« Marie II (reine d'Angleterre) » : différence entre les versions
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{{Titre mis en forme|{{souverain-|Marie II}} (reine d'Angleterre)}} |
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{{Infobox Personnalité politique |
{{Infobox Personnalité politique |
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| charte = monarque |
| charte = monarque |
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| légende = Portrait de la reine {{souverain-|Marie II}} par [[Godfrey Kneller]] (1690). |
| légende = Portrait de la reine {{souverain-|Marie II}} par [[Godfrey Kneller]] (1690). |
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| fonction1 = Reine d'[[Royaume d'Angleterre|Angleterre]], d'[[Royaume d'Écosse|Écosse]] et d'[[Royaume d'Irlande|Irlande]] |
| fonction1 = Reine d'[[Royaume d'Angleterre|Angleterre]], d'[[Royaume d'Écosse|Écosse]] et d'[[Royaume d'Irlande|Irlande]] |
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| à partir du fonction1 = 13 février |
| à partir du fonction1 = {{date|13 février 1689}}<ref group="N">{{souverain-|Marie II}} est proclamée reine par le [[Parlement d'Angleterre]] le {{date|13 février 1689}}, mais la proclamation du [[Parlement d'Écosse]] ne survient que le 11 avril.</ref> |
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| jusqu'au fonction1 = 28 décembre 1694 |
| jusqu'au fonction1 = {{date|28 décembre 1694}}<br /><small>({{Durée|13|02|1689|28|12|1694}})</small> |
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| couronnement 1 = 11 avril 1689 |
| couronnement 1 = 11 avril 1689 en l'[[abbaye de Westminster]] |
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| prédécesseur 1 = |
| prédécesseur 1 = [[Jacques II (roi d'Angleterre)|{{souverain-|Jacques II}} et {{VII}}]] |
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| co-titulaire 1 = [[Guillaume III d'Orange-Nassau|{{Guillaume III}} et {{II}}]] |
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| successeur 1 = |
| successeur 1 = [[Guillaume III d'Orange-Nassau|{{Guillaume III}} et {{II}}]] <small>(seul)</small> |
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| dynastie = [[Maison Stuart]] |
| dynastie = [[Maison Stuart]] |
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| date de naissance = 30 avril 1662 |
| date de naissance = 30 avril 1662 |
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| lieu de naissance = [[palais Saint James|Palais St James]] ([[Londres]]) |
| lieu de naissance = [[palais Saint James|Palais St James]] ([[Londres]]) |
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| date de décès = 28 décembre 1694 |
| date de décès = 28 décembre 1694 |
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| lieu de décès = [[Palais de Kensington]] (Londres) |
| lieu de décès = [[Palais de Kensington]] ([[Londres]]) |
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| sépulture = [[Abbaye de Westminster]] |
| sépulture = [[Abbaye de Westminster]] |
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| père = {{souverain2|Jacques II (roi d'Angleterre)}} |
| père = {{souverain2|Jacques II (roi d'Angleterre)}} |
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| mère = [[Anne Hyde]] |
| mère = [[Anne Hyde]] |
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| conjoint = {{souverain2|Guillaume III d'Orange-Nassau}} |
| conjoint = {{souverain2|Guillaume III d'Orange-Nassau}} |
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| fratrie = [[Anne (reine de Grande-Bretagne)|Anne]] |
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| religion = [[Anglicanisme]] |
| religion = [[Anglicanisme]] |
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| emblème = Coat of Arms of England (1689-1694).svg |
| emblème = Coat of Arms of England (1689-1694).svg |
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| liste = [[Liste des monarques d'Angleterre]]<br />[[Liste des monarques d'Écosse]] |
| liste = '''[[Liste des monarques d'Angleterre]]'''<br />'''[[Liste des monarques d'Écosse]]''' |
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| féminin = oui |
| féminin = oui |
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'''Marie II''' |
'''{{souverain-|Marie II}}''', née le {{date de naissance|30 avril 1662}} et morte le {{date de décès|28 décembre 1694}}<ref group="N">Toutes les dates de cet article sont dans le [[calendrier julien]], qui reste en vigueur en Grande-Bretagne jusqu'en 1752.</ref>, est [[reine]] d'[[Royaume d'Angleterre|Angleterre]], d'[[Royaume d'Écosse|Écosse]] et d'[[Royaume d'Irlande|Irlande]] de [[1689]] à sa mort aux côtés de son mari {{souverain2|Guillaume III d'Orange-Nassau}}. |
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Marie est la fille aînée du duc d'York [[Jacques II (roi d'Angleterre)|Jacques]], le frère cadet du roi {{souverain2|Charles II (roi d'Angleterre)}}. Bien que son père se soit converti au [[catholicisme]] après sa naissance, elle est éduquée dans la foi [[Anglicanisme|anglicane]] suivant les instructions de son oncle. Elle se marie en 1677 avec son cousin germain, le prince Guillaume d'Orange-Nassau, et part vivre avec lui |
Marie est la fille aînée du [[duc d'York]] [[Jacques II (roi d'Angleterre)|Jacques]], le frère cadet du roi {{souverain2|Charles II (roi d'Angleterre)}}. Bien que son père se soit converti au [[catholicisme]] après sa naissance, elle est éduquée dans la foi [[Anglicanisme|anglicane]] suivant les instructions de son oncle. Elle se marie en [[1677]] avec son cousin germain, le prince [[Guillaume III d'Orange-Nassau|Guillaume d'Orange-Nassau]], et part vivre avec lui dans les [[Provinces-Unies]]. Ce mariage purement diplomatique la rend d'abord malheureuse, mais elle finit par développer une réelle affection pour son mari. |
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À la mort de Charles, en 1685, Jacques devient roi, mais il est déposé trois ans plus tard par le [[Parlement d'Angleterre]] dans le cadre de la [[Glorieuse Révolution]], qui donne lieu à l'adoption de la [[Déclaration des droits]] et porte au pouvoir Marie et Guillaume. Ils règnent conjointement, mais Marie n'exerce réellement le pouvoir que lorsque son mari part faire campagne à l'étranger. Durant ses absences, elle fait preuve d'autorité et de compétence, ce qui incite Guillaume à se reposer beaucoup sur elle. Elle meurt à 32 ans de la [[variole]] sans avoir eu d'enfants et Guillaume règne par la suite seul jusqu'à son décès, en 1702. La sœur cadette de Marie, [[Anne (reine de Grande-Bretagne)|Anne]], accède alors au pouvoir. |
À la mort de Charles, en [[1685]], Jacques devient roi, mais il est déposé trois ans plus tard par le [[Parlement d'Angleterre]] dans le cadre de la [[Glorieuse Révolution]], qui donne lieu à l'adoption de la [[Déclaration des droits]] et porte au pouvoir Marie et Guillaume. Ils règnent conjointement, mais Marie n'exerce réellement le pouvoir que lorsque son mari part faire campagne à l'étranger. Durant ses absences, elle fait preuve d'autorité et de compétence, ce qui incite Guillaume à se reposer beaucoup sur elle. Elle meurt à {{nb|32 ans}} de la [[variole]] sans avoir eu d'enfants et Guillaume règne par la suite seul jusqu'à son décès, en [[1702]]. La sœur cadette de Marie, [[Anne (reine de Grande-Bretagne)|Anne]], accède alors au pouvoir. |
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== Biographie == |
== Biographie == |
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[[Fichier:The Duke and Duchess of York with their two daughters..jpg|vignette|gauche|alt=Portrait d'un couple assis dont la femme est entourée de deux petites filles|''La Famille de Jacques, duc d'York''. Ce portrait du duc et de la duchesse d'York, réalisé par [[Peter Lely]] entre 1668 et 1670, a été retouché par [[Benedetto Gennari le Jeune]] en 1680 au plus tôt pour y ajouter leurs deux filles, Marie (à gauche) et Anne (à droite).]] |
[[Fichier:The Duke and Duchess of York with their two daughters..jpg|vignette|gauche|alt=Portrait d'un couple assis dont la femme est entourée de deux petites filles|''La Famille de Jacques, duc d'York''. Ce portrait du duc et de la duchesse d'York, réalisé par [[Peter Lely]] entre 1668 et 1670, a été retouché par [[Benedetto Gennari le Jeune]] en 1680 au plus tôt pour y ajouter leurs deux filles, Marie (à gauche) et Anne (à droite).]] |
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Marie naît le {{date de naissance|30 avril 1662}} au [[Palais Saint James|palais St James]] de [[Londres]]. Elle est la fille aînée du duc d'York (1633-1701), le futur {{souverain2|Jacques II (roi d'Angleterre)}}, et de sa première femme [[Anne Hyde]] (1637-1671). Son père est le frère cadet de {{souverain2|Charles II (roi d'Angleterre)}}, qui règne sur l'[[Royaume d'Angleterre|Angleterre]], l'[[Royaume d'Écosse|Écosse]] et l'[[Royaume d'Irlande|Irlande]] depuis [[1660]], tandis que sa mère est la fille du [[comte de Clarendon]] [[Edward Hyde (1er comte de Clarendon)|Edward Hyde]], qui occupe la charge de [[Lord grand chancelier|chancelier]] depuis 1658. Elle est baptisée dans la foi [[Anglicanisme|anglicane]] dans la [[Chapel Royal|chapelle royale]] du palais St James. Son parrain est le prince [[Rupert du Rhin]], cousin de son père, tandis que les duchesses de Buckingham et d'Ormond lui servent de marraines{{sfn|Speck|2012}}. Des huit enfants du duc d'York et Anne Hyde, seules Marie et sa sœur cadette [[Anne (reine de Grande-Bretagne)|Anne]], née en [[1665]], atteignent l'âge adulte. Comme le roi {{souverain-|Charles II}} n'a pas d'enfants légitimes, Marie occupe la deuxième place dans l'[[Ordre de succession au trône britannique|ordre de succession au trône]] durant la majeure partie de son enfance, juste après son père{{sfn|Waller|2006|p=252}}. |
Marie naît le {{date de naissance|30 avril 1662}} au [[Palais Saint James|palais St James]] de [[Londres]]. Elle est la fille aînée du [[duc d'York]] (1633-1701), le futur {{souverain2|Jacques II (roi d'Angleterre)}}, et de sa première femme [[Anne Hyde]] (1637-1671). Son père est le frère cadet de {{souverain2|Charles II (roi d'Angleterre)}}, qui règne sur l'[[Royaume d'Angleterre|Angleterre]], l'[[Royaume d'Écosse|Écosse]] et l'[[Royaume d'Irlande|Irlande]] depuis [[1660]], tandis que sa mère est la fille du [[comte de Clarendon]] [[Edward Hyde (1er comte de Clarendon)|Edward Hyde]], qui occupe la charge de [[Lord grand chancelier|chancelier]] depuis 1658. Elle est [[Baptême|baptisée]] dans la foi [[Anglicanisme|anglicane]] dans la [[Chapel Royal|chapelle royale]] du palais St James. Son [[Parrain (religion)|parrain]] est le prince [[Rupert du Rhin]], cousin de son père, tandis que les duchesses de Buckingham et d'Ormond lui servent de [[Parrain (religion)|marraines]]{{sfn|Speck|2012}}. Des huit enfants du duc d'York et Anne Hyde, seules Marie et sa sœur cadette [[Anne (reine de Grande-Bretagne)|Anne]], née en [[1665]], atteignent l'âge adulte. Comme le roi {{souverain-|Charles II}} n'a pas d'enfants légitimes, Marie occupe la deuxième place dans l'[[Ordre de succession au trône britannique|ordre de succession au trône]] durant la majeure partie de son enfance, juste après son père{{sfn|Waller|2006|p=252}}. |
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Bien que leurs parents se soient convertis au [[catholicisme]], Marie et Anne reçoivent une éducation religieuse protestante, en accord avec la volonté du roi{{sfn|Van der Kiste|2003|p=32}}. Cette éducation est assurée par trois grands prélats : l'[[évêque de Winchester]] |
Bien que leurs parents se soient convertis au [[catholicisme]], Marie et Anne reçoivent une éducation religieuse [[Protestantisme|protestante]], en accord avec la volonté du roi{{sfn|Van der Kiste|2003|p=32}}. Cette éducation est assurée par trois grands [[Prélature|prélats]] : l'[[évêque de Winchester]] [[George Morley]], l'[[évêque de Londres]] [[Henry Compton (évêque)|Henry Compton]] et l'{{Lien|fr=archidiacre d'Exeter|langue=en|trad=Archdeacon of Exeter}} {{Lien|Edward Lake|trad=Edward Lake (priest)}}{{sfn|Speck|2012}}. Les deux sœurs grandissent dans leur propre résidence, le [[palais de Richmond]], sous la tutelle de leur gouvernante Frances Villiers, femme du colonel [[Edward Villiers (1620-1689)|Edward Villiers]]. Elles ne sortent de chez elles que pour de rares visites à leurs parents au palais St James ou à leur grand-père Clarendon à [[Twickenham]]{{sfn|Waller|2006|p=251}}. Marie réside brièvement à [[York]] entre 1665 et 1667 pour échapper à la [[grande peste de Londres]]{{sfn|Speck|2012}}. Les précepteurs de Marie lui enseignent la musique (elle joue du [[luth]] et du [[clavecin]]), la danse, le dessin, le [[français]] et la religion, et guère davantage{{sfn|Waller|2006|p=251-253}}. De l'âge de neuf ans environ et jusqu'à son mariage, elle entretient une correspondance passionnée avec une jeune fille plus âgée qu'elle, {{Lien|Frances Apsley}} (1653 – 1727), la fille du courtisan {{Lien|Allen Apsley|trad=Allen Apsley (Royalist)}}. Ces échanges enflammés finissent par embarrasser Apsley, dont les réponses prennent un ton plus formel{{sfn|Van der Kiste|2003|p=34}}. La mère de Marie meurt en 1671 et son père se remarie deux ans plus tard avec la princesse catholique [[Marie de Modène]], qui n'a que quatre ans de plus que sa fille aînée{{sfn|Waller|2006|p=255}}. |
