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« Ordre des francs-jardiniers » : différence entre les versions

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Christophe Dioux (discuter | contributions)
→‎Histoire : "distinctes": les loges maçonniques écossaises du milieu du XVIIe étaient distinctes de la corporation, mais pas encore toutes vraiment indépendantes.
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L' '''ordre des francs-jardiniers''' (''Order of the Free Gardeners''), aujourd'hui presque disparu, est une fraternité fondée en [[Écosse]] au milieu du {{XVIIe siècle}} et qui s'est par la suite étendue en [[Angleterre]] et en [[Irlande]]. Comme de nombreuses autres sociétés amicales (''Friendly societies'') de l'époque, son objet principal fut à la fin du {{XVIIe siècle}} et durant tout le {{XVIIIe siècle}} le partage de connaissances - voire de secrets - liés au métier, ainsi que l'entraide mutuelle. Au {{XIXe siècle}}, ses activités d'assurance mutuelle devinrent prépondérantes. À la fin du {{XXe siècle}}, elle s'est presque entièrement éteinte.
[[Image:GardenersArms01.png|right|thumb|alt=représentation symbolique des armoiries|Armoiries de l'Ordre des francs-jardiniers.]]


L{{'}}'''ordre des francs-jardiniers''' (''{{lang|en|Order of the Free Gardeners}}'') est une [[société amicale]] fondée en [[Écosse]] au milieu du {{s-|XVII}}, et qui s'est par la suite étendue en [[Angleterre]] et en [[Irlande (île)|Irlande]]. Comme de nombreuses autres sociétés amicales (''{{lang|en|friendly societies}}'') de l'époque, son objet principal fut à la fin du {{s-|XVII}} et durant tout le {{s-|XVIII}} le partage de connaissances {{incise|voire de secrets}} liés au métier, ainsi que l'entraide mutuelle. Au {{s-|XIX}}, ses activités d'assurance mutuelle devinrent prépondérantes. À la fin du {{s-|XX}}, elle s'est presque entièrement éteinte. Bien que les francs-jardiniers soient toujours restés indépendants de la [[franc-maçonnerie]], ces deux ordres présentent d'importantes similitudes en ce qui concerne leur organisation et leur développement.
Bien que les francs-jardiniers soient toujours restés indépendants de la [[franc-maçonnerie]], l'histoire et l'organisation des deux ordres présentent de nombreuses similitudes qui éclairent les recherches historiques sur la naissance du second<ref>{{ouvrage|auteurs=Robert L.D. Cooper|titre=Les francs-jardiniers|éditeur=Ivoire Clair|année=2000|passage=2-8}}</ref>.


== Histoire ==
[[Image:GardenersArms01.png|right|thumb|170 px|<center>Armoiries de l'Ordre des franc-jardiniers</center>]]
[[Image:Edzell Castle.jpg|thumb|alt=photo en couleur d'un jardin en Écosse|Le jardin clos du [[château d'Edzell]], en [[Écosse]], remonte à [[1604]].]]


Le plus ancien témoignage de l'ordre est un registre de procès-verbaux de la loge de [[Haddington]] ouvert le {{date|16 août 1676}}, qui commence par un recueil de quinze règles, dénommé {{citation|Injonctions à la fraternité des jardiniers de l'East-Lothian}} ({{citation étrangère|langue=en|Interjunctions for ye Fraternity of Gardiners of [[East Lothian]]}}). Il est possible que cette fraternité de jardiniers ait été un peu plus ancienne, d'une part parce que l'[[Royaume d'Écosse|Écosse]] était à cette époque soumise à des troubles civils et à des famines intermittentes qui auraient pu inciter les jardiniers à s'associer, d'autre part parce que les propriétaires terriens aisés s'intéressaient alors particulièrement à l'[[architecture]] de la [[Architecture Renaissance|Renaissance]] et au travail des [[jardin]]s artistiquement travaillés de leurs vastes domaines<ref>{{harvsp|Robert L.D. Cooper|2000|p=11-12}}.</ref>.
==Histoire==
Le plus ancien témoignage de l'ordre est un registre de procès verbaux de la loge de [[Haddington]] ouvert le 16 août [[1676]] qui commence par un recueil de quinze règles dénommé {{guil|''Interjunctions for ye Fraternity of Gardiners of [[East Lothian]]''}}<ref>{{guil|Injonctions à la fraternité des jardiniers de l'East-Lothian}}</ref>.


Les premiers membres de la loge de Haddington ne sont cependant ni des jardiniers de métier ni des grands propriétaires, mais plutôt des petits propriétaires terriens et des fermiers qui pratiquaient le jardinage comme un loisir. N'exerçant pas une profession citadine, ils ne peuvent pas obtenir le statut de [[corporation]] et calquent leur organisation sur celle des Maçons, qui disposent d'une forme d'organisation supplémentaire, distincte de leur corporation : la [[loge maçonnique|loge]]<ref name="Cooper2000_ch2">{{Harvsp|Robert L.D. Cooper|2000|p=11-24}}.</ref>. Cette organisation mise en place à Haddington peut être vue comme une forme primitive de [[syndicat]], organisant la coopération entre ses membres, leur formation pratique, leur développement moral et le secours destiné aux pauvres, aux veuves et aux orphelins de l'association. Les loges de jardiniers sont également les premières à organiser des expositions florales, dès [[1772]]<ref name="Cooper2000_ch2"/>.
[[Image:Edzell Castle.jpg|thumb|left|300px|Le jardin clos d'Edzell Castel, en [[Écosse]], remonte à [[1604]]. ]]


Vers [[1715]], une loge similaire à celle de Haddington est fondée à [[Dunfermline]] et y est soutenue dès ses débuts par deux membres de l'aristocratie locale, le [[comte de Moray]] et le {{Lien|fr=marquis de Tweeddale|langue=en|trad=Marquess of Tweeddale}}. Dès son origine, elle admet parmi ses membres de nombreux non-jardiniers. Elle crée une société de bienfaisance au profit des veuves, des orphelins et des pauvres de la loge, parraine une course hippique et organise une foire horticole annuelle avant de se transformer peu à peu en société d'assurance mutuelle. Elle atteint un effectif de 212 inscrits dès [[1721]]<ref name="Cooper2000_ch2"/>. Les deux loges de Haddington et Dunfermline font le choix d'étendre largement leur secteur géographique de recrutement sans autoriser la création de nouvelles loges. Ce n'est qu'en [[1796]] que trois nouvelles loges sont créées à [[Arbroath]], [[Bothwell (village)|Bothwell]] et Cumbnathan<ref name="Cooper2000_ch4">{{Harvsp|Robert L.D. Cooper|2000|p=87-93}}.</ref>.
Il est possible que cette fraternité de jardiniers ait été un peu plus ancienne, d'une part parce que l'[[Écosse]] était à cette époque soumise à des troubles civils et à des famines intermittentes qui auraient pu inciter les jardiniers à s'associer, et d'autre part parce que les propriétaires terriens aisés s'intéressaient alors particulièrement à l'[[architecture]] de la [[Architecture Renaissance|Renaissance]] et au travail des [[jardin]]s artistiquement travaillés de leurs vastes domaines<ref>R. Cooper, op. cit., pp 11-12</ref>.


