joie

joie

n.f. [ lat. gaudium, de gaudere, se réjouir ]
1. Sentiment de bonheur intense, de plénitude, limité dans sa durée, éprouvé par une personne dont un souhait, un désir est satisfait : Ils ont ressenti une immense joie bonheur, satisfaction ; 2. chagrin, désespoir, tristesse allégresse, félicité ; affliction, désolation
2. État de satisfaction qui se manifeste par de la gaieté et de la bonne humeur ; ces manifestations elles-mêmes : Travailler dans la joie gaieté ; morosité exultation, jubilation ; désespoir
3. Ce qui provoque chez qqn un sentiment de vif bonheur, de vif plaisir : Il se faisait une telle joie de venir ravissement ; ennui satisfaction ; douleur
Fausse joie,
joie attendue, mais qui se révèle non fondée.
Feu de joie,
feu allumé lors de réjouissances publiques.
Joie de vivre,
plaisir de vivre et d'accomplir les tâches de la vie quotidienne.
Les joies de,
les plaisirs, les bons moments que qqch procure ; fam., iron., les ennuis, les désagréments de : Les joies du célibat.
Mettre qqn en joie,
le mettre de bonne humeur ou le faire rire.
Se faire une joie de,
être extrêmement heureux à l'idée de : Ils se font une joie d'aller à ce concert.
S'en donner à cœur joie,
Fam. profiter pleinement du plaisir qui se présente : Quand ils vont à la plage, les enfants s'en donnent à cœur joie.
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JOIE

