« Nicolas Mavrocordato » : différence entre les versions
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'''Nicolas Mavrocordato, Mavrocordatos ou Nicolae Mavrocordat'''.([[Constantinople]] [[3 mai]] [[1680]]- [[Bucarest]] le [[3 septembre]] [[1730]]). Prince [[Phanariote]] au service du Gouvernement [[Ottoman]]. [[Liste des souverains de Moldavie|Hospodar de Moldavie]] de [[1709]] à [[1710]] et de [[1711]] à [[1715]] puis de [[Liste des souverains de Valachie|Hospodar de Valachie]] de [[1715]] à [[1716]] et de [[1719]] à [[1730]]. |
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'''Nicolas Mavrocordato''', en [[grec]] '''Nikólaos Mavrokordátos''' ou en [[roumain]] '''Nicolae Mavrocordat''', né à [[Constantinople]] le {{date|3 mai 1680}}, mort à [[Histoire de Bucarest|Bucarest]] le {{date|3 septembre 1730}} est un prince [[phanariote]] qui, après avoir été au service du Gouvernement [[Empire ottoman|Ottoman]], est devenu [[Liste des souverains de Moldavie|Hospodar de Moldavie]] de [[1709]] à [[1710]] et de [[1711]] à [[1715]] puis [[Liste des souverains de Valachie|Hospodar de Valachie]] de [[1715]] à [[1716]] et de [[1719]] à [[1730]]. C’est à partir de ses règnes que les deux principautés furent quasi exclusivement gouvernées par des [[Phanariote]]s pendant un siècle. La [[monarchie]] était élective dans les [[Principautés danubiennes|principautés roumaines]] de [[Principauté de Moldavie|Moldavie]] et de [[Principauté de Valachie|Valachie]], comme en [[Principauté de Transylvanie|Transylvanie]] et en [[République des Deux Nations|Pologne]] voisines. Le souverain ([[voïvode]], [[hospodar]] ou ''domnitor'' selon les époques et les sources) était élu par (et souvent parmi) les [[boyard]]s, puis agréé par les [[Ottomans]] : pour être nommé, régner et se maintenir, il s'appuyait sur les [[Noblesse roumaine|partis de boyards]] et fréquemment sur les puissances voisines, [[Monarchie des Habsbourg|habsbourgeoise]], [[République des Deux Nations|polonaise]], [[Empire russe|russe]] et surtout [[Empire ottoman|turque]], car jusqu'en [[1859]] les deux principautés étaient [[état vassal|vassal]]es et [[tribut]]aires de la « [[Sublime Porte]] »<ref>Le candidat au trône devait ensuite « amortir ses investissements » par sa part sur les taxes et impôts, verser en outre le tribut aux [[Ottomans]], payer ses mercenaires et s'enrichir néanmoins. Pour cela, un règne d'au moins six à huit mois était nécessaire, mais la « concurrence » était rude, certains princes ne parvenaient pas à se maintenir assez longtemps sur le trône, et devaient ré-essayer. Cela explique le « jeu des chaises musicales » sur les trônes, la brièveté de beaucoup de règnes, les règnes interrompus et repris, et parfois les règnes à plusieurs (co-princes). Celui qui ne parvenait pas à rembourser ses « investisseurs » et à verser le tribut dû, risquait sa vie, mais l'enjeu était si fructueux, que les candidats ne manquèrent jamais. Quant au gouvernement, il était assuré par le ''Mare Vornic'' (premier ministre), ses ministres (''spatar''-armée, ''vistiernic''-finances, ''paharnic''-économie, "stolnic"-justice, ''[[Logothète|logofat]]''-intérieur... approximativement) et par le ''Sfat domnesc'' (conseil des boyards).<br>Concernant le tribut aux Turcs, la vassalité des principautés roumaines envers l'[[Empire ottoman]] ne signifie pas, comme le montrent par erreur beaucoup de cartes historiques, qu'elles soient devenues des [[Provinces de l'Empire ottoman|provinces turques]] et des pays [[musulman]]s. Seuls quelques petits territoires moldaves et valaques sont devenus ottomans : en [[1422]] la [[Dobroudja|Dobrogée]] au sud des [[Delta du Danube|bouches du Danube]], en [[1484]] la [[Boudjak|Bessarabie]] alors dénommée ''[[Boudjak]]'', au nord des bouches du Danube (ce nom ne désignait alors que les rives du [[Danube]] et de la [[mer Noire]]), en [[1538]] les ''rayas'' de [[Brăila]] alors dénommée ''Ibrahil'' et de [[Tighina]] alors dénommée ''Bender'', et en [[1713]] la [[Khotyn|''raya'' de Hotin]]. Le reste des principautés de Valachie et Moldavie (y compris la Moldavie entre [[Dniestr]] et [[Prout (rivière)|Prut]] qui sera appelée [[Bessarabie]] en 1812, lors de l'annexion russe) ont conservé leurs propres lois, leur [[Église orthodoxe|religion orthodoxe]], leurs [[boyard]]s, princes, ministres, armées et autonomie politique (au point de se dresser plus d'une fois contre le [[Sultan]] ottoman). Les erreurs cartographiques et historiques sont dues à l'ignorance ou à des simplifications réductrices. Voir Gilles Veinstein et Mihnea Berindei : ''L'Empire ottoman et les pays roumains'', EHESS, Paris, 1987.</ref>. |