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Marie a quinze ans lorsqu'elle est fiancée à son cousin germain, [[Guillaume III d'Orange-Nassau|Guillaume d'Orange]], le [[stathouder]] des [[Provinces-Unies]]. Ce prince protestant est le fils de [[Marie-Henriette Stuart]], la sœur défunte de {{souverain-|Charles II}}, à qui Marie doit son prénom{{sfn|Speck|2012}}. Il est ainsi quatrième dans l'ordre de succession, après le duc d'York et ses filles{{sfn|Waller|2006|p=256}}. Jacques est d'abord hostile à cette union, car il verrait plutôt Marie épouser le dauphin [[Louis de France (1661-1711)|Louis]] pour se rapprocher de la [[Royaume de France|France]]{{sfn|Speck|2012}}. Il consent au mariage avec Guillaume sous la pression de l'influent ministre [[Thomas Osborne (1er duc de Leeds)|Thomas Osborne]] et de son frère Charles, qui considèrent à tort qu'il rendra le duc plus populaire auprès des protestants{{sfn|Van der Kiste|2003|p=44-45}}. Edward Lake, devenu chapelain de Marie, rapporte que la princesse « pleur[e] toute l'après-midi et tout le lendemain » lorsque son père lui apprend qu'elle doit épouser Guillaume{{sfn|Waller|2006|p=257}}. La perspective d'épouser un homme de douze ans son aîné, aux dents noires et au nez crochu (Anne le surnomme « [[Caliban (Shakespeare)|Caliban]] »), qui mesure dix bons centimètres de moins qu'elle (avec ses {{unité|180|cm}}, Marie est une grande femme pour l'époque), n'a rien pour lui plaire{{sfn|Speck|2012}}. |
Marie a quinze ans lorsqu'elle est fiancée à son cousin germain, [[Guillaume III d'Orange-Nassau|Guillaume d'Orange]], le [[stathouder]] des [[Provinces-Unies]]. Ce prince protestant est le fils de [[Marie-Henriette Stuart]], la sœur défunte de {{souverain-|Charles II}}, à qui Marie doit son prénom{{sfn|Speck|2012}}. Il est ainsi quatrième dans l'ordre de succession, après le duc d'York et ses filles{{sfn|Waller|2006|p=256}}. Jacques est d'abord hostile à cette union, car il verrait plutôt Marie épouser le [[Dauphin (titre)|dauphin]] [[Louis de France (1661-1711)|Louis]] pour se rapprocher de la [[Royaume de France|France]]{{sfn|Speck|2012}}. Il consent au mariage avec Guillaume sous la pression de l'influent ministre [[Thomas Osborne (1er duc de Leeds)|Thomas Osborne]] et de son frère Charles, qui considèrent à tort qu'il rendra le duc plus populaire auprès des protestants{{sfn|Van der Kiste|2003|p=44-45}}. Edward Lake, devenu [[chapelain]] de Marie, rapporte que la princesse « pleur[e] toute l'après-midi et tout le lendemain » lorsque son père lui apprend qu'elle doit épouser Guillaume{{sfn|Waller|2006|p=257}}. La perspective d'épouser un homme de douze ans son aîné, aux dents noires et au nez crochu (Anne le surnomme « [[Caliban (Shakespeare)|Caliban]] »), qui mesure dix bons centimètres de moins qu'elle (avec ses {{unité|180|cm}}, Marie est une grande femme pour l'époque), n'a rien pour lui plaire{{sfn|Speck|2012}}. |
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=== Princesse d'Orange (1677-1688) === |
=== Princesse d'Orange (1677-1688) === |
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[[Fichier:1662 Mary II.jpg|vignette|redresse|alt=Portrait d'une femme assise vue de trois quarts portant une robe bleue et un collier de perles|Portrait de Marie par [[Peter Lely]] (vers 1677-1680).]] |
[[Fichier:1662 Mary II.jpg|vignette|redresse|alt=Portrait d'une femme assise vue de trois quarts portant une robe bleue et un collier de perles|Portrait de Marie par [[Peter Lely]] (vers 1677-1680).]] |
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C'est une Marie en larmes qui épouse Guillaume d'Orange le 4 novembre 1677 au palais St James. La cérémonie est présidée par l'évêque Henry Compton{{sfn|Van der Kiste|2003|p=47-48}}{{,}}{{sfn|Waller|2006|p=258}}. Elle se rend ensuite aux |
C'est une Marie en larmes qui épouse Guillaume d'Orange le {{date|4 novembre 1677}} au palais St James. La cérémonie est présidée par l'évêque [[Henry Compton (évêque)|Henry Compton]]{{sfn|Van der Kiste|2003|p=47-48}}{{,}}{{sfn|Waller|2006|p=258}}. Elle se rend ensuite aux [[Provinces-Unies]] avec son mari. Le voyage est retardé de quinze jours à cause du mauvais temps, puis leur navire ne peut aborder à [[Rotterdam]], le port étant pris par les glaces. Ils sont contraints de débarquer au petit village de [[Ter Heijde]] et de poursuivre à pied avant que des carrosses ne les rejoignent pour les conduire à {{Lien|Huis Honselaarsdijk}}, la résidence du stathouder{{sfn|Van der Kiste|2003|p=58}}{{,}}{{sfn|Waller|2006|p=258-259}}. Ils font leur entrée formelle en grande pompe à [[La Haye]] le {{date|14 décembre}}{{sfn|Van der Kiste|2003|p=52}}. |
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La personnalité animée et agréable de Marie la rend populaire auprès des [[Néerlandais (peuple)|Néerlandais]], tandis que les Anglais voient d'un bon œil son mariage à un prince protestant{{sfn|Waller|2006|p=257-259}}. Elle se montre dévouée à son mari, pour lequel elle développe progressivement une véritable affection, mais celui-ci s'absente souvent pour mener ses troupes au combat, ce qui incite les membres de la famille de Marie à le trouver froid et |
La personnalité animée et agréable de Marie la rend populaire auprès des [[Néerlandais (peuple)|Néerlandais]], tandis que les Anglais voient d'un bon œil son mariage à un prince protestant{{sfn|Waller|2006|p=257-259}}. Elle se montre dévouée à son mari, pour lequel elle développe progressivement une véritable affection, mais celui-ci s'absente souvent pour mener ses troupes au combat, ce qui incite les membres de la famille de Marie à le trouver froid et négligeant lors de leurs visites à la princesse{{sfn|Waller|2006|p=259-262}}. Cette dernière mène une vie solitaire durant les absences de son époux, allant d'un palais à un autre sans jamais s'intégrer à la vie sociale des épouses des [[Régent (Provinces-Unies)|régents]] néerlandais{{sfn|Speck|2012}}. Elle est enceinte après quelques mois de mariage, mais elle fait une [[fausse couche]] en rendant visite à son mari dans la forteresse de [[Bréda]]. Il est possible qu'elle en soit restée stérile{{sfn|Van der Kiste|2003|p=55-58}}{{,}}{{sfn|Waller|2006|p=261}}. Plusieurs périodes de maladie, à la mi-1678, au début de 1679 et de 1680, correspondent peut-être à d'autres fausses couches{{sfn|Van der Kiste|2003|p=57, 58, 62}}. Son incapacité à avoir des enfants constitue sa plus grande source de chagrin avec l'infidélité de son mari, qui la trompe avec sa dame de compagnie {{Lien|fr=Elizabeth Hamilton (comtesse des Orcades)|langue=en|trad=Elizabeth Hamilton, Countess of Orkney|texte=Elizabeth Villiers}}{{sfn|Marshall|2003|p=179}}. |
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En mai 1684, le |
En {{date|mai 1684}}, le [[James Scott (1er duc de Monmouth)|duc de Monmouth James Scott]], [[Enfant adultérin|fils illégitime]] de {{souverain-|Charles II}}, s'installe aux Pays-Bas où il est reçu avec les honneurs par Guillaume et Marie. Bien qu'il ne soit pas légitime, il est protestant, ce qui le fait considérer par certains comme un rival potentiel du duc d'York pour la succession. Guillaume ne partage pas cette opinion, estimant que Monmouth ne bénéficie pas de suffisamment d'appuis{{sfn|Van der Kiste|2003|p=72-73}}. |
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[[Fichier:W. Wissing Mary Stuart.jpg|vignette|redresse|gauche|alt=Portrait d'une femme assise vue de face, portant une robe à dentelles, un manteau doublé d'hermine, avec une couronne posée près d'elle|Portrait de Marie par [[Willem Wissing]] (vers 1685).]] |
[[Fichier:W. Wissing Mary Stuart.jpg|vignette|redresse|gauche|alt=Portrait d'une femme assise vue de face, portant une robe à dentelles, un manteau doublé d'hermine, avec une couronne posée près d'elle|Portrait de Marie par [[Willem Wissing]] (vers 1685).]] |
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{{souverain-|Charles II}} meurt sans laisser d'enfants légitimes le 6 février 1685 et le duc d'York devient roi sous les noms de {{souverain-|Jacques II}} (en Angleterre et en Irlande) et {{souverain-|Jacques VII}} (en Écosse). Marie apprend la mort de son oncle et son nouveau statut d'[[Prince héritier|héritière présomptive]] de la bouche de son mari alors qu'elle joue aux cartes{{sfn|Van der Kiste|2003|p=76}}. L'un des premiers messages que le nouveau roi envoie à Marie est pour demander le renvoi du duc de Monmouth de sa cour{{sfn|Speck|2012}}. Lorsque le duc rassemble ses forces à Amsterdam avant de faire voile pour l'Angleterre, Guillaume en informe son beau-père et ordonne aux régiments anglais stationnés aux Pays-Bas de rentrer au pays{{sfn|Van der Kiste|2003|p=78}}. La [[rébellion de Monmouth]] se solde par la défaite et l'exécution du duc au mois de juillet. Le prince d'Orange est d'abord soulagé, mais les décisions prises par la suite par {{souverain-|Jacques II}} dans le domaine religieux consternent Guillaume et Marie{{sfn|Van der Kiste|2003|p=79}}. L'arrivée à leur cour du théologien écossais [[Gilbert Burnet]], qui rappelle à Marie qu'elle est l'héritière présomptive du trône, incite la princesse à s'intéresser davantage aux affaires d'Angleterre{{sfn|Speck|2012}}. |
{{souverain-|Charles II}} meurt sans laisser d'enfants légitimes le {{date|6 février 1685}} et le [[Jacques II (roi d'Angleterre)|duc d'York]] devient roi sous les noms de {{souverain-|Jacques II}} (en [[Royaume d'Angleterre|Angleterre]] et en [[Royaume d'Irlande|Irlande]]) et {{souverain-|Jacques VII}} (en [[Royaume d'Écosse|Écosse]]). Marie apprend la mort de son oncle et son nouveau statut d'[[Prince héritier|héritière présomptive]] de la bouche de son mari alors qu'elle joue aux cartes{{sfn|Van der Kiste|2003|p=76}}. L'un des premiers messages que le nouveau roi envoie à Marie est pour demander le renvoi du [[James Scott (1er duc de Monmouth)|duc de Monmouth]] de sa cour{{sfn|Speck|2012}}. Lorsque le duc rassemble ses forces à [[Amsterdam]] avant de faire voile pour l'Angleterre, Guillaume en informe son beau-père et ordonne aux régiments anglais stationnés aux Pays-Bas de rentrer au pays{{sfn|Van der Kiste|2003|p=78}}. La [[rébellion de Monmouth]] se solde par la défaite et l'exécution du duc au mois de juillet. Le prince d'Orange est d'abord soulagé, mais les décisions prises par la suite par {{souverain-|Jacques II}} dans le domaine religieux consternent Guillaume et Marie{{sfn|Van der Kiste|2003|p=79}}. L'arrivée à leur cour du [[Théologie|théologien]] [[Royaume d'Écosse|écossais]] [[Gilbert Burnet]], qui rappelle à Marie qu'elle est l'héritière présomptive du trône, incite la princesse à s'intéresser davantage aux affaires d'Angleterre{{sfn|Speck|2012}}. |
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Le roi s'efforce en effet d'accorder la [[liberté de religion]] à ses sujets non-anglicans en suspendant les décisions du Parlement par décret royal{{sfn|Van der Kiste|2003|p=91}}. Pour Marie, son père se place dans l'illégalité en agissant ainsi et son chapelain écrit à l'[[archevêque de Cantorbéry]] [[William Sancroft]] pour lui faire part de son opinion{{sfn|Waller|2006|p=265}}. Elle désapprouve tout autant le refus de Jacques de venir en aide aux [[huguenot]]s de la [[principauté d'Orange]] lorsque {{souverain2|Louis XIV}} y envoie ses armées. Afin de nuire à Guillaume, Jacques encourage les serviteurs de sa fille à répandre la rumeur de la relation entre le prince et Elizabeth Villiers. Marie surprend son mari quittant la chambre de sa maîtresse tard dans la soirée, mais Guillaume nie et elle semble l'avoir cru ou lui avoir pardonné{{sfn|Van der Kiste|2003|p=81}}{{,}}{{sfn|Waller|2006|p=264}}. Il est cependant possible que la rencontre entre Guillaume et Villiers ait été d'ordre diplomatique plutôt qu'intime{{sfn|Van der Kiste|2003|p=64}}{{,}}{{sfn|Waller|2006|p=264}}. Après cet incident, Marie congédie ses serviteurs et les renvoie en Angleterre{{sfn|Van der Kiste|2003|p=82}}{{,}}{{sfn|Waller|2006|p=264}}. |
