dépendre

(Mot repris de dépendrions)

1. dépendre

v.t. [ de pendre ]
Détacher ce qui était pendu : Elle a dépendu le lustre du salon décrocher ; accrocher, pendre

2. dépendre

v.t. ind. [ lat. dependere, être lié à ] (de)
1. Être sous la dépendance, l'autorité de qqn ; être du ressort d'un organisme : Les cadres dépendent de leur chef de département relever de reposer sur
2. Être subordonné à la décision de qqn ; être soumis à qqch : Il dépend de vous que la crise soit résolue tenir à
Ça dépend,
c'est incertain ; peut-être.
Maxipoche 2014 © Larousse 2013

DÉPENDRE1

(dé-pan-dr') v. a.
Détacher une chose qui était pendue.
Il est même assez ordinaire de pousser les exécutions jusqu'à dépendre les portes des maisons après avoir vendu ce qui était dedans [VAUBAN, Dîme, p. 29]
[Il] Dérange les fauteuils, dépend lustre et tableaux [COLLIN D'HARLEV., Malice pour mal. I, 8]
Détacher une personne qui était pendue. La foule accourut et dépendit l'homme qui pendait au gibet.
Fig. Se dépendre, v. réfl. Se détacher, renoncer.
L'âme ne se peut dépendre elle-même de ces pensées [BOSSUET, Ben. 1]

REMARQUE

  • On dit : je suis à vous à pendre et à dépendre, ami à pendre et à dépendre, pour dire tout dévoué. C'est une locution altérée pour à vendre et à dépendre (voy. DÉPENDRE 3), qui, n'étant plus usité dans ce sens, et restant usité avec le sens de détacher, a fait changer vendre en pendre.

HISTORIQUE

  • XIIIe s.
    Li chevaliers li a cunté Que mult li ert mesavenu Dou lairon qu'il ot despendu [MARIE, Fable 33]
    Avant que l'empereur de Perse alast devant la chamelle, il amena le conte Gautier devant Jaffe, et le pendirent par les bras à unes fourches, et li dirent que il ne le despendroient point, jusques à tant qu'il auroient le chastel de Jaffe [JOINV., 271]
  • XVe s.
    Velà le mort, je vous le monstre, Joseph ; or le povez despandre [, la Passion de N.S.J.C.]
  • XVIe s.
    Encores les despend on, à force, du col de leurs meres pour les rendre à leurs espoux [MONT., I, 270]
    Le prevost le fit dependre [DESPER., Contes, LXIII]
    Et elle voyant le corps de son filz mort estendu, et sa mere encore pendue au gibet, aida elle mesme aux bourreaux à la despendre [AMYOT, Agis et Cléomène, 22]

ÉTYMOLOGIE

  • Dé.... préfixe, et pendre, v. a.

