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« Lucien Rebatet » : différence entre les versions

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{{Infobox Biographie2|charte=écrivain}}
'''Lucien Rebatet''', né le {{date de naissance|15|novembre|1903}} à [[Moras-en-Valloire]], où il est mort le {{date de décès|24|août|1972}}<ref>[https://deces.matchid.io/id/0kf5DwW3o2Rr Relevé des fichiers de l'Insee]</ref>, est un [[écrivain]], [[journaliste]] et [[Critique musicale|critique musical]] et [[Critique cinématographique|cinématographique]] [[France|français]]. Ayant débuté à l'[[Action française]], il rejoint en [[1932]] l'hebdomadaire ''[[Je suis partout]]'', qui se réclame du [[Fascisme en France|fascisme]] et qui devient à partir de 1941 le principal journal [[collaborationniste]] et [[antisémite]] français sous l'[[Vie en France sous l'Occupation allemande|Occupation]]. En 1942, il publie ''[[Les Décombres]]'', féroce [[pamphlet]] [[Antisémitisme en France|antisémite]].


Condamné à mort à la [[Libération de la France|Libération]], puis gracié, il reste en prison jusqu'en 1952 en compagnie de [[Pierre-Antoine Cousteau]]<ref>{{Ouvrage|langue=|auteur1=L. Rebatet & P.-A Cousteau|titre=Dialogue de vaincus : prison de Clairvaux, janvier-décembre 1950|passage=|lieu=Paris|éditeur=Berg international, coll. "Histoire des idées".|date=1999|pages totales=|isbn=|lire en ligne=}}</ref>. Il abandonne alors la polémique, se consacrant à la critique cinématographique et à sa carrière d'écrivain en publiant son œuvre majeure, ''[[Les Deux Étendards]]'', en 1951.
'''Lucien Romain Rebatet''' ({{Date|15|novembre|1903}}, [[Moras-en-Valloire]], [[Drôme (département)|Drôme]] – {{Date|24|août|1972}}, id.) était un [[écrivain]], [[journaliste]] et [[Critique musicale|critique musical]] [[français]], qui se réclamait du [[Fascisme en France|fascisme]].


== Biographie ==
== Éléments biographiques ==
=== 1929-1940 : la naissance d'une vocation fasciste ===
=== 1929-1940 : naissance d'une vocation fasciste ===
{{refnec|Fils de Pierre Rebatet, notaire, et de Jeanne Tampucci (petite-fille du poète Hippolyte Tampucci), il fréquente le collège [[Pères Maristes|mariste]] de [[Saint-Chamond]] (Loire). Après avoir abandonné des études de droit à l'[[université de Lyon]], puis de lettres à la [[Sorbonne]], il entre comme critique musical au journal [[nationalisme français|nationaliste]] et [[monarchisme|monarchiste]] l'''[[Action française (quotidien)|Action française]]'' en avril [[1929]], malgré un profond mépris pour le camp de la « Réaction », où il écrit sous le pseudonyme de François Vinteuil, puis de François Vinneuil. Le {{Date|30|avril|1932}}, il devient journaliste à ''[[Je suis partout]]'', où son style et ses convictions vont s'affirmer.}}}
Lucien Rebatet naît le {{date-|15 novembre 1903}} à [[Moras-en-Valloire]], village du nord de la [[Drôme (département)|Drôme]]<ref name="Ifri2001">{{Ouvrage|auteur1=Pascal Alain Ifri|titre=Les deux étandards de Lucien Rebatet|sous-titre=dossier d'un chef-d'œuvre maudit|lieu=|éditeur=L'Âge d'Homme|collection=|année=2001|pages totales=205|passage=15|isbn=|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=qGVj0Eca7okC&pg=PA15&dq=lucien+rebatet+moras&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiS1MzSydvuAhWHGBQKHRjECHMQ6AEwAHoECAUQAg#v=onepage&q=lucien%20rebatet%20moras&f=false}}.</ref>. Fils de Pierre Rebatet, notaire du village<ref name="Ifri2001"/>, et de Jeanne Tampucci (petite-fille du poète [[Hippolyte Tampucci]]), il fréquente le collège [[Pères maristes|mariste]] Sainte-Marie de [[Saint-Chamond]] (Loire). Après avoir abandonné des études de droit à l'[[université de Lyon]], puis de lettres à la [[Sorbonne]], il se résigne à accepter en {{date-|janvier 1928}} un emploi subalterne dans une compagnie d'assurance (qu'il qualifiera plus tard de {{"|chiourme où il crevait d'ennui}}). Il entre en {{date|avril 1929}} {{Incise|malgré un profond mépris pour le camp de la « Réaction »}} comme critique musical au journal [[nationalismes en France|nationaliste]] et [[monarchisme|monarchiste]] ''[[L'Action française (quotidien)|L'Action française]]'', où il écrit sous le [[pseudonyme]] de François Vinteuil, puis sous celui de François Vinneuil. Le {{Date|30|avril|1932}}, il devient journaliste à ''[[Je suis partout]]'', où son style et ses convictions vont s'affirmer. Il épouse Véronique Popovici, le {{date|14|septembre|1933}}, à [[Galați]], en [[Roumanie]].


{{refnec|Il signe des articles comme « Le Cinéma par ceux qui le font », « Les Étrangers en France. L'invasion », « Les Émigrés politiques en France ». Il accueille avec enthousiasme la parution du pamphlet ouvertement antisémite de [[Louis-Ferdinand Céline|Céline]], ''[[Bagatelles pour un massacre]]''. Rebatet se révèle en effet un [[antisémitisme|antisémite]] virulent. Outre les [[juifs]], il attaque avec férocité le [[communisme]], la [[démocratie]], l'[[Église (institution)|Église]] et, après des enquêtes en [[Allemagne]] et en [[Italie]], se proclame [[fascisme|fasciste]].}}
Il signe des articles comme « Le Cinéma par ceux qui le font », « Les Étrangers en France : l'invasion » ou encore « Les Émigrés politiques en France ». Il accueille avec enthousiasme la parution du pamphlet ouvertement antisémite de [[Louis-Ferdinand Céline|Céline]] ''[[Bagatelles pour un massacre]]''. Rebatet se révèle en effet un [[antisémitisme|antisémite]] virulent. Outre les [[juifs]], il attaque le [[communisme]], la [[démocratie]], l'[[Église (institution)|Église]] et, après des enquêtes en [[Allemagne]] et en [[Italie]], se proclame [[fascisme|fasciste]].


=== 1940–1944 : l'apologie de la Collaboration ===
=== 1940-1944 : l'apologie de la Collaboration ===
{{refnec|Mobilisé en janvier [[1940]], Lucien Rebatet est libéré le {{Date|15|juillet|1940}} et rejoint [[Vichy]] où il travaille à la radio. De retour à [[Paris]], après un passage au journal ''[[Le Cri du Peuple (journal 1940-1944)|Le Cri du Peuple]]'' de [[Jacques Doriot]], il revient à ''[[Je suis partout]]''. Il signe « Les Tribus du cinéma et du théâtre » et « Le Bolchévisme contre la civilisation ».}}
En {{date|janvier 1940}}, Lucien Rebatet est mobilisé et affecté au Cinquième bureau, chargé du contre-espionnage, il y a notamment sous ses ordres le lieutenant [[Pierre Lazareff]]<ref>Yves Courrière, ''Pierre Lazareff ou le vagabond de l'actualité''. Gallimard, {{coll|Biographies}}, 1995, p. 327 : {{citation bloc|Les deux hommes se regardèrent en chiens de faïence et Pierrot, pas plus rassuré que cela, alla demander au colonel qui l'avait affecté à ce service s'il savait bien qui était l'homme qui le commandait.}}</ref>. Il est démobilisé le {{Date|15|juillet|1940}} et rejoint [[Vichy]], où il travaille à la radio. Scandalisé par ce qu'il appelle {{"|l'anglomanie vichyssoise}} il regagne [[Paris]] le {{date-|15 octobre 1940}}. Après un passage au journal ''[[Le Cri du peuple (journal 1940-1944)|Le Cri du peuple]]'' de [[Jacques Doriot]], il revient à ''[[Je suis partout]]''. Il signe « Les tribus du cinéma et du théâtre » et « Le bolchévisme contre la civilisation ». Il collabore au journal ''[[L'Union française (revue)|L'Union française]]''.


