aller
1. aller
v.i. [ issu de trois verbes latins : ambulare, se promener, ire et vadere, aller ]s'en aller
v.pr.2. aller
n.m.aller
Participe passé: allé
Gérondif: allant
Indicatif présent |
---|
je vais |
tu vas |
il/elle va |
nous allons |
vous allez |
ils/elles vont |
ALLER1
(a-lé) v. n. et irrég.Je vais ou je vas (celui-ci est beaucoup moins usité que je vais, qui est seul admis dans la forme interrogative : où vais-je ?), tu vas, il va, nous allons, vous allez, ils vont ; j'allais ; j'allai ; j'irai ; j'irais ; va, qu'il aille, allons, allez, qu'ils aillent ; que j'aille, qu'il aille, que nous allions, que vous alliez, qu'ils aillent ; que j'allasse ; allant, allé, allée ; il prend l'auxiliaire être dans ses temps composés.Résumé
REMARQUE
- 1. Le pronom réfléchi complément d'un verbe peut se mettre avant le verbe aller placé lui-même devant ce verbe : Aller se battre, ou s'aller battre ; il est allé se promener, ou il s'est allé promener. Plus le vase versait, moins il s'allait vidant [LA FONT., Phil. et Baucis]
- 2. À l'impératif, seconde personne du singulier, on écrit va-t'en, avec une apostrophe après le t, indiquant ainsi que t' est pour te, pronom personnel. En effet à la première et à la seconde personne du pluriel, le pronom reparaît dans ces expressions : allez-vous-en, allons-nous-en.
- 3. Loc. vic. Je me suis en allé. Dites : Je m'en suis allé. Dans la conjugaison du verbe s'en aller, la particule en doit toujours être placée immédiatement après le second pronom personnel, comme dans ces phrases : Nous nous en sommes allés ; vous vous en étiez allés ; ils s'en seront allés ; et non, nous nous sommes en allés, vous vous étiez en allés ; ils se seront en allés. Une autre locution vicieuse, c'est de redoubler en : Mon maître, Dieu me sauve, ne fut jamais qu'un traître, il s'en est en allé [SCARRON, Jodelet maître valet, V, 1]Dans les temps simples, lorsque la particule y entre dans la phrase, y se met devant en : Je m'y en vais ; nous nous y en allons ; je m'y en allais ; je m'y en irai ; nous nous y en irions, s'il le fallait ; il voulait que je m'y en allasse. L'impératif va-t'y en, qui est tout à fait régulier, est peu usité. Au reste, on ne se trompera pas sur la conjugaison du verbe s'en aller, si l'on remarque qu'il se conjugue exactement comme les verbes réfléchis formés de même, s'en flatter, s'en informer, etc. et que il s'est en allé est aussi barbare que le serait il s'est en informé ; si l'on remarque en outre que, dans les verbes, y se met toujours devant : il y en faut, j'y en apporte, et que c'est pour cela que la locution populaire je m'en y vais est fautive.
- 4. Lorsque la deuxième personne de l'impératif va est suivie de en ou de y, on l'écrit vas : Vas-en savoir des nouvelles ; vas-y ; et l'on prononce va-z-en, va-z-y. Des grammairiens ont contesté cet usage ; ils ont dit que vas-y n'était admissible que dans les cas où ce pronom n'est pas immédiatement suivi d'un verbe ; ils veulent bien qu'on écrive : Vas-y toi-même ; vas-y pour me faire plaisir ; mais ils veulent qu'on écrive : Va y porter mes livres ; va y chercher ta mère ; et condamnent par conséquent : Vas-en savoir des nouvelles. Mais cela est arbitraire ; du moment que vas-y est bon, comme il n'est fait que pour l'oreille, la règle euphonique s'applique à y même suivi d'un infinitif et à en.
- 5. Locut. vic. Il a plusieurs endroits à aller. Dites : Il lui faut aller en plusieurs endroits. En effet, on ne peut dire aller un endroit, aller plusieurs endroits.
- 6. L'Académie admet la locution : Cette essence fait en aller les taches. Elle a partout consacré cette ellipse par laquelle le langage populaire supprime le pronom personnel ; disant : Je l'en ferai souvenir, vous le faites enfuir, etc. Mais, bien entendu, la locution régulière reste toujours avec le pronom personnel : je l'en ferai se souvenir, vous le faites s'enfuir.
- 7. Aller au-devant. Voici comme il se faut servir de cette phrase ; par exemple il faut dire : Il est allé au-devant de lui ; il faut aller au-devant de lui ; et non pas : il lui est allé au-devant ; il lui faut aller au-devant.
- 8. Va croissant, va faisant. " Cette façon de parler avec le verbe aller, dit Vaugelas, est vieille, et n'est plus en usage aujourd'hui, ni en prose ni en vers. On n'emploie plus aller que quand il y a un mouvement local. Ainsi on dira bien d'une rivière : elle va serpentant. " Cette remarque de Vaugelas, heureusement, n'a pas prévalu ; et l'on dit très bien : Le mal va croissant.
SYNONYME
- 1° ÊTRE ALLÉ, AVOIR ÉTÉ. Ces deux expressions font entendre un transport local ; mais la seconde le double. Qui est allé a quitté un lieu pour se rendre dans un autre ; qui a été, a de plus quitté cet autre lieu où il s'était rendu. Tous ceux qui sont allés à la guerre n'en reviendront pas. Tous ceux qui ont été à Rome n'en sont pas meilleurs.
- 2° ALLER, VENIR., " Aller se dit du lieu où l'on est à celui où l'on n'est pas ; venir se dit, au contraire, du lieu où l'on n'est pas à celui où l'on est. Par exemple, si je suis à Paris, je dirai qu'un courrier est allé de Paris à Rome en deux jours, et qu'il est venu de Rome à Paris dans le même temps. Vaugelas, dans sa traduction de Quinte-Curce, a dit néanmoins : Alexandre vint mettre le siége devant Célène : il semble qu'il fallait dire, alla mettre le siége, Quinte-Curce, qui parle, n'étant pas à Célène lorsqu'il écrivait l'histoire d'Alexandre. Notre règle ne reçoit aucune exception à l'égard du mot aller ; mais, à l'égard de celui de venir, elle en reçoit plusieurs : 1° Ce mot se dit aussi du lieu où l'on est à celui où l'on n'est pas, lorsqu'on est près de quitter ce lieu où l'on est ; par exemple, si je suis sur le point de quitter Paris pour aller en Anjou, je dirai à quelqu'un qui pourrait avoir dessein de faire le même voyage : Voulez-vous venir en Anjou avec moi ? 2° Il se dit encore du lieu où l'on est à celui où l'on n'est pas, quand on parle de celui où l'on demeure ; ainsi, je dirai à quelqu'un que j'aurai rencontré dans la rue : Voulez-vous venir demain dîner chez moi ? " MÉNAGE. En général, la différence entre aller et venir étant que aller indique le mouvement seul, et que venir considère aussi l'arrivée, on pourra mettre venir partout où l'idée d'arrivée sera impliquée.
HISTORIQUE
- Xe s. Aler in Niniven [, Fragm. de Valenc. p. 467]
- XIe s. E s'il à la terce fiée [fois] ne pot dreit aver, alt [qu'il aille] à conté [, L. de Guill. 42]Alez en est en un verger souz l'ombre [, Ch. de Rol. II]Franc s'en irrunt en France la lur terre [, ib. IV]Dist à ses homes : Seignur, vous en ireiz [, ib. VI]Li empereres s'en vait dessouz un pin [, ib. XI]Mais il me mande que en France m'en alge [aille] [, ib. XII][Il] vait s'apuier souz le pin à la tige [, ib. XXXVI]Enz au verger s'en est allez li reis [, ib. XXXVII]Beste [cheval] n'i a qui encontre lui alge [aille] [, ib. CXIII]Seigneur, dist-il, mout malement nous vait [, ib. CLIV]Ainz qu'en alast un seul arpent de champ.... [, ib. CLXIII]Jointes ses mains [il] est alét à sa fin [est mort] [, ib. CLXXIII]Qu'il ainz [aille] ad Ais où Charles seult plaider [tenir le plaid] [, ib. CLXXXIX]Je vous comant qu'en Saragoce algez [aillez] [, ib.]
