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Ophélie (Ophelia dans la version originale) est un personnage de la tragédie Hamlet du dramaturge anglais William Shakespeare. Elle est une jeune noble du Danemark, fille de Polonius, sœur de Laërte et future épouse du prince Hamlet dont les actes la conduisent à la folie puis à la mort par noyade^[1].

Prénom

Contrairement aux autres noms de personnages du livre, le prénom Ophélie n'est pas danois. Il apparaît pour la première fois en 1504 dans le poème L'Arcadie de Jacopo Sannazaro (sous le nom de Ofelia), probablement dérivé du grec ancien ὠφέλεια (ōphéleia), qui signifie « aide »^[2].

Iconographie et inspiration artistique

Bien qu'Ophélie n'occupe qu'un rôle mineur dans Hamlet de Shakespeare, elle inspira fortement les artistes à partir du XIX^e siècle. L'épisode le plus repris dans les représentations est celui de sa mort par noyade. Dans le drame shakespearien, ce dernier n'est pourtant qu'évoqué par la reine lors d'un dialogue avec Laërte :

« La reine. — Un malheur marche sur les talons d'un autre, tant ils se suivent de près : votre sœur est noyée, Laerte. »

Si les œuvres de Shakespeare ont connu par le passé des représentations illustrées, les images se multiplient à partir des années 1820-1830^[3]. Durant la période romantique le personnage d'Ophélie intéresse pour sa tonalité tragique et est encore positionnée dans l'intrigue dans son ensemble. Par exemple, quand Eugène Delacroix la représente c'est dans un projet plus global d'illustrations^[4].

Avec les préraphaélites, Ophélie s'autonomise. En 1851, John Everett Millais dépeint l'iconographie qui connaitra un franc succès par la suite. La jeune fille est représentée de manière idéalisée, en harmonie avec la nature qui l'environne. Est évincé l'aspect morbide du suicide au profit d'une représentation idéalisée qui appelle à la contemplation en reprenant les codes de représentation des « belles mortes »^[4]. Un dialogue se construit alors entre les artistes et les poètes. Lorsque Paul Steck présente son Ophélie à l'exposition de 1894, le catalogue est introduit par les vers Les Fleurs d'Ophélie écrits en 1891 par Laurent Tailhade^[5].

Ces modes de représentation enferment Ophélie dans un idéal de la féminité, participent à diffuser des clichés autour de la femme idéale et enferment le personnage dans un rôle de femme-enfant dû à sa folie et sa passivité qui amoindri l'impact de la mort^[6].

Au XX^e siècle, des artistes telles qu'Yvonne Chevalier ou Louise Bourgeois s'attachent à se détourner de ces stéréotypes et invitent à dépasser le mythe d'Ophélie^[7]^,^[8].

Galerie d'illustrations
Eugène Delacroix, La Mort d'Ophélie, 1843, New-York, Metropolitan Museum of Art.
Henri Lehmann, Ophelia, 1847-1848, Collection particulière.
John Everett Millais, Ophelia, 1851-1852, Londres, Tate Britain.
Jean-Baptiste Carpeaux, Ophélie morte, 1862, Paris, Petit Palais.

Ernest Hébert, Ophélie aux liserons, 1876, huile sur toile, Paris, Musée d'Orsay/Musée national Ernest Hébert
Jules Bastien-Lepage, Ophélie, 1881, Nancy, Musée des beaux-arts.
John William Waterhouse, Ophelia, 1894, Collection particulière.
Paul Steck, Ophélie, 1894-1895, Paris, Petit Palais.

Postérité

Ophélie apparaît souvent dans divers contextes culturels, notamment dans la littérature, la musique, le cinéma et la télévision^[9].

Dans la littérature

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En France, Arthur Rimbaud, avec son poème Ophélie, écrit en 1870, évoque le personnage et crée « à son tour un texte fondateur dans la construction du mythe »^[4].

Au théâtre

Au théâtre, parmi les nombreuses interprètes du personnage, se distinguent^[10] :

Mary Saunderson (en), probablement la première femme à avoir tenu le rôle^[10] (1661) ;
Susannah Maria Cibber (en) (1735) ;
Peg Woffington (1745) ;
Mrs Lessingham (1772) ;
Sarah Siddons (1786) ;
Mary Glover (1826) ;
Isabel Bateman (en) (1874) ;
Helen Maud Holt (en) (1892) ;
Lillian Gish (1936) ;
Vivien Leigh (1937) ;
Claire Bloom (1953).