Dans l'hebdomadaire ''[[Je suis partout]]'', il publie en 1941 plusieurs reportages, l'un consacré aux Juifs de [[Marseille]], l'autre aux Juifs de la [[Côte d'Azur]] et un dernier sur les Juifs de [[Lyon]]<ref name=klein8>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Robert Klein|titre=Je suis partout, les Juifs, 1941|sous-titre=|éditeur= [[Amazon (entreprise)|Amazon]]|collection=|lieu=|année=2018|volume=|tome=|pages totales=190|passage= p.64-67, p.68-72 et p.109-116|isbn=978-1731151193|lire en ligne=}}.</ref>.
{{refnec|En [[1942]], il publie ''[[Les Décombres]]'', où il désigne les Juifs, les politiques et les militaires comme responsables de la [[Bataille de France|débâcle de 1940]] — sans pour autant épargner les [[Régime de Vichy|autorités de Vichy]]. Il y explique que la seule issue pour la France est de s'engager à fond dans la [[Collaboration en France|Collaboration avec l'Allemagne nazie]]. Ce pamphlet est tiré à quelque {{formatnum:65000}} exemplaires sous l'Occupation, et le livre est désigné comme le « livre de l'année » par [[Radio Paris]].}}


En [[1942]], il publie ''[[Les Décombres]]'', où il désigne les juifs, les politiques et les militaires comme responsables de la [[Bataille de France|débâcle de 1940]], sans pour autant épargner les [[Régime de Vichy|autorités de Vichy]]. Il y explique que la seule issue pour la France est de s'engager à fond dans la [[Collaboration en France|collaboration avec l'Allemagne nazie]]. Ce pamphlet est tiré à quelque {{nb|65000}} exemplaires sous l'Occupation. Le livre est désigné comme « livre de l'année » par [[Radio Paris]] et souvent qualifié de « best-seller de l'Occupation »<ref name="Bouquins">{{Ouvrage|langue=fr|titre=Le Dossier Rebatet|site=Lisez !|lire en ligne=https://www.lisez.com/livre-grand-format/le-dossier-rebatet/9782221133057|consulté le=2021-04-08}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Robert|nom1=Belot|titre=Lucien Rebatet : Le fascisme français comme contre-culture|lieu=Rennes|éditeur=Presses universitaires de Rennes|collection=Histoire|date=2015|isbn=978-2-7535-6063-5|lire en ligne=http://books.openedition.org/pur/94737|consulté le=2021-04-30}}.</ref>. Comme tous les collaborationnistes désireux que la France entre en guerre aux côtés de l'Allemagne, il se déchaîne notamment contre [[Charles Maurras|Maurras]], qui répliqua en évoquant {{"|un gros crachat de 664 pages produit d’un cacographe maniaque, nabot impulsif et malsain<ref>Charles Maurras, ''L'Action française'', 11 septembre 1942.</ref>{{,}}<ref>[[Stéphane Giocanti]], ''[[Charles Maurras : le chaos et l'ordre]]'', Paris, Flammarion, 2006, p. 437.</ref>.}} Rebatet dédicace à [[Marcel Déat]] un exemplaire de son ouvrage et écrit {{"|''Gott strafe Maurras''}}, c'est-à-dire {{"|Dieu punisse Maurras}}<ref>[[Stéphane Giocanti]], ''[[Charles Maurras : le chaos et l'ordre]]'', Paris, Flammarion, 2006, p. 387.</ref>.
{{refnec|Son dernier article, publié le 28 juillet 1944, s'intitule « Fidélité au [[national-socialisme]] ». Mais le vent a tourné, et Rebatet fuit vers l'Allemagne. On le retrouve à l'automne, comme tant d'autres collaborateurs, à [[Sigmaringen]] (où ils créent un gouvernement en exil qui tiendra jusqu'en avril 1945).}}


Certains de ses adversaires les plus résolus reconnaissent à Rebatet la qualité littéraire de ses écrits, malgré leur virulence fasciste, antisémite et anticommuniste<ref name="Bouquins"/>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Julien|nom1=Teppe|titre=Manuel du désespoir|éditeur=FeniXX - réédition numérique|date=1959-01-01|isbn=978-2-402-20270-1|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=5dhYDwAAQBAJ&newbks=0&printsec=frontcover&pg=PT142&dq=rebatet+%22liquid%C3%A9+la+d%C3%A9mocratie%22&hl=fr|consulté le=2021-04-08}}.</ref>. Rebatet voit en la [[Waffen-SS]] {{"|une élite de cette Internationale [[Aryens|aryenne]] qui refera demain le monde sans juifs […] Mort aux juifs<ref>{{Ouvrage|auteur1=Nicolas Lebourg|titre=Le Monde vu de la plus extrême droite. Du fascisme au nationalisme-révolutionnaire|passage=145|éditeur=Presses universitaires de Perpignan|date=2010}}.</ref>.}}
=== 1945-1972 : une vie d'écrivain ===
{{refnec|Arrêté à Feldkirch le [[8 mai]] [[1945]], il est jugé le {{Date|18|novembre|1946}} en même temps que deux collaborateurs de ''[[Je suis partout]]'', [[Claude Jeantet]] et [[Pierre-Antoine Cousteau]]. La justice ne souhaite pas seulement juger des hommes mais l'ensemble de la presse collaborationniste}}, comme le dira le juge Zousman chargé de l'instruction. Rebatet et Cousteau sont condamnés à mort, Jeantet aux travaux forcés. Tous trois sont frappés d'indignité nationale. La société « Je suis partout » est dissoute, ses biens sont confisqués au profit de la nation. Cousteau et Rebatet, menottes aux poignets, sont emprisonnés et revêtus du fameux pantalon mexicain qui comporte une rangée de boutons le long de chaque jambe afin de pouvoir être enlevé sans ôter les chaînes qu'on leur cadenasse aux pieds. Le [[10 avril]] [[1947]], après l'élection de [[Vincent Auriol]] à la présidence de la République, la condamnation à mort de Lucien Rebatet et de Pierre-Antoine Cousteau est commuée en peine de travaux forcés à perpétuité, après cent quarante et un jours de chaînes. Sur le mur de sa cellule, Rebatet grave cette citation tirée du roman de Stendhal, ''Le Rouge et le Noir'' : « Je ne vois que la condamnation à mort qui distingue un homme. C'est la seule chose qui ne s'achète pas. » Il sera finalement gracié. Dans ''[[Dialogue de vaincus]]'' cosigné avec P.-A. Cousteau en 1950 à la prison de Clairvaux, il relate, dans un dialogue avec son codétenu qui prend la forme de confessions, le sens de leurs engagements, leurs désillusions et leurs visions de l'avenir<ref>''Dialogue de vaincus'', Berg International Éditeurs.</ref>.


Après le [[Débarquement de Normandie|débarquement]], il annonce dans un article du 30 juin 1944 avoir adhéré à la [[milice française]], avant d’en donner sa démission à la suite d'un désaccord avec son état-major<ref>{{Article|titre=Au-delà de la bataille|périodique=Je suis partout|date=30 juin 1944|lire en ligne=https://www.retronews.fr/journal/je-suis-partout/30-jun-1944/719/2125989/2|pages=2}}.</ref>. Avant sa fuite en [[Reich allemand|Allemagne]], Rebatet signe dans ''Je suis partout'' un article où il réaffirme son admiration pour [[Hitler]], qui a, selon lui, {{"|liquidé la démocratie}}<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=Lucien Rebatet|titre=Fidélité au national-socialisme|périodique=Je suis partout|date=28 juillet 1944|lire en ligne=https://www.libertas.co/wiki/Fid%C3%A9lit%C3%A9_au_national-socialisme_-_Lucien_Rebatet|extrait=J’admire Hitler. Nous admirons Hitler, et nous avons pour cela de très sérieuses raisons. Dans la lutte contre toutes les foutaises périmées du {{s-|XIX}}, Hitler a eu d’innombrables devanciers, analystes, dialecticiens plus brillants et plus agiles que lui. Mais c’est lui qui a réellement fait passer dans l’action l’immense courant des idées antidémocratiques. C’est lui qui portera devant l’histoire l’honneur d’avoir liquidé la démocratie.}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=fr-FR|auteur=Robert Serre|prénom=|nom=|titre=Lucien Rebatet, le Drômois qui admirait Hitler|url=https://etudesdromoises.fr/se-procurer-etudes-dromoises/etudes-dromoises-2013-53/lucien-rebatet-le-dromois-qui-admirait-hitler/|site=Études drômoises|date=2020-05-23|consulté le=2021-04-08}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Marc|nom1=Martin|titre=Médias et journalistes de la République|passage=381|éditeur=Odile Jacob|date=1997-05-01|isbn=978-2-7381-7282-2|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=X6bzAwAAQBAJ&pg=PA381&lpg=PA381&dq=rebatet+%22liquid%C3%A9+la+d%C3%A9mocratie%22&source=bl&ots=KqL6uQRMyT&sig=ACfU3U0E9ShGpRBPViOQ4Q6HZtpGNLHoHQ&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjhworEsu3vAhUI_7sIHU09Cgk4ChDoATAEegQIBBAD#v=onepage&q=rebatet%20%22liquid%C3%A9%20la%20d%C3%A9mocratie%22&f=false|consulté le=2021-04-08}}.</ref> ; le dit article sera cause de l'interdiction du numéro par la censure allemande<ref>{{Ouvrage|auteur1=Robert Aron|titre=Histoire de la libération de la France|tome=I|passage=503-504|éditeur=Le livre de poche|date=1967|année première édition=1959|pages totales=504|partie=IV|numéro chapitre=II|titre chapitre=Paris attend sa libération}}</ref>. Dans le dernier numéro daté du {{date-|16 août 1944}}, il publie une entrevue avec Marcel Déat titrée {{"|Il y a en France des forces révolutionnaires dont l’Europe pour vaincre ne peut plus se passer nous dit Marcel Déat.}} Il se retrouve à l'automne en compagnie d'autres collaborateurs et exilés, notamment [[Louis-Ferdinand Céline]], à [[Sigmaringen]] (où d'anciens membres du gouvernement de Vichy créent un [[Commission gouvernementale de Sigmaringen|gouvernement en exil]] qui tient jusqu'en {{date-|avril 1945}}).
Détenu à [[Clairvaux]], il achève en prison un roman commencé à Sigmaringen : ''[[Les Deux Étendards]]'', publié par Gallimard. Cette œuvre, considérée par certains comme de grande qualité<ref>Cf. par exemple [[George Steiner]], cité sur le blog de [[Pierre Assouline]], ''La République des livres'' ([http://passouline.blog.lemonde.fr/2005/06/03/2005_06_une_salle_archi/ « Éblouissant Steiner »], 3 juin 2005) : « Un article admiratif de [[Albert Camus|Camus]] avait attiré mon attention sur ''Les deux étendards''. Dès la première page, j’ai su que c’était une œuvre de génie et que la création de la jeune femme, Anne-Marie, est comparable à du [[Léon Tolstoï|Tolstoï]]. Un livre trop long et trop didactique mais avec des parties époustouflantes d’amour et d’humanité. Or Rebatet est aussi l’homme des ''[[Les Décombres|Décombres]]'', un vrai tueur, le dernier des salauds ».</ref>, sera en grande partie ignorée par la critique, même après sa réimpression en [[1991]].


