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« Joseph-Ignace Guillotin » : différence entre les versions

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{{Infobox Biographie2
[[Image:DrGuillotin.jpg|thumb|Joseph Ignace Guillotin]]
| charte = personnalité politique
'''Joseph Ignace Guillotin''' (né le [[28 mai]] [[1738]] à [[Saintes]] et mort le [[26 mars]] [[1814]] à [[Paris]]) fut un [[médecin]] et homme politique français. Il est connu pour avoir fait adopter, à la Révolution française, la [[guillotine]] comme mode unique d’exécution capitale.
| image = Anonymous - Portrait de Joseph-Ignace Guillotin (1738-1814), médecin et homme politique. - P1052 - Musée Carnavalet (cropped).jpg
| légende = Joseph-Ignace Guillotin, [[musée Carnavalet]].
| nom de naissance =
| surnom =
| lieu de naissance = [[Fichier:Royal Standard of the King of France.svg|20px|France monarchie]] [[Saintes]]
| profession = [[Médecin]], [[Personnalité politique|homme politique]]
}}
'''Joseph-Ignace Guillotin''', né le {{date de naissance |28|mai|1738}} à [[Saintes]] et mort le {{date de décès|26|mars|1814}} à [[Paris]], est un [[médecin]] et [[Personnalité politique|homme politique]] [[France|français]]. Il est connu pour avoir fait adopter, sous la [[Révolution française]], la [[guillotine]] comme mode unique d’[[Peine de mort|exécution capitale]].
[[Fichier:Société Galvanique 1803.jpg|vignette|Reçu de la Société Galvanique en date du {{date-|20 février 1803}}, signé par Joseph-Ignace Guillotin à titre du président]]


== L'homme politique ==
== Biographie ==
=== Origines et débuts ===
Avant la Révolution française, Guillotin est célèbre pour avoir publié plusieurs ouvrages politiques et avoir proposé un certain nombre de réformes. Dans son livre ''Pétition des six corps'', il demande que le nombre des députés du tiers état soit au moins égal à celui des députés des deux autres ordres. Si au départ cette proposition lui vaut de passer en jugement (il est acquitté), elle est acceptée en 1788 par le Conseil du roi.
Joseph Ignace Guillotin est le neuvième des treize enfants de Joseph-Alexandre Guillotin, avocat en la Cour et conseiller du roi en l'élection de [[Saintes]], et de Catherine-Agathe Martin<ref>{{harvsp|Ch. D.|1893|texte=Les Guillotin|p=186}} {{lire en ligne|lien=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2095148/f188.item.r=guillotin.zoom}}</ref>. Une légende familiale veut qu'il soit né près d'une place à Saintes où avaient lieu les exécutions : l'émotion provoquée par les cris d'un condamné aurait provoqué l'accouchement prématuré de {{Mme}} Guillotin, qui met le petit Joseph au monde<ref>{{Harvsp|Henri Pigaillem|2004|p=11}}</ref>.


Il fait des études théologiques pendant sept ans dans le [[Compagnie de Jésus|collège des jésuites]] de Bordeaux et y obtient son [[Baccalauréat en France|baccalauréat]]. Jésuite, il est d'abord professeur du [[collège des Irlandais]] à Bordeaux<ref>{{harvsp|Edmond-Jean Guérin|1908|texte=Le docteur Joseph-Ignace Guillotin|p=109}} {{lire en ligne|lien=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k209529h/f114.item.zoom}}</ref>. En 1763, il choisit les études de médecine d'abord à Reims (où les études sont moins onéreuses) puis en 1768 à Paris, pendant trois ans, grâce aux [[Bourse d'études|bourses d'études]]. Il devient pupille de la [[Faculté de médecine de Paris]], obtient un doctorat de [[Régent#Charge d'enseignement|régent]] le {{date-|26|10|1770}}<ref>{{harvsp|Edmond-Jean Guérin|1908|texte=Le docteur Joseph-Ignace Guillotin|p=110}} {{lire en ligne|lien=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k209529h/f115.item.zoom}}</ref> et enseigne l'anatomie, la physiologie et la pathologie dans cette même faculté (de 1778 à 1783)<ref>{{harvsp|Edmond-Jean Guérin|1908|texte=Le docteur Joseph-Ignace Guillotin|p=111}} {{lire en ligne|lien=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k209529h/f116.item.zoom}}</ref>.
Médecin et professeur d'anatomie à la Faculté de Paris, élu député du Tiers-Etat de la ville et des faubourgs de Paris aux Etats-Généraux de 1789. C'est lui qui propose la réunion dans la salle du [[Serment du Jeu de paume|Jeu de paume]], lorsque les députés trouvèrent leur salle fermée le [[19 juin]].


En même temps, il exerce en cabinet et se partage avec son confrère [[Jean-Paul Marat]] la clientèle des maisons des frères du [[Louis XVI|roi]], le comte de Provence, futur [[Louis XVIII]], et le [[Charles X|comte d'Artois]]<ref name="medarus">{{Lien web |titre=Joseph-Ignace Guillotin (1738-1814) |url=http://www.medarus.org/Medecins/MedecinsTextes/guillotin.html |date= |site=Medarus <!--|consulté le= 16 décembre 2019-->}}.</ref>. Il effectue des expériences scientifiques sur le vinaigre ou les caractéristiques de la rage. Le {{date-|14 juillet 1787}}, il se marie à la [[Abbaye Saint-Victor de Paris|paroisse Saint-Victor]] à Paris avec Marie Louise Saugrain<ref>{{harvsp|Edmond-Jean Guérin|1908|texte=Le docteur Joseph-Ignace Guillotin|p=112}} {{lire en ligne|lien=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k209529h/f117.item.zoom}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |titre=Contrat de mariage avec Marie Louise Saugrain |url=https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/rechercheconsultation/consultation/multimedia/Galerie.action?mediaParam==?UTF-8?B?RlJBTl8wMTU5XzIyNDMzX0wubXNwI0ZSQU5fMDE1OV8yMjQzNl9MLm1zcA==?=&udTitle==?UTF-8?B?UExBTi1ERS1MQS1UT1VS?=&xpointer=&mmName |date=1787 |site=[[Archives nationales (France)|Archives nationales (salle des inventaires virtuelle)]] <!--|consulté le= 15 décembre 2019-->}}</ref>{{,}}<ref>Marie Louise Saugrain est l'une des sœurs d'[[Antoine Saugrain]], émigré aux États-Unis en 1790, reconnu pour être le premier scientifique de la vallée du Mississippi</ref>.
=== Guillotin et la guillotine ===
Avec l'appui de [[Honoré Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau|Mirabeau]] le député, secrétaire de l’Assemblée nationale [[Assemblée constituante|constituante]], Guillotin propose le [[10 octobre]] [[1789]] un projet de réforme du droit pénal dont le 1{{er}} article stipule que {{citation|les délits de même genre seront punis par les mêmes genres de peines, quels que soient le rang et l'état du coupable.}} Il demanda dans la séance du 1{{er}} décembre 1789 que {{citation|la décapitation fût le seul supplice adopté et qu'on cherchât une machine qui pût être substituée à la main du bourreau.}} L’utilisation d’un appareil mécanique pour l’exécution de la [[peine capitale]] lui paraît une garantie d’égalité. En effet, jusqu’alors, l'exécution de la peine capitale différait selon le forfait et le rang social du condamné : les nobles étaient décapités à l’épée, les roturiers à la hache, les régicides [[Écartèlement|écartelés]], les hérétiques [[Bûcher|brûlés]], les voleurs roués ou pendus. La proposition de Guillotin vise également à supprimer les souffrances inutiles. Son idée est adoptée en 1791 par la loi du 6 octobre et, malgré ses protestations, on attribue son nom à cette machine, qui existait pourtant depuis le XVI{{e}} siècle. Après plusieurs essais sur des cadavres à l'Hospice de [[Bicêtre]], la première personne guillotinée en France fut un voleur, du nom de Nicolas Pelletier, le 25 avril 1792.


