« Hip-house » : différence entre les versions
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[[Fast Eddie]] est le premier artiste à utiliser le terme hip-house dans un morceau, sur son disque sorti en 1988 ''Hip-House''. Ce dernier expliquera dans un documentaire qu'en tant que fan de [[Public Enemy]] et [[Eric B. and Rakim|Eric B. & Rakim]], il voulait rapper comme eux, mais que labels de Chicago dont il était proche ne voulait publier que des morceaux house. Il leur a donc proposé de rapper sur de la house<ref>{{Lien web |langue=Anglais |auteur=Boogieman |titre=Chicago Hip House Documentary 1989 |url=https://www.youtube.com/watch?v=X2zNvBNTnHg |site=Youtube |date=25 décembre 2008 |consulté le=8 novembre 2023}}</ref>. C'est dans ce cadre que le morceau ''Turn up the bass'' du rappeur chicagoan [[Tyree Cooper]], sorti en 1988, deviendra l'un des premiers grands succès du courant hip-house, beaucoup joué dans les boîtes de nuits américaines comme européenne ; ''Turn up the bass'' finira par atteindre la {{12e}} position des Singles Charts ([[Official Charts Company|OCC]]) au Royaume-Uni<ref>{{Lien web |langue=en |auteur=Official Charts |titre=Official UK Single Charts of Turn Up The Bass ft Kool Rock Steady |
[[Fast Eddie]] est le premier artiste à utiliser le terme hip-house dans un morceau, sur son disque sorti en 1988 ''Hip-House''. Ce dernier expliquera dans un documentaire qu'en tant que fan de [[Public Enemy]] et [[Eric B. and Rakim|Eric B. & Rakim]], il voulait rapper comme eux, mais que labels de Chicago dont il était proche ne voulait publier que des morceaux house. Il leur a donc proposé de rapper sur de la house<ref>{{Lien web |langue=Anglais |auteur=Boogieman |titre=Chicago Hip House Documentary 1989 |url=https://www.youtube.com/watch?v=X2zNvBNTnHg |site=Youtube |date=25 décembre 2008 |consulté le=8 novembre 2023}}</ref>. C'est dans ce cadre que le morceau ''Turn up the bass'' du rappeur chicagoan [[Tyree Cooper]], sorti en 1988, deviendra l'un des premiers grands succès du courant hip-house, beaucoup joué dans les boîtes de nuits américaines comme européenne ; ''Turn up the bass'' finira par atteindre la {{12e}} position des Singles Charts ([[Official Charts Company|OCC]]) au Royaume-Uni<ref>{{Lien web |langue=en |auteur=Official Charts |titre=Official UK Single Charts of Turn Up The Bass ft Kool Rock Steady |
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by Tyree |url=https://www.officialcharts.com/songs/tyree-turn-up-the-bass-ft-kool-rock-steady/ |accès url=libre |site=Official Charts |consulté le=9 novembre 2023}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=Anglais |auteur=Allmusic |titre=Tyree Cooper Artist Page |url=https://www.allmusic.com/artist/tyree-mn0000206607}}</ref>. |
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La période d'émergence de la hip-house correspond à celle du [[Second Summer of Love]] (fin des années 80) quand la house music et l'ecstasy se démocratisent en Europe et en Amérique du Nord. La hip-house a donc pu bénéficier de cette vague de popularisation. |
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La majorité des morceaux hip-house sont interprétés en langue anglaise mais, de façon marginale, certains artistes ont réussi à recueillir un succès en interprétant dans leur langue natale. Cela a été le cas du groupe [[C+C Music Factory]] qui proposera une interprétation rap en langue espagnole sur une production de house, ou du groupe [[Proyecto Uno]], un trio américain d'origine [[République dominicaine|dominicaine]], de prime abord spécialisé en sonorités mélangeant le [[merengue]] et le hip hop mais qui va se tourner brièvement vers la hip-house au cours des années 1990. |