=== 1945-1972 : littérature et retour au journalisme ===
Libéré le {{date|16|juillet|1952}} et d'abord assigné à résidence, Lucien Rebatet revient à Paris en [[1954]]. Un autre roman, ''[[Les Épis mûrs]]'', est plutôt bien accueilli. Le roman suivant, ''Margot l'enragée'', demeurera inédit, l'auteur en étant peu satisfait.
À la suite d'un mandat d'arrêt lancé par le juge Zoussmann, chargé de l'instruction, Lucien Rebatet est arrêté à [[Feldkirch (Autriche)|Feldkirch]] ([[Autriche]]) le {{date|8|mai|1945}} et jugé le {{Date|18|novembre|1946}} en même temps que deux collaborateurs de ''[[Je suis partout]]'', [[Claude Jeantet]] et [[Pierre-Antoine Cousteau]] : {{"|La Justice ne souhaite pas seulement juger un homme. Elle a une ambition plus vaste : juger ''Je suis partout'' et, à travers lui, la presse collaborationniste<ref>Robert Belot, ''Lucien Rebatet : un itinéraire fasciste'', Paris, Le Seuil, 1994, {{p.}}343.</ref>.}} Rebatet et Cousteau sont condamnés à mort, Jeantet aux travaux forcés. Tous trois sont frappés d'indignité nationale. La société Je suis partout est dissoute et ses biens sont confisqués.


Sur le mur de sa cellule, Rebatet grave cette citation tirée du roman de Stendhal, ''[[Le Rouge et le Noir]]'' : {{"|Je ne vois que la condamnation à mort qui distingue un homme. C'est la seule chose qui ne s'achète pas.}} Grâce à une pétition d'écrivains comprenant notamment les noms de [[Albert Camus|Camus]], [[François Mauriac|Mauriac]], [[Jean Paulhan|Paulhan]], [[Roger Martin du Gard|Martin du Gard]], [[Georges Bernanos|Bernanos]], [[Marcel Aymé|Aymé]] ou encore [[Jean Anouilh|Anouilh]], le nouveau président de la République [[Vincent Auriol]] le gracie le {{date|12|avril|1947}}, et sa condamnation à mort, ainsi que celle de [[Pierre-Antoine Cousteau]], sont commuées en peine de travaux forcés à perpétuité, après cent quarante et un jours de chaînes. Détenu à la [[prison de Clairvaux]], il cosigne en 1950 avec Cousteau ''Dialogue de vaincus'', où il relate, dans un dialogue avec son codétenu qui prend la forme d'une confession, le sens de leurs engagements, leurs désillusions et leurs visions de l'avenir<ref>''Dialogue de vaincus'', Paris, Berg International Éditeurs.</ref>.
Il reprend alors son activité de journaliste. En [[1958]], on le retrouve à ''[[Rivarol (hebdomadaire)|Rivarol]]''. En [[1965]], à l'élection présidentielle, contre [[Charles de Gaulle]], il soutient au premier tour [[Jean-Louis Tixier-Vignancour]], puis, au second, [[François Mitterrand]]. Ce choix est dû à un antigaullisme intact, mais aussi à sa fidélité à l'idéal européen. Rebatet est désormais prêt à transiger avec la démocratie, seule capable selon lui d'unifier l'Europe après la défaite du fascisme. Il est ensuite rédacteur à ''[[Valeurs actuelles]]''. Jusqu'au bout, il restera fidèle au fascisme, bien qu'il soutienne de moins en moins l'antisémitisme, en raison de la législation en vigueur — le décret-loi Marchandeau du {{date|21|avril|1939}}, interdisant la provocation à la haine raciale, a été rétabli en [[1944]] —, mais aussi par une modification de son regard sur les juifs : s'il ne renie rien de ses attaques antisémites d'avant 1945, il ne peut s'empêcher de porter un regard mitigé sur la nouvelle nation [[Israël|israélienne]], en guerre contre les Arabes. Il affirme ainsi en 1969 « savourer le paradoxe historique qui a conduit les juifs d'Israël à défendre toutes les valeurs patriotiques, morales, militaires qu'ils ont le plus violemment combattues durant un siècle dans leur pays d'adoption<ref>''[[Rivarol (revue)|Rivarol]]'', 25 septembre 1969.</ref>. »


Il achève en prison un roman commencé à [[Sigmaringen]], ''[[Les Deux Étendards]]'', qui est publié par Gallimard en 1951 grâce au soutien de Paulhan. Cette œuvre est considérée comme un chef-d'œuvre par plusieurs critiques, dont [[Antoine Blondin]], Camus et [[George Steiner]]<ref>Cf. par exemple [[George Steiner]], cité sur le blog de [[Pierre Assouline]], ''La République des livres'' ([http://passouline.blog.lemonde.fr/2005/06/03/2005_06_une_salle_archi/ « Éblouissant Steiner »], 3 juin 2005) : {{citation bloc|Un article admiratif de [[Albert Camus|Camus]] avait attiré mon attention sur ''Les Deux Étendards''. Dès la première page, j’ai su que c’était une œuvre de génie et que la création de la jeune femme, Anne-Marie, est comparable à du [[Léon Tolstoï|Tolstoï]]. Un livre trop long et trop didactique mais avec des parties époustouflantes d’amour et d’humanité. Or Rebatet est aussi l’homme des ''[[Les Décombres|Décombres]]'', un vrai tueur, le dernier des salauds.}}<br>Ou Blondin dans ''Ma vie entre des lignes'', p. 103.</ref>. [[François Mitterrand]] aurait dit à ce sujet : {{"|Il y a deux sortes d'hommes : ceux qui ont lu ''Les Deux Étendards'', et les autres.}} Le roman ne remporte cependant aucun succès commercial, le passé politique de l'auteur, par ailleurs toujours emprisonné lors de la parution de son livre, empêchant la reconnaissance de son talent littéraire<ref name="PréfaceOry">Préface de [[Pascal Ory]] pour l'ouvrage ''Le Dossier Rebatet'', Paris, Robert Laffont, {{coll|Bouquins}}, 2015.</ref>.
En [[1969]], il publie ''Une histoire de la musique'', son œuvre la moins politique et toujours réputée aujourd'hui, bien que les jugements portés tant sur les compositeurs que sur leurs œuvres soient souvent empreints de la subjectivité de leur auteur, et soient très tributaires des préjugés esthétiques en cours à l'époque (dithyrambes réservés à quelques « grands » — souvent germaniques — [[Johann Sebastian Bach]], [[Wolfgang Amadeus Mozart]], [[Beethoven]], [[Wagner]], [[Richard Strauss]], et mépris écrasant pour Maurice Ravel, certains scandinaves et slaves comme [[Sibelius]], [[Grieg]], [[Tchaikovsky]] et la tradition lyrique française ([[Daniel-François-Esprit Auber|Auber]], [[Gounod]], [[Ambroise Thomas|Thomas]], [[Ernest Reyer|Reyer]], [[Jules Massenet|Massenet]], [[Camille Saint-Saëns|Saint-Saëns]], [[Alfred Bruneau|Bruneau]], [[Gustave Charpentier|Charpentier]]). Sans surprise, Rebatet a des jugements tranchés sur [[Meyerbeer]] et sur [[Halévy]], qui voit son chef-d'œuvre, ''La Juive'', qualifié, de manière surprenante, de « raciste ».


Libéré le {{date|16|juillet|1952}} et d'abord assigné à résidence, Lucien Rebatet revient à Paris en 1954. Un second roman, ''Les Épis mûrs'', est plutôt bien accueilli. Le roman suivant, ''Margot l'enragée'', est refusé par Gallimard contre l'avis de Jean Paulhan : Rebatet s'en montre lui-même peu satisfait et ne cherche pas à le faire publier chez un autre éditeur<ref name="PréfaceOry"/>.
Lucien Rebatet était également critique de cinéma sous son [[pseudonyme]] de François Vinneuil<ref>Sur son activité de critique de cinéma sous l'Occupation, on lira la préface de [[François Truffaut]] au livre d'[[André Bazin]], ''Le cinéma de l'Occupation et de la Résistance'' (10/18, 1975).</ref>.


