0% ont trouvé ce document utile (0 vote)
3 vues79 pages

Cours 2016LIL2E087

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1/ 79

Université de Lille 2 Faculté des Sciences Pharmaceutiques

Année Universitaire 2015/2016 et Biologiques de Lille

THESE
POUR LE DIPLOME D'ETAT
DE DOCTEUR EN PHARMACIE

Soutenue publiquement le 25 octobre 2016


Par Melle Emeline AMARTIN

_____________________________

La flore cutanée normale

_____________________________

Membres du jury

Président : Mme Florence SIEPMANN


Professeur en pharmacotechnie industrielle, Université de Lille 2

Assesseur : Mme Christel NEUT


Maitre de conférences en bactériologie, Université de Lille 2

Membre extérieur : Mme Anne VERMELLE


Docteur en pharmacie, Pharmacien titulaire à Roubaix
Faculté des Sciences Pharmaceutiques
et Biologiques de Lille

3, rue du Professeur Laguesse - B.P. 83 - 59006 LILLE CEDEX


 03.20.96.40.40 -  : 03.20.96.43.64
http://pharmacie.univ-lille2.fr

Université Lille 2 – Droit et Santé

Président : Professeur Xavier VANDENDRIESSCHE


Vice- présidents : Professeur Alain DUROCHER
Professeur Régis BORDET
Professeur Eric KERCKHOVE
Professeur Eric BOULANGER
Professeur Frédéric LOBEZ
Professeur Damien CUNY
Professeur Benoit DEPREZ
Professeur Murielle GARCIN
Monsieur Pierre RAVAUX
Monsieur Larbi AIT-HENNANI
Monsieur Antoine HENRY

Directeur Général des Services : Monsieur Pierre-Marie ROBERT

Faculté des Sciences Pharmaceutiques et Biologiques

Doyen : Professeur Damien CUNY


Vice-Doyen, 1er assesseur : Professeur Bertrand DECAUDIN
Assesseur en charge de la pédagogie Dr. Annie STANDAERT
Assesseur en charge de la recherche Pr. Patricia MELNYK e ROGER
Assesseur délégué à la scolarité Dr. Christophe BOCHU
Assesseur délégué en charge des
relations internationales Ph Pr. Philippe CHAVATTE
Assesseur délégué en charge de la vie étudiante M. Thomas MORGENROTH

Chef des services administratifs : Monsieur Cyrille PORTA

Liste des Professeurs des Universités - Praticiens Hospitaliers


Civ. NOM Prénom Laboratoire
Mme ALLORGE Delphine Toxicologie
M. BROUSSEAU Thierry Biochimie
Mme CAPRON Monique Immunologie
M. DECAUDIN Bertrand Pharmacie Galénique
M. DINE Thierry Pharmacie Clinique
Mme DUPONT-PRADO Annabelle Hématologie
M. DUTHILLEUL Patrick Hématologie
M. GRESSIER Bernard Pharmacologie
M. LUYCKX Michel Pharmacie Clinique
M. ODOU Pascal Pharmacie Galénique
M. DEPREUX Patrick Chimie Organique (ICPAL)

2
Liste des Professeurs des Universités
Civ. NOM Prénom Laboratoire
M. ALIOUAT El Moukhtar Parasitologie
Mme AZAROUAL Nathalie Physique
M. BERTHELOT Pascal Chimie Thérapeutique 1
M. CAZIN Jean-Louis Pharmacologie – Pharmacie Clinique
M. CHAVATTE Philippe Chimie Thérapeutique 2
M. COURTECUISSE Régis Sciences Végétales et Fongiques
M. CUNY Damien Sciences Végétales et Fongiques
Mme DELBAERE Stéphanie Physique
M. DEPREZ Benoît Chimie Générale
Mme DEPREZ Rebecca Chimie Générale
M. DUPONT Frédéric Sciences Végétales et Fongiques
M. DURIEZ Patrick Physiologie
M. GARÇON Guillaume Toxicologie
Mme GAYOT Anne Pharmacotechnie Industrielle
M. GOOSSENS Jean François Chimie Analytique
Mme GRAS Hélène Chimie Thérapeutique 3
M. HENNEBELLE Thierry Pharmacognosie
M. LEMDANI Mohamed Biomathématiques
Mme LESTAVEL Sophie Biologie Cellulaire
M. LUC Gerald Physiologie
Mme MELNYK Patricia Chimie Thérapeutique 2
Mme MUHR – TAILLEUX Anne Biochimie
Mme PAUMELLE-LESTRELIN Réjane Biologie Cellulaire
Mme PERROY – MAILLOLS Anne Catherine Droit et économie Pharmaceutique
Mme ROMOND Marie Bénédicte Bactériologie
Mme SAHPAZ Sevser Pharmacognosie
M. SERGHERAERT Eric Droit et économie Pharmaceutique
M. SIEPMANN Juergen Pharmacotechnie Industrielle
M. STAELS Bart Biologie Cellulaire
M TARTAR André Chimie Organique
M. VACCHER Claude Chimie Analytique
M. WILLAND Nicolas Chimie Organique
M. MILLET Régis Chimie Thérapeutique (ICPAL)

Liste des Maitres de Conférences - Praticiens Hospitaliers


Civ. NOM Prénom Laboratoire
Mme BALDUYCK Malika Biochimie
Mme GARAT Anne Toxicologie
Mme GOFFARD Anne Bactériologie
M. LANNOY Damien Pharmacie Galénique
Mme ODOU Marie Françoise Bactériologie
M. SIMON Nicolas Pharmacie Galénique

Liste des Maitres de Conférences


Civ. NOM Prénom Laboratoire
Mme AGOURIDAS Laurence Chimie Thérapeutique 2
Mme ALIOUAT Cécile Marie Parasitologie (90%)
M. ANTHERIEU Sébastien Toxicologie
Mme AUMERCIER Pierrette Biochimie
Mme BANTUBUNGI Kadiombo Biologie Cellulaire
Mme BARTHELEMY Christine Pharmacie Galénique
Mme BEHRA Josette Bactériologie
M BELARBI Karim Pharmacologie

3
M. BERTHET Jérôme Physique
M. BERTIN Benjamin Immunologie
M. BLANCHEMAIN Nicolas Pharmacotechnie Industrielle
M. BOCHU Christophe Physique
M. BORDAGE Simon Pharmacognosie
M. BRIAND Olivier Biochimie
Mme CACHERA Claude Biochimie
M. CARNOY Christophe Immunologie
Mme CARON Sandrine Biologie Cellulaire (80%)
Mme CHABÉ Magali Parasitologie (80%)
Mme CHARTON Julie Chimie Organique (80%)
M CHEVALIER Dany Toxicologie
M. COCHELARD Dominique Biomathématiques
Mme DANEL Cécile Chimie Analytique
Mme DEMANCHE Christine Parasitologie (80%)
Mme DEMARQUILLY Catherine Biomathématiques
Mme DUMONT Julie Biologie Cellulaire
M. FARCE Amaury Chimie Thérapeutique 2
Mme FLIPO Marion Chimie Organique
Mme FOULON Catherine Chimie Analytique
M. GELEZ Philippe Biomathématiques
Mme GENAY Stéphanie Pharmacologie Galénique
M. GERVOIS Philippe Biochimie
Mme GRAVE Béatrice Toxicologie
Mme GROSS Barbara Biochimie
Mme HAMOUDI Chérifa Mounira Pharmacotechnie Industrielle
Mme HANNOTHIAUX Marie-Hélène Toxicologie
Mme HELLEBOID Audrey Physiologie
M. HERMANN Emmanuel Immunologie
M. KAMBIA Kpakpaga Nicolas Pharmacologie
M. KARROUT Youness Pharmacotechnie Industrielle
Mme LALLOYER Fanny Biochimie
M. LEBEGUE Nicolas Chimie Thérapeutique 1
Mme LECOEUR Marie Chimie Analytique
Mme LEHMANN Hélène Droit et Economie Pharmaceutique
Mme LIPKA Emmanuelle Chimie Analytique
Mme MARTIN Françoise Physiologie
M. MOREAU Pierre Arthur Sciences végétales et fongiques
Mme MUSCHERT Susanne Pharmacotechnie Industrielle
Mme NEUT Christel Bactériologie
Mme NIKASINOVIC Lydia Toxicologie
Mme PINÇON Claire Biomathématiques
M. PIVA Frank Biochimie
Mme PLATEL Anne Toxicologie
M. RAVAUX Pierre Biomathématiques
Mme RIVIERE Céline Pharmacognosie
Mme ROGER Nadine Immunologie
M. ROUMY Vincent Pharmacognosie
Mme SEBTI Yasmine Biochimie
Mme SIEPMANN Florence Pharmacotechnie Industrielle
Mme SINGER Elisabeth Bactériologie
Mme STANDAERT Annie Parasitologie
M. TAGZIRT Madjid Hématologie
M. WILLEMAGNE Baptiste Chimie Organique
M. WELTI Stéphane Sciences Végétales et Fongiques
M. YOUS Saïd Chimie Thérapeutique 1
M. ZITOUNI Djamel Biomathématiques

4
M. FURMAN Christophe Pharmacobiochimie (ICPAL)
Mme GOOSSENS Laurence Chimie Organique (ICPAL)
Mme LELEU-CHAVAIN Natascha ICPAL

Professeurs Agrégés
Civ. NOM Prénom Laboratoire
Mme MAYES Martine Anglais
M. MORGENROTH Thomas Droit et Economie Pharmaceutique

Professeurs Certifiés
Civ. NOM Prénom Laboratoire
M. HUGES Dominique Anglais
Mlle FAUQUANT Soline Anglais
M. OSTYN Gaël Anglais

Professeur Associé - mi-temps


Civ. NOM Prénom Laboratoire
M. DHANANI Alban Droit et Economie Pharmaceutique

Maîtres de Conférences ASSOCIES - mi-temps


Civ. NOM Prénom Laboratoire
Mme BERTOUX Elisabeth Pharmacie Clinique - Biomathématiques
M. BRICOTEAU Didier Biomathématiques
M. CUCCHI Malgorzata Information Médicale
M. FRIMAT Bruno Pharmacie Clinique
M. GILLOT François Droit et économie Pharmaceutique
M. MASCAUT Daniel Pharmacie Clinique
M. ZANETTI Sébastien Biomathématiques

AHU
Civ. NOM Prénom Laboratoire
Mme DEKYNDT Bérengère Pharmacie Galénique
M. PEREZ Maxime Pharmacie Galénique

5
Faculté des Sciences Pharmaceutiques
et Biologiques de Lille

3, rue du Professeur Laguesse - B.P. 83 - 59006 LILLE CEDEX


Tel. : 03.20.96.40.40 - Télécopie : 03.20.96.43.64
http://pharmacie.univ-lille2.fr

L’Université n’entend donner aucune approbation aux opinions


émises dans les thèses ; celles-ci sont propres à leurs auteurs.

6
REMERCIEMENTS

Au Professeur Florence Siepmann, je vous remercie de m’avoir fait l’honneur de présider


mon jury de thèse.

A Madame Christel Neut, ma directrice de thèse, je vous remercie de m’avoir


accompagnée tout au long de ce travail, d’avoir été si présente et à l’écoute et d’avoir été de si
bons conseils.

A Madame Anne Vermelle, je vous remercie d’avoir accepté de faire partie de ce jury mais
je vous remercie surtout de m’avoir accompagnée tout au long de ces cinq dernières années,
en tant que maitre de stage et en tant que titulaire. Merci de m’avoir formée et de m’avoir
transmis cette passion que vous possédez pour notre profession. Je suis fière d’avoir été votre
première étudiante et vous souhaite une belle continuation auprès des suivants.

A mes collègues et amis, de la pharmacie de l’Avenir et des autres pharmacies, un grand


merci à vous tous, auprès de qui j’ai fait mes premiers pas dans la profession et grâce à qui
j’ai pu apprendre toujours plus.

A mes parents, Elisabeth et Emmanuel, et à mon frère, Alexandre, mon noyau, merci
pour ce soutien inconditionnel depuis toujours, merci de m’avoir portée dans chacun de mes
projets et d’être présents à chaque instant. Merci à vous, et particulièrement à Maman, pour
l’aide apportée sur ce travail.

A ma famille, ma grand-mère, mon parrain, ma marraine, mes oncles et tantes, mes cousins et
cousines, merci de m’avoir supportée mais surtout portée tout au long de mes études et plus
particulièrement ces derniers mois.

A mes amis, de la faculté mais aussi des premières heures, Sabine, Anne, Marine, Gabrielle,
Vincent, Olivier, Tristan et d’autres, merci d’avoir été à mes côtés sur les chemins que j’ai
empruntés et qui m’ont menée jusqu’ici.

A Hélène et Laurent, merci à vous deux pour votre soutien, votre aide et votre générosité
sans limite, même depuis l’autre côté de l’Atlantique.

A Mamie-Lou.

7
TABLE DES MATIERES
LISTE DES ABREVIATIONS ................................................................................................................................. 11

INTRODUCTION ................................................................................................................................................ 12

1 RAPPELS ET RESUME DES CONNAISSANCES ............................................................................................ 13

1.1 STRUCTURE CUTANEE ................................................................................................................................ 13


1.1.1 Composition et caractéristiques de la peau ................................................................................ 13
1.1.1.1 L’épiderme ............................................................................................................................................... 13
1.1.1.2 Le derme................................................................................................................................................... 14
1.1.1.3 L’hypoderme ............................................................................................................................................ 15
1.1.1.4 Les annexes de la peau ............................................................................................................................ 15
1.1.2 La barrière cutanée .................................................................................................................... 16
1.2 MICROORGANISMES CUTANES .................................................................................................................... 16
1.2.1 Rappel des caractéristiques bactériennes ................................................................................... 16
1.2.1.1 Structure................................................................................................................................................... 17
1.2.1.2 Critères d’identification ........................................................................................................................... 18
1.2.1.2.1 La taille et la forme ............................................................................................................................. 18
1.2.1.2.2 La coloration de Gram ........................................................................................................................ 18
1.2.1.2.3 Le type respiratoire ............................................................................................................................ 19
1.2.1.2.4 La catalase........................................................................................................................................... 20
1.2.1.2.5 La coagulase........................................................................................................................................ 20
1.2.1.2.6 La fermentation .................................................................................................................................. 20
1.2.1.3 Résistance aux antibiotiques ................................................................................................................... 20
1.2.2 Champignons, parasites et virus ................................................................................................. 21
1.3 METHODES ANALYTIQUES .......................................................................................................................... 21
1.3.1 Culture in vitro ........................................................................................................................... 21
1.3.2 Séquençage de l’ADN ................................................................................................................. 22

2 LA FLORE CUTANEE NORMALE ................................................................................................................ 24

2.1 COMPOSITION DE LA FLORE CUTANEE NORMALE .............................................................................................. 24


2.1.1 Types de bactéries...................................................................................................................... 24
2.1.1.1 La flore résidente ..................................................................................................................................... 24
2.1.1.2 La flore transitoire ................................................................................................................................... 24
2.1.2 Localisation des bactéries .......................................................................................................... 25
2.1.3 Diversité de la flore cutanée normale ......................................................................................... 27
2.1.3.1 Les facteurs intrinsèques à l’origine de la diversité ............................................................................... 28
2.1.3.2 Les facteurs extrinsèques à l’origine de la diversité ............................................................................... 29
2.2 LES FACTEURS DE CONTROLE ....................................................................................................................... 29
2.2.1 Substrats disponibles ................................................................................................................. 29
2.2.1.1 Disponibilité en eau ................................................................................................................................. 30
2.2.1.2 Oxygène .................................................................................................................................................... 31
2.2.1.3 Les nutriments ......................................................................................................................................... 31
2.2.2 Environnement........................................................................................................................... 32
2.2.2.1 Le pH ......................................................................................................................................................... 32
2.2.2.2 La température ........................................................................................................................................ 33
2.2.2.3 Les rayonnements ultra-violets ............................................................................................................... 33
2.2.2.4 Le stress .................................................................................................................................................... 33
2.2.3 Le biofilm ................................................................................................................................... 34
2.2.3.1 Définition .................................................................................................................................................. 34
2.2.3.2 Formation du biofilm ............................................................................................................................... 34

8
2.2.3.3 Avantages pour la flore cutanée ............................................................................................................. 35
2.2.3.4 Rôle du biofilm dans les infections.......................................................................................................... 36
2.3 LES BACTERIES COMMENSALES : UTILES ET PROTECTRICES .................................................................................. 37
2.3.1 Interactions bactéries-bactéries ................................................................................................. 38
2.3.2 Interactions bactéries-épiderme................................................................................................. 38

3 LES PATHOLOGIES IMPLIQUEES DANS LE DESEQUILIBRE DE LA FLORE CUTANEE ................................... 41

3.1 LE PSORIASIS ........................................................................................................................................... 41


3.1.1 Présentation de la maladie......................................................................................................... 41
3.1.2 Rôle de la flore cutanée bactérienne dans le psoriasis ................................................................ 42
3.2 LA DERMATITE ATOPIQUE ........................................................................................................................... 44
3.2.1 Présentation de la maladie......................................................................................................... 44
3.2.2 Rôle de la flore cutanée bactérienne dans la dermatite atopique ............................................... 45
3.3 LE PIED DIABETIQUE .................................................................................................................................. 47
3.3.1 Présentation de la maladie......................................................................................................... 47
3.3.2 Rôle de la flore cutanée bactérienne dans le pied diabétique ..................................................... 49
3.4 L’ACNE .................................................................................................................................................. 50
3.4.1 Présentation de la maladie......................................................................................................... 50
3.4.2 Rôle de la flore cutanée bactérienne dans l’acné ........................................................................ 51

4 COMMENT RESPECTER SA FLORE CUTANEE ? ......................................................................................... 54

4.1 PRESERVER LA FLORE CUTANEE NORMALE ...................................................................................................... 54


