pain
pain
n.m. [ lat. panis ]PAIN
(pin ; l'n ne se lie pas : pain au lait ; au pluriel, l's se lie : des pain-z au lait. Au XVIe siècle, Lacroix du Maine dit que pain était la prononciation parisienne, et qu'ailleurs on prononçait pin, mais il ne dit pas ce qu'était cette prononciation de pain) s. m.PROVERBES
- À mal enfourner on fait les pains cornus ; c'est-à-dire le principal d'une affaire, c'est de la bien commencer.
- Il va à la messe des morts, il y porte pain et vin, se dit d'un homme qui déjeune avant d'aller à la messe.
- Tel pain, telle soupe, c'est-à-dire les choses sont bonnes suivant la matière qu'on y met.
- Pain coupé n'a point de maître, se dit lorsqu'à table on prend le pain d'un autre.
- Liberté et pain cuit, c'est-à-dire on est heureux quand on a du bien et qu'on n'est sujet à personne.
- Pain tendre et bois vert mettent la maison au désert, c'est-à-dire les dépenses mal entendues ruinent les maisons.
- Le pain d'autrui est amer, c'est-à-dire il est pénible de tenir d'un étranger sa subsistance.
HISTORIQUE
- XIIe s. As esquiers serai comme mendiz, Por aigue boivre ne por mengier pain bis [, Raoul de C. 204]Uns huem [un homme], fait lur li reis, qui a mun pain mangié, Qui à ma curt vint povres e mult l'ai eshalcié, Pur mei ferir as denz ad sun talun drescié [, Th. le mart. 134]
- XIIIe s. Les sergens seculers qui seroient au pain et sel de Pontegni [nourris par Pontegni] [DU CANGE, panis.][Je] N'avoie qu'un cheval qui me trouvoit [gagnoit] mon pain [, Berte, LXXIII]Sire, tu nos pestras de pain de lermes [, Psautier, f° 98]Chascun pain d'oint [graisse], s'il poise cinq livres ou plus, doit obole de tonlieu [, Liv. des mét. 318]Donner m'a mis au pain menu [, la Rose, 14666]Compaignie se fet.... par solement manoir ensamble à un pain et à un pot [BEAUMANOIR, XXI, 5]Ly rois Philippe establi que les talemeliers [boulangers] demourans dedens la banlieue de Paris peussent vendre leur pain reboutiz, c'est assavoir leur reffus, si comme leur pain raté, que rat ou soris ont entamé, pain trop dur ou ars ou eschaudé, pain trop levé, pain aliz [trop compacte], pain mestourné, c'est à dire pain trop petit, qu'ilz n'osent mettre à estal [DU CANGE, panis.]Pain ferez [gauffres], crespes et autres choses [ID., ib.]Un denier tournois sur chacun pain de sel, appelé salignon [ID., ib.]
- XIVe s. Une boueste d'yvoire à mettre pain à chanter, garnie d'argent [DE LABORDE, Émaux, p. 426]
- XVe s. Le marquis lui promettoit [à la reine de Hongrie] qu'il la feroit tenir au pain et à l'eau [FROISS., II, III, 233]Hardi fu, moult de maulx souffri, De froit pain plusieurs fois manga [E. DESCH., Miroir de mariage, p. 14]Pourement ay esté peüz ; De pain secont vivoit mon maistre, Et cellui dont me faisoit paistre Fut presque quart, nel vueil noier [nier] [E. DESCH., Poésies mss. f° 457]Tel a pou blet [peu de blé], qui a assez pain cuit [ID., ib. f° 36]On dit communement qu'on s'ennuye bien d'ung pain manger [, le Jouvencel, dans LEROUX DE LINCY, Prov. t. II, p. 494]Faulte de blanc pain faict aulcunes fois manger le brun [, Perceforest, t. VI, f° 76]Sera tenus le dit fournier de prendre cascun samedi le blé des moeutures des mollins de Corbye pour faire le blanc pain du couvent.... et pour faire pain d'escuier [pain inférieur], on lui delivrera blé des greniers [DU CANGE, panis.]Deux burettes d'or à mettre le vin et l'eaue à chanter à la chapelle du roy nostre sire [DE LABORDE, Émaux, p. 426]Si je estoye un pauvre home qui allast querir le pain pour Dieu, l'on ne me devroit pas faire ce que l'on me fait [, Les 15 joyes de mariage, p. 87]