La majorité des morceaux hip-house sont interprétés en langue anglaise mais, de façon marginale, certains artistes ont réussi à recueillir un succès en interprétant dans leur langue natale. Cela a été le cas du groupe [[C+C Music Factory]] qui proposera une interprétation rap en langue espagnole sur une production de house, ou du groupe [[Proyecto Uno]], un trio américain d'origine [[République dominicaine|dominicaine]], de prime abord spécialisé en sonorités mélangeant le [[merengue]] et le hip hop mais qui va se tourner brièvement vers la hip-house au cours des années 1990. En Belgique Benny B sort un morceau hip-house appelé ''Mais Vous Êtes Fous?.'' <ref>{{Lien web |langue=Français |auteur=Thomas Duclos |titre=Benny B - Maius Vous Êtes Fous |url=https://www.youtube.com/watch?v=_YPeckUBzoM}}</ref> |
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== Hip-House en France == |
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=== Premiers morceaux === |
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⚫ | En France, [[David Guetta]], disc jockey principalement de musique house alors, et [[Sidney (animateur)|Sidney]], l'animateur de l'émission télévisuelle [[H.I.P. H.O.P.|H.I.P H.O.P]], vont sortir un morceau mêlant hip hop et house en 1991, ''Nation Rap'', qui sera interprété dans l'émission [[La Classe (émission de télévision)|''La Classe'']] de France 3<ref>{{Lien web |langue=Français |auteur=Daniel Tourot |titre=Sidney et David Guetta - Nation Rap sur FR3 (1991) |url=https://www.youtube.com/watch?v=KN-zB2UVtXc |date=30 novembre 2014 |consulté le=8 novembre 2023}}</ref>. En 1999, 113, Jimmy Sissoko et DJ Mehdi publient Jackpotes2000, un morceau qui sample René & Angela. Sur ce morceau, la production est proche de la house filtrée de la french touch. <ref>{{Lien web |langue=Français |auteur=Radio Nova |titre=Jackpotes 2000, le classique du rap français par DJ Mehdi, évidemment. |url=https://www.nova.fr/news/jackpot-2000-le-classique-du-rap-francais-par-dj-mehdi-evidemment-34222-28-11-2019/ |site=Radio Nova |date=28/11/2019 |consulté le=15/11/2023}}</ref> |
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=== Années 2000 === |
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Au début des années 2000 on peut trouver quelques exemples de morceaux qui mélanges house et hip-hop. Rohff avec Tdsi (produit par Kore)<ref>{{Lien web |langue=Français |titre=Rohff - Tdsi |url=https://www.youtube.com/watch?v=jmDmdh4XwGE}}</ref> en 2001, [[Rim'K]] avec Bouzillé en 2004. |
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En 2004 la compilation [[Raï'n'B Fever|Raï'N'B]] Fever 2 produit par les frères Kore et DJ Bellek contient quelques morceaux qui mélanges hip-hop et house, comme ''Un Gaou à Oran''<ref>{{Lien web |langue=Français |titre=Raï N B Fever, article Wikipédia |url=https://fr.wikipedia.org/wiki/Ra%C3%AF%27n%27B_Fever}}</ref>. DJ Bellek publie en 2010 le projet Very Insolent Personnality, qu'il présente comme le premier projet rap house. Very Insolent Personnality est composé de mashup entre morceaux d'artistes éléctronique ([[Justice]], [[David Guetta]]) et de rappeurs français comme [[Alkpote]], [[Mister You]], [[Seth Gueko]] ou [[Dosseh]].<ref>{{Lien web |langue=Français |auteur=Hamad |titre=Very Insolent Personnality |url=https://www.booska-p.com/musique/actualites/very-insolent-personnality/ |date=le 14 juin 2010 |consulté le=15 novembre 2023}}</ref> |
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En 2004, [[Grems]] lance un courant qui mélange la deep house et le rap français, c'est le [[Deepkho]]. Ce courant va évoluer, et inclure des rappeurs comme [[Disiz]] ou les [[Foreign Beggars]]. Le Deepkho à ses propres sous-genres : le broka beat et le dubkho. <ref>{{Lien web |langue=Français |auteur=Wikipedia |titre=Deepkho, page Wikipédia |url=https://fr.wikipedia.org/wiki/Deepkho}}</ref> |
