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Etude Marché - Ecolededevoirs

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de lEnseignement et de lducation permanente asbl

rue de La Fontaine 2 1000 Bruxelles Tl 02 / 511 25 87 www.ligue-enseignement.be

tude ralise par


diteur responsable Roland Perceval rue de La Fontaine 2 1000 Bruxelles Tl 02 / 511 25 87

Valrie Silberberg et Antoine Bazantay Les coles de devoirs :

au-del du soutien scolaire

tude

Dcembre 2011

Pour leurs avis, leurs conseils et leurs tmoignages, Monsieur Jean-Marc NOLLET, ministre de lEnfance de la Communaut franaise, Madame Evelyne HUYTEBROECK, ministre de la Jeunesse de la Communaut franaise, Monsieur Bernard DE VOS, Dlgu gnral aux droits de lenfant, Madame Annick COGNAUX, responsable du service Ecoles de Devoirs lONE, Madame Stphanie DEMOULIN, charge de la coordination gnrale de la FFEDD et Madame Kristel BRUSADELLI, charge de communication la FFEDD, Madame Vronique MARISSAL, coordinatrice de la CEDD de Bruxelles. Pour les mmes raisons, le personnel des coles de devoirs suivantes : Les Amis de lEtincelle Anderlecht, Les Ateliers du Soleil Bruxelles, Les Cracks en tout Namur, Gaffi Schaerbeek, TaAwun Wavre. Nous remercions galement Madame Cline DOUMIER, conseillre pdagogique chez Educadomo, Monsieur Drieu GODEFRIDI, administrateur de Cogito. Monsieur Eric Vandenheede pour la mise en page. Ltude a t co-rdige par Valrie Silberberg, responsable du secteur Communication de la Ligue, et Antoine Bazantay, secteur Communication. La partie thorique a t ralise par Valrie Silberberg.

ous remercions

avec...
le soutien de la Fdration Wallonie-Bruxelles

EDITION 2011 - DPT LGAL 2011 - D/2011/11.563/1

TABLE DES MATIERES


INTRODUCTION GENERALE PREMIERE PARTIE : APPROCHE THEORIQUE CHAPITRE I : LES DEVOIRS CHAPITRE II : LES AIDES PROPOSEES POUR REALISER LES DEVOIRS 1. 2. 3. Les tudes surveilles ou diriges Laccompagnement scolaire Les cours particuliers p. 6 p. 8 p. 9 p. 11 p. 11 p. 11 p. 12 p. 13 p. 15 p. 15 p. 16 p. 18 p. 20 p. 21 p. 22 p. 23 p. 23 p. 23 p. 24 p. 25 p. 27 p. 28 p. 28 p. 29 p. 31 p. 33 p. 33 p. 33 p. 33 p. 34 p. 36

CHAPITRE III : LES DEMANDES DAIDE CHAPITRE IV : LES ECOLES DE DEVOIRS 1. 2. 3. 4. 5. Dfinition Un peu dhistoire Les subsides La qualit de laccueil Le travail en EDD 5.1. Le dveloppement intellectuel de lenfant 5.2. Le dveloppement et lmancipation sociale de lenfant 5.3. Le dveloppement de la crativit de lenfant 5.4. Lapprentissage de la citoyennet et de la participation 6. 7. 8. 9. Lquipe et la formation Le public Ecoles de devoirs et coles : des relations complexes Les autres partenaires

10. La Fdration francophone des coles de devoirs (FFEDD) et les Coordinations rgionales 11. Les coles de devoirs font-elles suffisamment de devoirs ? Le cas particulier de Bruxelles 12. Adresses utiles CHAPITRE V : CADRE LEGISLATIF 1. 2. 3. 4. 5. 6. Dcret du 29 mars 2001 visant rguler les travaux domicile dans lenseignement fondamental (paru au Moniteur Belge du 15 mai 2001) Dcret du 17 juillet 2002 portant rforme de lOffice de la Naissance et de lEnfance, en abrg ONE (paru au Moniteur Belge du 2 aot 2002) Dcret du 3 juillet 2003 relatif la coordination de laccueil des enfants durant leur temps libre et au soutien de laccueil extrascolaire (paru au Moniteur Belge du 19 aot 2003) Arrt du Gouvernement de la Communaut franaise du 17 dcembre 2003 fixant le code de qualit et de laccueil (paru au Moniteur Belge du 19 avril 2004) Dcret du 28 avril 2004 relatif la reconnaissance et au soutien des coles de devoirs (paru au Moniteur Belge du 29 juin 2004) Arrt du Gouvernement de la Communaut franaise du 20 janvier 2011 fixant le programme triennal de formations continues 2011-2014 des professionnels accueillant

des enfants de 0 12 ans, des volontaires des consultations pour enfants et des accueillants des lieux de rencontre enfants-parents (paru au Moniteur Belge du 2 mars 2011) 7.

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Arrt du Gouvernement de la Communaut franaise du 23 juin 2011 relatif la formation qualifiante danimateur et de coordinateur en cole de devoirs et aux quivalences aux brevets danimateur et de coordinateur en cole de devoirs (paru au Moniteur Belge du 8 aot 2011) p. 40 p. 43 p. 44 p. 45 p. 46 p. 46 p. 48 p. 50 p. 51 p. 52 p. 53 p. 53 p. 53 p. 54 p. 54 p. 55 p. 55 p. 56 p. 56 p. 57 p. 59 p. 61 p. 63 p. 65 p. 67 p. 71 p. 73 p. 76 p. 78 Dfinition Fonctionnement Les demandes Le rapport de la Commission europenne : un bilan mitig des cours particuliers Les entreprises vocation commerciale qui dispensent des cours privs

CHAPITRE VI : LES COURS PARTICULIERS 1. 2. 3. 4. 5.

DEUXIEME PARTIE : APPROCHE PRATIQUE I. II. 1. INTRODUCTION ANALYSE ET TEMOIGNAGES Prsentation des coles de devoirs et des socits prives de cours particuliers a) c) e) f) g) 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. Gaffi (Schaerbeek) Les Ateliers du Soleil (Bruxelles) TaAwun (Wavre) Educadomo Cogito b) Les Amis de lEtincelle (Anderlecht) d) Les Cracks en tout (Namur)

Les EDD : leurs missions et leurs particularits Le public des EDD Les rapports avec les diffrents partenaires Le dcret de 2004 La formation et lquipe Les moyens Laide aux devoirs et les activits psychopdagogiques Les cours particuliers

10. Laccrochage scolaire et lchec du systme scolaire CONCLUSION GENERALE BIBLIOGRAPHIE

INTRODUCTION
Nos socits traversent des crises, avec des consquences sur lcole, la famille et les individus eux-mmes, confronts aux volutions et aux changements ; ceux-ci se trouvent souvent dmunis pour faire face aux situations quils rencontrent. Le contexte actuel nest pas celui de la certitude et de la scurit : Quels dbouchs professionnels la sortie du systme ducatif ? Quels seront les mtiers de lavenir ? Comment vont voluer linstitution scolaire et les structures ducatives ? Lavenir est inconnu pour une grande part. Tout ceci influe sur les organisations et les individus, les familles, les enfants, les parents, les accompagnateurs, les personnes et les institutions charges de lducation, de lenseignement et de la formation des jeunes. 1 De cette ralit sociale, il rsulte : des tensions et du stress, de la dsorganisation, du doute sur les solutions, de linterrogation sur lidentit et les priorits des institutions. Si le parcours scolaire est devenu plus comptitif quauparavant, et si, en consquence, tous les lves sont objectivement engags dans cette comptition, ils ny sont pas pour autant tous galitaires. Les familles, y compris dans les milieux populaires, sont conscientes des enjeux scolaires en termes dinsertion sociale et professionnelle ; mais la conscience de la comptition, des moments o elle se joue, la connaissance de la manire dy jouer et les ressources pour y participer activement sont, on le sait, ingalement partages. 2 Aujourdhui, lapoge de lintgration scolaire obligatoire, il ne reste que peu de place pour les situations particulires. Lchec scolaire du petit, ds quil est nonc, devient lchec parental. Lenseignant qui le prononce, et qui stigmatise ainsi lenfant depuis longtemps en difficult, sort celui-ci de la difficult par une sanction : la reconnaissance dun tat qui nest plus redevable dun remde dans le cadre de linstitution scolaire. Ce constat laisse sans rponse la question de savoir comment on en est arriv lchec et quelles sont les personnes impliques dans cette impasse. 3 Lchec scolaire aboutit le plus souvent lorientation vers un spcialiste (orthophoniste, logopde), voire vers une consultation en centre psycho-mdico-social. () la grande majorit des consultations montrent des situations dans lesquelles lchec est d aux difficults relationnelles de lenfant avec ses camarades et ses enseignants. La famille, souvent malmene, narrive pas retrouver les termes dune collaboration avec linstitution scolaire. 4 Un diagnostic est en effet indispensable avant dengager lenfant et sa famille dans un processus daccrochage scolaire, de remdiation, de soutien, daccompagnement Quel est le rle des coles de devoirs dans cette dmarche ? Ne sont-elles pas de plus en plus en concurrence avec les cours particuliers ? Nous le verrons dans cette tude : le public des coles de devoirs est bien diffrent de celui des cours particuliers. Et si ces derniers offrent des solutions en matire dapprentissages scolaires, les premires, en plus dune aide aux devoirs, permettent aux enfants qui les frquentent de souvrir des activits culturelles, sportives, ludiques auxquelles ils nont pas accs dans leur milieu familial. A lheure actuelle, il y a dailleurs une relle volont de la Fdration Francophone des Ecoles de Devoirs de voir laspect scolaire prendre moins dimportance au sein du mouvement et de laisser plus de place toutes les autres activits dapprentissage dveloppes par les animateurs et les bnvoles. La pratique des jeux, par exemple, est en effet une bonne prparation bien des apprentissages scolaires. En mme temps, nous assistons, linstar de nos voisins franais, lexternalisation vers le priv de la remdiation scolaire. Ces deux problmatiques nous parlent en fait dun mme fait, celui de lchec scolaire et de lingalit de la qualit de notre enseignement. Lchec scolaire renvoie en fait la difficult de relever le dfi de la russite pour tous. 5 Depuis ces dernires annes, le nombre dinscriptions dans les officines prives offrant du soutien scolaire
1 2 3 4 5 GARZA BROWN Deanna, PAPILLON Pascal et Xavier, Accompagner les jeunes dans la russite de leurs projets, p. 111. GLASMAN Dominique et BESSON Leslie, Le travail des lves pour lcole en dehors de lcole, p. 8. MARHIC Philippe, Lenseignement individuel - Une alternative lchec scolaire, p. 9. Idem, p. 10. Remdier - Une mission de lcole, pas un march, analyse de la Ligue des familles.

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explose. Ces socits commerciales proposant des cours particuliers affichent des slogans trs efficaces. Sans doute faut-il y voir un rel besoin de la part de nombreux parents dlves. Est-ce dire que lEcole ne serait plus mme dinstruire les enfants qui lui sont confis ? Ny a-t-il pas une flagrante contradiction dans le fait que lcole a pour mission de dcharger les familles de la tche dinstruction, alors quelle la renvoie travers les devoirs la maison ? 6 Et les devoirs la maison ne tendent-ils pas, eux aussi, accrotre les ingalits ? Les tablissements scolaires sont subventionns en fonction des lves quils attirent, en quantit et en qualit. Il existe une concurrence entre les tablissements et les rseaux et mme au sein des rseaux. Ce march, qui ouvre la voie la reproduction par lcole des ingalits sociales, se double dun nouveau march : dans une socit en crise, le rapport lcole devient instrumental puisque cest la russite scolaire qui compte pour avoir une bonne place dans la socit plus tard. Les deux extrmes des catgories sociales modifient leur comportement face lcole. A Bruxelles, une cole de devoirs par mois se cre, les plus dfavoriss cherchent une aide. Les plus favoriss ont recours des associations prives qui donnent des cours collectifs ou individuels au domicile. 7 En outre, le manque duniformit des coles de devoirs dforce leur identit aux yeux du grand public et des pouvoirs subsidiants. Pourtant, cela fait plus de trente-cinq ans que les coles de devoirs accueillent des enfants aprs lcole. Elles remplissent ainsi une mission dordre la fois social, culturel et ducatif, auprs denfants issus de milieux populaires. Lobjectif primordial vis est non seulement lgalit des chances, mais aussi lgalit de russite. En matire daide aux devoirs et de soutien scolaire, les EDD seraient aux familles pauvres ce que les cours particuliers payants seraient aux familles riches. Analyses de la sorte, les EDD constitueraient donc bel et bien un service spcifique pour un groupe cible, mais un service rpondant un besoin prsent dans toutes les catgories socioconomiques.8 Au dpart, notre tude avait pour ambition de ne prsenter que le travail accompli au sein des EDD. Toutefois, au fur et mesure de nos recherches, nous nous sommes rendus compte que nous ne pouvions faire limpasse sur les cours particuliers payants. Nous avons, en outre, adopt le parti pris de ne pas faire tat des tudes diriges ou surveilles organises dans certains tablissements scolaires. Nous sommes alors partis la rencontre des acteurs de terrain des coles de devoirs, ainsi que de ceux qui officient dans des cours particuliers : des ralits, des publics diffrents, que nous avons souhaits dcouvrir pour mieux cerner les enjeux du soutien scolaire. Dans la premire partie (thorique) de ltude, nous avons voulu prsenter les coles de devoirs et dfinir la nature de leurs missions. Nous consacrons galement un important chapitre au cadre lgislatif. Nous avons aussi voulu succinctement revenir sur la dfinition du devoir et son ventuelle efficacit. Un chapitre est, par ailleurs, ddi aux cours particuliers. Dans la partie pratique de ltude, nous vous proposons de prendre connaissance des tmoignages que nous avons recueillis auprs de responsables de lAdministration, mais galement auprs du personnel de plusieurs coles de devoirs et de responsables de socits de cours privs. Dans lanalyse de ces tmoignages, nous avons cherch rendre compte au mieux de la ralit du travail effectu dans les coles de devoirs. Nous esprons que cette tude aidera mieux faire connatre le rle des coles de devoirs et leur restituer la place dacteurs indispensables dans le soutien la scolarit des enfants.

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SIMONATO Alain, Rendre les lves autonomes dans leurs apprentissages - En finir avec les devoirs la maison , p. 11. Remdier - Une mission de lcole, pas un march. DE KUYSSCHE Nicolas et VITALI Rocco, Le rle des coles de devoirs dans laccrochage scolaire des enfants pauvres, p. 35.

PREMIERE PARTIE :

APPROCHE THEORIQUE

CHAPITRE I : LES DEVOIRS


En 2001, Jean-Marc Nollet, alors ministre de lEnseignement fondamental, dcidait de refondre sous forme de dcret une circulaire de 1993 sur les devoirs domicile : la quantit de devoirs sera graduelle en fonction de lge (pas de devoirs en 1re et 2e annes primaires) ; les lves devront disposer des outils ncessaires lexcution de leurs devoirs ; les devoirs seront donns dans un dlai raisonnable ; ils nauront pas de valeur certificative mais uniquement formative.9 Officiellement rguls par dcret donc, les devoirs domicile sont pourtant donns de manire diverse selon les tablissements scolaires et les enseignants. Dans bien des cas, ils font lobjet dun grand investissement des parents. () les devoirs ne sinscrivent que rarement dans une politique dtablissement. Ce sont en effet essentiellement les choix individuels qui guident les pratiques de travail dans chaque classe. () les enseignants donnent des devoirs davantage pour se conformer la rgle et rpondre aux attentes des parents que pour leur utilit pdagogique. Le travail la maison actuel nest pas reprsentatif de lvolution de linstitution scolaire mais correspond davantage au vcu et aux attentes des parents. De plus, outre le regard des familles, cest celui des pairs qui justifie a priori le comportement de certains enseignants. En effet, le srieux du professeur semble tre associ au fait de donner ou non des devoirs aux lves. 10 Les devoirs la maison restent, en effet, une pratique traditionnelle et souvent perue comme indispensable. Lobjectif affich des devoirs est de permettre lappropriation des notions apprises en classe, que ce soit par la familiarisation, la manipulation, lexercice, la mmorisation. Pour autant, de nombreux spcialistes de lenseignement, des parents dlves, ou encore des enseignants sinterrogent sur lefficacit et lutilit de cette pratique. Mme sil existe trs peu de recherches sur les devoirs la maison, sur le fond, tous les travaux convergent, mais convergent sur un paradoxe. Dune part, les devoirs la maison constituent une surcharge souvent bien trop lourde pour les lves ; ils sont incontestablement un renvoi lingalit qui accrot les carts sociologiques entre les familles ; ils sont, enfin, pdagogiquement trs discutables puisquils seffectuent en labsence du vrai professionnel de lapprentissage que constitue le professeur. Mais, dautre part, on saccorde aussi pour dire que llve ne doit pas rester strictement dpendant, pour son travail, de la situation scolaire, quil a besoin de sentraner personnellement pour amliorer ses performances et, surtout, quil doit progressivement savoir prendre des initiatives, dcider de son activit intellectuelle et de sa manire de leffectuer, bref devenir autonome. 11 Les devoirs engendrent des difficults notamment par rapport aux rythmes scolaires. Les journes de travail des lves sont beaucoup trop charges, sans compter que nombre dentre eux pratiquent des activits extrascolaires. Ajouter du temps de travail aprs la classe risque dengendrer de la fatigue supplmentaire. De plus, faire correctement ses devoirs semble ncessiter plus de temps que les enseignants ne le prvoient. Le temps voqu par les professeurs est en effet infrieur celui voqu par les parents et les enfants. Au rythme contraignant et collectif de lcole, soppose alors le caractre irrgulier et libre du travail la maison. Le travail personnel sinscrit ainsi entre deux espaces de temps et de lieu, ncessitant une organisation pour les lves. Cette double localit du travail scolaire explique galement le fait que lessentiel du travail des lves reste un domaine peu connu, notamment pour les enseignants. Cette mconnaissance fonde en partie le discours bas sur un suppos manque de travail. 12 Les devoirs renvoient aussi aux ingalits familiales. Pour Alain Simonato (2007), la qualit de lenvironnement familial est dterminante dans la russite ou non des devoirs, et ce pour diverses raisons : - les conditions matrielles : de nombreux enfants nont pas forcment le matriel ncessaire lexcution des devoirs (cahiers, quipement informatique, bureau, endroit calme et isol) ;
Dcret du 29 mars 2001 visant rguler les travaux domicile dans lenseignement fondamental, paru au Moniteur Belge du 15 mai 2001(voir, dans cette tude, le chapitre consacr au cadre lgislatif). Ce dcret est entr en vigueur le 1er septembre 2001. 10 GLASMAN Dominique et BESSON Leslie, op. cit., pp. 34-35. 11 SIMONATO Alain, op. cit., p. 7. 12 GLASMAN Dominique et BESSON Leslie, op. cit., p. 30. 9

- les conditions daccs diffrentes sources dinformations : les dictionnaires, les encyclopdies, les livres sont parfois absents de certains foyers. Laccs Internet et les inscriptions aux bibliothques publiques sont loin dtre gnraliss ; - les conditions de disponibilit et daptitude des parents : des parents ont trs peu de temps consacrer aux devoirs de leurs enfants. De nombreux parents matrisent le contenu des exercices, des leons, mais, pour diverses raisons (manque de temps, lassitude face aux difficults de leur enfant) font eux-mmes les devoirs. Un certain nombre de parents, par contre, ne matrisent pas ou plus certaines connaissances et comptences scolaires. En outre, les parents, mme ceux qui matrisent les contenus, ne sont pas des enseignants par dfinition et rien ne garantit leur talent pdagogique. Certains parents sont persuads que les devoirs sont une pratique invitable et bnfique. ()lapprobation du travail la maison vient de ce quil donne ralit au travail fait lcole, cest--dire distance de leur regard, il constitue un contact avec lcole et parfois, selon certains acteurs, le seul contact possible ; enfin, le travail scolaire est aussi, pour les parents, un moyen de fixer les enfants, de leur imposer une discipline en sappuyant au besoin sur lautorit de lcole (). 13 Malgr tout, aucune recherche scientifique na prouv lutilit et lefficacit des devoirs la maison. On ignore si cest parce que les lves consacrent du temps cette activit quils ont de bons rsultats ou linverse. Dominique Glasman (2004) propose une typologie des devoirs et de leur efficacit : - les devoirs de prparation : ils visent donner llve une connaissance minimale dun sujet avant daborder la leon en classe. Lefficacit de ces devoirs est prouve partir du moment o les directives sont suffisamment claires et que le rythme des lves est respect ; - les devoirs de pratique : ils sont les types de devoirs les plus utiliss. Ils sont censs renforcer les acquis dune leon antrieure. Toutefois, selon plusieurs auteurs, leur efficacit est discutable car ce travail peut facilement devenir mcanique et ennuyeux ; - les devoirs de prolongement : ils sont censs permettre dtendre les connaissances des lves de nouveaux concepts. Pour plusieurs, ce travail peut tre source de motivation, notamment pour les lves performants qui sennuient avec les devoirs de pratique. Toutefois, les chercheurs reconnaissent quil est difficile de dterminer les effets directs sur lapprentissage ; - les devoirs cratifs : ils doivent mettre contribution des concepts dans un contexte nouveau. Ces devoirs sont supposs tre stimulants pour les lves mme si aucune donne na permis de vrifier lefficacit de ce travail personnel. Sans pour autant nier leur intrt pdagogique, on peut toutefois craindre que les deux derniers types de devoirs creusent les ingalits sociales. Malgr le fait que lefficacit directe des devoirs, sur la russite scolaire, nait pas t clairement dmontre, les recherches ont pu mettre en vidence plusieurs effets sur la vie sociale et scolaire de lenfant.14 Parmi les effets positifs : - effets acadmiques immdiats : meilleure comprhension, acquisition de mcanismes, mmoire ; - effets acadmiques long terme : attitude positive, habitude de travail ; - effets non acadmiques : discipline, curiosit, responsabilit ; - effets lis linvestissement parental. Parmi les effets ngatifs : - surcharge de travail : fatigue motionnelle ; - ngation de limportance des loisirs, des activits ; - pression parentale ; - tricherie entre lves ; - augmentation de la diffrence entre les plus faibles et les meilleurs.
13 GLASMAN Dominique et BESSON Leslie, p. 10. 14 Idem, p. 44.

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CHAPITRE II : LES AIDES PROPOSEES POUR REALISER LES DEVOIRS 1. Les tudes surveilles ou diriges
La plupart des tablissements scolaires proposent des tudes surveilles, gnralement proposes de 16h30 17h30, surveilles par des professeurs ou par des tudiants. Ces moments dtude sont consacrs trs gnralement lexcution des devoirs. Les tudes diriges est un dispositif un peu diffrent o les adultes ne se contentent plus de surveiller les lves, mais de les aider. Les parents ont la libert dinscrire ou non leur enfant pour ces temps institus dans les coles. Certains sont obligs de le faire, contraints par leurs activits professionnelles. Dautres choisissent den faire bnficier leur enfant avec lide quil sera correctement entour et aid dans la comprhension et la mmorisation des leons ou dans la ralisation des exercices. 15 Mais malgr les dispositions prises dans le Contrat pour lcole pour assurer la remdiation dans le premier degr du primaire (via lengagement de 1 000 enseignants), les remdiations en interne sont encore insuffisantes. De plus en plus, les tablissements du primaire au secondaire (et le suprieur nest pas pargn non plus) externalisent la question de la remdiation des difficults et de lchec scolaire. Les enseignants se disent impuissants les rsoudre en interne, dans les conditions et contraintes inhrentes leur mtier. 16

2. Laccompagnement scolaire
Laccompagnement scolaire est une aide dispense dans un cadre partenarial, en dehors des temps de lcole, par des intervenants varis. Il sest fortement dvelopp au cours des trente dernires annes, en particulier dans les quartiers populaires . Les lves se voient proposer diverses formes dappui leur travail scolaire. Ces dispositifs daccompagnement, daccs gratuit, par opposition aux cours particuliers, ont lambition doffrir aux enfants les moyens de russir lcole. Ils sont anims par une grande diversit dacteurs bnvoles ou professionnels. En font partie les coles de devoirs. Ce secteur a pour objectif de dvelopper des actions douverture culturelle pour aider les enfants et les adolescents se socialiser en agissant pour la prvention, et en luttant contre lchec scolaire. Sil sagit bien de soutenir les lves dans leur parcours, laccompagnement scolaire nest pas une simple aide aux devoirs, cest aussi et surtout une action qui doit apporter aux enfants louverture culturelle dont ils ne disposent pas dans leur famille. Il ne devrait donc pas sagir dune cole aprs lcole ou une cole bis. Lobjectif est de susciter, entretenir, redonner lapptit dapprendre. Les apports culturels et pratiques de socialisation font partie de laccompagnement scolaire et ducatif, qui intgre la mission daide, voire de soutien scolaire, laquelle lEcole doit dj rpondre. Or ces organismes sappellent ou se laissent souvent nommer aides aux devoirs. Cela peut sexpliquer par le fait que les familles sont avant tout proccupes par les rsultats scolaires. 17 Laccompagnement scolaire concerne une priode trs longue de la scolarit (des lves de la maternelle aux secondaires) et la quasi-totalit de lanne (priodes de classe et priodes de vacances). Lattention accorde llve est ici centre sur la personne, essentiellement dans un registre socio-affectif, alors que, dans les cours particuliers, elle se veut dabord cible sur les spcificits individuelles en termes dapprentissage et de comprhension.

15 SIMONATO Alain, op. cit., p. 43. 16 Remdier - Une mission de lcole, pas un march, analyse de la Ligue des familles. 17 SIMONATO Alain, op. cit., p. 46.

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3. Les cours particuliers


Concernant les cours particuliers, la littrature scientifique, en tout cas en langue franaise, est assez restreinte. Les cours particuliers sont des cours donns titre payant, en dehors des heures scolaires, dans les disciplines acadmiques que les lves apprennent lcole. Les difficults scolaires sont telles que les parents cherchent les clefs de la russite scolaire en dehors de lcole. Les parents ont bien compris que lcole reproduit les ingalits sociales et se donnent les moyens doutiller leurs enfants. Ceux qui en ont les moyens font alors appel aux cours particuliers dont le cot peut aller de 10 euros 50 euros de lheure. Les parents ont donc particip au dveloppement de ce march. Nous reviendrons plus longuement sur ce sujet dans le chapitre consacr aux cours particuliers.

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CHAPITRE III : LES DEMANDES DAIDE


Puisquil sagit trs souvent dune dmarche des parents, on peut lgitimement sinterroger : pourquoi demandent-ils de laide aux devoirs ? Le plus souvent, indique Philippe Marhic, cest parce quils se sentent dpasss : () ils ne savent pas pourquoi, ne comprennent pas les causes des difficults de leurs enfants : ils paient des impts afin que lEtat assure sa mission rgalienne de formation culturelle et sociale de leurs enfants, mais les rsultats ne sont pas au rendez-vous. De surcrot, les parents ne sont pas des pdagogues professionnels. Ils ont par ailleurs dautres soucis plus matriels : travailler pour subvenir aux besoins de leur famille, assumer leurs responsabilits familiale, professionnelle, sociale, budgtaire, fiscale, syndicale ou politique, associative 18 Lauteur identifie galement la catgorie des parents dmissionnaires. Souvent hdonistes, ils ne comprennent pas pourquoi leur enfant est en chec alors que ce dernier passe davantage de temps en weekends droite et gauche, ou en semaine devant des jeux vido, que devant des livres scolaires. Dautant que ceux-l estiment gnralement que les vacances quand bien mme dureraient-elles deux mois, ne sont pas faites pour sencombrer dactivits scolaires. Mais ils stonneront que leur enfant ait tout oubli la rentre et se retrouve rapidement en chec. 19 Enfin, on rencontre des parents angoisss, ceux qui sont persuads quils nen font pas assez ou que tout ce quils font choue, ceux qui voient lavenir tellement noir quils programment la carrire de polytechnicien de leurs chres ttes blondes ds la maternelle et chargent ses frles paules dune pression insoutenable. 20 Pour la plupart des parents, il est en effet difficile de rester calmes face lchec scolaire de leur enfant, dautant plus lorsquil y a une implication affective. Cest pourquoi lintervention dune tierce personne est souvent indispensable pour dsamorcer des situations conflictuelles en lien avec un chec scolaire. De plus, les parents dsirent ne garder leurs enfants que pour les bons moments, ceux de dtente. Les relations parents-lves et les relations matres-lves ne sont dailleurs pas de mme nature. Dans la famille, lducation sappuie fortement sur laffectif. Les comportements relationnels sont lis aux sentiments. Contrairement lcole, o la discipline par le travail remplace lobissance aux personnes. Le matre, de par sa fonction, ne peut demander de faire quelque chose pour lui faire plaisir. Les relations matre/lves doivent tre guides par la raison. Labsence dimplication affective du matre dans la relation ducative favorise une interprtation plus objective des checs et des russites. La relation affective vient donc entraver laide que beaucoup de parents sefforcent dapporter. Et du ct des enfants, si lengagement parental dans la ralisation des devoirs est peru gnralement positivement, les bnfices restent selon eux attnus par des comportements inadapts. () Les principales raisons voques par les lves sont lies aux dcalages de mthodes, de langage et la tension que peuvent occasionner ces rencontres entre parents et enfants. 21 A tel point que pour Alain Simonato, ces dcalages peuvent avoir des consquences lourdes : Lincomprhension des parents face leurs enfants incapables de comprendre peut vite prendre des formes dexaspration, voire de violence verbale et parfois physique. La mconnaissance des processus dapprentissage et les excs daffectivit peuvent rapidement conduire lirrationnel. Les parents interprtent trop souvent les difficults quun enfant rencontre face ses devoirs comme un manquement envers eux, envers lamour quil leur doit. Ils peuvent considrer le manque de travail personnel comme tant une forme de dsobissance. Certains parviennent grer ce problme avec succs, dautres y renoncent ou dlguent. 22

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MARHIC Philippe, Lenseignement individuel - Une alternative lchec scolaire, pp. 39-40. Idem, pp. 40-41. Idem, p. 41. GLASMAN Dominique et BESSON Leslie, op. cit., p. 32. SIMONATO Alain, op. cit., p. 28.