- XVIe s. Les dits Crouaz sont cruels à la guerre ; car ils tuent tout ce qu'ils peuvent, et ne prennent jamais prisonniers ; aussy on leur a fait de tel pain soupes [, Lettres de Louis XII, t. I, p. 247, dans LACURNE]Il l'enveloppa si bien qu'il sembloit un petit pain de sucre [MARG., Nouv. LII]Et celui qui ne l'a voulu vendre a esté contraint de faire petit pain (comme on dit) et repaistre ses amis, qui le venoient visiter, de discours d'architecture [LANOUE, 116]Cest entretien ne leur seroit pas baillé pour les engraisser en leurs maisons (car ce seroit, comme on dit, pain perdu) [ID., 278]Enfans mariés sont tenus pour hors de pain et pot, c'est à dire emancipés [LOYSEL, 56]Couleur de pain bis [D'AUB., Faen. I, 2]Pour manger en paix et en seureté le pain de son infidelité [ID., Vie, CIV]Pain bien levé et bien cuit.... ne trop rassis ne trop tendre.... on leur donnera panade ou pain gratté avec bouillon de chapon [PARÉ, XXIV, 22]La plus subtile farine pour le pain de la premiere table ; et l'autre pour en faire du pain rousset, avec d'autre farine de segle [O. DE SERRES, 822]Le pain le plus delicat est celui qu'on appelle pain mollet ; que les boulangers font par souffrance, n'estant permis par la police.... le pain dit bourgeois, et celui nommé de chapitre, suivent le mollet. ....le bourgeois s'esleve plus en rondeur, que celui de chapitre, qui est plus pressé et plus plat.... le bis-blanc suit après ; il est un peu gris ; finalement le bis.... tous lesquels pains faits par boulengers, qu'on nomme estrangers, sont dits, pain-chalan (hor-mis celui de Gonesse) qu'on vend à discretion sans autre police que des places.... [ID., 822]Le pain rousset vient après le blanc, puis le bis, finalement celui des chiens, faisant la quatriesme sorte, qu'on tire du plus grossier des bleds, et des reliefs des farines des autres pains [ID., 825]Pain de mesnage [O. DE SERRES, 824]Des potages liés et espés, comme pain gratté, dans lequel aura esté mis un peu d'eau roze [ID., 928]Pain de pourceau, ceste herbe est ainsi ditte, parce que les pourceaux se repaissent de ses racines, les fouillans dans terre avec affection [ID., 607]La decoction de la graine de pain-de-coucu [ID., 931]Faire de pierre pain, comme on dit, c'est là où est la peine [BRANT., Louchaly.]Un serviteur ne se plaint De son pain-gagnant service [LOYS LE CARON, Poésies, f° 60, dans LACURNE]À bon goust et faim n'y a mauvais pain [LEROUX DE LINCY, Prov. t. II, p. 206]À faute de chapon, pain et oignon [ID., ib.]Avec du pain et du vin il fera quelque chose [par ironie, il ne peut gagner sa vie] [ID., ib. p. 207]Au pain et au couteau [être familiers] [ID., ib. p. 208]Mettre le pain en un four froid [ID., ib. p. 211]Rendre pain pour fouace [rendre la pareille] [ID., ib.]Nul pain sans peine, [, ib. p. 358]On se fasche bien de manger pain blanc [GÉNIN, Récréat. t. II, p. 246]Quiers-tu meilleur pain que de fourment ? [COTGRAVE, ]Pain tant qu'il dure, vin à mesure [ID., ]Où pain faut, tout est à vendre [ID., ]De tout s'avise à qui pain faut [ID., ]Pin [Jean du], theologien, medecin, poete françois et orateur, autres l'appellent du Pain ; mais c'est à l'imitation des Parisiens qui ont ce dialecte ou façon de prononcer pain pour pin [LACROIX DU MAINE, Biblioth. p. 258, dans LACURNE]
ÉTYMOLOGIE
- Picard, poin, pan ; wallon, pon, pan ; Basse-Normand. poin ; prov. pan, pa ; port. pão ; ital. pane ; du lat. panis. Dans panis, les étymologistes voient le radical sanscrit pa (a long), nourrir, qui a donné le sanscrit pita, pain, le latin pabulum, pascor.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
- PAIN. Ajoutez :
pain
Pain bis ou Pain de seigle, Pain fait de farine de seigle et de froment.
Pain noir, Pain fait de farine de seigle, de sarrasin et de froment.
Pain complet, Pain fait d'un mélange de son et de farine.
Pain de fantaisie ou Pain riche, Pain long et mince, à la mie très blanche, à la croûte dorée.
Pain de gruau, Pain fait de fine fleur de froment.
Pain de ménage ou de cuisson, Pain fait de farine de froment et cuit dans un four privé. Il s'oppose à Pain de boulanger.
Pain de munition, Pain qu'on fabrique pour les soldats.
Pain de régime, Pain d'où sont exclus les éléments nuisibles dans certains états maladifs.
Pain de chien, Pain grossier destiné à la nourriture des chiens.