=== Parcours politique ===
L’appareil est mis au point en [[1792]] par son confrère [[Antoine Louis]], secrétaire perpétuel de l'Académie de chirurgie (d’où son premier nom de ''Louison''), et se voit rapidement affublé du nom de [[guillotine]], contre la volonté du docteur Guillotin qui en manifeste le regret jusqu'à sa mort en 1814.
{{article détaillé|Révolution française|Assemblée nationale constituante (1789)}}
Peu avant la [[Révolution française]], Guillotin se rend célèbre pour avoir publié plusieurs ouvrages politiques et avoir proposé un certain nombre de réformes. Dans sa ''Pétition des [[Six corps de marchands|six corps]]'' (ou ''Pétition des citoyens domiciliés à Paris'') rédigée le {{Date-|8|décembre|1788}}<ref>{{harvsp|Edmond-Jean Guérin|1908|texte=Le docteur Joseph-Ignace Guillotin|p=114}} {{lire en ligne|lien=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k209529h/f119.item.zoom}}</ref>, il réclame le vote par tête (et non par ordre aux [[États généraux (France)|États généraux]]) et que le nombre des députés du [[tiers état]] soit au moins égal à celui des députés des deux autres ordres réunis. Cette proposition lui vaut la réprobation du roi (plusieurs personnes avaient déjà adressé ce genre d'écrit au souverain, mais dans une correspondance personnelle et non en en appelant à lui publiquement par voie de requêtes) et il passe en jugement<ref>{{harvsp|Edmond-Jean Guérin|1908|texte=Le docteur Joseph-Ignace Guillotin|p=115}} {{lire en ligne|lien=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k209529h/f120.item.zoom}}</ref>.


Le [[Parlement de Paris]] le condamne le {{Date-|19|décembre|1788}}<ref>{{harvsp|Edmond-Jean Guérin|1908|texte=Le docteur Joseph-Ignace Guillotin|p=116}} {{lire en ligne|lien=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k209529h/f121.item.zoom}}</ref> pour la forme et non pour le fond, comme le fait remarquer le conseiller Lefebvre : {{Citation|Ce jugement concerne la forme de votre écrit et son mode de diffusion. Quant au fond, le Parlement, dont je suis ici l'interprète, n'y trouve rien à redire<ref name="medarus"/>.}} La pétition est alors interdite de diffusion. Le {{Date-|27|décembre|1788}}, sur la demande de [[Jacques Necker|Necker]], elle est acceptée par le Conseil d'État du roi, pour ce qui est du nombre de députés<ref name="medarus"/>.
Guillotin espérait instaurer une exécution plus humaine et moins douloureuse. Mais, pendant la [[Terreur (Révolution française)|Terreur]], celle qui est désormais affublée de nombreux noms (comme ''le rasoir national'', ''le moulin à silence'', ''la veuve'', puis ''la cravate à Capet'' après son emploi sur [[Louis XVI de France|Louis XVI]]) a largement contribué à multiplier les exécutions capitales.


Initié en 1772<ref>{{Lien web |auteur1=Ch. d'Avone |titre=Guillotin franc-maçon |url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k209517d/f349.item.zoom |date= |site=[[Gallica]] <!--|consulté le= 16 décembre 2019-->}}.</ref> à la [[Loge maçonnique|loge]] la ''Parfaite Union'' d’[[Angoulême]], il devient en 1776 vénérable maître de la loge la ''Concorde fraternelle'' à l’orient de Paris et en 1778 membre affilié à celle des ''[[Neuf Sœurs]]'' (côtoyant les peintres [[Jean-Baptiste Greuze]] ou [[Claude Joseph Vernet]], Voltaire, le duc d’Orléans ou le duc de Chartres)<ref>{{Lien web |auteur=Eva Hamzaoui |titre=Guillotin, frère du peuple |url=https://www.lexpress.fr/region/guillotin-frere-du-peuple_738117.html |date= |site=[[L'Express]] <!--|consulté le= 16 décembre 2019-->}}.</ref>. Il fréquente tout au long de sa vie des ateliers et des cercles, tel celui des [[Philalèthes]], empreints de rationalité, de connaissance et de liberté. Il joue un rôle important dans la formation du [[Grand Orient de France]] et devient orateur de sa {{Citation|chambre des provinces}} qui recevait chaque année le tableau des membres de toutes les loges de provinces, et exerçait sur elles une tutelle. Il cesse ses activités maçonniques pendant la Révolution, à l'issue de laquelle, il ne réintègre pas la [[franc-maçonnerie]], et malgré l'insistance d'[[Alexandre Roëttiers de Montaleau]]<ref>{{harvsp|Daniel Ligou {{p.|571}}|id=Q22342911}}</ref>.
== Un médecin jusqu'à la fin de ses jours ==


Élu le {{date-|15|5|}} député du [[tiers état]] de la ville et des faubourgs de Paris<ref>{{harvsp|Edmond-Jean Guérin|1908|texte=Le docteur Joseph-Ignace Guillotin|p=118}} {{lire en ligne|lien=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k209529h/f123.item.zoom}}</ref> aux [[États généraux de 1789]] réunis à l’[[Hôtel des Menus-Plaisirs (Versailles)|hôtel des Menus-Plaisirs]] de [[Versailles]], c'est lui qui propose la réunion dans la salle du [[Serment du Jeu de paume|Jeu de paume]], lorsque les députés trouvent leur salle fermée le {{date-|20 juin}}<ref>{{harvsp|Edmond-Jean Guérin|1908|texte=Le docteur Joseph-Ignace Guillotin|p=119}} {{lire en ligne|lien=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k209529h/f124.item.zoom}}</ref>. Après que l'Assemblée a décrété dans sa séance du {{date-|9|10|}} qu'elle se transporterait à [[Paris]], Guillotin fait partie de la [[Salle du Manège#Avant l'installation de l'assemblée nationale|commission de six membres]] chargée de déterminer et faire disposer le local le plus adapté à la tenue de ses séances<ref>{{harvsp|Edmond-Jean Guérin|1908|texte=Le docteur Joseph-Ignace Guillotin|p=124}} {{lire en ligne|lien=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k209529h/f129.item.zoom}}</ref>. S'inspirant des [[Théâtre anatomique|théâtres anatomiques]], Guillotin suggère de réunir les élus du peuple dans une salle en demi-cercle, afin que tous puissent se voir et s'entendre, ce qui donnera naissance plus tard à l'[[hémicycle]] du [[Palais Bourbon]]<ref>{{Lien web |auteur=Patrick Roger |titre="Si le Palais-Bourbon m'était conté" : histoires parlementaires |url=https://www.lemonde.fr/livres/article/2011/05/30/si-le-palais-bourbon-m-etait-conte_1529447_3260.html |date= |site=[[Le Monde]] <!--|consulté le= 17 décembre 2019-->}}.</ref>.
Emprisonné durant la Terreur, Guillotin est remis en liberté après la mort de [[Maximilien de Robespierre|Robespierre]]. Il passa le restant de ses jours loin de la vie politique et ne se consacra plus qu'à la médecine, s’activant à propager la pratique de la [[vaccination]] contre la [[variole]] et, sous le [[Consulat (histoire de France)|Consulat]], il est en charge d’installer le premier programme cohérent de [[santé publique]] en [[France]] à l’échelle de la nation. Il est nommé médecin chef de l'hôpital Saint-Vaast d'Arras. Guillotin est également le fondateur de la Société des premiers médecins de Paris, ancêtre de l'actuelle [[Académie de médecine]].


Dans l'immédiat, le choix de la commission se porte en deux jours sur la [[salle du Manège]] au [[jardin des Tuileries]] ; elle désigne l'architecte [[Pierre-Adrien Pâris]] afin de procéder aux modifications et aménagements voulus pour permettre l'installation des parlementaires. L'Assemblée y tient sa première séance le {{date-|9|11|1789}}, après avoir, depuis le {{date-|19 octobre}}, en attendant l'achèvement des travaux, siégé provisoirement dans la grande salle de l'[[Palais de l'Archevêché de Paris|Archevêché]], nommée aussi ''Chapelle des Ordinations''<ref>{{harvsp|Edmond-Jean Guérin|1908|texte=Le docteur Joseph-Ignace Guillotin|p=125}} {{lire en ligne|lien=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k209529h/f130.item.zoom}}</ref>. Le {{date-|1|2|1790}}, Guillotin est choisi comme l'un des trois secrétaires de l'Assemblée<ref>{{harvsp|Edmond-Jean Guérin|1908|texte=Le docteur Joseph-Ignace Guillotin|p=126}} {{lire en ligne|lien=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k209529h/f131.item.zoom}}</ref> chargés d'organiser les séances parlementaires souvent chahutées, ce qui lui vaut des attaques malveillantes de la presse parlementaire déçue par l'absence de discipline des séances<ref>{{ouvrage|auteur=Collectif d'auteurs|titre=Si le palais-Bourbon m'était conté|éditeur=Moment|date=2011|passage=61|isbn=|présentation en ligne={{Google Livres|A4RPAQAAIAAJ}}}}</ref>.
La croyance que Guillotin soit mort lui-même guillotiné n'a pas de fondement historique, bien que ce soit une idée répandue.