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Aujourdhui, il y a donc une grande demande daccompagnement scolaire. Selon le pouvoir dachat des parents, cette aide sera trouve par une inscription en cours priv ou en cole de devoirs. A noter que pour la Fdration Wallonie-Bruxelles, le redoublement a cot 416 millions en 2010. Il cote galement cher aux parents, et aux enfants : - Un cot priv charge des familles pour les parents qui ne se transforment pas tous en enseignants aprs 18h et qui font ventuellement appel un service de soutien scolaire priv, dont les prix peuvent aller de 10 euros 50 euros lheure ; - Un cot relationnel autour du soutien scolaire effectu par le ou les parents (stigmatisation de lenfant, stress, pression) ; - Un cot psychologique pour lenfant en chec et pour les parents (culpabilisation, dcouragement). 23

23 Remdier - Une mission de lcole, pas un march, analyse de la Ligue des familles.

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CHAPITRE IV : LES ECOLES DE DEVOIRS 1. Dfinition


Une cole de devoirs est tout sauf une cole et lon y fait bien plus que des devoirs. Il existe environ 400 coles de devoirs rparties dans la Fdration Wallonie-Bruxelles, dont 200 pour la Rgion bruxelloise (majoritairement implantes dans le croissant pauvre de Bruxelles). Les coles de devoirs sont plutt une spcificit des villes (1 sur 2 est compte dans une ville wallonne, 1 sur 4 en Rgion bruxelloise). Les coles de devoirs reprsentent 8,5% des milieux daccueil des enfants de 0 12 ans. Les coles de devoirs bruxelloises accueillent en gnral un plus grand nombre denfants que les EDD wallonnes : un quart des coles de devoirs wallonnes seulement accueillent 20 enfants ou plus, alors quun quart des coles de devoirs bruxelloises accueillent 29 enfants ou plus. Au cours de lanne 20082009, cela reprsente environ 15 500 enfants diffrents et 845 900 prsences.24 Loriginalit de la formule dveloppe dans la Fdration Wallonie-Bruxelles rside dans le fait que les EDD sont indpendantes des pouvoirs et de linstruction publics. Ce qui a pour dsavantage un manque de moyens, mais qui permet par contre une grande adaptabilit aux situations. Les coles de devoirs se situent au carrefour des champs scolaire, familial et social. Cet tat de fait leur confre une place spcifique et unique au sein de la communaut ducative. Mais, en mme temps, les coles de devoirs se cherchent car elles occupent une position actuellement fragile dans un contexte de manque daffirmation du secteur, de difficult des relations de partenariat avec lcole et les parents, de sous-financement, de problmes lis aux comptences du personnel, de fonctionnement historiquement bas sur le volontariat, dancrage sectoriel dans lextrascolaire, de confusion de fonctions institues par le dcret de 2004, dimportance accorde par les politiques au socioculturel, de prgnance de la vision psychopdagogisante des problmes lis lenfance, etc. 25 La majorit des coles de devoirs sont constitues en asbl. Une sur cinq a une cole comme pouvoir organisateur (pour une sur dix, cette cole relve de lenseignement subventionn communal, pour 8% environ, cette cole relve de lenseignement libre subventionn).26 Les coles de devoirs ont chacune leur propre identit, jouent des rles diffrents selon le quartier et les besoins du public quelles accueillent. Mais elles ont toutes le mme engagement humain. Chaque Ecole de Devoirs a sa propre personnalit, son ambiance, ses priorits, son projet daccueil. Cette mosaque de lieux, ces diffrences de fonctionnement sont tantt une force (quand elles tentent de rpondre au plus prs de la ralit sociale et des besoins du quartier dans lequel elles simplantent), tantt une fragilit tant leur manque duniformit dforce leur identit aux yeux du grand public et des pouvoirs subsidiants. Quest-ce quune Ecole de Devoirs ? Une rponse unique cette interrogation est presque impossible donner tant les diffrences entre EDD sont grandes. 27 Les coles de devoirs luttent pour linsertion, la promotion sociale et culturelle des enfants et des jeunes issus prioritairement de milieu populaire. Elles centrent leur action, via le soutien scolaire, sur la russite et lgalit des chances pour tous. La dimension ludique, culturelle, sportive des coles de devoirs est une part importante de leur identit et de leur spcificit. A travers de multiples activits, les enfants sont amens un autre dveloppement, une ouverture sur le monde qui les entoure quils ne connatraient peut-tre pas sans linitiative des coles de devoirs. Parce quelle reoit lenfant dans un cadre non institutionnel, lcole de devoirs est plus proche de lui au niveau relationnel. Il en dcoule une connaissance plus approfondie et plus globale de lenfant. De plus, elle voit lenfant au moment o il sapproprie les savoirs. Son action sinscrit dans la dure, celle de la scolarit de lenfant.
24 PIERARD Alice, Ecoles de devoirs - Exploitation des rapports dactivits 2008-2009 - Analyse partielle, p. 6. 25 DE KUYSSCHE Nicolas et VITALI Rocco, op. cit., p. 8. 26 DELVAUX Dominique et VANDEKEERE Michel, Laccueil des enfants en dehors des heures scolaires en Communaut franaise - Etat des lieux. Points de vue, p. 31. 27 VANDERSMISSEN Valrie et SMETS Christophe, Destins denfants - Le travail des Ecoles de Devoirs, p. 25.

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Les coles de devoirs proposent aux enfants du soutien scolaire en fin de journe (94% des priodes) et des activits culturelles encadres le mercredi (50% des priodes). Elles proposent aussi aux enfants pendant les congs des activits culturelles et sportives. Elles sont souvent gratuites (1 sur 2) ou proposent des rductions. 3 sur 4 possdent un projet pdagogique.28 Prs de 60% des EDD accueillent en effet les enfants gratuitement. Parmi les 40% des EDD qui ne sont pas gratuites, la formule de tarif la plus frquente est le tarif annuel et la moiti des EDD signale la possibilit de rductions. Les montants, rarement mentionns, se situent entre 1 et 75. Les frais particuliers de matriel ou dassurance ne sont gnralement pas pays en supplment. Les activits extraordinaires sont, par contre, en supplment dans 37% des EDD, les animations socioculturelles dans 29% des EDD et les activits sportives dans 21% des EDD. Les montants sont galement rarement mentionns et sont au maximum de 50.29

2. Un peu dhistoire30
Dans la foule de mai 68, partant du constat que les enfants dimmigrs russissaient moins bien leur scolarit que les petits Belges , et par ce fait naccdaient pas aux emplois suprieurs, une poigne de pionniers ont voulu rpondre au systme scolaire quils percevaient comme un appareil reproducteur des ingalits sociales. Les courants de gauche, les mouvements dimmigrs et le milieu catholique partagent (et parfois, se disputent) la paternit des premires coles de devoirs en Wallonie et Bruxelles. Inspirs de lexprience pdagogique novatrice du village italien de Barbiana initi par Don Lorenzo Milani, ils ont t les premiers se mobiliser et organiser des structures daccueil extrascolaire. La premire cole de devoirs est cre en 1973. Cest dans le quartier ghetto de Cureghem, o vivait une population ouvrire italienne, quelle est apparue, linitiative du CASI - UO (Centre dAction Sociale Italien - Universit Ouverte). Dautres initiatives verront rapidement le jour : la FAPEB (Fdration des Associations de Parents Espagnols) mettra en place un soutien scolaire en diffrents endroits de Bruxelles ; le Rassemblement Dmocratique Marocain crera les Ecoles de lavenir . Les annes 1980 voient la professionnalisation du mouvement. Complmentaires lcole, les coles de devoirs se centrent davantage sur le social et le culturel. Les coles de devoirs se multiplient Bruxelles et en Wallonie. Au dpart implantes dans les zones urbaines, les coles de devoirs connatront une seconde vague de cration, en milieu rural cette fois. Elles y rencontrent une autre ralit, mais constatent la mme difficult duquer les enfants et le mme souci de leur scolarit. En 1985, on comptait une centaine dcoles de devoirs en Communaut franaise, dont une soixantaine en Rgion bruxelloise (elles sont aujourdhui plus de 400 dont 190 pour la seule Rgion bruxelloise). La majorit de ces coles de devoirs sont le fruit dinitiatives volontaires. Elles sont nes de limpulsion de petits groupes de citoyens, laques et religieux, dsireux de simpliquer dans lducation. Ceci explique la grande diversit du secteur en fonction des structures qui les fondent et les organisent, comme par exemple des associations travaillant dj avec un public adulte (alphabtisation, rinsertion, ducation permanente), des associations daide la jeunesse, des centres de jeunes lis lducation permanente, des maisons mdicales, des syndicats de locataires, des associations communautaires, des congrgations religieuses, des initiatives des pouvoirs publics (CPAS par exemple), des maisons de quartier regroupant plusieurs services, etc. Chacune a son identit propre, ses priorits, son public La majorit des coles de devoirs encore en activit aujourdhui ont t cres entre 1980 et 1990. Dans la suite des annes 1980 tmoins de la monte de lextrme-droite et dmeutes de jeunes dans certains quartiers urbains, les annes 1990 donneront naissance aux contrats de scurit et de prvention et dautres dispositifs de lutte contre la dlinquance et le dcrochage scolaire. Certaines coles de devoirs cres dans le cadre de ces contrats se fixeront pour objectif prioritaire la lutte contre la dlin28 DELVAUX Dominique et VANDEKEERE Michel, op. cit., p. 8. 29 Idem, pp. 46-47. 30 Cette partie a t ralise partir des documents suivants : VANDERSMISSEN Valrie et SMETS Christophe, Destins denfants - Le travail des Ecoles de Devoirs, pp. 14-17 ; Historique du mouvement des coles de devoirs, FFEDD ; www.cedd-namlux.be.

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quance. Dans les annes 1990, les EDD sinstitutionnalisent. Leur rle et leur mode daction sont connus et reconnus par tous. Dans les annes 2000, les coles de devoirs sont toujours porteuses de lide dintgration et de participation. Aujourdhui encore, 80% des enfants et des jeunes accueillis en coles de devoirs sont issus de limmigration. Le passage progressif dune structure porte par des bnvoles, des militants et des volontaires vers des quipes de professionnels et un staff rmunr constitue une mutation importante du secteur. Aujourdhui, il est exceptionnel de voir une cole de devoirs porte exclusivement par des bnvoles. Cette professionnalisation du secteur entrane des besoins nouveaux, notamment en matire de formation. Afin de structurer ce secteur htrogne, de nouvelles institutions ont vu le jour : la Fdration Francophone des Ecoles de Devoirs et les Coordinations rgionales. En effet, le 20 avril 2004, le parlement de la Communaut franaise a adopt lunanimit le dcret relatif la reconnaissance et au soutien des coles de devoirs, sur proposition du ministre de lEnfance Jean-Marc Nollet et du ministre de la Jeunesse Christian Dupont. Ce dcret a t promulgu le 28 avril 2004. En septembre 2005, la CODE (Coordination des ONG pour les droits de lenfant) ralisait une valuation31 de ce dcret. Parmi les avances positives, elle souligne la reconnaissance et le soutien des coles de devoirs, aprs trente annes dexistence. Le dcret propose des critres de reconnaissance et daccs au financement pour les EDD. Il sinscrit dans le cadre dune politique de lutte contre les ingalits, puisque son objectif est de donner tous les enfants les mmes chances de russite. En outre, les coles de devoirs et leurs missions ont t dfinies largement par le lgislateur, ce qui a satisfait les acteurs de terrain. Pour la CODE, le dcret comporte aussi diverses lacunes. Elles concernent tout dabord les modalits et les conditions de financement. Le financement prvu par le dcret est en effet trs faible et oblige le secteur chercher dautres financements pour assurer la viabilit de ses projets. Ils reposent alors sur des contrats souvent prcaires et sous-pays, ce qui pose la question de la continuit des actions. De plus, aucun financement nest prvu pour les coles de devoirs qui accueillent des jeunes de plus de 15 ans. Le dcret na galement rien prvu pour les activits estivales des coles de devoirs et les critres de financement des centres de vacances ne correspondent pas aux ralits des coles de devoirs. Seules lanimation et laccueil des enfants en coles de devoirs sont vritablement considrs par le dcret. Celui-ci ne tient donc pas compte du travail de rflexion de fond, du travail de prparation, du travail communautaire et du temps indispensable de formation. Il ne tient pas davantage compte des initiatives de collaboration avec les coles. En outre, selon la CODE, jusqu prsent, les Coordinations rgionales dfinissaient elles-mmes leurs critres dadhsion. Dsormais, elles sont obliges, en vue dtre reconnues et subsidies, daccepter toutes les demandes daffiliation des coles de devoirs reconnues. Cela pose la question de leur largissement et de leur transformation en mouvement militant au service de la Communaut franaise. Lapplication au quotidien de ce dcret a permis de relever un certain nombre de problmes auxquels peuvent tre confrontes les coles de devoirs et ladministration. Cest pourquoi un autre dcret apportant des modifications au prcdent a t vot le 9 janvier 2007 par le parlement de la Communaut franaise. Il a t promulgu le 12 janvier 2007. Depuis mai 2010, un groupe de travail runissant tous les reprsentants du secteur et les administrations concernes uvre la rforme du dcret de 2004 et se bat pour une augmentation des subsides octroys aux coles de devoirs. Il value le dispositif actuel et proposera des modifications au texte de 2004. Il ne sagit pas dune refonte complte du secteur. Ce nest ni le souhait du ministre Jean-Marc Nollet, ni le souhait des reprsentants des coles de devoirs.
31 ACERBIS Sverine et VAN HOUCKE Frdrique, Evaluation des mesures prises en matire denfance au cours de la priode 20022004.

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Daprs les parties prenantes, les dbats ont t jusqu prsent longs et riches. Les rsultats de ces dbats se traduiront par des modifications dcrtales, mais galement par des ajustements dans le travail quotidien et dans les collaborations entre Coordinations et Fdration.Les missions des coles de devoirs ne seront pas modifies, mais plutt clarifies, on y apportera la notion de soutien aux apprentissages plutt que de remdiation.Des modifications seront amenes aux critres de reconnaissance des coles de devoirs notamment en termes daccessibilit financire. Enfin, des modifications lies lapplication au quotidien des textes seront galement prvues. Divers apports sont encore attendus avant de pouvoir finaliser le travail, le texte devrait sans doute tre dans sa dernire phase au dbut de lanne 2012.

3. Les subsides
Pour pouvoir sinscrire dans des projets de subventionnement, les coles de devoirs sont directement influences par les politiques et les dispositifs institutionnels relatifs lenfance, la jeunesse, la famille, lintgration des populations dorigine trangre, les politiques urbaines, et plus rcemment de lutte contre lchec et le dcrochage scolaire. Bien que les modes de fonctionnement (100% bnvoles, 100% salaris ou le plus souvent les deux) et les moyens diffrent (subventionne ou non par des fonds publics ou privs) dune cole de devoirs lautre, les EDD connaissent toutes les mmes difficults pour trouver le financement de leurs activits et stabiliser leur quipe daccompagnants. Le type de subventionnement public diffre fortement dune EDD lautre mais plus encore dune rgion lautre, reflet dune Belgique morcele. Les EDD sont donc galement tributaires des politiques rgionales dterminant les budgets allous au secteur associatif. Le morcellement se retrouve galement dans les sources de financement public : la porte de quel ministre frapper ? Si les EDD ont t reconnues et ont bnfici en 2004 dun dcret Nollet-Demotte fixant le cadre de leurs actions, cette reconnaissance ne leur a pas apport que des bnfices, certaines sources de subventionnement leur tant dsormais inaccessibles. 32 La reconnaissance des coles de devoirs est du ressort du service de lONE (Office de la Naissance et de lEnfance), de mme que le traitement administratif des dossiers, le paiement des subventions et le contrle. Laccompagnement qualitatif des structures est effectu en premire ligne par les Coordinations rgionales. LONE est galement charg de cet accompagnement, mais titre subsidiaire (cest--dire pour les EDD non affilies une Coordination). Il faut noter que le partenaire de toutes les initiatives daccueil qui, dans la Fdration Wallonie-Bruxelles, visent lenfance est lONE. Ds 1998, les missions de lOffice ont t tendues de la petite enfance (0 7 ans) lenfance (0 12 ans). Le dcret de 2004 a assur une reconnaissance ainsi quun financement systmatique et structurel de la part de la Communaut franaise. Suite une interpellation du dput Jean-Luc Crucke, le ministre de lEnfance Jean-Marc Nollet rpondait : En vertu de son article 17, lONE accorde des subventions aux coles de devoirs dans la limite des crdits disponibles. La subvention octroye chaque cole lest au sein dune enveloppe ferme rpartie entre toutes les coles de devoirs rpondant exactement lensemble des critres de reconnaissance et de subventionnement. La subvention de lONE ne correspond pas la totalit des frais de fonctionnement dune cole de devoirs. Il est dailleurs difficile destimer le pourcentage des charges totales quelle couvre. Les situations vcues par les coles de devoirs sont trs disparates. En effet, certaines coles ne bnficient daucune aide, tandis que dautres ont des locaux mis disposition, nont pas de charge supporter ou comptent parmi leur personnel des personnes dtaches par une association ou par un pouvoir public. 33 Le subside octroy par lONE se situe en moyenne entre 1 500 euros et 3 000 euros par an en fonction de la frquentation, du nombre dimplantations et des activits qui sont ralises dans lcole de devoirs.
32 VANDERSMISSEN Valrie et SMETS Christophe, op. cit., p. 25. 33 Interpellation de Jean-Luc Crucke au ministre Jean-Marc Nollet, sur la situation difficile des coles de devoirs.

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Le budget octroy par lONE aux coles de devoirs de Bruxelles slevait en 2009-2010 439 214 euros, soit 38,6% du budget total. 34 La subvention ONE a t utilise par les coles de devoirs diffrentes fins. Ceci plus particulirement pour acqurir du matriel (82,9%) et organiser des activits spciales (65%). Elle a aussi t utilise moins grande chelle pour faciliter les formations (43,6%), rmunrer les animateurs (41,4%) et payer le loyer (24,3%). 35 Par ailleurs, les coles de devoirs ont galement accs des sources de financement extrieures : - Aides lemploi APE de la Rgion wallonne ; - engagement de personnel via le FIPI (Fonds dimpulsion la politique des immigrs) ; - subventions de la Cocof ; - subventions des communes ; - subventions du Fesc (Fonds dquipements et de services collectifs) ; - moyens supplmentaires dans le cadre de projets de cohsion sociale ; - moyens supplmentaires dans le cadre de projets des plans de prvention et de proximit Dans son plan de cohsion sociale, la Rgion de Bruxelles-Capitale met la priorit sur le soutien et laccompagnement scolaires. Sans les citer nommment, elle reconnat que les coles de devoirs sont des structures adquates pour concrtiser cette priorit. En effet, plusieurs lments intervenant dans les missions et les critres de reconnaissance des EDD sont repris dans le plan de cohsion sociale bruxellois. Lintervention des communes est frquente, mme si disparate, dans le financement des milieux daccueil de manire gnrale. Cest la commune qui prend en charge les frais locatifs de la moiti des EDD. Faute de moyens, certaines coles de devoirs se voient forces de fermer leurs portes. Selon la Fdration francophone des coles de devoirs, les coles de devoirs ne disposent que de 1 500 3 000 euros par an, alors que prs de 10 000 euros par cole et par an seraient ncessaires.36 La fragilit structurelle du mode de financement de ces milieux daccueil se reflte directement dans la qualification et le statut professionnel des personnes habituellement prsentes pour encadrer les enfants. 37 La FFEDD rclame ds lors un subside minimal de fonctionnement permettant aux coles de devoirs de dvelopper des actions de qualit dans le long terme.38 Dbut mai 2010, le ministre de lEnfance Jean-Marc Nollet annonait laugmentation de 10% des moyens de fonctionnement accords aux coles de devoirs. Les moyens daffectation de ces subsides supplmentaires seront dtermins en concertation avec le secteur. A noter que le Groupe ING a cr au sein de la Fondation Roi Baudouin un fonds dentreprise nomm Fonds de Mcnat dING en Belgique . Le Fonds souhaite sinvestir dans des activits socitales, en soutenant des projets divers. Il lance, entre autres, un appel projets qui sadresse aux coles de devoirs organises par des asbl ou des pouvoirs publics, qui soit sont affilies la Coordination rgionale de leur province ou de leur rgion, soit tout le moins participent aux activits destines amliorer les pratiques professionnelles dans les coles de devoirs et qui prvoient en outre des tapes en vue dune reconnaissance terme par lONE. Le dernier appel projets se terminait le 5 septembre dernier. Le soutien financier peut aller jusqu 5 000 euros. En 2009, 17 projets avaient t soutenus, 28 en 2010 et 9 (3 en Flandre orientale, 2 en Hainaut, 1 en Luxembourg, 1 Namur et 2 en Rgion de Bruxelles-Capitale) en 2011.
34 Question de Caroline Dsir Jean-Marc Nollet, ministre de lEnfance, intitule Ecoles de devoirs et accomplissement de leurs missions . 35 PIERARD Alice, op. cit., p. 45. 36 Faute de subsides, les coles de devoirs ferment, in Le Vif, 23 mars 2010. 37 DELVAUX Dominique et VANDEKEERE Michel, op. cit., p. 31. 38 Cri dalarme des coles de devoirs, in La Libre Belgique, 6 octobre 2009.

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4. La qualit de laccueil
Dans la Fdration Wallonie-Bruxelles, toute personne qui accueille les enfants de 0 12 ans se doit de respecter un code de qualit. Cette dmarche se concrtise notamment par la rdaction et la mise en uvre dun projet daccueil conforme aux objectifs de ce Code. Le Code de qualit39 constitue une base de rflexion commune tous les professionnels de lenfance afin dassurer une continuit dans les pratiques daccueil, la vise dobjectifs communs. Il fixe galement un cadre pour guider laction professionnelle de manire assurer tous les enfants un accueil de qualit. Avec ce Code, il sagit dune reconnaissance du fait que les besoins en matire de garde dpassent la seule ncessit de surveillance de lenfant durant les priodes dindisponibilit des personnes qui le confient et concernent particulirement son dveloppement physique, psychologique et social. Cette prise en compte de lvolution des conceptions de la garde des enfants est confirme lors de la rforme de lONE [dcret du 17 juillet 2002 et arrt du 17 dcembre 2003] maintenant articul autour de deux missions : laccompagnement de lenfant dans et en relation avec son milieu familial et laccueil de lenfant en dehors du milieu familial. 40 Le respect du Code de qualit se concrtise par la construction et la mise en uvre dun projet daccueil. Ce dernier doit tre labor en quipe et faire lobjet dune consultation avec les personnes qui confient lenfant au milieu daccueil. Afin daider les milieux daccueil constituer leur projet daccueil, lONE a men, de fin 2004 octobre 2007, une recherche-action dont lobjectif tait de construire un rfrentiel psychopdagogique. Cette recherche-action a dbouch sur : - la brochure Quel projet daccueil pour les enfants de 3 12 ans ? ; - le rfrentiel Accueillir les enfants de 3 12 ans, viser la qualit . En termes de contenu, le projet daccueil comporte au moins les informations suivantes : - le(s) type(s) daccueil organis(s) ; - le rglement dordre intrieur, au moins lorsque celui-ci est requis par la rglementation qui rgit le milieu daccueil ; - le contexte institutionnel dans lequel sinsre lorganisation de laccueil ; - le mode de fixation de la participation financire des personnes qui confient lenfant ; - le taux dencadrement pratiqu ; - la qualification du personnel ; - la description des choix mthodologiques ainsi que des actions concrtes mises en uvre pour tendre vers chacun des objectifs fixs par le Code. Le projet porte sur tous les aspects de la vie quotidienne : la manire dont est prpare larrive dans le milieu daccueil dun nouvel enfant et de sa famille ; le droulement de la vie au quotidien ; la manire de rguler les relations au niveau de lquipe ducative (runions) Quelle que soit la porte dentre choisie, limportant est que lensemble des objectifs du Code de qualit soient rencontrs au sein du projet tout en veillant rpondre aux questions suivantes : - qui sont les enfants et les familles que nous accueillons ? ; - que comptons-nous offrir aux enfants dans le cadre de notre milieu daccueil ? Pourquoi ces choix ? ; - quest-ce que ces choix apportent, en termes de qualit, aux enfants et leur famille ? ; - quels sont les moyens mis en uvre pour atteindre les objectifs du projet ducatif ? Quelles sont les ressources disponibles ou obtenir pour mener bien nos objectifs ? Quelles sont les contraintes ? Peut-on les lever ou non ? 41 LObservatoire de lEnfance, de la Jeunesse et de lAide la Jeunesse a analys le respect du Code de
39 Le Code de qualit et de laccueil en Communaut franaise est rgi par larrt du 17 dcembre 2003 fixant le code de qualit et de laccueil. Voir aussi le chapitre consacr au cadre lgislatif de la prsente tude. 40 DELVAUX Dominique et VANDEKEERE Michel, op. cit., pp. 9-10. 41 Quel projet daccueil pour les enfants de 3 12 ans ?, ONE, p. 12.

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qualit travers les rapports dactivits 2008-2009 des EDD.42 Six objectifs du Code sont jugs majoritairement tout fait satisfaisants par les EDD : - permettre lenfant de sexprimer personnellement et spontanment ; - veiller tablir une relation de qualit entre enfants et accueillants ; - viter les comportements discriminatoires bass sur le sexe, la race, lorigine socioculturelle ou socioconomique ; - tenir compte des possibilits de participation financire des parents ; - veiller lgalit des chances pour tous les enfants. Un nombre important dEDD exprime un avis entre les deux au sujet de certains objectifs : - 32,9% pour dvelopper la complmentarit entre les diffrents lieux de vie de lenfant ; - 27,9% pour prserver la notion de temps libre ; - 25,7% pour faire place linitiative de chacun des enfants ; - 24,3% pour favoriser les relations avec les collectivits et associations locales ; - 20,7% pour favoriser lintgration denfants ayant des besoins spcifiques ; - 15,7% pour informer les personnes qui confient lenfant sur le projet de lcole de devoirs ; - 15% pour offrir des conditions propices au bon droulement des activits ; - 14,3% pour sinformer des attentes des personnes qui confient lenfant ; - 12,1% pour assurer une vie saine aux enfants et favoriser le dveloppement de la vie en groupe dans une perspective de solidarit et de coopration. A noter ici que presque 10% des coles de devoirs expriment un avis plutt insatisfaisant pour lobjectif qui est dencourager les accueillants suivre une formation continue en rapport avec leur fonction. Les points faibles cits par les EDD traitent donc de la formation continue, mais galement de laccueil denfants besoins spcifiques, du temps libre, de la responsabilisation des jeunes et du manque dimplication du personnel. Les points forts : les ateliers pour dpasser les difficults des jeunes, lamlioration des rsultats scolaires des jeunes, la volont dinvestissement de la part de lquipe, une bonne collaboration avec les parents, une coopration avec les jeunes, la place de la rflexion lors de runions dquipe, la prise en compte des besoins des jeunes, la lutte contre la discrimination et le dcrochage scolaire, un suivi optimal des jeunes. Les difficults rencontres par les coles de devoirs pour la mise en uvre du Code de qualit sont diverses : la coordination avec les parents, le manque de personnel et de bnvoles, les moyens financiers, lexigut des locaux et linfrastructure, la coordination avec lcole, la formation, le manque de temps, les demandes et listes dattente, la violence

5. Le travail en EDD
Une part importante du travail fait en EDD est un travail sur soi, sur ses capacits, ses richesses et ses relations aux autres. En favorisant la prise de conscience de leurs potentialits, les enfants dveloppent une manire dtre et dagir sur le monde qui les entoure ; lune des cls dune citoyennet active. 43 Laccompagnement scolaire occupe la part la plus importante des activits proposes. Dautres types dactivits sont bien reprsentes et sont organises dans un grand nombre dcoles de devoirs : de manire dcroissante : activits cratrices, culturelles, ludiques, sportives et citoyennes, rpondant ainsi aux quatre missions des coles de devoirs qui sont de favoriser, chez lenfant : - son dveloppement intellectuel, notamment par le soutien sa scolarit, par laide aux devoirs et par la remdiation scolaire ; - son dveloppement et son mancipation sociale, notamment par un suivi actif et personnalis, dans le respect des diffrences, dans un esprit de solidarit et dans une approche interculturelle ; - sa crativit, son accs et son initiation aux cultures dans leurs diffrentes dimensions, par des activits ludiques, danimation, dexpression, de cration et de communication ; - lapprentissage de la citoyennet et de la participation.
42 PIERARD Alice, op. cit., pp. 16-23. 43 VANDERSMISSEN Valrie et SMETS Christophe, op. cit., p. 35.

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En plus des temps daccueil du jeune durant lanne scolaire, les coles de devoirs proposent des stages et sjours, mais aussi des moments informels tels que des ftes et des goters. On peut aussi ajouter des discussions et runions, des contacts avec les parents et la famille, des activits mre/enfant. Les coles de devoirs fonctionnent pendant toute lanne scolaire, juillet tant le mois le plus creux. Pendant les congs, prs de deux tiers des EDD ont des activits diffrentes de lanne scolaire. Pratiquement toutes les EDD fonctionnent le mardi et le jeudi (90%), un peu moins le lundi. Les deux tiers ouvrent le mercredi et le vendredi. On constate des diffrences dans le planning hebdomadaire des EDD selon le niveau dtude des enfants accueillis : ceux de maternelle sont surtout accueillis le mercredi, comme ceux du secondaire, tandis que le samedi et le dimanche, ce sont surtout des enfants du secondaire. Ceci reflte sans doute non seulement les habitudes de travail des coles primaire et secondaire, mais aussi une offre dappui diffrente : on fait moins de devoirs lcole primaire le mercredi et le vendredi, tandis que les lves du secondaire disposent du mercredi et du samedi pour du rattrapage.44 Plus de la moiti des coles de devoirs proposent 8 activits dans leur plan daction annuel.45 Le plan daction annuel est la traduction dans le rel des objectifs dtermins par le projet pdagogique. On y trouve les horaires, les activits quotidiennes, les ateliers prvus, les permanences, les sorties, etc. Le projet pdagogique, quant lui, est un document de rfrence qui se base sur une analyse de la situation de lcole de devoirs (environnement, public) et comporte les rponses aux questions suivantes : qui accueillons-nous ?, quelles sont les finalits poursuivies ?, quels objectifs visons-nous au niveau des enfants, des parents, des enseignants, des autres acteurs de lducation ?, quels sont les moyens mis en uvre pour atteindre les intentions ducatives ?, comment organisons-nous lespace, la gestion du temps ?, comment grer lquipe ?, quels matriels, quels outils allons-nous proposer ?, etc. Concernant les quatre missions, lObservatoire de lEnfance, de la Jeunesse et de lAide la Jeunesse a analys, travers les rapports dactivits, la manire dont le plan daction annuel les prend en compte.46 De manire gnrale, il ressort une grande libert de participation des enfants pour les diverses activits, mais aussi la possibilit pour les enfants dtre porteurs de projets et de dcider de la ralisation dactivits, de participer la prparation dactivits. Voici les constats de lObservatoire pour chaque mission

5.1. Le dveloppement intellectuel de lenfant


Cette mission est considre comme essentielle, premire fonction, par certaines coles de devoirs. Celles-ci mettent des mots diffrents derrire cette notion et font part de diverses activits pour mener bien cette mission : - 44% des EDD proposent un apprentissage par le jeu et dautres activits pour apprendre et dcouvrir de diffrentes manires ; - pour 33% des EDD, laide aux devoirs est lactivit de prdilection pour favoriser le dveloppement intellectuel de lenfant ; - 20% des EDD expliquent sadapter chacun des enfants selon son rythme, son ge, ses capacits et ses acquis. Limportant est de donner confiance en soi ; - 18% des EDD stimulent le raisonnement, lanalyse et lesprit critique, dveloppent la curiosit et responsabilisent et autonomisent le jeune ; - 10% des EDD rpondent cette mission par un suivi individuel et personnalis ; - 9% des EDD prennent du temps pour apprendre aux jeunes des mthodes de travail, mais aussi lorganisation, la gestion du temps et la rgularit dans le travail scolaire ; - 8% des EDD remplissent cette mission en mettant la disposition des enfants des outils et du matriel pdagogiques ;
44 DELVAUX Dominique et VANDEKEERE Michel, op. cit., p. 78. 45 PIERARD Alice, op. cit., p. 9-10. 46 Idem, pp. 12-15.

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- 5% des EDD renforcent le travail des enseignants en expliquant aux enfants les matires non comprises et dveloppent les connaissances et les comptences des jeunes.

5.2. Le dveloppement et lmancipation sociale de lenfant


Cette mission est galement travaille de diverses manires par les quipes des coles de devoirs : - par la responsabilisation (connaissance de soi, confiance en soi, estime de soi et autonomie), pour 26% des EDD ; - par le dveloppement dune dynamique de groupe, dans un esprit de solidarit, de soutien et dentraide, pour 18% des EDD ; - par lapprentissage de rgles, de valeurs et de savoir dans le but de devenir un adulte responsable, pour 17% des EDD ; - par des activits socioculturelles et la rencontre dautres cultures, pour 16% des EDD ; - par le vivre ensemble et la dcouverte de la place de chacun, pour 15% des EDD ; - par un espace de parole, dcoute et de confiance, pour 9% des EDD ; - par un soutien adapt, un accompagnement individuel ou un suivi personnalis selon les besoins de chacun, pour 8% des EDD ; - par la russite scolaire, pour 6% des EDD.

5.3. Le dveloppement de la crativit de lenfant


La crativit est favorise lors dateliers cratifs pour 63% des EDD. Ces ateliers laissent un espace de libert aux jeunes pour sexprimer de diverses manires, valoriser et dvelopper leurs comptences. Laccs aux cultures est pens par des activits socioculturelles (18% des EDD), la diversit danimation (10% des EDD), le respect des autres et louverture au monde (6% des EDD), le dialogue interculturel en cas de mixit au sein de lcole de devoirs (5% des EDD). 5% des EDD favorisent la crativit et laccs aux cultures par la responsabilisation et limplication des jeunes dans la ralisation dactivits.

5.4. Lapprentissage de la citoyennet et de la participation


Cette mission est dveloppe au quotidien dans 39% des EDD, ceci par un apprentissage des valeurs comme le respect, lentraide, la solidarit, mais aussi par une participation aux tches quotidiennes au sein de lcole de devoirs. Dautres coles de devoirs font part dactivits spcifiques permettant cet apprentissage : - des ateliers thmatiques pour une citoyennet active et responsable (20% des EDD) ; - ltablissement du rglement en groupe (13% des EDD) ; - des dbats et une place pour lvaluation (12% des EDD) ; - des animations de participation pour rendre le jeune actif dans son quartier (11% des EDD) ; - des conseils de participation (8% des EDD) ; - des rencontres intergnrationnelles et interculturelles (5% des EDD).

