joie
joie
n.f. [ lat. gaudium, de gaudere, se réjouir ]JOIE
(joî ; d'après Bèze, au XVIe siècle on prononçait joi-ye ; d'autres prononçaient, ce qu'il blâme, jo-ye) s. f.REMARQUE
- On dit : j'ai de la joie à vous voir, parce que à est régi par j'ai ; mais : j'ai la joie de vous voir, je n'ai pas eu la joie de vous voir, parce que de est régi par joie.
HISTORIQUE
- XIe s. Il l'abat mort, paien en ont grant joie [, Ch. de Rol. CXXI]
- XIIe s. Il n'i fit joie ne cheveluz ne chauz [chauve] [, Ronc. 149]À joie [ils] s'en departent vers France cele part [, Saxons, XXIX]
- XIIIe s. Et sa mere en commence de la joie à pleurer [, Berte, III]Ris et soulas et joie m'ont bien clamée quitte [, ib. XXXVII]Mais Diex qui est donnerres de joie souveraine [, ib. L]Si n'avoit el [Largesse] joie de rien Cum quant el pooit dire, tien [, la Rose, 1137]Et quant j'oi une piesce [quelque temps] demouré à loinville, et je oy fetes mes besoignes, je me muz vers le roy, leque ! je trouvai à Soissons, et me fist si grant joie, que touz ceulz qui là estoient s'en merveillerent [JOINV., 289]
- XVe s. Mon seul amv, mon bien, ma joye, Celui que sur tous amer veulx, Je vous pry que soyez joyeux En esperant que brief vous voye [CH. D'ORL., Bal. 36]
- XVIe s. Ceste nouvelle joye survenue par dessus l'aise de la victoire [AMYOT, Mar. 38]Le peuple tout incontinent en voulut faire des feux de joye [ID., Phoc. 23]Joye au cœur fait beau teint [LEROUX DE LINCY, Prov. t. II, 323]On meurt bien de joie [ID., ib. p. 361]Pour une joie mille douleurs [ID., ib. p. 31]
ÉTYMOLOGIE
- Provenç. gaug, gauch, guaug, gaut, s. m., et joi, s. m., et joia, s. f. ; cat. gotg, s. m. ; anc. espagn. gaudio ; espagn. mod. gozo et aussi joya ; ital. gaudio et gioia ; du latin gaudium. Les formes féminines viennent du pluriel gaudia, selon l'usage de l'ancienne langue qui des pluriels neutres latins a tiré des noms féminins, comme merveille, Bible, etc.
joie
Il se dit aussi quelquefois, au pluriel, pour Plaisirs, jouissances. Les joies d'une mère. Vivre dans les joies du monde. Les joies du paradis.
Une fille de joie. Voyez FILLE.
Feu de joie. Voyez FEU.
Fam., Que le ciel vous tienne en joie, Ancien souhait de politesse.
Fam., Être dans la joie de son coeur, Être transporté de joie.
Faire la joie, être la joie de quelqu'un, Être pour lui un grand sujet de joie, faire son bonheur. Ce jeune homme est la joie de ses parents. Ce fils fait la joie de sa mère.
S'en donner à coeur joie. Voyez COEUR.
JOIE se prend aussi pour Gaieté, humeur gaie. Cet homme est toujours en joie. Son air inspire la joie. La joie bruyante des convives.
joie
JOIE, s. f. [Joâ, monos. long. C' est ainsi qu'il faut écrire, et non pas joye, avec un y, qui ferait prononcer joa-ie. Le P. Follard écrit joïe, qui est encôre plus mauvais. Car, avec cette ortographe, il faudrait prononcer jo-ïe.] Mouvement vif et agréable, que l' âme ressent dans la possession d'un bien effectif ou imaginaire. Acad. Satisfaction, contentement, émotion de l'âme causée par le plaisir, ou par la possession de quelque bien. Trév. Satisfaction que l'on ressent en soi, et qu'on témoigne souvent au dehors. Rich. Port. "Grande joie: joie excessive, immodérée, extraordinaire, etc. = Joie, gaieté (synon.) L'une est dans le coeur; l'aûtre dans les manières. Celle-là consiste dans un doux sentiment de l'âme; celle-ci dans une agréable situation d'esprit. Gir. Synon. On peut ajouter que la joie est un sentiment plus profond, qui a une caûse réelle, et tient davantage de la réflexion; et que la gaîté vient plus du tempérament et des circonstances, qu'elle pâsse plus vîte, et a plus de vicissitudes. Tel a de la gaîté, qui n'a pas de la joie. = Voyez CONTENTEMENT. = On dit, avoir de la joie à, et avoir la joie, ou se faire une joie de, avec l'infinitif. "J'ai bien de la joie à vous voir. "Je n'ai pas eu la joie de le voir. "Je me fais une joie de vous voir. * Racine a mis pour le dernier la prép. à, au lieu de la prép. de.
Le Ciel s'est fait, sans doute, une joie inhumaine,
À~ rassembler sur moi tous les traits de sa haine.
Iphigénie.
C'est une faute que ce grand Poète pouvoit éviter, sans rien changer à la mesure du vers. D'Olivet. = Il dit dans sa Bérénice:
Ne l'entendez-vous pas cette cruelle joie?
On entend les cris de joie; mais entendre la joie est une métaphôre forcée, ou une ellipse un peu forte, même en vers. = Fénélon dit, faire la joie, pour faire le bonheur de: "C'est ainsi que vous devez régner, et faire la joie de vos peuples. = On dit, à notre grand contentement, à notre grande satisfaction. Le Traduct. du Voyage d'Anson dit, dans le même sens, à notre grande joie. "Nous nous trouvâmes, à notre grande joie, réunis avec nos compagnons. "Il arriva à la rade de Spithéad, à la joie inexprimable de tout l'Êquipage. = Cela a tout l'air d'un anglicisme. = Ne pas se sentir de joie, est du style familier.
À~ ces mots, le Corbeau ne se sent pas de joie,
La Font.
* Par joie, adv. Pour se divertir. L'expression est vieille ou barbâre. "On s'acuse d'avoir dit, par joie des paroles inutiles. Et quelles sont ces paroles? équivoques, railleries immodestes, licencieuses, etc. La Rue. — L'Acad. ne met pas par joie, et il ne se dit point. = On dit familièrement, s'en doner à coeur joie, se rassasier. "Il est à la joie, ou dans la joie de son coeur, il est transporté de joie. = Feux de joie, feux qu'on allume dans les réjouissances publiques. "On fit des feux de joie pour la naissance de ce Prince. = Fille de joie, fille prostituée. On dit aussi, fille tout seul. Voyez FILLE.
joie
joie
joy, gladness, delight, glee, happiness, joyfulness (ʒwa)nom féminin