=== Adoption de la « guillotine » ===
== Liens externes ==
[[Fichier:Joseph Ignace Guillotin. Line engraving by B. L. Prévost aft Wellcome V0002456.jpg|vignette|''CIVI OPTIMO'' : ''À un illustre citoyen''. Une devise tirée d’Horace : « ''Quid verum atque decens curo et rogo et omnis in hoc sum'' » : « Mes soins et mes interrogations sont à la recherche de la vérité et de l’harmonie, et je n’ai pas d’autre but ».]]
{{commons|Joseph Ignace Guillotin}}
{{article détaillé|Guillotine}}
*[http://www.medarus.org/Medecins/MedecinsTextes/guillotin.html Portrait du médecin Guillotin]
Guillotin, alors président du [[Comité de salubrité (Révolution française)|comité de salubrité]] de l'[[Assemblée nationale constituante (1789)|Assemblée nationale constituante]], propose le {{Date-|1|12|1789}} avec l'appui de [[Honoré-Gabriel Riqueti de Mirabeau|Mirabeau]] (député et secrétaire de l’Assemblée nationale constituante), un projet de réforme du droit pénal dont le {{1er|article}} dispose que {{citation|les délits de même genre seront punis par les mêmes genres de peines, quels que soient le rang et l'état du coupable<ref>{{harvsp|Achille Chéreau|1870|texte=Guillotin et la guillotine|p=7}} {{lire en ligne|lien=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6469367t/f15.item.r=article%20constitutionnel}}</ref>{{,}}<ref name="1-12-1789">{{harvsp|Edmond-Jean Guérin|1908|texte=Le docteur Joseph-Ignace Guillotin|p=224-227}} {{lire en ligne|lien=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k209529h/f229.item.zoom}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |titre=Archives parlementaires de 1787 a 1860 ''(séance du mardi {{date-|1|12|1789}}), au matin'' |url=https://archive.org/details/archivesparlemen10pariuoft/page/346 |date= |site= <!--|consulté le= 18 décembre 2019-->}}.</ref>}}, et demande que {{citation|la décapitation fût le seul supplice adopté et qu'on cherchât une machine qui pût être substituée à la main du bourreau<ref>{{Google Livres|kntVKDxV7YUC|titre=Rendez-vous avec la veuve à Périgueux ({{p.|6}})|page=PA6|surligne=décapitation}}.</ref>}}. L’utilisation d’un appareil mécanique pour l’exécution de la [[Peine de mort|peine capitale]] lui paraît une garantie d’égalité, qui devait, selon lui, ouvrir la porte à un futur où la peine capitale serait finalement abolie<ref name="1-12-1789"/>.
*[http://www.histoirepassion.eu/spip.php?article520 1738-1814 - Joseph-Ignace Guillotin : sa généalogie et sa guillotine]


La proposition de Guillotin vise également à supprimer les souffrances inutiles. En effet, jusqu’alors, l'exécution de la [[Peine de mort en France#Ancien Régime|peine capitale]] différait selon le forfait et le rang social du condamné : les nobles étaient [[décapitation|décapités]] au sabre, les roturiers à la hache, les régicides et criminels d'État [[Écartèlement|écartelés]], les hérétiques [[Bûcher|brûlés]], les voleurs [[Roue (supplice)|roués]] ou [[pendaison|pendus]], les faux-monnayeurs bouillis vifs dans un chaudron<ref name="Débats_1791">{{Lien web |titre=Le débat de 1791 à l'Assemblée nationale constituante |url=http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/peinedemort/debat_1791.asp |date= |site=[[Assemblée nationale (France)|Assemblée nationale]] <!--|consulté le= 18 décembre 2019-->}}.</ref>{{,}}<ref>{{Google Livres|kntVKDxV7YUC|titre=Rendez-vous avec la veuve à Périgueux ({{p.|6}})|page=PA6|surligne=forfait%commis%rang%social}}.</ref>. Son idée est adoptée en 1791 par la [[Code pénal de 1791#Plan du Code et articles importants|loi du {{date-|6 octobre}}]] qui dispose que {{cita|la peine de mort consistera dans la simple privation de la vie, sans qu'il puisse jamais être exercé aucune torture envers les condamnés}} et que {{cita|tout condamné à mort aura la tête tranchée<ref name="Débats_1791"/>}}.
== Bibliographie ==
*[[Henri Pigaillem]], ''le Docteur Guillotin, bienfaiteur de l'humanité'', Pygmalion, 2004, 247 p.
*''Le docteur Joseph-Ignace Guillotin'', par Edmond-Jean Guérin, dans le Bulletin de la Société des Archives Historiques de Saintonge et d'Aunis, tome XXVIII année 1908. Cet ouvrage est accessible [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k209529h en ligne sur le site de la BNF]
{{Portail Révolution française}}


L’appareil, inspiré d’anciens modèles de machines à [[décapitation]] existant depuis le {{s-|XVI}}<ref>{{harvsp|Maurice Genty|1938|texte=Le docteur Guillotin|p=18}} {{lire en ligne|lien=https://www.biusante.parisdescartes.fr/histoire/medica/resultats/index.php?do=page&cote=90170x1938xsup&p=18}}</ref>, est mis au point en 1792 par son confrère [[Antoine Louis]], [[chirurgien]] militaire, secrétaire perpétuel de l'Académie de chirurgie (d’où son premier nom de ''Louison''). Après plusieurs essais sur des moutons, puis trois cadavres à l'Hospice de [[Bicêtre]] le {{date-|15 avril 1792}}, la première personne guillotinée en France fut un voleur, du nom de [[Nicolas Jacques Pelletier]], le {{date-|25 avril 1792}}<ref>{{google Livres|id=GjRgHj2fCRoC|titre=Poubelle, Colt, Béchamel, Silhouette et les autres : L'histoire étonnante de 101 noms propres devenus noms communs ({{p.|99}})|page autre=PT84|surligne=Guillotine}}.</ref>{{,}}<ref>{{Google Livres|kntVKDxV7YUC|titre=Rendez-vous avec la veuve à Périgueux ({{p.|7}})|page=PA7|surligne=plusieurs%essais}}.</ref>.
{{DEFAULTSORT:Guillotin, Jospeh Ignace}}


Malgré les protestations de Guillotin qui n'a nullement inventé cette machine<ref>{{harvsp|Edmond-Jean Guérin|1908|texte=Le docteur Joseph-Ignace Guillotin|p=234}} {{lire en ligne|lien=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k209529h/f239.item.zoom}}</ref>, celle-ci se voit rapidement affublée du nom de [[guillotine]]. Ce sont les rédacteurs du journal royaliste ''[[Les Actes des Apôtres]]'' qui auraient employé ce mot, dès les premiers jours, contre sa volonté<ref>{{Google Livres|gLxhgYTqD2kC|Dictionnaire universel des littératures|couv=1|page=PA24|romain=1|page autre=|surligne=Guillotin}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |auteur=[[Pierre Larousse]] |titre=Grand dictionnaire universel du XIXe siècle ''(Tome VIII)'' |url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k205360r/f1634.item.r=guillotin%20ap%C3%B4tre.zoom |date=1866-1877 |site=[[Gallica]] <!--|consulté le= 18 décembre 2019-->}}.</ref>. Cette méchante plaisanterie fut reprise, avec joie, par les gribouilleurs de copies que Guillotin avait exclus des séances de l’assemblée où ils semaient le trouble<ref name="Comité"/>. Le docteur en manifesta le regret jusqu'à sa mort en 1814, appelant sa fameuse machine « la tache involontaire de [sa] vie<ref name="medarus"/>{{,}}<ref name="Chavatte"/> ».
[[Catégorie:Médecin français]]
[[Catégorie:Député du tiers-état aux états généraux de 1789]]
[[Catégorie:Membre de l'Assemblée constituante de 1789]]
[[Catégorie:Personnalité de la franc-maçonnerie]]
[[Catégorie:Naissance en 1738]]
[[Catégorie:Décès en 1814]]
[[Catégorie:Médecin du XVIIIe siècle]]