Le roi s'efforce en effet d'accorder la [[liberté de religion]] à ses sujets non-anglicans en suspendant les décisions du Parlement par décret royal{{sfn|Van der Kiste|2003|p=91}}. Pour Marie, son père se place dans l'illégalité en agissant ainsi et son chapelain écrit à l'[[archevêque de Cantorbéry]] [[William Sancroft]] pour lui faire part de son opinion{{sfn|Waller|2006|p=265}}. Elle désapprouve tout autant le refus de Jacques de venir en aide aux [[huguenot]]s de la [[principauté d'Orange]] lorsque {{souverain2|Louis XIV}} y envoie ses armées. Afin de nuire à Guillaume, Jacques encourage les serviteurs de sa fille à répandre la rumeur de la relation entre le prince et Elizabeth Villiers. Marie surprend son mari quittant la chambre de sa maîtresse tard dans la soirée, mais Guillaume nie et elle semble l'avoir cru ou lui avoir pardonné{{sfn|Van der Kiste|2003|p=81}}{{,}}{{sfn|Waller|2006|p=264}}. Il est cependant possible que la rencontre entre Guillaume et Villiers ait été d'ordre diplomatique plutôt qu'intime{{sfn|Van der Kiste|2003|p=64}}{{,}}{{sfn|Waller|2006|p=264}}. Après cet incident, Marie congédie ses serviteurs et les renvoie en Angleterre{{sfn|Van der Kiste|2003|p=82}}{{,}}{{sfn|Waller|2006|p=264}}. |
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{{Article détaillé|Glorieuse Révolution}} |
{{Article détaillé|Glorieuse Révolution}} |
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Dès 1686, des protestants anglais mécontents entrent en contact avec Guillaume d'Orange{{sfn|Van der Kiste|2003|p=86}}. Le crédit dont bénéficie Jacques auprès de ses sujets protestants diminue encore en mai 1688, lorsqu'il contraint les prélats anglicans à donner lecture dans leurs églises de la |
Dès 1686, des protestants anglais mécontents entrent en contact avec Guillaume d'Orange{{sfn|Van der Kiste|2003|p=86}}. Le crédit dont bénéficie Jacques auprès de ses sujets protestants diminue encore en {{date|mai 1688}}, lorsqu'il contraint les prélats anglicans à donner lecture dans leurs églises de la [[Déclaration d'indulgence (1687)|Déclaration d'indulgence]], qui accorde la liberté de religion aux catholiques et aux ''{{langue|en|[[dissent]]ers}}'', les protestants qui n'appartiennent pas à l'[[Église d'Angleterre]]{{sfn|Van der Kiste|2003|p=91}}. Leur inquiétude atteint son paroxysme lorsque la reine donne naissance à un fils, [[Jacques François Stuart]], susceptible de devenir un roi catholique. Des rumeurs entourant les circonstances de l'accouchement ne tardent pas à circuler, au point que Marie écrit à sa sœur Anne pour lui demander davantage d'informations. Leur correspondance conforte Marie dans ses soupçons : elle est persuadée que l'enfant n'est pas vraiment le fils de son père, mais un imposteur introduit dans la chambre de la reine pour remplacer un bébé mort-né dans le cadre d'un complot visant à assurer la présence d'un catholique sur le trône{{sfn|Van der Kiste|2003|p=90, 94-95}}{{,}}{{sfn|Waller|2006|p=268-269}}. |
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Le 30 juin 1688, sept grands personnages du royaume d'Angleterre, surnommés par la suite « les Sept Immortels », adressent en secret une [[invitation à Guillaume]] à venir déposer {{souverain-|Jacques II}}{{sfn|Van der Kiste|2003|p=93-94}}. Guillaume leur avait fait savoir auparavant qu'il n'interviendrait pas sans une telle invitation, bien qu'il ait déjà commencé à rassembler ses forces. Il reste réticent, craignant peut-être que sa femme devienne plus puissante que lui en sa qualité d'héritière de la couronne d'Angleterre. D'après Gilbert Burnet, Marie l'aurait convaincu de son absence d'ambition politique en s'engageant à lui obéir en tous points, en accord avec ses vœux de mariage{{sfn|Van der Kiste|2003|p=85}}{{,}}{{sfn|Waller|2006|p=266}}. |
Le {{date|30 juin 1688}}, sept grands personnages du royaume d'Angleterre, surnommés par la suite « les Sept Immortels », adressent en secret une [[invitation à Guillaume]] à venir déposer {{souverain-|Jacques II}}{{sfn|Van der Kiste|2003|p=93-94}}. Guillaume leur avait fait savoir auparavant qu'il n'interviendrait pas sans une telle invitation, bien qu'il ait déjà commencé à rassembler ses forces. Il reste réticent, craignant peut-être que sa femme devienne plus puissante que lui en sa qualité d'héritière de la couronne d'Angleterre. D'après [[Gilbert Burnet]], Marie l'aurait convaincu de son absence d'ambition politique en s'engageant à lui obéir en tous points, en accord avec ses vœux de mariage{{sfn|Van der Kiste|2003|p=85}}{{,}}{{sfn|Waller|2006|p=266}}. |
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Marie reste aux Pays-Bas tandis que son mari débarque en Angleterre à la tête d'une armée le 5 novembre{{sfn|Van der Kiste|2003|p=100-102}}. Il est rallié par les forces armées anglaises et par la marine{{sfn|Van der Kiste|2003|p=104}}. Après une première tentative de fuite le 11 décembre, Jacques parvient à quitter le pays le 23 et |
Marie reste aux Pays-Bas tandis que son mari débarque en Angleterre à la tête d'une armée le {{date|5 novembre}}{{sfn|Van der Kiste|2003|p=100-102}}. Il est rallié par les forces armées anglaises et par la marine{{sfn|Van der Kiste|2003|p=104}}. Après une première tentative de fuite le {{date|11 décembre}}, Jacques parvient à quitter le pays le 23 et, après une brève tentative de reprendre pied en [[Royaume d'Irlande|Irlande]], se réfugie en [[Royaume de France|France]] où il meurt en 1701{{sfn|Van der Kiste|2003|p=105-107}}. Bouleversée par les circonstances de la déposition de son père, tiraillée entre son inquiétude pour lui et ses obligations vis-à-vis de son mari, Marie reste cependant convaincue que Guillaume a fait ce qu'il devait faire pour {{citation|sauver l'Église et l'État{{sfn|Van der Kiste|2003|p=95}}{{,}}{{sfn|Waller|2006|p=269-271}}}}. Lorsqu'elle arrive en Angleterre, le {{date|12 février 1689}}, elle est tiraillée entre la joie de revoir son pays natal et l'inquiétude pour son père{{sfn|Van der Kiste|2003|p=113}}{{,}}{{sfn|Waller|2006|p=271}}. Guillaume lui ordonne d'avoir l'air joyeux lors de leur entrée en triomphe à [[Londres]], ce qui vaut à Marie les foudres de plusieurs observateurs, dont [[Sarah Churchill]], qui la croient indifférente au sort du roi déposé{{sfn|Van der Kiste|2003|p=113}}{{,}}{{sfn|Waller|2006|p=272-273}}. |
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[[Fichier:William and Mary.jpg|vignette|redresse|alt=Portrait d'un couple royal entouré d'anges, la femme porte une couronne et un sceptre, l'homme vêtu d'une armure et d'un manteau est également coiffé d'une couronne|Portrait de Guillaume et Marie sur le plafond du ''{{langue|en|Painted Hall}}'' du [[Old Royal Naval College]], à [[Greenwich (Londres)|Greenwich]], par [[James Thornhill]] (1707-1726).]] |
[[Fichier:William and Mary.jpg|vignette|redresse|alt=Portrait d'un couple royal entouré d'anges, la femme porte une couronne et un sceptre, l'homme vêtu d'une armure et d'un manteau est également coiffé d'une couronne|Portrait de Guillaume et Marie sur le plafond du ''{{langue|en|Painted Hall}}'' du [[Old Royal Naval College]], à [[Greenwich (Londres)|Greenwich]], par [[James Thornhill]] (1707-1726).]] |
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En janvier 1689, un {{Lien|fr=Parlement de convention (1689)|langue=en|trad=Convention Parliament (1689)|texte=Parlement}} est réuni par Guillaume pour débattre de la conduite à suivre{{sfn|Waller|2006|p=274}}. Un parti, mené par |
En {{date|janvier 1689}}, un {{Lien|fr=Parlement de convention (1689)|langue=en|trad=Convention Parliament (1689)|texte=Parlement}} est réuni par Guillaume pour débattre de la conduite à suivre{{sfn|Waller|2006|p=274}}. Un parti, mené par lord Danby, considère que Marie doit régner seule en tant qu'héritière légitime, mais Guillaume et ses partisans refusent d'envisager qu'un homme puisse être le sujet de sa femme{{sfn|Waller|2006|p=274-275}}. Le prince d'Orange ne veut pas être un simple [[consort (monarchie)|prince consort]] : il entend être roi à part entière{{sfn|Van der Kiste|2003|p=108}}{{,}}{{sfn|Waller|2006|p=273}}. Marie, quant à elle, ne souhaite pas régner. Son caractère la porte davantage vers une existence tranquille et elle estime que les femmes doivent être soumises à leurs maris{{sfn|Van der Kiste|2003|p=114}}{{,}}{{sfn|Waller|2006|p=273}}. Le {{date|13 février}}, le [[Parlement d'Angleterre|Parlement]] vote une Déclaration des droits (''{{langue|en|Declaration of Right}}'') selon laquelle la première tentative de fuite de {{souverain-|Jacques II}}, le {{date|11 décembre}} précédent, équivaut à une [[abdication]] qui donne lieu à une vacance du trône. Le Parlement n'offre pas la couronne à [[Jacques François Stuart|son fils aîné]] un bébé de six mois, mais à Marie et Guillaume comme souverains conjoints. Il n'existe qu'un seul précédent dans l'histoire de l'Angleterre pour une telle double monarchie : à l'occasion du mariage entre {{souverain2|Marie Ire (reine d'Angleterre)}} et {{souverain2|Philippe II (roi d'Espagne)}}, en [[1554]], le second s'est vu reconnaître le titre de roi, mais uniquement pour la durée de la vie de sa femme et avec un pouvoir restreint<ref>{{ODNB | prénom1 = Ann | nom1 = Weikel | titre chapitre = {{souverain-|Mary I}} (1516–1558) | année = 2008 | id = 18245}}.</ref>. Guillaume, en revanche, doit conserver le titre royal même s'il survit à Marie, et c'est lui qui doit exercer le pouvoir en leurs deux noms. Cette déclaration est amendée par la suite pour bannir Jacques et ses descendants de l'ordre de succession (à l'exception d'Anne, la sœur de Marie), ainsi que tous les catholiques{{sfn|Marshall|2003|p=180-181}}. |
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Guillaume et Marie sont sacrés par l'évêque Henry Compton le 11 avril 1689 en l'[[abbaye de Westminster]]. C'est traditionnellement à l'archevêque de Cantorbéry qu'il revient de sacrer les rois et reines, mais William Sancroft, bien qu'anglican, refuse de reconnaître la déposition de {{souverain-|Jacques II}}. La cérémonie ne plaît ni à Guillaume, qui la qualifie de {{citation|papiste}}, ni à Marie, qui n'y voit que vanité{{sfn|Van der Kiste|2003|p=118}}. Le même jour, le Parlement d'Écosse, beaucoup plus divisé que son équivalent anglais, finit par confirmer que Jacques n'est plus roi d'Écosse, que ce titre ne peut revenir à un catholique et que Guillaume et Marie doivent devenir souverains ensemble, le premier exerçant la totalité du pouvoir{{sfn|Marshall|2003|p=180}}. |
Guillaume et Marie sont [[Sacre|sacrés]] par l'[[évêque]] [[Henry Compton (évêque)|Henry Compton]] le {{date|11 avril 1689}} en l'[[abbaye de Westminster]]. C'est traditionnellement à l'[[archevêque de Cantorbéry]] qu'il revient de sacrer les rois et reines, mais William Sancroft, bien qu'anglican, refuse de reconnaître la déposition de {{souverain-|Jacques II}}. La cérémonie ne plaît ni à Guillaume, qui la qualifie de {{citation|papiste}}, ni à Marie, qui n'y voit que vanité{{sfn|Van der Kiste|2003|p=118}}. Le même jour, le [[Parlement d'Écosse]], beaucoup plus divisé que son équivalent anglais, finit par confirmer que Jacques n'est plus roi d'Écosse, que ce titre ne peut revenir à un catholique et que Guillaume et Marie doivent devenir souverains ensemble, le premier exerçant la totalité du pouvoir{{sfn|Marshall|2003|p=180}}. |
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=== Reine d'Angleterre et d'Irlande (1689-1694) === |
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[[Fichier:5 Guineas, William III and Mary, |
[[Fichier:5 Guineas, William III and Mary, England, 1692 - Bode-Museum - DSC02760.jpg|vignette|redresse|gauche|alt=Une pièce en or portant une inscription en latin autour de deux bustes, celui de la femme placé devant celui de l'homme|Une pièce de {{nobr|5 [[Guinée (monnaie)|guinées]]}} à l'effigie de Guillaume et Marie.]] |
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En décembre 1689, le Parlement vote l'un des plus importants textes constitutionnels de l'histoire de l'Angleterre, la [[Déclaration des droits]] ''{{langue|en| |
