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« Livre de la Genèse » : différence entre les versions

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| légende = Frontispice du ''Livre de la Genèse'', ''[[Bible de Saint-Paul-hors-les-Murs]]'', vers 870, contenant les premier mots ''{{lang|la|In principio}}''.
| légende = Frontispice du Livre de la Genèse, ''[[Bible de Saint-Paul-hors-les-Murs]]'', vers 870, contenant les premiers mots ''{{langue|la|In principio}}''.
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| date = {{-sp-|XVI|-|XII}}<ref group="N">Les chronologies de [[Jérôme de Stridon]] et de [[James Ussher]] situent Moïse au {{-s-|XVI}} Le [[judaïsme rabbinique]] le situe au {{-s-|XIII}}</ref>
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Le '''''Livre de la Genèse''''' (en [[latin]] ''Liber Genesis'', en [[grec ancien|grec]] {{grec ancien| βιβλίον της Γενέσεως}} {{Lang|grc-Latn|''Biblion tes Geneseôs''}}, en [[hébreu]] {{lang|he|dir=rtl|texte=ספר בראשית}} ''Sefer Bereshit'') est le premier livre de la [[Torah]] ([[Pentateuque]]), et donc de la [[Bible]]. Ce livre est fondamental pour le [[judaïsme]] et le [[christianisme]].
Le '''Livre de la Genèse''' ({{lang-he|ספר בראשית|Sefer Bereshit}}, {{"|Livre Au commencement}} ; {{lang-grc|{{grec ancien|Βιϐλίον τῆς Γενέσεως|Biblíon tês Genéseōs}}}}, {{"|Livre de la Naissance}} ; {{Lang-syc|{{lang|syc|ܣܦܪܐ ܕܒܪܝܬܐ|trans=Sifra deBrita}}}}, {{"|Livre de l'Alliance}} ; {{lang-la|''Liber Genesis''}}) est le premier livre de la [[Bible]]. Ce texte est fondamental pour le [[judaïsme]] et le [[christianisme]].


Récit des origines, il commence par celui de la création du Monde par [[Dieu]], suivi d'un second relatant celle du premier couple humain. Ce second récit montre ensuite qu'[[Adam]] et [[Ève]], qui forment ce premier couple, désobéissent, et sont alors exclus du [[Éden|jardin d'Éden]]. Dieu détruit ensuite l'Humanité par le [[Déluge]], dont seuls [[Noé (patriarche)|Noé]] et sa famille sont sauvés. Enfin, Dieu différencie les langues et disperse l'Humanité sur la surface de la Terre, lors de l'épisode de la tour de Babel. Après cela, l'essentiel de la Genèse est consacré aux histoires d'[[Abraham]], de [[Jacob]] et de [[Joseph (fils de Jacob)|Joseph]].
[[Récit originel|Récit des origines]], il commence par la [[Création (Bible)|création du monde]], œuvre de [[Dieu]], suivie d'une narration relatant la création du premier couple humain. [[Adam]] et [[Ève]] forment ce premier couple mais désobéissent et sont exclus du [[Éden|jardin d'Éden]]. Ils ont une descendance, mais Dieu, considérant que les humains sont malfaisants, regrette de les avoir créés et décide de les détruire par le [[Déluge]]. Seuls [[Noé (patriarche)|Noé]], considéré comme parfait, et sa famille sont sauvés. Plus tard, Dieu différencie les langues et disperse l'humanité sur la surface de la Terre, lors de l'épisode de la [[tour de Babel]]. L'essentiel de la Genèse est ensuite consacré aux cycles d'[[Abraham]], un nomade arrivé dans le [[pays de Canaan]] sur injonction divine, de son petit-fils [[Jacob]], dont la plupart des aventures ont pour cadre le nord du pays, et de ses fils parmi lesquels domine [[Joseph (fils de Jacob)|Joseph]].


Le livre est anonyme, tout comme les autres livres de la [[Torah]]. Les traditions juives et chrétiennes l’attribuent à [[Moïse]], mais les recherches exégétiques, archéologiques et historiques tendent, au vu des nombreux anachronismes, redondances et variations que porte le texte, à remettre en cause l’unicité de son auteur. Ainsi, la Genèse est, selon les exégètes historico-critiques, la compilation d’un ensemble de textes écrits entre le {{-sp-|VIII|e| et le |II|e}} dans le but de transmettre certaines traditions juives. Pour cette raison, entre autres, l'historicité du contenu du livre est aussi mise en cause.
La Genèse est anonyme, tout comme les autres livres de la [[Torah]] ([[Pentateuque]]). Les traditions juive et chrétienne l'attribuent à [[Moïse]], mais les recherches [[exégèse|exégétique]]s, archéologiques et historiques tendent, au vu des nombreux anachronismes, redondances et variations du texte, à remettre en cause l'unicité de son auteur. Ainsi, la Genèse représente, pour l'[[Exégèse historico-critique de la Bible|exégèse historico-critique]] du {{s|XXI}}, la compilation d'un ensemble de textes écrits entre les {{-s2-|VIII|II}} Pour cette raison, entre autres, l'historicité de son contenu est aussi mise en question.


La Genèse est largement commentée par les [[rabbin]]s et par les [[Théologie chrétienne|théologiens chrétiens]]. Avec l'avènement de l'[[islam]], ses personnages font l'objet de multiples interprétations dans le [[Coran]] et ses commentaires.
Dans le livre, Dieu est présenté comme le créateur de toutes choses et celui qui guide les patriarches vers leur destinée. L'Humanité est présentée comme une grande famille.


La Genèse est d'abord racontée avec des variantes tant dans les [[apocryphes bibliques]] que chez [[Flavius Josèphe]]. Elle est ensuite largement commentée par les [[rabbin]]s et par les [[chrétien]]s. Avec l'avènement de l'[[islam]], ses personnages font l'objet de multiples interprétations dans le [[Coran]] et dans les commentaires coraniques. De nos jours, certains [[Fondamentalisme|fondamentalistes]], surtout [[Protestantisme|protestants]], défendent l'idée que la Genèse est à la fois historiquement et scientifiquement valable. Cependant, cette position est rejetée par la grande majorité des scientifiques.
De nos jours, certains [[Fondamentalisme|fondamentalistes]], surtout dans des [[Évangélisme|églises évangéliques]], défendent l'idée du [[créationnisme]], une théorie qui s'appuie sur une lecture littérale de la Genèse, qui serait historiquement et scientifiquement valable. Cependant, cette position est rejetée par l'ensemble des scientifiques et par d'autres autorités religieuses.


== Étymologie ==
== Étymologie ==
Le nom du livre vient de son thème d'ouverture, et principalement de la traduction du mot hébreu ''toledot'' contenu en {{nobr|Genèse 2:4a}}. Ce mot signifie « origines », et donne ''Γενέσεως'', ''geneseôs'', en [[grec ancien|grec]]. La [[Septante]] grecque le nomme donc {{grec ancien| βιβλίον της Γενέσεως}}, ''Biblion tes Geneseôs'', ou plus simplement ''Genesis''<ref name="ABD_933">Ronald S. Hendel, « Book of Genesis », {{harvsp|Freedman|1992|texte=''The Anchor Yale Bible Dictionary'', vol. 2|p=933}}.</ref>. En [[latin]], le nom du livre est ''Liber Genesis''<ref>{{harvsp|Sarna|Sperling|texte=''Encyclopaedia Judaica''|p=440}}.</ref>.
Le nom du livre vient de son thème d'ouverture : le « commencement », l'« origine ». Cette notion se traduit en [[grec ancien]], au [[nominatif]], par {{grec ancien|Γένεσις}}, ''genesis''. La [[Septante]] grecque l'intitule donc « Livre du Commencement » : {{grec ancien|βιβλίον τῆς Γενέσεως}}, ''Biblion tès Geneseôs'' (au génitif), ou plus simplement ''Genesis''<ref name="ABD_933">Ronald S. Hendel, « Book of Genesis », {{harvsp|Freedman|1992|texte=''The Anchor Yale Bible Dictionary'', vol. 2|p=933}}.</ref>. En [[latin]], le nom est ''Liber Genesis''<ref>{{harvsp|Sarna|Sperling|texte=''Encyclopaedia Judaica''|p=440}}.</ref>.


En [[hébreu]], sa langue originale, le livre est appelé {{lang|he|dir=rtl|texte=''ספר בראשית''}}, ''Sefer Bereshit''<ref name="ABD_933"/>, ce qui signifie « Livre 'au commencement' ». Cela est en accord avec la tradition de nommer les livres de la [[Torah]] par leur premier mot<ref>Christophe Uehlinger, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=198|id= Römer 2009}}.</ref>.
En [[hébreu]], sa langue d'origine, le livre s'intitule {{langue|he|dir=rtl|texte=ספר בראשית}}, ''Sefer Bereshit''<ref name="ABD_933"/>, ce qui signifie « Livre « au commencement » », en reprenant le premier mot du premier [[verset]] : ''Bereshit'', בראשית, « Au Commencement ». La tradition du judaïsme est en effet de désigner les livres de la [[Torah]] par leur premier mot<ref group="N">Le verset 1 du chapitre 1 de la Genèse débute en hébreu par cette phrase : {{langue|he|dir=rtl|texte=בְּרֵאשִׁית, בָּרָא אֱלֹהִים, אֵת הַשָּׁמַיִם, וְאֵת הָאָרֶץ}} « Bereshit bora Elohim eth ha-shamaim v'eth ha-arets » (Au Commencement, Dieu créa le Ciel et la Terre).</ref>{{,}}<ref>Christophe Uehlinger, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=198|id= Römer 2009}}.</ref>.


== Résumé ==
== Résumé ==
{{Article détaillé|Résumé de la Genèse}}
{{Article détaillé|Résumé de la Genèse}}


Entièrement centré sur la question des origines, le livre de la Genèse présente d'abord celles de l'humanité en général ({{RInt Bible|Gn|ch1=1|ch2=11|display=court}}), avant de présenter celles du [[peuple d'Israël]] en particulier, à travers l'histoire de ses ancêtres ({{RInt Bible|Gn|ch1=12|ch2=50|display=court}})<ref>{{article|prénom1=Jean-Daniel|nom1=Macchi|titre=Abécédaire de l’Ancien Testament|périodique=Présence Protestante|numéro=8|année=1992|passage=16}}.</ref>. Il peut être divisé en quatre parties : l'histoire des origines ({{RInt Bible|Gn|ch1=1|v1=1|ch2=11|v2=9|display=court}})<ref name="IntroAT 198">Christoph Uehlinger, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=198|id= Römer 2009}}.</ref>, l'histoire d'[[Abraham]] et de ses deux fils ({{RInt Bible|Gn|ch1=11|v1=10|ch2=25|v2=18|display=court}})<ref name="IntroAT217">[[Albert de Pury]], {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=217-218|id= Römer 2009}}.</ref>, la [[wikt:geste#Nom_commun_2|geste]] de [[Jacob]] ({{RInt Bible|Gn|ch1=25|v1=19|ch2=36|v2=43|display=court}})<ref name="IntroAT219-220">[[Albert de Pury]], {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=219-220|id= Römer 2009}}.</ref> et enfin l'histoire de [[Joseph (fils de Jacob)|Joseph]] ({{RInt Bible|Gn|ch1=37|v1=1|ch2=50|v2=26|display=court}})<ref name="IntroAT242">Christoph Uehlinger, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=242-243|id= Römer 2009}}.</ref>.
Entièrement centré sur la question des origines, le Livre de la Genèse présente d'abord celles de l'humanité en général ({{RInt Bible|Gn|ch1=1|ch2=11|display=court}})<ref>[http://www.sefarim.fr/Pentateuque_Genese_1_11.aspx Genese 1:11] dans la [[Bible du Rabbinat]].</ref>, avant de relater celles du [[peuple d'Israël]] en particulier, à travers l'histoire de ses ancêtres ({{RInt Bible|Gn|ch1=12|ch2=50|display=court}})<ref>{{article|prénom1=Jean-Daniel|nom1=Macchi|titre=Abécédaire de l’Ancien Testament|périodique=Présence Protestante|numéro=8|année=1992|passage=16}}.</ref>. Il peut être divisé en quatre parties : l'histoire des origines ({{RInt Bible|Gn|ch1=1|v1=1|ch2=11|v2=9|display=court}})<ref name="IntroAT 198">Christoph Uehlinger, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=198|id= Römer 2009}}.</ref>, l'histoire d'[[Abraham]] et de ses deux fils ({{RInt Bible|Gn|ch1=11|v1=10|ch2=25|v2=18|display=court}})<ref name="IntroAT217">[[Albert de Pury]], {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=217-218|id= Römer 2009}}.</ref>, la [[:wikt:geste#Nom commun 2|geste]] de [[Jacob]] ({{RInt Bible|Gn|ch1=25|v1=19|ch2=36|v2=43|display=court}})<ref name="IntroAT219-220">[[Albert de Pury]], {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=219-220|id= Römer 2009}}.</ref> et enfin l'histoire de [[Joseph (fils de Jacob)|Joseph]] ({{RInt Bible|Gn|ch1=37|v1=1|ch2=50|v2=26|display=court}})<ref name="IntroAT242">Christoph Uehlinger, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=242-243|id= Römer 2009}}.</ref>.


=== L'histoire des origines ===
=== Récit des origines (1-11) ===
[[Image:Creation of Light.png|thumb|alt=Gravure représentant de la lumière émergeant derrière les nuages.|''Création de la Lumière'', gravure de [[Gustave Doré]].]]
[[Image:Creation of Light.png|vignette|alt=Gravure représentant de la lumière émergeant derrière les nuages.|''Création de la Lumière'', gravure de [[Gustave Doré]].]]


Le {{nobr|chapitre 1}} et le début du {{nobr|chapitre 2}} décrivent la [[Création (théologie)|création]] en six jours de l'univers et de ce qui s'y trouve. L'[[humanité]] (hommes et femmes) est créée le sixième jour, et la création se termine par un repos [[:wikt:sabbatique|sabbatique]] le septième jour.
Le {{nobr|chapitre 1}} et le début du {{nobr|chapitre 2}} décrivent la [[Création (Bible)|création]] en six jours de l'univers et de ce qui s'y trouve. L'[[humanité]] (hommes et femmes) est créée le sixième jour, et la création se termine par un repos sabbatique le septième jour.


À partir de {{nobr|Genèse 2,4b}}, le récit offre un autre regard sur la création des êtres vivants, notamment de l'homme, puis de la femme. Au {{nobr|chapitre 2}}, Dieu place l'homme ([[Adam]]) dans le [[Éden|jardin d'Éden]] {{citation|pour le cultiver et pour le garder}} ({{Réf Bible|Gn|2|15}}). Il l'autorise à manger de tous les arbres du jardin, à l'exception de l'[[arbre de la connaissance du bien et du mal]] ({{RInt Bible|Gn|ch1=2|v1=16|v2=17|display=court}}). Puis il crée la femme ([[Ève]]). Au {{nobr|chapitre 3}}, le serpent tente la femme, qui mange le fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, et en donne ensuite à l'homme. À cause de leur désobéissance, l'homme et la femme sont chassés du jardin d'Éden<ref name="Intro AT 200-201">Christoph Uehlinger, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=200-201|id= Römer 2009}}.</ref>.
À partir de {{Réf Bible|Gn|2|4b}}, le récit offre une seconde version de la création des êtres vivants, notamment de l'homme, puis de la femme. Au {{nobr|chapitre 2}}, Dieu place l'homme ([[Adam]]) dans le [[Éden|jardin d'Éden]] {{citation|pour le cultiver et pour le garder}} ({{Réf Bible|Gn|2|15}})<ref>[http://www.sefarim.fr/Pentateuque_Genese_2_15.aspx Genese 2:15] dans la [[Bible du Rabbinat]].</ref>. Il l'autorise à manger de tous les arbres du jardin, à l'exception de l'[[arbre de la connaissance du bien et du mal]] ({{RInt Bible|Gn|ch1=2|v1=16|v2=17|display=court}}). Puis il crée la femme ([[Ève]]). Au {{nobr|chapitre 3}}, le serpent tente la femme, qui mange le fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, et en donne ensuite à l'homme. À cause de leur désobéissance, l'homme et la femme sont chassés du jardin d'Éden<ref name="Intro AT 200-201">Christoph Uehlinger, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=200-201|id= Römer 2009}}.</ref>.


[[Image:Gabriel Ferrier Une scène du Déluge.JPG|thumb|left|alt=Un groupe de personnages nus, homme, femme et enfants visiblement affolés, se pressent ensemble alors qu'autour d'eux l'eau a tout envahi.|''Une scène du Déluge'', par [[Gabriel Ferrier]], 1872.]]
[[Image:Gabriel Ferrier Une scène du Déluge.JPG|vignette|gauche|alt=Un groupe de personnages nus, homme, femme et enfants visiblement affolés, se pressent ensemble alors qu'autour d'eux l'eau a tout envahi.|''Une scène du Déluge'', par [[Gabriel Ferrier]], 1872.]]
Au {{nobr|chapitre 4}}, l'homme commence à se montrer violent, et c'est alors que survient le meurtre d'[[Abel]] par son frère [[Caïn]]. Les descendants de Caïn se montrent eux aussi particulièrement violents. Le {{nobr|chapitre 5}} présente une lignée d'humains plus pieux, allant d'[[Hénoch]] à [[Noé (patriarche)|Noé]], qui tente de contrebalancer cette violence. Dans les {{nobr|chapitres 6 à 8}}, à cause de la corruption des hommes, Dieu provoque le [[Déluge]], auquel seuls la famille de Noé et les animaux survivent. Au {{nobr|chapitre 9}}, Dieu établit alors une [[Alliance (Bible)|alliance]] avec les humains survivants, promettant de ne plus amener de Déluge sur la Terre<ref name="Intro AT 200-201"/>. À la fin du chapitre, Noé plante une vigne, puis s'enivre de son vin et se dénude. Son fils [[Cham (fils de Noé)|Cham]] le voit nu et au lieu de le couvrir, court prévenir ses frères. Cela vaut à son fils [[Malédiction de Cham|d'être maudit]]<ref>Christoph Uehlinger, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=202|id= Römer 2009}}.</ref>.
Au {{nobr|chapitre 4}}, l'homme commence à se montrer violent, et c'est alors que survient le meurtre d'[[Abel]] par son frère [[Caïn]]. Les descendants de Caïn se montrent eux aussi particulièrement violents. Le {{nobr|chapitre 5}} présente une lignée d'humains plus pieux, allant d'[[Hénoch]] à [[Noé (patriarche)|Noé]], qui tente de contrebalancer cette violence. Dans les {{nobr|chapitres 6 à 8}}, à cause de la corruption des hommes, Dieu provoque le [[Déluge]], auquel seuls la famille de Noé et les animaux survivent. Au {{nobr|chapitre 9}}, Dieu établit alors une [[Alliance (Bible)|alliance]] avec les humains survivants, promettant de ne plus amener de Déluge sur la Terre<ref name="Intro AT 200-201"/>. À la fin du chapitre, Noé plante une vigne, puis s'enivre de son vin et se dénude. Son fils [[Cham (fils de Noé)|Cham]] le voit nu et au lieu de le couvrir, il court prévenir ses frères. Cela vaut à son fils [[Malédiction de Cham|d'être maudit]]<ref>Christoph Uehlinger, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=202|id= Römer 2009}}.</ref>.


Le {{nobr|chapitre 10}} évoque les familles qui sont à l'origine de l'Humanité, présentant ce que l'on appelle la [[Table des peuples|Table des nations]]. Le {{nobr|chapitre 11}} narre l'épisode de la [[Tour de Babel]], où apparaissent les langues et se dispersent les nations. Il donne aussi la généalogie qui va de [[Sem (Bible)|Sem]] (un des fils de Noé) à [[Abraham]]<ref>Christoph Uehlinger, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=200, 202|id= Römer 2009}}.</ref>.
Le {{nobr|chapitre 10}} évoque les familles qui sont à l'origine de l'Humanité, présentant ce que l'on appelle la [[Table des peuples|Table des nations]]. Le {{nobr|chapitre 11}} narre l'épisode de la [[Tour de Babel]], où apparaissent les langues et se dispersent les nations. Il donne aussi la généalogie qui va de [[Sem (Bible)|Sem]] (un des fils de Noé) à [[Abraham]]<ref>Christoph Uehlinger, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=200, 202|id= Römer 2009}}.</ref>.


=== L'histoire d'Abraham et de ses deux fils ===
=== Histoire d'Abraham et de ses deux fils (12-25) ===
Les {{nobr|chapitres 12 et 13}} commencent par l'appel d'[[Abraham]] et son arrivée en [[Pays de Canaan (Bible)|Canaan]], où Dieu lui promet de posséder un jour cette terre. Lui et sa femme [[Sarah (Bible)|Sarah]] se rendent ensuite en [[Égypte]], puis à [[Béthel]]. Au {{nobr|chapitre 14}}, Abraham sauve [[Loth]] des mains des rois de [[Sodome]], de [[Gomorrhe]], et d'autres contrées. Puis il rencontre [[Melchisédech]], roi de [[Jérusalem|Salem]]<ref name="IntroAT217"/>.
Les {{nobr|chapitres 12 et 13}} commencent par l'appel d'[[Abraham]] et son arrivée en [[Pays de Canaan (Bible)|Canaan]], où Dieu lui promet de posséder un jour cette terre. Lui et sa femme [[Sarah (Bible)|Sarah]] se rendent ensuite en [[Égypte]], puis à [[Béthel]]. Au {{nobr|chapitre 14}}, Abraham sauve [[Loth]] des mains des rois de [[Sodome]], de [[Gomorrhe]], et d'autres contrées. Puis il rencontre [[Melchisédech]], roi de [[Jérusalem|Salem]]<ref name="IntroAT217"/>.


La promesse faite à Abraham d'avoir un jour non seulement un fils, mais aussi une descendance innombrable et une terre, est confirmée au {{nobr|chapitre 15}}. [[Agar (Bible)|Agar]] tombe alors enceinte, puis donne naissance à [[Ismaël]] ({{nobr|chapitre 16}}). Au chapitre suivant, le nom d'Abram est changé en Abraham et une [[Alliance (Bible)|alliance]] est conclue avec Abraham et sa future descendance par Sarah. Ismaël et sa descendance sont aussi bénis. Toute la maisonnée d'Abraham est alors circoncise. Dieu envoie encore trois hommes qui apparaissent à Abraham près du [[chêne de Mambré]]. Ils prédisent la naissance d'[[Isaac]], ce qui fait rire Sarah ({{RInt Bible|Gn|ch1=18|v1=1|ch2=18|v2=16|display=court}})<ref name="IntroAT217"/>.
La promesse faite à Abraham d'avoir un jour non seulement un fils, mais aussi une descendance innombrable et une terre, est confirmée au {{nobr|chapitre 15}}. [[Agar (Bible)|Agar]], servante [[Égypte antique|égyptienne]] de Sarah, tombe alors enceinte des œuvres d'Abram, puis donne naissance à [[Ismaël]] ({{nobr|chapitre 16}}). Au chapitre suivant, le nom d'Abram est changé en Abraham et une [[Alliance (Bible)|alliance]] est conclue avec Abraham et sa future descendance par Sarah. Ismaël et sa descendance sont aussi bénis. Toute la maisonnée d'Abraham est alors circoncise. Dieu envoie encore trois hommes qui apparaissent à Abraham près du [[chêne de Mambré]]. Ils prédisent la naissance d'[[Isaac]], ce qui fait rire Sarah ({{RInt Bible|Gn|ch1=18|v1=1|ch2=18|v2=16|display=court}})<ref name="IntroAT217"/>.


À la fin du {{nobr|chapitre 18}}, Abraham intercède auprès de Dieu en faveur des habitants de Sodome et de Gomorrhe, et Dieu promet de les épargner s'il y a au moins dix justes dans ces villes. Le {{nobr|chapitre 19}} décrit ensuite la destruction de Sodome et de Gomorrhe et le sauvetage de Loth. Sa femme, qui se retourne lors de la fuite, est changée en colonne de sel<ref name="IntroAT217"/>.
À la fin du {{nobr|chapitre 18}}, Abraham intercède auprès de Dieu en faveur des habitants de Sodome et de Gomorrhe, et Dieu promet de les épargner s'il y a au moins dix justes dans ces villes. Le {{nobr|chapitre 19}} décrit ensuite la destruction de Sodome et de Gomorrhe et le sauvetage de Loth. Sa femme, qui se retourne lors de la fuite, est changée en colonne de sel<ref name="IntroAT217"/>.


Au {{nobr|chapitre 20}}, Abraham et Sara se rendent chez [[Abimelech (prince)|Abimelech]], qui craint Dieu. Le {{nobr|chapitre 21}} voit la naissance d'Isaac, rapidement suivie du renvoi d'Agar et de son fils Ismaël, puis d'un traité de non-agression entre Abraham et Abimelech. Abraham est alors mis à l'épreuve lorsque Dieu lui demande de [[Ligature d'Isaac|sacrifier son propre fils]], ce qu'Abraham consent à faire. Sa main est arrêtée par Dieu au dernier moment ({{nobr|chapitre 22}}). Au {{nobr|chapitre 23}}, Sarah meurt et Abraham fait alors l'acquisition d'une sépulture familiale près de [[Chêne de Mambré|Mambré]]<ref name="IntroAT217"/>.
Au {{nobr|chapitre 20}}, Abraham et Sarah se rendent chez [[Abimelech (prince)|Abimelech]], roi de la ville de [[Guérar]], qui craint Dieu. Le {{nobr|chapitre 21}} voit la naissance d'Isaac, rapidement suivie du renvoi d'Agar et de son fils Ismaël, puis d'un traité de non-agression entre Abraham et Abimelech. Abraham est alors mis à l'épreuve lorsque Dieu lui demande de [[Ligature d'Isaac|sacrifier son propre fils]], ce qu'Abraham consent à faire. Sa main est arrêtée par Dieu au dernier moment ({{nobr|chapitre 22}}). Au {{nobr|chapitre 23}}, Sarah meurt et Abraham fait alors l'acquisition d'une sépulture familiale près de [[Chêne de Mambré|Mambré]]<ref name="IntroAT217"/>.


Puis le temps arrive où il faut choisir une femme pour son fils Isaac. Abraham, alors âgé, envoie son serviteur en Mésopotamie dans ce but. Ce dernier y choisit [[Rébecca (Bible)|Rébecca]] ({{nobr|chapitre 24}}). Au {{nobr|chapitre 25}}, Abraham prend une nouvelle femme : [[Ketourah]], qui lui donne une descendance nombreuse. Sa mort est ensuite décrite, et il est enseveli par ses fils dans la sépulture qu'il avait choisie pour Sarah. Le chapitre continue par la descendance d'Ismaël ({{RInt Bible|Gn|ch1=25|v1=12|v2=18|display=court}})<ref name="IntroAT217"/>.
Puis le temps arrive où il faut choisir une femme pour son fils Isaac. Abraham, alors âgé, envoie son serviteur en Mésopotamie dans ce but. Ce dernier y choisit [[Rébecca (Bible)|Rébecca]] ({{nobr|chapitre 24}}). Au {{nobr|chapitre 25}}, Abraham prend une nouvelle femme : [[Ketourah]], qui lui donne une descendance nombreuse. Sa mort est ensuite décrite, et il est enseveli par ses fils dans la sépulture qu'il avait choisie pour Sarah. Le chapitre continue par la descendance d'Ismaël ({{RInt Bible|Gn|ch1=25|v1=12|v2=18|display=court}})<ref name="IntroAT217"/>.


=== La geste de Jacob ===
=== Geste de Jacob (25-36) ===
[[Image:JacobBirthright.jpg|thumb|alt=Peinture de deux hommes en discussion, l'un debout à droite, l'autre à gauche est assis à une table et une femme le sert.|''Esaü vend son droit d'aînesse à Jacob'', par [[Zacarías González Velázquez]].]]
[[Image:JacobBirthright.jpg|vignette|alt=Peinture de deux hommes en discussion, l'un debout à droite, l'autre à gauche est assis à une table et une femme le sert.|''Esaü vend son droit d'aînesse à Jacob'', par [[Zacarías González Velázquez]].]]


La fin du {{nobr|chapitre 25}} décrit la naissance des enfants d'Isaac, les jumeaux rivaux [[Jacob]] et [[Ésaü]] ([[Édom]]), puis la vente du [[droit d'aînesse]] de ce dernier à Jacob. Le {{nobr|chapitre 26}} fait une parenthèse sur l'histoire d'[[Isaac]], qui fait passer sa femme pour sa sœur aux yeux d'[[Abimelech (prince)|Abimelech]]. Le chapitre suivant revient sur la rivalité entre les deux frères : Jacob vole par la ruse la bénédiction qui revient à Esaü, puis fuit lorsque ce dernier menace de se venger. Le {{nobr|chapitre 28}} propose une autre motivation pour le départ de Jacob, et décrit un songe divin où il voit une échelle parcourue par des anges avec [[YHWH]] à son sommet. Il nomme le lieu de ce songe [[Béthel]]<ref name="IntroAT219-220"/>.
La fin du {{nobr|chapitre 25}} décrit la naissance des enfants d'Isaac, les jumeaux rivaux [[Jacob]] et [[Ésaü]] ([[Édom]]), puis la vente du [[droit d'aînesse]] de ce dernier à Jacob. Le {{nobr|chapitre 26}} fait une parenthèse sur l'histoire d'[[Isaac]], qui fait passer sa femme pour sa sœur aux yeux d'[[Abimelech (prince)|Abimelech]]. Le chapitre suivant revient sur la rivalité entre les deux frères : Jacob vole par la ruse la bénédiction qui revient à Esaü, puis fuit lorsque ce dernier menace de se venger. Le {{nobr|chapitre 28}} propose une autre motivation pour le départ de Jacob, et décrit un songe divin où il voit une échelle parcourue par des anges avec [[YHWH]] à son sommet. Il nomme le lieu de ce songe [[Béthel]]<ref name="IntroAT219-220"/>.


Au {{nobr|chapitre 29}}, Jacob arrive chez [[Laban]], où il travaille une première fois sept années pour pouvoir se marier avec [[Rachel]], mais reçoit en échange sa sœur [[Léa]] comme femme. Il travaille donc une nouvelle fois sept années pour pouvoir s'unir avec Rachel. De ses deux femmes, Jacob devient père de plusieurs fils. Grâce à un stratagème, Jacob prospère et s'enrichit bien plus que Laban ({{nobr|chapitre 30}}). Cela mène à un conflit avec Laban, qui devient jaloux de cette réussite. Après d'âpres discussion, un traité est conclu, et chacun définit les frontières de ses terres ({{nobr|chapitre 31}})<ref name="IntroAT220">[[Albert de Pury]], {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=220|id= Römer 2009}}.</ref>.
Au {{nobr|chapitre 29}}, Jacob arrive chez [[Laban]], où il travaille une première fois sept années pour pouvoir se marier avec [[Rachel]], mais reçoit en échange sa sœur [[Léa]] comme femme. Il travaille donc une nouvelle fois sept années pour pouvoir s'unir avec Rachel. De ses deux femmes, Jacob devient père de plusieurs fils. Grâce à un stratagème, Jacob prospère et s'enrichit bien plus que Laban ({{nobr|chapitre 30}}). Cela mène à un conflit avec Laban, qui devient jaloux de cette réussite. Après d'âpres discussions, un traité est conclu, et chacun définit les frontières de ses terres ({{nobr|chapitre 31}})<ref name="IntroAT220">[[Albert de Pury]], {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=220|id= Römer 2009}}.</ref>.


L'affrontement avec Esaü semble imminent. Juste avant qu'il ait lieu, Jacob rencontre Dieu à Penuel, et reçoit alors le nom d'Israël ({{nobr|chapitre 32}}). Au chapitre suivant, Jacob rencontre Esaü, mais au lieu de s'affronter, les deux frères se réconcilient. Jacob construit alors un autel à {{citation|El, Dieu d'Israël}}<ref name="IntroAT220"/>.
L'affrontement avec Esaü semble imminent. Juste avant qu'il ait lieu, Jacob rencontre Dieu à Penuel, au cours d'un combat couramment désigné comme la [[lutte de Jacob avec l'ange]], et reçoit alors le nom d'Israël ({{nobr|chapitre 32}}). Au chapitre suivant, Jacob rencontre Esaü, mais au lieu de s'affronter, les deux frères se réconcilient. Jacob construit alors un autel à {{citation|El, Dieu d'Israël}}<ref name="IntroAT220"/>.


L'histoire du viol de [[Dinah]] et le massacre des [[Sichem|Sichémites]] sont racontés au {{nobr|chapitre 34}}. Puis Jacob et son clan reviennent à Béthel, où naît [[Benjamin (Bible)|Benjamin]] et où meurt [[Rachel]] ({{nobr|chapitre 35}}). Le {{nobr|chapitre 36}} se concentre sur Esaü et sa descendance<ref name="IntroAT220"/>.
L'histoire du viol de [[Dinah]] et le massacre des [[Sichem|Sichémites]] sont racontés au {{nobr|chapitre 34}}. Puis Jacob et son clan reviennent à Béthel, où naît [[Benjamin (Bible)|Benjamin]] et où meurt [[Rachel]] ({{nobr|chapitre 35}}). Le {{nobr|chapitre 36}} se concentre sur Esaü et sa descendance<ref name="IntroAT220"/>.


=== L'histoire de Joseph ===
=== Histoire de Joseph (37-50) ===
[[Image:Moeyaert Joseph's coat brought to Jacob.jpg|thumb|left|alt=Tableau représentant un groupe d'une quinzaine de personnes en extérieur devant un bâtiment. Hommes, femmes et enfants entourent un vieil homme assis au centre ; un homme tend un manteau au vieillard.|''Le manteau couvert du sang de Joseph est ramené à Jacob'', par [[Claes Cornelisz. Moeyaert]], 1624.]]
[[Image:Moeyaert Joseph's coat brought to Jacob.jpg|vignette|gauche|alt=Tableau représentant un groupe d'une quinzaine de personnes en extérieur devant un bâtiment. Hommes, femmes et enfants entourent un vieil homme assis au centre ; un homme tend un manteau au vieillard.|''Le manteau couvert du sang de Joseph est rapporté à Jacob'', par [[Claes Cornelisz. Moeyaert]], 1624.]]


[[Joseph (fils de Jacob)|Joseph]], qui est le fils de Jacob, est privilégié parmi ses frères. Il fait deux rêves dans lesquels il se voit, sous diverses formes oniriques, élevé au-dessus d'eux. Cela les rend tellement jaloux qu'ils le vendent pour servir comme esclave en [[Égypte antique|Égypte]], et le font passer pour mort aux yeux de leur père Jacob ({{nobr|chapitre 37}}). Le chapitre suivant relate l'histoire de [[Juda (patriarche)|Juda]] et de [[Tamar (Genèse)|Tamar]]. Cette dernière est tout d'abord donnée pour femme aux fils aînés de Juda, qui meurent tous deux. Se faisant passer pour une prostituée aux yeux de leur père, elle tombe enceinte de lui, puis met au monde deux jumeaux.
[[Joseph (fils de Jacob)|Joseph]], qui est le fils de Jacob, est privilégié parmi ses frères. Il fait deux rêves dans lesquels il se voit, sous diverses formes oniriques, élevé au-dessus d'eux. Cela les rend tellement jaloux qu'ils le vendent pour servir comme esclave en [[Égypte antique|Égypte]], et le font passer pour mort aux yeux de leur père Jacob ({{nobr|chapitre 37}}). Le chapitre suivant relate l'histoire de [[Juda (patriarche)|Juda]] et de [[Tamar (Genèse)|Tamar]]. Cette dernière est tout d'abord donnée pour femme aux fils aînés de Juda, qui meurent tous deux. Se faisant passer pour une prostituée aux yeux de leur père, elle tombe enceinte de lui, puis met au monde deux jumeaux.


En Égypte, Joseph est au service de [[Potiphar]], mais la femme de ce dernier le désire et comme Joseph refuse de trahir son maître avec elle, elle s'arrange pour le faire mettre en prison ({{nobr|chapitre 39}}). Là, il interprète d'abord les rêves du panetier et de l'échanson de Pharaon ({{nobr|chapitre 40}}). Il réitère cela au palais après que Pharaon lui-même a fait un rêve étrange qui annonce une famine sur l’Égypte. Pour le remercier, Pharaon le nomme alors vice-roi du pays ({{nobr|chapitre 41}})<ref name="IntroAT242"/>.
En Égypte, Joseph est au service de [[Potiphar]], mais la femme de ce dernier le désire et comme Joseph refuse de trahir son maître avec elle, elle s'arrange pour le faire mettre en prison ({{nobr|chapitre 39}}). Là, il interprète d'abord les rêves du panetier et de l'échanson de Pharaon ({{nobr|chapitre 40}}). Il réitère cela au palais après que Pharaon lui-même a fait un rêve étrange qui annonce une famine sur l'Égypte. Pour le remercier, Pharaon le nomme alors vice-roi du pays ({{nobr|chapitre 41}})<ref name="IntroAT242"/>.


La famine pousse les frères de Joseph à faire un premier voyage en Égypte. Seul [[Benjamin (Bible)|Benjamin]] n'est pas du voyage. En Égypte, ils ne reconnaissent pas Joseph. Ce dernier s'arrange pour retenir [[Siméon (Bible)|Siméon]] en prison, puis laisse partir ses frères en leur faisant promettre qu'ils reviendraient avec Benjamin ({{nobr|chapitre 42}}). Après avoir convaincu Jacob de laisser partir Benjamin, ils effectuent alors un second voyage avec lui, et c'est alors que Joseph se fait reconnaître et leur pardonne. Leur père [[Jacob]] est alors invité à venir en Égypte ({{nobr|chapitres 43-45}}). Jacob et sa famille s'installent alors en Égypte ({{nobr|chapitre 46}}). Lorsqu'une famine frappe le pays, Jacob, en tant que vice-roi, en profite pour enrichir Pharaon et établir des lois qui lui assurent des revenus réguliers ({{nobr|chapitre 47}})<ref name="IntroAT242"/>.
La famine pousse les frères de Joseph à faire un premier voyage en Égypte. Seul [[Benjamin (Bible)|Benjamin]] n'est pas du voyage. En Égypte, ils ne reconnaissent pas Joseph. Ce dernier s'arrange pour retenir [[Siméon (Bible)|Siméon]] en prison, puis laisse partir ses frères en leur faisant promettre qu'ils reviendraient avec Benjamin ({{nobr|chapitre 42}}). Après avoir convaincu Jacob de laisser partir Benjamin, ils effectuent un second voyage avec lui, et c'est alors que Joseph se fait reconnaître et leur pardonne. Leur père [[Jacob]] est invité à venir en Égypte ({{nobr|chapitres 43-45}}). Jacob et sa famille s'installent alors en Égypte ({{nobr|chapitre 46}}). Lorsqu'une famine frappe le pays, Joseph, en tant que vice-roi, en profite pour enrichir Pharaon et établir des lois qui lui assurent des revenus réguliers ({{nobr|chapitre 47}})<ref name="IntroAT242"/>.