Il reprend par ailleurs son activité de journaliste, travaillant pour ''[[Rivarol (hebdomadaire)|Rivarol]]'' à partir de [[1958]]. Lors de la [[Élection présidentielle française de 1965|présidentielle de 1965]], opposé à la candidature de [[Charles de Gaulle]], Rebatet soutient au premier tour [[Jean-Louis Tixier-Vignancour]], puis, au second, François Mitterrand.
== Publications ==
* ''Une contribution à l'histoire des Ballets russes'', Paris, [éd. non indiqué], 1930 (Brochure extraite de ''[[l'Action française (quotidien)|L'Action française]]'' du 26 décembre 1930).
* ''Le Bolchévisme contre la civilisation'', Paris, Nouvelles études françaises, [1940] ; 1941.
* [François Vinneuil], ''Les Tribus du cinéma et du théâtre Paris'', Nouvelles éditions françaises, « Les Juifs en France », IV, 1941.
* ''[[Les Décombres]]'', Paris, [[Éditions Denoël]], 1942 ; Asunción, La Reconquête, 2005 ; Paris, L'Homme libre, 2006.
* ''[[Les Deux Étendards]]'', roman, 2 vol., Paris, Gallimard, 1951 ; 1971 ; 1977 ; 1991 ; 2007.
* ''Les Épis mûrs'', roman, Paris, Gallimard, 1954.
* « Préface » à [[Pierre-Antoine Cousteau]], ''Mines de rien ou les Grandes mystifications du demi-siècle'', illustrations de [[Ralph Soupault]], Paris, Éditions Éthéel, 1955 ; Coulommiers, Déterna, 2004.
* ''[[Marcel Aymé]]. L'« Épuration » et le délit d'opinion'', suivi d'un article nécrologique de [[Pierre-Jean Vaillard]], Liège, Éditions Dynamo, « Bimborions », 1968 ; 1969.
* ''À [[Jean Paulhan]]'', Liège, Éditions Dynamo, « Bimborions », 1968.
* ''Une Histoire de la musique'', Paris, Robert Laffont et [[Raymond Bourgine]], 1969 ; 1979 ; 1995 ; 1998.


Jusqu'au bout, il restera fidèle au [[fascisme]], bien qu'il soutienne de moins en moins l'[[antisémitisme]], en raison de la législation en vigueur (le décret-loi Marchandeau du {{date|21|avril|1939}}, introduisant dans la pénalisation des crimes la provocation à la haine raciale comme circonstance aggravante, avait été rétabli en 1944). En 1967, il soutient la [[Guerre des Six Jours|guerre israélienne contre les États arabes]] : {{"|La cause d’Israël est là-bas celle de tous les Occidentaux. On m’eût bien étonné si l’on m’eût prophétisé en 1939 que je ferais un jour des vœux pour la victoire d’une armée sioniste. Mais c’est la solution que je trouve raisonnable aujourd’hui<ref>Michaël Bloch, [http://fr.scribd.com/doc/172702109/Memoire-l-extreme-droite-francaise-face-a-la-question-israelienne « L'extrême droite française face à la question israélienne »], mémoire IEP, Aix-en-Provence, p. 33.</ref>.}} En 1969, il affirme {{"|savourer le paradoxe historique qui a conduit les juifs d'Israël à défendre toutes les valeurs patriotiques, morales, militaires qu'ils ont le plus violemment combattues durant un siècle dans leur pays d'adoption<ref>''[[Rivarol (hebdomadaire)|Rivarol]]'', 25 septembre 1969.</ref>.}}
;Posthume
* ''Les Mémoires d'un fasciste'', 2 vol. (1. ''Les Décombres'', 1938-1940 ; 2. 1941-1947), préface de [[Jean-Jacques Pauvert]], Paris, Pauvert, 1976.
* ''11 novembre 1918, armistice'', avant-propos de [[Robert Poulet]], Liège, Éditions Nationales, 1982.
* « Lettre à Jean-André au sujet de l'"affaire [[Louis-Ferdinand Céline|Céline]]" », Van Bagaden, ''Céliniana'', n°18, 1989 (Texte initialement paru le 1{{er}} septembre 1957 dans ''[[Dimanche-Matin]]'').
* ''Lettres de prison adressées à [[Roland Cailleux]] (1945-1952)'', édition établie, présentée et annotée par [[Remi Perrin]], Paris, Le Dilettante, 1993.
* avec [[Pierre-Antoine Cousteau]], ''Dialogue de vaincus, prison de [[Clairvaux]], janvier-décembre 1950'', texte inédit présenté et annoté par Robert Belot, Paris, Berg international, « Histoire des idées », 1999.
* « Préface » (posthume, éd.) à Pierre-Antoine Cousteau, ''En ce temps-là'', édition établie par Arina et Marc Laudelout, Coulommiers, Déterna, 2004.


En {{date-|décembre 1969}}, il est l'invité de [[Jacques Chancel]] pour son émission ''[[Radioscopie (émission de radio)|Radioscopie]]''. À la question {{"|Lucien Rebatet, est-ce que vous avez honte de tout ce qui s'est passé ?}}, il répond : {{"|Pas le moins du monde. Si j'avais honte d'ailleurs, je ne serais pas à ce micro. Je me suis battu pour la cause que je croyais bonne.}} Et à la question {{"|Aujourd'hui, est-ce que vous êtes toujours antisémite ?}}, il répond : {{"|Je trouve que la question est tout à fait dépassée<ref>Robert Klein, {{opcit}}, p. 149-151.</ref>.}}. Plus tard dans l'entretien, après que Jacques Chancel remarque qu'il parle de beaucoup de musiciens juifs dans son ''Histoire de la musique'', paru peu de temps avant l'interview, l'écrivain explique trouver cela normal et parle de son amour pour [[Gustav Mahler|Mahler]] et [[Arnold Schönberg|Schoenberg]] : {{"|Schoenberg c'est l'aboutissement de la grande musique allemande, Mahler c'est l'aboutissement de Wagner}} ; il dit aussi avoir écrit plusieurs fois, y compris avant la guerre, qu'il trouvait {{"|absolument idiot que ces musiciens là soient interdits en Allemagne}}.
=== Bibliographie ===

* Robert Belot, « Les lecteurs des ''Décombres'' : un témoignage inédit du sentiment fasciste sous l'Occupation », ''Revue des guerres mondiales et des conflits contemporains'', n°163, juillet 1991.
Il meurt le {{date-|24 août 1972}} à [[Moras-en-Valloire]], où il était né<ref>[https://www.lemonde.fr/archives/article/1972/08/29/lucien-rebatet-est-mort_2399851_1819218.html Voir sur ''lemonde.fr''] du {{date-|29|8|1972}}.</ref>.
* ''Id.'', ''Lucien Rebatet. Un itinéraire fasciste'', éd. du Seuil, coll. « {{s-|XX|e}} », 1994 (ouvrage issu d'une thèse de doctorat de troisième cycle en histoire).

* Pierre-Marie Dioudonnat, ''« Je suis partout » (1930-1944). Les maurrassiens devant la tentation fasciste'', éd. La Table ronde, 1973, rééd. 1987 ; ''Les 700 rédacteurs de « Je suis partout »'', éd. SEDOPOLS, 1993.
=== Critique d'art ===
* Pascal Ifri, ''Le Dossier d'un chef-d'œuvre maudit : « [[Les Deux Étendards]] »'', Genève, L'âge d'homme, 2001.
==== Critique musical ====
* [[Pol Vandromme]], ''Rebatet'', Paris, Éditions universitaires, 1968.
Rebatet ne parvient plus à se plier à la discipline d'écriture qui lui avait permis, durant son emprisonnement, de terminer ''Les Deux Étendards''. Il se lance dans la rédaction d'un nouveau roman intitulé ''La Lutte finale'' mais, après en avoir écrit environ 1 500 pages, échoue à le terminer. Il abandonne définitivement ce livre pour se consacrer à la rédaction d{{'}}''Une histoire de la musique'', publiée en [[1969]]<ref name="PréfaceOry"/>. Cet essai de Rebatet est régulièrement cité en référence<ref>[http://passouline.blog.lemonde.fr/2007/05/28/retour-de-rebatet-en-rayon/ « Retour de Rebatet en rayon »], blog de [[Pierre Assouline]], 28 mai 2007.</ref>, bien que les jugements portés tant sur les compositeurs que sur leurs œuvres soient souvent empreints de la subjectivité de leur auteur et très tributaires des préjugés esthétiques en cours à l'époque : dithyrambes réservés à quelques « grands » – souvent germaniques – ([[Jean-Sébastien Bach|Bach]], [[Wolfgang Amadeus Mozart|Mozart]], [[Ludwig van Beethoven|Beethoven]], [[Hector Berlioz|Berlioz]], [[Richard Wagner|Wagner]], [[Richard Strauss]], [[Claude Debussy|Debussy]]), et relatif mépris pour [[Maurice Ravel]] et certains [[Scandinaves]] et [[Slaves]] comme [[Jean Sibelius|Sibelius]], [[Edvard Grieg|Grieg]], [[Antonín Dvořák|Dvořák]], [[Piotr Ilitch Tchaïkovski|Tchaïkovski]], ainsi que pour une certaine tradition lyrique française ([[Daniel-François-Esprit Auber|Auber]], [[Charles Gounod|Gounod]], [[Ambroise Thomas|Thomas]], [[Ernest Reyer|Reyer]], [[Jules Massenet|Massenet]], [[Camille Saint-Saëns|Saint-Saëns]], [[Alfred Bruneau|Bruneau]], [[Gustave Charpentier|Charpentier]]). Sans surprise, Rebatet a des jugements tranchés sur [[Felix Mendelssohn|Mendelssohn]], [[Giacomo Meyerbeer|Meyerbeer]], [[George Gershwin]], [[Fromental Halévy|Halévy]], dont le chef-d'œuvre ''[[La Juive]]'' est qualifié {{citation|de terrible mélodrame médiéval et raciste<ref>''Une Histoire de la musique'', {{p.}}396.</ref>}}. Il fait toutefois preuve d'audace dans des choix modernes sur [[Pierre Boulez|Boulez]] ou [[Iannis Xenakis|Xenakis]]<ref>[[Philippe d'Hugues]], ''Lucien Rebatet'', ''[[La Nouvelle Revue d'histoire]]'' n° 83 de mars-avril 2016, {{p.|28}}.</ref>.