- XIIe s. Je vei [vais] mostrer [, Ronc. p. 2]Aut s'en [qu'il s'en aille] en France [, ib. p. 3]Or, baron, de l'aler [heure est d'aller] [, ib. p. 6]Ne s'en voudra aler [, ib. p. 8]Se il i vait [, ib. p. 13]François vont disant [, ib.]Irez à l'amirant [, ib.]N'alez mie atardant [, ib. p. 14]Qu'alez ici disant [, ib. p. 20][Il] s'en va seoir [, ib. p. 25]Va s'en li jors, si revint la vesprée [, ib. p. 33]N'i a franzois [qui] sur lui ne soit alant [, ib. p. 35]Contre le ciel vait mout bien torniant Son fort espié [, ib. p. 37]Granz quinze lieues en est la voix [du cor] alée [, ib. p. 84]L'escu au col [il] lait [laisse] le cheval aler [, ib. p. 51]Quant [il] eut alé la monte d'un arpent [, ib. p. 100]De maintes choses [il] se va lors remembrant [, ib. p. 106]Dist Baligans : car en alez, baron, [, ib. p. 120]Droit en sa chambre [elle] en est courant alée [, ib. p. 146]Oliviers voit la mort le vait hastant [, ib. p. 92]En la montaigne où je m'en fu allez [, ib. p. 94]Conquerre [j'] allai d'Espaigne le païs [, ib. p. 180]Le destrier [il] broche [pique], mout le fait tost aler, [, ib. p. 75]Le plus fort membre qui m'alloit soutenant [, ib. p. 151]Qui à saint Jacques en vont le droit chemin [, ib. p. 155]Vez-ci mon gage, je veuil qu'il aille avant [, ib. p. 181][Nef] qui va là où vent l'empraint [, Couci, III]Ainz que j'aille outremer [, ib. VI]Ne je ne veuil tout le siecle [m'] ennuier, Ou aler m'en [m'en aller] mourant [, ib. VIII]Chançon, va-t'en là où mes cuers t'envoie [, ib. XVI]Je m'en vois, dame ; à Dieu le creator [je] Commant vo cors [votre personne], en quel lieu que je soie [, ib. XXII]Cestui veulent [les dames] et à cestui s'otroient, Cestui tiennent, cestui laissent aler [QUESNES, Romancero, p. 87]Vostre clairs vis [visage] qui sembloit fleur de lis, Est si alés ore de mal en pis, Qu'il m'est avis que me soiez emblée [, ib. p. 107]Lasse, fait-ele, or m'y va malement ; Livrée [je] sui à une estrange gent [, ib. p. 70]Guiteclins va par terre o sa grant baronie [, Sax. VII]Vousirez à Cologne la fort cité garnie [, ib.]Quant fu fais li services [divin], si sunt alé laver [, ib. XII]Si servez vo [votre] seigneur, où qu'il vait ne quel part [, ib. XI]Mais onc homme n'allerent si perilleusement [, ib. XX]Ardant irons ses viles, ses chastiax et ses bors [, ib. XVII]Mais arriere [qu'ils] s'en aillent ainsi com sont venu [, ib. XXVIII]Respundi li evesches : ne t'apelai pas, mais va arriere dormir [, Rois, p. 11]E quant tu serras del siecle aled, beaus sire reis.... [, ib. 223]L'arcevesque Thomas tut avant s'en ala ; La cruiz arceveskal il meïsmes porta [, Th. le Mart. 39]Là ù sist sur le banc, entre lui e le rei, Alouent [allaient] li barun, dui e dui, trei e trei [, ib. 40]L'escrierent en haut à hu e à desrei : Li traïstres s'en vait, veez lei, veez lei [, ib. 46]Et cil du païs vont et viennent Et enz e fors à lor plaisir [, la Charrette, 1908].... à sen annar Là verreiz tant baron por lui plorar [, Gérard de Ross. p. 294]Quant sera au mostier, annaz en lai [allez-vous-en là] [, ib. p. 363]
- XIIIe s. De là s'en alla-il vers le roi Phelipe d'Alemaigne, qui sa serour avoit à fame [VILLEH., XLII]Le conte Gautier de Briene qui s'en aloit en Puille conquerre la terre sa femme [ID., XX.]Et se nus en voloit aler encontre, vos li aideriez encontre ceus qui contre li seroient [ID., CX.]Et quant notre gent virent ce, si commencierent à aler le petit pas emprès les batailles des Grieus [ID., LXXXII]S'il aloient seur crestiens, il iroient contre la loi de Rome [ID., LII]Qu'à Saint-Denis [j'] iroie pour prier Dieu merci [, Berte, I]Qui aloient jouant sur l'herbe qui verdie [, ib. II]Vers le lion [il] s'en va, ou soit sens ou folie [, ib.]Le roy Charle Martel convint à fin aler [mourir] [, ib. III]Il meïsmes ala trois serjans apeler [, ib. XVII]Ha sire Diex ! fait-elle, voirs est qu'ainsi alla [qu'ainsi les choses se passèrent] [, ib. XX]Et li autre moururent, sachez qu'ainsi ala [, ib. CVIII]Que mon afaire va toujours de mal en pis [, ib. XX]Car je sai vraiement, morte sui et allée [perdue] [, ib. XLVI]Pere de paradis, or est ma vie alée [finie] [, ib.]Quant elle eut, une piece, la sentelette alée, [, ib.]Laissez tout ce aler, n'en soit parole dite, [, ib. LIV]À ma mere [je] m'en vois courant, lui monstrerai [, ib. LVII][Que] Dame Dieu la consaut [conseille], quele part qu'ele voise [, ib. LXI]Amis, vous en irez en la vostre contrée [, ib. LXVIII]Que li rois s'assenti à ce qu'ele y voïst [allât] [, ib. II]Je veuil qu'o vous s'en voist [aille] noble chevalerie [, ib. LXXII][Je] ne veuil pas que aillez à petite maisnie [, ib. II]Je lo [conseille] en bonne foy que nous nous en aillons [, ib. LXXVII]Quant Tybers et les serve voient qu'il va ainsi [, ib. LXXXIX]Mais contre jugement ne veuil-je mie aler [, ib. XCVII]Tant [ils] ont par leur journées alé et pourseü, Que sont droit en Hongrie leur païs revenu [, ib. CI]Tantost connut [elle reconnut] sa mere, as piés lui est alée [, ib. CXXVI]Endementiers, li desloiaus rois Henris ala tant entour la damoisiele qu'il fut carnelement à li [, Chr. de Rains, p. 13]Mes qu'est alé n'est à venir [, Lai du conseil]Or n'a peür que nus le voie ; Seürement s'en va sa voie [, Ren. 7432]Li criz qui après lui engraingne Le fist aler plus que le pas [, ib. 1913]Bien savoit le bois tot entier, Que mainte foiz l'avoit allé [, ib. 4891]Onques n'i quist ne sel ne sauge ; Encor ançois que il s'en auge, Getera-il son ameçon, Il n'en est mie en soupeçon [, ib. 840]Mès comment qu'il viegne ne aut, à grant poine s'en est estors [, ib. 24652]Lors dist Poncet : au Deu plesir ; Nos alomes la messe oïr ; Tuit alomes vers le mostier [, ib. 12582]Et la dame et le chevalier Tantost commande appareillier Les chevax, et tost enseler, Contre son pere veult aler [à la rencontre] [, ib. 22644]Que vous iroie-ge flatant ? [, la Rose, 6557]Or aut si cum aler porra, Or face Amor ce qu'il vorra, [, ib. 4207]N'il n'est nus qui cele part voise, Que tous li cuers ne li renvoise [devienne plus gai], [, ib. 4027]Li tens qui s'en va nuit et jor, Sans repos prendre et sans sejor, Et qui de nous se part et emble, [, ib. 361]Les roses overtes et lées [larges] Sunt en ung jor toutes alées [passées] [, ib. 1654]Tout li monde vait ceste voie [, ib. 4355]Li fondement tout à mesure Jusqu'au pié du fossé descent, Et vait amont en estrecent [se retrecissant] [, ib. 3822]Et se tu os [entends] nul mesdisant Qui aille fames desprisant, Blasmele, et dis qu'il se taise, [, ib. 2128]La sentence de la grignor partie et de la plus seine veit avant [, Liv. de Just. 29]Li baillif, segont l'ordre de droit, augent [aillent] avant ou [au] plet [, ib.]En tel saisine et en tel teneure come le pere ou la mere avoient quant il alerent de vie à mort [, Ass. de Jér. I, 246]Ains en seroient tuit coupable cil qui seroient alé en l'ayde du fet [BEAUMANOIR, XXX, 58]Et por ce pot on, en tix cas qui sunt apert, aler avant par voie de denonciation [ID., LXI, 2]On ne me porroit pas dire que je allasse contre le jugié [ID., VII, 7]Nous sommes alé contre le commandement Mahommet, qui nous commande que nous gardons le nostre Seigneur aussi comme la prunelle de nostre œil [JOINV., 248]Le grant roy des Commains li bailla unes lettres qui aloient à leur premier roy [ID., 266]Seigneurs, madame la royne ma mere m'a mandé et prié tout comme elle peut, que je m'en voise en France [ID., 254]Le roy feust moult volentiers alé avant, sans arester, en Egypte [ID., 210]Mon cheval s'agenoilla pour le fez [faix] que il senti, et je en alé outre parmi les oreilles du cheval [ID., 225]Seigneurs, vous ne fetes pas bien ; car nous sommes là où en [on] nous a commandé, et vous alez outre commandement [ID., 277]Mestre Geffroy, alez dire à la royne que le roy est esveillé, et qu'elle voise vers li pour li apaisier [ID., 287]Je li requis que je et ma gent alissiens jusques hors de l'ost [ID., 217]Il n'ot guieres alé [il n'avait guère fait de chemin] quant il ot plusieurs messages du conte de Poitiers son frere, du conte de Flandres, etc. [ID., 227]
- XIVe s. En tele maniere que tu devies et vaises hors de verité [ORESME, Eth. 163]Et celui qui est incontinent, il est et va hors de raison [ID., ib. 192]Bertran à l'aprochier ung petit l'enclina : Or avant ! dit li princes, Bertran, comment vous va ? [, Guesclin. 1300]La dilacion m'est greveuse, Et la demeure trop ennuyeuse ; Car j'ay trop plus chier la bataille Que le trecté, que qu'il en aille [quoi qu'il en arrive] [, Liv. du bon Jehan, 1228]... Ainsin va de la guerre ; On voit sovent fortune torner en petit d'ore [, Girart de Ross. V. 2260]