À la fin du {{nobr|chapitre 47}}, Jacob est mourant. Il bénit alors un à un ses douze fils et leurs descendances, qui forment les douze [[tribus d'Israël]], et demande à être enterré dans la tombe ancestrale ({{nobr|chapitres 48 et 49}}). Le {{nobr|chapitre 50}} décrit l'enterrement de Jacob, et s'achève sur la mort de Joseph<ref name="IntroAT242"/>.
À la fin du {{nobr|chapitre 47}}, Jacob est mourant. Il bénit alors un à un ses douze fils et leurs descendances, qui forment les douze [[tribus d'Israël]], et demande à être enterré dans la tombe ancestrale ({{nobr|chapitres 48 et 49}}). Le {{nobr|chapitre 50}} décrit l'enterrement de Jacob et s'achève sur la mort de Joseph<ref name="IntroAT242"/>.
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== Plan ==
== Plan ==
=== Place dans la Bible ===
=== Place dans la Bible ===
[[Fichier:Liber floridus BNF Arche de Noe fo 45 p 115.png|vignette|alt=Double page d'un manuscrit médiéval, contenant au centre en enluminure le dessin d'un navire.|''L'Arche de Noé'', enluminure du ''[[Liber Floridus]]'' (v. 1260). [[Bibliothèque nationale de France|BNF]], {{nobr|folio 45}}.]]
[[Fichier:Liber floridus BNF Arche de Noe fo 45 p 115.png|vignette|alt=Double page d'un manuscrit médiéval, contenant au centre en enluminure le dessin d'un navire.|''L'Arche de Noé'', enluminure du ''[[Liber floridus]]'' (v. 1260). [[Bibliothèque nationale de France|BNF]], {{nobr|folio 45}}.]]
La Genèse est le premier livre de la [[Bible]], tous canons confondus. Dans la [[Tanakh|Bible hébraïque]], c'est le premier livre de la [[Torah]] (« la Loi »). Dans la [[Septante]] grecque, c'est le premier livre du [[Pentateuque]] (« cinq livres de [[Moïse]] »)<ref>Albert de Pury, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=20-21|id= Römer 2009}}.</ref>. Le texte ne contient que de très minimes différences entre les deux versions, les plus importantes se trouvant dans les chapitres traitant de chronologie ({{nobr|chapitres 5, 8 et 11}})<ref>{{en}} Victor P. Hamilton, The Book of Genesis: Chapters 1-17, {{p.|74}}.</ref>.
La Genèse est le premier livre de la [[Bible]], tous canons confondus. Dans la [[Tanakh|Bible hébraïque]], c'est le premier livre de la [[Torah]] (« la Loi »). Dans la [[Septante]] grecque, c'est le premier livre du [[Pentateuque]] (« cinq livres de [[Moïse]] »)<ref>Albert de Pury, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=20-21|id= Römer 2009}}.</ref>. Le texte ne contient que de très minimes différences entre les deux versions, les plus importantes se trouvant dans les chapitres traitant de chronologie ({{nobr|chapitres 5, 8 et 11}})<ref>{{en}} Victor P. Hamilton, ''The Book of Genesis: Chapters 1-17'', {{p.|74}}.</ref>.


Dans le Pentateuque, la Genèse occupe une place particulière. Elle contient des parallèles avec le [[Deutéronome]], puisque dans ces deux livres, l'avant-dernier chapitre contient une bénédiction des douze fils/tribus d'Israël. Ces bénédictions sont toutes deux prononcées juste avant leur mort par des figures emblématiques d'Israël : [[Jacob]] (Genèse {{nobr|chap. 49}}) et Moïse (Deutéronome {{nobr|chap. 33}}). De plus, le dernier discours de [[YHWH]] à Moïse ({{nobr|Deutéronome 34, 4}}) est une citation littérale de la promesse divine faite à [[Abraham]] en {{Réf Bible|Gn|12|7}}<ref>Albert de Pury, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=138|id= Römer 2009}}.</ref>.
Dans le Pentateuque, la Genèse occupe une place particulière. Elle contient des parallèles avec le [[Deutéronome]], puisque dans ces deux livres, l'avant-dernier chapitre contient une bénédiction des douze fils/tribus d'Israël. Ces bénédictions sont toutes deux prononcées juste avant leur mort par des figures emblématiques d'Israël : [[Jacob]] (Genèse {{nobr|chap. 49}}) et Moïse (Deutéronome {{nobr|chap. 33}}). De plus, le dernier discours de [[YHWH]] à Moïse ({{nobr|Deutéronome 34, 4}}) est une citation littérale de la promesse divine faite à [[Abraham]] en {{Réf Bible|Gn|12|7}}<ref>Albert de Pury, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=138|id= Römer 2009}}.</ref>.


La Genèse est une sorte de prélude à l'histoire du peuple d'Israël conduit par Moïse. Elle est particulière en ce sens que contrairement aux autres lives du Pentateuque, elle ne constitue pas une partie de la biographie de Moïse<ref>Albert de Pury, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=138-139|id= Römer 2009}}.</ref>. Elle est aussi très majoritairement composée de récits, alors que les autres livres du Pentateuque alternent les narrations et les lois<ref>{{harvsp|López|2005|texte=''Comment lire le Pentateuque''|p=15}}.</ref>. Son style narratif peut être très élaboré<ref>{{harvsp|López|2005|texte=''Comment lire le Pentateuque''|p=65}}.</ref>. Comme pour d'autres livres du Pentateuque, la Genèse contient certains textes poétiques, notamment {{Réf Bible|Gn|27|27}}, {{RInt Bible|Gn|ch1=29|v1=39|v2=40|display=court}}, et Genèse {{nobr|chapitre 49}}<ref>{{harvsp|López|2005|texte=''Comment lire le Pentateuque''|p=19}}.</ref>.
La Genèse est une sorte de prélude à l'histoire du peuple d'Israël conduit par Moïse. Elle est particulière en ce sens que contrairement aux autres livres du Pentateuque, elle ne constitue pas une partie de la biographie de Moïse<ref>Albert de Pury, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=138-139|id= Römer 2009}}.</ref>. Elle est aussi très majoritairement composée de récits, alors que les autres livres du Pentateuque alternent les narrations et les lois<ref>{{harvsp|López|2005|texte=''Comment lire le Pentateuque''|p=15}}.</ref>. Son style narratif peut être très élaboré<ref>{{harvsp|López|2005|texte=''Comment lire le Pentateuque''|p=65}}.</ref>. Comme pour d'autres livres du Pentateuque, la Genèse contient certains textes poétiques, notamment {{Réf Bible|Gn|27|27}}, {{RInt Bible|Gn|ch1=29|v1=39|v2=40|display=court}}, et Genèse {{nobr|chapitre 49}}<ref>{{harvsp|López|2005|texte=''Comment lire le Pentateuque''|p=19}}.</ref>.


Il est fait référence aux idées développées dans la Genèse dans d'autres parties de la Bible. Par exemple, la création est souvent citée dans [[Livre d'Isaïe|Isaïe]], mais aussi dans les [[Livre des Psaumes|Psaumes]], où l'Humain est présenté à l'image de Dieu<ref group="N">Psaumes 8,6.</ref>. Il y est fait aussi référence dans les [[Livre des Proverbes|Proverbes]] et dans [[Livre de Job|Job]]. Dans le [[Nouveau Testament]], [[Évangile selon Jean|Jean]] débute son évangile en faisant directement référence au récit de la création du monde. Les [[Épîtres aux Corinthiens]] font référence à l'homme créé à l'image de Dieu<ref group="N">{{nobr|1 Corinthiens 11,7}} ; {{nobr|2 Corinthiens 3,18 ; 4,6}}.</ref>, et [[Épître_aux_Romains|celle aux Romains]] à la misère provoquée par la réalité du péché<ref group="N">{{nobr|Romains 1,18 - 3,20}}..</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|López|2005|texte=''Comment lire le Pentateuque''|p=355-356}}.</ref>.
Il est fait référence aux idées développées dans la Genèse dans d'autres parties de la Bible. Par exemple, la [[Création (Bible)|création]] est souvent citée dans [[Livre d'Isaïe|Isaïe]], mais aussi dans les [[Livre des Psaumes|Psaumes]], où l'Humain est présenté à l'image de Dieu<ref group="N">Psaumes 8,6.</ref>. Il y est fait aussi référence dans les [[Livre des Proverbes|Proverbes]] et dans [[Livre de Job|Job]]. Dans le [[Nouveau Testament]], [[Évangile selon Jean|Jean]] commence son évangile en faisant directement référence au récit de la création du monde. Les [[Épîtres aux Corinthiens]] font référence à l'homme créé à l'image de Dieu<ref group="N">{{nobr|1 Corinthiens 11,7}} ; {{nobr|2 Corinthiens 3,18 ; 4,6}}.</ref>, et [[Épître aux Romains|celle aux Romains]] à la misère provoquée par la réalité du péché<ref group="N">{{nobr|Romains 1,18 - 3,20}}.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|López|2005|texte=''Comment lire le Pentateuque''|p=355-356}}.</ref>.


=== Structure ===
=== Structure ===
La formule {{citation|et voici les générations}} (hébreu אֵלֶּה תּוֹלְדֹת, ''Éleh toledot'') ou une variante {{citation|voici le livre des générations}} revient dix fois dans la Genèse. De nombreux exégètes proposent donc un découpage de la Genèse selon les dix sections introduites par ces formules appelées ''toledot''<ref>Le découpage par ''toledot'' est présenté entre autres par :
La formule {{citation|et voici les générations}} (hébreu : אֵלֶּה תּוֹלְדֹת, ''Éleh toledot'') ou une variante, {{citation|voici le livre des générations}}, revient dix fois dans la Genèse. De nombreux exégètes proposent donc un découpage de la Genèse selon les dix sections introduites par ces formules appelées ''toledot''<ref>Le découpage par ''toledot'' est présenté entre autres par :

* Jean-Daniel Macchi - [http://www.unige.ch/theologie/distance/courslibre/atintro2005/documents/7.%20Genese.pdf « Introduction à l’Ancien Testament »], diag. 7 ;
* Jean-Daniel Macchi, ''Introduction à l’Ancien Testament'', diag. 7 {{Lire en ligne|lien=https://books.google.fr/books?id=B7LXN4sfxsQC&printsec=frontcover#v=onepage&q&f=false}} ;
* James McKeown - {{en}} ''Genesis'', 2008, {{p.|2-3}} ;
* [[Jean Louis Ska]] - ''Introduction to Reading the Pentateuch'', 2006, {{p.|19}} ;
* {{en}} James McKeown, ''Genesis'', 2008, {{p.|2-3}} ;
* {{En}} [[Jean Louis Ska]], ''Introduction to Reading the Pentateuch'', 2006, {{p.|19}} ;
* Ronald S. Hendel - « Book of Genesis » dans {{harvsp|Freedman|1992|texte=''The Anchor Yale Bible Dictionary'', vol. 2|p=936}} ;
* {{En}} Ronald S. Hendel, « Book of Genesis », dans {{harvsp|Freedman|1992|p=936|texte=''The Anchor Yale Bible Dictionary'', vol. 2}} ;
* [[Joseph Blenkinsopp]] - {{harvsp|Blenkinsopp|2011|texte=Creation, Un-creation, Re-creation|p=4-5}} ;
* Félix García López - {{harvsp|López|2005|texte=''Comment lire le Pentateuque''|p=66}}.</ref>.
* {{En}} [[Joseph Blenkinsopp]], {{harvsp|Blenkinsopp|2011|p=4-5|texte=''Creation, Un-creation, Re-creation''}} ;
Ce découpage est composé de deux parties principales, chacune étant divisée en cinq sous-sections<ref>[[André Paul]], ''Livre de la Genèse'' in [[Encyclopædia Universalis]], {{Lire en ligne||lien=http://www.universalis.fr/encyclopedie/livre-de-la-genese/}}.</ref>{{,}}<ref>{{en}} Victor P. Hamilton, ''The Book of Genesis: Chapters 1-17'', {{p.|8-9}}.</ref> :
* Félix García López, {{harvsp|López|2005|p=66|texte=''Comment lire le Pentateuque''}}.</ref>. Ce découpage est composé de deux parties principales, chacune étant divisée en cinq sous-sections<ref>[[André Paul]], ''Livre de la Genèse'', [[Encyclopædia Universalis]] {{lire en ligne||lien=http://www.universalis.fr/encyclopedie/livre-de-la-genese/}}.</ref>{{,}}<ref>{{en}} Victor P. Hamilton, ''The Book of Genesis: Chapters 1-17'', {{p.|8-9}}.</ref> :
* l'histoire primitive (Genèse 1-11,26), comprenant :
* l'histoire primitive (Genèse 1-11,26), comprenant :
** prologue sans ''tolédot'' : premier récit sacerdotal de la création (1,1-2,4a) ;
** prologue sans ''tolédot'' : premier [[Document sacerdotal|récit sacerdotal]] de la création (1,1-2,4a),
** histoire d'Adam et Ève (2,4-4,25) ;
** histoire d'Adam et Ève (2,4-4,25),
** histoire des Adamites (5,1-6,8) ;
** histoire des Adamites (5,1-6,8),
** histoire de Noé et du Déluge (6,9-9,29)
** histoire de Noé et du Déluge (6,9-9,29),
** liste des descendants de Noé (10,1-11,9)
** liste des descendants de Noé (10,1-11,9),
** histoire des fils de Sem (11,10-26).
** histoire des fils de Sem (11,10-26) ;
* l'histoire patriarcale (Genèse 11,27-50), comprenant :
* l'histoire [[Patriarches (Bible)|patriarcale]] (Genèse 11,27-50), comprenant :
** histoire de Térah (11,27-25,11) ;
** histoire de Térah et d'Abraham (11,27-25,11),
** histoire d'Ismaël (25,12-18) ;
** histoire d'Ismaël (25,12-18),
** histoire d'Isaac (25,19-35,29) ;
** histoire d'Isaac (25,19-35,29),
** histoire d'Esaü (36,1-43) ;
** histoire d'Esaü (36,1-43),
** histoire de Jacob et de son fils Joseph (37,1-50).
** histoire de Jacob et de son fils Joseph (37,1-50).


== Auteur et datation ==
== Auteurs et datation ==
{{Article connexe|Datation de la Bible|Hypothèse documentaire}}
{{Article connexe|Datation de la Bible|Hypothèse documentaire|Théorie des fragments|Théorie des compléments}}


Le livre de la Genèse ne mentionne aucune assignation à un auteur. Selon les traditions juives et chrétiennes<ref group="N">Traditions reçues entre autres par [[Philon d'Alexandrie|Philon]], [[Flavius Josèphe|Josèphe]], la [[Mishna]] et le [[Talmud]].</ref>, il fut dicté dans son intégralité {{incise|comme le reste de la [[Torah]]}} par [[Dieu]] à [[Moïse]] sur le [[mont Sinaï]]. Cette idée vient sans doute du fait que nombre de lois contenues dans la [[Torah]] sont attribuées à Moïse, ce qui incite les premiers commentateurs bibliques à penser qu'il est l'auteur le plus probable du texte dans son intégralité<ref>{{en}} Raymond B. Dillard, ''An Introduction to the Old Testament'', {{p.|39}}.</ref>.
Le livre de la Genèse ne mentionne aucune assignation à un auteur. Selon les traditions juives et chrétiennes<ref group="N">Traditions reçues entre autres par [[Philon d'Alexandrie|Philon]], [[Flavius Josèphe|Josèphe]], la [[Mishna]] et le [[Talmud]].</ref>, il fut dicté dans son intégralité {{incise|comme le reste de la [[Torah]]}} par [[Dieu]] à [[Moïse]] sur le [[mont Sinaï]]. Cette idée vient sans doute du fait que nombre de lois contenues dans la [[Torah]] sont attribuées à Moïse, ce qui incite les premiers commentateurs bibliques à penser qu'il est l'auteur le plus probable du texte dans son intégralité<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Raymond B. Dillard|titre=An Introduction to the Old Testament|éditeur=[[Zondervan]]|année=1994|passage=39|isbn=|lire en ligne={{Google Livres|qRSzg2oh5eMC}}}}.</ref>.


[[Fichier:Spinoza.jpg|vignette|alt=Portrait peint d'un homme brun, habillé de façon austère d'un habit noir et portant un large col blanc.|Le philosophe [[Spinoza]] interroge au {{s-|XVII}} l'historicité de la Genèse.]]
[[Fichier:Spinoza.jpg|vignette|alt=Portrait peint d'un homme brun, habillé de façon austère d'un habit noir et portant un large col blanc.|Le philosophe [[Spinoza]] interroge au {{s-|XVII}} l'historicité de la Genèse.]]


Cependant, l'étude sémantique et linguistique des termes utilisés et les contradictions entre les différentes légendes qui s'y entremêlent amènent, dès [[Moïse Maïmonide|Maïmonide]] au {{s-|XII}} et surtout [[Baruch Spinoza|Spinoza]] au {{s-|XVII}}, à remettre en question son historicité et l'unicité de son auteur<ref>Thomas Römer, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=141|id= Römer 2009}}.</ref>. En 1753, [[Jean Astruc]] défend ce point de vue en identifiant des sources diverses, qui se croisent et s’enchevêtrent, dans l'histoire des origines des onze premiers chapitres du livre<ref>Christoph Uehlinger, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=197|id= Römer 2009}}.</ref>. À la fin du {{s-|XIX}}, [[Julius Wellhausen]] propose un découpage du [[Pentateuque]], et donc de la Genèse, en plusieurs documents, selon la théorie de l'[[hypothèse documentaire]]. Ce système est repris et développé après lui, et domine la recherche exégétique historico-critique jusqu'en 1970<ref>{{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=143|id= Römer 2009}}.</ref>. Dès lors, le modèle traditionnel de Wellhausen est fortement remis en cause, mais les bases qu'il a jetées, c'est-à-dire le fait que le Pentateuque serait issu de plusieurs sources, restent d'actualité<ref>{{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=154-156|id= Römer 2009}}.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Sarna|Sperling|texte=''Encyclopaedia Judaica''|p=442}} : {{Citation|Despite the diversity of contemporary critical opinion there is no returning to the pre-critical position of Mosaic authorship.}} : Malgré la diversité des opinions critiques contemporaines, il n'y a pas de retour à la position d'avant la critique d'une rédaction par Moïse.</ref>.
Cependant, l'étude sémantique et linguistique des termes utilisés et les contradictions entre les différentes légendes qui s'y entremêlent amènent, avec par exemple [[Baruch Spinoza|Spinoza]] au {{s-|XVII}}, à remettre en question son historicité et l'unicité de son auteur<ref>Thomas Römer, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=141|id= Römer 2009}}.</ref>. En 1753, [[Jean Astruc]] défend ce point de vue en identifiant des sources diverses, qui se croisent et s'enchevêtrent, dans l'histoire des origines des onze premiers chapitres du livre<ref>Christoph Uehlinger, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=197|id= Römer 2009}}.</ref>. À la fin du {{s-|XIX}}, [[Julius Wellhausen]] propose un découpage du [[Pentateuque]], et donc de la Genèse, en plusieurs documents, selon la théorie de l'[[hypothèse documentaire]]. Ce système est repris et développé après lui, et domine l'[[exégèse historico-critique]] jusque dans les années 1970<ref>{{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=143|id= Römer 2009}}.</ref>. Dès lors, le modèle traditionnel de Wellhausen est fortement remis en cause, mais les bases qu'il a jetées, c'est-à-dire le fait que le Pentateuque serait issu de plusieurs sources, restent d'actualité<ref>{{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=154-156|id= Römer 2009}}.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Sarna|Sperling|texte=''Encyclopaedia Judaica''|p=442}} : {{Citation|Despite the diversity of contemporary critical opinion there is no returning to the pre-critical position of Mosaic authorship.}} : Malgré la diversité des opinions critiques contemporaines, il n'y a pas de retour à la position d'avant la critique d'une rédaction par Moïse.</ref>.


Il existe aujourd'hui de nombreuses théories concurrentes. Toutefois, la distinction entre les textes sacerdotaux (P) et non sacerdotaux (non-P) demeure un acquis fondamental. Les problèmes qui restent posés tournent donc autour des détails de mise en œuvre de ces textes<ref>Christophe Nihan et Thomas Römer, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=158|id= Römer 2009}}.</ref>. De plus, quel que soit le modèle proposé, les chercheurs s'accordent pour affirmer que c'est à l'époque perse que la Torah (Pentateuque) est rassemblée en un texte unique<ref>Christophe Nihan et Thomas Römer, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=175-176|id= Römer 2009}}.</ref>.
Il existe aujourd'hui plusieurs théories concurrentes, dont l'hypothèse documentaire, la théorie des fragments et la théorie des compléments. Toutefois, la distinction entre les [[Document sacerdotal|textes sacerdotaux]] (P) et non sacerdotaux (non-P) demeure un acquis fondamental. Les problèmes qui restent posés tournent donc autour des détails de mise en œuvre de ces textes<ref>Christophe Nihan et Thomas Römer, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=158|id= Römer 2009}}.</ref>. De plus, quel que soit le modèle proposé, les chercheurs s'accordent pour affirmer que c'est à l'époque perse que la Torah (Pentateuque) est rassemblée en un texte unique (ère exilique et postexilique durant laquelle les [[exil à Babylone|exilés judéens]] fondent la province de [[Yehoud Medinata]])<ref>Christophe Nihan et Thomas Römer, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=175-176|id= Römer 2009}}.</ref>.


La recherche actuelle s'interroge notamment sur la place de la Genèse dans l'ensemble du Pentateuque. En effet, ce livre se distingue du reste du Pentateuque par son style et les idées défendues. Certains chercheurs envisagent donc qu'il n'y a été inclus que tardivement<ref>Christophe Nihan et Thomas Römer, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=159-160|id= Römer 2009}}.</ref>. Ainsi, la « théorie des fragments », qui implique une compilation tardive de traditions distinctes, refait surface. Cette théorie explique notamment pourquoi l'histoire de Joseph n'est pratiquement jamais mentionnée dans les parties historiques de la Bible. La raison de cette absence serait que ce « fragment », en tant qu'histoire indépendante, aurait été ajoutée tardivement au reste. Il en est de même de l'histoire des origines ({{nobr|Genèse 1-11}}) qui semble totalement séparée du reste, sauf pour un raccord tardif en {{nobr|Genèse 12,1-3}}<ref>Christophe Nihan et Thomas Römer, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=160-162|id= Römer 2009}}.</ref>. Dans cette optique, ce serait l'école sacerdotale qui aurait rassemblé ces fragments et ajouté des raccords pour en faire un tout cohérent<ref>Christophe Nihan et Thomas Römer, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=164-165|id= Römer 2009}}.</ref>.
La recherche actuelle s'interroge notamment sur la place de la Genèse dans l'ensemble du Pentateuque. En effet, ce livre se distingue du reste du Pentateuque par son style et les idées défendues. Certains chercheurs envisagent donc qu'il n'y a été inclus que tardivement<ref>Christophe Nihan et Thomas Römer, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=159-160|id= Römer 2009}}.</ref>. Ainsi, la « [[théorie des fragments]] », qui implique une compilation tardive de traditions distinctes, refait surface. Cette théorie explique notamment pourquoi l'histoire de Joseph n'est pratiquement jamais mentionnée dans les parties historiques de la Bible. La raison de cette absence serait que ce « fragment », en tant qu'histoire indépendante, aurait été ajouté tardivement au reste. Il en est de même de l'histoire des origines ({{nobr|Genèse 1-11}}) qui semble totalement séparée du reste, sauf pour un raccord tardif en {{nobr|Genèse 12,1-3}}<ref>Christophe Nihan et Thomas Römer, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=160-162|id= Römer 2009}}.</ref>. Dans cette optique, ce serait l'école sacerdotale qui aurait rassemblé ces fragments et ajouté des raccords pour en faire un ensemble cohérent<ref>Christophe Nihan et Thomas Römer, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=164-165|id= Römer 2009}}.</ref>.


=== Anachronismes ===
=== Anachronismes ===
Les autres livres de la Bible fournissent un nombre d'années qui se sont écoulées depuis les événements de la Genèse. Cette chronologie situe le récit des patriarches plus de {{unité|1500|ans {{av JC}}}}<ref group="N">Le livre de l'Exode succède chronologiquement à la Genèse et débute par la naissance de Moïse, {{nobr|80 ans}} avant l'exode ({{nobr|Exode 7,7}}). Ensuite s'ajoutent {{nobr|480 années}} qui séparent l'exode et la construction du temple par le roi [[Salomon (Bible)|Salomon]] ({{nobr|1 Rois 6,1}}), lequel aurait régné durant le {{-s-|X}}.</ref>, soit durant l'[[âge du bronze]]. Cependant, beaucoup d'historiens et spécialistes contemporains estiment que le texte n'a pu être composé que plus tard, à cause des anachronismes qu'ils identifient dans le récit<ref>Sur l'évolution de la recherche, voir par exemple {{ouvrage|langue=en|prénom=Marc Zvi|nom1=Brettler|titre=How to Read the Bible|éditeur=Jewish Publication Society|année=2010|passage=20 et suiv.}} ou encore {{ouvrage|langue=en|prénom1=Megan|nom1=Bishop Moore|prénom2=Brad E.|nom2=Kelle|titre=Biblical History and Israel's Past|sous-titre=The Changing Study of the Bible and History|éditeur=Wm. B. Eerdmans|année=2011|passage=57 et suiv.}}.</ref>. Pour cette même raison, ils estiment qu'il ne peut être utilisé comme source historique concernant cette période<ref>Jean-Daniel Macchi, ''Histoire d'Israël'', ''Des origines à l'époque babylonienne'', {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=58|id= Römer 2009}}.</ref>.
Les autres livres de la Bible fournissent un nombre d'années qui se sont écoulées depuis les événements de la Genèse. Cette chronologie situe le récit des patriarches plus de {{unité|1500|ans {{av JC}}}}<ref group="N">Le livre de l'Exode succède chronologiquement à la Genèse et débute par la naissance de Moïse, {{nobr|80 ans}} avant l'exode ({{nobr|Exode 7,7}}). Ensuite s'ajoutent {{nobr|480 années}} qui séparent l'exode et la construction du temple par le roi [[Salomon (Bible)|Salomon]] ({{nobr|1 Rois 6,1}}), lequel aurait régné durant le {{-s-|X}}</ref>, soit durant l'[[âge du bronze]]. Cependant, beaucoup d'historiens et spécialistes contemporains estiment que le texte n'a pu être composé que plus tard, à cause des anachronismes qu'ils identifient dans le récit<ref>Sur l'évolution de la recherche, voir par exemple {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Marc Zvi|nom1=Brettler|titre=How to Read the Bible|éditeur=Jewish Publication Society|année=2010|passage=20 et suiv.|isbn=}} ou {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Megan|nom1=Bishop Moore|prénom2=Brad E.|nom2=Kelle|titre=Biblical History and Israel's Past|sous-titre=The Changing Study of the Bible and History|éditeur=Wm. B. Eerdmans|année=2011|passage=57 et suiv.|isbn=}}</ref>. Pour cette même raison, ils estiment qu'il ne peut être utilisé comme source historique concernant cette période<ref>Jean-Daniel Macchi, « Histoire d'Israël : Des origines à l'époque babylonienne », dans {{harvsp|Römer|2009|p=58|id=Römer 2009|texte=''Introduction à l'AT''}}.</ref>.


[[Israël Finkelstein]] et [[Neil Asher Silberman]] citent en exemple la caravane de [[Camelus|chameaux]] transportant des marchandises décrite dans l'histoire de {{nobr|Joseph (37,25)}}. Selon eux, cette description correspond à un commerce exercé au {{-sp-|VIII|e|ou au|VII|e}} sous la surveillance de l'[[Assyrie|Empire assyrien]]<ref>{{harvsp|Finkelstein|Silberman|2002|texte=''La Bible dévoilée''|p=67}}.</ref>. Il n'existe en effet aucune mention de chameaux dans le Levant durant le {{-m-|II|e}}, et les fouilles n'ont mis à jour qu'un petit nombre d'ossements de cet animal pour cette période. Leur domestication s'opère progressivement pour atteindre un stade avancé durant le dernier tiers du {{-m-|II|e}}, et ils ne sont massivement utilisés que vers le {{-s-|VII}}<ref>{{ouvrage|langue=en|prénom1=Nadav|nom1=Naʼaman|titre=Canaan in the Second Millennium B.C.E.|éditeur=Eisenbrauns|année=2005|passage=324-325|lire en lmigne=http://books.google.be/books?id=HmTOoQmf23AC&pg=PA324}}.</ref>{{,}}<ref>Juris Zarins, ''Camel'', {{harvsp|Freedman|1992|texte=''The Anchor Yale Bible Dictionary'', vol. 1|p=826}}.</ref>{{,}}<ref>{{article|langue=en|prénom1=Lidar|nom1=Sapir-Hen|prénom2=Erez|nom2=Ben-Yosef|titre=« The Introduction of Domestic Camels to the Southern Levant|sous-titre=Evidence from the Aravah Valley|périodique=Tel Aviv|volume=40|numéro=2|mois=novembre|année=2013|passage=277-285|lire en ligne=http://archaeology.tau.ac.il/ben-yosef/pub/Pub_PDFs/Sapir-Hen&Ben-Yosef13_CamelAravah_TelAviv.pdf}}.</ref>.
Un des exemples souvent cités est la caravane de [[Camelus|chameaux]] transportant des marchandises décrite dans l'histoire de {{nobr|Joseph (37,25)}}<ref>{{Réf Bible|Gn|37|25}}.</ref>. Cette description correspondrait à un commerce exercé au {{-sp-|VIII|ou au|VII}} sous la surveillance de l'[[Assyrie|Empire assyrien]]<ref>{{harvsp|Finkelstein|Silberman|2002|texte=''La Bible dévoilée''|p=67}}.</ref>. Il n'existe en effet aucune mention de chameaux dans le Levant durant le {{-mi-|II|e}}, et les fouilles n'ont mis au jour qu'un petit nombre d'ossements de cet animal pour cette période. Leur domestication s'opère progressivement pour atteindre un stade avancé durant le dernier tiers du {{-mi-|II|e}}, et ils ne sont massivement utilisés que vers le {{-s-|VII}}<ref>Ce point de vue est soutenu par de nombreux chercheurs. Voir notamment {{en}} [[Roland de Vaux]], ''Early History of Israel'', 1978, p. 223-225 ; {{en}} [[John Van Seters]], ''Abraham in History and Tradition'', 1975, p. 17 ; {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Nadav|nom1=Naʼaman|titre=Canaan in the Second Millennium B.C.E.|éditeur=Eisenbrauns|année=2005|passage=324-325|isbn=|lire en ligne=https://books.google.be/books?id=HmTOoQmf23AC&pg=PA324}} ; Juris Zarins, « Camel », dans {{harvsp|Freedman|1992|p=826|texte=''The Anchor Yale Bible Dictionary'', vol. 1}} ; {{article|langue=en|prénom1=Lidar|nom1=Sapir-Hen|prénom2=Erez|nom2=Ben-Yosef|titre=The Introduction of Domestic Camels to the Southern Levant|sous-titre=Evidence from the Aravah Valley|périodique=Tel Aviv|volume=40|numéro=2|passage=277-285|mois=novembre|année=2013|date=|lire en ligne=http://archaeology.tau.ac.il/ben-yosef/pub/Pub_PDFs/Sapir-Hen&Ben-Yosef13_CamelAravah_TelAviv.pdf}} ; {{en}} Mark W. Chavalas, ''Mesopotamia and the Bible'', 2002, p. 280.</ref>.


La mention des [[Philistins (Bible)|Philistins]], présentés comme installés dans la cité de [[Guérar]] sous la domination d'un roi (26,1), est aussi considérée comme anachronique<ref>H. J. Katzenstein, ''Philistines'', {{harvsp|Freedman|1992|texte=''The Anchor Yale Bible Dictionary'', vol. 5|p=326}}.</ref>. En effet, l'archéologie n'a trouvé que des traces d'établissement philistin en [[Pays de Canaan (Bible)|Canaan]] postérieures à {{nobr|1200 {{av JC}}}}<ref>Trude Dothan, ''Philistines'', {{harvsp|Freedman|1992|texte=''The Anchor Yale Bible Dictionary'', vol. 5|p=328}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Sarna|Sperling|texte=''Encyclopaedia Judaica''|p=441}}.</ref>, leurs villes prospérant lentement durant les siècles qui suivent. La cité de Guérar devient un centre important vers la fin du {{-sp-|VIII|e|ou au|VII|e}}, ce qui donne un indice supplémentaire laissant penser que le texte qui en parle est rédigé à cette époque<ref>{{harvsp|Finkelstein|Silberman|2002|texte=''La Bible dévoilée''|p=68}}.</ref>. Finkelstein et Silberman concluent ainsi : {{citation|Ces anachronismes, et bien d'autres, indiquent que les {{-s2-|VIII|e|VII|e}} ont été une période particulièrement active de composition du récit des patriarches}}<ref>{{harvsp|Finkelstein|Silberman|2002|texte=''La Bible dévoilée''|p=69}}.</ref>.
La mention des [[Philistins (Bible)|Philistins]], présentés comme installés dans la cité de [[Guérar]] sous la domination d'un roi (26,1)<ref>{{Réf Bible|Gn|26|1}}.</ref>, est aussi considérée comme anachronique<ref>H. J. Katzenstein, « Philistines », dans {{harvsp|Freedman|1992|p=326|texte=''The Anchor Yale Bible Dictionary'', vol. 5}}.</ref>. En effet, l'archéologie n'a trouvé que des traces d'établissement philistin en [[Pays de Canaan (Bible)|Canaan]] postérieures à {{nobr|1200 {{av JC}}}}<ref>Trude Dothan, « Philistines », dans {{harvsp|Freedman|1992|p=328|texte=''The Anchor Yale Bible Dictionary'', vol. 5}}.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Sarna|Sperling|texte=''Encyclopaedia Judaica''|p=441}}.</ref>, leurs villes prospérant lentement durant les siècles qui suivent. La cité de Guérar devient un centre important vers la fin du {{-sp-|VIII|ou au|VII}}, ce qui donne un indice supplémentaire laissant penser que le texte qui en parle est rédigé à cette époque<ref>{{harvsp|Finkelstein|Silberman|2002|texte=''La Bible dévoilée''|p=68}}.</ref>. La référence à la cité d'{{citation|Ur des Chaldéens}} est aussi considérée comme anachronique, puisque les [[Chaldée]]ns n'apparaissent en Mésopotamie que longtemps après l'époque patriarcale, soit vers le {{-s-|IX}}<ref>Richard S. Hess, « Chaldea (Place) », dans {{harvsp|Freedman|1992|p=886-887|texte=''The Anchor Yale Bible Dictionary'', vol. 1}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Gerald|nom1=Messadie|titre=Jacob, l'homme qui se battit avec Dieu|volume=2|éditeur=L'Archipel|date=2011-12-01|passage=272|isbn=978-2-35287-279-5|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=_KRcA3LBRAQC&pg=PT272#v=onepage&q&f=false|consulté le=2024-06-05}}.</ref>. La ville n'est d'ailleurs nommée ainsi qu'à partir de la [[Empire néo-babylonien|période néo-babylonienne]]<ref>Robert Kugler et Patrick Hartin, ''An Introduction to the Bible'', {{p.|64}}.</ref>. De même, les rois [[édom]]ites mentionnés en Genèse ({{nobr|chapitre 36}}) ne concordent pas avec les traces d'installation de ce peuple trouvées en [[Transjordanie (région)|Transjordanie]], installation qui ne se produit qu'après le {{-s-|XIII}}<ref name="ref_auto_1">{{en}} Victor P. Hamilton, ''The Book of Genesis: Chapters 1-17'', {{p.|15}}.</ref>{{,}}<ref>Burton MacDonald, « Edom (Place) », dans {{harvsp|Freedman|1992|p=289|texte=''The Anchor Yale Bible Dictionary'', vol. 2}}.</ref>.


[[Israël Finkelstein]] et [[Neil Asher Silberman]] concluent ainsi : {{citation|Ces anachronismes, et bien d'autres, indiquent que les {{-s2-|VIII|VII}} ont été une période particulièrement active de composition du récit des patriarches<ref>{{harvsp|Finkelstein|Silberman|2002|texte=''La Bible dévoilée''|p=69}}.</ref>.}}
La référence à la cité d'{{citation|Ur des Chaldéens}} est aussi considérée comme anachronique, puisque les [[Chaldée|Chaldéens]] n'apparaissent en Mésopotamie que longtemps après l'époque patriarcale, soit vers le {{-s-|IX}}<ref>Richard S. Hess, ''Chaldea (Place)'', {{harvsp|Freedman|1992|texte=''The Anchor Yale Bible Dictionary'', vol. 1|p=886-887}}.</ref>{{,}}<ref>Gerald Messadié, ''Jacob, l'homme qui se battit avec Dieu'', Volume 2, 2011, {{p.|272}}, [http://books.google.fr/books?id=_KRcA3LBRAQC&pg=PT272#v=onepage&q&f=false lire en ligne].</ref>. La ville n'est d'ailleurs nommée ainsi qu'à partir de la [[Empire néo-babylonien|période néo-babylonienne]]<ref>Robert Kugler et Patrick Hartin, ''An Introduction to the Bible'', {{p.|64}}.</ref>. De même, les rois [[édom]]ites mentionnés en Genèse ({{nobr|chapitre 36}}) ne concordent pas avec les traces d'installation de ce peuple trouvées en [[Transjordanie (région)|Transjordanie]], installation qui ne se produit qu'après le {{-s-|XIII}}<ref>{{en}} Victor P. Hamilton, ''The Book of Genesis: Chapters 1-17'', {{p.|15}}.</ref>{{,}}<ref>Burton MacDonald, ''Edom (Place)'', {{harvsp|Freedman|1992|texte=''The Anchor Yale Bible Dictionary'', vol. 2|p=289}}.</ref>.


=== Duplications et ruptures littéraires ===
=== Duplications et ruptures littéraires ===
Comme souvent dans la Bible, le livre de la Genèse contient certains passages en double, voire en triple. Par exemple, il existe deux récits de création : le premier ({{nobr|Genèse 1,1-2,3}}) emploie exclusivement [[Elohim]] pour désigner Dieu, tandis que le second ({{nobr|Genèse 2,4-3,24}}) utilise exclusivement {{Citation|[[YHWH]] Elomim}}<ref>{{en}} Victor P. Hamilton, The Book of Genesis: Chapters 1-17, {{p.|15}}.</ref>{{,}}<ref name="NaissanceBible50">{{Article|prénom1=Michel|nom1=Langlois|titre=Enquête sur la naissance de la Bible|périodique=[[Le Monde de la Bible]]|mois=hors-série d'automne|année=2012|passage=50}}.</ref>. On trouve de même deux chronologies et descriptions différentes du Déluge, l'une où Noé sauve un couple de chaque animal ({{nobr|Genèse 6,19–20}}) ; l'autre où il n'en sauve que sept des espèces pures ({{nobr|Genèse 7,2-3}})<ref>Christoph Uehlinger, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=203-204|id= Römer 2009}}.</ref>{{,}}<ref name="EJ Duplications">{{harvsp|Sarna|Sperling|texte=''Encyclopaedia Judaica''|p=440-442}}, « Composition – The Critical View », « Duplications ».</ref>. L'épisode où Abraham fait passer Sarah pour sa sœur au lieu de son épouse se retrouve lui aussi en plusieurs exemplaires : au {{nobr|chapitre 12}}, où Dieu est nommé YHWH, et au {{nobr|chapitre 20}}, où il est nommé Elohim<ref name="NaissanceBible50"/>{{,}}<ref>R. Norman Whybray, ''{{lang|en|texte=The Making of the Pentateuch: A Methodological Study}}'', 1987, {{p.|76}}.</ref>{{,}}<ref>Selon Félix García López, ce récit est en fait composé de trois parties interrompues par d'autres textes : {{nobr|Genèse 12,10-20 ; 20,1-18 ; 26,1-11}}. - {{harvsp|López|2005|texte=''Comment lire le Pentateuque''|p=28}}.</ref>. L'histoire de l'expulsion d'[[Agar (Bible)|Agar]], la femme d'Abraham, se retrouve de même en deux exemplaires, en {{nobr|Genèse 16,1-16 et 21,9-21}}<ref>R. Norman Whybray, ''{{lang|en|texte=The Making of the Pentateuch: A Methodological Study}}'', 1987, {{p.|75}}.</ref>. Les noms des femmes d'Esaü donnés en {{nobr|Genèse 26,34 et 28,9}} ne correspondent pas avec ceux donnés en {{nobr|Genèse 36,2-3}}<ref name="EJ Duplications"/>.
Comme souvent dans la Bible, le livre de la Genèse contient certains passages en double, voire en triple. Par exemple, il existe deux récits de création : le premier ({{nobr|Genèse 1,1-2,3}}) emploie exclusivement [[Elohim]] pour désigner Dieu, tandis que le second ({{nobr|Genèse 2,4-3,24}}) utilise exclusivement {{Citation|[[YHWH]] Elohim}}<ref name="ref_auto_1" />{{,}}<ref name="NaissanceBible50">{{Article|prénom1=Michel|nom1=Langlois|titre=Enquête sur la naissance de la Bible|périodique=[[Le Monde de la Bible]]|mois=hors-série d'automne|année=2012|passage=50}}.</ref>. On trouve de même deux chronologies et descriptions différentes du Déluge, l'une où Noé sauve un couple de chaque animal ({{nobr|Genèse 6,19-20}}), l'autre où il n'en sauve que sept des espèces pures ({{nobr|Genèse 7,2-3}})<ref>Christoph Uehlinger, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=203-204|id= Römer 2009}}.</ref>{{,}}<ref name="EJ Duplications">{{harvsp|Sarna|Sperling|texte=''Encyclopaedia Judaica''|p=440-442}}, « Composition – The Critical View », « Duplications ».</ref>. L'épisode où Abraham fait passer Sarah pour sa sœur au lieu de son épouse se retrouve lui aussi en plusieurs exemplaires : au {{nobr|chapitre 12}}, où Dieu est nommé YHWH, et au {{nobr|chapitre 20}}, où il est nommé Elohim<ref name="NaissanceBible50"/>{{,}}<ref>R. Norman Whybray, ''{{langue|en|texte=The Making of the Pentateuch: A Methodological Study}}'', 1987, {{p.|76}}.</ref>{{,}}<ref>Selon Félix García López, ce récit est en fait composé de trois parties interrompues par d'autres textes : {{nobr|Genèse 12,10-20 ; 20,1-18 ; 26,1-11}}. - {{harvsp|López|2005|texte=''Comment lire le Pentateuque''|p=28}}.</ref>. L'histoire de l'expulsion d'[[Agar (Bible)|Agar]], la mère d'Ismaël, se retrouve de même en deux exemplaires, en {{nobr|Genèse 16,1-16 et 21,9-21}}<ref>R. Norman Whybray, ''{{langue|en|texte=The Making of the Pentateuch: A Methodological Study}}'', 1987, {{p.|75}}.</ref>. Les noms des femmes d'Esaü donnés en {{nobr|Genèse 26,34 et 28,9}} ne correspondent pas à ceux donnés en {{nobr|Genèse 36,2-3}}<ref name="EJ Duplications"/>.


