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« Lac de Brienz » : différence entre les versions

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{{Infobox Lac
{{ébauche Suisse}}
|nom=Lac de Brienz<br><small>''Brienzersee''</small>
{{Infobox Lac|
|image=Aerial image of Lake Brienz (view from the southwest).jpg
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[[Image:Karte Brienzersee.png|300px|right|thumb|Lac de Brienz]]


Le '''lac de Brienz''' est un [[lac]] alpin situé dans l'[[oberland bernois]] en [[Suisse]]. Son nom vient de la ville de [[Brienz]].
Le {{terme défini|lac de Brienz}} ({{lang-de|Brienzersee}}) est un lac au nord des [[Alpes suisses]], dans le [[canton de Berne]] en [[Suisse]]. Son nom provient de l’agglomération de [[Brienz (Berne)|Brienz]], située sur sa rive nord.


==Environnement==
== Situation ==
Le lac de Brienz est le premier lac alimenté par l’[[Aar]] au long de son parcours. À sa sortie, la rivière rejoint le [[lac de Thoune]], après avoir traversé Interlaken. Les deux [[Lütschine]] (provenant des vallées de [[Grindelwald (Berne)|Grindelwald]] et de [[Lauterbrunnen]]) sont également ses affluents. Le lac est situé dans une profonde dépression entre les villages de Brienz à l’est et [[Bönigen]] à l’ouest.
Le lac de Brienz est un des écosystèmes majeurs pour la Suisse, d'importance paneuropéenne en tant qu'étape pour les oiseaux [[migrateur]]s. Il constitue avec le [[Lac de Thoune]] une réserve d'eau douce et une source exploitée pour produire de l'eau potable pour près d'un demi million de personnes.


Il mesure approximativement quinze kilomètres de long et deux kilomètres et demi de large, pour une superficie d’environ trente kilomètres carrés. Les berges du lac sont très abruptes, aussi le lac ne présente presque aucune zone peu profonde. C'est même le lac le plus profond du canton.
Comme le lac de Thoune, il est affecté par le fait que des [[munition immergée| munitions ont été volontairement immergées]] en eaux douces en Suisse (Un lac sur deux en a reçu dans le pays, alors que les autres pays se sont plutôt débarrassés de leurs munitions anciennes ou [[munition non explosée|non-explosées]] en mer).
Les militaires y ont immergé une quantité de [[munition]]s déclassées, [[munition non explosée|munitions non explosées]] et explosifs estimée à 500 à 600 tonnes (sur plus de 8000 tonnes estimées avoir été jetés dans les lacs suisses, souvent avec leur amorce ou détonateur qui contiennent des métaux toxiques). Il s'agit ''a priori'' surtout de [[Bombe (militaire)|bombe]]s, [[Grenade (arme)|grenade]]s, [[obus]], [[Munition|cartouche]]s et de résidus d'[[explosif]]s, dont [[Trinitrotoluène|TNT]].<br>
Ces munitions contiennent de nombreux [[métal lourd|métaux]] et produits [[toxique]]s dont on connait mal la cinétique dans un milieu tel qu'un lac. On ignore encore si des réactions exothermiques ou des phénomènes physicochimiques peuvent ou non contribuer à faire remonter des toxiques qu'on pensait stabilisés dans les eaux peu oxygénées et froides des profondeurs du lac. On peut aussi craindre à terme des phénomènes d'eutrophisation ou de dystrophisation si des munitions contiennent des quantités importantes de phosphates et de nitrates, bien que la plupart de ces munitions semblent encore en bon état selon les rapports officiels.
Dans un article du 28 octobre 2003 du Bund, des spécialistes allemands recommandent de couvrir les munitions d’une couche de
glace artificielle, qu'il faudrait alors entretenir. Une autre question est l'impact d'un éventuel mouvement du fond pouvant résulter d'un brutal et important glissement de terrain [[http://www.bwg.admin.ch/themen/wasser/Bilder/hw2005/luftwaffe/050824/20056703.jpg| exemple illustré]] ou d'un tremblement de terre, deux phénomènes dont la fréquence et la probabilité pourraient augmenter suite aux conséquences des modifications climatiques et dont on a montré que la [http://www.bwg.admin.ch/themen/natur/f/pdf/Lateltinf1.pdf perception du risque était sous-estimée] en Suisse. Il faudrait également de s'assurer qu'il n'y ait pas de munitions chimiques et mieux connaître l'[[hydrologie]] des lacs, en particulier le risque de résurgence ou de sources "chaudes" ou salines ou acides, dans leurs fonds aujourd'hui ou en cas d'aléa sismique, d'autant que l'Aar qui alimente les lacs de Brienz et de Thoune est utilisé pour refroidir deux centrales nucléaires.


Il se trouve à une altitude de {{unité|564|mètres}}. [[Interlaken]] et les villages de [[Matten]] et [[Unterseen]] sont situés au sud-ouest. Les chutes du [[Giessbach]] se déversent à sa rive sud. On y trouve également le beau village d'[[Iseltwald]], où la petite île pittoresque du [[Schnäggeninseli]] s'élève à faible distance du rivage. On trouve également quelques hameaux sur sa rive nord.
En [[2004]], Ursula Haller a déposé une motion au Conseil national pour demander le repêchage et l’élimination des munitions déposées au fond des lacs suisses, après qu'en [[2003]] déjà, Monsieur Gresch ait fait la même demande au Grand conseil bernois, sans résultats (motion rejetée le [[15 septembre]] [[2004]]).