En {{date|décembre 1689}}, le Parlement vote l'un des plus importants textes constitutionnels de l'histoire de l'Angleterre, la [[Déclaration des droits]] (''{{langue|en|Bill of Rights}}''). Elle confirme plusieurs points de la déclaration de février et va plus loin en imposant des limites à la [[prérogative royale]] : le souverain ne peut plus suspendre les lois votées par le Parlement, lever des impôts ou une armée sans l'accord de ce même Parlement, limiter le [[droit de pétition]], refuser le [[port d'armes]] aux protestants, interférer dans les élections législatives, punir les députés pour des propos tenus en débat parlementaire, exiger des cautions excessives ou infliger des peines cruelles ou inhabituelles. La Déclaration confirme également l'ordre de succession. À la mort de Guillaume ou de Marie, l'autre doit continuer à régner, suivi par leurs éventuels enfants, puis par Anne et ses enfants, et enfin les enfants que Guillaume pourrait avoir d'un mariage ultérieur{{sfn|Claydon|2008}}. |
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À partir de 1690, Guillaume se trouve souvent en campagne à l'étranger du printemps à l'automne. Cette année-là, il affronte les [[Jacobitisme|jacobites]] (les partisans de {{souverain-|Jacques II}}) en Irlande. Une fois les jacobites vaincus, en 1692, il passe le plus clair de son temps à lutter contre les armées françaises aux Pays-Bas. En son absence, Marie est censée gouverner le royaume, une idée qui ne lui sourit guère. Elle souffre de l'absence de son mari, ainsi que de la dégradation de ses relations avec sa sœur, qui se dispute avec le couple royal sur des questions d'argent{{sfn|Van der Kiste|2003|p=130-131}}. Lorsqu'elle est seule et que son mari ne lui a pas laissé d'instructions, Marie gouverne de manière autonome, mais lorsqu'il est en Angleterre, elle s'en remet entièrement à lui et se tient scrupuleusement à l'écart de toute affaire politique, en accord avec la Déclaration des droits et avec son tempérament{{sfn|Van der Kiste|2003|p=114}}{{,}}{{sfn|Waller|2006|p=280-284}}. |
À partir de 1690, Guillaume se trouve souvent en campagne à l'étranger du printemps à l'automne. Cette année-là, il affronte les [[Jacobitisme|jacobites]] (les partisans de {{souverain-|Jacques II}}) en Irlande. Une fois les jacobites vaincus, en 1692, il passe le plus clair de son temps à lutter contre les armées françaises aux Pays-Bas. En son absence, Marie est censée gouverner le royaume, une idée qui ne lui sourit guère. Elle souffre de l'absence de son mari, ainsi que de la dégradation de ses relations avec sa sœur, qui se dispute avec le couple royal sur des questions d'argent{{sfn|Van der Kiste|2003|p=130-131}}. Lorsqu'elle est seule et que son mari ne lui a pas laissé d'instructions, Marie gouverne de manière autonome, mais lorsqu'il est en Angleterre, elle s'en remet entièrement à lui et se tient scrupuleusement à l'écart de toute affaire politique, en accord avec la Déclaration des droits et avec son tempérament{{sfn|Van der Kiste|2003|p=114}}{{,}}{{sfn|Waller|2006|p=280-284}}. |
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Pour l'assister dans sa tâche, le roi nomme un conseil de neuf membres : le [[Thomas Osborne (1er duc de Leeds)|marquis de Carmarthen]], le [[William Cavendish (1er duc de Devonshire)|comte de Devonshire]], le [[Charles Sackville|comte de Dorset]], le [[Charles Mordaunt (3e comte de Peterborough)|comte de Monmouth]], le [[Thomas Herbert (8e comte de Pembroke)|comte de Pembroke]], le comte de Marlborough, le [[Daniel Finch (2e comte de Nottingham)|comte de Nottingham]], [[John Lowther (1er vicomte Lonsdale)|John Lowther]] et [[Edward Russell (1er comte d'Orford)|Edward Russel]]{{sfn|Speck|2012}}. Leurs opinions politiques divergentes (cinq sont des [[Tory|tories]] et quatre des [[Parti whig (Royaume-Uni)|whigs]]) donnent lieu à de fréquentes querelles, et ils ont tous des défauts rédhibitoires aux yeux de la reine : faibles, paresseux, indignes de confiance ou fous{{sfn|Speck|2012}}. Son manque d'expérience est un point négatif à leurs yeux, mais elle parvient à s'imposer en jouant sur leurs rivalités politiques et fait preuve de fermeté et d'esprit d'initiative dans sa réaction à la [[bataille du cap Béveziers|défaite du cap Béveziers]], au mois de juillet 1690{{sfn|Speck|2012}}. La même année, elle ordonne l'arrestation de plusieurs jacobites soupçonnés de comploter pour rétablir {{souverain-|Jacques II}} sur le trône, parmi lesquels son oncle le comte de Clarendon [[Henry Hyde (2e comte de Clarendon)|Henry Hyde]]{{sfn|Waller|2006|p=281}}. |
Pour l'assister dans sa tâche, le roi nomme un conseil de neuf membres : le [[Thomas Osborne (1er duc de Leeds)|marquis de Carmarthen]], le [[William Cavendish (1er duc de Devonshire)|comte de Devonshire]], le [[Charles Sackville (6e comte de Dorset)|comte de Dorset]], le [[Charles Mordaunt (3e comte de Peterborough)|comte de Monmouth]], le [[Thomas Herbert (8e comte de Pembroke)|comte de Pembroke]], le comte de Marlborough, le [[Daniel Finch (2e comte de Nottingham)|comte de Nottingham]], [[John Lowther (1er vicomte Lonsdale)|John Lowther]] et [[Edward Russell (1er comte d'Orford)|Edward Russel]]{{sfn|Speck|2012}}. Leurs opinions politiques divergentes (cinq sont des [[Tory|tories]] et quatre des [[Parti whig (Royaume-Uni)|whigs]]) donnent lieu à de fréquentes querelles, et ils ont tous des défauts rédhibitoires aux yeux de la reine : faibles, paresseux, indignes de confiance ou fous{{sfn|Speck|2012}}. Son manque d'expérience est un point négatif à leurs yeux, mais elle parvient à s'imposer en jouant sur leurs rivalités politiques et fait preuve de fermeté et d'esprit d'initiative dans sa réaction à la [[bataille du cap Béveziers|défaite du cap Béveziers]], au mois de {{date|juillet 1690}}{{sfn|Speck|2012}}. La même année, elle ordonne l'arrestation de plusieurs jacobites soupçonnés de comploter pour rétablir {{souverain-|Jacques II}} sur le trône, parmi lesquels son oncle le [[comte de Clarendon]] [[Henry Hyde (2e comte de Clarendon)|Henry Hyde]]{{sfn|Waller|2006|p=281}}. |
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En janvier 1692, l'influent comte de Marlborough [[John Churchill (1er duc de Marlborough)|John Churchill]] est renvoyé de la cour pour la même raison. Ce renvoi nuit à la popularité de la reine, ainsi qu'à ses relations avec sa sœur qui est très proche de [[Sarah Churchill]], la femme du comte{{sfn|Van der Kiste|2003|p=159-160}}. Anne affiche son soutien aux Churchill en apparaissant aux côtés de Sarah à la cour, pour la plus grande colère de Marie qui exige que sa sœur la renvoie{{sfn|Van der Kiste|2003|p=160}}. Au mois d'avril, Marie est frappée d'une forte fièvre et n'assiste pas à la messe dominicale pour la première fois en 12 ans{{sfn|Van der Kiste|2003|p=155}}. En temps normal, la reine, très croyante, assiste aux prières au moins deux fois par jour{{sfn|Waller|2006|p=277-282}}. Elle s'abstient également de rendre visite à sa sœur qui connaît alors un accouchement difficile. Une fois rétablie, elle se rend auprès d'Anne, dont l'enfant est mort peu après la délivrance, mais c'est pour lui reprocher son amitié avec Sarah Churchill{{sfn|Van der Kiste|2003|p=161}}. C'est la dernière fois que les sœurs se voient{{sfn|Van der Kiste|2003|p=162}}. Dans son journal intime, Marie exprime sa croyance que Dieu la punit pour {{citation|l'irrégularité}} de la Glorieuse Révolution en l'éloignant ainsi de sa sœur{{sfn|Waller|2006|p=279}}. Le comte de Marlborough est arrêté et incarcéré, mais il s'avère que son accusateur est un imposteur et il est remis en liberté{{sfn|Van der Kiste|2003|p=161-162}}. |
En {{date|janvier 1692}}, l'influent [[Duc de Marlborough|comte de Marlborough]] [[John Churchill (1er duc de Marlborough)|John Churchill]] est renvoyé de la cour pour la même raison. Ce renvoi nuit à la popularité de la reine, ainsi qu'à ses relations avec sa sœur qui est très proche de [[Sarah Churchill]], la femme du comte{{sfn|Van der Kiste|2003|p=159-160}}. Anne affiche son soutien aux Churchill en apparaissant aux côtés de Sarah à la cour, pour la plus grande colère de Marie qui exige que sa sœur la renvoie{{sfn|Van der Kiste|2003|p=160}}. Au mois d'avril, Marie est frappée d'une forte fièvre et n'assiste pas à la messe dominicale pour la première fois en {{nobr|12 ans}}{{sfn|Van der Kiste|2003|p=155}}. En temps normal, la reine, très croyante, assiste aux prières au moins deux fois par jour{{sfn|Waller|2006|p=277-282}}. Elle s'abstient également de rendre visite à sa sœur qui connaît alors un accouchement difficile. Une fois rétablie, elle se rend auprès d'Anne, dont l'enfant est mort peu après la délivrance, mais c'est pour lui reprocher son amitié avec Sarah Churchill{{sfn|Van der Kiste|2003|p=161}}. C'est la dernière fois que les sœurs se voient{{sfn|Van der Kiste|2003|p=162}}. Dans son [[journal intime]], Marie exprime sa croyance que Dieu la punit pour {{citation|l'irrégularité}} de la [[Glorieuse Révolution]] en l'éloignant ainsi de sa sœur{{sfn|Waller|2006|p=279}}. Le comte de Marlborough est arrêté et incarcéré, mais il s'avère que son accusateur est un imposteur et il est remis en liberté{{sfn|Van der Kiste|2003|p=161-162}}. |
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Les proclamations de Marie sont souvent consacrées à la lutte contre la débauche, l'intempérance et le vice{{sfn|Van der Kiste|2003|p=164}}{{,}}{{sfn|Waller|2006|p=281, 286}}. Le contraste avec la [[Restauration anglaise|Restauration]], considérée ''a posteriori'' comme une période d'hédonisme, est significatif{{sfn|Speck|2012}}. La reine considère le succès de la Glorieuse Révolution comme une preuve de la [[Providence (religion)|providence divine]] et s'efforce donc, par ses proclamations et son exemple personnel, de maintenir cette providence de son côté{{sfn|Speck|2012}}. Elle s'intéresse de près à la lutte contre le pluralisme et aux questions d'avancement ecclésiastique{{sfn|Van der Kiste|2003|p=163-164}}. À la mort de l'archevêque de Cantorbéry [[John Tillotson]], en décembre 1694, elle met en avant la candidature de l'[[évêque de Worcester]] [[Edward Stillingfleet]], mais il est supplanté par l'[[évêque de Lincoln]] [[Thomas Tenison]], soutenu par Guillaume{{sfn|Van der Kiste|2003|p=176}}. |
Les proclamations de Marie sont souvent consacrées à la lutte contre la [[débauche]], l'intempérance et le vice{{sfn|Van der Kiste|2003|p=164}}{{,}}{{sfn|Waller|2006|p=281, 286}}. Le contraste avec la [[Restauration anglaise|Restauration]], considérée ''a posteriori'' comme une période d'[[hédonisme]], est significatif{{sfn|Speck|2012}}. La reine considère le succès de la Glorieuse Révolution comme une preuve de la [[Providence (religion)|providence divine]] et s'efforce donc, par ses proclamations et son exemple personnel, de maintenir cette providence de son côté{{sfn|Speck|2012}}. Elle s'intéresse de près à la lutte contre le pluralisme et aux questions d'avancement ecclésiastique{{sfn|Van der Kiste|2003|p=163-164}}. À la mort de l'[[archevêque de Cantorbéry]] [[John Tillotson]], en {{date|décembre 1694}}, elle met en avant la candidature de l'[[évêque de Worcester]] [[Edward Stillingfleet]], mais il est supplanté par l'[[évêque de Lincoln]] [[Thomas Tenison]], soutenu par Guillaume{{sfn|Van der Kiste|2003|p=176}}. |
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=== Fin de vie et mort (1694) === |
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Marie jouit d'une bonne santé et fait régulièrement le trajet entre ses palais de |
Marie jouit d'une bonne santé et fait régulièrement le trajet entre ses [[palais de Whitehall]] et [[Palais de Kensington|Kensington]] à pied{{sfn|Waller|2006|p=285}}. Elle tombe malade à la fin du mois de {{date|novembre 1694}} et croit d'abord avoir attrapé la [[rougeole]], mais il s'agit en réalité de la [[variole]]{{sfn|Speck|2012}}. Elle renvoie tous ceux qui n'ont jamais eu cette maladie afin de ne pas les contaminer{{sfn|Van der Kiste|2003|p=177}}. Anne, qui est à nouveau enceinte, écrit à sa sœur pour lui dire qu'elle est prête à braver tous les dangers pour la revoir, mais elle en est empêchée par la comtesse de Derby, qui exerce la charge de ''{{langue|en|[[Porte-coton|Groom of the Stool]]}}'' de la reine{{sfn|Van der Kiste|2003|p=179}}. La reine {{souverain-|Marie II}} meurt au [[palais de Kensington]] peu après minuit le {{date|28 décembre}} 1694, à l'âge de {{nobr|32 ans}}{{sfn|Van der Kiste|2003|p=179-180}}. |