Le texte est aussi l'objet de ruptures littéraires. Par exemple, le récit de la vente de Joseph à Potiphar est interrompu à la fin du {{nobr|chapitre 37}}, pour reprendre au {{nobr|chapitre 39}}. Le {{nobr|chapitre 38}}, qui parle de [[Juda (patriarche)|Juda]], coupe ce récit. Cela se reproduit avec le {{nobr|chapitre 49}}, qui interrompt en plein milieu l'histoire de Joseph et de son père mourant<ref name="IntroAT 248">Christoph Uehlinger, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=248|id= Römer 2009}}.</ref>.
Le texte est aussi l'objet de ruptures littéraires. Par exemple, le récit de la vente de Joseph à Potiphar est interrompu à la fin du {{nobr|chapitre 37}}, pour reprendre au {{nobr|chapitre 39}}. Le {{nobr|chapitre 38}}, qui parle de [[Juda (fils de Jacob)|Juda]], coupe ce récit. Cela se reproduit avec le {{nobr|chapitre 49}}, qui interrompt en plein milieu l'histoire de Joseph et de son père mourant<ref name="IntroAT 248">Christoph Uehlinger, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=248|id= Römer 2009}}.</ref>.

Ces duplications et ruptures littéraires confirment que la rédaction finale du Livre de la Genèse est, comme le [[Pentateuque]], la compilation de différents écrits provenant de plusieurs sources ou l'ultime couche rédactionnelle venue réinterpréter ou réadapter un livre déjà constitué<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=[[André Wénin]]|titre=Studies in the Book of Genesis|sous-titre=Literature, Redaction and History|éditeur=Peeters Publishers|année=2001|passage=93|isbn=}}.</ref>.


=== Couches rédactionnelles ===
=== Couches rédactionnelles ===
[[Albert de Pury]] et Christoph Uehlinger, dans l’''Introduction à l'Ancien Testament'', distinguent plusieurs couches rédactionnelles dans la Genèse :
[[Albert de Pury]] et Christoph Uehlinger, dans l'''Introduction à l'Ancien Testament'', distinguent plusieurs couches rédactionnelles dans la Genèse :
* la geste de Jacob non sacerdotale (anciennement nommée « JE ») qui vient vraisemblablement d'une tradition du royaume du Nord ; elle est produite dans sa version première suite à sa destruction vers [[Années 720 av. J.-C.|{{nobr|720 {{av JC}}}}]], au sanctuaire de [[Béthel]] (par exemple : {{nobr|Genèse 28,10-22}} ; {{nobr|chap. 29-31 ; 32,23-33}}<ref>[[Albert de Pury]], {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=227, 230|id= Römer 2009}}.</ref> ;
* la geste de Jacob non sacerdotale (anciennement nommée « JE ») qui vient vraisemblablement d'une tradition du royaume du Nord ; elle est produite dans sa version première à la suite de sa destruction vers [[Années 720 av. J.-C.|{{nobr|720 {{av JC}}}}]], au sanctuaire de [[Béthel]] (par exemple : {{nobr|Genèse 28,10-22}} ; {{nobr|chap. 29-31 ; 32,23-33}}<ref>[[Albert de Pury]], {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=227, 230|id= Römer 2009}}.</ref> ;
* un récit pré-sacerdotal (l'ancien « [[Document jahviste|Yahwiste]] »), qui produit sauf exceptions les textes en [[YHWH]], vraisemblablement durant le {{-s-|VI}}<ref name="IntroAT204-206">Christoph Uehlinger, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=204-206|id= Römer 2009}}.</ref> ;
* un récit pré-sacerdotal (l'ancien « [[Document jahviste|Yahwiste]] »), qui produit sauf exceptions les textes en [[YHWH]], vraisemblablement durant le {{-s-|VI}}<ref name="IntroAT204-206">Christoph Uehlinger, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=204-206|id= Römer 2009}}.</ref> ;
* une relecture de ce récit (l'ancien « Yéhowiste ») qui l'amplifie considérablement, entre le {{-sp-|V|e|et le|IV|e}} (exemples incluant le développement précédant : {{nobr|Genèse 2,4b-9a et 16-25}} ; {{nobr|4,1-24 ; 6,5-8}} ; {{nobr|8,6-13b ; 8,20-22}}<ref name="IntroAT204-206"/> ;
* une relecture de ce récit (l'ancien « Yéhowiste ») qui l'amplifie considérablement, entre le {{-sp-|V|et le|IV}} ; exemples incluant le développement précédent : {{nobr|Genèse 2,4b-9a et 16-25}} ; {{nobr|4,1-24 ; 6,5-8}} ; {{nobr|8,6-13b ; 8,20-22}}<ref name="IntroAT204-206"/> ;
* un récit dit « [[Document sacerdotal|sacerdotal]] » (P), qui produit les textes en ''[[Elohim]]''<ref name="IntroAT204-206"/> (incluant le cycle de Jacob<ref>Christoph Uehlinger, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=227|id= Römer 2009}}.</ref>) et que la majorité des commentateurs considèrent comme une source autonome<ref name="IntroAT204-206"/> ; par exemple {{nobr|Genèse 1,1-2,4a ; 5,1-32}} ; {{nobr|9,1-17 ; 17,1-27}} (sauf {{nobr|verset 14}})<ref>[[Albert de Pury]], {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=224-225|id= Römer 2009}}.</ref> ;
* un récit dit « [[Document sacerdotal|sacerdotal]] » (P), qui produit les textes en ''[[Elohim]]''<ref name="IntroAT204-206"/> (incluant le cycle de Jacob<ref>Christoph Uehlinger, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=227|id= Römer 2009}}.</ref>) et que la majorité des commentateurs considèrent comme une source autonome<ref name="IntroAT204-206"/> ; par exemple {{nobr|Genèse 1,1-2,4a ; 5,1-32}} ; {{nobr|9,1-17 ; 17,1-27}} (sauf {{nobr|verset 14}})<ref>[[Albert de Pury]], {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=224-225|id= Römer 2009}}.</ref> ;
* une rédaction (R) finale de l'ensemble à la fin du {{-sp-|IV|e|ou au début du|III|e}}<ref>Christoph Uehlinger, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=207|id= Römer 2009}}.</ref>, incluant l'histoire de Joseph qui est écrite vraisemblablement entre le {{-sp-|VI|e|et le|IV|e}}<ref>Christoph Uehlinger, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=247-248|id= Römer 2009}}.</ref> ; par exemple : {{nobr|Genèse 6,1-4 ; 9,20-27}} ; {{nobr|11,1-9 ; 50,15-21}} ;
* une rédaction (R) finale de l'ensemble à la fin du {{-sp-|IV|ou au début du|III}}<ref>Christoph Uehlinger, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=207|id= Römer 2009}}.</ref>, incluant l'histoire de Joseph qui est écrite vraisemblablement entre le {{-sp-|VI|et le|IV}}<ref>Christoph Uehlinger, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=247-248|id= Römer 2009}}.</ref> ; par exemple : {{nobr|Genèse 6,1-4 ; 9,20-27}} ; {{nobr|11,1-9 ; 50,15-21}} ;
* des passages sont ensuite ajoutés tardivement ; par exemple {{nobr|Genèse chap. 38}} ; {{nobr|chap. 49}} (qui contient semble-t-il des matériaux plus anciens)<ref name="IntroAT 248"/>.
* des passages sont ensuite ajoutés tardivement ; par exemple {{nobr|Genèse chap. 38}} ; {{nobr|chap. 49}} (qui contient semble-t-il des matériaux plus anciens)<ref name="IntroAT 248"/>.


Selon Ronald Hendel, certains passages comme Genèse {{nobr|chapitre 14}} ou {{nobr|Genèse 49,2-27}} sont indépendants, et proviennent donc vraisemblablement d'une source distincte que {{nobr|J, E ou P}}. En outre, certains spécialistes<ref group="N">Notamment Hoftijzer, Westermann et Emerton.</ref> ont noté que plusieurs promesses divines semblent appartenir à une strate séparée. Ces promesses ont donc vraisemblablement été ajoutées au texte combiné JE avant la rédaction sacerdotale (P)<ref>Ronald S. Hendel, « Book of Genesis », {{harvsp|Freedman|1992|texte=''The Anchor Yale Bible Dictionary'', vol. 2|p=936}}.</ref>.
Selon Ronald Hendel, certains passages comme Genèse {{nobr|chapitre 14}} ou {{nobr|Genèse 49,2-27}} sont indépendants, et proviennent donc vraisemblablement d'une source distincte de {{nobr|J, E ou P}}. En outre, certains spécialistes<ref group="N">Notamment Hoftijzer, Westermann et Emerton.</ref> ont noté que plusieurs promesses divines semblent appartenir à une strate séparée. Ces promesses ont donc vraisemblablement été ajoutées au texte combiné JE avant la rédaction sacerdotale (P)<ref>Ronald S. Hendel, « Book of Genesis », {{harvsp|Freedman|1992|texte=''The Anchor Yale Bible Dictionary'', vol. 2|p=936}}.</ref>.


Pour [[Robert Bernard Alter|Robert Alter]], mis à part quelques rares exceptions, la rédaction finale du texte de la Genèse est d'une grande cohérence narrative, et les contradictions et répétitions du texte sont voulues. Le rédacteur final n'a donc selon lui pas assemblé de manière purement mécanique les traditions anciennes, mais a usé de techniques littéraires subtiles afin d'atteindre un but précis. Alter compare la rédaction de la Genèse à l'élévation d'une cathédrale de l'Europe médiévale, qui évolue au fil des siècles, mais dont l'état final est le résultat de la volonté délibérée des derniers bâtisseurs<ref>Robert Alter, ''Genesis: Translation and Commentary'', {{p.|xlii-xliii}}.</ref>.
Pour [[Robert Bernard Alter|Robert Alter]], mis à part quelques rares exceptions, la rédaction finale du texte de la Genèse est d'une grande cohérence narrative, et les contradictions et répétitions du texte sont voulues. Le rédacteur final n'a donc selon lui pas assemblé de manière purement mécanique les traditions anciennes, mais a usé de techniques littéraires subtiles afin d'atteindre un but précis. Alter compare la rédaction de la Genèse à l'élévation d'une cathédrale de l'Europe médiévale, qui évolue au fil des siècles, mais dont l'état final est le résultat de la volonté délibérée des derniers bâtisseurs<ref>Robert Alter, ''Genesis: Translation and Commentary'', {{p.|xlii-xliii}}.</ref>.


== Historicité du récit ==
== Historicité du récit ==
[[Fichier:The Sacrifice of Isaac by Caravaggio.jpg|vignette|alt=Scène d'extérieur représentant un vieil homme qui maintient la tête d'un jeune garçon et s'apprête à le tuer avec un couteau, mais dont le geste est arrêté par un ange.|Abraham, figure historique ou légendaire ? <br/>''[[Le Sacrifice d'Isaac (Le Caravage, Florence)|Le sacrifice d'Isaac]]'', [[Le Caravage|Caravage]], v.1597-98. [[Galerie des Offices]] (Florence).]]
[[Fichier:The Sacrifice of Isaac by Caravaggio.jpg|vignette|alt=Scène d'extérieur représentant un vieil homme qui maintient la tête d'un jeune garçon et s'apprête à le tuer avec un couteau, mais dont le geste est arrêté par un ange.|Abraham, figure historique ou légendaire ? <br />''[[Le Sacrifice d'Isaac (Le Caravage, Florence)|Le sacrifice d'Isaac]]'', [[Le Caravage|Caravage]], v.1597-1598. [[Galerie des Offices]] (Florence).]]
Il est aujourd'hui largement accepté que l'histoire des patriarches provient d'une tradition orale plus ancienne. Cependant, même si cette tradition orale semble avoir préservé certains détails historiques, les évènements et les thèmes abordés reflètent en fait des préoccupations contemporaines de leur mise par écrit, qui est largement postérieure<ref name="ABD 939">Ronald S. Hendel, « Book of Genesis », {{harvsp|Freedman|1992|texte=''The Anchor Yale Bible Dictionary'', vol. 2|p=939}}.</ref>.


=== Remise en cause de l'historicité ===
Par exemple, l'histoire de [[Joseph (fils de Jacob)|Joseph]] qui est élevé au-dessus de ses frères reflète vraisemblablement un temps où les tribus de Joseph ([[Tribu d'Éphraïm|Ephraïm]] et [[Tribu de Manassé|Manassé]]) dominaient. Il est aussi possible que cette histoire s'inspire de celle des [[Hyksôs]], qui portaient des noms ouest-sémitiques, et dominaient l’[[Égypte antique|Égypte]] entre {{nobr|1670 et 1570 av. J.-C}}. De même, la prépondérance de [[Jacob]] sur [[Ésaü]] dans le cycle de Jacob pourrait correspondre à la période durant laquelle [[Édom]] était un vassal d'[[Israël antique|Israël]], entre le {{-sp-|X|e|et le milieu du|IX|e}}<ref name="ABD 939"/>.
La recherche [[historico-critique]] s'accorde aujourd'hui sur le fait que les 11 premiers chapitres de la Genèse ne constituent pas un récit historique et factuel des origines du monde. Il n'en fut pas ainsi de tout temps. Après [[Spinoza]], [[Alfred Loisy]], entre autres, a affirmé la non-historicité de ces chapitres dans la leçon de clôture de son cours d'[[exégèse biblique]] de l'année 1891-1892, et fut à l'origine de ce que l'on a appelé la « [[crise moderniste]] »<ref>[[Georges Minois]], ''L'Église et la science, Histoire d'un malentendu, de Galilée à Jean-Paul II'', Fayard, p. 267-268.</ref>.


Il est aujourd'hui largement accepté que l'histoire des patriarches provient d'une tradition orale plus ancienne. Cependant, même si cette tradition orale semble avoir préservé certains détails historiques, les évènements et les thèmes abordés reflètent en fait des préoccupations contemporaines de leur mise par écrit, qui est largement postérieure<ref name="ABD 939">{{en}} Ronald S. Hendel, « Book of Genesis », {{harvsp|Freedman|1992|texte=''The Anchor Yale Bible Dictionary'', vol. 2|p=939}}.</ref>.
Ainsi, il faut voir les récits des patriarches non comme des comptes-rendus historiques, mais plutôt comme la personnification d'entités plus importantes comme des tribus ou des peuples. Ces récits reflètent en effet les relations qui existent entre les premières [[tribus d'Israël]], ou durant l'établissement de la monarchie. C'est alors que se forme l'identité de la nation d'Israël, et par là-même ses traditions communes<ref>Ronald S. Hendel, « Book of Genesis », {{harvsp|Freedman|1992|texte=''The Anchor Yale Bible Dictionary'', vol. 2|p=940}}.</ref>. Selon Albert de Pury, les histoires des patriarches contenues dans la Genèse semblent avoir été écrites par les hommes du Sud (Juda) pour revendiquer des droits sur le territoire du Nord (Israël)<ref>[[Albert de Pury]] et [[Thomas Römer]], ''Le Pentateuque en question'', Labor et Fides, 2002, {{p.|184}}.</ref>.


Par exemple, l'histoire de [[Joseph (fils de Jacob)|Joseph]] qui est élevé au-dessus de ses frères reflète vraisemblablement un temps où les tribus de Joseph ([[Tribu d'Éphraïm|Ephraïm]] et [[Tribu de Manassé|Manassé]]) dominaient. Il est aussi possible que cette histoire s'inspire de celle des [[Hyksôs]], qui portaient des noms ouest-sémitiques, et dominaient l'[[Égypte antique|Égypte]] entre {{nobr|1670 et 1570 av. J.-C}}. De même, la prépondérance de [[Jacob]] sur [[Ésaü]] dans le cycle de Jacob pourrait correspondre à la période durant laquelle [[Édom]] était un vassal d'[[Israël antique|Israël]], entre le {{-sp-|X|et le milieu du|IX}}<ref name="ABD 939"/>.
Selon Alan Ralph Millard, cette logique ne doit pas être appliquée aveuglément, car il semblerait plausible de voir en la tradition d'[[Abraham]] certains éléments biographiques d'un personnage ayant réellement existé au début du {{-m|II|e}}, même s'il n'existe aucun élément du récit biblique interdisant que cette histoire ne se déroule des siècles plus tard<ref>Alan Ralph Millard, « Abraham (Person) », {{harvsp|Freedman|1992|texte=''The Anchor Yale Bible Dictionary'', vol. 1|p=40}}.</ref>. Cela dit, la majorité des spécialistes estime qu'il ne reste dans la Genèse que peu ou pas du tout de mémoire d’événements datant de la période pré-israélite<ref>{{Chapitre|titre chapitre=Historical context|prénom1=Ronald|nom1=Hendel|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=64}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>{{,}}<ref>[[Albert de Pury]] et [[Thomas Römer]], ''Le Pentateuque en question'', Labor et Fides, 2002, {{p.|269-270}}.</ref>{{,}}<ref>Introduction de [[Thomas Römer]] dana {{harvsp|López|2005|texte=''Comment lire le Pentateuque''|p=7-8}}.</ref>. Ainsi, les spécialistes considèrent les récits sur Abraham comme en bonne partie légendaires et théologiques. Ils sont d'ailleurs écrits de nombreux siècles après l'époque supposée du personnage<ref>{{harvsp|López|2005|texte=''Comment lire le Pentateuque''|p=22}}.</ref>.

Ainsi, il faut voir les récits des patriarches non comme des comptes-rendus historiques, mais plutôt comme la personnification d'entités plus importantes comme des tribus ou des peuples. Ces récits reflètent en effet les relations qui existent entre les premières [[tribus d'Israël]], ou durant l'établissement de la monarchie. C'est alors que se forme l'identité de la nation d'Israël, et par là même ses traditions communes<ref>Ronald S. Hendel, « Book of Genesis », {{harvsp|Freedman|1992|texte=''The Anchor Yale Bible Dictionary'', vol. 2|p=940}}.</ref>. Selon Albert de Pury, les histoires des patriarches contenues dans la Genèse semblent avoir été écrites par les hommes du Sud (Juda) pour revendiquer des droits sur le territoire du Nord (Israël)<ref>[[Albert de Pury]] et [[Thomas Römer]], ''Le Pentateuque en question'', Labor et Fides, 2002, {{p.|184}}.</ref>.

Selon Alan Ralph Millard, cette logique ne doit pas être appliquée aveuglément, car il semblerait plausible de voir en la tradition d'[[Abraham]] certains éléments biographiques d'un personnage ayant réellement existé au début du {{-m|II|e}}, même s'il n'existe aucun élément du récit biblique interdisant que cette histoire ne se déroule des siècles plus tard<ref>Alan Ralph Millard, « Abraham (Person) », {{harvsp|Freedman|1992|texte=''The Anchor Yale Bible Dictionary'', vol. 1|p=40}}.</ref>. Cela dit, la majorité des spécialistes estime qu'il ne reste dans la Genèse que peu ou pas du tout de mémoire d'événements datant de la période pré-israélite<ref>{{Chapitre|titre chapitre=Historical context|prénom1=Ronald|nom1=Hendel|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=64}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>{{,}}<ref>[[Albert de Pury]] et [[Thomas Römer]], ''Le Pentateuque en question'', Labor et Fides, 2002, {{p.|269-270}}.</ref>{{,}}<ref>Introduction de [[Thomas Römer]] dans {{harvsp|López|2005|texte=''Comment lire le Pentateuque''|p=7-8}}.</ref>. Ainsi, les spécialistes considèrent les récits sur Abraham comme en bonne partie légendaires et théologiques. Ils sont d'ailleurs écrits de nombreux siècles après l'époque supposée du personnage<ref>{{harvsp|López|2005|texte=''Comment lire le Pentateuque''|p=22}}.</ref>.


=== Comparaison avec les autres mythologies ===
=== Comparaison avec les autres mythologies ===
[[Image:Bm-epic-g.jpg|thumb|alt=Photo montrant des morceaux de pierre assemblés, dont des pièces manquent, et marqués de signes gravés.|Tablette [[cunéiforme]] contenant l'épopée d'[[Atrahasis]]. [[British Museum]].]]
[[Image:Bm-epic-g.jpg|vignette|alt=Photo montrant des morceaux de pierre assemblés, dont des pièces manquent, et marqués de signes gravés.|Tablette [[cunéiforme]] contenant l'épopée d'[[Atrahasis]]. [[British Museum]].]]


En 1901, [[Hermann Gunkel]] publie ''Die Sagen der Genesis'' (''Les Légendes de la Genèse''), un commentaire sur la Genèse qui la met en perspective par rapport aux récits des cultures parallèles, dont celles de l'[[Assyrie]] et de [[Babylone]]. Dans ce commentaire, Gunkel répète en leitmotiv que « la Genèse est une collection de légendes », ce qui fait polémique à l'époque<ref>[http://misraim3.free.fr/judaisme/formation_du_pentateuque.pdf Thomas Römer, « La formation du Pentateuque selon l'exégèse historico-critique », {{p.|6-7}}]</ref>{{,}}<ref>[http://www.jewishvirtuallibrary.org/jsource/judaica/ejud_0002_0003_0_02930.html Encyclopedia Judaica, « Bible », « Gunkel and 'Form' Criticism »].</ref>{{,}}<ref>[[Jean Louis Ska]] traduit cela en disant que la Genèse est une « collection de récits populaires » - Jean Louis Ska, ''Introduction à la lecture du Pentateuque : clés pour l'interprétation des cinq premiers livres de la Bible'', Lessius, 2000, {{p.|257}}.</ref>.
En 1901, [[Hermann Gunkel]] publie ''Die Sagen der Genesis'' (''Les Légendes de la Genèse''), un commentaire sur la Genèse qui la met en perspective par rapport aux récits des cultures parallèles, dont celles de l'[[Assyrie]] et de [[Babylone]]. Dans ce commentaire, Gunkel répète en leitmotiv que « la Genèse est une collection de légendes », ce qui suscite la polémique à l'époque<ref>[https://docs.google.com/viewer?docex=1&url=http://misraim3.free.fr/judaisme/formation_du_pentateuque.pdf Thomas Römer, « La formation du Pentateuque selon l'exégèse historico-critique », {{p.|6-7}}].</ref>{{,}}<ref>[http://www.jewishvirtuallibrary.org/jsource/judaica/ejud_0002_0003_0_02930.html Encyclopedia Judaica, « Bible », « Gunkel and 'Form' Criticism »].</ref>{{,}}<ref>[[Jean Louis Ska]] traduit cela en disant que la Genèse est une « collection de récits populaires » - Jean Louis Ska, ''Introduction à la lecture du Pentateuque : clés pour l'interprétation des cinq premiers livres de la Bible'', Lessius, 2000, {{p.|257}}.</ref>.


La polémique est nettement moins forte un siècle plus tard, un quasi consensus s'étant dégagé sur cette question. L'étude des mythologies de l’[[Égypte antique|Égypte]], du [[Proche-Orient ancien|Proche-Orient]] et de l'[[Anatolie|Asie Mineure]] montre en effet une très grande proximité entre la Genèse et d'autres récits [[Mythologie|mythologiques]] qui étaient vraisemblablement connus des rédacteurs bibliques, comme ceux de l'[[Enuma Elish]] ({{nobr|Genèse chap. 1}})<ref>Robert Kugler et Patrick Hartin, ''An Introduction to the Bible'', 2009, {{p.|53}}.</ref>, d'[[Atrahasis]] ({{nobr|Genèse chap. 2}})<ref>Christoph Uehlinger, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=209-212|id= Römer 2009}}.</ref> ou de [[Gilgamesh]] ({{nobr|Genèse chap. 7}})<ref>{{harvsp|Liverani|2008|texte=''La Bible et l'invention de l'histoire''|p=320-323|id=Liverani 2008}}.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Blenkinsopp|2011|texte=Creation, Un-creation, Re-creation|p=12-14}}.</ref>. L'histoire de la [[tour de Babel]] ({{nobr|Genèse chap. 11}}) semble aussi avoir des origines babyloniennes<ref>{{harvsp|Liverani|2008|texte=''La Bible et l'invention de l'histoire''|p=323-325|id=Liverani 2008}}.</ref>. De plus, l'épisode où la femme de Potiphar tente de séduire Joseph est aussi très similaire à un récit égyptien datant du {{-s|XIII}}, le ''[[Conte des deux frères]]''<ref>{{Article|prénom1=Pierre|nom1=Bordreuil|prénom2=Françoise|nom2=Briquel-Chatonnnet|titre=Enquête sur la naissance de la Bible|périodique=[[Le Monde de la Bible]]|mois=hors-série d'automne|année=2012|passage=43}}.</ref>.
La polémique est nettement moins forte un siècle plus tard, un quasi-consensus s'étant dégagé sur cette question. L'étude des mythologies de l'[[Égypte antique|Égypte]] (notamment la [[Mythe de la création héliopolitaine|cosmogonie héliopolitaine]]), du [[Proche-Orient ancien|Proche-Orient]] et de l'[[Anatolie|Asie Mineure]] montre en effet une très grande proximité entre la Genèse et d'autres récits [[Mythologie|mythologiques]] qui étaient vraisemblablement connus des rédacteurs bibliques, comme ceux de l'[[Enuma Elish]] ({{nobr|Genèse chap. 1}})<ref>Robert Kugler et Patrick Hartin, ''An Introduction to the Bible'', 2009, {{p.|53}}.</ref>, d'[[Atrahasis]] ({{nobr|Genèse chap. 2}})<ref>Christoph Uehlinger, {{harvsp|Römer|2009|texte=''Introduction à l'AT''|p=209-212|id= Römer 2009}}.</ref> ou de [[Gilgamesh]] ({{nobr|Genèse chap. 7}})<ref>{{harvsp|Liverani|2008|texte=''La Bible et l'invention de l'histoire''|p=320-323|id=Liverani 2008}}.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Blenkinsopp|2011|texte=Creation, Un-creation, Re-creation|p=12-14}}.</ref>. L'histoire de la [[tour de Babel]] ({{nobr|Genèse chap. 11}}) semble aussi avoir des origines babyloniennes<ref>{{harvsp|Liverani|2008|texte=''La Bible et l'invention de l'histoire''|p=323-325|id=Liverani 2008}}.</ref>. De plus, l'épisode où la femme de Potiphar tente de séduire Joseph est aussi très similaire à un récit égyptien datant du {{-s|XIII}}, le ''[[Conte des deux frères]]''<ref>{{Article|prénom1=Pierre|nom1=Bordreuil|prénom2=Françoise|nom2=Briquel-Chatonnet|titre=Enquête sur la naissance de la Bible|périodique=[[Le Monde de la Bible]]|mois=hors-série d'automne|année=2012|passage=43}}.</ref>.


La vision du cosmos présente dans la Genèse est similaire à celle du Proche-Orient ancien. On y retrouve notamment les {{citation|eaux qui sont au-dessous du firmament}}<ref group="N">{{nobr|Genèse 1,6-7}}.</ref> ; les {{citation|écluses du ciel}} et les {{citation|sources de l'abîme}} qui s'ouvrent et jaillissent lors du Déluge<ref group="N">{{nobr|Genèse 7,11 ; 8,2}}.</ref> ; le Soleil, la Lune et les étoiles qui sont placés dans le firmament<ref group="N">{{nobr|Genèse 1,14-17}}.</ref> ; et les « eaux » qui sont sous la Terre<ref group="N">{{nobr|Genèse 1,6-7 ; 7,11}}.</ref>{{,}}<ref>Robert Kugler et Patrick Hartin, ''An Introduction to the Bible'', 2009, {{p.|54}}.</ref>.
La vision du cosmos présente dans la Genèse est similaire à celle du Proche-Orient ancien. On y retrouve notamment les {{citation|eaux qui sont au-dessous du firmament}}<ref group="N">{{nobr|Genèse 1,6-7}}.</ref> ; les {{citation|écluses du ciel}} et les {{citation|sources de l'abîme}} qui s'ouvrent et jaillissent lors du Déluge<ref group="N">{{nobr|Genèse 7,11 ; 8,2}}.</ref> ; le Soleil, la Lune et les étoiles qui sont placés dans le firmament<ref group="N">{{nobr|Genèse 1,14-17}}.</ref> ; et les « eaux » qui sont sous la Terre<ref group="N">{{nobr|Genèse 1,6-7 ; 7,11}}.</ref>{{,}}<ref>Robert Kugler et Patrick Hartin, ''An Introduction to the Bible'', 2009, {{p.|54}}.</ref>.


Selon [[Mario Liverani]], la description du jardin d’[[Éden]] ressemble fortement au paradis [[perse]], et il situe donc le récit de Genèse {{nobr|chapitre 2}} après l'[[Exil à Babylone|Exil]]<ref>{{harvsp|Liverani|2008|texte=''La Bible et l'invention de l'histoire''|p=327|id=Liverani 2008}}.</ref>. Il situe aussi l'écriture de la [[table des peuples]] ({{nobr|Genèse chap. 10}}) au {{-s-|VI}}, période qui voit fleurir ce genre de généalogies<ref>{{harvsp|Liverani|2008|texte=''La Bible et l'invention de l'histoire''|p=329-330|id=Liverani 2008}}.</ref>.
Selon [[Mario Liverani]], la description du jardin d'[[Éden]] ressemble fortement au paradis [[mythologie perse|perse]], et il situe donc le récit de Genèse {{nobr|chapitre 2}} après l'[[Exil à Babylone|Exil]]<ref>{{harvsp|Liverani|2008|texte=''La Bible et l'invention de l'histoire''|p=327|id=Liverani 2008}}.</ref>. Il situe aussi l'écriture de la [[table des peuples]] ({{nobr|Genèse chap. 10}}) au {{-s-|VI}}, période qui voit fleurir ce genre de généalogies<ref>{{harvsp|Liverani|2008|texte=''La Bible et l'invention de l'histoire''|p=329-330|id=Liverani 2008}}.</ref>.


== Thèmes ==
== Thèmes ==
La Genèse, qui se comprend mieux si l'on considère l'intégralité du [[Pentateuque]], aborde diverses questions dont : la [[Création (théologie)|création]] du monde par Dieu ; la place de l'[[Humanité]] ; l'origine du [[mal]] ; les lois morales ; l'unité de la famille humaine ; la sélection divine de certains humains ; les alliances et les promesses faites par Dieu aux hommes ; et l'idée d'une [[Miracle|intervention divine]] dans le cours de l'histoire humaine<ref name="EJ2008, themes">{{harvsp|Sarna|Sperling|texte=''Encyclopaedia Judaica''|p=445-447}}, « {{lang|en|texte=The Major Themes and Teachings}} ».</ref>. James McKeown identifie, quant à lui, comme thèmes principaux de la Genèse, la postérité, la [[bénédiction]] et la terre<ref>{{en}} James McKeown, 2008, ''Genesis'', {{p.|4}}.</ref>.
La Genèse, qui se comprend mieux si l'on considère l'intégralité du [[Pentateuque]], aborde diverses questions dont : la [[Création (Bible)|création]] du monde par Dieu ; la place de l'[[Humanité]] ; l'origine du [[mal]] ; les lois morales ; l'unité de la famille humaine ; la sélection divine de certains humains ; les alliances et les promesses faites par Dieu aux hommes ; et l'idée d'une [[Miracle|intervention divine]] dans le cours de l'histoire humaine<ref name="EJ2008, themes">{{harvsp|Sarna|Sperling|texte=''Encyclopaedia Judaica''|p=445-447}}, « {{langue|en|texte=The Major Themes and Teachings}} ».</ref>. James McKeown identifie, quant à lui, comme thèmes principaux de la Genèse, la postérité, la [[bénédiction]] et la terre<ref>{{en}} James McKeown, 2008, ''Genesis'', {{p.|4}}.</ref>.


Plusieurs propositions ont été avancées concernant le thème central du cycle primitif ({{nobr|Genèse 1-11}}) : l'augmentation des [[péché]]s humains et la faveur divine ; la variété des péchés humains ; la diminution de l'« existence » (''Dasein'') des humains ; l'insolvable dualité entre l'humain et le divin ; et les limites propres à la très humaine {{citation|course pour la vie}}. Le cycle d'[[Abraham]] s'organise, quant à lui, autour de deux thèmes principaux : son besoin d'un enfant et sa relation avec [[Yahweh|YHWH]]. Ces thèmes se retrouvent, dans une moindre mesure, dans le cycle de [[Jacob]]<ref>Ronald S. Hendel, « Book of Genesis », {{harvsp|Freedman|1992|texte=''The Anchor Yale Bible Dictionary'', vol. 2|p=937-938}}.</ref>.
Plusieurs propositions ont été avancées concernant le thème central du cycle primitif ({{nobr|Genèse 1-11}}) : l'augmentation des [[péché]]s humains et la faveur divine ; la variété des péchés humains ; la diminution de l'« existence » (''Dasein'') des humains ; l'insolvable dualité entre l'humain et le divin ; et les limites propres à la très humaine {{citation|course pour la vie}}. Le cycle d'[[Abraham]] s'organise, quant à lui, autour de deux thèmes principaux : son besoin d'un enfant et sa relation avec [[Yahweh|YHWH]]. Ces thèmes se retrouvent, dans une moindre mesure, dans le cycle de [[Jacob]]<ref>Ronald S. Hendel, « Book of Genesis », {{harvsp|Freedman|1992|texte=''The Anchor Yale Bible Dictionary'', vol. 2|p=937-938}}.</ref>.


=== Le Dieu de la création ===
=== Dieu de la création ===
Le thème de la création dans la Genèse est similaire à celui des cosmologies du Proche-Orient ancien. Il présuppose, comme chez les Égyptiens, un seul Dieu créateur, la différence principale étant que chez les Égyptiens, ce Dieu crée ensuite d’autres dieux qui sont aussi l’objet de vénération<ref name="EJ2008, themes"/>. Le Dieu créateur de la Bible existe dès le début du récit. Il n'a pas d'histoire<ref>{{harvsp|López|2005|texte=''Comment lire le Pentateuque''|p=71}}.</ref>.
Le thème de la [[Création (Bible)|création]] dans la Genèse est similaire à celui des cosmologies du Proche-Orient ancien. Il présuppose, comme chez les Égyptiens, un seul Dieu créateur, la différence principale étant que chez les Égyptiens, ce Dieu crée ensuite d'autres dieux qui sont aussi l'objet de vénération<ref name="EJ2008, themes"/>. Le [[Dieu le Père#Créateur du ciel et de la terre|Dieu créateur]] de la Bible existe dès le début du récit. Il n'a pas d'histoire<ref>{{harvsp|López|2005|texte=''Comment lire le Pentateuque''|p=71}}.</ref>.


Pour les autres mythologies comme pour la Bible, la création est vue comme la victoire divine contre les forces du chaos. Le processus de création est divisé en deux groupes de trois jours. Les trois premiers jours sont consacrés à la préparation ou la création des éléments. Les trois suivants, ces éléments sont complétés ou peuplés de ceux qui les utilisent. Le septième jour est un jour consacré à Dieu seul<ref name="EJ2008, themes"/>.
Pour les autres mythologies comme pour la Bible, la création est vue comme la victoire divine contre les forces du chaos. Le processus de création est divisé en deux groupes de trois jours. Les trois premiers jours sont consacrés à la préparation ou la création des éléments. Les trois suivants, ces éléments sont complétés ou peuplés de ceux qui les utilisent. Le septième jour est un jour consacré à Dieu seul<ref name="EJ2008, themes"/>. Il ne s'agit pas d'une ''{{langue|la|creatio [[ex nihilo]]}}'', car préexiste le [[Tohu-ve-bohu]] (« vide et vague »), les ténèbres et un abîme (tehôm ou océan primordial, mot relié à la divinité babylonienne [[Tiamat]]). Il faut attendre le {{-s-|II|e}} pour voir écrire l'idée que Dieu aurait créé le monde ''ex nihilo'' ([[deuxième livre des Maccabées]], 7, 28<ref group="N">{{Réf Bible|2M|7|28|auteur=Crampon}} dans la Bible [[Augustin Crampon|Crampon]].</ref>)<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Michel Quesnel (théologien)|Michel Quesnel]], Philippe Gruson|titre=La Bible et sa culture. Ancien testament|éditeur=[[Éditions Desclée de Brouwer|Desclée de Brouwer]]|année=2000|passage=43|isbn=}}.</ref>.