4.1.1 Utilisation de produits cosmétiques pour agir sur l’hydratation .................................................. 54
4.1.2 Impact de l’utilisation de produits de soin acides sur la flore bactérienne du sujet âgé ............... 54
4.2 RISQUES DE DESEQUILIBRE DE LA FLORE BACTERIENNE ....................................................................................... 56
4.2.1 Les antiseptiques........................................................................................................................ 56
4.2.2 Les produits d’hygiène................................................................................................................ 57
4.2.3 Les antibiotiques ........................................................................................................................ 57
4.2.4 Les cosmétiques et conservateurs .............................................................................................. 58
4.2.5 Les corticoïdes............................................................................................................................ 58
4.2.6 Les pansements.......................................................................................................................... 59
4.2.7 L’hospitalisation ......................................................................................................................... 59
4.2.8 Les vêtements ............................................................................................................................ 59
4.3 LE ROLE DE CONSEIL DU PHARMACIEN D’OFFICINE EN DERMOCOSMETOLOGIE ......................................................... 59
4.3.1 Etablir un diagnostic .................................................................................................................. 60
4.3.2 Un conseil adapté ...................................................................................................................... 60
4.3.2.1 Les différents types de peau ................................................................................................................... 60
4.3.2.2 Le nettoyage ............................................................................................................................................. 61
4.3.2.3 Le soin ....................................................................................................................................................... 62
4.3.3 La dermocosmétologie dans un cadre préventif et curatif .......................................................... 63
4.3.4 Les bonnes pratiques.................................................................................................................. 63

5 PERSPECTIVES THERAPEUTIQUES............................................................................................................ 65

5.1 COMMENT RESTAURER LA FLORE DESEQUILIBREE ? .......................................................................................... 65


5.1.1 Les probiotiques ......................................................................................................................... 65
5.1.2 Greffe de flore bactérienne ........................................................................................................ 66
5.2 NOUVELLE GENERATION D’ANTIBIOTIQUES ..................................................................................................... 67
5.2.1 Utilisation de peptides antimicrobiens comme ingrédients cosmétiques pour prévenir de
pathogènes dermatologiques .................................................................................................................. 67
5.2.2 La phagothérapie ....................................................................................................................... 68

9
5.3 AUTRES STRATEGIES THERAPEUTIQUES CURATIVES ........................................................................................... 70
5.3.1 Restaurer l’intégrité de la barrière cutanée ................................................................................ 70
5.3.2 Développement de vaccins ......................................................................................................... 70

CONCLUSION .................................................................................................................................................... 71

BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................................................ 72

ANNEXE ............................................................................................................................................................ 77

10
LISTE DES ABREVIATIONS

AA Acide aminé
ADN/ARN Acide désoxyribo/ribo-nucléique
AMP Antimicrobial peptide (peptide antimicrobien)
CMH Complexe majeur d’histocompatibilité
CPA Cellule présentatrice d’antigène
DC Cellule dendritique
FFA Free fatty acid (acide gras libre)
HMP Human Microbiome Project
IFN Interféron
IL Interleukine
KLK Kallicréine
LPS Lipopolysaccharide
NCBI National Center for Biotechnology Information (centre américain)
NIH National Institutes of Health (instituts américains de la santé)
NLR NOD-like récepteur
NMF Natural moisturizing factor (facteur naturel d’hydratation)
PIE/TEWL Perte insensible en eau/Transepidermal water loss
PPAR Récepteur activé par les proliférateurs de peroxysomes
PRR Pattern recognition receptor
PSM Phenol-soluble modulin
SARM Staphylococcus aureus résistant à la méticilline
SC Stratum corneum (couche cornée)
SCN Staphylocoques à coagulase négative
SHA Solution hydro-alcoolique
TG Triglycéride
Th T helper cell
TLR Toll-like récepteur
TNF Tumor necrosis factor
UV Ultraviolet

11
INTRODUCTION

La peau est l’organe le plus important de l’organisme, tant en poids (environ 3,5 kg) qu’en
surface (environ 1,80 m² pour un adulte de 75 kg) (1). Elle est l’interface entre le corps et les
agressions constantes du monde extérieur.

A partir du XIIe siècle, le nom peau, du latin pellis, se voit utilisé chez l’homme et non plus
uniquement chez l’animal. Au fil du temps, il a évolué pour devenir le symbole de la vie, d’où
l’existence de nombreuses expressions comme « être bien dans sa peau » ou « sauver sa
peau ».

La relation entre la peau et le monde microbien est connu depuis l’antiquité (2). En effet, la
croyance que l’air et le feu fourmillent d’organismes de petites tailles se retrouve aussi bien
en Occident qu’en Inde. Les Romains ont formulé l’idée selon laquelle des agents infectieux
pourraient être à l’origine des maladies et le philosophe grec Aristote (350 avant JC), émit
l’hypothèse d’une contagion possible de certaines maladies.

On associe la découverte de la bactériologie à Antoine van Leeuwenhoek (XVIIe), drapier


hollandais, inventeur des premiers microscopes. Cherchant d’abord à observer de plus près
son métier à tisser, il découvre un monde microbien, invisible à l’œil nu, qu’il décrit comme
étant composé « d’animalcules ». Curieux, il examina divers milieux et commença à décrire
les formes de ces animalcules. En observant sa plaque dentaire il dira « Il y a plus
d’organismes vivants dans ma bouche que d’habitants dans toute la Hollande ».

A partir de 1876, d’autres génies tels que Louis Pasteur et Robert Koch posèrent des postulats
en la matière. De l’évidence à la mise en évidence des bactéries, elles furent essentiellement
considérées comme des agents pathogènes causant de multiples pathologies. Par conséquent
l’hygiène et les antibiotiques furent largement utilisés pour « traiter » les bactéries présentes
sur la peau.

Nous avons environ un million de bactéries présentes sur chaque centimètre carré de notre
peau (3). Est-ce une bonne chose ou serait-il préférable d’en diminuer le nombre ? « Traiter »
notre peau contre ses bactéries en utilisant des produits d’hygiène, des médicaments ou des
cosmétiques, nous protège-t-il contre les maladies ou, au contraire, cela ne favorise-t-il pas la
colonisation par des agents pathogènes ? Comment les microbes vivant sur notre corps
interagissent-ils les uns avec les autres et avec notre organisme ? Et enfin, comment respecter
et préserver ce fragile équilibre ?

12
1 RAPPELS ET RESUME DES CONNAISSANCES

1.1 STRUCTURE CUTANEE

1.1.1 Composition et caractéristiques de la peau

La peau est un tissu stratifié composé de trois couches superposées : l’épiderme, le derme et
l’hypoderme (de la surface vers l’intérieur). Pour compléter la topographie générale, on
trouve des annexes telles que les follicules pileux et les glandes sébacées (Figure 1) (1,4,5).

Figure 1. Structure générale de la peau (6)

1.1.1.1 L’épiderme

L’épiderme est la couche supérieure la peau. Elle est elle-même composée de différentes
couches dont la plus extérieure, la couche cornée ou stratum corneum (SC), est constituée de
cellules mortes (Figure 2). L’épiderme est séparé du derme par la lame basale ou couche
germinative à partir de laquelle vont se former les cellules.

13
Au niveau de l’épiderme, on trouve des ostiums (sortie de poil) et des pores sudoraux. Son
épaisseur moyenne est de 0,10 mm (50 µm au niveau des paupières et 1000 µm au niveau des
paumes). Il n’est ni vascularisé, ni innervé.

L’épiderme est essentiellement composé de kératinocytes (principales cellules fibreuses) mais


également de mélanocytes (cellules de la pigmentation), de cellules de Langerhans (cellules
immunitaires) et de cellules de Merkel (cellules de la sensibilité et du toucher).

Les kératinocytes sont produits au niveau de la couche basale et vont se différencier en


remontant vers la surface pour atteindre la couche cornée et desquamer 1 . Il s’agit du
renouvellement cutané qui a lieu en quatre semaines environ.

couche cornée = stratum corneum

couche granuleuse = stratum granulosum

couche épineuse = stratum spinosum

lame basale ou couche germinative = stratum germinatum

mélanocyte

Figure 2. Couches de l'épiderme (7)

L’épiderme étant la couche la plus superficielle de la peau, elle va assurer un rôle de défense
important contre les contaminations extérieures. C’est également à ce niveau que nous allons
retrouver une grande partie de la flore bactérienne cutanée.

1.1.1.2 Le derme

Le derme donne sa solidité à la peau, sa résistance et son élasticité. Il est plus épais (1 à 4
mm) et moins dense que l’épiderme.

Le derme est constitué d’une couche superficielle, le derme papillaire et d’une couche
profonde, le derme réticulaire. Il est composé d’une matrice extracellulaire (substance
amorphe constituée de glycoprotéines, de collagène, d’élastine et d’acide hyaluronique) et de
cellules (fibroblastes, macrophages, mastocytes et leucocytes). Les fibroblastes produisent le

1
La partie superficielle de la peau se détache sous forme d’écailles (squames) éliminant les cellules mortes,
microbes et corps étrangers

14
collagène (responsable de la plasticité de la peau) et jouent un rôle important dans la
cicatrisation. Les autre cellules appartiennent au système immunitaire, elles ont donc un rôle
de défense.

Le derme renferme le système vasculaire responsable de la thermorégulation et les fibres


nerveuses impliquées dans la sensibilité. Enfin, c’est également le siège des annexes
cutanées.

1.1.1.3 L’hypoderme

L’hypoderme est un tissu lâche et vascularisé. Il renferme les adipocytes (cellules


graisseuses). C’est donc un réservoir énergétique. Il va également avoir un rôle mécanique en
amortissant les pressions exercées, il contribue donc à protéger les organes profonds.

1.1.1.4 Les annexes de la peau

Le follicule pileux est une structure épidermique incluse dans le derme. Comme nous pouvons
le voir sur la Figure 3 la couche germinative de l’épiderme suit le follicule pileux en
s’enfonçant dans le derme. La glande sébacée est une annexe formant, avec le poil et son
muscle arrecteur, une unité pilo-sébacée. La glande sébacée sécrète du sébum qui a un rôle de
lubrification de la peau et des poils et de protection par son hydrophobie et son activité
bactériostatique2.

Figure 3. Coupe de peau avec racine dermo-épidermique (8)

2
Inhibant la croissance bactérienne

15
En plus des follicules pilo-sébacés, la peau présente des glandes sudoripares ou sudorales.
Elles sont de deux types : eccrine et apocrine. La sueur eccrine est une sécrétion salée
composée à 99% d’eau qui a pour rôle de refroidir l’organisme. Cette sudation thermique va
également humidifier la peau. La sueur apocrine, elle, est une substance laiteuse et épaisse,
c’est elle qui va être à l’origine de l’odeur corporelle (avec l’intervention de la flore
bactérienne). Son rôle n’est pas bien défini chez l’homme.

L’hétérogénéité de la structure cutanée (couches, plis et invaginations) explique la diversité


microbienne à travers l’organisme. Des communautés bactériennes distinctes se répartissent
dans des microenvironnements uniques selon l’hydratation, le pH et les nutriments.

1.1.2 La barrière cutanée

La barrière cutanée est composée de plusieurs couches sous l’épiderme qui ont des fonctions
précises et qui abritent des microorganismes. Il existe également une couche aqueuse et
lipidique (film hydrolipidique) au-dessus de l’épiderme qui contribue à l’écologie de la
surface. La barrière cutanée est donc essentiellement représentée par la barrière épidermique
(5).

La kératine, la loricrine, la cornéodesmosine, l’involucrine et la filaggrine sont des protéines


qui jouent un rôle important dans la composition de la barrière cutanée.

Toutes ces couches combinées assurent la défense contre les agents infectieux et contre les
agressions externes physiques (traumatismes, changements de température, rayons UV, etc.)
ou chimiques (produits toxiques, allergènes, etc.). Une autre fonction de la barrière cutanée
est aussi le contrôle de la perte en eau.

Il s’agit donc d’une barrière physique, hydrique, anti-oxydante, photo-protectrice et


antimicrobienne.

1.2 MICROORGANISMES CUTANES

1.2.1 Rappel des caractéristiques bactériennes

Les bactéries sont des microorganismes vivants procaryotes3. Elles sont présentes dans tous
les milieux, sol, eau ou air. On estime le nombre d’espèces bactériennes sur la planète entre
100 et 1000 milliards dont seulement 10 millions ayant déjà été décrites (9).

3
Organisme unicellulaire sans noyau avec structure chromosomique simple

16
1.2.1.1 Structure

Les bactéries présentent une paroi cellulaire, c’est une membrane rigide qui donne sa forme à
la bactérie et qui a pour rôle de la protéger contre les chocs mécaniques. C’est la membrane la
plus externe, sauf dans le cas des bactéries encapsulées. La capsule est dense, son rôle est de
défendre la bactérie et elle est également impliquée dans sa pathogénicité. On trouve ensuite
la membrane cytoplasmique, un double feuillet lipidique, qui joue le rôle de barrière sélective
et perméable. A l’intérieur, le cytoplasme essentiellement constitué d’eau renferme de
nombreux éléments nécessaires à la survie bactérienne. Dans le cytoplasme, on retrouve
l’appareil nucléaire ou nucléoïde libre (chromosome unique), contrairement aux eucaryotes, il
n’est pas contenu dans un noyau. Les ribosomes présents dans le cytoplasme, constitués
d’ARN et de protéines, ont pour rôle d’assurer la synthèse des protéines. Enfin, certaines
espèces bactériennes peuvent présenter des flagelles, fimbriae ou pili qui sont des filaments
permettant à la cellule de se déplacer et d’adhérer aux surfaces (Figure 4).

Figure 4. Schéma de la structure d'une bactérie (10)

17
1.2.1.2 Critères d’identification

1.2.1.2.1 La taille et la forme

La taille des bactéries varie généralement de 1 à 10 µm, par conséquent elles ne sont visibles
qu’au travers d’un microscope optique ou électronique.

On peut différencier les bactéries à leur forme. Les bactéries « rondes » sont appelées cocci et
les bactéries « bâtons » sont dites bacilles. Il existe également d’autres formes de bactéries
comme les « spiralées » ou « hélicoïdales ».

Exemples de cocci à Gram positif :


- Staphylococcus : en grappe
- Streptococcus : en chaine
- Micrococcus : en tétrade

Exemple de cocci à Gram négatif :


- Neisseria : diplocoque

Exemples de bacilles à Gram positif :


- Lactobacillus
- Corynebacterium

Exemples de bacilles à Gram négatif :


- Escherichia coli

1.2.1.2.2 La coloration de Gram

On utilise deux types de coloration (ex : violet de gentiane et fuchsine) et on observe au


microscope optique la différence d’affinité des bactéries pour ces deux colorants.

La différence est due à la composition de la paroi bactérienne. Les bactéries ayant une paroi
simple, épaisse et riche en peptidoglycanes se colorent en pourpre et sont dites à Gram positif.
Les bactéries ayant une paroi cellulaire fine, complexe et dotée d’une membrane externe riche
en lipopolysaccharides et lipoprotéines se colorent en rose et sont dites à Gram négatif (Figure
5 et Figure 6).

Exemples de bactéries à Gram positif :


- Cocci : Staphylococcus, Streptococcus, Micrococcus, etc.
- Bacilles : Lactobacillus, Clostridium, Bifidobacterium, Listeria, Corynebacterium,
etc.

Exemples de bactéries à Gram négatif :


- Cocci : Neisseria

18
- Bacilles : Entérobactéries (E. coli, Salmonella, etc.), Pseudomonas, Legionella,
Campylobacter, Vibrio cholerae, etc.

Figure 5. Schéma du protocole pour la coloration de Gram (11)

bacille à Gram (+)

bacille à Gram (-)

Figure 6. Observation microscopique de bactéries après coloration de Gram (12)

1.2.1.2.3 Le type respiratoire

On observe trois types de respiration chez les bactéries : aérobie, anaérobie et aéro-anaérobie
facultatif. Les bactéries aérobies strictes nécessitent de l’oxygène pour vivre, par conséquent
on les trouvera dans les milieux superficiels. A contrario, les bactéries anaérobies auront
besoin d’un milieu sans oxygène. Les bactéries aéro-anaérobies facultatives pourront se
développer dans tous types de milieux. Il existe également des bactéries dites microaérophiles
qui nécessitent une infime proportion d’oxygène pour se développer.

19
1.2.1.2.4 La catalase

Certaines bactéries possèdent une catalase. C’est une enzyme qui leur permet de catalyser le
peroxyde d’hydrogène (H2O2) en eau et en dioxygène (H2O + ½ O2). Cette réaction provoque
des bulles, ce qui nous permet d’identifier les bactéries qui possèdent la catalase, les catalase
(+), de celles qui ne la possèdent pas, les catalase (-).

La quasi-totalité des bactéries à Gram négatif possèdent une catalase, par conséquent ce test
n’est pas utilisé pour les différencier, il va être utilisé uniquement pour les bactéries à Gram
positif.

1.2.1.2.5 La coagulase

Le test de la coagulase va, lui, servir à différencier les staphylocoques. Les staphylocoques
sont des cocci à Gram positif, catalase (+).

L’espèce Staphylococcus aureus (staphylocoque doré) possède une coagulase. Les autres
staphylocoques (env. 30 à 40 espèces) dont S. epidermidis sont des staphylocoques à
coagulase négative ou SCN.

La coagulase est une enzyme qui a la capacité de faire coaguler le plasma, par conséquent,
cela explique en partie le potentiel pathogène de S. aureus.

1.2.1.2.6 La fermentation

Enfin les tests de fermentation ont pour but de différencier les bacilles à Gram négatif.
Certaines espèces sont capables de fermenter le glucose et/ou le lactose.

Exemples :
- Glucose(+) Lactose(+) : Escherichia coli
- Glucose(+) Lactose(-) : Salmonella, Shigella, Proteus
- Glucose(-) Lactose(-) : Pseudomonas, Acinetobacter

1.2.1.3 Résistance aux antibiotiques

Les différents éléments de structure cités précédemment (cf. Structure, p.17) sont les cibles
spécifiques des mécanismes d’action des médicaments antibiotiques. Par exemple, les
pénicillines, famille d’antibiotiques la plus utilisée, inhibent la synthèse du peptidoglycane
qui est un constituant essentiel de la membrane bactérienne.