==Liens externes==
== Histoire ==
[[Fichier:CH-NB - Brienzersee, Aareausfluss von Westen mit Blick auf Ringgenberg - Collection Gugelmann - GS-GUGE-LORY-A-1.tif|vignette|gauche|La ''Sortie de l'Aar du lac de Brienz'' en 1789 ([[Gabriel Ludwig Lory]]).]]
* [http://search.parlament.ch/f/cv-geschaefte?gesch_id=20043220 Motion de Mme Ursula Haller, et rejet]
* [http://www.be.ch/gr/VosData/Gwd/Parlamentarische%20Vorstoesse/Motionen/2003/20040303_115905/M%20266%202003%20Gresch%20Berne%20AVeS%20du%2017.11.2003%20%20D%C3%A9p%C3%B4t%20de%20munitions%20da_5820.pdf Motion Gresh déposée à Berne le 25 Février 2003]
*[http://www.dhs.ch/externe/protect/textes/f/F8656.html Article dans le Dictionnaire Historique de la Suisse]


Le lac de Brienz prend la place d'une fracture tectonique surcreusée par le glacier de la vallée de l'Aar pendant les [[glaciations quaternaires|périodes glaciaires]]. Lors du [[glaciation de Würm|dernier maximum glaciaire]], il était recouvert par les glaces jusqu'à une altitude de {{formatnum:1600}} à {{unité|1800|m}}<ref name=geo/>. C'est l'un des derniers grands lacs alpins à avoir été libéré des glaces il y a environ {{unité|16000|ans}}<ref name=mh/>. A cette époque, il ne forme encore qu'un seul grand lac avec le lac de Thoune, d'une soixantaine de kilomètres de long et s'étendant de [[Meiringen]] jusqu'à [[Uttigen]]. Il est alors très profond, avec un soubassement rocheux descendant jusqu'à {{unité|400|m}} au-dessous du niveau de la mer. Toutefois, son bassin versant était très exposé à l'érosion, en particulier au moment de la naissance du lac lorsque l'absence de végétation ne permettait pas de freiner le ravinement. En conséquence, les alluvions de la Lütschine ont séparé les deux lacs et formé la plaine d'Interlaken, tandis que ceux de l'Aar ont comblé la partie supérieure du lac entre Meiringen et Brienz<ref name=ofev/>.


[[Fichier:Brienz Grossmann.jpg|vignette|gauche|upright|{{lien | lang = de | fr = Elisabetha Grossmann}} (1795-1858), ''la belle batelière de Brienz'']]
{{lac suisse}} {{Commonscat|Lake Brienz|Lac de Brienz}}


Au Moyen-Âge, le lac et ses alentours sont un fief impérial que se partagent notamment les barons de Ringgenberg et les Eschenbach. De 1146 à 1439, le couvent d'Interlaken va parvenir à en acquérir successivement la totalité. En 1434, pour alimenter un moulin, ils construisent un seuil dans l'Aar qui a pour effet d'empêcher le passage des poissons d'un lac à l'autre, notamment des saumons qui venaient auparavant frayer dans l'Oberhasli, mais aussi de surélever le niveau du lac qui transforme la plaine de Brienz en un marécage<ref name=dhs/>{{,}}<ref name=ofev/>.
[[Catégorie:Canton de Berne]]
[[catégorie:Lac de Suisse|Brienz]]


Lors de la [[réforme protestante en Suisse|Réforme protestante]], les biens du couvent et donc le lac passe sous le contrôle de la ville de Berne qui règlemente dès lors la pêche et la navigation. Ses droits passent ensuite au canton en 1803, puis à la Confédération en 1848<ref name=dhs/>.
[[als:Brienzersee]]

[[ca:Llac de Brienz]]
[[Fichier:Brienz - BLS 'Brienz' - Seepromenade 2016-08-11 16-42-15.JPG|vignette|Le ''Brienz'' à Brienz.]]
[[cs:Brienzské jezero]]

[[de:Brienzersee]]
Les rives du lac étant escarpées, l'essentiel du transport des marchandises, notamment le transfert des vaches vers les alpages ou celui des pierres des carrières de Goldswil, s'est fait par bateau jusqu'au {{s-|XIX}}. Malgré des résistances, la modernisation des transports commence en 1839 avec l'arrivée du premier [[bateau à vapeur]], la construction d'une route longeant la rive nord de bout en bout (1865) puis, progressivement, celle d'une liaison ferroviaire entre 1872 et 1916 qui causa une forte régression du trafic lacustre. À ce jour, la société ferroviaire [[BLS (entreprise)|BLS]] exploite cinq navires. Pour finir, l'autoroute A8 longe la rive sud depuis 1988<ref name=dhs/>.
[[en:Lake Brienz]]

[[eo:Brienz]]
== Régulation ==
[[es:Lago de Brienz]]
[[Fichier:WasserwehrInterlaken.jpg|vignette|Les écluses de régulation.]]
[[et:Brienzi järv]]
[[Fichier:BrienzUnwetter2005Autobahn.jpg|vignette|L'inondation d'{{date-|août 2005}} au niveau de l'autoroute de Brienz.]]
[[ja:ブリエンツ湖]]

[[lv:Brīencas ezers]]
Le seuil du couvent d'Interlaken est démonté au milieu du XIXe siècle et remplacé par une régulation du niveau de l'eau par deux écluses construites entre 1853 et 1855, la petite n'étant ouverte qu'en cas de crue. Par la même occasion, le cours de l'Aar a été corrigé et le niveau du lac a été abaissé de {{unité|2|mètres}}. Ces installations sont maintenant complétées par deux petites centrales hydroélectriques et deux échelles à poissons. Elles ne sont pas situées à l'exutoire du lac, mais à {{unité|2,6|km}} plus en aval, entre les villes d'Interlaken et d'Unterseen<ref name=reg/>{{,}}<ref name=reg-b/>.
[[nl:Meer van Brienz]]

Comme le terrain est plat et densément bâti dans l'axe de la vallée, les capacités de rétention du lac ainsi que d'écoulement sont limitées : le débit du canal de l'exutoire est limité à {{unité|340|m|3|/s}} alors que les apports peuvent atteindre {{unité|700|m|3|/s}}, comme lors de l'inondation d'{{date-|août 2005}} où la cote 566,05 a été atteinte. En temps normal, le niveau oscille entre {{unité|565,30|m}} pour les hautes eaux et 562,90 pour les basses eaux. Le niveau moyen est de 564,30 en été et de 563,40 en hiver. En moyenne, le débit est de {{unité|62|m|3|/s}} et l'eau séjourne {{unité|980|jours}} dans le lac<ref name=reg/>. La régulation ne peut pas entièrement contrôler les crues, mais elle peut assurer un débit minimum à l'Aar en hiver tout en évitant que le niveau du lac ne descende trop<ref name=reg-b/>.

