UNIVERSITÉ ABDELMALEK ESSAÂDI
FACULTÉ DES SCIENCES JURIDIQUES ECONOMIQUES ET SOCIALES
TANGER
PROBLÉMATIQUES DE LARÉPARTITION DES
COMPÉTENCES ENTRE L’ÉTAT ET LES
COLLECTIVITÉS TERRITORIALES
MASTER DGL – S1
2019/2020
PREPARÉPAR: ELAOUADABDELKHALEK
ENCADRÉPAR: DR S.HSAIN
PLAN
BIBLIOGRRAPHIE
Introduction
1ère Partie :La répartition des compétences à la lumière des
nouvelles réformes
Section1:Clarification des compétences attribuées aux collectivités territoriales.
1)Problème de clause générale
2)Répartition des compétences à la lumière de la constitution2011
Section2:Limites et contraintes relatives aux nouveaux principes(subsidiarité,
libre administration)
-1)Principe de la subsidiarité
2)Principe de la libre administration
2 ème Partie :l’exercice des compétences
Section1: Apport des nouveaux principes(subsidiarité, libre administration)
1)Principe de la subsidiarité
2)Principe de libre administration
Section 2;Limites et contraintes relatives à l’exercice des compétences
1)Problème du contrôle
2)problème financière
INTRODUCTION
. La nouvelle réforme des collectivités territoriales a de
multiples ambitions regroupées en trois termes :
rationalisation, clarification et autonomie. Partant du
constat général d’un manque d’efficience des structures
locales, plusieurs propositions sont développées pour
améliorer la pertinence du tissu local. Plusieurs voies
sont ainsi envisagées pour remédier aux difficultés
constitutives d’une complexité et d’un manque de clarté,
de lisibilité, voire d’un gaspillage d’argent public. Si
chacun de ces axes ne peut être totalement dissocié des
autres, il fait cependant l’objet de réflexions propres
INTRODUCTION
Les compétences des collectivités territoriales, leur
répartition, les conditions et modalités de leur
exercice sont un élément majeur de l’organisation
décentralisée de L’État, affirmée à l’article 1er de la
Constitution, ainsi que du fonctionnement de
l’administration et de la démocratie locale de chaque
pays.
Ces éléments ont fait l’objet d’un débat social et
politique dans certains États .voire plusieures
problèmes sont posés par les éléments cités,
notamment la répartition des compétences et leur
exercice.
PROBLÉMATIQUE
Les compétences réparties entre l’État et les CT
sont-elles claires?et est-ce que ces CT peuvent
assurer pleinement et efficacement les compétences
qui leur sont dévolues dans un Etat unitaire?
- Afin de répondre à ces questions, il est utile
d’étudier la répartition des compétences entre
l’Etat et les CT(partie I) avant d’étudier les limites
et les contraintes relatives à l’exercise de ces
compétences(partie II).
1ÈRE PARTIE:LA REPARTITION DES COMPETENCES À
LA LUMIÉRE DES NOUVELLES RÉFORMES
Section1:Clarification des compétences attribuées
aux collectivités territoriales.
1)Problème de clause générale
SECTION1:CLARIFICATION DES COMPÉTENCES
ATTRIBUÉES AUX COLLECTIVITÉSTERRITORIALES
1-TECHNIQUE DE CLAUSE GÉNÉRALE
Définition:
Cette technique consiste à accorder à la CT qui en est
bénéficiaire une capacité d’intervention générale sans qu’il
soit nécessaire de procéder à l’énumération de ces
attributions.
Elle supporte des interprétations très larges et ouvertes
Exemple (loi 47-96):
le conseil régional est compétent concernant toutes les
affaires qui font partie du domaine régional, sans aucune
précision détaillée de ces compétences. Idée qui trouve son
échos dans l´article 6 de ladite loi qui précise que « le conseil
régional règle par ses délibérations les affaires de la région...
».
le conseil régional « d´être compétent de tout et de rien »
AMBIGUÏTÉ ET ENCHEVÊTREMENT DES
COMPÉTENCES
-les compétences propres se caractérisent par une ambiguïté, on
trouve par exemple que le conseil régional prend´ les actions
nécessaires `` ou ´´les mesures nécessaires``, ces mesures ou ces
actions ne sont pas bien déterminées ou fixées, ils se caractérisent
par une généralité, ce qui rend difficile pour les conseils régionaux
de prendre et de concevoir ce qui doit faire, chose qui provoque une
multitude des actions et des mesures qui se diffèrent d´un conseil à
l´autre selon leur propre interprétation, et leur compréhension du
texte.