20
L’utilisation des antibiotiques a généré un phénomène de pression sur les bactéries, à l’origine
d’un développement d’un système de défense de la part de la bactérie envers l’antibiotique,
c’est l’antibiorésistance.

1.2.2 Champignons, parasites et virus

A l’heure actuelle, l’essentiel des recherches concernant le microbiote 4 est focalisé sur les
espèces bactériennes. Néanmoins il ne faut pas en oublier les autres microorganismes vivants
sur notre peau : champignons, parasites, virus, etc. (5,13).

L’espèce fungique la plus fréquemment rencontrée dans flore cutanée normale est Malassezia.
Cette levure représenterait plus de 80% des champignons présents sur la peau. On la retrouve
au niveau des zones sébacées comme le tronc, le dos, le visage ou le cuir chevelu en raison de
la présence de lipides indispensables à sa survie.

Demodex est un petit parasite de la famille des acariens qui réside dans les unités pilo-
sébacées. Bien que considéré comme commensal 5 , il serait impliqué dans des pathologies
telles que la rosacée.

Les virus sont certainement les membres de la flore cutanée les moins étudiés. Grâce à leur
grande diversité, ils jouent très probablement un rôle dans l’immunité cutanée. De futures
études semblent indispensables à la compréhension de la flore non bactérienne.

1.3 METHODES ANALYTIQUES

Il est nécessaire de cultiver les bactéries pour en découvrir leurs fonctions.

1.3.1 Culture in vitro

Historiquement, l’identification et la caractérisation de la flore bactérienne cutanée reposait


sur la culture in vitro de ces bactéries à partir de prélèvements cutanés. Les méthodes
analytiques basées sur la culture sont encore très courantes (5,8).

Elles nécessitent l’utilisation de milieux de culture, c’est-à-dire de préparations au sein


desquelles des microorganismes peuvent se multiplier. Le milieu de culture doit satisfaire aux
exigences nutritives du microorganisme étudié. Dans le cas de la flore cutanée, il faut donc
des milieux de culture contenant des substrats naturels adapté à la peau (ex : lipides…) et des
conditions physico-chimiques adaptées à la croissance des bactéries (ex : pH proche du pH
4
Ensemble des microorganismes vivants peuplant un milieu de vie spécifique
5
Hôte habituel de l’organisme, non pathogène

21
optimal de croissance). Ensuite, il faudra analyser les échantillons de façon macroscopique,
microscopique et biochimique selon les critères d’identification cités précédemment.

Néanmoins certaines bactéries nécessitent des substrats de croissance très particuliers et sont
difficiles à isoler. Par conséquent, quand l’on n’arrive pas à reproduire les bons facteurs de
croissance, on passe à côté de la présence de certaines bactéries qui sont sous-représentées
voire non détectées. A contrario, d’autres bactéries se développent de manière très rapide, par
conséquent l’interprétation des résultats concernant la quantité relative est faussée.

L’inconvénient de ce type de culture est donc qu’il ne permet de cultiver qu’une faible partie
des bactéries. C’est à cause de cela que la diversité bactérienne a longtemps été sous-estimée.

1.3.2 Séquençage de l’ADN

L’arrivée du séquençage ADN a permis d’étendre énormément nos connaissances du monde


microbien. C’est une technique moléculaire qui permet de dénombrer les bactéries. Une base
de données de plus de 4800 séquences génomiques6 de procaryotes a été établie par le NCBI
(14).

Il est à présent possible d’identifier les bactéries grâce à leur séquence ADN, plus
spécifiquement grâce à une petite sous-unité d’ARN ribosomal. Il s’agit de l’unité 16S,
universelle chez les organismes procaryotes (Figure 7) (8,15).

Cette découverte a subi une énorme avancée en 2007 quand fut lancé le « Human Microbiome
Project » (HMP) par les National Institutes of Health (instituts américains de la santé).
L’intention de ce projet était de topographier et caractériser l’ensemble des bactéries résidant
sur différents sites du corps humain. Le projet d’étude de 18 différents sites corporels sur 240
volontaires sains se termina en 2012. On commence à présent à apercevoir la complexité du
microbiote humain et la quantité incroyable de variabilités intra- et interpersonnelles des
communautés résidant sur notre corps (5,16).

Une autre technique existe, c’est le séquençage métagénomique 7 . Il s’agit d’isoler et de


séquencer de façon massive la totalité de l’ADN métagénomique à partir d’un échantillon
cutané. Cet échantillon peut renfermer des bactéries mais également des virus, des
champignons et même des cellules hôtes (3,8,17).

6
Le génome est l’ensemble du matériel génétique d’un organisme (ADN, ARN)
7
Etude de l’ensemble des génomes issus d’un même milieu

22
Figure 7. Exemple de séquençage d'ARNr 16S bactérien pour une étude la flore cutanée (8)

23
2 LA FLORE CUTANEE NORMALE

2.1 COMPOSITION DE LA FLORE CUTANEE NORMALE

2.1.1 Types de bactéries

La flore cutanée est composée de 10² à 106 bactéries par cm². On peut distinguer deux types
de flores bactériennes : la flore résidente et la flore transitoire.

2.1.1.1 La flore résidente

La flore résidente est composée majoritairement de bactéries aérobies ou aéro-anaérobies


facultatives à Gram positif. Ce sont des germes commensaux qui vivent au dépend de leur
hôte sans leur causer de dommage. La composition de la flore résidente est fixe et
permanente, elle se reforme spontanément après perturbations (13).

La flore cutanée résidente est constituée de quatre groupes majoritaires, les phyla
Actinobacteria (52%), Firmicutes (24%), Proteobacteria (16%) et Bacteroidetes (5%)
(5,16,18).

Les genres présents en plus grande quantité sont Corynebacterium et Propionibacterium


appartenant au phylum 8 Actinobacteria. Ce sont des bacilles aéro-anaérobies facultatifs à
Gram positif. On y trouve C. accolens, C. jeikeium, C. urealyticum, C. amycolatum, C.
minutissimum, C. striatum, P. acnes, P. granulosum et P. avidum. Il y a également la présence
de Micrococcus, cocci aérobies à Gram positif (3).

Dans le phylum Firmicutes on peut citer les Staphylococcus qui sont des cocci aéro-
anaérobies facultatifs à Gram positif et catalase positive. Chez les staphylocoques à coagulase
négative (SCN), l’espèce la plus retrouvée est S. epidermidis, il y a également S. hominis, S.
capitis et S. saprophyticus. Les staphylocoques possèdent des adhésines qui facilitent leur
attachement.

Le phylum Bacteroidetes est composé de bacilles anaérobies stricts à Gram négatif.

2.1.1.2 La flore transitoire

La peau est vectrice de germes. La flore transitoire polymorphe est d’origine


environnementale ou peut provenir d’autres flores commensales de l’organisme, notamment
de la flore digestive. Elle reflète une contamination récente et peut donc varier dans la
journée, selon les activités et selon l’environnement. Néanmoins, la flore transitoire ne
8
Embranchement

24
prolifère pas grâce, entre autre, à l’effet protecteur de la flore résidente. C’est une flore
saprophyte qui se nourrit de matière organique en décomposition provenant de
l’environnement. Elle peut comporter des germes potentiellement pathogènes (13,19–22).

Cette flore transitoire est composée entre partie d’entérobactéries (Escherichia coli), bacilles
aéro-anaérobies facultatifs à Gram négatif, de streptocoques du groupe B (Firmicutes), cocci à
Gram positif, et de Pseudomonas aeruginosa (Proteobacteria), bacille aérobie strict à Gram
négatif. On trouve également l’espèce Staphylococcus aureus, il s’agit d’un staphylocoque à
coagulase positive le plus souvent sensible à la méticilline mais il existe aussi un variant
particulier de S. aureus résistant à la méticilline (USA 300) qui colonise les sites humides
d’hôtes sains.

2.1.2 Localisation des bactéries

On trouve la présence de microorganismes essentiellement au niveau de l’épiderme et


notamment de la stratum corneum où ce sont majoritairement des bactéries aérobies, et des
annexes où ce sont plutôt des bactéries anaérobies (22). Néanmoins des études récentes ont
montré que certaines espèces bactériennes peuvent également résider plus profondément au
niveau du derme (23).

La Figure 8 illustre d’importantes différences dans l’anatomie de la peau selon différents sites
du corps. Au niveau de la couche cornée on va trouver des sites plus ou moins exposés à
l’environnement extérieur, pileux ou glabre et d’épaisseur cutanée différente. Les sites
humides sont essentiellement les aisselles, nombril, aine, plantes de pieds, creux des coudes et
genoux. Les sites riches en sébum sont, eux, le front, les ailes du nez, l’arrière de l’oreille et le
dos. Enfin les sites secs sont ceux qui présentent le plus de diversité, ce sont les avant-bras,
certaines zones de la main et les fesses (2).

Figure 8. Variations de la peau à différents sites du corps (5)

25
Les annexes cutanées comprennent les glandes sudorales eccrines et apocrines. Les glandes
eccrines, de par leur rôle de thermorégulation, induisent un milieu sec, frais et légèrement
acide. Elles sont présentes au niveau des paumes de mains et plantes de pieds mais
complétement absentes des zones génitales. Les glandes apocrines qui sécrètent des acides
gras sont surtout présentes dans les régions axillaires et génitales et autour de l’oreille. Enfin
les unités pilo-sébacées constituées des follicules et des glandes sébacées qui sécrètent le
sébum sont réparties sur la quasi-totalité de la surface cutanée. Le sébum crée une couche
hydrophobe qui lubrifie et protège les cheveux ainsi que la peau (2).

La répartition des bactéries varie selon leur localisation dans des sites qui diffèrent par leurs
aspects physiologiques (Figure 9).

Figure 9. Composition de la flore cutanée selon les différents sites anatomiques (24)

26
Les staphylocoques ont un fort pouvoir d’adaptation. Ils sont aéro-anaérobies facultatifs et
peuvent donc être trouvés aussi bien sur la surface cutanée qu’au niveau des follicules pileux
pauvres en oxygène. Ils se situent donc dans des sites exposés secs tels que les paumes de
mains et avant-bras ainsi que dans des sites clos humides et chauds comme les aisselles, l’aine
et les espaces interdigitaux. De plus, ils sont halotolérants, ce qui signifie qu’ils sont capables
de supporter de grandes concentrations en sel, par conséquent ils sont également présents dans
la transpiration (3,5). Certaines espèces de staphylocoques ont des localisations spécifiques
(21,25) :
- S. epidermidis : visage, narines, aisselles
- S. haemolyticus : aisselles, périnée, espaces interdigitaux
- S. hominis : aisselles, périnée, aine

Les corynébactéries sont plutôt retrouvées dans les sites humides et lipidiques. Elles sont
également halotolérantes et sont donc présentes au niveau des glandes eccrines (3,5).
Certaines espèces de corynébactéries ont des localisations spécifiques (21,25) :
- C. lipophilus : narines, espaces interdigitaux, périnée
- C. jeikeium : mains du personnel hospitalier, peau du sujet sain mais surtout peau du
sujet immunodéprimé
- C. urealyticum : portage manuel en milieu hospitalier

Les propionibactéries sont plutôt présentes au niveau des follicules pileux pauvres en oxygène
mais aussi en surface cutanée (3,5). Certaines espèces de propionibactéries ont des
localisations spécifiques (21) :
- P. acnes : dans les zones lipidiques à partir de la puberté, cuir chevelu, ailes du nez,
visage, muqueuses, follicules pilosébacés
- P. granulosum : sécrétions sébacées
- P. avidum : sueur eccrine

La flore cutanée de la main est dynamique car plus influencée par les facteurs temporels. La
main est un vecteur de transmission de microorganismes entre notre corps et l’environnement.
La diversité y est plus importante que sur le reste du corps, on y trouve entre 8 et 24 familles
de bactéries et plus de 150 espèces sur la paume. Les mains peuvent également être porteuses
de germes pathogènes comme les SARM (Staphylococcus aureus résistant à la méticilline)
(26).

2.1.3 Diversité de la flore cutanée normale

Les descriptions établies ci-dessus, concernent de manière générale la flore cutanée normale.
On y constate déjà une grande diversité concernant les différents microorganismes constituant
la flore cutanée et concernant leur typographie. Cependant il existe également une variation
dans les proportions de bactéries colonisant la peau, résultant de différents facteurs.

27
Certains des facteurs à l’origine de l’hyperdiversité de la flore cutanée sont des facteurs
intrinsèques c’est-à-dire propres à l’individu lui-même, d’autres sont des facteurs extrinsèques
provenant de l’extérieur.

La diversité est spatiale et temporelle, entre différents individus ou au sein d’un même
individu. Les chercheurs s’accordent à dire que les variations interpersonnelles (différences
entre les individus) sont plus importantes que les variations intrapersonnelles (différences au
sein de l’individu) (4).

2.1.3.1 Les facteurs intrinsèques à l’origine de la diversité

Le facteur temporel de diversité est l’âge. Le fœtus est stérile avant la naissance puis sa peau
est colonisée différemment selon l’accouchement. Les nouveau-nés naissant par voie basse
vont avoir une flore cutanée proche de la flore vaginale de la maman (Lactobacillus,
Prevotella, Sneathia spp.). Ceux naissant par césarienne ont une flore cutanée présentant des
similitudes avec la flore cutanée de la maman (Staphylococcus, Corynebacterium,
Propionibacterium spp.). La flore du nouveau-né est peu diversifiée et dynamique, la
différence de flore selon le mode d’accouchement disparait à l’âge d’un mois.

Dans les premières années de vie de l’enfant, la flore cutanée se diversifie selon l’exposition à
l’environnement, aux autres individus, aux animaux de compagnie et selon l’alimentation. La
surface cutanée de l’enfant est plus humide et les espèces bactériennes sont présentes dans des
proportions différentes à celles de la flore cutanée de l’adulte (par ordre d’importance :
Firmicutes, Actinobactéries, Protéobactéries, Bactéroidetes).

Chez les adolescents, on a une augmentation de la production de sébum et un taux


d’hormones plus élevé ce qui se caractérise donc par la présence de Propionibacterium acnes
et de Corynebacterium.

La diversité de la flore cutanée est maximale chez l’adulte sain. On y retrouve les 4 phylas,
par ordre d’importance, Proteobactéries, Actinobactéries, Firmicutes et Bacteroidetes.

Enfin, chez les personnes âgées, la peau est plus sèche. Cela est dû à une réduction de
l’activité des glandes sudorales et sébacées. Par conséquent, la diversité est moindre (5,13).
On remarque également une augmentation du pH cutané chez les 67-95 ans (27), cela va avoir
une influence directe sur la croissance bactérienne.

Le sexe est également un facteur de diversité. En effet la densité microbienne est plus
importante chez l’homme que la femme, en raison de la production de sébum ou de
transpiration, l’épaisseur cutanée, le climat hormonal, etc. (13). L’homme a un épiderme plus
lipidique que celui de la femme. Il possède un taux plus important de glandes sébacées et
sudoripares (4). La peau de la femme est légèrement plus acide que celle de l’homme (28).

28
Néanmoins, le microbiote cutané de la main est plus varié chez la femme. Exemples de genres
et familles de la flore cutanée retrouvés au niveau des mains (26) :
- Plus présents chez l’homme que chez la femme : Propionibacterium,
Corynebacterium
- Plus présents chez la femme que chez l’homme : Enterobacteriaceae, Moraxellaceae,
Lactobacillaceae, Pseudomonadaceae

Les microorganismes sont donc retrouvés en proportion différentes chez l’homme et la


femme.

La réactivité immunitaire peut aussi être considérée comme un facteur intrinsèque de


diversité de la flore cutanée. Les flores identifiées chez le sujet sain, immunocompétent, et
chez le sujet fragilisé, immunodéprimé, diffèrent.

2.1.3.2 Les facteurs extrinsèques à l’origine de la diversité

Le style de vie, l’ethnie et la localisation géographique sont des facteurs de diversité externes
à l’individu. Ce sont des facteurs de l’environnement qui peuvent influer sur la diversité de la
flore cutanée (16).

On remarque que les membres d’une même famille habitant sous le même toit, présentent des
flores cutanées similaires par rapport à celles d’étrangers. Cette similitude est également
retrouvée entre la flore cutanée d’un animal de compagnie et celle de son maitre (29).

2.2 LES FACTEURS DE CONTROLE

De nombreux facteurs exercent une influence sur la croissance bactérienne. Aussi bien les
substrats disponibles au niveau de la peau que les conditions environnementales peuvent avoir
un effet bénéfique ou au contraire inhibiteur sur la colonisation de la flore cutanée.

2.2.1 Substrats disponibles

Les bactéries extraient des nutriments à partir des composants de la couche cornée, des
glandes sébacées ainsi que des sécrétions eccrines et apocrines (Figure 10).

29
Figure 10. Le microenvironnement de la peau influe sur la composition de la flore cutanée (3)
(AA : acides aminés ; FFA : acides gras libres ; HCO3+ : bicarbonates ; H2O : eau ; LHC : cellule de Langerhans ; NaCl :
chlorure de sodium ; TG : triglycérides)

2.2.1.1 Disponibilité en eau

Le substrat le plus important et ne nécessitant aucune assimilation ou transformation est sans


aucun doute l’eau. La disponibilité en eau varie selon le taux de perte trans-épidermique et
selon la sécrétion de sueur eccrine. La proportion en eau dans la peau varie également selon
l’âge ; elle est beaucoup plus élevée chez le nouveau-né (environ 75%) et diminue chez le
sujet âgé (environ 62%). Le teneur en eau du derme est d’environ 70% et 13% pour
l’épiderme (1).

Normalement l’une des fonctions de la barrière cutanée est d’être imperméable de manière à
garder l’eau à l’intérieur mais cette fonction n’est pas infaillible et une certaine proportion
d’eau se retrouve disponible sur la peau, c’est ce qu’on appelle le flux transépidermique ou
perte insensible en eau (PIE) (30).