En France, l'interprétation de Sarah Bernhardt (1886) est notable^[10].

En musique

Robert Schumann, dans Herzeleid (opus 107 n^o 1 ; 1852), met en musique le poème de Titus Ullrich (en), dédié à Ophélie et qui se termine par son nom chanté deux fois.

Le personnage d'Ophélie est également mis en valeur dans la Ballade sur la mort d'Ophélie (1848) d'Hector Berlioz et dans l'opéra Hamlet (1868) d'Ambroise Thomas où le rôle est tenu par un soprano et dans lequel on relève particulièrement la scène de la folie avec l'air « Partagez-vous mes fleurs » (acte IV)^[10].

Nolwenn Leroy sorti sa chanson Ophélia dans l'album Ô filles de l'eau en novembre 2012. Dans cet ouvrage évoquant de nombreux mythes du folklore maritime elle consacre son 3ème titre à l'histoire de la nymphe de Shakespeare^[11].

Vanessa Paradis chante « Ophélie » en 1990. Dans cette chanson, elle souhaite être aimé comme Ophélie l’a été et elle envie sa mort en la comparant à une sorte de liberté et de communion avec la nature^[12].

Au cinéma

Dans le Hamlet réalisé en 1948 par Laurence Olivier, le rôle d'Ophélie est tenu par Jean Simmons^[10].

Kirsten Dunst, dans l'affiche du film Melancholia, évoque Ophélie^[13].

En 2018, le film Ophélie est centré sur le personnage. Daisy Ridley y incarne Ophélie.

En astronomie

En astronomie, un satellite d'Uranus porte le nom d'Ophélie^[14]^,^[15], ainsi qu'un astéroïde de la ceinture principale^[16] : (171) Ophélie^[16].

Notes et références

↑ (en) « Ophelia », sur www.britannica.com (consulté le 30 mars 2022).
↑ (en) Mike Campbell, « Meaning, origin and history of the name Ophelia », sur Behind the Name (consulté le 30 mars 2022).
↑ Manon Montier, « Le texte et ses images : L’avènement d’une iconographie shakespearienne en France : le cas des éditions illustrées au XIXe siècle. », Publications numériques du Cérédl,‎ 2015 (lire en ligne )
↑ ^{a b et c} Anne Cousseau, « Ophélie : histoire d'un mythe fin de siècle », Revue d'histoire littéraire de la France,‎ 2001 (lire en ligne )
↑ Petit Palais, « Petit Palais chez vous - Des oeuvres et des mots : Paul Steck, Ophélie, 1894-1895 - Laurent Tailhade, « Les Fleurs d'Ophélie », Vitraux, 1891 » [PDF], sur petitpalais.paris.fr (consulté le 28 octobre 2023)
↑ Julie Beauzac, « Esthétiser les femmes mortes » , sur venuslepodcast.com, 26 septembre 2023 (consulté le 28 octobre 2023)
↑ Yvonne Chevalier, Ophélie (Baigneuse aux nénuphars) (1935, épreuve gélatino-argentique, Paris, Musée national d'art moderne)
↑ Louise Bourgeois, Hamlet et Ophelia (1997, lithographie avec ajouts de couleurs, New York, Museum of Modern Art)
↑ (en) Jonathan Gil Harris, Shakespeare and Literary Theory, Oxford University Press, 19 août 2010 (ISBN 978-0-19-957338-7, lire en ligne).
↑ ^{a b c d et e} Laffont et Bompiani 2003, p. 731.
↑ « Nolwenn Leroy. Chanson par chanson, elle commente son nouvel album », 12 novembre 2012 (consulté le 19 mai 2024)
↑ « paroles de vanessa paradis ophélie - Recherche Google », sur www.google.com (consulté le 14 juillet 2024)
↑ (en) « Poster notes: Melancholia », sur the Guardian, 12 septembre 2011 (consulté le 30 mars 2022).
↑ « IAUC 4168: Sats AND RINGS OF URANUS; CCO », sur www.cbat.eps.harvard.edu (consulté le 30 mars 2022).
↑ « Planetary Names: Planet and Satellite Names and Discoverers », sur web.archive.org, 5 mars 2016 (consulté le 30 mars 2022).
↑ ^{a et b} (en) « (171) Ophelia », dans Dictionary of Minor Planet Names, Springer, 2007 (ISBN 978-3-540-29925-7, DOI 10.1007/978-3-540-29925-7_172, lire en ligne), p. 30–30