En termes de Cuisine, Pain perdu, Tranches de pain trempées dans du lait et des oeufs et que l'on fait frire à la poêle.
Pain aux champignons, Sorte de mets fait avec de la croûte de pain et des champignons.
Pain de poisson, de poulet, etc., Sorte de mets fait avec de la chair de poisson, de poulet, que l'on pile et que l'on fait cuire dans un moule.
Pain d'épice, Sorte de gâteau fait avec de la farine de seigle, du miel, des épices, etc. Pain d'épice de Reims.
Pain bénit, Pain qui est bénit au cours d'une messe solennelle et dont on distribue les morceaux aux fidèles dans les églises paroissiales. Prendre du pain bénit.
Prov. et fig., C'est pain bénit, C'est un malheur bien mérité, c'est bien fait. On dit dans un sens analogue : C'est pain bénit de le tromper, il croit tout ce qu'on lui dit.
Pain à cacheter, Sorte de petit pain sans levain et très mince dont on se servait pour cacheter des lettres et dont on se sert encore pour fixer un papillon de papier.
Pain à chanter, Pain sans levain, coupé en rond, portant l'image ou quelque symbole de JÉSUS-CHRIST et que le prêtre consacre pendant la messe. Par extension, il se dit de Tout pain azyme. Voyez AZYME.
Fig., Le pain des anges, le pain céleste, L'Eucharistie. On dit aussi figurément : La parole de Dieu est le pain des fidèles. L'Écriture sainte est le pain des forts.
Fam., Il ne vaut pas le pain qu'il mange se dit d'un Fainéant, d'un homme qui n'est bon à rien.
Fig. et fam., Il a mangé son pain blanc le premier, Il a été dans un état heureux, agréable et n'y est plus.
Fig. et fam., Avoir son pain cuit, Avoir sa subsistance assurée, avoir de quoi vivre en repos. Il vieillit.
Fig. et fam., Avoir du pain sur la planche, Jouir d'une certaine aisance qui assure l'avenir. Il signifie aussi Avoir du travail en réserve, de quoi s'occuper plus ou moins longtemps.
Fig. et fam., C'est du pain bien dur à manger se dit d'une Condition fâcheuse où le besoin contraint à rester.
Fig. et fam., Donner une chose pour un morceau de pain, La vendre à fort bas prix.
Fig. et fam., Ôter le pain de la bouche à quelqu'un, Lui ôter les moyens de subsister.
Fig. et fam., Long comme un jour sans pain, Fort long, fort ennuyeux.
Fig. et fam., Il est bon comme le bon pain, comme du bon pain, C'est un homme extrêmement bon et doux.
Fig. et fam., Promettre plus de beurre que de pain, Promettre plus qu'on ne veut ou qu'on ne peut tenir.
Pop., Faire passer, faire perdre le goût du pain à quelqu'un, Le faire mourir.
PAIN désigne aussi, en général, la Nourriture, la subsistance. Gagner son pain à la sueur de son front. On veut m'ôter mon pain. Je dispute, je défends mon pain. Il a son pain assuré. Il n'a pas de pain. Il en est à mendier son pain. Ce petit emploi lui donnera du pain.
Pain quotidien. Expression employée dans l'oraison dominicale : La nourriture de chaque jour, ou Ce qui suffit aux besoins journaliers.
Fig. et fam., Pain quotidien, Ce que l'on fait tous les jours ou presque tous les jours. Ils passent leur vie à jouer, c'est leur pain quotidien. Il médit de tout le monde, c'est son pain quotidien.
PAIN se dit aussi de Certaines substances mises en masse. Pain de sucre. Pain de savon.
Arbre à pain, Nom vulgaire du jaquier.
pain
Pain, Panis.
Pain blanc, Panis primarius, Candidus panis.
Pain bourgeois, gros pain, Panis secundarius, siue secundus, Cibarius panis, Panis ciuilis, B.
Pain bis dont on n'a pas osté beaucoup du son, Pain de la fenestre, Ater panis, Autopyron. Panis autopyrus, id est, ex tota farina confectus sine excretione furfurum.
Pain cuit au four, Furnaceus panis.
Pain peu cuict, Rubipus panis.
Pain pestri, Depsiticus panis.
Pain saffranné et jaune, Luteus panis.
Pain esmié, Panis friatus.
Pain broyé parmi d'autres choses, Intritum panis, Panis intritus, id est, panis in mortario contusus.
Gros pain plein de paille, comme pain d'orge, Acerosus panis.
Pain rassis, Panis hesternus. B. ex Celso.
Le pain benit, Lustratum panificium. B.
Une sorte de pain d'orge que les anciens donnoient aux gelines pour les engresser, Turunda turundae.