La sueur eccrine est une autre source d’eau. Sa sécrétion va dépendre de la température
corporelle et de l’activité physique du sujet. Un environnement chaud et sec va avoir pour
effet de faire augmenter l’évaporation.

La colonisation bactérienne est plus importante dans les sites humides et clos tels que les
aisselles et les narines par rapport aux sites secs et exposés tels que les avant-bras (31).

30
2.2.1.2 Oxygène

Le taux d’oxygène présent au niveau cutané va conditionner le type de flore bactérienne


pouvant coloniser cette zone. Les bactéries aérobies strictes (ex : Micrococcus) vont être
retrouvées à la surface cutanée car elles nécessitent une quantité importante d’oxygène alors
que les anaérobies strictes (ex : bacilles à Gram négatif du phylum Bacteroidetes) vont, elles,
se développer en profondeur au niveau des annexes (follicules pileux et glandes sébacées), où
l’air n’est pas présent. Les bactéries aéro-anaérobies facultatives (ex : Corynebacterium,
Propionibacterium, Staphylococcus) peuvent, quant à elles, coloniser indifféremment des
lieux exposés et clos (31).

2.2.1.3 Les nutriments

Les nutriments disponibles dans le sébum ou la sueur sont indispensables à la croissance


bactérienne. L’environnement cutané possède des lipides, polysaccarides, protéines et autres
polymères. La flore cutanée produit un éventail d’enzymes extracellulaires (notamment
lipases et protéases) qui dégradent ces polymères dans un but nutritif. Les besoins ne sont pas
identiques pour la flore résidente et la flore transitoire, ils diffèrent également selon l’espèce
(Tableau 1). La disponibilité en nutriments va donc déterminer la densité et la diversité de la
flore cutanée (3,26,31).

Tableau 1. Nutriments nécessaires aux trois principaux genres bactériens de la flore cutanée (adapté d’après (3))

Genre Phylum Source de nutrition primaire sur la peau


Staphylococcus Firmicutes Sueur : urée, azote, acides aminés, glucose
Sébum : acides aminés
Couche cornée : peptides
Corynebacterium Actinobacteria Sueur : urée, azote, vitamines, glucose
Sébum : lipides
Couche cornée : lipides
Propionibacterium Actinobacteria Sueur : acides aminés, glucose
Sébum : lipides, acides aminés
Couche cornée : peptides, lipides

Les protides :

Les peptides : Staphylococcus spp. utilisent l’urée présente dans la transpiration comme
source nutritive d’azote. La souche USA 300 de SARM possède un élément mobile codant
pour le gène de catabolisme de l’arginine (ACME), c’est-à-dire une enzyme capable de
convertir l’arginine, abondamment présente dans la couche cornée, en ornithine. Cela va
optimiser les conditions de croissance des staphylocoques. Dans le cas où l’arginine présente
ne serait pas métabolisée, elle serait utilisée pour produire du monoxyde d’azote et acidifier le

31
pH cutané, ce qui est délétère pour les staphylocoques. Cet ACME inclurait également un
élément qui faciliterait l’assimilation des peptides comme nutriments. D’autres acides aminés
présents dans la sueur et le sébum (cystéine, méthionine, valine, histidine, phénylalanine,
tryptophane et tyrosine) sont également requis par Micrococcus spp., Staphylococcus spp. et
Propionibacterium spp.

Les protéines : Staphylococcus spp. possèdent des protéases (adhésines) qui permettent de
remodeler la couche cornée et d’en libérer des nutriments additionnels. P. acnes peut produire
des protéases capables de libérer de l’arginine (source d’énergie carbone) des protéines
cutanées.

Les lipides : 80% des S. epidermidis produisent une enzyme qui estérifie les acides gras libres
et le cholestérol (dans le sébum). Corynebacterium spp. sont des bactéries lipophiles qui ne
peuvent produire leurs propres lipides, elles doivent donc les obtenir de l’environnement
(elles utilisent les composants lipidiques du sébum et de la couche cornée). P. acnes possède
des lipases qu’il utilise pour acquérir des nutriments du sébum riche en lipides (hydrolyse des
triglycérides en acides gras libres, ce qui améliore l’adhérence des bactéries puis la
colonisation des glandes sébacées). Le sébum agit généralement comme une couche
antibactérienne (32).

Les vitamines : Corynebacterium spp. nécessitent des vitamines contenues dans la


transpiration : biotine, nicotinamide, thiamine librement disponibles.

Les sels minéraux et ions inorganiques : de grandes concentrations de magnésium,


phosphate et sulfate sont requises pour la croissance bactérienne.

2.2.2 Environnement

Enfin, bon nombre de facteurs influant sur la croissance bactérienne proviennent de


l’environnement. Le climat est responsable de conditions physico-chimiques telles que la
température, l’humidité ambiante ainsi que l’apport d’UV au niveau de la peau (13).

2.2.2.1 Le pH

Le pH cutané moyen normal est légèrement acide, il est compris entre 4 et 7 (ex : 4,6 pour le
front, 7 entre les orteils). Le pH a un rôle dans le maintien et la sélection de la flore cutanée
normale. Il permet de lutter contre les pathogènes (ex : S. aureus nécessite un pH plus élevé
pour se développer, on a donc une inhibition de sa croissance à pH 5). A contrario, les
bactéries commensales sont positivement impactées par un milieu physiologique légèrement
acide (ex : le pH optimal des propionibactéries est 5,5). Certaines bactéries commensales ont
la capacité de métaboliser les lipides en acides gras libres, ce qui contribue à acidifier le pH
cutané (4). Le pH de la couche cornée régule son intégrité, sa régénération et la barrière

32
antimicrobienne. La desquamation permanente au niveau cutané impose aux bactéries une
nécessité de ré-adhérer très rapidement à la surface cutanée. Le pH physiologique tend à
diminuer l’activité des peptidases responsables de la desquamation. Un pH alcalin 9 va
augmenter la dissociation des bactéries endogènes à la surface cutanée. Enfin, un pH alcalin
va aussi avoir pour effet de diminuer l’hydratation cutanée (13,27,31).

2.2.2.2 La température

La température de la surface cutanée est variable (ex : 30°C pour la plante des pieds et 35°C
pour les aisselles), elle conditionne la composition de la flore cutanée (22). Le système de
régulation de la température via la vascularisation du derme permet des variations de
température cutanée de 30 à 40°C pour des températures extérieures allant de 15 à 40°C (33).
La température de croissance optimale est différente selon l’espèce bactérienne.

2.2.2.3 Les rayonnements ultra-violets

Les UV peuvent induire des mutations qui vont avoir pour effet de diminuer voire de stopper
la croissance bactérienne. Les UV-C (courte longueur d’onde) sont bactéricides, néanmoins
ils sont absorbés par l’atmosphère et n’atteignent pas la terre.

2.2.2.4 Le stress

Le stress peut également être considéré comme un facteur environnemental. Notre organisme
est soumis à un stress constant, il peut être psychologique (anxiété, dépression) ou
physiologique (pathologie cutanée, maladie métabolique). Réciproquement, les facteurs
environnementaux tels que le taux d’humidité ou des températures extérieures élevées
peuvent être considérés comme des facteurs de stress. Les réponses de l’organisme face à un
stress vont avoir une influence sur le système immunitaire inné et sur la flore cutanée (34).

Un stress a la capacité d’altérer la guérison d’une plaie et/ou d’induire la chronicité de la


blessure. Les réponses de l’hôte face au stress vont provoquer des changements endocriniens
et métaboliques dans le microenvironnement de la plaie. Une altération de la réponse
physiologique au stress va alors donner la possibilité aux pathogènes de contourner la réponse
immunitaire innée de l’hôte en modifiant des composants de la membrane ou en sécrétant des
facteurs de virulence de façon à promouvoir leur survie.

Il y a différentes voies de réponse face à un stress : les catécholamines (épinéphrine et


norépinéphrine), les glucocorticoïdes (cortisol) et la voie cholinergique (acétylcholine). Ces

9
pH supérieur à 7

33
facteurs induits par le stress augmentent le risque d’altérer la guérison et la susceptibilité de
contracter une infection. Une étude a d’ailleurs démontré que des anticholinergiques
appliqués localement pendant un stress améliorent la fonction de barrière cutanée et
augmentent les réponses antimicrobiennes (35). Le système neuronal a donc un impact sur la
réponse immunitaire.

Les hormones agonistes et antagonistes dérivées du stress ont des effets sur la flore cutanée :
- L’acétylcholine augmente la susceptibilité de contracter une infection par les
streptocoques du groupe A et par S. aureus.
- Le cortisol modifie la vulnérabilité face aux streptocoques du groupe A (possibilité
d’infections cutanées).
- Les catécholamines augmentent la capacité des bactéries à adhérer aux tissus de l’hôte,
leur prolifération et leur virulence (notamment P. aeruginosa, S. aureus et S.
epidermidis).

Le stress va donc avoir pour effet de diminuer la quantité d’AMPs, d’altérer la fonction de
perméabilité de la barrière cutanée et d’augmenter le risque d’infection.

2.2.3 Le biofilm

2.2.3.1 Définition

Le biofilm consiste en un regroupement de bactéries enrobé d’une matrice polymérique et


attaché à une surface. Ces agrégats de microorganismes sont parcourus par des canaux qui
permettent l’apport de nutriments et l’évacuation des déchets. La matrice extracellulaire est
composée essentiellement d’eau mais également de polymères polysaccharidiques (19–21).

Le biofilm est une structure complexe et dynamique qui varie selon les microorganismes qui
la composent et selon les conditions environnementales. C’est un milieu hétérogène. Au
centre, zone pauvre en oxygène et nutriments on trouvera plutôt des espèces anaérobies (37).

Cette configuration sous forme de biofilm représente environ 20% de la flore cutanée
bactérienne. Les autres bactéries, libres dans le milieu environnemental, sont dites
planctoniques (36).

2.2.3.2 Formation du biofilm

La formation du biofilm est dynamique. Elle est constituée de 5 étapes (37–39) représentées
dans la Figure 11.

34
Figure 11. Etapes de la formation du biofilm (40)

La première étape consiste au déplacement des bactéries et à leur adhésion réversible à la


surface. La mobilité et l’adhésion des bactéries va dépendre d’appendices de type flagelle et
fimbria.

Lors de l’étape suivante, il y aura division des cellules et production de polysaccharides, ce


qui amènera à une adhésion irréversible. L’attachement aura lieu au niveau de récepteurs
spécifiques présents au niveau de la surface, cela entrainera une résistance au détachement.
Les cellules vont également adhérer entre elles par des interactions physico-chimiques et
moléculaires. C’est le passage de la vie planctonique à la vie sédentaire.

La troisième étape se définit par l’agglutination et la multiplication des cellules bactériennes


pour former des micro-colonies dans la matrice extracellulaire. C’est le premier stade de
maturation.

Il va ensuite y avoir une croissance et une maturation en structure dite en forme de


champignon. Les bactéries synthétisent les constituants de la matrice polymérique.

Enfin, lors de la dernière étape, les bactéries vont se détacher et disséminer. Cela va permettre
la colonisation de nouvelles surfaces. Le détachement des cellules peut être causé par des
forces mécaniques ou par la dégradation enzymatique de la matrice ou du substrat sur lequel
le biofilm est attaché.

2.2.3.3 Avantages pour la flore cutanée

Cette configuration en biofilm confère aux bactéries une grande résistance aux biocides :
antiseptiques et antibiotiques (36). Les bactéries du biofilm ont un pouvoir de résistance dix à
mille fois supérieur que celui des bactéries planctoniques vis-à-vis des agents antimicrobiens,
des radiations UV et des changements de pH (37,41).

35
Le biofilm est une protection physique contre les antibiotiques, la matrice polymérique agit
comme une barrière réduisant ou empêchant la diffusion des biocides.

De plus, comme on l’a vu précédemment, les bactéries présentes au cœur du biofilm ne


disposent que de peu d’oxygène, par conséquent certaines d’entre elles sont dans un état de
dormance, les rendant moins sensibles à l’action des agents antimicrobiens notamment aux
antibiotiques qui agissent sur les bactéries en division. Certains antimicrobiens s’inactivent au
contact de ces zones profondes pauvres en oxygène.

Le biofilm présente également une résistance à la réponse immunitaire de l’hôte (38). La


pénétration des cellules phagocytaires (type polynucléaires neutrophiles) est limitée au sein
du biofilm.

Enfin, il y a une communication entre les bactéries au sein du biofilm (Quorum-sensing) et


une possibilité de transfert horizontal de gènes ce qui va permettre à certaines bactéries
d’acquérir une forme de résistance vis-à-vis des biocides. La proximité des bactéries au sein
du biofilm va également leur permettre l’établissement de symbioses pour pallier aux besoins
métaboliques qui diffèrent selon les espèces (37).

Le Quorum-sensing est un type de communication intercellulaire via des auto-inducteurs. Il


permet la régulation de l’expression génétique en réponse à la densité cellulaire. Le transfert
horizontal d’information génétique est un mécanisme essentiel d’acquisition de gènes de
résistance aux antibiotiques (ex : échange d’ADN par contact direct, c’est le mécanisme de
conjugaison).

En conclusion, la vie sous forme de biofilm est un énorme avantage pour les bactéries de la
flore cutanée.

2.2.3.4 Rôle du biofilm dans les infections

Si le biofilm a une importance toute particulière pour notre flore cutanée normale, il est
également au cœur de nombreuses infections bactériennes.

En effet, sa capacité de résistance aux antibiotiques et antiseptiques peut poser un réel


problème. De plus, comme on vient de le voir, le biofilm confère aux bactéries une protection
vis-à-vis du système immunitaire de l’hôte : la densité bactérienne freine la phagocytose et la
matrice extracellulaire empêche la reconnaissance des antigènes bactériens par les anticorps
de l’hôte.

Le biofilm va être responsable d’infections chroniques surtout chez les sujets


immunodéprimés. Les agents concernés sont souvent des bactéries commensales
(Staphylococcus epidermidis, S. aureus et Pseudomonas aeruginosa) (37).

36
A l’heure actuelle, les infections nosocomiales 10 représentent un réel problème de santé
publique. Les infections dues aux biofilms sont retrouvées au niveau des sondes urinaires,
cathéters veineux, prothèses orthopédiques, etc.

2.3 LES BACTERIES COMMENSALES : UTILES ET PROTECTRICES

La peau est colonisée par un ensemble de microorganismes qui coexistent de manière


pacifique avec leur hôte. Nous l’avons vu précédemment, l’anatomie cutanée, le genre ou
l’âge ainsi que le système immunitaire jouent un rôle primordial sur l’écosystème cutané.
Mais de manière réciproque, les bactéries ont la capacité d’influer sur le système immunitaire
pour défendre leur hôte contre de potentiels agents pathogènes. Pour cela les bactéries
peuvent interagir de manière directe avec d’autres bactéries ou alors interagir avec l’épiderme
en faisant intervenir le système immunitaire de l’hôte (Figure 12 et Figure 14).

Figure 12. La flore cutanée commensale contribue à la défense immunitaire de l'hôte à travers plusieurs mécanismes (5)

La peau est la première interface en contact avec l’environnement extérieur, par conséquent
les bactéries résidentes de la flore cutanée sont la première ligne de défense contre les agents
pathogènes.

10
Infections déclenchées durant une hospitalisation

37
2.3.1 Interactions bactéries-bactéries

Les bactéries de la flore commensale ont la capacité d’inhiber la croissance des


microorganismes pathogènes en saturant les sites corporels mais également en exerçant une
compétition vis-à-vis des nutriments dérivés du sébum et de la sueur (5,13).

Les bactéries résidentes vont également modifier l’environnement et ainsi créer des
conditions pH-métriques défavorables (cf. Environnement, p.32) ou modifier des récepteurs
de manière à empêcher le développement d’autres microorganismes (22). P. acnes fermente le
glycérol en acides gras courts et cela a pour effet de diminuer le pH intracellulaire ce qui va
inhiber la croissance de S. aureus (5).

La flore résidente produit aussi de petites molécules qui influent sur la croissance et le
comportement des microorganismes voisins. Ces composants antimicrobiens, les
bactériocines, sont capables d’inhiber la croissance d’espèces bactériennes semblables alors
qu’ils n’ont pas d’effet sur l’espèce qui les produit (3,5).

Certaines souches de Staphylococcus epidermidis sécrètent une protéase (Esp) qui inhibe la
formation du biofilm et la colonisation par Staphylococcus aureus au niveau des narines. Ils
peuvent également produire des PSMs (phenol-soluble modulins) qui ont un effet bénéfique
via leur activité bactéricide contre S. aureus, les streptocoques du groupe A et E. coli. On
constate également sur ce site une proportion de Corynebacterium spp. inversement
proportionnelle à celle de S. aureus (3,5,42,43).

De plus, les bactéries résidentes peuvent sécréter des métabolites toxiques et agents
antibactériens. Voici quelques exemples (22) :
- Lactobacillus spp. synthétise de l’H2O211 ce qui ralentit la croissance de S. aureus
- Staphylococcus spp. synthétise des lysozymes (agents antibactériens)

2.3.2 Interactions bactéries-épiderme

La peau est un organe immunitaire puissant, on y trouve grand nombre de cellules de


l’immunité innée ou adaptative (3,4) : AMPs, toll-like récepteurs (TLRs), NOD-like
récepteurs (NLRs), cellules de Langerhans (cellules dendritiques épidermiques), cellules T
régulatrices (Treg), cytokines pro-inflammatoires, chémokines, etc. (Figure 13).
L’immunité innée est déclenchée dès le premier contact avec un microorganisme. Elle va
permettre d’éliminer le pathogène et d’activer le système adaptatif. Dans l’immunité innée, la
distinction entre le soi et le non-soi se fait grâce à des récepteurs (TLRs, NLRs…) qui
reconnaissent des motifs universels (LPS12, ARN double brin, peptidoglycanes13…).

11
Peroxyde d’hydrogène ou eau oxygénée
12
Lipopolysaccharide (constituant de la paroi des bactéries à Gram négatif)
13
(constituant de la paroi des bactéries à Gram positif)

38
L’immunité adaptative est, elle, spécifique d’un antigène. Sa réponse n’est pas immédiate et
va nécessiter l’activation des lymphocytes T et B (cellules immunitaires centrales).