-En parallèle avec cette clause, le législateur marocain
énumère un ensemble de matières dévolues aux collectivités
territoriales, ce qui pourrait être interprété comme une
consécration de la théorie des blocs de compétences , cette
énumération ne devrait être considérée que comme exemple des
attributions des collectivités territoriales et non pas une liste
exhaustive de ces attributions
Le texte de loi reste cependant peu convaincant
quant à la clarification des compétences. Le
partage des compétences, surtout critiqué comme
un vecteur de complication et de gaspillage de
fonds publics, ne trouve pas de solution immédiate.
Les domaines d’action sont spécifiés mais restent
nécessairement larges, les nouvelles structures ne
simplifiant en rien la lecture des compétences.
Mais peut-il en être autrement ? Les compétences
n’ont pas vocation à être exercées isolément.
L’imprécision intrinsèque de cette notion conduit
nécessairement à un enchevêtrement des
interventions.
Les collectivités locales peuvent donc agir dans
tout domaine présentant un « intérêt local »
(communal, départemental ou régional selon le
cas), même en l'absence de texte prévoyant leur
intervention. Il revient au juge de déterminer, le
cas échéant et a posteriori, la présence d'un
intérêt local justifiant l'intervention de la
collectivité. La notion d'intérêt local demeure
parfois difficile à apprécier, et la jurisprudence l'a
interprétée de manière extensive : l'action
envisagée doit bénéficier directement aux besoins
de la population, rester neutre et répondre à un
intérêt public.
-Les conséquences de l'absence de clarté dans la
répartition des compétences sont connues : elles
consistent surtout dans une dilution de la
responsabilité des décideurs locaux vis-à-vis des
citoyens, dans l'impossibilité pour ceux-ci de
comprendre les politiques menées par les
collectivités, enfin dans une tendance à des
interventions redondantes et mal coordonnées,
sources de dépenses inutiles.
-Il est enfin difficile d'évaluer l'importance exacte des
interventions des collectivités territoriales sur le
fondement de la clause générale de compétences.
-L’enchevêtrement des compétences reste une
problématique centrale où « la plupart d’entre elles
sont exercées de manière partagée par plusieurs
collectivités territoriales et rares sont celles qui
relèvent exclusivement d’une catégorie de collectivités
»
2)RÉPARTITION DES COMPÉTENCES À LA LUMIÈRE DE
LACONSTITUSION2011
Constitution de 2011
Article 140 :
« Sur la base du principe de subsidiarité, les
collectivités territoriales ont des compétences propres,
des compétences partagées avec l’Etat et celles qui leur
sont transférables par ce dernier. Les régions et les
autres collectivités territoriales disposent, dans leurs
domaines de compétence respectifs et dans leur sort
territorial, d’un pouvoir réglementaire pour l’exercice de
leurs attributions. »
On déduit de cette disposition que les collectivités
territoriales ont en vertu de principe de subsidiarité
le devoir d’apporter desréponses spécifiques a des
questions communes.
L’Etat conservera la compétence exclusive,
notamment sur :
les attributs de souveraineté, notamment le
drapeau, la monnaie.
les attributs liés aux compétences
constitutionnelles et religieuses du Roi.
la sécurité nationale, la défense extérieure et de
l’intégrité territoriale.
les relations extérieures.
l’ordre juridictionnel du Royaume.
L’Etat est toujours présents à travers les mécanismes
de contrôle et de régulation et aussi en sa qualité de
partenaire et bailleurs de fonds.
Les Région ont une vocation essentiellement
économique et d’aménagement du territoire
(SRAT,PDR..)
Les provinces et préfectures ont une vocation sociale
et rurale et de solidarité intercommunale
Les commune sont chargées des services publics et
des infrastructures de proximité
.
Il est important de préciser qu'en supprimant la
clause générale de compétence pour les trois
catégories de collectivités, le législateur dans les
trois lois organiques, de 2015, a contraint lesdites
collectivités à ne régler dorénavant par leurs
délibérations, que les affaires que la loi leur a
attribué.
LIMITES ET CONTRAINTES RELATIVES AUX
NOUVEAUXPRINCIPES
1- La subsidirité:
la subsidiarité ne peut pas signifier que les
collectivités territoriales déterminent elles-mêmes les
compétences qu’elles estiment être le mieux à même
de mettre en œuvre. En effet, le législateur demeure
compétent, aussi bien en France qu’au Maroc, pour
définir les compétences de chacune des catégories de
collectivités territoriales, Néanmoins son pouvoir
discrétionnaire en la matière demeure limité par la
constitution;
ce principe vise à repenser l’intervention des pouvoirs
publics dans son ensemble et à transférer davantage
de responsabilités aux collectivités territoriales
Le principe de subsidiarité, encore mal exploité,
renforce cette option d’une action à géométrie variable
où il peut trouver à s’appliquer non seulement face à
un texte de loi, mais aussi, peut-être à terme, à des
relations entre collectivités et au transfert éventuel
de compétences en elles. Les conditions de réussite de
ces conventions quant à la qualité de l’action locale
restent certes encore à démontrer. A défaut de
réduction des structures locales, certaines risquent de
devenir des coquilles vides, le renforcement des
compétences se faisant au bénéfice de
l’intercommunalité ou du pôle département-région.