Voir aussi

Sur les autres projets Wikimedia :

Ophélie, sur Wikimedia Commons
Ophélie (poème d'Arthur Rimbaud), sur Wikisource

Bibliographie

Gaston Bachelard, L'Eau et les Rêves. Essai sur l'imagination de la matière, Paris, librairie José Corti, 1942, rééd. 1991, p. 114 et suivantes.
Anne Cousseau, « Ophélie : histoire d'un mythe fin de siècle », Revue d'histoire littéraire de la France, 2001/1 (vol. 101), p. 105-122. DOI 10.3917/rhlf.011.0105. [lire en ligne] .
Laffont et Bompiani, Dictionnaire des personnages, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2003 (1^re éd. 1960), 1040 p. (ISBN 978-2-221-19748-6).
Monica Sabolo, Summer, édition J.-C. Lattès, 2017.
Valérie Bajou, Ophélie. La noyée embellie, Paris : Cohen & Cohen, 2023.

Liens externes

Ressource relative à la bande dessinée :
- Comic Vine
Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Britannica
Notices d'autorité :
- VIAF
- LCCN
- Israël
- Catalogne
- Tchéquie
- WorldCat

[1] (en) « Ophelia », sur www.britannica.com (consulté le 30 mars 2022).

[2] (en) Mike Campbell, « Meaning, origin and history of the name Ophelia », sur Behind the Name (consulté le 30 mars 2022).

[3] Manon Montier, « Le texte et ses images : L’avènement d’une iconographie shakespearienne en France : le cas des éditions illustrées au XIXe siècle. », Publications numériques du Cérédl,‎ 2015 (lire en ligne )

[:0-4] {a b et c} Anne Cousseau, « Ophélie : histoire d'un mythe fin de siècle », Revue d'histoire littéraire de la France,‎ 2001 (lire en ligne )

[5] Petit Palais, « Petit Palais chez vous - Des oeuvres et des mots : Paul Steck, Ophélie, 1894-1895 - Laurent Tailhade, « Les Fleurs d'Ophélie », Vitraux, 1891 » [PDF], sur petitpalais.paris.fr (consulté le 28 octobre 2023)

[6] Julie Beauzac, « Esthétiser les femmes mortes » , sur venuslepodcast.com, 26 septembre 2023 (consulté le 28 octobre 2023)

[7] Yvonne Chevalier, Ophélie (Baigneuse aux nénuphars) (1935, épreuve gélatino-argentique, Paris, Musée national d'art moderne)

[8] Louise Bourgeois, Hamlet et Ophelia (1997, lithographie avec ajouts de couleurs, New York, Museum of Modern Art)

[9] (en) Jonathan Gil Harris, Shakespeare and Literary Theory, Oxford University Press, 19 août 2010 (ISBN 978-0-19-957338-7, lire en ligne).

[LaffontBompiani2003731-10] {a b c d et e} Laffont et Bompiani 2003, p. 731.

[11] « Nolwenn Leroy. Chanson par chanson, elle commente son nouvel album », 12 novembre 2012 (consulté le 19 mai 2024)

[12] « paroles de vanessa paradis ophélie - Recherche Google », sur www.google.com (consulté le 14 juillet 2024)

[13] (en) « Poster notes: Melancholia », sur the Guardian, 12 septembre 2011 (consulté le 30 mars 2022).

[14] « IAUC 4168: Sats AND RINGS OF URANUS; CCO », sur www.cbat.eps.harvard.edu (consulté le 30 mars 2022).

[15] « Planetary Names: Planet and Satellite Names and Discoverers », sur web.archive.org, 5 mars 2016 (consulté le 30 mars 2022).