L’erreur de Guillotin aura été de plaider maladroitement pour cette machine le {{date-|1|12|1789}} : {{Citation|[[Guillotine#Petite phrase du médecin et attribution du nom de « guillotine »|Avec ma machine, je vous fais sauter la tête en un clin d’œil, et vous ne souffrez point]]<ref>{{Lien web |auteur=[[Philippe Buchez]] |titre=Histoire parlementaire de la Révolution française ''(Tome 3, {{p.|447}})'' |url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k28869g/f459.item.r=machine |date= |site=[[Gallica]] <!--|consulté le= 17 décembre 2019-->}}.</ref>. La mécanique tombe comme la foudre, la tête vole, le sang jaillit, l'homme n'est plus<ref>{{harvsp|Achille Chéreau|1870|texte=Guillotin et la guillotine|p=7}} {{lire en ligne|lien=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6469367t/f15.item.r=description%20m%C3%A9canique.zoom}}</ref>{{,}}<ref>{{Google Livres|F14IAAAAQAAJ|Journal des états généraux convoqués par Louis XVI|couv=1|page=PA237|romain=1|page autre=|surligne=Guillotin}}</ref>.}}
[[cs:Joseph Ignace Guillotin]]
[[da:Joseph Ignace Guillotin]]
{{Citation bloc|Il y a des hommes malheureux. [[Christophe Colomb]] ne peut attacher son nom à sa découverte ; Guillotin ne peut détacher le sien de son invention.|[[Victor Hugo]]<ref>{{Google Livres|kntVKDxV7YUC|titre=Rendez-vous avec la veuve à Périgueux ({{p.|9}})|page=PA9|surligne=Victor%Hugo}}.</ref>{{,}}<ref>{{ouvrage|titre=Littérature et philosophie mêlées|année=1834|chapitre=Journal des idées et des opinions d’un révolutionnaire de 1830|wikisource=Littérature et philosophie mêlées/Journal des idées et des opinions d’un révolutionnaire de 1830}}.</ref>}}
[[de:Joseph-Ignace Guillotin]]

[[el:Ζοζέφ Ινιάς Γκιγιοτέν]]
Guillotin espérait instaurer une exécution plus humaine et moins douloureuse. Mais dans les périodes qui suivent, celle qui est désormais affublée de nombreux surnoms – ''la Mirabelle'', surnom dérivé de [[Honoré-Gabriel Riqueti de Mirabeau|Mirabeau]], la ''Monte-à-regret'', la ''Veuve'', le ''Rasoir national'', le ''Moulin à silence'', la ''Cravate à Capet'' après son emploi sur [[Louis XVI]], la ''Lucarne'' au {{s-|XIX}}, le ''Massicot'', la ''Bécane'', la ''Bascule à Charlot'' (du prénom de [[Charles-Henri Sanson]], le bourreau de Louis XVI), etc.<ref name="Chavatte">{{Google Livres|kntVKDxV7YUC|titre=Rendez-vous avec la veuve à Périgueux ({{p.|8}})|page=PA8|surligne=guillotine}}.</ref> – a largement contribué à multiplier les exécutions capitales.
[[en:Joseph-Ignace Guillotin]]

[[es:Joseph Ignace Guillotin]]
Désolé de son impuissance à sauver quelques victimes, attristé de voir couler le sang à flots, écœuré d'entendre continuellement prononcer le mot de [[guillotine]], jusque dans des chansons, d'apercevoir, sans cesse, l'image de la sinistre machine (sous la forme de hideux bibelots, d'ignobles bijoux, boucles d'oreilles, cachets de montre{{Etc.}}), Guillotin quitte Paris pour se délivrer de cette tragique obsession, car, en l'[[an II]], on le trouve, à [[Arras]], directeur des hôpitaux militaires installés dans l'[[Abbaye Saint-Vaast d'Arras|abbaye Saint-Vaast]], après l'expulsion des bénédictins<ref>{{harvsp|Edmond-Jean Guérin|1908|texte=Le docteur Joseph-Ignace Guillotin|p=237}} {{lire en ligne|lien=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k209529h/f242.item.zoom}}</ref>. Emprisonné le {{Date républicaine-|16 vendémiaire an IV|-conversion-}} au cours de la [[Terreur blanche de 1795|réaction thermidorienne]], Guillotin est remis en liberté le mois suivant le {{Date républicaine-|13 brumaire an IV|-conversion-}}.
[[fi:Joseph-Ignace Guillotin]]

[[id:Joseph Ignace Guillotin]]
Il passe ensuite le restant de ses jours loin de la vie politique et ne se consacre plus qu'à la médecine, s’activant à propager la pratique de la [[vaccination]] contre la [[variole]]<ref>{{harvsp|Edmond-Jean Guérin|1908|texte=Le docteur Joseph-Ignace Guillotin|p=290}} {{lire en ligne|lien=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k209529h/f296.item.zoom}}</ref>. Il préside le Comité central de vaccine<ref name="Comité">{{Lien web |titre=Les membres du Comité Central de Vaccine, une poignée d’hommes qui ont bien mérité de leur patrie, et même de l’humanité |url=http://www.academie-medecine.fr/les-membres-du-comite-central-de-vaccine-une-poignee-dhommes-qui-ont-bien-merite-de-leur-patrie-et-meme-de-lhumanite-2/ |date= |site=[[Académie nationale de médecine]] <!--|consulté le= 17 décembre 2019-->}}.</ref> créé en {{date-|mai 1800}}, sous le [[Consulat (histoire de France)|Consulat]] par le ministre de l'intérieur, [[Jean-Antoine Chaptal|Chaptal]]. C'est, en cette qualité, que, le {{Date républicaine-|10 ventôse an XIII|-conversion-}}, il est reçu avec le comité, en audience particulière, par le pape [[Pie VII]]<ref>{{harvsp|Edmond-Jean Guérin|1908|texte=Le docteur Joseph-Ignace Guillotin|p=291}} {{lire en ligne|lien=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k209529h/f297.item.zoom}}</ref>. Il est chargé d’installer le premier programme cohérent de [[Système de santé français|santé publique en France]] à l’échelle de la nation. Guillotin est également le fondateur de la Société Académique de Médecine, ancêtre de l'actuelle [[Académie nationale de médecine]]<ref>{{harvsp|Edmond-Jean Guérin|1908|texte=Le docteur Joseph-Ignace Guillotin|p=292}} {{lire en ligne|lien=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k209529h/f298.item.zoom}}</ref>.
[[is:Joseph-Ignace Guillotin]]
[[it:Joseph-Ignace Guillotin]]
Une légende veut que Guillotin aurait lui-même été exécuté par « sa » machine et elle s'explique par une coïncidence : un médecin lyonnais, J. M. V. Guillotin (sans lien de parenté avec lui), est exécuté par la guillotine. Joseph Ignace Guillotin est en réalité mort chez lui, de causes naturelles ([[Anthrax staphylococcique|anthrax]] à l'épaule gauche<ref name="EJG">{{harvsp|Edmond-Jean Guérin|1908|texte=Le docteur Joseph-Ignace Guillotin|p=295}} {{lire en ligne|lien=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k209529h/f301.item.zoom}}</ref>), le {{date de décès-|26|mars|1814|28|mai|1738}}<ref name="EJG" />{{,}}<ref>{{Lien web |titre=Acte de décès (vue 46/51) |url=http://archives.paris.fr/arkotheque/visionneuse/visionneuse.php?arko=YTo2OntzOjQ6ImRhdGUiO3M6MTA6IjIwMjEtMDEtMTAiO3M6MTA6InR5cGVfZm9uZHMiO3M6MTE6ImFya29fc2VyaWVsIjtzOjQ6InJlZjEiO2k6NTtzOjQ6InJlZjIiO2k6MzM5OTU7czoxNjoidmlzaW9ubmV1c2VfaHRtbCI7YjoxO3M6MjE6InZpc2lvbm5ldXNlX2h0bWxfbW9kZSI7czo0OiJwcm9kIjt9#uielem_move=0%2C0&uielem_rotate=F&uielem_islocked=0&uielem_zoom=33 |date= |site=État civil reconstitué (XVIe-1859) <!--|consulté le=11 janvier 2021-->}}.</ref>.
[[ja:ジョゼフ・ギヨタン]]