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6. Lquipe et la formation
Les quipes des coles de devoirs se composent dun coordinateur (gnralement engag temps plein ou mi-temps) et dun ou plusieurs animateurs, salaris ou bnvoles. Les quipes fonctionnent majoritairement avec un mlange de personnel salari et bnvole, souvent aussi avec des stagiaires. Avec une quipe de bnvoles, le challenge de coordinateur consiste recruter et maintenir une quipe stable et la faire adhrer une philosophie particulire. Ne pouvant compter que sur la bonne volont des personnes prsentes, le coordinateur aura plus de difficults imposer une mthodologie particulire ou faire respecter son projet pdagogique. Il faut jongler avec les disponibilits de chacun et diversifier les comptences.() Avec une quipe de salaris, beaucoup de temps de coordination passe par la recherche de subsides pour maintenir lquipe au complet. Cela permet davoir des personnes avec des comptences particulires et complmentaires. Cela permet aussi de mener un projet sur le long terme et en synergie entre les membres de lquipe. 47 La plupart des EDD fonctionnent avec des bnvoles et des salaris travaillant sous divers types de contrat dont beaucoup sont trs instables, ce qui montre toute la prcarit du secteur associatif et de lAide la jeunesse. La coexistence de tous les statuts du personnel semble la rgle pour deux tiers des EDD : seules 32% travaillent exclusivement avec du personnel totalement rmunr et 6% exclusivement avec des bnvoles. Les bnvoles sont prsents dans 61% des EDD et ils constituent un quart ou plus des encadrants dans 46% des EDD et trois quarts ou plus dans 16% des EDD. Plus de deux tiers des encadrants sont des femmes, caractristique commune aux professions sociales et ducatives.48 Concernant la formation initiale des travailleurs en EDD, le secteur tait, depuis 2007, en attente de voir promulguer larrt relatif la formation qualifiante danimateur et de coordinateur en cole de devoirs. Cet arrt, dat du 23 juin 2011, est paru au Moniteur Belge le 8 aot 2011. Avant cet arrt, la formation ntait pas organise (et donc personne ne pouvait encore avoir ce brevet). En attendant laccs cette formation initiale, une demande dassimilation ou dquivalence au brevet pouvait tre obtenue lONE (assimilation) ou au Service Jeunesse (quivalence) sur base notamment du diplme obtenu et/ou de lexprience acquise de la personne concerne. Etaient assimils au brevet danimateur les diplmes suivants : - enseignement secondaire temps plein : les diplmes ou certificats de fin dtudes orientation sociale ou pdagogique du niveau de lenseignement suprieur technique de qualification, soit agent dducation, animateur, ducateur ; - enseignement secondaire en alternance : auxiliaire de lenfance en structures collectives, moniteur pour collectivit denfants ; - enseignement de promotion sociale : les diplmes ou certificats de fin dtudes orientation sociale ou pdagogique du niveau de lenseignement secondaire suprieur technique, soit auxiliaire de lenfance de 0 12 ans dans une structure collective, auxiliaire de lenfance de 0 12 ans domicile, animateur socioculturel denfants de 3 12 ans, animateur de groupes denfants, animateur dinfrastructures locales ; - enseignement suprieur : les diplmes ou certificats de fin dtudes du niveau de lenseignement suprieur au moins de type court, de plein exercice ou de promotion sociale (tout gradu et tout licenci) ; - autres formations : brevet danimateur de centres de vacances Etaient assimils au brevet de coordinateur les diplmes suivants : - enseignement suprieur : tout diplme ou certificat de fin dtudes du niveau de lenseignement suprieur social, psychopdagogique ou en ducation physique au moins de type court, de plein exercice ou de promotion sociale ;
47 VANDERSMISSEN Valrie et SMETS Christophe, op. cit., pp. 20-21. 48 DELVAUX Dominique et VANDEKEERE Michel, op. cit., pp. 56-57.

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- autres formations : brevet de coordinateur de centres de vacances ; brevet daptitude la gestion de projets et de programmes culturels ; coordinateur de centre de jeunes Avec cet arrt49, le gouvernement de la Fdration Wallonie-Bruxelles a notamment fix les contenus, la dure minimale et les modalits dorganisation de la formation. La possibilit dtablir des passerelles a t envisage. Ainsi, une personne ne possdant pas les qualifications requises et ayant suivi la formation continue de cent heures obligatoires dans laccueil extrascolaire lors de lentre en fonction ne devra suivre que les modules spcifiques et les stages pour obtenir son brevet danimateur en coles de devoirs. La parution de cet arrt permet, entre autres, aux animateurs et coordinateurs qui ont suivi les modulespilotes organiss par la Fdration et la Coordination des Ecoles de Devoirs de Bruxelles ainsi que ceux ayant suivi la formation longue organise par la Fdration, il y a environ neuf ans, de pouvoir obtenir une quivalence au brevet. Pour ce qui est de la formation continue, le dcret de 2004 prvoit quune cole de devoirs doit permettre aux membres de son quipe, bnvoles ou rmunrs, de participer des formations qualifiantes ou continues. Les coles de devoirs ont accs aux formations de la Fdration francophone des coles de devoirs et des Coordinations rgionales. Elles peuvent aussi participer aux modules subventionns par lONE destins aux divers acteurs de laccueil durant le temps libre. Chaque anne, un catalogue complet des formations est envoy aux coles de devoirs. Il est consultable sur le site de lONE. Le gouvernement de la Fdration Wallonie-Bruxelles fixe, par arrt, un programme triennal de formations continues des professionnels accueillant des enfants de 0 12 ans, des volontaires des consultations pour enfants et des accueillants des lieux de rencontre enfants-parents (voir, dans cette tude, le chapitre consacr au cadre lgislatif). Les besoins en formations continues sont divers et touchent la relation lenfant, au fonctionnement de lcole de devoirs, diffrentes thmatiques et aux activits : - pour la relation lenfant, cela concerne la psychologie, la pdagogie, la gestion des conflits, la gestion de groupe, le suivi individuel, la gestion mentale, la motivation des jeunes et le dpassement des difficults ; - en ce qui concerne lcole de devoirs en soi, les quipes des EDD voudraient des formations sur la cration de projet, lharmonisation des objectifs, la rpartition des responsabilits, la gestion du temps, lunit de lquipe, lvaluation et les subsides ; - les thmatiques invoques sont celles de la culture, de la langue, des primo-arrivants, de lenseignement spcialis et du dcrochage scolaire ; - dautres demandes touchent les activits et traitent des matires scolaires, de linformatique, de pratiques, techniques et outils.50

7. Le public
Dans prs de trois quarts des coles de devoirs, les parents doivent inscrire lenfant, et ce par souci des EDD de nouer un contact avec les parents. Dautres exigences ou conditions qui visent lenfant ou les parents sont galement mises linscription dans au moins un quart des EDD : lenfant doit avoir des difficults scolaires, sengager suivre rgulirement les activits, les parents doivent suivre lenfant. Parmi les autres conditions daccs, il faut galement habiter le quartier , condition qui doit tre lie aux sources de financement. On le voit, laccs aux EDD, sil est souvent gratuit, nest pas entirement libre, mais soulignons quil sagit bien de conditions daccs et non de critres dexclusion.51 Plus de 95% des coles de devoirs accueillent des enfants de niveau primaire. Ceux-ci constituent les deux tiers de la population qui frquente les EDD (surtout de 5e anne), tandis que le secondaire reprsente
49 Pour plus dinformations sur cet arrt, voir le chapitre consacr au cadre lgislatif dans la prsente tude. 50 PIERARD Alice, op. cit., p. 39. 51 DELVAUX Dominique et VANDEKEERE Michel, op. cit., pp. 48-49.

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un quart de la population.52 A noter que certaines coles de devoirs ont une section alphabtisation des adultes en leurs locaux et en journe le plus souvent. Plus de la moiti des enfants accueillis dans les EDD sont originaires dun pays hors Union europenne et un tiers sont belges. Les primo-arrivants reprsentent 6% des enfants accueillis, et les enfants handicaps 3%. 60% des enfants accueillis sont issus dun milieu dorigine socioconomiquement trs dfavoris.53 Confronts lchec scolaire, les enfants arrivent souvent lEcole de Devoirs avec une image dsastreuse deux-mmes comme lve mais aussi souvent comme individu. Ils en conoivent une relation problmatique au savoir. Tout le challenge consiste alors redonner ces jeunes la confiance en eux et rtablir une relation saine au savoir : ddramatiser. LEcole de Devoirs pose la scurit affective comme pralable tout apprentissage : lenfant doit dabord tre encadr, scuris. Il doit pouvoir jouer, parler, bavarder, pour pouvoir faire les devoirs. Do le refus dtre une deuxime cole. 54 La petite taille des coles de devoirs permet de conserver la dimension familiale, elle ne demande pas beaucoup de moyens et permet de simplanter au cur des quartiers dfavoriss ou fragiliss. Elle permet galement un contact personnel avec les enfants et les parents. Le caractre familial des EDD permet aussi de travailler la maturit sociale et affective dun enfant. Il ne sagit pas seulement de favoriser le dveloppement des capacits intellectuelles ou cognitives dun enfant mais galement de le rendre apte sinsrer dans la socit, trouver une place, un rle jouer, et un sens son existence. Cette tape sensible est particulirement dterminante dans lenfance et la pr-adolescence, juste avant les questions mtaphysiques. Il est important que les jeunes puissent avoir bnfici dun entourage aimant et encadrant, stable motionnellement, quils aient pu se dcouvrir dautres talents que la connaissance pure, dautres sources dpanouissement personnel. Ces dcouvertes sont de la premire importance dans le dveloppement de la confiance en soi. 55 Aprs la famille et lcole, lEDD est un lieu important de socialisation pour les enfants qui la frquentent. Il leur permet de rompre la solitude laquelle beaucoup dentre eux sont confronts face au travail : Se rendre compte quon nest pas tout seul prouver des difficults lcole aide surmonter le sentiment dchec parfois si lourd porter. Au contraire, a peut aussi offrir un espace de calme et de concentration impossible obtenir en famille. 56 Il est dailleurs important de noter que les lves reus dans les dispositifs daccompagnement scolaire ne sont en effet pas tous des lves en difficult scolaire. Une partie dentre eux sont des bons lves, rguliers, attentifs, intresss, et ils viennent l sassurer des moyens de leur rgularit. A la diffrence de lespace familial, o certains disposent de peu de place et de calme et ne peuvent gure compter sur lappui technique dun adulte (mme si leurs parents les encouragent faire leur travail), laccompagnement scolaire leur offre un cadre, qui rend le travail scolaire plus sereinement ralisable (). De plus, ils savent pouvoir bnficier, au besoin, de conseils et dexplications pour faire leurs devoirs. 57 Les liens tisss entre lcole de devoirs et la famille permettent de soutenir les parents dans des situations parfois extrmement difficiles. Les EDD permettent galement de tisser le lien entre le parent et lcole en jouant les mdiateurs. Daprs lanalyse des rapports dactivits 2008-2009 des EDD ralise par lObservatoire de lEnfance, de la Jeunesse et de lAide la Jeunesse58, les contacts avec les parents se font linitiative de 87,9% des coles de devoirs. Pour 27,1% dentre elles, ce sont les parents qui sont linitiative de ces contacts. La frquence des contacts la plus importante est celle dune ou plusieurs fois par semaine pour 65% des EDD, pour le reste, les contacts ont lieu une fois tous les quinze jours une fois par trimestre. 47,9% des coles de devoirs sont plutt satisfaites des contacts avec les parents, 20% sont tout
52 53 54 55 56 57 58 DELVAUX Dominique et VANDEKEERE Michel, p. 23 et p. 27. Idem, pp. 29-30. VANDERSMISSEN Valrie et SMETS Christophe, op. cit., p. 33. Idem, p. 34. Idem, p. 38. GLASMAN Dominique et BESSON Leslie, op. cit., p. 102. PIERARD Alice, op. cit., pp. 24-26.

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fait satisfaites (rgularit des contacts, bonne collaboration, relation de confiance, investissement auprs de lenfant, prsence aux runions, participation au sein de lEDD), 20,7% entre les deux , et 11,5% insatisfaites (faible prsence des parents, manque dintrt auprs de lenfant, problmes avec la langue franaise). Rsultat de demandes croissantes, 50,7% des coles de devoirs nont pas pu prendre en charge des enfants en 2008-2009. Les listes dattente comptent entre 1 70 enfants selon les rgions ralises par la division en Coordinations. Si le Brabant wallon, Namur-Luxembourg et le Hainaut semblent relativement pargns par les listes dattente, la province de Lige prsente des listes dattente plus leves, et les chiffres explosent littralement Bruxelles.59 Face une pauprisation croissante de la population bruxelloise et au boom dmographique, les demandes des parents pauvres pour un soutien scolaire vont encore saccentuer.

8. Ecoles de devoirs et coles : des relations complexes


Entre le rle attribu lEcole et celui des EDD, des dysfonctionnements peuvent natre. Les enseignants et les accompagnateurs ont souvent de la peine se comprendre. Chacun craint que lautre ne vienne empiter sur ses prrogatives. La mconnaissance des rles et des attributions de chacun cre des malentendus qui pourraient certainement tre vits (). 60 Avant le dcret de 2004, les rapports entre EDD et Ecole taient quasi inexistants. Depuis le dcret, les coles envoient des enfants en difficults aux coles de devoirs et les centres PMS contactent les EDD. Les coles de futurs enseignants commencent envoyer leurs tudiants la dcouverte des EDD. Mais tout cela se fait de manire trs timide. Si, au dpart, la Fdration Francophone des Ecoles de Devoirs et les Coordinations rgionales srigeaient contre lcole slective et reproductrice des ingalits sociales, le climat est aujourdhui lapaisement et vise une collaboration accrue entre les quipes danimateurs et denseignants. Il faut malheureusement constater que les changes entre ces deux acteurs de lducation (enseignants et animateurs) sont encore aujourdhui trop peu nombreux. Dans bien des cas, ils ne font que se croiser, les uns terminant leur travail quand les autres le commencent. Des tentatives de communication sont instaures par quelques Ecoles de Devoirs, sans tre toujours couronnes de succs. Certaines pourtant sont prsentes dans les conseils de participation des coles. 61 LObservatoire de lEnfance, de la Jeunesse et de lAide la Jeunesse a analys les relations Ecole/coles de devoirs en exploitant les rapports dactivits 2008-2009 des EDD.62 Avec les enseignants, la plupart des contacts sont tablis par les coles de devoirs (87,1%). Les enseignants sont linitiative des contacts avec 17,9% des EDD. La majorit des EDD (72%) ont des contacts avec les enseignants une fois par mois une fois par semestre. Cette faible frquence peut sexpliquer par une difficult de conciliation dhoraires. Certains pallient cette difficult en utilisant le journal de classe ou un autre carnet comme moyen de communication. Les coles de devoirs pointent du doigt les difficults suivantes : la collaboration sens unique (cole de devoirs vers enseignant), un manque de comprhension du travail des coles de devoirs et un manque de confiance mutuelle. Avec les directeurs dcole, 89,3% des EDD sont linitiative des contacts. 33,6% des EDD ne rencontrent les directeurs dcole quune fois par an, 20,7% une fois par trimestre, 22,1% une fois par semestre. Les contacts sont plutt satisfaisants pour 38% des EDD. Les explications dune insatisfaction sont : la raret des contacts, un manque dintrt voire une mauvaise connaissance des coles de devoirs, une indisponibilit des directeurs, la collaboration seulement si ncessaire et lenseignant comme contact privilgi.
59 60 61 62 PIERARD Alice, op. cit., p. 46. SIMONATO Alain, op. cit., p. 47. VANDERSMISSEN Valrie et SMETS Christophe, op. cit., p. 17. PIERARD Alice, op. cit., pp. 26-31.

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Daprs le Forum bruxellois de lutte contre la pauvret, si lcole est en demande dune collaboration renforce avec des structures telles que les EDD, cest la condition ncessaire quelles assurent une fonction bien prcise : un rle suppltif par rapport lcole dans les contextes dintgration scolaire des enfants dfavoriss, et cela principalement par laide aux devoirs et la mdiation avec les parents.63

9. Les autres partenaires


Parmi les partenaires potentiels des coles de devoirs, on retrouve toute institution, association, organisation, pouvoir politique, personne physique qui uvre lducation et la formation de lenfant et de ladolescent de manire gnrale. Limportance et lenvergure du rseau de partenaires et lintensit des changes dpendront dune cole de devoirs lautre et dune Coordination rgionale lautre. Le dcret de 2004 reste vague ce propos, une marge de libert est laisse aux coles de devoirs sur la forme et le fond que prendront ces collaborations. Toutefois, concernant ces autres partenaires, il est extrmement tonnant de constater que la moiti des coles de devoirs nont jamais ou rarement de contacts avec les mouvements de jeunesse, les centres de guidance, les associations dducation permanente, les centres PMS, les maisons de jeunes, les centres culturels, et mme les services sociaux de la commune. Les contacts extrieurs les plus satisfaisants se font avec les pairs - les coordinations des EDD - (42%), la coordination de quartier (34%), puis les bibliothques et ludothques (33%).64

10. La Fdration francophone des coles de devoirs (FFEDD) et les Coordinations rgionales65
La Fdration francophone des coles de devoirs est une asbl qui dfend, reprsente et informe les coles de devoirs en Communaut franaise depuis plus de vingt ans. Elle regroupe, en tant que membres, cinq Coordinations rgionales qui rassemblent, par affiliation, un ensemble de plus de 160 coles de devoirs en Communaut franaise. Elle est reconnue et subventionne par la Communaut franaise, via le dcret des coles de devoirs, depuis janvier 2005, et en tant quorganisation de jeunesse depuis 1998. La Fdration sattache dvelopper les objectifs suivants : - reprsenter lensemble de ses membres ; - soutenir et dfendre le secteur ; - jouer le rle de facilitateur, aux cts des Coordinations rgionales, auprs des coles de devoirs : les aider entrer dans les prescrits lgaux et uvrer la modification des textes pour une meilleure cohrence avec les besoins du terrain. Les Coordinations sont les interlocuteurs des EDD au niveau rgional. La Fdration est communautaire et porte plus largement les besoins identifis dans le secteur par les Coordinations et les EDD. Depuis dbut 2005, lquipe de la Fdration est devenue un trio compos dune coordinatrice, dune dtache pdagogique et dune responsable administrative et technique. Les missions de la Fdration, en vertu du dcret EDD vot en avril 2004, sont : - dvelopper toute activit de soutien au secteur des coles de devoirs, notamment : laborer et diffuser, par le biais notamment des Coordinations rgionales, des outils pdagogiques ; publier un priodique66 au moins trimestriel destination notamment des coles de devoirs et des Coordinations ; tenir un centre de documentation ouvert aux coles de devoirs et aux Coordinations ;
63 64 65 66 DE KUYSSCHE Nicolas et VITALI Rocco, op. cit., p. 49. DELVAUX Dominique et VANDEKEERE Michel, op. cit., pp. 67-68. Voir www.ffedd.be. La Filoche est la revue trimestrielle de la Fdration. Publie depuis une vingtaine dannes, ses objectifs sont : informer, donner des pistes de rflexion, largir les horizons des animateurs, encourager la formation continue, donner des outils pratiques, soutenir les projets des associations de terrain.

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soutenir le travail des Coordinations rgionales ; tenir une permanence tlphonique destination des EDD et des Coordinations ; le cas chant, raliser des tudes, colloques et toute autre action pdagogique ou de valorisation concernant les EDD ; - laborer un programme annuel de formation continue danimateur en coles de devoirs et de coordinateur dcoles de devoirs, en concertation troite avec les Coordinations rgionales, et valuer de faon rgulire ce programme, en regard de lvolution des besoins du secteur ; - respecter et dfendre en son sein les droits de lhomme et les droits de lenfant ; - accueillir chaque Coordination rgionale qui en fait la demande ; - regrouper sur base volontaire au minimum la moiti plus une des Coordinations rgionales reconnues et les associer dans ses organes de direction ; - assurer la publicit des activits quelle organise. Il existe cinq Coordinations rgionales qui ont un territoire quasi quivalent celui des provinces : Brabant wallon, Bruxelles, Hainaut, Lige, Namur-Luxembourg. Les Coordinations visent : - soutenir : aide la cration et au dveloppement des coles de devoirs ; aide administrative dans la ralisation et lintroduction de rapports ; laboration et diffusion doutils pdagogiques ; organisation de runions avec les coles de devoirs ; etc. ; - reprsenter : reprsentation des coles de devoirs auprs des pouvoirs publics et dfense de leurs intrts ; - former : formation continue adapte aux besoins et demandes des animateurs. Pour cela, les actions des Coordinations comportent, entre autres : - des tudes de cas : runions mensuelles qui permettent aux animateurs de parler des difficults rencontres dans leur travail et de les analyser ; - des projets pdagogiques : ralisation de projets pdagogiques collectifs qui permettent aux coles de devoirs de se rencontrer ; - des publications : publication dun priodique pour les professionnels de terrain dans lequel on retrouve un descriptif des coles de devoirs, les formations, les activits de la rgion, etc. ; - un espace de communication : site Internet, centre de documentation En outre, les Coordinations rgionales informent le public quant lexistence et aux caractristiques de toutes les coles de devoirs reconnues sur son ressort territorial et loriente. Elles se doivent de respecter et de dfendre les droits de lhomme et les droits de lenfant. Elles acceptent toute demande daffiliation dcoles de devoirs reconnues et actives sur son ressort territorial.

11. Les coles de devoirs font-elles suffisamment de devoirs ? Le cas particulier de Bruxelles
Le Forum bruxellois de lutte contre la pauvret a publi, en janvier 2011, une recherche intitule Le rle des coles de devoirs dans laccrochage scolaire des enfants pauvres .67 Cette recherche a t quasi unanimement conteste par les coles de devoirs. Nous en avons discut avec le personnel des EDD que nous avons rencontr et nous vous ferons part de leurs critiques dans la partie tmoignages de cette tude. En ce qui nous concerne, nous mettons galement des rserves quant aux analyses et aux conclusions de cette recherche. Nanmoins, dans le souci dapporter une vision complte de la problmatique, nous vous proposons, ci-aprs, un rsum de cette recherche.

67 DE KUYSSCHE Nicolas et VITALI Rocco, Le rle des coles de devoirs dans laccrochage scolaire des enfants pauvres, Forum bruxellois de lutte contre la pauvret, janvier 2011, 76 p.

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En Rgion bruxelloise, la progression de la prcarisation socioconomique des familles implique un accroissement structurel de la pauvret infantile. On peut donc sattendre une augmentation quantitative des besoins des parents pauvres en matire de soutien scolaire. Le pourcentage dlves retardataires en 2009 est de 46,9% Bruxelles, alors que ce mme pourcentage atteint 35% en Communaut franaise et 21% en Communaut flamande. La problmatique de labandon scolaire, de linterruption des tudes ou de la non-obtention dun diplme concerne de manire prpondrante la population jeune des quartiers du croissant pauvre de Bruxelles. Lcrasante majorit des EDD bruxelloises est dailleurs implante dans ce croissant pauvre , louest du Pentagone bruxellois, zone qui concentre les plus importantes poches de pauvret de la Rgion. En Rgion bruxelloise, lhistoire des coles de devoirs est fortement lie aux questions dimmigration et de regroupement familial. Encore aujourdhui, des dizaines dEDD bruxelloises sont lies des initiatives socioculturelles qui impliquent un public dorigine trangre ou de primo-arrivants. A titre dexemple, notons que certaines EDD sont soutenues par le Fonds dImpulsion la Politique des Immigrs (FIPI). Au-del de lenjeu de linsertion des publics dorigine trangre, de nombreuses EDD restent fidles au mouvement social des origines, qui sinscrivait clairement dans des dispositifs relatifs la lutte contre la pauvret. A noter quen Rgion bruxelloise, plus de 50% des quelque 200 EDD nont pas demand de reconnaissance dcrtale. La majorit des EDD ne rpondent donc pas contractuellement aux quatre missions prvues par le dcret de 2004. Il faut dire que la mission de lutte contre la pauvret infantile na pas t reprise expressment dans le dcret. Les EDD bruxelloises vont chercher des subsides ailleurs, et notamment auprs des pouvoirs chargs de la cohsion sociale. A Bruxelles, certaines EDD seraient dailleurs davantage finances par les politiques de cohsion sociale mises en place par la Cocof que par la Communaut franaise. Ce financement de la Cocof est accord aux EDD parce quelles mettent en avant un objectif social de mdiation scolaire. La Cocof, via ses missions de cohsion sociale, inscrit clairement le secteur dans des politiques qui concourent la lutte contre la pauvret. Les parents qui font appel aux EDD, et que les auteurs de la recherche ont rencontrs, prsentent massivement des situations objectives de pauvret vidente (mre clibataire au chmage, familles sans-abri, familles nombreuses o seul le pre travaille, recours des services daide durgence tels que les banques alimentaires, etc.). Nombreux sont ceux qui prsentent des biographies trs charges (primo-arrivants, immigration chaotique, replis communautaires, sparations conjugales, quart-monde belge , analphabtisme, handicaps mentaux, maladies, assutudes, etc.). Presque tous les parents rencontrs frquentent assidment les services sociaux. La quasi-totalit des parents rencontrs prsentent un intrt vident pour la scolarit de leurs enfants, et lorsque les parents montrent un intrt pour la chose scolaire et quils frquentent les services daction sociale, la coordination entre les acteurs qui tournent autour de la scolarit de lenfant est assez efficace pour assurer une rorientation aboutie en coles de devoirs. La majorit des parents rencontrs demande lEDD de faire la fois du devoir et des autres activits (jeux, bricolage, sorties, etc.). Cest dailleurs cette demande qui fait le succs de toutes les structures extrascolaires implantes dans les quartiers pauvres et qui sont prvues cet effet, que ce soient les maisons de quartier, les centres culturels, les plaines de jeux, les camps de vacances, les stages, les clubs sportifs, etc. Toutefois, les EDD restent massivement des endroits auxquels les parents demandent de soccuper du devoir et dassurer un suivi scolaire. Pour les auteurs de la recherche, les EDD doivent reconqurir un rle quelles sont presque les seules jouer : laccrochage scolaire des enfants pauvres par laide aux devoirs. Elles doivent laisser dautres acteurs, plus ancrs et mieux placs, les objectifs de dveloppement multidimensionnel de lenfant via des activits dveil et de dcouverte.

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Mais si les activits de dveloppement personnel existent, les EDD continuent bel et bien dabord faire du devoir . On nassiste donc pas tant une volution des pratiques qu une volution du discours sur ces pratiques. Les auteurs de la recherche pointent un recul du social dans les EDD. Selon eux, celles-ci ne sidentifiraient pas en premier lieu comme acteurs de lmancipation sociale de lenfant. Elles auraient au contraire une attitude molle par rapport aux enjeux sociaux de leur activit. Dans leur discours, le dfi psychopdagogique de lpanouissement remplacerait lenjeu de la scolarisation socialement mancipatrice. Les acteurs des EDD se concentreraient principalement sur lenjeu individuel, sur lenfant lui-mme, en tant que potentialits, trop souvent dsincarn des ralits socioculturelles quil vit en famille. Pour Nicolas De Kuyssche et Rocco Vitali, les EDD font du social par le terrain quelles occupent, mais le secteur ne rclame pas de mission dans le cadre de laction sociale en tant que tel. Pourtant insistent-ils en Rgion bruxelloise, nombre dEDD sont troitement lies des institutions qui ont, dans leur mission, un volet actions sociales . Cest parmi ces EDD-l que lon pourra trouver des exemples de bonnes pratiques en termes de dveloppement de la conscience sociale des acteurs et dinvestissement dans la sphre de laction sociale. En conclusion, les auteurs encouragent un refinancement du secteur des EDD : dj aujourdhui, la majorit des coles de devoirs bruxelloises doit refuser des enfants par manque de place. Or, tant donn la prcarisation des familles bruxelloises, lon peut craindre un accroissement de la pauvret infantile et donc une demande encore plus accrue en termes de soutien la scolarit.