Au cours du {{s-|XIX}}, d'autres loges sont créées, tant en Angleterre qu'en Écosse. Beaucoup d'entre elles se regroupent en Grandes Loges. C'est ainsi qu'on voit apparaître successivement, entre autres :
Les premiers membres de la loge d'[[Haddington]] n'étaient cependant ni des jardiniers de métier ni des grands propriétaires, mais plutôt des petits propriétaires terriens et des fermiers qui pratiquaient le jardinage comme un loisir. N'exerçant pas une profession citadine, ils ne pouvaient pas obtenir le statut de [[corporation]] et calquèrent leur organisation sur celle des Maçons, qui disposaient d'une forme d'organisation supplémentaire, distincte de leur corporation: la [[loge maçonnique|loge]]<ref name="Cooper2000_ch2">R. Cooper, op.cit., pp. 11-24</ref>.
* le ''{{lang|en|British Order of Ancient Free Gardeners}}'' (vers 1817-1972)<ref>{{lien web|url=http://www.historyshelf.org/shelf/free/18a.php|titre=British Order of Ancient Free Gardeners|langue=en|site=historyshelf.org|consulté=25/04/2007}}.</ref> ;
* l{{'}}''{{lang|en|Ancient Order of Free Gardeners}}'' (1849-1958)<ref>{{lien web|url=http://www.historyshelf.org/shelf/free/18b.php|titre=Ancient Order of Free Gardeners|langue=en|site=historyshelf.org|consulté=25/04/2007}}.</ref>. Cette Grande Loge rassembla à [[Édimbourg]], en [[1859]], des représentants de plus d'une centaine de loges, dont trois établies aux [[États-Unis]]<ref name="Cooper2000_ch2"/> ;
* le ''{{lang|en|St Andrew Order of Ancient Free Gardeners Friendly Society}}'' (1859-1974)<ref>{{lien web|url=http://www.historyshelf.org/shelf/free/18c.php|titre=St Andrew Order of Ancient Free Gardeners Friendly Society|langue=en|site=historyshelf.org|consulté=25/04/2007}}.</ref>.


À l'apogée du mouvement, on compte jusqu'à plus de {{nombre|10000|francs-jardiniers}} pour les seuls [[Lothian]]s rassemblés dans plus de 50 loges<ref>{{lien web|url=http://www.historyshelf.org/shelf/free/01.php|titre=Free Gardeners of the Lothians and Fife|langue=en|site=historyshelf.org|consulté=8 avril 2007}}.</ref>. Le succès aidant, des sociétés horticoles « concurrentes » apparaissent au cours du {{s-|XIX}}. À la différence de l'ordre des francs-jardiniers, elles n'ont pas de rôle de bienfaisance, ni de secours mutuel, ni de rituels, et elles acceptent quiconque, homme ou femme, paye sa cotisation.
Cette organisation mise en place à [[Haddington]] peut être vue comme une forme primitive de [[syndicat]], organisant la coopération entre ses membres, leur formation pratique, leur développement moral et le secours destiné aux pauvres, aux veuves et aux orphelins de l'association. Les loges de jardiniers sont également les premières à organiser des expositions florales, dès [[1772]]<ref name="Cooper2000_ch2"/>.


Au {{s-|XX}}, les deux guerres mondiales appellent sous les drapeaux la plupart des membres. La crise économique de [[1929]] affaiblit les capacités de bienfaisance<ref name="Cooper2000_ch2"/>. Les lois de protection sociale diminuent l'attrait des activités de secours mutuel associatif, avant que la « loi sur l'assurance nationale » de 1946 ne leur retire toute utilité<ref name="Cooper2000_ch4"/>. Avant même la [[Seconde Guerre mondiale]], le nombre de décès parmi les membres dépasse le nombre d'admissions. En [[1939]], les minutes de la loge de Haddington s'interrompent jusqu'à la date de [[1952]], où ses huit derniers membres tentent vainement de la relancer<ref name="Cooper2000_ch2"/>. Malgré le recrutement de nouveaux membres, la fraternité de Haddington prononce sa dissolution le {{date|22 février 1953}}<ref>{{lien web|url=http://www.historyshelf.org/shelf/free/12.php|titre=The Fraternity of Gardeners of East Lothian|site=historyshelf.org|langue=en|consulté=8 avril 2007}}.</ref>. La loge de Dunfermline subsiste quant à elle jusqu'au milieu des [[années 1980]]<ref>{{lien web|url=http://www.historyshelf.org/shelf/free/13.php|titre=The Society of Gardeners in and about Dunfermline|site=historyshelf.org|langue=en|consulté=8 avril 2007}}.</ref>. Ces disparitions s'inscrivent dans un mouvement sociologique beaucoup plus vaste, puisqu'en [[1950]] il existe encore quelque {{nombre|30000|sociétés}} amicales de secours mutuel (''friendly societies'') dans tout le [[Royaume-Uni]], alors qu'en [[2000]], on n'en compte plus que 150<ref>{{lien web|url=http://www.historyshelf.org/shelf/free/23.php|titre=Friendly societies|site=historyshelf.org|langue=en|consulté=8 avril 2007}}.</ref>.
Vers [[1715]], une loge similaire à celle d'[[Haddington]] est fondée à [[Dunfermline]] et y est soutenue dès ses débuts par deux membres de l'aristocratie locale, le comte de Moray et le marquis de Tweeddale. Dès son origine, elle admet parmi ses membres de nombreux non-jardiniers. Elle crée une société de bienfaisance au profit des veuves, des orphelins et des pauvres de la loge, parraine une course hippique et organise une foire horticole annuelle avant de se transformer peu à peu en société d'assurance mutuelle. Elle atteint un effectif de 212 inscrits dès [[1721]]<ref name="Cooper2000_ch2"/>.


En [[2000]], les recherches de Robert Cooper ne recensent plus qu'une seule loge (à [[Bristol (Royaume-Uni)|Bristol]]) pour la [[Grande-Bretagne]], mais mentionnent la survivance de l'ordre des Francs-Jardiniers aux [[Antilles]] (''{{lang|en|Caribbean British Order of Free Gardners}}'') et en [[Australie]]<ref name="Cooper2000_ch2"/>. Une société de sauvegarde est créée en Écosse en [[2002]] aux fins de recherche et de conservation des traditions de cet ordre et quelques loges ont été réactivées à cette occasion<ref>{{lien web|langue=en|url=http://adelphibluebell4.scot/|titre=Free Gardeners Lodge that meet in Scotland|site=Adelphi Bluebell Lodge No.4|consulté=03 décembre 2017}}.</ref>.
Les deux loges d'[[Haddington]] et [[Dunfermline]] font le choix d'étendre largement leur secteur géographique de recrutement sans autoriser la création de nouvelles loges. Ce n'est qu'en [[1796]] que trois nouvelles loges sont créées: à Arbroath, Bothwell et Cumbnathan<ref name="Cooper2000_ch4">R. Cooper, op.cit., pp. 87-93</ref>.


== Rituel ==
Au cours du {{XIXe siècle}}, d'autres loges sont créées, tant en Angleterre qu'en Écosse. Beaucoup d'entre elles se regroupent en Grandes Loges. C'est ainsi qu'on voit apparaître successivement, entre autres:
[[Image:John-Parkinson-001-1629.jpg|thumbnail|right|alt=couverture d'un livre de jardinage en noir et blanc|Le jardin d'Éden : livre de jardinage anglais, 1629.]]
* Le ''British Order of Ancient Free Gardeners'' (c.1817 - 1972) <ref>[http://www.historyshelf.org/shelf/free/18a.php British Order of Ancient Free Gardeners] {{en}} (consulté le 25/04/2007)</ref>.
[[Fichier:Freegardener.jpg|vignette|Tablier de franc-jardinier.]]
* L' ''Ancient Order of Free Gardeners'' (1849 - 1958)<ref>[http://www.historyshelf.org/shelf/free/18b.php Ancient Order of Free Gardeners] {{en}} (consulté le 25/04/2007)</ref>. Cette Grande Loge rassembla à [[Édimbourg]], en [[1859]], des représentants de plus d'une centaine de loges, dont trois établies aux [[USA]]<ref name="Cooper2000_ch2"/>.
On ne trouve aucune trace de rituels ou de connaissances réservées aux initiés dans les documents de la fraternité datant de la fin du {{s-|XVII}}, mais l'intérêt rapidement marqué de membres de l'aristocratie laisse supposer que cette association ne s'occupait pas exclusivement d'assurance mutuelle<ref name="Cooper2000_ch3">{{Harvsp|Robert L.D. Cooper|2000|p=27-40}}.</ref>.
* Le ''St Andrew Order of Ancient Free Gardeners Friendly Society'' (1859 - 1974)<ref>[http://www.historyshelf.org/shelf/free/18c.php St Andrew Order of Ancient Free Gardeners Friendly Society] {{en}} (consulté le 25/04/2007)</ref>.