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Il occupa deux fois comme [[Hospodar]] pour le compte de la [[Sublime Porte]] les trône de [[Moldavie]] et de [[Valachie]] et c’est à partir de ses régnes que les deux principautés furent quasi exclusivement gouvernées par des [[Phanariote|Phanariotes]]. |
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== Biographie == |
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⚫ | Fils d’[[Alexandre Mavrocordato]] et de Sultana Chrysoskoleos, il est doué pour les études et parle couramment grec, turc, roumain, français, allemand, russe et latin. Il seconde son père à partir de [[1698]] lorsque celui-ci est envoyé négocier le [[Traité de Karlowitz]] et devient après sa mort, [[Drogman|Grand Drogman]] de la [[Sublime Porte]] de [[1709]] à [[1710]]. |
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Il obtient le trône de [[Moldavie]] en remplacement de [[Mihai |
Il obtient le trône de [[Principauté de Moldavie|Moldavie]] en remplacement de [[Mihai Racoviță|Michel Racovitza]] le {{date|6 novembre 1709}} mais il est destitué dès octobre [[1710]] en faveur de [[Dimitrie Cantemir]]. Il doit se réfugier à l’ambassade de France et verser un généreux [[bakchich]] aux [[Ottomans]] pour rentrer en grâce. Après la fuite de [[Dimitrie Cantemir]] et un bref interrègne assuré par son frère cadet [[Jean Ier Mavrocordato|Jean {{Ier}} Mavrocordato]], il fut de nouveau nommé [[Hospodar]] de Moldavie pour quatre ans, de novembre [[1711]] à décembre [[1715]]. |
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En décembre [[1715]], il est transféré en [[Principauté de Valachie|Valachie]], après la destitution d’[[Ștefan II Cantacuzino|Étienne II Cantacuzène]]. Son règne s’achève en novembre [[1716]] lorsqu’il est déposé et emprisonné pour deux ans par les [[Empire des Habsbourg|Autrichiens]] à [[Sibiu]]. Après les victoires remportées par le prince [[Eugène de Savoie]] notamment la [[Bataille de Peterwardein|bataille de Petrovac]], les Turcs abandonnent à l'Autriche le [[Banat historique|Banat]] de [[Timișoara]], l’[[Olténie]] [[Valachie (région)|valaque]] et le nord de la [[Serbie]] lors du [[Traité de Passarowitz]] du {{date|21 juillet 1718}} : Nicolas Mavrocordato est libéré, remplace son frère cadet [[Jean Ier Mavrocordato|Jean {{Ier}} Mavrocordato]] et revient pour une dizaine d’années régner en [[Principauté de Valachie|Valachie]] de mars [[1719]] à sa mort en [[1730]]. |
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Il gouverne en s’entourant de [[Grecs]] et d’[[Arvanites|Albanais]] et, pour rapprocher la [[noblesse roumaine]] des [[Noblesse|aristocraties]] occidentales, il crée trois rangs parmi eux : « grands », « moyens » et « petits » boyards, plus ou moins équivalents aux [[Prince (dignité)|prince]]s et [[duc]]s (''principi'' : les [[dynastie]]s princières pouvant prétendre aux trônes), aux [[marquis]] et [[comte]]s (''boieri mari'' pouvant prétendre aux hautes charges), et aux barons (''boieri mici'', de loin les plus nombreux ; certains, désargentés, forment la classe des boyards pauvres dits ''boieri legați cu tei'', décrite plus tard par [[Paul Morand]] dans son livre ''Bucarest''). Pendant cette période, il s’emploie à développer la culture hellénique dans les principautés roumaines, il fonde à [[Histoire de Bucarest|Bucarest]] des écoles, une bibliothèque et une imprimerie. Comme son père, il est également un lettré fort cultivé qui écrit un traité de [[morale]] générale : le ''Livre des Devoirs'' et (vers 1716/1720) ''Les loisirs de Philothée'', tentative de création romanesque en une forme [[Atticisme|atticisante]] de [[Koinè (grec)|grec ancien]] que l’on a qualifié de « [[Katharévousa|langue archaïsante]] »<ref>« Les Lumières de l'Occident à l'Orient », article sur Nicolas Mavrocordato dans ''Patrimoine Littéraire Européen'', Vol. IX, Bruxelles 1997 {{ISBN|2804125947}}, {{p.}}55.</ref>. Il est également un protecteur de l’[[Église orthodoxe roumaine|Église roumaine]], à l’époque sous l’obédience du [[Patriarcat œcuménique de Constantinople]], et fait construire à Văcărești, près de [[Bucarest]], un grand monastère pourvu d’une vaste bibliothèque<ref>La grande église du monastère de Văcărești a été démolie dans les années [[1980]] par la [[République socialiste de Roumanie|dictature communiste]].</ref>. Il meurt en exercice, fait très rare, à Bucarest, le {{date|3 septembre 1730}} et il est inhumé dans l’église du monastère de Văcărești ([[roumain]]: ''Mănăstirea Văcărești''). |