[[nl:Joseph-Ignace Guillotin]]
Mort dans sa maison, à l'époque au {{n°|333}}<ref name="EJG" /> (aujourd'hui {{n°|209}}<ref>Isabelle Calabre, « Tout près de la mort », p. 21, ''in'' « Votre quartier sous la Révolution », ''[[Le Nouvel Obs]]'' - Paris - Île-de-France, n°2213, semaine du 5 au 11 avril 2007, p. 12-21.</ref>) de la [[rue Saint-Honoré]] à Paris (au coin de la [[rue de La Sourdière]]<ref>{{harvsp|Maurice Genty|1938|texte=Le docteur Guillotin|p=24}} {{lire en ligne|lien=https://www.biusante.parisdescartes.fr/histoire/medica/resultats/index.php?do=page&cote=90170x1938xsup&p=24}}</ref>), sans enfants, il laisse pour donataire universelle, en usufruit, Marie Louise Saugrain, sa veuve, et pour seule héritière, sa sœur Marie-Marguerite-Agathe-Monique Guillotin, épouse de Jean-François de La Charlonnie<ref>{{Lien web |titre=Inventaire après décès de Joseph Ignace Guillotin |url=https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/rechercheconsultation/consultation/ir/consultationIR.action?irId=FRAN_IR_042540&udId=c1p71hhzp6oz-4gow4l5379dh&details=true&gotoArchivesNums=false&auSeinIR=true |date=18 avril 1814 |site=[[Archives nationales (France)|Archives nationales (salle des inventaires virtuelle)]] <!--|consulté le= 15 décembre 2019-->}}.</ref>. Deux jours plus tard, après un éloge funèbre d'[[Edme-Claude Bourru]]<ref>{{harvsp|Edmond-Jean Guérin|1908|texte=Le docteur Joseph-Ignace Guillotin|p=296}} {{lire en ligne|lien=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k209529h/f302.item.zoom}}</ref>, ancien doyen de l’ancienne [[Faculté de médecine de Paris]], il est inhumé dans une concession temporaire au [[cimetière du Père-Lachaise]]. Sa tombe, dans l'actuelle {{8e}} division, a depuis longtemps disparu<ref>{{Lien web |auteur=Marie Beleyme |titre=Mais où fut donc inhumé le bon Docteur Guillotin ? |url=http://perelachaisehistoire.fr/guillotin/ |date= |site=[[Cimetière du Père-Lachaise]] <!--|consulté le= 17 décembre 2019-->}}.</ref>.
[[no:Joseph-Ignace Guillotin]]

[[pl:Joseph Ignace Guillotin]]
== Œuvres et publications ==
[[pt:Joseph-Ignace Guillotin]]
* ''Articles sur les lois criminelles, dont l'Assemblée nationale a ordonné l'impression le premier décembre 1789, pour être discutés dans la séance du 2.'', Paris : Impr. nationale, (s. d.), In-8° , 3 p.
[[ro:Joseph Ignace Guillotin]]
* ''Pétition des citoyens domiciliés à Paris, du 8 décembre 1788'' ([Reprod.]), chez Clousier, imprimeur du Roi, & des Six-corps (Paris), 1788, 1 microfiche ; 105*148 mm, {{Gallica|n=bpt6k47370g#}}.
[[ru:Гильотен, Жозеф Игнас]]
* ''Projet de décret sur l'enseignement et l'exercice de l'art de guérir, présenté au nom du [[Comité de salubrité (Révolution française)|Comité de salubrité]] par M. Guillotin'', Paris : Impr. nationale, 1791, In-8° , 39 p.
[[sv:Joseph Guillotin]]
* ''Présentation du rapport du Comité central de vaccine au Premier consul, par le citoyen Guillotin'', Paris, impr. de Plassan, (s. d.), In-8°, 3 p.
[[tr:Joseph-Ignace Guillotin]]

[[uk:Ґійотен Жозеф]]
; En collaboration
* avec Docteur Salle: ''Le Grand spécifique, ou L'ordonnance de MM. Guillotin et Salle, docteurs en médecine, sur la maladie et le traitement de très-haut et très-puissant seigneur, monseigneur, le haut clergé de l'église gallicane'' ([Reprod.]) [s.n.], 179., 1 microfiche ; 105*148 mm, {{gallica|n=bpt6k451933}}.

== Dans la culture populaire ==
=== Cinéma ===
Joseph Guillotin est incarné au cinéma par [[Henri Virlogeux|Henri Virlojeux]] dans le film ''[[Caroline chérie (film, 1968)|Caroline Chérie]]'' en 1968 et par [[Jacques Ciron]] dans le film [[La Révolution française (film)|''La Révolution française'']] en 1989.

=== Télévision ===
Joseph Guillotin est incarné par [[Amir El Kacem]] dans la série [[uchronie|uchronique]] ''[[La Révolution (série télévisée)|La Révolution]]'', sortie le {{date|16 octobre}} [[2020 à la télévision|2020]] sur [[Netflix]]<ref> {{Lien web |langue=français|auteur=Emma Naroumbo Armaing |titre=Netflix rejoue la Révolution française|url=Emma Naroumbo Armaing|date=16 juillet 2020 |site=numero.com |consulté le=31 juillet 2020}}.</ref>.

=== Bande dessinée ===
Joseph Guillotin est le héros de la bande dessinée pour adultes en [[petit format]] ''Madame Guillotine'' (dans ''Le Cimetière des Apaches'', Paris, ElviFrance, 1975, coll. Série bleue n° 9, p. 113-223).

== Notes et références ==
{{Références|colonnes = 2}}

== Annexes ==
{{Autres projets|commons=Joseph Ignace Guillotin}}
=== Bibliographie ===
* {{Ouvrage|auteur1=Alphonse Cordier |titre=Le docteur Guillotin : épisode du régime de la Terreur |éditeur=Bibliothèque populaire |lieu=Paris |année=1869 |pages totales=188 |isbn= }}, {{gallica|n=bpt6k5789274p}}.
* {{Ouvrage|auteur1=[[Achille Chéreau]] |titre=Guillotin et la Guillotine |éditeur=Aux Bureaux de l'Union Médicale |année=1870 |pages totales=52 |isbn= }}, {{Gallica|n=bpt6k6469367t}}.
* {{Ouvrage |auteur1=Ch. D. |titre=Les Guillotin |éditeur=A. Picard |collection=Bulletin de la Société des archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis |lieu=Paris |année=1893 |tome=XIII |passage=184-189 |isbn= |lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2095148/f186.item.zoom }}, {{Gallica|n=bpt6k2095148}}.
* {{Ouvrage |auteur1=Edmond-Jean Guérin |titre=Le docteur Joseph-Ignace Guillotin |éditeur=J. Baur |collection=Bulletin de la Société des archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis |lieu=Paris |année=1908 |tome=XXVIII |passage=101-128, 224-245, 288-313 |isbn= |lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k209529h/f105.image }}, {{Gallica|n=bpt6k209529h}}.
* {{Ouvrage |auteur1=Maurice Genty |titre=Le Docteur Guillotin |éditeur= |nature ouvrage=Supplément illustré du Progrès médical {{15e}} année {{n°|3}} |collection=Le Progrès médical : journal de médecine, de chirurgie et de pharmacie |lieu=Paris |année=1938 |passage=17-24 |isbn= |lire en ligne=https://www.biusante.parisdescartes.fr/histoire/medica/resultats/index.php?do=page&cote=90170x1938xsup&p=17 }}.
* {{Ouvrage |auteur1=[[André Soubiran]] |titre=Ce bon docteur Guillotin et sa simple mécanique |sous-titre=d'après les documents de Pierre Mariel |éditeur=[[Éditions Perrin|Librairie académique Perrin]] |lieu=Paris |année=1962 |pages totales=308 |isbn= |présentation en ligne={{Google Livres|ORVrAAAAMAAJ}} }}.
* {{Ouvrage |auteur1=[[André Soubiran]] |auteur2=[[Jean Théodoridès]] |titre=Guillotin et la rage |sous-titre=Un mémoire inédit |éditeur= |nature ouvrage= Communication présentée à la séance du 21 novembre 1981 de la Société française d'histoire de la médecine |collection=Histoire des sciences médicales |année=1982 |passage=227-238 |isbn= |lire en ligne=http://www.biusante.parisdescartes.fr/sfhm/hsm/HSMx1982x016x004/HSMx1982x016x004x0227.pdf }}.
* {{Ouvrage |auteur1=[[Henri Pigaillem]] |titre=Le Docteur Guillotin, bienfaiteur de l'humanité |éditeur=[[Pygmalion (maison d'édition)|Pygmalion]] |année=2004 |pages totales=246 |isbn= |présentation en ligne={{Google Livres|pnAeAQAAIAAJ}} }}.
* {{ouvrage|auteur1=Jean Maillet|titre=Poubelle, Colt, Béchamel, Silhouette et les autres|sous-titre=L'histoire étonnante de 101 noms propres devenus noms communs|éditeur=Opportun|année=2011|présentation en ligne={{google Livres|id=GjRgHj2fCRoC}}}}.
* {{ouvrage|auteur1=André-Pierre Chavatte |titre=Rendez-vous avec la veuve à Périgueux |éditeur=BoD|année=2012 |pages totales=222 |présentation en ligne={{Google Livres|kntVKDxV7YUC}}}}.
* {{bibliographie|Q22342911|réimpression=1998|passage=571}} <!--Daniel Ligou, Dictionnaire de la franc-maçonnerie--->.
* {{Ouvrage |auteur1=Julien Broch |auteur2=Philippe Delaigue |directeur1=Julien Broch |titre=L’art de la « médecine sociale » |sous-titre=L’Ordonnance des docteurs Guillotin et Salle à Monseigneur le haut clergé de l’Église gallicane |lieu=Bordeaux |éditeur=LEH Édition |collection=Les cahiers de droit de la santé|numéro dans collection=29 |année=2019 |passage=263 à 272 |isbn=978-2-84874-835-1 |présentation en ligne=https://www.bnds.fr/revue/cdsa/medecins-et-politique-xvie-xxe-siecles-n-29/l-art-de-la-medecine-sociale-l-ordonnance-des-docteurs-guillotin-et-salle-a-monseigneur-le-haut-clerge-de-l-eglise-gallicane-9074.html }}.
* Alexandre Bensi, ''La guillotine malgré moi: Mémoires du docteur Guillotin, Regards éditions, 470 pages.'' {{ISBN|978-2379391330}}