La plus ancienne mention connue de l'existence d'un secret initiatique dans cet ordre remonte au {{date|28 janvier 1726}}, date à laquelle la fraternité étudie une plainte interne accusant un de ses membres d'avoir diffamé certains de ses officiers en disant qu'ils n'étaient pas capables de donner correctement ses mots et signes. En [[1772]], d'autres documents établissent que la fraternité des francs-jardiniers disposait de {{citation|Mots}} et de {{citation|Secrets}}. En [[1848]], on trouve mention d'un enseignement, sous forme de {{citation|Signes, Secrets et Attouchements}}. Les historiens disposent de rituels complets d'apprenti, de compagnon et de maître datant de [[1930]]. Les minutes des loges montrent que le rituel de l'ordre s'est progressivement développé, depuis une cérémonie assez simple de transmission du {{citation|Mot}} à ses tout débuts, jusqu'à un système de trois grades similaire à celui de la [[franc-maçonnerie]] à la fin du {{s-|XIX}}<ref name="Cooper2000_ch3"/>.
À l'apogée du mouvement, on compte jusqu'à plus de {{formatnum:10000}} francs-jardiniers pour les seuls [[Lothian|Lothians]] rassemblés dans plus de 50 loges<ref>[http://www.historyshelf.org/shelf/free/01.php Free Gardeners of the Lothians and Fife] {{en}} sur historyshelf.org (consulté 8 avril 2007)</ref>.


Une conférence de [[1873]] indique que le franc-jardinage utilise la culture du sol comme le symbole de la culture de l'esprit dans l'intelligence et la vertu et fait référence au [[Éden|jardin d'Éden]]<ref name="Cooper2000_ch3"/>.
Le succès aidant, des sociétés horticoles "concurrentes" apparaissent au cours du {{XIXe siècle}}. À la différence de l'ordre des francs-jardiniers, elles n'ont pas de rôle de bienfaisance et de secours mutuel, ni de rituels, et elles acceptent quiconque, homme ou femme, paye sa cotisation.


Le rituel d'admission des apprentis francs-jardiniers présente de très nombreuses similitudes avec celui des apprentis francs-maçons. [[Adam]] serait ainsi symboliquement le premier franc-jardinier. Dieu y est décrit comme étant «''The Great Gardener of the Universe''» (le Grand Jardinier de l'Univers)<ref name="VSD2005">{{harvsp|Victoria Solt Dennis|2005|id=VSD2005}}.</ref>. Il est fait usage du compas, de l'équerre, auxquels s'ajoutent le couteau, présenté comme {{citation|le plus simple outil de jardinage}}, permettant de {{citation|tailler les vices […] et bouturer les vertus}}. À l'issue de cette cérémonie, l'apprenti reçoit le tablier de son grade<ref name="Cooper2000_ch3"/>. Le second degré fait référence à [[Noé (patriarche)|Noé]], le {{citation|second jardinier}}, et fait accomplir symboliquement au Compagnon un voyage qui le ramène vers le jardin d'Éden puis vers celui de [[Gethsémani]]<ref name="Cooper2000_ch3"/>. Le troisième degré fait référence à [[Salomon (Bible)|Salomon]], le {{citation|troisième jardinier}}, et au symbole de l'[[Olivier (arbre)|olivier]]<ref name="Cooper2000_ch3"/>.
Au {{XXe siècle}}, les deux guerres mondiales appellent sous les drapeaux la plupart des membres. La crise économique de [[1929]] affaiblit les capacités de bienfaisance<ref name="Cooper2000_ch2"/>. Les lois de protection sociale diminuèrent l'attrait des activités de secours mutuel associatif, avant que la {{guil|loi sur l'assurance nationale}} de 1946 ne leur retire toute utilité<ref name="Cooper2000_ch4"/>. Avant même la [[Seconde Guerre mondiale]], le nombre de décès dépasse le nombre d'admissions. En [[1939]], les minutes de la loge d'Haddington s'interrompent jusqu'à la date de [[1952]], où ses huit derniers membres tentent vainement de la relancer<ref name="Cooper2000_ch2"/>. Malgré le recrutement de nouveaux membres, la fraternité d'[[Haddington]] prononce sa dissolution le 22 février [[1953]]<ref>[http://www.historyshelf.org/shelf/free/12.php The Fraternity of Gardeners of East Lothian] sur HistroyShelf.org {{en}} (vérifié le 8 avril 2007)</ref>. La loge de [[Dunfermline]] perdura quant à elle jusqu'au milieu des années [[1980]]<ref>[http://www.historyshelf.org/shelf/free/13.php The Society of Gardeners in and about Dunfermline] sur HistroyShelf.org {{en}} (vérifié le 8 avril 2007)</ref>.


Les tabliers sont de deux types :
Ces disparitions s'inscrivent dans un mouvement sociologique beaucoup plus vaste puisqu'en [[1950]] il existe encore quelques {{formatnum:30000}} sociétés amicales de secours mutuel (''Friendly societies'') dans tout le [[Royaume-Uni]], alors qu'en [[2000]], on n'en compte plus que 150<ref>Article [http://www.historyshelf.org/shelf/free/23.php ''Friendly societies''] sur HistoryShelf.org {{en}} (vérifié le 8 avril 2007)</ref>.
* des tabliers longs, arrivant à la cheville, brodés de nombreux symboles relatifs aux légendes de l'ordre<ref name="historyshelf_7_8">{{lien web|langue=en|url=http://www.historyshelf.org/shelf/free/08.php|titre=Regalia|site=historyshelf.org|consulté=19 mars 2007}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=http://www.historyshelf.org/shelf/free/07.php|titre=Ritual and symbols|langue=en|site=historyshelf.org|consulté=19 mars 2007}}.</ref> ;
* des tabliers plus courts, avec bavette semi-circulaire, ressemblant fortement aux tabliers des francs-maçons d'Écosse<ref>{{Harvsp|Robert L.D. Cooper|2000|p=45}}.</ref>. Celui du président est brodé des lettres P, G, H, E initiales des quatre fleuves du jardin d'Éden<ref group="n">Pison, Gihon, Hiddekel et Euphrate.</ref>, et A, N, S, initiales de Adam, Noé et Salomon<ref name="historyshelf_7_8"/>, auxquelles s'ajoute la lettre O, probablement pour "Olive", l'olivier en anglais.


D'une manière générale, le symbolisme utilisé par les francs-jardiniers semble avoir été fortement influencé au cours du {{s-|XIX}} par celui de la [[franc-maçonnerie]]<ref>{{lien web|url=http://www.historyshelf.org/shelf/free/24.php|titre=Free Gardeners and Freemasons|site=historyshelf.org|langue=en|consulté=18 mars 2007}}.</ref>.
En [[2000]], les recherches de R. Cooper ne recensent plus qu'une seule loge (à [[Bristol (Angleterre)|Bristol]]) pour la [[Grande Bretagne]], mais mentionnent la survivance de l'Ordre des Francs-Jardiniers aux [[Antilles]] (''Caribbean British Order of Free Gardners'') et en [[Australie]]<ref name="Cooper2000_ch2"/>.


Sur de nombreux objets de l'ordre datant du tout début du {{s-|XX}}, on trouve un emblème composé d'une équerre, d'un compas et d'un couteau à greffer. Comme il n'y a pas de trace de cet emblème dans les documents antérieurs, il est vraisemblable qu'il ait, lui aussi, été inspiré tardivement de celui de la franc-maçonnerie<ref name="Cooper2000_ch6">{{harvsp|Robert L.D. Cooper|2000|p=42-46}}.</ref>.
En [[2002]], une société de sauvegarde a été créée en Écosse aux fins de recherches et de conservation des traditions de cet ordre et quelques loges ont été réactivées à cette occasion<ref>[http://www.stbryde.co.uk/Free%20Gardners/Free%20Gardeners.htm Adelphi Bluebell Lodge]. (consulté 13/03/2007).</ref>.