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Après la sortie des albums One Love de [[David Guetta]] et The E.N.D des [[Black Eyed Peas]] en 2009, une partie du rap français se rapproche de la dance music. On peut l'entendre, par exemple, dans les morceaux Wati House de [[Sexion d'assaut|Sexion d'Assault]]<ref>{{Lien web |langue=Français |auteur=Sexion D'assaut |titre=Wati House - Sexion d'Assaut |url=https://www.youtube.com/watch?v=eIrRPLzDrHU}}</ref>, Ha Ha Ha de [[Mac Tyer]]<ref>{{Lien web |langue=Français |auteur=Brodensee Records |titre=Mac Tyer - Ha Ha Ha |url=https://www.youtube.com/watch?v=BbJD3ir5AKg}}</ref>, Summer Zoo de [[Mister You]] ou Animal de [[Rohff]]. <ref name=":2">{{Lien web |langue=Français |auteur=Genono |titre=Rap français et musique electro, un mariage qui roule depuis 20 ans |url=https://www.radiofrance.fr/mouv/rap-francais-et-musique-electro-un-mariage-qui-roule-depuis-20-ans-5141380 |accès url= |site=Radio France}}</ref> |
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Dans les années 2010, des producteurs issus de la scène house, comme Folamour, Mangabey ou Diabi publient des remix non-officiels de hits du rap français, sur les plateformes Youtube ou Soundcloud. Certains de ces remixes, comme ceux de DJ Nab, comptabilisent des centaines de milliers de lectures. <ref>{{Lien web |langue=Français |auteur=Le DJ Nab |titre=PNL - J'suis PNL (Remix // Prod LE DJ NAB ) |url=https://www.youtube.com/watch?v=5OoeFzjY2KA}}</ref> |
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Dans cette même décennie, la house rentre dans les tubes de rap. On retrouve des sonorités et des rythmiques empruntées à la house et à la dance musique en général dans la musique de [[Jul (rappeur)|Jul]] (''My World''), de [[Gradur]] & [[Heuss l'Enfoiré|Heuss l'enfoiré]] (''Ne Reviens Pas''), d'immenses succès commerciaux en France. <ref name=":2" /> |
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C'est aussi la décennie ou de plus en plus de producteurs issus de la scène électronique se rapprochent du monde du rap français. [[Myd]], ancien du project [[Club Cheval]], et signé chez [[Ed Banger Records|Ed Banger]], produit Champs Élysée de [[SCH (rappeur)|SCH]]. Phazz, proche de Nowadays Records, produit RAC de SCH. King Doudou (ou Douster) produit Oh La La de PNL, Sam Tiba, ancien du projet Club Cheval, produit Badman Trip de [[Ziak]]. Ces morceaux ne sont pas des exemples de hip-house, mais montrent, comme Libération le souligne dans un article, que le monde du rap fait de plus en plus appel aux producteurs de la scène électronique. <ref>{{Lien web |langue=Français |titre=L’electro à la conquête du rap français |url=https://www.liberation.fr/musique/2020/10/09/l-electro-a-la-conquete-du-rap-francais_1801926/}}</ref> |
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=== Années 2020 === |
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⚫ | En France, [[David Guetta]], disc jockey principalement de musique house alors, et [[Sidney (animateur)|Sidney]], l'animateur de l'émission télévisuelle [[H.I.P. H.O.P.|H.I.P H.O.P]], vont sortir un morceau mêlant hip hop et house en 1991, ''Nation Rap'', qui sera interprété dans l'émission [[La Classe (émission de télévision)|''La Classe'']] de France 3<ref>{{Lien web |langue=Français |auteur=Daniel Tourot |titre=Sidney et David Guetta - Nation Rap sur FR3 (1991) |url=https://www.youtube.com/watch?v=KN-zB2UVtXc |date=30 novembre 2014 |consulté le=8 novembre 2023}}</ref>. |
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Les albums de [[Beyoncé]] (Renaissance) et [[Drake (rappeur)|Drake]] (Honestly, Nevermind) tous les deux sortis durant l'été 2022 ont amenés un regain de popularité pour la house en général, ce qui à une incidence sur la musique dans son ensemble, et donc sur le rap français. Dans le rap actuel français, on trouve de nombreux exemples de morceaux hip-house, chez les rappeurs Kaba, Chinwr, 8ruki, HJeuneCrack, Gambi... Il existe même des projets essentiellement hip-house comme l'album de Jwles et Mad Rey, Le Zin dans la Maison ou l'EP Ghetto House d'Anthena. |
