sang
sang
[ sɑ̃] n.m. [ lat. sanguis, sanguinis ]SANG
(san ; devant une voyelle ou une h muette, le g se lie et se prononce k ; un san-k illustre ; suer san-k et eau ; c'est aussi la règle que dans le XVIIe siècle donne Chifflet, Gramm. p. 213) s. m.PROVERBES
- Bon sang ne peut mentir, les personnes nées d'honnêtes parents ne dégénèrent point.
- Il exprime aussi que l'affection naturelle entre personnes de même sang ne manque pas de se déclarer, de se découvrir dans l'occasion. Bon sang ne peut mentir ; je t'aime toujours [DANCOURT, Bourg. à la mode, I, 10]
- Il se dit parfois, par ironie, d'une fille qui n'est pas moins coquette que sa mère l'a été ou l'est encore.
- Qui perd son bien perd son sang, perdre son bien c'est presque la même chose que de perdre la vie.
HISTORIQUE
- XIe s. Nos les ferons [nos espées] vermelles de chald sanc [, Ch. de Rol. LXXIV]
- XIIe s. Ilec sanc de pechié covint par sanc laver [, Th. le mart. 149]Delivre mei des ovranz [ceux qui opèrent] iniquitet, e des humes de sanc salve mei [, Liber psalm. p. 76]
- XIIIe s. Home de sanc et tricheur aura nostre sire Deux en contre cuer [, Psautier, f° 10]Tel coup que li clairs sans en conviendra issir [, Berte, XII]Quant Berte l'entendi, tous li sans lui remue [, ib. LII]Si te fremira tous li sans, Parole te faudra et sens, Quant tu cuideras commencier [, la Rose, 2407]....Si comme aucuns fiert autrui par mal talent en liu saint, ou bat, ou fet sanc, ou tue [BEAUMANOIR, XI, 15]
- XIVe s. Boins sans ne poet falir, adès se monterra [montrera] [, Baud. de Seb. IX, 411]Quelconque personne soit du sang ou lignage royal ou d'autre [, Ordonn. des rois de France, t. V, p. 113]Garin ala devers le maire de la justice et se plaignit du sang que lui avoit fait ladite femme [DU CANGE, sanguis.]Le suppliant frappa un petit cop de la main sur le visage ledit homme, et lui fist un pou de sang volage parmi les dens [ID., ib.]
- XVe s. À son costé dextre estoit tout le sang de France, c'est assavoir tous les grans seigneurs de France, comme Anjou, Berry, Bourgogne... [, Journ. de Paris sous Charles VI et VII, an 1431]A peu qu'il ne chut à la renverse, tant fort fut effrayé ; et quand il eut son sang, il... [LOUIS XI, Nouv. II]Quand la jeune meuniere ouit qu'on trouveroit bien remede à son fait, le sang lui commença à revenir [ID., ib. III]Et en lisant, le sang lui monte et le cœur lui fremit [ID., ib. XXVI]
- XVIe s. Il la battit à sang et à marque [MARGUER., Nouv. XLVI]Elle s'osta la vie aussi magnanimement comme il appartenoit à sa vertu et au noble sang dont elle estoit issue [AMYOT, Cat. d'Ut. 9]Gens de sang, de sac et de corde, Qui vous faites nommer zelez [, Sat. Mén. p. 213]Pour curer les cors, il les faut couper jusques au sang [PARÉ, V, 21]Nul sang blanc, nulle puce blanche [LEROUX DE LINCY, Prov. t. II, p. 358]Les seigneurs françois aimoient mieux employer à la guerre le sang de leur corps que le sang de leur bourse, ainsi qu'on l'appelle communement [FAUCHET, De l'orig. des dignitez de France, liv. II, p. 59, dans LACURNE]Par laditte coustume les viscontiers ont le sanc et le larron ; est à sçavoir cognoissance de meslée, de debat fait à sang courant, et du larron prins en icelle seigneurie, posé qu'il doive estre pendu et estranglé [, Coust. génér. t. I, p. 645]
ÉTYMOLOGIE
- Provenç. sang, sanc ; espagn. sangre ; portug. et ital. sangue ; du lat. sanguis, sanguinem.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
- SANG.