Sur [[Sergueï Rachmaninov|Rachmaninov]], il écrit :

{{citation bloc|Parce que les virtuoses y trouvent leur content de prouesses mécaniques, ses quatre concertos pour piano et orchestre encombrent encore nos programmes. Démodés, creux, n’ayant même pas conservé leur brillant, ils sont pour notre temps le pendant de toute la friperie des [[Henri Herz]], des [[Carl Czerny|Czerny]], des [[Sigismund Thalberg|Thalberg]] entre 1830 et 1850. Rachmaninov ne parvint jamais à un langage personnel pour nous dire ses chagrins qui étaient fort réels<ref>''Une Histoire de la musique'', {{p.}}616-617.</ref>.}}

Lucien Rebatet n'a guère été clairvoyant quant à la remise à l'honneur de la musique ancienne, écrivant par exemple, en ce qui concerne la [[tragédie lyrique]], forme née en France au XVIIe siècle :

{{citation bloc|Quelle est réellement la valeur musicale de cette tragédie lullyste ? Nous ne pouvons guère la juger que sur lecture, ou sur des restitutions mentales à partir des fragments connus. Elle n'a plus guère de chances de reparaître au répertoire dont elle est sortie depuis si longtemps, et on ne l'a honorée en France d'aucune édition phonographique, comme les Anglais l'ont fait pour des ouvrages de [[Henry Purcell|Purcell]] dont la représentation scénique est non moins impossible.}}

==== Critique de cinéma et de peinture ====
Lucien Rebatet est également critique de cinéma et d'art, notamment de peinture<ref>Sur son activité de critique de cinéma sous l'Occupation, on lira la préface de [[François Truffaut]] au livre d'[[André Bazin]], ''Le Cinéma de l'Occupation et de la Résistance'' (10/18, 1975), et les préface (« Lucien Rebatet alias François Vinneuil », par [[Philippe d'Hugues]]) et postface (« Situation de François Vinneuil, chaînon manquant de la critique de cinéma en France », par Pascal Manuel Heu), au recueil d'articles publiés par Lucien Rebatet dans ''Je suis partout'', ''Quatre ans de cinéma (1940-1944)'' (Pardès, 2009).</ref>. Sous l'Occupation, il écrit des chroniques cinématographiques dans ''Je suis partout'' et fréquente les cinéastes en vue ([[Jacques Becker|Becker]], [[Marcel Carné|Carné]], [[Jean Grémillon|Grémillon]]).

Il fait partie des premiers critiques à déceler le talent de nouveaux venus comme Becker.{{Refnec|date=7 juillet 2024}}

Après 1953, il tient une chronique cinématographique dans ''Dimanche Matin'', puis ''[[Le Spectacle du monde]]'' et ''[[Valeurs actuelles]]''<ref>Pascal Ifri, [https://books.google.co.uk/books?id=qGVj0Eca7okC&pg=PA27&lpg=PA27&dq=lucien+rebatet+valeurs+actuelles&source=bl&ots=6wxy8_3iMw&sig=swTuaCV5H-9WIslbxkQdq0loKNk&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjmhdDsl73VAhXMbVAKHXl7B2EQ6AEIYjAH#v=onepage&q=lucien%20rebatet%20valeurs%20actuelles&f=false « ''Les Deux Étendards'' de Lucien Rebatet : dossier d'un chef-d'œuvre maudit », page 27], [[Éditions l'Âge d'Homme]], 2001.</ref>.

Il publie une grande partie de ces chroniques sous le [[pseudonyme]] de François Vinneuil, choisi en référence au personnage de [[Marcel Proust]], M. Vinteuil, professeur et compositeur de musique dans ''[[À la recherche du temps perdu|La Recherche]]''<ref>[http://www.telerama.fr/livre/les-decombres-fallait-il-republier-lucien-rebatet,133824.php Voir sur ''telerama.fr''.]</ref>. Il utilise aussi les noms de Jean Limousin et Jean Capel.

== Œuvres ==
* ''Le Diable à l’Hôtel Matignon'', Éditions littéraires de France, Paris s.d. [ca. 1938], 32 p.
* ''Le Bolchevisme contre la civilisation'', Nouvelles Études françaises, Paris s.d. [1941], 47 p.
* ''Les Tribus du cinéma et du théâtre'', {{coll|Les Juifs en France}}, 4, Nouvelles Editions françaises, Paris 1941, 125 p.
* ''[[Les Décombres]]'', Denoël, Paris 1942, 664 p.
* ''[[Les Deux Étendards]]'', 2 vol., {{coll|Blanche}}, Gallimard, Paris 1951, 499 et 523 p. [roman]
* ''Les Épis mûrs'', Gallimard, Paris 1954, 295 p. [roman]
* ''À [[Jean Paulhan]]'', {{coll|Brimborions}}, 172, Dynamo-Pierre Aelberts, Liège 1968, 9 p.
* ''Une histoire de la musique, des origines à nos jours'', Robert Laffont et [[Raymond Bourgine]], Paris 1969, 668 p.
* ''[[Marcel Aymé]]'', {{coll|Brimborions}}, 184, Dynamo-Pierre Aelberts, Liège 1969, 11 p., ill.

=== Posthumes ===
* ''Les Mémoires d’un fasciste'', 2 vol., 1 : ''Les Décombres, 1938-1940'', 2 : ''1941-1947'', Jean-Jacques Pauvert, Paris 1976, 610 et 267 p.
* ''{{date-|11 novembre 1918}}, armistice'', Éditions nationales, Liège 1982, 29 p.
* ''[[Louis-Ferdinand Céline|Céline]] soi-même'', {{coll|Céliniana}}, 4, Van Bagaden, s.l. [Bruxelles] 1987, 12 p.
* ''Lettre à [[Jean-André Faucher]] au sujet de l'« affaire Céline »'', {{coll|Céliniana}}, 18, Van Bagaden, s.l. [Bruxelles] 1990, 8 p.
* ''Dialogue de vaincus. Prison de Clairvaux, janvier-{{date-|décembre 1950}}'', {{coll|Histoire des idées}}, Berg international, Paris 1999, 288 p. [en collab. avec [[Pierre-Antoine Cousteau]]]
* ''Les Juifs et l’antisémitisme'', Éditions du Bon Temps, Paris 1999, 222 p. [reprise d'articles parus dans les numéros spéciaux de ''Je suis partout'' du {{date-|15 avril 1938}} et du {{date-|17 février 1939}}, avec des textes d’[[Alain Laubreaux]] et [[Charles Lesca]]]
* ''Fidélité au [[national-socialisme]] et autres articles, 1935-1944'', Éditions du Silex, s.l. 2002, 221 p. [reprise de 24 textes et articles parus dans ''Je suis partout'' et ''Devenir'' entre {{date-|février 1935}} et {{date-|août 1944}}]
* ''Quatre ans de cinéma (1940-1944)'' Grez-sur-Loing, Pardès, 2010, 406 p. [reprise de textes parus dans ''Je suis partout'']
*''Journal d'un fasciste'', 3 vol., 1 : 1952-1958, 2 : 1959-1962, 3 : 1963-1972, Éditions de l'Homme libre, 2020, 384, 416 et 528 p.

=== Correspondance ===
* ''Lettres de prison adressées à [[Roland Cailleux]]'', 1945-1952, Le Dilettante, Paris 1993, 279 p.
* [[Louis-Ferdinand Céline]], ''Lettres à Lucien Rebatet'', Gallimard, Paris 2005, 29 p.

=== Traduction ===
* [[Walter Starkie]], ''Espagne. Voyage musical dans le temps et l’espace'', 3 vol., 1 : ''Du Moyen Age au {{s-|XIX}}'', 2 : ''À la recherche des sept danses'', 3 : ''Illustrations sonores'', Edisli, Genève 1958 [trad. de l'anglais]