== Les premiers membres ==
==Rituel==
Il y a peu d'informations sur la profession des membres avant la fin du {{s-|XVIII}}. À cette période, on trouve dans la loge d'Haddington, outre les jardiniers, des commerçants, des tailleurs et des écrivains publics. Tous les membres de la loge sont originaires du comté. En revanche, la loge de Dumfermline, ancienne capitale de l'[[Écosse]], s'enorgueillit de compter parmi ses membres {{citation|de nombreuses personnes illustres d'Édimbourg, autant que de l'[[East Lothian]] [parmi lesquelles] le marquis de Tweedale, le comte de Haddington, Lord William Hay, etc.}}<ref name="Cooper2000_ch5">{{harvsp|Robert L.D. Cooper|2000|p=47-77}}.</ref>.
On ne trouve aucune trace de rituels ou de connaissances réservées aux initiés dans les documents de la fraternité datant de la fin du {{XVIIe siècle}}, toutefois, l'intérêt rapidement marqué de membres de l'aristocratie laisse supposer que cette association ne s'occupait pas exclusivement d'assurance mutuelle<ref name="Cooper2000_ch3">R. Cooper, op. cit. , pp. 27-40</ref>.


Le premier registre de la loge de Dunfermline a été établi en [[1716]], avec les signatures de 214 membres. À cette époque, l'effectif se compose d'une majorité de jardiniers de métier mais également de nombreux artisans ainsi que de deux membres de l'aristocratie locale. Rapidement, l'effectif augmente, le niveau social moyen s'élève, au point que les jardiniers de métiers ne forment plus la majorité des nouveaux membres, mais le recrutement reste local. En [[1721]], cent un nouveaux membres de toutes conditions sociales sont admis dans la loge, depuis les jardiniers et boulangers jusqu'au duc d'Athole. Les années suivantes voient un assez grand nombre d'aristocrates se faire initier à la franc-jardinerie dans la loge de Dunfermline, même lorsqu'ils habitent à proximité de celle d'Haddington qui reste contrôlée par les professions liées au jardinage. La plupart de ces personnes possèdent des jardins renommés. À partir de [[1736]], date de la création de la Grande Loge (maçonnique) d'Écosse, cette dynamique cesse et il n'y a plus d'initiations d'aristocrates dans la loge de francs-jardiniers de Dunfermline<ref name="Cooper2000_ch4"/>.
La plus ancienne mention connue de l'existence d'un secret initiatique dans cet ordre remonte au 28 janvier [[1726]], date à laquelle la fraternité étudie une plainte interne accusant un de ses membres d'avoir diffamé certains de ses officiers en disant qu'ils n'étaient pas capables de donner correctement ses mots et signes. En [[1772]], d'autres documents établissent que la fraternité des francs-jardiniers disposait de {{guil|Mots}} et de {{guil|Secrets}}. En [[1848]], on trouve mention d'un enseignement, sous forme de {{guil|Signes, Secrets et Attouchements}}. Les historiens disposent de rituels complets d'Apprenti, de Compagnon et de Maître datant de [[1930]]. Les minutes des loges montrent que le rituel de l'ordre s'est progressivement développé, depuis une cérémonie assez basique de transmission du {{guil|Mot}} à ses tous débuts, jusqu'à un système de trois grades similaire à celui de la [[franc-maçonnerie]] à la fin du {{XIXe siècle}}<ref name="Cooper2000_ch3"/>.


Sur le plan religieux, tous les membres de cette époque sont [[protestantisme|protestants]] et appartiennent à l'[[Église d'Écosse]]. Politiquement, en revanche, ils sont de toutes tendances<ref name="Cooper2000_ch4"/>.
[[image:John-Parkinson-001-1629.jpg|thumbnail|220px|right|<center>Le jardin d'Éden:<br/> livre de jardinage anglais, 1629</center>]]


== Comparaisons avec la franc-maçonnerie ==
Une conférence de [[1873]] indique que le franc-jardinage utilise la culture du sol comme le symbole de la culture de l'esprit dans l'intelligence et la vertu et fait référence au [[Éden|Jardin d'Eden]]<ref name="Cooper2000_ch3"/>.
Dans les années [[1720]], il existe en [[Écosse]] une profusion de sociétés, fraternités et clubs. La franc-maçonnerie et l'ordre des francs-jardiniers ne sont que ceux qui se sont le plus étendus et ont perduré le plus longtemps<ref name="Cooper2000_ch4"/>. Bien que les francs-jardiniers soient toujours restés indépendants de la [[franc-maçonnerie]], l'histoire et l'organisation des deux ordres présentent de nombreuses similitudes qui éclairent les recherches historiques sur la naissance du second<ref>{{Harvsp|Robert L.D. Cooper|2000|p=2-8}}.</ref>.


Ces deux ordres présentent d'importantes similitudes en ce qui concerne leur organisation et leur développement. Tous deux sont nés en [[Écosse]] au milieu du {{s-|XVII|e}} dans des groupes liés à un métier particulier mais acceptèrent très vite des membres d'autres professions. Dans les deux cas, les membres du métier d'origine sont devenus minoritaires dès le début du {{s-|XVIII|e}}. Dans les deux ordres également, certaines loges<ref group="n">Comme celle de Dunfermline pour les francs-jardiniers et celle de Kilwinning pour les francs-maçons.</ref> s'ouvrent très rapidement aux membres {{citation|acceptés}} et en particulier à la noblesse locale, alors que d'autres<ref group="n">Comme celle d'Haddington pour les francs-jardiniers et celle d'Édimbourg pour les francs-maçons.</ref> sont beaucoup plus réticentes<ref name="Cooper2000_ch4"/>.
*Le rituel d'admission des apprentis francs-jardiniers présente de très nombreuses similitudes avec celui des apprentis francs-maçons. [[Adam]] serait ainsi symboliquement le premier franc-jardinier. Il y est fait usage du compas, de l'équerre, auxquels s'ajoutent le couteau, présenté comme {{guil|le plus simple outil de jardinage}}, permettant de {{guil|tailler les vices [...]et bouturer les vertus}}. A l'issue de cette cérémonie, l'apprenti reçoit le tablier de son grade<ref name="Cooper2000_ch3"/>.


Presque tous les membres connus qui ont appartenu aux deux ordres ont été francs-jardiniers avant de devenir francs-maçons. Le plus grand groupe de francs-jardiniers devenus par la suite francs-maçons intègre la loge maçonnique {{citation étrangère|lang=en|Kilwinning Scots Arms}}, fondée en [[1729]]. Il s'agit de neuf membres de la loge de francs-jardiniers de Dunfermline. Aucun d'entre eux n'était jardinier de métier, il s'agissait d'aristocrates et de militaires<ref name="Cooper2000_ch4"/>.
*Le second degré fait référence à [[Noé (patriarche)|Noé]], le {{guil|second jardinier}} et fait accomplir symboliquement au Compagnon un voyage qui le ramène vers le [[Éden|Jardin d'Éden]] puis vers celui de [[Gethsémani]]<ref name="Cooper2000_ch3"/>.