La différence primordiale entre la [[cosmogonie]] de la Genèse et celle des autres civilisations comme l'ancienne [[Babylone (civilisation)|Babylonie]], semble résider dans le strict [[monothéisme]] du récit biblique, ainsi que dans sa relative simplicité. S'il est tentant de voir dans cette optique une polémique contre le [[polythéisme]] babylonien (il est possible de déduire que le « soleil » et la « lune » sont inclus dans la création des luminaires et ainsi non mentionnés dans le récit de la genèse, comme pour éviter qu'ils soient associés aux cultes païens de ces divinités), une pièce liturgique de [[Enuma Elish]] ({{nobr|tablettes VI 122}} et VII 144) suggère que tous les dieux ne sont que des manifestations de [[Marduk]], ce qui donnerait une orientation monothéiste au système de croyance babylonien<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Michel Quesnel (théologien)|Michel Quesnel]], Philippe Gruson|titre=La Bible et sa culture. Ancien testament|éditeur=[[Éditions Desclée de Brouwer|Desclée de Brouwer]]|année=2000|passage=44|isbn=}}.</ref>. De plus, le premier verset ''Berechit bara Elohim'', littéralement « dans le commencement le(s) dieu(x) créa (créèrent) », rappelle que la forme [[Elohim]] se termine par la marque du pluriel ''-îm'', ce qui peut désigner un pluriel de majesté, la cour céleste, mais aussi une survivance polythéiste chez les Hébreux<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Jacques Guillet]]|titre=Vocabulaire de théologie biblique|éditeur=Cerf|année=1962|passage=216}}.</ref>. Enfin le verset 27 {{Citation|Dieu créa l'homme à son image ; c'est à l'image de Dieu qu'il le créa. Mâle et femelle furent créés à la fois}}<ref group="N">{{Réf Bible|Gn|1|27}} dans la [[Bible Segond]], [http://www.sefarim.fr/Pentateuque_Genese_1_27.aspx Genèse 1:27] dans la [[Bible du Rabbinat]].</ref>, est une construction littéraire répétitive qui peut être interprétée également comme une survivance polythéiste du couple divin, le dieu créateur avec sa [[parèdre]] ([[YHWH]] et [[Ashera]]) : [[Adam]] et [[Ève]], dans une stratégie de substitution, remplacent les statues ({{Citation|à son image}} est issu de l'hébreu « selem » qui désigne aussi une statue) du couple divin et correspondent à une démocratisation de l'idéologie royale de la part de l'auteur biblique qui rédige ce passage à une époque où le [[royaume d'Israël]] n'existe plus<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Thomas Römer]]|titre=Dieu obscur. Cruauté, sexe et violence dans l'Ancien Testament|éditeur=[[Labor et Fides]]|année=2009|passage=147|isbn=}}.</ref>.
La différence primordiale entre la [[cosmogonie]] de la Genèse et celle des autres civilisations comme l'ancienne [[Babylone (royaume)|Babylonie]], réside dans le strict [[monothéisme]] du récit biblique, ainsi que dans sa relative simplicité. Ce récit présente vraisemblablement les idées qui avaient cours en Judée sur la pré-histoire du peuple d'Israël, selon les connaissances de l'époque. À ce titre, excepté les interprétations [[concordisme|concordistes]], il n'est généralement plus question de l'associer à la science moderne<ref name="Westphal CP">[http://456-bible.123-bible.com/westphal/2009.htm Dictionnaire Encyclopédique de la Bible A. Westphal, « Genèse », « Cosmogonie et préhistoire »].</ref>.


Ce récit présente vraisemblablement les idées qui avaient cours en Judée sur la pré-histoire du peuple d'Israël, selon les connaissances de l'époque. Il peut aussi provenir de prêtres exilés à Babylone et qui ont eu connaissance des [[cosmogonie]]s babyloniennes. À ce titre, excepté les interprétations [[concordisme|concordistes]], il n'est généralement plus question de l'associer à la science moderne<ref name="Westphal CP">[http://456-bible.123-bible.com/westphal/2009.htm Dictionnaire Encyclopédique de la Bible A. Westphal, « Genèse », « Cosmogonie et préhistoire »].</ref>.
=== L'Humanité ===
[[Fichier:Rubens Painting Adam Eve.jpg|vignette|alt=peinture représentant deux personnages nus debout dans la nature, un homme barbu à gauche et une femme à droite, tournés l'un vers l'autre. La femme s'appuie sur un arbre autour duquel s'enroule un serpent.|Adam et Ève, couple fondateur de l'Humanité selon le texte de la Genèse. Tableau de [[Pierre Paul Rubens|Rubens]], v. 1597-1600, [[Rubenshuis]] ([[Anvers]]).]]
Contrairement au mythe d’[[Atrahasis]], qui voit les humains comme les serviteurs de dieux mineurs, les humains sont présentés par la Genèse comme l’aboutissement de la création, créés à l’image de Dieu. Ils sont considérés comme responsables de la nature et peuvent l’exploiter à leur guise. De plus, l'Humanité est considérée comme dérivant d'un seul couple, [[Adam]] et [[Ève]], puis de la seule famille de [[Noé (patriarche)|Noé]], faisant donc de chaque humain le membre d'une grande famille<ref name="EJ2008, themes"/>.


=== Humanité ===
Avant toute visée scientifique, le but du récit est surtout d'ancrer l'histoire de la [[Israël antique|nation d'Israël]] dans celle de l'Humanité primitive, montrant par là-même que cette nation est spécialement choisie par Dieu pour réaliser ses desseins<ref name="Westphal CP"/>.
[[Fichier:Rubens Painting Adam Eve.jpg|vignette|alt=peinture représentant deux personnages nus debout dans la nature, un homme barbu à gauche et une femme à droite, tournés l'un vers l'autre. La femme s'appuie sur un arbre autour duquel s'enroule un serpent.|Adam et Ève, couple fondateur de l'humanité selon le texte de la Genèse. Tableau de [[Pierre Paul Rubens|Rubens]], v. 1597-1600, [[Rubenshuis]] ([[Anvers]]).]]
Contrairement au mythe d'[[Atrahasis]], qui voit les humains comme les serviteurs de dieux mineurs, les humains sont présentés par la Genèse comme l'aboutissement de la création, créés à l'image de Dieu. C'est à eux seuls que sont confiés le soin et l'exploitation des ressources de la nature<ref name="EJ2008, themes"/>. De plus, l'humanité est considérée comme dérivant d'un seul couple, [[Adam]] et [[Ève]], puis de la seule famille de [[Noé (patriarche)|Noé]], faisant donc de chaque humain le membre d'une grande famille<ref name="EJ2008, themes"/>.


Avant toute visée scientifique, le but du récit est surtout d'ancrer l'histoire de la [[Israël antique|nation d'Israël]] dans celle de l'humanité primitive, montrant par là même que cette nation est spécialement choisie par Dieu pour réaliser ses desseins<ref name="Westphal CP"/>.
=== Bénédictions, promesses divine et alliances ===
Le Dieu de la Genèse est un Dieu de bénédictions et de promesses, deux thèmes majeurs de la théologie du livre. Dès le début de la création, le premier couple humain reçoit une bénédiction, qui s'étend ensuite à leurs descendants<ref>{{harvsp|López|2005|texte=''Comment lire le Pentateuque''|p=71-72}}.</ref>. L'idée d'une lignée de personnes approuvées par Dieu, tels [[Noé (patriarche)|Noé]], [[Abraham]], [[Isaac]] et [[Jacob]], est ensuite développée tout au long du livre. Elle trouve son apogée dans le fait que la nation d'Israël tout entière est finalement l'objet des promesses divines<ref name="EJ2008, themes"/>.


=== Bénédictions, promesses divines et alliances ===
Tout au long du livre, des promesses sont faites pour divers sujets : avoir des descendants ({{nobr|19 fois}}), avoir des relations ({{nobr|10 fois}}) ou posséder de la terre ({{nobr|13 fois}})<ref>{{en}} Victor P. Hamilton, The Book of Genesis: Chapters 1-17, {{p.|42}}.</ref>. Dieu établit des alliances avec ceux qu'il approuve. Il promet notamment à Abraham non seulement une postérité nombreuse, mais aussi une terre sur laquelle elle vivra : le [[Pays de Canaan (Bible)|pays de Canaan]]. À l'inverse, Dieu punit ceux qu'il considère comme coupables. Les épisodes du jardin d’[[Éden]], du [[Déluge]]<ref name="Westphal CP"/> et de Sodome et Gomorrhe en sont de parfaites illustrations<ref name="EJ2008, themes"/>.
Le Dieu de la Genèse est un Dieu de bénédictions et de promesses, deux thèmes majeurs de la théologie du livre. Dès le début de la création, le premier couple humain reçoit une bénédiction, qui s'étend ensuite à leurs descendants<ref>{{harvsp|López|2005|texte=''Comment lire le Pentateuque''|p=71-72}}.</ref>. L'idée d'une lignée de personnes approuvées par Dieu, tels [[Noé (patriarche)|Noé]], [[Abraham]], [[Isaac]] et [[Jacob]], est ensuite développée tout au long du livre. Elle trouve son apogée dans le fait que la nation d'Israël tout entière est finalement l'objet des promesses divines<ref name="EJ2008, themes"/>.


Tout au long du livre, des promesses sont faites pour divers sujets : avoir des descendants ({{nobr|19 fois}}), avoir des relations ({{nobr|10 fois}}) ou posséder de la terre ({{nobr|13 fois}})<ref>{{en}} Victor P. Hamilton, The Book of Genesis: Chapters 1-17, {{p.|42}}.</ref>. Dieu établit des alliances avec ceux qu'il approuve. Il promet notamment à Abraham non seulement une postérité nombreuse, mais aussi une terre sur laquelle elle vivra : le [[Pays de Canaan (Bible)|pays de Canaan]]. À l'inverse, Dieu punit ceux qu'il considère comme coupables. Les épisodes du jardin d'[[Éden]], du [[Déluge]]<ref name="Westphal CP"/> et de Sodome et Gomorrhe en sont de parfaites illustrations<ref name="EJ2008, themes"/>.
=== Dieu et l'Histoire ===
La Genèse défend l'idée que l'Histoire a un sens, et que Dieu la dirige. L'étude des nombres d'années données dans ses généalogies et ses histoires fait apparaître des schémas récurrents et symboliques, ce qui incite à penser qu'ils ont avant tout un sens allégorique.

Par exemple, les dix générations qui séparent [[Adam]] de [[Noé (patriarche)|Noé]] trouvent leur parallèle dans les dix générations qui séparent Noé d'[[Abraham]]. Les arts des civilisations apparaissent à la septième génération après Adam, par les fils de [[Lamech (Noé)|Lamech]] qui vit exactement {{nobr|777 années}}. Les patriarches vivent exactement {{nobr|250 ans}} en [[Pays de Canaan (Bible)|Canaan]], soit précisément la moitié de la durée du séjour en Égypte de leurs descendants (d'après les versions grecque et samaritaine)<ref name="EJ2008, themes"/>.


== Commentaires et interprétations ==
== Commentaires et interprétations ==
[[Fichier:PhiloThevet.jpg|vignette|alt=Gravure d'un homme vu de face, vêtu d'une toge brodée de caractères hébreux, coiffé d'une sorte de tiare et portant un livre.|[[Philon d'Alexandrie]], l'un des premiers commentateurs de la Genèse de l'ère chrétienne. Gravure d'[[André Thevet]] (1584).]]
[[Fichier:PhiloThevet.jpg|vignette|alt=Gravure d'un homme vu de face, vêtu d'une toge brodée de caractères hébreux, coiffé d'une sorte de tiare et portant un livre.|[[Philon d'Alexandrie]], l'un des premiers commentateurs de la Genèse de l'ère chrétienne. Gravure d'[[André Thevet]] (1584).]]
Parmi les livres de l'[[Ancien Testament]], la Genèse est l'un des livres qui sont les plus commentés<ref name="Dictionnaire Judaïsme">''Encyclopædia Universalis'', « Livre de la Genèse », ''Dictionnaire du Judaïsme (Les Dictionnaires d'Universalis)'' [http://books.google.fr/books?id=M96KBAAAQBAJ&pg=PT330#v=onepage&q&f=false lire en ligne].</ref>.
Parmi les livres de l'[[Ancien Testament]], la Genèse est l'un des livres qui sont les plus commentés<ref name="Dictionnaire Judaïsme">''Encyclopædia Universalis'', « Livre de la Genèse », ''Dictionnaire du Judaïsme (Les Dictionnaires d'Universalis)'' [https://books.google.fr/books?id=M96KBAAAQBAJ&pg=PT330#v=onepage&q&f=false lire en ligne].</ref>.


Au {{s-|I|er}}, [[Philon d'Alexandrie]] écrit une série de commentaires sur la Genèse. S'y trouvent un traité sous forme de questions et de réponses, ainsi qu'un commentaire allégorique<ref>{{Chapitre|titre chapitre=When the beginning is the end: The place of Genesis in the commentaries of Philo|prénom1=Gregory E.|nom1=Sterling|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=428-436}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>. Il écrit aussi des traités sur [[Abraham]] et [[Joseph (fils de Jacob)|Joseph]], et sans doute sur d'autres personnages de la Genèse, qui ont été perdus depuis<ref>{{Chapitre|titre chapitre=The fathers on Genesis|prénom1=Andrew|nom1=Louth|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=575}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>.
Au {{s-|I}}, [[Philon d'Alexandrie]] écrit une série de commentaires sur la Genèse. S'y trouvent un traité sous forme de questions et de réponses, ainsi qu'un commentaire allégorique<ref>{{Chapitre |langue=en |titre chapitre=When the beginning is the end: The place of Genesis in the commentaries of Philo|prénom1=Gregory E.|nom1=Sterling|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=428-436}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>. Il écrit aussi des traités sur [[Abraham]] et [[Joseph (fils de Jacob)|Joseph]], et sans doute sur d'autres personnages de la Genèse, qui ont été perdus depuis<ref>{{Chapitre |langue=en |titre chapitre=The fathers on Genesis|prénom1=Andrew|nom1=Louth|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=575}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>.


=== La Genèse racontée différemment ===
=== La Genèse racontée différemment ===
Initialement, la Genèse n'est pas tant commentée que racontée d'une manière différente. C'est le cas notamment dans le ''[[livre des Jubilés]]'', un texte [[Apocryphes bibliques|apocryphe]] datant du {{-s-|II}}, qui raconte les récits de la Genèse et de l'Exode en y ajoutant des détails inédits<ref>[http://www.lemondedesreligions.fr/savoir/il-n-y-a-pas-trace-de-peche-originel-dans-le-recit-de-la-genese-19-05-2011-1516_110.php « Il n'y a pas trace de péché originel dans le récit de la Genèse », interview de James Kugel].</ref>. D'autres récits antiques s'inspirent librement de la Genèse, tels le ''[[livre d'Hénoch]]'' ({{nobr|1 Hénoch}}) composé vraisemblablement entre le {{-sp-|III|e|et le|I|er}}<ref>Paolo Sacchi (trad. Luc Leonas), ''Les apocryphe de l'Ancien Testament : Une introduction'', Cerf, 2014, {{p.|77}}.</ref>. Parmi les [[manuscrits de la mer Morte]], l'''Apocryphe de la Genèse'' reprend les récits sur les patriarches, le plus souvent en réécrivant le texte à la première personne du singulier. Contrairement au livre des ''Jubilés'', il s'intéresse peu aux [[halakha|prescriptions légales de la loi juive]]. Il a une préoccupation marquée pour les détails géographiques des récits et insiste sur les émotions et la sensibilité des personnages. Comme le ''livre d'Hénoch'' et les ''Jubilés'', il montre une fascination évidente pour les personnages de [[Noé (patriarche)|Noé]] et d'[[Hénoch]]<ref>{{Chapitre|langue=en|titre chapitre=The Bible rewritten and expanded|prénom1=G. W. E.|nom1=Nickelsburg|titre ouvrage=Jewish Writings of the Second Temple Period|sous-titre ouvrage=Apocrypha, Pseudepigrapha, Qumran Sectarian Writings, Philo, Josephus|auteurs ouvrage=E. Stone (dir.)|collection=Compendia Rerum Iudaicarum ad Novum Testamentum|éditeur=Van Gorcum et Fortress Press|lieu=Assen et Philadelphia|année=1984}}, {{p.|106}}.</ref>.
Initialement, la Genèse n'est pas tant commentée que racontée d'une manière différente. C'est le cas notamment dans le ''[[livre des Jubilés]]'', un texte [[Apocryphes bibliques|apocryphe]] datant du {{-s-|II}}, qui raconte les récits de la Genèse et de l'Exode en y ajoutant des détails inédits<ref>[http://www.lemondedesreligions.fr/savoir/il-n-y-a-pas-trace-de-peche-originel-dans-le-recit-de-la-genese-19-05-2011-1516_110.php « Il n'y a pas trace de péché originel dans le récit de la Genèse », interview de James Kugel].</ref>. D'autres récits antiques s'inspirent librement de la Genèse, tels le ''[[livre d'Hénoch]]'' ({{nobr|1 Hénoch}}) composé vraisemblablement entre le {{-sp-|III|et le|I}}<ref>Paolo Sacchi (trad. Luc Leonas), ''Les apocryphe de l'Ancien Testament : Une introduction'', Cerf, 2014, {{p.|77}}.</ref>. Parmi les [[manuscrits de la mer Morte]], l{{'}}''Apocryphe de la Genèse'' reprend les récits sur les patriarches, le plus souvent en réécrivant le texte à la première personne du singulier. Contrairement au livre des ''Jubilés'', il s'intéresse peu aux [[halakha|prescriptions légales de la loi juive]]. Il a une préoccupation marquée pour les détails géographiques des récits et insiste sur les émotions et la sensibilité des personnages. Comme le ''livre d'Hénoch'' et les ''Jubilés'', il montre une fascination évidente pour les personnages de [[Noé (patriarche)|Noé]] et d'[[Hénoch]]<ref>{{Chapitre|langue=en|titre chapitre=The Bible rewritten and expanded|prénom1=G. W. E.|nom1=Nickelsburg|titre ouvrage=Jewish Writings of the Second Temple Period|sous-titre ouvrage=Apocrypha, Pseudepigrapha, Qumran Sectarian Writings, Philo, Josephus|auteurs ouvrage=E. Stone (dir.)|collection=Compendia Rerum Iudaicarum ad Novum Testamentum|éditeur=Van Gorcum et Fortress Press|lieu=Assen et Philadelphia|année=1984|passage=106}}.</ref>.


À la fin du {{s-|I|er}}, [[Flavius Josèphe]] écrit une histoire primitive basée grandement sur la Genèse dans les ''[[Antiquités judaïques]]''. Il semble utiliser les différentes versions du livre disponibles à l'époque, c'est-à-dire le [[texte massorétique]] et la [[Septante]], mais aussi des traditions qu'on retrouve dans les [[targoum]]im<ref group="N">[[Targoum Onkelos]] et [[Targoum Pseudo-Jonathan]].</ref> et d'autres sources, écrites ou orales<ref>{{Chapitre|prénom1=Christopher T.|nom1=Begg|titre chapitre=Genesis in Josephus|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=303-308}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>. Josèphe réécrit librement le livre, amplifiant, omettant ou réarrangeant certains passages. Il tente ainsi de le rendre plus accessible et attrayant pour le monde grec de l'époque<ref>{{Chapitre|prénom1=Christopher T.|nom1=Begg|titre chapitre=Genesis in Josephus|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=309-327}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>.
À la fin du {{s-|I}}, [[Flavius Josèphe]] écrit une histoire primitive basée grandement sur la Genèse dans les ''[[Antiquités judaïques]]''. Il semble utiliser les différentes versions du livre disponibles à l'époque, c'est-à-dire le [[texte massorétique]] et la [[Septante]], mais aussi des traditions qu'on retrouve dans les [[targoum]]im<ref group="N">[[Targoum Onkelos]] et [[Targoum Pseudo-Jonathan]].</ref> et d'autres sources, écrites ou orales<ref>{{Chapitre|prénom1=Christopher T.|nom1=Begg|titre chapitre=Genesis in Josephus|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=303-308}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>. Josèphe réécrit librement le livre, amplifiant, omettant ou réarrangeant certains passages. Il tente ainsi de le rendre plus accessible et attrayant pour le monde grec de l'époque<ref>{{Chapitre|prénom1=Christopher T.|nom1=Begg|titre chapitre=Genesis in Josephus|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=309-327}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>.


=== Commentaires rabbiniques ===
=== Commentaires rabbiniques ===
[[Fichier:Adolf Behrman - Talmudysci.jpg|vignette|alt=Tableau peint représentant un homme en habit religieux juif, recouvert d'un châle blanc et portant une kippa, qui lit un livre. Trois autres hommes lisent également à l'arrière-plan.|[[Adolf Behrman]], ''Lecteurs du Talmud (Talmudyści)'', début du {{s-|XX}}, [[Varsovie]].]]
[[Fichier:Adolf Behrman - Talmudysci.jpg|vignette|alt=Tableau peint représentant un homme en habit religieux juif, recouvert d'un châle blanc et portant une kippa, qui lit un livre. Trois autres hommes lisent également à l'arrière-plan.|[[Adolf Behrman]], ''Lecteurs du Talmud (Talmudyści)'', début du {{s-|XX}}, [[Varsovie]].]]
Parmi les plus anciens commentaires rabbiniques figure le [[midrash]] ''[[Bereshit Rabba]]'' (parfois appelé ''Genèse Rabba''). Il s'agit d'une compilation tardive basée sur une œuvre palestinienne du {{s-|V}}, qui reprend elle-même des matériaux plus anciens<ref name="Dictionnaire Judaïsme"/>. Ce texte affirme notamment que la [[Torah]] est écrite avant même la création du monde par Dieu<ref>{{Ouvrage|titre=Midrash Rabbah|traducteur=H. Freedman|titre volume=Genesis|volume=1-2|éditeur=Soncino Press|lieu=Londres|année=1939|isbn=0-900689-38-2|lire en ligne=http://archive.org/stream/RabbaGenesis/midrashrabbahgen027557mbp#page/n53/mode/2up}}</ref>{{,}}<ref>Voir aussi sur ce point {{lien web|url=http://www.larousse.fr/encyclopedie/oeuvre/la_Torah/147075|titre=La Torah (paragraphe La mystique de la Torah)|site=Encyclopédie Larousse}}.</ref>.
Parmi les plus anciens commentaires rabbiniques figure le [[midrash]] ''[[Bereshit Rabba]]'' (parfois appelé ''Genèse Rabba''). Il s'agit d'une compilation tardive basée sur une œuvre palestinienne du {{s-|V}}, qui reprend elle-même des matériaux plus anciens<ref name="Dictionnaire Judaïsme"/>. Ce texte affirme notamment que la [[Torah]] est écrite avant même la création du monde par Dieu<ref>{{Ouvrage|traducteur=H. Freedman|titre=Midrash Rabbah|volume=1-2|titre volume=Genesis|lieu=Londres|éditeur=Soncino Press|année=1939|isbn=0-900689-38-2|lire en ligne=https://archive.org/stream/RabbaGenesis/midrashrabbahgen027557mbp#page/n53/mode/2up}}.</ref>{{,}}<ref>Voir aussi sur ce point {{lien web|url=http://www.larousse.fr/encyclopedie/oeuvre/la_Torah/147075|titre=La Torah (paragraphe La mystique de la Torah)|site=Encyclopédie Larousse}}.</ref>.


En Europe, le plus ancien commentateur juif connu est Moïse ha-Darchan de [[Narbonne]] (début du {{s-|XI}}). Dans son ouvrage sur la Genèse intitulé ''Bereshit Rabbati'', il rassemble un grand nombre de ''midrashim'' tirés de l'ensemble de la littérature rabbinique ainsi que de la littérature pseudépigraphique (''Hénoch'', ''Jubilés'', ''[[Testaments des douze patriarches]]'')<ref>{{Ouvrage|titre=Introduction to the Talmud and midrash|prénom1=H. L.|nom1=Strack|prénom2=Günter|nom2=Stemberger|année=1996|édition=2|éditeur=Fortress Press|lieu =Minneapolis}}; {{p.|355}}..</ref>. Dans la deuxième partie du {{s-|XI}}, [[Rachi]] de Troyes produit un commentaire sur la Genèse, et plus largement sur tout le [[Pentateuque]]. Dans ce commentaire, il suit le texte pas à pas et cherche à expliquer le sens dit « littéral », en sélectionnant des passages de la littérature [[talmud]]ique et [[midrash]]ique. Il s'attache à résoudre les difficultés du texte, aussi bien celles de grammaire que celles de logique, de cohérence, de morale ou de théologie. Ce commentaire sera suivi de ceux de son petit-fils, le [[Rashbam]], et de Joseph Bekhor Shor ({{s-|XII}})<ref>{{ouvrage|langue=fr|prénom1=Gilbert|nom1=Dahan|prénom2=Gérard|nom2=Nahon|prénom3=Élie|nom3=Nicolas|titre=Rachi et la culture juive en France du Nord au Moyen Âge|collection=[[Revue des Études Juives]]|année=1997|isbn=978-90-6831-921-7}} {{p.|138}}.</ref>. En 1153, le ''Sefer HaYashar'' d'[[Abraham ibn Ezra]] traite aussi du Pentateuque dans son ensemble<ref>[http://www.universalis.fr/encyclopedie/abraham-ibn-ezra/ Encyclopedia Universalis, « Abraham Ibn Ezra (1089-1164) »].</ref>. Contrairement à Rachi, Ibn Ezra n'utilise pas de midrash dans son explication, mais se concentre sur les aspects grammaticaux et littéraires du texte. Même s'il ne le fait pas explicitement, son commentaire implique une remise en cause du fait que la Torah soit l’œuvre de [[Moïse]] seul, suggérant que le texte a été écrit au fil du temps par plusieurs mains<ref>[http://www.jewishvirtuallibrary.org/jsource/biography/IbnEzra.html jewish virtual library, « Abraham Ibn Ezra »].</ref>. Au {{s-|XII}}, [[Moïse Maïmonide]] commente aussi largement la Genèse, y dégageant un sens [[allégorie|allégorique]]<ref>[https://fr.wikisource.org/wiki/La_Philosophie_des_Juifs_%E2%80%93_Ma%C3%AFmonide_et_Spinoza Emile Saisset, « La Philosophie des Juifs, Maïmonide et Spinoza », 1862].</ref>.
En Europe, le plus ancien commentateur juif connu est [[Moshe hadarshan]] de [[Narbonne]] (début du {{s-|XI}}). Dans son ouvrage sur la Genèse intitulé ''Bereshit Rabbati'', il rassemble un grand nombre de ''midrashim'' tirés de l'ensemble de la littérature rabbinique ainsi que de la littérature pseudépigraphique (''Hénoch'', ''Jubilés'', ''[[Testaments des douze patriarches]]'')<ref>{{Ouvrage|prénom1=H. L.|nom1=Strack|prénom2=Günter|nom2=Stemberger|titre=Introduction to the Talmud and midrash|lieu=Minneapolis|éditeur=Fortress Press|année=1996|numéro d'édition=2|passage=355|isbn=}}.</ref>. Dans la deuxième partie du {{s-|XI}}, [[Rachi]] de Troyes produit un commentaire sur la Genèse, et plus largement sur tout le [[Pentateuque]]. Dans ce commentaire, il suit le texte pas à pas et cherche à expliquer le sens dit « littéral », en sélectionnant des passages de la littérature [[talmud]]ique et [[midrash]]ique. Il s'attache à résoudre les difficultés du texte, aussi bien celles de grammaire que celles de logique, de cohérence, de morale ou de théologie. Ce commentaire sera suivi de ceux de son petit-fils, le [[Rashbam]], et de Joseph Bekhor Shor ({{s-|XII}})<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Gilbert|nom1=Dahan|prénom2=Gérard|nom2=Nahon|prénom3=Élie|nom3=Nicolas|titre=Rachi et la culture juive en France du Nord au Moyen Âge|éditeur=|collection=[[Revue des études juives]]|année=1997|pages totales=405|passage=138|isbn=978-90-6831-921-7}}.</ref>. En 1153, le ''Sefer HaYashar'' d'[[Abraham ibn Ezra]] traite aussi du Pentateuque dans son ensemble<ref>[http://www.universalis.fr/encyclopedie/abraham-ibn-ezra/ Encyclopedia Universalis, « Abraham Ibn Ezra (1089-1164) »].</ref>. Contrairement à Rachi, Ibn Ezra n'utilise pas de midrash dans son explication, mais se concentre sur les aspects grammaticaux et littéraires du texte. Même s'il ne le fait pas explicitement, son commentaire implique une remise en cause du fait que la Torah soit l'œuvre de [[Moïse]] seul, suggérant que le texte a été écrit au fil du temps par plusieurs mains<ref>[http://www.jewishvirtuallibrary.org/jsource/biography/IbnEzra.html jewish virtual library, « Abraham Ibn Ezra »].</ref>. Au {{s-|XII}}, [[Moïse Maïmonide]] commente aussi largement la Genèse, y dégageant un sens [[allégorie|allégorique]]<ref>[https://fr.wikisource.org/wiki/La_Philosophie_des_Juifs_%E2%80%93_Ma%C3%AFmonide_et_Spinoza Emile Saisset, « La Philosophie des Juifs, Maïmonide et Spinoza », 1862].</ref>.


Les [[rabbin]]s, qui sont les garants de la loi juive, considèrent la Genèse comme une « anomalie » par son manque de loi, ce qui explique que ce n'est pas avant le {{s-|V}} qu'apparaît le ''[[Bereshit Rabba]]'', première collection de commentaires rabbiniques sur ce livre. Néanmoins, ils utilisent le texte à la recherche d'inspiration voire de révélation et c'est à partir du récit de la Genèse qu'ont été notamment tramés les commandements de croître et se multiplier ou encore celui de pratiquer la [[circoncision]]<ref>{{Chapitre|titre chapitre=Genesis in the rabbinic interpretation|prénom1=Burton L.|nom1=Visotzky|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=579}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>.
Les [[rabbin]]s, qui sont les garants de la loi juive, considèrent la Genèse comme une « anomalie » par le peu de loi qui s'y trouve, ce qui explique que ce n'est pas avant le {{s-|V}} qu'apparaît le ''[[Bereshit Rabba]]'', première collection de commentaires rabbiniques sur ce livre. Si l'essentiel du livre est consacré à de la narration, c'est néanmoins dans la trame de ce récit que des lois essentielles apparaissent telles que le commandement de croître et se multiplier<ref>{{BFR|Gn|1|28}}</ref> ainsi que celui de pratiquer la [[circoncision]]<ref>{{BFR|Gn|17|11}}</ref> ; les rabbins, suivant l'avis du [[Tannaïm|tanna]] [[:en:Ben Bag-Bag|Ben Bag-Bag]] — un élève de [[Hillel Hazaken|Hillel]] selon lequel en triturant le texte, on « pouvait tout y trouver » —, ont, à l'apogée de l'ère rabbinique, usé de la Genèse à la recherche d'inspiration voire de révélations<ref>{{Chapitre|titre chapitre=Genesis in the rabbinic interpretation|prénom1=Burton L.|nom1=Visotzky|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=579}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}})</ref>.


Leurs interprétations peuvent être très variables, suivant le but recherché et l’audience ciblée. Ils essayent parfois de capturer ce qu'ils pensent être la plus simple interprétation de la Genèse. Parfois, ils l'utilisent comme un moyen pour se confronter à d'autres idéologies que la leur. Quel que soit le but recherché, ils n'hésitent pas à utiliser les méthodes [[herméneutique]]s en vogue dans les autres cultures<ref>{{Chapitre|titre chapitre=Genesis in the rabbinic interpretation|prénom1=Burton L.|nom1=Visotzky|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=579-580}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>.
Leurs interprétations peuvent être très variables, suivant le but recherché et l'audience ciblée. Ils essayent parfois de capturer ce qu'ils pensent être la plus simple interprétation de la Genèse. Parfois, ils l'utilisent comme un moyen pour se confronter à d'autres idéologies que la leur. Quel que soit le but recherché, ils n'hésitent pas à utiliser les méthodes [[herméneutique]]s en vogue dans les autres cultures<ref>{{Chapitre|titre chapitre=Genesis in the rabbinic interpretation|prénom1=Burton L.|nom1=Visotzky|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=579-580}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>.


Pour les rabbins, Dieu est comme un architecte, et se sert de la Torah comme d'un plan pour créer le monde<ref>{{Chapitre|titre chapitre=Genesis in the rabbinic interpretation|prénom1=Burton L.|nom1=Visotzky|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=582}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>. Dieu ne crée pas ''ex nihilo'' jour après jour, mais crée tout ce qui existe dès le premier jour, puis ne fait que mettre ces choses à leur place les jours suivants. Contre l'avis des [[Gnosticisme|gnostiques]], les rabbins réfutent aussi l'idée d'un [[démiurge]] ou d'[[ange]]s ayant aidé Dieu dans sa tâche<ref>{{Chapitre|titre chapitre=Genesis in the rabbinic interpretation|prénom1=Burton L.|nom1=Visotzky|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=584}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>.
Pour les rabbins, Dieu est comme un architecte, et se sert de la Torah comme d'un plan pour créer le monde<ref>{{Chapitre|titre chapitre=Genesis in the rabbinic interpretation|prénom1=Burton L.|nom1=Visotzky|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=582}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>. Dieu ne crée pas ''ex nihilo'' jour après jour, mais crée tout ce qui existe dès le premier jour, puis ne fait que mettre ces choses à leur place les jours suivants. Contre l'avis des [[Gnosticisme|gnostiques]], les rabbins réfutent aussi l'idée d'un [[démiurge]] ou d'[[ange]]s ayant aidé Dieu dans sa tâche<ref>{{Chapitre|titre chapitre=Genesis in the rabbinic interpretation|prénom1=Burton L.|nom1=Visotzky|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=584}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>.


Le récit originel de la Création pose quelques problèmes aux rabbins, notamment le fait que la lumière soit créée avant le Soleil, ou que l'Homme soit créé à l'image de Dieu mâle et femelle ({{nobr|chap. 1}}), puis d'abord mâle, et ensuite femelle ({{nobr|chap. 2}}). Diverses interprétations ésotériques sont proposées pour régler ces questions. Le ''Genèse Rabba'' explique par exemple que l'Homme est d'abord créé [[Androgynie|androgyne]], puis séparé en deux créatures distinctes<ref>{{Chapitre|titre chapitre=Genesis in the rabbinic interpretation|prénom1=Burton L.|nom1=Visotzky|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=586-587}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>.
Le récit originel de la [[Création (Bible)|création]] pose quelques problèmes aux rabbins, notamment le fait que la lumière soit créée avant le Soleil, ou que l'Homme soit créé à l'image de Dieu mâle et femelle ({{nobr|chap. 1}}), puis d'abord mâle, et ensuite femelle ({{nobr|chap. 2}}). Diverses interprétations ésotériques sont proposées pour régler ces questions. Le ''Genèse Rabba'' explique par exemple que l'Homme est d'abord créé [[Androgynie|androgyne]], puis séparé en deux créatures distinctes<ref>{{Chapitre|titre chapitre=Genesis in the rabbinic interpretation|prénom1=Burton L.|nom1=Visotzky|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=586-587}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>.


Avec l'avènement de l'[[Islam]], les interprétations rabbiniques sur la Genèse deviennent plus complexes. La vision [[coran]]ique des premiers prophètes, tels que Noé, Abraham, Ismaël ou Joseph, est différente de celle du judaïsme traditionnel, et les rabbins doivent désormais y répondre, en plus des points de vue chrétiens et gnostiques. Au {{s-|IX}}, les Pirke de [[Eliezer ben Hyrcanos|Rabbi Eliezer]] relatent l'histoire d'Abraham dans ce que l'auteur imagine comme son contexte historique, relisant la Genèse à travers le prisme des traditions islamiques<ref>{{Chapitre|titre chapitre=Genesis in the rabbinic interpretation|prénom1=Burton L.|nom1=Visotzky|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=597-599}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>. Par exemple, lors du sacrifice d'Isaac, ce dernier se laisse faire. Il meurt puis est ressuscité, montrant ainsi, selon l'auteur, que la résurrection est bien présente dans la Torah<ref>{{Chapitre|titre chapitre=Genesis in the rabbinic interpretation|prénom1=Burton L.|nom1=Visotzky|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=602}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>.
Avec l'avènement de l'[[Islam]], les interprétations rabbiniques sur la Genèse deviennent plus complexes. La vision [[coran]]ique des premiers prophètes, tels que Noé, Abraham, Ismaël ou Joseph, est différente de celle du judaïsme traditionnel, et les rabbins doivent désormais y répondre, en plus des points de vue chrétiens et gnostiques. Au {{s-|IX}}, les Pirke de [[Eliezer ben Hyrcanos|Rabbi Eliezer]] relatent l'histoire d'Abraham dans ce que l'auteur imagine comme son contexte historique, relisant la Genèse à travers le prisme des traditions islamiques<ref>{{Chapitre|titre chapitre=Genesis in the rabbinic interpretation|prénom1=Burton L.|nom1=Visotzky|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=597-599}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>. Par exemple, lors du sacrifice d'Isaac, ce dernier se laisse faire. Il meurt puis est ressuscité, montrant ainsi, selon l'auteur, que la résurrection est bien présente dans la Torah<ref>{{Chapitre|titre chapitre=Genesis in the rabbinic interpretation|prénom1=Burton L.|nom1=Visotzky|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=602}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>.


La relation de Joseph avec son père Jacob est aussi abordée par les rabbins. Ils soulignent le fait que Joseph, bien que loin de son père, est très aimé par lui. Ils notent aussi que le nouveau nom de Jacob, Israël, est un nom [[wikt:théophore|théophore]]. Enfin, selon eux l'histoire de ces deux personnages est l'assurance pour tous les parents juifs que les enfants vont suivre leurs enseignements et rester dans le judaïsme<ref>{{Chapitre|titre chapitre=Genesis in the rabbinic interpretation|prénom1=Burton L.|nom1=Visotzky|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=604-605}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>.
La relation de Joseph avec son père Jacob est aussi abordée par les rabbins. Ils soulignent le fait que Joseph, bien que loin de son père, est très aimé par lui. Ils notent aussi que le nouveau nom de Jacob, Israël, est un [[nom théophore]]. Enfin, selon eux l'histoire de ces deux personnages est l'assurance pour tous les parents juifs que les enfants vont suivre leurs enseignements et rester dans le judaïsme<ref>{{Chapitre|titre chapitre=Genesis in the rabbinic interpretation|prénom1=Burton L.|nom1=Visotzky|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=604-605}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>.


De nos jours, la lecture littérale de la Torah et l'idée qu'elle soit d'inspiration divine sont majoritairement rejetées par les juifs, du moins aux [[États-Unis]]<ref>PEW forum, [http://religions.pewforum.org/pdf/comparison-Literal%20Interpretation%20of%20Scripture.pdf « Literal interpretation of Scriptures »].</ref>.
De nos jours, la lecture littérale de la Torah et l'idée qu'elle soit d'inspiration divine sont majoritairement rejetées par les juifs, du moins aux [[États-Unis]]<ref>PEW forum, [https://docs.google.com/viewer?docex=1&url=http://religions.pewforum.org/pdf/comparison-Literal%20Interpretation%20of%20Scripture.pdf « Literal interpretation of Scriptures »].</ref>.


=== Commentaires chrétiens ===
=== Commentaires chrétiens ===
Au {{s-|II}}, [[Théophile d'Antioche]] écrit une apologie nommée ''À Autolycus'', dont le principal sujet est la Genèse. Dans cette œuvre, il défend l'idée que [[Dieu]] est transcendant, et qu'il crée l'Univers à partir de rien. Il insiste sur les qualités de cœur et d'esprit qu'il faut avoir selon lui pour comprendre ces choses, et affirme que Dieu, en tant que créateur de l'Univers, est aussi capable de ramener les morts à la vie<ref>{{Chapitre|titre chapitre=The fathers on Genesis|prénom1=Andrew|nom1=Louth|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=562-563}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>.
Au {{s-|II}}, [[Théophile d'Antioche]] écrit une apologie nommée ''À Autolycus'', dont le principal sujet est la Genèse. Dans cette œuvre, il défend l'idée que [[Dieu]] est transcendant, et qu'il crée l'Univers à partir de rien. Il insiste sur les qualités de cœur et d'esprit qu'il faut avoir selon lui pour comprendre ces choses, et affirme que Dieu, en tant que créateur de l'Univers, est aussi capable de ramener les morts à la vie<ref>{{Chapitre|titre chapitre=The fathers on Genesis|prénom1=Andrew|nom1=Louth|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=562-563}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>.