12. Adresses utiles


Si vous cherchez une cole de devoirs : Moteurs de recherche :

FFEDD : www.ecolesdedevoirs.be/ou-trouver-une-ecole-de-devoirs ONE : www.one.be/index.php?id=617&no_cache=1 LOffice de la Naissance et de lEnfance (ONE)


Office de la Naissance et de lEnfance Chausse de Charleroi 95 - 1060 Bruxelles Tl : 02/542 12 11 - Fax : 02/542 12 51 E-mail : [email protected] Site : www.one.be/index.php?id=5

La Fdration francophone des coles de devoirs (FFEDD)


Rue Saint Nicolas 2 - 5000 Namur Tel : 081/24 25 21 - Fax : 081/24 25 23 E-mail : info @ ffedd.be Site : www.ffedd.be Les Coordinations :

LAssociation des coles de devoirs de Lige (AEDL)


Rue Stphany 7 - 4000 Lige Tel : 04/223 69 07 E-mail : [email protected] Site : www.aedl.be

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La Coordination des coles de devoirs du Hainaut (CEDDH)


Bureaux : Rue de la Chausse,52 - 7000 Mons Sige Social : Rue des Caches, 2 - 7000 Mons Tl : 0479/94 48 30 - 0473/23 66 45 E-mail : [email protected] Site : www.ceddh.be Blog : ceddh.skynetblogs.be

La Coordination des coles de devoirs du Brabant Wallon (CEDDBW)


Rue des Deux Ponts, 19 - 1340 Ottignies Tl : 010/61 10 88 - Fax : 010/61 10 88 E-mail : [email protected] Site : www.ceddbw.be/

La Coordination des coles de devoirs de Bruxelles (CEDD)


Sige social : Rue de la Borne, 14 - 1080 Bruxelles Sige dactivits : Rue de la Colonne, 54 - 1080 Bruxelles Tl : 02/411 43 30 - Fax : 02/412 56 11 E-mail : [email protected]

La Coordination des coles de devoirs des provinces de Namur et Luxembourg (CEDD NamLux)
Avenue des Champs Elyses, 39 bte 134 - 5000 Namur Tl : 081/23 03 37 - Fax : 081/23 03 39 E-mail : [email protected] Site : www.cedd-namlux.be Si vous cherchez un site de soutien scolaire gratuit :

JSB
Le site des Jeunesses Scientifiques de Belgique offre du soutien scolaire de la 5e primaire la fin du secondaire. Avenue Latrale, 17 - 1180 Uccle Tel : 02/537 03 25 - Fax : 02/537 08 02 E-mail : [email protected] Site : www.jsb.be

Jaccroche !
Ce site regroupe les initiatives prises pour lutter contre le dcrochage scolaire. Il est destin aux jeunes, aux parents et aux professionnels du secteur ducatif. Dans la rubrique Qui peut maider ? , par exemple, les visiteurs du site trouveront diffrentes pistes pour savoir qui sadresser en cas de dcrochage. Jaccroche.be - Pour la Solidarit Rue Coenraets, 66 - 1060 Bruxelles E-mail : [email protected] Site : www.jaccroche.be

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CHAPITRE V : CADRE LEGISLATIF


Les coles de devoirs sont rglementes par divers textes lgaux. En voici les principaux, par ordre chronologique. Pour un cadre lgislatif plus complet, voir la bibliographie de la prsente tude. 1. Dcret du 29 mars 2001 visant rguler les travaux domicile dans lenseignement fondamental (paru au Moniteur Belge du 15 mai 2001) Par travaux domicile , on entend lactivit dont la ralisation peut tre demande llve, en dehors des heures de cours, par un membre du personnel enseignant. La Communaut franaise, pour lenseignement quelle organise, et tout pouvoir organisateur, pour lenseignement subventionn, ont la facult de prvoir des travaux domicile pour chaque niveau denseignement, lexclusion de la premire tape du continuum pdagogique (soit la 1re et la 2e primaires). Les travaux domicile sont adapts au niveau denseignement. Ils doivent toujours pouvoir tre raliss sans laide dun adulte. Si la consultation de documents de rfrence est ncessaire, ltablissement sassure que chaque lve pourra y avoir accs, notamment dans le cadre des bibliothques publiques et des outils informatiques de ltablissement ou mis gratuitement leur disposition. Durant la deuxime tape du continuum pdagogique, les travaux domicile doivent tre conus comme le prolongement dapprentissages dj raliss durant les priodes de cours ; le niveau de matrise et le rythme de chaque lve doit tre pris en compte ; la dure des travaux domicile se limite environ 20 minutes par jour durant le premier cycle de cette deuxime tape et environ 30 minutes par jour durant le deuxime cycle de cette mme tape ; une valuation caractre exclusivement formatif (et non certificatif) doit tre ralise pour chacun des travaux domicile ; un dlai raisonnable doit tre accord llve pour la ralisation des travaux domicile de telle sorte que ceux-ci servent lapprentissage de la gestion du temps et de lautonomie. 2. Dcret du 17 juillet 2002 portant rforme de lOffice de la Naissance et de lEnfance, en abrg ONE (paru au Moniteur Belge du 2 aot 2002) Dans ce dcret, le premier paragraphe de larticle 6 nous intresse particulirement pour notre tude : Nul tranger au milieu familial de vie de lenfant ne peut organiser laccueil denfants de moins de douze ans de manire rgulire sans le dclarer pralablement lOffice et sans se conformer un code de qualit de laccueil arrt par le Gouvernement aprs avis de lOffice. () LOffice dlivre une attestation de qualit aux institutions et services qui respectent le code de qualit de laccueil et se soumettent la surveillance de lOffice. () . 3. Dcret du 3 juillet 2003 relatif la coordination de laccueil des enfants durant leur temps libre et au soutien de laccueil extrascolaire (paru au Moniteur Belge du 19 aot 2003) Ce dcret sapplique laccueil durant le temps libre des enfants en ge de frquenter lenseignement maternel, frquentant lenseignement primaire ou jusqu 12 ans, lexception des priodes hebdomadaires qui relvent de lenseignement. Laccueil durant le temps libre comprend les activits autonomes encadres et les animations ducatives, culturelles et sportives. (article 2) Laccueil des enfants durant le temps libre poursuit les objectifs suivants : - contribuer un panouissement global des enfants en organisant des activits de dveloppement multidimensionnel adaptes leurs capacits et leurs rythmes ; - contribuer la cohsion sociale en favorisant lhtrognit des publics dans un mme lieu ; - faciliter et consolider la vie familiale, notamment en conciliant vie familiale et professionnelle, en permettant aux personnes qui confient les enfants de les faire accueillir pour des temps dtermins dans une structure daccueil de qualit. (article 3) La commune qui le souhaite runit une CCA (Commission communale de laccueil) et tablit un ou plusieurs programmes CLE (de Coordination locale pour lenfance). Lengagement de la commune dans le

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processus de coordination Accueil Temps Libre se traduit par la signature dune convention avec lONE portant sur la mise en uvre de la coordination de laccueil des enfants durant leur temps libre. (article 5) La commune ralise ou fait raliser un tat des lieux comprenant une analyse des besoins (article 7). Sur la base de cet tat des lieux, la commune tablit une ou plusieurs propositions de programme CLE (article 8). La CCA peut proposer des modifications et les transmet la commune, qui elle-mme transmet ensuite la commission dagrment la ou les proposition(s) de programme CLE (articles 9 11). La CCA dfinit, chaque anne, les objectifs prioritaires concernant la mise en uvre et le dveloppement qualitatif et quantitatif du programme CLE. Le coordinateur ATL (Accueil temps libre) traduit ces objectifs prioritaires en actions concrtes dans un plan daction annuel. Le programme CLE est un programme de coordination locale pour lenfance relatif une zone gographique dtermine, concert au niveau local, ayant reu un agrment, mis en uvre sous lgide de la commune et qui vise le dveloppement dinitiatives existantes et, sil chet, la cration de nouvelles initiatives qui rencontrent tout ou partie des besoins rvls par ltat des lieux. La zone gographique couvre au maximum le territoire de la commune. (article 12) Les activits daccueil relevant dun programme CLE sont accessibles par priorit aux deux catgories denfants suivantes, sans que lune dentre elles ne puisse tre privilgie par rapport lautre : - lensemble des enfants qui rsident sur le territoire de la commune ; - lensemble des enfants qui frquentent un tablissement scolaire, organis ou subventionn par la Communaut franaise, tabli sur le territoire de la commune. (article 13) Le programme CLE couvre, en fonction des besoins locaux, une ou plusieurs des priodes suivantes : - le temps avant et aprs lcole ; - le mercredi aprs-midi ; - le week-end ; - les congs scolaires. Toutefois, pour obtenir lagrment, le programme CLE prcise les modalits daccueil prvues pour couvrir en semaine les priodes aprs lcole jusquau moins 17h30. (article 14) En septembre 2005, la CODE (Coordination des ONG pour les droits de lenfant) ralisait une valuation68 de ce dcret. Parmi les avances positives, elle pointait le fait que ce dcret offrait une premire reconnaissance au secteur de laccueil extrascolaire au niveau de la Communaut franaise et quil avait permis en particulier la reconnaissance dun acteur essentiel de laccueil de lenfance, savoir les garderies scolaires. Mais la CODE dplorait que le dcret ne pose pas dexigences claires en termes dencadrement. 4. Arrt du Gouvernement de la Communaut franaise du 17 dcembre 2003 fixant le code de qualit et de laccueil (paru au Moniteur Belge du 19 avril 2004) Selon larticle 1er de cet arrt, () tout qui, tranger au milieu familial de vie de lenfant, organise laccueil denfants de moins de 12 ans de manire rgulire se conforme au prsent code de qualit de laccueil (). Concernant les principes psychopdagogiques : - afin de runir pour chaque enfant les conditions daccueil les plus propices son dveloppement intgr sur les plans physique, psychologique, cognitif, affectif et social, le milieu daccueil prserve et encourage le dsir de dcouvrir de lenfant en organisant des espaces de vie adapts ses besoins, en mettant sa disposition du matriel et lui donnant accs des activits, le cas chant, diversifies (article 2) ; - le milieu daccueil veille la qualit de la relation des accueillant(e)s avec lenfant (article 3) ;
68 ACERBIS Sverine et VAN HOUCKE Frdrique, op. cit.

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- le milieu daccueil permet lenfant de sexprimer personnellement et spontanment et favorise le dveloppement de la confiance en soi et de lautonomie (article 4) ; - le milieu daccueil contribue au dveloppement de la socialisation de lenfant. Tenant compte de son ge, il favorise le dveloppement de la vie en groupe dans une perspective de solidarit et de coopration (article 5). Concernant lorganisation des activits et la sant : - le milieu daccueil organise les groupes denfants de manire offrir des conditions propices tant au bon droulement des activits qu ltablissement dune relation de qualit avec laccueillant(e) et la prise en compte des besoins et attentes des enfants (article 6) ; - le milieu daccueil veille, dans lorganisation des activits, faire place linitiative de chacun des enfants et prserver la notion de temps libre, particulirement lorsque la priode daccueil fait suite des activits pdagogiques (article 7) ; - le milieu daccueil, dans une optique de promotion de la sant et de sant communautaire, veille assurer une vie saine aux enfants (article 8). Concernant laccessibilit : - le milieu daccueil vite toute forme de comportement discriminatoire bas sur le sexe, la race ou lorigine socioculturelle et socioconomique lencontre des enfants, des personnes qui les confient et des accueillant(e)s (article 9) ; - le milieu daccueil favorise lintgration harmonieuse denfants ayant des besoins spcifiques, dans le respect de leur diffrence (article 10) ; - le milieu daccueil met tout en uvre pour que son accs ne soit pas limit par le montant de la participation financire ventuellement demande aux personnes qui confient lenfant (article 11) ; - le milieu daccueil veille lgalit des chances pour tous les enfants dans la gestion des activits et/ou de la vie quotidienne (article 12). Enfin, concernant lencadrement : - le milieu daccueil veille ce que lencadrement soit assur par du personnel qualifi qui ait les comptences ncessaires pour rpondre aux besoins des enfants et aux spcificits du type daccueil organis (article 13) ; - le milieu daccueil encourage les accueillant(e)s, quelle que soit la qualification de base de ceux(celles)-ci, suivre une formation continue relative au caractre professionnel de la fonction dencadrement et aux connaissances en matire de dveloppement de lenfant (article 14). La section 5 de larrt traite des relations du milieu daccueil avec les personnes qui confient lenfant et avec lenvironnement. Le milieu daccueil veille concilier les notions daccueil et de garde en proposant un service qui rencontre les besoins de lenfant tout en rpondant la demande des personnes qui le confient. (article 15) Le milieu daccueil informe les personnes qui confient lenfant de son projet et sinforme des attentes de celles-ci. Il institue un mode daccueil qui leur permet de confier lenfant en toute srnit et dtre pleinement disponibles tant psychologiquement que physiquement pour leurs occupations, que celles-ci soient dordre professionnel ou non. (article 16) Le milieu daccueil tablit avec les personnes qui confient lenfant une relation qui dveloppe et encourage la complmentarit entre les diffrents lieux de vie de lenfant. (article 17) Le milieu daccueil prend en compte, dans la faon dont laccueil est organis et dans la conception et la mise en uvre des activits, les caractristiques sociales, culturelles, conomiques et environnementales du milieu de vie de lenfant accueilli, en tenant compte des situations particulires. (article 18) Le milieu daccueil favorise les relations avec les collectivits et associations locales. (article 19)

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Le milieu daccueil, qui en a fait la demande et qui se soumet la surveillance de lONE, reoit de cet Office une attestation de qualit aprs valuation. (article 21) Lattestation de qualit a une validit de trois ans renouvelable. (article 22) LONE diffuse annuellement la liste des milieux daccueil disposant de lattestation de qualit. (article 24) 5. Dcret du 28 avril 2004 relatif la reconnaissance et au soutien des coles de devoirs (paru au Moniteur Belge du 29 juin 2004) Larticle 2 de ce dcret numre les missions dvolues aux coles de devoirs, leurs Coordinations rgionales et leur Fdration communautaire, savoir favoriser : - le dveloppement intellectuel de lenfant, notamment par le soutien sa scolarit, par laide aux devoirs et par la remdiation scolaire ; - le dveloppement et lmancipation sociale de lenfant, notamment par un suivi actif et personnalis, dans le respect des diffrences, dans un esprit de solidarit et dans une approche interculturelle ; - la crativit de lenfant, son accs et son initiation aux cultures dans leurs diffrentes dimensions, par des activits ludiques, danimation, dexpression, de cration et de communication ; - lapprentissage de la citoyennet et de la participation. Pour porter le titre dcoles de devoirs de la Communaut franaise, lEDD doit tre reconnue suivant des dispositions dcrites dans le dcret. Lcole de devoirs doit introduire une demande de reconnaissance auprs de lONE (Office de la Naissance et de lEnfance), accompagne du projet pdagogique (article 4). Pour tre reconnues, la Coordination rgionale et la Fdration communautaire doivent introduire une demande de reconnaissance auprs du Service de la Jeunesse. La reconnaissance des coles de devoirs est valable pour une priode de cinq annes dactivits au maximum (article 5). Larticle 7 du dcret dcrit les critres de reconnaissance. Pour obtenir sa reconnaissance par lONE, comme cole de devoirs, le pouvoir organisateur doit rpondre des critres pdagogiques, mais galement administratifs : Les critres pdagogiques : - organiser des activits de soutien scolaire ainsi que des animations ducatives ludiques, culturelles ou sportives ; - respecter le Code de qualit de laccueil de lenfant, quel que soit lge des enfants ou des jeunes accueillis ; - laborer, en collaboration active et effective avec lquipe pdagogique, et mettre en uvre un projet pdagogique qui tient compte des caractristiques socioculturelles et des besoins des enfants que le pouvoir organisateur accueille, ainsi que de lenvironnement social et culturel dans lequel il volue ; - laborer, mettre en uvre et valuer un plan daction annuel, qui constitue la traduction concrte des objectifs dtermins par le projet pdagogique et comprend notamment un calendrier et un descriptif dactivits ainsi que les moyens humains et matriels envisags pour les mettre en uvre ; - veiller la coordination de son travail avec les autres acteurs sociaux et ducatifs de laccueil de lenfant et du jeune dans son environnement direct, en collaborant notamment avec les tablissements scolaires do proviennent les enfants qui la frquentent et leurs familles ; - respecter et dfendre en son sein les droits de lhomme et les droits de lenfant.

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Les critres administratifs : - tre soit un pouvoir public, soit une association sans but lucratif ; - tenir une comptabilit rgulire et permettant lidentification des activits de lcole de devoirs ; - assurer une publicit des activits quelle organise ; - disposer dune infrastructure adapte ses activits dcole de devoirs et offrant des garanties suffisantes dhygine et de scurit ; - mettre la disposition des enfants accueillis du matriel pdagogique et ludique ; - communiquer lONE toutes les informations administratives dont la liste est fixe par le Gouvernement ; - se soumettre au contrle de lONE ; - contracter une assurance responsabilit civile couvrant le personnel danimation, les dommages corporels causs aux participants aux activits de lcole de devoirs ; - ne pas tre un tablissement scolaire. Dautres critres de reconnaissance doivent galement tre remplis : - tre ouvert tous, sans discrimination ; - pour chacun des sites daccueil, accueillir au moins 10 enfants gs de 6 15 ans par jour douverture en moyenne annuelle (dans une commune de moins de 10 000 habitants, au moins 8 enfants gs de 6 15 ans) ; - accueillir des enfants issus de trois implantations scolaires diffrentes au moins ou de deux implantations scolaires au moins, si lcole de devoirs dispose de btiments indpendants de tout tablissement scolaire ; - tre accessible en dehors des heures scolaires pendant une priode de deux heures minimum par semaine, pendant au moins 20 semaines scolaires par an. Enfin, concernant lencadrement, lcole de devoirs, pour tre reconnue, doit rpondre aux critres suivants : - disposer dune quipe pdagogique compose dau moins trois personnes dont au minimum un coordinateur et un animateur qualifis ; - proposer et permettre aux membres, bnvoles ou rmunrs, de son quipe pdagogique de participer des formations qualifiantes ou continues en rapport avec leur fonction danimation ou de coordination ; - assurer un encadrement effectif dont les normes minimales sont dun animateur prsent par groupe de 12 enfants de 6 15 ans accueillis ; dun animateur qualifi par tranche entame de trois animateurs obligatoirement prsents. En prsence de plus de six enfants, chaque cole de devoirs garantit la prsence minimum de deux adultes ou le fait quun deuxime adulte puisse tre prsent dans un dlai raisonnable dintervention. Le Gouvernement peut accorder une reconnaissance une Coordination rgionale pour chacun des cinq ressorts territoriaux suivants (article 8) : - la Province de Lige ; - la Province du Hainaut ; - la Province du Brabant wallon ; - les Provinces de Namur et du Luxembourg ; - la Rgion de Bruxelles-Capitale.

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Larticle 9 du dcret numre les critres de reconnaissance par le Gouvernement des Coordinations rgionales. Le Gouvernement peut galement accorder une reconnaissance une Fdration communautaire des coles de devoirs (article 10). Les critres sont repris dans larticle 11 du dcret. Le chapitre III du dcret est consacr lencadrement en coles de devoirs. Dans les coles de devoirs, le public accueilli est encadr par une quipe danimation dont les membres sont, au moins pour partie qualifis (article 12). Des formations qualifiantes dbouchant sur la dlivrance dun brevet danimateur en coles de devoirs et de coordinateur dcoles de devoirs reconnu par la Communaut franaise peuvent tre organises par des organismes habilits par le Gouvernement. Les contenus des formations qualifiantes danimateur en cole de devoirs sont dtermins par le Gouvernement et portent notamment sur les matires suivantes, en lien direct avec sa fonction dans lcole de devoirs : la pdagogie et la mthodologie en coles de devoirs, la communication, la dynamique des groupes, la gestion de conflits, les relations avec les familles, la psychologie de lenfant et de ladolescent, les premiers soins, le bien-tre et la prvention de la maltraitance ainsi que la dontologie. Les contenus des formations qualifiantes de coordinateur dcoles de devoirs sont dtermins par le Gouvernement et portent notamment sur les matires suivantes, en lien direct avec sa fonction dans lcole de devoirs : lanimation pdagogique dune quipe danimation et les rapports avec lenvironnement social et institutionnel dune cole de devoirs. (article 14) Le Gouvernement dtermine les modalits selon lesquelles le Service Jeunesse est charg du suivi et de la mise en uvre des formations, notamment pour ce qui concerne la reconnaissance des organismes de formation habilits et la dlivrance des brevets. Dans tous les cas, les Coordinations rgionales et la Fdration communautaire sont habilites dispenser ces formations sans devoir tre reconnues comme telles. (article 15) Toute personne peut faire valoir son exprience acquise ou son cursus de formation en vue de bnficier dune quivalence au brevet danimateur ou de coordinateur. (article 16) Le chapitre IV du dcret est consacr aux subventions. Sont subventionnes par lONE, les coles de devoirs qui sont reconnues et qui rpondent aux conditions de fonctionnement suivantes pour chacun de leur site daccueil (article 17) : - faire la preuve dun fonctionnement rgulier au cours de lanne dactivits prcdant sa demande de subvention ; - accueillir au moins dix enfants gs de 6 15 ans par jour douverture en moyenne annuelle (8 enfants pour une commune de moins de 10 000 habitants) ; - respecter effectivement les conditions dencadrement ; - tre accessible aprs les heures scolaires, au moins 1 heure par jour douverture, au moins 5 heures par semaine scolaire rparties sur au moins trois jours, pendant au moins 20 semaines entre le 1er septembre et le 30 juin (sauf drogation) ; - accorder une priorit daccs ses activits un public qui matrise mal la langue franaise ou qui ne peut bnficier domicile dun accompagnement scolaire ou social ; - garantir que lventuelle participation aux frais demands ne dpasse un montant journalier fix par le Gouvernement. La subvention octroye se subdivise en (article 18) : - un subside forfaitaire par pouvoir organisateur, destin la prise en charge des frais administratifs, du travail de dveloppement communautaire, de prparation et dvaluation des activits. Le montant de ce subside forfaitaire est fix par le Gouvernement. Lcole de devoirs qui organise des activits sur plusieurs sites daccueil distincts bnficie du subside pour trois de ces sites daccueil au maximum et de faon dgressive ;

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- un subside dactivits proportionnel au nombre denfants de 6 15 ans accueillis (du lundi au vendredi inclus) et au nombre danimateurs qualifis et de coordinateurs qualifis effectivement prsents lors de ces activits, au cours de lanne dactivits prcdente. Une subvention forfaitaire annuelle couvrant la priode du 1er janvier au 31 dcembre est accorde chaque Coordination rgionale reconnue (article 19) et la Fdration communautaire reconnue (article 20). Le chapitre V du dcret est ddi au contrle, laccompagnement et lvaluation. Les coles de devoirs bnficiant dune subvention tablissent un rapport dactivits annuel (valuation du projet pdagogique et du plan daction annuel, manire dont les missions sont rencontres) et le transmettent lONE (article 22). Les Coordinations rgionales et la Fdration communautaire tablissent un rapport dactivits annuel et le transmettent au Service Jeunesse (article 23). Sur la base de ces rapports dactivits, en concertation troite avec la Commission davis sur les coles de devoirs, lObservatoire de lEnfance, de la Jeunesse et de lAide la jeunesse tablit tous les trois ans un tat des lieux des ralisations, des besoins et des enjeux rencontrer par les coles de devoirs dans leur ensemble. (article 24) LONE assure, subsidiairement aux Coordinations rgionales et la Fdration communautaire, leur accompagnement, notamment si celles-ci ny sont pas affilies. Il est galement charg du contrle des coles de devoirs. (article 25) Les services du Gouvernement chargs de lInspection au sein de la Direction gnrale de la Culture du Ministre de la Communaut franaise sont chargs du contrle des Coordinations rgionales et de la Fdration communautaire. (article 26) Enfin, le chapitre VI du dcret est dvolu la Commission davis sur les coles de devoirs. Larticle 27 cre, auprs du Gouvernement, une Commission davis sur les coles de devoirs. La Commission a pour mission gnrale de conseiller le Gouvernement et lONE sur la politique de soutien aux coles de devoirs et de veiller larticulation et la concertation entre les diffrents partenaires chargs de lapplication et de laccompagnement dans le dcret. La Commission peut tre saisie, par le ministre de lEnfance, par le ministre de la Jeunesse ou par lONE, de toute question relative aux coles de devoirs. La Commission peut galement se saisir dinitiative de toute question relative aux coles de devoirs et donner son avis sur celle-ci. 6. Arrt du Gouvernement de la Communaut franaise du 20 janvier 2011 fixant le programme triennal de formations continues 2011-2014 des professionnels accueillant des enfants de 0 12 ans, des volontaires des consultations pour enfants et des accueillants des lieux de rencontre enfants-parents (paru au Moniteur Belge du 2 mars 2011) Le programme triennal sapplique aux oprateurs de formation agrs par le ministre de tutelle, aux organismes de formation habilits dlivrer des titres, diplmes, certificats ou brevets dans le secteur de lenfance dans le cadre des missions confies lONE. Il fixe des lignes directrices en matire de formations continues des acteurs en fonction dans les milieux daccueil, des volontaires de consultation et des lieux de rencontres enfants et parents. LONE dfinit un plan annuel de formation continue qui oprationnalise le programme triennal, ce qui permet de cibler des contenus et/ou des publics prioritaires pour une anne. LONE peut organiser des collaborations avec des oprateurs de formation ou dautres partenaires, lorsque des besoins particuliers sont couvrir. LONE subventionne trois types dactivits de formations : - les formations individuelles : celles auxquelles les professionnels sinscrivent et participent individuellement. Pour ces activits de formation, les oprateurs fixent les thmatiques, le lieu et les dates de formation lavance et loffre de formation est diffuse annuellement dans les brochures ;

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- les activits de formation de professionnels en rseau : elles sont organises la demande de structures regroupes (dune mme rgion par exemple) ; - les activits daccompagnement dquipe sur le terrain : il sagit dune activit de formation qui peut entamer un processus de formation ou du suivi dun processus de formation dj entam par les professionnels pralablement. Les formations proposes dans le cadre du programme triennal se dclinent selon cinq axes prioritaires : - le travail avec les enfants, les jeunes et leurs familles dans leur diversit ; - lidentit professionnelle individuelle et collective ; - laccessibilit en relation notamment avec la prise en compte des besoins spcifiques et linclusion ; - la dynamique du projet daccueil et le rseau local ; - la promotion de la sant, la qualit et le respect de lenvironnement. Larrt du gouvernement dcline ensuite ces cinq axes prioritaires. A titre dexemples, pour les professionnels accueillant des enfants de 3-12 ans et plus : - le travail avec les enfants : le dveloppement global de lenfant et conditions daccueil (dveloppement de lenfant, construction de lidentit, temps de lenfant) ; les activits en fonction de lge des enfants (expression graphique et picturale, jeux, chants, contes, ducation aux mdias, sexualit, prvention des assutudes) ; - lidentit professionnelle : comptences relationnelles lgard des enfants (coute, construire des rgles de vie avec les enfants, gestion des conflits entre enfants) ; comptences relationnelles lgard des adultes et des parents (coute, soutien la parentalit, prvention de la ngligence, de la maltraitance) ; identit professionnelle de laccueillant temps libre (valorisation des comptences, dontologie et secret professionnel, liens entre lcole et les familles) ; identit professionnelle du responsable de projet daccueil (gestion dune quipe, connaissances de lenfant, gestion des projets, valuation des pratiques et du travail) ; comptences de gestionnaire (aspects juridiques, budgtaires et de gestion du personnel) ; - laccessibilit : thmatiques adaptes laccueil des 2,5 ans - 6 ans, diversit et rponse des besoins spcifiques (interculturalit, accueil denfants en situation de handicap) ; - la dynamique du projet daccueil : rflexions autour du projet daccueil (observer lenfant, dontologie et secret professionnel, valuation) ; - la promotion de la sant : qualit de lenvironnement (organisation matrielle dun milieu daccueil, scurit, un lieu daccueil sain) ; ducation la sant, promotion de la sant (alimentation saine, dveloppement durable, premiers soins, prvention des accidents). 7. Arrt du Gouvernement de la Communaut franaise du 23 juin 2011 relatif la formation qualifiante danimateur et de coordinateur en cole de devoirs et aux quivalences aux brevets danimateur et de coordinateur en cole de devoirs (paru au Moniteur Belge du 8 aot 2011) Concernant la formation danimateur en cole de devoirs, larticle 2 de larrt stipule : la formation en vue de lobtention du brevet danimateur en cole de devoirs compte 225 heures minimum dont 125 heures de formation thorique et 100 heures de stage pratique. Le parcours de formation comporte : 1. une formation spcifique aux coles de devoirs qui comprend : a) un module de base comptant pour un total de 70 heures minimum de formation thorique, dont minimum 20 heures doivent tre prestes avant le stage pratique ; b) un stage pratique de 100 heures minimum, en cole de devoirs ;

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c) un module dapprofondissement de 5 heures minimum avant lvaluation de fin de parcours ; 2. des modules thmatiques dont la dure totale est au minimum de 50 heures. La formation spcifique est dune dure de 6 mois minimum 3 ans. (article 3, 1er) Le stage pratique se ralise dans une cole de devoirs reconnue par la Communaut franaise. Il compte 60 heures minimum danimation denfants ou de jeunes et 20 heures minimum comprenant une rflexion pdagogique, une analyse de cas ou une rflexion autour du projet pdagogique en dehors de lanimation. (article 3, 3) Les contenus des modules thmatiques comprennent au minimum (article 6) : - la dynamique des groupes ; - la gestion de conflits ; - les premiers secours ; - les techniques danimations ; - des lments de psychologie de lenfant et de ladolescent ; - lanalyse, la construction et la gestion dun projet danimation ; - la prvention, la scurit, lhygine, la sant ; - des notions de communication ; - la gestion et lamnagement de lespace-temps en lien avec la gestion des groupes et des activits. Les contenus du module de base comprennent au minimum (article 7) : - la pdagogie et la mthodologie en coles de devoirs ; - la dontologie et la fonction danimateur ; - la communication avec les partenaires ; - le bien-tre et les droits de lenfant ; - le code de qualit de laccueil ; - lvaluation formative et continue ; - un travail de rflexion personnelle ; - lvaluation par le participant et les formateurs du parcours individuel de formation. Les contenus du module dapprofondissement comprennent au minimum une rflexion autour du changement des pratiques qui confronte les acquis de la formation, lexprience pratique et le cadre institutionnel. (article 8) Concernant la formation de coordinateur en coles de devoirs, larticle 15 stipule : la formation en vue de lobtention du brevet de coordinateur en cole de devoirs est constitue dun parcours de 275 heures minimum dont 125 heures de formation thorique, 100 heures de stage pratique et 50 heures dexprience utile danimation. Le parcours de formation de coordinateur en cole de devoirs comporte : 1. une formation spcifique aux coles de devoirs qui comprend : a) un module de base comptant pour un total de 70 heures minimum de formation thorique, dont 20 heures minimum doivent tre accomplies avant le stage pratique ; b) un stage pratique de 100 heures minimum, en cole de devoirs reconnue, dont minimum 50 heures doivent tre prestes avant le module dapprofondissement ; c) un module dapprofondissement de 5 heures minimum avant lvaluation de fin de parcours ;

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2. des modules thmatiques dont la dure totale est de minimum 50 heures ; 3. lexprience utile. Le stage pratique se ralise dans une cole de devoirs reconnue par la Communaut franaise. Il compte (article 16, 2) : 1. 40 heures minimum avec lquipe danimation, comprenant la prparation, la ralisation et lvaluation des animations ainsi quune rflexion sur le projet pdagogique et sa mise en uvre ; 2. 10 heures minimum de contact avec les parents ou la personne qui confie lenfant ; 3. 20 heures minimum dans les tches administratives, de gestion et de reprsentation de lcole de devoirs. Les contenus des modules thmatiques comprennent au minimum (article 19) : - la prvention et la gestion des conflits ; - la conduite de runions, la dtermination dobjectifs, des techniques danimation et dvaluation ; - lorganisation, llaboration, la mise en uvre et lvaluation de projets ; - la gestion du personnel employ et volontaire. Les contenus du module de base comprennent au minimum (article 20) : - la gestion dune quipe ; - lenvironnement ; - la dontologie et la fonction de coordinateur ; - le code de qualit de laccueil ; - la pdagogie et la mthodologie en cole de devoirs ; - lvaluation formative et continue ; - un travail de rflexion personnelle ; - lvaluation par le participant et les formateurs du parcours individuel de formation ; - lapproche socioculturelle de lanimation en cole de devoirs. Les contenus du module dapprofondissement comprennent au minimum une rflexion autour des pratiques qui interroge et interpelle les acquis de la formation, lexprience pratique et le cadre institutionnel. (article 21) Tout brevet danimateur ou de coordinateur en cole de devoirs doit faire lobjet dune demande dhomologation par un organisme de formation habilit auprs du Service Jeunesse. (article 28) Les demandes relatives un titre dlivr par un organisme de formation avant lentre en vigueur du prsent arrt font lobjet dune quivalence si la formation rpond aux conditions suivantes (article 36, 1er) : - les objectifs et les contenus doivent correspondre aux articles 6 et 7 ou aux articles 19 et 20 selon lquivalence vise ; - la dure de formation thorique doit avoir t de minimum 70 heures.

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CHAPITRE VI : LES COURS PARTICULIERS 1. Dfinition


Nous assistons, depuis quelques annes, lexplosion, plus qu la simple mergence, dun phnomne nouveau : la pratique du cours particulier. Un phnomne bien mis en lumire par Philippe Marhic : Jusqualors rserv la haute bourgeoisie, dans la ligne des prcepteurs du XIXe sicle, la pratique du cours particulier se gnralise rapidement. Mme les familles les plus modestes font dsormais appel des enseignants en dehors des horaires scolaires afin daider leurs enfants. Plus que de pallier dventuelles carences du systme ducatif, il sagit dune demande de performance qui, bien souvent, recouvre une autre demande que les familles nont pas identifie et quil faudra faire merger. Pour lauteur, cette explosion des cours particuliers est facilite par la conjoncture conomique difficile de ces dernires annes : Face la crise de lemploi dans un contexte de mondialisation des systmes conomiques et de mcanisation des technologies, face la pauprisation des tranches moyennes de la population (lancienne petite bourgeoisie) et la monte du chmage des jeunes, les parents prouvent de plus en plus dangoisse pour lavenir de leurs enfants. Notre socit subit indniablement une mutation extrmement rapide, abandonnant les anciens modles sociaux sans vraiment savoir par quoi les remplacer. Il en rsulterait une perte de confiance dans les capacits du seul systme ducatif assurer un avenir la jeunesse. Laccroissement exponentiel des ventes douvrages scolaires des particuliers qui assurent eux-mmes le dveloppement culturel de leurs enfants aprs les heures de classe le prouve suffisamment. Aprs les associations de quartier, puis les administrations territoriales, les organismes privs ont galement compris quil y avait l une demande pressante et donc un march saisir. On voit ainsi fleurir toutes sortes dorganismes offrant soutien scolaire domicile et cours collectifs durant les vacances scolaires. Attention : il ne sagit en aucun cas dune concurrence envers le systme dducation national, mais bien plutt dun complment de formation, dune autre manire daborder les apprentissages. 69 Or, si les cours particuliers ont toujours exist en noir , on assiste aujourdhui leur explosion et au dveloppement de socits commerciales qui ont bien compris le potentiel exploiter. Les petites annonces fleurissent partout, dans les boulangeries, la sortie des coles sans compter la publicit faite par les grandes botes spcialises que lon dnombre de plus en plus sur Internet. Souvent, les slogans attisent le sentiment de peur et de culpabilit des parents. 70 Dans un climat de comptition, les parents sont pousss mettre en uvre des stratgies scolaires. Plus lcole fonctionne comme un march, mettant en concurrence, face des clients que lon sarrache, des tablissements impitoyablement classs sur une chelle hirarchique, des tablissements d excellence aux tablissements dpotoirs ou ghettos, plus la tendance user de larme des cours particuliers dans cette course simpose. 71 En Belgique aussi, lanxit des parents et les failles du systme scolaire ont gnr une demande importante de cours particuliers. Le march des cours particuliers dpasserait ainsi 300 millions deuros. Mais le poids rel du soutien scolaire se rvle difficile valuer. Sa principale composante, les cours domicile, reste dissimule au fisc hauteur de 85%, voire 90%.72 Principale embche : les socits actives sur ce crneau ne peuvent pas capitaliser, chez nous, sur la dductibilit fiscale qui existe en France. Le secteur reste donc encore balbutiant et extrmement morcel, mme si un dbut de structuration se manifeste. 73 Aucun cadre lgal nexiste en Belgique. En France, une mesure fiscale autorise les contribuables dduire de leurs impts la moiti des
69 70 71 72 73 MARHIC Philippe, Lenseignement individuel - Une alternative lchec scolaire, pp. 13-14. SIMONATO Alain, op. cit., p. 43. GLASMAN Dominique et BESSON Leslie, op. cit., p. 79. Le business des cours particuliers, in Le Soir, 26 mai 2011. Le secteur du soutien scolaire aiguise les apptits, in Trends Tendances, 10 avril 2008.