La [[franc-maçonnerie]] se répand assez rapidement en [[Angleterre]], puis, après la création de la Grande Loge de Londres en [[1717]], à travers le monde entier. En revanche, l'ordre des francs-jardiniers reste principalement écossais. Dans les deux cas, les loges écossaises semblent avoir eu des difficultés à se regrouper dans des structures plus vastes nommées {{citation|Grandes Loges}}. En ce qui concerne la franc-maçonnerie d'Écosse, ce processus ne commence à [[Édimbourg]] qu'en [[1736]] et il ne s'achève qu'en [[1891]]. En ce qui concerne l'ordre des francs-jardiniers, la première Grande Loge écossaise n'est formée qu'en [[1849]], et 15 loges restent indépendantes jusqu'à la disparition de l'ordre. Dans les deux cas, ce sont en particulier les loges fondées avant leur Grande Loge qui seront les plus réticentes à renoncer à leur indépendance<ref name="Cooper2000_ch4"/>.
*Le troisième degré fait référence à [[Salomon]], le {{guil|troisième jardinier}} et au symbole de l'[[Olivier (arbre)|olivier]]<ref name="Cooper2000_ch3"/>.


== Liste ==
Les tabliers sont de deux types:
Dans la liste, globalement anglophone (Angleterre, Écosse, Galles, USA), des {{Lien|langue=de|trad=Antiker_Orden_der_Freigärtner#Freigärtnerlogen_in_Europa,_USA_und_auf_den_Philippinen|fr=loges de francs-jardiniers}} actives en 2002, on repère cependant{{refnec}} :
* Des tabliers longs, arrivant à la cheville, brodés de nombreux symboles relatifs aux légendes de l'ordre<ref name="historyshelf_7_8">[http://www.historyshelf.org/shelf/free/08.php Regalia] et [http://www.historyshelf.org/shelf/free/07.php Ritual and symbols] {{en}} (vérifié le 19 mars 2007)</ref>.
* N. 18 – Metatron, Monte Carlo (fondée à Monaco),
* Des tabliers plus courts, avec bavette semi-circulaire, ressemblant fortement aux tabliers des francs-maçons d'Écosse<ref>R. Cooper, op. cit., p. 45</ref>. Celui du président est brodé des lettres P, G, H, E initiales des quatre fleuves du jardin d'Éden<ref>Pison, Gihon, Hiddekel et Euphrate</ref>, et A, N, S, initiales de Adam, Noé et Salomon<ref name="historyshelf_7_8"/>, auxquelles s'ajoute la lettre O<ref>Probablement pour "Olive"</ref>.
* N. 21 – Parc Floral D’Apremont, Paris (fondée en France), voir [[Château d'Apremont (Cher)]]<ref>{{lien web |titre=Parc Floral |url=http://www.apremont-sur-allier.com/fr/parc-floral/ |site=Apremont-sur-Allier |consulté le=28-05-2023}}.</ref>
* N. 22 – Sunflower, Brisbane (fondée en Australie),
* N. 23 – Jardin de San Pantoleon de Losa, Burgos (fondée en [[Espagne]]),
* N. 25 – Jardin du Moulin de Féline, Lyon (fondée en France),
* N. 27 – Fleur de vie, [[Boussu]] (fondée en Belgique),
* N. 28 – Les Jardins de Gasteiz, [[Vitoria-Gasteiz]] (fondée en Espagne),
* N. 29 – Sampaguita, [[Quezon City]] (fondée en 2020 aux Philippines),
* N. 30 – Carl Theodor zum goldenen Garten, [[Schwetzingen]] (fondée en 2020 en Allemagne, [[Bade-Wurtemberg]]),
* N. 31 – Kaningag, [[Cebu (ville)|Cebu City]] (fondée en 2020 aux Philippines),
* N. 33 – Ylang-Ylang, [[Manille]] (fondée en 2020 aux Philippines).
* N.34- La Vigne et le Blé, Durbuy (fondée en Belgique)


== Notes et références ==
D'une manière générale, le symbolisme utilisé par les francs-jardiniers semble avoir été fortement influencé au cours du {{XIXe siècle}} par celui de la [[franc-maçonnerie]]<ref>Article [http://www.historyshelf.org/shelf/free/24.php Free Gardeners and Freemasons] sur historyshelf.org. {{en}} (Consulté 18 mars 2007)</ref>.
=== Notes ===

{{Références|group="n"}}
Sur de nombreux objets de l'ordre datant du tout début du {{XXe siècle}}, on trouve un emblême composé d'une équerre, d'un compas, et d'un couteau à greffer. Comme il n'y a pas de trace de cet emblême dans les documents antérieurs, il est vraisemblable qu'il ait lui aussi été inspiré tardivement de celui de la franc-maçonnerie<ref name="Cooper2000_ch4">R. Cooper, op. cit. , pp. 42-46</ref>.
=== Références ===

{{Références|colonnes=2}}
==Les premiers membres==
Il y a peu d'informations sur la profession des membres avant la fin du {{XVIIIe siècle}}. À cette période, on trouve dans la loge d'Haddington, outre les jardiniers, des commerçants, des tailleurs et des écrivains publics. Tous les membres de la loge sont originaires du comté. En revanche, la loge de Dumfermline, ancienne capitale de l'[[Écosse]], s'enorgueillit de compter parmi ses membres {{guil|de nombreuses personnes illustres d'Édimbourg, autant que de l'[[East Lothian]] [parmi lesquelles] le Marquis de Tweedale, le Comte de Haddington, Lord William Hay, etc.}}<ref name="Cooper2000_ch4">R. Cooper, op. cit. , pp. 47-77</ref>.

Le premier registre de la loge de Dunfermline a été établi en [[1716]], avec les signatures de 214 membres. À cette époque, l'effectif se compose d'une majorité de jardiniers de métier mais également de nombreux artisans ainsi que de deux membres de l'aristocratie locale. Rapidement, l'effectif augmente, le niveau social moyen s'élève, au point que les jardiniers de métiers ne forment plus la majorité des nouveaux membres, mais le recrutement reste local. En [[1721]], 101 nouveaux membres de toutes conditions sociales sont admis dans la loge, depuis les jardiniers et boulangers jusqu'au Duc d'Athole. Les années suivantes voient un assez grand nombre d'aristocrates se faire initier à la franc-jardinerie dans la loge de Dunfermline, même lorsqu'ils habitent à proximité de celle d'Haddington qui reste contrôlée par les professions liées au jardinage. La plupart de ces personnes possèdent des jardins renommés. À partir de 1736, date de la création de la Grande Loge (maçonnique) d'Écosse, cette dynamique cesse et il n'y a plus d'initiations d'aristocrates dans la loge de francs-jardiniers de Dunfermline<ref name="Cooper2000_ch4"/>.

Sur le plan religieux, tous les membres de cette époque sont [[protestantisme|protestants]] et appartiennent à l'[[Church of Scotland|Église d'Écosse]]. Politiquement en revanche, ils sont de toutes tendances<ref name="Cooper2000_ch4"/>.

==Comparaisons avec la franc-maçonnerie==
Dans les années [[1720]], il existe en [[Écosse]] une profusion de sociétés, fraternités et clubs. La franc-maçonnerie et l'ordre des francs-jardiniers ne sont que ceux qui se sont le plus étendus et ont perduré le plus longtemps<ref name="Cooper2000_ch4"/>.

Ces deux ordres présentent d'importantes similitudes en ce qui concerne leur organisation et leur développement. Tous deux sont nés en [[Écosse]] au milieu du {{XVIIe siècle}} dans des groupes liés à un métier particulier mais acceptèrent très vite des membres d'autres professions. Dans les deux cas, les membres du métier d'origine sont devenus minoritaires dès le début du {{XVIIIe siècle}}. Dans les deux ordres également, certaines loges<ref>Comme celle de Dunfermline pour les francs-jardiniers et celle de Kilwinning pour les francs-maçons</ref> s'ouvrent très rapidement aux membres {{guil|acceptés}} et en particulier à la noblesse locale, alors que d'autres<ref>Comme celle d'Haddington pour les francs-jardiniers et celle d'Édimbourg pour les francs-maçons.</ref> sont beaucoup plus réticentes<ref name="Cooper2000_ch4"/>.

