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« Grande révolte syrienne » : différence entre les versions

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{{Voir homonymes|Révolution syrienne|Bombardement de Damas}}
La ''' révolte druze''' plus tard appelée '''révolution syrienne''' de [[1925]]-[[1927]] ou '''révolution nationale''', en [[arabe]] : {{lang|ar|الثورة السورية الكبرى}}, la '''Grande Révolte Syrienne''', est la plus importante révolte ayant eu lieu sur le territoire de l'actuelle [[Syrie]] contre le [[Mandat français en Syrie|pouvoir français]]. Elle a éclaté au [[Djébel el-Druze]] pour se propager vers [[Damas]], [[Qalamoun]], [[Hama]], au [[plateau du Golan|Golan]] et dans le sud-est du [[Liban]]. La révolution a été menée par le chef [[druze]], [[Sultan al-Atrach]].
{{Sources à lier|date=novembre 2017}}
{{Infobox Conflit militaire
| image =
| légende =
| conflit = Révolte druze
| date = 1925-1927
| lieu = [[Mandat français en Syrie et au Liban|Syrie et Liban]]
| issue = Victoire française
| combattants1 = {{France}}<br />[[Fichier:Flag of Syria French mandate.svg|bordure|20px]] [[Mandat français sur la Syrie et le Liban|Syrie française]]
| combattants2 = Rebelles [[druzes]]
| commandant1 = {{FRA-d}} [[Maurice Sarrail]]<br />{{FRA-d}} [[Roger Michaud]]<br />{{FRA-d}} [[Maurice Gamelin]]
| commandant2 = [[Sultan el-Atrache]] <br /> [[Fawzi al-Qawuqji]]<br /> [[Hasan al-Kharrat]] †<br /> [[Ramadan al-Shallash]]
| forces1 = [[Armée du Levant]]<br />40 000 soldats
| forces2 = ''Inconnues''
| pertes1 = 2 500 à 6 000 morts ou disparus
| pertes2 = ''Inconnues''
| batailles = [[Bataille d'al-Kafr|Kafr]] • [[Bataille d'al-Mazraa|Mazraa]] • [[Bataille de Messifre|Messifre]] • [[Bataille de Rachaya|Rachaya]]
}}
La '''révolte druze''' de [[1925]]-[[1927]], appelée plus tard '''révolution syrienne''', ou '''révolution nationale''', ou en [[arabe]] '''grande révolte syrienne''' ({{lang|ar|الثورة السورية الكبرى}}, {{lang|ar-Latn|''alththawrat alssuriat alkubraa''}}), est la plus importante révolte ayant eu lieu contre le [[Mandat français en Syrie et au Liban|pouvoir français]] sur le territoire de l'actuelle [[Syrie]]. Menée par [[Sultan el-Atrache]], elle a éclaté au [[Djebel el-Druze]] (aujourd'hui Jabal al-Arab) pour se propager vers [[Damas]], [[Al-Qalamoun (Syrie)|Qalamoun]], [[Hama]], au [[plateau du Golan|Golan]] et dans le Sud-Est du [[Liban]]. La répression par les forces françaises a été sanglante, causant la mort de près de 10 000 Syriens, pour la plupart des civils ; la révolte a également coûté la vie à près de 4000 soldats de l'armée française<ref>{{Lien web |langue=en-US |prénom=François El |nom=Bacha |titre=Liban/Histoire: La Grande Révolte Druze et la Bataille de Rachaya en 1925 |url=https://libnanews.com/liban-histoire-grande-revolte-druze-rachaya/ |site=Libnanews, Le Média Citoyen du Liban |date=2020-11-19 |consulté le=2022-11-05}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Christèle |nom=Dedebant |titre=Quand la Syrie était française |url=https://www.geo.fr/histoire/quand-la-syrie-etait-francaise-201216 |site=Geo.fr |date=2020-07-09 |consulté le=2022-11-05}}.</ref> (pour la plupart des Africains).

La révolte des druzes constitue une des quatre rébellions anticoloniales dirigées contre la France dans l'entre-deux guerres, avec la [[guerre du Rif]] au nord du Maroc ; la [[Mutinerie de Yên Bái|mutinerie de Yen Bay]] en [[Indochine française|Indochine]], qui a eu des répercussions sur le nord de l'[[Annam]] et quatre provinces du [[Tonkin]] en 1930-31 ; et la [[Guerre du Kongo-Wara]] en Afrique Equatoriale Française (AEF)<ref>{{Ouvrage|langue=en-US|prénom1=Martin|nom1=Thomas|titre=An empire in revolt?: The Rif war, the Syrian rebellion, Yen Bay and the Kongo Wara|éditeur=Manchester University Press|date=2017-03-01|isbn=978-1-5261-1869-1|lire en ligne=https://www.manchesterhive.com/view/9781526118691/9781526118691.00019.xml|consulté le=2022-11-05}}</ref>.


== Contexte historique ==
== Contexte historique ==
[[Image:Sultan Pasha al-Atrash.jpg|img|thumb|right|200px|[[Sultan al-Atrach]], chef de la révolte]]
[[Image:Sultan Pasha al-Atrash.jpg|vignette|redresse=1.0|[[Sultan al-Atrach]], chef de la révolte.]]
=== Mandat français ===
La révolution syrienne s'inscrit dans la lutte pour l'indépendance contre le [[Syrie mandataire|mandat français en Syrie et au Liban]].
La révolution syrienne s'inscrit dans la lutte pour l'indépendance, contre le [[mandat français en Syrie et au Liban]].
La France, à qui la [[Société des Nations]], à la suite du démantèlement de l'[[Empire ottoman]] après la [[Première Guerre mondiale]], avait attribué le mandat sur la Syrie en [[1920]], doit faire face à une importante révolte dans ce pays entre 1925 et 1927.