Au {{s-|IV}}, le récit de la création en six jours (''Hexaméron'') fait l'objet des commentaires des [[pères de l'Église]] que sont [[Basile de Césarée|Basile]], [[Grégoire de Nysse]] et [[Ambroise de Milan|Ambroise]]<ref name="Dictionnaire Judaïsme"/>. Au début du {{s-|V}}, [[Augustin d'Hippone]] écrit lui aussi un traité de la Genèse : ''De Genesi ad litteram''. Ce traité montre une grande prudence quant à l'interprétation à donner au livre, qui doit selon Augustin ne jamais être hasardeuse ou contredire la science, sous peine d'être ridiculisée par les non-croyants<ref>[https://en.wikisource.org/wiki/Catholic_Encyclopedia_%281913%29/Works_of_St._Augustine_of_Hippo Catholic Encyclopedia (1913), « Works of St. Augustine of Hippo », « Scriptural Exegesis »].</ref>.
Au {{s-|IV}}, le récit de la création en six jours (''Hexaméron'') fait l'objet des commentaires des [[pères de l'Église]] que sont [[Basile de Césarée|Basile]], [[Grégoire de Nysse]] et [[Ambroise de Milan|Ambroise]]<ref name="Dictionnaire Judaïsme"/>. Au début du {{s-|V}}, [[Augustin d'Hippone]] écrit lui aussi un traité de la Genèse : ''De Genesi ad litteram''. Ce traité montre une grande prudence quant à l'interprétation à donner au livre, qui doit selon Augustin ne jamais être hasardeuse ou contredire la science, sous peine d'être ridiculisée par les non-croyants<ref>[http://www.newadvent.org/cathen/02089a.htm Catholic Encyclopedia, « Works of St. Augustine of Hippo »]</ref>.

Ces premiers commentateurs posent ainsi les bases de la doctrine chrétienne. L'idée centrale qui ressort de leurs ouvrages est que l'homme a été créé à l'image de Dieu, image qui est représentée selon eux par le [[Jésus-Christ|Christ]]. Dans cette optique, le destin de chaque humain est de s'assimiler à Dieu, dans un processus de [[déification]]<ref>{{Chapitre|titre chapitre=The fathers on Genesis|prénom1=Andrew|nom1=Louth|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=572-573}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>.


La [[Chute (Bible)|chute]] d'Adam et Ève est bien sûr aussi présente dans leurs œuvres, expliquant selon eux la condition humaine. Cependant, ils n’interprètent pas forcément cet évènement comme le « [[péché originel]] » tel qu'il est conçu par certaines confessions chrétiennes aujourd'hui, dont le [[catholicisme]]. En fait, ils mettent plutôt l'accent sur le fait que le péché se perpétue continuellement en chacun, et que seul Christ peut mettre fin à ses conséquences en délivrant les hommes de la mort<ref>{{Chapitre|titre chapitre=The fathers on Genesis|prénom1=Andrew|nom1=Louth|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=573-574}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>.
L'idée centrale que défendent les pères grecs de l'Église est que l'homme a été créé à l'image de Dieu, image qui est représentée selon eux par le [[Jésus-Christ|Christ]]. En accord avec la philosophie de leur époque, les pères grecs de l'Église établissent que la destinée de l'homme est de s'assimiler à Dieu, dans un processus de déification. La [[Chute (Bible)|chute]] d'Adam et Ève, dans leurs œuvres, explique la condition humaine. Le péché se perpétue continuellement en chacun, et seul le Christ peut mettre fin à ses conséquences en délivrant les hommes de la mort<ref>{{Chapitre|titre chapitre=The fathers on Genesis|prénom1=Andrew|nom1=Louth|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=572-574}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>.


Pour Ambroise, qui s'inspire grandement de Philon, les récits des patriarches sont autant de modèles éthiques que tout chrétien devrait suivre. Mais les pères de l'Église y voient aussi le développement d'idées typiquement chrétiennes, comme la [[Trinité (christianisme)|Trinité]] lorsque Abraham accueille trois invités au [[chêne de Mambré]]<ref group="N">Genèse chap. 18</ref>, le sacrifice de Christ préfiguré par celui d'Isaac<ref group="N">{{nobr|Genèse chap. 22}}.</ref>, ou encore le calvaire et la trahison de Christ annoncés dans l'histoire de Joseph<ref>{{Chapitre|titre chapitre=The fathers on Genesis|prénom1=Andrew|nom1=Louth|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=576}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>.
Pour Ambroise, qui s'inspire grandement de Philon, les récits des patriarches sont autant de modèles éthiques que tout chrétien devrait suivre. Mais les pères de l'Église y voient aussi le développement d'idées typiquement chrétiennes, comme la [[Trinité (christianisme)|Trinité]] lorsque Abraham accueille trois invités au [[chêne de Mambré]]<ref group="N">Genèse chap. 18.</ref>, le sacrifice de Christ préfiguré par celui d'Isaac<ref group="N">{{nobr|Genèse chap. 22}}.</ref>, ou encore le calvaire et la trahison de Christ annoncés dans l'histoire de Joseph<ref>{{Chapitre|titre chapitre=The fathers on Genesis|prénom1=Andrew|nom1=Louth|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=576}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>.


Même si pour les pères de l'Église le texte est inspiré par Dieu, ils ne le lisent pas à la manière des [[Fondamentalisme|fondamentalistes]] d'aujourd'hui. Ils acceptent l'idée que le texte n'est pas forcément parfait, et qu'il ne s'agit pas d'un traité de [[cosmologie]] ou de science en général. Ils le lisent avec respect, mais pour eux l'étude même du texte inspiré de la Genèse est aussi une activité inspirée, qui permet à l'esprit du texte de parvenir jusqu'au lecteur<ref>{{Chapitre|titre chapitre=The fathers on Genesis|prénom1=Andrew|nom1=Louth|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=577}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>.
Même si, pour les Pères de l'Église, le texte est inspiré par Dieu, ils n'en ont pas une lecture [[Fondamentalisme|fondamentaliste]]. Ils acceptent l'idée que la Genèse n'est pas un traité de [[cosmologie]] ou de science. Toutefois, ils voient en l'étude de ce livre une activité inspirée, qui permet à l'esprit du texte de parvenir jusqu'au lecteur<ref>{{Chapitre|titre chapitre=The fathers on Genesis|prénom1=Andrew|nom1=Louth|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=577}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>.


==== Interprétation des fondamentalistes protestants ====
==== Interprétation des fondamentalismes protestants ====
{{pertinence section|date=décembre 2018}}
{{Article connexe|Fondamentalisme}}
{{Article connexe|Fondamentalisme}}
[[Fichier:Charles Darwin 01.jpg|vignette|alt=Photographie en noir et blanc d'un homme âgé habillé en costume de ville, chauve et portant une longue barbe blanche.|Au {{s-|XIX}}, les écrits scientifiques de [[Charles Darwin]] remettent radicalement en cause toute approche littérale du texte de la Genèse.]]
[[Fichier:Charles Darwin 01.jpg|vignette|alt=Photographie en noir et blanc d'un homme âgé habillé en costume de ville, chauve et portant une longue barbe blanche.|Au {{s-|XIX}}, les écrits scientifiques de [[Charles Darwin]] remettent radicalement en cause toute approche littérale du texte de la Genèse.]]
Le dogme chrétien se propose d'expliquer simplement pourquoi l'Humanité et ce qui l'entoure existe : Dieu l'a voulu et a tout créé à partir de rien<ref group="MA">{{p.|42}}.</ref>. Ce dogme est la base de la doctrine [[Créationnisme|créationniste]]. Jusque vers le milieu du {{s-|XIX}}, la majorité de la littérature scientifique défend ainsi l'idée que chaque espèce est créée par Dieu et qu'elle ne change pas depuis sa création. Ce n'est qu'à partir de [[Georges Cuvier]] que cette notion commence à être remise en cause, et elle l'est de plus en plus fortement après les écrits de [[Charles Darwin]]<ref group="MA">{{p.|42-44}}.</ref>.
Le dogme chrétien se propose d'expliquer simplement pourquoi l'Humanité et ce qui l'entoure existent : Dieu l'a voulu et a tout créé à partir de rien<ref group="MA">{{p.|42}}.</ref>. Ce dogme est la base de la doctrine [[Créationnisme|créationniste]]. Jusque vers le milieu du {{s-|XIX}}, la majorité de la littérature scientifique défend ainsi l'idée que chaque espèce est créée par Dieu et qu'elle ne change pas depuis sa création. À partir de [[Georges Cuvier]], cette notion commence à être remise en cause et l'est de plus en plus fortement après les écrits de [[Charles Darwin]]<ref group="MA">{{p.|42-44}}.</ref>.


Au début du {{s-|XX}}, la science transforme de plus en plus la compréhension du monde et de son origine, et le créationnisme, qui s'affirme alors contre l'[[Évolution (biologie)|évolutionnisme]], perd du terrain. Une partie des chrétiens résiste cependant au nouveau consensus scientifique qui s'installe. Parmi eux se trouvent, entre autres, des fondamentalistes protestants. Défendant le principe de l'[[inerrance biblique]], ils continuent d'affirmer que le récit de la Genèse, y compris la Création et le Déluge, présente des vérités historiques et scientifiques<ref group="MA">{{p.|44-46}}.</ref>.
Au début du {{s-|XX}}, la science transforme de plus en plus la compréhension du monde et de son origine, et le créationnisme, qui s'affirme alors contre l'[[Évolution (biologie)|évolutionnisme]], perd du terrain. Une partie des chrétiens résiste cependant au nouveau consensus scientifique qui s'installe. Parmi eux se trouvent, entre autres, des fondamentalistes protestants. Défendant le principe de l'[[inerrance biblique]], ils continuent d'affirmer que le récit de la Genèse, y compris la Création et le Déluge, présente des vérités historiques et scientifiques<ref group="MA">{{p.|44-46}}.</ref>.
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Jusqu'au milieu du {{s-|XX}}, les fondamentalistes protestants ont des difficultés à défendre leur point de vue face à la science, car très peu de scientifiques soutiennent leur cause. Cela change avec la publication en 1961 de ''The Genesis Flood'' (''Le Déluge de la Genèse''), de John C. Whitcomb et [[Henry M. Morris]], livre qui défend l'idée d'un Déluge universel en avançant des arguments qui apparaissent comme scientifiques. Ce livre ouvre une nouvelle voie pour les fondamentalistes, qui utilisent de plus en plus la science ou la [[pseudo-science]] pour défendre leur point de vue<ref group="MA">{{p.|46-48}}.</ref>.
Jusqu'au milieu du {{s-|XX}}, les fondamentalistes protestants ont des difficultés à défendre leur point de vue face à la science, car très peu de scientifiques soutiennent leur cause. Cela change avec la publication en 1961 de ''The Genesis Flood'' (''Le Déluge de la Genèse''), de John C. Whitcomb et [[Henry M. Morris]], livre qui défend l'idée d'un Déluge universel en avançant des arguments qui apparaissent comme scientifiques. Ce livre ouvre une nouvelle voie pour les fondamentalistes, qui utilisent de plus en plus la science ou la [[pseudo-science]] pour défendre leur point de vue<ref group="MA">{{p.|46-48}}.</ref>.


Avec la fondation en 1963 de la « Creation Research Society », les fondamentalistes protestants se mettent d'accord sur ce qu'ils considèrent comme les points essentiels : la Genèse est un récit historique, les espèces ne se transforment pas, et le Déluge est universel<ref group="MA">{{p.|49}}.</ref>. Ils considèrent leurs positions comme scientifiques, et se battent devant la justice américaine pour que leur point de vue soit enseigné dans les écoles, au même titre que l'évolution. Cependant, les a priori religieux de ces théories incitent généralement les pouvoirs publics à rejeter cette option<ref group="MA">{{p.|50-51}}.</ref>.
Avec la fondation en 1963 de la « {{Lien|langue=en|fr=Creation Research Society}} », les fondamentalistes protestants se mettent d'accord sur ce qu'ils considèrent comme les points essentiels : la Genèse est un récit historique, les espèces ne se transforment pas, et le Déluge est universel<ref group="MA">{{p.|49}}.</ref>. Ils considèrent leurs positions comme scientifiques, et se battent devant la justice américaine pour que leur point de vue soit enseigné dans les écoles, au même titre que l'évolution. Cependant, les ''a priori'' religieux de ces théories incitent généralement les pouvoirs publics à rejeter cette option<ref group="MA">{{p.|50-51}}.</ref>.


Pour les fondamentalistes, le texte de la Genèse signifie que l'humain est unique, qu'il détient le droit de peupler et de soumettre la Terre, que sa désobéissance constitue l'origine du mal, et qu'il a l'obligation de travailler dur en punition de ses péchés<ref group="MA" name=Marty52>{{p.|52}}.</ref>. Ce récit oriente également leurs points de vue sur le mariage et la famille, la sexualité, la soumission des femmes, l'observance du [[Sabbat (christianisme)|Sabbat]], la justice et la [[Peine de mort|peine capitale]], tout cela s’inscrivant dans une structuration morale de la société. Ainsi, c'est toute leur vision du monde qui dépend de la question de l'historicité du récit<ref group="MA" name=Marty52/>.
Pour les fondamentalistes, le texte de la Genèse signifie que l'humain est unique, qu'il détient le droit de peupler et de soumettre la Terre, que sa désobéissance constitue l'origine du mal, et qu'il a l'obligation de travailler dur en punition de ses péchés<ref group="MA" name=Marty52>{{p.|52}}.</ref>. Ce récit oriente également leurs points de vue sur le mariage et la famille, la sexualité, la soumission des femmes, l'observance du Sabbat, la justice et la [[Peine de mort|peine capitale]], tout cela s'inscrivant dans une structuration morale de la société. Ainsi, c'est toute leur vision du monde qui dépend de la question de l'historicité du récit<ref group="MA" name=Marty52/>.


==== Interprétation catholique moderne ====
==== Interprétation catholique contemporaine ====
{{...}}
L’Église catholique moderne considère officiellement le [[Big Bang]] comme à l'origine du monde, considérant que cela n'entre pas en conflit avec l'intervention créative de Dieu, mais au contraire la nécessite. De même, l'Église considère depuis les {{nobr|années 1950}} que l'évolution des espèces n'est pas incompatible avec la notion de création, même si ce point de vue n'est pas partagé par l'ensemble des catholiques<ref>[http://www.slate.fr/story/94027/pape-approuve-big-bang-theorie-evolution Andréa Fradin, « En approuvant le Big Bang et la théorie de l'évolution, le pape François n'est pas si moderne »]</ref>.

Pour l'[[Église catholique]] contemporaine, à la différence des lectures créationnistes ou [[Fondamentalisme chrétien|fondamentalistes]], la [[Darwinisme|théorie de l'évolution]] de [[Charles Darwin]] et la théorie du [[Big Bang]], modélisée par le prêtre catholique [[Georges Lemaître]]<ref name=":0">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Bernard|nom1=Lecomte|titre=Dictionnaire amoureux des Papes|éditeur=Place des éditeurs|année=2016|pages totales=425|passage=pt147|isbn=978-2-259-24956-0|lire en ligne=https://books.google.be/books?id=wFegCwAAQBAJ|consulté le=2018-11-19}}</ref>, sont à considérer comme des questions de [[science]] et non de [[théologie]]<ref>{{Ouvrage|prénom1=Pierre|nom1=Descouvremont|titre=Guide des difficultés de la foi catholique|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Cerf|Les Éditions du Cerf]]|année=1993|passage=280|isbn=}}.</ref> ; ainsi, à la suite de différents papes contemporains depuis [[Pie XII]], le [[François (pape)|pape François]] explique en 2014 que si le Big Bang est bien à l'origine du monde, il « n'annule pas l'intervention d'un créateur divin » et que le monde n'est pas né du chaos mais de la volonté divine<ref name=":0" />.

==== Interprétation protestante ====
{{...}}


=== Interprétation coranique et islamique ===
=== Interprétation coranique et islamique ===
Parmi les premiers commentateurs coraniques les plus importants figurent Muqatil Ibn Sulayman ({{s-|VIII}}) et [[Tabari|al-Tabari]] ({{s-|X}})<ref name="Genesis 612">{{Chapitre|titre chapitre=Genesis, the Qur'an and islamic interpretation|prénom1=Carol|nom1=Bakhos|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=612}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>.
Parmi les premiers commentateurs coraniques les plus importants figurent [[Muqatil ibn Sulayman|Muqatil Ibn Sulayman]] ({{s-|VIII}}) et [[Tabari|al-Tabari]] ({{s-|X}})<ref name="Genesis 612">{{Chapitre |langue=en |titre chapitre=Genesis, the Qur'an and islamic interpretation|prénom1=Carol|nom1=Bakhos|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=612}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>.


Au {{s-|XI}}, le commentateur coranique al-Tha'labi écrit ''La vie des prophètes'', dans lequel il explique dès l'introduction que leurs histoires servent de modèle au prophète [[Mahomet]], et qu'elles offrent des instructions morales, assurant ceux qui suivent l'enseignement de Mahomet qu'ils seront récompensés s'ils se montrent droits et justes<ref name="Genesis 612"/>.
Au {{s-|XI}}, le commentateur coranique al-Tha'labi écrit ''La vie des prophètes'', dans lequel il explique dès l'introduction que leurs histoires servent de modèle au prophète [[Mahomet]], et qu'elles offrent des instructions morales, assurant ceux qui suivent l'enseignement de Mahomet qu'ils seront récompensés s'ils se montrent droits et justes<ref name="Genesis 612"/>.


Au {{s-|XIV}}, l'[[imam]] [[Ibn Kathir|Isma‘îl Ibn Kathir]] écrit ''Les Histoires des Prophètes'', un commentaire sur le [[Coran]] dont la première moitié est consacrée à des personnages de la Genèse, notamment [[Adam]] et [[Ève]] et leurs fils, [[Hénoch]], [[Noé (patriarche)|Noé]] et ses fils, [[Abraham]] et ses fils, [[Loth]], [[Jacob]] et [[Joseph (fils de Jacob)|Joseph]]<ref>[http://www.islamicbulletin.org/french/ebooks/prophets/prophets_fr.pdf Ibn Kathir, ''Les histoires des prophètes''].</ref>.
Au {{s-|XIV}}, l'[[imam]] [[Ibn Kathir|Isma‘îl Ibn Kathir]] écrit ''Les Histoires des Prophètes'', un commentaire sur le [[Coran]] dont la première moitié est consacrée à des personnages de la Genèse, notamment [[Adam]] et [[Ève]] et leurs fils, [[Hénoch]], [[Noé (patriarche)|Noé]] et ses fils, [[Abraham]] et ses fils, [[Loth]], [[Jacob]] et [[Joseph (fils de Jacob)|Joseph]]<ref>[https://docs.google.com/viewer?docex=1&url=http://www.islamicbulletin.org/french/ebooks/prophets/prophets_fr.pdf Ibn Kathir, ''Les histoires des prophètes''].</ref>.


Contrairement aux juifs et aux chrétiens, la tradition islamique n'accepte pas le statut canonique de la Genèse. Elle affirme qu'elle a été falsifiée et que le message divin qu'elle a pu contenir a été déformé ou altéré. Dans cette optique, seul le Coran est la véritable parole de Dieu. Les sources islamiques ne sont donc pas des interprétations sur la Genèse, mais puisent plutôt leurs racines dans les histoires et légendes qui parcourent l'[[Arabie]] de leur temps<ref>{{Chapitre|titre chapitre=Genesis, the Qur'an and islamic interpretation|prénom1=Carol|nom1=Bakhos|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=607-608}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>. Ainsi, l'on retrouve dans les histoires islamiques des patriarches les thèmes qui sont développés dans le Coran, comme la dépendance de l'Humanité face à un Dieu omniscient et magnanime, les machinations de [[Satan]] pour asservir les humains et les pousser au péché, ou encore les récompenses et punitions qui attendent l'Humanité au [[jour du jugement|jour du jugement dernier]]<ref>{{Chapitre|titre chapitre=Genesis, the Qur'an and islamic interpretation|prénom1=Carol|nom1=Bakhos|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=609}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>.
Contrairement aux juifs et aux chrétiens, la tradition islamique n'accepte pas le statut canonique de la Genèse. Elle affirme qu'elle a été falsifiée et que le message divin qu'elle a pu contenir a été déformé ou altéré. Dans cette optique, seul le Coran est la véritable parole de Dieu. Les sources islamiques ne sont donc pas des interprétations sur la Genèse, mais puisent plutôt leurs racines dans les histoires et légendes qui parcourent l'[[Arabie]] de leur temps<ref>{{Chapitre |langue=en |titre chapitre=Genesis, the Qur'an and islamic interpretation|prénom1=Carol|nom1=Bakhos|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=607-608}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>. Ainsi, l'on retrouve dans les histoires islamiques des patriarches les thèmes qui sont développés dans le Coran, comme la dépendance de l'Humanité face à un Dieu omniscient et magnanime, les machinations de [[Satan]] pour asservir les humains et les pousser au péché, ou encore les récompenses et punitions qui attendent l'Humanité au [[jour du jugement|jour du jugement dernier]]<ref>{{Chapitre |langue=en |titre chapitre=Genesis, the Qur'an and islamic interpretation|prénom1=Carol|nom1=Bakhos|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=609}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>.


L'histoire d'[[Adam]] (''Âdam'') et d'[[Ève]] (''Hawwâ’'') présentée dans le Coran diffère de celle de la Genèse. Adam y est présenté comme un messager, auquel [[Allah]] révèle certaines choses<ref>{{Chapitre|titre chapitre=Genesis, the Qur'an and islamic interpretation|prénom1=Carol|nom1=Bakhos|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=614}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>. Contrairement au récit biblique où Adam rejette la faute sur Ève qui blâme ensuite le serpent, le Coran présente le péché comme une faute collective, et le premier couple demande pardon à Dieu d'une seule et même voix<ref>{{Chapitre|titre chapitre=Genesis, the Qur'an and islamic interpetation|prénom1=Carol|nom1=Bakhos|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=615}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>. Les conséquences du péché ne sont pas aussi catastrophiques que dans la Genèse, où le premier couple est condamné à de multiples maux et chassé du jardin d’Éden. Dans le Coran, la condition humaine est similaire avant et après la faute du premier couple humain, et l'accent est mis sur l'importance de suivre les commandements divins et sur le pardon que Dieu offre à ceux qui font œuvre de repentance<ref>{{Chapitre|titre chapitre=Genesis, the Qur'an and islamic interpretation|prénom1=Carol|nom1=Bakhos|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=616}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>.
L'histoire d'Adam (''Âdam'') et d'Ève (''Hawwâ’'') présentée dans le Coran diffère de celle de la Genèse. Adam y est présenté comme un messager, auquel [[Allah]] révèle certaines choses<ref>{{Chapitre |langue=en |titre chapitre=Genesis, the Qur'an and islamic interpretation|prénom1=Carol|nom1=Bakhos|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=614}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>. Contrairement au récit biblique où Adam rejette la faute sur Ève qui blâme ensuite le serpent, le Coran présente le péché comme une [[Responsabilité collective|faute collective]] et le premier couple demande pardon à Dieu d'une seule et même voix<ref>{{Chapitre|titre chapitre=Genesis, the Qur'an and islamic interpretation|prénom1=Carol|nom1=Bakhos|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=615}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>. Les conséquences du péché ne sont pas aussi catastrophiques que dans la Genèse, où le premier couple est condamné à de multiples maux et chassé du jardin d'Éden. Dans le Coran, la condition humaine est similaire avant et après la faute du premier couple humain et l'accent est mis sur l'importance de suivre les commandements divins et sur le pardon que Dieu offre à ceux qui font œuvre de repentance<ref>{{Chapitre |langue=en |titre chapitre=Genesis, the Qur'an and islamic interpretation|prénom1=Carol|nom1=Bakhos|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=616}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>.


Le Coran présente [[Noé (patriarche)|Noé]] (''Nūḥ'') comme un prophète qui prêche sans relâche, mais qui n'est pas écouté et qui subit de nombreux outrages. Selon certains commentaires coraniques, il est même battu et laissé pour mort dans sa propre maison. Contrairement au récit biblique, tous ses fils ne sont pas sauvés mais seuls ceux qui sont croyants et justes. Noé a beau implorer Dieu de sauver l'un de ses fils, le jugement divin est sans appel : celui-ci est coupable et ne fait donc plus partie de sa famille<ref>{{Chapitre|titre chapitre=Genesis, the Qur'an and islamic interpretation|prénom1=Carol|nom1=Bakhos|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=617-620}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>.
Le Coran présente Noé (''Nūḥ'') comme un prophète qui prêche sans relâche, mais qui n'est pas écouté et qui subit de nombreux outrages. Selon certains commentaires coraniques, il est même battu et laissé pour mort dans sa propre maison. Contrairement au récit biblique, tous ses fils ne sont pas sauvés mais seuls ceux qui sont croyants et justes. Noé a beau implorer Dieu de sauver l'un de ses fils, le jugement divin est sans appel : celui-ci est coupable et ne fait donc plus partie de sa famille<ref>{{Chapitre |langue=en |titre chapitre=Genesis, the Qur'an and islamic interpretation|prénom1=Carol|nom1=Bakhos|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=617-620}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>.


[[Abraham]] ([[Ibrahim]]) est un personnage biblique très important pour l'islam. En effet, il est présenté par la tradition coranique comme le premier à vouloir imposer un monothéisme strict, ce qui lui vaut d'être jeté dans une fournaise, où Dieu le sauve. L'islam voit Abraham comme celui qui instaure le pèlerinage de la [[Kaaba]], à [[la Mecque]]. En cela, il est considéré comme le précurseur de Mahomet. Dans le Coran, c'est [[Ismaël]] et non [[Isaac]] qui est presque sacrifié par Abraham<ref>{{Chapitre|titre chapitre=Genesis, the Qur'an and islamic interpretation|prénom1=Carol|nom1=Bakhos|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=620-623}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>.
Abraham ([[Ibrahim]]) est un personnage biblique très important pour l'islam. En effet, il est présenté par la tradition coranique comme le premier à vouloir imposer un monothéisme strict, ce qui lui vaut d'être jeté dans une fournaise, où Dieu le sauve. L'islam voit Abraham comme celui qui instaure le pèlerinage de la [[Kaaba]], à [[la Mecque]]. En cela, il est considéré comme le précurseur de Mahomet. Dans le Coran, c'est [[Ismaël]] et non [[Isaac]] qui est presque sacrifié par Abraham<ref>{{Chapitre|titre chapitre=Genesis, the Qur'an and islamic interpretation|prénom1=Carol|nom1=Bakhos|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=620-623}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>.


[[Joseph (fils de Jacob)|Joseph]] (''Yūsuf'') est aussi considéré comme un personnage de première importance dans le Coran, qui lui consacre une [[sourate]] entière<ref group="N">La sourate 12, dite « Sourate de Joseph »</ref>{{,}}<ref>{{Chapitre|titre chapitre=Genesis, the Qur'an and islamic interpretation|prénom1=Carol|nom1=Bakhos|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=623}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>. Il est présenté comme un modèle de vertu, qui reste ferme face à l'adversité, qui résiste aux tentations féminines, qui dit toujours la vérité, et qui endure la souffrance que ses frères lui font subir sans montrer ensuite aucune rancune. Son histoire, qui est très similaire à celle de la Genèse, est présentée par l'islam comme un modèle à suivre. Cependant, il est aussi rappelé que c'est Dieu qui lui fournit à tout instant sa sagesse et sa connaissance, et qui interprète les rêves<ref>{{Chapitre|titre chapitre=Genesis, the Qur'an and islamic interpretation|prénom1=Carol|nom1=Bakhos|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=624-625}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>.
Joseph (''Yūsuf'') est aussi considéré comme un personnage de première importance dans le Coran, qui lui consacre une [[sourate]] entière<ref group="N">La sourate 12, dite « Sourate de Joseph ».</ref>{{,}}<ref>{{Chapitre |langue=en |titre chapitre=Genesis, the Qur'an and islamic interpretation|prénom1=Carol|nom1=Bakhos|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=623}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>. Il est présenté comme un modèle de vertu, qui reste ferme face à l'adversité, qui résiste aux tentations féminines, qui dit toujours la vérité et qui endure la souffrance que ses frères lui font subir sans montrer ensuite aucune rancune. Son histoire, qui est très similaire à celle de la Genèse, est présentée par l'islam comme un modèle à suivre. Cependant, il est aussi rappelé que c'est Dieu qui lui fournit à tout instant sa sagesse et sa connaissance, et qui interprète les rêves<ref>{{Chapitre |langue=en |titre chapitre=Genesis, the Qur'an and islamic interpretation|prénom1=Carol|nom1=Bakhos|titre ouvrage=The book of Genesis|passage=624-625}} ({{harvsp|Evans|Lohr|Petersen|2012}}).</ref>.


=== Tentatives de datation de la Création ===
=== Tentatives de datation de la Création ===
{{Article détaillé|Créationnisme}}
{{Article détaillé|Créationnisme}}


Sur la base des [[généalogie]]s (''toledot'') dans le livre de la Genèse et des parties ultérieures de la [[Bible]], les érudits religieux [[juifs]] et [[christianisme|chrétiens]] ont estimé la datation de la [[création (théologie)|Création]] du monde, nommée ''[[Anno Mundi|anno mundi]]'', en employant une interprétation au [[Quatre sens de l'Écriture|sens littéral]]<ref name="SEP Creationism">{{en}} [http://plato.stanford.edu/entries/creationism/ Stanford encyclopedia of philosophy, « Creationism »].</ref>{{,}}<ref name="IntroAT 198"/>. Cette approche donne des résultats différents, suivant le texte choisi et le point de repère utilisé. Les textes diffèrent selon le tableau suivant<ref>{{en}} [http://www.grisda.org/origins/07023.htm Geoscience Research Institute, Gerhard F. Hasel, « Genesis 5 and 11: Chronogenealogies in the biblical history of begginnings »].</ref> :
Sur la base des [[généalogie]]s (''toledot'') et de l'[[Longévité des personnages de la Bible|âge des personnages]] dans le livre de la Genèse et des parties ultérieures de la [[Bible]], les érudits religieux [[juifs]] et [[christianisme|chrétiens]] ont estimé la datation de la [[création (Bible)|Création]] du monde, nommée ''{{langue|la|[[Anno Mundi]]}}'', en employant une interprétation au [[Quatre sens de l'Écriture|sens littéral]]<ref name="SEP Creationism">{{en}} [http://plato.stanford.edu/entries/creationism/ Stanford encyclopedia of philosophy, « Creationism »].</ref>{{,}}<ref name="IntroAT 198"/>. Cette approche donne des résultats différents, suivant le texte choisi et le point de repère utilisé. Les textes diffèrent selon le tableau suivant<ref>{{en}} [http://www.grisda.org/origins/07023.htm Geoscience Research Institute, Gerhard F. Hasel, « Genesis 5 and 11: Chronogenealogies in the biblical history of begginnings »].</ref> :


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| [[Texte massorétique]]
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| [[Bible samaritaine|Pentateuque samaritain]]
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Selon Christoph Uehlinger, c'est en [[164 av. J.-C.|164 {{av JC}}]] qu'apparaît le système de chronologie qui permet de dater la création en l'{{nobr|an 2666}} avant l'Exode, 3146 avant la dédicace du Temple par Salomon et 4000 avant la dédicace de l'autel purifié par [[Judas Maccabée]]<ref name="IntroAT 198"/>. Ce comput diffère du calendrier juif actuel, qui remonte à la réforme de [[344]] mise en œuvre par [[Hillel II]]<ref name="IntroAT 198"/>.
Selon Christoph Uehlinger, c'est en [[164 av. J.-C.]] qu'apparaît le système de chronologie qui permet de dater la création en l'{{nobr|an 2666}} avant l'Exode, 3146 avant la dédicace du Temple par Salomon et 4000 avant la dédicace de l'autel purifié par [[Judas Maccabée]]<ref name="IntroAT 198"/>. Ce comput diffère du calendrier juif actuel, qui remonte à la réforme de 344 mise en œuvre par [[Hillel II]]<ref name="IntroAT 198"/>.


Un autre point de désaccord est la détermination de la durée de chacun des six jours de création. Selon une lecture littérale du texte, il est logique de penser qu'il s'agit de jours de {{nobr|24 heures}}. Le terme ''yôm'' utilisé dans le récit fait naturellement référence à un jour de la semaine<ref>{{en}} Victor P. Hamilton, The Book of Genesis: Chapters 1-17, {{p.|53}}.</ref>. Cette idée est défendue par les « [[Créationnisme Jeune-Terre|créationnistes jeune Terre]] ». D'un autre côté, les [[Créationnisme Vieille-Terre|créationnistes vieille Terre]] pensent que les jours ont une durée beaucoup plus longue<ref name="SEP Creationism"/>. Dans une optique [[concordisme|concordiste]], ils défendent l'idée que le récit de la Genèse est compatible avec la datation géologique de la Terre<ref>{{en}} [http://www.asa3.org/ASA/education/origins/genesis.htm American Scientific Affiliation, « Two Creationist Interpretations of Genesis 1 »].</ref>.
Un autre point de désaccord est la détermination de la durée de chacun des six jours de création. Selon une lecture littérale du texte, il est logique de penser qu'il s'agit de jours de {{nobr|24 heures}}. Le terme ''yôm'' utilisé dans le récit fait naturellement référence à un jour de la semaine<ref>{{en}} Victor P. Hamilton, The Book of Genesis: Chapters 1-17, {{p.|53}}.</ref>. Cette idée est défendue par les « [[Créationnisme Jeune-Terre|créationnistes Jeune-Terre]] ». D'un autre côté, les [[Créationnisme Vieille-Terre|créationnistes Vieille-Terre]] pensent que les jours ont une durée beaucoup plus longue<ref name="SEP Creationism"/>. Dans une optique [[concordisme|concordiste]], ils défendent l'idée que le récit de la Genèse est compatible avec la datation géologique de la Terre<ref>{{en}} [http://www.asa3.org/ASA/education/origins/genesis.htm American Scientific Affiliation, « Two Creationist Interpretations of Genesis 1 »].</ref>.


Il existe des preuves scientifiques qui montrent que la Terre a bien plus que quelques milliers d'années. Les créationnistes jeune Terre, majoritairement des [[Évangélisme|évangéliques]], soutiennent malgré tout le contraire, quitte à affirmer que Dieu lui-même aurait créé ces « preuves » de toutes pièces. Certains créationnistes vieille Terre<ref group="N">Daniel Wonderly, notamment.</ref> ont tenté d'influencer la position évangélique sur cette question, mais leurs tentatives se sont révélées vaines<ref group="MA">{{p.|58-59}}.</ref>. Dans l'optique évangélique, la Bible est véridique et prend la priorité sur toute interprétation de la nature, et ce dogme doit rester valable quoi qu'il en coûte, quitte à réécrire l'histoire et reconsidérer la science<ref group="MA">{{p.|62-63}}.</ref>.
L'[[âge de la Terre]] est, selon les connaissances scientifiques actuelles, de [[1 E17 s|{{nobr|4,5 milliards}} d'années]]. Les créationnistes Jeune-Terre, majoritairement des [[Évangélisme|évangéliques]], soutiennent que le ciel et la Terre ont été créés il y a environ {{nombre|6000|ans}}, quitte à affirmer que Dieu lui-même aurait créé ces « preuves » de toutes pièces. Certains créationnistes Vieille-Terre<ref group="N">Daniel Wonderly, notamment.</ref> ont tenté d'influencer la position évangélique sur cette question, mais leurs tentatives se sont révélées vaines<ref group="MA">{{p.|58-59}}.</ref>. Dans l'optique évangélique, la Bible est véridique et prend la priorité sur toute interprétation de la nature, et ce dogme doit rester valable quoi qu'il en coûte, quitte à réécrire l'histoire et reconsidérer la science<ref group="MA">{{p.|62-63}}.</ref>.


== Lectures traditionnelles juives ==
== Lectures traditionnelles juives ==
La tradition juive propose une lecture régulière et structurée de la [[Torah]]. En [[Académies talmudiques en terre d'Israël|Terre d'Israël]], elle est divisée en {{nobr|155 portions}} et sa lecture prend trois années. En [[Académies talmudiques en Babylonie|Babylonie]], la Torah est divisée en {{nobr|54 sections}} hebdomadaires et sa lecture complète prend un an<ref>[[Marc-Alain Ouaknin]], ''Mystères de la Bible'', Assouline, 2008, {{p.|300}}.</ref>{{,}}<ref>{{en}} {{Lien web|url=http://www.jewishvirtuallibrary.org/jsource/Judaism/torah_reading.html|titre=Reading the Torah|auteur=Shira Schoenberg|site=Jewish Virtual Library}}.</ref>. Au {{s-|XII}}, les {{nobr|54 sections}} déterminées en Babylonie sont précisément fixées par [[Moïse Maïmonide]], qui se fonde sur le [[Codex d'Alep]]<ref>[http://www.sion.org/index.php/relations-j-c/vocabulaire/501-parasha-pericope Sion.org, « Parasha - Péricope »].</ref>.
La tradition juive propose une lecture régulière et structurée de la [[Torah]]. En [[Académies talmudiques en terre d'Israël|Terre d'Israël]], elle est divisée en {{nobr|155 portions}} et sa lecture prend trois années. En [[Académies talmudiques en Babylonie|Babylonie]], la Torah est divisée en {{nobr|54 sections}} hebdomadaires et sa lecture complète prend un an<ref>[[Marc-Alain Ouaknin]], ''Mystères de la Bible'', Assouline, 2008, {{p.|300}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=en |url=http://www.jewishvirtuallibrary.org/jsource/Judaism/torah_reading.html|titre=Reading the Torah|auteur=Shira Schoenberg|site=Jewish Virtual Library}}.</ref>. Au {{s-|XII}}, les {{nobr|54 sections}} déterminées en Babylonie sont précisément fixées par [[Moïse Maïmonide]], qui se fonde sur le [[Codex d'Alep]]<ref>[http://www.sion.org/index.php/relations-j-c/vocabulaire/501-parasha-pericope Sion.org, « Parasha - Péricope »].</ref>.


La Genèse forme les douze premières [[Parasha de la semaine|''parashiyot'' hebdomadaires]], lues chaque année dans les synagogues à partir de la fête de [[Sim'hat Torah]]<ref>{{en}} {{Lien web|url=http://www.jewishvirtuallibrary.org/jsource/Judaism/holiday6.html|titre=Jewish Holidays: Shemini Atzeret & Simkhat Torah|site=Jewish Virtual Library}}.</ref> : [[Bereshit (parasha)|Bereishit]] (1,1-6,8), [[Noa'h (parasha)|Noa'h]] (6,9-11,32), [[Lekh Lekha]] (12,1-17,27), [[Vayera]] (18,1-22,24), [[Hayei Sarah|Hayye Sarah]] (23,1-25,18), [[Toledot]] (25,19-28,9), [[Vayetze]] (28,10-32,3), [[Vayishla'h]] (32,4-36,43), [[Vayeshev]] (37,1-40,23), [[Miketz]] (41,1-44,17), [[Vayigash]] (44,18-47,27), [[Vaye'hi]] (47,28-50,26)<ref>[http://www.sefarim.fr/ Sefarim], « Pentateuque », « Genèse », liste des ''parashiyot''.</ref>. Ce cycle annuel de lecture est celui en usage aujourd'hui<ref>{{Ouvrage|lire en ligne=http://books.google.fr/books?id=g_xnvq6FozIC&pg=PA216&hl=fr#v=onepage&q&f=false|titre=Les méthodes de travail de Gersonide et le maniement du savoir chez les scolastiques|auteur=Colette Sirat, Sara Klein-Braslavy, Olga Weijers|passage=216|isbn=2-7116-1601-0|éditeur=Vrin|année=2003}}.</ref>.
La Genèse forme les douze premières [[Parasha de la semaine|''parashiyot'' hebdomadaires]], lues chaque année dans les synagogues à partir de la fête de [[Sim'hat Torah]]<ref>{{Lien web |langue=en |url=http://www.jewishvirtuallibrary.org/jsource/Judaism/holiday6.html|titre=Jewish Holidays: Shemini Atzeret & Simkhat Torah|site=Jewish Virtual Library}}.</ref> : [[Bereshit (parasha)|Bereishit]] (1,1-6,8), [[Noa'h (parasha)|Noa'h]] (6,9-11,32), [[Lekh Lekha]] (12,1-17,27), [[Vayera]] (18,1-22,24), [[Hayei Sarah|Hayye Sarah]] (23,1-25,18), [[Toledot]] (25,19-28,9), [[Vayetze]] (28,10-32,3), [[Vayishla'h]] (32,4-36,43), [[Vayeshev]] (37,1-40,23), [[Miketz]] (41,1-44,17), [[Vayigash]] (44,18-47,27), [[Vaye'hi]] (47,28-50,26)<ref>[http://www.sefarim.fr/ Sefarim], « Pentateuque », « Genèse », liste des ''parashiyot''.</ref>. Ce cycle annuel de lecture est celui en usage aujourd'hui<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteurs=[[Colette Sirat]], Sara Klein-Braslavy, Olga Weijers|titre=Les méthodes de travail de Gersonide et le maniement du savoir chez les scolastiques|lieu=Paris|éditeur=Vrin|année=2003|pages totales=394|passage=216|isbn=2-7116-1601-0|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=g_xnvq6FozIC&pg=PA216}}.</ref>.