DÉPENDRE2

(dé-pan-dr') v. n.
Être dans certain rapport qui enchaîne une chose à une autre. L'effet dépend de la cause. La conclusion dépend des prémisses.
De là ne dépendent pas les destinées de la France [BALZ., liv. VI, lett. 7]
Souviens-toi.... Que tes jours me sont chers ; que les miens en dépendent [CORN., Cinna, I, 3]
Comme si le salut de la religion en dépendait [PASC., Prov. 18]
C'est faire dépendre le christianisme de la politique [BOSSUET, Var. XV, § 133]
Tout dépend du secret et de la diligence [RAC., Iphig. IV, 10]
Leur sûreté [des rois] souvent dépend d'un prompt supplice [ID., Athal. II, 5]
Il vit que son salut dépendait de lui plaire, et bientôt il lui plut [ID., Baj. I, 1]
Mon bonheur dépendait de l'avoir pour époux [ID., Mithr. III, 5]
Nécessités dont ils font dépendre tout leur bonheur [FÉN., Tél. VIII]
On vit manifestement, pendant le peu de temps que dura la tyrannie des décemvirs, à quel point l'agrandissement de Rome dépendait de sa liberté [MONTESQ., Rom. 1]
Impersonnellement.
Il ne dépendra pas de vous de me laisser ici ; plutôt mourir que de vous voir partir sans moi [FÉN., Tél. IV]
Se rattacher à.
Dans les choses qui dépendront de notre métier [MOL., Mal. imag. II, 6]
Faire partie de quelque chose. Ce territoire ne dépend pas de la France. Ce parc dépend de votre propriété. Appartenir à. Cette cure dépend de tel diocèse. Ces juges dépendent de tel tribunal. En matières bénéficiales. Ce prieuré dépend de telle abbaye, la nomination en appartient au titulaire de telle abbaye. Terme de jurisprudence féodale. Relever de. Ce fief dépend de telle baronie.
Être sous la domination, l'autorité de.
Mais peut-être qu'un jour je dépendrai de moi [CORN., Nic. II, 3]
Dépendre, c'est selon la plus claire notion et la plus évidente être tenu d'obéir [BOURD., Exhortation sur l'obéissance relig. t. I, p. 262]
Il est triste de dépendre de gens qu'on n'aime point [MAINTENON, Lettre à Mme de Caylus, 27 fév. 1716]
Vous dépendez ici d'une main violente [RAC., Mithr. IV, 2]
Ces gardes, cette cour, l'air qui nous environne, Tout dépend de Pyrrhus et surtout d'Hermione [ID., Andr. III, 1]
Quand de mes seules mains ce cœur voulait dépendre.... [ID., Bér. IV, 5]
Les rois ne pouvant jamais s'accoutumer à dépendre des autres et à leur être soumis [ROLLIN, Hist anc. Œuvres, t. VIII, p. 389, dans POUGENS]
Ma mère qui était la seule dont je dépendais alors, car mon père était mort.... [MARIVAUX, Paysan parv. t. II, 4e part. p. 105, dans POUGENS]
Absolument. Les faibles veulent dépendre afin d'être protégés.
Il faut suer, veiller, fléchir, dépendre, pour avoir un peu de fortune [LA BRUY., VI]
Par extension, être à la merci de.
On dépend servilement d'un serrurier et d'un menuisier, selon ses besoins [LA BRUY., XIV]
Terme de mer. On dit du vent qu'il dépend de l'un des quatre vents cardinaux ou de l'un des huit vents principaux, quand sa direction le rapproche de l'un de ces vents. Le vent dépend du tribord, il vient de tribord.

HISTORIQUE

  • XIIIe s.
    Et de toutes ces choses traiterons nous en cest chapitre, parce que l'un depend de l'autre [BEAUMANOIR, XV, 1]
  • XIVe s.
    Accident est derivé et depend de substance [ORESME, Eth. V, 10]
    Aucunes operacions faites selon vertus morales dependent et viennent pour cause du corps [ID., ib. 318]
    Et toutes teles amistés dependent et viennent de amisté paternel [ID., ib. 250]
  • XVe s.
    Le duc de Berry remontra au destroit conseil des nobles de France, auxquels principalement pour le temps de adonc les choses du royaume toutes se dependoient, et dit ainsi.... [FROISS., II, III, 47]
    Et les autres maux qui dependent de la guerre [COMM., II, 6]
  • XVIe s.
    Le bonheur qui depend de la tranquillité de l'esprit [MONT., I, 67]
    Quand il visitoit les villages qui despendoient de luy [ID., I, 247]
    L'honneur d'un homme tiendroit à bien peu de chose, s'il dependoit du fait d'une femme [DESPER., Contes, VI]

ÉTYMOLOGIE

  • Lat. Dependere ( le 3è e étant un e long), de la préposition de, et pendere( le 3è e étant un e long), être suspendu (voy. PENDRE, v. n.).

DÉPENDRE3

(dé-pan-dr') v. a.
Dépenser.
Je vais vous montrer qu'il n'est rien de si peu de frais, si vous craignez de dépendre [MALH., Le traité des bienf. de Sénèque, II, 30]
L'épargne est une science de ne rien dépendre mal à propos [ID., ib. II, 34]
Et n'avoir de crédit qu'au prix qu'on peut dépendre [RÉGNIER, Sat. VI]
Aujourd'hui mot inusité excepté dans ces deux phrases proverbiales : 1° Qui bien gagne et bien dépend n'a que faire de bourse pour serrer son argent ; 2° Ami à vendre et à dépendre, ami tout dévoué. Je suis à vous à vendre et à dépendre, c'est-à-dire vous pouvez disposer de moi ; locution qui signifie que vous pouvez me vendre et faire, de l'argent, l'emploi qu'il vous plaira, et qu'on peut voir à l'historique, au propre, comme terme du langage juridique.
Bien qu'il m'eût à l'abord doucement fait entendre Qu'il était mon valet, à vendre et à dépendre [despendre] [RÉGNIER, Sat. VIII]
Bissy était à vendre et à dépendre corps et àme, pour sa fortune, aux jésuites [SAINT-SIMON, 289, 201]

REMARQUE

  • 1. On dit souvent à pendre et à dépendre ; c'est une méprise (voy. DÉPENDRE 1).
  • 2. Au XVIIe siècle, dépendre, qui a vieilli depuis, était aussi bon que dépenser ; c'est du moins ce que dit Marg. Buffet, Observ. p. 31.