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Le roi, qui en est venu à se reposer de plus en plus sur elle, est inconsolable. Gilbert Burnet rapporte qu'il se décrit comme « la créature la plus misérable de la terre »{{sfn|Van der Kiste|2003|p=177}}. La mort de Marie est largement pleurée par ses sujets, même si aux yeux des jacobites, elle représente une punition divine pour avoir bafoué le [[Décalogue|cinquième commandement]], « honore ton père »{{sfn|Waller|2006|p=288}}. Le corps embaumé de la reine est placé dans une [[chapelle ardente]] à la [[Maison des banquets]], à Whitehall. Elle est inhumée en l'abbaye de Westminster le 5 mars. Ces funérailles sont les premières funérailles royales auxquelles assistent tous les membres des deux chambres du Parlement anglais{{sfn|Van der Kiste|2003|p=186}}{{,}}{{sfn|Waller|2006|p=289}}. Le compositeur [[Henry Purcell]] écrit pour la cérémonie sa ''{{langue|en|[[Music for the Funeral of Queen Mary]]}}''{{sfn|Van der Kiste|2003|p=187}}. |
Le roi, qui en est venu à se reposer de plus en plus sur elle, est inconsolable. [[Gilbert Burnet]] rapporte qu'il se décrit comme « la créature la plus misérable de la terre »{{sfn|Van der Kiste|2003|p=177}}. La mort de Marie est largement pleurée par ses sujets, même si aux yeux des jacobites, elle représente une punition divine pour avoir bafoué le [[Décalogue|cinquième commandement]], « honore ton père »{{sfn|Waller|2006|p=288}}. Le corps embaumé de la reine est placé dans une [[chapelle ardente]] à la [[Maison des banquets]], à Whitehall. Elle est inhumée en l'[[abbaye de Westminster]] le {{date|5 mars}}. Ces funérailles sont les premières funérailles royales auxquelles assistent tous les membres des deux chambres du [[Parlement d'Angleterre|Parlement anglais]]{{sfn|Van der Kiste|2003|p=186}}{{,}}{{sfn|Waller|2006|p=289}}. Le [[compositeur]] [[Henry Purcell]] écrit pour la cérémonie sa ''{{langue|en|[[Music for the Funeral of Queen Mary]]}}''{{sfn|Van der Kiste|2003|p=187}}. |
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== Postérité == |
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[[Fichier:Hampton Court Avri 2009 46.jpg|vignette|redresse|alt=Bas-relief d'un M et d'un W entrelacés sous une couronne et au-dessus d'un ruban portant la devise « maintiendrai »|Le [[monogramme]] de Guillaume et Marie au [[Château de Hampton Court|palais de Hampton Court]].]] |
[[Fichier:Hampton Court Avri 2009 46.jpg|vignette|redresse|alt=Bas-relief d'un M et d'un W entrelacés sous une couronne et au-dessus d'un ruban portant la devise « maintiendrai »|Le [[monogramme]] de Guillaume et Marie au [[Château de Hampton Court|palais de Hampton Court]].]] |
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Les jacobites dépeignent Marie comme une mauvaise fille, qui a causé la perte de son père pour son bénéfice et celui de Guillaume{{sfn|Waller|2006|p=277-279}}. Au début de leur règne, elle est plus généralement représentée comme une femme faible et totalement soumise à son mari, mais son emprise solide sur les rênes du pouvoir lors des absences de Guillaume fait évoluer le regard qui est posé sur elle, et elle donne par la suite l'image d'une souveraine compétente et sûre d'elle. C'est avant tout grâce à elle que la majorité des tories acceptent la déposition de {{souverain-|Jacques II}}{{sfn|Speck|2012}}. Dans ''{{langue|en|A Present for the Ladies}}'' (1692), le poète [[Nahum Tate]] la compare à {{souverain2|Élisabeth Ire (reine d'Angleterre)}}{{sfn|Waller|2006|p=283-284}}. Un autre poète, [[William Walsh (poète)|William Walsh]], dresse un parallèle entre la reine et le héros romain [[Lucius Quinctius Cincinnatus|Cincinnatus]] dans ''{{langue|en|A Dialogue Concerning Women}}'' (1691). Comme Cincinnatus, Marie répond à l'appel de la nation en temps de crise avant d'abandonner volontairement le pouvoir{{sfn|Waller|2006|p=284}}. |
Les [[Jacobitisme|jacobites]] dépeignent Marie comme une mauvaise fille, qui a causé la perte de son père pour son bénéfice et celui de Guillaume{{sfn|Waller|2006|p=277-279}}. Au début de leur règne, elle est plus généralement représentée comme une femme faible et totalement soumise à son mari, mais son emprise solide sur les rênes du pouvoir lors des absences de Guillaume fait évoluer le regard qui est posé sur elle, et elle donne par la suite l'image d'une souveraine compétente et sûre d'elle. C'est avant tout grâce à elle que la majorité des tories acceptent la déposition de {{souverain-|Jacques II}}{{sfn|Speck|2012}}. Dans ''{{langue|en|A Present for the Ladies}}'' (1692), le poète [[Nahum Tate]] la compare à {{souverain2|Élisabeth Ire (reine d'Angleterre)}}{{sfn|Waller|2006|p=283-284}}. Un autre poète, [[William Walsh (poète)|William Walsh]], dresse un parallèle entre la reine et le héros romain [[Lucius Quinctius Cincinnatus|Cincinnatus]] dans ''{{langue|en|A Dialogue Concerning Women}}'' (1691). Comme Cincinnatus, Marie répond à l'appel de la nation en temps de crise avant d'abandonner volontairement le pouvoir{{sfn|Waller|2006|p=284}}. |
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Une semaine avant sa mort, Marie procède à un tri dans ses papiers personnels et en brûle une partie. Son journal intime subsiste, tout comme ses lettres à Guillaume et à Frances Apsley{{sfn|Waller|2006|p=287}}. Ces documents donnent l'image d'une femme intelligente et pieuse{{sfn|Speck|2012}}. Aux yeux de la postérité, elle apparaît comme une épouse loyale et soumise qui accepte le pouvoir avec réticence, l'exerce avec compétence quand elle le doit et le laisse à son mari de son plein gré{{sfn|Waller|2006|p=290}}. |
Une semaine avant sa mort, Marie procède à un tri dans ses papiers personnels et en brûle une partie. Son [[journal intime]] subsiste, tout comme ses lettres à Guillaume et à Frances Apsley{{sfn|Waller|2006|p=287}}. Ces documents donnent l'image d'une femme intelligente et pieuse{{sfn|Speck|2012}}. Aux yeux de la postérité, elle apparaît comme une épouse loyale et soumise qui accepte le pouvoir avec réticence, l'exerce avec compétence quand elle le doit et le laisse à son mari de son plein gré{{sfn|Waller|2006|p=290}}. |
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Marie est à l'origine de la fondation du {{langue|en|[[collège de William et Mary|College of William and Mary]]}}, une université située dans l'actuelle ville de [[Williamsburg (Virginie)|Williamsburg]] en [[Virginie (États-Unis)|Virginie]] aux États-Unis, par [[lettres patentes]] en 1693. Elle apporte son soutien à {{Lien|Thomas Bray}}, le fondateur de la {{langue|en|[[Society for Promoting Christian Knowledge]]}}, et joue un rôle majeur dans la fondation du {{langue|en|[[Old Royal Naval College|Royal Hospital for Seamen]]}} de [[Greenwich (Londres)|Greenwich]] après la victoire anglo-hollandaise lors de la [[bataille de la Hougue]] en 1692{{sfn|Waller|2006|p=283}}. Elle s'intéresse de près à la conception des jardins des palais de [[palais Het Loo|Het Loo]] et de [[Château de Hampton Court|Hampton Court]] et contribue à la popularisation de la {{Lien|fr=porcelaine bleue et blanche|lang=en|trad=Blue and white porcelain}} et des [[poisson rouge|poissons rouges]] comme animaux de compagnie{{sfn|Waller|2006|p=260, 285-286}}. |
Marie est à l'origine de la fondation du {{langue|en|[[collège de William et Mary|College of William and Mary]]}}, une [[université]] située dans l'actuelle ville de [[Williamsburg (Virginie)|Williamsburg]] en [[Virginie (États-Unis)|Virginie]] aux [[États-Unis]], par [[lettres patentes]] en 1693. Elle apporte son soutien à {{Lien|Thomas Bray}}, le fondateur de la {{langue|en|[[Society for Promoting Christian Knowledge]]}}, et joue un rôle majeur dans la fondation du {{langue|en|[[Old Royal Naval College|Royal Hospital for Seamen]]}} de [[Greenwich (Londres)|Greenwich]] après la victoire anglo-hollandaise lors de la [[bataille de la Hougue]] en 1692{{sfn|Waller|2006|p=283}}. Elle s'intéresse de près à la conception des jardins des palais de [[palais Het Loo|Het Loo]] et de [[Château de Hampton Court|Hampton Court]] et contribue à la popularisation de la {{Lien|fr=porcelaine bleue et blanche|lang=en|trad=Blue and white porcelain}} et des [[poisson rouge|poissons rouges]] comme [[Animal de compagnie|animaux de compagnie]]{{sfn|Waller|2006|p=260, 285-286}}. |
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== Titres et héraldique == |
== Titres et héraldique == |
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De sa naissance à son mariage, Marie porte le [[Prédicat honorifique|prédicat]] « |
De sa naissance à son mariage, Marie porte le [[Prédicat honorifique|prédicat]] « [[Altesse (prédicat)|Son Altesse]] » (''{{lang|en|Her Highness}}''). Après son mariage, elle est appelée « Son Altesse la princesse d'Orange » (''{{lang|en|Her Highness The Princess of Orange}}''). Après son avènement, elle est simplement appelée « Sa Majesté la reine » (''{{lang|en|Her Majesty The Queen}}''). |
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À leur avènement, le 13 février 1689, le titre officiel des deux souverains est « Guillaume et Marie, {{Lien|langue=en|trad=By the Grace of God|fr=par la Grâce de Dieu}}, roi et reine d'Angleterre, de France et d'Irlande, |
À leur avènement, le {{date|13 février 1689}}, le titre officiel des deux souverains est « Guillaume et Marie, {{Lien|langue=en|trad=By the Grace of God|fr=par la Grâce de Dieu}}, roi et reine d'Angleterre, de France et d'Irlande, [[Défenseur de la Foi|Défenseurs de la Foi]], etc. » (''{{lang|en|William and Mary, by the Grace of God, King and Queen of England, France and Ireland, Defenders of the Faith, etc.}}''). L'Écosse (''{{langue|en|Scotland}}'') est insérée après l'Angleterre dans l'énumération de leurs royaumes après la reconnaissance du couple royal par le [[Parlement écossais]], le {{date|11 avril 1689}}. |
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La reine utilise ses armes patrimoniales [[Partition héraldique|parties]] à senestre de celle de son mari. Guillaume d'Orange adopte de son côté les armes royales d'Angleterre et d'Ecosse — écartelées, 1 et 4, trois [[fleur de lys|fleurs de lys]] or sur fond [[Azur (héraldique)|azur]] (qui est France) et trois lions en [[Pal (héraldique)|pal]] or ([[Armoiries de l'Angleterre|qui est Angleterre]]), au 2, d'or, au lion de [[gueules]], au double [[Liste de pièces héraldiques#Orle|trescheur]] fleuronné et contre-fleuronné du même (qui est [[Armoiries de l'Écosse|Écosse]]), au 3, d'azur, à la harpe d'or, cordée d'argent (qui est [[Armoiries de l'Irlande|Irlande]]) — qu'il charge sur-le-tout d'un écusson d'azur billetté d'or, au lion du second brochant, armé et lampassé de gueules (qui est [[Maison de Nassau|Nassau]]). |
La reine utilise ses armes patrimoniales [[Partition héraldique|parties]] à senestre de celle de son mari. Guillaume d'Orange adopte de son côté les armes royales d'Angleterre et d'Ecosse — écartelées, 1 et 4, trois [[fleur de lys|fleurs de lys]] or sur fond [[Azur (héraldique)|azur]] (qui est France) et trois lions en [[Pal (héraldique)|pal]] or ([[Armoiries de l'Angleterre|qui est Angleterre]]), au 2, d'or, au lion de [[gueules]], au double [[Liste de pièces héraldiques#Orle|trescheur]] fleuronné et contre-fleuronné du même (qui est [[Armoiries de l'Écosse|Écosse]]), au 3, d'azur, à la harpe d'or, cordée d'argent (qui est [[Armoiries de l'Irlande|Irlande]]) — qu'il charge sur-le-tout d'un écusson d'azur billetté d'or, au lion du second brochant, armé et lampassé de gueules (qui est [[Maison de Nassau|Nassau]]). |
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Coat of arms of William and Mary as Prince and Princess of Orange.svg|Armoiries de Guillaume et Marie en tant que prince et princesse d'Orange. |
Coat of arms of William and Mary as Prince and Princess of Orange.svg|Armoiries de Guillaume et Marie en tant que prince et princesse d'Orange. |
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Coat of Arms of England (1689-1694).svg|Armoiries de Guillaume et Marie en tant que roi et reine d'Angleterre. |
Coat of Arms of England (1689-1694).svg|Armoiries de Guillaume et Marie en tant que roi et reine d'Angleterre. |
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Coat of Arms of Scotland (1689-1694).svg|Armoiries de Guillaume et Marie en tant que roi et reine d'Écosse. |
Coat of Arms of Scotland (1689-1694).svg|Armoiries de Guillaume et Marie en tant que roi et reine d'Écosse. |
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== Ascendance == |
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|1= 1. '''{{souverain-|Marie II}}''', reine d'Angleterre et d'Écosse<br>(1662-1694) |
|1= 1. '''{{souverain-|Marie II}}''', reine d'Angleterre et d'Écosse<br>(1662-1694) |
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|2= 2. [[Jacques II (roi d'Angleterre)|Jacques II |