- XVe s. Il me plait bien que cette ordonnance voise ainsi ; mais.... [FROISS., I, I, 234]Messire Gautier de Mauny s'en issit hors [du châtel] atout cent ou cent vingt compagnons, et en alloient par outre la riviere de leur costé fourrager [ID., I, I, 260]Si vous disons que nous conseillons mon seigneur, qui cy est, qu'il s'en voise en France veoir le roy san cousin [ID., I, I, 51]Sitost qu'il vit le duc, il [Jean de Norvich] osta son chaperon et le salua. Adonc lui demanda le duc : Jean, comment va ? vous voulez vous rendre ? [ID., I, I, 255]Le diable alla entrer au corps de ce Jacques [ID., II, II, 30]Nous ne pouvons faire meilleur exploit que de aller ce chemin que nos ennemis sont allés [ID., II, II, 237]Le duc.... bien savoit que il faisoit mal et point n'y pourveoit, mais souffroit les choses aller à l'aventure [ID., III, IV, 24]Il seroit bon que par la riviere nous alissions visiter nos ennemis [ID., II, II 75]De ces responses fut le comte de Hainaut tout grigneux, et dit qu'il n'iroit pas ainsi [ID., I, I, 119]Ils estoient si foibles et si fondus et si affamés qu'à peine pouvoient ils aller en avant [ID., I, I, 44]Gautier, vous en irez à ceux de Calais, et direz au capitaine que.... [ID., I, I, 320]Les nouvelles vinrent au roy de France de la besogne comment elle estoit allée [ID., I, I, 134]Et ces brigands brisoient maisons, coffres et escrins, et prenoient quanqu'ils trouvoient, puis s'en alloient leur chemin, chargés de pillage [ID., I, I, 324]Beau frere, dit messire Henri, il ne va point ainsi [ID., I, I, 151]Si allerent à conseil ensemble [ID., I, I, 219]Je ne dy riens que tous ne vont disant [CH. D'ORL., Bal. 9]Tant vale pot à l'eau qu'il brise [ID., Rond.]Donc il advint.... que il ouït dire que un chevalier d'Angleterre.... s'alloit vantant qu'il avoit traversé tout le royaume de France, mais oncques n'avait peu trouver chevalier qui eust osé jouster à luy [, Bouciq. I, ch. 13]Si advint que un des escuyers qui chevauchoit devant luy, la vit par une fenestre, et va dire : Ô que voilà beau chef ! [, ib. IV, ch. 7]Et du faict du roy d'Angleterre ne leur challoit au demourant comment il en allast [COMM., IV, 7]Mais alla ledit duc de Bourgongne de nouveau sur les Lyegeois [ID., II, 3]Un an ou deux avant qu'allisions en Italie [ID., VII, 2]Et qui ne fust allé à la bonne foy, c'estoit ung très dangereux chemin [ID., IV, 9]Voulez vous que je voisse toute nue ? [L. XI, Nouv. LXVIII]
- XVIe s. Comment te va ? [MAROT, I, 198]Et par les champs ne voy aucun berger Qui pour la nuit ne s'en voise heberger [ID., I, 319]Mal t'en ira [MAROT, II, 14]Or t'en va, quand et où il te plaira [ID., II, 183]Il s'en va nuict, et des hauts monts descendent Les umbres grands, qui parmi l'air s'espandent [ID., IV, 7]Et alissiez vous à tous les dyables, je proteste jamais ne vous laisser [RAB., Pant. II, 9]Les chemins cheminent comme animaulx. Et veidz que les voyaigiers demandoyent où va ce chemin ? [ID., ib. V, 26]Qu'ils voisent maintenant, et facent un bouclier de leurs allegories [CALVIN, Instit. 489]Il va bien que presomptueux qui voudroit imposer loy à Dieu, n'est point arbitre en ceste cause [ID., ib. 580]Mais d'affermer cela, et principalement en telle hardiesse qu'ils y vont, qu'est-ce autre chose, que.... [ID., ib. 701]L'Escriture condescent à nostre petitesse, comme une mere à l'infirmité de son enfant, quand elle le veut apprendre d'aller [ID., ib. 738]Ne vous ennuyiés de souvent faire savoir comme il vous va à celle que toujours trouverés vostre [MARG., Lett. 3]Et encores demain s'en va ma tante de Nemours en Savoye [ID., ib. 8]Je m'esclatay la peau dessus le genou de près d'ung empan, mais cela s'en va gary [ID., ib. 47]Et pensés, voyant vos affaires aller sy bien, en quel contentement et louange de Dieu s'en va priant pour vostre prosperité, vostre.... [ID., ib. 127]Elle alloit s'amollissant [MONT., I, 4]Se laisser aller à toute sorte de conseils [ID., I, 196]Si elle feust toujours allée ce train [ID., I, 232]Ils s'y en allerent avecques leurs femmes et enfants [ID., I, 233]Ils vont nus par devotion. Aller la teste couverte [ID., I, 259]Allez vous y en [MONT., I, 296]Je m'en vais clorre ce pas par un verset ancien [ID., I, 336]Je m'en voys quant et vous [ID., III, 183]Et qu'elles ne se voisent pas coucher de si bonne heure [DESPER., Cymbal. 127]Les Lacedaemoniens le regretterent fort quand il s'en fut allé [AMYOT, Lyc. 7]Il prouvoira mieulx à son faict, quand il verra qu'il y ira de sa vie et de son estat ensemble [ID., Thém. 32]Autrement, les affaires des Carthaginois s'en alloient ruiner [ID., Fab. 12]Remporte donc ton or et ton argent, et t'en va [ID., Cimon, 17]Toute la ville s'en alloit deserte sans l'accident qui arriva à la citadelle [D'AUB., Hist. II, 326]Le roi qui s'en alloit execrable à son peuple, se rendit inimitable aux devotions [ID., 330]Pour aller trop tes beaux soleils aimant [RONS., 7]Et de ces yeux qui me vont devorant [ID., 19]Voicy les fleurs où son pied va marchant, Quand à soy mesme elle pense seulette [ID., 85]Quelque part où je voise.... [ID., 215]Que ne pensoy-je, alors que j'estoy belle, Ce que je vay pensant ? [ID., 455]Ainsi tout va par fraudes et par fainte [ID., 649]T'embrassant en mon sein pour la derniere fois : Car là bas aux enfers, Adonis, tu t'en vois [ID., 796]S'il se laissent trop aller à prendre plaisir d'en deviser [LANOUE, 137]
ÉTYMOLOGIE
- Bourguig. aulai, ailai ; provenç. et catal. anar ; espagn. et portug. andar ; ital. andare ; ital. ancien, d'après Castelvetro, anare. Ici se présente une première question : aller et andare sont-ils un seul et même mot ? Diez paraît l'avoir résolue d'une façon satisfaisante. Il rapporte un vers de Tristan : Que vos anez por moi fors terre ; et un vers de la chronique de Benoît : Si qu'en exil nos en anium. A la vérité Burguy, Gramm. t. I, p. 286, pense que anium est une mauvaise leçon, et qu'il faut aujun (comp. qu'il aut, qu'il aille), se fondant sur ce que la forme aner ne peut appartenir au dialecte normand dans lequel Benoît a écrit. Mais je trouve dans la chanson de Roland, qui est aussi un texte normand, qu'il ainz, pour qu'il aille ; ainz vient d'aner. L'objection de Burguy ne subsiste donc pas, et il faut admettre que, dans l'ancien français, à côté de aller, il y a eu une forme aner, parallèle aux autres formes romanes. La permutation de l'n en l n'est aucunement sans exemple dans le français : témoin orphenin et orphelin, venin et velin, entre lesquels la langue a hésité. Si l'on admet que les verbes romans viennent d'un mot latin (l'allemand wallen, aller, qu'on a cité, aurait donné gualer), le français et le provençal aner, anar, supposent adnare ; l'espagnol andar suppose ambitare ou aditare ; l'italien andare suppose aditare, avec l'intercalation d'une nasale. Diez remarque que ambitare, fréquentatif d'ambire, aller autour, a pu très bien donner l'espagnol andar, mais que la syllabe amb ne se rend pas en italien par and, et qu'il faut l'exclure, à moins d'admettre que le mot italien dérive du mot espagnol ; dérivation que, historiquement, rien ne justifie. Excluons donc ambitare. Diez s'attache à aditare, fréquentatif d'adire, et employé quelquefois par les Latins eux-mêmes dans le sens d'aller ; il fait voir que aditare a pu faire andare en intercalant une nasale ; ce qui arrive, voyez rendere, de reddere. Le fait est que l'italien andito est l'aditus latin, et témoigne que le verbe adire a laissé des traces. Maintenant entre adnare fourni par anar, aner, et andare fourni par aditare, quel choix faire ? Aditare donnerait en français atter ou ander, en provençal andar, mais non aner ou anar ; pour le faire prévaloir, il faudrait admettre qu'ils viennent de l'italien, ce qui n'a dans l'histoire de ces langues aucune preuve. Adnare, qui donne aner et anar, fournira probablement l'espagnol andar, bien que je ne connaisse pas de combinaison dn qui en espagnol donne nd ; mais fournirait en italien annare, et non andare. À la vérité Diez remarque que le catalan supprime souvent le d, disant manar pour mandar ; que c'est le catalan qui a fait anar de andar, et que de là la forme sans d s'est étendue dans la langue d'oc et dans la langue d'oïl. Mais c'est là un pas que l'on ne peut franchir sans autre exemple que celui-là même qui est en question : le d en cette position ne disparaît pas dans ces deux langues. Diez a prouvé pleinement, je crois, que andare peut venir de aditare ; mais il n'a pas prouvé comment aditare aurait donné anar et aner. Il se présente deux solutions de cette difficulté : ou admettre qu'il y a eu deux formations : l'une, de andare, qui vient de aditare ; l'autre, de anar, aner, qui vient de adnare. Adnare est cité dans le Glossaire de Papias, avec le sens de venir ; Virgile a dit en parlant de Dédale : Insuetum per iter gelidas enavit ad arctos, Aen. VI, 16 ; et adnare pour aller n'est qu'une métonymie comparable à celle de adripare dit pour arriver. Cette solution est la seule qui satisfasse aux exigences de la dérivation dans les langues romanes ; mais elle pèche contre une exigence considérable, à savoir l'exigence historique : d'ordinaire la formation est analogue dans les quatre grands embranchements ; aner, andare, andar et anar sont trop voisins de forme et de sens pour qu'on ne pense pas qu'ils émanent d'une même création. Le problème étymologique en est là : trouver comment anar ou aner s'accommode avec andare, si c'est aditare qui est le radical ; ou comment andare s'accommode avec anar ou aner, si c'est adnare qui est le radical ; ou enfin trouver comment il se fait qu'il y ait eu une double formation pour un mot si usuel ; s'il faut prendre adnare pour les langues cisalpines, et aditare pour les langues hispano-italiques ; ou bien enfin, dans l'incertitude qui reste, si quelque autre mot encore inexploré n'est pas l'origine.