HISTORIQUE

  • XIIe s.
    Vous qui robez les croisés, Ne despendez mie l'avoir ainsi [QUESNES, Romancero, p. 96]
  • XIIIe s.
    Après refu Largece assise, Qui fu bien duite [habile] et bien aprise De faire honor et de despendre [, la Rose, 1135]
    Vaillans hons suel [j'ai coutume] estre clamés, Et de tous compaignons amés, Et despendoie liement En tous leus plus que largement, Tant cum fui riches hons tenus [, ib. 8045]
    Quant la ville de Bapaumes fu sans meor [maire], li borgois despendirent moult en eslection [, Liv. de just. 46]
    Que elle peuist [pût] le [la] maison qui devant est dite, vendre et despendre, et boire et mangier, et faire toute se [sa] volenté [TAILLIAR, Recueil, p. 178]
  • XIVe s.
    Et c'est legiere chose à fere que despendre [ORESME, Eth. 109]
    Robert a obligié sey et ses hers [hoirs], touz ses biens moebles et immoebles presenz et avenir, à vendre et à despendre par la main de la justice [, Livre vert de la bibliothèque d'Avranches]
  • XVe s.
    Et disoient Anglois : Messire Jean de Montfort nous a joué de ce tour que travailler nos corps et lever nos gens et faire despendre l'argent du roi [FROISS., II, III, 63]
    Se mocquoient du duc de Bourgongne qui despendoit argent à vouloir deffendre la mer [COMM., III, 5]
    Estoit de très petit cueur et enduroit toutes choses pour ne despendre riens [ID., IV, 1]
    Ma beauté et mes tendres ans ne peuvent endurer que temps depende et consume ainsi mes jours en vain [LOUIS XI, Nouv. C]
  • XVIe s.
    Et prendrai autant à gloyre qu'on die de moi que plus en vin aye despendu que en huyle, que feit Demosthenes quand de luy on disoyt que plus en huyle que en vin despendoyt [RAB., Gar. 1, prol.]
    À amasser, je n'y entends rien ; à despendre, je m'y entends un peu [MONT., IV, 78]
    Souffrir les cruautez, non pas d'un camp barbare contre lequel il faudroit despendre son sang et sa vie devant ; mais d'un seul ! [ID., IV, 388]
    Tarquinius à faire les fondemens de ce temple, despendit la somme de quarante mille marcs d'argent [AMYOT, Publ. 29]
    Luther osa respondre à une lettre du roi Henri d'Angleterre, qui le menassoit de dependre sa couronne pour faire perir luy et sa doctrine [D'AUB., Hist. 1, 68]
    Qui promet et point ne tient, ses paroles en vain despend [GÉNIN, Récréations, t. II, p. 248]
    Qui despend plus qu'il ne gagne, il meurt pauvre et rien ne gagne [LEROUX DE LINCY, Prov. t. II, p. 165]
    Qui plus despend qu'il n'a vaillant, il fait la corde où il se pend [ID., ib.]
    Trop tard se repent qui tout despent [ID., ib.]

ÉTYMOLOGIE

  • Lat. Dependere ( le 3è e étant un e bref), dépenser ; de la préposition de, et pendere ( 3ème e étant un e bref), payer (voy. PENSION) ; wallon, dispante, dépenser ; provenç. despendre ; catal. despendrer ; espagn. despender ; ital. dispendere. L'historique prouve évidemment que dans la locution à vendre et à dépendre, dépendre veut dire non pas détacher ce qui est pendu, mais dépenser.
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877

dépendre

DÉPENDRE. v. tr. Détacher une chose de l'endroit où elle était pendue. Dépendre un tableau. Dépendre une enseigne.

Il signifie aussi Détacher une personne pendue. Quand on le dépendit, il était déjà raide.

dépendre

DÉPENDRE. v. intr. Être assujetti à, subordonné à. Les enfants dépendent de leur père. Je ne dépends pas de vous. Ne dépendre de personne. Ne dépendre que de soi.

Il signifie, figurément, Ne pouvoir être réalisé sans l'action, sans l'intervention d'une personne ou d'une chose. Ils faisaient dépendre leurs résolutions de ces présages trompeurs. Tout dépend de la manière dont on a commencé. Mon bonheur dépend du tien. L'effet dépend de la cause. Cela dépend des circonstances, de la position où l'on se trouve, ou absolument, Cela dépend.

