoumise, Paris, Éditions de Fallois, 2002 (ISBN 28 77 06442 5)
  2. Edgarda Ferri, Maria Teresa. Una Donna al Potere, Milano, Mondadori, 2008. (ISBN 88-04-42449-4)
  3. Edgarda Ferri, Op. cit.
  4. Hélène Baecquet, Marie-Thérèse de France, l'orpheline du Temple, Perrin, 2012, p.188-189

Bibliographie

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  • Friedrich Wassensteiner, Die Töchter Maria-Theresias, Bergisch Gladbach, 1996.
  • Richard Reifenscheid, Die Habsburger in Lebensbildern, Diederichs, 2000.
  • Simone Bertière Marie-Antoinette, l'Insoumise, Paris, Éditions de Fallois, 2002.
  • Antonia Fraser, Marie-Antoinette, Flammarion, 2006.
  • Edgarda Ferri, Maria Teresa. Una Donna al Potere, Milano, Mondadori, 2008.
  • Tugdual de Langlais, L'armateur préféré de Beaumarchais Jean Peltier Dudoyer, de Nantes à l'Isle de France, Éd. Coiffard, 2015, 340 p. (ISBN 9782919339280).
  • Les Cahiers de l'Iroise, N°4, 1982, pp 188-192.

Articles connexes

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Liens externes

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