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sommes consacres la rmunration brute dun salari domicile, que ce soit pour du mnage, des gardes denfants, ou du soutien scolaire. Comme le font remarquer les responsables de lenseignement, le risque de laisser, voire dencourager par des avantages fiscaux, le dveloppement de socits commerciales de cours particuliers est daller vers la privatisation de lenseignement et une dualisation sociale accrue dans laccs la remdiation. Le risque est encore une dvalorisation de lenseignement et de ses enseignants. () Si lon peut comprendre que face lchec scolaire, des parents recourent des cours particuliers, le dveloppement de socits commerciales qui pourraient tre aides par des avantages fiscaux est inquitant et en contradiction avec un enseignement qui se prvaut doffrir les mmes chances de russite pour tous. 74

2. Fonctionnement
Le soutien est vendu comme tant prest par des professionnels. Les formes de soutien sont tant individuelles que collectives. Le soutien scolaire peut sgrainer sur lanne scolaire ou sous forme de stages intensifs. Des plus ou moins spcialistes (la professionnalisation nest pas toujours assure) dans laccompagnement du mieux-tre scolaire et de la lutte contre lchec scolaire proposent leurs services, tels : - motivation, gestion du stress, confiance et estime de soi ; - cours privs par discipline (avec des formules dabonnement annuel individuels ou collectifs) ; - conseils dorientation, bilans de comptences trimestriels prventifs ; - plan de motivation, coaching scolaire ; - stage intensif de prrentre, prparation la rentre dans les tudes suprieures ; - soutien mthodologique aux tudes suprieures ; - relecture de travaux scolaires, etc. 75 Gnralement, lentreprise de cours privs demande une cotisation annuelle par famille (75 euros chez Educadomo), puis vend des heures de cours sous forme de chques. Les familles sengagent en outre pour un certain volume dheures, qui sont factures entre 15 et 50 euros selon les socits, le nombre dheures de cours demand et le niveau dtudes de ltudiant. Les professeurs, ou les coaches, comme prfrent les appeler certains, travaillent presque toujours titre dindpendant complmentaire, et sont pays 10 13 euros de lheure chez Educadomo, 12,50 17 euros chez My Sherpa, 15 euros chez ReussitSchool et jusqu 25 euros chez Cogito. Il sagit souvent dtudiants universitaires, parfois en agrgation ou en doctorat. Quelques entreprises ont davantage recours aux enseignants, encore en activit ou pensionns. Sur le march noir, o certains profs donnent parfois des cours de rattrapage leurs propres lves, lheure se facturerait en gnral entre 15 et 40 euros. Ce qui incite certains profs se mettre daccord avec les parents pour continuer en dehors de toute structure. Une dperdition dactivit qui nempche pas les socits actives dans ce crneau de tabler sur de belles croissances dans les annes venir. 76 Si le cours se monnaie jusqu 50 euros de lheure, presque toutes les officines prives misent galement sur les ateliers de mthodologie pour apprendre apprendre , obligeant leurs clients acheter des forfaits. Rappelons tout de mme que les cours particuliers nexisteraient pas si les exigences scolaires, telles quelles sont vcues aujourdhui par les lves des diffrentes catgories sociales, ne conduisaient pas ces derniers y avoir recours. Les cours particuliers sadaptent, collent lattente scolaire, ce nest pas exactement un espace denseignement, ce nest pas le lieu de lacquisition de la culture. Sils
74 HOUSSONLOGE Dominique, Les cours particuliers : complment ou concurrence lcole ?, p. 6. 75 Remdier - Une mission de lcole, pas un march, analyse de la Ligue des familles 76 Le secteur du soutien scolaire aiguise les apptits, in Trends Tendances.

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remportent le succs que lon a vu (), cest vraisemblablement parce quils se prsentent et se veulent les complments (indispensables) de lcole. () En mme temps, parce quils jouent ce rle de complment de lcole, ils contribuent aussi prsenter bien des gards une sorte de contremodle. Celui-ci nen vient pas () faire des cours particuliers, et spcialement des entreprises qui sy consacrent, des concurrents stricts de lcole. Mais ils soulignent, par leur existence dabord, par leur mode de fonctionnement dautre part, par linsistance enfin quils donnent tel ou tel aspect, ce que lcole ne fait pas, ou pas assez, ou pas de manire satisfaisante. 77

3. Les demandes
Les pics de demandes se situent souvent au moment des bulletins, ou lapproche des passages dcisifs (entre en primaire, entre dans le suprieur, examens dentre). () on trouve, dans la clientle des entreprises ou des professeurs qui donnent des cours particuliers, des lves qui attendent de ces cours une aide pour un rattrapage ou pour combler des lacunes, dautres qui veulent garantir leur maintien dans une classe ou un tablissement auquel ils ont accd avec peine et dont ils savent quils pourraient tre refouls si les rsultats ne suivent pas, dautres enfin qui cherchent, par les cours particuliers, se mettre en meilleure position possible pour ngocier les orientations slectives, passer les concours, accder aux filires numerus clausus, etc. Il y a donc bien plusieurs types de consommateurs de cours particuliers, qui ne sont pas la poursuite des mmes objectifs. Cest cette aune que lapprciation des effets prend tout son sens. 78 On distingue trois cas de remdiation : le soutien, la mise niveau et le cours. Le soutien reprend gnralement la mthode de lenseignant scolaire tandis que la mise niveau ne concerne que des situations ponctuelles, souvent de lordre du quiproquo pour llve qui a mal interprt les propos de son enseignant. Le cours, lui, sattache au problme plus profond du fonctionnement cognitif de llve et propose de nouvelles situations, de nouvelles entres possibles dans un savoir donn, une plus grande varit dapproches. Il se doit de sortir llve dune situation dchec rptitive dans laquelle le simple soutien lenferre le plus souvent. 79 Fort heureusement, la demande de parents de cours particuliers pour les maternelles reste exceptionnelle. Avec de tout jeunes enfants, le travail scolaire consiste effectuer une prparation lentre en primaire. Les primaires constituent la plus grande source de demande de cours, juste avant les lves du 1er degr du secondaire. Avec lentre dans les apprentissages, les problmes sont divers : adaptation au systme socio-ducatif, dveloppement cognitif (comprhension, mmorisation, motivation), dveloppement de relations sociales nouvelles avec les camarades, acceptation de ses comptences et limites, dcouverte de troubles de lapprentissage, etc. Pour les lves du 1er degr du secondaire, il est ncessaire de les habituer la rflexion individuelle, au travail en autonomie, lapprofondissement des notions, au dveloppement de valeurs fondamentales tel leffort, lanticipation, au travail en quipe, au respect des rgles du fonctionnement scolaire. Censs tre autonomes et capables de matriser les outils de base, les lves du 2e degr du secondaire doivent dvelopper leur rflexion propre. Il sagit ds lors de leur proposer plus de cours thoriques sur des notions complexes avec de nombreux exercices dapplication pour ancrer les notions et rendre les pratiques aises, voire automatiques. Concernant la frquentation des cours particuliers, les chiffres varient fortement selon que lon soit dans une grande ville ou dans une zone rurale. Les variations sont galement fortes dune filire lautre. Les variations distinguent galement les sexes : les filles sont un peu plus preneuses de cours que les garons ; elles concernent aussi les catgories sociales : les enfants de cadres suprieurs et professions librales, ainsi que les enfants de patrons de lindustrie et du commerce, ont peu prs deux fois plus de
77 GLASMAN Dominique et BESSON Leslie, op. cit., p. 84. 78 Idem, pp. 69-70. 79 MARHIC Philippe, op. cit., pp. 62-63.

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chances de prendre des cours que les enfants douvriers, mais ces derniers ne sont pas absents de cette pratique ; enfin, les lves appartenant des milieux dots dun fort capital culturel scolaire tendent prendre plus de cours que les lves issus de milieux peu diplms. Par ailleurs, et de manire peut-tre contre-intuitive, pour toute une partie des lves qui prennent des cours particuliers, celle-ci vient sajouter laide dj substantielle quils reoivent la maison : cest le cas dans les familles de cadres suprieurs et les familles dont les parents sont titulaires des diplmes les plus levs, dont les enfants bnficient ainsi dun appui sans relche ; en revanche, il y a une tendance la substitution des cours particuliers laide parentale quand les parents sont patrons de lindustrie et du commerce, ou sont faiblement diplms. 80 Dans les catgories aises, la stratgie de lexcellence consiste prendre des cours particuliers dans les disciplines o lon obtient dj ses meilleurs rsultats. Cest le maintien des dominants dans les positions dominantes. Idalement, les cours particuliers ne devraient tre exclusivement que du ressort dun enseignant chevronn (dans certaines entreprises de cours particuliers, ce sont des tudiants qui aident les lves en difficult). Il va en effet lui falloir mobiliser toute son exprience pour dpister lui-mme les difficults structurelles rencontres par son lve et lui proposer des solutions performantes, adaptes sa situation particulire, avec une mthodologie de travail rigoureuse. 81 La relation entre llve et lenseignant durant un cours particulier suppose non plus de satisfaire les besoins du plus grand nombre, mais une adaptation individualise de chaque instant pour lenseignant. A la diffrence de lenseignement en classe, le cours particulier donne llve le sentiment quil nest pas abandonn lui-mme. Dautre part, le cours particulier est un espace et un temps dans lequel llve a droit lerreur, lhsitation

4. Le rapport de la Commission europenne : un bilan mitig des cours particuliers


Selon un rapport publi par la Commission europenne en 201182, plus de 50% des lves de certains pays de lUnion europenne prennent des cours particuliers. Les parents dpensent ainsi plusieurs milliards deuros par an pour complter lducation de leurs enfants. Ltendue et lintensit croissantes du soutien scolaire priv au sein de lUnion europenne caractrisent un phnomne qui a des implications conomiques, sociales et ducatives profondes, dautant plus fortes dans le domaine de lquit, du travail des coles publiques et de la vie des enfants et des familles, et qui est rvlateur de la nature de lenseignement de lcole publique. Les restrictions budgtaires ont galement rduit la possibilit de recevoir un soutien scolaire individuel au sein des tablissements scolaires. Ce soutien scolaire supplmentaire est largement qualifi dducation de lombre . Cette mtaphore est utilise parce que ce soutien imite le systme scolaire habituel. Si un nouveau cursus ou un nouveau mode dvaluation sont introduits dans linstruction officielle, ceux-ci apparaissent rapidement dans lombre . Et si le mouvement sintensifie officiellement, il le fait aussi dans lombre Le soutien scolaire priv ne sest pas dvelopp de la mme manire dans tous les Etats membres de lUnion. Les cours particuliers sont largement rpandus dans les pays dEurope mridionale, tels que la Grce (dpenses estimes plus de 950 millions deuros par an, ce qui correspond 20% des dpenses publiques consacres lenseignement primaire et secondaire), lEspagne (450 millions deuros), lItalie (420 millions deuros) et Chypre (111 millions deuros), mais sont beaucoup moins populaires dans les Etats membres nordiques, tels que la Sude, la Norvge, le Danemark et la Finlande, o les tablissements scolaires semblent largement rpondre aux attentes.
80 GLASMAN Dominique et BESSON Leslie, op. cit., p. 55. 81 MARHIC Philippe, op. cit., p. 62. 82 The challenge of shadow education - Private tutoring and its implications for policy makers in the European Union.

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Les familles des pays dEurope du Nord font trs peu appel au soutien scolaire priv. Ceci parce que, ds lcole lmentaire, lindividualisation et les mcanismes de soutien aux lves les plus faibles dans une discipline ou une autre sont intgrs lcole publique. De plus, les familles manifestent une grande confiance dans leurs systmes ducatifs et les enseignants jouissent dun prestige que leurs homologues du reste de lEurope peuvent leur envier. Les pays du Sud et de lEst de lEurope sont les plus gros consommateurs de soutien scolaire priv, et ce pour des raisons diffrentes. Dans les pays du Sud de lEurope, les familles nont pas confiance dans leurs systmes ducatifs et les coupes budgtaires auxquelles sont confronts les gouvernements du Portugal, de lEspagne, de la Grce, vont encore accentuer le phnomne, puisque les mesures ne touchant quune minorit dlves en difficults risquent fort de disparatre. Dans les pays dEurope orientale, la baisse du pouvoir dachat des enseignants, aprs leffondrement du bloc sovitique, constitue un facteur clef du dveloppement du soutien scolaire dans les annes 1990. En Roumanie, par exemple, on estime les dpenses 300 millions deuros par an. Ltendue du soutien scolaire a augment en France (2,2 milliards deuros par an et, daprs les estimations, en augmentation de 10% par an), en Allemagne (jusqu 1,5 milliard deuros) et en Autriche (126 millions deuros). On constate galement une hausse considrable au Royaume-Uni et en Belgique. Dans cette partie de lEurope, cest latmosphre gnrale de comptition qui justifie le recours au soutien priv, charg de consolider et mme damliorer la position dj fort privilgie des lves appartenant des familles nanties au niveau social, conomique et culturel. En Autriche, on estime 20% les parents qui paient des cours supplmentaires leurs enfants. En Lituanie, 62% des tudiants universitaires sonds avaient reu du soutien scolaire durant la dernire anne de leurs tudes secondaires. En Slovaquie, un sondage parallle indique que 56% des tudiants avaient reu un soutien priv. Au Portugal, 55% des candidats aux examens dadmission luniversit nationale avaient reu du soutien. Au Royaume-Uni, environ 12% des lves du primaire et 8% des lves du secondaire reoivent du soutien. La demande de cours particuliers privs provient en effet essentiellement de bons lves et est alimente par la pression que subissent les jeunes de russir aux examens, ainsi que par la comptition sociale . Le rapport signale que les cours particuliers refltent - et exacerbent - les ingalits sociales. En effet, selon le rapport, les cours particuliers sont bien moins destins aider des lves qui ont rellement besoin de soutien qu maintenir les avantages concurrentiels de ceux qui sont dj performants et privilgis. En France et en Belgique, une heure de cours priv peut tre facture plus de 30 euros de lheure. En France, dans les lyces parisiens les plus prestigieux, 75% des lves bnficieraient de soutien aprs les cours ! Tout en soulignant les consquences sociales de cette ducation de lombre, le rapport montre que le soutien scolaire priv est aussi devenu une force conomique, avec la cration de vritables entreprises travaillant lchelle locale, nationale ou internationale. Le soutien scolaire est une industrie cratrice demplois et pour de nombreux enseignants du public une source additionnelle de revenu , a soulign Jan Truszczynski (directeur gnral de la DG Education et Culture de la Commission europenne). Cest sans doute une des raisons pour lesquelles gouvernements comme organisations syndicales prfrent viter le sujet. 83 Le soutien scolaire est en effet pourvoyeur demplois, tant pour les tudiants et pour les enseignants qui veulent complter leurs revenus, que pour les entrepreneurs en mal de crneau porteur. Les entreprises spcialises dans le soutien scolaire sont florissantes. Certaines deviennent de vritables multinationales et la plupart ont dj une dimension nationale. Le soutien scolaire est une activit mene dune manire informelle, qui est rarement dclare et chappe au contrle de ladministration fiscale. Certains gouvernements de lUnion europenne octroient des allgements fiscaux aux familles qui investissent dans le soutien scolaire ; la plupart des familles qui bnficient de ces allgements sont relativement aises.
83 LUE sinquite de lessor des cours particuliers, in Le Nouvel Observateur, 6 juin 2011.

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Certains Etats membres ont des lacunes importantes dans leur rglementation, dautres ont des rglementations ambigus et dautres encore ont des rglementations claires qui ne sont pas rigoureusement appliques. De nombreux dcideurs politiques et planificateurs prfrent viter les dcisions difficiles en ignorant le phnomne et en labandonnant aux forces du march. Par ailleurs, le rapport suggre que les cours particuliers peuvent restreindre le temps de loisir des enfants dune manire qui nest pas souhaitable, ni sur le plan psychologique ni sur le plan ducatif. Dans certains cas, il peut galement tre peru comme une forme de corruption qui branle la confiance sociale. Le soutien scolaire priv peut aussi avoir une influence ngative sur lenseignement officiel. Les approches pdagogiques diffrentes des professeurs de lenseignement officiel et des professeurs particuliers peuvent drouter les lves. Le rapport dclare aussi que le soutien scolaire napporte plutt pas de valeur ajoute aux rsultats des lves. () le gain sur les rsultats des lves est trs faible, voire nul, sauf dans le cas de dispositifs de soutien trs structurs et intensifs, de lordre de 5 heures par semaine pendant la totalit de lanne scolaire. On comprend surtout que le soutien scolaire nest pas une recette miracle : Comme pour toutes les autres formes dducation, son efficacit dpend du pass des lves, de leurs attitudes et de leurs motivations, des savoir-faire des tuteurs et de larticulation avec les approches pdagogiques des enseignants de lenseignement public. [p. 51 du rapport] Ce qui conduit penser que le soutien scolaire ne renforce pas vraiment les ingalits devant lducation : les meilleurs lves restent les meilleurs, avec ou sans soutien. Sil a un effet positif, cest au niveau des familles qui, en payant (de 15 30 euros de lheure de cours priv en moyenne), ont le sentiment de faire quelque chose pour leurs enfants, de participer davantage la construction du projet quelles ont pour eux. 84

5. Les entreprises vocation commerciale qui dispensent des cours privs


Nous lavons rpt plusieurs fois dans cette tude : les cours privs sont un march florissant. De nombreuses entreprises spcialises dans cette ducation de lombre ont vu le jour et possdent leur vitrine sur Internet. Les sites sont souvent conviviaux et les rvisions sont accompagnes dun carnet de bord qui permet de suivre les progrs de llve. Llve peut y suivre des cours soit horaires rguliers, soit en stages intensifs (gnralement organiss en petit groupe de 4 8 lves). Les cours sont donns soit par des enseignants chevronns, soit par des tudiants. Les agences les plus srieuses vrifient les diplmes des professeurs. Voici, titre dexemples, quelques sites qui offrent du soutien scolaire

Educadomo
Cest lune des plus grosses botes de cours particuliers en Belgique lattention des lves du primaire, du secondaire et du suprieur. Elle propose quatre formules cls pour apprendre : - la prparation aux examens : rvision analytique du contenu du cours ; prparation intensive dans tous les domaines ncessaires ; - les cours de rattrapage/les cours de progression : accompagnement rgulier dans une ou plusieurs matires slectionnes ; remise niveau ou amlioration des rsultats acquis avec explications et exercices ; - lapprentissage dune mthode de travail : planification de lensemble du travail scolaire ; gestion du journal de classe et des notes de cours ; organisation et travail efficace ;
84 La monte en puissance du soutien scolaire en Europe menace-t-elle lgalit daccs lducation ?

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- laide aux devoirs/travail scolaire : soutien aux travaux scolaires, devoirs et leons ; apprentissage de la mthodologie et de la planification de lensemble de son travail scolaire ; approfondissement de certaines matires. Site Internet : www.educadomo.be

Cogito
Leader du seteur, cette entreprise propose des cours pour les lves du secondaire, et de la mthodologie et du soutien au blocus pour les tudiants du suprieur. Site Internet : http ://fr.cogitobelgium.com

Admitis
Cours particuliers pour les lves du primaire et du secondaire. Le site propose un espace personnel en ligne qui permet de suivre lvolution du soutien, de communiquer avec lenseignant Site Internet : www.admitis.be

My Sherpa
Cours particuliers pour les jeunes du secondaire et du suprieur donns par des jeunes. Coaching, mthodes de travail Site Internet : www.mysherpa.be

ReussitSchool
Cours particuliers pour les lves du primaire et du secondaire. Le site propose aussi des ateliers mthode de travail et des stages durant les vacances. ReussitSchool, plus centr sur Bruxelles, se targue aussi doffrir des accompagnements adapts aux diffrents systmes denseignement (le libre et lofficiel, mais aussi le Lyce franais ou lEcole europenne). Site Internet : www.reussitschool.be

Eduloisirs
Cette asbl propose des cours de rattrapage, de soutien et de renforcement pour des lves du secondaire en franais, mathmatiques et nerlandais sur Bruxelles. Site Internet : www.eduloisirs.be

www.prof-contact.com
Sur ce site, sont rpertories une multitude dannonces de cours particuliers et de soutien scolaire en Belgique. Ces annonces concernent pas moins de 152 matires rparties dans les rubriques suivantes : aide aux devoirs, sciences, littrature, sciences humaines, informatique, techniques, langues, conomie, droit, musique, dveloppement personnel, sports et loisirs. Site Internet : www.prof-contact.com

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DEUXIEME PARTIE :

APPROCHE PRATIQUE

INTRODUCTION
Les donnes de notre tude ont t recueillies dans le cadre dentretiens semis directifs auprs de responsables institutionnels en lien avec les coles de devoirs, des membres du personnel de plusieurs coles de devoirs, ainsi que de responsables de socits prives de cours particuliers. Notre travail sest donn comme objectif de faire merger les observations et les reprsentations que le personnel des EDD a sur son travail. Nous avons en particulier tent de recueillir des indications sur le vcu rel de ces personnels dans leur fonction. Nous assumons donc pleinement la subjectivit des points de vue qui sexpriment. Au sein des coles de devoirs, les entretiens ont t mens sur la base dun questionnaire et de manire soit individuelle, soit collective. Le questionnaire portait sur diffrents thmes : - le parcours professionnel ; - les conditions de travail ; - les aspects relationnels : nous avons engag le personnel des EDD sexprimer sur ses relations avec les diverses composantes du secteur (directions dtablissements scolaires, enseignants, enfants et adolescents, parents, collgues, partenaires extrieurs) ; - laccrochage scolaire ; - le soutien scolaire via les socits prives de cours particuliers Nous proposons donc, dans cette approche pratique de ltude, de rassembler les diffrents tmoignages et leur analyse dans les sous-rubriques suivantes : - les EDD : leurs missions et leurs particularits ; - le public des EDD ; - les rapports avec les diffrents partenaires ; - le dcret de 2004 ; - la formation et lquipe ; - les moyens ; - laide aux devoirs et les activits psychopdagogiques ; - les cours particuliers ; - laccrochage scolaire et lchec du systme scolaire.

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ANALYSE ET TEMOIGNAGES
Notre tude est une recherche essentiellement qualitative, vise comprhensive. Avec les acteurs concerns, nous avons men des entretiens semi-directifs, collectifs ou individuels, accordant une large place lexpression des reprsentations et des valeurs. Pour notre tude, nous avons recueilli les tmoignages de : - Jean-Marc NOLLET, ministre de lEnfance de la Communaut franaise ; - Evelyne HUYTEBROECK, ministre de la Jeunesse de la Communaut franaise ; - Bernard DE VOS, Dlgu gnral aux droits de lenfant ; - Annick COGNAUX, responsable du service Ecoles de Devoirs lONE ; - Stphanie DEMOULIN, charge de la coordination gnrale de la FFEDD et Kristel BRUSADELLI, charge de communication la FFEDD ; - Vronique MARISSAL, coordinatrice de la CEDD de Bruxelles. Nous nous sommes galement rendus dans plusieurs coles de devoirs o nous avons interrog une partie du personnel (et dans lune dentre elles quelques enfants) : - Les Amis de lEtincelle, Anderlecht ; - Les Ateliers du Soleil, Bruxelles ; - Les Cracks en tout, Namur ; - Gaffi asbl, Schaerbeek ; - TaAwun, Wavre. Enfin, nous avons aussi rencontr des membres du personnel de deux socits prives de cours particuliers : - Cline DOUMIER, conseillre pdagogique chez Educadomo ; - Drieu GODEFRIDI, administrateur de Cogito.

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1. Prsentation des coles de devoirs et des socits prives de cours particuliers


a) Gaffi (Schaerbeek) N en 1978, le GAFFI signifie groupe danimation et de formation pour femmes immigres. Selon ses propres termes, le GAFFI entend promouvoir lautonomie et la responsabilit des personnes de diffrentes cultures... . A lorigine, il sagit donc dun accueil pour les adultes, avec des cours dalphabtisation, des rencontres avec les familles Mais rapidement, un secteur extrascolaire a aussi vu le jour. Aujourdhui, lcole de devoirs accueille prs de 60 enfants de 6 12 ans, habitant le quartier et frquentant les coles proches (20 enfants environ sont actuellement sur liste dattente). Linscription est de 40 euros par an et par enfant, mais des drogations sont possibles. En outre, la participation aux activits cote 20 euros par an, mais l encore, la flexibilit est de mise en fonction des critres socio-conomiques des parents. Tous les jours, les enfants ont dabord une petite demi-heure despace-temps libre pour jouer, souffler, se reposer Les lundis, mardis et jeudis, ils font ensuite leurs devoirs pendant une bonne heure. Entre 17h et 18h, certains dentre eux profitent encore de lespace-temps libre. Quant aux mercredis aprsmidi et vendredis soirs, ils sont utiliss pour les ateliers : sports, contes, nature, crations, arts urbains Les enfants choisissent leurs activits lors de linscription. Lquipe, mixte et multiculturelle, se compose de 5 animateurs (4 mi-temps et un en 4/5e). Chaque animateur soccupe dune dizaine denfants, rpartis par niveaux. Ceci permet aux animateurs de bien suivre les enfants, de comprendre leurs difficults, de mieux les connatre. Site Internet : http ://www.gaffi.be/ b) Les Amis de lEtincelle (Anderlecht) Lcole Etincelle, situe ct de lEDD, est un tablissement spcialis qui accueille des enfants de types 1 et 8. Les enfants taient trs peu suivis dans leur scolarit par leurs parents, le PO (libre confessionnel) a donc dcid de crer lEDD Les Amis de lEtincelle , qui est ne en 1984. Pour tre reconnue, lEDD sest ouverte aux enfants du quartier : 1/3 des enfants de lEDD viennent du quartier, la moiti de lcole Etincelle. Les Amis de lEtincelle accueille surtout des enfants de la 1re la 6e primaire. Elle est ouverte tous les jours - ce qui est rare pour une EDD ! - de 15h15 18h. Le mercredi aprs-midi, lEDD est galement ouverte aux lves du secondaire infrieur. Les heures douverture du mercredi aprs-midi sont de 12h40 18h. Pour les primaires, laide aux devoirs a lieu jusque 14h et les animations de 14 18h ; pour les secondaires, laide aux devoirs dure toute laprs-midi. Pendant les vacances scolaires, lEDD est ouverte tous les jours de 10 12h pour le rattrapage scolaire, et de 13 18h pour les animations. De manire gnrale, lenfant qui a fini ses devoirs peut aller jouer, participer des animations En tout, lEDD accueille environ 75 enfants dge primaire et 10 enfants dge secondaire. Lquipe se compose de 7 personnes engages (4 groupes dEDD ; 1 volante ; 2 animatrices). La coordinatrice a une formation initiale danimatrice A1, mais les autres membres du personnel ont une formation dassistante sociale, dinstitutrice et 4 sont animateurs (trices). Lquipe est gnralement soutenue par 4 bnvoles qui changent relativement souvent. La participation lEDD slve 35 euros par an, activits et vacances comprises. Les Amis de lEtincelle organise aussi une permanence sociale qui propose un accompagnement dans des dmarches administratives et sociales (logement, mutuelle, angoisse par rapport lenseignement). Parfois, les parents sont aids pour trouver un emploi.

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Enfin, lEDD propose un cours dalphabtisation qui est donn le midi pour les femmes et le soir pour les hommes. Contact : Les Amis de ltincelle, Rue des vtrinaires 11, 1070 Bruxelles - Tl : 02/522.64.01 c) Les Ateliers du Soleil (Bruxelles) Depuis leur fondation en 1974, les Ateliers du Soleil ( lorigine sous le nom d info trk ) font partie de plusieurs initiatives interculturelles qui luttent contre le racisme et la xnophobie et dfendent les droits des citoyens dorigine trangre. Ainsi, rappelle lassociation sur son site Internet, elle tait parmi les premires associations ayant lanc la campagne Objectif 82 pour la reconnaissance des droits de vote et dligibilit des citoyens dorigine trangre. Elle mne, depuis les origines, un combat contre linjustice et lexclusion en Belgique, mais galement contre toute rpression sociale, politique, ethnique et philosophique rgnant dans les pays dorigine et contraignant des millions de personnes lexil. Tout en poursuivant son combat, lassociation prte son concours plusieurs actions socio-culturelles de la FGTB et de la CSCdestines aux travailleurs dorigine trangre. Situe dabord Anderlecht (1974-78), puis Etterbeek (1978-82), elle a tendu peu peu ses activits dans tous les domaines de laction socio-culturelle. Les premiers ateliers cratifs, un cours dalphabtisation, lcole de devoirs et la permanence sociale ont dbut en 1982 dans le quartier nord-est de Bruxelles-Ville. En deux ans, lassociation a d faire face une forte demande caractre ducatif et culturel provenant de populations dfavorises habitant le carrefour de quatre communes : Bruxelles-Ville, Saint-Josse, Schaerbeek et Etterbeek. Dsormais, lcole de devoirs accueille autant de garons que de filles et des enfants dorigines trs diffrentes. 55 enfants et jeunes y viennent quotidiennement et presque 80 enfants et jeunes sont inscrits. Linscription annuelle cote 60 euros pour le premier enfant de la famille, 30 euros pour le deuxime. Les lves du primaire arrivent entre 15h15 et 15h45, en fonction de la proximit de leur cole. Ils ont environ une demi-heure pour souffler, se dtendre, raconter leur journe, ventuellement les problmes quils ont rencontrs. A partir de 15h45/16h, ils commencent leurs devoirs pendant une heure environ (parfois plus, notamment dans le secondaire). Ensuite, ils participent diffrents ateliers : lecture, pdagogie sur informatique Entre 18h et 18h30, deux animateurs sont disponibles pour ceux qui ont besoin dune aide plus individuelle. Un animateur reste mme jusque 20h00. Site Internet : http ://www.ateliersdusoleil.be/ d) Les Cracks en tout (Namur) Lasbl Maison de la Solidarit - Restos du Cur de Namur regroupe diffrents services comme le restaurant, la boutique de droit, lEDD. Elle a t cre en 1991 par des bnvoles. En 1992, elle sest professionnalise avec les APE : lencadrement avait dsormais lieu temps plein. Cette anne, lEDD accueille 12 enfants de 6 13 ans, qui viennent quotidiennement (5 enfants sont sur liste dattente). La moiti de ces 12 enfants sont en retard dau moins un an et ils viennent presque tous de Bomel, un quartier populaire de Namur, longtemps dlaiss par les pouvoirs publics. Lorigine ethnique du public volue constamment, explique le coordinateur de lEDD, elle dpend en grande partie des flux migratoires, de la gopolitique : Kosovo, Albanie LEDD est ouverte de 15h30 17h tous les jours de la semaine, et partir de 13h le mercredi. Quand les enfants arrivent, un goter les attend, puis ils montrent aux animateurs leur journal de classe. Ils font leurs devoirs et une fois quils ont termin, des activits leur sont proposes. LEDD dispose de deux salles pour les devoirs, de 3 personnes qui travaillent mi-temps, dun bnvole et dune stagiaire (tudiante pour devenir ducatrice spcialise).