|2= 2. [[Jacques II (roi d'Angleterre)|{{souverain-|Jacques II}} et {{VII}}]], roi d'Angleterre et d'Écosse<br>(1633-1701)<ref>{{ODNB | prénom1 = W. A. | nom1 = Speck | titre chapitre = {{souverain-|James II}} and {{VII}} (1633–1701) | année = 2009 | id = 14593}}.</ref> |
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|3= 3. [[Anne Hyde]]<br>(1637-1671)<ref>{{ODNB | prénom1 = John | nom1 = Miller | titre chapitre = Anne [née Anne Hyde], duchess of York (1637–1671) | année = 2008 | id = 14325}}.</ref> |
|3= 3. [[Anne Hyde]]<br>(1637-1671)<ref>{{ODNB | prénom1 = John | nom1 = Miller | titre chapitre = Anne [née Anne Hyde], duchess of York (1637–1671) | année = 2008 | id = 14325}}.</ref> |
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|4= 4. {{souverain2|Charles Ier (roi d'Angleterre)}}, roi d'Angleterre et d'Écosse<br>(1600-1649)<ref>{{ODNB | prénom1 = Mark A. | nom1 = Kishlansky | prénom2 = John | nom2 = Morrill | titre chapitre = Charles I (1600–1649) | année = 2008 | id = 5143}}.</ref> |
|4= 4. {{souverain2|Charles Ier (roi d'Angleterre)}}, roi d'Angleterre et d'Écosse<br>(1600-1649)<ref>{{ODNB | prénom1 = Mark A. | nom1 = Kishlansky | prénom2 = John | nom2 = Morrill | titre chapitre = {{souverain-|Charles I}} (1600–1649) | année = 2008 | id = 5143}}.</ref> |
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|5= 5. [[Henriette-Marie de France]]<br>(1609-1669)<ref name="Henriette">{{ODNB | prénom1 = Caroline M. | nom1 = Hibbard | titre chapitre = Henrietta Maria [Princess Henrietta Maria of France] (1609–1669) | année = 2008 | id = 12947}}.</ref> |
|5= 5. [[Henriette-Marie de France]]<br>(1609-1669)<ref name="Henriette">{{ODNB | prénom1 = Caroline M. | nom1 = Hibbard | titre chapitre = Henrietta Maria [Princess Henrietta Maria of France] (1609–1669) | année = 2008 | id = 12947}}.</ref> |
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|6= 6. [[Edward Hyde (1er comte de Clarendon)|Edward Hyde]], comte de Clarendon<br>(1609-1674)<ref name="Hyde">{{ODNB | prénom1 = Paul | nom1 = Seaward | titre chapitre = Hyde, Edward, first earl of Clarendon (1609–1674) | année = 2008 | id = 14328}}.</ref> |
|6= 6. [[Edward Hyde (1er comte de Clarendon)|Edward Hyde]], comte de Clarendon<br>(1609-1674)<ref name="Hyde">{{ODNB | prénom1 = Paul | nom1 = Seaward | titre chapitre = Hyde, Edward, first earl of Clarendon (1609–1674) | année = 2008 | id = 14328}}.</ref> |
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|7= 7. {{Lien|langue=en|trad=Frances Hyde, Countess of Clarendon|fr=Frances Hyde|texte=Frances Aylesbury}}<br>(1617-1667)<ref name="Aylesbury">{{ODNB | prénom1 = Colin | nom1 = Alsbury | titre chapitre = Aylesbury, Sir Thomas, baronet (1579/80–1658) | année = 2008 | id = 929}}.</ref> |
|7= 7. {{Lien|langue=en|trad=Frances Hyde, Countess of Clarendon|fr=Frances Hyde|texte=Frances Aylesbury}}<br>(1617-1667)<ref name="Aylesbury">{{ODNB | prénom1 = Colin | nom1 = Alsbury | titre chapitre = Aylesbury, Sir Thomas, baronet (1579/80–1658) | année = 2008 | id = 929}}.</ref> |
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|8= 8. [[Jacques VI et Ier|Jacques VI et {{Ier}}]], roi d'Angleterre et d'Écosse<br>(1566-1625)<ref>{{ODNB | prénom1 = Jenny | nom1 = Wormald | titre chapitre = James VI and I (1566–1625) | année = 2014 | id = 14592}}.</ref> |
|8= 8. [[Jacques VI et Ier|{{souverain-|Jacques VI}} et {{Ier}}]], roi d'Angleterre et d'Écosse<br>(1566-1625)<ref>{{ODNB | prénom1 = Jenny | nom1 = Wormald | titre chapitre = {{souverain-|James VI}} and {{I}} (1566–1625) | année = 2014 | id = 14592}}.</ref> |
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|9= 9. [[Anne de Danemark]]<br>(1574-1619)<ref>{{ODNB | prénom1 = Maureen M. | nom1 = Meikle | titre chapitre = Anne [Anna, Anne of Denmark] (1574–1619) | année = 2008 | id = 559}}.</ref> |
|9= 9. [[Anne de Danemark]]<br>(1574-1619)<ref>{{ODNB | prénom1 = Maureen M. | nom1 = Meikle | titre chapitre = Anne [Anna, Anne of Denmark] (1574–1619) | année = 2008 | id = 559}}.</ref> |
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|12= 12. {{Lien|langue=en|trad=Henry Hyde (died 1634)|fr=Henry Hyde (mort en 1634)|texte=Henry Hyde}}<br>(vers 1563-1634)<ref name="Hyde" /> |
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|13= 13. Mary Langford<br>(1578-1661)<ref name="Hyde" /> |
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|14= 14. {{Lien|langue=en|trad=Sir Thomas Aylesbury, 1st Baronet|fr=Thomas Aylesbury}}, baronnet<br>(1579/1580-1658)<ref name="Aylesbury" /> |
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|16= 16. [[Henry Stuart (Lord Darnley)|Henry Stuart]], Lord Darnley<br>(1546-1567) |
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|17= 17. [[Marie Stuart|Marie I{{re}}]], reine d'Écosse<br>(1542-1587) |
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|18= 18. [[Frédéric II (roi de Danemark)|Frédéric II]], roi de Danemark<br>(1534-1588) |
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|19= 19. [[Sophie de Mecklembourg-Güstrow]]<br>(1557-1631) |
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|20= 20. [[Antoine de Bourbon|Antoine]], roi de Navarre<br>(1518-1562) |
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|21= 21. [[Jeanne d'Albret|Jeanne III]], reine de Navarre<br>(1528-1572) |
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|22= 22. [[François Ier de Médicis|François I{{er}}]], grand-duc de Toscane<br>(1541-1587) |
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|23= 23. [[Jeanne d'Autriche]]<br>(1547-1578) |
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|24= 24. {{Lien|langue=en|trad=Lawrence Hyde (died 1590)|fr=Lawrence Hyde (mort en 1590)|texte=Lawrence Hyde}}<br>(?-1590) |
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|25= 25. Anne Sibell |
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|26= 26. Edward Langford |
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|27= 27. Mary St. Barbe |
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|28= 28. William Aylesbury |
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|29= 29. Anne Poole |
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|30= 30. Francis Denman |
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|31= 31. Anne Blount |
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== Annexes == |
== Annexes == |
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{{Autres projets | commons = Category:Mary II of England | commons titre = Marie II}} |
{{Autres projets | commons = Category:Mary II of England | commons titre = {{souverain-|Marie II}}}} |
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=== Bibliographie === |
=== Bibliographie === |
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* {{ODNB | prénom1 = Tony | nom1 = Claydon | titre chapitre = William III and II (1650–1702) | année = 2008 | id = 29450}}. |
* {{ODNB | prénom1 = Tony | nom1 = Claydon | titre chapitre = {{souverain-|William III}} and {{II}} (1650–1702) | année = 2008 | id = 29450}}. |
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* {{Ouvrage | langue |
* {{Ouvrage | langue=en | prénom1=Rosalind K. | nom1=Marshall | titre=Scottish Queens, 1034-1714 | lieu=East Linton | éditeur=Tuckwell | année=2003 | pages totales=226 | isbn=1-86232-271-6}}. |
||
* {{ODNB | prénom1 = W. A. | nom1 = Speck | titre chapitre = Mary II (1662–1694) | année = 2012 | id = 18246}}. |
* {{ODNB | prénom1 = W. A. | nom1 = Speck | titre chapitre = {{souverain-|Mary II}} (1662–1694) | année = 2012 | id = 18246}}. |
||
* {{Ouvrage | langue |
* {{Ouvrage | langue=en | prénom1=John | nom1=Van der Kiste | lien auteur1=John Van der Kiste | titre=William and Mary | éditeur=Sutton Publishing | année=2003 | pages totales=276 | isbn=978-0-7509-3048-2}}. |
||
* {{Ouvrage | langue |
* {{Ouvrage | langue=en | prénom1=Maureen | nom1=Waller | titre=Sovereign Ladies | sous-titre=The Six Reigning Queens of England | lieu=Londres | éditeur=[[John Murray (maison d'édition)|John Murray]] | année=2006 | pages totales=554 | isbn=0-7195-6628-2}}. |
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=== Article connexe === |
=== Article connexe === |
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{{Palette|Monarques anglais|Monarques écossais}} |
{{Palette|Monarques anglais|Monarques écossais}} |
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{{Portail|XVIIe siècle|Angleterre|Écosse|Empire britannique|monarchie}} |
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{{Bon article|vote=BA|oldid=165092017|date=3 décembre 2019}} |
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[[Catégorie:Monarque d'Angleterre]] |
[[Catégorie:Monarque d'Angleterre du XVIIe siècle]] |
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[[Catégorie:Monarque d'Écosse]] |
[[Catégorie:Monarque d'Écosse du XVIIe siècle]] |
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[[Catégorie:Couronné à l'abbaye de Westminster]] |
[[Catégorie:Couronné à l'abbaye de Westminster]] |
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[[Catégorie:Maison Stuart]] |
[[Catégorie:Maison Stuart]] |
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[[Catégorie:Enfant de Jacques II (roi d'Angleterre)|Marie]] |
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[[Catégorie:Naissance en avril 1662]] |
[[Catégorie:Naissance en avril 1662]] |
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[[Catégorie:Naissance à Westminster]] |
[[Catégorie:Naissance à Westminster]] |
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[[Catégorie:Décès à 32 ans]] |
[[Catégorie:Décès à 32 ans]] |
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[[Catégorie:Personnalité inhumée à l'abbaye de Westminster]] |
[[Catégorie:Personnalité inhumée à l'abbaye de Westminster]] |
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[[Catégorie:Princesse écossaise du XVIIe siècle]] |
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[[Catégorie:Reine d'Angleterre]] |
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[[Catégorie:Roi du royaume d'Irlande]] |
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[[Catégorie:Monarque irlandais du XVIIe siècle]] |
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[[Catégorie:Princesse d'Orange]] |
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[[Catégorie:Princesse anglaise du XVIIe siècle]] |
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[[Catégorie:Femme monarque du XVIIe siècle]] |
Dernière version du 8 novembre 2024 à 16:53
Marie II | |
Portrait de la reine Marie II par Godfrey Kneller (1690). | |
Titre | |
---|---|
Reine d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande | |
[N 1] – (5 ans, 10 mois et 15 jours) |
|
Avec | Guillaume III et II |
Couronnement | en l'abbaye de Westminster |
Prédécesseur | Jacques II et VII |
Successeur | Guillaume III et II (seul) |
Biographie | |
Dynastie | Maison Stuart |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Palais St James (Londres) |
Date de décès | (à 32 ans) |
Lieu de décès | Palais de Kensington (Londres) |
Sépulture | Abbaye de Westminster |
Père | Jacques II |
Mère | Anne Hyde |
Fratrie | Anne |
Conjoint | Guillaume III |
Religion | Anglicanisme |
|
|
Liste des monarques d'Angleterre Liste des monarques d'Écosse |
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Marie II, née le et morte le [N 2], est reine d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande de 1689 à sa mort aux côtés de son mari Guillaume III.
Marie est la fille aînée du duc d'York Jacques, le frère cadet du roi Charles II. Bien que son père se soit converti au catholicisme après sa naissance, elle est éduquée dans la foi anglicane suivant les instructions de son oncle. Elle se marie en 1677 avec son cousin germain, le prince Guillaume d'Orange-Nassau, et part vivre avec lui dans les Provinces-Unies. Ce mariage purement diplomatique la rend d'abord malheureuse, mais elle finit par développer une réelle affection pour son mari.
À la mort de Charles, en 1685, Jacques devient roi, mais il est déposé trois ans plus tard par le Parlement d'Angleterre dans le cadre de la Glorieuse Révolution, qui donne lieu à l'adoption de la Déclaration des droits et porte au pouvoir Marie et Guillaume. Ils règnent conjointement, mais Marie n'exerce réellement le pouvoir que lorsque son mari part faire campagne à l'étranger. Durant ses absences, elle fait preuve d'autorité et de compétence, ce qui incite Guillaume à se reposer beaucoup sur elle. Elle meurt à 32 ans de la variole sans avoir eu d'enfants et Guillaume règne par la suite seul jusqu'à son décès, en 1702. La sœur cadette de Marie, Anne, accède alors au pouvoir.