L'opposition venait surtout des [[Druzes]], exaspérés par les méthodes des autorités militaires françaises, qui pratiquaient une administration directe, sans discernement ni égard envers les élites et les coutumes locales.
Le {{date-|25 avril 1920}}, la [[Société des Nations]] ([[Société des Nations|SDN]]) avait attribué à la France des mandats de [[protectorat]] sur la Syrie et le Liban. La Palestine et la Transjordanie passaient, quant à elles, sous mandat britannique. Une paix précaire s'ensuivit, malgré les réserves émises par les Italiens et les Américains et les agissements de différents éléments arabes. Dès le {{date-|13 juillet 1924}} la France fut diplomatiquement libre d'agir à sa guise dans le cadre du mandat.

=== Rébellions des années 1919-1922 ===
{{Article détaillé|Révolte alaouite de 1919}}
L'armée française fait face dès 1919 à une série de rébellions en Syrie. Entre 1919 et 1921, le cheikh alaouite [[Saleh al-Ali]] mène ainsi la [[révolte alaouite de 1919]] dans le [[Montagnes des Alaouites|Jabâl Ansariya]] (les montagnes de la côte syrienne)<ref name=Neep>Daniel Neep, {{Lien web |langue=fr-FR |titre=Syrie. Les analogies de l’Histoire – A l'encontre |url=https://alencontre.org/societe/histoire/syrie-les-analogies-de-lhistoire.html |consulté le=2022-11-06}}, 2013</ref>. En 1920-1921, [[Ibrahim Hananou]] conduit la révolte d'Alep, ou révolte de la Syrie du nord, également appelée {{Lien|langue=en|trad=Hananu Revolt|fr= Révolte de Hananou|texte= révolte de Hananu}}<ref name=Neep/>. Le chef druze [[Sultan el-Atrache]] suscite une rébellion dans les montagnes du sud jusqu'en 1922<ref name=Neep/>.

L'opposition à la France venait surtout des [[Druzes]], exaspérés par les méthodes du [[Maurice Sarrail|général Sarrail]], qui pratiquait une administration directe, sans discernement ni égard envers les élites et les coutumes locales ; il avait été nommé en remplacement du général catholique Weygand, lui-même étant un jacobin laïciste nommé par le [[Cartel des gauches]]<ref>Henri de Wailly, Liban, Syrie : le Mandat (1919-1940), Edition Perrin, 2010</ref>.


== La révolte ==
== La révolte ==
L'insurrection syrienne contre le mandat français naît pendant l'été 1925 au [[Djébel el-Druze]]. Excédés par les pratiques du capitaine [[Gabriel Carbillet]], Gouverneur du Djébel, les Druzes basculent dans la révolte, menée par un jeune chef nationaliste, [[Sultan al-Atrach]]. La ''révolution nationale'' est proclamée en octobre 1925. Les militaires français voient dans cette proclamation l'échec de leur politique de "''pacification''" du pays. Les rebelles se concentrent ensuite dans les environs de [[Damas]], et préparent le soulèvement de la capitale à partir de l'oasis de [[Ghouta]].
L'insurrection syrienne contre le mandat français naît pendant l'été 1925 au [[Djebel el-Druze]]. Excédés par les pratiques du capitaine [[Gabriel Carbillet]], gouverneur du Djébel, les Druzes basculent dans la révolte, menée par un jeune chef nationaliste, [[Sultan el-Atrache]].


Le 21 juillet, la colonne du capitaine Normand est attaquée lors de la [[bataille d'al-Kafr]] à quelques kilomètres au sud-est de [[Soueïda]]. {{nobr|115 hommes}} sur 166 sont massacrés. Le 3 août, la colonne [[Roger Michaud|Michaud]] (environ {{nombre|3000|hommes}}), mise sur pied pour délivrer les assiégés à Soueïda et venger les morts d'al-Kafr, connait le même sort lors de la [[bataille d'al-Mazraa]]. {{nobr|640 hommes}} de la colonne sont tués, dont 122 Français, et les insurgés s'emparent de nombreuses armes<ref>[[Edmond Rabbath]], « L'insurrection syrienne de 1925-1927 » dans ''[[Revue historique (France)|Revue historique]]'', avril 1982, {{p.|413-414}} [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k183734/f143.item.r=.zoom (lire en ligne)]</ref>.
Le [[18 octobre]], une grande rébellion a lieu à Damas et dans ses environs. L'attaque d'une patrouille française par les rebelles déclenche un cycle de représailles.
Plusieurs villages, accusés de complicité avec les rebelles sont incendiés, et une opération de police ramène à Damas le [[14 octobre]] une centaine de prisonniers et plusieurs dizaines de cadavres de rebelles. Les corps sont exposés sur la place al Merjeh.