REMARQUE
- La conjugaison d'aller se complète avec deux autres radicaux, savoir celui du futur et du conditionnel, qui se rapporte au verbe latin ire (voy. IRAI pour l'étymologie), et celui de je vais, tu vas, il va, ils vont, dérivé du verbe latin vadere (voy. VAIS pour l'étymologie). Autrefois, je vais avait un subjonctif, que je voise, conservé dans le picard, que je m'en voiche. Marg. Buffet, Observ. p. 79, 1668, dit qu'à Paris la bourgeoisie se sert ordinairement de cette locution : vous voulez que je voise, et que c'est une des plus barbares.
ALLER2
(a-lé) s. m.PROVERBES
- Au long aller petit fardeau pèse, c'est-à-dire, à la longue, légère charge devient lourde.
- Avoir l'aller pour le venir, faire un voyage, une course, une démarche inutile.
HISTORIQUE
- XIIe s. Ses ieuz, son vis, qui de joie sautele, Son aler, son venir, Son beau parler et son gent maintenir [, Couci, XVIII]
- XIIIe s. Puisque l'aler en France ne volez laisser mie.... [, Berte, LXXII]À l'aller que nous feismes outre mer [JOINV., 192]
- XVe s. Tant à l'aller qu'au retourner [COMM., VII, Prologue.]
- XVIe s. Le temps, pour vray, efface toutes choses ; Au long aller mes tristesses encloses Effacera.... [MAROT, I, 359]Encor posé le cas que l'eusse faict, Au pis aller n'y cherroit qu'une amende [ID., II, 89]Au pis aller je serois trop heureuse de mourir avec tant de vertueuses personnes [MARGUER., Lett. 127]Si ne perdit elle point le cœur ni l'aller [la force de marcher] [ID., Nouv. LXI]Ils aront l'aler pour le venir [DU GUET, dans PALSGR. p. 971]
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
- ALLER. - REM. Ajoutez :
aller
Il s'applique aux personnes et aux choses et s'emploie soit seul.Ne faire qu'aller et venir. Marchez, allez donc. Ce pauvre homme ne peut plus aller, tant il est fatigué. Soit suivi d'un complément. Aller à Rome, en Espagne, aux Indes. Aller à la ville, à la campagne. Aller d'un lieu à un autre. Aller de ville en ville. Y va-t-il? Vas-y. Les fleuves vont à la mer. Aller près. Aller loin. Je vais à deux pas. Aller vite. Aller doucement. Aller clopin-clopant. Aller comme le vent. Ce cheval va au trot, au galop; il va le pas, l'amble, le grand galop; il va bon train. Le vaisseau allait à pleines voiles. Aller en avant, en arrière. Aller à tâtons. Aller devant soi, droit devant soi. Aller contre le courant de l'eau. Aller contre vent et marée. Aller sur la terre. Aller sur l'eau. Aller par monts et par vaux. Aller par terre, par eau, par mer. Aller par le chemin le plus court, par un chemin de traverse. Aller par la grande route, par un sentier. Aller à travers les bois, à travers champs. Aller à pied, à cheval, à âne, à bicyclette, en voiture, en automobile, en bateau, par la diligence. Aller sur un pied ou à cloche-pied. Ces bâtiments vont à voile et à rame. Les girouettes vont selon le vent. Aller à la file les uns des autres. Aller les uns après les autres. Aller de compagnie. Aller en troupe. Aller par troupes.
Souvent, le complément d'ALLER indique le Motif ou la Fin de l'action. Aller à la messe, au sermon, à confesse. Aller à la promenade, au bal, au spectacle. Aller à la guerre, à l'armée, à un siège. Aller à la chasse, à la pêche, en vendange. Aller en ambassade, en pèlerinage. Aller au-devant de quelqu'un, à la rencontre de quelqu'un. Aller aux nouvelles. Aller à la découverte. Aller au supplice, à la mort.
Aller au combat, S'avancer pour combattre. Aller à l'ennemi, aux ennemis, S'avancer vers les ennemis pour les combattre, pour les charger. Aller au feu, S'exposer au feu des ennemis. Ce soldat va au feu gaiement.
Aller au bois, à l'eau, etc., Aller en quelque endroit pour s'y pourvoir de bois, d'eau, etc. On dit de même Aller à la provision.
Aller au ministre, à l'évêque, etc., S'adresser au ministre, à l'évêque, etc. Pour cela il vous faut aller au ministre.
Cette affaire s'en va au diable, à tous les diables, se dit d'une Affaire qui tourne mal, qu'on regarde comme manquée, comme perdue. Allez au diable, à tous les diables, est une expression d'impatience, de colère, une sorte d'imprécation. Aller à la diable, Très mal.
Aller aux opinions, aux voix, Recueillir les opinions, les voix. On dit de même Aller aux avis.
Aller aux renseignements sur quelqu'un, S'adresser à ceux qui peuvent donner des renseignements sur quelqu'un. Aller aux informations.
Aller au plus pressé, S'occuper d'abord de l'affaire qui souffrirait le plus d'un retardement.
Ce vase va au feu, Il résiste à l'action du feu, on y peut faire cuire ou chauffer quelque chose sans craindre qu'il se casse, qu'il éclate. On dit dans un sens analogue Cette étoffe va à la lessive, etc.
Aller de pair, Être égal, être pareil. Il va de pair, pour la dépense, avec les gens les plus riches. Cicéron va de pair avec Démosthène. Ces deux avocats vont de pair.
En termes d'Escrime, Aller à la parade, Parer un coup.
L'infinitif présent qui suit ALLER peut exprimer aussi le Motif ou la Fin de l'action. Aller se promener. Aller travailler. Aller étudier. Aller le trouver. J'irai lui parler. Va l'en informer. Va en savoir des nouvelles. Allez me chercher cela.
Allez vous promener, qu'il aille se promener, se dit lorsqu'on s'impatiente contre un importun, lorsqu'on se met en colère contre quelqu'un.
ALLER, suivi d'un infinitif, sert encore à marquer qu'une Chose est sur le point d'être faite, d'avoir lieu. Nous allons voir ce qu'il dira. Ils vont partir. Je vais y aller. Elle va chanter, danser. Allez-vous recommencer vos doléances? Le jour va finir. Un homme qui va mourir. Le sermon va commencer. On va se mettre à table. J'allais me coucher quand il est venu. La contestation allait finir lorsque vous êtes parti. Il jugea que l'affaire allait se terminer heureusement.
ALLER se joint au gérondif d'un verbe pour exprimer, avec l'idée d'un mouvement, Celle d'une certaine durée de l'action. Un ruisseau qui va serpentant. Ce tour a vieilli.
Fig., Le mal, l'inquiétude, etc., va croissant, va toujours croissant, Croît de plus en plus. On dit aussi Aller en augmentant, en diminuant, en déclinant, etc.
Par analogie, ALLER signifie aussi Marcher, fonctionner en parlant d'un mécanisme. Une montre qui va trente heures. Cette horloge va bien, va mal. Ce ressort, cette machine ne va plus. Faire aller un moulin. Il y a quelque chose qui empêche la roue d'aller. On dit dans un sens analogue Son pouls va bien, Le mouvement de son pouls est bien réglé.