Figure 13. Principales cellules de l'immunité cutanée (4)

Les cellules dendritiques (DC), incluant les cellules de Langerhans, sont initiatrices de la
réponse immunitaire, elles présentent les antigènes antimicrobiens aux cellules de l’immunité
adaptative. Elles représentent 2 à 4% de la population cellulaire épidermique et sont
également présentent dans le derme (44).

Le système immunitaire de l’hôte et la flore cutanée sont en constante communication pour


établir un équilibre stable. La flore bactérienne commensale est nécessaire pour une fonction
immunitaire cutanée optimale. Elle peut aussi bien avoir une action agoniste qu’antagoniste
sur le système immunitaire (3,4).

D’ailleurs si l’on compare la population bactérienne chez un sujet immunodéprimé et un sujet


immunocompétent, on retrouvera la présence plus importante de pathogènes opportunistes
chez le sujet immunodéprimé et une diminution des variabilités interpersonnelles (4).

S. epidermidis est capable d’activer TLR2 ainsi que la production de peptides antimicrobiens
et de cytokines pro-inflammatoires. Cela va augmenter la réponse immunitaire vis-à-vis des
streptocoques du groupe A. Les peptides antimicrobiens ont la capacité d’éliminer
directement les agents pathogènes en perturbant les membranes cellulaires (5,34,42).

Autre intervenant dans l’immunité cutanée innée, l’épiderme va générer des lipides et des
peptides antimicrobiens (beta-défensines, cathélicidines) et des récepteurs dédiés à la
reconnaissance des pathogènes. La sueur eccrine est constituée d’AMPs. Les kératinocytes
sont les premiers participants de la réponse immunitaire cutanée, ils expriment des récepteurs

39
(PRRs 14 ) capables de reconnaitre des motifs caractéristiques des pathogènes, cela va
permettre d’augmenter l’expression des AMPs, cytokines et chimiokines qui ont un effet
antimicrobien (5,13,44).

Ce qui permet au système immunitaire d’agir uniquement envers les bactéries pathogènes, et
non contre les bactéries commensales, est la tolérance immunitaire (via les cellules T
régulatrices). Une activation persistance du système immunitaire de l’hôte envers la flore
résidente pourrait conduire à un syndrome inflammatoire chronique.

La Figure 14 résume l’ensemble des interactions engendrées par les bactéries commensales
qui sont à l’origine de la défense cutanée.

Figure 14. Microbiote et immunité cutanée (17)


Les kératinocytes produisent des AMPs, les glandes sébacées produisent des FFAs et certaines bactéries commensales
produisent également des AMPs, FFAs et PSMs. Toutes ces molécules inhibent la colonisation pathogène. Les bactéries
commensales peuvent également inhiber la croissance des pathogènes par compétition des sites et des nutriments à la surface
cutanée. Le microbiote interagit également avec les cellules immunitaires pour les activer ou contrôler la production de
cytokines pro- et anti-inflammatoires.

14
Pattern recognition receptor ou récepteurs de reconnaissance de motifs moléculaires (TLR, NLR, etc.)

40
3 LES PATHOLOGIES IMPLIQUEES DANS LE DESEQUILIBRE
DE LA FLORE CUTANEE

Puisqu’il est maintenant très clair que la flore cutanée contribue au fonctionnement normal du
système immunitaire, il est logique que certaines pathologies puissent être corrélées à des
altérations de cette flore commensale.

Dans certaines conditions d’immunodéficience, s’il y a un problème dans le contrôle et la


tolérance de la flore résidente, les bactéries commensales peuvent devenir pathogènes. La
flore cutanée peut alors affecter la guérison d’une plaie et causer une infection chronique ou
systémique. La relation entre la maladie et le déséquilibre de la flore cutanée est dynamique :
des facteurs exogènes peuvent altérer la composition de la flore cutanée ce qui va conduire à
une réponse immunitaire défectueuse, ou, inversement, il peut y avoir une perturbation des
facteurs de l’immunité innée ou adaptative conduisant à un excès d’inflammation altérant
ainsi la flore commensale (Figure 15).

Figure 15. Déséquilibre flore bactérienne-hôte (3)

Nous allons voir pour exemples quelques maladies dans lesquelles la flore bactérienne
cutanée se trouve modifiée : le psoriasis, la dermatite atopique, le pied diabétique et l’acné.

3.1 LE PSORIASIS

3.1.1 Présentation de la maladie

Le psoriasis, qui vient du latin psora signifiant prurit, est une dermatose érythémato-
squameuse, c’est-à-dire une affection cutanée qui associe rougeur (érythème) et perte de peau
morte (squame). C’est une maladie chronique qui évolue sous forme de poussées. Il va y avoir
une hyper-prolifération de kératinocytes et des troubles de différenciation. Cela est dû à une
activation anormale de l’immunité (production excessive d’anticorps IgE, immunoglobulines
produites en cas d’allergie) (45).

41
Il existe plusieurs formes de psoriasis, la forme classique étant en plaques localisées de façon
symétrique sur les surfaces exposées aux contacts extérieurs et zones de frottements (coudes,
genoux, plis, région lombosacrée, cuir chevelu…) (Figure 16 et Figure 17).

Figure 16. Localisation des plaques de psoriasis (45) Figure 17. Photographie de lésions psoriasiques (45)

Dans 30% des cas, on retrouve des antécédents familiaux de psoriasis. Néanmoins cela peut
également être causé par des facteurs environnementaux, le stress, certains médicaments,
l’alcool, le tabac et certaines infections.

La prise en charge du psoriasis a pour but de réduire l’intensité des lésions et la gêne
occasionnée, il n’y a pas de guérison définitive. En fonction de la chronicité des lésions, on va
utiliser des traitements locaux pour les formes limitées, la photothérapie pour les formes
diffuses et, en dernière intention, des traitements systémiques (voie générale) pour les formes
sévères. Aux traitements il faudra adjoindre une prise en charge psychologique et, si
nécessaire, demander un arrêt de la consommation d’alcool et/ou de tabac.

3.1.2 Rôle de la flore cutanée bactérienne dans le psoriasis

La flore psoriasique est différente de la flore cutanée normale retrouvée sur une peau saine.
Dans le psoriasis, on observe une forte augmentation de Streptococcus et augmentation
moindre de P. acnes. Comme nous le montre la Figure 18, il y a également une augmentation
des Firmicutes aux dépens d’Actinobacteria et de Proteobacteria. En parallèle, on a une
diminution de la diversité globale (13,14).

42
Figure 18. Comparaison entre la flore bactérienne cutanée normale et psoriasique (14)

Dans le psoriasis, on observe la production de cytokines pro-inflammatoires et une


perturbation dans les voies du CD4+ via Th1 et Th17. On trouve des cellules dermiques
plasmacytoïdes (pDC), très rares dans une peau normale, qui quand elles sont activées vont
provoquer la production en grande quantité d’interféron-alpha (IFNα). IFNα agit sur les
cellules dendritiques normales qui vont donc pouvoir présenter les petits peptides à des
populations naïves et orienter la réponse vers un profil Th1 et Th17 avec la production de
cytokines impliquée dans l’inflammation (IFNγ pour Th1, IL-17 et IL-22 pour Th17). Cela va
mener à des changements d’architecture cutanée : épaississement de l’épiderme (acanthose),
épaississement de la couche granuleuse (hypergranulose), formation de squames
(parakératose) (4).

Contrairement à la dermatite atopique que nous verrons ci-dessous, les plaies psoriasiques
sont rarement infectées. Un traumatisme physique associé à une infection peut induire une
poussée de psoriasis (4,5).

43
3.2 LA DERMATITE ATOPIQUE

3.2.1 Présentation de la maladie

La dermatite atopique, ou eczéma atopique, est une maladie inflammatoire chronique


caractérisée par des poussées prurigineuses aigues sur un fond de xérose (sécheresse)
permanente. Il y a une altération de la barrière cutanée (45).

Les lésions eczémateuses évoluent en quatre phases : érythème diffus puis vésicules
rapidement rompues par grattage qui laissent place à un suintement avec des croutes et enfin
une desquamation (ou évolution chronique en lichénification, c’est-à-dire épaississement de la
peau). Leurs localisations diffèrent selon l’âge (Figure 19 et Figure 20), la prévalence étant
bien plus importante chez les enfants que chez les adultes.

Figure 19. Localisation des lésions eczémateuses selon l'âge Figure 20. Photographie de lésions eczémateuses
(45)

La dermatite atopique survient généralement sur un terrain atopique (asthme, rhinite


allergique, conjonctivite). La réponse immunologique est inadaptée et cela va provoquer des
poussées inflammatoires. Les facteurs déclenchant ces poussées peuvent être une exposition à
des allergènes (aériens ou alimentaires), une irritation cutanée, un épisode infectieux, un
stress, etc. Dans 50 à 70% des cas, on retrouve des antécédents familiaux de dermatite
atopique. Dans la moitié des cas, la maladie régresse spontanément avant l’âge de deux ans.

Comme pour le psoriasis, la prise en charge sera symptomatique. Le traitement des poussées
sera local en première intention (dermocorticoïdes, immunosuppresseurs, éventuellement
antibiotiques) puis systémique en cas d’échec. Si la plaie est infectée et nécessite un
traitement antibiotique, il faudra en choisir un non spécifique ciblant essentiellement les
bactéries à Gram positif (mais attention cela peut aussi affecter les bactéries bénéfiques
comme S. epidermidis). Il faudra également mettre en place des mesures d’éducation du
patient et de sa famille face à la maladie.

44
3.2.2 Rôle de la flore cutanée bactérienne dans la dermatite atopique

Comme nous le montre la Figure 21, des mutations concernant des gènes physiques (FLG,
TJs) ou immunologiques (Th2, IL-4, IL-5, IL-13) de la barrière cutanée conduisent à des
perturbations (46).

Le gène FLG code pour la filaggrine qui est une protéine majeure de la formation de la
barrière épidermique. Le gène TJs (tight junctions) code pour les jonctions serrées, autre
élément structural important (4,5,43,46).

Une perturbation de la barrière épidermique va avoir pour effet d’augmenter la susceptibilité


cutanée aux allergènes, ce qui augmente la PIE. Cela va rendre la peau sèche et provoquer des
démangeaisons, ajoutant une agression supplémentaire au niveau de la barrière cutanée. La
peau chez un sujet atteint de dermatite atopique va donc présenter un environnement différent
d’une peau normale pour la croissance bactérienne (4,43,46).

Un dysfonctionnement physique de la barrière cutanée conduit à une augmentation du pH à la


surface cutanée, altérant l’adhésion des kératinocytes et augmentant l’activité des sérine-
protéases. Les sérine-protéases KLKs sont responsables d’une hyper-desquamation altérant la
formation de filaggrine et augmentant l’inflammation (46).

On va observer un désordre concernant la voie du CD4+ via le profil Th2. Le lymphocyte T


CD4 reconnait les antigènes présentés par le CMH de classe II via la CPA (cellule
présentatrice d’antigène). Il va ensuite se différencier en Th2 et orienter la réponse
immunitaire vers une production d’interleukines (dont IL-4, IL-5 et IL-13, cytokines
initiatrices de l’inflammation). C’est une immunité tournée vers les pathogènes
extracellulaires (via la production d’anticorps) ou une réponse allergique (via la production
spécifique d’immunoglobuline E). Une réponse aigue via le Th2 et la présence des
interleukines peut diminuer l’expression de certains peptides antimicrobiens (AMPs) (4,46).

De plus on remarque une diminution de l’expression de cathélicidine et de bêta-défensines


(AMPs contre S. aureus) par rapport à l’inflammation cutanée psoriasique. Par conséquent on
est face à un réel manque de peptides antimicrobiens (46).

45
Figure 21. Déséquilibre de la flore cutanée bactérienne dans la dermatite atopique (46)

Tous ces évènements jouent un rôle dans le déséquilibre de la flore cutanée conduisant à
promouvoir la colonisation par S. aureus. On remarque également une augmentation de S.
epidermidis, dont le rôle est moins clair mais pourrait représenter pour la peau un moyen de
se défendre contre la colonisation par S aureus. En parallèle de la domination par les
staphylocoques, on va constater une diminution globale de la diversité bactérienne (Tableau
2). On parle de « dysbiose » face à un changement dans la composition relative de différentes
bactéries comparée à la normale, durant un état pathologique (5,14,46).

S. aureus va avoir la capacité, non seulement de coloniser, mais également d’infecter les
lésions de dermatite atopique (5).

Il y a une corrélation entre l’importance de la colonisation par S. aureus et la sévérité de la


maladie. En effet, S. aureus a la capacité de sécréter une variété de facteurs de virulence qui
peuvent directement perturber la barrière cutanée. On observe qu’une amélioration de la
maladie est généralement précédée par la restauration de la diversité bactérienne (5,46).

46
Tableau 2. Modification de la diversité de la flore cutanée dans la dermatite atopique en comparaison à une peau atopique
normale (adapté d’après (46))

Peau atopique normale Lésion de dermatite atopique


Actinobacteria
- Corynebacterium
Diminution de la quantité relative
- Propionibacterium
- Actinomyces
Bacteroidetes
Pas de changement
- Prevotella
Proteobacteria Diminution de la quantité relative
Diminution de la quantité relative de
Firmicutes
Streptococcus
- Streptococcus
Augmentation de la quantité absolue et relative
- Staphylococcus
de Staphylococcus

Les raisons pouvant expliquer cette colonisation par S. aureus dans la dermatite atopique sont
une éventuelle augmentation des récepteurs à S. aureus, une diminution de l’expression des
peptides antimicrobiens, une augmentation des interleukines de type 4 (qui stimulent la voie
Th2) ou encore une hygiène trop importante dans les pays industrialisés qui conduirait à un
manque de défense immunitaire (4,46).

3.3 LE PIED DIABETIQUE

3.3.1 Présentation de la maladie

Chez le patient diabétique, les plaies du pied sont fréquentes (1/4 des patients). Le pied
diabétique est caractérisé par une ulcération ou une destruction du tissu cutané (Figure 22). La
plaie peut être infectée ou non. Le risque infectieux est très important (40 à 80% des cas) et
peut s’étendre à l’os, ce qui fait du diabète de type 2 la principale cause d’amputations des
membres inférieurs (47). Au Royaume-Uni, on recense plus de cent amputations par semaine
chez les patients diabétiques (48).

Figure 22. Ulcérations du pied diabétique (49) Figure 23. Zones à risque de complications (49)

47
Le principal facteur de risque d’ulcération est la neuropathie, c’est-à-dire une perte de la
sensibilité causée par une atteinte des nerfs. Cela peut évoluer vers une atteinte motrice avec
un trouble de la statique : le pied se creuse provoquant des zones d’hyperpression sur le talon,
la barre métatarsienne et la pulpe des orteils (Figure 23). Il y a également une atteinte
neurovégétative induisant une sécheresse cutanée, une hyperkératose, des œdèmes voire une
déminéralisation osseuse. Tout cela peut conduire à un mal perforant plantaire avec un risque
d’ostéite (infection de l’os) important (Figure 24). En parallèle à ce problème de neuropathie,
on peut aussi avoir un problème d’artériopathie c’est-à-dire d’ischémie (un manque
d’oxygénation). Dans ce cas le pied sera hyperalgique (50).

Figure 24. Physiopathologie du mal perforant plantaire neuropathique avec évolution vers une infection (50)
(A : Hyperpression et forces de cisaillement avec hyperkératose. B : Formation d'une poche de décollement sous
l'hyperkératose. C : Ouverture et formation du mal perforant plantaire. D : Infection osseuse et des parties molles.)

La prise en charge des patients souffrant du pied diabétique est multidisciplinaire et


représente un coût important en termes de santé publique. Elle est, dans un premier temps,
hospitalière car nécessitant avant tout un équilibre de la glycémie. Il faudra mettre le pied
concerné en décharge la plus totale et la plus permanente possible après un nettoyage délicat
de la zone nécrosée. Le soin des pieds et le changement quotidien des pansements sont
importants. On se posera également la question du statut vaccinal antitétanique.

La prise en charge d’une infection de la plaie se fera à l’aide d’une antibiothérapie


probabiliste à large spectre de manière à couvrir les bactéries à Gram positif y compris les
SARM. L’infection aura été préalablement confirmée à l’aide de signes cliniques tels qu’une
inflammation ou des sécrétions purulentes. Le traitement pourra être adapté selon la
réévaluation clinique de la plaie et les résultats de l’antibiogramme (réalisé grâce aux
prélèvements tissulaires profonds ou biopsie osseuse effectués avant la mise en place du
traitement). Une antisepsie ou antibiothérapie locale n’est pas recommandée.

48
3.3.2 Rôle de la flore cutanée bactérienne dans le pied diabétique

La diversité de la flore bactérienne cutanée est augmentée dans le pied diabétique, avec
notamment une augmentation de la quantité de S. aureus. La quantité globale de bactéries
présentes dans un pied diabétique et dans un pied sain ne diffère pas, ce sont les proportions
qui changent. On a une diminution globale des staphylocoques alors que la quantité de S.
aureus augmente (14,51). Une étude montre que, chez certains patients, dès qu’on introduit
un traitement antibiotique on va avoir une augmentation de la quantité de Pseudomonas et une
diminution de celle des streptocoques (52).

La flore cutanée se modifie parallèlement aux changements qui ont lieu au niveau du système
immunitaire de l’hôte. Une flore non cutanée peut aussi affecter la blessure en produisant des
signaux qui régulent le système immunitaire (14).

S’il y a une rupture de la barrière cutanée, les microorganismes commensaux freinent la


guérison de la plaie diabétique et rendent l’inflammation persistante. On tend alors vers des
plaies chroniques (13).