(joî ; d'après Bèze, au XVIe siècle on prononçait joi-ye ; d'autres prononçaient, ce qu'il blâme, jo-ye) s. f.
Plaisir de l'âme.
Ceux dont il a gagné la croyance et l'appui Prendront-ils même joie à n'obéir qu'à lui ? [CORN., Sert. I, 1]
À ces mots le corbeau ne se sent pas de joie [LA FONT., Fabl. I, 2]
Je sortais et j'ai joie à vous voir de retour [MOL., Tart. I, 5]
Trouvant sa plus grande joie dans le Dieu qui le charme, il [l'homme] s'y porte [vers le bien] infailliblement de lui-même par un mouvement tout libre, tout volontaire, tout amoureux [PASC., Prov. XVIII]
Une chose qui comble de joie Mme de Rohan [SÉV., 9]
Le beau temps ne vous est de rien ; vous y êtes trop accoutumée ; pour nous, nous voyons si peu le soleil, qu'il nous fait une joie particulière [ID., 10 nov. 1675]
Je suis touchée d'une véritable joie que vous ayez au moins tiré de vos malheurs.... la connaissance de ce que vous êtes [ID., Lett. à Bussy, 22 juill. 1685]
Tout brille de joie dans cette province de l'arrivée du chevalier de Tourville à Brest [ID., 6 août 1689]
La perte d'Annibal eût fait la joie des seigneurs [à Carthage] [BOSSUET, Hist. III, 6]
Si elle eut de la joie de régner sur une grande nation, c'est parce qu'elle pouvait contenter le désir immense qui sans cesse la sollicitait à faire du bien [ID., Reine d'Anglet.]
Le cardinal [Mazarin] fait la paix avec avantage ; au plus haut point de sa gloire, sa joie est troublée par la triste apparition de la mort [ID., le Tellier.]
Les cœurs sont saisis d'une joie soudaine par la grâce inespérée d'un beau jour d'hiver [ID., Mar.-Thér.]
Cette joie sensible qu'elle avait à croire lui fut continuée quelque temps [ID., Anne de Gonz.]
Il met en joie le ciel et la terre [ID., Lett. abb. 102]
Cette joie intérieure et spirituelle dont Dieu remplit une âme qui le cherche en vérité, et qui ne cherche que lui [BOURDAL., 3e dim. après Pâq. Dominic. t. II, p. 119]
Il trépigne de joie, il pleure de tendresse [BOILEAU, Art p. I]
Elle [l'élégie] peint des amants la joie et la tristesse [ID., ib. II]
Et ma joie à vos yeux n'ose-t-elle éclater ? [RAC., Iph. II, 2]
Un je ne sais quel trouble empoisonne ma joie [ID., Esth. II, 1]
Ah ! qu'un seul des soupirs que mon cœur vous envoie, S'il s'échappait vers elle, y porterait de joie ! [ID., Andr. I, 4]
Quelle joie D'enlever à l'Épire une si belle proie ! [ID., ib. II, 3]
Il s'élève en la mienne [âme] une secrète joie [ID., ib. I, 1]
Une riante troupe Semble boire avec lui la joie à pleine coupe [ID., Esth. II, 9]
Le ciel s'est fait sans doute une joie inhumaine à rassembler sur moi tous les traits de sa haine [ID., Iph. II, 1]
Je veux que tous les cœurs soient heureux de ma joie [VOLT., Zaïre, III, 1]
Une joie féroce succède tout à coup au noir chagrin qui dévorait ces brigands [RAYNAL, Hist. phil. x, 10]
Tu te fais une joie orgueilleuse et cruelle, D'attacher sur mon front une honte éternelle [C. DELAV., Vêpr. sic. III, 2]
Que le ciel vous tienne en joie, ancien souhait de politesse.
Le ciel vous tienne tous en joie [MOL., Tart. V, 4]
On a dit de même : Que la joie soit avec vous.
Il salua Tobie, et lui dit : que la joie soit toujours avec vous [SACI, Bible, Tobie, V, 11]
Cris de joie, cris que l'on pousse dans un transport de joie.
Fasse le juste ciel, propice à mes désirs, Que ces longs cris de joie étouffent vos soupirs ! [CORN., Pomp V, 5]
Avoir la joie d'une chose, en jouir.
L'un se baissait déjà pour amasser la proie ; L'autre le pousse et dit : il est bon de savoir Qui de nous en aura la joie [LA FONT., Fabl. IX, 9]
Être à la joie de son cœur, être dans la joie de son cœur, être transporté de joie.
Me voici à la joie de mon cœur, toute seule dans ma chambre à vous écrire paisiblement [SÉV., 13 mars 1671]
M. Despréaux est à la joie de son cœur, depuis qu'il a vu.... [RAC., Lettre XXXII, à son fils.]
Faire la joie, être la joie de quelqu'un, être pour lui un grand sujet de joie, faire son bonheur.
Ô mon fils ! ô ma joie ! ô l'honneur de mes jours [CORN., Hor. IV, 2]
En attendant qu'elle [une princesse] fasse la félicité d'un grand prince et la joie de toute la France [BOSSUET, Reine d'Anglet.]
Se donner au cœur joie, ou à cœur joie de quelque chose, en jouir pleinement, abondamment, s'en rassasier. On dit dans le même sens : s'en donner à cœur joie. Feu de joie, voy. FEU, n° 10. Fig.
Il [un prince] fut défait entièrement [par le czar Pierre] ; et la relation porte qu'on fit de son pays un feu de joie [VOLT., Russ. II, 16]
Au plur. Plaisirs, jouissances. Les joies du paradis.
Nos jours, filés de toutes soies, Ont des ennuis comme des joies [MALH., VI, 24]
C'est vous qui faites ici toutes mes joies [VOITURE, Lettre 30]
Les joies temporelles couvrent les maux éternels qu'elles causent [PASC., Lett. à Mlle de Roannez, 2]
Dans la solitude de Sainte-Fare.... dans cette sainte montagne où les joies de la terre étaient inconnues [BOSSUET, Anne de Gonz.]
Oubliant le caractère de désolation qui fait le soutien comme la gloire de son état [veuvage], elle s'abandonne aux joies du monde [ID., ib.]
Des douceurs préférables à toutes les joies et à tous les plaisirs des sens [BOURDALOUE, Serm. 17e dim. après la Pentec. Domin. t. IV, p. 75]
Vous disiez.... au milieu de vos joies insensées.... qu'il faut laisser parler le monde [MASS., Carême, Resp. hum.]
Il vaudrait toujours mieux s'affliger avec le peuple de Dieu, que participer aux joies fades et puériles des enfants du siècle [ID., Carême, Dégoûts.]
On rappelle avec complaisance les joies des premières années [ID., Carême, Délai de la conv.]
Cette paix, ces plaisirs, ces innocentes joies Que Dieu garde aux tribus qui marchent dans ses voies [C. DELAV., Paria, II, 5]
Souvent dans ses desseins Dieu suit d'étranges voies, Lui qui livre Satan aux infernales joies, Et Marie aux saintes douleurs [V. HUGO, Odes, I, 2]
Les quinze Joies du mariage, titre d'un ouvrage satirique du XVe siècle, où sont dénombrés les inconvénients du mariage.
Gaieté, humeur gaie. La joie bruyante des convives.
À Piéton, près de ce corps redoutable que trois puissances réunies avaient assemblé, c'était dans nos troupes de continuels divertissements ; toute l'armée était en joie, et jamais elle ne sentit qu'elle fût plus faible que celle des ennemis [BOSSUET, Louis de Bourbon.]
Aux accès insolents d'une bouffonne joie La sagesse, l'esprit, l'honneur furent en proie [BOILEAU, Art p. III]
La princesse aimait à donner chez elle des fêtes, des divertissements, des spectacles, mais elle voulait qu'il y entrât de l'idée, de l'invention, et que la joie eût de l'esprit [FONTEN., Malézieu.]
Vive la joie ! cri de gens qui s'amusent et qui veulent continuer à s'amuser. Aimer la joie, aimer les plaisirs.
Mon père a un peu trop aimé la joie, ce qui n'enrichit pas une famille [MARIV., Marianne, 6e part.]
Une fille de joie, une prostituée.
Ni qu'en ma chambre une fille de joie Passe la nuit [LA FONT., Court.]
Terme d'alchimie. Joie des philosophes, la pierre arrivée au blanc parfait.