Le 24 septembre, la victoire française lors de la [[bataille de Messifre]] ouvre la voie à la prise de Soueïda.
L'attaque du [[Palais Azim]], siège de l'administration française en Syrie, le 18 octobre, provoque un nouveau soulèvement.
Damas est considérée comme "territoire rebelle". La loi martiale est instituée, et le [[Maurice Gamelin|général Gamelin]] décide d'utiliser l'artillerie pour écraser la résistance. La ville est bombardée pendant trois jours, et un incendie embrase le [[20 octobre]] une zone de 45 000 mètres carrés.
[[Image:Damas en flamme.jpg|thumb|upright=1.1|Damas en flamme après le bombardement de la ville]]


La ''révolution nationale'' est proclamée en {{date-|octobre 1925}}. Les militaires français, dont {{formatnum:20000}} de l'[[Armée du Levant]] sont dans la région, voient dans cette proclamation l'échec de leur politique de « pacification » du pays. Les rebelles se concentrent ensuite dans les environs de [[Damas]], et préparent le soulèvement de la capitale à partir de l'oasis de [[Ghouta]].
À la suite de ce bombardement, le corps consulaire adresse un télégramme de protestation à la [[Chambre_des_députés_(Troisième_République)|Chambre des députés]]. Dans leur action, les Syriens trouvent un certain soutien en [[République de Chine (1912-1949)|Chine]], en [[Égypte]], en [[Inde]], en [[Russie]] et aux [[États-Unis]]. À [[Genève]], les représentants du Mouvement national syrien entament un recours contre les agissements de la France en Syrie auprès de la [[Société des Nations]].

En France, le député [[communiste]] [[Jacques Doriot]] demande l'abandon du Mandat, l'indépendance de la Syrie et du Liban, ainsi que le retrait des forces françaises.
Le {{date-|18 octobre 1925-}}, une grande rébellion a lieu à Damas et dans ses environs. L'attaque d'une patrouille française par les rebelles déclenche un cycle de représailles.
Plusieurs villages, accusés de complicité avec les rebelles, sont incendiés, et une opération de police ramène à Damas le {{date-|14 octobre 1925-}} une centaine de prisonniers et plusieurs dizaines de cadavres de rebelles. Les corps sont exposés sur la place al Merjeh.

L'attaque du [[palais Azem]] siège de l'administration française en Syrie, le {{date-|18 octobre 1925-}}, par les troupes de [[Hasan al-Kharrat]] provoque un nouveau soulèvement.
Damas est considérée comme « territoire rebelle ». La loi martiale est instituée, et le [[Maurice Gamelin|général Gamelin]] décide d'utiliser l'artillerie pour écraser la résistance. La ville est bombardée pendant trois jours, et un incendie embrase le {{date-|20 octobre 1925-}} une zone de {{Unité|45000|mètres carrés}}.
[[Image:Damas en flamme.jpg|vignette|redresse=1.1|Damas en flammes après le bombardement de la ville.]]

À la suite de ce bombardement, le corps consulaire adresse un télégramme de protestation à la [[Chambre des députés (Troisième République)|Chambre des députés]]. Dans leur action, les Syriens trouvent un certain soutien en [[République de Chine (1912-1949)|Chine]], en [[Royaume d'Égypte|Égypte]], en [[Raj britannique|Inde]], en [[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]] et aux [[États-Unis]]. À [[Genève]], les représentants du Mouvement national syrien entament un recours contre les agissements de la France en Syrie auprès de la [[Société des Nations]].
En France, le député [[Parti communiste français|communiste]] [[Jacques Doriot]] demande l'abandon du Mandat, l'indépendance de la Syrie et du Liban, ainsi que le retrait des forces françaises.
Doriot n'est pas suivi par les parlementaires, mais le Mandat perd en crédibilité, surtout sur la scène internationale.
Doriot n'est pas suivi par les parlementaires, mais le Mandat perd en crédibilité, surtout sur la scène internationale.


L'opinion publique française devient elle aussi hostile au mandat, mais pour d'autres raisons. Après les revers militaires infligés à l'armée française par les rebelles, les Français suivent de moins en moins le gouvernement dans sa politique. Ce sentiment augmente après la {{Lien|lien=Battle of al-Mazraa|lang=en|trad=Bataille de Mazraa|texte=défaite de Mazraa}} au Djébel el-Druze (août 1925), où 3000 soldats français ont été mis en déroute, permettant aux insurgés de s'emparer de nombreuses armes.
L'opinion publique française devient elle aussi hostile au mandat, mais pour d'autres raisons. Après les revers militaires infligés à l'armée française par les rebelles, les Français suivent de moins en moins le gouvernement dans sa politique. Ce sentiment augmente après le massacre de la colonne Michaud à al-Mazraa le {{date-|3 août 1925}}.


=== Les Français en difficulté ===
=== Les Français en difficulté ===


Du milieu du mois d'octobre 1925 au mois de mai [[1926]], les Français se trouvent en difficulté. Le Djébel a été pendant près de sept mois libre de toute occupation française.
Du milieu du mois d'{{date-|octobre 1925}} au mois de {{date-|mai 1926}}, les Français se trouvent en difficulté. Le Djébel a été pendant près de sept mois libre de toute occupation française.


La répression menée par l'armée française permet aux insurgés de grossir leurs rangs. Ils isolent Damas en attaquant les voies de communication, le chemin de fer qui relie Damas au [[Hedjaz]], ainsi que la route menant vers [[Beyrouth]], les ponts et les lignes télégraphiques. Les Français sont harcelés dans la ville même par les rebelles.
La répression menée par l'armée française permet aux insurgés de grossir leurs rangs. Ils isolent Damas en attaquant les voies de communication, le chemin de fer qui relie Damas au [[Hedjaz]], ainsi que la route menant vers [[Beyrouth]], les ponts et les lignes télégraphiques. Les Français sont harcelés dans la ville même par les rebelles. De plus, l'insurrection s'étend au Liban où une garnison française est attaquée.