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=== Déclin === |
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Au cours des années 1990, le courant hip[[The Power (chanson)|-]] |
Au cours des années 1990, le courant hip[[The Power (chanson)|-]]<nowiki/>house connait un déclin commercial, cette tendance est explicable pour plusieurs raisons. |
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D'une part, le monde du rap se transforme à la fin des années 1980 avec notamment l'émergence et la popularisation des genres [[Gangsta rap]] et du [[Rap politique|Rap contestataire]], porté par des groupes comme [[NWA (groupe)|N.W.A]] et [[Public Enemy]], qui supplantent les autres sous-genres appartenant à la catégorie du rap, comprenant le hip-house. D'autre part, les discothèques diffusant traditionnellement de la hip-house se tournent vers d'autres genres en pleine expansion ; l'[[eurodance]] et la [[trance]] en Europe ou le [[Hardcore mélodique|hardcore]] et la [[Jungle (musique)|jungle]] au Royaume-Uni<ref name=":1" />. |
D'une part, le monde du rap se transforme à la fin des années 1980 avec notamment l'émergence et la popularisation des genres [[Gangsta rap]] et du [[Rap politique|Rap contestataire]], porté par des groupes comme [[NWA (groupe)|N.W.A]] et [[Public Enemy]], qui supplantent les autres sous-genres appartenant à la catégorie du rap, comprenant le hip-house. D'autre part, les discothèques diffusant traditionnellement de la hip-house se tournent vers d'autres genres en pleine expansion ; l'[[eurodance]] et la [[trance]] en Europe ou le [[Hardcore mélodique|hardcore]] et la [[Jungle (musique)|jungle]] au Royaume-Uni<ref name=":1" />. |
Version du 15 novembre 2023 à 22:38
Origines stylistiques | House, hip-hop |
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Origines culturelles | Début des années 1980 ; États-Unis (Chicago) |
Popularité | De la fin des années 1980 jusqu'au milieu des années 1990 |
La hip-house (ou rap house) est un sous-genre musical qui mêle des éléments de house music et de hip-hop. Originaire de Chicago, elle accède à la notoriété à la fin des années 1980 jusqu'au milieu des années 1990.
Caractéristiques
Le terme « hip-house » est utilisé pour la première fois par Fast Eddie, un rappeur et producteur de Chicago[1]. Elle est aussi connue sous le nom de rap house.[2] Il s'agit d'un sous-genre musical hybride[3] qui est un mélange de house music et de hip-hop.[2],[4],[5] Le tempo est plus rapide que le hip-hop et la house dont elle dérive[6]. Tandis que d'autres sous-genres du hip-hop visent les ghettos, la hip-house est destinée aux pistes de danse[7]. Les titres du genre présentent des caractéristiques musicales propres à la house et mettent plus en avant le rap que le chant[7]. Certaines chansons du genre combinent même parties chantées et rappées, comme c'est le cas pour My Music (1993) du rappeur Biscuit[7]. Fast Eddie emploie quant à lui la TB-303 et des échantillons de chansons de James Brown dans ses titres.[3]
Origines (1985-1990)
Prémices
Au début des années 1980, les discothèques de Chicago voient apparaître un nouveau genre musical baptisé la house[7]. Ce genre aura un succès rapide et exponentiel qui sera notamment expliqué par le fait que de nombreux fêtards de Chicago ont eu tendance à préférer les clubs de house aux clubs de hip-hop, ces derniers étant davantage fréquentés par des gangs à Chicago, source d'insécurité pour ces derniers. En conséquence, les clubs diffusant majoritairement de la house music ont obtenu une réputation plus pacifique qui leur permettra d'acquérir une popularité certaine.