Parallèlement, dans le passé, ces conventions n’ont
pas toujours eu le succès souhaité
l’identification des compétences qui conviennent le
mieux à un échelon donné n’a rien d’évident. Ainsi, le
principe de subsidiarité reste un concept beaucoup
plus doctrinal que pratique. Même s’il est consacré
implicitement par la Constitution française et
explicitement par la Constitution marocaine, son sens
est ambigu et la détermination de sa portée juridique
dépendrait de l’action jurisprudentielle. Seul le juge
constitutionnel peut y procéder au cas par cas.
L’occasion ne s’est pas encore produite pour le juge
marocain. Quant au juge français, il semble qu’il a
déjà raté sa première opportunité en s’abstenant de
faire des remarques relatives au principe qui nous
retient, et ce à l’occasion du contrôle de la loi n° 2004-
809 du 13 août 2004
-Sur un autre plan, le principe de subsidiarité n’apporte
pas de réponses précises, clefs en main, sur ce que devrait
être une répartition idéale des compétences entre le
pouvoir central et les entités décentralisées. Cette carence
revient au fait qu’il n’est pas possible de savoir à l’avance si
l’exercice d’une compétence peut le mieux être mise en
œuvre à tel ou tel échelon territorial. Ce n’est qu’après
l’expérimentation et l’évaluation qu’il devient possible de se
prononcer sur l’efficacité et la performance d’une
compétence mise en œuvre à un échelon donné.
-Pour faire face à cette carence, le constituant français, par
l'article 37-1 de la Constitution, a ouvert la possibilité des
expérimentations qui permettraient éventuellement de
déterminer le niveau adéquat pour l'exercice de telle ou
telle compétence. Aucune possibilité pareille n’est prévue
par le Constituant marocain
LES LIMITES DE LA LIBRE ADMINISTRATION
Les collectivités territoriales s’administrent
librement dans les conditions prévues par la loi.
Elles possèdent des compétences administratives,
ce qui leur interdit de disposer de compétences
relevant du niveau étatique (édicter des lois et
règlements, exercer des attributions
juridictionnelles, compétences propres dans la
conduite des relations internationales).
-La libre administration est toutefois une notion
abstraite qui ne permet pas d’emblée de déterminer ce
que peuvent faire les collectivités territoriales. Il s’agit
d’un principe de protection à l’égard des empiètements
de l’État
-Pour Mathilde Boulet, le pouvoir réglementaire des
collectivités territoriales apparaît comme un
instrument, une condition de libre administration.
Cependant, ces collectivités ne peuvent, selon lui,
édicter des règlements directement sur le fondement de
la constitution sans l’intervention d’une loi ou d’un texte
règlementaire de l’autorité centrale compétente, car la
libre administration ne signifie pas la libre
règlementation ou un pouvoir règlementaire local
autonome.
- La constitution de 2011 est silencieuse sur le pouvoir
règlementaire des groupements des collectivités,
le principe de la libre administration ne s’applique
qu’aux collectivités territoriales et non à leurs
groupements. La logique exige donc à ce que ces
établissements disposent du pouvoir règlementaire
pour exercer pleinement les compétences qui leur ont
été confiées par les collectivités. D’autant plus l’article
151 de la loi organique relative à la région dispose que
le président du groupement des régions exerce les
attributions confiées au président de la région s’y
rapportant.
-l'unité de l'État et la souveraineté de l'État:
- Les limites de la libre administration tiennent d’abord au principe
de l’indivisibilité de l’État. Il en résulte que les collectivités
territoriales n’ont qu’une autonomie administrative et non politique.
Ainsi, elles n’ont pas, en principe, de pouvoir législatif. Elles ne
peuvent pas choisir leur organisation, leurs compétences, leurs
ressources ou leur régime électoral. Ces choix sont de la compétence
du législateur. les collectivités territoriales ne sauraient agir contre
l'État et mettre en cause son caractère unitaire. elle demeure
indissolublement liée et totalement soumise à l'État. En outre,
conformément à l’article 145 de la Constitution de 2011
(art72Cfrançaise), les collectivités territoriales sont soumises à un
contrôle administratif exercé par le représentant de l’Etat. De même,
la libre administration des collectivités territoriales doit être
conciliée avec les exigences de l’intérêt national et avec le principe
d’égalité, et de l’indivisibilité de l’Etat et aussi avec les autres
principes constitutionnels tels que les principes de solidarité et de
coopération.