De plus, l'insurrection s'étend au Liban où une garnison française est attaquée. D'abord encerclés dans la citadelle de Rachaïya, les Français prennent le dessus sur leurs assaillants après l'intervention de deux colonnes venues en secours et le bombardement de la ville<ref>Pierre Pinta, ''Le Liban'', Karthala, 2000, p.94</ref> du 18 au 20 octobre<ref>[http://maaber.50megs.com/issue_august03/lookout2f.htm La Syrie et le Mandat français (1920-1946)]</ref>. D'autres bombardements de Damas auront lieu en mai 1926<ref>[http://www.lesclesdumoyenorient.fr/Syrie.html Décryptage de l'actualité au Moyen-Orient: Syrie]</ref>.
D'abord encerclés dans la citadelle de Rachaïya, les Français prennent le dessus sur leurs assaillants après l'intervention de deux colonnes de secours et le bombardement de la ville<ref>Pierre Pinta, ''Le Liban'', Karthala, 2000, {{p.|94}}.</ref> du 18 au {{date-|20 octobre}}<ref>[http://maaber.50megs.com/issue_august03/lookout2f.htm La Syrie et le Mandat français (1920-1946)].</ref>. D'autres bombardements de Damas auront lieu en {{date-|mai 1926}}<ref>[http://www.lesclesdumoyenorient.fr/Syrie.html Décryptage de l'actualité au Moyen-Orient : Syrie].</ref>.


En février 1926, une centaine de notables, favorables à l'administration française, se réunissent et envoient une délégation auprès des chefs insurgés pour leur demander de s'éloigner de Damas. pendant ce temps la guérilla druze est à son apogée au début du printemps 1926.
En {{date-|février 1926}}, une centaine de notables, favorables à l'administration française, se réunissent et envoient une délégation auprès des chefs insurgés pour leur demander de s'éloigner de Damas. Pendant ce temps, la guérilla druze est à son apogée au début du printemps 1926.


25 avril 1926, Souida, capitale du Djebel druze est reprise par les troupes françaises, puis le Djebel druze ainsi que le Sud Liban se calment. Dans la région de Damas en revanche, les opérations sont plus longues mais la zone est finalement pacifiée. En fait druzes et nationalistes se sont séparés politiquement.
{{date-|25 avril 1926}}, le siège de {{nobr|65 jours}} de [[Soueïda]], capitale du [[Djebel el-Druze]], est brisé par les troupes françaises, puis le Djebel druze ainsi que le Sud Liban se calment. Dans la région de Damas en revanche, les opérations sont plus longues mais la zone est finalement pacifiée. En fait, druzes et nationalistes se sont séparés politiquement.


Le ravitaillement de Soueïda est dû à l’[[Histoire de l'Armée de l'air française|aéronautique militaire française]], avec un parachutage pour les objets les plus fragiles. Les conditions de survol font des avions des cibles faciles pour les troupes ennemies. Sans ce support, la ville serait tombée en quelques semaines. L'appui aérien est assuré par le {{39e|régiment}} d'aviation d’observation, dont le commandement est à [[Rayak]] (Liban) et disposant de 8 escadrilles équipées d'environ 60 à {{nobr|70 [[Breguet 14]]}}<ref>{{Lien web |titre={{39e|RAO}} |url=http://www.traditions-air.fr/ |site=traditions-air.fr |consulté le=26 février 2016}}.</ref>.
La France a écrasé la révolte et aucune revendication des nationalistes n’a été prise en compte. Les victimes s’élèvent du côté français à 2500 et sont évaluées du côté syrien à environ 10000. La répression de la révolte permet à la France d’affirmer sa position de puissance mandataire.


La France a écrasé la révolte et aucune revendication des nationalistes n’a été prise en compte. La répression de la révolte permet à la France d’affirmer sa position de puissance mandataire.


=== Défense de Damas ===
=== Défense de Damas ===
[[Fichier:Ghouta rebels in 1925.jpg|vignette|redresse=1.3|Des rebelles dans la [[Ghouta]] {{nobr|en 1925}}.]]


Devant l'insurrection, l'état de siège est imposé le [[22 novembre]] [[1925]]. Le colonel Andréa prépare un plan de défense de Damas qui a pour but d'isoler la capitale de la guérilla. Le plan d'Andréa est d'entourer la ville d'une barrière de fer, dont les abords seront défendus par des batteries de mitrailleuses. Le projet est nommé « embellissement » et il est présenté le [[10 décembre]] 1925 aux conseillers municipaux.
Devant l'insurrection, l'état de siège est imposé le {{date-|22 novembre 1925}}. Le colonel [[Édouard Andréa|Andréa]] prépare un plan de défense de Damas qui a pour but d'isoler la capitale de la guérilla. Le plan d'Andréa est d'entourer la ville d'une barrière de fer, dont les abords seront défendus par des batteries de mitrailleuses. Le projet est nommé « embellissement » et il est présenté le {{date-|10 décembre 1925-}} aux conseillers municipaux.