Presque tous les membres connus qui ont appartenu aux deux ordres ont été francs-jardiniers avant de devenir francs-maçons. Le plus grand groupe de francs-jardiniers devenus par la suite francs-maçons intègre la loge maçonnique "''Kilwinning Scots Arms''", fondée en [[1729]]. Il s'agit de neuf membres de la loge de francs-jardiniers de Dunfermline. Aucun d'entre eux n'était jardinier de métier, il s'agissait d'aristocrates et de militaires<ref name="Cooper2000_ch4"/>.

La [[franc-maçonnerie]] se répand assez rapidement en [[Angleterre]], puis, après la création de la Grande Loge de Londres en [[1717]], à travers le monde entier. En revanche, l'ordre des francs-jardiniers reste principalement écossais. Dans les deux cas, les loges écossaises semblent avoir eu des difficultés à se regrouper dans des structures plus vastes nommées {{guil|Grandes Loges}}. En ce qui concerne la franc-maçonnerie d'Écosse, ce processus ne commence à [[Édimbourg]] qu'en [[1736]] et il ne s'achève qu'en [[1891]]. En ce qui concerne l'ordre des francs-jardiniers, la première Grande Loge écossaise n'est formée qu'en [[1849]], et 15 loges restent indépendantes jusqu'à la disparition de l'ordre. Dans les deux cas, ce sont en particulier les loges fondées avant leur Grande Loge qui seront les plus réticentes à renoncer à leur indépendance<ref name="Cooper2000_ch4"/>.

==Anecdote==
* Les francs-jardiniers semblent être mentionnés incidemment<ref>[http://freemasonry.bcy.ca/texts/gardeners.html Ancient Order of Free Gardeners] (consulté le 2 mai 2007)</ref> dans {{guil|[[Le Seigneur des Anneaux (livres)|Le seigneur des anneaux]]}} de [[John Ronald Reuel Tolkien|Tolkien]]:
*:{{citation|''The one small garden of a free gardener was all his need and due, not a garden swollen to a realm; his own hands to use, not the hands of others to command''}} Samwise Gamgee, The Lord of the Rings, Part III, p. 206.
*:(L'unique petit jardin d'un franc-jardinier était tout ce dont il avait besoin. Ce n'était pas un jardin qui se prendrait pour un domaine. C'était un jardin pour l'usage de ses propres mains, pas pour commander celles des autres.)


== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
===Ressources bibliographiques===
=== Bibliographie ===
{{légende plume}}
====Ouvrages utilisés pour la rédaction de cet article====
*{{ouvrage|auteurs=Robert L.D. Cooper|titre=Les francs-jardiniers|éditeur=Ivoire Clair|année=2000|isbn=2-913882-05-6}}
* {{ouvrage|langue=en|auteurs=W. Gow|titre=A Historical Sketch from the Records of the Ancient Society of Gardeners|éditeur= Dunfermline|année=1910}}.
* {{ouvrage|auteur=Robert L.D. Cooper|titre=Les Francs-Jardiniers|éditeur=Ivoire-Clair|année=2000|isbn= 978-2913882058}}. {{plume}}
*Site [http://www.historyshelf.org/shelf/free/index.php the Free Gardeners] sur historyshelf.org. {{en}} (Consulté 18 mars 2007)
* {{Ouvrage|langue=en|nom=Solt Dennis|prénom=Victoria|titre=Discovering Friendly and Fraternal Societies|éditeur=Shire Publications|année=2005|isbn=0-7478-0628-4|id=VSD2005}} {{plume}}

* ''L'Ordre des Francs Jardiniers - Rituels'', sous la direction de Rémi Boyer et Howard Doe, Les Editions de la Tarente, 2019.
====Autres ressources bibliographiques====
* {{lien web|langue=en|url=http://www.historyshelf.org/shelf/free/index.php|titre=the Free Gardeners|site=historyshelf.org|consulté=01 aout 2014}}. {{plume}}
*{{ouvrage|auteurs=W. Gow|titre=A Historical Sketch from the Records of the Ancient Society of Gardeners, Dunfermline|année=1910}}


=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
* [[Compagnonnage]] - [[Franc-maçonnerie]] - [[Société amicale]]
* [[Corporation (Moyen Âge)]]
* [[Corporation sous le royaume de France]]
* [[Franc-maçonnerie]]
* [[Compagnonnage]]
* [[Odd Fellows]]
* [[Mutualisme (économie)]]
* [[Mutualisme (économie)]]


=== Liens et documents externes ===
=== Liens externes ===
* {{en}} Article ''[http://freemasonry.bcy.ca/texts/gardeners.html Ancient Order of Free Gardeners]'' sur le site de la ''Grand Lodge of British Columbia and Yukon'' (consulté 13/03/2007).
* {{lien web|langue=en|url=http://freemasonry.bcy.ca/texts/gardeners.html|titre=Ancient Order of Free Gardeners|site=Grand Lodge of British Columbia and Yukon|consulté=01 août 2012}}.
* {{en}} Site de la loge de francs-jardiniers [http://www.stbryde.co.uk/Free%20Gardners/Free%20Gardeners.htm Adelphi Bluebell Lodge] de la ville d'[[Uddingston]]. (consulté 13/03/2007).
* {{lien web|langue=en|url=http://adelphibluebell4.scot/|titre=Free Gardeners Lodge that meet in Scotland|site=Adelphi Bluebell Lodge No.4|consulté=03 décembre 2017}}.
* {{lien web|langue=en|url=http://www.historyshelf.org/shelf/free/index.php|titre=The Free Gardeners of Edinburgh, the Lothians and Fife|site=HistoryShelf|consulté=03 décembre 2017}}.


{{Portail|Franc-maçonnerie|Écosse}}
== Notes et références ==
{{Bon article|vote=BA|oldid=16454454|date=10 mai 2007}}
{{Références | colonnes = 2}}


[[Catégorie:Histoire de l'Écosse]]
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[[Catégorie:Société secrète ou fraternité]]
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[[en:Order of Free Gardeners]]

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représentation symbolique des armoiries
Armoiries de l'Ordre des francs-jardiniers.

L'ordre des francs-jardiniers (Order of the Free Gardeners) est une société amicale fondée en Écosse au milieu du XVIIe siècle, et qui s'est par la suite étendue en Angleterre et en Irlande. Comme de nombreuses autres sociétés amicales (friendly societies) de l'époque, son objet principal fut à la fin du XVIIe siècle et durant tout le XVIIIe siècle le partage de connaissances — voire de secrets — liés au métier, ainsi que l'entraide mutuelle. Au XIXe siècle, ses activités d'assurance mutuelle devinrent prépondérantes. À la fin du XXe siècle, elle s'est presque entièrement éteinte. Bien que les francs-jardiniers soient toujours restés indépendants de la franc-maçonnerie, ces deux ordres présentent d'importantes similitudes en ce qui concerne leur organisation et leur développement.

photo en couleur d'un jardin en Écosse
Le jardin clos du château d'Edzell, en Écosse, remonte à 1604.

Le plus ancien témoignage de l'ordre est un registre de procès-verbaux de la loge de Haddington ouvert le , qui commence par un recueil de quinze règles, dénommé « Injonctions à la fraternité des jardiniers de l'East-Lothian » (« Interjunctions for ye Fraternity of Gardiners of East Lothian »). Il est possible que cette fraternité de jardiniers ait été un peu plus ancienne, d'une part parce que l'Écosse était à cette époque soumise à des troubles civils et à des famines intermittentes qui auraient pu inciter les jardiniers à s'associer, d'autre part parce que les propriétaires terriens aisés s'intéressaient alors particulièrement à l'architecture de la Renaissance et au travail des jardins artistiquement travaillés de leurs vastes domaines[1].

Les premiers membres de la loge de Haddington ne sont cependant ni des jardiniers de métier ni des grands propriétaires, mais plutôt des petits propriétaires terriens et des fermiers qui pratiquaient le jardinage comme un loisir. N'exerçant pas une profession citadine, ils ne peuvent pas obtenir le statut de corporation et calquent leur organisation sur celle des Maçons, qui disposent d'une forme d'organisation supplémentaire, distincte de leur corporation : la loge[2]. Cette organisation mise en place à Haddington peut être vue comme une forme primitive de syndicat, organisant la coopération entre ses membres, leur formation pratique, leur développement moral et le secours destiné aux pauvres, aux veuves et aux orphelins de l'association. Les loges de jardiniers sont également les premières à organiser des expositions florales, dès 1772[2].