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Elle fonctionne grce lONE, les APE de la Rgion wallonne, le CPAS (sport et cultures et enfants dfavoriss), et ses fonds propres. Contact : Les Cracks-en-tout - Resto du Cur, rue dArquet 3/5, 5000 NAMUR Tl. : 081/22.53.23 - Email : [email protected] e) TaAwun (Wavre) Lcole de devoirs TaAwun a t cre en 1983, de faon informelle, suite larrive de Marocains, pris en charge par des pres de lInstitut Saint-Jean-Baptiste. A lpoque, les cours taient donns exclusivement par des bnvoles. Aujourdhui, lquipe se compose de 2 temps plein et de bnvoles. LEDD fonctionne en tout avec environ 30 personnes. Elle accueille 40 enfants de lenseignement primaire et du secondaire. Linscription lEDD cote 100 euros par an, qui comprennent laide aux devoirs pour quatre jours par semaine. Pour les stages, il faut compter 15 euros par semaine (multisport, ferme, citoyennet). LEDD est ouverte toute lanne et durant les congs scolaires : 1 semaine la Toussaint, 1 semaine Nol, 1 semaine Pques, 1 semaine dbut juillet et 1 semaine fin aot. Durant lanne, lEDD est ferme les mercredis, sauf une semaine sur deux durant laquelle a lieu un atelier contes dune heure avec les mamans, et dont lobjectif est dacqurir du vocabulaire, des habitudes de lecture et, au final, la frquentation des bibliothques. Les heures douverture en semaine sont de 15h30 17h30 pour les enfants du primaire. Pour les adolescents, ce sont les mardis et jeudis de 16h30 18h. Lasbl organise aussi un atelier mre-enfant pour les premires et deuximes annes. Site Internet : http ://www.taawun.be/ f) Educadomo Educadomo est une socit de cours particuliers qui a t cre Bruxelles, par des pres de famille qui cherchaient du soutien scolaire pour leurs enfants et qui nen trouvaient pas. Ils se sont aperus quil y avait l un vritable besoin auquel aucune rponse ntait apporte. Lentreprise sest ensuite dveloppe sur tout le territoire national. Educadomo propose un service de soutien scolaire domicile pour les lves du primaire, du secondaire et du suprieur. Les coachs ont au minimum une exprience de terrain, ils ont au moins un Bachelor et ont entre 22 et 25 ans. Ils sont rmunrs 10 euros de lheure. Nous travaillons avec eux parce quils sont jeunes et motivs. Nos lves font ainsi bien la diffrence entre leur coach et leurs profs ou leurs parents, ils gagnent en motivation, en concentration. Cette mthode fonctionne bien avec nos lves, mme si videmment, dautres faons de faire fonctionnent galement bien chez dautres prestataires. Selon Cline Doumier, conseillre pdagogique chez Educadomo, lentreprise propose un soutien scolaire mais sefforce de bien poser les limites de ses comptences. Si un lve a un niveau trs faible en franais par exemple, il lui est conseill de commencer par un bilan logopdique. Il peut galement tre redirig vers dautres organismes. La priorit est donc de cibler les lves avec lesquels Educadomo est en mesure de travailler. Ensuite nous leur proposons un suivi et une valuation de leurs rsultats Educadomo propose des sances de 1h, 1h30 ou 2h pour 27 euros de lheure (sans compter les frais de transport du coach). Des forfaits de 10 sances dune heure sont vendus (ou de trois sances dune heure pour les forfaits dcouverte), ils sont valables un an pour tous les membres de la famille : cette flexibilit permet aux familles dchelonner les cours comme ils le souhaitent . En outre, Educadomo est subsidi pour des projets dans certaines coles discrimination positive. Site Internet : http ://www.educadomo.be/fr

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g) Cogito Fonde en 2001, Cogito domine dsormais le march belge du soutien scolaire et universitaire. Contrairement Educadomo, qui propose du soutien scolaire domicile, Cogito a lanc le concept de ltude assiste . Concrtement, un groupe variable dlves est regroup dans une classe pour une tude intensivede 4 heures. Les formateurs sont l pour aider les lves, expliquer diffremment, corriger... Tous les formateurs du suprieur et responsables du secondaire sont des universitaires, souvent assistants universitaires, enseignants, doctorants, docteurs, etc. Ils sont forms par Cogito aux techniques de laccompagnement vers la russite scolaire et universitaire. Quant aux lves, 50% des lves viennent du secondaire, 50% du suprieur. Cogito propose en outre des services spcifiques, soit des stages rsidentiels, soit non rsidentiels. Ltude assiste a videmment un prix : pour le secondaire, une heure cote en moyenne 22 euros (pour le suprieur, cest 45 euros), mais Cogito propose des formules dtude assiste qui sont au minimum de 4 x 4 heures, et le plus souvent de 8 x 4 heures. Certes, ce sont des prix relativement levs, concde Drieu Godefridi, le directeur de Cogito, mais nos formateurs sont comptents (pour le secondaire au minimum bac + 3, pour le suprieur au minimum bac + 5), et nous les payons bien. Site Internet : http ://fr.cogitobelgium.com/

2. Les EDD : leurs missions et leurs particularits


Les coles de devoirs sont des services daccueil des enfants durant leur temps libre, aprs lcole et avant la famille. Ce sont des lieux daccueil de qualit qui, depuis leur origine, ont inscrit dans leurs missions le soutien scolaire pour les enfants. Cest ce qui fait leur spcificit par rapport aux autres lieux daccueil des enfants durant leur temps libre. Il y a deux notions importantes souligner, le soutien scolaire, qui ne peut pas se rduire une tude surveille, et lenfant, qui ne peut pas se rduire un lve. Ds le dpart galement, laction des coles de devoirs est centre sur le plaisir et la ncessit dapprendre autrement en diversifiant les modes dapprentissage notamment. Ce qui ouvre le champ une srie dautres activits galement ncessaires dans le cadre du soutien scolaire, comme des activits culturelles, ludiques, citoyennes qui, toutes, peuvent tre un soutien aux apprentissages. (Jean-Marc Nollet, ministre de lEnfance de la Communaut franaise) Les EDD permettent tous ceux qui les frquentent dy trouver une attention sur le soutien scolaire, des animateurs suivant plus particulirement les devoirs. Plus globalement, cest une porte vers le monde quil soit culturel, social, des loisirs (Evelyne Huytebroeck, ministre de la Jeunesse de la Communaut franaise) Pour la plupart des acteurs impliqus dans le secteur et que nous avons rencontrs dans le cadre de cette tude, cest probablement cette ouverture sur le monde qui constitue le principal apport des EDD. Bien souvent, les enfants nont pas la chance de disposer dune telle ouverture la maison. La plupart des EDD sont donc dabord destines des milieux populaires, mais pas seulement : Il y a des populations dfavorises, dautres moins, cela dpend beaucoup des coles de devoirs. Beaucoup dentre elles sont toutefois implantes dans des cits. L, elles ne soccupent pas que du dcrochage scolaire, mais apprennent aussi le vivre-ensemble. (Stphanie Demoulin, coordinatrice gnrale de la FFEDD) De manire gnrale, les EDD sont des lieux daccueil qui permettent aux enfants de sortir de leur milieu de vie habituel. Au sein des coles de devoirs, les enfants trouvent un lieu accueillant o ils ont un espace pour faire leurs devoirs, encadrs par des animateurs qui les soutiennent et les accompagnent, mais cest aussi un lieu de dcouverte, de rencontre. Pour beaucoup denfants frquentant les coles de devoirs, cest une occasion unique de sortir du cadre familial ou scolaire. Enfin, les coles de devoirs jouent galement un rle de soutien la parentalit et de cohsion sociale dans le quartier o elles sont actives. (Jean-Marc Nollet, ministre de lEnfance de la Communaut franaise) Du fait de leur grande htrognit et de leur volution perptuelle, une particularit des EDD est

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galement de pouvoir sadapter diffrents publics et milieux : Le terrain en EDD est mouvant, aussi bien par rapport lquipe que par rapport au public. Mais cest galement une force : nous sommes souples, lcoute du public et de leurs demandes. (Anne Dero, coordinatrice de TaAwun)

3. Le public des EDD


La majorit des enfants accueillis en coles de devoirs prouvent non seulement des difficults vis--vis de lcole, mais aussi socio-conomiques, culturelles, et beaucoup ne parlent pas la langue franaise (notamment dans les grandes villes). Il existe aussi de nombreux enfants primo arrivants ou enfants dimmigrs. Pour Jean-Marc Nollet, ministre de lEnfance de la Communaut franaise, le public des EDD na en ce sens pas foncirement volu depuis leur cration : Le public qui frquente les coles de devoirs nest pas fondamentalement diffrent aujourdhui du public dorigine. Le secteur a toujours eu la volont dtre accessible un public plus prcaris. Les listes dattente, qui existent de manire plus marque dans les grands centres urbains, sont sans doute le rsultat la fois dune reconnaissance de laction des coles de devoirs, dune volont des familles de prvoir un accompagnement la scolarit de leurs enfants quand elles ne peuvent lassumer. Mais pour les acteurs de terrain, la vision est plus nuance Une certaine modification des comportements se retrouve dans plusieurs propos qui nous ont t rapports. Les jeunes sont peut-tre plus violents, ont peut-tre davantage de difficults, sont moins respectueux par rapport ladulte. , constate Stphanie Demoulin, de la FFEDD. Maud Vermeylen travaille quant elle depuis 1984 comme assistance sociale aux Amis de lEtincelle. Selon elle, les enfants sont de plus en plus nombreux et de plus en plus difficiles. Nous navons pas tabli de liste dattente, mais cette anne, nous navons pu inscrire que les frres et surs des enfants dj accueillis. Ces listes dattente sont dailleurs une preuve supplmentaire que la situation sociale ne samliore pas. La possibilit de sinscrire en EDD devient en effet problmatique, notamment Bruxelles, qui connat un vritable boom dmographique depuis quelques annes. Dans la plupart des coles de devoirs, certains critres (qui ne sont jamais exclusifs) doivent donc tre remplis pour que lenfant soit accept. Les enfants qui sinscrivent chez nous doivent avoir des difficults scolaires, venir du quartier, et, en gnral, leurs parents ne savent pas les aider, soit parce quils travaillent, soit parce quils ne matrisent pas le franais. Les enfants inscrits lanne prcdente sont doffice rinscrits, ce qui nous permet un vritable suivi de leur scolarit. Nous accueillons aussi des primo-arrivants. , tmoigne Anissa Filali, de lasbl Gaffi. Venir du quartier et prouver des difficults scolaires sont aussi des critres que remplissent les enfants aux Cracks en tout, Namur, explique Hadriaen Webert Simon, le coordinateur. En outre, quand les enfants ont un frre ou une sur qui est pass chez nous, cest aussi un avantage pour eux. Souvent ils viennent chez nous parce que les parents ne peuvent pas soccuper deux du fait de leur travail, ou quils ne peuvent pas les aider parce quils ne matrisent pas suffisamment le franais. Mais ils savent que lcole de devoirs ne fait pas que du devoir et nous ne leur promettons videmment pas la russite scolaire. , poursuit-il. Il y a une grande multiculturalit. Nous travaillons avec des adultes (alphabtisation et Franais langue trangre) et des enfants (Ateliers cratifs et EDD). Pour venir chez nous, il faut que les familles soient en accord avec notre projet, le travail que mnent les Ateliers du Soleil est un projet global de socit, de lutte contre lexclusion dont sont victimes les couches de milieux populaires. Nous sommes attentifs la mixit. Nous sommes attentifs aux enfants et jeunes qui ont des difficults scolaires, qui vivent des situations sociales difficiles, les primo-arrivants. Nous inscrivons aussi souvent des enfants et jeunes dont les parents assistent nos cours. (Joz Smeets, coordinateur de lEDD Les Ateliers du Soleil) Dans les coles de devoirs, tous les acteurs rencontrs semblent saccorder autour dun constat pdagogique : cest le langage qui pose, en priorit, des problmes aux enfants. Car, pour la plupart dentre eux, rappelle Anissa Filali, le franais est une deuxime langue, quils ne parlent pas ou trs peu dans le cadre familial. Ils ont donc avant tout de gros problmes avec la langue, loral et lcrit, et bien sr, cela leur pose problme pour toutes les matires et dans tous les devoirs. Ils ont parfois du mal construire une

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phrase toute simple. La langue constitue galement un obstacle pour communiquer avec les parents. Autre difficult : la violence et la gestion des conflits. Nous faisons continuellement face ce type de problmes, les enfants sont trs agits et cest parfois trs fatigant. Je travaille ici depuis 4 ans et je nai pas limpression que les choses samliorent. La principale difficult, cest le franais et ce, mme lorsquils sont ns en Belgique. Ils ont des difficults dcriture, un vocabulaire limit, ils ont du mal lire. Cest trs handicapant pour lensemble de la scolarit, dans toutes les matires. Par exemple, beaucoup vont avoir du mal comprendre un nonc de mathmatiques ! (Joz Smeets, coordinateur de lEDD Les Ateliers du Soleil) Il nest pas toujours vident de diagnostiquer ces difficults et de proposer un enfant de se diriger vers une EDD. Difficile, donc, de savoir do manent la majorit des demandes dinscriptions. Souvent ce sont les parents ou lcole qui proposent cette solution, mais les centres PMS, les SAE, les CPAS et parfois les enfants eux-mmes (ceux dont les copains de classe vont dj lEDD) peuvent initier la dmarche. Il faut que lenfant soit cooprant. Sil est envoy de force par lcole, on narrivera rien. Quand les lacunes sont trop importantes, on ne parvient pas toujours lapprivoiser. Le plus satisfaisant, cest quand les enfants sont fiers de nous montrer leur bulletin, et donc leur progression. Mais le plus contraignant est de ne pas pouvoir toujours faire des miracles. , regrette Maud Vermeylen, assistante sociale aux Amis de lEtincelle. Les raisons pour lesquelles les enfants viennent dans les EDD sont multiples. Elles permettent de mieux comprendre les ralits sociales, culturelles, conomiques et scolaires dans lesquelles ils voluent. Les enfants viennent ici surtout pour faire leurs devoirs. Ceux de familles nombreuses cherchent le calme. Certains frquentent lEDD pour viter les tensions avec leur famille par rapport lchec scolaire. Nous accueillons de plus en plus denfants et surtout des adolescents primo-arrivants qui ne connaissent pas le franais et qui viennent chez nous pour suivre des cours de franais langue trangre durant leurs heures dcole. Aprs lcole, ils viennent aussi deux fois par semaine se faire aider pour leurs devoirs. (Anne Dero, coordinatrice de TaAwun) Dans lensemble, les enfants semblent contents de frquenter les EDD. Celles-ci ne vhiculent vraisemblablement pas limage ngative de lchec scolaire, comme cest plus souvent le cas pour un redoublement. Ceci sexplique en partie par le fait que les EDD sont bien plus larges que leur dnomination ne le laisse penser. Malgr le soutien scolaire, les enfants peroivent bien quils ne sont plus dans un cadre purement scolaire, certains considrent dailleurs lEDD comme leur deuxime maison. Cela fait 13 ans que je suis ici et je nai jamais connu de gros problmes avec les enfants. Je crois quils sont contents de venir ici. Cela est aussi d la relation que nous avons avec eux. On ne met jamais lenfant dans une situation de punition. Les enfants savent quils ne sont pas lcole, ils ne sont pas agressifs. Et puis nous dveloppons une philosophie dentraide, de solidarit, de communication positive. Nous parlons continuellement avec eux, sur lcole mais aussi de leur vie. Il y a une relation de confiance qui est cre et qui favorise les conditions de travail. Les plus grands peuvent aider les plus petits pour leurs devoirs Cela participe leur conscientisation. Nous leur rappelons quils doivent savoir do ils viennent et nous les aidons formuler leurs projets de vie. Cela se fait tout le temps, aussi bien durant les devoirs que pendant les ateliers cratifs. , raconte Joz Smeets. Pour Michle Simons, responsable EDD TaAwun, le constat est le mme Wavre : Les jeunes sont contents davoir vu et appris plein de choses avec nous. Certains considrent lEDD comme leur deuxime maison ! Les enfants que nous avons interrogs nous ont dailleurs confirm le plaisir quils ont frquenter une EDD. Ce sont mes parents qui mont dit de venir ici, parce que jai des difficults lcole, dans presque toutes les matires. Parfois les plus grands nous aident, on est mlangs, je prfre venir ici qu lcole. , raconte Mehdi, 12 ans, en classe de 6e primaire et qui frquente Les Ateliers du Soleil. Cest moi qui ai demand de venir pour travailler. , ajoute Betul, enthousiaste (9 ans, 4e primaire, frquente Les Ateliers du Soleil). Cette dimension humaine se ressent dans toutes les coles de devoirs : de vraies relations se crent entre les enfants et les animateurs, de vraies histoires scrivent. Une ralit qui est bien mise en lumire

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quand la russite scolaire est au bout du parcours : Le plus positif est davoir vu de beaux succs de jeunes, qui ont russi, qui ont obtenu un diplme. Cest une belle victoire sur le plan humain. Les EDD sont utiles et doivent continuer fonctionner. Nous continuons nous battre en apportant lespoir aux plus dmunis dentre nous avec la ferme conviction que lchec nest pas une fatalit mais un dfi relever. (Anne Dero, coordinatrice de TaAwun).

4. Les rapports avec les diffrents partenaires


Avec les tablissements scolaires des enfants que les EDD accueillent, les relations semblent trs variables. Les collaborations sont loin dtre inexistantes et de nombreux exemples positifs nous ont t rapports, mais nul ne doute que des efforts restent encore raliser dans ce domaine. Tout dpend ici de la volont des directions dcoles, des enseignants et des coles de devoirs. Les collaborations sont souvent prsentes entre les coles et les coles de devoirs. Les animateurs en coles de devoirs et les enseignants sont motivs pour trouver les meilleures synergies possibles. Il convient donc rellement de poursuivre les collaborations, en valorisant les initiatives positives, dans le respect du rle de chacun, plutt que de les opposer. (Jean-Marc Nollet, ministre de lEnfance de la Communaut franaise) Avec les profs, les relations sont plutt bonnes. Parfois, nous accueillons des enfants sur demande de leur cole. Inversement, lorsquon constate quun enfant a des difficults, on essaye den parler avec ses professeurs. Attention : nous ne sommes pas une annexe de lcole pour autant, mais jai limpression que nous avons des relations plutt constructives avec les enseignants. (Joz Smeets, coordinateur de lEDD Les Ateliers du Soleil) Certaines EDD ont mme mis en place des collaborations formelles avec des tablissements scolaires. En dbut danne, je rencontre les directeurs dcoles et leur fais signer une charte pour obtenir lautorisation dcrire des mots dans le journal de classe des lves. Pendant lanne, nous rencontrons les enseignants et a se passe bien. Certains prparent du travail pour les enfants qui frquentent lEDD durant les vacances de Nol ou de Pques. Pour les parents, nous organisons une runion collective en dbut danne, mais ce nest pas facile de les avoir. Nous tentons de les contacter pendant lanne. La politique de lASBL est de mettre en pratique une relation triangulaire (avec le parent, lcole et nous-mmes) plus pertinente dans la lutte contre lchec scolaire. (Anne Dero, coordinatrice de TaAwun) Il serait toutefois erron de croire que ce type de relation est gnralisable lensemble des coles de devoirs : Il y a un tablissement scolaire avec lequel a se passe mal. , relate ainsi Maud Vermeylen, assistante sociale aux Amis de lEtincelle. Les rencontres ne sont possibles ni avec la directrice, ni avec les enseignants. Personnellement, je signe le journal de classe des enfants, mais cest tout. Ma collgue qui soccupe des enfants de secondaire paragraphe les devoirs. De temps en temps, nous crivons un mot dans le journal de classe pour que le professeur sache que lenfant a prouv des difficults pour faire son devoir, quil nest pas parvenu le faire seul Certains professeurs estiment que cest lEDD de combler certaines lacunes, comme par exemple apprendre les voyelles un enfant. Or, ce nest pas nous apprendre, nous ne disposons ni du temps ni de la mthodologie pour le faire. A Namur, Hadrian Webert Simon dresse un constat similaire : Concernant les coles, les relations sont variables. Il y en a certaines que lon ne rencontre jamais et dautres qui viennent nous trouver, par exemple pour aider un enfant en grandes difficults. Enfin, certaines nous voient comme des concurrents : au lieu daller ltude de leur cole, les enfants viennent chez nous. Dans son EDD, Anissa Filali prouve aussi quune entente vraiment constructive laisse encore parfois dsirer : Il reste un foss trop important entre nos approches. Certains professeurs sont parfois difficiles contacter et ne comprennent pas notre dmarche pdagogique. Nous sommes avant tout des animateurs EDD, et notre rle est de soutenir lenfant dans sa scolarit. Mais notre rle au quotidien est largement dpass ; nous sommes amens revoir avec lenfant des matires non assimiles. Nous rencontrons chez la plupart des enfants des difficults qui nous dpassent totalement et o lon est dmuni, et qui, notre sens, dpendent clairement de lcole.

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Les difficults manent peut-tre du fait dune diffrence dapproche des apprentissages. Nous lavons voqu prcdemment, les EDD sont en effet nombreuses revendiquer leur terrain daction hors du champ scolaire : Il nous semble important dtre diffrencis des coles, sans valuation, sans points , avec un lien neutre par rapport aux valuations et un lien neutre par rapport aux parents. Lenfant peut venir dans les EDD avec ses problmes, sans tre directement jug, catgoris. (Vronique Marissal, coordinatrice de la CEDD de Bruxelles) Une incomprhension rciproque nat parfois de ces diffrences. Du ct des coles de devoirs, on a parfois du mal accepter certaines pratiques tenaces, comme le redoublement : Il faudrait plus de coordination, notamment avec lcole. On ne peut pas devenir une seconde cole. Nous ne sommes pas l pour faire du rattrapage. Nous ne voulons plus du redoublement, mais nous constatons, par exemple, dans le secondaire que les bases ne sont pas toujours acquises en primaire. (Anne Dero, coordinatrice de TaAwun) Le sens mme des devoirs donns faire la maison par les professeurs est largement remis en cause par les acteurs des EDD. Aujourdhui, on veut de la discipline, du silence, du travail parfois au dtriment du rythme de lenfant. Et quel est le sens dun devoir fait, termin, corrig en EDD ? Que saura le professeur des difficults de llve, du temps quil a mis pour y parvenir, de laide quon lui a donne ? Nous sommes donc en faveur des devoirs lcole. Lenseignant doit prendre le temps pour que lenfant parte en sachant vraiment ce qui lui est demand, en vrifiant que la consigne est comprise de tous. Les profs se reposent trop sur les devoirs la maison, ils croient que les enfants peuvent les faire seuls ou avec leurs parents, mais cest souvent faux. Ils ne se rendent pas compte du temps que cela prend, du fait que certains parents ne peuvent pas aider Ds que les devoirs ncessitent laide des parents, cest plus compliqu , regrette Vronique Marissal. Beaucoup de professeurs ne se rendent pas compte que les enfants sont ingaux face aux devoirs. , confirme Anissa Filali, coordinatrice du secteur extrascolaire de lasbl Gaffi. Quand on demande un enfant de chercher une rponse dans un dictionnaire, est-on sr quil en a un ? La CEDD de Bruxelles a fait un gros travail sur le sens des devoirs (dvd) avec des rencontres, des tmoignages. Mais quand notre asbl a voulu aborder une rflexion sur les devoirs avec les coles, les directions nous ont rpondu que ce ntait pas leur priorit Quelles sont alors leurs priorits ? Je crois que lon ne rflchit pas assez ce que lon a envie dinculquer aux enfants : on fait des devoirs parce que cest une tradition, que les parents en demandent, et rien de plus. Tout cela ne fait que renforcer les ingalits et beaucoup denfants en chec sont rabaisss par ce systme. Il faudrait respecter le rythme de lenfant, sa dignit Chaque enfant peut russir mais pas forcment en mme temps que les autres. Tous les enfants dune mme classe ont les mmes devoirs, mais nous savons tous trs bien, et surtout les professeurs, que les enfants qui sont le plus en difficults scolaires vont avoir plus de mal, comme ceux qui ne sont pas suivis la maison, ou en EDD. Les enfants ne sont pas gaux face aux devoirs et aux apprentissages, et il serait grand temps que cela devienne une des priorits dans les rflexions des coles. Il nest pas vident pour nous de collaborer avec des instituteurs qui pensent lenseignement de la sorte, qui rabaissent leurs lves constamment, qui ne font pas ou trs peu de sociopdagogique. Pour Anissa Filali, lorsque les enseignants sont trs scolaires, et peu intresss par la dimension sociopdagogique des apprentissages, comme elle se pratique dans les EDD, cela complique aussi les relations des coles avec les familles, car ces dernires ont peur de les rencontrer. Certains parents nous demandent de jouer le rle de mdiateur/intermdiaire avec lcole de leurs enfants. Ils prfrent sadresser nous plutt qu lcole, sans doute par peur de consquences sur les rsultats de leurs enfants Beaucoup parlent mal le franais, donc ils prfrent venir chez nous, cest peut-tre moins impressionnant pour eux. Mais pour les EDD non plus, les contacts avec les parents ne vont pas toujours de soi. Beaucoup de parents sont peu intresss par laspect sociopdagogique et sont avant tout demandeurs dune aide aux devoirs et dune discipline qui ne saccommodent pas forcment avec le projet pdagogique de lEDD. Les relations avec les parents ne sont pas toujours videntes. Ils ne savent pas bien ce que nous faisons. Ils mettent la pression par rapport laide aux devoirs. , estime Stphanie Demoulin, coordinatrice gnrale de la FFEDD. Cependant, des collaborations constructives peuvent tre mises en place, notamment grce aux ateliers qui leur sont consacrs. Maud Vermeylen croit dceler une tendance positive dans ce sens : Avec

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les parents, nous avons de plus en plus de contacts, ce qui est fort bnfique pour le suivi de la scolarit de lenfant. Dans les cas les plus prcaires, lorsque les familles ont de grosses difficults socioconomiques, ou simplement lorsquelles ne matrisent pas la langue franaise, lEDD apporte aussi une aide aux parents. Etant donn leur parcours de vie, ces familles ont parfois plus de mal entrer en contact avec lcole. Aux yeux des acteurs que nous avons rencontrs, cette aide aux parents est donc bien souvent considre comme une aide indirecte aux enfants. Nous travaillons beaucoup avec les parents. Nous les rencontrons en dbut danne, puis, quand ils le souhaitent, tout au long de lanne. Il faut aussi savoir que certains parents, principalement les mres, sont accueillis en journe pour des cours dalphabtisation. Chaque anne, nous mettons aussi en place un projet de soutien la parentalit. Dans le cadre de ce projet, nous organisons des groupes de parole de mamans, avec la prsence dune psychologue dorigine turque du planning familial Groupe Sant Josaphat o les mamans abordent des thmes autour de lducation. Nous proposons galement des activits parents-enfants pour que les mamans voient autre chose que leur quartier ; et que les liens parents-enfants soient diffrents. (Anissa Filali, coordinatrice du secteur extrascolaire de lasbl Gaffi) Concernant les parents, nous avons un avantage sur beaucoup dautres EDD car beaucoup dentre eux viennent la journe pour prendre des cours de franais ! (Joz Smeets, coordinateur de lEDD Les Ateliers du Soleil) On voit certains parents tous les jours parce quils viennent chercher leurs enfants. Dautres ne sont l quau moment de linscription. Nous essayons dchanger avec eux, de les inviter nos activits, de les aiguiller vers dautres services lorsquils en ont besoin : aide juridique, maison mdicale, CPAS (Hadriaen Webert Simon, coordinateur des Cracks en tout) En outre, des vnements ponctuels sont mis en place pour renforcer les synergies. Une fois par an, durant une semaine, la Fdration francophone des coles de devoirs organise le Printemps des EDD afin de permettre un change des diffrentes pratiques entre EDD et de rencontrer le public (parents, autres acteurs du secteur, responsables politiques locaux, enseignants, directions ). Reste que les relations entre EDD et autres acteurs locaux pourraient encore certainement samliorer et sintensifier. A lavenir ce serait bien quon puisse avoir des collaborations systmatiques entre EDD et les bibliothques publiques. a existe dj un peu mais pas encore suffisamment. , illustre, ce titre, Annick Cognaux, responsable du service Ecoles de devoirs lONE.

5. Le dcret de 2004
Les coles de devoirs ont exist pendant une trentaine danne en Belgique, sans que leur action ne soit reconnue ni soutenue financirement. Aux yeux de tous, le dcret de 2004 a donc dabord permis une reconnaissance de leur action et lapport dun soutien structurel par la Fdration Wallonie-Bruxelles. Le dispositif a en effet t mis en place en collaboration avec les reprsentants du secteur, de manire permettre un cadrage de laction, tout en respectant la diversit et la richesse des initiatives locales. La volont tait de permettre leur bon fonctionnement et leur dveloppement dans la recherche dune plus grande qualit de laccueil des enfants. Ctait aussi une volont de leur donner loccasion de poursuivre le dialogue entam avec le monde scolaire tout en assurant leur indpendance par rapport celui-ci. Ensuite, le dispositif visait complter les dispositifs dj existant en matire daccueil des enfants durant leur temps libre en occupant lespace-temps entre lcole et le retour la maison. (Jean-Marc Nollet, ministre de lEnfance de la Communaut franaise) Le dcret a valoris un secteur en plaant un cadre visant la reconnaissance des structures, des mthodes et des personnes y travaillant. Ce cadre a t construit avec les oprateurs, qui existaient dj depuis 30 ans ! (Evelyne Huytebroeck, ministre de la Jeunesse de la Communaut franaise) Avec le dcret, une certaine structuration du secteur sest mise en place. Il a permis de reconnatre la

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Fdration et les Coordinations. Elles ont pu dvelopper des formations varies, adaptes, des centres de documentation, des prts de matriels, de jeux Le dcret a aussi permis de dbloquer des moyens pour la FFEDD et les Coordinations. Pour lONE, le dcret a ouvert la reconnaissance de la Communaut franaise des EDD, il a permis une meilleure visibilit du secteur, une meilleure connaissance du grand public, un subventionnement, certes lger, mais qui existe. (Annick Cognaux, responsable du service Ecoles de devoirs lONE) Si tous les acteurs du terrain saluent la reconnaissance de leur secteur, ils observent nanmoins plusieurs lacunes, notamment concernant les subsides. Avant, les EDD pouvaient aller voir gauche et droite. Maintenant, cest principalement auprs de la Communaut franaise. Beaucoup de portes se sont fermes : Rgions, Fipi (Fonds dimpulsion la politique des immigrs, pour soutenir les projets visant lintgration des immigrs, ndlr), communes, provinces. On avait davantage de subsides ponctuels. Certaines EDD les ont toujours, mais beaucoup les ont perdus ! (Stphanie Demoulin, coordinatrice gnrale de la FFEDD) A Bruxelles, Vronique Marissal tire un constat proche par rapport au fait que le secteur est sous lautorit de deux ministres : Depuis avril 2004, le secteur a deux ministres de tutelle : enfance et jeunesse. a pose parfois problme en termes de comptence, notamment concernant la prise en compte dans les subsides des jeunes de plus de 15 ans. Et pour Anne Dero, si le dcret a rendu les objectifs des EDD plus ambitieux, les prtentions et les attentes envers les EDD ont augment, et cela ne se fait pas systmatiquement en adquation avec la ralit du terrain. Les conditions ne sont pas toujours remplies pour rpondre aux attentes. Par exemple, certaines coles de devoirs ont aussi un coordinateur bnvole. , explique-t-elle. Le mi-temps obligatoire par EDD nest pas toujours respect. , estime galement Michle Simons, responsable de lEDD TaAwun. Les reconnaissances ne passent pas toutes la rampe. Je dplore la lourdeur administrative. Actuellement, les textes lgislatifs sont dailleurs en cours dvaluation, avec pour objectif de les faire voluer si le besoin sen fait sentir. La question centrale des subsides a t voque, les difficults budgtaires ne laissent toutefois pas de grands espoirs aux acteurs de terrain. Pour le ministre Nollet, il sagit avant tout de procder des ajustements : Ma volont est de faire vivre le texte au mieux. Cest dans cet esprit que je travaille aujourdhui sur le dcret relatif aux coles de devoirs. Actuellement, un groupe de travail compos des diffrents reprsentants du secteur et des administrations concernes value le dispositif actuel et proposera des modifications au texte de 2004. Il ne sagit dailleurs pas dune refonte complte du secteur (). Les missions des coles de devoirs seront clarifies, on y apporte la notion de soutien aux apprentissages plutt que de remdiation. La question de la remdiation aborde par le ministre mane bien dune volont du secteur de clarifier la dfinition de ses activits, comme nous lexplique Vronique Marissal : Par rapport au dcret actuel, qui est valu en ce moment, on voudrait enlever le mot remdiation . Pour nous, cest lcole que doit avoir lieu la remdiation, mais comme nous en faisons galement, beaucoup souhaitent que lon conserve ce terme. Il est difficile de faire accepter par les acteurs de terrain, dont le temps est pris par ces situations difficiles denfants en difficult scolaire, que cette question doit tre envisage long terme et constitue un rel enjeu politique. Supprimer ce terme ne signifie aucunement quelles ne pourraient plus faire de remdiation, mais ce serait un message nettement plus clair sur la ncessit de repenser la remdiation au sein de lEcole. Il ne sagit donc pas de sortir un nouveau dcret , mais bien damliorer lexistant, comme lexplique aussi Evelyne Huytebroeck, ministre de la Jeunesse de la Communaut franaise : Nous avons entam lvaluation du dcret de 2004 dans un souci de pouvoir y apporter les modifications qui permettraient tous damliorer la ralit des acteurs de terrain. Cest dans cet esprit que nous travaillons ensemble aujourdhui, au travers dun groupe de travail qui a t constitu et qui souligne actuellement les points du dcret qui pourraient ou devraient tre modifis. Le tout en veillant clarifier les 4 missions prpondrantes (dveloppement intellectuel, mancipation sociale, crativit, apprentissage de la citoyennet et de la participation, ndlr).