Biographie
[modifier | modifier le code]Enfance (1662-1677)
[modifier | modifier le code]Marie naît le au palais St James de Londres. Elle est la fille aînée du duc d'York (1633-1701), le futur Jacques II, et de sa première femme Anne Hyde (1637-1671). Son père est le frère cadet de Charles II, qui règne sur l'Angleterre, l'Écosse et l'Irlande depuis 1660, tandis que sa mère est la fille du comte de Clarendon Edward Hyde, qui occupe la charge de chancelier depuis 1658. Elle est baptisée dans la foi anglicane dans la chapelle royale du palais St James. Son parrain est le prince Rupert du Rhin, cousin de son père, tandis que les duchesses de Buckingham et d'Ormond lui servent de marraines[1]. Des huit enfants du duc d'York et Anne Hyde, seules Marie et sa sœur cadette Anne, née en 1665, atteignent l'âge adulte. Comme le roi Charles II n'a pas d'enfants légitimes, Marie occupe la deuxième place dans l'ordre de succession au trône durant la majeure partie de son enfance, juste après son père[2].
Bien que leurs parents se soient convertis au catholicisme, Marie et Anne reçoivent une éducation religieuse protestante, en accord avec la volonté du roi[3]. Cette éducation est assurée par trois grands prélats : l'évêque de Winchester George Morley, l'évêque de Londres Henry Compton et l'archidiacre d'Exeter (en) Edward Lake (en)[1]. Les deux sœurs grandissent dans leur propre résidence, le palais de Richmond, sous la tutelle de leur gouvernante Frances Villiers, femme du colonel Edward Villiers. Elles ne sortent de chez elles que pour de rares visites à leurs parents au palais St James ou à leur grand-père Clarendon à Twickenham[4]. Marie réside brièvement à York entre 1665 et 1667 pour échapper à la grande peste de Londres[1]. Les précepteurs de Marie lui enseignent la musique (elle joue du luth et du clavecin), la danse, le dessin, le français et la religion, et guère davantage[5]. De l'âge de neuf ans environ et jusqu'à son mariage, elle entretient une correspondance passionnée avec une jeune fille plus âgée qu'elle, Frances Apsley (en) (1653 – 1727), la fille du courtisan Allen Apsley (en). Ces échanges enflammés finissent par embarrasser Apsley, dont les réponses prennent un ton plus formel[6]. La mère de Marie meurt en 1671 et son père se remarie deux ans plus tard avec la princesse catholique Marie de Modène, qui n'a que quatre ans de plus que sa fille aînée[7].
Marie a quinze ans lorsqu'elle est fiancée à son cousin germain, Guillaume d'Orange, le stathouder des Provinces-Unies. Ce prince protestant est le fils de Marie-Henriette Stuart, la sœur défunte de Charles II, à qui Marie doit son prénom[1]. Il est ainsi quatrième dans l'ordre de succession, après le duc d'York et ses filles[8]. Jacques est d'abord hostile à cette union, car il verrait plutôt Marie épouser le dauphin Louis pour se rapprocher de la France[1]. Il consent au mariage avec Guillaume sous la pression de l'influent ministre Thomas Osborne et de son frère Charles, qui considèrent à tort qu'il rendra le duc plus populaire auprès des protestants[9]. Edward Lake, devenu chapelain de Marie, rapporte que la princesse « pleur[e] toute l'après-midi et tout le lendemain » lorsque son père lui apprend qu'elle doit épouser Guillaume[10]. La perspective d'épouser un homme de douze ans son aîné, aux dents noires et au nez crochu (Anne le surnomme « Caliban »), qui mesure dix bons centimètres de moins qu'elle (avec ses 180 cm, Marie est une grande femme pour l'époque), n'a rien pour lui plaire[1].
Princesse d'Orange (1677-1688)
[modifier | modifier le code]C'est une Marie en larmes qui épouse Guillaume d'Orange le au palais St James. La cérémonie est présidée par l'évêque Henry Compton[11],[12]. Elle se rend ensuite aux Provinces-Unies avec son mari. Le voyage est retardé de quinze jours à cause du mauvais temps, puis leur navire ne peut aborder à Rotterdam, le port étant pris par les glaces. Ils sont contraints de débarquer au petit village de Ter Heijde et de poursuivre à pied avant que des carrosses ne les rejoignent pour les conduire à Huis Honselaarsdijk (en), la résidence du stathouder[13],[14]. Ils font leur entrée formelle en grande pompe à La Haye le [15].
La personnalité animée et agréable de Marie la rend populaire auprès des Néerlandais, tandis que les Anglais voient d'un bon œil son mariage à un prince protestant[16]. Elle se montre dévouée à son mari, pour lequel elle développe progressivement une véritable affection, mais celui-ci s'absente souvent pour mener ses troupes au combat, ce qui incite les membres de la famille de Marie à le trouver froid et négligeant lors de leurs visites à la princesse[17]. Cette dernière mène une vie solitaire durant les absences de son époux, allant d'un palais à un autre sans jamais s'intégrer à la vie sociale des épouses des régents néerlandais[1]. Elle est enceinte après quelques mois de mariage, mais elle fait une fausse couche en rendant visite à son mari dans la forteresse de Bréda. Il est possible qu'elle en soit restée stérile[18],[19]. Plusieurs périodes de maladie, à la mi-1678, au début de 1679 et de 1680, correspondent peut-être à d'autres fausses couches[20]. Son incapacité à avoir des enfants constitue sa plus grande source de chagrin avec l'infidélité de son mari, qui la trompe avec sa dame de compagnie Elizabeth Villiers (en)[21].
En , le duc de Monmouth James Scott, fils illégitime de Charles II, s'installe aux Pays-Bas où il est reçu avec les honneurs par Guillaume et Marie. Bien qu'il ne soit pas légitime, il est protestant, ce qui le fait considérer par certains comme un rival potentiel du duc d'York pour la succession. Guillaume ne partage pas cette opinion, estimant que Monmouth ne bénéficie pas de suffisamment d'appuis[22].
Charles II meurt sans laisser d'enfants légitimes le et le duc d'York devient roi sous les noms de Jacques II (en Angleterre et en Irlande) et Jacques VII (en Écosse). Marie apprend la mort de son oncle et son nouveau statut d'héritière présomptive de la bouche de son mari alors qu'elle joue aux cartes[23]. L'un des premiers messages que le nouveau roi envoie à Marie est pour demander le renvoi du duc de Monmouth de sa cour[1]. Lorsque le duc rassemble ses forces à Amsterdam avant de faire voile pour l'Angleterre, Guillaume en informe son beau-père et ordonne aux régiments anglais stationnés aux Pays-Bas de rentrer au pays[24]. La rébellion de Monmouth se solde par la défaite et l'exécution du duc au mois de juillet. Le prince d'Orange est d'abord soulagé, mais les décisions prises par la suite par Jacques II dans le domaine religieux consternent Guillaume et Marie[25]. L'arrivée à leur cour du théologien écossais Gilbert Burnet, qui rappelle à Marie qu'elle est l'héritière présomptive du trône, incite la princesse à s'intéresser davantage aux affaires d'Angleterre[1].
Le roi s'efforce en effet d'accorder la liberté de religion à ses sujets non-anglicans en suspendant les décisions du Parlement par décret royal[26]. Pour Marie, son père se place dans l'illégalité en agissant ainsi et son chapelain écrit à l'archevêque de Cantorbéry William Sancroft pour lui faire part de son opinion[27]. Elle désapprouve tout autant le refus de Jacques de venir en aide aux huguenots de la principauté d'Orange lorsque Louis XIV y envoie ses armées. Afin de nuire à Guillaume, Jacques encourage les serviteurs de sa fille à répandre la rumeur de la relation entre le prince et Elizabeth Villiers. Marie surprend son mari quittant la chambre de sa maîtresse tard dans la soirée, mais Guillaume nie et elle semble l'avoir cru ou lui avoir pardonné[28],[29]. Il est cependant possible que la rencontre entre Guillaume et Villiers ait été d'ordre diplomatique plutôt qu'intime[30],[29]. Après cet incident, Marie congédie ses serviteurs et les renvoie en Angleterre[31],[29].
La Glorieuse Révolution (1688-1689)
[modifier | modifier le code]Dès 1686, des protestants anglais mécontents entrent en contact avec Guillaume d'Orange[32]. Le crédit dont bénéficie Jacques auprès de ses sujets protestants diminue encore en , lorsqu'il contraint les prélats anglicans à donner lecture dans leurs églises de la Déclaration d'indulgence, qui accorde la liberté de religion aux catholiques et aux dissenters, les protestants qui n'appartiennent pas à l'Église d'Angleterre[26]. Leur inquiétude atteint son paroxysme lorsque la reine donne naissance à un fils, Jacques François Stuart, susceptible de devenir un roi catholique. Des rumeurs entourant les circonstances de l'accouchement ne tardent pas à circuler, au point que Marie écrit à sa sœur Anne pour lui demander davantage d'informations. Leur correspondance conforte Marie dans ses soupçons : elle est persuadée que l'enfant n'est pas vraiment le fils de son père, mais un imposteur introduit dans la chambre de la reine pour remplacer un bébé mort-né dans le cadre d'un complot visant à assurer la présence d'un catholique sur le trône[33],[34].
Le , sept grands personnages du royaume d'Angleterre, surnommés par la suite « les Sept Immortels », adressent en secret une invitation à Guillaume à venir déposer Jacques II[35]. Guillaume leur avait fait savoir auparavant qu'il n'interviendrait pas sans une telle invitation, bien qu'il ait déjà commencé à rassembler ses forces. Il reste réticent, craignant peut-être que sa femme devienne plus puissante que lui en sa qualité d'héritière de la couronne d'Angleterre. D'après Gilbert Burnet, Marie l'aurait convaincu de son absence d'ambition politique en s'engageant à lui obéir en tous points, en accord avec ses vœux de mariage[36],[37].
Marie reste aux Pays-Bas tandis que son mari débarque en Angleterre à la tête d'une armée le [38]. Il est rallié par les forces armées anglaises et par la marine[39]. Après une première tentative de fuite le , Jacques parvient à quitter le pays le 23 et, après une brève tentative de reprendre pied en Irlande, se réfugie en France où il meurt en 1701[40]. Bouleversée par les circonstances de la déposition de son père, tiraillée entre son inquiétude pour lui et ses obligations vis-à-vis de son mari, Marie reste cependant convaincue que Guillaume a fait ce qu'il devait faire pour « sauver l'Église et l'État[41],[42] ». Lorsqu'elle arrive en Angleterre, le , elle est tiraillée entre la joie de revoir son pays natal et l'inquiétude pour son père[43],[44]. Guillaume lui ordonne d'avoir l'air joyeux lors de leur entrée en triomphe à Londres, ce qui vaut à Marie les foudres de plusieurs observateurs, dont Sarah Churchill, qui la croient indifférente au sort du roi déposé[43],[45].
En , un Parlement (en) est réuni par Guillaume pour débattre de la conduite à suivre[46]. Un parti, mené par lord Danby, considère que Marie doit régner seule en tant qu'héritière légitime, mais Guillaume et ses partisans refusent d'envisager qu'un homme puisse être le sujet de sa femme[47]. Le prince d'Orange ne veut pas être un simple prince consort : il entend être roi à part entière[48],[49]. Marie, quant à elle, ne souhaite pas régner. Son caractère la porte davantage vers une existence tranquille et elle estime que les femmes doivent être soumises à leurs maris[50],[49]. Le , le Parlement vote une Déclaration des droits (Declaration of Right) selon laquelle la première tentative de fuite de Jacques II, le précédent, équivaut à une abdication qui donne lieu à une vacance du trône. Le Parlement n'offre pas la couronne à son fils aîné un bébé de six mois, mais à Marie et Guillaume comme souverains conjoints. Il n'existe qu'un seul précédent dans l'histoire de l'Angleterre pour une telle double monarchie : à l'occasion du mariage entre Marie Ire et Philippe II, en 1554, le second s'est vu reconnaître le titre de roi, mais uniquement pour la durée de la vie de sa femme et avec un pouvoir restreint[51]. Guillaume, en revanche, doit conserver le titre royal même s'il survit à Marie, et c'est lui qui doit exercer le pouvoir en leurs deux noms. Cette déclaration est amendée par la suite pour bannir Jacques et ses descendants de l'ordre de succession (à l'exception d'Anne, la sœur de Marie), ainsi que tous les catholiques[52].
Guillaume et Marie sont sacrés par l'évêque Henry Compton le en l'abbaye de Westminster. C'est traditionnellement à l'archevêque de Cantorbéry qu'il revient de sacrer les rois et reines, mais William Sancroft, bien qu'anglican, refuse de reconnaître la déposition de Jacques II. La cérémonie ne plaît ni à Guillaume, qui la qualifie de « papiste », ni à Marie, qui n'y voit que vanité[53]. Le même jour, le Parlement d'Écosse, beaucoup plus divisé que son équivalent anglais, finit par confirmer que Jacques n'est plus roi d'Écosse, que ce titre ne peut revenir à un catholique et que Guillaume et Marie doivent devenir souverains ensemble, le premier exerçant la totalité du pouvoir[54].
Reine d'Angleterre et d'Irlande (1689-1694)
[modifier | modifier le code]En , le Parlement vote l'un des plus importants textes constitutionnels de l'histoire de l'Angleterre, la Déclaration des droits (Bill of Rights). Elle confirme plusieurs points de la déclaration de février et va plus loin en imposant des limites à la prérogative royale : le souverain ne peut plus suspendre les lois votées par le Parlement, lever des impôts ou une armée sans l'accord de ce même Parlement, limiter le droit de pétition, refuser le port d'armes aux protestants, interférer dans les élections législatives, punir les députés pour des propos tenus en débat parlementaire, exiger des cautions excessives ou infliger des peines cruelles ou inhabituelles. La Déclaration confirme également l'ordre de succession. À la mort de Guillaume ou de Marie, l'autre doit continuer à régner, suivi par leurs éventuels enfants, puis par Anne et ses enfants, et enfin les enfants que Guillaume pourrait avoir d'un mariage ultérieur[55].