=== Liens externes ===
{{liens}}

==== Articles ====
* {{Lien web |titre=Joseph-Ignace Guillotin (1738-1814) |url=http://www2.assemblee-nationale.fr/sycomore/fiche/(num_dept)/12003 |date= |site=[[Assemblée nationale (France)|Assemblée nationale]] <!--|consulté le= 17 décembre 2019-->}}.
* {{Lien web |titre=Joseph-Ignace Guillotin (1738-1814) |url=http://www.medarus.org/Medecins/MedecinsTextes/guillotin.html |date= |site=Medarus <!--|consulté le= 17 décembre 2019-->}}, médecin, humaniste et homme politique français.
* {{Lien web |titre=1738 - 1814 - Joseph-Ignace Guillotin : biographie historique d’une figure saintaise |url=http://www.histoirepassion.eu/?1738-1814-Joseph-Ignace-Guillotin-biographie-historique-d-une-figure-saintaise |site=Histoire Passion – Saintonge Aunis Angoumois<!--|consulté le= 17 décembre 2019-->}}.
* {{Lien web |titre=1738-1814 Joseph-Ignace Guillotin : sa généalogie et sa maison natale à Saintes |url=http://www.histoirepassion.eu/spip.php?article520 |date= |site=Histoire Passion – Saintonge Aunis Angoumois <!--|consulté le= 17 décembre 2019-->}}.
* {{Lien web |titre=Joseph Ignace Guillotin |url=http://www2.biusante.parisdescartes.fr/bio/?cle=7399 |date= |site=Biu Santé <!--|consulté le= 17 décembre 2019-->}} (Base biographique).
* {{Lien web |titre=Joseph Ignace Guillotin (1738-1814) – D8 (tombe disparue) |url=http://perelachaisehistoire.fr/guillotin/ |site=Père-Lachaise : 1804-1824<!--|consulté le= 17 décembre 2019-->}}.

==== Fichiers audios ====
* {{Icône audio}} {{Lien web |auteur=Jacques Battin |titre=Malheureux Guillotin, philanthrope incompris ! |url= https://www.canalacademie.com/ida5364-Malheureux-Guillotin-philanthrope-incompris.html |date=28 mars 2010 |site=[[Canal Académie]] <!--|consulté le= 17 décembre 2019-->}}.

{{Portail|Révolution française|politique française|médecine}}

{{DEFAULTSORT:Guillotin, Joseph Ignace}}
[[Catégorie:Médecin français du XVIIIe siècle]]
[[Catégorie:Député français du tiers état en 1789-1791]]
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[[Catégorie:Étudiant de l'université de Bordeaux]]
[[Catégorie:Personnalité de la franc-maçonnerie française]]
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Dernière version du 26 octobre 2024 à 15:26

Joseph Ignace Guillotin
Joseph-Ignace Guillotin, musée Carnavalet.
Fonctions
Président
Comité de salubrité
à partir du
Député aux États généraux de 1789
-
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nationalité
Formation
Activités
signature de Joseph-Ignace Guillotin
Signature

Joseph-Ignace Guillotin, né le à Saintes et mort le à Paris, est un médecin et homme politique français. Il est connu pour avoir fait adopter, sous la Révolution française, la guillotine comme mode unique d’exécution capitale.

Reçu de la Société Galvanique en date du , signé par Joseph-Ignace Guillotin à titre du président

Origines et débuts

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Joseph Ignace Guillotin est le neuvième des treize enfants de Joseph-Alexandre Guillotin, avocat en la Cour et conseiller du roi en l'élection de Saintes, et de Catherine-Agathe Martin[1]. Une légende familiale veut qu'il soit né près d'une place à Saintes où avaient lieu les exécutions : l'émotion provoquée par les cris d'un condamné aurait provoqué l'accouchement prématuré de Mme Guillotin, qui met le petit Joseph au monde[2].

Il fait des études théologiques pendant sept ans dans le collège des jésuites de Bordeaux et y obtient son baccalauréat. Jésuite, il est d'abord professeur du collège des Irlandais à Bordeaux[3]. En 1763, il choisit les études de médecine d'abord à Reims (où les études sont moins onéreuses) puis en 1768 à Paris, pendant trois ans, grâce aux bourses d'études. Il devient pupille de la Faculté de médecine de Paris, obtient un doctorat de régent le [4] et enseigne l'anatomie, la physiologie et la pathologie dans cette même faculté (de 1778 à 1783)[5].

En même temps, il exerce en cabinet et se partage avec son confrère Jean-Paul Marat la clientèle des maisons des frères du roi, le comte de Provence, futur Louis XVIII, et le comte d'Artois[6]. Il effectue des expériences scientifiques sur le vinaigre ou les caractéristiques de la rage. Le , il se marie à la paroisse Saint-Victor à Paris avec Marie Louise Saugrain[7],[8],[9].

Parcours politique

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Peu avant la Révolution française, Guillotin se rend célèbre pour avoir publié plusieurs ouvrages politiques et avoir proposé un certain nombre de réformes. Dans sa Pétition des six corps (ou Pétition des citoyens domiciliés à Paris) rédigée le [10], il réclame le vote par tête (et non par ordre aux États généraux) et que le nombre des députés du tiers état soit au moins égal à celui des députés des deux autres ordres réunis. Cette proposition lui vaut la réprobation du roi (plusieurs personnes avaient déjà adressé ce genre d'écrit au souverain, mais dans une correspondance personnelle et non en en appelant à lui publiquement par voie de requêtes) et il passe en jugement[11].

Le Parlement de Paris le condamne le [12] pour la forme et non pour le fond, comme le fait remarquer le conseiller Lefebvre : « Ce jugement concerne la forme de votre écrit et son mode de diffusion. Quant au fond, le Parlement, dont je suis ici l'interprète, n'y trouve rien à redire[6]. » La pétition est alors interdite de diffusion. Le , sur la demande de Necker, elle est acceptée par le Conseil d'État du roi, pour ce qui est du nombre de députés[6].

Initié en 1772[13] à la loge la Parfaite Union d’Angoulême, il devient en 1776 vénérable maître de la loge la Concorde fraternelle à l’orient de Paris et en 1778 membre affilié à celle des Neuf Sœurs (côtoyant les peintres Jean-Baptiste Greuze ou Claude Joseph Vernet, Voltaire, le duc d’Orléans ou le duc de Chartres)[14]. Il fréquente tout au long de sa vie des ateliers et des cercles, tel celui des Philalèthes, empreints de rationalité, de connaissance et de liberté. Il joue un rôle important dans la formation du Grand Orient de France et devient orateur de sa « chambre des provinces » qui recevait chaque année le tableau des membres de toutes les loges de provinces, et exerçait sur elles une tutelle. Il cesse ses activités maçonniques pendant la Révolution, à l'issue de laquelle, il ne réintègre pas la franc-maçonnerie, et malgré l'insistance d'Alexandre Roëttiers de Montaleau[15].

Élu le député du tiers état de la ville et des faubourgs de Paris[16] aux États généraux de 1789 réunis à l’hôtel des Menus-Plaisirs de Versailles, c'est lui qui propose la réunion dans la salle du Jeu de paume, lorsque les députés trouvent leur salle fermée le [17]. Après que l'Assemblée a décrété dans sa séance du qu'elle se transporterait à Paris, Guillotin fait partie de la commission de six membres chargée de déterminer et faire disposer le local le plus adapté à la tenue de ses séances[18]. S'inspirant des théâtres anatomiques, Guillotin suggère de réunir les élus du peuple dans une salle en demi-cercle, afin que tous puissent se voir et s'entendre, ce qui donnera naissance plus tard à l'hémicycle du Palais Bourbon[19].