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== Famille et descendance == |
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Nicolas Mavrocordato |
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1) vers [[1706]] avec Pulchéria Tzouki |
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* [[Alexandru Dimitrie Xenopol]] ''Histoire des Roumains de la Dacie trajane : Depuis les origines jusqu'à l'union des principautés''. E Leroux Paris (1896) |
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* Alexandre A.C. Sturdza ''L'Europe Orientale et le rôle historique des Maurocordato (1660-1830)'' Librairie Plon Paris (1913) {{p.}}93-129. |
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* [[Jean II Mavocordato]] (1712-1747) [[Liste des princes de Moldavie|Hospodar de Moldavie]] |
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* [[Nicolas Iorga]] ''Histoire des Roumains et de la romanité orientale''. (1920) |
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* {{ro}} Constantin C. Giurescu & Dinu C. Giurescu, ''Istoria Românilor'' Volume III (depuis 1606), Editura Ştiinţifică şi Enciclopedică, Bucureşti, 1977. |
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2 ) en [[1716]] Smaradga Stavropoleos. |
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* Mihail Dimitri Sturdza, ''Dictionnaire historique et généalogique des grandes familles de Grèce, d'Albanie et de Constantinople'', M.-D. Sturdza, Paris, chez l'auteur, 1983 {{ASIN|B0000EA1ET}}. |
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* Jean-Michel Cantacuzène, ''Mille ans dans les Balkans'', Éditions Christian, Paris, 1992. {{ISBN|2-86496-054-0}} |
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* Sultana épouse de Dimitrios Adamaki [[Mourousis]] |
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* Gilles Veinstein, ''Les Ottomans et la mort'' (1996) {{ISBN|9004105050}}. |
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* Jean Nouzille ''La Moldavie, Histoire tragique d'une région européenne'', Ed. Bieler (2004), {{ISBN|2-9520012-1-9}}. |
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* Traian Sandu, ''Histoire de la Roumanie'', Perrin (2008). |
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* ''Les Loisirs de Philothée'', éd. par Jacques Bouchard, Montréal, Presses universitaires de Montréal, 1989, 251 p. |
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[[el:Νικόλαος Μαυροκορδάτος (1670-1730)]] |
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[[Catégorie:Décès à 50 ans]] |
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[[en:Nicholas Mavrocordatos]] |
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[[he:ניקולאה מברוקורדט]] |
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[[pl:Mikołaj Mavrocordat]] |
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[[tr:Nikolas Mavrokordatos]] |
Dernière version du 17 septembre 2023 à 11:35
Naissance | |
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Décès | |
Nom dans la langue maternelle |
Νικόλαος Μαυροκορδάτος |
Activité |
Drogman de la Porte |
Père | |
Mère |
Sultane Chrysoskoulaine (d) |
Fratrie | |
Enfants |
Constantin Mavrocordato Jean II Mavrocordato Alexandru Mavrocordat (d) Domnitza Sultana Mavrocordat (d) |
Nicolas Mavrocordato, en grec Nikólaos Mavrokordátos ou en roumain Nicolae Mavrocordat, né à Constantinople le , mort à Bucarest le est un prince phanariote qui, après avoir été au service du Gouvernement Ottoman, est devenu Hospodar de Moldavie de 1709 à 1710 et de 1711 à 1715 puis Hospodar de Valachie de 1715 à 1716 et de 1719 à 1730. C’est à partir de ses règnes que les deux principautés furent quasi exclusivement gouvernées par des Phanariotes pendant un siècle. La monarchie était élective dans les principautés roumaines de Moldavie et de Valachie, comme en Transylvanie et en Pologne voisines. Le souverain (voïvode, hospodar ou domnitor selon les époques et les sources) était élu par (et souvent parmi) les boyards, puis agréé par les Ottomans : pour être nommé, régner et se maintenir, il s'appuyait sur les partis de boyards et fréquemment sur les puissances voisines, habsbourgeoise, polonaise, russe et surtout turque, car jusqu'en 1859 les deux principautés étaient vassales et tributaires de la « Sublime Porte »[1].