À partir de 1690, Guillaume se trouve souvent en campagne à l'étranger du printemps à l'automne. Cette année-là, il affronte les jacobites (les partisans de Jacques II) en Irlande. Une fois les jacobites vaincus, en 1692, il passe le plus clair de son temps à lutter contre les armées françaises aux Pays-Bas. En son absence, Marie est censée gouverner le royaume, une idée qui ne lui sourit guère. Elle souffre de l'absence de son mari, ainsi que de la dégradation de ses relations avec sa sœur, qui se dispute avec le couple royal sur des questions d'argent[56]. Lorsqu'elle est seule et que son mari ne lui a pas laissé d'instructions, Marie gouverne de manière autonome, mais lorsqu'il est en Angleterre, elle s'en remet entièrement à lui et se tient scrupuleusement à l'écart de toute affaire politique, en accord avec la Déclaration des droits et avec son tempérament[50],[57].
Pour l'assister dans sa tâche, le roi nomme un conseil de neuf membres : le marquis de Carmarthen, le comte de Devonshire, le comte de Dorset, le comte de Monmouth, le comte de Pembroke, le comte de Marlborough, le comte de Nottingham, John Lowther et Edward Russel[1]. Leurs opinions politiques divergentes (cinq sont des tories et quatre des whigs) donnent lieu à de fréquentes querelles, et ils ont tous des défauts rédhibitoires aux yeux de la reine : faibles, paresseux, indignes de confiance ou fous[1]. Son manque d'expérience est un point négatif à leurs yeux, mais elle parvient à s'imposer en jouant sur leurs rivalités politiques et fait preuve de fermeté et d'esprit d'initiative dans sa réaction à la défaite du cap Béveziers, au mois de [1]. La même année, elle ordonne l'arrestation de plusieurs jacobites soupçonnés de comploter pour rétablir Jacques II sur le trône, parmi lesquels son oncle le comte de Clarendon Henry Hyde[58].
En , l'influent comte de Marlborough John Churchill est renvoyé de la cour pour la même raison. Ce renvoi nuit à la popularité de la reine, ainsi qu'à ses relations avec sa sœur qui est très proche de Sarah Churchill, la femme du comte[59]. Anne affiche son soutien aux Churchill en apparaissant aux côtés de Sarah à la cour, pour la plus grande colère de Marie qui exige que sa sœur la renvoie[60]. Au mois d'avril, Marie est frappée d'une forte fièvre et n'assiste pas à la messe dominicale pour la première fois en 12 ans[61]. En temps normal, la reine, très croyante, assiste aux prières au moins deux fois par jour[62]. Elle s'abstient également de rendre visite à sa sœur qui connaît alors un accouchement difficile. Une fois rétablie, elle se rend auprès d'Anne, dont l'enfant est mort peu après la délivrance, mais c'est pour lui reprocher son amitié avec Sarah Churchill[63]. C'est la dernière fois que les sœurs se voient[64]. Dans son journal intime, Marie exprime sa croyance que Dieu la punit pour « l'irrégularité » de la Glorieuse Révolution en l'éloignant ainsi de sa sœur[65]. Le comte de Marlborough est arrêté et incarcéré, mais il s'avère que son accusateur est un imposteur et il est remis en liberté[66].
Les proclamations de Marie sont souvent consacrées à la lutte contre la débauche, l'intempérance et le vice[67],[68]. Le contraste avec la Restauration, considérée a posteriori comme une période d'hédonisme, est significatif[1]. La reine considère le succès de la Glorieuse Révolution comme une preuve de la providence divine et s'efforce donc, par ses proclamations et son exemple personnel, de maintenir cette providence de son côté[1]. Elle s'intéresse de près à la lutte contre le pluralisme et aux questions d'avancement ecclésiastique[69]. À la mort de l'archevêque de Cantorbéry John Tillotson, en , elle met en avant la candidature de l'évêque de Worcester Edward Stillingfleet, mais il est supplanté par l'évêque de Lincoln Thomas Tenison, soutenu par Guillaume[70].
Fin de vie et mort (1694)
[modifier | modifier le code]Marie jouit d'une bonne santé et fait régulièrement le trajet entre ses palais de Whitehall et Kensington à pied[71]. Elle tombe malade à la fin du mois de et croit d'abord avoir attrapé la rougeole, mais il s'agit en réalité de la variole[1]. Elle renvoie tous ceux qui n'ont jamais eu cette maladie afin de ne pas les contaminer[72]. Anne, qui est à nouveau enceinte, écrit à sa sœur pour lui dire qu'elle est prête à braver tous les dangers pour la revoir, mais elle en est empêchée par la comtesse de Derby, qui exerce la charge de Groom of the Stool de la reine[73]. La reine Marie II meurt au palais de Kensington peu après minuit le 1694, à l'âge de 32 ans[74].
Le roi, qui en est venu à se reposer de plus en plus sur elle, est inconsolable. Gilbert Burnet rapporte qu'il se décrit comme « la créature la plus misérable de la terre »[72]. La mort de Marie est largement pleurée par ses sujets, même si aux yeux des jacobites, elle représente une punition divine pour avoir bafoué le cinquième commandement, « honore ton père »[75]. Le corps embaumé de la reine est placé dans une chapelle ardente à la Maison des banquets, à Whitehall. Elle est inhumée en l'abbaye de Westminster le . Ces funérailles sont les premières funérailles royales auxquelles assistent tous les membres des deux chambres du Parlement anglais[76],[77]. Le compositeur Henry Purcell écrit pour la cérémonie sa Music for the Funeral of Queen Mary[78].
Postérité
[modifier | modifier le code]Les jacobites dépeignent Marie comme une mauvaise fille, qui a causé la perte de son père pour son bénéfice et celui de Guillaume[79]. Au début de leur règne, elle est plus généralement représentée comme une femme faible et totalement soumise à son mari, mais son emprise solide sur les rênes du pouvoir lors des absences de Guillaume fait évoluer le regard qui est posé sur elle, et elle donne par la suite l'image d'une souveraine compétente et sûre d'elle. C'est avant tout grâce à elle que la majorité des tories acceptent la déposition de Jacques II[1]. Dans A Present for the Ladies (1692), le poète Nahum Tate la compare à Élisabeth Ire[80]. Un autre poète, William Walsh, dresse un parallèle entre la reine et le héros romain Cincinnatus dans A Dialogue Concerning Women (1691). Comme Cincinnatus, Marie répond à l'appel de la nation en temps de crise avant d'abandonner volontairement le pouvoir[81].
Une semaine avant sa mort, Marie procède à un tri dans ses papiers personnels et en brûle une partie. Son journal intime subsiste, tout comme ses lettres à Guillaume et à Frances Apsley[82]. Ces documents donnent l'image d'une femme intelligente et pieuse[1]. Aux yeux de la postérité, elle apparaît comme une épouse loyale et soumise qui accepte le pouvoir avec réticence, l'exerce avec compétence quand elle le doit et le laisse à son mari de son plein gré[83].
Marie est à l'origine de la fondation du College of William and Mary, une université située dans l'actuelle ville de Williamsburg en Virginie aux États-Unis, par lettres patentes en 1693. Elle apporte son soutien à Thomas Bray (en), le fondateur de la Society for Promoting Christian Knowledge, et joue un rôle majeur dans la fondation du Royal Hospital for Seamen de Greenwich après la victoire anglo-hollandaise lors de la bataille de la Hougue en 1692[84]. Elle s'intéresse de près à la conception des jardins des palais de Het Loo et de Hampton Court et contribue à la popularisation de la porcelaine bleue et blanche (en) et des poissons rouges comme animaux de compagnie[85].
Titres et héraldique
[modifier | modifier le code]De sa naissance à son mariage, Marie porte le prédicat « Son Altesse » (Her Highness). Après son mariage, elle est appelée « Son Altesse la princesse d'Orange » (Her Highness The Princess of Orange). Après son avènement, elle est simplement appelée « Sa Majesté la reine » (Her Majesty The Queen).
À leur avènement, le , le titre officiel des deux souverains est « Guillaume et Marie, par la Grâce de Dieu (en), roi et reine d'Angleterre, de France et d'Irlande, Défenseurs de la Foi, etc. » (William and Mary, by the Grace of God, King and Queen of England, France and Ireland, Defenders of the Faith, etc.). L'Écosse (Scotland) est insérée après l'Angleterre dans l'énumération de leurs royaumes après la reconnaissance du couple royal par le Parlement écossais, le .
La reine utilise ses armes patrimoniales parties à senestre de celle de son mari. Guillaume d'Orange adopte de son côté les armes royales d'Angleterre et d'Ecosse — écartelées, 1 et 4, trois fleurs de lys or sur fond azur (qui est France) et trois lions en pal or (qui est Angleterre), au 2, d'or, au lion de gueules, au double trescheur fleuronné et contre-fleuronné du même (qui est Écosse), au 3, d'azur, à la harpe d'or, cordée d'argent (qui est Irlande) — qu'il charge sur-le-tout d'un écusson d'azur billetté d'or, au lion du second brochant, armé et lampassé de gueules (qui est Nassau).
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Armoiries de Guillaume et Marie en tant que prince et princesse d'Orange.
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Armoiries de Guillaume et Marie en tant que roi et reine d'Angleterre.
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Armoiries de Guillaume et Marie en tant que roi et reine d'Écosse.
Ascendance
[modifier | modifier le code]16. Henry Stuart, Lord Darnley (1546-1567) | ||||||||||||||||
8. Jacques VI et Ier, roi d'Angleterre et d'Écosse (1566-1625)[88] | ||||||||||||||||
17. Marie Ire, reine d'Écosse (1542-1587) | ||||||||||||||||
4. Charles Ier, roi d'Angleterre et d'Écosse (1600-1649)[87] | ||||||||||||||||
18. Frédéric II, roi de Danemark (1534-1588) | ||||||||||||||||
9. Anne de Danemark (1574-1619)[89] | ||||||||||||||||
19. Sophie de Mecklembourg-Güstrow (1557-1631) | ||||||||||||||||
2. Jacques II et VII, roi d'Angleterre et d'Écosse (1633-1701)[86] | ||||||||||||||||
20. Antoine, roi de Navarre (1518-1562) | ||||||||||||||||
10. Henri IV, roi de France et de Navarre (1553-1610)[90] | ||||||||||||||||
21. Jeanne III, reine de Navarre (1528-1572) | ||||||||||||||||
5. Henriette-Marie de France (1609-1669)[90] | ||||||||||||||||
22. François Ier, grand-duc de Toscane (1541-1587) | ||||||||||||||||
11. Marie de Médicis (1575-1642)[90] | ||||||||||||||||
23. Jeanne d'Autriche (1547-1578) | ||||||||||||||||
1. Marie II, reine d'Angleterre et d'Écosse (1662-1694) | ||||||||||||||||
24. Lawrence Hyde (en) (?-1590) | ||||||||||||||||
12. Henry Hyde (en) (vers 1563-1634)[92] | ||||||||||||||||
25. Anne Sibell | ||||||||||||||||
6. Edward Hyde, comte de Clarendon (1609-1674)[92] | ||||||||||||||||
26. Edward Langford | ||||||||||||||||
13. Mary Langford (1578-1661)[92] | ||||||||||||||||
27. Mary St. Barbe | ||||||||||||||||
3. Anne Hyde (1637-1671)[91] | ||||||||||||||||
28. William Aylesbury | ||||||||||||||||
14. Thomas Aylesbury (en), baronnet (1579/1580-1658)[93] | ||||||||||||||||
29. Anne Poole | ||||||||||||||||
7. Frances Aylesbury (en) (1617-1667)[93] | ||||||||||||||||
30. Francis Denman | ||||||||||||||||
15. Anne Denman (en) (1587-1661)[93] | ||||||||||||||||
31. Anne Blount | ||||||||||||||||
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Mary II of England » (voir la liste des auteurs).
- Marie II est proclamée reine par le Parlement d'Angleterre le , mais la proclamation du Parlement d'Écosse ne survient que le 11 avril.
- Toutes les dates de cet article sont dans le calendrier julien, qui reste en vigueur en Grande-Bretagne jusqu'en 1752.
Références
[modifier | modifier le code]- Speck 2012.
- Waller 2006, p. 252.
- Van der Kiste 2003, p. 32.
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- Waller 2006, p. 273.
- Van der Kiste 2003, p. 114.
- (en) Ann Weikel, « Mary I (1516–1558) », dans Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, (lire en ligne ).
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- Waller 2006, p. 288.
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- (en) W. A. Speck, « James II and VII (1633–1701) », dans Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, (lire en ligne ).
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Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) Tony Claydon, « William III and II (1650–1702) », dans Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, (lire en ligne ).
- (en) Rosalind K. Marshall, Scottish Queens, 1034-1714, East Linton, Tuckwell, , 226 p. (ISBN 1-86232-271-6).
- (en) W. A. Speck, « Mary II (1662–1694) », dans Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, (lire en ligne ).
- (en) John Van der Kiste, William and Mary, Sutton Publishing, , 276 p. (ISBN 978-0-7509-3048-2).
- (en) Maureen Waller, Sovereign Ladies : The Six Reigning Queens of England, Londres, John Murray, , 554 p. (ISBN 0-7195-6628-2).
Article connexe
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Biografisch Portaal van Nederland
- Britannica
- Brockhaus
- Collective Biographies of Women
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- Naissance à Westminster
- Décès en décembre 1694
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