-la reconnaissance de compétences propres exclusives et
claires aux différentes catégories de collectivités territoriales
soulève une question présentant un caractère sérieux au
regard du principe de la libre administration des collectivités
territoriales marocaines. Sachant que les compétences
propres de chaque collectivité ne sont jamais figées par la
constitution. Cette dernière n’a pas déterminé la liste des
attributions confiées exclusivement à chaque niveau ni même
la vocation spécialisée ou dominante de chacune d’elles. C’est
la loi donc, qui doit apporter des clarifications sur la sphère
de compétences propres de chaque collectivité.
- Mais malheureusement, les trois lois organiques relatives
aux collectivités territoriales adoptées en 2015 ( à savoir les
L.O 111-14/112-14/113-14), n’ont pas délimité de manière
claire les compétences de chaque niveau et ce, bien qu’elles
aient supprimé les dispositions consacrant la clause générale
de compétence qui leur permettait d’intervenir dans tous les
domaines
On peut considérer que le principe de libre
administration est emprunté au droit français,
même si on le retrouve dans des systèmes
constitutionnels différents, tel le système fédéral
allemand (Selbstverwaltung). En fait, la libre
administration est inhérente à tout système
d’autonomie locale. Abdallah Harsi rappelle que «
la Constitution marocaine de 2011 ne donne
aucune idée précise sur son contenu et sa portée.
Les règles de gouvernance relatives au bon
fonctionnement du principe de libre
administration seront fixées par la loi organique
relative aux Collectivités territoriales, prévue par
l’article 146 de la constitution
2 ÈME PARTIE :L’EXERCICE DES COMPÉTENCES
SECTION1 : LES APPORTS DES NOUVEAUXPRINCIPES
1-SUBSIDIARITÉ
La constitution de 2011 a introduit de nouveaux
principes permettant une meilleure gestion des
affaires locales ,en l’occurrence : le principe de
subsidiarité,….
-les compétences des collectivités sont définies
par le législateur et non par les collectivités elles-
mêmes ; conformément au principe de
subsidiarité, « les collectivités territoriales ont
vocation àprendre les décisions pour l'ensemble
des compétences qui peuvent le mieux être mises
en œuvre à leur échelon »
LE CONTEXTE D’APPARITION DU PRINCIPE AU MAROC
Technique de la clause générale des compétences
-L’insuffisance des anciennes lois en matière
d’attribution des compétences:
Ambiguité et enchevêtrement des compétences
Absence de l’implication et la participation des
citoyens à la gestion des affaires publiques
Tous ces enjeux convergent vers une même
philosophie, celle de la proximité, et la subsidiarité
apparait comme un principe pouvant répondre aux
différents dilemmes posés et fournir des choix
susceptibles d’accorder l’efficacité et la proximité.
LA PORTÉE DU PRINCIPE DE SUBSIDIARITÉ
« La notion de subsidiarité se manifeste avec les
compétences qui peuvent le mieux être mises en
œuvre à l’échelon d’une collectivité, elle vise la
répartition des compétences entre l’Etat et l’échelon
local mais aussi sans doute entre les différents
échelons de collectivités » Francis-Paul BENOIT
-cependant la subsidiarité ne peut pas signifier que
les collectivités territoriales déterminent elles-mêmes
les compétences qu’elles estiment être le mieux à
même de mettre en œuvre. En effet, le législateur
demeure compétent, aussi bien en France qu’au
Maroc, pour définir les compétences de chacune des
catégories de collectivités territoriales, Néanmoins
son pouvoir discrétionnaire en la matière demeure
limité par la constitution;
2-LIBRE ADMINISTRATION
l'intervention du législateur en matière d'encadrement des
collectivités territoriales et de leur libre administration est
expressément prévu par la Constitution de 2011. Ainsi, c'est
la loi qui fixe leurs compétences, leurs ressources, leur régime
électoral et les contrôles qui sont exercés sur leurs organes et
leurs actes et ce à condition de ne pas porter atteinte à la
libre administration.
C'est donc le législateur qui détient le monopole des
limitations du principe de la libre administration. D'ou
l'impossibilité de limiter cette libre administration par voie
réglementaire comme le faisait le ministère de l'Intérieur
auparavant et parfois par de simples circulaires.