La construction de cette barrière nécessite le travail de 1500 ouvriers. Les travaux sont achevés au début du mois de février 1926. La ville est entourée d'un boulevard de douze kilomètres constitué d'un réseau de fils de fer barbelés. Des soldats sont installés aux postes de sécurité, filtrant les entrées et les sorties de la ville.
La construction de cette barrière nécessite le travail de {{Unité|1500|ouvriers}}. Les travaux sont achevés au début du mois de {{date-|février 1926}}. La ville est entourée d'un boulevard de douze kilomètres constitué d'un réseau de fils de fer barbelés. Des soldats sont installés aux postes de sécurité, filtrant les entrées et les sorties de la ville.


Damas sécurisée, le colonel Andréa parvient à prendre l'oasis de [[Ghouta]] qui servait de base avancée à l'insurrection. Mais il ne parvient pas pour autant à liquider la guérilla qui s'est repliée dans la montagne.
Damas sécurisée, le colonel Andréa parvient à prendre l'oasis de Ghouta qui servait de base avancée à l'insurrection. Mais il ne parvient pas pour autant à liquider la guérilla qui s'est repliée dans la montagne.


=== Fin de la guérilla ===
=== Fin de la guérilla ===
[[Fichier:Great Syrian Revolution Book.jpg|vignette|"La Révolution syrienne contre le Mandat français" par [[Emin Arslan]], 1926 (en espagnol)]]
À Damas, un nouveau gouvernement est formé par [[Ahmed Nami|Ahmed Nami Bey]]. Ce gouvernement est constitué de trois ministres nationalistes, [[Farès al-Khoury]], [[Lotfi al-Haffar]] et [[Housni al-Barazi]]. Les ministres nationalistes s'opposent à la politique menée par les autorités françaises, ils protestent publiquement contre la proclamation par les militaires de la Ghouta comme zone militaire. Le {{date-|11 juin 1926}}, ils refusent de signer avec le reste du gouvernement une motion contre la rébellion, ce qui leur vaut d'être arrêtés et déportés à [[Djézireh de Syrie|Djézireh]].


L'insurrection s'essouffle principalement à cause des conflits opposant les différentes communautés syriennes et grâce aux mesures libérales adoptées par le haut-commissaire français [[Henry de Jouvenel]] qui bénéficie d’importants moyens militaires. Près de {{unité|40000|soldats}}, parmi lesquels des hommes venus de métropole, ont été engagés au Levant, soutenus par une artillerie nombreuse, des dizaines d’avions et un régiment de [[Char Renault FT|chars de combat FT]]<ref>{{Lien web |titre=A. Gaston Mainfroi [1903 Castelnau de Montmiral (81) – 1992 Toulouse (31)] |url=http://famillealarmee.free.fr/Gaston.htm |site=famillealarmee.free.fr/ |consulté le= 24 avril 2016}}.</ref>.
À Damas, un nouveau gouvernement est formé par [[Ahmed Nami Bey]]. Ce gouvernement est constitué de trois ministres nationalistes, [[Farès al-Khoury]], [[Lufti al-Khaffar]] et [[Husni Barazé]]. Les ministres nationalistes s'opposent à la politique menée par les autorités françaises, ils protestent publiquement contre la proclamation par les militaires de la Ghouta comme zone militaire. Le [[11 juin]], ils refusent de signer avec le reste du gouvernement une motion contre la rébellion, ce qui leur vaut d'être arrêtés et déportés à [[Djézireh]].


La révolte a entraîné une réorientation politique du mandat avec la séparation des pouvoirs entre civils et militaires. Le Général Sarrail a été limogé et rappelé en France : sa responsabilité est reconnue et entraîne la chute du gouvernement "cartel de la gauche". Le bilan des pertes humaines est d'environ {{Unité|10000|morts}} syriens, surtout des civils, et de {{formatnum:2500}}<ref>{{Lien web |auteur=Anne-Lucie Chaigne-Oudin |titre=Révolte druze de 1925 |url=http://www.lesclesdumoyenorient.com/Revolte-druze-de-1925.html |date=15 juin 2010 |site=lesclesdumoyenorient.com |consulté le= 26 février 2016}}.</ref> à {{unité|6000|soldats}} français, disparus ou morts au combat ou des suites de maladies<ref name="cour">{{Lien web |titre=L’Armée française et la grande révolte druze (1925-1926) |url=http://www.coursdhistoiremilitaire.com/2015/06/cours-d-histoire-militaire-emia-1-3.html |date=12 juin 2015 |site=coursdhistoiremilitaire.com |consulté le=24 avril 2016 }}.</ref>.
L'insurrection s'essouffle principalement à cause des conflits opposant les différentes communautés syriennes. La révolte a entrainé une réorientation politique du mandat avec la séparation des pouvoirs entre civils et militaires. Le bilan des victimes est de environ 10 000 morts, surtout des civils. Le bilan des morts militaires Français ne fut pas communiqué.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
{{Références|colonnes=2}}
{{Références|taille=33}}