== Évocations dans l'art ==
== Évocations dans l'art ==
=== Littérature et bande dessinée ===
=== Littérature et bande dessinée ===
[[Fichier:Lucas Cranach d. Ä. 001.jpg|thumb|left|alt=Peinture d'un homme et une femme nus, entourés d'animaux, qui se tiennent debout de part et d'autre du tronc d'un pommier chargé de fruits. Ils tiennent ensemble une pomme à la main.|Adam et Ève par [[Lucas Cranach l'Ancien]] (1526)]]
[[Fichier:Adam and Eve (UK CIA P-1947-LF-77).jpg|vignette|gauche|alt=Peinture d'un homme et une femme nus, entourés d'animaux, qui se tiennent debout de part et d'autre du tronc d'un pommier chargé de fruits. Ils tiennent ensemble une pomme à la main.|Adam et Ève par [[Lucas Cranach l'Ancien]] (1526).]]
[[Fichier:Cormon, Fernand - Cain flying before Jehovah's Curse.jpg|thumb|alt=Peinture d'un groupe d'hommes à l'aspect primitif, seulement vêtus de pagnes et marchant dans le désert. Un vieil homme ouvre le chemin, et derrière lui quelques hommes portent un lourd brancard sur lequel se tient une femme avec deux jeunes enfants endormis.|''[[Caïn]]'' (1880), tableau de [[Fernand Cormon]] d'après ''La Légende des siècles'']]
[[Fichier:Cormon, Fernand - Cain flying before Jehovah's Curse.jpg|vignette|alt=Peinture d'un groupe d'hommes à l'aspect primitif, seulement vêtus de pagnes et marchant dans le désert. Un vieil homme ouvre le chemin, et derrière lui quelques hommes portent un lourd brancard sur lequel se tient une femme avec deux jeunes enfants endormis.|''[[Caïn]]'' (1880), tableau de [[Fernand Cormon]] d'après ''La Légende des siècles'' ([[Musée d'Orsay]], Paris).]]
La Genèse propose des thèmes fondamentaux pour de nombreuses œuvres littéraires. En 1578, le poète gascon [[Du Bartas]] écrit ''[[La Sepmaine]]'', un poème encyclopédique sur la création du monde. Dans le poème ''[[Le Paradis perdu (John Milton)|Le Paradis perdu]]'' (1667) [[John Milton]] se sert rigoureusement des paroles de la Genèse<ref>{{Ouvrage|titre=Oeuvres de Chateaubriand : Le paradis perdu, Volume 14|lire en ligne=http://books.google.fr/books?id=9pWSgD7rHf4C&dq=paradis%20perdu%20milton%20gen%C3%A8se%20chateaubriand&hl=fr&pg=PA6#v=onepage&q=paradis%20perdu%20milton%20gen%C3%A8se%20chateaubriand&f=false|passage=6|auteur=[[François-René de Chateaubriand]]|éditeur=|éditeur=Legrand, Troussel et Pomey}}.</ref>. [[Victor Hugo]] s'inspire librement de la Genèse dans le poème ''La Conscience'', de ''[[La Légende des siècles]]'' (1859-1883)<ref>{{Ouvrage|auteur=Maurice Hambursin|titre=Anthologie de littérature en langue française|année=2000|éditeur=De Boeck|isbn=2-8041-3609-4|lire en ligne=http://books.google.fr/books?id=Y4YQhD1_hj4C&lpg=PA277&dq=Hugo%20gen%C3%A8se%20Cain&hl=fr&pg=PA277#v=onepage&q=Hugo%20gen%C3%A8se%20Cain&f=false}}.</ref>.


La Genèse propose des thèmes fondamentaux pour de nombreuses œuvres littéraires. Dès le {{s-|XII}}, son action est reprise par un auteur anonyme pour écrire ''[[Le Jeu d'Adam]]''<ref>{{Ouvrage |auteur1=Daniel Poirion |chapitre= JEU, genre dramatique |titre=[[Encyclopædia Universalis]] |éditeur=|année=|isbn=|lire en ligne=http://www.universalis.fr/encyclopedie/jeu-genre-dramatique/|consulté le=20 mars 2015}}.</ref>. En 1578, le poète gascon [[Guillaume de Saluste Du Bartas|Du Bartas]] écrit ''[[La Sepmaine]]'', un poème encyclopédique sur la création du monde. Dans le poème ''[[Le Paradis perdu (John Milton)|Le Paradis perdu]]'' (1667) [[John Milton]] se sert rigoureusement des paroles de la Genèse<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[François-René de Chateaubriand]]|titre=Œuvres de Chateaubriand|sous-titre=Le paradis perdu|volume=14|éditeur=Legrand, Troussel et Pomey|année=|passage=6|isbn=|lire en ligne= https://books.google.fr/books?id=9pWSgD7rHf4C&pg=PA6&dq=paradis+perdu+milton+gen%C3%A8se+chateaubriand}}.</ref>. [[Victor Hugo]] s'inspire librement de la Genèse dans le poème ''La Conscience'', de ''[[La Légende des siècles]]'' (1859-1883)<ref>{{Ouvrage|auteur1=Maurice Hambursin|titre=Anthologie de littérature en langue française|éditeur=[[De Boeck]]|année=2000|isbn=2-8041-3609-4|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=Y4YQhD1_hj4C&pg=PA277&dq=Hugo+gen%C3%A8se+Cain}}.</ref>.
''Après le Déluge'', le premier poème des ''[[Les Illuminations (Rimbaud)|Illuminations]]'' d'[[Arthur Rimbaud]] (1872-1875) reprend lui aussi l'inspiration du mythe biblique. Écrite en 1927 par [[Paul Claudel]], la pièce de théâtre ''[[Le Livre de Christophe Colomb]]'' fait également de nombreuses références au livre de la Genèse<ref>Jean-Bernard Moraly, ''Claudel metteur en scène: la frontière entre les deux mondes'', {{p.|125}}</ref>, de même que ''La Genèse'' et ''Adam et Ève'' (1997) de [[Jean Grosjean]].


''Après le Déluge'', le premier poème des ''[[Les Illuminations (Rimbaud)|Illuminations]]'' d'[[Arthur Rimbaud]] (1872-1875), reprend lui aussi l'inspiration du mythe biblique. Écrite en 1927 par [[Paul Claudel]], la pièce de théâtre ''[[Le Livre de Christophe Colomb]]'' fait également de nombreuses références au livre de la Genèse<ref>{{Ouvrage|auteur1=Jean-Bernard Moraly|titre=Claudel metteur en scène|sous-titre=la frontière entre les deux mondes|éditeur=|année=|passage=125|isbn=}}.</ref>, de même que ''La Genèse'' et ''Adam et Ève'' (1997) de [[Jean Grosjean]]{{refnec}}.
La bande dessinée s'empare aussi du livre de la Genèse, comme en 2009 lorsque [[Robert Crumb]] publie ''[[La Genèse (bande dessinée, 2009)|La Genèse]]'' qui est en tête des ventes de [[comics]] durant plusieurs semaines<ref>{{en}} [http://www.nytimes.com/best-sellers-books/2009-11-01/hardcover-graphic-books/list.html Best-sellers] sur le site du ''[[New York Times]]''.</ref>.

La bande dessinée s'empare aussi du livre de la Genèse, comme [[Robert Crumb]] qui en 2009 publie ''[[La Genèse (bande dessinée, 2009)|La Genèse]]'', en tête des ventes de [[comics]] durant plusieurs semaines<ref>{{lien web |langue=en |url=https://www.nytimes.com/best-sellers-books/2009-11-01/hardcover-graphic-books/list.html|titre=Best-sellers|éditeur= [[The New York Times]] |consulté le= 04/2022 }}.</ref>.


=== Peinture et sculpture ===
=== Peinture et sculpture ===
[[Fichier:Bruegel d. Ä., Pieter - Tower of Babel - Museum Boijmans Van Beuningen Rotterdam.jpg|thumb|alt=Peinture d'une immense tour inachevée, culminant dans les nuages.|La tour de Babel par [[Pieter Brueghel l'Ancien]].]]
[[Fichier:Bruegel d. Ä., Pieter - Tower of Babel - Museum Boijmans Van Beuningen Rotterdam.jpg|vignette|alt=Peinture d'une immense tour inachevée, culminant dans les nuages.|''[[La Tour de Babel (Brueghel)|La Tour de Babel]]'' par [[Pieter Brueghel l'Ancien]].]]
Adam et Ève, ainsi que le jardin d'Éden, sont des thèmes récurrents en peinture. L'une des plus fameuses peintures de ces thèmes est ''[[La Création d'Adam (Michel-Ange)|La Création d'Adam]]'', peinte par [[Michel-Ange]] sur le plafond de la [[chapelle Sixtine]]<ref>[http://mv.vatican.va/5_FR/pages/x-Schede/CSNs/CSNs_V_StCentr_06.html Musée du Vatican, ''La Création d'Adam''].</ref>. Les œuvres de [[Lucas Cranach l'Ancien]] en sont aussi un exemple. [[Marc Chagall]] peint notamment ''Adam et Eve'' (1912) et ''Dieu crée l'homme'' (1930).
Adam et Ève, ainsi que le jardin d'Éden, sont des thèmes récurrents en peinture. L'une des plus fameuses de ces œuvres est ''[[La Création d'Adam (Michel-Ange)|La Création d'Adam]]'', peinte par [[Michel-Ange]] sur le plafond de la [[chapelle Sixtine]]<ref>[http://mv.vatican.va/5_FR/pages/x-Schede/CSNs/CSNs_V_StCentr_06.html Musée du Vatican, ''La Création d'Adam''].</ref>. Les œuvres de [[Lucas Cranach l'Ancien]] en sont aussi un exemple. [[Marc Chagall]] peint notamment ''Adam et Eve'' (1912) et ''Dieu crée l'homme'' (1930).


La [[tour de Babel]], le [[Déluge]] et le [[Ligature d'Isaac|sacrifice d'Isaac]] sont aussi souvent illustrés. ''[[La Tour de Babel (Brueghel)|La Tour de Babel]]'' est notamment peinte par [[Pieter Brueghel l'Ancien]]. ''Le Déluge'' est représenté, entre autres, par [[Gustave Doré]], [[Léon Comerre]] et [[Francis Danby]]. [[Le Caravage]] peint ''[[Le Sacrifice d'Isaac (Le Caravage, Florence)|Le Sacrifice d'Isaac]]''.
La [[tour de Babel]], le [[Déluge]] et le [[Ligature d'Isaac|sacrifice d'Isaac]] sont aussi souvent illustrés. ''[[La Tour de Babel (Brueghel)|La Tour de Babel]]'' est notamment peinte par [[Pieter Brueghel l'Ancien]]. ''Le Déluge'' est représenté, entre autres, par [[Gustave Doré]], [[Léon Comerre]] et [[Francis Danby]]. [[Le Caravage]] peint ''[[Le Sacrifice d'Isaac (Le Caravage, Florence)|Le Sacrifice d'Isaac]]''.


[[Johann Friedrich Overbeck]] peint aussi des scènes de la Genèse, comme ''Abraham et les trois anges'' et ''Le songe de Joseph''<ref>Claude Savart, Jean Noël Aletti, ''Le Monde contemporain et la Bible'', 1985, {{p.|230}}.</ref>. Au {{s|XV|e}}, la scène d'Abraham et des trois anges est peinte aussi par [[Andreï Roublev]]. Ce tableau est nommé l’''[[Icône de la Trinité]]''. En 1863, [[Eugène Delacroix]] illustre en peinture ''La lutte de Jacob et de l'Ange''<ref>Claude Savart, Jean Noël Aletti, ''Le Monde contemporain et la Bible'', 1985, {{p.|232}}.</ref>.
[[Johann Friedrich Overbeck]] peint aussi des scènes de la Genèse, comme ''Abraham et les trois anges'' et ''Le songe de Joseph''<ref>Claude Savart, Jean Noël Aletti, ''Le Monde contemporain et la Bible'', 1985, {{p.|230}}.</ref>. Au {{s-|XV}}, la scène d'Abraham et des trois anges est peinte aussi par [[Andreï Roublev]]. Ce tableau est nommé l{{'}}''[[Icône de la Trinité]]''. En 1863, [[Eugène Delacroix]] illustre en peinture ''[[La Lutte de Jacob avec l'Ange (Delacroix)|La lutte de Jacob et de l'Ange]]''<ref>Claude Savart, Jean Noël Aletti, ''Le Monde contemporain et la Bible'', 1985, {{p.|232}}.</ref>.


De nombreuses cathédrales représentent aussi divers scènes tirées de la Genèse. En France, le [[Cathédrale Notre-Dame de Chartres#Le portail Nord|portail nord]] de la [[Cathédrale Notre-Dame de Chartres|cathédrale de Chartres]] présente des sculptures inspirées de la Genèse ; la [[cathédrale Saint-Étienne d'Auxerre]] contient une verrière représentant la Création et le péché originel ({{nobr|baie 21}}) ; la [[Cathédrale Saint-Étienne de Cahors|cathédrale de Cahors]], quant à elle, représente la Genèse sur sa frise du massif occidental, de même que la [[Cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Nantes|cathédrale de Nantes]].
De nombreuses cathédrales représentent aussi diverses scènes tirées de la Genèse. En France, le [[Cathédrale Notre-Dame de Chartres#Le portail nord|portail nord]] de la [[Cathédrale Notre-Dame de Chartres|cathédrale de Chartres]] présente des sculptures inspirées de la Genèse ; la [[cathédrale Saint-Étienne d'Auxerre]] contient une verrière représentant la Création et le péché originel ({{nobr|baie 21}}) ; la [[Cathédrale Saint-Étienne de Cahors|cathédrale de Cahors]], quant à elle, représente la Genèse sur sa frise du massif occidental, de même que la [[Cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Nantes|cathédrale de Nantes]].


=== Musique ===
=== Musique ===
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En 1744, [[Georg Friedrich Haendel]] écrit l'oratorio ''Joseph et ses frères''<ref name="Teaching">{{en}} Mark Roncace et Patrick Gray, ''Teaching the Bible Through Popular Culture and the Arts'', 2007, {{p.|53}}.</ref>. L'épisode est ensuite repris par [[Étienne Nicolas Méhul|Méhul]] en 1807 pour son opéra [[Joseph (opéra)|''Joseph'']], dont plusieurs airs sont restés célèbres et [[Richard Strauss]] pour un ballet, ''La légende de Joseph'' (''Josephslegende'') en 1914.
En 1744, [[Georg Friedrich Haendel]] écrit l'oratorio ''Joseph et ses frères''<ref name="Teaching">{{en}} Mark Roncace et Patrick Gray, ''Teaching the Bible Through Popular Culture and the Arts'', 2007, {{p.|53}}.</ref>. L'épisode est ensuite repris par [[Étienne Nicolas Méhul|Méhul]] en 1807 pour son opéra [[Joseph (opéra)|''Joseph'']], dont plusieurs airs sont restés célèbres et [[Richard Strauss]] pour un ballet, ''La légende de Joseph'' (''Josephslegende'') en 1914.


''Le Déluge'', {{nobr|op. 45}} de [[Camille Saint-Saëns]], est aussi un oratorio composé en [[1876 en musique classique|1876]]<ref>Claude Savart, Jean Noël Aletti, ''Le Monde contemporain et la Bible'', 1985, {{p.|252}}.</ref>. Le prélude est assez souvent joué indépendamment au concert.
''Le Déluge'', {{op.|45}} de [[Camille Saint-Saëns]], est aussi un oratorio composé en [[1876 en musique classique|1876]]<ref>Claude Savart, Jean Noël Aletti, ''Le Monde contemporain et la Bible'', 1985, {{p.|252}}.</ref>. Le prélude est assez souvent joué indépendamment au concert.


[[Théodore Dubois]] publie l'oratorio ''[[Le Paradis perdu (Dubois)|Le Paradis perdu]]'' en 1878 ou 1879<ref>{{lien web|url=http://www.theodoredubois.com/catalogue|titre=Catalogue de Théodore Dubois|site=Association des amis de Théodore Dubois}}.</ref>.
Entre 1917 et 1922, [[Arnold Schönberg]] écrit ''L'Échelle de Jacob''<ref name="Teaching"/>, un [[oratorio]] pour solistes, chœur et orchestre, qui restera inachevé. Entre 1933 et 1934, [[Igor Markevitch]] écrit ''Le Paradis Perdu'', un oratorio sur le thème de la chute d'Adam et Ève. [[Igor Stravinsky]] écrit en 1944 une cantate du nom de ''Babel''<ref name="Teaching"/>.


Entre 1917 et 1922, [[Arnold Schönberg]] écrit ''L'Échelle de Jacob''<ref name="Teaching"/>, un oratorio pour solistes, chœur et orchestre, qui restera inachevé. Entre 1933 et 1934, [[Igor Markevitch]] écrit ''Le Paradis Perdu'', un oratorio sur le thème de la chute d'Adam et Ève. [[Igor Stravinsky]] écrit en 1944 une cantate du nom de ''Babel''<ref name="Teaching"/>.
''{{Lien|Genesis Suite}}'', une œuvre collective de [[1945 en musique classique|1945]] pour orchestre et voix, est créée par sept compositeurs, dont Arnold Schönberg et [[Darius Milhaud]]<ref>[http://www.naxos.com/catalogue/item.asp?item_code=8.559442 Genesis suite (1945)].</ref>. ''{{Lien|Noye's Fludde}}'' (''Le Déluge de Noé'') est un opéra de [[Benjamin Britten]] créé le {{nobr|18 juin 1958}}.

''{{Lien|Genesis Suite}}'', une œuvre collective de [[1945 en musique classique|1945]] pour orchestre et voix, est créée par sept compositeurs, dont Arnold Schönberg et [[Darius Milhaud]]<ref>[http://www.naxos.com/catalogue/item.asp?item_code=8.559442 Genesis suite (1945)].</ref>. ''[[Noye's Fludde]]'' (''Le Déluge de Noé'') est un opéra de [[Benjamin Britten]] créé le {{date-|18 juin 1958}}.

Le nom du groupe de métal [[Avenged Sevenfold]] fait référence à la Genèse (plus précisément au meurtre d'Abel).


=== Cinéma et télévision ===
=== Cinéma et télévision ===
La Bible fournit très tôt une source d'inspiration pour le cinéma. Si les premiers films bibliques s'intéressent davantage à [[Jésus-Christ]] puis à [[Moïse]], des épisodes de la Genèse sont portés à l'écran dès 1912. Cette année-là sort un film racontant l'histoire d'Adam et Ève. En 1929, c'est Noé qui apparaît dans un film à succès. Lorsque le cinéma devient parlant, se tourne en 1936 ''[[Les Verts Pâturages (film, 1936)|Les Verts Pâturages]]'', film qui retrace plusieurs épisodes de l'Ancien Testament et qui est l'un des rares à être joué uniquement par des noirs<ref>{{Ouvrage|langue=en |auteur1=Adele Reinhartz |titre=Bible and Cinema|sous-titre=An Introduction |éditeur=Routledge |année=2013|isbn=9781134627080 |lire en ligne={{Google livre|1VZHAQAAQBAJ}}}}.</ref>.
La Bible fournit très tôt une source d'inspiration pour le cinéma. Si les premiers films bibliques s'intéressent davantage à [[Jésus-Christ]] puis à [[Moïse]], des épisodes de la Genèse sont portés à l'écran dès 1912. Cette année-là sort un film racontant l'histoire d'Adam et Ève. En 1929, c'est Noé qui apparaît dans un film à succès. Lorsque le cinéma devient parlant, se tourne en 1936 ''[[Les Verts Pâturages (film, 1936)|Les Verts Pâturages]]'', film qui retrace plusieurs épisodes de l'Ancien Testament et qui est l'un des rares à être joué uniquement par des noirs<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Adele Reinhartz|titre=Bible and Cinema|sous-titre=An Introduction|éditeur=[[Routledge]]|année=2013|pages totales=292|isbn=978-1-134-62708-0|lire en ligne={{Google Livres|1VZHAQAAQBAJ}}}}.</ref>.


Après un déclin dans les années 1930 et 1940, le film biblique revient sur les écrans à partir des années 1950. En 1962 sort au cinéma ''[[Sodome et Gomorrhe (film, 1962)|Sodome et Gomorrhe]]'', de [[Robert Aldrich]]. Le film s'inspire librement des {{nobr|chapitres 18 et 19}} de la Genèse<ref>[http://trailersfromhell.com/last-days-sodom-gomorrah/#.VIm2onvpw3Y « Brian Trenchard-Smith on Last Days of Sodom and Gomorrah »].</ref>. En 1966, [[John Huston]] réalise ''[[La Bible (film, 1966)|La Bible]]'', qui raconte les vingt-deux premiers chapitres de la Genèse. [[Dino De Laurentiis]] prévoit même d'en faire le premier d'une longue série de films bibliques, mais les autres films, trop coûteux, ne seront finalement jamais réalisés. À l'époque, c'est la première fois qu'un film américain à gros budget présente des acteurs nus<ref>[http://www.imdb.com/title/tt0060164/trivia « La bible (1966) - Trivia »].</ref>.
Après un déclin dans les années 1930 et 1940, le film biblique revient sur les écrans à partir des années 1950. En 1962 sort au cinéma ''[[Sodome et Gomorrhe (film, 1962)|Sodome et Gomorrhe]]'', de [[Robert Aldrich]]. Le film s'inspire librement des {{nobr|chapitres 18}} et 19 de la Genèse<ref>[http://trailersfromhell.com/last-days-sodom-gomorrah/#.VIm2onvpw3Y « Brian Trenchard-Smith on Last Days of Sodom and Gomorrah »].</ref>. En 1966, [[John Huston]] réalise ''[[La Bible (film, 1966)|La Bible]]'', qui raconte les vingt-deux premiers chapitres de la Genèse. [[Dino De Laurentiis]] prévoit même d'en faire le premier d'une longue série de films bibliques, mais les autres films, trop coûteux, ne seront finalement jamais réalisés. À l'époque, c'est la première fois qu'un film américain à gros budget présente des acteurs nus<ref>[https://www.imdb.com/title/tt0060164/trivia « La bible (1966) - Trivia »].</ref>.


La télévision n'est pas en reste et entre 1994 et 1995, la chaîne américaine [[Turner Network Television|TNT]] réalise plusieurs téléfilms sur la Genèse, dont ''Genesis: The Creation and the Flood'' (''La Genèse : la création et le Déluge''), ''[[Abraham (téléfilm)|Abraham]]'', ''[[Jacob (téléfilm)|Jacob]]'' et ''[[Joseph (téléfilm, 1995)|Joseph]]''. En 2000, le téléfilm américain en deux parties ''[[Au commencement...]]'', de [[Kevin Connor]], a pour ambition de retracer le début de la Genèse et de l'[[Livre de l'Exode|Exode]]<ref>[http://www.imdb.com/title/tt0243067/ ''Au commencement''].</ref>. Le film biblique à grand spectacle revient au cinéma en 2014, avec ''[[Noé (film)|Noé]]'', qui est librement inspiré du Déluge biblique.
La télévision n'est pas en reste et entre 1994 et 1995, la chaîne américaine [[Turner Network Television|TNT]] réalise plusieurs téléfilms sur la Genèse, dont ''Genesis: The Creation and the Flood'' (''La Genèse : la création et le Déluge''), ''[[Abraham (téléfilm)|Abraham]]'', ''[[Jacob (téléfilm)|Jacob]]'' et ''[[Joseph (téléfilm, 1995)|Joseph]]''. En 2000, le téléfilm américain en deux parties ''[[Au commencement...|Au commencement…]]'', de [[Kevin Connor]] a pour ambition de retracer le début de la Genèse et de l'[[Livre de l'Exode|Exode]]<ref>[https://www.imdb.com/title/tt0243067/ ''Au commencement''].</ref>. Le film biblique à grand spectacle revient au cinéma en 2014, avec ''[[Noé (film)|Noé]]'', qui est librement inspiré du Déluge biblique.
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== Voir aussi ==
== Bibliographie ==

=== Bibliographie ===
=== Sur le récit des origines (Gn 1-11) ===

* [[Armand Abécassis]] et [[Josy Eisenberg]], ''À Bible ouverte'', Paris, Albin Michel, rééd. 1991-1993, rééd. 2004 trois volumes consacrés au commentaire des premiers chapitres de la Genèse, 928 p.
* [[Catherine Chalier]], ''La Nuit, le Jour : au diapason de la création'', [[Éditions du Seuil|Le Seuil]], 2009, {{Nb p.|249}}{{ISBN|978-2-02-098447-8}}, [[prix des écrivains croyants]], 2010
* Jean L'Hour,'' Genèse 1-11, Les pas de l'humanité sur la terre'', Éditions du Cerf, collection Cahiers Évangile, n° 161, septembre 2012, 96 p.
: Voir [https://www.bible-service.net/extranet/current/pages/1605.html Genèse 1-11 : Vue d'ensemble de la composition littéraire] sur [[bible-service.net]]
* Matthieu Richelle, ''Comprendre Genèse 1-11 aujourd'hui'', Excelsis, Edifac, collection La Bible et son message, novembre 2013
* [[André Wénin]], ''D'Adam à Abraham, ou les errances de l'humain : Lecture de Genèse 1:1-12:4'', Cerf, 2007, 252 p.{{ISBN|978-2-204-08181-8}}
* [[André Wénin]], « Humain et nature, femme et homme : différences fondatrices ou initiales ? Réflexions à partir des récits de création en Genèse 1-3 », ''[[Recherches de science religieuse]]'', juillet-sept. 2013/3 ([https://www.cairn.info/revue-recherches-de-science-religieuse-2013-3-page-401.htm lire en ligne])

=== Recherche ===
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* {{en}} Walter Brueggemann, Terrence E. Fretheim, Walter C. Kaiser, Leander E. Keck, 1994, ''The New Interpreter's Bible: Genesis to Leviticus (Volume 1)'', Abingdon Press, Nashville, {{ISBN|978-0-68727-814-5}}
* {{en}} Walter Brueggemann, Terrence E. Fretheim, Walter C. Kaiser, Leander E. Keck, 1994, ''The New Interpreter's Bible: Genesis to Leviticus (Volume 1)'', Abingdon Press, Nashville,{{ISBN|978-0-68727-814-5}}
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}}
* {{Ouvrage|auteur1=|prénom1=Béatrice|nom1=Bakhouche|responsabilité1=dir.|titre=Science et exégèse|sous-titre=Les interprétations antiques et médiévales du récit biblique de la création des éléments (Genèse 1,1-8)|éditeur=Brepols|date=2017|isbn=978-2-503-56703-7|lire en ligne=|présentation en ligne=https://journals.openedition.org/anabases/6240}}
* [[Hélène de Saint-Aubert]], « J'ai eu un homme avec le Seigneur ou le complexe d'Ève : traductions et interprétations de Gn 4, 1 », ''Travaux de littérature'', vol. XXXI, 2018.


=== Théologie ===
* André Wénin, Abraham ou l'apprentissage du dépouillement, Gn 11:27-25:18, Cerf, 2016
* André Wénin, ''Joseph ou l'invention de la fraternité. Lecture narrative et anthropologique de Genèse 37–50'', coll. « Le livre et le rouleau » n° 21, Bruxelles, Lessius, 2005, 352 p.
* {{en}} Cardinal [[Benoît XVI|Joseph Ratzinger]], 1995, ''In the Beginning'', Edinburgh,{{ISBN|978-0-80284-106-3}}
* [[Pierre Gibert (jésuite)|Pierre Gibert]], ''La Genèse, livre universel de fondations''

== Voir aussi ==
=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
* [[Cosmologie religieuse]]
* [[Cosmologie religieuse]]
* [[Création (théologie)]]
* [[Création (Bible)|Création]]
* [[Genèse (vieux saxon)]]
* [[Longévité des personnages de la Bible]]
* [[Longévité des personnages de la Bible]]
* [[Récit originel]]
* [[Récit originel]]
Ligne 569 : Ligne 610 :
* [[Tanakh]]
* [[Tanakh]]
* [[Torah]]
* [[Torah]]
* [[Les deux récits de la création dans la Genèse]]


=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
{{Autres projets
{{Autres projets
|commons=Category:Torah|commons titre=Genèse
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|wikisource=Genèse|wikisource titre=Genèse
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}}
* {{Autorité}}
* {{Bases}}
* {{dictionnaires}}

==== Texte intégral ====
==== Texte intégral ====
* Version [[hébreu|hébraïque]] : [http://www.sefarim.fr/?Library=Pentateuque&Book=Genèse&Chapter=1&Verse=1 texte original] suivant la [[texte massorétique|version massorétique]] avec traductions en français de la Bible du Rabbinat et en anglais de la Jewish Publication Society
* Version [[hébreu|hébraïque]] : [http://www.sefarim.fr/?Library=Pentateuque&Book=Genèse&Chapter=1&Verse=1 texte original] suivant la [[texte massorétique|version massorétique]] avec traductions en français de la Bible du Rabbinat et en anglais de la Jewish Publication Society
* [http://bible.catholique.org/livre-de-la-genese/3507-chapitre-1 Genèse, sur catholique.org], traduction du [[Augustin Crampon|chanoine Crampon]]
* [http://www.levangile.com/Bible-CHU-1-1-1-complet-Contexte-oui.htm Genèse], traduction d'[[André Chouraqui]]
* [http://lire.la-bible.net/index.php?reference=Gen%C3%A8se+1%3A1&versions%5B%5D=BFC Genèse], traduction œcuménique de la Bible
* [http://www.campuslive.ch/lausanne/Bible Bible], traduction du prédicateur protestant [[John Nelson Darby]]
* [https://fr.wikisource.org/wiki/Genèse Les différentes versions de la ''Genèse'' sur Wikisource]


==== Études ====
==== Études ====
* {{en}} [https://www.jewishvirtuallibrary.org/book-of-bereishit-genesis Jewish virtual library, Encyclopaedia Judaica 2008, « Book of Genesis »]
* Pierre Gibert, jésuite, professeur aux facultés catholiques de Lyon, ''La Genèse, livre universel de fondations'', {{lire en ligne|lien=http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/la_genese_livre_universel_de_fondations.asp}}
* [http://introbible.free.fr/ Livre de la Genèse], par [[Pierre de Martin de Viviés]]
* Alexandre Westphal, ''Dictionnaire Encyclopédique de la Bible'', {{lire en ligne|lien=http://456-bible.123-bible.com/westphal/2009.htm}}, 1932
* [http://wp.unil.ch/allezsavoir/admettons-un-instant-que-darwin-se-soit-trompe Article « Admettons un instant que Darwin se soit trompé… Que dit la Bible à propos de la Genèse ? », aux pages 18 à 25 du magazine ''Allez savoir !'' ({{n°|43}}) de l'Université de Lausanne]

* [http://expositions.bnf.fr/ciel/arretsur/origines/sciences/creation/11.htm Mythes et sciences : « L'ordre de la création »]
* [http://www.systerofnight.net/religion/html/ancien_testament_judaisme.html Ancien Testament et judaïsme] Étude du contexte historique et de l'évolution de la spiritualité hébraïque de l'Ancien Testament.
* [http://www3.unil.ch/wpmu/allezsavoir/admettons-un-instant-que-darwin-se-soit-trompe/ Article « Admettons un instant que Darwin se soit trompé... Que dit la Bible à propos de la Genèse ? », aux pages 18 à 25 du magazine ''Allez savoir !'' ({{n°|43}}) de l'Université de Lausanne]
* [http://expositions.bnf.fr/ciel/arretsur/origines/sciences/creation/11.htm Mythes et sciences : « L’ordre de la création »]
* [http://expositions.bnf.fr/ciel/arretsur/origines/sciences/creation/index12.htm Mythes et sciences : « La date de la création »]
* [http://expositions.bnf.fr/ciel/arretsur/origines/sciences/creation/index12.htm Mythes et sciences : « La date de la création »]
* {{en}} [http://www.jewishvirtuallibrary.org/jsource/judaica/ejud_0002_0007_0_07171.html Jewish virtual library, Encyclopaedia Judaica 2008, « Book of Genesis »]
* {{en}} [http://www.biblicalstudies.org.uk/genesis.php BiblicalStudies.org.uk] Bibliographie étendue, articles et livres en ligne.
* {{en}} [http://www.gnosticteachings.org/index.php?option=com_content&task=category&sectionid=8&id=76&Itemid=66 Le Livre de la Genèse selon les gnostiques]
* {{en}} [http://www.threetwoone.org/diagrams/offspring-adam-2x-00.gif Un plan détaillé des descendants d'Adam, selon le Livre de la Genèse]
* {{en}} [http://www.psyche.com/psyche/genesis/genesis1_1-5.html Yom Echad: Hypertext Genesis 1:1-5]
* [http://www.chemins-cathares.eu/03_02_bible_roman_joseph.php Le roman de Joseph, ou le fondement d'Israël] par Yves Maris.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
=== Notes ===
=== Notes ===
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=== Références ===
=== Références ===
==== Ouvrages ====
==== Ouvrages ====
*{{en}} Martin E. Marty et R. Scott Appleby, ''{{lang|en|texte=Fundamentalisms and Society: Reclaiming the Sciences, the Family, and Education}}'', 1993
* {{en}} Martin E. Marty et R. Scott Appleby, ''{{langue|en|texte=Fundamentalisms and Society: Reclaiming the Sciences, the Family, and Education}}'', 1993
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==== Autres sources ====
==== Autres sources ====
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Genèse
Image illustrative de l’article Livre de la Genèse
Frontispice du Livre de la Genèse, Bible de Saint-Paul-hors-les-Murs, vers 870, contenant les premiers mots In principio.

Titre dans le Tanakh Sefer Bereshit
Auteur traditionnel Moïse
Auteur(s) selon l'exégèse Un ou plusieurs auteurs anonymes
Datation traditionnelle XVIe – XIIe siècle av. J.-C.[N 1]
Plus ancien manuscrit Qumrân 1, 2, 4, 6 et 8
Nombre de chapitres 50
Classification
Tanakh Torah
Canon biblique Pentateuque

Le Livre de la Genèse (hébreu : ספר בראשית (Sefer Bereshit), « Livre Au commencement » ; grec ancien : Βιϐλίον τῆς Γενέσεως / Biblíon tês Genéseōs, « Livre de la Naissance » ; syriaque : ܣܦܪܐ ܕܒܪܝܬܐ (Sifra deBrita), « Livre de l'Alliance » ; latin : Liber Genesis) est le premier livre de la Bible. Ce texte est fondamental pour le judaïsme et le christianisme.

Récit des origines, il commence par la création du monde, œuvre de Dieu, suivie d'une narration relatant la création du premier couple humain. Adam et Ève forment ce premier couple mais désobéissent et sont exclus du jardin d'Éden. Ils ont une descendance, mais Dieu, considérant que les humains sont malfaisants, regrette de les avoir créés et décide de les détruire par le Déluge. Seuls Noé, considéré comme parfait, et sa famille sont sauvés. Plus tard, Dieu différencie les langues et disperse l'humanité sur la surface de la Terre, lors de l'épisode de la tour de Babel. L'essentiel de la Genèse est ensuite consacré aux cycles d'Abraham, un nomade arrivé dans le pays de Canaan sur injonction divine, de son petit-fils Jacob, dont la plupart des aventures ont pour cadre le nord du pays, et de ses fils parmi lesquels domine Joseph.

La Genèse est anonyme, tout comme les autres livres de la Torah (Pentateuque). Les traditions juive et chrétienne l'attribuent à Moïse, mais les recherches exégétiques, archéologiques et historiques tendent, au vu des nombreux anachronismes, redondances et variations du texte, à remettre en cause l'unicité de son auteur. Ainsi, la Genèse représente, pour l'exégèse historico-critique du XXIe siècle, la compilation d'un ensemble de textes écrits entre les VIIIe et IIe siècles av. J.-C. Pour cette raison, entre autres, l'historicité de son contenu est aussi mise en question.

La Genèse est largement commentée par les rabbins et par les théologiens chrétiens. Avec l'avènement de l'islam, ses personnages font l'objet de multiples interprétations dans le Coran et ses commentaires.

De nos jours, certains fondamentalistes, surtout dans des églises évangéliques, défendent l'idée du créationnisme, une théorie qui s'appuie sur une lecture littérale de la Genèse, qui serait historiquement et scientifiquement valable. Cependant, cette position est rejetée par l'ensemble des scientifiques et par d'autres autorités religieuses.

Étymologie[modifier | modifier le code]

Le nom du livre vient de son thème d'ouverture : le « commencement », l'« origine ». Cette notion se traduit en grec ancien, au nominatif, par Γένεσις, genesis. La Septante grecque l'intitule donc « Livre du Commencement » : βιβλίον τῆς Γενέσεως, Biblion tès Geneseôs (au génitif), ou plus simplement Genesis[1]. En latin, le nom est Liber Genesis[2].

En hébreu, sa langue d'origine, le livre s'intitule ספר בראשית, Sefer Bereshit[1], ce qui signifie « Livre « au commencement » », en reprenant le premier mot du premier verset : Bereshit, בראשית, « Au Commencement ». La tradition du judaïsme est en effet de désigner les livres de la Torah par leur premier mot[N 2],[3].

Résumé[modifier | modifier le code]

Entièrement centré sur la question des origines, le Livre de la Genèse présente d'abord celles de l'humanité en général (Gn 1–11)[4], avant de relater celles du peuple d'Israël en particulier, à travers l'histoire de ses ancêtres (Gn 12–50)[5]. Il peut être divisé en quatre parties : l'histoire des origines (Gn 1,1–11,9)[6], l'histoire d'Abraham et de ses deux fils (Gn 11,10–25,18)[7], la geste de Jacob (Gn 25,19–36,43)[8] et enfin l'histoire de Joseph (Gn 37,1–50,26)[9].

Récit des origines (1-11)[modifier | modifier le code]

Gravure représentant de la lumière émergeant derrière les nuages.
Création de la Lumière, gravure de Gustave Doré.

Le chapitre 1 et le début du chapitre 2 décrivent la création en six jours de l'univers et de ce qui s'y trouve. L'humanité (hommes et femmes) est créée le sixième jour, et la création se termine par un repos sabbatique le septième jour.

À partir de Gn 2,4b, le récit offre une seconde version de la création des êtres vivants, notamment de l'homme, puis de la femme. Au chapitre 2, Dieu place l'homme (Adam) dans le jardin d'Éden « pour le cultiver et pour le garder » (Gn 2,15)[10]. Il l'autorise à manger de tous les arbres du jardin, à l'exception de l'arbre de la connaissance du bien et du mal (Gn 2,16–17). Puis il crée la femme (Ève). Au chapitre 3, le serpent tente la femme, qui mange le fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, et en donne ensuite à l'homme. À cause de leur désobéissance, l'homme et la femme sont chassés du jardin d'Éden[11].