Dans l'immédiat, le choix de la commission se porte en deux jours sur la salle du Manège au jardin des Tuileries ; elle désigne l'architecte Pierre-Adrien Pâris afin de procéder aux modifications et aménagements voulus pour permettre l'installation des parlementaires. L'Assemblée y tient sa première séance le , après avoir, depuis le , en attendant l'achèvement des travaux, siégé provisoirement dans la grande salle de l'Archevêché, nommée aussi Chapelle des Ordinations[20]. Le , Guillotin est choisi comme l'un des trois secrétaires de l'Assemblée[21] chargés d'organiser les séances parlementaires souvent chahutées, ce qui lui vaut des attaques malveillantes de la presse parlementaire déçue par l'absence de discipline des séances[22].

Adoption de la « guillotine »

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CIVI OPTIMO : À un illustre citoyen. Une devise tirée d’Horace : « Quid verum atque decens curo et rogo et omnis in hoc sum » : « Mes soins et mes interrogations sont à la recherche de la vérité et de l’harmonie, et je n’ai pas d’autre but ».

Guillotin, alors président du comité de salubrité de l'Assemblée nationale constituante, propose le avec l'appui de Mirabeau (député et secrétaire de l’Assemblée nationale constituante), un projet de réforme du droit pénal dont le 1er article dispose que « les délits de même genre seront punis par les mêmes genres de peines, quels que soient le rang et l'état du coupable[23],[24],[25] », et demande que « la décapitation fût le seul supplice adopté et qu'on cherchât une machine qui pût être substituée à la main du bourreau[26] ». L’utilisation d’un appareil mécanique pour l’exécution de la peine capitale lui paraît une garantie d’égalité, qui devait, selon lui, ouvrir la porte à un futur où la peine capitale serait finalement abolie[24].

La proposition de Guillotin vise également à supprimer les souffrances inutiles. En effet, jusqu’alors, l'exécution de la peine capitale différait selon le forfait et le rang social du condamné : les nobles étaient décapités au sabre, les roturiers à la hache, les régicides et criminels d'État écartelés, les hérétiques brûlés, les voleurs roués ou pendus, les faux-monnayeurs bouillis vifs dans un chaudron[27],[28]. Son idée est adoptée en 1791 par la loi du qui dispose que « la peine de mort consistera dans la simple privation de la vie, sans qu'il puisse jamais être exercé aucune torture envers les condamnés » et que « tout condamné à mort aura la tête tranchée[27] ».

L’appareil, inspiré d’anciens modèles de machines à décapitation existant depuis le XVIe siècle[29], est mis au point en 1792 par son confrère Antoine Louis, chirurgien militaire, secrétaire perpétuel de l'Académie de chirurgie (d’où son premier nom de Louison). Après plusieurs essais sur des moutons, puis trois cadavres à l'Hospice de Bicêtre le , la première personne guillotinée en France fut un voleur, du nom de Nicolas Jacques Pelletier, le [30],[31].

Malgré les protestations de Guillotin qui n'a nullement inventé cette machine[32], celle-ci se voit rapidement affublée du nom de guillotine. Ce sont les rédacteurs du journal royaliste Les Actes des Apôtres qui auraient employé ce mot, dès les premiers jours, contre sa volonté[33],[34]. Cette méchante plaisanterie fut reprise, avec joie, par les gribouilleurs de copies que Guillotin avait exclus des séances de l’assemblée où ils semaient le trouble[35]. Le docteur en manifesta le regret jusqu'à sa mort en 1814, appelant sa fameuse machine « la tache involontaire de [sa] vie[6],[36] ».

L’erreur de Guillotin aura été de plaider maladroitement pour cette machine le  : « Avec ma machine, je vous fais sauter la tête en un clin d’œil, et vous ne souffrez point[37]. La mécanique tombe comme la foudre, la tête vole, le sang jaillit, l'homme n'est plus[38],[39]. »

« Il y a des hommes malheureux. Christophe Colomb ne peut attacher son nom à sa découverte ; Guillotin ne peut détacher le sien de son invention. »

— Victor Hugo[40],[41]

Guillotin espérait instaurer une exécution plus humaine et moins douloureuse. Mais dans les périodes qui suivent, celle qui est désormais affublée de nombreux surnoms – la Mirabelle, surnom dérivé de Mirabeau, la Monte-à-regret, la Veuve, le Rasoir national, le Moulin à silence, la Cravate à Capet après son emploi sur Louis XVI, la Lucarne au XIXe siècle, le Massicot, la Bécane, la Bascule à Charlot (du prénom de Charles-Henri Sanson, le bourreau de Louis XVI), etc.[36] – a largement contribué à multiplier les exécutions capitales.

Désolé de son impuissance à sauver quelques victimes, attristé de voir couler le sang à flots, écœuré d'entendre continuellement prononcer le mot de guillotine, jusque dans des chansons, d'apercevoir, sans cesse, l'image de la sinistre machine (sous la forme de hideux bibelots, d'ignobles bijoux, boucles d'oreilles, cachets de montre, etc.), Guillotin quitte Paris pour se délivrer de cette tragique obsession, car, en l'an II, on le trouve, à Arras, directeur des hôpitaux militaires installés dans l'abbaye Saint-Vaast, après l'expulsion des bénédictins[42]. Emprisonné le 16 vendémiaire an IV () au cours de la réaction thermidorienne, Guillotin est remis en liberté le mois suivant le 13 brumaire an IV ().

Il passe ensuite le restant de ses jours loin de la vie politique et ne se consacre plus qu'à la médecine, s’activant à propager la pratique de la vaccination contre la variole[43]. Il préside le Comité central de vaccine[35] créé en , sous le Consulat par le ministre de l'intérieur, Chaptal. C'est, en cette qualité, que, le 10 ventôse an XIII (), il est reçu avec le comité, en audience particulière, par le pape Pie VII[44]. Il est chargé d’installer le premier programme cohérent de santé publique en France à l’échelle de la nation. Guillotin est également le fondateur de la Société Académique de Médecine, ancêtre de l'actuelle Académie nationale de médecine[45].

Une légende veut que Guillotin aurait lui-même été exécuté par « sa » machine et elle s'explique par une coïncidence : un médecin lyonnais, J. M. V. Guillotin (sans lien de parenté avec lui), est exécuté par la guillotine. Joseph Ignace Guillotin est en réalité mort chez lui, de causes naturelles (anthrax à l'épaule gauche[46]), le (à 75 ans)[46],[47].

Mort dans sa maison, à l'époque au no 333[46] (aujourd'hui no 209[48]) de la rue Saint-Honoré à Paris (au coin de la rue de La Sourdière[49]), sans enfants, il laisse pour donataire universelle, en usufruit, Marie Louise Saugrain, sa veuve, et pour seule héritière, sa sœur Marie-Marguerite-Agathe-Monique Guillotin, épouse de Jean-François de La Charlonnie[50]. Deux jours plus tard, après un éloge funèbre d'Edme-Claude Bourru[51], ancien doyen de l’ancienne Faculté de médecine de Paris, il est inhumé dans une concession temporaire au cimetière du Père-Lachaise. Sa tombe, dans l'actuelle 8e division, a depuis longtemps disparu[52].

Œuvres et publications

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  • Articles sur les lois criminelles, dont l'Assemblée nationale a ordonné l'impression le premier décembre 1789, pour être discutés dans la séance du 2., Paris : Impr. nationale, (s. d.), In-8° , 3 p.
  • Pétition des citoyens domiciliés à Paris, du 8 décembre 1788 ([Reprod.]), chez Clousier, imprimeur du Roi, & des Six-corps (Paris), 1788, 1 microfiche ; 105*148 mm, lire en ligne sur Gallica.
  • Projet de décret sur l'enseignement et l'exercice de l'art de guérir, présenté au nom du Comité de salubrité par M. Guillotin, Paris : Impr. nationale, 1791, In-8° , 39 p.
  • Présentation du rapport du Comité central de vaccine au Premier consul, par le citoyen Guillotin, Paris, impr. de Plassan, (s. d.), In-8°, 3 p.
En collaboration
  • avec Docteur Salle: Le Grand spécifique, ou L'ordonnance de MM. Guillotin et Salle, docteurs en médecine, sur la maladie et le traitement de très-haut et très-puissant seigneur, monseigneur, le haut clergé de l'église gallicane ([Reprod.]) [s.n.], 179., 1 microfiche ; 105*148 mm, lire en ligne sur Gallica.

Dans la culture populaire

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Joseph Guillotin est incarné au cinéma par Henri Virlojeux dans le film Caroline Chérie en 1968 et par Jacques Ciron dans le film La Révolution française en 1989.