[:1-16] {a et b} (en) « (171) Ophelia », dans Dictionary of Minor Planet Names, Springer, 2007 (ISBN 978-3-540-29925-7, DOI 10.1007/978-3-540-29925-7_172, lire en ligne), p. 30–30

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 {{Voir homonymes|Ophélie (homonymie)}}
-[[Fichier:Alexandre Cabanel, Ophelia.JPG|thumb|250px|''Ophélie'' par [[Alexandre Cabanel]].]]
+[[Fichier:Alexandre Cabanel, Ophelia.JPG|thumb|''Ophélie'' par [[Alexandre Cabanel]].]]
-'''Ophélie''' ('''Ophelia''' dans la version originale) est un [[Personnage de fiction|personnage]] présent dans la [[tragédie]] ''[[Hamlet]]'' du [[dramaturge]] [[Anglais (peuple)|anglais]] [[William Shakespeare]]. C'est une jeune femme noble du [[Danemark]], fille de [[Polonius]], sœur de [[Laërte (Hamlet)|Laërte]] et future épouse du prince [[Hamlet]], qui, à cause des actes de ce dernier, se retrouve dans un état de folie qui la conduit finalement à la [[noyade]]<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Ophelia |url=https://www.britannica.com/topic/Ophelia-fictional-character |site=www.britannica.com |consulté le=2022-03-30}}.</ref>.
+'''Ophélie''' ('''Ophelia''' dans la version originale) est un [[Personnage de fiction|personnage]] de la [[tragédie]] ''[[Hamlet]]'' du [[dramaturge]] [[Anglais (peuple)|anglais]] [[William Shakespeare]]. Elle est une jeune noble du [[Danemark]], fille de [[Polonius]], sœur de [[Laërte (Hamlet)|Laërte]] et future épouse du prince [[Hamlet]] dont les actes la conduisent à la folie puis à la mort par [[noyade]]<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Ophelia |url=https://www.britannica.com/topic/Ophelia-fictional-character |site=www.britannica.com |consulté le=2022-03-30}}.</ref>.
 == Prénom ==
 Contrairement aux autres noms de personnages du livre, le prénom Ophélie n'est pas danois. Il apparaît pour la première fois en 1504 dans le poème ''[[L'Arcadie]]'' de [[Jacopo Sannazaro]] (sous le nom de Ofelia), probablement dérivé du grec ancien {{Langue|grec|ὠφέλεια}} (ōphéleia), qui signifie {{citation|aide}}<ref>{{Lien web |langue=en |prénom=Mike |nom=Campbell |titre=Meaning, origin and history of the name Ophelia |url=https://www.behindthename.com/name/ophelia |site=Behind the Name |consulté le=2022-03-30}}.</ref>.
+== Iconographie et inspiration artistique ==
-== Références culturelles==
+Bien qu'Ophélie n'occupe qu'un rôle mineur dans ''[[Hamlet]]'' de [[William Shakespeare|Shakespeare]], elle inspira fortement les artistes à partir du {{S-|XIX}}. L'épisode le plus repris dans les représentations est celui de sa mort par noyade. Dans le drame shakespearien, ce dernier n'est pourtant qu'évoqué par la reine lors d'un dialogue avec [[Laërte (Hamlet)|Laërte]] :
-Ophélie apparaît souvent dans divers contextes culturels, notamment dans la [[littérature]], la [[musique]], le [[cinéma]] et la [[télévision]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Jonathan Gil|nom1=Harris|titre=Shakespeare and Literary Theory|éditeur=Oxford University Press|date=2010-08-19|isbn=978-0-19-957338-7|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=lbEVDAAAQBAJ&q=%22Indigo+Girls%22+%22Swamp+Ophelia%22+hamlet&pg=PA118&redir_esc=y#v=snippet&q=%22Indigo%20Girls%22%20%22Swamp%20Ophelia%22%20hamlet&f=false|consulté le=2022-03-30}}.