Biographie
[modifier | modifier le code]Fils d’Alexandre Mavrocordato et de Sultana Chrysoskoleos, il est doué pour les études et parle couramment grec, turc, roumain, français, allemand, russe et latin. Il seconde son père à partir de 1698 lorsque celui-ci est envoyé négocier le Traité de Karlowitz et devient après sa mort, Grand Drogman de la Sublime Porte de 1709 à 1710.
Il obtient le trône de Moldavie en remplacement de Michel Racovitza le mais il est destitué dès octobre 1710 en faveur de Dimitrie Cantemir. Il doit se réfugier à l’ambassade de France et verser un généreux bakchich aux Ottomans pour rentrer en grâce. Après la fuite de Dimitrie Cantemir et un bref interrègne assuré par son frère cadet Jean Ier Mavrocordato, il fut de nouveau nommé Hospodar de Moldavie pour quatre ans, de novembre 1711 à décembre 1715.
En décembre 1715, il est transféré en Valachie, après la destitution d’Étienne II Cantacuzène. Son règne s’achève en novembre 1716 lorsqu’il est déposé et emprisonné pour deux ans par les Autrichiens à Sibiu. Après les victoires remportées par le prince Eugène de Savoie notamment la bataille de Petrovac, les Turcs abandonnent à l'Autriche le Banat de Timișoara, l’Olténie valaque et le nord de la Serbie lors du Traité de Passarowitz du : Nicolas Mavrocordato est libéré, remplace son frère cadet Jean Ier Mavrocordato et revient pour une dizaine d’années régner en Valachie de mars 1719 à sa mort en 1730.
Il gouverne en s’entourant de Grecs et d’Albanais et, pour rapprocher la noblesse roumaine des aristocraties occidentales, il crée trois rangs parmi eux : « grands », « moyens » et « petits » boyards, plus ou moins équivalents aux princes et ducs (principi : les dynasties princières pouvant prétendre aux trônes), aux marquis et comtes (boieri mari pouvant prétendre aux hautes charges), et aux barons (boieri mici, de loin les plus nombreux ; certains, désargentés, forment la classe des boyards pauvres dits boieri legați cu tei, décrite plus tard par Paul Morand dans son livre Bucarest). Pendant cette période, il s’emploie à développer la culture hellénique dans les principautés roumaines, il fonde à Bucarest des écoles, une bibliothèque et une imprimerie. Comme son père, il est également un lettré fort cultivé qui écrit un traité de morale générale : le Livre des Devoirs et (vers 1716/1720) Les loisirs de Philothée, tentative de création romanesque en une forme atticisante de grec ancien que l’on a qualifié de « langue archaïsante »[2]. Il est également un protecteur de l’Église roumaine, à l’époque sous l’obédience du Patriarcat œcuménique de Constantinople, et fait construire à Văcărești, près de Bucarest, un grand monastère pourvu d’une vaste bibliothèque[3]. Il meurt en exercice, fait très rare, à Bucarest, le et il est inhumé dans l’église du monastère de Văcărești (roumain: Mănăstirea Văcărești).
Famille et descendance
[modifier | modifier le code]Nicolas Mavrocordato fut marié à trois reprises :
- avant 1700 avec Cassandre Cantacuzène ;
- vers 1706 avec Pulchérie Tzouki dont il eut Constantin Mavrocordato (1711-1769), hospodar de Moldavie et de Valachie et Jean II Mavocordato (1712-1747), hospodar de Moldavie.