Un groupe de personnages nus, homme, femme et enfants visiblement affolés, se pressent ensemble alors qu'autour d'eux l'eau a tout envahi.
Une scène du Déluge, par Gabriel Ferrier, 1872.

Au chapitre 4, l'homme commence à se montrer violent, et c'est alors que survient le meurtre d'Abel par son frère Caïn. Les descendants de Caïn se montrent eux aussi particulièrement violents. Le chapitre 5 présente une lignée d'humains plus pieux, allant d'Hénoch à Noé, qui tente de contrebalancer cette violence. Dans les chapitres 6 à 8, à cause de la corruption des hommes, Dieu provoque le Déluge, auquel seuls la famille de Noé et les animaux survivent. Au chapitre 9, Dieu établit alors une alliance avec les humains survivants, promettant de ne plus amener de Déluge sur la Terre[11]. À la fin du chapitre, Noé plante une vigne, puis s'enivre de son vin et se dénude. Son fils Cham le voit nu et au lieu de le couvrir, il court prévenir ses frères. Cela vaut à son fils d'être maudit[12].

Le chapitre 10 évoque les familles qui sont à l'origine de l'Humanité, présentant ce que l'on appelle la Table des nations. Le chapitre 11 narre l'épisode de la Tour de Babel, où apparaissent les langues et se dispersent les nations. Il donne aussi la généalogie qui va de Sem (un des fils de Noé) à Abraham[13].

Histoire d'Abraham et de ses deux fils (12-25)[modifier | modifier le code]

Les chapitres 12 et 13 commencent par l'appel d'Abraham et son arrivée en Canaan, où Dieu lui promet de posséder un jour cette terre. Lui et sa femme Sarah se rendent ensuite en Égypte, puis à Béthel. Au chapitre 14, Abraham sauve Loth des mains des rois de Sodome, de Gomorrhe, et d'autres contrées. Puis il rencontre Melchisédech, roi de Salem[7].

La promesse faite à Abraham d'avoir un jour non seulement un fils, mais aussi une descendance innombrable et une terre, est confirmée au chapitre 15. Agar, servante égyptienne de Sarah, tombe alors enceinte des œuvres d'Abram, puis donne naissance à Ismaël (chapitre 16). Au chapitre suivant, le nom d'Abram est changé en Abraham et une alliance est conclue avec Abraham et sa future descendance par Sarah. Ismaël et sa descendance sont aussi bénis. Toute la maisonnée d'Abraham est alors circoncise. Dieu envoie encore trois hommes qui apparaissent à Abraham près du chêne de Mambré. Ils prédisent la naissance d'Isaac, ce qui fait rire Sarah (Gn 18,1–18,16)[7].

À la fin du chapitre 18, Abraham intercède auprès de Dieu en faveur des habitants de Sodome et de Gomorrhe, et Dieu promet de les épargner s'il y a au moins dix justes dans ces villes. Le chapitre 19 décrit ensuite la destruction de Sodome et de Gomorrhe et le sauvetage de Loth. Sa femme, qui se retourne lors de la fuite, est changée en colonne de sel[7].

Au chapitre 20, Abraham et Sarah se rendent chez Abimelech, roi de la ville de Guérar, qui craint Dieu. Le chapitre 21 voit la naissance d'Isaac, rapidement suivie du renvoi d'Agar et de son fils Ismaël, puis d'un traité de non-agression entre Abraham et Abimelech. Abraham est alors mis à l'épreuve lorsque Dieu lui demande de sacrifier son propre fils, ce qu'Abraham consent à faire. Sa main est arrêtée par Dieu au dernier moment (chapitre 22). Au chapitre 23, Sarah meurt et Abraham fait alors l'acquisition d'une sépulture familiale près de Mambré[7].

Puis le temps arrive où il faut choisir une femme pour son fils Isaac. Abraham, alors âgé, envoie son serviteur en Mésopotamie dans ce but. Ce dernier y choisit Rébecca (chapitre 24). Au chapitre 25, Abraham prend une nouvelle femme : Ketourah, qui lui donne une descendance nombreuse. Sa mort est ensuite décrite, et il est enseveli par ses fils dans la sépulture qu'il avait choisie pour Sarah. Le chapitre continue par la descendance d'Ismaël (Gn 25,12–18)[7].

Geste de Jacob (25-36)[modifier | modifier le code]

Peinture de deux hommes en discussion, l'un debout à droite, l'autre à gauche est assis à une table et une femme le sert.
Esaü vend son droit d'aînesse à Jacob, par Zacarías González Velázquez.

La fin du chapitre 25 décrit la naissance des enfants d'Isaac, les jumeaux rivaux Jacob et Ésaü (Édom), puis la vente du droit d'aînesse de ce dernier à Jacob. Le chapitre 26 fait une parenthèse sur l'histoire d'Isaac, qui fait passer sa femme pour sa sœur aux yeux d'Abimelech. Le chapitre suivant revient sur la rivalité entre les deux frères : Jacob vole par la ruse la bénédiction qui revient à Esaü, puis fuit lorsque ce dernier menace de se venger. Le chapitre 28 propose une autre motivation pour le départ de Jacob, et décrit un songe divin où il voit une échelle parcourue par des anges avec YHWH à son sommet. Il nomme le lieu de ce songe Béthel[8].

Au chapitre 29, Jacob arrive chez Laban, où il travaille une première fois sept années pour pouvoir se marier avec Rachel, mais reçoit en échange sa sœur Léa comme femme. Il travaille donc une nouvelle fois sept années pour pouvoir s'unir avec Rachel. De ses deux femmes, Jacob devient père de plusieurs fils. Grâce à un stratagème, Jacob prospère et s'enrichit bien plus que Laban (chapitre 30). Cela mène à un conflit avec Laban, qui devient jaloux de cette réussite. Après d'âpres discussions, un traité est conclu, et chacun définit les frontières de ses terres (chapitre 31)[14].

L'affrontement avec Esaü semble imminent. Juste avant qu'il ait lieu, Jacob rencontre Dieu à Penuel, au cours d'un combat couramment désigné comme la lutte de Jacob avec l'ange, et reçoit alors le nom d'Israël (chapitre 32). Au chapitre suivant, Jacob rencontre Esaü, mais au lieu de s'affronter, les deux frères se réconcilient. Jacob construit alors un autel à « El, Dieu d'Israël »[14].

L'histoire du viol de Dinah et le massacre des Sichémites sont racontés au chapitre 34. Puis Jacob et son clan reviennent à Béthel, où naît Benjamin et où meurt Rachel (chapitre 35). Le chapitre 36 se concentre sur Esaü et sa descendance[14].

Histoire de Joseph (37-50)[modifier | modifier le code]

Tableau représentant un groupe d'une quinzaine de personnes en extérieur devant un bâtiment. Hommes, femmes et enfants entourent un vieil homme assis au centre ; un homme tend un manteau au vieillard.
Le manteau couvert du sang de Joseph est rapporté à Jacob, par Claes Cornelisz. Moeyaert, 1624.

Joseph, qui est le fils de Jacob, est privilégié parmi ses frères. Il fait deux rêves dans lesquels il se voit, sous diverses formes oniriques, élevé au-dessus d'eux. Cela les rend tellement jaloux qu'ils le vendent pour servir comme esclave en Égypte, et le font passer pour mort aux yeux de leur père Jacob (chapitre 37). Le chapitre suivant relate l'histoire de Juda et de Tamar. Cette dernière est tout d'abord donnée pour femme aux fils aînés de Juda, qui meurent tous deux. Se faisant passer pour une prostituée aux yeux de leur père, elle tombe enceinte de lui, puis met au monde deux jumeaux.

En Égypte, Joseph est au service de Potiphar, mais la femme de ce dernier le désire et comme Joseph refuse de trahir son maître avec elle, elle s'arrange pour le faire mettre en prison (chapitre 39). Là, il interprète d'abord les rêves du panetier et de l'échanson de Pharaon (chapitre 40). Il réitère cela au palais après que Pharaon lui-même a fait un rêve étrange qui annonce une famine sur l'Égypte. Pour le remercier, Pharaon le nomme alors vice-roi du pays (chapitre 41)[9].

La famine pousse les frères de Joseph à faire un premier voyage en Égypte. Seul Benjamin n'est pas du voyage. En Égypte, ils ne reconnaissent pas Joseph. Ce dernier s'arrange pour retenir Siméon en prison, puis laisse partir ses frères en leur faisant promettre qu'ils reviendraient avec Benjamin (chapitre 42). Après avoir convaincu Jacob de laisser partir Benjamin, ils effectuent un second voyage avec lui, et c'est alors que Joseph se fait reconnaître et leur pardonne. Leur père Jacob est invité à venir en Égypte (chapitres 43-45). Jacob et sa famille s'installent alors en Égypte (chapitre 46). Lorsqu'une famine frappe le pays, Joseph, en tant que vice-roi, en profite pour enrichir Pharaon et établir des lois qui lui assurent des revenus réguliers (chapitre 47)[9].

À la fin du chapitre 47, Jacob est mourant. Il bénit alors un à un ses douze fils et leurs descendances, qui forment les douze tribus d'Israël, et demande à être enterré dans la tombe ancestrale (chapitres 48 et 49). Le chapitre 50 décrit l'enterrement de Jacob et s'achève sur la mort de Joseph[9].

Plan[modifier | modifier le code]

Place dans la Bible[modifier | modifier le code]

Double page d'un manuscrit médiéval, contenant au centre en enluminure le dessin d'un navire.
L'Arche de Noé, enluminure du Liber floridus (v. 1260). BNF, folio 45.

La Genèse est le premier livre de la Bible, tous canons confondus. Dans la Bible hébraïque, c'est le premier livre de la Torah (« la Loi »). Dans la Septante grecque, c'est le premier livre du Pentateuque (« cinq livres de Moïse »)[15]. Le texte ne contient que de très minimes différences entre les deux versions, les plus importantes se trouvant dans les chapitres traitant de chronologie (chapitres 5, 8 et 11)[16].

Dans le Pentateuque, la Genèse occupe une place particulière. Elle contient des parallèles avec le Deutéronome, puisque dans ces deux livres, l'avant-dernier chapitre contient une bénédiction des douze fils/tribus d'Israël. Ces bénédictions sont toutes deux prononcées juste avant leur mort par des figures emblématiques d'Israël : Jacob (Genèse chap. 49) et Moïse (Deutéronome chap. 33). De plus, le dernier discours de YHWH à Moïse (Deutéronome 34, 4) est une citation littérale de la promesse divine faite à Abraham en Gn 12,7[17].

La Genèse est une sorte de prélude à l'histoire du peuple d'Israël conduit par Moïse. Elle est particulière en ce sens que contrairement aux autres livres du Pentateuque, elle ne constitue pas une partie de la biographie de Moïse[18]. Elle est aussi très majoritairement composée de récits, alors que les autres livres du Pentateuque alternent les narrations et les lois[19]. Son style narratif peut être très élaboré[20]. Comme pour d'autres livres du Pentateuque, la Genèse contient certains textes poétiques, notamment Gn 27,27, Gn 29,39–40, et Genèse chapitre 49[21].

Il est fait référence aux idées développées dans la Genèse dans d'autres parties de la Bible. Par exemple, la création est souvent citée dans Isaïe, mais aussi dans les Psaumes, où l'Humain est présenté à l'image de Dieu[N 3]. Il y est fait aussi référence dans les Proverbes et dans Job. Dans le Nouveau Testament, Jean commence son évangile en faisant directement référence au récit de la création du monde. Les Épîtres aux Corinthiens font référence à l'homme créé à l'image de Dieu[N 4], et celle aux Romains à la misère provoquée par la réalité du péché[N 5],[22].

Structure[modifier | modifier le code]

La formule « et voici les générations » (hébreu : אֵלֶּה תּוֹלְדֹת, Éleh toledot) ou une variante, « voici le livre des générations », revient dix fois dans la Genèse. De nombreux exégètes proposent donc un découpage de la Genèse selon les dix sections introduites par ces formules appelées toledot[23]. Ce découpage est composé de deux parties principales, chacune étant divisée en cinq sous-sections[24],[25] :

  • l'histoire primitive (Genèse 1-11,26), comprenant :
    • prologue sans tolédot : premier récit sacerdotal de la création (1,1-2,4a),
    • histoire d'Adam et Ève (2,4-4,25),
    • histoire des Adamites (5,1-6,8),
    • histoire de Noé et du Déluge (6,9-9,29),
    • liste des descendants de Noé (10,1-11,9),
    • histoire des fils de Sem (11,10-26) ;
  • l'histoire patriarcale (Genèse 11,27-50), comprenant :
    • histoire de Térah et d'Abraham (11,27-25,11),
    • histoire d'Ismaël (25,12-18),
    • histoire d'Isaac (25,19-35,29),
    • histoire d'Esaü (36,1-43),
    • histoire de Jacob et de son fils Joseph (37,1-50).

Auteurs et datation[modifier | modifier le code]

Le livre de la Genèse ne mentionne aucune assignation à un auteur. Selon les traditions juives et chrétiennes[N 6], il fut dicté dans son intégralité — comme le reste de la Torah — par Dieu à Moïse sur le mont Sinaï. Cette idée vient sans doute du fait que nombre de lois contenues dans la Torah sont attribuées à Moïse, ce qui incite les premiers commentateurs bibliques à penser qu'il est l'auteur le plus probable du texte dans son intégralité[26].

Portrait peint d'un homme brun, habillé de façon austère d'un habit noir et portant un large col blanc.
Le philosophe Spinoza interroge au XVIIe siècle l'historicité de la Genèse.

Cependant, l'étude sémantique et linguistique des termes utilisés et les contradictions entre les différentes légendes qui s'y entremêlent amènent, avec par exemple Spinoza au XVIIe siècle, à remettre en question son historicité et l'unicité de son auteur[27]. En 1753, Jean Astruc défend ce point de vue en identifiant des sources diverses, qui se croisent et s'enchevêtrent, dans l'histoire des origines des onze premiers chapitres du livre[28]. À la fin du XIXe siècle, Julius Wellhausen propose un découpage du Pentateuque, et donc de la Genèse, en plusieurs documents, selon la théorie de l'hypothèse documentaire. Ce système est repris et développé après lui, et domine l'exégèse historico-critique jusque dans les années 1970[29]. Dès lors, le modèle traditionnel de Wellhausen est fortement remis en cause, mais les bases qu'il a jetées, c'est-à-dire le fait que le Pentateuque serait issu de plusieurs sources, restent d'actualité[30],[31].

Il existe aujourd'hui plusieurs théories concurrentes, dont l'hypothèse documentaire, la théorie des fragments et la théorie des compléments. Toutefois, la distinction entre les textes sacerdotaux (P) et non sacerdotaux (non-P) demeure un acquis fondamental. Les problèmes qui restent posés tournent donc autour des détails de mise en œuvre de ces textes[32]. De plus, quel que soit le modèle proposé, les chercheurs s'accordent pour affirmer que c'est à l'époque perse que la Torah (Pentateuque) est rassemblée en un texte unique (ère exilique et postexilique durant laquelle les exilés judéens fondent la province de Yehoud Medinata)[33].

La recherche actuelle s'interroge notamment sur la place de la Genèse dans l'ensemble du Pentateuque. En effet, ce livre se distingue du reste du Pentateuque par son style et les idées défendues. Certains chercheurs envisagent donc qu'il n'y a été inclus que tardivement[34]. Ainsi, la « théorie des fragments », qui implique une compilation tardive de traditions distinctes, refait surface. Cette théorie explique notamment pourquoi l'histoire de Joseph n'est pratiquement jamais mentionnée dans les parties historiques de la Bible. La raison de cette absence serait que ce « fragment », en tant qu'histoire indépendante, aurait été ajouté tardivement au reste. Il en est de même de l'histoire des origines (Genèse 1-11) qui semble totalement séparée du reste, sauf pour un raccord tardif en Genèse 12,1-3[35]. Dans cette optique, ce serait l'école sacerdotale qui aurait rassemblé ces fragments et ajouté des raccords pour en faire un ensemble cohérent[36].

Anachronismes[modifier | modifier le code]

Les autres livres de la Bible fournissent un nombre d'années qui se sont écoulées depuis les événements de la Genèse. Cette chronologie situe le récit des patriarches plus de 1 500 ans av. J.-C.[N 7], soit durant l'âge du bronze. Cependant, beaucoup d'historiens et spécialistes contemporains estiment que le texte n'a pu être composé que plus tard, à cause des anachronismes qu'ils identifient dans le récit[37]. Pour cette même raison, ils estiment qu'il ne peut être utilisé comme source historique concernant cette période[38].

Un des exemples souvent cités est la caravane de chameaux transportant des marchandises décrite dans l'histoire de Joseph (37,25)[39]. Cette description correspondrait à un commerce exercé au VIIIe ou au VIIe siècle av. J.-C. sous la surveillance de l'Empire assyrien[40]. Il n'existe en effet aucune mention de chameaux dans le Levant durant le IIe millénaire av. J.-C., et les fouilles n'ont mis au jour qu'un petit nombre d'ossements de cet animal pour cette période. Leur domestication s'opère progressivement pour atteindre un stade avancé durant le dernier tiers du IIe millénaire av. J.-C., et ils ne sont massivement utilisés que vers le VIIe siècle av. J.-C.[41].

La mention des Philistins, présentés comme installés dans la cité de Guérar sous la domination d'un roi (26,1)[42], est aussi considérée comme anachronique[43]. En effet, l'archéologie n'a trouvé que des traces d'établissement philistin en Canaan postérieures à 1200 av. J.-C.[44],[45], leurs villes prospérant lentement durant les siècles qui suivent. La cité de Guérar devient un centre important vers la fin du VIIIe ou au VIIe siècle av. J.-C., ce qui donne un indice supplémentaire laissant penser que le texte qui en parle est rédigé à cette époque[46]. La référence à la cité d'« Ur des Chaldéens » est aussi considérée comme anachronique, puisque les Chaldéens n'apparaissent en Mésopotamie que longtemps après l'époque patriarcale, soit vers le IXe siècle av. J.-C.[47],[48]. La ville n'est d'ailleurs nommée ainsi qu'à partir de la période néo-babylonienne[49]. De même, les rois édomites mentionnés en Genèse (chapitre 36) ne concordent pas avec les traces d'installation de ce peuple trouvées en Transjordanie, installation qui ne se produit qu'après le XIIIe siècle av. J.-C.[50],[51].

Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman concluent ainsi : « Ces anachronismes, et bien d'autres, indiquent que les VIIIe et VIIe siècles av. J.-C. ont été une période particulièrement active de composition du récit des patriarches[52]. »

Duplications et ruptures littéraires[modifier | modifier le code]

Comme souvent dans la Bible, le livre de la Genèse contient certains passages en double, voire en triple. Par exemple, il existe deux récits de création : le premier (Genèse 1,1-2,3) emploie exclusivement Elohim pour désigner Dieu, tandis que le second (Genèse 2,4-3,24) utilise exclusivement « YHWH Elohim »[50],[53]. On trouve de même deux chronologies et descriptions différentes du Déluge, l'une où Noé sauve un couple de chaque animal (Genèse 6,19-20), l'autre où il n'en sauve que sept des espèces pures (Genèse 7,2-3)[54],[55]. L'épisode où Abraham fait passer Sarah pour sa sœur au lieu de son épouse se retrouve lui aussi en plusieurs exemplaires : au chapitre 12, où Dieu est nommé YHWH, et au chapitre 20, où il est nommé Elohim[53],[56],[57]. L'histoire de l'expulsion d'Agar, la mère d'Ismaël, se retrouve de même en deux exemplaires, en Genèse 16,1-16 et 21,9-21[58]. Les noms des femmes d'Esaü donnés en Genèse 26,34 et 28,9 ne correspondent pas à ceux donnés en Genèse 36,2-3[55].

Le texte est aussi l'objet de ruptures littéraires. Par exemple, le récit de la vente de Joseph à Potiphar est interrompu à la fin du chapitre 37, pour reprendre au chapitre 39. Le chapitre 38, qui parle de Juda, coupe ce récit. Cela se reproduit avec le chapitre 49, qui interrompt en plein milieu l'histoire de Joseph et de son père mourant[59].

Ces duplications et ruptures littéraires confirment que la rédaction finale du Livre de la Genèse est, comme le Pentateuque, la compilation de différents écrits provenant de plusieurs sources ou l'ultime couche rédactionnelle venue réinterpréter ou réadapter un livre déjà constitué[60].

Couches rédactionnelles[modifier | modifier le code]

Albert de Pury et Christoph Uehlinger, dans l'Introduction à l'Ancien Testament, distinguent plusieurs couches rédactionnelles dans la Genèse :

  • la geste de Jacob non sacerdotale (anciennement nommée « JE ») qui vient vraisemblablement d'une tradition du royaume du Nord ; elle est produite dans sa version première à la suite de sa destruction vers 720 av. J.-C., au sanctuaire de Béthel (par exemple : Genèse 28,10-22 ; chap. 29-31 ; 32,23-33[61] ;
  • un récit pré-sacerdotal (l'ancien « Yahwiste »), qui produit sauf exceptions les textes en YHWH, vraisemblablement durant le VIe siècle av. J.-C.[62] ;
  • une relecture de ce récit (l'ancien « Yéhowiste ») qui l'amplifie considérablement, entre le Ve et le IVe siècle av. J.-C. ; exemples incluant le développement précédent : Genèse 2,4b-9a et 16-25 ; 4,1-24 ; 6,5-8 ; 8,6-13b ; 8,20-22[62] ;
  • un récit dit « sacerdotal » (P), qui produit les textes en Elohim[62] (incluant le cycle de Jacob[63]) et que la majorité des commentateurs considèrent comme une source autonome[62] ; par exemple Genèse 1,1-2,4a ; 5,1-32 ; 9,1-17 ; 17,1-27 (sauf verset 14)[64] ;
  • une rédaction (R) finale de l'ensemble à la fin du IVe ou au début du IIIe siècle av. J.-C.[65], incluant l'histoire de Joseph qui est écrite vraisemblablement entre le VIe et le IVe siècle av. J.-C.[66] ; par exemple : Genèse 6,1-4 ; 9,20-27 ; 11,1-9 ; 50,15-21 ;
  • des passages sont ensuite ajoutés tardivement ; par exemple Genèse chap. 38 ; chap. 49 (qui contient semble-t-il des matériaux plus anciens)[59].

Selon Ronald Hendel, certains passages comme Genèse chapitre 14 ou Genèse 49,2-27 sont indépendants, et proviennent donc vraisemblablement d'une source distincte de J, E ou P. En outre, certains spécialistes[N 8] ont noté que plusieurs promesses divines semblent appartenir à une strate séparée. Ces promesses ont donc vraisemblablement été ajoutées au texte combiné JE avant la rédaction sacerdotale (P)[67].

Pour Robert Alter, mis à part quelques rares exceptions, la rédaction finale du texte de la Genèse est d'une grande cohérence narrative, et les contradictions et répétitions du texte sont voulues. Le rédacteur final n'a donc selon lui pas assemblé de manière purement mécanique les traditions anciennes, mais a usé de techniques littéraires subtiles afin d'atteindre un but précis. Alter compare la rédaction de la Genèse à l'élévation d'une cathédrale de l'Europe médiévale, qui évolue au fil des siècles, mais dont l'état final est le résultat de la volonté délibérée des derniers bâtisseurs[68].

Historicité du récit[modifier | modifier le code]

Scène d'extérieur représentant un vieil homme qui maintient la tête d'un jeune garçon et s'apprête à le tuer avec un couteau, mais dont le geste est arrêté par un ange.
Abraham, figure historique ou légendaire ?
Le sacrifice d'Isaac, Caravage, v.1597-1598. Galerie des Offices (Florence).

Remise en cause de l'historicité[modifier | modifier le code]

La recherche historico-critique s'accorde aujourd'hui sur le fait que les 11 premiers chapitres de la Genèse ne constituent pas un récit historique et factuel des origines du monde. Il n'en fut pas ainsi de tout temps. Après Spinoza, Alfred Loisy, entre autres, a affirmé la non-historicité de ces chapitres dans la leçon de clôture de son cours d'exégèse biblique de l'année 1891-1892, et fut à l'origine de ce que l'on a appelé la « crise moderniste »[69].

Il est aujourd'hui largement accepté que l'histoire des patriarches provient d'une tradition orale plus ancienne. Cependant, même si cette tradition orale semble avoir préservé certains détails historiques, les évènements et les thèmes abordés reflètent en fait des préoccupations contemporaines de leur mise par écrit, qui est largement postérieure[70].

Par exemple, l'histoire de Joseph qui est élevé au-dessus de ses frères reflète vraisemblablement un temps où les tribus de Joseph (Ephraïm et Manassé) dominaient. Il est aussi possible que cette histoire s'inspire de celle des Hyksôs, qui portaient des noms ouest-sémitiques, et dominaient l'Égypte entre 1670 et 1570 av. J.-C. De même, la prépondérance de Jacob sur Ésaü dans le cycle de Jacob pourrait correspondre à la période durant laquelle Édom était un vassal d'Israël, entre le Xe et le milieu du IXe siècle av. J.-C.[70].

Ainsi, il faut voir les récits des patriarches non comme des comptes-rendus historiques, mais plutôt comme la personnification d'entités plus importantes comme des tribus ou des peuples. Ces récits reflètent en effet les relations qui existent entre les premières tribus d'Israël, ou durant l'établissement de la monarchie. C'est alors que se forme l'identité de la nation d'Israël, et par là même ses traditions communes[71]. Selon Albert de Pury, les histoires des patriarches contenues dans la Genèse semblent avoir été écrites par les hommes du Sud (Juda) pour revendiquer des droits sur le territoire du Nord (Israël)[72].

Selon Alan Ralph Millard, cette logique ne doit pas être appliquée aveuglément, car il semblerait plausible de voir en la tradition d'Abraham certains éléments biographiques d'un personnage ayant réellement existé au début du IIe millénaire av. J.-C., même s'il n'existe aucun élément du récit biblique interdisant que cette histoire ne se déroule des siècles plus tard[73]. Cela dit, la majorité des spécialistes estime qu'il ne reste dans la Genèse que peu ou pas du tout de mémoire d'événements datant de la période pré-israélite[74],[75],[76]. Ainsi, les spécialistes considèrent les récits sur Abraham comme en bonne partie légendaires et théologiques. Ils sont d'ailleurs écrits de nombreux siècles après l'époque supposée du personnage[77].

Comparaison avec les autres mythologies[modifier | modifier le code]

Photo montrant des morceaux de pierre assemblés, dont des pièces manquent, et marqués de signes gravés.
Tablette cunéiforme contenant l'épopée d'Atrahasis. British Museum.

En 1901, Hermann Gunkel publie Die Sagen der Genesis (Les Légendes de la Genèse), un commentaire sur la Genèse qui la met en perspective par rapport aux récits des cultures parallèles, dont celles de l'Assyrie et de Babylone. Dans ce commentaire, Gunkel répète en leitmotiv que « la Genèse est une collection de légendes », ce qui suscite la polémique à l'époque[78],[79],[80].

La polémique est nettement moins forte un siècle plus tard, un quasi-consensus s'étant dégagé sur cette question. L'étude des mythologies de l'Égypte (notamment la cosmogonie héliopolitaine), du Proche-Orient et de l'Asie Mineure montre en effet une très grande proximité entre la Genèse et d'autres récits mythologiques qui étaient vraisemblablement connus des rédacteurs bibliques, comme ceux de l'Enuma Elish (Genèse chap. 1)[81], d'Atrahasis (Genèse chap. 2)[82] ou de Gilgamesh (Genèse chap. 7)[83],[84]. L'histoire de la tour de Babel (Genèse chap. 11) semble aussi avoir des origines babyloniennes[85]. De plus, l'épisode où la femme de Potiphar tente de séduire Joseph est aussi très similaire à un récit égyptien datant du XIIIe siècle av. J.-C., le Conte des deux frères[86].

La vision du cosmos présente dans la Genèse est similaire à celle du Proche-Orient ancien. On y retrouve notamment les « eaux qui sont au-dessous du firmament »[N 9] ; les « écluses du ciel » et les « sources de l'abîme » qui s'ouvrent et jaillissent lors du Déluge[N 10] ; le Soleil, la Lune et les étoiles qui sont placés dans le firmament[N 11] ; et les « eaux » qui sont sous la Terre[N 12],[87].

Selon Mario Liverani, la description du jardin d'Éden ressemble fortement au paradis perse, et il situe donc le récit de Genèse chapitre 2 après l'Exil[88]. Il situe aussi l'écriture de la table des peuples (Genèse chap. 10) au VIe siècle av. J.-C., période qui voit fleurir ce genre de généalogies[89].

Thèmes[modifier | modifier le code]

La Genèse, qui se comprend mieux si l'on considère l'intégralité du Pentateuque, aborde diverses questions dont : la création du monde par Dieu ; la place de l'Humanité ; l'origine du mal ; les lois morales ; l'unité de la famille humaine ; la sélection divine de certains humains ; les alliances et les promesses faites par Dieu aux hommes ; et l'idée d'une intervention divine dans le cours de l'histoire humaine[90]. James McKeown identifie, quant à lui, comme thèmes principaux de la Genèse, la postérité, la bénédiction et la terre[91].

Plusieurs propositions ont été avancées concernant le thème central du cycle primitif (Genèse 1-11) : l'augmentation des péchés humains et la faveur divine ; la variété des péchés humains ; la diminution de l'« existence » (Dasein) des humains ; l'insolvable dualité entre l'humain et le divin ; et les limites propres à la très humaine « course pour la vie ». Le cycle d'Abraham s'organise, quant à lui, autour de deux thèmes principaux : son besoin d'un enfant et sa relation avec YHWH. Ces thèmes se retrouvent, dans une moindre mesure, dans le cycle de Jacob[92].

Dieu de la création[modifier | modifier le code]

Le thème de la création dans la Genèse est similaire à celui des cosmologies du Proche-Orient ancien. Il présuppose, comme chez les Égyptiens, un seul Dieu créateur, la différence principale étant que chez les Égyptiens, ce Dieu crée ensuite d'autres dieux qui sont aussi l'objet de vénération[90]. Le Dieu créateur de la Bible existe dès le début du récit. Il n'a pas d'histoire[93].

Pour les autres mythologies comme pour la Bible, la création est vue comme la victoire divine contre les forces du chaos. Le processus de création est divisé en deux groupes de trois jours. Les trois premiers jours sont consacrés à la préparation ou la création des éléments. Les trois suivants, ces éléments sont complétés ou peuplés de ceux qui les utilisent. Le septième jour est un jour consacré à Dieu seul[90]. Il ne s'agit pas d'une creatio ex nihilo, car préexiste le Tohu-ve-bohu (« vide et vague »), les ténèbres et un abîme (tehôm ou océan primordial, mot relié à la divinité babylonienne Tiamat). Il faut attendre le IIe siècle av. J.-C. pour voir écrire l'idée que Dieu aurait créé le monde ex nihilo (deuxième livre des Maccabées, 7, 28[N 13])[94].

La différence primordiale entre la cosmogonie de la Genèse et celle des autres civilisations comme l'ancienne Babylonie, semble résider dans le strict monothéisme du récit biblique, ainsi que dans sa relative simplicité. S'il est tentant de voir dans cette optique une polémique contre le polythéisme babylonien (il est possible de déduire que le « soleil » et la « lune » sont inclus dans la création des luminaires et ainsi non mentionnés dans le récit de la genèse, comme pour éviter qu'ils soient associés aux cultes païens de ces divinités), une pièce liturgique de Enuma Elish (tablettes VI 122 et VII 144) suggère que tous les dieux ne sont que des manifestations de Marduk, ce qui donnerait une orientation monothéiste au système de croyance babylonien[95]. De plus, le premier verset Berechit bara Elohim, littéralement « dans le commencement le(s) dieu(x) créa (créèrent) », rappelle que la forme Elohim se termine par la marque du pluriel -îm, ce qui peut désigner un pluriel de majesté, la cour céleste, mais aussi une survivance polythéiste chez les Hébreux[96]. Enfin le verset 27 « Dieu créa l'homme à son image ; c'est à l'image de Dieu qu'il le créa. Mâle et femelle furent créés à la fois »[N 14], est une construction littéraire répétitive qui peut être interprétée également comme une survivance polythéiste du couple divin, le dieu créateur avec sa parèdre (YHWH et Ashera) : Adam et Ève, dans une stratégie de substitution, remplacent les statues (« à son image » est issu de l'hébreu « selem » qui désigne aussi une statue) du couple divin et correspondent à une démocratisation de l'idéologie royale de la part de l'auteur biblique qui rédige ce passage à une époque où le royaume d'Israël n'existe plus[97].

Ce récit présente vraisemblablement les idées qui avaient cours en Judée sur la pré-histoire du peuple d'Israël, selon les connaissances de l'époque. Il peut aussi provenir de prêtres exilés à Babylone et qui ont eu connaissance des cosmogonies babyloniennes. À ce titre, excepté les interprétations concordistes, il n'est généralement plus question de l'associer à la science moderne[98].

Humanité[modifier | modifier le code]

peinture représentant deux personnages nus debout dans la nature, un homme barbu à gauche et une femme à droite, tournés l'un vers l'autre. La femme s'appuie sur un arbre autour duquel s'enroule un serpent.
Adam et Ève, couple fondateur de l'humanité selon le texte de la Genèse. Tableau de Rubens, v. 1597-1600, Rubenshuis (Anvers).

Contrairement au mythe d'Atrahasis, qui voit les humains comme les serviteurs de dieux mineurs, les humains sont présentés par la Genèse comme l'aboutissement de la création, créés à l'image de Dieu. C'est à eux seuls que sont confiés le soin et l'exploitation des ressources de la nature[90]. De plus, l'humanité est considérée comme dérivant d'un seul couple, Adam et Ève, puis de la seule famille de Noé, faisant donc de chaque humain le membre d'une grande famille[90].

Avant toute visée scientifique, le but du récit est surtout d'ancrer l'histoire de la nation d'Israël dans celle de l'humanité primitive, montrant par là même que cette nation est spécialement choisie par Dieu pour réaliser ses desseins[98].

Bénédictions, promesses divines et alliances[modifier | modifier le code]

Le Dieu de la Genèse est un Dieu de bénédictions et de promesses, deux thèmes majeurs de la théologie du livre. Dès le début de la création, le premier couple humain reçoit une bénédiction, qui s'étend ensuite à leurs descendants[99]. L'idée d'une lignée de personnes approuvées par Dieu, tels Noé, Abraham, Isaac et Jacob, est ensuite développée tout au long du livre. Elle trouve son apogée dans le fait que la nation d'Israël tout entière est finalement l'objet des promesses divines[90].

Tout au long du livre, des promesses sont faites pour divers sujets : avoir des descendants (19 fois), avoir des relations (10 fois) ou posséder de la terre (13 fois)[100]. Dieu établit des alliances avec ceux qu'il approuve. Il promet notamment à Abraham non seulement une postérité nombreuse, mais aussi une terre sur laquelle elle vivra : le pays de Canaan. À l'inverse, Dieu punit ceux qu'il considère comme coupables. Les épisodes du jardin d'Éden, du Déluge[98] et de Sodome et Gomorrhe en sont de parfaites illustrations[90].

Commentaires et interprétations[modifier | modifier le code]

Gravure d'un homme vu de face, vêtu d'une toge brodée de caractères hébreux, coiffé d'une sorte de tiare et portant un livre.
Philon d'Alexandrie, l'un des premiers commentateurs de la Genèse de l'ère chrétienne. Gravure d'André Thevet (1584).

Parmi les livres de l'Ancien Testament, la Genèse est l'un des livres qui sont les plus commentés[101].

Au Ier siècle, Philon d'Alexandrie écrit une série de commentaires sur la Genèse. S'y trouvent un traité sous forme de questions et de réponses, ainsi qu'un commentaire allégorique[102]. Il écrit aussi des traités sur Abraham et Joseph, et sans doute sur d'autres personnages de la Genèse, qui ont été perdus depuis[103].

La Genèse racontée différemment[modifier | modifier le code]

Initialement, la Genèse n'est pas tant commentée que racontée d'une manière différente. C'est le cas notamment dans le livre des Jubilés, un texte apocryphe datant du IIe siècle av. J.-C., qui raconte les récits de la Genèse et de l'Exode en y ajoutant des détails inédits[104]. D'autres récits antiques s'inspirent librement de la Genèse, tels le livre d'Hénoch (1 Hénoch) composé vraisemblablement entre le IIIe et le Ier siècle av. J.-C.[105]. Parmi les manuscrits de la mer Morte, l'Apocryphe de la Genèse reprend les récits sur les patriarches, le plus souvent en réécrivant le texte à la première personne du singulier. Contrairement au livre des Jubilés, il s'intéresse peu aux prescriptions légales de la loi juive. Il a une préoccupation marquée pour les détails géographiques des récits et insiste sur les émotions et la sensibilité des personnages. Comme le livre d'Hénoch et les Jubilés, il montre une fascination évidente pour les personnages de Noé et d'Hénoch[106].

À la fin du Ier siècle, Flavius Josèphe écrit une histoire primitive basée grandement sur la Genèse dans les Antiquités judaïques. Il semble utiliser les différentes versions du livre disponibles à l'époque, c'est-à-dire le texte massorétique et la Septante, mais aussi des traditions qu'on retrouve dans les targoumim[N 15] et d'autres sources, écrites ou orales[107]. Josèphe réécrit librement le livre, amplifiant, omettant ou réarrangeant certains passages. Il tente ainsi de le rendre plus accessible et attrayant pour le monde grec de l'époque[108].

Commentaires rabbiniques[modifier | modifier le code]

Tableau peint représentant un homme en habit religieux juif, recouvert d'un châle blanc et portant une kippa, qui lit un livre. Trois autres hommes lisent également à l'arrière-plan.
Adolf Behrman, Lecteurs du Talmud (Talmudyści), début du XXe siècle, Varsovie.

Parmi les plus anciens commentaires rabbiniques figure le midrash Bereshit Rabba (parfois appelé Genèse Rabba). Il s'agit d'une compilation tardive basée sur une œuvre palestinienne du Ve siècle, qui reprend elle-même des matériaux plus anciens[101]. Ce texte affirme notamment que la Torah est écrite avant même la création du monde par Dieu[109],[110].

En Europe, le plus ancien commentateur juif connu est Moshe hadarshan de Narbonne (début du XIe siècle). Dans son ouvrage sur la Genèse intitulé Bereshit Rabbati, il rassemble un grand nombre de midrashim tirés de l'ensemble de la littérature rabbinique ainsi que de la littérature pseudépigraphique (Hénoch, Jubilés, Testaments des douze patriarches)[111]. Dans la deuxième partie du XIe siècle, Rachi de Troyes produit un commentaire sur la Genèse, et plus largement sur tout le Pentateuque. Dans ce commentaire, il suit le texte pas à pas et cherche à expliquer le sens dit « littéral », en sélectionnant des passages de la littérature talmudique et midrashique. Il s'attache à résoudre les difficultés du texte, aussi bien celles de grammaire que celles de logique, de cohérence, de morale ou de théologie. Ce commentaire sera suivi de ceux de son petit-fils, le Rashbam, et de Joseph Bekhor Shor (XIIe siècle)[112]. En 1153, le Sefer HaYashar d'Abraham ibn Ezra traite aussi du Pentateuque dans son ensemble[113]. Contrairement à Rachi, Ibn Ezra n'utilise pas de midrash dans son explication, mais se concentre sur les aspects grammaticaux et littéraires du texte. Même s'il ne le fait pas explicitement, son commentaire implique une remise en cause du fait que la Torah soit l'œuvre de Moïse seul, suggérant que le texte a été écrit au fil du temps par plusieurs mains[114]. Au XIIe siècle, Moïse Maïmonide commente aussi largement la Genèse, y dégageant un sens allégorique[115].