== Notes et références ==
== Notes et références ==
{{Références}}
<references/>


== Annexes ==
{{Portail|cinéma|musique|littérature|presse écrite}}
=== Bibliographie ===
* [[Pol Vandromme]], ''Rebatet'', Paris, Éditions universitaires, 1968 ; rééd. Puiseaux, Pardès, 2002
* [[Jacques Chancel]], ''Radioscopie I'', Robert Laffont, 1970, {{p.}}221-251 (transcription de l'émission diffusée sur [[France Inter]] en 1969)
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Frédéric|nom1=Pons|lien auteur1=Frédéric Pons (journaliste)|titre=Esthétique et politique. Les intellectuels fascistes français et le cinéma|sous-titre=Rebatet, Brasillach, Bardèche, 1930-1945|éditeur=[[Université Panthéon-Sorbonne|université Paris 1]]|nature ouvrage=mémoire de maîtrise|année=1977|pages totales=318}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Laurence|nom1=Le Roy-Granet|titre=L'Idéologie fasciste dans les œuvres de Brasillach, Drieu La Rochelle, Rebatet|éditeur=[[Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3|université Paris 3]]|nature ouvrage=thèse de doctorat|année=1981|pages totales=381}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Olivier|nom1=Dard|lien auteur1=Olivier Dard|titre=Les Idées politiques de Lucien Rebatet des années trente à 1944|éditeur=[[Université Panthéon-Assas|université Paris 2]]|nature ouvrage=mémoire de [[Diplôme d'études approfondies|DEA]]|année=1987|pages totales=96}}
* [[Pierre-Marie Dioudonnat]], ''« Je suis partout » (1930-1944). Les maurrassiens devant la tentation fasciste'', éd. La Table ronde, 1973, rééd. 1987 ; ''Les 700 rédacteurs de « Je suis partout »'', éd. Sedopols, 1993
* Robert Belot, « Les lecteurs des ''Décombres'' : un témoignage inédit du sentiment fasciste sous l'Occupation », ''Revue des guerres mondiales et des conflits contemporains'', {{numéro|163}}, {{date-|juillet 1991}}
* Robert Belot, ''Lucien Rebatet. Un itinéraire fasciste'', éd. du Seuil, {{coll|{{s-|XX}}}}, 1994 (ouvrage issu d'une thèse de doctorat d'histoire, soutenue en 1990, de l'[[École des hautes études en sciences sociales]] sur {{"|Lucien Rebatet ou les chemins d'un fasciste. Essai de biographie politique}}, dirigée par [[Jacques Julliard]])
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Robert|nom1=Belot|titre=Lucien Rebatet : Le fascisme français comme contre-culture|lieu=Rennes|éditeur=Presses universitaires de Rennes|collection=Histoire|date=2015|isbn=978-2-7535-6063-5|lire en ligne=http://books.openedition.org/pur/94737|consulté le=2021-04-30}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Nicolas|nom1=d'Estienne d'Orves|lien auteur1=Nicolas d'Estienne d'Orves|titre=Lucien Rebatet et la musique ou le parcours d'un mélomane engagé|éditeur=[[Université Paris-Sorbonne|université Paris 4]]|nature ouvrage=mémoire de maîtrise|année=1997|pages totales=?}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Nicolas|nom1=d'Estienne d'Orves|titre=Lucien Rebatet romancier|éditeur=[[Université Paris-Sorbonne|université Paris 4]]|nature ouvrage=mémoire de [[Diplôme d'études approfondies|DEA]]|année=1998|pages totales=?}}
* Robert Belot, {{"|Lucien Rebatet, ou l'antisémitisme comme événement littéraire}}, ''in'' [[Pierre-André Taguieff]] (dir.), [[Grégoire Kauffmann]] et Michaël Lenoire, ''L'Antisémitisme de plume (1940-1944) : la propagande antisémite en France sous l'Occupation. Études et Documents'', Paris, Berg International, {{coll|Pensée politique et sciences}}, 1999, {{pp.}}205-231
* Pascal Ifri, ''Le Dossier d'un chef-d'œuvre maudit : « [[Les Deux Étendards]] »'', Genève, L'Âge d'homme, 2001
* Pascal Ifri, ''Rebatet'', Puiseaux, Pardès, {{coll|Qui suis-je ?}}, 2004 ; {{2e|édition}}, 2015
* Études rebatiennes, vol. I, Paris, 2012
* ''Je suis partout : Anthologie (1932-1944)'', Auda Isarn, 2012


=== Liens externes ===
{{liens}}

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[[Catégorie:Décès à 68 ans]]
[[Catégorie:Personnalité inhumée dans la Drôme]]

Dernière version du 7 juillet 2024 à 01:16

Lucien Rebatet
Lucien Rebatet en 1942.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Cimetière de Moras-en-Valloire (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Lucien Romain RebatetVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonymes
François Vinteuil, François Vinneuil, Jean Limousin, Jean CapelVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Père
Pierre Rebatet (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Jeanne Tampucci (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Marguerite Rebatet (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Véronique Rebatet (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Rivarol (à partir de )
L'Action françaiseVoir et modifier les données sur Wikidata
Membre de
Conflit
Genres artistiques
Archives conservées par
Œuvres principales

Lucien Rebatet, né le à Moras-en-Valloire, où il est mort le [1], est un écrivain, journaliste et critique musical et cinématographique français. Ayant débuté à l'Action française, il rejoint en 1932 l'hebdomadaire Je suis partout, qui se réclame du fascisme et qui devient à partir de 1941 le principal journal collaborationniste et antisémite français sous l'Occupation. En 1942, il publie Les Décombres, féroce pamphlet antisémite.

Condamné à mort à la Libération, puis gracié, il reste en prison jusqu'en 1952 en compagnie de Pierre-Antoine Cousteau[2]. Il abandonne alors la polémique, se consacrant à la critique cinématographique et à sa carrière d'écrivain en publiant son œuvre majeure, Les Deux Étendards, en 1951.

1929-1940 : naissance d'une vocation fasciste

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Lucien Rebatet naît le à Moras-en-Valloire, village du nord de la Drôme[3]. Fils de Pierre Rebatet, notaire du village[3], et de Jeanne Tampucci (petite-fille du poète Hippolyte Tampucci), il fréquente le collège mariste Sainte-Marie de Saint-Chamond (Loire). Après avoir abandonné des études de droit à l'université de Lyon, puis de lettres à la Sorbonne, il se résigne à accepter en un emploi subalterne dans une compagnie d'assurance (qu'il qualifiera plus tard de « chiourme où il crevait d'ennui »). Il entre en — malgré un profond mépris pour le camp de la « Réaction » — comme critique musical au journal nationaliste et monarchiste L'Action française, où il écrit sous le pseudonyme de François Vinteuil, puis sous celui de François Vinneuil. Le , il devient journaliste à Je suis partout, où son style et ses convictions vont s'affirmer. Il épouse Véronique Popovici, le , à Galați, en Roumanie.

Il signe des articles comme « Le Cinéma par ceux qui le font », « Les Étrangers en France : l'invasion » ou encore « Les Émigrés politiques en France ». Il accueille avec enthousiasme la parution du pamphlet ouvertement antisémite de Céline Bagatelles pour un massacre. Rebatet se révèle en effet un antisémite virulent. Outre les juifs, il attaque le communisme, la démocratie, l'Église et, après des enquêtes en Allemagne et en Italie, se proclame fasciste.

1940-1944 : l'apologie de la Collaboration

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En , Lucien Rebatet est mobilisé et affecté au Cinquième bureau, chargé du contre-espionnage, il y a notamment sous ses ordres le lieutenant Pierre Lazareff[4]. Il est démobilisé le et rejoint Vichy, où il travaille à la radio. Scandalisé par ce qu'il appelle « l'anglomanie vichyssoise » il regagne Paris le . Après un passage au journal Le Cri du peuple de Jacques Doriot, il revient à Je suis partout. Il signe « Les tribus du cinéma et du théâtre » et « Le bolchévisme contre la civilisation ». Il collabore au journal L'Union française.

Dans l'hebdomadaire Je suis partout, il publie en 1941 plusieurs reportages, l'un consacré aux Juifs de Marseille, l'autre aux Juifs de la Côte d'Azur et un dernier sur les Juifs de Lyon[5].

En 1942, il publie Les Décombres, où il désigne les juifs, les politiques et les militaires comme responsables de la débâcle de 1940, sans pour autant épargner les autorités de Vichy. Il y explique que la seule issue pour la France est de s'engager à fond dans la collaboration avec l'Allemagne nazie. Ce pamphlet est tiré à quelque 65 000 exemplaires sous l'Occupation. Le livre est désigné comme « livre de l'année » par Radio Paris et souvent qualifié de « best-seller de l'Occupation »[6],[7]. Comme tous les collaborationnistes désireux que la France entre en guerre aux côtés de l'Allemagne, il se déchaîne notamment contre Maurras, qui répliqua en évoquant « un gros crachat de 664 pages produit d’un cacographe maniaque, nabot impulsif et malsain[8],[9]. » Rebatet dédicace à Marcel Déat un exemplaire de son ouvrage et écrit « Gott strafe Maurras », c'est-à-dire « Dieu punisse Maurras »[10].

Certains de ses adversaires les plus résolus reconnaissent à Rebatet la qualité littéraire de ses écrits, malgré leur virulence fasciste, antisémite et anticommuniste[6],[11]. Rebatet voit en la Waffen-SS « une élite de cette Internationale aryenne qui refera demain le monde sans juifs […] Mort aux juifs[12]. »

Après le débarquement, il annonce dans un article du 30 juin 1944 avoir adhéré à la milice française, avant d’en donner sa démission à la suite d'un désaccord avec son état-major[13]. Avant sa fuite en Allemagne, Rebatet signe dans Je suis partout un article où il réaffirme son admiration pour Hitler, qui a, selon lui, « liquidé la démocratie »[14],[15],[16] ; le dit article sera cause de l'interdiction du numéro par la censure allemande[17]. Dans le dernier numéro daté du , il publie une entrevue avec Marcel Déat titrée « Il y a en France des forces révolutionnaires dont l’Europe pour vaincre ne peut plus se passer nous dit Marcel Déat. » Il se retrouve à l'automne en compagnie d'autres collaborateurs et exilés, notamment Louis-Ferdinand Céline, à Sigmaringen (où d'anciens membres du gouvernement de Vichy créent un gouvernement en exil qui tient jusqu'en ).

1945-1972 : littérature et retour au journalisme

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À la suite d'un mandat d'arrêt lancé par le juge Zoussmann, chargé de l'instruction, Lucien Rebatet est arrêté à Feldkirch (Autriche) le et jugé le en même temps que deux collaborateurs de Je suis partout, Claude Jeantet et Pierre-Antoine Cousteau : « La Justice ne souhaite pas seulement juger un homme. Elle a une ambition plus vaste : juger Je suis partout et, à travers lui, la presse collaborationniste[18]. » Rebatet et Cousteau sont condamnés à mort, Jeantet aux travaux forcés. Tous trois sont frappés d'indignité nationale. La société Je suis partout est dissoute et ses biens sont confisqués.