Normalement c'est la loi qui doit déterminer les
principes fondamentaux de la libre administration même si
la Constitution de 2011 ne le prévoit pas de façon explicite
et ce à la différence de la Constitution française.( art 34
La Constitution marocaine de 2011 reconnait au profit des
régions, comme les autres c.t «la libre administration» pour
la gestion de leurs affaires. Il s’agit là encore d’une garantie
constitutionnelle qui constitue au même titre que la
solidarité et la coopération des fondements essentiels de
l’organisation régionale et territoriale du Royaume
-C’est ce qui est stipulé dans l’article 136 ‘’ l’organisation
régionale et territoriale repose sur les principes de libre
administration, de coopération ,de solidarité. Elle assure la
participation des populations concernées à la gestion de
leurs affaires et favorise leur contribution du
développement humain intégré et durable.’’
Il parait clairement que la constitution de 2011 a
apporté des avancées remarquables en ce qui
concerne les collectivités territoriales en
consacrant les principes fondamentaux qui les
régissent notamment le principe de la libre
administration.
Cependant, les pouvoirs publics doivent mettre
fin au chevauchement de compétences qui résulte
des textes disparates en établissant une charte
portant clarification de la vocation de chacune
des collectivités et ses attributions exclusives et
en abrogeant toute la réglementation contraire a
la constitution et aux lois organiques de 2015
Selon la constitution française dans son article 72
al 3 : " Dans les conditions prévues par la loi, les
collectivités s’administrent librement par des
conseils élus et disposent d’un pouvoir
réglementaire pour l’exercice de leurs
compétences
RELATIONS ENTRE PRINCIPE DE LIBRE ADMINISTRATION ET
LE PRINCIPE DE SUBSIDIARITÉ
L’application de principe de subsidiarité est
nécessaire pour la mise en œuvre effective du
principe de libre administration et pour connaitre
la sphère de liberté de chaque niveau.
Selon l’article 140 de la constitution de 2011
stipule : « sur la base du principe de subsidiarité,
les collectivités territoriales ont des compétences
propres des compétences partagées avec l’Etat et
celles qui leur sont transférables par ce dernier.
Les régions et les autres collectivités disposent
dans leurs domaines de compétences respectifs et
dans leur sort territorial d’un pouvoir
réglementaire pour l’exercice de leurs
attributions.
On peut pas parler de la libre administration ou
de liberté locale avec la multiplication de niveaux
des collectivités territoriales et la confusion de
leurs compétences sans l’adoption d’une
démarche de subsidiarité par ce que le principe
de subsidiarité doit normalement déterminer
l’ampleur et les limites de l’exercice des
compétences locales. et exige une répartition
claire des compétences entre l'Etat et les
différentes c.t, domaine par domaine
L’INTERDICTION DE LA TUTELLE D’UNE
COLLECTIVITÉ SUR UNE AUTRE
-la Constitution du 29 juillet 2011 interdit
formellement et d’une manière explicite toute tutelle
pouvant être exercée par une collectivité territoriale
sur une autre:
- Art 143 « aucune collectivité territoriale ne peut
exercer de tutelle sur une autre ». En revanche, cette
interdiction ne devrait pas être considérée comme
incompatible avec la prééminence dont jouit la région
par rapport aux autres collectivités en matière
d’élaboration et de suivi des programmes de
développement régionaux et des schémas régionaux
d’aménagement des territoires, tant que les
compétences propres des autres collectivités sont
respectées (alinéa 2. Article 143).
PRINCIPE DE LIBRE ADMINISTRATION ET
PRINCIPE DE SOLIDARITÉ ET DE COOPÉRATION
--Il convient de préciser que l’existence d’un
territoire propre à chaque collectivité territoriale
suffit à engendrer des relations de voisinage.
- A noter que le principe de solidarité exige la
volonté d’agir ensemble en toute liberté pour la
réalisation des projets communs ainsi les
collectivités territoriales peuvent, de leurs propres
initiative mettre en commun leurs moyens
administratifs, humains, techniques et financières
pour réaliser des prestations communes
IMPLICATIONS DU PRINCIPE DE LIBRE ADMINISTRATION
Ce principe a des implications politiques,
fonctionnelles, et financières qu’il faut prendre en
considération afin d’éviter sa dénaturation et sa
mauvaise mise en œuvre, car on connaît l’étroitesse
des liens qui unissent ces trois volets
Implications politiques
Le principe de la libre administration suppose que
les entités décentralisées s’administrent librement
par des organes élus (conseil délibération et leurs
exécutifs), choisis de préférence au suffrage
universel direct
IMPLICATIONS FONCTIONNELLES
-Elles se résument dans la reconnaissance aux
collectivités territoriales d’un seuil minimum de
compétences propres bien délimitées, de l’existence
d’un pouvoir réglementaire et d’une liberté
contractuelle.