</ref>. Un satellite d'[[Uranus (planète)|Uranus]] porte le nom d'[[Ophélie (lune)|Ophélie]]<ref>{{Lien web |titre=IAUC 4168: Sats AND RINGS OF URANUS; CCO |url=http://www.cbat.eps.harvard.edu/iauc/04100/04168.html#item1 |site=www.cbat.eps.harvard.edu |consulté le=2022-03-30}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |titre=Planetary Names: Planet and Satellite Names and Discoverers |url=https://web.archive.org/web/20160305150456/http://planetarynames.wr.usgs.gov/Page/Planets |site=web.archive.org |date=2016-03-05 |consulté le=2022-03-30}}.</ref>. [[Robert Schumann]], dans ''Herzeleid'', (opus 107 nr 1 ; 1852), met en musique le poème de Titus Ullrich, qui est dédié à la figure d'Ophélie et se termine par son nom chanté deux fois. [[Kirsten Dunst]] dans l'affiche du film ''[[Melancholia (film, 2011)|Melancholia]]'', évoque Ophélie<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Poster notes: Melancholia |url=http://www.theguardian.com/film/filmblog/2011/sep/12/poster-notes-melancholia-lars-von-trier |site=the Guardian |date=2011-09-12 |consulté le=2022-03-30}}.</ref>.
+{{Citation |La reine. — Un malheur marche sur les talons d'un autre, tant ils se suivent de près : votre sœur est noyée, Laerte.}}
+Si les œuvres de Shakespeare ont connu par le passé des représentations illustrées, les images se multiplient à partir des années 1820-1830<ref>{{Article|auteur1=Manon Montier|titre=Le texte et ses images : L’avènement d’une iconographie shakespearienne en France : le cas des éditions illustrées au XIXe siècle.|périodique=Publications numériques du Cérédl|date=2015|lire en ligne=http://publis-shs.univ-rouen.fr/ceredi/index.php?id=181|accès url=libre}}</ref>. Durant la période [[Romantisme|romantique]] le personnage d'Ophélie intéresse pour sa tonalité tragique et est encore positionnée dans l'intrigue dans son ensemble. Par exemple, quand [[Eugène Delacroix]] la représente c'est dans un projet plus global d'illustrations<ref name=":0">{{Article|langue=fr|auteur1=Anne Cousseau|titre=Ophélie : histoire d'un mythe fin de siècle|périodique=Revue d'histoire littéraire de la France|date=2001|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-d-histoire-litteraire-de-la-france-2001-1-page-105.htm|accès url=payant}}</ref>.
+Avec les [[Préraphaélisme|préraphaélites]], Ophélie s'autonomise. En 1851, [[John Everett Millais]] dépeint l'iconographie qui connaitra un franc succès par la suite. La jeune fille est représentée de manière idéalisée, en harmonie avec la nature qui l'environne. Est évincé l'aspect morbide du suicide au profit d'une représentation idéalisée qui appelle à la contemplation en reprenant les codes de représentation des « belles mortes »<ref name=":0" />. Un dialogue se construit alors entre les artistes et les poètes. Lorsque [[Paul Steck]] présente son ''Ophélie'' à l'exposition de 1894, le catalogue est introduit par les vers ''Les Fleurs d'Ophélie'' écrits en 1891 par [[Laurent Tailhade]]<ref>{{Lien web|auteur=Petit Palais |titre=Petit Palais chez vous - Des oeuvres et des mots : Paul Steck, Ophélie, 1894-1895 - Laurent Tailhade, « Les Fleurs d'Ophélie », Vitraux, 1891 |url=https://www.petitpalais.paris.fr/sites/default/files/doc_9.pdf |format=pdf |accès url=libre |site=petitpalais.paris.fr |consulté le=28 octobre 2023}}</ref>.