Il se dit pour marquer l'Écoulement du temps qui a été employé à quelque chose. Ces ouvriers vont bien lentement. Ce bâtiment-là est allé fort vite. Cet enfant va sur quatre ans, sur ses quatre ans, Il aura bientôt quatre ans.
Il se dit aussi pour marquer l'Étendue de certaines choses. La forêt va depuis le village jusqu'à la rivière. Son manteau va jusqu'à terre.
Il sert également à marquer où mène un chemin, où il aboutit. Ce sentier va à la fontaine. Ce chemin va droit à la ville.
Il sert de même à indiquer la Direction des choses. Cette allée va en pente, va en montant. Cette pièce de terre va en pointe. Cette étoffe va de biais.
Il se dit quelquefois pour indiquer à quoi se montent des nombres, des sommes, des supputations. Ce calcul va bien haut. Les nouvelles levées vont à trente mille hommes. La dépense ira plus loin qu'on ne croit.
ALLER sert aussi à marquer, tant au propre qu'au figuré, le Progrès, en bien ou en mal, des personnes ou des choses. Cela va. Cela ira. Vous n'allez pas. Il n'y a point d'homme dont l'esprit aille jusque-là. Son imagination va si loin qu'elle se perd. Le raisonnement des plus habiles ne va pas bien avant. Cette vengeance est allée trop loin. Son amour va jusqu'à la folie. Il ira loin. Cette affaire ira plus loin qu'on ne pense. Cela va de mal en pis. Il va de mieux en mieux.
Cette chose va de suite, elle doit aller de suite, Elle est la conséquence naturelle, nécessaire de telle autre chose. On dit aussi Cela va de soi.
ALLER sert particulièrement à désigner la Fin, le résultat de quelque chose. Tous ses voeux vont à la paix, vont au bien de l'État. Toute son entreprise est allée en fumée, est allée à rien. Cette affaire peut aller à vous perdre. Cela va à vous déshonorer.
Il se dit également en parlant de l'État bon ou mauvais des personnes ou des choses. Comment va votre santé? Comment allez-vous? Il va bien. Tout va bien. Le commerce ne va pas, ne va plus. Ses affaires vont bien, vont mal, ne vont pas trop bien. Sa digestion va bien, va mal. Le feu va. Cet homme va encore. Ce cheval ne peut plus aller.
ALLER signifie encore Manière dont on agit, dont on se comporte en de certaines choses, et, dans cette acception, on l'emploie souvent avec la particule y. Aller vite en besogne. Il ne faut pas reprendre avec aigreur, il faut y aller doucement. Il n'y faut pas aller si rudement. La chose est bonne en elle-même, mais il faut y aller avec de grandes précautions. Il y va de bonne foi. Aller contre la volonté, contre les intentions, les ordres de quelqu'un. Aller à la fortune par des voies honorables, par de mauvaises voies. Aller aux grands emplois par la faveur. Aller d'abord aux grands desseins. C'est un homme qui va droit en tout. Il va au fait. Aller droit au fait. Aller au but. Aller droit au but.
C'est un homme fait pour aller à tout, C'est un homme qui, par son mérite, par ses talents, est fait pour arriver aux plus hauts emplois ou aux plus grands honneurs.
ALLER sert en outre à marquer la Manière dont une chose est faite, est mise, est disposée, la manière dont elle sied à quelqu'un, et alors il se dit surtout de Ce qui regarde l'habillement. Un chapeau qui va mal. Cet habit ne va pas bien. Cette couleur va aux blondes, ne va pas bien aux brunes. Sa perruque lui va mal.
Ces choses vont bien ensemble, vont bien l'une avec l'autre, Elles s'accordent bien ensemble. Le bleu et le rose vont bien ensemble. Ces deux couleurs vont bien l'une avec l'autre. Cette couleur va bien avec telle autre. Ces deux chevaux vont bien ensemble.
Cette chose va bien à telle autre, sur telle autre, Mise, appliquée sur telle autre, elle y produit un effet agréable. Cette garniture va bien à cette robe. Ce ruban va bien à votre chapeau. Cette broderie va très bien sur ce fond-là.
Cette chose va à telle autre signifie aussi Elle s'y adapte, elle s'y ajuste bien. Cette clef va, ne va pas à cette serrure. On dit de même Ces bottines me vont, ne me vont pas.
Ces choses vont ensemble, se dit de Certaines choses qui sont appariées et qui ne se vendent point, qui ne s'emploient pas séparément. Ces deux gants-là vont ensemble. Ces deux bas vont l'un sur l'autre. Ces quatre estampes vont ensemble.
Cela va par-dessus le marché, se dit d'une Chose donnée gratuitement, en considération d'un marché conclu, d'une vente faite.
ALLER, mis à l'impératif, sert également à Faire des souhaits, des exhortations ou des menaces et à marquer de l'indignation. Allez en paix. Allons, enfants, courage. Va, malheureux. Va, misérable. Allez, n'avez-vous point de honte? Allez, vous me faites horreur! Allez, je vous retrouverai.
Il sert quelquefois à Affirmer avec plus de force. Ainsi on dit : Allez, nous en viendrons à bout. Il fera votre affaire, allez. N'allez pas vous imaginer, n'allez pas croire, Ne vous imaginez pas, ne croyez pas.
ALLER se dit, en termes de jeux de Cartes, en parlant de Ce que l'on hasarde au jeu. De combien allez-vous? J'y vais de cinq francs. Il y va de son reste. Rien ne va plus. Va tout. Cette locution s'emploie comme nom. Il joue son va-tout.
ALLER, joint à l'adverbe y et employé comme verbe impersonnel, sert à marquer de quoi il s'agit, de quelle importance est la chose dont on parle. Quand il devrait y aller de tout mon bien. Songez qu'il y va de votre fortune. C'est une affaire où il y va de l'intérêt public. Dans cette affaire il n'y allait pas moins que de son honneur et de sa vie. Souvenez-vous qu'il y va du salut éternel. Lorsque, dans cette signification, l'on se sert du temps Irait, on supprime, pour l'euphonie, l'adverbe y. Quand il irait de tout mon bien, quand il irait de ma vie; et, en général, dans tous les sens du verbe Aller, la particule y se supprime devant les temps Irais et Irai. Avez-vous été à Paris? J'irai. Ira-t-il à Rome? Il ira.
ALLER s'emploie aussi comme impersonnel, étant précédé de l'adverbe en. Ainsi on dit Il en va de cette affaire-là comme de l'autre. Il n'en ira pas de cela comme vous pensez.
Il signifie quelquefois Faire ses nécessités naturelles. Le remède qu'il a pris l'a fait aller cinq ou six fois.
Aller par haut, Vomir. Un remède qui fait aller par haut et par bas.
ALLER, précédé du verbe Laisser, forme une locution qui signifie Ne pas empêcher d'aller, ou simplement Ne plus retenir, lâcher. Je le laisse aller où il veut. On a laissé aller le prisonnier. Je vais crier, si vous ne me laissez aller. Laissez-la donc aller. On les a toutes laissées aller. Laissez aller cette corde.
Laisser tout aller sous soi, Ne pouvoir retenir ses matières intestinales. Ce malade, cet enfant laisse tout aller sous lui.
Fig. et fam., Laisser tout aller, Négliger entièrement ses affaires, ou la gestion, l'administration dont on est chargé.
Se laisser aller, Ne pas faire la résistance qu'on pourrait ou qu'on devrait faire, s'abandonner. Se laisser aller à l'entraînement de la coutume. Se laisser aller au torrent. Se laisser aller à la tentation. Se laisser aller aux mauvais exemples. Se laisser aller à la douleur, à la tristesse, au désespoir. Je me suis laissé aller à ses prières, à ses sollicitations. Se laisser aller à la faveur, aux présents. Elle s'est laissée aller à sa passion.
Absolument, Cet homme se laisse aller, C'est un homme facile et on fait de lui tout ce qu'on veut. Cela se dit aussi d'un homme qui se néglige, qui ne prend aucun soin de sa personne.
ALLER, précédé du verbe Faire, forme une locution qui signifie Leurrer quelqu'un par des promesses illusoires; quelquefois Obtenir des services qu'il ne doit pas. Il s'entend à faire aller son monde. Il m'a bien fait aller. Comme elle le fait aller! Il est familier.
S'EN ALLER signifie Partir, sortir d'un lieu. Il s'en va. Ils s'en iront bientôt. Il s'en est allé. Elles s'en sont allées. Il faut que tout le monde s'en aille. Allez-vous-en. Allons- nous-en d'ici. Va-t'en. Va-t'en porter ma lettre.
Il s'emploie aussi en parlant des choses et signifie S'écouler, se dissiper, s'évaporer. Ce tonneau de vin s'en va, Le vin qui est dans ce tonneau s'écoule, s'enfuit. Tout le vin s'en ira par là, si on n'y prend garde. La fumée s'en va par la chambre. Si l'on ne bouche bien cette fiole, tout l'esprit-de-vin s'en ira.
Il se dit pareillement de Tout ce qui commence à se passer, à s'effacer. On ne croit pas que sa fièvre s'en aille sitôt. Son mal s'en va peu à peu. Son rhumatisme s'en est allé par les sueurs. Sa beauté s'en va. L'éclat de son teint commence à s'en aller.