Télévision

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Joseph Guillotin est incarné par Amir El Kacem dans la série uchronique La Révolution, sortie le 2020 sur Netflix[53].

Bande dessinée

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Joseph Guillotin est le héros de la bande dessinée pour adultes en petit format Madame Guillotine (dans Le Cimetière des Apaches, Paris, ElviFrance, 1975, coll. Série bleue n° 9, p. 113-223).

Notes et références

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  1. Les Guillotin, p. 186 [lire en ligne]
  2. Henri Pigaillem 2004, p. 11
  3. Le docteur Joseph-Ignace Guillotin, p. 109 [lire en ligne]
  4. Le docteur Joseph-Ignace Guillotin, p. 110 [lire en ligne]
  5. Le docteur Joseph-Ignace Guillotin, p. 111 [lire en ligne]
  6. a b c et d « Joseph-Ignace Guillotin (1738-1814) », sur Medarus.
  7. Le docteur Joseph-Ignace Guillotin, p. 112 [lire en ligne]
  8. « Contrat de mariage avec Marie Louise Saugrain », sur Archives nationales (salle des inventaires virtuelle),
  9. Marie Louise Saugrain est l'une des sœurs d'Antoine Saugrain, émigré aux États-Unis en 1790, reconnu pour être le premier scientifique de la vallée du Mississippi
  10. Le docteur Joseph-Ignace Guillotin, p. 114 [lire en ligne]
  11. Le docteur Joseph-Ignace Guillotin, p. 115 [lire en ligne]
  12. Le docteur Joseph-Ignace Guillotin, p. 116 [lire en ligne]
  13. Ch. d'Avone, « Guillotin franc-maçon », sur Gallica.
  14. Eva Hamzaoui, « Guillotin, frère du peuple », sur L'Express.
  15. Daniel Ligou p. 571
  16. Le docteur Joseph-Ignace Guillotin, p. 118 [lire en ligne]
  17. Le docteur Joseph-Ignace Guillotin, p. 119 [lire en ligne]
  18. Le docteur Joseph-Ignace Guillotin, p. 124 [lire en ligne]
  19. Patrick Roger, « "Si le Palais-Bourbon m'était conté" : histoires parlementaires », sur Le Monde.
  20. Le docteur Joseph-Ignace Guillotin, p. 125 [lire en ligne]
  21. Le docteur Joseph-Ignace Guillotin, p. 126 [lire en ligne]
  22. Collectif d'auteurs, Si le palais-Bourbon m'était conté, Moment, (présentation en ligne), p. 61
  23. Guillotin et la guillotine, p. 7 [lire en ligne]
  24. a et b Le docteur Joseph-Ignace Guillotin, p. 224-227 [lire en ligne]
  25. « Archives parlementaires de 1787 a 1860 (séance du mardi ), au matin ».
  26. Rendez-vous avec la veuve à Périgueux (p. 6) sur Google Livres.
  27. a et b « Le débat de 1791 à l'Assemblée nationale constituante », sur Assemblée nationale.
  28. Rendez-vous avec la veuve à Périgueux (p. 6) sur Google Livres.
  29. Le docteur Guillotin, p. 18 [lire en ligne]
  30. Poubelle, Colt, Béchamel, Silhouette et les autres : L'histoire étonnante de 101 noms propres devenus noms communs (p. 99) sur Google Livres.
  31. Rendez-vous avec la veuve à Périgueux (p. 7) sur Google Livres.
  32. Le docteur Joseph-Ignace Guillotin, p. 234 [lire en ligne]
  33. Dictionnaire universel des littératures sur Google Livres
  34. Pierre Larousse, « Grand dictionnaire universel du XIXe siècle (Tome VIII) », sur Gallica, 1866-1877.
  35. a et b « Les membres du Comité Central de Vaccine, une poignée d’hommes qui ont bien mérité de leur patrie, et même de l’humanité », sur Académie nationale de médecine.
  36. a et b Rendez-vous avec la veuve à Périgueux (p. 8) sur Google Livres.
  37. Philippe Buchez, « Histoire parlementaire de la Révolution française (Tome 3, p. 447) », sur Gallica.
  38. Guillotin et la guillotine, p. 7 [lire en ligne]
  39. Journal des états généraux convoqués par Louis XVI sur Google Livres
  40. Rendez-vous avec la veuve à Périgueux (p. 9) sur Google Livres.
  41. Littérature et philosophie mêlées, (lire sur Wikisource), « Journal des idées et des opinions d’un révolutionnaire de 1830 ».
  42. Le docteur Joseph-Ignace Guillotin, p. 237 [lire en ligne]
  43. Le docteur Joseph-Ignace Guillotin, p. 290 [lire en ligne]
  44. Le docteur Joseph-Ignace Guillotin, p. 291 [lire en ligne]
  45. Le docteur Joseph-Ignace Guillotin, p. 292 [lire en ligne]
  46. a b et c Le docteur Joseph-Ignace Guillotin, p. 295 [lire en ligne]
  47. « Acte de décès (vue 46/51) », sur État civil reconstitué (XVIe-1859).
  48. Isabelle Calabre, « Tout près de la mort », p. 21, in « Votre quartier sous la Révolution », Le Nouvel Obs - Paris - Île-de-France, n°2213, semaine du 5 au 11 avril 2007, p. 12-21.
  49. Le docteur Guillotin, p. 24 [lire en ligne]
  50. « Inventaire après décès de Joseph Ignace Guillotin », sur Archives nationales (salle des inventaires virtuelle), .
  51. Le docteur Joseph-Ignace Guillotin, p. 296 [lire en ligne]
  52. Marie Beleyme, « Mais où fut donc inhumé le bon Docteur Guillotin ? », sur Cimetière du Père-Lachaise.
  53. Emma Naroumbo Armaing, « Netflix rejoue la Révolution française », sur numero.com, (consulté le ).

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

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  • Alphonse Cordier, Le docteur Guillotin : épisode du régime de la Terreur, Paris, Bibliothèque populaire, , 188 p., lire en ligne sur Gallica.
  • Achille Chéreau, Guillotin et la Guillotine, Aux Bureaux de l'Union Médicale, , 52 p., lire en ligne sur Gallica.
  • Ch. D., Les Guillotin, t. XIII, Paris, A. Picard, coll. « Bulletin de la Société des archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis », (lire en ligne), p. 184-189, lire en ligne sur Gallica.
  • Edmond-Jean Guérin, Le docteur Joseph-Ignace Guillotin, t. XXVIII, Paris, J. Baur, coll. « Bulletin de la Société des archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis », (lire en ligne), p. 101-128, 224-245, 288-313, lire en ligne sur Gallica.
  • Maurice Genty, Le Docteur Guillotin (Supplément illustré du Progrès médical 15e année no 3), Paris, coll. « Le Progrès médical : journal de médecine, de chirurgie et de pharmacie », (lire en ligne), p. 17-24.
  • André Soubiran, Ce bon docteur Guillotin et sa simple mécanique : d'après les documents de Pierre Mariel, Paris, Librairie académique Perrin, , 308 p. (présentation en ligne).
  • André Soubiran et Jean Théodoridès, Guillotin et la rage : Un mémoire inédit (Communication présentée à la séance du 21 novembre 1981 de la Société française d'histoire de la médecine), coll. « Histoire des sciences médicales », (lire en ligne), p. 227-238.
  • Henri Pigaillem, Le Docteur Guillotin, bienfaiteur de l'humanité, Pygmalion, , 246 p. (présentation en ligne).
  • Jean Maillet, Poubelle, Colt, Béchamel, Silhouette et les autres : L'histoire étonnante de 101 noms propres devenus noms communs, Opportun, (présentation en ligne).
  • André-Pierre Chavatte, Rendez-vous avec la veuve à Périgueux, BoD, , 222 p. (présentation en ligne).
  • Daniel Ligou, Dictionnaire de la franc-maçonnerie, Paris, Presses universitaires de France, (réimpr. 1998), 5e éd., 1 376 p. (ISBN 2-13-055094-0), p. 571.Voir et modifier les données sur Wikidata .
  • Julien Broch (dir.) et Philippe Delaigue, L’art de la « médecine sociale » : L’Ordonnance des docteurs Guillotin et Salle à Monseigneur le haut clergé de l’Église gallicane, Bordeaux, LEH Édition, coll. « Les cahiers de droit de la santé » (no 29), (ISBN 978-2-84874-835-1, présentation en ligne), p. 263 à 272.
  • Alexandre Bensi, La guillotine malgré moi: Mémoires du docteur Guillotin, Regards éditions, 470 pages. (ISBN 978-2379391330)

Liens externes

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