REMARQUE

  • On dit : j'ai de la joie à vous voir, parce que à est régi par j'ai ; mais : j'ai la joie de vous voir, je n'ai pas eu la joie de vous voir, parce que de est régi par joie.

HISTORIQUE

  • XIe s.
    Il l'abat mort, paien en ont grant joie [, Ch. de Rol. CXXI]
  • XIIe s.
    Il n'i fit joie ne cheveluz ne chauz [chauve] [, Ronc. 149]
    À joie [ils] s'en departent vers France cele part [, Saxons, XXIX]
  • XIIIe s.
    Et sa mere en commence de la joie à pleurer [, Berte, III]
    Ris et soulas et joie m'ont bien clamée quitte [, ib. XXXVII]
    Mais Diex qui est donnerres de joie souveraine [, ib. L]
    Si n'avoit el [Largesse] joie de rien Cum quant el pooit dire, tien [, la Rose, 1137]
    Et quant j'oi une piesce [quelque temps] demouré à loinville, et je oy fetes mes besoignes, je me muz vers le roy, leque ! je trouvai à Soissons, et me fist si grant joie, que touz ceulz qui là estoient s'en merveillerent [JOINV., 289]
  • XVe s.
    Mon seul amv, mon bien, ma joye, Celui que sur tous amer veulx, Je vous pry que soyez joyeux En esperant que brief vous voye [CH. D'ORL., Bal. 36]
  • XVIe s.
    Ceste nouvelle joye survenue par dessus l'aise de la victoire [AMYOT, Mar. 38]
    Le peuple tout incontinent en voulut faire des feux de joye [ID., Phoc. 23]
    Joye au cœur fait beau teint [LEROUX DE LINCY, Prov. t. II, 323]
    On meurt bien de joie [ID., ib. p. 361]
    Pour une joie mille douleurs [ID., ib. p. 31]

ÉTYMOLOGIE

  • Provenç. gaug, gauch, guaug, gaut, s. m., et joi, s. m., et joia, s. f. ; cat. gotg, s. m. ; anc. espagn. gaudio ; espagn. mod. gozo et aussi joya ; ital. gaudio et gioia ; du latin gaudium. Les formes féminines viennent du pluriel gaudia, selon l'usage de l'ancienne langue qui des pluriels neutres latins a tiré des noms féminins, comme merveille, Bible, etc.
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877

joie

JOIE. n. f. Mouvement agréable que fait éprouver la possession d'un bien réel ou imaginaire. Joie profonde, excessive, immodérée. Fausse joie. Joie publique. Mouvement de joie. Transport de joie. Cris de joie. Larmes de joie. Être ravi, transporté de joie, ivre de joie. Donner causer de la joie à quelqu'un, le combler de joie. Tressaillir de joie. Pleurer de joie. Nager dans la joie. Il ne se sent pas de joie. La joie paraissait sur son visage. Dans la joie où elle était de le revoir, qu'elle avait à le revoir. J'ai eu la joie de les voir unis. J'en ai eu bien de la joie. Je prends part à votre joie. Je vous servirai avec joie. Cette nouvelle remplit la ville de joie.

Il se dit aussi quelquefois, au pluriel, pour Plaisirs, jouissances. Les joies d'une mère. Vivre dans les joies du monde. Les joies du paradis.

Une fille de joie. Voyez FILLE.

Feu de joie. Voyez FEU.

Fam., Que le ciel vous tienne en joie, Ancien souhait de politesse.