Il se dit également de Tout ce qui se dissipe, se consume, s'use en quelque manière que ce soit. Tout son argent s'en va en procès. Tout son temps s'en est allé à cette affaire. Voilà un habit qui s'en va.
Il se dit de même en parlant du Déclin de la vie, des approches de la mort. Cet homme est bien mal, il s'en va, il s'en ira avec les feuilles. Ce malade s'en va. On dit dans le même sens Cet homme s'en va mourir, s'en va mourant.
Fam., Faire en aller (avec ellipse du pronom personnel), Faire que quelqu'un ou quelque chose s'en aille. Faire en aller les punaises, les rousseurs, la fièvre. Un acide pour faire en aller les taches.
En termes de jeu de Cartes, S'en aller d'une carte, Se défaire d'une carte, la jouer. Allez-vous-en de votre carreau. Je m'en suis allé de mon roi de pique. S'en aller des plus hautes cartes.
ALLER s'emploie dans diverses phrases proverbiales et familières.
Fig., Aller son chemin, Poursuivre son entreprise, ne pas se détourner de la conduite qu'on a commencé à tenir. Aller son petit bonhomme de chemin, Vaquer à ses affaires, poursuivre ses entreprises tout doucement et sans éclat. Aller son grand chemin, N'entendre point de finesse à ce qu'on fait, à ce qu'on dit. Aller le droit chemin, Procéder avec sincérité, sans nulle tromperie.
Fig., Il ne faut pas aller par quatre chemins, Il faut s'expliquer franchement, il ne faut pas chercher tant de détours.
Aller vite en besogne, Agir avec précipitation.
Fig., Aller aux nues, Avoir un succès éclatant. Cette tragédie, cette comédie est allée aux nues.
Fig. et prov., Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse, Une action hasardeuse, souvent répétée, finit par devenir funeste.
Tous chemins vont à Rome, Divers chemins mènent au même endroit; et, figurément, Divers moyens conduisent à la même fin.
Fig., Il va comme on le mène, Il n'est pas capable de prendre une résolution de lui- même.
Fig., Il s'en est allé comme il était venu, Il n'a rien obtenu de ce qu'il désirait.
Cela va tout seul, La chose est aisée, elle n'offre point, elle ne souffre point de difficulté. Cela va comme il plaît à Dieu, C'est une affaire négligée, mal menée, dont on ne prend aucun soin. Tout va à la débandade, Tout va en désordre.
Cela va sans dire, Cela va de soi, C'est une chose tellement certaine, incontestable, ou tellement claire, naturelle, qu'il est inutile d'en parler, de la dire, de l'expliquer. On dit dans le même sens Il va sans dire que...
Fig., Tout s'en est allé en fumée, On n'a obtenu aucun résultat.
Fig., Tout y va, la paille et le blé, On n'y a rien épargné.
N'y pas aller de main morte, Frapper rudement; et, au figuré, Mettre de la rudesse, de la violence dans une discussion verbale ou par écrit.
Y aller rondement, y aller de franc jeu, y aller bon jeu, bon argent, Parler, agir sans détour, franchement, loyalement.
ALLER se prend comme nom dans quelques locutions. L'aller et le retour. Un billet d'aller et de retour.
Prov., Au long aller, petit fardeau pèse, Il n'y a point de charge si légère qui ne devienne pénible à la longue.
Le pis aller, Le pis qu'il puisse arriver, le moindre avantage qu'on puisse avoir. S'il ne réussit pas dans sa nouvelle carrière, son pis aller sera de rentrer dans celle qu'il a quittée. Si vous ne trouvez mieux, je serai votre pis aller.
Au pis aller se dit adverbialement du Plus grand mal ou du moindre avantage qui puisse résulter de quelque chose. Au pis aller, il en sera quitte pour une amende.
aller
Aller, Ambulare, Ingredi, Incedere, Ire, Iter facere, Obire, Pergere, Proficisci, Vadere.
S'en aller, Auferre se, Abire, Discedere, Abscedere, Digredi.
Il commence à aller à Phavorinus, Pergit ire ad Phauorinum.
Qui doit aller, Iturus.
Je te hasteray d'aller, Ego iam te commotum reddam.
Alors qu'il estoit necessairement besoing d'y aller, Cum iri maxime debuit.
Si je ne puis tant faire que tu t'en ailles, si m'en veux-je aller, Si nequeo facere vt abeas, egomet abire volo.
On s'en peut bien aller, Ilicet.
S'en aller et partir de quelque lieu, Facessere.
S'en aller au haut et au loing, S'enfuyr, Solum, exulandi animo, vertere.
¶ Aller tout prest et deliberé de combatre, Aggredi.
¶ Cette herbe beuë avec du vin fait en aller la jaunisse, Regium morbum in vino exterminat pota haec herba.
¶ S'en aller en quelque lieu, Iter habere, vel facere ad locum aliquem.
S'en aller à la besongne, Procedere ad opus.
Aller à la porte, Adire ad fores.
Aller à la selle, Cacare, Aluum exinanire, Aluum leuare, Purgare, Reddere.
Avoir faim d'aller à la selle, Cacaturire.
Cette herbe fait aller à la selle, Deiicit aluum haec herba.
J'allois à toy, Ad te ibam.
Il m'a persuadé que j'allasse à toy, Mihi suasit vt ad te irem.
Aller à l'encontre, Obsistere, Repugnare, Occurrere.
Aller à l'entour, Circuire, Obire, Ambire.
Aller à l'entour ça et là, Obambulare.
Aller à tastons, Praetentare.
Aller à pied, Pedibus ire, Ambulare, Pedibus iter facere.
Aller à pied par toutes les regions, Obire pedibus regiones.
Aller à cheval, Equitare.
A grand peine pouvoit-il aller à cheval, Vix equo poterat vti.
Aller avec aucuns aux banquets par cy par là, Obire coenam cum aliquo.
Aller au devant de quelqu'un, Exire obuiam alicui, Ire alicui obuiam, Obsistere alicui obuiam, Obuiam accedere, Obuiare, Occurrere, Proficisci obuiam, Progredi obuiam, Sese obuiam alicui ferre, Prouisere, Venire alicui aduersum, Aduersum ire, Adire contra.
Aller au devant et prevenir les embusches d'aucun, Consilia et insidias alicuius anteuenire, Anteuertere, Praeuertere.
Aller au devant des dangers, Obuiam ire periculis.
Aller au devant de Dieu et le prier, Occursare numini.
Aller au devin, Consulere coniectorem.
Aller au fond, Pessum abire, Pessum ire, Sidere.
A fin que nulles ancres aillent au fond de l'eau, Vt nullae anchorae sidant.
S'en aller au marché, Procedere ad forum.
S'en aller au Preteur, Iter ad Praetorem intendere.
Aller au saffran, Praecipitem abire.
¶ Aller contre aucun par fureur, Inuehi.
¶ Laisser en aller de l'assemblée du conseil, Dimittere ex consilio.
¶ Aller d'une grande façon, et de plus grand'allure, Maioribus velis moueri. B. ex Quintil.
Aller tousjours son train, ne se haster plus une fois, que l'autre, AEquali progressu incedere. B.
Faire aller de costé et de travers, Obliquare.
Chevaux ausquels on a donné du foüet pour les faire aller l'un d'un costé, l'autre de l'autre, In diuersum concitati equi.
Aller de vie à trespas, Vitam cum morte commutare.
S'en aller d'un lieu, Recipere se ex loco aliquo.
Penser de s'en aller et sortir du lieu là où on est, Cogitare de exeundo.
Ils ont rapporté que Cesar s'en vouloit aller en Capuë, Attulerunt Caesarem iter habere Capuam.
Aller en la province, Accedere in prouinciam.
Aller en ambageoye, Ambages agere.
Aller en ambassade, Obire legationes.
Aller en quelque lieu, Petere locum aliquem.
Aller en jugement, In ius adire.
Aller en jugement par devers aucun, Ire in ius ad aliquem,
Aller en pointe, ou en appointant, Estre pointu, In mucronem migrare, Desinere in mucronem, vel metam.
Aller en grossissant, In turbinem desinere.
Aller en quelque lieu, ou à quelqu'un pour parler à luy, Aggredi aliquem de re aliqua.
Aller en quelque peregrination, Suscipere profectionem.
S'en aller en quelque ville, Vrbem aliquam capessere.
Aller en rond, In orbem ire.
¶ Aller apres aucun, Comitari.
Aller apres aucun, et le suivre de pres, Subsequi.
¶ Avant qu'on allast par devant le Juge, Antequam in ius aditum esset.
Aller par dessus, Superuadere.
Aller par devers aucun, Prodire in conspectum alterius.
J'alloy par devers toy, Ibam ad te.
Aller par eauë, Ire nauigio.
Aller par force, Vi agere.
Aller par justice, Litem disceptatione finire. B. ex Cic.
Il alla par toute l'Egypte, Obiit AEgyptum.
Aller par les maisons de ses amis, Obire domos amicorum.
Aller par tout païs, Obire terras.
Aller par tout un païs, Peragrare.
Aller par toute la province, Obire prouinciam.
Aller par toutes les fermes, Obire colonias.
Aller pour revenir, Commeare.
¶ Aller sur l'eauë à voiles desployez, Velificare, vel Velificari.
Aller sur le lieu, In rem praesentem excurrere.