== Hydrologie ==
Les apports sur le bassin d'alimentation sont de plus de {{unité|2000|l/m{{2}}}} dont 340 s'évaporent et 1720 arrivent dans le lac. Avec une altitude moyenne de {{unité|1950|m}}, le bassin d'alimentation ({{unité|1134|km|2}} dont {{unité|603|km|2}} pour l'Aar et {{unité|391|km|2}} pour la Lütschine) du lac de Brienz est particulièrement élevé et peu soumis à l'influence humaine : 21 % de forêts, 21 % de surfaces agricoles, essentiellement des alpages, et 56 % de surfaces improductives, c'est-à-dire des éboulis et des glaciers (20 %). Ces dernières sont soumises à une érosion intense et l'Aar et la Lütschine apportent de grandes quantités de particules minérales en suspension ({{unité|300000|tonnes/an}}). Ce [[farine de roche|lait glaciaire]] est à l'origine de la turbidité et de la couleur du lac qui varient en fonction des saisons et des apports en eaux chargées de sédiments (jusqu'à {{unité|55|mg/l}}). En hiver, la transparence est maximale et le lac est pratiquement bleu. À la fonte des neiges, il devient de plus en plus vert et au cœur de l'été, il est d'un gris-vert brillant et laiteux. Les différences étaient encore plus grandes avant les années 1930 et la mise en eau des [[lac de barrage|lacs de barrage]] des {{lien|lang=de |fr=Forces motrices de l'Oberhasli|trad = Kraftwerke Oberhasli}} qui lissent l'apport d'eau de l'Aar au cours de l'année et retiennent {{unité|232000|tonnes}} de sédiments par an au fond de leurs lacs<ref name=bve/>. La croissance de la couche sédimentaire est de {{unité|2|cm}} par an. Elle dépasse actuellement {{unité|350|mètres}} et le lac de Brienz sera probablement entièrement comblé dans {{unité|13000|ans}}<ref name=ofev/>.

<gallery caption="Le lac suivant les saisons" mode="packed" >
Brienzersee(98).jpg|Le lac au printemps.
Iseltwald.jpg|[[Iseltwald]] en été.
</gallery>

Du fait de sa grande profondeur, le brassage des eaux ne se produit pas tous les ans, mais il empêche le lac de se refroidir par grand froid : il a gelé pour la dernière fois en 1356<ref name=ofev/> et la température de ses eaux superficielles oscille entre 5 et {{tmp|20|°C}} avec une température moyenne de {{tmp|10.85|°C}} relativement fraîche pour un lac préalpin<ref name=eawag/>.

En raison de la turbidité des eaux et du manque de phosphate dissous, la croissance annuelle de la biomasse végétale est particulièrement faible : {{unité|5000|tonnes}} au total, soit {{unité|67|grammes}} de carbone par m{{2}}. Pour les mêmes raisons et avec un brassage efficace des eaux les jours de [[foehn]], il reste riche en oxygène, avec des concentrations comprises entre 9 et {{unité|11|mg/l}} à toutes profondeurs<ref name=bafu/>.

== Environnement ==
La zone littorale du lac présente de nombreux habitats structurés (blocs de rocher, cailloux, graviers et bois mort) favorables aux poissons car ils peuvent leur servir d'abri. Par contre, il y a peu de zones avec du sable, des sédiments fins ou des plantes. D'autre part, l'influence de l'homme est forte puisque près de la moitié de la côte a été aménagée, soit par des murs soit par des structures stabilisatrices pour les routes. Il en va de même pour ses affluents, zones essentielles pour le frai<ref name=pl/>.

Comme d'autres lacs de montagne (cela concerne dans une moindre mesure les lacs de [[lac de Thoune|Thoune]], des [[lac des Quatre-Cantons|Quatre-Cantons]] et de [[lac de Walenstadt|Walenstadt]]), faute d’une flore nourricière suffisante, la pêche n’y est pas un élément important, à l'exception de la deuxième moitié du {{s-|XX}}. Cela est dû à la faiblesse des apports en substances nutritives pour les algues, notamment limitées par le phosphore.
Alors que la teneur en [[phosphate]] du lac de Brienz a atteint un pic de {{unité|19|μg/l}} en 1983 (après {{unité|7|μg/l}} en 1970) à une époque où de nombreux lacs de plaine souffraient d'[[eutrophisation]], elle est rapidement retombée à des niveaux excessivement bas après l'interdiction du phosphate dans les [[lessives]] en 1986, la construction des [[stations d'épuration]] de Brienz, Meiringen, Grindelwald et Lauterbrunnen entre 1971 et 1994, puis l'optimisation de la précipitation des phosphates à partir de 2000<ref name=bafu/>. Depuis 2001, elle est inférieure à 1 μg/l, une valeur record pour les grands lacs suisses. En conséquence, le [[zooplancton]] s'est fait beaucoup plus rare et les [[daphnie]]s<ref name=utb/>, une source d'alimentation importante pour les [[corégone|féra]]s (corégone), étaient pratiquement absentes en 1999 et de 2008 à 2010. Ce changement se reflète d'une part dans le rendement de la pêche aux féras : tandis qu'elle dépassait les {{unité|15|kg/ha}} vers 1980, elle est retombée à {{unité|1|kg/ha}} et donc à des valeurs comparables à celles d'avant 1950. D'autre part, le [[brienzlig]], une espèce endémique de [[corégone]], présente d'importants problèmes de croissance. Alors que les spécimens de quatre ans mesuraient {{unité|26|cm}} pour un poids de {{unité|200|g}}, ils ne pèsent plus que {{unité|40|g}} pour {{unité|18|cm}} depuis que la nourriture est redevenue rare. De plus, la moitié d'entre eux sont stériles, sans organes génitaux<ref name=bve/>{{,}}<ref name=fcbp/>. Le stock de brienzlig provient exclusivement de la fraie naturelle, tandis que {{formatnum:30000}} à {{nombre|250000|alevins}} de féra sont déversés chaque année<ref name=bve/>.