== Bibliographie ==<!-- ORDRE ALPHA. SUR LE NOM DU 1R AUTEUR CITÉ -->
{{Autres projets|commons=Category:Great Syrian Revolt}}
=== Sources secondaires ===
* [[Edmond Rabbath]], « L'insurrection syrienne de 1925-1927 » dans ''[[Revue historique (France)|Revue historique]]'', avril 1982, {{p.|413-414}} [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k183734/f143.item.r=.zoom (lire en ligne)]
*{{Article|prénom1=Lenka|nom1=Bokova|titre=LES DRUZES DANS LA RÉVOLUTION SYRIENNE DE 1925 A 1927|périodique=Guerres mondiales et conflits contemporains|numéro=153|date=1989|issn=0984-2292|lire en ligne=https://www.jstor.org/stable/25730553|consulté le=2022-11-06|pages=91–104}}
* {{ouvrage |auteur1=Anne-Marie Bianquis |auteur2=Elizabeth Picard |titre=Damas, miroir brisé d'un Orient arabe |éditeur=Éditions Autrement |lieu=Paris |année=1993 }}.
* {{ouvrage |auteur=Lenka Bokova |titre=La Confrontation franco-syrienne à l'époque du mandat - 1925-1927 |éditeur=L'Harmattan |lieu=Paris |année=1990 }}.
=== Sources primaires ===
* {{ouvrage |auteur=Général Andréa |titre=La Révolte druze et l'insurrection de Damas, 1925-1926 |éditeur=Payot |année=1937 }}.
* {{ouvrage |auteur=Charles Léon Clément, Gal. (S. l.) |titre=Le Livre d'or des troupes du Levant : 1918-1936 |préface=[[Charles Huntziger|général Huntziger]] |éditeur=Imprimerie du Bureau typographique des troupes du Levant |année=1937 }}.


== Bibliographie ==
== Articles connexes ==
* [[Djebel el-Druze]]
* Anne-Marie Bianquis et Elizabeth Picard, ''Damas, miroir brisé d'un orient arabe'', édition Autrement, Paris 1993.
* [[Révolte alaouite de 1919]]
* Lenka Bokova, ''La confrontation franco-syrienne à l'époque du mandat - 1925-1927'', éditions l'Harmattan, Paris, 1990
* [[Raouf Al Ayoubi|Raouf Al-Ayoubi]] (1883-1957)
* Général Andréa, ''La Révolte druze et l'insurrection de Damas, 1925-1926'', éditions Payot, 1937
* [[Sultan el-Atrache]] (1891-1982)
* ''Le Livre d'or des troupes du Levant : 1918-1936. <Avant-propos du général Huntziger.>'', Préfacier Huntziger, Charles Léon Clément, Gal. (S. l.), Imprimerie du Bureau typographique des troupes du Levant, 1937.


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Révolte druze

Informations générales
Date 1925-1927
Lieu Syrie et Liban
Issue Victoire française
Belligérants
Drapeau de la France France
Syrie française
Rebelles druzes
Commandants
Maurice Sarrail
Roger Michaud
Maurice Gamelin
Sultan el-Atrache
Fawzi al-Qawuqji
Hasan al-Kharrat
Ramadan al-Shallash
Forces en présence
Armée du Levant
40 000 soldats
Inconnues
Pertes
2 500 à 6 000 morts ou disparus Inconnues

Batailles

KafrMazraaMessifreRachaya

La révolte druze de 1925-1927, appelée plus tard révolution syrienne, ou révolution nationale, ou en arabe grande révolte syrienne (الثورة السورية الكبرى, alththawrat alssuriat alkubraa), est la plus importante révolte ayant eu lieu contre le pouvoir français sur le territoire de l'actuelle Syrie. Menée par Sultan el-Atrache, elle a éclaté au Djebel el-Druze (aujourd'hui Jabal al-Arab) pour se propager vers Damas, Qalamoun, Hama, au Golan et dans le Sud-Est du Liban. La répression par les forces françaises a été sanglante, causant la mort de près de 10 000 Syriens, pour la plupart des civils ; la révolte a également coûté la vie à près de 4000 soldats de l'armée française[1],[2] (pour la plupart des Africains).

La révolte des druzes constitue une des quatre rébellions anticoloniales dirigées contre la France dans l'entre-deux guerres, avec la guerre du Rif au nord du Maroc ; la mutinerie de Yen Bay en Indochine, qui a eu des répercussions sur le nord de l'Annam et quatre provinces du Tonkin en 1930-31 ; et la Guerre du Kongo-Wara en Afrique Equatoriale Française (AEF)[3].

Contexte historique

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Sultan al-Atrach, chef de la révolte.

Mandat français

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La révolution syrienne s'inscrit dans la lutte pour l'indépendance, contre le mandat français en Syrie et au Liban.

Le , la Société des Nations (SDN) avait attribué à la France des mandats de protectorat sur la Syrie et le Liban. La Palestine et la Transjordanie passaient, quant à elles, sous mandat britannique. Une paix précaire s'ensuivit, malgré les réserves émises par les Italiens et les Américains et les agissements de différents éléments arabes. Dès le la France fut diplomatiquement libre d'agir à sa guise dans le cadre du mandat.

Rébellions des années 1919-1922

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L'armée française fait face dès 1919 à une série de rébellions en Syrie. Entre 1919 et 1921, le cheikh alaouite Saleh al-Ali mène ainsi la révolte alaouite de 1919 dans le Jabâl Ansariya (les montagnes de la côte syrienne)[4]. En 1920-1921, Ibrahim Hananou conduit la révolte d'Alep, ou révolte de la Syrie du nord, également appelée révolte de Hananu (en)[4]. Le chef druze Sultan el-Atrache suscite une rébellion dans les montagnes du sud jusqu'en 1922[4].