Dans ces clubs house de chicagoans, certains DJs vont mélanger des morceaux de hip-hop et de house en direct, un signe avant coureur du style hip‑house. Certains titres de house – comme Music Is The Key de J. M Silk en 1985 – présentent des passages rappés et présagent ainsi la naissance de la hip‑house, qui fera aussi son apparition à Chicago[7],[Note 1]
En Europe, les premiers exemples précurseurs de morceaux hip‑house apparaîtront dès 1987, avec le titre de The Beastmasters and The Cookie Crew Rok Da House, qui sera notamment utilisé comme générique de l'émission de TF1 Ciel Mon Mardi!.
Le genre rencontre d'abord le succès dans les discothèques de Chicago, new-yorkaises et européennes[7]. Le DJ Todd Terry sortira en Party People, un prototype de hip-house qui échantillonne une partie vocale de Planet Rock d'Afrika Bambaataa.[8]
Fast Eddie est le premier artiste à utiliser le terme hip-house dans un morceau, sur son disque sorti en 1988 Hip-House. Ce dernier expliquera dans un documentaire qu'en tant que fan de Public Enemy et Eric B. & Rakim, il voulait rapper comme eux, mais que labels de Chicago dont il était proche ne voulait publier que des morceaux house. Il leur a donc proposé de rapper sur de la house[9]. C'est dans ce cadre que le morceau Turn up the bass du rappeur chicagoan Tyree Cooper, sorti en 1988, deviendra l'un des premiers grands succès du courant hip-house, beaucoup joué dans les boîtes de nuits américaines comme européenne ; Turn up the bass finira par atteindre la 12e position des Singles Charts (OCC) au Royaume-Uni[10],[11].
La période d'émergence de la hip-house correspond à celle du Second Summer of Love (fin des années 80) quand la house music et l'ecstasy se démocratisent en Europe et en Amérique du Nord. La hip-house a donc pu bénéficier de cette vague de popularisation.
New-York
En 1988, le groupe new-yorkais Jungle Brothers publie I'll House You, morceau produit par Todd Terry à partir d'un sample du morceau Can You Party de Royal House. Avec ce morceau d'un nouveau genre, les Jungle Brothers espéraient toucher le public des clubs new-yorkais, où la house music était omniprésence[12]. Puis, à la fin des années 1980 et au cours des années 1990, de nombreux titres de hip-hop, tels que Luck of Lucien du groupe A Tribe Called Quest, sont remixés pour pouvoir passer en discothèque[13].
D'autres artistes new-yorkais vont suivre l'exemple des Jungle Brothers, comme Queen Latifah avec son morceau Come into my House paru en 1989. Mister Cee, producteur de Big Daddy Kane, explique dans une interview qu'à l'époque, les producteurs avaient souvent un accord avec les artistes qu'ils accompagnent qui leur permettait d'avoir une liberté créatrice totale sur un morceau de l'album produit. Dans l'album paru en 1989 It's a Big Daddy Thing de Big Daddy Kane, on peut entendre un morceau hip house fabriqué par Mister Cee : The House That Cee Build[12].
Reste du pays
Après sa naissance à Chicago suivie de son adoption par la scène des discothèques new-yorkaise, on peut trouver des exemples de morceaux hip‑house produit à cette époque dans le reste des États-Unis. À Washington DC, le présentateur radio Doug Lazy produira un album complet de hip‑house, porté par le single Let it Roll[14]. Sur la côte-ouest des États-Unis, quelques titres sont remixées en version hip‑house pour être joués en boîte de nuit, comme The Portrait of a Master Piece de The D.O.C[15].
Succès commercial (décennie 1990)
Au tournant des années 1990, la hip-house va toucher un public beaucoup plus large avec le succès planétaire du groupe C+C Music Factory, et leur morceau Gonna Make You Sweat (Everybody Dance Now). De plus en plus de productions hip house émergent dans le reste du monde au Royaume‑Uni, en Belgique ou aux Pays-Bas.