Il signifie encore Faire partie de quelque chose, y appartenir. Ce territoire ne dépend point de la France. Ce bois, ce parc dépend de ce château. Il acheta l'établissement avec tout ce qui en dépendait.

dépendre

DÉPENDRE. v. tr. Dépenser. Il est vieux et n'est plus employé que dans le proverbe Ami à pendre et à dépendre ou à vendre et à dépendre, Ami tout dévoué.
Dictionnaire de L'Académie française 8th Edition © 1932-5

dépendre

Dépendre d'ailleurs, Aliunde pendere, Cic. voyez Despendre.

Toute ton esperance depend de fortune, Spes omnis tua pendet ex fortuna, Cic.

Nostre salut depend du vostre, Pendet et a vestra nostra salute salus, Ouid.

La Republique depend de Brutus, Respub. pendet e Bruto.

Deux procez connexez et dependans l'un de l'autre, et dont la decision de l'un est la decision de l'autre, Duae controuersiae adeo sociabiles, iudicandique ratione affines et propinquae, vt eadem opera, eodemque oleo cognosci, percenserique debeant, B.

Jean Nicot's Thresor de la langue française © 1606

dépendre


DÉPENDRE, v. n. [Dépandre; 1re é fer. 2e lon. 3e e muet.] 1°. Être sous l'autorité de... "Les sujets dépendent des Souverains, les enfans de leurs Pères. = 2°. Relever. "Cette terre dépend d'un tel Marquisat. = 3°. Provenir: L'éfet dépend de la caûse: la bonté du fruit du Soleil. = 4°. S'ensuivre: cette démonstration dépend d'un tel principe. = 5°. Impersonel, il régit de et l'infinitif. "Il ne dépend que de nous d'être heureux: Il dépend de vous d'être sage. = 6°. * Dépendre s'est dit autrefois pour dépenser. "M. de Bellegarde, qui était Gascon, envoyant demander à Malherbe, lequel étoit mieux dit de dépensé ou de dépendu, il répondit sur le champ, que dépensé étoit plus François, mais que pendu, dépendu, rependu étoient plus propres pour les Gascons. Vie de Malherbe. — Dépendre s'est conservé dans cette expression proverbiale: je suis à vous à vendre et à dépendre, vous pouvez absolument disposer de moi. — Plusieurs aiment mieux dire, à engager que à dépendreCela dépend, expression du style familier: "Vous me ferez ce plaisir? — Cela dépend. On sous-entend, si je le puis, ou si vous le méritez.

dépendre

DÉPENDRE, v. act. Détacher ce qui était pendu.

Jean-François Féraud's Dictionaire critique de la langue française © 1787-1788
Synonymes et Contraires

dépendre

verbe transitif dépendre
Détacher ce qui était pendu.

dépendre

verbe transitif indirect dépendre
1.  Faire partie de quelque chose.
2.  Être subordonné à.
3.  Être sous l'autorité de.
Le Grand Dictionnaire des Synonymes et Contraires © Larousse 2004
Traductions

dépendre

abhängen, aufhängen, verlassen (sich)depend, relyafhangen, afhankelijkzijn, deeluitmaken, afhankelijk zijn, deel uitmaken, afhangen vandependre, restar, treureafhænge, afhænge afdependidependerriippua, ripustaa, riippua jostakindipenderezależećdependerαπόκειται, εξαρτώμαιيَعْتَمِدُ عَلَىzávisetovisitiあてにする의존하다avhengeзависетьberoขึ้นอยู่กับgüvenmekphụ thuộc依赖 (depɑ̃dʀ)
verbe intransitif
1. être lié à Cela dépendra du temps.
peut-être
2. faire partie de Ce terrain dépend de la commune.
3. être soumis à dépendre de qqn
Kernerman English Multilingual Dictionary © 2006-2013 K Dictionaries Ltd.

dépendre

[depɑ̃dʀ]
vt [+ tableau] → to take down
vi
(idée de contingence) ça dépend → it depends
dépendre de → to depend on
Ça dépend du temps → It depends on the weather.
dépendre de qn → to depend on sb
Tout va dépendre de ce qu'il va décider → Everything will depend on what he decides.
Il ne dépend que de nous que nous soyons plus heureux dans notre travail → It's entirely up to us whether we are happier at work.
(idée de subordination) dépendre de [+ institution] → to be dependent on; [+ puissance souveraine] → to be a dependency of
Ces territoires dépendaient de la France → These territories were French dependencies.
dépendre de qn (dans une hiérarchie) → to report to sb
Collins English/French Electronic Resource. © HarperCollins Publishers 2005