+Ces modes de représentation enferment Ophélie dans un idéal de la féminité, participent à diffuser des clichés autour de la femme idéale et enferment le personnage dans un rôle de femme-enfant dû à sa folie et sa passivité qui amoindri l'impact de la mort<ref>{{Lien web|auteur=Julie Beauzac |titre=Esthétiser les femmes mortes |url=https://www.venuslepodcast.com/episodes/esth%C3%A9tiser-les-femmes-mortes |accès url=libre |site=venuslepodcast.com |date=26 septembre 2023 |consulté le=28 octobre 2023}}</ref>.
+Au {{S-|XX}}, des artistes telles qu'[[Yvonne Chevalier]] ou [[Louise Bourgeois (plasticienne)|Louise Bourgeois]] s'attachent à se détourner de ces stéréotypes et invitent à dépasser le mythe d'Ophélie<ref>Yvonne Chevalier, ''Ophélie (Baigneuse aux nénuphars)'' (1935, épreuve gélatino-argentique, Paris, Musée national d'art moderne)</ref>{{,}}<ref>Louise Bourgeois, ''Hamlet et Ophelia'' (1997, lithographie avec ajouts de couleurs, New York, Museum of Modern Art)</ref>.
+<gallery mode="packed" heights="140" caption="Galerie d'illustrations">
+Fichier:Death of Ophelia MET DP852087.jpg|{{Centrer|[[Eugène Delacroix]], ''La Mort d'Ophélie,'' 1843, New-York, [[Metropolitan Museum of Art]].}}
+Fichier:Ophelia (1847-48), by Henri Lehmann.jpg|{{Centrer|[[Henri Lehmann]], ''Ophelia,'' 1847-1848, Collection particulière.}}
+Fichier:John Everett Millais - Ophelia - Google Art Project.jpg|{{Centrer|[[John Everett Millais]], ''Ophelia,'' 1851-1852, Londres, [[Tate Britain]].}}
+Fichier:Ophélie morte, PPS1600.jpg|{{Centrer|[[Jean-Baptiste Carpeaux]], ''Ophélie morte'', 1862, Paris, [[Petit Palais]].}}
+</gallery>
+<gallery mode="packed" heights="190">
+Fichier:Hébert Ofelia.jpg|[[Ernest Hébert]], ''Ophélie aux liserons'', 1876, huile sur toile, Paris, [[Musée d'Orsay]]/Musée national Ernest Hébert
+Fichier:Jules Bastien-Lepage-Ophélie-Musée des beaux-arts de Nancy.jpg|{{Centrer|[[Jules Bastien-Lepage]], ''Ophélie,'' 1881, Nancy, [[Musée des Beaux-Arts de Nancy|Musée des beaux-arts]].}}
+Fichier:Ophelia 1894.jpg|{{Centrer|[[John William Waterhouse]], ''Ophelia,'' 1894, Collection particulière.}}
+Fichier:Paul Steck - Ophélie - PPP3697 - Musée des Beaux-Arts de la ville de Paris.jpg|{{Centrer|[[Paul Steck]], ''Ophélie'', 1894-1895, Paris, Petit Palais.}}
+</gallery>
+== Postérité ==
+Ophélie apparaît souvent dans divers contextes culturels, notamment dans la [[littérature]], la [[musique]], le [[cinéma]] et la [[télévision]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Jonathan Gil|nom1=Harris|titre=Shakespeare and Literary Theory|éditeur=Oxford University Press|date=2010-08-19|isbn=978-0-19-957338-7|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=lbEVDAAAQBAJ&q=%22Indigo+Girls%22+%22Swamp+Ophelia%22+hamlet&pg=PA118&redir_esc=y#v=snippet&q=%22Indigo%20Girls%22%20%22Swamp%20Ophelia%22%20hamlet&f=false|consulté le=2022-03-30}}.</ref>.
+=== Dans la littérature ===
+{{…}}
+En France, [[Arthur Rimbaud]], avec son poème ''[[Ophélie (poème)|Ophélie]]'', écrit en 1870, évoque le personnage et crée {{Citation|à son tour un texte fondateur dans la construction du mythe}}<ref name=":0" />.
+=== Au théâtre ===
+Au théâtre, parmi les nombreuses interprètes du personnage, se distinguent{{Sfn|Laffont|Bompiani|5=2003|p=731}} :