Outre le brienzlig, les autres corégones se sont adaptés aux diverses conditions environnementales de ce lac et se sont différenciés en trois ou quatre espèces endémiques, avec notamment les ''tiefenfelchen'' qui vivent au fond du lac à {{unité|250|m}} de profondeur et les ''felchen'' et les ''balchen'' qui restent proches de la surface<ref name=spa/>.

La zone littorale accueille également d'autres espèces de poissons : les [[perca fluviatilis|perches]], les [[rutilus rutilus|gardons]] et les [[alburnus alburnus|ablettes]] y sont particulièrement fréquents, tandis que les [[esox lucius|brochets]], [[phoxinus phoxinus|vairons]], [[salmo trutta|truites]], [[squalius cephalus|chevesnes]] et [[salvelinus umbla|ombles chevalier]] sont plutôt rares. Les [[Leuciscus leuciscus|vandoises]], [[Cottus gobio|chabots]] et [[Lota lota|lottes]] sont un peu plus communs. Les poissons qui apprécient des eaux plus riches en nutriments ([[cyprinus carpio|carpes]], [[barbus barbus|barbeaux]], [[Abramis brama|brèmes]], [[Thymallus thymallus|ombres]]) ont quasiment disparu et il n'y a pas d'espèces invasives<ref name=pl/>.

== Immersion de munitions ==
[[Fichier:Munitionsversenkungen im Thunersee und Brienzersee.png|vignette|Lieux d'immersion des munitions (points rouges).]]
Comme d'autres lacs suisses, le lac de Brienz est affecté par le fait que des [[munition immergée|munitions ont été volontairement immergées]], constituant une source potentielle de [[pollution induite par les munitions]]. Dans ce lac, il s'agit essentiellement de {{unité|280|tonnes}} de [[Grenade (arme)|grenades]] et de munitions d'artilleries d'un calibre de 5,3 à {{unité|15|cm}} qui restaient en surplus après la deuxième guerre mondiale et qui ont été immergées en 1948-49 à Nase à une profondeur de 180 à {{unité|200|m}} sur une surface de {{unité|1|km|2}}<ref name=vbs/>{{,}}<ref name=ddps12/>.

En raison des risques environnementaux dus à leur teneur en [[métal lourd|métaux lourds]], produits toxiques et phosphates, ainsi que des malformations observées sur des corégones et de l'éventualité d'une explosion spontanée, notamment en cas de catastrophe naturelle, des motions ont été déposées en 2003-2004<ref name=grbe/>{{,}}<ref name=par/> en vue de leur repêchage. Par la suite, les analyses des sédiments et des eaux n'ont révélé que des traces de ces polluants et de produits de décomposition des explosifs à des concentrations 100 à {{nombre|1000|fois}} inférieures aux limites fixées par la législation. La présence de ces substances peut aussi être mise en relation avec l'utilisation civile d'explosifs, comme lors du percement de la galerie de drainage du lac du [[glacier inférieur de Grindelwald]]. Comme elles ne présentent actuellement pas de danger, qu'elles sont déjà recouvertes par environ 1 m de sédiment et que leur récupération serait complexe, périlleuse et perturbatrice pour l'écosystème aquatique, il a été décidé de ne pas les déplacer<ref name=ddps12/>{{,}}<ref name=ddps17/>.