Toutes les plaies chroniques sont colonisées par des bactéries au niveau du revêtement
épidermique. C’est la multiplication de ces bactéries qui va orienter vers une infection avec
invasion des tissus sous-jacents. Selon la virulence de l’espèce bactérienne et les défenses
immunitaires de l’hôte, une colonisation à un seuil critique peut avoir un effet néfaste sur la
cicatrisation de la plaie ou engendrer une infection. La prolifération bactérienne retarde la
cicatrisation.

Dans la plupart des cas, la souche responsable de l’infection est S. aureus, notamment les
SARM. Néanmoins la présence de SARM par rapport à une souche sensible à la méticilline,
n’influe pas sur le temps de cicatrisation et la prise en charge sera identique. Son acquisition
est favorisée par des antécédents d’hospitalisation et par les soins infirmiers (47).

L’infection peut également être polymicrobienne avec la présence de Pseudomonas


aeruginosa, Escherichia coli, Corynebacterium, Streptococcus et Staphylococcus spp.
(particulièrement S. aureus). Ce sont des espèces de la flore résidente et de la flore transitoire,
essentiellement anaérobies strictes ou aéro-anaérobies facultatives. Cela s’explique par le fait
qu’un ulcère diabétique est une niche écologique de tissu nécrosé pauvre en oxygène. Comme
nous l’avons vu au §Le biofilm, p.34, les biofilms polymicrobiens rendent les infections
difficiles à soigner. On rencontre de nombreuses antibiorésistances. Les interactions
polymicrobiennes peuvent avoir un effet synergique sur le potentiel pathogène d’un autre
microorganisme. Si la plaie est exposée à l’air libre, les anaérobies strictes nécessiteront la
coopération des aéro-anaérobies facultatives présentes dans le biofilm (51,53,54).

La majorité des espèces résidant dans les ulcères nouveaux et chroniques sont des bactéries à
Gram positif (Staphylococcus, Streptococcus, Anaerococcus, Peptoniphilus, Finegoldia,
Corynebacterium, Clostridium et Actinomyces). La bactérie à Gram négatif la plus
fréquemment rencontrée dans les deux types d’ulcères est Porphyromonas. Toutes ces
espèces sont anaérobies facultatives ou strictes. La virulence des bactéries anaérobies peut
49
être expliquée par la production de sérine-protéases qui dégraderaient la membrane basale. Il
y a un lien important entre la présence de SCN et Corynebacterium dans les plaies chroniques
et les infections osseuses (53).

3.4 L’ACNE

3.4.1 Présentation de la maladie

L’acné est une maladie de la peau commune qui affecte environ 80% des adolescents. Il s’agit
d’un trouble fonctionnel de l’unité pilo-sébacée caractérisé par une hyperséborrhée (sécrétion
excessive de sébum), une hyperkératinisation infundibulaire (kératinisation excessive du canal
pilo-sébacé), une prolifération microbienne et une inflammation. L’acné est essentiellement
présente sur le visage ou sur le dos (1,4,55).

La Figure 25 illustre les étapes de formation des lésions acnéiques. L’hyperkératinisation a


pour conséquence d’obstruer le canal pilo-sébacé en empêchant la sortie du sébum (d’où
l’hypersécrétion), ce qui va provoquer la formation de lésions rétentionnelles : microkystes
(points blancs) ou comédons (points noirs). Cela peut régresser spontanément ou, au
contraire, évoluer en lésions inflammatoires qui débutent par la prolifération bactérienne
locale de Propionibacterium acnes : papules (lésions en relief), pustules (papules purulentes)
ou nodules (papules mesurant plus d’1 cm) ce qui laissera des lésions cicatricielles.
L’inflammation va se développer au niveau des glandes sébacées. Elle est causée par la
libération de lipases qui transforment les triglycérides du sébum en acides gras libres pro-
inflammatoires.

Il existe différentes formes d’acné : l’acné commune (acné polymorphe juvénile), l’acné
nodulo-kystique (forme grave à lésions inflammatoires profondes), l’acné conglobata (forme
grave à lésions suppuratives) ou l’acné secondaire (médicamenteuse, endocrinienne, de
contact).

Figure 25. Formation des lésions acnéiques (56)

50
Certains facteurs peuvent déclencher ou aggraver l’acné : le cycle menstruel, le stress, le
soleil, l’anxiété, certains médicaments ou cosmétiques.

En première intention, on mettra en place un traitement local pendant au moins 3 mois :


rétinoïdes topiques, peroxyde de benzoyle ou antibiotiques locaux (érythromycine). Si besoin,
on pourra y associer une antibiothérapie orale par cyclines ou du gluconate de zinc. En
dernière intention, on aura recours à l’isotrétinoïne par voie orale (attention, nécessite
beaucoup de précaution d’emploi dont une contraception féminine obligatoire). En parallèle,
de bonnes mesures d’hygiène doivent être respectées.

3.4.2 Rôle de la flore cutanée bactérienne dans l’acné

L’acné est une maladie inflammatoire chronique qui résulte d’un déséquilibre dans la flore
bactérienne cutanée (57).

Il est bien connu que l’acné est associée à la présence de Propionibacterium acnes sur la peau
des patients atteints de cette affection. Il a été démontré que les follicules pileux d’une
personne saine contiennent P. acnes alors que ceux d’une personne atteinte d’acné
contiennent S. epidermidis et Corynebacterium spp. en plus de P. acnes. Il y a donc un réel
déséquilibre de la flore cutanée dans la pathologie acnéique. De plus, la présence de P. acnes
dans les follicules pileux pourrait contribuer à des changements dans le mécanisme de
l’inflammation (55).

P. acnes est une bactérie anaérobie à Gram positif colonisant la partie basse du follicule pilo-
sébacé. C’est une bactérie commensale ayant pour rôle physiologique d’inhiber l’invasion de
pathogènes comme Staphylococcus aureus et Staphylococcus pyogenes en maintenant le pH
acide grâce à l’hydrolyse des triglycérides en acides gras et à la sécrétion d’acide propionique
(57).

Plusieurs facteurs sont impliqués dans le développement des lésions acnéiques. Il y a la


stimulation des glandes sébacées via l’activation de différents récepteurs (récepteurs aux
androgènes, neuropeptides, PPAR). Il y a également un facteur endocrinien : sécrétion de
sébum stimulée hormonalement suite à la production d’androgène pendant la puberté. Les
androgènes stimulent l’activité des glandes sébacées et induisent une hyperprolifération ainsi
qu’une kératinisation anormale du canal. Enfin le dernier facteur concerne la réponse
immunitaire face à P. acnes. P. acnes module directement l’immunité en identifiant les PRRs
et en activant l’immunité innée via les TLRs, NLRs et AMPs, ce qui régule l’inflammation
cutanée. P. acnes peut augmenter l’expression des cytokines pro-inflammatoires (IL-1α, IL-
1β, IL-6, IL-8, IL-12 et TNFα). Les macrophages vont être recrutés au niveau des lésions
acnéiques puis vont être activés par P. acnes pour induire une réponse inflammatoire plus
forte (4,57).

La diversité bactérienne globale semble plus faible sur les joues des individus non atteints
d’acné. On observe une diminution de la quantité d’Actinobacteria (y compris

51
Propionibacterium) et une augmentation de Firmicutes et de Proteobacteria chez une peau
acnéique, même non affectée par des lésions (Figure 26). Par contre, chez un patient acnéique,
le profil bactérien est similaire que la peau soit non touchée ou qu’elle présente des lésions
inflammatoires ou non inflammatoires. Il y a néanmoins de légères différences, notamment
l’augmentation de Staphylococcus dans les lésions. La sévérité de l’acné est liée à la
proportion de staphylocoques et non de P. acnes (57).

Figure 26. Répartition bactérienne sur peau acnéique (joues et front sans lésion) et sur peau saine (joues) (57)

De nombreux facteurs de virulence sécrétés par les bactéries peuvent être à l’origine de la
pathologie acnéique (58) :
- P. acnes sécrète des lipoglycanes (constituants de l’enveloppe cellulaire) et des lipases
extracellulaires qui aident à l’adhérence et la colonisation de P. acnes dans le follicule.
D’autres facteurs aident en détruisant les tissus de l’hôte (ex : porphyrines,
neuramidases, etc.) et en permettant au pathogène d’envahir la cellule hôte, ce qui la
rend extrêmement immunoréactive établissant ainsi un haut potentiel de virulence.
- S. epidermidis sécrète des facteurs de virulence bactéricides (ex : acides gras estérifiés
à partir du cholestérol), des facteurs d’adhésion (ex : protéines de liaison au
fibrinogène), des facteurs de virulence ayant un impact sur l’inflammation (ex : δ-
hémolysine). S epidermidis possède un réservoir de gènes d’antibio-résistance qu’il
peut transférer horizontalement à d’autres bactéries. S. epidermidis est également
capable de former un biofilm en sécrétant une adhésine polysaccharidique
intercellulaire (PIA). Ce biofilm confère à P.acnes des conditions anaérobiques
favorables à sa croissance.
- S. aureus produit de la matrice extracellulaire et des protéines d’attachement pour
envahir la cellule hôte. Il produit ensuite des enzymes extracellulaires (protéases,
lipases, hyaluronidases et collagénases) qui aident à la dégradation des tissus et à la
propagation des pathogènes dans les couches inférieures.
- Streptococcus agalactiae, retrouvé en surface cutanée, peut causer des septicémies,
pneumonies, etc. Il possède deux facteurs de virulence : des toxines formant des pores

52
dans la cellule pour pouvoir entrer (ex : facteur CAMP) et des polysaccharides de
capsule empêchant de système immunitaire de le reconnaitre.
- Klebsiella pneumoniae est une bactérie à Gram négatif causant des infections chez des
patients acnéiques sous antibiothérapie à long cour. Il possède plusieurs facteurs de
virulence responsables de papules et pustules (ex : polysaccharides de capsules,
adhésines, etc.).

Les populations de P. acnes et S. epidermidis augmentent respectivement de 82% et 70% dans


la pathologie acnéique en comparaison à une peau saine. Cela démontre l’importance de ces
deux bactéries dans le développement et la régulation de la pathologie.

S. pyogenes est associé à la présence de S. aureus dans l’oro-pharynx des patients acnéiques.
Il est également retrouvé sur les peaux acnéiques dans des situations de fièvre puerpérale.

Il a été observé que les facteurs CAMP de S. agalactiae et de P. acnes ainsi que la β-toxine de
S. aureus engendrent une synergie d’hémolyse au niveau des érythrocytes de moutons. S.
agalactiae serait donc impliqué dans l’évolution de la pathogénicité de P. acnes.

Des études récentes ont démontré des différences de profil entre P. acnes commensal retrouvé
dans la peau saine et P. acnes pathogène retrouvé dans les lésions acnéiques. On trouve
plusieurs souches de P. acnes dans les follicules pilo-sébacés mais seulement certaines sont
impliquées dans l’acné, d’autres sont associées à la peau saine ou aux infections des tissus
profonds (4,57,59).

53
4 COMMENT RESPECTER SA FLORE CUTANEE ?

La peau est un milieu dynamique dans lequel l’équilibre de la flore cutanée est fragile. Il est
important de savoir comment respecter sa flore cutanée pour éviter toute dysbiose. Cela passe
par prendre soin de sa flore normale et éviter les risques de déséquilibre.

4.1 PRESERVER LA FLORE CUTANEE NORMALE

Pour préserver sa flore cutanée normale, il va falloir trouver un moyen d’agir directement sur
les facteurs de contrôle (cf. Les facteurs de contrôle, p.29).

Dans l’acné, le but principal des cosmétiques utilisés est de maintenir le pH cutané,
l’hydratation et le film lipidique pour protéger la barrière épidermique et la flore bactérienne
cutanée. Il s’agit de maintenir la balance microbienne sans éradiquer P. acnes ni induire un
risque de résistance (57).

4.1.1 Utilisation de produits cosmétiques pour agir sur l’hydratation

L’utilisation d’agents hydratants va permettre d’augmenter la quantité d’eau et de la stabiliser


au niveau de la stratum corneum. Cette eau provient du derme et se fixe grâce aux NMF (1).

Les produits cosmétiques peuvent renfermer deux types d’agents. Les agents humectants
fixent l’eau apportée par la PIE (cf. Disponibilité en eau, p.30), par l’atmosphère ou par le
produit cosmétique lui-même. Les NMF peuvent être des acides aminés, sels minéraux, etc.
Les agents anti-déshydratants vont avoir un effet occlusif, ils forment un film imperméable à
la surface de la peau grâce à des substances hydrophobes (vaseline, huile de paraffine, etc.).

Les agents hydratants utilisés dans les produits cosmétiques vont en fait mimer la formation
naturelle du film hydrolipidique constitué de la sécrétion sudorale et du sébum.

4.1.2 Impact de l’utilisation de produits de soin acides sur la flore bactérienne du sujet
âgé

Prenons l’exemple de la population âgée dont on a précédemment cité les facteurs qui étaient
modifiés à cause de l’âge (cf. Les facteurs intrinsèques à l’origine de la diversité, p.28). La
production de sébum et de sueur diminue avec l’âge, par conséquent la peau est plus sèche. A
cela s’ajoutent des paramètres cliniques comme le manque d’humidité et l’augmentation des

54
températures dans les pièces à vivre. D’ailleurs ce phénomène de sécheresse est décuplé
pendant l’hiver.

On a une anomalie de la fonction de barrière cutanée chez les sujets âgés, ce qui diminue
l’intégrité de celle-ci située dans la couche cornée. La réparation de la couche cornée est
retardée, notamment lors du phénomène de photo-vieillissement.

On remarque également une augmentation du pH de la surface cutanée qui est d’environ 5,7 ±
0,15 chez les 67-95 ans (27). Le pH de la couche cornée régule des fonctions telles que son
intégrité, sa régénération et la barrière antimicrobienne. Comme nous l’avons vu
précédemment, il a également un impact sur la croissance bactérienne (cf. Le pH, p.32).

Toutes ces modifications vont avoir des effets sur la diversité bactérienne et sur l’intégrité de
la couche cornée. Cliniquement, les sujets âgés vont présenter un desséchement de la peau qui
sera squameuse et rugueuse avec un prurit associé.

Une étude a été menée dans une maison de retraite sur 20 résidents âgés de 80 à 97 ans,
présentant une peau saine sans maladie cutanée et n’ayant pas eu recours à une
antibiothérapie, locale ou systémique, dans le mois qui précède le début de l’étude. Celle-ci a
pour but d’agir sur le facteur pH et consiste en l’application topique d’une émulsion acide
huile dans eau (H/E) de pH 4 dans le premier groupe et l’application d’un produit de pH 6
dans le deuxième groupe. Il s’agit d’une étude randomisée, contrôlée, en double-aveugle (27).

L’évaluation de l’efficacité du traitement est faite à différents niveaux. Cliniquement, après 7


semaines de traitement, la sècheresse cutanée est fortement diminuée dans les deux groupes.
D’un point de vue fonctionnel, on observe l’hydratation de la couche cornée, le pH de la
surface cutanée et la PIE. On peut ainsi évaluer la barrière épidermique : son intégrité, sa
cohésion et sa capacité de réparation. Après le traitement, le pH en surface cutanée est plus
bas dans le premier groupe uniquement. L’hydratation de la couche cornée est augmentée
dans les deux groupes mais de manière bien plus importante dans le premier groupe.
Concernant la PIE, on n’observe pas de différence significative entre les deux groupes. Au vu
du nombre de prélèvements cutanés nécessaires pour causer une perturbation au niveau de la
barrière épidermique, on peut dire que son intégrité a été fortement renforcée dans le premier
groupe. Quant à la restauration de la barrière, elle est augmentée dans les deux groupes mais
significativement plus dans le premier groupe. Enfin, l’évaluation microbiologique consiste à
quantifier (CFU/cm²)15 et identifier les bactéries. Après le traitement, on retrouve une quantité
augmentée de cellules dans les deux groupes. D’un point de vue qualitatif, la présence de
SCN est observée dans les deux groupes avant et après le traitement, une augmentation de
Micrococcus spp., d’Acinetobacter spp. et de Pseudomonas spp. est également à noter dans
les deux groupes après le traitement, alors que Corynebacterium spp. n’augmentent que dans
le premier groupe.

15
Nombre d’Unités Formant Colonie présentes par centimètre carré

55
L’application prolongée d’une émulsion acide de pH 4 conduirait donc à l’amélioration de
l’hydratation cutanée et des fonctions de la barrière épidermique. En conclusion, il est
important d’améliorer la fonction de barrière épidermique dans la population âgée pour
prévenir de sérieux problèmes ou désordres cutanés comme la sécheresse, le prurit, l’eczéma
ainsi que des infections et inflammations cutanées. Pour cela, il serait recommandé d’utiliser
des produits cosmétiques plus acides que ceux présents actuellement sur le marché.

D’autres pathologies cutanées sont accompagnées d’une élévation du pH de la surface


cutanée, comme la dermatite atopique ou l’acné. Ce phénomène est également observé dans
des conditions de sensibilité cutanée ou à la suite d’une activité sportive. Par conséquent, dans
toutes ces situations, l’utilisation de soins acides pour la peau pourrait également être
bénéfique.

4.2 RISQUES DE DESEQUILIBRE DE LA FLORE BACTERIENNE

4.2.1 Les antiseptiques

Les antiseptiques locaux sont des substances antimicrobiennes à spectre large et action rapide.
Les principaux bactéricides sont les solutions alcoolisées (solution hydro-alcoolique), les
solutions iodées (alcool iodé ou povidone iodée ex. Betadine ®), le peroxyde d’hydrogène (eau
oxygénée 3%), l’hypochlorite de sodium (Dakin), la chlorhexidine, l’hexamidine, etc. (1).

Une bonne désinfection des mains doit être efficace sur la flore bactérienne transitoire sans
supprimer totalement la flore résidente qui doit être capable de se renouveler en quelques
heures. Il faut savoir qu’un lavage simple au savon diminue de 30 à 40% la flore cutanée
contre 80% pour un lavage antiseptique. Un lavage chirurgical diminue 90 à 95% de la flore
cutanée, on cherche ici à éliminer la flore transitoire et réduire la flore résidente durant
l’intervention de manière à ne pas contaminer le patient lors de l’acte chirurgical (22).