+* {{Lien|trad=Mary Saunderson}}, probablement la première femme à avoir tenu le rôle{{Sfn|Laffont|Bompiani|5=2003|p=731}} (1661) ;
+* {{Lien|trad=Susannah Maria Cibber}} (1735) ;
+* [[Peg Woffington]] (1745) ;
+* Mrs Lessingham (1772) ;
+* [[Sarah Siddons]] (1786) ;
+* Mary Glover (1826) ;
+* {{Lien|trad=Isabel Bateman}} (1874) ;
+* {{Lien|trad=Helen Maud Holt}} (1892) ;
+* [[Lillian Gish]] (1936) ;
+* [[Vivien Leigh]] (1937) ;
+* [[Claire Bloom]] (1953).
+En France, l'interprétation de [[Sarah Bernhardt]] (1886) est notable{{Sfn|Laffont|Bompiani|5=2003|p=731}}.
+=== En musique ===
+[[Robert Schumann]], dans ''Herzeleid'' (opus 107 {{Numéro|1}} ; 1852), met en musique le poème de {{Lien|trad=Titus Ullrich}}, dédié à Ophélie et qui se termine par son nom chanté deux fois.
+Le personnage d'Ophélie est également mis en valeur dans la ''[[Tristia|Ballade sur la mort d'Ophélie]]'' (1848) d'[[Hector Berlioz]] et dans l'opéra ''[[Hamlet (opéra)|Hamlet]]'' (1868) d'[[Ambroise Thomas]] où le rôle est tenu par un [[soprano]] et dans lequel on relève particulièrement la scène de la folie avec l'air « Partagez-vous mes fleurs » (acte IV){{Sfn|Laffont|Bompiani|5=2003|p=731}}.
+Nolwenn Leroy sorti sa chanson Ophélia dans l'album [[Ô filles de l'eau]] en novembre 2012. Dans cet ouvrage évoquant de nombreux mythes du folklore maritime elle consacre son 3ème titre à l'histoire de la nymphe de Shakespeare<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=Nolwenn Leroy. Chanson par chanson, elle commente son nouvel album |url=https://www.letelegramme.fr/culture-loisirs/musique/spannolwenn-leroy-spanchanson-par-chanson-elle-commente-son-nouvel-album-1654316.php |date=2012-11-12 |consulté le=2024-05-19}}</ref>.
+Vanessa Paradis chante « Ophélie » en 1990. Dans cette chanson, elle souhaite être aimé comme Ophélie l’a été et elle envie sa mort en la comparant à une sorte de liberté et de communion avec la nature<ref>{{Lien web |titre=paroles de vanessa paradis ophélie - Recherche Google |url=https://www.google.com/search?sca_esv=08c4321d62874578&rlz=1CDGOYI_enFR1073FR1073&hl=fr&sxsrf=ADLYWIJfnco6p7gkhOA2FODcYbMKHM5r5Q:1720984098883&q=&si=ACC90nzcg09uT9dLCxMVYtMO0-0pjgQ_JR12fuxEIIyv63Ip94qTV1AYapsQRC_0ZtNEAZrWd07R0XiG1sJmgwVKEyK0HY206q52mwLeh3gR4m9omAj_ZugCCHthR-2au7vHKVECdv7d&sa=X&ved=2ahUKEwi64IKvnaeHAxV4TKQEHTTxAgYQjukCegQIMRAE&ictx=1&biw=393&bih=665&dpr=3 |site=www.google.com |consulté le=2024-07-14}}</ref>.
+=== Au cinéma ===
+Dans le ''[[Hamlet (film, 1948)|Hamlet]]'' réalisé en 1948 par [[Laurence Olivier]], le rôle d'Ophélie est tenu par [[Jean Simmons]]{{Sfn|Laffont|Bompiani|5=2003|p=731}}.
+[[Kirsten Dunst]], dans l'affiche du film ''[[Melancholia (film, 2011)|Melancholia]]'', évoque Ophélie<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Poster notes: Melancholia |url=http://www.theguardian.com/film/filmblog/2011/sep/12/poster-notes-melancholia-lars-von-trier |site=the Guardian |date=2011-09-12 |consulté le=2022-03-30}}.</ref>.
 En 2018, le film ''[[Ophélie (film, 2018)|Ophélie]]'' est centré sur le personnage. [[Daisy Ridley]] y incarne Ophélie.
-=== Bibliographie ===
+=== En astronomie ===