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6. La formation et lquipe
Le personnel des coles de devoirs tant trs vari, son manque de qualification est quelquefois dplor, avec, en toile de fond, une remise en cause de la capacit des coles de devoirs correctement accompagner des lves en difficults. Une critique que semble regretter vivement le ministre de lEnfance : Cest parfois par manque de connaissance du secteur que lon dnonce le manque de qualification en interne. La volont du secteur est de professionnaliser son action dans le sens dun dveloppement des comptences de lensemble des encadrants , quils soient volontaires ou salaris. Cest dailleurs dans cette optique qua t pens larrt relatif la formation des animateurs et des coordinateurs en cole de devoirs, adopt par le gouvernement de la Communaut franaise le 23 juin 2011. Il propose une formation reconnue par la Fdration Wallonie-Bruxelles aux animateurs et coordinateurs en cole de devoirs et est dapplication depuis le 1er septembre. Elabor en concertation avec la Fdration, les Coordinations rgionales et des experts de la formation et des pratiques dducation permanente en Jeunesse, ce texte reconnat - avec effet rtroactif - les personnes qui ont entam partir du 1er septembre 2007 un parcours de formation, auprs de la Fdration communautaire des coles de devoirs ou dune Coordination rgionale dcoles de devoirs, un parcours de formation conforme aux dispositions prvues par larrt qui tait en projet, et peuvent donc se voir dlivrer, selon les cas, un brevet danimateur en coles de devoirs ou un brevet de coordinateur en coles de devoirs au 1er septembre 2011. Dans une philosophie similaire celle qui prvaut la formation conduisant au brevet danimateur et de coordinateur de centre de vacances, ce dispositif permettra de favoriser les aller et retour entre thorie et exprience pratique, et ainsi outiller au mieux le personnel des EDD aux ralits propres ce troisime espace-temps de lextrascolaire. Et ce nest pas rien ! Aujourdhui, dans nos vies respectives, nous sommes trop souvent jugs, valus sur notre productivit. La rentabilit immdiate et les rsultats que nous engrangeons apparaissent comme des critres dapprciation dcisifs pour nos parcours de vie. Depuis toujours, le secteur de lducation permanente oppose ces logiques des alternatives et vhicule dautres valeurs, une autre manire dtre reconnu pour ce quoi lon contribue. A cet gard, la complmentarit avec dautres secteurs, notamment celui de lcole, est un levier de changement trs important. Ds lors, si la question dun partenariat entre les coles de devoirs et les tudiants lEcole normale na pas encore t proprement aborde lors de lvaluation du dcret, il sagit dune ide laquelle il me semble ncessaire daccorder toute lattention. (Evelyne Huytebroeck, ministre de la Jeunesse de la Communaut franaise) En ce qui concerne la participation dtudiants dEcoles normales lencadrement au sein des coles de devoirs, pour le ministre de lEnfance Jean-Marc Nollet, le principe nest pas jug inintressant : Les collaborations sont envisager lchelle locale, au cas par cas, en fonction de la capacit des quipes des coles de devoirs prendre en charge lencadrement du stagiaire. On ne peut concevoir une perte de qualit dans lencadrement des enfants pour offrir un encadrement de qualit au stagiaire. Or, dans des structures de petite taille qui fonctionnent avec un ou deux animateurs, lencadrement des stagiaires pourrait porter prjudice la disponibilit des animateurs auprs des enfants. Sur le fond, je trouverais particulirement intressant que le futur enseignant rencontre le monde scolaire hors de lcole par le biais dune aide leur travail scolaire. Le profil des membres du personnel des EDD est dailleurs trs diversifi. Les quelques tmoignages retranscrits ci-dessous suffisent pour attester de la diversit du secteur. Celle-ci fait parfois lobjet de critiques, car elle peut nuire la cohsion, mais elle est sans doute aussi lorigine de sa richesse, Nous avons, pour la plupart, une formation dducateurs spcialiss, avec des spcialisations diffrentes (un animateur est par exemple spcialis en arts du spectacle). , confie Anissa Filali (coordinatrice du secteur extrascolaire de lasbl Gaffi). Jai dabord tudi les arts plastiques puis jai travaill en psychiatrie pendant 25 ans. Je crois que pour un artiste, cest trs important dtre tourn vers le social, sans quoi il naurait pas grand-chose raconter ! En-

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suite, je me suis consacr aux ateliers cratifs au sein des Ateliers du Soleil, et finalement, jai t amen coordonner les ateliers et les devoirs, en somme toutes les activits qui sadressent aux enfants et aux jeunes au sein de lasbl. Les profil, formation et niveau de diplme des animateurs sont trs varis : pdagogique, social, artistique, scientifique, A1, A2, A3 Nous avons une animatrice qui est la fille dun ancien lve dun cours, une animatrice qui est venue lEDD tant enfant, une adhrente ayant suivi une formation au sein de notre asbl, des animateurs qui ont particip durant leur enfance aux ateliers cratifs et lcole de devoirs, un bnvole (Joz Smeets, coordinateur de lEDD Les Ateliers du Soleil) Au dpart, jai travaill pendant un an au tribunal de la Jeunesse, un an en CPAS, un an dans une commune et deux ans dans lenseignement spcialis. Je ne suis pas arrive en EDD par vocation professionnelle. Pour linstitutrice qui travaille ici, ctait par contre un choix. Elle tait bnvole dans une maison de quartier dans laquelle elle donnait des cours dalphabtisation, avant de venir ici. (Maud Vermeylen, assistante sociale aux Amis de lEtincelle) Je suis assistante sociale de formation. Le hasard ma fait arriver ici et les dfis mont vraiment pris. Je suis contente de mon parcours sur 18 ans, riche de rencontres, de dfis russis. Au dbut, il ny avait pas grand monde et les cours pour adultes taient peu nombreux. Au fil du temps, les choses se sont considrablement dveloppes, et aujourdhui, notre quipe est bien rode pour rpondre aux ralits du terrain. (Anne Dero, coordinatrice de TaAwun) Je suis institutrice primaire de formation. Je cherchais un emploi fixe. Je ne connaissais pas le milieu des EDD, mais cela ma directement plu. Je travaille ici depuis 8 ans. Jai retrouv le groupe dge denfants avec lequel jaimais travailler en tant quinstitutrice. Le travail en EDD est vari. Je donne aussi cours en journe des adultes. (Michle Simons, responsable EDD TaAwun) Nous sommes deux coordinateurs, jai un diplme dducateur spcialis et la coordinatrice est ducatrice spcialise en milieu associatif. (Hadriaen Webert Simon, coordinateur des Cracks en tout) Au fil de leur carrire, pour actualiser leurs comptences, de nombreuses formations continues sont proposes aux animateurs et coordinateurs des EDD : La Fdration et les Coordinations les encouragent continuer de se former tout au long de leur carrire, car ces mtiers requirent de nombreuses comptences. , indique la ministre Evelyne Huytebroeck. A titre dexemple, lONE propose une srie de formations trs accessibles financirement parlant et sur diffrentes thmatiques touchant la gestion dquipe, aux pratiques de terrain Afin de continuer sur cette lance et damliorer entre autre laspect formation, lObservatoire de lEnfance, de la Jeunesse et de lAide la Jeunesse est charg de raliser un tat des lieux des besoins, ralisations et enjeux du secteur des EDD, en ce compris les aspects de formation en lien avec la qualit de laccueil. Et ce sur trois annes, de 2008-2011. Laccs la formation est dailleurs un autre point du dcret de 2004 soulev par Annick Cognaux, responsable du service Ecoles de devoirs lONE, consciente que, faute de temps ou dinformation, tous les membres des EDD nen profitent pas. Actuellement, nous souhaitons que lencouragement la formation soit mieux mis en vidence dans le dcret. La culture de la formation nest pas assez prsente dans les quipes, et les bnvoles sont moins enclins y participer. Pourtant, les formations sont trs utiles, elles aident prendre du recul. Les Coordinations rgionales sont dailleurs trs actives en matire de formation. A lONE, nous organisons des formations 3-12 ans accessibles aux EDD. Cette formation tant subventionne, elle ne cote que 6 euros par jour et par personne. On peut mme avoir des formations la carte, conues spcialement pour une quipe. Stphanie Demoulin, de la FFEDD, partage ce constat sur la place de la formation continue : Une EDD est un peu une famille. Il faut la fois tre cratif, mais aussi savoir animer un groupe, ce nest pas la mme chose, et cest aussi diffrent de la gestion dune classe dcole classique. Notre rle est de promouvoir la formation (auprs des PO, des EDD, de la Communaut franaise), mais notre problmeprincipal reste le cot, le manque de personnel et le manque de temps. Les EDD essaient au maximum de soutiller pour trouver des techniques pour grer la violence scolaire, notamment lors des formations, o la gestion des conflits, de la violence fait clairement partie des programmes, mais aussi des requtes des animateurs.

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Dans les EDD que nous avons visites, limportance de ces formations nest dailleurs absolument pas nglige. Nous suivons rgulirement des formations : pdagogie institutionnelle avec le CG, pdagogie active, jeux de coopration, devoirs et jeux denfants, gestion des conflits et de la violence, amlioration des apprentissages, BEPS La CEDD de Bruxelles propose notamment de bonnes formations. explique Anissa Filali. Maud Vermeylen va dans le mme sens : On soblige suivre des formations continues, non seulement pour nous former, mais galement pour rencontrer des personnes qui sont confrontes aux mmes problmes que les ntres. Nous sommes trs demandeurs de cours sur les TDAH (troubles diffrencis de lattention et de lhyperactivit), la multiculturalit, linformatique. Cependant, suivre des formations continues nest pas toujours ralisable pour les quipes des EDD qui doivent composer avec les contraintes du quotidien : Les personnes qui travaillent chez nous ont la possibilit de suivre des formations organises par la Coordination des coles de devoirs. Hlas, ces formations se passent souvent en semaine et en journe, nous navons pas toujours la possibilit de nous y rendre : nous sommes aussi prises par dautres impratifs (assurer laccueil, donner cours des adultes ou des adolescents durant les heures de formations organises). (Anne Dero, coordinatrice de TaAwun) Dans bien des EDD, souvent obliges de sorganiser au jour le jour, la priorit est dabord de trouver des bnvoles. Beaucoup aimeraient compter sur un nombre suffisant de bnvoles et permettre ainsi une certaine souplesse organisationnelle de leur quipe. Cest pourtant rarement possible. Ds que quelquun sen va, cest le stress. , tmoigne Anne Dero. La difficult est de recruter des bnvoles surtout aux heures proposes lEDD. Ce sont essentiellement des enseignants, ingnieurs, secrtaires la retraite. Mais, nous pouvons aussi compter sur la Ville de Wavre et son projet intergnrationnel pour recruter des bnvoles. Plus de la moiti du personnel des EDD sont bnvoles. Ils sont une vraie richesse pour les EDD. Majoritairement, ce sont des pensionns mais nous avons galement des jeunes. La premire difficult est de trouver des volontaires, du personnel. Il y a des endroits o cest trs difficile, notamment dans les zones rurales. Il est galement difficile de trouver des volontaires qui soient rguliers. Cest donc un secteur prcaire, o les gens ne restent pas longtemps, cela pose des problmes pour assurer la continuit des projets. (Stphanie Demoulin, coordinatrice gnrale de la FFEDD)

7. Les moyens
Depuis 2004, les coles de devoirs bnficient dun financement structurel qui repose sur un forfait de base et une subvention des prsences denfants. La situation budgtaire actuelle nest pas simple, mais malgr le contexte difficile et alors que les besoins des diffrents secteurs de lenfance sont nombreux, jai tenu ce quune augmentation de 10% des moyens soit accorde ds 2010. Cest, dune part, reconnatre quil y a un besoin et, dautre part, commencer le rencontrer. Si une embellie budgtaire tait annonce, je serai particulirement attentif au secteur. Le soutien peut aussi se marquer dans des appels projets ponctuels pour de lquipement ou du matriel. LONE pourrait lancer un tel appel dici la fin de lanne en mobilisant, cet effet, des crdits que je leur ai octroys pour un plan de soutien lquipement. (Jean-Marc Nollet, ministre de lEnfance de la Communaut franaise) Toutefois, Vronique Marissal rappelle que le dcret de 2004 nest pas exclusif. Pour certaines coles de devoirs, il est donc encore possible daller chercher des subventions plusieurs endroits : Cela est d dune part lhistoire des coles de devoirs (du mouvement) et dautre part la ncessit de trouver les moyens financiers suffisants pour prenniser les actions, car on ne peut toujours pas se considrer comme un secteur proprement parler, tant la diversit des projets et des actions est importante, tenant compte des projets globaux dans lesquels sinsre le projet daccompagnement scolaire (sant, sport, sant mentale, jeunesse, aide la jeunesse, cohsion sociale, etc.). Il faut aussi bien avoir en tte, dune part, la multiplication, ces dernires annes, des dispositifs mis en place ct des EDD : nous entrons dans les services prvention des contrats de scurit des communes, dispositifs daccrochage scolaire dans les temps creux de lcole, cellules de veille contre le dcrochage scolaire, mdiation scolaire dans ou hors de lcole, et, dautre part, la place prise par le soutien scolaire dans le dcret cohsion sociale (cohabitation intgration, insertion sociale). la Cocof,

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ct de la cohsion qui finance un grand nombre dcoles de devoirs, le service des activits parascolaires pdagogiques ou encore des ateliers cratifs financent galement certaines EDD. la Rgion, nous sommes dans la cohsion sociale. Au fdral, nous sommes financs par les allocations familiales, au Fesc (accueil des enfants dont les parents travaillent). A la Communaut franaise,nous sommes financs par lONE et la DG Culture (EDD en ducation permanente au service jeunesse expression cration), Aide la jeunesse, AMO. Le FIPI nous aide, soit par lgalit des chances, soit par les communes. Nous avons aussi Actiris qui est un pourvoyeur de postes grce aux mesures de rsorption du chmage (ce qui constitue un puissant levier pour les EDD). Malgr ces diffrents canaux permettant de trouver des subsides, le manque de moyens est vcu pniblement par toutes les coles de devoirs, a fortiori dans un contexte de crise conomique et de rigueur budgtaire. A la Fdration francophone des coles de devoirs, Stphanie Demoulin est confronte quotidiennement aux demandes et aux difficults des EDD. Elle estime, par consquent, que la question des subsides reste fondamentale pour le secteur : Nous avons besoin de plus demplois, car on demande aux EDD den faire de plus en plus (en remdiation notamment), mais sans apporter les moyens suffisants. Mme lEcole a de plus en plus dattentes par rapport aux EDD. Les EDD touchent environ 3 500 euros par an, alors quil leur faudrait au moins un temps partiel pour ladministratif, des animateurs temps plein Au moins 15 000 euros annuels seraient ncessaires, mais ne suffiraient pas encore. Heureusement que nous avons des volontaires bnvoles sans lesquels les EDD ne fonctionneraient pas. Nous avons aussi parfois du mal trouver des locaux adapts, scuriss, si possible hors de lcole pour que les enfants ne passent pas toute la journe au mme endroit et puissent faire la diffrence entre cole et EDD. Un constat qui se confirme lorsque lon rencontre les acteurs du terrain : Nous manquons de moyens. Nous avons plus de 200 enfants sur liste dattente ! Nous aurions besoin de locaux plus grands, de matriel Dailleurs, tout ce que vous voyez ici, ne provient en gnral pas des subsides. Ce sont des dons, de la rcupration Nous arrivons nous en sortir en mettant toutes les enveloppes ensemble : Fdration BruxellesWallonie, Cocof, Fesc, Actiris, Fipi regrette Joz Smeets. Dautant que la question des subsides a aussi un impact sur lorganisation des EDD, comme le souligne Anissa Filali : Nous manquons de temps ! Nous sommes tous temps partiel ou mi-temps et nous pouvons difficilement faire des heures supplmentaires, compte tenu du budget. Parfois on reste un peu sur notre faim. Le manque de moyens empche donc les EDD de dvelopper toutes les activits quelles souhaiteraient mettre en place. Et pour Bernard De Vos, ce sont avant tout des choix politiques qui aboutissent cette situation : Je pense quil y a une place pour un espace tiers entre lcole et les activits ludiques. Hlas les EDD nont pas de moyens et elles nen auront pas ! Il sagit, en vrit, de choix politiques car on pourrait trouver de largent en rorganisant le systme ducatif, mais on ne le fait pas. Actuellement, on se contente daider lducation la marge (remdiation, redoublement, soutien), mais on ne sattaque pas au fond du problme. Les politiques grent le dcrochage scolaire la sortie, mais rien nest fait au sein de lcole mme. Et malheureusement, ce sont les EDD qui jouent le rle dponge. On le voit, coordonner une cole de devoirs requiert souvent tnacit, nergie et astuce. Pour prenniser leurs activits, certaines coles de devoirs sont en effet contraintes, non sans difficults, de trouver des fonds via diffrentes voies. Une certaine aptitude la dbrouille caractrise bon nombre des coordinateurs dEDD. Nous percevons des subsides pour les frais de fonctionnement. La Ville de Wavre nous octroie un modeste budget. Elle nous offre aussi la possibilit davoir accs gracieusement loccupation dune salle des ftes pour nos spectacles annuels. LONE nous subsidie au prorata du nombre denfants accueillis. Nous recevons galement de largent de la Rgion wallonne (pour intgration des personnes trangres) et de la Province du Brabant wallon. Avec la nouvelle rglementation incendie sur les btiments scolaires, nous devons faire installer un escalier extrieur trs coteux. Nous attendons laide de la Ville qui est propritaire de nos btiments pour nous mettre en ordre Nous sommes obligs de mettre sur pied des spectacles avec des artistes pour complter nos frais de fonctionnement. Pour le matriel ET laide dans nos projets ponctuels, nous navons pas nous plaindre car nous sommes aids par les services Clubs.

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Le plus difficile est la course aux subsides. Il y a aussi des frustrations et elles font galement partie de notre travail, do limportance de bien cerner nos limites dintervention auprs de notre public ! Le soutien financier est essentiel. Il est de plus en plus difficile de compter sur des spectacles pour garantir une relative prennit financire notre association. (Anne Dero, coordinatrice de TaAwun)

8. Laide aux devoirs et les activits psychopdagogiques


Tous les acteurs des EDD ont explicitement insist sur ce point : une cole de devoirs ne propose pas seulement une aide aux devoirs mais bien davantage. Elle dveloppe dautres activits, dautres modes dapprentissage. Beaucoup prfreraient dailleurs une autre appellation, en remplaant, par exemple, cole de devoirs par cole des apprentissages . Larticulation entre les devoirs, les autres apprentissages et les activits ludiques doit donc tre considre comme fondamentale dans le travail des EDD. Car les deux dimensions - aide aux devoirs et activits psychopdagogiques - font partie intgrante du projet pdagogique des coles de devoirs, et ce depuis leur origine. Pour Jean-Marc Nollet, le dcret de 2004 prend dailleurs en compte cette ralit : Le dcret reconnat laction de structures existantes dont le projet pdagogique tait clair, et cest de manire tout fait rflchie que nous avons choisi dintgrer les coles de devoirs au secteur de laccueil temps Libre. Les coles de devoirs naccueillent pas que des lves, elles accueillent des enfants et sintressent leur dveloppement global. Cest un des lieux o des liens entre le monde scolaire et le monde des loisirs se tissent. Mme si leur nom peut le laisser penser, les coles de devoirs nont jamais centr leur action que sur laide aux devoirs, et cest cette double action que javais trouv si pertinente et originale en 2004. Cest ce qui fait la richesse et le succs des coles de devoirs. Aujourdhui, des voix slvent contre le travail des EDD, arguant du fait quelles se dtourneraient de leur mission premire, les devoirs, et sorienteraient vers la psychopdagogie, le dveloppement multidimensionnel de lenfant. Ltude du Forum bruxellois de lutte contre la pauvret dfend cette ide et va jusqu recommander aux EDD de reconqurir leur rle daccrochage scolaire, recommandation qui laisse sous-entendre que ce rle serait aujourdhui nglig sur le terrain. Il nen est rien. , rpond demble le ministre Jean-Marc Nollet. Les EDD entreprennent avec les enfants une mosaque dactions qui touchent plusieurs lments et qui permettent de rsoudre des difficults scolaires rencontres par lenfant, sans ncessairement passer par lapproche scolaire. Elles leur permettent davoir un parcours scolaire plus fluide. Le travail quelles ralisent est complexe et essentiel. Un point de vue partag par la ministre de la Jeunesse, Evelyne Huytebroeck,selon laquelle les coles de devoirs sont bien plus quun soutien scolaire de type classique et visent, par leurs activits, veiller les enfants dautres ralits socioculturelles du quartier. Elles permettent lapprentissage des comptences par la mise en situation faisant sens auprs des enfants, tout en veillant aux changes avec les enseignants, ducateurs, directions. Les coles de devoirs sont bien plus que des acteurs de cohsion sociale. Grce leur travail quotidien, elles permettent aux jeunes daccder un environnement socioculturel riche. Elles leurs permettent de se frotter la vie en groupe, de monter des projets, dapprendre la citoyennet. Cest une richesse prserver. Les animateurs et coordinateurs ont une connaissance du terrain qui leur permettent de prendre du recul, denvisager lenfant dans sa globalit. Ils rflchissent concrtement aux soutiens quils peuvent apporter aux jeunes frquentant leurs tablissements. Ce soutien se concrtise dans laide aux devoirs, mais certainement aussi dans louverture des jeunes au monde. En effet, une EDD nest pas quun lieu dtude, elle met en place une pdagogie plus large, plus complexe. Elle ne travaille pas uniquement la dimension purement scolaire, mais sefforce de dvelopper lapprentissage de lapprentissage , lapprendre apprendre , et cherche atteindre lautonomie du jeune par lapport doutils mthodologiques varis. Nanmoins, cette manire de faire nest pas toujours comprise par le grand public et certains pouvoirs publics. Ltude du Forum bruxellois illustre bien cette incomprhension. Pour nous, explique Stphanie Demoulin (FFEDD), la remdiation devrait se faire lcole. Nous avons t trs tonns par le travail du Forum bruxellois de lutte contre la pauvret. Ses critiques sont infondes. Certes, nous faisons autre chose que de la remdiation, mais la grosse majorit

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de notre travail est toujours le soutien scolaire ! Et dans tous les cas, il est impossible pour un enfant de refaire deux heures de devoir aprs une journe dcole ! Gnralement, nous faisons une heure de travail et une heure plus ludique. On nen fait pas de moins en moins , mais on ne fait tout simplement pas que a ! Et on ne fait pas de laide aux devoirs, mais de laide lapprentissage : cest plus large. Il est cependant vident que les parents et les enseignants attendent avant tout de nous que lon fasse de laide aux devoirs. Dailleurs, certains enseignants nous critiquent quand les devoirs sont mal faits, pas finis, avec des fautes dorthographe ! Mais nous ne pouvons pas faire que a. Pour Evelyne Huytebroeck, le succs des coles de devoirs est d la qualit de prise en considration de lenfant dune manire plurielle et adquate. Les EDD permettent galement dinstaller un dialogue entre le monde de lducation formelle (apprentissage passant par la certification), informelle (apprentissage sans volont spcifique du faire-plus par contamination) et non-formelle (volont relle de permettre un apprentissage sans pour autant certifier les acquis). Les EDD sont complmentaires lcole, mais ne sont pas l pour se substituer celle-ci ! , estime la ministre. La lecture du projet pdagogique de lEDD Les Cracks en tout nous montre dailleurs bien que les devoirs ne sont certainement pas ngligs : Il sagit de tout mettre en uvre pour enrayer les processus de lexclusion sous toutes ses formes. Lensemble des objectifs poursuivis peut ds lors tre synthtis de la manire suivante. Concrtement, les enfants doivent effectuer leurs devoirs. Ils ne ralisent cependant pas toujours que cest dans leur propre intrt quils doivent les effectuer le mieux possible. Notre rle est de les amener comprendre que les devoirs constituent en fait lune de leurs premires obligations sociales, et que le non-respect de ces obligations est justement un important facteur dexclusion. Soit dit en passant, laspect prventif de notre travail nest coup sr pas ngligeable. Finalement, il sagit dapprendre lenfant se respecter lui-mme, tre conscient de ses capacits et particulirement de celle de vivre en harmonie avec la socit. Lveil la conscience du rle important quil y joue dores et dj, est essentiel. Il ne sagit cependant jamais de modeler des adultes avant terme. (extrait du projet pdagogique) Vronique Marissal (CEDD de Bruxelles) estime mme que ltude du Forum bruxellois tmoigne dune mconnaissance du secteur : Il me semble que dans son tude, le FBLP a fait limpasse dune analyse dtaille de loffre des EDD. Car de plus en plus dEDD se centrent sur la remdiation, les devoirs. Louverture au monde dans les EDD est, selon moi, en train de se rduire. Toutefois, et nous lavons dj soulev prcdemment, plusieurs acteurs travaillant dans les EDD mettent en doute lefficacit mme des devoirs domicile donns par les enseignants. Cest peut-tre dans ces visions diffrentes du rle de lcole et de ses outils pdagogiques que naissent les divergences sur le rle des EDD. Bernard De Vos, le Dlgu gnral aux droits de lenfant, estime qu terme, les EDD ne devraient plus faire du devoir. Plusieurs dcrets, circulaires, et la Convention des droits de lenfant prvoient de limiter les devoirs, mais sans moyens financiers pour refonder lenseignement, cela reste videmment un vu pieu ! Les parents souhaitent mettre leurs enfants dans des EDD qui font du devoir, qui sont strictes Mais il me semble quon peut faire autre chose pour aider les enfants. Les EDD devraient dabord aider retrouver le sens des apprentissages, tout en proposant des activits plus ludiques, diffrentes, sociopdagogiques Les tablissements scolaires demandent elles aussi parfois que lassociatif intgre lcole (par exemple : cours de djemb, de boxe), mais comment soutenir la dmarche tout en respectant les socles de comptences ? Je crois que les coles de devoirs peuvent enseigner une srie de choses comme lEVAS (ducation la vie affective et sexuelle, ou EVRAS, avec relationnelle comme le souhaitent les catholiques ndlr). Je pense que la gnralisation dune sensibilisation la vie relationnelle, au respect des femmes, lgalit des sexes dans une socit dhyper sexualisation, dInternet est trs importante et que les coles de devoirs peuvent jouer ce rle. Elles peuvent tre la transition entre lcole, la socit et les familles. Donc les coles de devoirs ne doivent pas disparatre. Cest le devoir qui doit disparatre et leur appellation. Les EDD devraient devenir un lieu diffrent de lcole et diffrent des activits sportives ou culturelles classiques. Pour les parents, une bonne EDD fait du devoir, une mauvaise, des jeux. Mais je ne suis pas sre que le devoir participe rellement la russite. Cest la question centrale qui doit nous occuper Nous dfendons pour notre part une approche plus globale. Le problme des enfants ce ne sont pas les devoirs, cest le fait dtre cloisonns, de manquer douverture au monde. Je crois galement que cest a qui leur manque avant tout et que cest a que les EDD peuvent offrir, savoir aider les enfants sinterroger, sveiller au monde.