-a/S’agissant des compétences propres, il est
indispensable que la collectivité territoriale dispose
d’un certain nombre de compétences fixées par la
loi et non pas par des textes réglementaires ou de
simples circulaires comme faisait auparavant
l’autorité centrale, notamment le ministère de
tutelle. .......
b- Concernant le pouvoir réglementaire des
collectivités territoriales, il est indispensable pour
l’accomplissement de leurs compétences. Il faut noter
que l’article 140 de la constitution de 2011 dispose
clairement que toutes les collectivités territoriales
disposent de ce pouvoir pour l’exercice de leurs
attributions et les lois organiques des collectivités
territoriales confient ce pouvoir à leurs exécutifs.
En principe, c’est le chef de gouvernement qui
détient le pouvoir réglementaire défini
traditionnellement comme étant le pouvoir d’édicter,
sous forme d’actes administratifs unilatéraux des
règles à la portée générale et impersonnelle
LALIBERTÉCONTRACTUELLE
Enfin parmi les implications fonctionnelles du principe de la
libre administration des collectivités territoriales, il faut
mentionner la liberté contractuelle même si la constitution de
2011 est muette sur cette question.
Nul doute que le recours aux différents contrats et convention
de gestion déléguée des services publics, de partenariat,
d’emprunts, est indispensable pour l’exercice des compétences
des collectivités territoriales et les relations de ces dernières
avec les personnes morales de droit publics et privé. C’est le
reflet de la liberté dont jouissent les collectivités territoriales
et qui est la conséquence de l’application de la libre
administration. Ce dernier doit permettre à toute collectivité
de conclure librement les conventions et les contrats
nécessaires à l’exercice de ses compétences. (Conventions de
coopération et jumelage, conventions de gestion déléguées, etc)
En application du principe de libre administration les
collectivités peuvent contracter desprêts des banques privées
ou du fonds d’équipement communal à chaque fois que les
conditions exigées sont remplies
IMPLICATIONS FINANCIERES
Implications financières :
Il serait naïf d’imaginer existence de libre
administration sans liberté financière.
Il serait impensable que les collectivités
territoriales exercent librement leurs attributions
sans disposer de ressources propres nécessaires
et sans la liberté de les utiliser.
les collectivités territoriales disposent des
ressources financières propres, des ressources
transférées par l'État (art 140 de la C) et des
ressources d'emprunts
SECTION 2;LIMITES ET CONTRAINTES RELATIVES À
L’ÉXERCICE DES COMPÉTENCES
1-Contrôle et autonomielocale:
Le contrôle des collectivités territoriales
De prime abord il convient de noter que le contrôle
des collectivités territoriales ne doit pas être
regardé comme une entrave à la libre
administration de ces entités. A y regarder de près,
on peut affirmer que le contrôle (et non la tutelle)
est indispensable pour le bon fonctionnement de la
décentralisation territoriale
CONTRÔLE ET AUTONOMIE LOCALE:
-Il est à noter qu’il n’existe pas une contradiction
entre l’autonomie et le contrôle, ce dernier est
intimement lié à la décentralisation, cependant
dans un Etat unitaire, les collectivités territoriales
sont inconcevable sans contrôle, sinon les
collectivités changeant de nature à une autre
forme, et l’Etat ne procède plus le même statut d’un
Etat unitaire. A ca propos l’autonomie des entités
décentralisées ne signifie guère gouverner et
prendre des décisions à caractère politique, la
forme de l’autonomie concerne bien entendu tout ce
qui est de nature administrative. En revanche la
garantie de l’autonomie locale est mesurée par le
degré des compétences attribuées aux collectivités
territoriales
Mais, le contrôle en question doit se concilier avec le
principe de libre administration des collectivités
territoriales. Il doit se limiter à un contrôle de légalité qui
s'exerce a posteriori. l'État tout en maintenant son contrôle
sur les collectivités territoriales, doit progressivement
alléger le poids de celui-ci, en reconnaissant d'une manière
de plus en plus large le caractère directement exécutoire
des actes desdites collectivités.