== Référence ==
{{Références|refs=
<ref name=geo>[https://map.geo.admin.ch/?lang=fr&topic=ech&bgLayer=ch.swisstopo.pixelkarte-farbe&layers=ch.swisstopo.zeitreihen,ch.bfs.gebaeude_wohnungs_register,ch.bav.haltestellen-oev,ch.swisstopo.swisstlm3d-wanderwege,ch.swisstopo.geologie-eiszeit-lgm-raster&layers_visibility=false,false,false,false,true&layers_timestamp=18641231,,,,&E=2645290.66&N=1175666.44&zoom=5&catalogNodes=532,533 Carte du dernier maximum glaciaire], swisstopo.</ref>
<ref name=mh>Matthias Hinderer, [https://www.tandfonline.com/doi/pdf/10.1080/09853111.2001.11432446?needAccess=true Late Quaternary denudation of the Alps, valley and lake fillings and modern river loads], Geodinamica Acta 14 (2001) 231 - 263.</ref>
<ref name=ofev>Cahier de l'environnement n° 237, ''[https://www.bafu.admin.ch/dam/bafu/fr/dokumente/wasser/uz-umwelt-zustand/der_zustand_der_seeninderschweiz.pdf.download.pdf/l_etat_des_lacs_ensuisse.pdf L'état des lacs en Suisse]'', [[Office fédéral de l'environnement, des forêts et du paysage]], [[Berne]], 1994.</ref>
<ref name=dhs>{{DHS|8656|Lac de Brienz|auteur=Hans von Rütte|date=15 octobre 2004}}</ref>
<ref name=reg>''[https://www.bafu.admin.ch/dam/bafu/fr/dokumente/naturgefahren/dossiers/faktenblatt-seeregulierung-brienzersee.pdf.download.pdf/regulation-du-lac-de-brienz-f.pdf Régulation du lac de Brienz]'', [[Office fédéral de l'environnement, des forêts et du paysage]], [[Berne]], juillet 2018.</ref>
<ref name=reg-b>''[https://www.bve.be.ch/bve/fr/index/wasser/wasser/gewaesserregulierung/brienzersee.html Régulation du lac de Brienz]'', Direction des travaux publics, des transports et de l'énergie du canton de Berne.</ref>
<ref name=eawag> Vonlanthen, P., Périat, G., Seehausen, O., Dönz, C., Rieder, J., Brodersen, J., … Colon, M. (2013). [https://www.dora.lib4ri.ch/eawag/islandora/object/eawag%3A14942 Artenvielfalt und Zusammensetzung der Fischpopulation im Brienzersee]. Kastanienbaum: Eawag.</ref>
<ref name=bafu>{{de}} Faktenblatt: [https://www.bafu.admin.ch/dam/bafu/de/dokumente/wasser/fachinfo-daten/Wasserqualit%C3%A4t_Seen_Brienzersee_-_O482-1855.pdf.download.pdf/Wasserqualit%C3%A4t_Seen_Brienzersee_-_O482-1855.pdf Der Brienzersee – Zustand bezüglich Wasserqualität], Office fédéral de l'environnement, 1er juillet 2016.</ref>
<ref name=utb>Sans apport de phosphate supplémentaire, il n'y a pas de daphnies en quantité notable dans le lac de Brienz. [[Daphnia longispina]] est la seule espèce qui a pu s'y établir à partir de 1950, mais ses populations s'effondrent à nouveau depuis 2000. En leur absence, les poissons se rabattent essentiellement sur les [[copépodes]]. Voir Sibylle Hunziker, "[https://www.wsl.ch/fileadmin/user_upload/WSL/Mitarbeitende/rellstab/uferschutzverband_2014_extract.pdf Sogar die Flöhe sind im Brienzersee einmalig]", p 69-86, Jahrbuch 2014 des Uferschutzverbandes Thuner- und Brienzersee (UTB).</ref>
<ref name=bve>{{de}} [https://www.wsl.ch/fileadmin/user_upload/WSL/Mitarbeitende/rellstab/Brienzersee-Broschuere.pdf Brienzersee: Ein Ökosystem unter der Lupe. Resultate des Forschungsprojekts zum Rückgang des Planktons und der Felchenerträge], Direction des travaux publics, des transports et de l'énergie du canton de Berne, 31 mars 2006.</ref>
<ref name=fcbp>{{de}} "Diète de poisson dans le lac de Brienz", FCBP info, n°4, pages 1 et 13 à 15, 2011.</ref>
<ref name=spa> [https://www.eawag.ch/fileadmin/Domain1/Beratung/Beratung_Wissenstransfer/Publ_Praxis/Faktenblaetter/fb_Phosphor_im_Brienzersee_Jan2012.pdf Fakten zum Phosphor im Brienzersee], eawag Aquatic search, 31 janvier 2019 sur eawag.ch.</ref>
<ref name=pl> Pascal Vonlanthen, Guy Périat, [https://www.dora.lib4ri.ch/eawag/islandora/object/eawag%3A14942/datastream/PDF/Vonlanthen-2013-Artenvielfalt_und_Zusammensetzung_der_Fischpopulation-%28published_version%29.pdf Artenvielfalt und Zusammensetzung der Fischpopulation im Brienzersee], Projet Lac, eawag, le 25 avril 2013.</ref>
<ref name=vbs>{{de}} [https://www.vbs.admin.ch/content/vbs-internet/de/verschiedene-themen-des-vbs/umweltthemen-des-vbs/munitionen-in-schweizer-seen.download/vbs-internet/de/documents/raumundumwelt/munitioneninschweizerseen/Munition-in-Schweizer-Seen-Historische-Abklaerungen%20.pdf Étude historique concernant le dépôt et l'immersion de munitions du 5 novembre 2004], Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports.</ref>
<ref name=grbe> [https://www.gr.be.ch/gr/fr/index/geschaefte/geschaefte/suche/geschaeft.gid-562d9225403c4c378436fe0fe12cce43.html Motion 2003.RRGR.3914 de Sabine Gresh: Dépôt de munitions dans le lac de Thoune et réponse du Conseil-exécutif], , 17 novembre 2003.</ref>
<ref name=par>[https://www.parlament.ch/fr/ratsbetrieb/suche-curia-vista/geschaeft?AffairId=20043220 Motion 04.3220 déposée le 5 mai 2004 par Ursula Haller: Repêchage et élimination des munitions déposées au fond des lacs suisses, et avis du Conseil fédéral du 15.09.2004], parlament.ch.</ref>
<ref name=ddps12>[https://www.vbs.admin.ch/content/vbs-internet/fr/verschiedene-themen-des-vbs/umweltthemen-des-vbs/munitionen-in-schweizer-seen.detail.nsb.html/67254.html Munitions immergées dans les lacs préalpins : repêchage inutile], Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS), 3 février 2012 et [https://www.vbs.admin.ch/content/vbs-internet/de/verschiedene-themen-des-vbs/umweltthemen-des-vbs/munitionen-in-schweizer-seen.download/vbs-internet/de/documents/raumundumwelt/munitioneninschweizerseen/Munition-in-Schweizer-Seen-Umfassende-Gefaehrungsabschaetzung.pdf Schlussbericht Militärische Munitionsversenkungen in Schweizer Seen], 2012. </ref>
<ref name=ddps17>[https://www.vbs.admin.ch/content/vbs-internet/fr/verschiedene-themen-des-vbs/umweltthemen-des-vbs/munitionen-in-schweizer-seen.detail.nsb.html/67254.html Lacs suisses : les munitions immergées ne libèrent pas de substances nocives], Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS), 23 juin 2017 et [https://www.newsd.admin.ch/newsd/message/attachments/48816.pdf Militärische Munitionsversenkungen in Schweizer Seen – Explosivstoffmonitoring 2012-2016]. </ref>
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=== Articles connexes ===
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* [[Hydrologie de la Suisse]]
* [[Liste des lacs de barrage de Suisse]]
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* [[Munition immergée]]

=== Bibliographie ===
* R. Juge, J.-B. Lachavanne, J. Perfetta et A. Demierre, ''Étude des macrophytes du lac de Brienz'', OFEFP et canton de Berne, 1992, 81{{nb p.}}