Vers 1715, une loge similaire à celle de Haddington est fondée à Dunfermline et y est soutenue dès ses débuts par deux membres de l'aristocratie locale, le comte de Moray et le marquis de Tweeddale (en). Dès son origine, elle admet parmi ses membres de nombreux non-jardiniers. Elle crée une société de bienfaisance au profit des veuves, des orphelins et des pauvres de la loge, parraine une course hippique et organise une foire horticole annuelle avant de se transformer peu à peu en société d'assurance mutuelle. Elle atteint un effectif de 212 inscrits dès 1721[2]. Les deux loges de Haddington et Dunfermline font le choix d'étendre largement leur secteur géographique de recrutement sans autoriser la création de nouvelles loges. Ce n'est qu'en 1796 que trois nouvelles loges sont créées à Arbroath, Bothwell et Cumbnathan[3].

Au cours du XIXe siècle, d'autres loges sont créées, tant en Angleterre qu'en Écosse. Beaucoup d'entre elles se regroupent en Grandes Loges. C'est ainsi qu'on voit apparaître successivement, entre autres :

  • le British Order of Ancient Free Gardeners (vers 1817-1972)[4] ;
  • l'Ancient Order of Free Gardeners (1849-1958)[5]. Cette Grande Loge rassembla à Édimbourg, en 1859, des représentants de plus d'une centaine de loges, dont trois établies aux États-Unis[2] ;
  • le St Andrew Order of Ancient Free Gardeners Friendly Society (1859-1974)[6].

À l'apogée du mouvement, on compte jusqu'à plus de 10 000 francs-jardiniers pour les seuls Lothians rassemblés dans plus de 50 loges[7]. Le succès aidant, des sociétés horticoles « concurrentes » apparaissent au cours du XIXe siècle. À la différence de l'ordre des francs-jardiniers, elles n'ont pas de rôle de bienfaisance, ni de secours mutuel, ni de rituels, et elles acceptent quiconque, homme ou femme, paye sa cotisation.

Au XXe siècle, les deux guerres mondiales appellent sous les drapeaux la plupart des membres. La crise économique de 1929 affaiblit les capacités de bienfaisance[2]. Les lois de protection sociale diminuent l'attrait des activités de secours mutuel associatif, avant que la « loi sur l'assurance nationale » de 1946 ne leur retire toute utilité[3]. Avant même la Seconde Guerre mondiale, le nombre de décès parmi les membres dépasse le nombre d'admissions. En 1939, les minutes de la loge de Haddington s'interrompent jusqu'à la date de 1952, où ses huit derniers membres tentent vainement de la relancer[2]. Malgré le recrutement de nouveaux membres, la fraternité de Haddington prononce sa dissolution le [8]. La loge de Dunfermline subsiste quant à elle jusqu'au milieu des années 1980[9]. Ces disparitions s'inscrivent dans un mouvement sociologique beaucoup plus vaste, puisqu'en 1950 il existe encore quelque 30 000 sociétés amicales de secours mutuel (friendly societies) dans tout le Royaume-Uni, alors qu'en 2000, on n'en compte plus que 150[10].

En 2000, les recherches de Robert Cooper ne recensent plus qu'une seule loge (à Bristol) pour la Grande-Bretagne, mais mentionnent la survivance de l'ordre des Francs-Jardiniers aux Antilles (Caribbean British Order of Free Gardners) et en Australie[2]. Une société de sauvegarde est créée en Écosse en 2002 aux fins de recherche et de conservation des traditions de cet ordre et quelques loges ont été réactivées à cette occasion[11].

couverture d'un livre de jardinage en noir et blanc
Le jardin d'Éden : livre de jardinage anglais, 1629.
Tablier de franc-jardinier.

On ne trouve aucune trace de rituels ou de connaissances réservées aux initiés dans les documents de la fraternité datant de la fin du XVIIe siècle, mais l'intérêt rapidement marqué de membres de l'aristocratie laisse supposer que cette association ne s'occupait pas exclusivement d'assurance mutuelle[12].

La plus ancienne mention connue de l'existence d'un secret initiatique dans cet ordre remonte au , date à laquelle la fraternité étudie une plainte interne accusant un de ses membres d'avoir diffamé certains de ses officiers en disant qu'ils n'étaient pas capables de donner correctement ses mots et signes. En 1772, d'autres documents établissent que la fraternité des francs-jardiniers disposait de « Mots » et de « Secrets ». En 1848, on trouve mention d'un enseignement, sous forme de « Signes, Secrets et Attouchements ». Les historiens disposent de rituels complets d'apprenti, de compagnon et de maître datant de 1930. Les minutes des loges montrent que le rituel de l'ordre s'est progressivement développé, depuis une cérémonie assez simple de transmission du « Mot » à ses tout débuts, jusqu'à un système de trois grades similaire à celui de la franc-maçonnerie à la fin du XIXe siècle[12].

Une conférence de 1873 indique que le franc-jardinage utilise la culture du sol comme le symbole de la culture de l'esprit dans l'intelligence et la vertu et fait référence au jardin d'Éden[12].

Le rituel d'admission des apprentis francs-jardiniers présente de très nombreuses similitudes avec celui des apprentis francs-maçons. Adam serait ainsi symboliquement le premier franc-jardinier. Dieu y est décrit comme étant «The Great Gardener of the Universe» (le Grand Jardinier de l'Univers)[13]. Il est fait usage du compas, de l'équerre, auxquels s'ajoutent le couteau, présenté comme « le plus simple outil de jardinage », permettant de « tailler les vices […] et bouturer les vertus ». À l'issue de cette cérémonie, l'apprenti reçoit le tablier de son grade[12]. Le second degré fait référence à Noé, le « second jardinier », et fait accomplir symboliquement au Compagnon un voyage qui le ramène vers le jardin d'Éden puis vers celui de Gethsémani[12]. Le troisième degré fait référence à Salomon, le « troisième jardinier », et au symbole de l'olivier[12].

Les tabliers sont de deux types :

  • des tabliers longs, arrivant à la cheville, brodés de nombreux symboles relatifs aux légendes de l'ordre[14],[15] ;
  • des tabliers plus courts, avec bavette semi-circulaire, ressemblant fortement aux tabliers des francs-maçons d'Écosse[16]. Celui du président est brodé des lettres P, G, H, E initiales des quatre fleuves du jardin d'Éden[n 1], et A, N, S, initiales de Adam, Noé et Salomon[14], auxquelles s'ajoute la lettre O, probablement pour "Olive", l'olivier en anglais.

D'une manière générale, le symbolisme utilisé par les francs-jardiniers semble avoir été fortement influencé au cours du XIXe siècle par celui de la franc-maçonnerie[17].

Sur de nombreux objets de l'ordre datant du tout début du XXe siècle, on trouve un emblème composé d'une équerre, d'un compas et d'un couteau à greffer. Comme il n'y a pas de trace de cet emblème dans les documents antérieurs, il est vraisemblable qu'il ait, lui aussi, été inspiré tardivement de celui de la franc-maçonnerie[18].

Les premiers membres

[modifier | modifier le code]

Il y a peu d'informations sur la profession des membres avant la fin du XVIIIe siècle. À cette période, on trouve dans la loge d'Haddington, outre les jardiniers, des commerçants, des tailleurs et des écrivains publics. Tous les membres de la loge sont originaires du comté. En revanche, la loge de Dumfermline, ancienne capitale de l'Écosse, s'enorgueillit de compter parmi ses membres « de nombreuses personnes illustres d'Édimbourg, autant que de l'East Lothian [parmi lesquelles] le marquis de Tweedale, le comte de Haddington, Lord William Hay, etc. »[19].