Dans cette expansion mondiale de la hip house, l'Allemagne de l'Ouest aura une place particulière. En effet, à partir 1945, le pays accueillera des centaines de milliers de soldats américains mobilisés au sein des bases militaires étatsuniennes installées dans ses frontières ; ces derniers importeront avec eux leur culture musicale qui s'infusera dans la culture ouest allemande. Dans cette dynamique, la musique hip house ne fera pas exception ; certains d'entre eux vont donc participer à la création des morceaux de hip house les plus populaires de cette décennie. Notamment, le single The Power – premier succès du groupe de hip house allemand Snap! qui atteindra le sommet des ventes dans près de 6 pays européens en 1990 – rappé par le rappeur Turbo B, ancien militaire démineur envoyé en Allemagne dans la base militaire de Friedberg[16] ou B.G., the Prince of Rap, ex-soldat américain envoyé en Allemagne en 1985[17], qui rappera sur des sonorités house dans son second single This Beat is Hot[18] et qui atteindra la 21e place des ventes de disque en 1991 dans son pays d'accueil[19].
À cette période, l'intensité des morceaux associés à la hip-house va augmenter. Technotronic avec Pump Up The Jam apporte une intensité proche de la techno de détroit au genre. Le disque est un immense succès et pousse les autres artistes à suivre à suivre le rythme, on peut le voir avec Rhythm is A Dancer de Snap! ou The Colour of My Dreams de B.G., the Prince of Rap.
En témoignage de ce succès soudain de la hip‑house, la chanteuse américaine, bénéficiant d'une popularité mondiale indubitable, Madonna touchera également un peu au genre avec son single Vogue (1990), une chanson house contenant une brève partie rappée[7]. Bien que n'étant pas de la hip house à proprement parler, Vogue contribuera néanmoins à accroître la visibilité du genre[7].
Autres langues
La majorité des morceaux hip-house sont interprétés en langue anglaise mais, de façon marginale, certains artistes ont réussi à recueillir un succès en interprétant dans leur langue natale. Cela a été le cas du groupe C+C Music Factory qui proposera une interprétation rap en langue espagnole sur une production de house, ou du groupe Proyecto Uno, un trio américain d'origine dominicaine, de prime abord spécialisé en sonorités mélangeant le merengue et le hip hop mais qui va se tourner brièvement vers la hip-house au cours des années 1990. En Belgique Benny B sort un morceau hip-house appelé Mais Vous Êtes Fous?. [20]
Hip-House en France
Premiers morceaux
En France, David Guetta, disc jockey principalement de musique house alors, et Sidney, l'animateur de l'émission télévisuelle H.I.P H.O.P, vont sortir un morceau mêlant hip hop et house en 1991, Nation Rap, qui sera interprété dans l'émission La Classe de France 3[21]. En 1999, 113, Jimmy Sissoko et DJ Mehdi publient Jackpotes2000, un morceau qui sample René & Angela. Sur ce morceau, la production est proche de la house filtrée de la french touch. [22]
Années 2000
Au début des années 2000 on peut trouver quelques exemples de morceaux qui mélanges house et hip-hop. Rohff avec Tdsi (produit par Kore)[23] en 2001, Rim'K avec Bouzillé en 2004.