Les rabbins, qui sont les garants de la loi juive, considèrent la Genèse comme une « anomalie » par le peu de loi qui s'y trouve, ce qui explique que ce n'est pas avant le Ve siècle qu'apparaît le Bereshit Rabba, première collection de commentaires rabbiniques sur ce livre. Si l'essentiel du livre est consacré à de la narration, c'est néanmoins dans la trame de ce récit que des lois essentielles apparaissent telles que le commandement de croître et se multiplier[116] ainsi que celui de pratiquer la circoncision[117] ; les rabbins, suivant l'avis du tanna Ben Bag-Bag — un élève de Hillel selon lequel en triturant le texte, on « pouvait tout y trouver » —, ont, à l'apogée de l'ère rabbinique, usé de la Genèse à la recherche d'inspiration voire de révélations[118].

Leurs interprétations peuvent être très variables, suivant le but recherché et l'audience ciblée. Ils essayent parfois de capturer ce qu'ils pensent être la plus simple interprétation de la Genèse. Parfois, ils l'utilisent comme un moyen pour se confronter à d'autres idéologies que la leur. Quel que soit le but recherché, ils n'hésitent pas à utiliser les méthodes herméneutiques en vogue dans les autres cultures[119].

Pour les rabbins, Dieu est comme un architecte, et se sert de la Torah comme d'un plan pour créer le monde[120]. Dieu ne crée pas ex nihilo jour après jour, mais crée tout ce qui existe dès le premier jour, puis ne fait que mettre ces choses à leur place les jours suivants. Contre l'avis des gnostiques, les rabbins réfutent aussi l'idée d'un démiurge ou d'anges ayant aidé Dieu dans sa tâche[121].

Le récit originel de la création pose quelques problèmes aux rabbins, notamment le fait que la lumière soit créée avant le Soleil, ou que l'Homme soit créé à l'image de Dieu mâle et femelle (chap. 1), puis d'abord mâle, et ensuite femelle (chap. 2). Diverses interprétations ésotériques sont proposées pour régler ces questions. Le Genèse Rabba explique par exemple que l'Homme est d'abord créé androgyne, puis séparé en deux créatures distinctes[122].

Avec l'avènement de l'Islam, les interprétations rabbiniques sur la Genèse deviennent plus complexes. La vision coranique des premiers prophètes, tels que Noé, Abraham, Ismaël ou Joseph, est différente de celle du judaïsme traditionnel, et les rabbins doivent désormais y répondre, en plus des points de vue chrétiens et gnostiques. Au IXe siècle, les Pirke de Rabbi Eliezer relatent l'histoire d'Abraham dans ce que l'auteur imagine comme son contexte historique, relisant la Genèse à travers le prisme des traditions islamiques[123]. Par exemple, lors du sacrifice d'Isaac, ce dernier se laisse faire. Il meurt puis est ressuscité, montrant ainsi, selon l'auteur, que la résurrection est bien présente dans la Torah[124].

La relation de Joseph avec son père Jacob est aussi abordée par les rabbins. Ils soulignent le fait que Joseph, bien que loin de son père, est très aimé par lui. Ils notent aussi que le nouveau nom de Jacob, Israël, est un nom théophore. Enfin, selon eux l'histoire de ces deux personnages est l'assurance pour tous les parents juifs que les enfants vont suivre leurs enseignements et rester dans le judaïsme[125].

De nos jours, la lecture littérale de la Torah et l'idée qu'elle soit d'inspiration divine sont majoritairement rejetées par les juifs, du moins aux États-Unis[126].

Commentaires chrétiens[modifier | modifier le code]

Au IIe siècle, Théophile d'Antioche écrit une apologie nommée À Autolycus, dont le principal sujet est la Genèse. Dans cette œuvre, il défend l'idée que Dieu est transcendant, et qu'il crée l'Univers à partir de rien. Il insiste sur les qualités de cœur et d'esprit qu'il faut avoir selon lui pour comprendre ces choses, et affirme que Dieu, en tant que créateur de l'Univers, est aussi capable de ramener les morts à la vie[127].

Au IVe siècle, le récit de la création en six jours (Hexaméron) fait l'objet des commentaires des pères de l'Église que sont Basile, Grégoire de Nysse et Ambroise[101]. Au début du Ve siècle, Augustin d'Hippone écrit lui aussi un traité de la Genèse : De Genesi ad litteram. Ce traité montre une grande prudence quant à l'interprétation à donner au livre, qui doit selon Augustin ne jamais être hasardeuse ou contredire la science, sous peine d'être ridiculisée par les non-croyants[128].

L'idée centrale que défendent les pères grecs de l'Église est que l'homme a été créé à l'image de Dieu, image qui est représentée selon eux par le Christ. En accord avec la philosophie de leur époque, les pères grecs de l'Église établissent que la destinée de l'homme est de s'assimiler à Dieu, dans un processus de déification. La chute d'Adam et Ève, dans leurs œuvres, explique la condition humaine. Le péché se perpétue continuellement en chacun, et seul le Christ peut mettre fin à ses conséquences en délivrant les hommes de la mort[129].

Pour Ambroise, qui s'inspire grandement de Philon, les récits des patriarches sont autant de modèles éthiques que tout chrétien devrait suivre. Mais les pères de l'Église y voient aussi le développement d'idées typiquement chrétiennes, comme la Trinité lorsque Abraham accueille trois invités au chêne de Mambré[N 16], le sacrifice de Christ préfiguré par celui d'Isaac[N 17], ou encore le calvaire et la trahison de Christ annoncés dans l'histoire de Joseph[130].

Même si, pour les Pères de l'Église, le texte est inspiré par Dieu, ils n'en ont pas une lecture fondamentaliste. Ils acceptent l'idée que la Genèse n'est pas un traité de cosmologie ou de science. Toutefois, ils voient en l'étude de ce livre une activité inspirée, qui permet à l'esprit du texte de parvenir jusqu'au lecteur[131].

Interprétation des fondamentalismes protestants[modifier | modifier le code]

Photographie en noir et blanc d'un homme âgé habillé en costume de ville, chauve et portant une longue barbe blanche.
Au XIXe siècle, les écrits scientifiques de Charles Darwin remettent radicalement en cause toute approche littérale du texte de la Genèse.

Le dogme chrétien se propose d'expliquer simplement pourquoi l'Humanité et ce qui l'entoure existent : Dieu l'a voulu et a tout créé à partir de rien[MA 1]. Ce dogme est la base de la doctrine créationniste. Jusque vers le milieu du XIXe siècle, la majorité de la littérature scientifique défend ainsi l'idée que chaque espèce est créée par Dieu et qu'elle ne change pas depuis sa création. À partir de Georges Cuvier, cette notion commence à être remise en cause et l'est de plus en plus fortement après les écrits de Charles Darwin[MA 2].

Au début du XXe siècle, la science transforme de plus en plus la compréhension du monde et de son origine, et le créationnisme, qui s'affirme alors contre l'évolutionnisme, perd du terrain. Une partie des chrétiens résiste cependant au nouveau consensus scientifique qui s'installe. Parmi eux se trouvent, entre autres, des fondamentalistes protestants. Défendant le principe de l'inerrance biblique, ils continuent d'affirmer que le récit de la Genèse, y compris la Création et le Déluge, présente des vérités historiques et scientifiques[MA 3].

Jusqu'au milieu du XXe siècle, les fondamentalistes protestants ont des difficultés à défendre leur point de vue face à la science, car très peu de scientifiques soutiennent leur cause. Cela change avec la publication en 1961 de The Genesis Flood (Le Déluge de la Genèse), de John C. Whitcomb et Henry M. Morris, livre qui défend l'idée d'un Déluge universel en avançant des arguments qui apparaissent comme scientifiques. Ce livre ouvre une nouvelle voie pour les fondamentalistes, qui utilisent de plus en plus la science ou la pseudo-science pour défendre leur point de vue[MA 4].

Avec la fondation en 1963 de la « Creation Research Society (en) », les fondamentalistes protestants se mettent d'accord sur ce qu'ils considèrent comme les points essentiels : la Genèse est un récit historique, les espèces ne se transforment pas, et le Déluge est universel[MA 5]. Ils considèrent leurs positions comme scientifiques, et se battent devant la justice américaine pour que leur point de vue soit enseigné dans les écoles, au même titre que l'évolution. Cependant, les a priori religieux de ces théories incitent généralement les pouvoirs publics à rejeter cette option[MA 6].

Pour les fondamentalistes, le texte de la Genèse signifie que l'humain est unique, qu'il détient le droit de peupler et de soumettre la Terre, que sa désobéissance constitue l'origine du mal, et qu'il a l'obligation de travailler dur en punition de ses péchés[MA 7]. Ce récit oriente également leurs points de vue sur le mariage et la famille, la sexualité, la soumission des femmes, l'observance du Sabbat, la justice et la peine capitale, tout cela s'inscrivant dans une structuration morale de la société. Ainsi, c'est toute leur vision du monde qui dépend de la question de l'historicité du récit[MA 7].

Interprétation catholique contemporaine[modifier | modifier le code]

Pour l'Église catholique contemporaine, à la différence des lectures créationnistes ou fondamentalistes, la théorie de l'évolution de Charles Darwin et la théorie du Big Bang, modélisée par le prêtre catholique Georges Lemaître[132], sont à considérer comme des questions de science et non de théologie[133] ; ainsi, à la suite de différents papes contemporains depuis Pie XII, le pape François explique en 2014 que si le Big Bang est bien à l'origine du monde, il « n'annule pas l'intervention d'un créateur divin » et que le monde n'est pas né du chaos mais de la volonté divine[132].

Interprétation protestante[modifier | modifier le code]

Interprétation coranique et islamique[modifier | modifier le code]

Parmi les premiers commentateurs coraniques les plus importants figurent Muqatil Ibn Sulayman (VIIIe siècle) et al-Tabari (Xe siècle)[134].

Au XIe siècle, le commentateur coranique al-Tha'labi écrit La vie des prophètes, dans lequel il explique dès l'introduction que leurs histoires servent de modèle au prophète Mahomet, et qu'elles offrent des instructions morales, assurant ceux qui suivent l'enseignement de Mahomet qu'ils seront récompensés s'ils se montrent droits et justes[134].

Au XIVe siècle, l'imam Isma‘îl Ibn Kathir écrit Les Histoires des Prophètes, un commentaire sur le Coran dont la première moitié est consacrée à des personnages de la Genèse, notamment Adam et Ève et leurs fils, Hénoch, Noé et ses fils, Abraham et ses fils, Loth, Jacob et Joseph[135].

Contrairement aux juifs et aux chrétiens, la tradition islamique n'accepte pas le statut canonique de la Genèse. Elle affirme qu'elle a été falsifiée et que le message divin qu'elle a pu contenir a été déformé ou altéré. Dans cette optique, seul le Coran est la véritable parole de Dieu. Les sources islamiques ne sont donc pas des interprétations sur la Genèse, mais puisent plutôt leurs racines dans les histoires et légendes qui parcourent l'Arabie de leur temps[136]. Ainsi, l'on retrouve dans les histoires islamiques des patriarches les thèmes qui sont développés dans le Coran, comme la dépendance de l'Humanité face à un Dieu omniscient et magnanime, les machinations de Satan pour asservir les humains et les pousser au péché, ou encore les récompenses et punitions qui attendent l'Humanité au jour du jugement dernier[137].

L'histoire d'Adam (Âdam) et d'Ève (Hawwâ’) présentée dans le Coran diffère de celle de la Genèse. Adam y est présenté comme un messager, auquel Allah révèle certaines choses[138]. Contrairement au récit biblique où Adam rejette la faute sur Ève qui blâme ensuite le serpent, le Coran présente le péché comme une faute collective et le premier couple demande pardon à Dieu d'une seule et même voix[139]. Les conséquences du péché ne sont pas aussi catastrophiques que dans la Genèse, où le premier couple est condamné à de multiples maux et chassé du jardin d'Éden. Dans le Coran, la condition humaine est similaire avant et après la faute du premier couple humain et l'accent est mis sur l'importance de suivre les commandements divins et sur le pardon que Dieu offre à ceux qui font œuvre de repentance[140].

Le Coran présente Noé (Nūḥ) comme un prophète qui prêche sans relâche, mais qui n'est pas écouté et qui subit de nombreux outrages. Selon certains commentaires coraniques, il est même battu et laissé pour mort dans sa propre maison. Contrairement au récit biblique, tous ses fils ne sont pas sauvés mais seuls ceux qui sont croyants et justes. Noé a beau implorer Dieu de sauver l'un de ses fils, le jugement divin est sans appel : celui-ci est coupable et ne fait donc plus partie de sa famille[141].

Abraham (Ibrahim) est un personnage biblique très important pour l'islam. En effet, il est présenté par la tradition coranique comme le premier à vouloir imposer un monothéisme strict, ce qui lui vaut d'être jeté dans une fournaise, où Dieu le sauve. L'islam voit Abraham comme celui qui instaure le pèlerinage de la Kaaba, à la Mecque. En cela, il est considéré comme le précurseur de Mahomet. Dans le Coran, c'est Ismaël et non Isaac qui est presque sacrifié par Abraham[142].

Joseph (Yūsuf) est aussi considéré comme un personnage de première importance dans le Coran, qui lui consacre une sourate entière[N 18],[143]. Il est présenté comme un modèle de vertu, qui reste ferme face à l'adversité, qui résiste aux tentations féminines, qui dit toujours la vérité et qui endure la souffrance que ses frères lui font subir sans montrer ensuite aucune rancune. Son histoire, qui est très similaire à celle de la Genèse, est présentée par l'islam comme un modèle à suivre. Cependant, il est aussi rappelé que c'est Dieu qui lui fournit à tout instant sa sagesse et sa connaissance, et qui interprète les rêves[144].

Tentatives de datation de la Création[modifier | modifier le code]

Sur la base des généalogies (toledot) et de l'âge des personnages dans le livre de la Genèse et des parties ultérieures de la Bible, les érudits religieux juifs et chrétiens ont estimé la datation de la Création du monde, nommée Anno Mundi, en employant une interprétation au sens littéral[145],[6]. Cette approche donne des résultats différents, suivant le texte choisi et le point de repère utilisé. Les textes diffèrent selon le tableau suivant[146] :

Texte De la création au Déluge Du Déluge à Abraham Total
Texte massorétique 1 656 années 292 années 1 948 années
Septante Alexandrinus 2 262 années 1 072 années 3 334 années
Septante Vaticanus 2 242 années 1 172 années 3 414 années
Pentateuque samaritain 1 307 années 942 années 2 249 années

Selon Christoph Uehlinger, c'est en 164 av. J.-C. qu'apparaît le système de chronologie qui permet de dater la création en l'an 2666 avant l'Exode, 3146 avant la dédicace du Temple par Salomon et 4000 avant la dédicace de l'autel purifié par Judas Maccabée[6]. Ce comput diffère du calendrier juif actuel, qui remonte à la réforme de 344 mise en œuvre par Hillel II[6].

Un autre point de désaccord est la détermination de la durée de chacun des six jours de création. Selon une lecture littérale du texte, il est logique de penser qu'il s'agit de jours de 24 heures. Le terme yôm utilisé dans le récit fait naturellement référence à un jour de la semaine[147]. Cette idée est défendue par les « créationnistes Jeune-Terre ». D'un autre côté, les créationnistes Vieille-Terre pensent que les jours ont une durée beaucoup plus longue[145]. Dans une optique concordiste, ils défendent l'idée que le récit de la Genèse est compatible avec la datation géologique de la Terre[148].

L'âge de la Terre est, selon les connaissances scientifiques actuelles, de 4,5 milliards d'années. Les créationnistes Jeune-Terre, majoritairement des évangéliques, soutiennent que le ciel et la Terre ont été créés il y a environ 6 000 ans, quitte à affirmer que Dieu lui-même aurait créé ces « preuves » de toutes pièces. Certains créationnistes Vieille-Terre[N 19] ont tenté d'influencer la position évangélique sur cette question, mais leurs tentatives se sont révélées vaines[MA 8]. Dans l'optique évangélique, la Bible est véridique et prend la priorité sur toute interprétation de la nature, et ce dogme doit rester valable quoi qu'il en coûte, quitte à réécrire l'histoire et reconsidérer la science[MA 9].

Lectures traditionnelles juives[modifier | modifier le code]

La tradition juive propose une lecture régulière et structurée de la Torah. En Terre d'Israël, elle est divisée en 155 portions et sa lecture prend trois années. En Babylonie, la Torah est divisée en 54 sections hebdomadaires et sa lecture complète prend un an[149],[150]. Au XIIe siècle, les 54 sections déterminées en Babylonie sont précisément fixées par Moïse Maïmonide, qui se fonde sur le Codex d'Alep[151].

La Genèse forme les douze premières parashiyot hebdomadaires, lues chaque année dans les synagogues à partir de la fête de Sim'hat Torah[152] : Bereishit (1,1-6,8), Noa'h (6,9-11,32), Lekh Lekha (12,1-17,27), Vayera (18,1-22,24), Hayye Sarah (23,1-25,18), Toledot (25,19-28,9), Vayetze (28,10-32,3), Vayishla'h (32,4-36,43), Vayeshev (37,1-40,23), Miketz (41,1-44,17), Vayigash (44,18-47,27), Vaye'hi (47,28-50,26)[153]. Ce cycle annuel de lecture est celui en usage aujourd'hui[154].

Évocations dans l'art[modifier | modifier le code]

Littérature et bande dessinée[modifier | modifier le code]

Peinture d'un homme et une femme nus, entourés d'animaux, qui se tiennent debout de part et d'autre du tronc d'un pommier chargé de fruits. Ils tiennent ensemble une pomme à la main.
Adam et Ève par Lucas Cranach l'Ancien (1526).
Peinture d'un groupe d'hommes à l'aspect primitif, seulement vêtus de pagnes et marchant dans le désert. Un vieil homme ouvre le chemin, et derrière lui quelques hommes portent un lourd brancard sur lequel se tient une femme avec deux jeunes enfants endormis.
Caïn (1880), tableau de Fernand Cormon d'après La Légende des siècles (Musée d'Orsay, Paris).

La Genèse propose des thèmes fondamentaux pour de nombreuses œuvres littéraires. Dès le XIIe siècle, son action est reprise par un auteur anonyme pour écrire Le Jeu d'Adam[155]. En 1578, le poète gascon Du Bartas écrit La Sepmaine, un poème encyclopédique sur la création du monde. Dans le poème Le Paradis perdu (1667) John Milton se sert rigoureusement des paroles de la Genèse[156]. Victor Hugo s'inspire librement de la Genèse dans le poème La Conscience, de La Légende des siècles (1859-1883)[157].

Après le Déluge, le premier poème des Illuminations d'Arthur Rimbaud (1872-1875), reprend lui aussi l'inspiration du mythe biblique. Écrite en 1927 par Paul Claudel, la pièce de théâtre Le Livre de Christophe Colomb fait également de nombreuses références au livre de la Genèse[158], de même que La Genèse et Adam et Ève (1997) de Jean Grosjean[réf. nécessaire].

La bande dessinée s'empare aussi du livre de la Genèse, comme Robert Crumb qui en 2009 publie La Genèse, en tête des ventes de comics durant plusieurs semaines[159].

Peinture et sculpture[modifier | modifier le code]

Peinture d'une immense tour inachevée, culminant dans les nuages.
La Tour de Babel par Pieter Brueghel l'Ancien.

Adam et Ève, ainsi que le jardin d'Éden, sont des thèmes récurrents en peinture. L'une des plus fameuses de ces œuvres est La Création d'Adam, peinte par Michel-Ange sur le plafond de la chapelle Sixtine[160]. Les œuvres de Lucas Cranach l'Ancien en sont aussi un exemple. Marc Chagall peint notamment Adam et Eve (1912) et Dieu crée l'homme (1930).

La tour de Babel, le Déluge et le sacrifice d'Isaac sont aussi souvent illustrés. La Tour de Babel est notamment peinte par Pieter Brueghel l'Ancien. Le Déluge est représenté, entre autres, par Gustave Doré, Léon Comerre et Francis Danby. Le Caravage peint Le Sacrifice d'Isaac.

Johann Friedrich Overbeck peint aussi des scènes de la Genèse, comme Abraham et les trois anges et Le songe de Joseph[161]. Au XVe siècle, la scène d'Abraham et des trois anges est peinte aussi par Andreï Roublev. Ce tableau est nommé l'Icône de la Trinité. En 1863, Eugène Delacroix illustre en peinture La lutte de Jacob et de l'Ange[162].

De nombreuses cathédrales représentent aussi diverses scènes tirées de la Genèse. En France, le portail nord de la cathédrale de Chartres présente des sculptures inspirées de la Genèse ; la cathédrale Saint-Étienne d'Auxerre contient une verrière représentant la Création et le péché originel (baie 21) ; la cathédrale de Cahors, quant à elle, représente la Genèse sur sa frise du massif occidental, de même que la cathédrale de Nantes.

Musique[modifier | modifier le code]

La Genèse a inspiré de nombreuses œuvres musicales.

Le Chaos a été mis en musique par un compositeur français du baroque, Jean-Féry Rebel qui ouvre ses Élémens (1737). L'œuvre commence par une sorte de cluster dissonant. La Création est un oratorio de Joseph Haydn écrit entre 1796 et 1798, qui présente la création de l'univers tel que décrit dans la Genèse. L'ouverture est célèbre pour sa description de l'univers chaotique.

En 1744, Georg Friedrich Haendel écrit l'oratorio Joseph et ses frères[163]. L'épisode est ensuite repris par Méhul en 1807 pour son opéra Joseph, dont plusieurs airs sont restés célèbres et Richard Strauss pour un ballet, La légende de Joseph (Josephslegende) en 1914.

Le Déluge, op. 45 de Camille Saint-Saëns, est aussi un oratorio composé en 1876[164]. Le prélude est assez souvent joué indépendamment au concert.

Théodore Dubois publie l'oratorio Le Paradis perdu en 1878 ou 1879[165].

Entre 1917 et 1922, Arnold Schönberg écrit L'Échelle de Jacob[163], un oratorio pour solistes, chœur et orchestre, qui restera inachevé. Entre 1933 et 1934, Igor Markevitch écrit Le Paradis Perdu, un oratorio sur le thème de la chute d'Adam et Ève. Igor Stravinsky écrit en 1944 une cantate du nom de Babel[163].

Genesis Suite (en), une œuvre collective de 1945 pour orchestre et voix, est créée par sept compositeurs, dont Arnold Schönberg et Darius Milhaud[166]. Noye's Fludde (Le Déluge de Noé) est un opéra de Benjamin Britten créé le .

Le nom du groupe de métal Avenged Sevenfold fait référence à la Genèse (plus précisément au meurtre d'Abel).

Cinéma et télévision[modifier | modifier le code]

La Bible fournit très tôt une source d'inspiration pour le cinéma. Si les premiers films bibliques s'intéressent davantage à Jésus-Christ puis à Moïse, des épisodes de la Genèse sont portés à l'écran dès 1912. Cette année-là sort un film racontant l'histoire d'Adam et Ève. En 1929, c'est Noé qui apparaît dans un film à succès. Lorsque le cinéma devient parlant, se tourne en 1936 Les Verts Pâturages, film qui retrace plusieurs épisodes de l'Ancien Testament et qui est l'un des rares à être joué uniquement par des noirs[167].

Après un déclin dans les années 1930 et 1940, le film biblique revient sur les écrans à partir des années 1950. En 1962 sort au cinéma Sodome et Gomorrhe, de Robert Aldrich. Le film s'inspire librement des chapitres 18 et 19 de la Genèse[168]. En 1966, John Huston réalise La Bible, qui raconte les vingt-deux premiers chapitres de la Genèse. Dino De Laurentiis prévoit même d'en faire le premier d'une longue série de films bibliques, mais les autres films, trop coûteux, ne seront finalement jamais réalisés. À l'époque, c'est la première fois qu'un film américain à gros budget présente des acteurs nus[169].

La télévision n'est pas en reste et entre 1994 et 1995, la chaîne américaine TNT réalise plusieurs téléfilms sur la Genèse, dont Genesis: The Creation and the Flood (La Genèse : la création et le Déluge), Abraham, Jacob et Joseph. En 2000, le téléfilm américain en deux parties Au commencement…, de Kevin Connor a pour ambition de retracer le début de la Genèse et de l'Exode[170]. Le film biblique à grand spectacle revient au cinéma en 2014, avec Noé, qui est librement inspiré du Déluge biblique.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Sur le récit des origines (Gn 1-11)[modifier | modifier le code]

Voir Genèse 1-11 : Vue d'ensemble de la composition littéraire sur bible-service.net
  • Matthieu Richelle, Comprendre Genèse 1-11 aujourd'hui, Excelsis, Edifac, collection La Bible et son message, novembre 2013
  • André Wénin, D'Adam à Abraham, ou les errances de l'humain : Lecture de Genèse 1:1-12:4, Cerf, 2007, 252 p. (ISBN 978-2-204-08181-8)
  • André Wénin, « Humain et nature, femme et homme : différences fondatrices ou initiales ? Réflexions à partir des récits de création en Genèse 1-3 », Recherches de science religieuse, juillet-sept. 2013/3 (lire en ligne)

Recherche[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Théologie[modifier | modifier le code]

  • André Wénin, Abraham ou l'apprentissage du dépouillement, Gn 11:27-25:18, Cerf, 2016
  • André Wénin, Joseph ou l'invention de la fraternité. Lecture narrative et anthropologique de Genèse 37–50, coll. « Le livre et le rouleau » n° 21, Bruxelles, Lessius, 2005, 352 p.
  • (en) Cardinal Joseph Ratzinger, 1995, In the Beginning, Edinburgh, (ISBN 978-0-80284-106-3)
  • Pierre Gibert, La Genèse, livre universel de fondations

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Texte intégral[modifier | modifier le code]

Études[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Les chronologies de Jérôme de Stridon et de James Ussher situent Moïse au XVIe siècle av. J.-C. Le judaïsme rabbinique le situe au XIIIe siècle av. J.-C.
  2. Le verset 1 du chapitre 1 de la Genèse débute en hébreu par cette phrase : בְּרֵאשִׁית, בָּרָא אֱלֹהִים, אֵת הַשָּׁמַיִם, וְאֵת הָאָרֶץ « Bereshit bora Elohim eth ha-shamaim v'eth ha-arets » (Au Commencement, Dieu créa le Ciel et la Terre).
  3. Psaumes 8,6.
  4. 1 Corinthiens 11,7 ; 2 Corinthiens 3,18 ; 4,6.
  5. Romains 1,18 - 3,20.
  6. Traditions reçues entre autres par Philon, Josèphe, la Mishna et le Talmud.
  7. Le livre de l'Exode succède chronologiquement à la Genèse et débute par la naissance de Moïse, 80 ans avant l'exode (Exode 7,7). Ensuite s'ajoutent 480 années qui séparent l'exode et la construction du temple par le roi Salomon (1 Rois 6,1), lequel aurait régné durant le Xe siècle av. J.-C.
  8. Notamment Hoftijzer, Westermann et Emerton.
  9. Genèse 1,6-7.
  10. Genèse 7,11 ; 8,2.
  11. Genèse 1,14-17.
  12. Genèse 1,6-7 ; 7,11.
  13. 2M 7,28 dans la Bible Crampon.
  14. Gn 1,27 dans la Bible Segond, Genèse 1:27 dans la Bible du Rabbinat.
  15. Targoum Onkelos et Targoum Pseudo-Jonathan.
  16. Genèse chap. 18.
  17. Genèse chap. 22.
  18. La sourate 12, dite « Sourate de Joseph ».
  19. Daniel Wonderly, notamment.

Références[modifier | modifier le code]

Ouvrages[modifier | modifier le code]

  • (en) Martin E. Marty et R. Scott Appleby, Fundamentalisms and Society: Reclaiming the Sciences, the Family, and Education, 1993
  1. p. 42.
  2. p. 42-44.
  3. p. 44-46.
  4. p. 46-48.
  5. p. 49.
  6. p. 50-51.
  7. a et b p. 52.
  8. p. 58-59.
  9. p. 62-63.

Autres sources[modifier | modifier le code]

  1. a et b Ronald S. Hendel, « Book of Genesis », The Anchor Yale Bible Dictionary, vol. 2, p. 933.
  2. Encyclopaedia Judaica, p. 440.
  3. Christophe Uehlinger, Introduction à l'AT, p. 198.
  4. Genese 1:11 dans la Bible du Rabbinat.
  5. Jean-Daniel Macchi, « Abécédaire de l’Ancien Testament », Présence Protestante, no 8,‎ , p. 16.
  6. a b c et d Christoph Uehlinger, Introduction à l'AT, p. 198.
  7. a b c d e et f Albert de Pury, Introduction à l'AT, p. 217-218.
  8. a et b Albert de Pury, Introduction à l'AT, p. 219-220.
  9. a b c et d Christoph Uehlinger, Introduction à l'AT, p. 242-243.
  10. Genese 2:15 dans la Bible du Rabbinat.
  11. a et b Christoph Uehlinger, Introduction à l'AT, p. 200-201.
  12. Christoph Uehlinger, Introduction à l'AT, p. 202.
  13. Christoph Uehlinger, Introduction à l'AT, p. 200, 202.
  14. a b et c Albert de Pury, Introduction à l'AT, p. 220.
  15. Albert de Pury, Introduction à l'AT, p. 20-21.
  16. (en) Victor P. Hamilton, The Book of Genesis: Chapters 1-17, p. 74.
  17. Albert de Pury, Introduction à l'AT, p. 138.
  18. Albert de Pury, Introduction à l'AT, p. 138-139.
  19. Comment lire le Pentateuque, p. 15.
  20. Comment lire le Pentateuque, p. 65.
  21. Comment lire le Pentateuque, p. 19.
  22. Comment lire le Pentateuque, p. 355-356.
  23. Le découpage par toledot est présenté entre autres par :
  24. André Paul, Livre de la Genèse, Encyclopædia Universalis [lire en ligne].
  25. (en) Victor P. Hamilton, The Book of Genesis: Chapters 1-17, p. 8-9.
  26. (en) Raymond B. Dillard, An Introduction to the Old Testament, Zondervan, (lire en ligne), p. 39.
  27. Thomas Römer, Introduction à l'AT, p. 141.
  28. Christoph Uehlinger, Introduction à l'AT, p. 197.
  29. Introduction à l'AT, p. 143.
  30. Introduction à l'AT, p. 154-156.
  31. Encyclopaedia Judaica, p. 442 : « Despite the diversity of contemporary critical opinion there is no returning to the pre-critical position of Mosaic authorship. » : Malgré la diversité des opinions critiques contemporaines, il n'y a pas de retour à la position d'avant la critique d'une rédaction par Moïse.
  32. Christophe Nihan et Thomas Römer, Introduction à l'AT, p. 158.
  33. Christophe Nihan et Thomas Römer, Introduction à l'AT, p. 175-176.
  34. Christophe Nihan et Thomas Römer, Introduction à l'AT, p. 159-160.
  35. Christophe Nihan et Thomas Römer, Introduction à l'AT, p. 160-162.
  36. Christophe Nihan et Thomas Römer, Introduction à l'AT, p. 164-165.
  37. Sur l'évolution de la recherche, voir par exemple (en) Marc Zvi Brettler, How to Read the Bible, Jewish Publication Society, , p. 20 et suiv. ou (en) Megan Bishop Moore et Brad E. Kelle, Biblical History and Israel's Past : The Changing Study of the Bible and History, Wm. B. Eerdmans, , p. 57 et suiv.
  38. Jean-Daniel Macchi, « Histoire d'Israël : Des origines à l'époque babylonienne », dans Introduction à l'AT, p. 58.
  39. Gn 37,25.
  40. La Bible dévoilée, p. 67.
  41. Ce point de vue est soutenu par de nombreux chercheurs. Voir notamment (en) Roland de Vaux, Early History of Israel, 1978, p. 223-225 ; (en) John Van Seters, Abraham in History and Tradition, 1975, p. 17 ; (en) Nadav Naʼaman, Canaan in the Second Millennium B.C.E., Eisenbrauns, (lire en ligne), p. 324-325 ; Juris Zarins, « Camel », dans The Anchor Yale Bible Dictionary, vol. 1, p. 826 ; (en) Lidar Sapir-Hen et Erez Ben-Yosef, « The Introduction of Domestic Camels to the Southern Levant : Evidence from the Aravah Valley », Tel Aviv, vol. 40, no 2,‎ , p. 277-285 (lire en ligne) ; (en) Mark W. Chavalas, Mesopotamia and the Bible, 2002, p. 280.
  42. Gn 26,1.
  43. H. J. Katzenstein, « Philistines », dans The Anchor Yale Bible Dictionary, vol. 5, p. 326.
  44. Trude Dothan, « Philistines », dans The Anchor Yale Bible Dictionary, vol. 5, p. 328.
  45. Encyclopaedia Judaica, p. 441.
  46. La Bible dévoilée, p. 68.
  47. Richard S. Hess, « Chaldea (Place) », dans The Anchor Yale Bible Dictionary, vol. 1, p. 886-887.
  48. Gerald Messadie, Jacob, l'homme qui se battit avec Dieu, vol. 2, L'Archipel, (ISBN 978-2-35287-279-5, lire en ligne), p. 272.
  49. Robert Kugler et Patrick Hartin, An Introduction to the Bible, p. 64.
  50. a et b (en) Victor P. Hamilton, The Book of Genesis: Chapters 1-17, p. 15.
  51. Burton MacDonald, « Edom (Place) », dans The Anchor Yale Bible Dictionary, vol. 2, p. 289.
  52. La Bible dévoilée, p. 69.
  53. a et b Michel Langlois, « Enquête sur la naissance de la Bible », Le Monde de la Bible,‎ , p. 50.
  54. Christoph Uehlinger, Introduction à l'AT, p. 203-204.
  55. a et b Encyclopaedia Judaica, p. 440-442, « Composition – The Critical View », « Duplications ».
  56. R. Norman Whybray, The Making of the Pentateuch: A Methodological Study, 1987, p. 76.
  57. Selon Félix García López, ce récit est en fait composé de trois parties interrompues par d'autres textes : Genèse 12,10-20 ; 20,1-18 ; 26,1-11. - Comment lire le Pentateuque, p. 28.
  58. R. Norman Whybray, The Making of the Pentateuch: A Methodological Study, 1987, p. 75.
  59. a et b Christoph Uehlinger, Introduction à l'AT, p. 248.
  60. (en) André Wénin, Studies in the Book of Genesis : Literature, Redaction and History, Peeters Publishers, , p. 93.
  61. Albert de Pury, Introduction à l'AT, p. 227, 230.
  62. a b c et d Christoph Uehlinger, Introduction à l'AT, p. 204-206.
  63. Christoph Uehlinger, Introduction à l'AT, p. 227.
  64. Albert de Pury, Introduction à l'AT, p. 224-225.
  65. Christoph Uehlinger, Introduction à l'AT, p. 207.
  66. Christoph Uehlinger, Introduction à l'AT, p. 247-248.
  67. Ronald S. Hendel, « Book of Genesis », The Anchor Yale Bible Dictionary, vol. 2, p. 936.
  68. Robert Alter, Genesis: Translation and Commentary, p. xlii-xliii.
  69. Georges Minois, L'Église et la science, Histoire d'un malentendu, de Galilée à Jean-Paul II, Fayard, p. 267-268.
  70. a et b (en) Ronald S. Hendel, « Book of Genesis », The Anchor Yale Bible Dictionary, vol. 2, p. 939.
  71. Ronald S. Hendel, « Book of Genesis », The Anchor Yale Bible Dictionary, vol. 2, p. 940.
  72. Albert de Pury et Thomas Römer, Le Pentateuque en question, Labor et Fides, 2002, p. 184.
  73. Alan Ralph Millard, « Abraham (Person) », The Anchor Yale Bible Dictionary, vol. 1, p. 40.
  74. Ronald Hendel, « Historical context », dans The book of Genesis, p. 64 (Evans, Lohr et Petersen 2012).
  75. Albert de Pury et Thomas Römer, Le Pentateuque en question, Labor et Fides, 2002, p. 269-270.
  76. Introduction de Thomas Römer dans Comment lire le Pentateuque, p. 7-8.
  77. Comment lire le Pentateuque, p. 22.
  78. Thomas Römer, « La formation du Pentateuque selon l'exégèse historico-critique », p. 6-7.
  79. Encyclopedia Judaica, « Bible », « Gunkel and 'Form' Criticism ».
  80. Jean Louis Ska traduit cela en disant que la Genèse est une « collection de récits populaires » - Jean Louis Ska, Introduction à la lecture du Pentateuque : clés pour l'interprétation des cinq premiers livres de la Bible, Lessius, 2000, p. 257.
  81. Robert Kugler et Patrick Hartin, An Introduction to the Bible, 2009, p. 53.
  82. Christoph Uehlinger, Introduction à l'AT, p. 209-212.
  83. La Bible et l'invention de l'histoire, p. 320-323.
  84. Creation, Un-creation, Re-creation, p. 12-14.
  85. La Bible et l'invention de l'histoire, p. 323-325.
  86. Pierre Bordreuil et Françoise Briquel-Chatonnet, « Enquête sur la naissance de la Bible », Le Monde de la Bible,‎ , p. 43.
  87. Robert Kugler et Patrick Hartin, An Introduction to the Bible, 2009, p. 54.
  88. La Bible et l'invention de l'histoire, p. 327.
  89. La Bible et l'invention de l'histoire, p. 329-330.
  90. a b c d e f et g Encyclopaedia Judaica, p. 445-447, « The Major Themes and Teachings ».
  91. (en) James McKeown, 2008, Genesis, p. 4.
  92. Ronald S. Hendel, « Book of Genesis », The Anchor Yale Bible Dictionary, vol. 2, p. 937-938.
  93. Comment lire le Pentateuque, p. 71.
  94. Michel Quesnel, Philippe Gruson, La Bible et sa culture. Ancien testament, Desclée de Brouwer, , p. 43.
  95. Michel Quesnel, Philippe Gruson, La Bible et sa culture. Ancien testament, Desclée de Brouwer, , p. 44.
  96. Jacques Guillet, Vocabulaire de théologie biblique, Cerf, , p. 216.
  97. Thomas Römer, Dieu obscur. Cruauté, sexe et violence dans l'Ancien Testament, Labor et Fides, , p. 147.
  98. a b et c Dictionnaire Encyclopédique de la Bible A. Westphal, « Genèse », « Cosmogonie et préhistoire ».
  99. Comment lire le Pentateuque, p. 71-72.
  100. (en) Victor P. Hamilton, The Book of Genesis: Chapters 1-17, p. 42.
  101. a b et c Encyclopædia Universalis, « Livre de la Genèse », Dictionnaire du Judaïsme (Les Dictionnaires d'Universalis) lire en ligne.
  102. (en) Gregory E. Sterling, « When the beginning is the end: The place of Genesis in the commentaries of Philo », dans The book of Genesis, p. 428-436 (Evans, Lohr et Petersen 2012).
  103. (en) Andrew Louth, « The fathers on Genesis », dans The book of Genesis, p. 575 (Evans, Lohr et Petersen 2012).
  104. « Il n'y a pas trace de péché originel dans le récit de la Genèse », interview de James Kugel.
  105. Paolo Sacchi (trad. Luc Leonas), Les apocryphe de l'Ancien Testament : Une introduction, Cerf, 2014, p. 77.
  106. (en) G. W. E. Nickelsburg, « The Bible rewritten and expanded », dans E. Stone (dir.), Jewish Writings of the Second Temple Period : Apocrypha, Pseudepigrapha, Qumran Sectarian Writings, Philo, Josephus, Assen et Philadelphia, Van Gorcum et Fortress Press, coll. « Compendia Rerum Iudaicarum ad Novum Testamentum », , p. 106.
  107. Christopher T. Begg, « Genesis in Josephus », dans The book of Genesis, p. 303-308 (Evans, Lohr et Petersen 2012).
  108. Christopher T. Begg, « Genesis in Josephus », dans The book of Genesis, p. 309-327 (Evans, Lohr et Petersen 2012).
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