L'opposition à la France venait surtout des Druzes, exaspérés par les méthodes du général Sarrail, qui pratiquait une administration directe, sans discernement ni égard envers les élites et les coutumes locales ; il avait été nommé en remplacement du général catholique Weygand, lui-même étant un jacobin laïciste nommé par le Cartel des gauches[5].

La révolte

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L'insurrection syrienne contre le mandat français naît pendant l'été 1925 au Djebel el-Druze. Excédés par les pratiques du capitaine Gabriel Carbillet, gouverneur du Djébel, les Druzes basculent dans la révolte, menée par un jeune chef nationaliste, Sultan el-Atrache.

Le 21 juillet, la colonne du capitaine Normand est attaquée lors de la bataille d'al-Kafr à quelques kilomètres au sud-est de Soueïda. 115 hommes sur 166 sont massacrés. Le 3 août, la colonne Michaud (environ 3 000 hommes), mise sur pied pour délivrer les assiégés à Soueïda et venger les morts d'al-Kafr, connait le même sort lors de la bataille d'al-Mazraa. 640 hommes de la colonne sont tués, dont 122 Français, et les insurgés s'emparent de nombreuses armes[6].

Le 24 septembre, la victoire française lors de la bataille de Messifre ouvre la voie à la prise de Soueïda.

La révolution nationale est proclamée en . Les militaires français, dont 20 000 de l'Armée du Levant sont dans la région, voient dans cette proclamation l'échec de leur politique de « pacification » du pays. Les rebelles se concentrent ensuite dans les environs de Damas, et préparent le soulèvement de la capitale à partir de l'oasis de Ghouta.

Le , une grande rébellion a lieu à Damas et dans ses environs. L'attaque d'une patrouille française par les rebelles déclenche un cycle de représailles. Plusieurs villages, accusés de complicité avec les rebelles, sont incendiés, et une opération de police ramène à Damas le une centaine de prisonniers et plusieurs dizaines de cadavres de rebelles. Les corps sont exposés sur la place al Merjeh.

L'attaque du palais Azem siège de l'administration française en Syrie, le , par les troupes de Hasan al-Kharrat provoque un nouveau soulèvement. Damas est considérée comme « territoire rebelle ». La loi martiale est instituée, et le général Gamelin décide d'utiliser l'artillerie pour écraser la résistance. La ville est bombardée pendant trois jours, et un incendie embrase le une zone de 45 000 mètres carrés.

Damas en flammes après le bombardement de la ville.

À la suite de ce bombardement, le corps consulaire adresse un télégramme de protestation à la Chambre des députés. Dans leur action, les Syriens trouvent un certain soutien en Chine, en Égypte, en Inde, en URSS et aux États-Unis. À Genève, les représentants du Mouvement national syrien entament un recours contre les agissements de la France en Syrie auprès de la Société des Nations. En France, le député communiste Jacques Doriot demande l'abandon du Mandat, l'indépendance de la Syrie et du Liban, ainsi que le retrait des forces françaises. Doriot n'est pas suivi par les parlementaires, mais le Mandat perd en crédibilité, surtout sur la scène internationale.

L'opinion publique française devient elle aussi hostile au mandat, mais pour d'autres raisons. Après les revers militaires infligés à l'armée française par les rebelles, les Français suivent de moins en moins le gouvernement dans sa politique. Ce sentiment augmente après le massacre de la colonne Michaud à al-Mazraa le .

Les Français en difficulté

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Du milieu du mois d' au mois de , les Français se trouvent en difficulté. Le Djébel a été pendant près de sept mois libre de toute occupation française.

La répression menée par l'armée française permet aux insurgés de grossir leurs rangs. Ils isolent Damas en attaquant les voies de communication, le chemin de fer qui relie Damas au Hedjaz, ainsi que la route menant vers Beyrouth, les ponts et les lignes télégraphiques. Les Français sont harcelés dans la ville même par les rebelles. De plus, l'insurrection s'étend au Liban où une garnison française est attaquée.

D'abord encerclés dans la citadelle de Rachaïya, les Français prennent le dessus sur leurs assaillants après l'intervention de deux colonnes de secours et le bombardement de la ville[7] du 18 au [8]. D'autres bombardements de Damas auront lieu en [9].

En , une centaine de notables, favorables à l'administration française, se réunissent et envoient une délégation auprès des chefs insurgés pour leur demander de s'éloigner de Damas. Pendant ce temps, la guérilla druze est à son apogée au début du printemps 1926.

, le siège de 65 jours de Soueïda, capitale du Djebel el-Druze, est brisé par les troupes françaises, puis le Djebel druze ainsi que le Sud Liban se calment. Dans la région de Damas en revanche, les opérations sont plus longues mais la zone est finalement pacifiée. En fait, druzes et nationalistes se sont séparés politiquement.

Le ravitaillement de Soueïda est dû à l’aéronautique militaire française, avec un parachutage pour les objets les plus fragiles. Les conditions de survol font des avions des cibles faciles pour les troupes ennemies. Sans ce support, la ville serait tombée en quelques semaines. L'appui aérien est assuré par le 39e régiment d'aviation d’observation, dont le commandement est à Rayak (Liban) et disposant de 8 escadrilles équipées d'environ 60 à 70 Breguet 14[10].

La France a écrasé la révolte et aucune revendication des nationalistes n’a été prise en compte. La répression de la révolte permet à la France d’affirmer sa position de puissance mandataire.