En 2004 la compilation Raï'N'B Fever 2 produit par les frères Kore et DJ Bellek contient quelques morceaux qui mélanges hip-hop et house, comme Un Gaou à Oran[24]. DJ Bellek publie en 2010 le projet Very Insolent Personnality, qu'il présente comme le premier projet rap house. Very Insolent Personnality est composé de mashup entre morceaux d'artistes éléctronique (Justice, David Guetta) et de rappeurs français comme Alkpote, Mister You, Seth Gueko ou Dosseh.[25]
En 2004, Grems lance un courant qui mélange la deep house et le rap français, c'est le Deepkho. Ce courant va évoluer, et inclure des rappeurs comme Disiz ou les Foreign Beggars. Le Deepkho à ses propres sous-genres : le broka beat et le dubkho. [26]
Après la sortie des albums One Love de David Guetta et The E.N.D des Black Eyed Peas en 2009, une partie du rap français se rapproche de la dance music. On peut l'entendre, par exemple, dans les morceaux Wati House de Sexion d'Assault[27], Ha Ha Ha de Mac Tyer[28], Summer Zoo de Mister You ou Animal de Rohff. [29]
Années 2010
Dans les années 2010, des producteurs issus de la scène house, comme Folamour, Mangabey ou Diabi publient des remix non-officiels de hits du rap français, sur les plateformes Youtube ou Soundcloud. Certains de ces remixes, comme ceux de DJ Nab, comptabilisent des centaines de milliers de lectures. [30]
Dans cette même décennie, la house rentre dans les tubes de rap. On retrouve des sonorités et des rythmiques empruntées à la house et à la dance musique en général dans la musique de Jul (My World), de Gradur & Heuss l'enfoiré (Ne Reviens Pas), d'immenses succès commerciaux en France. [29]
C'est aussi la décennie ou de plus en plus de producteurs issus de la scène électronique se rapprochent du monde du rap français. Myd, ancien du project Club Cheval, et signé chez Ed Banger, produit Champs Élysée de SCH. Phazz, proche de Nowadays Records, produit RAC de SCH. King Doudou (ou Douster) produit Oh La La de PNL, Sam Tiba, ancien du projet Club Cheval, produit Badman Trip de Ziak. Ces morceaux ne sont pas des exemples de hip-house, mais montrent, comme Libération le souligne dans un article, que le monde du rap fait de plus en plus appel aux producteurs de la scène électronique. [31]
Années 2020
Les albums de Beyoncé (Renaissance) et Drake (Honestly, Nevermind) tous les deux sortis durant l'été 2022 ont amenés un regain de popularité pour la house en général, ce qui à une incidence sur la musique dans son ensemble, et donc sur le rap français. Dans le rap actuel français, on trouve de nombreux exemples de morceaux hip-house, chez les rappeurs Kaba, Chinwr, 8ruki, HJeuneCrack, Gambi... Il existe même des projets essentiellement hip-house comme l'album de Jwles et Mad Rey, Le Zin dans la Maison ou l'EP Ghetto House d'Anthena.
Déclin
Au cours des années 1990, le courant hip-house connait un déclin commercial, cette tendance est explicable pour plusieurs raisons.
D'une part, le monde du rap se transforme à la fin des années 1980 avec notamment l'émergence et la popularisation des genres Gangsta rap et du Rap contestataire, porté par des groupes comme N.W.A et Public Enemy, qui supplantent les autres sous-genres appartenant à la catégorie du rap, comprenant le hip-house. D'autre part, les discothèques diffusant traditionnellement de la hip-house se tournent vers d'autres genres en pleine expansion ; l'eurodance et la trance en Europe ou le hardcore et la jungle au Royaume-Uni[18].
Malgré cela, la hip house continuera de connaître des sursauts de popularités ponctuels.
À titre d'exemple, le genre reconnaît un certain succès en Allemagne en 1998[32]. Un remix du titre It's Like That de Run–DMC par Jason Nevins se vendra à plus de 1,3 million d'exemplaires en Allemagne et repopularise temporairement le genre dans le pays[32]. L'approche des années 2000 est marquée par la popularité grandissante de la trance, qui remplace peu à peu la house dans la scène électronique mondiale, provoquant alors le déclin certain de la hip-house[7].
Enfin, plus récemment, la rappeuse américaine Azealia Banks remet au goût du jour la hip Turbo B house en 2012 avec la parution de son premier EP intitulé 1991[33]. En 2015, Nicki Minaj échantillone une chanson dance de 2010, What They Say de Maya Jane Coles, dans sa chanson Truffle Butter[13]. Ce titre, qui atteint la première place du Hot R&B/Hip-Hop Airplay en mars de cette année aux États-Unis, démontre du rapprochement de plus en plus marqué entre hip-hop et la house[13].
Réception
La hip-house est de façon générale mal perçue par les puristes du hip-hop, en particulier les rappeurs hardcore[7]. Lors de son pic de popularité au début des années 1990, les artistes de hip Turbo B house sont vus comme des « opportunistes » qui exploitent la culture du hip-hop[7]. KRS-One dénonce le genre comme une « dilution de la pureté du rap avec la house »[1].
Notes et références
Notes
Références
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