- en 1716 avec Smaragda Stavropoleos dont il eut Alexandre (mort en 1796), père de Nicolas (mort en 1818) et grand-père d'Alexandre Mavrocordato, et Sultana, épouse de Dimitrios Adamaki Mourousis.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Alexandru Dimitrie Xenopol Histoire des Roumains de la Dacie trajane : Depuis les origines jusqu'à l'union des principautés. E Leroux Paris (1896)
- Alexandre A.C. Sturdza L'Europe Orientale et le rôle historique des Maurocordato (1660-1830) Librairie Plon Paris (1913) p. 93-129.
- Nicolas Iorga Histoire des Roumains et de la romanité orientale. (1920)
- (ro) Constantin C. Giurescu & Dinu C. Giurescu, Istoria Românilor Volume III (depuis 1606), Editura Ştiinţifică şi Enciclopedică, Bucureşti, 1977.
- Mihail Dimitri Sturdza, Dictionnaire historique et généalogique des grandes familles de Grèce, d'Albanie et de Constantinople, M.-D. Sturdza, Paris, chez l'auteur, 1983 (ASIN B0000EA1ET).
- Jean-Michel Cantacuzène, Mille ans dans les Balkans, Éditions Christian, Paris, 1992. (ISBN 2-86496-054-0)
- Gilles Veinstein, Les Ottomans et la mort (1996) (ISBN 9004105050).
- Joëlle Dalegre Grecs et Ottomans 1453-1923. De la chute de Constantinople à la fin de l’Empire Ottoman, L’Harmattan Paris (2002) (ISBN 2747521621).
- Jean Nouzille La Moldavie, Histoire tragique d'une région européenne, Ed. Bieler (2004), (ISBN 2-9520012-1-9).
- Traian Sandu, Histoire de la Roumanie, Perrin (2008).
- Les Loisirs de Philothée, éd. par Jacques Bouchard, Montréal, Presses universitaires de Montréal, 1989, 251 p.
Notes
[modifier | modifier le code]- Le candidat au trône devait ensuite « amortir ses investissements » par sa part sur les taxes et impôts, verser en outre le tribut aux Ottomans, payer ses mercenaires et s'enrichir néanmoins. Pour cela, un règne d'au moins six à huit mois était nécessaire, mais la « concurrence » était rude, certains princes ne parvenaient pas à se maintenir assez longtemps sur le trône, et devaient ré-essayer. Cela explique le « jeu des chaises musicales » sur les trônes, la brièveté de beaucoup de règnes, les règnes interrompus et repris, et parfois les règnes à plusieurs (co-princes). Celui qui ne parvenait pas à rembourser ses « investisseurs » et à verser le tribut dû, risquait sa vie, mais l'enjeu était si fructueux, que les candidats ne manquèrent jamais. Quant au gouvernement, il était assuré par le Mare Vornic (premier ministre), ses ministres (spatar-armée, vistiernic-finances, paharnic-économie, "stolnic"-justice, logofat-intérieur... approximativement) et par le Sfat domnesc (conseil des boyards).
Concernant le tribut aux Turcs, la vassalité des principautés roumaines envers l'Empire ottoman ne signifie pas, comme le montrent par erreur beaucoup de cartes historiques, qu'elles soient devenues des provinces turques et des pays musulmans. Seuls quelques petits territoires moldaves et valaques sont devenus ottomans : en 1422 la Dobrogée au sud des bouches du Danube, en 1484 la Bessarabie alors dénommée Boudjak, au nord des bouches du Danube (ce nom ne désignait alors que les rives du Danube et de la mer Noire), en 1538 les rayas de Brăila alors dénommée Ibrahil et de Tighina alors dénommée Bender, et en 1713 la raya de Hotin. Le reste des principautés de Valachie et Moldavie (y compris la Moldavie entre Dniestr et Prut qui sera appelée Bessarabie en 1812, lors de l'annexion russe) ont conservé leurs propres lois, leur religion orthodoxe, leurs boyards, princes, ministres, armées et autonomie politique (au point de se dresser plus d'une fois contre le Sultan ottoman). Les erreurs cartographiques et historiques sont dues à l'ignorance ou à des simplifications réductrices. Voir Gilles Veinstein et Mihnea Berindei : L'Empire ottoman et les pays roumains, EHESS, Paris, 1987. - « Les Lumières de l'Occident à l'Orient », article sur Nicolas Mavrocordato dans Patrimoine Littéraire Européen, Vol. IX, Bruxelles 1997 (ISBN 2804125947), p. 55.
- La grande église du monastère de Văcărești a été démolie dans les années 1980 par la dictature communiste.