De plus, les agents antibactériens sont également indispensables à la prise en charge


d’infections cutanées. Malgré cela, leur utilisation excessive peut entrainer un déséquilibre de
la flore bactérienne cutanée. En agissant négativement sur la flore commensale protectrice en
éradiquant des espèces telles que S. epidermidis, cela va permettre aux bactéries pathogènes
de coloniser ces sites car il n’y aura plus de compétition entre les bactéries pathogènes et
résidentes. Par conséquent, la susceptibilité aux infections cutanées sera augmentée. Il est
donc essentiel de ne pas faire de sur-utilisation d’agents antibactériens au risque de perturber
le fragile équilibre de la flore cutanée. Dans le cas d’une désinfection de plaie, on préférera
l’utilisation d’une solution alcoolique car elle a l’avantage de s’évaporer rapidement et donc
de moins toucher la flore résidente (13).

Les professionnels de santé sont plus exposés aux produits d’hygiène des mains. Si la
diversité bactérienne globale apparait inchangée avec un lavage de mains simple ou
l’utilisation de solution hydro-alcoolique (SHA) au premier abord, elle va néanmoins

56
diminuer après plus de 40 lavages (26). Les SHA sont plus efficaces en terme d’antisepsie que
l’eau et le savon, néanmoins ils éliminent la flore résidente. Par conséquent, au quotidien on
recommandera plutôt de préférer un lavage à l’eau et au savon sans conséquence sur la flore
résidente alors que certaines pratiques professionnelles, notamment dans le domaine de la
santé, nécessiteront l’efficacité d’un lavage au SHA.

4.2.2 Les produits d’hygiène

Les produits d’hygiène ont pour but de prévenir les infections à l’origine de pathologies et/ou
d’odeurs corporelles. Ils visent donc à limiter la prolifération bactérienne au niveau de la
couche cornée. Néanmoins, une utilisation excessive de produits détergents va affaiblir la
fonction de barrière cutanée par délipidation de l’épiderme et va altérer la flore bactérienne
commensale provoquant un déséquilibre du microbiote. L’hygiène corporelle ne doit surtout
pas s’apparenter à une désinfection ou une stérilisation (1,57).

Les savons agissent comme des tensioactifs anioniques, en présence d’eau ils s’hydrolysent
pour libérer des ions alcalins. Ils entrainent donc une augmentation du pH. Le pH cutané étant
naturellement acide, le pouvoir tampon du film hydrolipidique ne suffit pas à contrer cette
alcalinisation. Pour être correctement toléré, un savon doit permettre un retour rapide au pH
initial après son rinçage. Il faudra préférer les pains de toilette (syndets) qui sont des
nettoyants doux sans savon, dont le pH est proche du pH cutané physiologique (1).

4.2.3 Les antibiotiques

Les antibiotiques sont des substances dotées de propriétés bactéricides (qui éliminent les
bactéries) ou bactériostatiques (qui inhibent la croissance bactérienne). Ils existent sous forme
topique, per-os16 ou injectable.

Tout comme les antiseptiques, les antibiotiques réduisent fortement la quantité et la diversité
de la flore cutanée ce qui permet aux pathogènes de se développer (16). On a remarqué que
l’utilisation d’antibiotiques per-os a un impact sur le microbiote de la main (26).

Le principal problème causé par la mauvaise utilisation des traitements antibiotiques est le
risque d’émergence de résistance à ces antibiotiques. Ces problèmes d’antibio-résistance
peuvent être causés par des traitements trop longs ou trop courts, mal dosés ou répétés.
Certaines souches bactériennes sont dites multi-résistantes, c’est-à-dire résistantes à plusieurs
antibiotiques. En détruisant la flore résidente, les antibiotiques laissent le champ libre à une
bactérie résistante pour se développer. Les bactéries peuvent présenter différents mécanismes
de résistance ; elles vont produire des enzymes capables de modifier ou détruire l’antibiotique
le rendant inefficace, ou des enzymes capables de modifier la cible de l’antibiotique rendant la

16
Par voie orale

57
reconnaissance impossible ou encore par l’imperméabilisation de la membrane bactérienne.
Par conséquent, l’émergence de résistances dues à un mésusage des traitements antibiotiques
va rendre difficile le traitement de certaines infections bactériennes. Les politiques globales de
santé recommandent de diminuer les durées de traitements, de limiter l’utilisation des
molécules de dernière intention et d’utiliser des antibiotiques ayant le spectre d’action le plus
étroit possible de manière à diminuer la pression de sélection.

On préférera, quand cela est possible, les antiseptiques aux antibiotiques topiques à cause du
risque d’antibio-résistance. De plus, les antibiotiques ont un faible pouvoir de pénétration et
ils ont un effet néfaste sur l’équilibre de la flore bactérienne (1,57).

Peu d’informations sont disponibles concernant les études effectuées lors de la mise sur le
marché d’un médicament antibiotique, néanmoins il semble important que des études soient
menées pour mesurer l’impact d’un tel médicament sur la flore bactérienne cutanée.

4.2.4 Les cosmétiques et conservateurs

Les cosmétiques formulés pour diminuer la quantité de bactéries, comme les déodorants
antiseptiques dont le but est de ralentir le développement de la flore axillaire à l’origine des
mauvaises odeurs, vont également avoir un impact sur la diversité bactérienne (16,60).

Un produit cosmétique présente des risques de contamination s’il est mal conservé (durée
et/ou température) ou mal utilisé (mains souillées), d’où l’importance des conservateurs. Ils
ont pour but d’empêcher le développement de microorganismes pathogènes (C. albicans, E.
coli, S. aureus, P. aeruginosa). Ils sont d’origine synthétique ou naturelle et ont une activité
antioxydante (ex : BHT 17 , polyphénols, etc.) ou antimicrobienne (ex : parabens, acide
sorbique, etc.). Il faudrait préférer l’utilisation de conservateurs d’origine naturelle dont
l’activité bactéricide a moins de risque de déséquilibrer la flore cutanée commensale (61).

Encore peu étudiés, certains composants présents dans les cosmétiques pourraient avoir une
influence directe ou indirecte sur la fonction de barrière cutanée, l’hydratation, la sécrétion de
sébum ou le pH (62).

4.2.5 Les corticoïdes

La corticothérapie par voie orale (haute posologie, longue durée) va modifier la flore cutanée
en favorisant le développement de la flore transitoire aux dépens de la flore résidente (63).

17
Buthyl-hydroxytoluène

58
4.2.6 Les pansements

L’utilisation de pansements de grande taille de manière occlusive va être responsable d’une


augmentation de l’humidité sur le site. C’est une caractéristique nécessaire lors de la
cicatrisation de certaines plaies, la cicatrisation se faisant en milieu clos et humide.
Néanmoins, si l’utilisation n’est pas adaptée, le pansement va créer une interface imperméable
aux bactéries extérieures et augmenter l’absorption de l’eau dans le derme ce qui va avoir
pour effet de modifier l’environnement et donc d’augmenter la prolifération de la flore
bactérienne.

4.2.7 L’hospitalisation

Lors de l’hospitalisation, la flore bactérienne cutanée des patients est modifiée. Ils acquièrent
une flore transitoire bien particulière qui est à l’origine d’infections nosocomiales. Il est
indispensable que les locaux de soin soient correctement entretenus et le personnel médical
vigilant aux mesures d’hygiène pour prévenir ces infections.

4.2.8 Les vêtements

Comme pour les pansements, l’utilisation de vêtements « imperméables » va avoir un effet


occlusif sur la peau et donc augmenter la prolifération bactérienne. La dégradation
microbienne de la sueur produite par les glandes apocrines va libérer des molécules
responsables de mauvaises odeurs. Pour respecter au mieux l’équilibre de la flore, il faudrait
privilégier des vêtements qui permettent à la peau de « s’aérer » comme le coton.

4.3 LE ROLE DE CONSEIL DU PHARMACIEN D’OFFICINE EN


DERMOCOSMETOLOGIE

Le pharmacien d’officine a un rôle de conseil envers un patient ou client qui désire acheter ou
utiliser un produit cosmétique, que ce soit au quotidien ou dans un contexte de pathologie
dermatologique.

59
4.3.1 Etablir un diagnostic

Pour conseiller au mieux un produit cosmétique, il faut connaitre les besoins du client et ses
attentes. Pour cela, le pharmacien peut établir un diagnostic de peau en observant et en
questionnant le client. Selon les résultats, on pourra orienter le client vers un ou plusieurs
produits dermocosmétiques ou, au besoin, vers un médecin (généraliste ou dermatologue) (1).

Lors de l’examen visuel, on observera le teint, qui peut être clair, lumineux, terne, mat,
brillant, érythrosique, etc. On observera également le grain, qui peut être fin, épais, lisse,
irrégulier, etc. On recherchera aussi les imperfections, rides ou ridules, points noirs, lésions
acnéiques, cicatrices, couperose, rougeur, etc. Et enfin, il faudra évaluer l’âge du client de
manière à détecter des périodes particulières de changement pour la peau, telles que la puberté
ou la ménopause.

Complémentairement à l’examen visuel, il faudra procéder à un interrogatoire. Pour


commencer, on demandera au client quelle sensation lui donne sa peau (ex : est-ce qu’elle
tiraille ?). Ensuite il faut chercher à connaitre les produits d’hygiène et de soin qui sont
actuellement utilisés et à quelle fréquence. On se renseignera également sur le degré de
sensibilité de la peau (ex : réagit-elle au soleil, au vent ou au froid ?) et les conditions de vie
et de travail du client (ex : travaillez-vous à l’intérieur ou l’extérieur ? êtes-vous souvent
exposés à la climatisation, à la chaleur ou aux UV ? êtes-vous stressé ? quelles sont vos
habitudes alimentaires ? exercez-vous la pratique d’un sport ? fumez-vous ?). On demandera
également s’il y a l’existence d’une pathologie ou la prise de médicaments. Enfin, on pourra
demander au client ce qu’il attend de son produit de soin.

4.3.2 Un conseil adapté

Pour que le conseil soit parfaitement adapté, il convient de prendre en compte les résultats du
diagnostic de peau et de cibler au mieux le type de peau (1,64,65).

4.3.2.1 Les différents types de peau

Selon certains critères, on peut définir plusieurs types de peau :


- La peau normale ou peau idéale : grain fin et serré sans pore apparent, souple et
élastique. Elle est en réalité rarissime.
- La peau grasse : grain épais et irrégulier avec pores dilatés, aspect brillant et présence
éventuelle d’imperfections (comédons, microkystes, cicatrices, etc.). Elle est
caractéristique de pathologies dermatologiques telles que l’acné ou la dermatite
séborrhéique.

60
- La peau sèche : grain serré, aspect clair et terne, fine et rêche, présence éventuelle
d’imperfections (squames, rougeurs, etc.). C’est une peau sensible provoquant une
sensation d’inconfort avec tiraillements et démangeaisons.
- La peau mixte : la zone T (front, nez, menton) est plutôt grasse alors que sur le reste
du visage (joues, tempes) la peau est plutôt sèche. C’est une peau relativement
fréquente.
- La peau déshydratée : teint terne et toucher rugueux, présence possible de squames,
ridules et stries de déshydratation. C’est une peau grasse, sèche ou mixte qui manque
d’eau de façon momentanée.
- La peau sensible : rêche et chaude, présence possible de squames, rougeurs ou
couperose. C’est une peau grasse, sèche ou mixte favorisée par divers facteurs
(environnement, hygiène de vie, soins locaux inadaptés, etc.) et qui entraine des
picotements ou sensations de brulure.
- La peau masculine : considérée à part en cosmétique, elle diffère de celle de la femme
par son épaisseur et sa sécrétion de sébum plus importante. Elle vieillit moins vite,
mais ensuite les rides qui s’installent auront tendance à être plus profondes.
- La peau sénescente : avec l’âge (vers 50 ans), la peau devient plus sèche, rugueuse et
elle s’amincit. Elle perd de son élasticité et on peut voir apparaitre des rides.
- La peau bébé : elle a les caractéristiques de la peau idéale mais peut néanmoins
présenter des problèmes de sensibilité ou de sécheresse.
- La peau adolescente : souvent grasse à tendance acnéique.

Chaque type de peau nécessitera des soins spécifiques et adaptés.

4.3.2.2 Le nettoyage

Les produits de nettoyage représentent la base d’une bonne prise en charge dermocosmétique.
Il est primordial de nettoyer correctement sa peau avant de la protéger ou même de la traiter.
Nettoyer sa peau permet d’éliminer les sécrétions endogènes, la prolifération de bactéries
responsables d’odeurs, les poussières accumulées et les traces de produits cosmétiques
(1,64,65).

On va retrouver les produits d’hygiène corporelle et les produits d’hygiène du visage et de


démaquillage. Les produits d’hygiène corporelle s’utilisent lors d’une douche ou d’un bain à
raison d’une fois par jour maximum (ou selon l’activité sportive) : savons, pains de toilette,
gels nettoyants, gels d’hygiène intime, etc. Les produits d’hygiène du visage peuvent, eux,
s’utiliser matin et/ou soir, ce sont essentiellement des démaquillants (lotions, laits, pains, etc.).

Il est primordial d’adapter le produit cosmétique au type de peau. Comme nous l’avons vu
précédemment (cf. Les produits d’hygiène, p.57), l’utilisation de savon n’est pas
recommandée à cause de son effet irritant. On préférera les pains de toilettes qui sont des
nettoyants doux au pH proche de celui de la peau. Les gels nettoyants sont des préparations

61
liquides convenant aux peaux fragiles et sèches. Il existe également des gels d’hygiène intime
qui sont des produits doux adaptés aux muqueuses.

L’importance de nettoyer le visage est d’éliminer les souillures et résidus de maquillage


accumulés, les sécrétions et les bactéries. On choisira un produit enrichi en corps gras pour
une peau sèche. A contratio, pour une peau grasse, il faudra plutôt une formulation légère,
non comédogène et éventuellement matifiante. Les produits sans rinçage seront préférés pour
les peaux très réactives ne supportant pas le contact de l’eau. Des produits spécifiques sont
réservés aux yeux où la peau est plus fragile. Et enfin, il faudra adapter le nettoyant au type de
maquillage, une lotion ou un gel aqueux pour le maquillage hydrosoluble, un produit huileux
ou une émulsion eau dans huile pour un maquillage waterproof.

Il existe d’autres produits d’hygiène corporelle comme les déodorants qui ont pour but de
diminuer les odeurs corporelles, et d’hygiène du visage comme les masques et gommages.
Aussi, d’autres produits cosmétiques sont consacrés à l’hygiène non cutanée comme les
shampoings ou dentifrices.

4.3.2.3 Le soin

Tout comme pour les nettoyants, il existe une multitude de produits de soin formulés pour
répondre à des besoins bien spécifiques. Voici quelques applications, non exhaustives, aux
différents types de peaux.

Pour une peau sèche, on recommandera d’appliquer le matin un soin protecteur hydratant plus
ou moins riche. A l’inverse, pour une peau grasse, on choisira le matin un soin protecteur
matifiant pour diminuer la brillance et le soir un soin spécifique traitant pour diminuer la
sécrétion sébacée. Le maquillage devra également être matifiant et non comédogène voire
correcteur si on veut atténuer certaines imperfections. Pour une peau sénescente, on pourra
proposer l’application d’un soin anti-âge le soir.

Les produits de soin corporel se doivent aussi d’être adaptés au type de peau. L’application se
faisant sur une surface plus étendue que le visage, nécessite une formulation plus fluide type
lait, huile et crème. Il existe aussi des produits spécifiques pour les vergetures ou la cellulite.

Les soins spécifiques aux hommes sont essentiellement constitués par les produits de rasage :
préparations avant-rasage, aides au rasage et produits après-rasage. Le rasage est un acte
agressif pour la peau, il faut donc chercher à calmer les irritations et faciliter la cicatrisation
des petites plaies. La cosmétologie masculine renferme également des soins anti-âge.

D’autres produits cosmétiques peuvent être considérés comme des produits de soin : les
produits de maquillage, les produits pour les mains et pour les pieds, les produits solaires, etc.

62
4.3.3 La dermocosmétologie dans un cadre préventif et curatif

Nous avons déjà cité plusieurs pathologies dermatologiques comme l’acné, la dermatite
atopique ou le psoriasis (cf. Les pathologies impliquées dans le déséquilibre de la flore
cutanée, p.41). A l’aide de produits dermocosmétiques spécifiquement élaborés pour le
traitement de ces dermatoses, le pharmacien tient un rôle de conseil essentiel. Les produits
dermocosmétiques étant utilisés pour accompagner un éventuel traitement médicamenteux,
qui de mieux placé que le pharmacien d’officine pour conseiller ses patients ?

Prenons pour exemple la prise en charge cosmétologique de l’acné. Les produits


dermocosmétiques vont permettre d’améliorer la physiopathologie de l’acné (les lésions
inflammatoires), de diminuer les effets indésirables des traitements médicamenteux (irritation
et sécheresse) et enfin de prévenir l’apparition de nouvelles lésions acnéiques.

4.3.4 Les bonnes pratiques

Une fois que le diagnostic de peau a été réalisé et que le produit cosmétique adapté a été
proposé, le rôle de conseil du pharmacien n’en est pas pour autant terminé. En effet, il sera
nécessaire de rappeler quelques règles de base concernant la bonne manipulation et
conservation des produits. On pourra également proposer au client un suivi en l’incitant à
revenir pour nous faire part de son ressenti.

Quelques conseils concernant l’utilisation des produits cosmétiques :


- après l’utilisation de produits de nettoyage, rincer abondamment pour retirer le produit
en excès et sécher pour éviter l’évaporation spontanée qui entrainerait un
desséchement de la peau ;
- se laver les mains avant l’application de soin sur le visage pour éviter la contamination
des produits avec des germes présents sur les mains, préférer l’utilisation de spatules
propres plutôt que de prélever avec les doigts ;
- mode application du soin : en fine couche, à l’aide de mouvements circulaires ;
- éviter les produits parfumés en cas d’intolérance au parfum ;
- compléter le démaquillage par la brumisation d’eau thermale en cas de sensibilité, etc.

