singe
singe
n.m. [ lat. simius ]SINGE
(sin-j') s. m.PROVERBE
HISTORIQUE
- XIIIe s. Singes est une beste qui volentiers contrefait ce que elle voit faire as homes [BRUN. LATINI, Trésor, p. 250]Et sachiez que singesce porte deus filz [ID., ib.]Li singes au marchant doit quatre deniers, se il pour vendre le porte ; et se li singes est au joueur, jouer en doit devant le peagier, et pour son jeu doit estre quites [, Liv. des mest. 287]
- XVe s. Voyez les ; ils sont plus rebarbaratifs que singes qui mangent poires, et enfans les leur veulent tollir [FROISS., III, p. 127, dans LACURNE]En ce temps les hommes se prindrent à vestir plus court qu'ils n'eurent onques fait, tellement que l'en voit la façon de leurs culs et de leurs genitoires, ainsy comme l'en souloit vestir singnes ; qui estoit chose très malhonneste et impudique [MONSTREL., t. III, 1467, p. 129, dans LACURNE]Toujours vieux synge est desplaisant [VILLON, Ballade en vieux langage.]La plus sage femme du monde, au regard du sens, en a autant comme j'ay d'or en l'œil, ou comme un singe a de queue [, Les 15 joyes du mariage, p. 162, dans LACURNE]
- XVIe s. Contournant la teste comme ung singe qui avalle pillules [RAB., Pant. IV, 2]Frere Jean achapta deux rares et pretieux tableaux, et les paya en monnoye de cinge [ID., ib. IV, 2]Il disoyt la patenostre du cinge [ID., Garg. I, 11]Onques vieil singe ne feit belle moue [ID., III, Prologue.]Come il [le diable] ha acoustumé de se monstrer toujours le singe de Dieu, et jouer en toutte histoire double rolle [BONIVARD, Source de l'idolâtrie, p. 6]Ressemblans au singe qui tire les chastaignes dessous la braise avec la patte du levrier endormy au fouyer [, Contes d'Eutrapel, p. 100, dans LACURNE]Espagnols, qui sont soubsçonneux comme singes de cour parmy les pages [BRANT., Capit. estr. t. I, p. 25, dans LACURNE]
ÉTYMOLOGIE
- Berry, chinge ; provenç. simi, esshimi ; espagn. simio ; du lat. simius, singe, qui vient de simus, camus ; grec.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
- SINGE. Ajoutez :
- Au XVIe siècle, on avait le diminutif singeteau. Il le caresse comme un singe ses singeteaux [MARNIX DE STE-ALDEGONDE, Tableaux des différends de la religion, t. III, p. 201 de l'éd. Quinet.]
REMARQUE
singe
Fig., et par exagération, Laid, malin, adroit comme un singe, Très laid, très malin, très adroit.
Fig. et fam., Payer en monnaie de singe, Se moquer de celui à qui l'on doit, au lieu de lui payer ce qui lui est dû.
Prov. et fig., On n'apprend pas à un vieux singe à faire des grimaces, Il est absurde de prétendre enseigner à quelqu'un ce qu'il sait par longue expérience.
SINGE désigne, au figuré, Celui qui contrefait, qui imite les gestes, les actions, les manières, le style de quelque autre. Le courtisan est le singe de son maître. Cet écrivain affecte le style sentencieux et concis; c'est un singe de Sénèque, de Tacite.
En termes de Mécanique, il se dit d'une Machine qui sert à élever et à descendre des fardeaux, et qui est formée d'un treuil tournant sur deux chevalets ou sur deux montants.
singe
Un Singe, Si vous muez le second i vocal de Simia en i consonant, vous aurez Sim"ja, Simia, Simius.
Les singes ont les pieds d'une sorte que les autres n'ont point, Simiae pedes sui generis habent, B.
¶ Le singe d'un autre qui tasche à faire comme luy, AEmulator, Simia.
singe
SINGE, s. m. SINGER, v. act. SINGERIE, s. f. [Seinge, gé, gerie: 1re lon. 2e e muet, au 1er et au 2d, é fer. au 3e.] Singe est celui de tous les animaux, qui a l'extérieur ressemble le plus à l'homme. Il est traitre et malin: de là l'expression proverbiale: malin comme un singe.
Le singe est né pour être imitateur,
Mais l'Homme doit agir d'aprês son coeur.
Volt.
= Fig. Qui contrefait, qui imite les gestes, les actions de quelqu'un. "Cet homme est un vrai singe. "Ces copistes, ces singes de Sénèque. Bouh. "C'étoient des singes, qui contrefaisoient des Héros. Le Franc, Traduct. de Lucien. = * Singer, contrefaire, imiter. Mot nouveau: il est tout au plus bon dans le style satirique, où tout est bon. "Leur brillante jeunesse (des Anglais) acourt dans cette capitale (Paris) étudier nos moeurs et singer l'élégance de nos Petits-Maîtres. Ann. Litt. Le mot est en italique. "Qu' est-ce qu'un Acteur, qui ne suit que la routine? Singer la Nature, la faire grimacer.... Voilà sa destinée. L'Ab. De Fontenai.
La Rotûre cherchant à déguiser son ton,
Croit singer la Noblesse à l'aide d'un carton.
La Charbeaussière.
Ce carton c'est un masque.
= Singerie, grimace, gestes, tours de malice. Acad. Le mot de malice parait trop fort. "Il fait mille singeries. = Imitation servile. M. L'Ab. Royou dit du Poème des Jardins, par le P. Rapin: "On y trouvera le goût et le style de Virgile, sans plagiat, sans imitation servile, sans aucune singerie des faiseurs de centons. Journ. de Mons. — Dans ce 2d sens, c'est un néologisme, comme le verbe singer dont il exprime l'action.