Défense de Damas

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Des rebelles dans la Ghouta en 1925.

Devant l'insurrection, l'état de siège est imposé le . Le colonel Andréa prépare un plan de défense de Damas qui a pour but d'isoler la capitale de la guérilla. Le plan d'Andréa est d'entourer la ville d'une barrière de fer, dont les abords seront défendus par des batteries de mitrailleuses. Le projet est nommé « embellissement » et il est présenté le aux conseillers municipaux.

La construction de cette barrière nécessite le travail de 1 500 ouvriers. Les travaux sont achevés au début du mois de . La ville est entourée d'un boulevard de douze kilomètres constitué d'un réseau de fils de fer barbelés. Des soldats sont installés aux postes de sécurité, filtrant les entrées et les sorties de la ville.

Damas sécurisée, le colonel Andréa parvient à prendre l'oasis de Ghouta qui servait de base avancée à l'insurrection. Mais il ne parvient pas pour autant à liquider la guérilla qui s'est repliée dans la montagne.

Fin de la guérilla

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"La Révolution syrienne contre le Mandat français" par Emin Arslan, 1926 (en espagnol)

À Damas, un nouveau gouvernement est formé par Ahmed Nami Bey. Ce gouvernement est constitué de trois ministres nationalistes, Farès al-Khoury, Lotfi al-Haffar et Housni al-Barazi. Les ministres nationalistes s'opposent à la politique menée par les autorités françaises, ils protestent publiquement contre la proclamation par les militaires de la Ghouta comme zone militaire. Le , ils refusent de signer avec le reste du gouvernement une motion contre la rébellion, ce qui leur vaut d'être arrêtés et déportés à Djézireh.

L'insurrection s'essouffle principalement à cause des conflits opposant les différentes communautés syriennes et grâce aux mesures libérales adoptées par le haut-commissaire français Henry de Jouvenel qui bénéficie d’importants moyens militaires. Près de 40 000 soldats, parmi lesquels des hommes venus de métropole, ont été engagés au Levant, soutenus par une artillerie nombreuse, des dizaines d’avions et un régiment de chars de combat FT[11].

La révolte a entraîné une réorientation politique du mandat avec la séparation des pouvoirs entre civils et militaires. Le Général Sarrail a été limogé et rappelé en France : sa responsabilité est reconnue et entraîne la chute du gouvernement "cartel de la gauche". Le bilan des pertes humaines est d'environ 10 000 morts syriens, surtout des civils, et de 2 500[12] à 6 000 soldats français, disparus ou morts au combat ou des suites de maladies[13].

Notes et références

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  1. (en-US) François El Bacha, « Liban/Histoire: La Grande Révolte Druze et la Bataille de Rachaya en 1925 », sur Libnanews, Le Média Citoyen du Liban, (consulté le ).
  2. Christèle Dedebant, « Quand la Syrie était française », sur Geo.fr, (consulté le ).
  3. (en-US) Martin Thomas, An empire in revolt?: The Rif war, the Syrian rebellion, Yen Bay and the Kongo Wara, Manchester University Press, (ISBN 978-1-5261-1869-1, lire en ligne)
  4. a b et c Daniel Neep, « Syrie. Les analogies de l’Histoire – A l'encontre » (consulté le ), 2013
  5. Henri de Wailly, Liban, Syrie : le Mandat (1919-1940), Edition Perrin, 2010
  6. Edmond Rabbath, « L'insurrection syrienne de 1925-1927 » dans Revue historique, avril 1982, p. 413-414 (lire en ligne)
  7. Pierre Pinta, Le Liban, Karthala, 2000, p. 94.
  8. La Syrie et le Mandat français (1920-1946).
  9. Décryptage de l'actualité au Moyen-Orient : Syrie.
  10. « 39e RAO », sur traditions-air.fr (consulté le ).
  11. « A. Gaston Mainfroi [1903 Castelnau de Montmiral (81) – 1992 Toulouse (31)] », sur famillealarmee.free.fr/ (consulté le ).
  12. Anne-Lucie Chaigne-Oudin, « Révolte druze de 1925 », sur lesclesdumoyenorient.com, (consulté le ).
  13. « L’Armée française et la grande révolte druze (1925-1926) », sur coursdhistoiremilitaire.com, (consulté le ).

Bibliographie

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Sources secondaires

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  • Edmond Rabbath, « L'insurrection syrienne de 1925-1927 » dans Revue historique, avril 1982, p. 413-414 (lire en ligne)
  • Lenka Bokova, « LES DRUZES DANS LA RÉVOLUTION SYRIENNE DE 1925 A 1927 », Guerres mondiales et conflits contemporains, no 153,‎ , p. 91–104 (ISSN 0984-2292, lire en ligne, consulté le )
  • Anne-Marie Bianquis et Elizabeth Picard, Damas, miroir brisé d'un Orient arabe, Paris, Éditions Autrement, .
  • Lenka Bokova, La Confrontation franco-syrienne à l'époque du mandat - 1925-1927, Paris, L'Harmattan, .

Sources primaires

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  • Général Andréa, La Révolte druze et l'insurrection de Damas, 1925-1926, Payot, .
  • Charles Léon Clément, Gal. (S. l.) (préf. général Huntziger), Le Livre d'or des troupes du Levant : 1918-1936, Imprimerie du Bureau typographique des troupes du Levant, .

Articles connexes

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