Pain avec lequel on mange les huystres, Ostrearius panis.
Tout pain, Panificium.
Chapeler du pain, Distringere panem.
Pain et pitance, Cibaria et pulmentaria. B.
¶ Tu me fais de tel pain soupes, AEre meo me lacessis.
On luy a fait de tel pain soupes, Quod ab ipso allatum est, id relatum est sibi.
¶ Une herbe qu'on appelle Pain de porceau, Cyclaminum, És boutiques, Cyclamen, ou Panis porcinus, pour ce que sa racine est fort aggreable aux porceaux.
Autre herbe nommée pain à Cocu, Oxys, les Apothicaires le nomment Trifolium acetosum et Alleluya, le vulgaire Panis Cuculi. Pour ce que le Cocu, ou Coucou en mange volontiers.
pain
PAIN, s. m. [Pein, monos.] 1°. Aliment fait de farine de blé, pétrie et cuite au four. "Bon ou mauvais pain, bis, blanc, tendre, frais, ou rassis, dur, etc. = Il se dit élégamment au figuré, dans le style de l'éloquence sacrée. "Tant d'infortunés, qui ne se nourrissent que d'un pain de larmes et d'amertume. MASSILL. C'est une expression consacrée. — En style proverbial, n'avoir pas de pain, être réduit à la dernière misère. "Un ouvrier, qui ne doneroit que du bon, n'auroit pas de pain. COYER. = On dit d'un homme, qui a voyagé, qu'il a mangé plus d'un pain, et de celui, qui est habile, qu'il sait son pain manger, de celui, qui mange seul ce qu'il a et n'en fait pas part aux aûtres, qu'il mange son pain dans sa poche; de celui, qui a été domestique, qu'il a mangé le pain d'un aûtre; d' un fainéant, qu'il ne vaut pas le pain qu'il mange; de celui, à qui le bien vient, quand il ne peut plus s'en servir, qu'il a du pain, quand il n'a plus de dents; d'un travail, qui ne produira du profit que dans un tems éloigné, que, c'est du pain bien long. = Faire pâsser ou faire perdre le goût du pain à quelqu'un, le faire mourir. Doner quelque chôse pour un morceau de pain, à vil prix. = Le Proverbe dit: pain dérobé réveille l'apétit: on a plus d'envie d'une chôse, quand elle nous est interdite. Voy. BEURRE, BLANC, CUIT, FUMÉE.
Pain azime, ne se dit que parmi les savans. Dans le style simple, on dit, pain sans levain.
Pain à chanter, nom vulgaire doné aux hosties. On disait autrefois pain à chanter, pour hostie. C'est-à-dire pain à chanter la messe. On ne se sert plus de cette expression que pour le pain à cacheter. MARIN. * Le peuple dit, pain enchanté.
2°. PAIN, se prend pour subsistance. "Manger son pain, à la sueur de son front: on veut m'ôter mon pain. = Mettre à quelqu'un le pain à la main, lui doner un moyen de gâgner sa vie, de s'avancer, etc. lui ôter le pain de la main, le moyen de subsister.
3°. PAIN, se dit aussi de certaines chôses, mises en masse. "Pain de sucre, de savon, de cire, de bougie, etc.
pain
Brot, Laibbread, loaf, cakebrood, mik, (langwerpig) stuk, klap, staafלחם (ז), לֶחֶם, לחםbroodхлябpachléb, bochníkbrødψωμί, φραντζόλα, καρβέλιpanopan, barra de pan, hogaza de panنانleipäkenyérpanrotibrauðpane, pan, pagnottaパン, パンのひと塊빵, 덩어리, 식빵duonabrødchleb, bochenekpão, pão de formapâineхлеб, буханкаchliebkruhbröd, limpamkateขนมปัง, ก้อนขนมปังekmek, somunхлібbánh mì, ổخُبْز, رَغِيْفٌkruh, štruca一条面包, 面包麵包 (pɛ̃)nom masculin
pain
[pɛ̃] nmun morceau de pain → a piece of bread
une tranche de pain → a slice of bread
le pain quotidien → daily bread
Donnez-nous aujourd'hui notre pain quotidien → Give us today our daily bread.
ça ne mange pas de pain → it won't do any harm
ça ne mange pas de pain d'essayer → there's no harm in trying
pain de légumes → vegetable loaf
pain bis nm → brown bread
pain complet nm → wholemeal (Grande-Bretagne) bread, wholewheat (USA) bread
pain de campagne nm → farmhouse bread
pain de mie nm → sandwich loaf
pain d'épice nm → gingerbread
pain de seigle nm → rye bread
pain de sucre nm → sugar loaf
pain grillé nm → toast
pain perdu nm → French toast