- Mettre la main au sang, verser le sang. Celui qui s'est mis sur un chemin pour voler et pour tuer est voleur devant que de mettre la main au sang [MALH., Lexique, éd. L. Lalanne.]
- On voit par ce sens précis combien Lamartine s'est mal exprimé en comparant : " Le sang rouge du Franc au sang bleu du Germain. " Il a sans doute pris sang bleu métaphoriquement et a voulu signifier par là le tempérament flegmatique des Allemands.
sang
Coup de sang, Hémorragie cérébrale.
Il y a eu beaucoup de sang répandu dans cette guerre, dans cette bataille, Beaucoup d'hommes y ont péri. Faire couler le sang, Être cause d'une guerre ou d'une rixe sanglante. On dit de même : Le sang a coulé, a été répandu, Il y a eu des personnes blessées dans cet engagement, dans cette rixe.
Se battre au premier sang, Se battre en duel, sous la condition de cesser le combat aussitôt qu'un des deux adversaires aura été blessé.
Mettre un pays à feu et à sang, Le ravager et y commettre toutes sortes de cruautés. Mettre quelqu'un en sang, tout en sang, Blesser quelqu'un de manière qu'il soit couvert de sang.
Fouetter, mordre jusqu'au sang, Jusqu'à entamer la chair et en faire sortir le sang.
Fig., Il aime le sang, il est altéré de sang, il se plaît dans le sang, il se repaît de sang se dit d'un Homme cruel qui aime à répandre le sang. On dit de même : Se baigner dans le sang, Faire mourir beaucoup de monde, par cruauté.
Fig., Verser le sang, répandre le sang, tremper ses mains dans le sang, Donner la mort à un homme, à des hommes. Épargner le sang, Épargner la vie des hommes.
Fig., Le sang de cet homme crie vengeance, demande vengeance, Il faut que le meurtre de cet homme soit vengé.
Fig., Que son sang soit sur nous et sur nos enfants, Que la responsabilité de sa mort retombe sur nous et nos enfants.
Fig., Payer une chose de son sang, Être mis à mort pour l'avoir faite ou dite.
Fig., Laver son injure dans le sang, Se venger de quelque insulte flétrissante, en tuant ou blessant celui de qui on l'a reçue.
Fig., Je donnerais de mon sang, le plus pur de mon sang pour... se dit quand on veut exprimer les Sacrifices que l'on serait disposé à faire pour une personne ou pour une chose. On dit aussi familièrement : Je voudrais qu'il m'en eût coûté une pinte de mon sang et que cela fût ainsi, ne fût pas ainsi.
Fig., Je le signerais de mon sang se dit pour Assurer la vérité d'une chose.
Fig., Je n'avais pas une goutte de sang dans les veines se dit pour exprimer qu'on était saisi d'effroi, d'horreur.
Fig., Cela rafraîchit le sang, calme le sang se dit de Ce qui arrive d'agréable.
Fig., Cela fait faire du mauvais sang se dit de Ce qui arrive de fâcheux. On dit familièrement dans un sens analogue : Se faire du mauvais sang, Éprouver de l'ennui, de l'impatience, de l'inquiétude; et dans le sens contraire : Se faire du bon sang, se faire une pinte de bon sang, Éprouver du contentement, du plaisir.
Fig., Cela glace le sang se dit de Ce qui cause un grand effroi. Cette nouvelle a glacé mon sang dans mes veines.
Fig., Cela fait bouillir le sang se dit de Ce qui cause beaucoup d'impatience. Mon sang bout quand je vois de pareilles choses.
Fig., Le sang lui bout dans les veines se dit d'un Jeune homme ardent, fougueux, qui est dans la première vigueur de l'âge.
Fig., Le sang lui monte à la tête, Il est près de se fâcher, de se mettre en colère. Le sang lui monte facilement à la tête.
Fig. et fam., Tout mon sang n'a fait qu'un tour, J'ai été vivement ému, j'ai été bouleversé.
Fig., Pleurer des larmes de sang, Répandre des larmes amères, avoir un extrême regret.
Fig., Suer sang et eau, Faire de grands efforts, se donner beaucoup de peine.
Fig., Sucer le sang du peuple, s'engraisser du sang du peuple se dit des Gens en place qui font des concussions, qui pillent le peuple.