=== Liens externes ===
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* [http://www.brienzersee.ch/ Lake Brienz Tourism Portal brienzersee.ch]
* [http://www.bls.ch/schiff/index_e.html BLS Navigation], compagnie de navigation sur les lacs de Brienz et de Thoune
* [http://www.bve.be.ch/bve/fr/index/wasser/wasser/messdaten/Seen.html Lacs], Direction des travaux publics, des transports et de l'énergie, [[Canton de Berne]]
* [http://www.hydrodaten.admin.ch/fr/2023.html#aktuelle_daten Brienzersee - Ringgenberg, niveau d'eau], [[Office fédéral de l'environnement]] (OFEV), Confédération suisse

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Lac de Brienz
Brienzersee
Image illustrative de l’article Lac de Brienz
Image illustrative de l’article Lac de Brienz
Administration
Pays Drapeau de la Suisse Suisse
Canton Drapeau du canton de Berne Berne
Géographie
Coordonnées 46° 43′ 00″ N, 7° 57′ 00″ E
Type alpin
Montagne AlpesVoir et modifier les données sur Wikidata
Superficie 29,8 km2
Longueur 14 kmVoir et modifier les données sur Wikidata
Largeur 2,8 kmVoir et modifier les données sur Wikidata
Altitude 564 mVoir et modifier les données sur Wikidata
Profondeur
 · Maximale
 · Moyenne

260 m
173 m
Volume 5 170 hm3
Hydrographie
Bassin versant 1 127 km2
Alimentation Aar, Lütschine et chutes de GiessbachVoir et modifier les données sur Wikidata
Émissaire(s) AarVoir et modifier les données sur Wikidata
Durée de rétention 980 jours
Géolocalisation sur la carte : canton de Berne
(Voir situation sur carte : canton de Berne)
Lac de Brienz Brienzersee
Géolocalisation sur la carte : Suisse
(Voir situation sur carte : Suisse)
Lac de Brienz Brienzersee
Contour Google Maps

Le lac de Brienz (allemand : Brienzersee) est un lac au nord des Alpes suisses, dans le canton de Berne en Suisse. Son nom provient de l’agglomération de Brienz, située sur sa rive nord.

Le lac de Brienz est le premier lac alimenté par l’Aar au long de son parcours. À sa sortie, la rivière rejoint le lac de Thoune, après avoir traversé Interlaken. Les deux Lütschine (provenant des vallées de Grindelwald et de Lauterbrunnen) sont également ses affluents. Le lac est situé dans une profonde dépression entre les villages de Brienz à l’est et Bönigen à l’ouest.

Il mesure approximativement quinze kilomètres de long et deux kilomètres et demi de large, pour une superficie d’environ trente kilomètres carrés. Les berges du lac sont très abruptes, aussi le lac ne présente presque aucune zone peu profonde. C'est même le lac le plus profond du canton.

Il se trouve à une altitude de 564 mètres. Interlaken et les villages de Matten et Unterseen sont situés au sud-ouest. Les chutes du Giessbach se déversent à sa rive sud. On y trouve également le beau village d'Iseltwald, où la petite île pittoresque du Schnäggeninseli s'élève à faible distance du rivage. On trouve également quelques hameaux sur sa rive nord.

La Sortie de l'Aar du lac de Brienz en 1789 (Gabriel Ludwig Lory).

Le lac de Brienz prend la place d'une fracture tectonique surcreusée par le glacier de la vallée de l'Aar pendant les périodes glaciaires. Lors du dernier maximum glaciaire, il était recouvert par les glaces jusqu'à une altitude de 1 600 à 1 800 m[1]. C'est l'un des derniers grands lacs alpins à avoir été libéré des glaces il y a environ 16 000 ans[2]. A cette époque, il ne forme encore qu'un seul grand lac avec le lac de Thoune, d'une soixantaine de kilomètres de long et s'étendant de Meiringen jusqu'à Uttigen. Il est alors très profond, avec un soubassement rocheux descendant jusqu'à 400 m au-dessous du niveau de la mer. Toutefois, son bassin versant était très exposé à l'érosion, en particulier au moment de la naissance du lac lorsque l'absence de végétation ne permettait pas de freiner le ravinement. En conséquence, les alluvions de la Lütschine ont séparé les deux lacs et formé la plaine d'Interlaken, tandis que ceux de l'Aar ont comblé la partie supérieure du lac entre Meiringen et Brienz[3].

Elisabetha Grossmann (de) (1795-1858), la belle batelière de Brienz

Au Moyen-Âge, le lac et ses alentours sont un fief impérial que se partagent notamment les barons de Ringgenberg et les Eschenbach. De 1146 à 1439, le couvent d'Interlaken va parvenir à en acquérir successivement la totalité. En 1434, pour alimenter un moulin, ils construisent un seuil dans l'Aar qui a pour effet d'empêcher le passage des poissons d'un lac à l'autre, notamment des saumons qui venaient auparavant frayer dans l'Oberhasli, mais aussi de surélever le niveau du lac qui transforme la plaine de Brienz en un marécage[4],[3].

Lors de la Réforme protestante, les biens du couvent et donc le lac passe sous le contrôle de la ville de Berne qui règlemente dès lors la pêche et la navigation. Ses droits passent ensuite au canton en 1803, puis à la Confédération en 1848[4].

Le Brienz à Brienz.

Les rives du lac étant escarpées, l'essentiel du transport des marchandises, notamment le transfert des vaches vers les alpages ou celui des pierres des carrières de Goldswil, s'est fait par bateau jusqu'au XIXe siècle. Malgré des résistances, la modernisation des transports commence en 1839 avec l'arrivée du premier bateau à vapeur, la construction d'une route longeant la rive nord de bout en bout (1865) puis, progressivement, celle d'une liaison ferroviaire entre 1872 et 1916 qui causa une forte régression du trafic lacustre. À ce jour, la société ferroviaire BLS exploite cinq navires. Pour finir, l'autoroute A8 longe la rive sud depuis 1988[4].

Régulation

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Les écluses de régulation.
L'inondation d' au niveau de l'autoroute de Brienz.