Sur le mur de sa cellule, Rebatet grave cette citation tirée du roman de Stendhal, Le Rouge et le Noir : « Je ne vois que la condamnation à mort qui distingue un homme. C'est la seule chose qui ne s'achète pas. » Grâce à une pétition d'écrivains comprenant notamment les noms de Camus, Mauriac, Paulhan, Martin du Gard, Bernanos, Aymé ou encore Anouilh, le nouveau président de la République Vincent Auriol le gracie le , et sa condamnation à mort, ainsi que celle de Pierre-Antoine Cousteau, sont commuées en peine de travaux forcés à perpétuité, après cent quarante et un jours de chaînes. Détenu à la prison de Clairvaux, il cosigne en 1950 avec Cousteau Dialogue de vaincus, où il relate, dans un dialogue avec son codétenu qui prend la forme d'une confession, le sens de leurs engagements, leurs désillusions et leurs visions de l'avenir[19].

Il achève en prison un roman commencé à Sigmaringen, Les Deux Étendards, qui est publié par Gallimard en 1951 grâce au soutien de Paulhan. Cette œuvre est considérée comme un chef-d'œuvre par plusieurs critiques, dont Antoine Blondin, Camus et George Steiner[20]. François Mitterrand aurait dit à ce sujet : « Il y a deux sortes d'hommes : ceux qui ont lu Les Deux Étendards, et les autres. » Le roman ne remporte cependant aucun succès commercial, le passé politique de l'auteur, par ailleurs toujours emprisonné lors de la parution de son livre, empêchant la reconnaissance de son talent littéraire[21].

Libéré le et d'abord assigné à résidence, Lucien Rebatet revient à Paris en 1954. Un second roman, Les Épis mûrs, est plutôt bien accueilli. Le roman suivant, Margot l'enragée, est refusé par Gallimard contre l'avis de Jean Paulhan : Rebatet s'en montre lui-même peu satisfait et ne cherche pas à le faire publier chez un autre éditeur[21].

Il reprend par ailleurs son activité de journaliste, travaillant pour Rivarol à partir de 1958. Lors de la présidentielle de 1965, opposé à la candidature de Charles de Gaulle, Rebatet soutient au premier tour Jean-Louis Tixier-Vignancour, puis, au second, François Mitterrand.

Jusqu'au bout, il restera fidèle au fascisme, bien qu'il soutienne de moins en moins l'antisémitisme, en raison de la législation en vigueur (le décret-loi Marchandeau du , introduisant dans la pénalisation des crimes la provocation à la haine raciale comme circonstance aggravante, avait été rétabli en 1944). En 1967, il soutient la guerre israélienne contre les États arabes : « La cause d’Israël est là-bas celle de tous les Occidentaux. On m’eût bien étonné si l’on m’eût prophétisé en 1939 que je ferais un jour des vœux pour la victoire d’une armée sioniste. Mais c’est la solution que je trouve raisonnable aujourd’hui[22]. » En 1969, il affirme « savourer le paradoxe historique qui a conduit les juifs d'Israël à défendre toutes les valeurs patriotiques, morales, militaires qu'ils ont le plus violemment combattues durant un siècle dans leur pays d'adoption[23]. »

En , il est l'invité de Jacques Chancel pour son émission Radioscopie. À la question « Lucien Rebatet, est-ce que vous avez honte de tout ce qui s'est passé ? », il répond : « Pas le moins du monde. Si j'avais honte d'ailleurs, je ne serais pas à ce micro. Je me suis battu pour la cause que je croyais bonne. » Et à la question « Aujourd'hui, est-ce que vous êtes toujours antisémite ? », il répond : « Je trouve que la question est tout à fait dépassée[24]. ». Plus tard dans l'entretien, après que Jacques Chancel remarque qu'il parle de beaucoup de musiciens juifs dans son Histoire de la musique, paru peu de temps avant l'interview, l'écrivain explique trouver cela normal et parle de son amour pour Mahler et Schoenberg : « Schoenberg c'est l'aboutissement de la grande musique allemande, Mahler c'est l'aboutissement de Wagner » ; il dit aussi avoir écrit plusieurs fois, y compris avant la guerre, qu'il trouvait « absolument idiot que ces musiciens là soient interdits en Allemagne ».

Il meurt le à Moras-en-Valloire, où il était né[25].

Critique d'art

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Critique musical

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Rebatet ne parvient plus à se plier à la discipline d'écriture qui lui avait permis, durant son emprisonnement, de terminer Les Deux Étendards. Il se lance dans la rédaction d'un nouveau roman intitulé La Lutte finale mais, après en avoir écrit environ 1 500 pages, échoue à le terminer. Il abandonne définitivement ce livre pour se consacrer à la rédaction d'Une histoire de la musique, publiée en 1969[21]. Cet essai de Rebatet est régulièrement cité en référence[26], bien que les jugements portés tant sur les compositeurs que sur leurs œuvres soient souvent empreints de la subjectivité de leur auteur et très tributaires des préjugés esthétiques en cours à l'époque : dithyrambes réservés à quelques « grands » – souvent germaniques – (Bach, Mozart, Beethoven, Berlioz, Wagner, Richard Strauss, Debussy), et relatif mépris pour Maurice Ravel et certains Scandinaves et Slaves comme Sibelius, Grieg, Dvořák, Tchaïkovski, ainsi que pour une certaine tradition lyrique française (Auber, Gounod, Thomas, Reyer, Massenet, Saint-Saëns, Bruneau, Charpentier). Sans surprise, Rebatet a des jugements tranchés sur Mendelssohn, Meyerbeer, George Gershwin, Halévy, dont le chef-d'œuvre La Juive est qualifié « de terrible mélodrame médiéval et raciste[27] ». Il fait toutefois preuve d'audace dans des choix modernes sur Boulez ou Xenakis[28].

Sur Rachmaninov, il écrit :

« Parce que les virtuoses y trouvent leur content de prouesses mécaniques, ses quatre concertos pour piano et orchestre encombrent encore nos programmes. Démodés, creux, n’ayant même pas conservé leur brillant, ils sont pour notre temps le pendant de toute la friperie des Henri Herz, des Czerny, des Thalberg entre 1830 et 1850. Rachmaninov ne parvint jamais à un langage personnel pour nous dire ses chagrins qui étaient fort réels[29]. »

Lucien Rebatet n'a guère été clairvoyant quant à la remise à l'honneur de la musique ancienne, écrivant par exemple, en ce qui concerne la tragédie lyrique, forme née en France au XVIIe siècle :

« Quelle est réellement la valeur musicale de cette tragédie lullyste ? Nous ne pouvons guère la juger que sur lecture, ou sur des restitutions mentales à partir des fragments connus. Elle n'a plus guère de chances de reparaître au répertoire dont elle est sortie depuis si longtemps, et on ne l'a honorée en France d'aucune édition phonographique, comme les Anglais l'ont fait pour des ouvrages de Purcell dont la représentation scénique est non moins impossible. »

Critique de cinéma et de peinture

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Lucien Rebatet est également critique de cinéma et d'art, notamment de peinture[30]. Sous l'Occupation, il écrit des chroniques cinématographiques dans Je suis partout et fréquente les cinéastes en vue (Becker, Carné, Grémillon).

Il fait partie des premiers critiques à déceler le talent de nouveaux venus comme Becker.[réf. nécessaire]

Après 1953, il tient une chronique cinématographique dans Dimanche Matin, puis Le Spectacle du monde et Valeurs actuelles[31].

Il publie une grande partie de ces chroniques sous le pseudonyme de François Vinneuil, choisi en référence au personnage de Marcel Proust, M. Vinteuil, professeur et compositeur de musique dans La Recherche[32]. Il utilise aussi les noms de Jean Limousin et Jean Capel.

  • Le Diable à l’Hôtel Matignon, Éditions littéraires de France, Paris s.d. [ca. 1938], 32 p.
  • Le Bolchevisme contre la civilisation, Nouvelles Études françaises, Paris s.d. [1941], 47 p.
  • Les Tribus du cinéma et du théâtre, coll. « Les Juifs en France », 4, Nouvelles Editions françaises, Paris 1941, 125 p.
  • Les Décombres, Denoël, Paris 1942, 664 p.
  • Les Deux Étendards, 2 vol., coll. « Blanche », Gallimard, Paris 1951, 499 et 523 p. [roman]
  • Les Épis mûrs, Gallimard, Paris 1954, 295 p. [roman]
  • À Jean Paulhan, coll. « Brimborions », 172, Dynamo-Pierre Aelberts, Liège 1968, 9 p.
  • Une histoire de la musique, des origines à nos jours, Robert Laffont et Raymond Bourgine, Paris 1969, 668 p.
  • Marcel Aymé, coll. « Brimborions », 184, Dynamo-Pierre Aelberts, Liège 1969, 11 p., ill.
  • Les Mémoires d’un fasciste, 2 vol., 1 : Les Décombres, 1938-1940, 2 : 1941-1947, Jean-Jacques Pauvert, Paris 1976, 610 et 267 p.
  • , armistice, Éditions nationales, Liège 1982, 29 p.
  • Céline soi-même, coll. « Céliniana », 4, Van Bagaden, s.l. [Bruxelles] 1987, 12 p.
  • Lettre à Jean-André Faucher au sujet de l'« affaire Céline », coll. « Céliniana », 18, Van Bagaden, s.l. [Bruxelles] 1990, 8 p.
  • Dialogue de vaincus. Prison de Clairvaux, janvier-, coll. « Histoire des idées », Berg international, Paris 1999, 288 p. [en collab. avec Pierre-Antoine Cousteau]
  • Les Juifs et l’antisémitisme, Éditions du Bon Temps, Paris 1999, 222 p. [reprise d'articles parus dans les numéros spéciaux de Je suis partout du et du , avec des textes d’Alain Laubreaux et Charles Lesca]
  • Fidélité au national-socialisme et autres articles, 1935-1944, Éditions du Silex, s.l. 2002, 221 p. [reprise de 24 textes et articles parus dans Je suis partout et Devenir entre et ]
  • Quatre ans de cinéma (1940-1944) Grez-sur-Loing, Pardès, 2010, 406 p. [reprise de textes parus dans Je suis partout]
  • Journal d'un fasciste, 3 vol., 1 : 1952-1958, 2 : 1959-1962, 3 : 1963-1972, Éditions de l'Homme libre, 2020, 384, 416 et 528 p.