Fam., Être dans la joie de son coeur, Être transporté de joie.

Faire la joie, être la joie de quelqu'un, Être pour lui un grand sujet de joie, faire son bonheur. Ce jeune homme est la joie de ses parents. Ce fils fait la joie de sa mère.

S'en donner à coeur joie. Voyez COEUR.

JOIE se prend aussi pour Gaieté, humeur gaie. Cet homme est toujours en joie. Son air inspire la joie. La joie bruyante des convives.

Dictionnaire de L'Académie française 8th Edition © 1932-5

joie


JOIE, s. f. [Joâ, monos. long. C' est ainsi qu'il faut écrire, et non pas joye, avec un y, qui ferait prononcer joa-ie. Le P. Follard écrit joïe, qui est encôre plus mauvais. Car, avec cette ortographe, il faudrait prononcer jo-ïe.] Mouvement vif et agréable, que l' âme ressent dans la possession d'un bien effectif ou imaginaire. Acad. Satisfaction, contentement, émotion de l'âme causée par le plaisir, ou par la possession de quelque bien. Trév. Satisfaction que l'on ressent en soi, et qu'on témoigne souvent au dehors. Rich. Port. "Grande joie: joie excessive, immodérée, extraordinaire, etc. = Joie, gaieté (synon.) L'une est dans le coeur; l'aûtre dans les manières. Celle-là consiste dans un doux sentiment de l'âme; celle-ci dans une agréable situation d'esprit. Gir. Synon. On peut ajouter que la joie est un sentiment plus profond, qui a une caûse réelle, et tient davantage de la réflexion; et que la gaîté vient plus du tempérament et des circonstances, qu'elle pâsse plus vîte, et a plus de vicissitudes. Tel a de la gaîté, qui n'a pas de la joie. = Voyez CONTENTEMENT. = On dit, avoir de la joie à, et avoir la joie, ou se faire une joie de, avec l'infinitif. "J'ai bien de la joie à vous voir. "Je n'ai pas eu la joie de le voir. "Je me fais une joie de vous voir. * Racine a mis pour le dernier la prép. à, au lieu de la prép. de.
   Le Ciel s'est fait, sans doute, une joie inhumaine,
   À~ rassembler sur moi tous les traits de sa haine.
       Iphigénie.
C'est une faute que ce grand Poète pouvoit éviter, sans rien changer à la mesure du vers. D'Olivet. = Il dit dans sa Bérénice:
   Ne l'entendez-vous pas cette cruelle joie?
On entend les cris de joie; mais entendre la joie est une métaphôre forcée, ou une ellipse un peu forte, même en vers. = Fénélon dit, faire la joie, pour faire le bonheur de: "C'est ainsi que vous devez régner, et faire la joie de vos peuples. = On dit, à notre grand contentement, à notre grande satisfaction. Le Traduct. du Voyage d'Anson dit, dans le même sens, à notre grande joie. "Nous nous trouvâmes, à notre grande joie, réunis avec nos compagnons. "Il arriva à la rade de Spithéad, à la joie inexprimable de tout l'Êquipage. = Cela a tout l'air d'un anglicisme. = Ne pas se sentir de joie, est du style familier.
   À~ ces mots, le Corbeau ne se sent pas de joie,
       La Font.
* Par joie, adv. Pour se divertir. L'expression est vieille ou barbâre. "On s'acuse d'avoir dit, par joie des paroles inutiles. Et quelles sont ces paroles? équivoques, railleries immodestes, licencieuses, etc. La Rue. — L'Acad. ne met pas par joie, et il ne se dit point. = On dit familièrement, s'en doner à coeur joie, se rassasier. "Il est à la joie, ou dans la joie de son coeur, il est transporté de joie. = Feux de joie, feux qu'on allume dans les réjouissances publiques. "On fit des feux de joie pour la naissance de ce Prince. = Fille de joie, fille prostituée. On dit aussi, fille tout seul. Voyez FILLE.

Jean-François Féraud's Dictionaire critique de la langue française © 1787-1788

joie

joy, gladness, delight, glee, happiness, joyfulness (ʒwa)
nom féminin
sentiment de bonheur, desatisfaction Quelle joie de vous voir ! accueillir qqn avec joie
Kernerman English Multilingual Dictionary © 2006-2013 K Dictionaries Ltd.

joie

[ʒwa] nfjoy
avec joie [accepter] → with the greatest pleasure
sans joie [existence] → joyless
Collins English/French Electronic Resource. © HarperCollins Publishers 2005