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Leur donner la possibilit de sortir de leur cloisonnement, de dcouvrir des techniques dexpression, un autre environnement. Pas de doute, les enfants qui russissent le mieux lcole sont ceux qui bnficient de cette ouverture la maison. (Vronique Marissal, coordinatrice de la CEDD de Bruxelles) Pour Anissa Filali, de lasbl Gaffi, la principale diffrence entre lEDD et lcole tient galement au sens des devoirs. Je suis clairement pour leur suppression, car ils provoquent un systme dans lequel les enfants napprennent pas pour eux-mmes mais pour leurs enseignants, leurs notes, leurs parents Ils ne sont pas vraiment acteurs de leur scolarit. Qui dit suppression des devoirs, ne veut pas dire suppression des coles de devoirs. La prsence des EDD a toute son importance dans le parcours dun enfant, et pas seulement au niveau de sa scolarit, mais aussi pour son panouissement personnel, et son ouverture desprit. En EDD, on pourrait faire tellement dautres choses (que des devoirs) pour amliorer les apprentissages scolaires ; comme des ateliers thtre, conte, jeux cratifs, etc. et mme de la remdiation scolaire individuelle. Jouer est fondamental. Grce aux jeux, on peut allier plaisir et apprentissage. Les devoirs domicile renforceraient aussi les ingalits et la comptition scolaires. Il faut, mon sens, arrter les coles o la comptition est plus forte que la solidarit, o lchec est plus important que la russite, o lcole est plus exclusive quinclusive. , juge Bernard De Vos, qui est, ce titre, actuellement occup, avec dautres acteurs, mettre en place une cole pour tous , dont le projet pdagogique sera diffrent de celui des coles traditionnelles et dont les portes devraient souvrir en 2015. a ne sert rien de crer des coles qui reproduisent les carts que lon rencontre au sein de la socit. Et on aura beau faire de la remdiation, du soutien, ce ne sera jamais que des soins palliatifs alors quil faut repenser entirement lEcole. La remdiation doit avoir lieu tout de suite, au sein de la classe. () Je reconnais lutilit des EDD, mais, terme, elles devraient disparatre, car la remdiation devrait se faire en classe. On peut notamment organiser du tutorat interne, entre lves, de lchange Le fait quil y ait une demande des parents pour les devoirs prouve que lcole continue de donner du travail domicile sans se soucier des directives qui vont dans le sens inverse. Un enseignant ma expliqu quil avait arrt de donner des devoirs le jour o il avait fait un test en classe : il a donn les devoirs faire pendant son cours. Il sest rendu compte de la disparit des rsultats, et du fait que certains taient trs suivis (parfois trop, au point quon faisait leurs devoirs leur place chez eux), dautres pas du tout. De plus, les devoirs demandent un temps fou aux lves, aux parents, cest une cause de stress, de conflit, de potentielle dvalorisation. Toutes les familles ne sont pas intellectuellement prtes aider, certaines nont pas le temps. Les devoirs sont donc trs ingalitaires. Malgr tout, on garde cette tradition en se disant que les enfants apprennent ainsi une rigueur, une autonomie, mais cest faux ! Les enfants autonomes font leurs devoirs : ils sont autonomes a priori. Les autres enfants ne font pas les devoirs, il faut les aider, prendre du temps. Je crois quil est important de rappeler que nous ne sommes pas seulement l pour les devoirs. Le but des EDD est dintgrer les enfants dans la vie en socit, de les aider devenir les acteurs de leur vie. A mon sens, les projets cratifs, sportifs, ou de participation citoyenne sont aussi importants que les devoirs pour aller dans ce sens. A titre dexemple, nous sommes en train de prparer un spectacle avec les enfants sur les violences intra familiales. Cest peut-tre un bon moyen de redonner confiance ces enfants. (Hadriaen Webert Simon, coordinateur des Cracks en tout) Limportance et la valeur des activits psychopdagogiques ont t releves par tous les acteurs de terrain rencontrs. Par diffrents biais (accompagnement scolaire, ateliers divers et Espace-Temps Libre ), notre quipe soutient les enfants dans leur panouissement global. Notre EDD se veut tre un lieu dapprentissage de la vie en groupe, o le respect de chacun et lgalit des chances pour tous nest pas une illusion. Laccent est donc mis sur les travaux scolaires, mais aussi et surtout sur la dcouverte de soi et des autres via les jeux, les livres, le cratif et lexpression dans toute sa dimension. Les ateliers sont essentiels pour les enfants. Ils leur permettent de sortir de leur quartier, de dcouvrir autre chose, tout en restant en lien avec lapprentissage scolaire. Latelier conte est, par exemple, un bon moyen de revenir sur les problmes que rencontrent les enfants avec la langue franaise. On lit, on coute des histoires, cest beaucoup plus ludique que les devoirs, mais sans doute tout aussi utile. Mais les parents sont surtout demandeurs de devoirs, de soutien scolaire. Cest pour cela quon essaye de leur expliquer limportance des autres activits, qui ont, mine de rien, toutes un lien avec les apprentissages. Quand un enfant joue au magasin , il apprend compter, quand on lui lit un conte, il amliore son langage, quand il fait du thtre, il amliore sa confiance en soi, il est va-

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loris, cest essentiel. Mme chose avec le sport, ou les ateliers cratifs, etc. Nous avons mme un systme de prt de livres qui fonctionne trs bien avec les enfants. (Anissa Filali, coordinatrice du secteur accueil extrascolaire de lasbl Gaffi) Derrire ce dbat, cest une vision globale de la socit qui apparat, comme latteste Vronique Marissal : Il faut rappeler lexistence de la Convention internationale des droits de lenfant. Les enfants nont pas que le droit lducation. Il faut travailler avec les parents pour leur expliquer limportance du reste : de lennui, de la capacit ne rien faire La socit actuelle est trop rapide, immdiate, on veut tout, tout de suite, sans attendre, sans pause Mais il faut apprendre prendre le temps. Les EDD nont dailleurs pas de rsultats immdiats. En outre, les enfants et jeunes de milieux populaires nont pas lhabitude dtre inscrits dans des activits extrascolaires. En ce sens, les EDD sont une ouverture sur le monde inestimable pour de nombreux enfants. Sils se rendent en EDD pour leur niveau scolaire, ils y dcouvrent dailleurs beaucoup plus que des devoirs. Je dirais mme que les devoirs sont secondaires chez nous. , explique Iuccia Saponara, (Ateliers du Soleil). Nous avons comme objectif de lutter contre les exclusions dont sont victimes des personnes - adultes, jeunes et enfants. Nous voulons faire comprendre ces personnes le pourquoi de leur exclusion et leur permettre nouveau de faire partie de la socit. Nous travaillons avec eux les valeurs importantes, telles que la justice sociale, la tolrance, lgalit. Nous les conscientisons aux luttes menes par les hommes et femmes dans le pass, luttes qui continuent tre menes pour un monde plus juste dans lequel chaque individu doit avoir sa place sans discriminations. Tout cela par le biais des ateliers cratifs. Cest quand les enfants et jeunes se sentent valoriss, quand ils comprennent les choses qui les entourent, quils spanouissent et agissent dignement. Nous essayons de suivre leurs rsultats lcole, avec les parents, et nous tenons ce que les parents soient en accord avec notre projet pdagogique : mixit de genre, dorigine, dge, de niveau. Nous avons certains enfants en grande difficult. Certains ont dj doubl en maternelle ! Nous sommes donc plus quune cole de devoirs, notre asbl a un vrai projet de socit. Dans de nombreuses EDD, des ateliers cratifs ont lieu le mercredi aprs-midi, car les enfants et jeunes de milieux populaires nayant pas dactivits extra-scolaires, sont soit livrs eux-mmes dans la rue, soit passent leur temps libre devant la tlvision, des jeux vido, ou pour les filles et adolescentes, elles sont occupes des tches mnagres. , explique Joz Smeets. Nous pensons que cest trs important pour les aider spanouir, sexprimer diffremment, de participer ces activits cratives. On ne peut pas seulement se consacrer aux devoirs scolaires, nos activits doivent tre considres comme un tout. Lcole de devoirs apprend dabord aux enfants vivre ensemble. Nous leur proposons donc des activits pour enrichir leur langage et leur culture gnrale. Je crois que tout est bon pour les aider : les jeux, le scrabble, latelier de lecture Ils ont tout le temps des dictionnaires et des ouvrages pdagogiques disposition (nous leur apprenons utiliser Internet avec intelligence et de manire moins systmatique). Les activits sont ds lors indispensables pour voir lenfant autrement et permettre dautres contacts avec les bnvoles. De plus, les activits culturelles et ludiques aident lenfant apprendre. En 2001, le dcret qui modifie les statuts de lONE (dsormais comptent jusque 12 ans) prcise que tout lieu qui accueille des enfants doit dclarer ses activits (tre reconnu), et doit respecter (un) le code de qualit de laccueil. Ce code de qualit prvoit notamment que lenfant est une personne, qui a besoin de repos, de temps libre, despaces de jeux... Larticle 785 prcise mme quil faut prserver la notion de temps libre : on est donc loin de ltude du Forum bruxellois de lutte contre la pauvret qui semble dfendre avant tout le temps des devoirs. Ainsi les coles de devoirs devraient recentrer leur action sur les devoirs et la mdiation avec les familles au dtriment des activits culturelles, cratives et rcratives quelles devraient confier aux acteurs spcifiques. Une orientation qui ne tient compte ni de la question de loffre dans les quartiers, ni du dplacement des enfants dun lieu lautre, ni de laccessibilit financire ou culturelle, ni encore du fait que souvent les EDD sont dj implantes dans de telles structures ! () Nous sommes lis par lobjectif daccompagnement au niveau de la scolarit, le temps et lespace de laction en dehors du cadre scolaire, mais
85 Arrt du Gouvernement de la Communaut franaise fixant le code de qualit de laccueil, MB du 19 avril 2004 - Article 7 Section 2 (De lorganisation des activits et de la sant) - Chapitre II - Objectifs Le milieu daccueil veille, dans lorganisation des activits, faire place linitiative de chacun des enfants et prserver la notion de temps libre, particulirement lorsque la priode daccueil fait suite des activits pdagogiques.

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les projets des EDD restent trs divers. Les EDD ne sont pas toutes reconnues, pas toutes finances dans le mme cadreIl faut savoir quaujourdhui, les EDD se concentrent davantage sur le devoir quau dbut. Donc, quand ltude du FBLP dit que lon a perdu notre mission initiale, cest faux, dautant qu lorigine, on ne faisait pas que des devoirs ! (Vronique Marissal, coordinatrice de la CEDD de Bruxelles) Dailleurs, les paroles denfants rencontrs confirment limportance des deux dimensions essentielles des EDD. Je viens pour travailler et pour mamuser. Jaime travailler mais ce nest pas toujours possible la maison. Ici je travaille et je mamuse beaucoup. Mon papa vient aussi ici pour apprendre le franais. (Isra, 9 ans, 4e primaire, frquente Les Ateliers du Soleil). On peut jouer dans le jardin, travailler mieux, discuter un peu pendant ltude, cest plus agrable que lcole. (Mehdi, 12 ans, 6e primaire, frquente Les Ateliers du Soleil)

9. Les cours particuliers


Les tmoignages recueillis dans les EDD sont tous plutt dfavorables au dveloppement dentreprises qui offrent du soutien scolaire payant. Ils estiment surtout que leur succs met en lumire la grande ingalit du monde scolaire. En outre, lefficacit du soutien payant a t mis en cause plusieurs reprises, comme le rappelle Jean-Marc Nollet : Une tude ralise par le rseau dexperts en sciences sociales de lducation et de la formation (NESSE)86 pour la Commission europenne montre que les utilisateurs de cours particuliers ne sont pas tant les lves qui ont rellement besoin dune aide que ceux qui russissent dj et qui nont pas spcifiquement besoin dun soutien. Le principe aurait plutt tendance renforcer les ingalits entre lves. Par ailleurs, cette tude met en lumire que dans certains Etats membres, le soutien scolaire priv domine la vie des enfants et limite leurs loisirs, ce qui est nfaste tant sur le plan psychologique quducatif. Dans ces structures, on est trs loin de la philosophie dveloppe au sein des coles de devoirs qui propose une action long terme et qui vise lautonomisation de lenfant par rapport aux apprentissages. Lcole de devoirs doit, en effet, permettre chaque enfant de dvelopper ses potentialits, insiste Evelyne Huytebroeck : Sa capacit apprhender son environnement, lanalyser et stimuler sa participation dans son milieu de vie et sans limiter son action aux moyens financiers des parents. Les coles de devoirs reconnues par la Fdration Wallonie-Bruxelles sancrent, depuis leurs origines, dans le soutien des enfants de milieux moins nantis. De plus, les EDD sont des asbl. Que certaines organisations marchandes galvaudent limage des EDD afin den tirer profit est effectivement une concurrence qui est interpellante, que certains parents payent pour que leurs enfants terminent leurs devoirs soit ! Mais cela interroge nouveau la rgulation des devoirs par lcole. Certains cours particuliers se revendiquent en effet du secteur des coles de devoirs, une ralit qui inquite galement Bernard De Vos : Aujourdhui, les EDD sont reconnues par lONE. Pourtant, elles sont trs diverses et on ne sait pas du tout sur quelle EDD on peut tomber. Quel sera lencadrement, qui accompagne les lves, avec quels objectifs et quelles comptences ? Il faut absolument viter les drives qui conduisent des cours particuliers se faire appeler EDD. Il faut mieux structurer le secteur et que toutes les EDD soient agres. De plus, le secteur des cours privs pose problme en raison de la faible accessibilit de ses cours, et, partant, de son caractre profondment ingalitaire. Ce nest absolument pas un secteur accessible aux enfants qui en ont le plus besoin. Nous, nous abordons les enfants dans leur globalit, leur complexit, pour quils aient une meilleure image deux-mmes, de lapprentissage, de lcole Les EDD sont des structures de proximit qui avancent au rythme de lenfant, tout au long de lanne, et non pas juste avant les examens. Les cours particuliers partent du problme de lenfant et se stigmatisent sur ce problme. Mais quel prixet pour quel rsultat ? Ils font souvent du bourrage de crne et ils sont trs onreux (Annick Cognaux, responsable du service Ecoles de devoirs lONE) Le projet pdagogique et la philosophie dvelopps par les entreprises de cours privs sont dailleurs compltement diffrents de ceux des EDD. Je ne considre donc pas les cours particuliers comme une concurrence. Ces structures senrichissent sur
86 Cette tude est dtaille dans la partie thorique au chapitre ddi aux cours particuliers.

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lchec scolaire. Nous, on fait du soutien scolaire, mais aussi du soutien de vie ! Les parents recherchent notre projet pdagogique. On ne fait pas que de la remdiation, notre rle est beaucoup moins ponctuel et se fait sur toute la scolarit de lenfant. Les cours particuliers sont l pour la comptence, voire la performance. Ne vaut-il pas mieux, comme nous, perdre un peu plus de temps pour aider les enfants retrouver le got dapprendre ? Et puis autre diffrence majeure : nous sommes presque gratuits ou trs peu chers (2 euros maximum par jour lEDD), contrairement des cours particuliers souvent onreux (29 euros de lheure environ !). Les cours particuliers profitent de ce que nous faisons, certains se font appels EDD puisque ce nest pas interdit (a coterait cher de faire un label payant, et je crois hlas quil y a dautres priorits). Et certaines EDD ne se font pas reconnatre pour pouvoir demander 10 par heure (Stphanie Demoulin, coordinatrice gnrale de la FFEDD) Lexplosion des cours particuliers serait trs dommageable et reflterait lchec du systme scolaire, le travail qui incombe lcole tant ralis par dautres institutions, extrieures au systme. Lchec scolaire est devenu un march trs lucratif ! Il suffit de voir les petites annonces et les offres trs prometteuses, allchantes en matire de russite scolaire. Certains parents sont prts nimporte quels sacrifices financiers pour faire russir leurs enfants. Quand cela ne fonctionne pas, ils reviennent chez nous. Mais nous donnons la priorit aux plus dmunis. Tout cela ne reflte-t-il pas aussi un profond malaise dans notre systme scolaire ? A titre dexemple, il suffit de regarder la complexit du systme scolaire actuel dans le secondaire pour comprendre le dsarroi des parents. Et cela ne risque pas de sarranger. On pose des constats, on parle de beaux projets souvent impossibles mettre en place sur le terrain. Seuls les gros tablissements scolaires y parviennent. (Anne Dero, coordinatrice de TaAwun) Pour ceux qui travaillent au sein dentreprises prives de cours particuliers, le son de cloche est bien videmment tout autre. La plupart du temps, les lves ont surtout un problme de motivation. Nous essayons de leur redonner le got dapprendre, en leur proposant une mthode individualise et diffrente de celle de lcole. Ils sont seuls avec le coach, ils ne sont donc pas confronts aux autres lves, aux moqueries. Je crois que lcole a du mal faire face aux mutations de la socit. Le modle des familles a chang, il faut davantage de flexibilit. Il y avait un vritable besoin auquel nous rpondons dsormais. Attention toutefois, lcole fait aussi des choses, la remdiation se dveloppe dans toutes les classes. Personne nest inactif ! Je nai rien contre les EDD, jai moi-mme travaill dans le social. Mais quand Educadomo a t cr, cest parce que les familles ne trouvaient pas ce quelles cherchaient dans les EDD. Encore une fois, il y avait un rel besoin. Nous ne nous adressons pas au mme public. La dduction fiscale des cours privs, linstar de ce qui se fait en France, serait un trs grand succs pour nous ! En rponse au rapport de la Commission europenne, qui nuance lefficacit des cours privs, nous pouvons mettre en avant un taux de satisfaction au-del de 96% ! Nous ne promettons pas la russite, mais notre clientle est satisfaite. (Cline Doumier, conseillre pdagogique chez Educadomo) Parmi nos lves, beaucoup ne sont pas en chec, ils viennent aussi pour prvenir lchec ou pour viser lexcellence. Je dirais que 30% visent lexcellence et que 70% viennent parce quils ont des difficults ponctuelles (pas forcment un dcrochage total). Nous ne sommes pas favorables un systme dexonration fiscale de type tickets ducation comme cest le cas en France. Il a t dmontr que le systme franais du crdit dimpt bnficie dabord et avant tout aux entreprises de soutien scolaire, sans offrir aucune garantie de qualit et en prsentant un cot exorbitant pour les pouvoirs publics (cf. le rcent rapport de la Cour des comptes franaise sur les niches fiscales). En revanche, nous sommes favorables ce que les pouvoirs publics belges mettent en place un systme dagrment, qui serait donn aux organismes qui offrent des garanties de qualit (niveau des formateurs,

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cadrage pdagogique), avec un coup de pouce financier pour les tudiants de milieux dfavoriss. Les pouvoirs publics belges ny sont pas favorables, car ils craignent de se mettre dos les enseignants, dont beaucoup sont familiers des cours donns au noir , et leurs puissants syndicats. Les EDD critiquent le caractre trop ponctuel de nos cours. Or, on ne croit pas au suivi ponctuel, cest la raison pour laquelle nous avons mis en place les tudes assistes. Les tudiants, par classe de 5/10/15 voire 20, font de ltude assiste au moins 4 fois 4 heures. Nous nous attaquons tous les domaines quils souhaitent, il y a beaucoup dinteractivit, et laccent est mis sur la mthode de travail. Malgr tout, le rapport de la Commission europenne sur les cours particuliers pointe du doigt leur inefficacit ! Jai lu ce rapport. Je le trouve assez douteux, dun point de vue scientifique : voyez, par exemple, la qualit des sources mentionnes pages 21 et 22 pour mesurer lampleur du soutien dans les diffrents pays de lUE (coupures de presse, enqutes tlphoniques, enqute informelle, un seul fonctionnaire pour lEstonie, sondages, etc.) La critique densemble me parat valable pour le systme franais de soutien scolaire, qui nest certes pas qualitatif, mais pas pour le ntre. Chez Cogito, lobjectif est de faire progresser 100 % de nos tudiants et nos taux de russite moyens sont de 80%. Pour arriver ce rsultat, nous demandons aux lves leurs points aux examens et nous observons leur progression. Mais il est vrai que cest seulement sur base dclarative de leur part. Les EDD font un travail respectable pour un public beaucoup plus dfavoris que le ntre, cest certain. Nous faisons dailleurs partie de la CEDD. Pour notre part, nous offrons un service de qualit, avec des collaborateurs de qualit qui sont pays en consquence. Ds lors, soit les parents payent, soit les pouvoirs publics le font ! Ou au moins, il faudrait nous donner un agrment de qualit. (Drieu Godefridi, administrateur de Cogito)

10. Laccrochage scolaire et lchec du systme scolaire


Peut-on voir, dans le succs des coles de devoirs, la preuve dune faillite du systme scolaire ? La rponse palliative quelles apportent aux dfaillances du systme permet-elle ces dfaillances de perdurer ? Nul doute que les coles de devoirs jouent un rle daccrochage scolaire pour bon nombre denfants qui les frquentent. En ce sens, elles sont un complment indispensable lcole. En quelques dizaines dannes, les EDD sont devenues une composante du systme ducatif en Communaut franaise, et les enjeux des coles de devoirs ne sont plus spcifiques un contexte. Pour Jean-Marc Nollet, mettre les enfants en projet par rapport aux apprentissages scolaires, leur offrir un accompagnement dont ils ne bnficient pas la maison, faire lien entre matire concrte vue en classe et application dans la vie de tous les jours, permet damortir les effets dvastateurs du contexte de dcrochage et de comptition scolaires.Cest donc toute la logique de lgalit des chances que les coles de devoirs dfendent par leur action. Selon le ministre, le succs des EDD est le reflet du succs de leur complmentarit avec le systme scolaire : Le systme scolaire ne peut rpondre seul tous les dfis de notre socit. Il en va dailleurs de mme pour les coles de devoirs. Ces dernires, constitutivement, ont voulu se dvelopper en apprenant apprendre autrement qu lcole. Parce que, pour certains, le systme scolaire ntait pas suffisant seul. Mais, de la mme faon, les EDD ne sont pas l pour se substituer aux missions confies lcole. Car comme le rappelle Stphanie Demoulin (FFEDD), dans un systme scolaire efficace, les EDD ne devraient pas faire de soutien scolaire, elles devraient seulement faire de laccompagnement pour ceux qui le souhaitent. Pourtant, pour beaucoup denfants, les EDD sont aujourdhui devenues une vritable ncessit. Les EDD ne devraient tre quun plus pour les enfants. Les cours particuliers sont la consquence du caractre ingalitaire du systme scolaire. Lcole ne rpond pas la demande des parents et devrait augmenter la remdiation, car aujourdhui tous les enfants sont loin dtre sur un pied dgalit. De nombreux acteurs vont mme plus loin, estimant que le succs des EDD (et des cours particuliers pour les familles qui peuvent se le permettre) serait une consquence directe de lchec du systme scolaire. Sans notre remise niveau, beaucoup denfants ne parviendraient pas y arriver. Parfois nous devons revenir sur des lacunes que les enfants tranent depuis plusieurs annes ! Or, tous les enfants nont pas

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la chance daller en EDD Et nous pouvons constater que les publics qui frquentent les EDD sont, pour la majorit, des familles populaires dans des quartiers populaires. Donc l aussi, il faut se poser les bonnes questions, ce nest plus une question d enfant mais dune famille entire qui vit lchec scolaire. Les parents qui inscrivent leurs enfants en EDD veulent que ces derniers russissent et comptent beaucoup sur les EDD comme complmentarit aux coles. Les parents savent trs bien que sans la prsence des EDD, lenfant ne pourrait pas faire ses devoirs, et tre suivi par un animateur. Mais quen est-il des enfants de familles populaires qui sont en relle difficult et qui ne frquentent pas dEDD ? (Anissa Filali, coordinatrice du secteur extrascolaire de lasbl Gaffi) En ce sens, tous les tmoignages se rejoignent pour dire que la remdiation devrait avoir lieu lcolemme. Les enfants des EDD sont issus de familles moins outilles pour accompagner leurs enfants dans leurs apprentissages. Or, cest lcole qui devrait tre l pour les aider, pour faire de la remdiation. Donc, dans une socit idale, les EDD ne seraient l que pour du soutien aux apprentissages via des activits cratives et ludiques, elles seraient suffisamment nombreuses et nauraient pas de files dattente (Annick Cognaux, responsable du service Ecoles de devoirs lONE) Nous sommes confronts une demande de plus en plus importante et on assiste mme un phnomne inquitant : les coles poussent les enfants aller en EDD. Les enseignants nous disent heureusement que vous tes l ! Mais selon moi, cest lcole que doit tre fait le travail Nous sommes ici parce que lcole va mal, et ce nest pas normal. (Joz Smeets, coordinateur de lEDD Les Ateliers du Soleil) Nous lavons mentionn plusieurs reprises, le secteur des EDD ne sarrte en effet plus de grandir. Cela pose question par rapport lenseignement, la socit, et plus particulirement lgalit des chances pour tous de russir sa scolarit. Il y avait 60 EDD en 1988 en Rgion bruxelloise. Aujourdhui, il y en a environ 200 ! Je crois quil faut sinterroger sur cette augmentation et la mettre en lien avec laugmentation de loffre de soutien scolaire, rattrapages scolaires, remdiations prive et payante, et donc de lexternalisation par lEcole dune partie de ses missions denseignement au risque daccrotre fortement les ingalits face lEcole qui reste le lieu denseignement de tous. Le problme cest que nos moyens (dont le temps !) sont insuffisants alors quon attend normment de nous. Je crois qu long terme, enlever la remdiation dans les EDD doit pourtant tre un objectif politique. Car on ne peut pas envisager la problmatique des EDD sans la replacer dans la question plus large de lchec scolaire. , prvient Vronique Marissal. Le rle de lEDD est important car lenseignement va mal. Les professeurs nont pas le temps, ils ne donnent pas toujours toute la matire. De plus, il y a trop dlves par classe et lenseignant ne connait pas les lacunes de ses lves. Et si certains enfants sont plus lents que dautres, ils sont non seulement obligs de faire leurs devoirs aprs la classe, mais galement de terminer les pages quils nont pas pu finir en classe. Il faudrait presque obliger les enfants venir lEDD ds la 1re anne de primaire, et ce trs rgulirement. Pour pouvoir tester les lacunes, les difficults dun enfant, il faut le suivre trs tt. (Maud Vermeylen, assistante sociale aux Amis de lEtincelle) Problmes de comptition, de dcrochage, de manque de mixit, de filires de relgation, les coles de devoirs sont les tmoins directs des dysfonctionnements scolaires. Je crois que le problme fondamental de lcole, cest quelle ne rpond pas au dfi de la mixit socio culturelle, elle nintgre pas suffisamment les minorits. On se retrouve avec un systme deux vitesses : dun ct, il y a ceux qui peuvent faire des tudes suprieures, de lautre, ceux qui ne peuvent pas. Et malheureusement, dans la plupart des cas, les minorits socio culturelles appartiennent la deuxime catgorie. Je ne comprends pas pourquoi toutes les coles secondaires ne proposent pas la fois des filires gnrales et techniques. La sparation entre ces deux types stigmatise les coles et leurs lves, elle empche le mlange et on retrouve ensuite ces disparits au sein de la socit. Par ailleurs, la manire dont lenseignement rpond lchec scolaire ne me semble pas approprie. Le redoublement est trs difficile vivre pour les lves. Ici, lcole de devoirs, on a un petit garon qui a redoubl et qui se retrouve aujourdhui dans la mme classe que sa petite sur : difficile davoir confiance en soi dans ces conditions (Sandra, stagiaire lEDD Les Cracks en tout) Ces dysfonctionnements du systme ducatif font les beaux jours des entreprises prives de cours particuliers, qui se dfendent pourtant den profiter.

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On nous accuse parfois de tirer profit de lchec scolaire. Or, nous ne sommes pas responsables de lchec scolaire : nous ne sommes ni la Communaut franaise, ni lUnion europenne. Je crois que les parents sont galement responsables. La socit est trs comptitive, et les parents visent lexcellence pour leurs enfants : cela renforce les ingalits. Comme ils craignent de plus en plus lchec scolaire, ils font appel nous. (Cline Doumier, conseillre pdagogique chez Educadomo) Demble, jaimerais lever une contrevrit. On dit souvent que le soutien scolaire remplace le systme dducation, quil est l parce que lenseignement est mauvais. Je crois que cest faux. En Core du sud, il ny a pas dchec scolaire. Le systme est lun des meilleurs au classement PISA. Pourtant, dans ce pays, 70% des lves ont recours au soutien scolaire. Le soutien y reprsente 2% du PIB ! Donc le lien de causalit entre soutien et mauvais systme ducatif est un lien imprcis. , estime Drieu Godefridi de Cogito. Mais lon peut critiquer lexemple de la Core du Sud et, plus globalement, la rfrence au classement de Pisa. Rappelons en effet que dans ce pays, la russite scolaire semble se faire au prix du bonheur et de lintrt des lves. Le suicide y est, par exemple, la premire cause de mortalit des 15-24 ans. Cependant, nuance Drieu Godefridi, il faut admettre que le systme en Communaut franaise est mdiocre, pour ne pas dire mauvais, alors quil est coteux. Notre enseignement ne prpare pas les lves de manire individuelle parce quil nen pas les moyens. Donc nous sommes en quelque sorte une deuxime cole, nous comblons le vide, on ne se substitue pas lcole. On le voit, le lien entre le succs des coles de devoirs et lchec du systme scolaire renvoie des enjeux beaucoup plus globaux. Cest bien dun projet de socit dont il est ici question.

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CONCLUSION GENERALE
Structures assez atypiques en Europe, les coles de devoirs sont aujourdhui confrontes la question de leur rle, du fait de leur positionnement particulier, la frontire entre le social, le scolaire et le psychopdagogique. Au fil de cette tude, une problmatique nous a donc sembl essentielle : les EDD doivent-elles se concentrer sur laide aux devoirs ou tendre, comme beaucoup le font, vers un rle plus large, li lapprentissage des apprentissages et au dveloppement multidimensionnel de lenfant ? Nous avons rappel que lefficacit des devoirs externaliss en dehors de lcole navait jamais t dmontre et que, dans lintrt du bien-tre de lenfant, leur utilisation tait lgalement limite. Pourtant, les devoirs restent actuellement plbiscits par les parents, les enseignants et, de manire gnrale, par le systme scolaire, qui semblent les considrer comme indispensables dans l accrochage scolaire des enfants. Dans ce cadre, lappellation coles de devoirs a tendance enfermer les EDD dans leur rle d aide aux devoirs , quelles sont souvent les seules jouer. Mais contrairement ce que lon entend parfois, elles dveloppent depuis toujours une dmarche plus ambitieuse dgalit des chances. Les EDD nont jamais abandonn laide aux devoirs, elles en font mme davantage. , nous a rappel Vronique Marissal, coordinatrice de la CEDD de Bruxelles. Mais depuis 40 ans, elles proposent diffrentes formes daccompagnement et de soutien la scolarit. Les coles de devoirs ne forment pas, proprement parler, un secteur . Malgr le dcret de 2004, qui leur a permis de se structurer et daccder une vritable reconnaissance, les EDD demeurent en effet trs htrognes. Une particularit due leur histoire, au contexte de leur apparition, mais aussi la trs grande diversit des situations socio-conomico-culturelles auxquelles chaque cole de devoirs est confronte. Certes, dans la majeure partie des cas, les EDD travaillent avec des publics issus de populations dites dfavorises . Toutefois, la prcarit nest pas la mme dans le croissant pauvre de Bruxelles, dans le Brabant Wallon, le Luxembourg, ou Namur. Par consquent, les projets pdagogiques des EDD sont extrmement varis. En somme, si les 400 EDD de la Fdration Wallonie-Bruxelles visent toutes, des degrs divers, quatre objectifs similaires pour les enfants et les jeunes quelles accueillent dveloppement intellectuel, mancipation sociale, crativit, apprentissage de la citoyennet et de la participation , elles proposent sans doute 400 manires diffrentes de les atteindre. Notre tude, aussi modeste soit-elle, nous a permis de prendre conscience de lidentit forte qui manait de chacune des EDD que nous avons visites. Leurs projets dpendent du public accueilli (ge, milieu socio-culturel) et de lquipe dencadrement. Certaines sancrent dans une dmarche culturelle et de crativit, dautres mettent laccent sur un espace temps libre, dautres encore se centrent sur le plaisir dapprendre travers les mots et la lecture En outre, de nombreuses EDD sinscrivent dans une structure plus large, quelle soit sociale (Restos du Cur, CPAS), de promotion sociale ou dducation permanente (alphabtisation, Franais langue trangre, formations), qui influent bien videmment sur leurs visions et leurs pratiques pdagogiques. Cette htrognit nous a paru tre la fois une source de difficults pour les EDD, notamment en termes de moyens et dorganisation, mais elle leur confre aussi une plus grande autonomie, une certaine forme de libert, de dynamisme, dadaptabilit, qui se ressentent lorsque lon rencontre les acteurs du terrain et qui leur donnent leur richesse. Lhtrognit nous encourage aussi penser que rduire les EDD leur rle daide aux devoirs conduirait mettre de ct une dimension essentielle de leur travail. Au cours de cette tude, la demande croissante de soutien scolaire auprs des coles de devoirs et des cours particuliers nous a galement conduits nous interroger sur la question de lchec du systme scolaire. En effet, il apparat clairement que les parents cherchent de plus en plus optimiser les chances de russite scolaire de leurs enfants en faisant appel laide extra-scolaire. Si cette volont ne semble pas nouvelle, son ampleur pose question.

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Manifestement, lEcole ne parvient pas assurer les apprentissages des enfants issus de milieux dfavoriss. Les statistiques sont dailleurs l pour nous rappeler lchec du systme scolaire : plus dun lve sur deux redouble au cours de sa scolarit ! Mais il serait injuste de faire un faux procs lEcole qui na pas les moyens de rpondre des enjeux qui la dpassent. Les coles ne peroivent pas de subsides pour organiser des tudes diriges ou surveilles. Au sein des tablissements de la Communaut franaise, lorganisation de ces tudes est dcide par la direction sur fonds propres. Dans les tablissements subventionns, cette dcision revient au pouvoir organisateur. En outre, les directeurs dcole ne trouvent pas toujours des enseignants disponibles, ce qui rend la mise en place dun tel service encore plus complexe. De leur ct, les coles de devoirs sefforcent de mener un travail inscrit dans la dure, dans le long terme, dans lidal tout au long de la scolarit de lenfant. Elles prennent en compte les multiples difficults rencontres par les enfants, quelles soient scolaires, psychologiques, sociales et/ou culturelles. Parfois, elles permettent de revaloriser des enfants en dcrochage qui manquaient simplement de confiance en eux. Pour de nombreux enfants, elles sont aussi le seul moyen de ne pas tre entirement livrs eux-mmes. Elles apportent donc une aide certaine, mais se disent elles-mmes dpasses par lchec scolaire et refusent nergiquement de servir de caution lexternalisation des apprentissages et ses effets sgrgateurs .87 Aujourdhui, si elles permettent de renforcer laccrochage scolaire, elles ne sont nanmoins pas un outil miraculeux pour lutter contre lchec. En outre, aucun moyen substantiel supplmentaire nest mis leur disposition pour rpondre aux attentes, de plus en plus nombreuses, des familles et des coles leur gard. Les familles les plus aises se donnent les moyens de recourir aux cours particuliers payants, qui nassurent pas un suivi immdiat des devoirs, mais qui ont pour objectif des rsultats en termes defficacit et de performance. Les coles de devoirs, quant elles, dans leurs discours au moins, ne fournissent aucune garantie quant la russite. Ceci conduit une remdiation deux vitesses, corollaire dun systme ducatif lui-mme ingal. Dans un systme o lEcole donnerait chaque lve les cls de sa russite scolaire, les coles de devoirs pourraient se concentrer sur les quatre missions prvues par le dcret de 2004 via certaines de leurs activits, comme la culture et les loisirs. LEcole, elle, pourrait alors pleinement jouer son rle dans les apprentissages ds la dtection des premires difficults de llve, puis tout au long de la scolarit, plutt que de manire palliative ou en dlguant ce soin dautres acteurs. Mais pour quune telle Ecole voie le jour, une volont politique forte de rformer le systme scolaire est indispensable. Cette tude est une nime contribution appelant de tous ses vux un vritable dbat autour du rle de lEcole, de laccueil extra-scolaire et des moyens qui leur sont attribus. Pour aller dans ce sens, nous esprons quelle aura permis de mieux faire connatre la ralit des coles de devoirs.

87 Vronique Marissal, Les EDD : au-del des devoirs, donner du sens aux apprentissages, Eduquer n85.

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