Le seuil du couvent d'Interlaken est démonté au milieu du XIXe siècle et remplacé par une régulation du niveau de l'eau par deux écluses construites entre 1853 et 1855, la petite n'étant ouverte qu'en cas de crue. Par la même occasion, le cours de l'Aar a été corrigé et le niveau du lac a été abaissé de 2 mètres. Ces installations sont maintenant complétées par deux petites centrales hydroélectriques et deux échelles à poissons. Elles ne sont pas situées à l'exutoire du lac, mais à 2,6 km plus en aval, entre les villes d'Interlaken et d'Unterseen[5],[6].

Comme le terrain est plat et densément bâti dans l'axe de la vallée, les capacités de rétention du lac ainsi que d'écoulement sont limitées : le débit du canal de l'exutoire est limité à 340 m3/s alors que les apports peuvent atteindre 700 m3/s, comme lors de l'inondation d' où la cote 566,05 a été atteinte. En temps normal, le niveau oscille entre 565,30 m pour les hautes eaux et 562,90 pour les basses eaux. Le niveau moyen est de 564,30 en été et de 563,40 en hiver. En moyenne, le débit est de 62 m3/s et l'eau séjourne 980 jours dans le lac[5]. La régulation ne peut pas entièrement contrôler les crues, mais elle peut assurer un débit minimum à l'Aar en hiver tout en évitant que le niveau du lac ne descende trop[6].

Les apports sur le bassin d'alimentation sont de plus de 2 000 l/m2 dont 340 s'évaporent et 1720 arrivent dans le lac. Avec une altitude moyenne de 1 950 m, le bassin d'alimentation (1 134 km2 dont 603 km2 pour l'Aar et 391 km2 pour la Lütschine) du lac de Brienz est particulièrement élevé et peu soumis à l'influence humaine : 21 % de forêts, 21 % de surfaces agricoles, essentiellement des alpages, et 56 % de surfaces improductives, c'est-à-dire des éboulis et des glaciers (20 %). Ces dernières sont soumises à une érosion intense et l'Aar et la Lütschine apportent de grandes quantités de particules minérales en suspension (300 000 tonnes/an). Ce lait glaciaire est à l'origine de la turbidité et de la couleur du lac qui varient en fonction des saisons et des apports en eaux chargées de sédiments (jusqu'à 55 mg/l). En hiver, la transparence est maximale et le lac est pratiquement bleu. À la fonte des neiges, il devient de plus en plus vert et au cœur de l'été, il est d'un gris-vert brillant et laiteux. Les différences étaient encore plus grandes avant les années 1930 et la mise en eau des lacs de barrage des Forces motrices de l'Oberhasli (de) qui lissent l'apport d'eau de l'Aar au cours de l'année et retiennent 232 000 tonnes de sédiments par an au fond de leurs lacs[7]. La croissance de la couche sédimentaire est de 2 cm par an. Elle dépasse actuellement 350 mètres et le lac de Brienz sera probablement entièrement comblé dans 13 000 ans[3].

Du fait de sa grande profondeur, le brassage des eaux ne se produit pas tous les ans, mais il empêche le lac de se refroidir par grand froid : il a gelé pour la dernière fois en 1356[3] et la température de ses eaux superficielles oscille entre 5 et 20 °C avec une température moyenne de 10,85 °C relativement fraîche pour un lac préalpin[8].

En raison de la turbidité des eaux et du manque de phosphate dissous, la croissance annuelle de la biomasse végétale est particulièrement faible : 5 000 tonnes au total, soit 67 grammes de carbone par m2. Pour les mêmes raisons et avec un brassage efficace des eaux les jours de foehn, il reste riche en oxygène, avec des concentrations comprises entre 9 et 11 mg/l à toutes profondeurs[9].

Environnement

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La zone littorale du lac présente de nombreux habitats structurés (blocs de rocher, cailloux, graviers et bois mort) favorables aux poissons car ils peuvent leur servir d'abri. Par contre, il y a peu de zones avec du sable, des sédiments fins ou des plantes. D'autre part, l'influence de l'homme est forte puisque près de la moitié de la côte a été aménagée, soit par des murs soit par des structures stabilisatrices pour les routes. Il en va de même pour ses affluents, zones essentielles pour le frai[10].

Comme d'autres lacs de montagne (cela concerne dans une moindre mesure les lacs de Thoune, des Quatre-Cantons et de Walenstadt), faute d’une flore nourricière suffisante, la pêche n’y est pas un élément important, à l'exception de la deuxième moitié du XXe siècle. Cela est dû à la faiblesse des apports en substances nutritives pour les algues, notamment limitées par le phosphore. Alors que la teneur en phosphate du lac de Brienz a atteint un pic de 19 μg/l en 1983 (après 7 μg/l en 1970) à une époque où de nombreux lacs de plaine souffraient d'eutrophisation, elle est rapidement retombée à des niveaux excessivement bas après l'interdiction du phosphate dans les lessives en 1986, la construction des stations d'épuration de Brienz, Meiringen, Grindelwald et Lauterbrunnen entre 1971 et 1994, puis l'optimisation de la précipitation des phosphates à partir de 2000[9]. Depuis 2001, elle est inférieure à 1 μg/l, une valeur record pour les grands lacs suisses. En conséquence, le zooplancton s'est fait beaucoup plus rare et les daphnies[11], une source d'alimentation importante pour les féras (corégone), étaient pratiquement absentes en 1999 et de 2008 à 2010. Ce changement se reflète d'une part dans le rendement de la pêche aux féras : tandis qu'elle dépassait les 15 kg/ha vers 1980, elle est retombée à 1 kg/ha et donc à des valeurs comparables à celles d'avant 1950. D'autre part, le brienzlig, une espèce endémique de corégone, présente d'importants problèmes de croissance. Alors que les spécimens de quatre ans mesuraient 26 cm pour un poids de 200 g, ils ne pèsent plus que 40 g pour 18 cm depuis que la nourriture est redevenue rare. De plus, la moitié d'entre eux sont stériles, sans organes génitaux[7],[12]. Le stock de brienzlig provient exclusivement de la fraie naturelle, tandis que 30 000 à 250 000 alevins de féra sont déversés chaque année[7].