Cependant, est force de constater que les lois organiques
des collectivités territoriales de 2015 sont décevantes,
étant donné qu'elles consacrent solennellement la tutelle a
priori par le biais de visa préalable sur les actes les plus
importants. On attendait, avec la consécration du principe
constitutionnel de la libre administration d'un pas décisif
soit franchi avec ces nouvelles lois en supprimant toute
tutelle d'opportunité sur les actes des collectivités
Tout en reconnaissant la nécessité du contrôle sur les
collectivités territoriales, ce contrôle ne doit en aucun
cas s'exercer sur l'opportunité de leurs actes voire
même a priori. Il doit se limiter à faire respecter la
légalité et d'éviter l'empiétement d'une collectivité sur
le domaine d'une autre. Car, la Liberté d'une
collectivité n'est ni générale ni absolu. Elle est
conditionnée par le respect de la législation en
vigueur. Mais le poids du contrôle en question pèse
lourdement sur les collectivités en raison de
l'ambiguïté de leurs compétences qui permet à
l'autorité centrale de censurer tout acte qu'elle juge
comme ne relève pas des attributions des régions, des
préfectures et des provinces et des communes. De
même, la dépendance financière des collectivités est
de nature à renforcer notamment le contrôle préalable
en question
Enfin, pour conclure sur la question du contrôle
prévu par les trois lois organiques, il convient
d'affirmer que le législateur s'écarte de son rôle
protecteur des collectivités territoriales, lorsqu'il
a soumis les collectivités à l'audit effectué par les
deux inspections centrales (IGF et IGAT), même
si leurs rapports doivent être transmis à la Cour
Régionale des Comptes compétente pour prendre
les mesures qui s'imposent. Il devait se limiter au
contrôle exercé par cette juridiction financière qui
est d'ailleurs créée à cette fin
LIMITE DE LA LIBERTÉ D’ORGANISATION ET D’AUTO-
ORGANISATION
l’organigramme de la région est déterminé par
décision du ministre de l’Intérieur, la direction
générale des services de la région est créée par le
projet et dirigée par un directeur nommé après visa
de l’autorité de tutelle.
l’exécution des projets de la région est placée entre les
mains d’une agence régionale d’exécution des projets
prévue par la loi organique dont le directeur est
nommé (art 138) âpres visa de l’autorité de contrôle,
alors que cette agence est financée par la région. De
même le président de la région nomme aux autres
emplois, mais il ne peut ni créer ni supprimer les
postes budgétaires.
2-PROBLÈME FINANCIÈRE
-Les ressources de la région
-Malgré les évolutions substantielles, le financement des
régions demeure marqué par des insuffisances et une
dépendance de l’appui financier de l’Etat. Il s’agit d’une
part de la faiblesse des recettes propres et d’autre part de
la prépondérance des dépenses de fonctionnement et du
faible taux d’exécution des dépenses d’investissement.
La fiscalité locale
-Le problème des finances, plus exactement la gestion
financière reste prééminent ; les charges restent grevées
par l’importance de la masse salariale et les
investissements sont en dessous des espérances, seule
une faible partie est dédiée aux programmes de
développement économique.
Ces collectivités ne disposent pas d'uneautonomie
financière originaire et autoproclamée. Leur
autonomie n'a de raison d'être que par rapport à
ce qui est préétabli et prédéfini par le législateur.
Elle est liée à la volonté de celui-ci, et ne saurait
en tout cas déboucher sur un authentique pouvoir
financier au profit des collectivités territoriales,
se traduisant notamment par un pouvoir fiscal
concurrent de l'État qui mettrait en cause à sa
forme unitaire
-Il est frappant de remarquer que l’Etat a souvent
transféré aux collectivités territoriales des charges et
non des compétences sans le transfert des moyens
humains et financiers équivalents. C’est le cas des
charges se rapportant à la construction et la mise à
niveau des établissements scolaires, des centres de
santé, des barrages collinaires de la promotion
nationale qui demeurent encore financées par les
crédits de la TVA qui reviennent de droit aux
collectivités. Ces derniers continuent à supporter ces
charges par de simples circulaires, alors même que des
charges relèvent toujours des compétences de l’Etat.
Sachant que l’article 141 de la constitution de 2011
consacre solennellement le principe selon lequel "
chaque transfert de compétences, de l’Etat vers les
collectivités territoriales doit être assorti des crédits
équivalents".
-l'autonomie financière des collectivités territoriales
prévue par la Constitution reste subordonnée à la loi
c'est le législateur qui déterminera ses modalités et
son étendue il lui revient de par la Constitution de
fixer le régime financier de ces collectivités ainsi que
l'origine de leurs ressources financières (propres et
transférées).
l'absence de l'autonomie financière et la faiblesse des
ressources financières
l'absence de l'autonomie fiscale des collectivités
territoriales
l'incapacité de créer des nouvelles ressources à
travers l'investissement étrangère.
l'absence de commercialisation des collectivités
territoriales
AVANT DE CONCLURE
-L’inefficacité de l’action publique, bien plus que liée à
l’enchevêtrement des interventions, est au contraire le
fruit de compétences artificiellement spécialisées qui
ravivent rivalités et tensions. L’inflation des textes
législatifs est, à elle seule, la marque de l’insuffisance de
l’organisation d’un État décentralisé, perçu dans une
logique de transfert de compétences de l’État vers les
collectivités et entre collectivités. Les mécanismes
juridiques restent certes partiellement à affiner pour
dépasser cette approche, mais la réforme des collectivités
territoriales ne peut avoir d’autres objectifs que
d’améliorer la qualité de leur action. La voie des relations
horizontales et transversales doit ainsi être davantage
exploitée dans une perspective d’actions communes. Une
innovation dans le statut des collectivités locales
reviendrait alors à reconnaître cette réflexivité de leurs
actions.