+En astronomie, un satellite d'[[Uranus (planète)|Uranus]] porte le nom d'[[Ophélie (lune)|Ophélie]]<ref>{{Lien web |titre=IAUC 4168: Sats AND RINGS OF URANUS; CCO |url=http://www.cbat.eps.harvard.edu/iauc/04100/04168.html#item1 |site=www.cbat.eps.harvard.edu |consulté le=2022-03-30}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |titre=Planetary Names: Planet and Satellite Names and Discoverers |url=https://web.archive.org/web/20160305150456/http://planetarynames.wr.usgs.gov/Page/Planets |site=web.archive.org |date=2016-03-05 |consulté le=2022-03-30}}.</ref>, ainsi qu'un [[astéroïde]] de la [[Ceinture d'astéroïdes|ceinture principale]]<ref name=":1">{{Chapitre|langue=en|titre chapitre=(171) Ophelia|titre ouvrage=[[Dictionary of Minor Planet Names]]|éditeur=Springer|date=2007|isbn=978-3-540-29925-7|doi=10.1007/978-3-540-29925-7_172|lire en ligne=https://doi.org/10.1007/978-3-540-29925-7_172|consulté le=2023-10-29|passage=30–30}}</ref> : [[(171) Ophélie]]<ref name=":1" />.
-* [[Gaston Bachelard]], ''L'Eau et les Rêves. Essai sur l'imagination de la matière'', Paris : librairie José Corti, 1942, rééd. 1991, p. 114 et suivantes.
-* Anne Cousseau, « Ophélie : histoire d'un mythe fin de siècle », ''Revue d'histoire littéraire de la France'', 2001/1 (vol. 101), {{p.}}105-122. {{DOI|10.3917/rhlf.011.0105}}. {{lire en ligne|url=https://www.cairn.info/revue-d-histoire-litteraire-de-la-france-2001-1-page-105.htm}}
-*[[Monica Sabolo]], ''Summer'', 2017, édition J.-C. Lattès
+== Notes et références ==
+{{Références}}
+== Voir aussi ==
 {{Autres projets
 | commons     = Category:Ophelia (person)
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 | wikisource titre = Ophélie (poème d'Arthur Rimbaud)
 }}
+=== Bibliographie ===
+* [[Gaston Bachelard]], ''L'Eau et les Rêves. Essai sur l'imagination de la matière'', Paris, librairie José Corti, 1942, rééd. 1991, p. 114 et suivantes.
+* Anne Cousseau, « Ophélie : histoire d'un mythe fin de siècle », ''Revue d'histoire littéraire de la France'', 2001/1 (vol. 101), {{p.}}105-122. {{DOI|10.3917/rhlf.011.0105}}. {{lire en ligne|url=https://www.cairn.info/revue-d-histoire-litteraire-de-la-france-2001-1-page-105.htm}} .
+* {{Ouvrage|nom1=Laffont|lien auteur1=Robert Laffont|auteur2=Bompiani|lien auteur2=Valentino Bompiani|titre=Dictionnaire des personnages|éditeur=[[éditions Robert Laffont|Robert Laffont]]|collection=Bouquins|date=2003|année première édition=1960|pages totales=1040|isbn=978-2-221-19748-6}}.
+*[[Monica Sabolo]], ''Summer'', édition J.-C. Lattès, 2017.
+*Valérie Bajou, ''Ophélie. La noyée embellie,'' Paris : Cohen & Cohen, 2023.
-== Références ==
+=== Liens externes ===
-{{Références}}
+{{Liens}}
 {{Palette|Hamlet}}
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 [[Catégorie:Personnage d'Hamlet]]
 [[Catégorie:Suicidaire de fiction]]
+[[Catégorie:Noyade dans la fiction]]
 [[Catégorie:Éponyme d'un objet céleste]]

v · m Hamlet de William Shakespeare
Personnages	Hamlet Claudius Gertrude Polonius Horatio Laërte Ophélie le spectre Rosencrantz et Guildenstern Fortinbras
Au cinéma	1900 1908 1910 1910 1921 1948 1964 1964 1969 1987 1990 1996 2000
En musique	Chostakovitch (suite d'orchestre) Liszt (poème symphonique) Hallyday (opéra-rock) Prokofiev (musique de scène) Tchaïkovski (ouverture) Thomas (opéra)
Autres adaptations	Hamlet-machine Hamlet-Électre Hamlet (Théâtre d'art de Moscou, 1911)