Fig., Cet homme a du sang dans les veines, Il est sensible à l'injure, il sait la repousser avec vigueur. Il n'a pas de sang dans les veines, Il n'a pas de vivacité, d'énergie.
Fig., Il a le sang chaud, Il est prompt et colère.
Fam. et pop., Avoir du sang de poulet, du sang de navet se dit d'une Personne sans énergie, d'un poltron.
Fig., Avoir du sang bleu, Être d'une origine aristocratique.
Fig., Impôt du sang, Service militaire.
En termes de Théologie, Baptême de sang, Martyre souffert sans avoir reçu le baptême.
En termes d'Histoire naturelle, Animaux à sang blanc, Les mollusques et autres animaux dont le sang est blanc; par opposition aux Animaux à sang rouge, Les quadrupèdes, les oiseaux, les reptiles et les poissons. Animaux à sang froid, Animaux dont le sang n'est pas sensiblement plus chaud que le milieu qu'ils habitent.
Sang-froid. Voyez ce mot à son rang alphabétique.
SANG, en termes de l'Écriture sainte, désigne la Nature humaine; et dans cette acception il est ordinairement joint au mot Chair. JÉSUS- CHRIST a dit à saint Pierre : Ce n'est point la chair et le sang qui vous l'ont révélé. On dit dans une acception analogue : Les affections de la chair et du sang, Les sentiments naturels.
Il signifie aussi, figurément, Race, extraction, famille. Être de noble sang, d'un sang vil, d'un sang abject. Être d'un sang illustre, de sang royal. Les liens du sang. Il est du sang de ce héros. Le sang des du Guesclin.
Princes du sang, Les princes qui sont de la maison régnante.
Droit du sang, Le droit que la naissance donne. Il parvint à la couronne par le droit du sang.
Un homme de sang mêlé et elliptiquement Un sang mêlé, Un homme issu du croisement de races différentes.
Cela est dans le sang se dit quand Une personne a quelque bonne ou quelque mauvaise qualité, qu'elle tient de famille. Il se dit aussi de Goûts, de dispositions innées. J'ai cela dans le sang.
SANG se dit aussi, dans un sens moins étendu, des Enfants par rapport à leur père. C'est votre fils, c'est votre sang. Je reconnais mon sang à cette noble résolution.
La voix du sang, L'attrait secret qu'on prétend que la nature donne quelquefois pour une personne de même sang, quoiqu'on ne la connaisse pas.
Prov. et fam., Bon sang ne peut mentir, Les personnes nées d'honnêtes parents ne dégénèrent point.
SANG se dit aussi dans le sens de Race, en parlant des Chevaux. Un cheval de sang arabe. Un cheval de pur sang et elliptiquement Un pur sang.
Demi-sang, Produit d'un cheval de pur sang avec un autre de race commune.
sang
Sang, m. Ce nom est tantost specifique signifiant tout sang, Sanguis. Cruor, Que l'Italien dit aussi Sangue, par mesme genre, et l'Espagnol Sangre, par genre feminin, et tantost individuë, et par antonomasie approprié à la parenté du Roy. Selon ce on dit estre du Sang de France, c'est à dire, de la parenté des Roys de France, qu'on dit autrement estre du sang Royal. Mais quand on dit les Princes du sang, on n'entend sinon les Princes de La parenté du Roy, habiles à succeder à la couronne, Regis adnati, Regni legitimi, ex lege Salica haeredes.
Le sang sortant d'une playe, Cruor.
Sang qui n'est point corrompu, Sanguis integer.
Sang noir et meurtri, Ater sanguis, Sanies.
Tirer du sang, Detrahere sanguinem.
Sang respandu dedans le coeur, Suffusus cordi sanguis.
Le sang des innocens satisfait pour la faute d'iceluy, Luitur libido istius sanguine innocentium.
Le sang d'un poisson dont on souloit faire le temps passé la couleur de pourpre, Medicamen, Succus purpurae.
Qui n'a point de sang, Exanguis, Cassus sanguine.
Homme qui a le sang aux ongles, Nauus homo et industrius, Melampygus. B.
Qui est de sang rassis, Sanus.
Gasté de sang, Saniosus.