Aller sur les champs en païs loingtain et estrange, Peregrinari.
Aller sur la mer, Conscendere aequor nauibus.
¶ Aller vers aucun, Ad aliquem adire, Accedere ad aliquem.
Aller vers aucun au marché, Ad aliquem ad forum transire.
Cependant qu'on alloit vers celles là, Ad eas cum accederetur.
Il va vers eux, Tendit ad eos.
¶ Qui ne sçait que c'est d'aller sur mer, Imprudens maris homo.
Qui sçait aller et parler, Vrbanus.
¶ Aller ça et là, de costé et d'autre, Errare, Inerrare, Oberrare, Pererrare, Vagari, Commeare vltro citroque.
¶ Aller aucunement à la raison, Partem aliquam aequi bonique dicere.
¶ Allant en avant, Progrediens.
Aller plus avant, Progredi.
Pleust à Dieu que les choses n'allassent point plus avant, Defunctum vtinam hoc sit modo.
¶ Que ceux qui ne demandent que noise entre nous deux, s'en aillent d'avec nous, Valeant qui inter nos dissidium volunt.
Aller dedans, Immeare, Introire.
Aller devant, Antecedere, Anteire, Praecurrere, Praegredi, Praeire.
Mener et aller devant, Ducere agmen.
S'en aller devant en quelque lieu, Praeuertere et Praeuerti, deponens.
Aller devant que les autres, Tempus antecapere.
¶ Qu'on s'en aille, Discedatur.
Qu'elle s'en aille, Haec hinc facessat.
Qu'il s'en aille d'icy, Valeat.
¶ Dieu vueille que tout aille bien, Dij approbent. B. ex Cic.
¶ Aller droit à son ennemy, Gradum cum hoste conferre.
Aller droit en aucun lieu, Recta tendere aliquo.
Aller droit en Italie à grandes journées, Contendere magnis itineribus in Italiam.
Aller droitement en besongne, Gradum bona fide conferre.
Aller hastivement, Decurrere, Accelerare, Gradum accelerare.
Aller hors du chemin, Declinare de via.
S'en aller hors de la maison, Ducere se ab aedibus.
¶ Aller jus, Abire pessum, Pessum ire.
¶ S'en aller legerement, Auolare, Proripere se.
Ne va point loing, Ne t'esloigne point, Non longe abieris.
Aller bien loing au devant, Procedere obuiam.
Sans aller plus loing, etc. Vt ne longius abeam, declarat, etc.
Aller lourdement, Balbe non artificiose ambulare.
¶ Aller quant et quant quelqu'un, Gradum conferre.
¶ Aller son chemin, Abire viam suam.
¶ Souvent aller, Aditare.
Aller souvent en quelque lieu, Locum aliquem celebrare.
Aller souvent avec aucun, ou en quelque lieu, Frequentare aliquem.
La chose alloit tres-bien et s'advançoit, Prorsus ibat res.
¶ C'est bien allé, Bene agitur.
¶ Le ventre s'en est allé, Il n'est plus si enflé qu'il estoit, Recessit venter, Detumuit venter.
¶ Aller boire, Venire ad potum.
Aller l'amble, Tolutim incedere.
S'en aller dormir, Petere somnum.
Aller hucher ou appeller, Arcessere, vel Accersere.
Aller querir, Accire, Ire accersitum.
Aller veoir, Visere, Conuisere.
Allons veoir, Eamus visere.
aller
Aller de plus grande singlée, ou singleure, Velis maioribus moueri vel ferri. B. ex Quintil.
aller
ALLER ou ALER, v. n. [Alé, 2e é fer.] Je vais, tu vas, il va, nous alons, vous alez, ils vont. J'alais; je suis alé; j'alai; j'irai; j'irais; va; que j'aille, que j'alasse; alant, alé. — Ménage décide nettement qu'il faut dire je vais, et non pas je vas, et moins encore, je va, comme M. de Vaugelas soutenait que toute la Cour disait, ce qui n'était pas, ajoute Ménage. Je vas pourrait être souffert; mais je va est barbare, et il est étoné que Mr. de Vaugelas ait trouvé des sectateurs, et des sectateurs aussi célèbres que Mrs. de Port-Royal. — L'Ab. Girard pense qu'avec la prép. en, je vas vaut mieux que je vais: je m'en vas, je m'en y vas — Bouhours dit je vais ou je vas, et jamais je va. — L'Acad. ne dit que je vais: c'est le plus sûr et le plus autorisé par l'usage. — M. Moreau dit encore: je vas travailler à débrouiller le cahos où s'agiteront ces débris. — L'impératif va prend une s, quand il est suivi du pron. y: vas y: mais quand après y il suit un verbe, va s'écrit sans s: va y doner ordre. — Devant en, va est suivi d'un t: va-t'en.
On met quelquefois, à la place d'aller, le v. être; j'ai été, je fus, pour je suis allé, j'alai; j'aurais été, j'eusse été, pour je serais alé, je fusse alé; et voici la différence qu'il faut mettre entre ces deux locutions. Être allé se dit quand on est parti pour se rendre dans un lieu; avoir été, quand on en est de retour. "Tous ceux qui sont allés à la guerre, n'en reviennent pas: tous ceux qui ont été à Rome, n'en sont pas meilleurs. GIR. synon. — Ainsi l'on dira: il est alé à la Messe, de quelqu'un, qui n'est pas de retour; et il a été ce matin à la Messe. Mén. Trév. — Cet usage du v. être est fort singulier. — L'Acad. dit que dans ce sens il n'est que du style familier. L. T. Voy. Être.
S'en aller se conjugue comme aller; je m'en vais, (ou mieux, je m'en vas) tu t'en vas, il s'en va, nous nous en allons, etc. Dans les temps composés, la part. en doit être placée entre le pron. pers. et le verbe auxiliaire: je m'en suis alé et non pas entre l' auxil. et le part. Je me suis en alé, comme disent certains. C'est une faute encore plus grossière de redoubler en, et de dire, il s'en est en allé. DICT. GRAMM.
ALLER employé seul et sans pronom personnel, comme sans en, se dit toujours fort bien du passage d'un lieu à un autre, et il régit le datif des noms et l' infinitif des verbes sans prép. "Il va à l'armée, ils vont voyager, etc. Mais ordinairement parlant, quand il est joint au pron. pers. et à la particule en, il s'emploie sans régime et ne signifie que le départ, la sortie d'un lieu. "Je m'en vais, ils veulent s'en aler. il est néanmoins d'usage que dans le discours familier, s'en aler se dise dans le 1er sens, et s'emploie avec régime: "Je m'en vais à Versailles.
ALLER, joint à la part. y, est v. impersonel et régit l'ablatif (la prép. de) "Il y va de ma vie; il y alait de mon honeur, etc.
Divers sens. Après les verbes être et avoir, le v. aller est peut-être celui qui reparaît plus souvent dans la langue. Il signifie 1°. Se mouvoir, se transporter d'un lieu à un autre. Aller vite, aller doucement. Aller à Paris, aller à Rome, etc. = 2°. Se mouvoir ou être mû vers... les rivières vont à la mer; les nuées alaient du côté du couchant = 3°. S'avancer vers.. aller au combat, aux ennemis — 4°. Recueillir: aller aux opinions, aux avis = 5°. S'adresser à... Aller au Roi, au Parlement, au Pape, à l'Evêque. = 6°. Il se dit du mouvement des chôses artificielles. "Cette montre va 30 heures: ce ressort ne va plus; faire aller un moulin. = 7°. Il se dit pour marquer l'état bon ou mauvais de certaines chôses: "Comment va votre santé? comment vous en va. Tout va bien; les affaires vont bien, vont mal, etc. Et dans un sens aprochant, ce manteau ne va pas bien, ce collet va fort mal. = 8°. Il se dit de ce qui sied bien ou mal, avec le dat. pour régime. "Cet habit lui va bien: votre péruque vous va mal. = 9°. Au figuré, tendre à... "Un sujet qui va à la terreur... tour à tour nous alarme et nous rassûre. Un sujet qui va à la liberté, semble soulever pour un instant les fers qui nous acâblent. Cerutti. "Je représenterois ce Prince (Stanislas) alliant dans sa persone la Philosophie, qui va au vrai, l'héroïsme qui va au grand, l'Humanité qui va au bien. Id. — En ce sens, il régit à devant les verbes. "Ces changemens alloient principalement à ôter toutes les traces de l'Antiquité. Boss. = 10°. Convenir à... "La maison de Mde... est sur un ton, qui ne vous va pas. Marm. = 11°. Passer de... en. "Une fois échapés au frein de l'éducation, et maîtres d'~ eux~-mêmes, ils vont de plaisirs en plaisirs, de fêtes en fêtes. L'Ab. Poulle. — 12°. Aller faire, dire, etc. être sur le point de faire, de dire, etc — Quelques uns vont jusqu'à dire, je vais aller, nous alons aler; mais c'est pousser trop loin l'usage de cette expression. — 13°. Se laisser aller, se livrer à; ne pas résister à... Se laisser aler au torrent, aux mauvais exemples, etc. = 14°. S'en aller signifie le départ d'un lieu, pour retourner chez soi; je m'en vais, elle s'en est allée; c. à. d. je vais à mon logis; elle est alée chez elle. Il se prend aussi simplement pour aler; je m'en vais en Italie, il s'en va chasser. — En terme de jeu, il régit l'ablatif (la prép. de) s'en aler des hautes cartes, les jouer les premières = 15°. Faire en aller, chasser "donez-moi un secret pour faire en aler les écornifleurs. Trév.