Correspondance

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  • Walter Starkie, Espagne. Voyage musical dans le temps et l’espace, 3 vol., 1 : Du Moyen Age au XIXe siècle, 2 : À la recherche des sept danses, 3 : Illustrations sonores, Edisli, Genève 1958 [trad. de l'anglais]

Notes et références

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  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. L. Rebatet & P.-A Cousteau, Dialogue de vaincus : prison de Clairvaux, janvier-décembre 1950, Paris, Berg international, coll. "Histoire des idées".,
  3. a et b Pascal Alain Ifri, Les deux étandards de Lucien Rebatet : dossier d'un chef-d'œuvre maudit, L'Âge d'Homme, , 205 p. (lire en ligne), p. 15.
  4. Yves Courrière, Pierre Lazareff ou le vagabond de l'actualité. Gallimard, coll. « Biographies », 1995, p. 327 :

    « Les deux hommes se regardèrent en chiens de faïence et Pierrot, pas plus rassuré que cela, alla demander au colonel qui l'avait affecté à ce service s'il savait bien qui était l'homme qui le commandait. »

  5. Robert Klein, Je suis partout, les Juifs, 1941, Amazon, , 190 p. (ISBN 978-1731151193), p.64-67, p.68-72 et p.109-116.
  6. a et b Le Dossier Rebatet (lire en ligne).
  7. Robert Belot, Lucien Rebatet : Le fascisme français comme contre-culture, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », (ISBN 978-2-7535-6063-5, lire en ligne).
  8. Charles Maurras, L'Action française, 11 septembre 1942.
  9. Stéphane Giocanti, Charles Maurras : le chaos et l'ordre, Paris, Flammarion, 2006, p. 437.
  10. Stéphane Giocanti, Charles Maurras : le chaos et l'ordre, Paris, Flammarion, 2006, p. 387.
  11. Julien Teppe, Manuel du désespoir, FeniXX - réédition numérique, (ISBN 978-2-402-20270-1, lire en ligne).
  12. Nicolas Lebourg, Le Monde vu de la plus extrême droite. Du fascisme au nationalisme-révolutionnaire, Presses universitaires de Perpignan, , p. 145.
  13. « Au-delà de la bataille », Je suis partout,‎ , p. 2 (lire en ligne).
  14. Lucien Rebatet, « Fidélité au national-socialisme », Je suis partout,‎ (lire en ligne) :

    « J’admire Hitler. Nous admirons Hitler, et nous avons pour cela de très sérieuses raisons. Dans la lutte contre toutes les foutaises périmées du XIXe siècle, Hitler a eu d’innombrables devanciers, analystes, dialecticiens plus brillants et plus agiles que lui. Mais c’est lui qui a réellement fait passer dans l’action l’immense courant des idées antidémocratiques. C’est lui qui portera devant l’histoire l’honneur d’avoir liquidé la démocratie. »

  15. Robert Serre, « Lucien Rebatet, le Drômois qui admirait Hitler », sur Études drômoises, (consulté le ).
  16. Marc Martin, Médias et journalistes de la République, Odile Jacob, (ISBN 978-2-7381-7282-2, lire en ligne), p. 381.
  17. Robert Aron, Histoire de la libération de la France, t. I, Le livre de poche, (1re éd. 1959), 504 p., partie IV, chap. II (« Paris attend sa libération »), p. 503-504
  18. Robert Belot, Lucien Rebatet : un itinéraire fasciste, Paris, Le Seuil, 1994, p. 343.
  19. Dialogue de vaincus, Paris, Berg International Éditeurs.
  20. Cf. par exemple George Steiner, cité sur le blog de Pierre Assouline, La République des livres (« Éblouissant Steiner », 3 juin 2005) :

    « Un article admiratif de Camus avait attiré mon attention sur Les Deux Étendards. Dès la première page, j’ai su que c’était une œuvre de génie et que la création de la jeune femme, Anne-Marie, est comparable à du Tolstoï. Un livre trop long et trop didactique mais avec des parties époustouflantes d’amour et d’humanité. Or Rebatet est aussi l’homme des Décombres, un vrai tueur, le dernier des salauds. »


    Ou Blondin dans Ma vie entre des lignes, p. 103.
  21. a b et c Préface de Pascal Ory pour l'ouvrage Le Dossier Rebatet, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2015.
  22. Michaël Bloch, « L'extrême droite française face à la question israélienne », mémoire IEP, Aix-en-Provence, p. 33.
  23. Rivarol, 25 septembre 1969.
  24. Robert Klein, op. cit., p. 149-151.
  25. Voir sur lemonde.fr du .
  26. « Retour de Rebatet en rayon », blog de Pierre Assouline, 28 mai 2007.
  27. Une Histoire de la musique, p. 396.
  28. Philippe d'Hugues, Lucien Rebatet, La Nouvelle Revue d'histoire n° 83 de mars-avril 2016, p. 28.
  29. Une Histoire de la musique, p. 616-617.
  30. Sur son activité de critique de cinéma sous l'Occupation, on lira la préface de François Truffaut au livre d'André Bazin, Le Cinéma de l'Occupation et de la Résistance (10/18, 1975), et les préface (« Lucien Rebatet alias François Vinneuil », par Philippe d'Hugues) et postface (« Situation de François Vinneuil, chaînon manquant de la critique de cinéma en France », par Pascal Manuel Heu), au recueil d'articles publiés par Lucien Rebatet dans Je suis partout, Quatre ans de cinéma (1940-1944) (Pardès, 2009).
  31. Pascal Ifri, « Les Deux Étendards de Lucien Rebatet : dossier d'un chef-d'œuvre maudit », page 27, Éditions l'Âge d'Homme, 2001.
  32. Voir sur telerama.fr.

Bibliographie

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  • Pol Vandromme, Rebatet, Paris, Éditions universitaires, 1968 ; rééd. Puiseaux, Pardès, 2002
  • Jacques Chancel, Radioscopie I, Robert Laffont, 1970, p. 221-251 (transcription de l'émission diffusée sur France Inter en 1969)
  • Frédéric Pons, Esthétique et politique. Les intellectuels fascistes français et le cinéma : Rebatet, Brasillach, Bardèche, 1930-1945 (mémoire de maîtrise), université Paris 1, , 318 p.
  • Laurence Le Roy-Granet, L'Idéologie fasciste dans les œuvres de Brasillach, Drieu La Rochelle, Rebatet (thèse de doctorat), université Paris 3, , 381 p.
  • Olivier Dard, Les Idées politiques de Lucien Rebatet des années trente à 1944 (mémoire de DEA), université Paris 2, , 96 p.
  • Pierre-Marie Dioudonnat, « Je suis partout » (1930-1944). Les maurrassiens devant la tentation fasciste, éd. La Table ronde, 1973, rééd. 1987 ; Les 700 rédacteurs de « Je suis partout », éd. Sedopols, 1993
  • Robert Belot, « Les lecteurs des Décombres : un témoignage inédit du sentiment fasciste sous l'Occupation », Revue des guerres mondiales et des conflits contemporains, no 163,
  • Robert Belot, Lucien Rebatet. Un itinéraire fasciste, éd. du Seuil, coll. « XXe siècle », 1994 (ouvrage issu d'une thèse de doctorat d'histoire, soutenue en 1990, de l'École des hautes études en sciences sociales sur « Lucien Rebatet ou les chemins d'un fasciste. Essai de biographie politique », dirigée par Jacques Julliard)
  • Robert Belot, Lucien Rebatet : Le fascisme français comme contre-culture, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », (ISBN 978-2-7535-6063-5, lire en ligne)
  • Nicolas d'Estienne d'Orves, Lucien Rebatet et la musique ou le parcours d'un mélomane engagé (mémoire de maîtrise), université Paris 4, , ?
  • Nicolas d'Estienne d'Orves, Lucien Rebatet romancier (mémoire de DEA), université Paris 4, , ?
  • Robert Belot, « Lucien Rebatet, ou l'antisémitisme comme événement littéraire », in Pierre-André Taguieff (dir.), Grégoire Kauffmann et Michaël Lenoire, L'Antisémitisme de plume (1940-1944) : la propagande antisémite en France sous l'Occupation. Études et Documents, Paris, Berg International, coll. « Pensée politique et sciences », 1999, pp. 205-231
  • Pascal Ifri, Le Dossier d'un chef-d'œuvre maudit : « Les Deux Étendards », Genève, L'Âge d'homme, 2001
  • Pascal Ifri, Rebatet, Puiseaux, Pardès, coll. « Qui suis-je ? », 2004 ; 2e édition, 2015
  • Études rebatiennes, vol. I, Paris, 2012
  • Je suis partout : Anthologie (1932-1944), Auda Isarn, 2012

Liens externes

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