Le premier registre de la loge de Dunfermline a été établi en 1716, avec les signatures de 214 membres. À cette époque, l'effectif se compose d'une majorité de jardiniers de métier mais également de nombreux artisans ainsi que de deux membres de l'aristocratie locale. Rapidement, l'effectif augmente, le niveau social moyen s'élève, au point que les jardiniers de métiers ne forment plus la majorité des nouveaux membres, mais le recrutement reste local. En 1721, cent un nouveaux membres de toutes conditions sociales sont admis dans la loge, depuis les jardiniers et boulangers jusqu'au duc d'Athole. Les années suivantes voient un assez grand nombre d'aristocrates se faire initier à la franc-jardinerie dans la loge de Dunfermline, même lorsqu'ils habitent à proximité de celle d'Haddington qui reste contrôlée par les professions liées au jardinage. La plupart de ces personnes possèdent des jardins renommés. À partir de 1736, date de la création de la Grande Loge (maçonnique) d'Écosse, cette dynamique cesse et il n'y a plus d'initiations d'aristocrates dans la loge de francs-jardiniers de Dunfermline[3].

Sur le plan religieux, tous les membres de cette époque sont protestants et appartiennent à l'Église d'Écosse. Politiquement, en revanche, ils sont de toutes tendances[3].

Comparaisons avec la franc-maçonnerie

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Dans les années 1720, il existe en Écosse une profusion de sociétés, fraternités et clubs. La franc-maçonnerie et l'ordre des francs-jardiniers ne sont que ceux qui se sont le plus étendus et ont perduré le plus longtemps[3]. Bien que les francs-jardiniers soient toujours restés indépendants de la franc-maçonnerie, l'histoire et l'organisation des deux ordres présentent de nombreuses similitudes qui éclairent les recherches historiques sur la naissance du second[20].

Ces deux ordres présentent d'importantes similitudes en ce qui concerne leur organisation et leur développement. Tous deux sont nés en Écosse au milieu du XVIIe siècle dans des groupes liés à un métier particulier mais acceptèrent très vite des membres d'autres professions. Dans les deux cas, les membres du métier d'origine sont devenus minoritaires dès le début du XVIIIe siècle. Dans les deux ordres également, certaines loges[n 2] s'ouvrent très rapidement aux membres « acceptés » et en particulier à la noblesse locale, alors que d'autres[n 3] sont beaucoup plus réticentes[3].

Presque tous les membres connus qui ont appartenu aux deux ordres ont été francs-jardiniers avant de devenir francs-maçons. Le plus grand groupe de francs-jardiniers devenus par la suite francs-maçons intègre la loge maçonnique « Kilwinning Scots Arms », fondée en 1729. Il s'agit de neuf membres de la loge de francs-jardiniers de Dunfermline. Aucun d'entre eux n'était jardinier de métier, il s'agissait d'aristocrates et de militaires[3].

La franc-maçonnerie se répand assez rapidement en Angleterre, puis, après la création de la Grande Loge de Londres en 1717, à travers le monde entier. En revanche, l'ordre des francs-jardiniers reste principalement écossais. Dans les deux cas, les loges écossaises semblent avoir eu des difficultés à se regrouper dans des structures plus vastes nommées « Grandes Loges ». En ce qui concerne la franc-maçonnerie d'Écosse, ce processus ne commence à Édimbourg qu'en 1736 et il ne s'achève qu'en 1891. En ce qui concerne l'ordre des francs-jardiniers, la première Grande Loge écossaise n'est formée qu'en 1849, et 15 loges restent indépendantes jusqu'à la disparition de l'ordre. Dans les deux cas, ce sont en particulier les loges fondées avant leur Grande Loge qui seront les plus réticentes à renoncer à leur indépendance[3].

Dans la liste, globalement anglophone (Angleterre, Écosse, Galles, USA), des loges de francs-jardiniers (de) actives en 2002, on repère cependant[réf. nécessaire] :

  • N. 18 – Metatron, Monte Carlo (fondée à Monaco),
  • N. 21 – Parc Floral D’Apremont, Paris (fondée en France), voir Château d'Apremont (Cher)[21]
  • N. 22 – Sunflower, Brisbane (fondée en Australie),
  • N. 23 – Jardin de San Pantoleon de Losa, Burgos (fondée en Espagne),
  • N. 25 – Jardin du Moulin de Féline, Lyon (fondée en France),
  • N. 27 – Fleur de vie, Boussu (fondée en Belgique),
  • N. 28 – Les Jardins de Gasteiz, Vitoria-Gasteiz (fondée en Espagne),
  • N. 29 – Sampaguita, Quezon City (fondée en 2020 aux Philippines),
  • N. 30 – Carl Theodor zum goldenen Garten, Schwetzingen (fondée en 2020 en Allemagne, Bade-Wurtemberg),
  • N. 31 – Kaningag, Cebu City (fondée en 2020 aux Philippines),
  • N. 33 – Ylang-Ylang, Manille (fondée en 2020 aux Philippines).
  • N.34- La Vigne et le Blé, Durbuy (fondée en Belgique)

Notes et références

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  1. Pison, Gihon, Hiddekel et Euphrate.
  2. Comme celle de Dunfermline pour les francs-jardiniers et celle de Kilwinning pour les francs-maçons.
  3. Comme celle d'Haddington pour les francs-jardiniers et celle d'Édimbourg pour les francs-maçons.

Références

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  1. Robert L.D. Cooper 2000, p. 11-12.
  2. a b c d e f et g Robert L.D. Cooper 2000, p. 11-24.
  3. a b c d e f g et h Robert L.D. Cooper 2000, p. 87-93.
  4. (en) « British Order of Ancient Free Gardeners », sur historyshelf.org (consulté le ).
  5. (en) « Ancient Order of Free Gardeners », sur historyshelf.org (consulté le ).
  6. (en) « St Andrew Order of Ancient Free Gardeners Friendly Society », sur historyshelf.org (consulté le ).
  7. (en) « Free Gardeners of the Lothians and Fife », sur historyshelf.org (consulté le ).
  8. (en) « The Fraternity of Gardeners of East Lothian », sur historyshelf.org (consulté le ).
  9. (en) « The Society of Gardeners in and about Dunfermline », sur historyshelf.org (consulté le ).
  10. (en) « Friendly societies », sur historyshelf.org (consulté le ).
  11. (en) « Free Gardeners Lodge that meet in Scotland », sur Adelphi Bluebell Lodge No.4 (consulté le ).
  12. a b c d e et f Robert L.D. Cooper 2000, p. 27-40.
  13. Victoria Solt Dennis 2005.
  14. a et b (en) « Regalia », sur historyshelf.org (consulté le ).
  15. (en) « Ritual and symbols », sur historyshelf.org (consulté le ).
  16. Robert L.D. Cooper 2000, p. 45.
  17. (en) « Free Gardeners and Freemasons », sur historyshelf.org (consulté le ).
  18. Robert L.D. Cooper 2000, p. 42-46.
  19. Robert L.D. Cooper 2000, p. 47-77.
  20. Robert L.D. Cooper 2000, p. 2-8.
  21. « Parc Floral », sur Apremont-sur-Allier (consulté le ).

Bibliographie

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Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) W. Gow, A Historical Sketch from the Records of the Ancient Society of Gardeners, Dunfermline, .
  • Robert L.D. Cooper, Les Francs-Jardiniers, Ivoire-Clair, (ISBN 978-2913882058). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) Victoria Solt Dennis, Discovering Friendly and Fraternal Societies, Shire Publications, (ISBN 0-7478-0628-4) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • L'Ordre des Francs Jardiniers - Rituels, sous la direction de Rémi Boyer et Howard Doe, Les Editions de la Tarente, 2019.
  • (en) « the Free Gardeners », sur historyshelf.org (consulté le ). Document utilisé pour la rédaction de l’article

Articles connexes

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Liens externes

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