Rem. 1°. Plusieurs, et les étrangers sur-tout~, confondent aller avec venir. Etant à Paris, ils disent je suis venu à Versailles, je suis alé ici. Il faut dire, je suis alé à Versailles, je suis venu ici. Aller se dit du lieu où l'on est à celui où l'on n'est pas, et venir du lieu où l' on n'est pas à celui où l'on est.
2°. ALLER, quoique verbe neutre, semble gouverner l'acusatif (avoir le régime simple) en certaines phrâses. "Aller son chemin, aller son train, aller son même pas, etc. 3°. Quelquefois il ne signifie rien par lui-même, et se met seulement par élégance et pour doner plus d'énergie à l'expression où on le fait entrer. "Si sa femme aloit savoir cela, il seroit perdu. L. T.
4°. Ce verbe régit quelquefois aussi des noms au nominatif, comme les régissent les verbes être, devenir, etc. "M. de Croissi alla Ambassadeur en Angleterre et M. du Hamel l'acompagna. Fontenelle. C'est une ellipse. Alla Ambassadeur, pour, alla en qualité d'Ambassadeur — Cette manière de parler n'est pas trop sûre: on ne doit l'employer qu'avec précaution. Il serait ridicule de dire p. ex. "Il est allé Gouverneur, Evêque, Intendant dans cette Ville, dans cette Province. — * Mde. Dacier dit aller espion: elle dit même descendre espion, qui est encore plus mauvais.
5°. On ne se sert guère plus du v. aller avec un participe actif, à moins qu'il n'y ait un mouvement visible. On dit bien d'une persone qui chante en marchant, qu'elle s'en va chantant, d'une riviere qu'elle va serpentant; mais on ne dit guère plus, aller croissant, aller faisant pour dire croître, faire, etc. Vaug. L. T. — Malherbe a été le premier, qui ait blâmé cette façon de parler: cependant il s'en est souvent servi lui-même: "Va son couroux sollicitant. "Notre amitié va recherchant.
Ainsi tes honeurs florissans
De jour en jour aillent croissans.
Plusieurs autres bon poètes ont parlé ainsi, et Menage trouvait que ces expressions ont fort bonne grace en poésie. Mais il y a peu de bons Auteurs, dit la Touche, qui les emploient ni en prôse, ni en vers. L'Acad. ne les condamne point et n'en restreint pas l'usage. Elle dit non seulement: un ruisseau qui va serpentant; il alait criant par la ville, mais un homme qui s'en va mourant. — Celui-ci et aller croissant paraissent s'être conservés dans la déroûte des autres. "l'Empire des Perses alloit croissant. Boss. "L'intérêt va toujours croissant dans la lectûre de la vie d' Agricola par Tacite. La Bleterie. "La gradation de la pitié et de la terreur alloit croissant de scène en scène. "L'hérésie d'abord timide dans sa naissance va toujours croissant et ne garde plus de mesûres dans ses progrès. Massill. — dans le style marotique ou satirique, on emploie encore aller avec le participe actif des autres verbes. Gresset dit de Boileau qu'il,
Ne seroit point au nombre de ses Dieux
Si de l'oprobre, organe impitoyable...
Il n'eût chanté que les malheureux noms
Des Colletets, des Cotins, des Pradons:
Mânes plaintifs qui sur le noir rivage
Vont regrettant, que ce censeur sauvage...
Les ait privès du commun avantage
D'être cachés dans la foule des morts.
S'en aler dans les petites pièces de poèsie est joint aussi à des participes passifs.
Les fleurs, qu'Amour répand sur notre vie,
Il ne les fait éclôre qu'au printemps;
Et leur fraîcheur s'en va bientôt flétrie,
Après avoir brillé quelques instans.
Mais l'amitié, par qui l'âme est nourrie,
Porte des fruits et les porte en tout tems.
MM. du Brueil et de Pecmeja.
6°. Il en va, et il en est de, ont le même sens: mais le 1er. est moins usité. "Voici comment il en alla, dit la Fontaine, c. à. d. ce qu'il en fut, ce qu' il en arriva. "Il en va, ce me semble des églogues, dit Fontenelle, comme des habits que l'on prend dans des balets, pour représenter des paysans. On dit plus ordinairement, il en est de... comme, etc.
7°. ALLER est subst. dans cette phrase: au pis aller.
Style proverbial ou familier — Aller vite en besogne, expédier les affaires promptement; aller à tout vent, n'avoir pas de résolution fixe. — On dit d'un homme habile, qu'il sait aler et parler; de celui qui done tous ses soins à une affaire, qu'il y va de cul et de tête; et de celui qui frape de toute sa force, qu'il n'y va pas de main morte. — On dit aussi d'une chôse incontestable, cela va sans dire; de ce qui se fait sans peine: cela va tout seul; de ce qui a trompé les espérances qu'on en avait conçues, cela s'en est allé en eau de boudin ou à vau-l' eau; des affaires qu'on néglige. Cela va comme il plaît à Dieu, etc. etc.
ALLER par haut et par bas, se dit quand on a pris médecine.
aller
aller (s'en)
aller
(ale)verbe intransitif
aller
verbe auxiliaire
aller
gehen, fahren, sich befinden, treten, Allee, Allüre, kommen, laufengo, fare, ride, travel, drive, run, wend, be, do, OK, willgaan, lopen, karren, rijden, varen, verlopen, zich begeven, zullen, gesteldzijn, hetmaken, vanstapellopen, zichbegeven, doorgaan (tot), enkele reis [openbaar vervoer], functioneren, goed staan, heenreis, het (goed/slecht) maken, passen, reizen, samengaan, vertrekken, gesteld zijn, het maken, van stapel lopen, lopen doorהלך (פ'), הלם (פ'), התהלך (התפעל), פסע (פ'), הָלַךְ, הָלַם, הִתְהַלֵּךְ, פָּסַעbegeef hom, begewe hom, gaan, ryanar, circular, trobar-se, viatjarjít, véstkøre, fare, gå, tageπηγαίνω, πάω, περνάωfarti, iri, veturiir, andar, encontrarse, estar de salud, ir en vehículo, correr, hacer funcionarmennä, ajaa, voida, juostaićielmegy, érez, megy, utazikfara, gangaandare, camminare, coricarsi, andata, recarsi, dirigere行く, 走るire, vadere, veherefårrå, gå, kjøre, dra, løpeczuć się, iść, jechać, pojechać, biec, pójśćir, andar, caminhar, estar, passar, rodar, viajar, dirigirduce, mergeидти, пойти, ехать, поехать, махнуть, тянуться, шёлåka, fara, gå, springagitmek, içinden geçmekيَذْهَبُ, يَرْكُضُ가다, 이어지다ไป เคลื่อนไป ออกไป, ตัดผ่านchạy theo đường, đi走, 跑 (ale)nom masculin
billet pour aller dans un lieu et en revenir
aller
[ale]L'aller nous a pris trois heures → The journey there took us three hours., The outward journey took us three hours.
Je voudrais un aller pour Angers → I'd like a single to Angers.
Je suis allé à Londres → I went to London.
Elle ira le voir → She'll go and see him.
La boulangerie? Je dois justement y aller → The baker's? That's just where I need to go.
aller à la chasse → to go hunting
aller à la pêche → to go fishing
aller voir qn → to go and see sb
aller chercher qn → to go and get sb
pour aller à Conflans? → how do I get to Conflans?
cela me va [couleur, vêtement] → it suits me; (pointure, taille) → it fits me; [projet, dispositions] → it suits me, that's OK by me
Cette robe te va bien → That dress suits you.
aller avec qch [couleurs, style] → to go with sth
bien aller avec qch → to go well with sth
"Comment allez-vous? " - - "Je vais bien." → "How are you?" - - "I'm fine."
Il va bien → He's fine.
Il va mal → He's not well.
aller mieux → to be better
"ça va?" - - "oui ça va!" → "how are things?" - - "fine!"
ça va bien → things are going well
ça va mal → things aren't going well
tout va bien → everything's fine
cela ne va pas sans difficultés → it's not without difficulties
Allez! Dépêche-toi! → Come on, hurry up!
allez, au revoir → OK then, bye-bye
vas-y! → go on!
Je dois y aller → I've got to go.
y aller un peu fort → to go a bit far
Tu y vas un peu fort → You're going a bit too far., You're going a bit far.
il y va de leur vie → their lives are at stake
aller jusqu'à → to go as far as
Nous sommes allés jusqu'à Angers → We went as far as Angers.
J'irais jusqu'à dire qu'il est trop tard → I would go so far as to say that it's too late.
se laisser aller → to let o.s. go
ça va de soi, ça va sans dire → that goes without saying
ça va comme ça (= c'est suffisant) → that's fine; (impatience) → that's enough
- Je préfèrerais un aller direct
- Veuillez aller à la porte ...
- Où peut-on aller voir un film ?
- Où peut-on aller danser ?
- À quels événements sportifs pouvons-nous aller ?
- On peut aller à ... ?