Outre le brienzlig, les autres corégones se sont adaptés aux diverses conditions environnementales de ce lac et se sont différenciés en trois ou quatre espèces endémiques, avec notamment les tiefenfelchen qui vivent au fond du lac à 250 m de profondeur et les felchen et les balchen qui restent proches de la surface[13].

La zone littorale accueille également d'autres espèces de poissons : les perches, les gardons et les ablettes y sont particulièrement fréquents, tandis que les brochets, vairons, truites, chevesnes et ombles chevalier sont plutôt rares. Les vandoises, chabots et lottes sont un peu plus communs. Les poissons qui apprécient des eaux plus riches en nutriments (carpes, barbeaux, brèmes, ombres) ont quasiment disparu et il n'y a pas d'espèces invasives[10].

Immersion de munitions

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Lieux d'immersion des munitions (points rouges).

Comme d'autres lacs suisses, le lac de Brienz est affecté par le fait que des munitions ont été volontairement immergées, constituant une source potentielle de pollution induite par les munitions. Dans ce lac, il s'agit essentiellement de 280 tonnes de grenades et de munitions d'artilleries d'un calibre de 5,3 à 15 cm qui restaient en surplus après la deuxième guerre mondiale et qui ont été immergées en 1948-49 à Nase à une profondeur de 180 à 200 m sur une surface de 1 km2[14],[15].

En raison des risques environnementaux dus à leur teneur en métaux lourds, produits toxiques et phosphates, ainsi que des malformations observées sur des corégones et de l'éventualité d'une explosion spontanée, notamment en cas de catastrophe naturelle, des motions ont été déposées en 2003-2004[16],[17] en vue de leur repêchage. Par la suite, les analyses des sédiments et des eaux n'ont révélé que des traces de ces polluants et de produits de décomposition des explosifs à des concentrations 100 à 1 000 fois inférieures aux limites fixées par la législation. La présence de ces substances peut aussi être mise en relation avec l'utilisation civile d'explosifs, comme lors du percement de la galerie de drainage du lac du glacier inférieur de Grindelwald. Comme elles ne présentent actuellement pas de danger, qu'elles sont déjà recouvertes par environ 1 m de sédiment et que leur récupération serait complexe, périlleuse et perturbatrice pour l'écosystème aquatique, il a été décidé de ne pas les déplacer[15],[18].

Référence

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  1. Carte du dernier maximum glaciaire, swisstopo.
  2. Matthias Hinderer, Late Quaternary denudation of the Alps, valley and lake fillings and modern river loads, Geodinamica Acta 14 (2001) 231 - 263.
  3. a b c et d Cahier de l'environnement n° 237, L'état des lacs en Suisse, Office fédéral de l'environnement, des forêts et du paysage, Berne, 1994.
  4. a b et c Hans von Rütte, « Lac de Brienz » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
  5. a et b Régulation du lac de Brienz, Office fédéral de l'environnement, des forêts et du paysage, Berne, juillet 2018.
  6. a et b Régulation du lac de Brienz, Direction des travaux publics, des transports et de l'énergie du canton de Berne.
  7. a b et c (de) Brienzersee: Ein Ökosystem unter der Lupe. Resultate des Forschungsprojekts zum Rückgang des Planktons und der Felchenerträge, Direction des travaux publics, des transports et de l'énergie du canton de Berne, 31 mars 2006.
  8. Vonlanthen, P., Périat, G., Seehausen, O., Dönz, C., Rieder, J., Brodersen, J., … Colon, M. (2013). Artenvielfalt und Zusammensetzung der Fischpopulation im Brienzersee. Kastanienbaum: Eawag.
  9. a et b (de) Faktenblatt: Der Brienzersee – Zustand bezüglich Wasserqualität, Office fédéral de l'environnement, 1er juillet 2016.
  10. a et b Pascal Vonlanthen, Guy Périat, Artenvielfalt und Zusammensetzung der Fischpopulation im Brienzersee, Projet Lac, eawag, le 25 avril 2013.
  11. Sans apport de phosphate supplémentaire, il n'y a pas de daphnies en quantité notable dans le lac de Brienz. Daphnia longispina est la seule espèce qui a pu s'y établir à partir de 1950, mais ses populations s'effondrent à nouveau depuis 2000. En leur absence, les poissons se rabattent essentiellement sur les copépodes. Voir Sibylle Hunziker, "Sogar die Flöhe sind im Brienzersee einmalig", p 69-86, Jahrbuch 2014 des Uferschutzverbandes Thuner- und Brienzersee (UTB).
  12. (de) "Diète de poisson dans le lac de Brienz", FCBP info, n°4, pages 1 et 13 à 15, 2011.
  13. Fakten zum Phosphor im Brienzersee, eawag Aquatic search, 31 janvier 2019 sur eawag.ch.
  14. (de) Étude historique concernant le dépôt et l'immersion de munitions du 5 novembre 2004, Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports.
  15. a et b Munitions immergées dans les lacs préalpins : repêchage inutile, Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS), 3 février 2012 et Schlussbericht Militärische Munitionsversenkungen in Schweizer Seen, 2012.
  16. Motion 2003.RRGR.3914 de Sabine Gresh: Dépôt de munitions dans le lac de Thoune et réponse du Conseil-exécutif, , 17 novembre 2003.
  17. Motion 04.3220 déposée le 5 mai 2004 par Ursula Haller: Repêchage et élimination des munitions déposées au fond des lacs suisses, et avis du Conseil fédéral du 15.09.2004, parlament.ch.
  18. Lacs suisses : les munitions immergées ne libèrent pas de substances nocives, Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS), 23 juin 2017 et Militärische Munitionsversenkungen in Schweizer Seen – Explosivstoffmonitoring 2012-2016.

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Articles connexes

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Bibliographie

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  • R. Juge, J.-B. Lachavanne, J. Perfetta et A. Demierre, Étude des macrophytes du lac de Brienz, OFEFP et canton de Berne, 1992, 81 p.

Liens externes

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