Estre tout plein de sang, Sanguine inundari.
Plein de sang, Sanguineus.
Espandre le sang, Sanguinem facere.
Estancher le sang, Claudere sanguinem et sistere.
Jetter sang, Sanguinare, Sanguinem reiicere.
Succer le sang à aucun, Ebibere sanguinem alicui.
Rongner tant que le sang en sorte, Aliquid de viuo resecare.
sang
SANG, s. m. [Quand ce mot est devant une consone, on ne fait point sentir le g: devant une voyèle, ce g se prononce comme un k ou un c dur. Sang échaufé: prononc. sank-échofé. — Ce mot n'a point de plur. on dit toujours, le sang, jamais les sangs.] 1°. Liqueur rouge, qui coule dans les veines et dans les artères de l'animal. "La masse, la circulation, le bouillonement du sang. Tirer du sang. Répandre le sang. Faire la guerre à feu et à sang, etc.
Le sable est abreuvé du sang des Africains.
Didon.
Le fer moissona tout, et la terre humectée
Boit à regret le sang des neveux d'Érectée.
Phèdre.
= Figurément, on dit d'un homme cruel, qu'il aime le sang, qu'il est altéré de sang, que c'est un homme de sang. — Épargner le sang, la vie des hommes. = En style proverbial: suer sang et eau, faire tous ses éforts. — Avoir du sang aux ongles, avoir du courage, et savoir se défendre. — Je lui donerais de mon sang; je l'aime tendrement. "Comme elle a soin de sa mère! elle lui doneroit de son sang. — Avoir le sang chaud: être promt et colère. On dit, dans le même sens, que le feu ou le sang monte au visage. — Le sang est beau en ce pays: il y a beaucoup de belles persones. = 2°. Race, extraction. Être de noble sang, d'illustre sang, ou d'un sang vil, abject. — Et, en parlant des enfans relativement aux pères: c'est mon sang, votre sang, mon fils, votre fils.
Que faites-vous, Madame? et quel mortel ennui
Contre tout votre sang vous anime aujourd'hui?
Phèdre.
= La force du sang, les sentimens que la natûre inspire aux pères pour leurs enfans.
Mais, ma foi, le bon sang dans les enfans opère.
Et l'on voit bien qu'il est le vrai fils de son père.
Le Flateur.
Rem. 1°. Quoique le sang soit le principe de la vie, on ne dit point, ataquer le sang, pour dire, ataquer la vie.
Ou s'ils oseront bien, dans leur noire fureur,
Répandre notre sang, pour ataquer le leur.
RACINE, Frères Enemis.
L'amour de l'antithèse a souvent produit et de fausses pensées et des expressions bizârres. Racine était jeune, quand il composa cette Tragédie; et Corneille avait mis à la mode ces opositions et ces contrastes. = 2°. On dit, le sang des Césars, le sang des Publicola: et non pas le sang Publicola, comme dit M. Fontanelle dans Éricie.
Le sang Publicola, qui coule dans mes veines.
On ne dit point, le sang Bourbon, le sang Condé, etc. Ann. Litt. = 3°. Suivant Ménage, on dit, de sang froid, et non pas, de sens froid; mais on dit, de sens rassis, et non pas, de sang rassis. Voy. SENS. M. l'Abé Roubaud suit le sentiment de Ménage, par la raison, dit-il, que c'est le propre du sang, et non pas du sens, de s'échaufer ou de se refroidir. Il remarque que l'Académie dit actuellement, de sang froid et de sang rassis. Elle avait dit auparavant, de sens rassis.
TREV. aprês avoir dit, de sens rassis, ne dit plus, que de sang rassis, avec l'Acad. J'aurois désiré, ajoute M. l'Abé Roubaud, conoitre les motifs de ces décisions.
sang
Blut, sangblood, gorebloed, levenדם (ז), דָּםbloedsangkrevblodαίμαsangosangreverivérblóðsangue血sanguisblodkrewsangueкровьbloddamukanدَمkrv피เลือดmáu血液кръв (sɑ̃)nom masculin
sang
[sɑ̃] nm → blooden sang → covered in blood
mordre qn jusqu'au sang → to bite sb until one draws blood
se faire du mauvais sang → to get in a state