CONCLUSION
Aujourd’hui l’exercice des responsabilités locales n’est pas une tâche
aisée et simple compte- tenue de la complexité croissante des problèmes
du dévellopement , de l’ampleur des besoins à satisfaire,de la rapidité
des mutations sociologiques internes et des transformations
scientifiques, technologiques et informationnelles qui s’opèrent au
niveau international.
Ils s'ajoutent des difficultés d'ordre organisationnel et politique. On
remarque en effet, une multiplication des structures administratives
tant au niveau central qu'au niveau local.
-Cette situation entraîne une mauvaise coordination, voire parfois son
absence, entre lesdifférentes Administrations.
D’autre part,la volonté politique d’opérer une véritable décentralisation
est récente et demeure limitée dans la pratique. Les dispositions de la
nouvelle Constitution et l’adoption de la Charte communale de 2009
donnent des signaux forts : « l’organisation territoriale du Royaume
repose sur le(s) principe(s) de libre administration (…) » (Art. 136 C).
Fortes de la légitimité du suffrage universel direct (Article 135 C), les
Communes favorisent la participation et la concertation, l’implication
des citoyens dans la gestion des affaires publiques (Art. 136 C). Dotées
d’un pouvoir réglementaire autonome, les Communes sont autonomes
dans leurs domaines de compétences propres et celles transférées par
l’État (Articles 35-43, Charte communale
BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES,DOCUMENTS ET ARTICLES
-EL RhEZOUANI RACHID,Pour une stratégie fondée sur l’emploi et les besoins
essentiels au MAROC,édition:ElMaarif Eljadida,Rabat,1991 p145
-Abdelghafour Aouad,Impact de la réforme de la décentralisation sur le rôle des
walis et gouverneurs, mémoire de Master (2015-2016)
-Manuel Goehrs,(l’expérience communale au Maroc de la Djemaa à la libre
administration), Editeur : Heinrich Böll Stiftung Afrique du Nord Rabat,juillet
2015
-Nourreddine Ben Souda(trésorier général duRoyaume)en marge du colloque
international des finances publques(sur la décentralisation).L’Économiste,5598
23/9/2019
TEXTES LÉGISLATIFS
- La Constitution marocaine de 2011
-Les lois organiques LO 11-14,LO 12-14,LO 13-14
-Charte communale 2009
WEBOGRAPHIE:
www.pncl.gov.ma
Sgg.gov.ma
http://cours-de-droit.net/les-competences-des-collectivites-
territoriales-et-de-l-etat-a126945012/
https://journals.openedition.org/add/328
https://www.erudit.org/fr/revues/es/2014-v44-n1-2-es
https://www.erudit.org/fr/revues/es/2014-v44-n1-2-es0
https://www.leconomiste.com/article/976343-les-enjeux-
http://www2.assemblee-nationale.fr/documents/notice/1
https://www.academia.edu/11887858/la_r%C3%A9gionalisa
tion_avanc%C3%A9e_au_maroc
http://www.senat.fr/rap/r10-283/r10-283_mono.html
https://www.editionsdalloz.fr/media/upload_doc_cms/PDF_
Loi_NOTRe_clarification_competences.pdf
https://www.doc-du-juriste.com/droit-public-et-
international/droit-administratif/dissertation/problemes-
poses-repartition-competences-collectivites-territoriales-
452270.html
-https://journals.openedition.org/sds/818
-www.marocdroit.com/La-loi-regionale-47-96-Une-imprecision-des-
competences-regionales-consequence-d-une-repartition-des-
competences-par_a5633.html
-https://www.conseil-etat.fr/ressources/avis-aux-pouvoirs-
publics/derniers-avis-publies/differenciation-des-competences-des-
collectivites-territoriales-relevant-d-une-meme-categorie-et-des-
regles-relatives-a-l-exercice-de-ces-competences
-http://cours-de-droit.net/les-compétences-des-collectivites-
territoriales-a126591494/
-www.marocdroit.com/-الالمركزية-بين-الحر-التدبير-مبدأ-اشكاليات
_والالتمركزa7556.html