Quelques conseils concernant la conservation des produits cosmétiques :


- il faut conserver les pains de toilette au sec car ils présentent un risque de gonflement
ou de ramollissement en milieu humide, leur durée d’utilisation est donc plus courte
(attention à l’humidité de la salle de bain) ;
- il faut respecter les durées de conservation indiquées sur les produits ;
- pour la plupart des produits la stabilité est supérieure à 30 mois, il sera alors indiqué la
période d’utilisation après l’ouverture ou PAO (souvent 6 ou 12 mois) ;

63
- pour sécuriser la conservation on peut inscrire la date d’ouverture sur le produit ;
- dans le cas où la durabilité du produit serait inférieure à 30 mois, une date de
péremption est indiquée sur l’étiquette ;
- pour les produits dits « stériles », sans conservateur, il faut prohiber l’ouverture du
fond du tube à l’aide de ciseaux pour en récupérer « la fin », la crème se contaminerait
aussitôt ;
- il faut respecter les conditions de conservation (au sec, à l’abri de la lumière et de la
chaleur, etc.) ;
- ne pas utiliser un produit dont la texture, l’odeur ou la couleur ne serait pas habituelle,
etc.

De plus, quelques règles hygiéno-diététiques aident à freiner le vieillissement de la peau et à


l’embellir :
- ne pas triturer les boutons au risque d’intensifier l’inflammation et d’engendrer des
cicatrices ;
- ne pas exposer une peau sèche à la climatisation, au froid, au vent ou à la chaleur ;
- protéger sa peau contre le soleil ;
- boire 2 litres d’eau par jour et manger sainement ;
- dormir suffisamment, éviter les facteurs de stress ;
- ne pas fumer, etc.

Un flyer a été élaboré dans le but de regrouper les principaux conseils en termes de
dermocosmétique ou « beauté de la peau » [Annexe]. Ce mémo pourrait être remis à l’officine
aux clients à la recherche d’un conseil ou d’un produit cosmétique.

64
5 PERSPECTIVES THERAPEUTIQUES

Le développement de nouvelles stratégies thérapeutiques qui inhibent spécifiquement les


pathogènes de la peau ou qui restaurent la flore bactérienne cutanée « normale » est une
perspective future prometteuse pour le traitement ou la prévention de maladies.

5.1 COMMENT RESTAURER LA FLORE DESEQUILIBREE ?

5.1.1 Les probiotiques

A présent qu’il est connu que les bactéries nous protègent contre les agents pathogènes, il est
évident qu’elles peuvent donc fournir une nouvelle approche en terme de probiotiques pour
aider à la prévention des pathologies cutanées (14).

Les probiotiques sont des ingrédients microbiens ingérés en quantité suffisante pour exercer
des bénéfices sur la santé du consommateur. Le mécanisme d’action des probiotiques va être
similaire à celui des bactéries commensales. Les deux souches les plus étudiées sont
Lactobacillus et Bifidobacterium.

Les prébiotiques sont des éléments alimentaires qui ne sont pas digestibles par l’hôte mais qui
vont servir de nutriments à la flore commensale. Par conséquent, en choisissant un
prébiotique particulier, on va pouvoir stimuler la croissance d’une bactérie donnée. Les
prébiotiques sont constitués d’oligosaccharides (66).

Les pré- et probiotiques sont surtout documentés dans le domaine de la flore digestive.
Néanmoins, le principe pourrait être appliqué pour moduler la composition de n’importe
quelle flore bactérienne y compris la flore cutanée. Des recherches laissent apparaitre qu’ils
pourraient avoir des bénéfices dans les troubles d’ordre allergique comme la dermatite
atopique (66,67).

Des études ont été menées de manière à démontrer si la prise de probiotiques chez l’enfant
et/ou chez la mère allaitante et/ou directement chez la femme enceinte pouvait réduire le
risque de survenue de pathologies allergiques chez l’enfant. Lactobacillus rhamnosus GG
(LGG) est la souche la plus souvent étudiée. Les résultats tendent à dire que la
supplémentation en probiotiques dans ces cas-là pourrait effectivement réduire le risque de
dermatite atopique mais pas avec grande certitude. Il y a là un grand domaine de recherche
pour le futur (68–70).

Pour une application à la flore cutanée, on pourrait très bien imaginer enrichir les produits
cosmétiques en prébiotiques ou bactéries protectrices plutôt qu’en conservateurs ou agents
antibactériens qui affectent la flore commensale. Prenons l’exemple de l’acné, pathologie
dans laquelle il y a un déséquilibre entre P. acnes et S. epidermidis. Dans ce cas la stratégie à

65
l’aide de prébiotiques (en application locale dans un produit cosmétique) serait de rétablir la
balance en inhibant la croissance de P. acnes tout en préservant celle de S. epidermidis
(Figure 27) (66).

Figure 27. L'application locale de prébiotiques participe à rééquilibrer la flore bactérienne au niveau cutané (66)

La supplémentation en probiotiques et/ou prébiotiques pourrait permettre de restaurer la flore


normale et serait donc un outil de prévention et de traitement des maladies causées par des
déséquilibres microbiens tels que la dermatite atopique, l’acné, les plaies ou encore dans un
cadre de photoprotection (70).

5.1.2 Greffe de flore bactérienne

Nous venons de voir que nous pouvons utiliser des prébiotiques et/ou probiotiques pour
manipuler le microbiote cutané. Un autre outil pourrait voir le jour dans le même but : la
transplantation de flore microbienne.

La greffe de flore bactérienne est déjà connue dans le domaine de la gastro-entérologie. Dans
des cas de diarrhées persistantes associées à la présence de Clostridium difficile et ne
répondant pas à l’antibiothérapie par vancomycine, on utilise la greffe de matière fécale donc
de flore bactérienne intestinale à partir d’un donneur sain. Comme le montre la Figure 28 cela
va avoir pour effet de rétablir l’équilibre de la flore intestinale du patient (16,71).

66
Figure 28. Diversité de la flore bactérienne des patients avant et après la transplantation de fèces comparé à la diversité chez
les donneurs sains (71)

Cette méthode est à étendre à la flore cutanée. Des recherches ont été menées sur la
transplantation de bactéries de la flore axillaire depuis des sujets ne présentant pas de
mauvaises odeurs vers les aisselles de sujets souffrant de bromhidrose (odeur désagréable lors
de transpiration excessive) qui présentent une majorité de Corynebacterium spp.

Il a été démontré que l’espèce Corynebacterium serait responsable de mauvaises odeurs alors
que Staphylococcus spp. n’en engendrerait peu ou pas. Plusieurs analyses vont mettre en
évidence la diminution de l’abondance de Corynebacterium spp. ainsi que l’augmentation de
Staphylococcus spp. dans la région axillaire de ces individus.

Cette étude montre donc que la transplantation de flore bactérienne axillaire est efficace pour
lutter contre la bromhidrose. Par conséquent, la transplantation de flore cutanée pourrait
également être appliquée aux pathologies cutanées dont l’origine est un déséquilibre
bactérien. Le but serait de remplacer une espèce bactérienne « délétère » par une autre
« protectrice » et ainsi rééquilibrer la balance microbienne (72).

5.2 NOUVELLE GENERATION D’ANTIBIOTIQUES

5.2.1 Utilisation de peptides antimicrobiens comme ingrédients cosmétiques pour


prévenir de pathogènes dermatologiques

Les peptides antimicrobiens (AMPs) sont des composants du système immunitaire inné. Ils
inhibent les microorganismes par contact, en agissant sur leur croissance ou en agissant
comme immuno-modulateurs. Leurs différents spectres d’activité contre les pathogènes
antimicrobiens en font des candidats intéressants pour le développement d’une nouvelle
génération d’antibiotiques (73).

67
Comme ce sont des peptides, ils ont un fort potentiel immunogène qui les rend inutilisables
par injection et également par voie orale à cause de leur sensibilité aux peptidases digestives.
Par conséquent, ils ne peuvent pas remplacer les antibiotiques traditionnels. Néanmoins ils
seraient idéals pour une formulation topique sous forme de lotion, crème, pommade,
shampoing ou même pansement.

Ces AMPs ont une grande valeur pour l’industrie cosmétique. Leur utilisation comme
ingrédients dans les produits de soins corporels permettrait une application prophylactique
d’activité antimicrobienne. On a découvert des centaines d’AMPs agissant contre différentes
classes de pathogènes : bactéries, virus et champignons. La peau produit naturellement des
AMPs et l’addition d’AMPs supplémentaires pourrait être développée comme une stratégie
prophylactique dans l’industrie cosmétique pour prévenir des pathogènes dermatologiques et
maintenir la santé de notre peau.

La synthèse d’AMPs comme ingrédients cosmétiques nécessite une production à grande


échelle, par conséquent, pour qu’elle soit la moins complexe et la moins coûteuse possible, les
AMPs devront être courts (moins de 20 acides aminés) et sans liaison disulfure. De plus, les
AMPs courts seraient moins immunogènes (risque diminué de réaction allergique) et plus
faciles à modifier. En modifiant les dérivés d’AMPs on cherche à augmenter leur stabilité,
diminuer leur toxicité (notamment le risque d’hémolyse) ou leur conférer une spécificité
microbienne. Les AMPs courts présentent donc des effets indésirables moindres.

Quand on synthétise un AMP court à partir d’un AMP naturel, on cherche à garder le plus
petit fragment possible qui permette de conserver voire d’augmenter l’activité
antimicrobienne. Par exemple, UBI est composé de 8 résidus n°31-38 de 59 résidus
d’ubiquicidine et contient une activité contre SARM (74).

Il faut donc trouver la meilleure formule pour avoir une activité antimicrobienne optimale et
des effets hémolytiques moindres.

Enfin, il faut savoir que plusieurs AMPs peuvent interagir entre eux pour maximiser leur
potentiel antimicrobien. Il peut également y avoir un phénomène de synergie avec certains
antibiotiques. On pourra alors combiner plusieurs AMPs dans une thérapeutique.

5.2.2 La phagothérapie

La phagothérapie consiste en l’utilisation de bactériophages qui sont des virus infectant


spécifiquement et naturellement les bactéries. Il existe un nombre et une diversité élevés de
bactériophages présents dans la nature, ce qui en fait un énorme potentiel d’agents
antibactériens thérapeutiques. Cette alternative aux antibiotiques est extrêmement prometteuse
à une époque où la résistance bactérienne aux antibiotiques ne cesse de progresser (16,75,76).

L’utilisation de bactériophages était connue dès 1919 en Europe, en Russie et aux Etats-Unis
mais cette pratique fut abandonnée dès la découverte de la pénicilline. Seuls les pays de

68
l’Europe de l’Est continuèrent à la développer et ils l’utilisent de nos jours de manière
courante.

Les phages se répliquent au sein de la bactérie selon un cycle lytique à l’issue duquel ils tuent
la bactérie (Figure 29). Les bactériophages ont un spectre bien plus étroit que ceux des
antibiotiques, souvent limité à une espèce bactérienne voire à quelques souches d’une espèce.
Pour traiter les infections à germes multiples il sera possible d’associer plusieurs phages dans
un mélange appelé « cocktail ».

Certains bactériophages vont également posséder des enzymes capables de détruire les
polysaccharides responsables de biofilms. Enfin, à certaines doses, il apparait que la
phagothérapie aurait une action synergique avec certains antibiotiques.

La phagothérapie peut être utilisée sous plusieurs formes, le plus souvent liquide, et par toute
les voies d’administration, notamment cutanée.

La phagothérapie a donc pour intérêt d’être une bonne alternative face à l’augmentation de
l’antibiorésistance des bactéries. De plus, elle ne perturbe pas les flores commensales.

Figure 29. Cycle lytique (76,77)


Ce cycle se développe en 15 à 90 minutes. A partir d’un phage, plusieurs dizaines de nouveaux phages sont produits capables
d’infecter les bactéries voisines de même type.

69
5.3 AUTRES STRATEGIES THERAPEUTIQUES CURATIVES

5.3.1 Restaurer l’intégrité de la barrière cutanée

Une étude ayant pour but de restaurer l’intégrité de la barrière cutanée via l’application
d’émollients a été menée sur des enfants atteints de dermatite atopique modérée (78). Les
enfants âgés de 1 à 4 ans présentent une dermatite atopique avec une xérose modérée.

Le produit testé18 une émulsion huile dans eau qui sera appliqué bi-quotidiennement après le
bain pendant 28 jours en complément d’un produit de lavage 19 à utiliser quotidiennement
pendant le bain. Le groupe de contrôle n’utilisera que le produit de lavage pour le bain.

La fonction de barrière épidermique est caractérisée par la PIE et l’expression de gènes


spécifiques de la barrière (loricrine, filaggrine, cornéodesmosine et involucrine). On va
évaluer l’effet de l’émollient sur les paramètres cliniques de la dermatite atopique (prurit et
sécheresse) et sur la biodiversité de la flore cutanée ainsi que la balance S. aureus – S.
epidermidis.

Les résultats démontrent une diminution de la PIE et une diminution de l’expression de


l’involucrine (protéines habituellement surexprimée dans les lésions cutanées). Il n’y a pas
d’effet sur les autres protéines. On note également une diminution du prurit et de la xérose. La
quantité de S. epidermidis est inchangée et la quantité de S. aureus n’augmente pas
contrairement au groupe contrôle (on a vu au §La dermatite atopique, p.44 que S. aureus est
impliqué dans la sévérité de la dermatite atopique), la balance est donc maintenue.

Cet émollient protégerait donc la peau sans affecter la biodiversité cutanée.

5.3.2 Développement de vaccins

Un vaccin est capable de stimuler le système immunitaire pour diminuer ou empêcher la


croissance d’une ou plusieurs espèces du microbiote humain. Cela va engendrer une
modification du nombre et de la composition de la flore bactérienne. Des études sont
actuellement en cours, et on pourrait imaginer dans le futur, un vaccin contre les pathogènes
cutanés P. acnes et S. aureus, qui serait capable d’éliminer ces souches pathogènes et donc de
lutter contre des pathologies cutanées telles que l’acné (16,79,80).

18
Xeracalm A.D baume relipidant (Avène®)
19
Trixéra+ selectiose gel nettoyant émollient (Avène®)

70
CONCLUSION

La peau est la première interface entre l’environnement et l’organisme, elle a donc un rôle de
barrière protectrice primordial envers les agressions extérieures. Elle abrite environ 10 6
bactéries par cm².

Les avancées récentes en termes de séquençage ont permis d’améliorer l’identification du


microbiote cutané. La peau est le siège de la croissance de la flore bactérienne commensale
protectrice mais également de l’invasion par des espèces pathogènes.

L’équilibre pour maintenir la santé de la peau est fragile et une rupture de cet équilibre
entraine un changement dans la composition de la flore cutanée et une altération de la réponse
immunitaire, ce qui peut conduire à des pathologies cutanées telles que la dermatite atopique,
le psoriasis, le pied diabétique ou encore l’acné. Il est donc primordial de tout faire pour
maintenir cet équilibre.

L’utilisation abusive ou inappropriée d’antiseptiques, de produits d’hygiène, de cosmétiques,


de médicaments, etc. affaiblit notre flore cutanée protectrice et met en danger l’équilibre entre
les bactéries et notre système immunitaire. Il convient donc de revoir la manière dont nous
utilisons tous ces produits.

Notre flore bactérienne commensale est donc un atout qu’il convient de protéger et de
replacer au centre de notre santé cutanée.

A l’heure actuelle, de nombreuses perspectives thérapeutiques s’offrent à nous. Si le


microbiote intestinal est déjà largement documenté, la flore cutanée représente un domaine de
recherche extrêmement intéressant. La compréhension de la flore bactérienne cutanée est la
clé pour comprendre les pathologies de la peau et développer de nouvelles thérapeutiques.

71
BIBLIOGRAPHIE
1. Dubois J, Demelin M. La peau: de la santé à la beauté : notions de dermatologie et de
dermocosmétologie. Toulouse: Privat; 2007.

2. Dedet J-P. La microbiologie, de ses origines aux maladies émergentes. Paris: Dunod;
2007.

3. Scharschmidt TC, Fischbach MA. What lives on our skin: ecology, genomics and
therapeutic opportunities of the skin microbiome. Drug Discov Today Dis Mech. déc
2013;10(3‑4):e83‑9.

4. SanMiguel A, Grice EA. Interactions between host factors and the skin microbiome. Cell
Mol Life Sci. avr 2015;72(8):1499‑515.

5. Sanford JA, Gallo RL. Functions of the skin microbiota in health and disease. Semin
Immunol. nov 2013;25(5):370‑7.

6. Futura. Peau [Internet]. Disponible sur: http://www.futura-


sciences.com/sante/definitions/biologie-peau-7189/

7. Gallien A. Coupe de peau (épiderme) [Internet]. Banque de Schémas - SVT - Académie


de Dijon. 2006. Disponible sur: http://svt.ac-
dijon.fr/schemassvt/IMG/gif/peau_epiderm.gif

8. Kong HH. Skin microbiome: genomics-based insights into the diversity and role of skin
microbes. Trends Mol Med. juin 2011;17(6):320‑8.

9. Locey KJ, Lennon JT. Scaling laws predict global microbial diversity. Proc Natl Acad
Sci. 24 mai 2016;113(21):5970‑5.

10. Schéma d’une bactérie | ScienceJunior.fr [Internet]. Disponible sur:


http://sciencejunior.fr/biologie/les-bacteries/attachment/schema-bacterie

11. Gram staining - Procedure, mechanism, explanation ~ Medicine Hack [Internet].


Disponible sur: http://www.medicinehack.com/2012/02/gram-staining-procedure-
mechanism.html

12. Civel C. La coloration de Gram - Microbiologie [Internet]. Disponible sur:


http://slideplayer.fr/slide/457972/

13. Pons-Guiraud A. La Lettre du Collège de Dermocosmétologie 16 – Microbiote cutané et


santé de la peau. | Collège de Dermocosmétologie d’Unilever [Internet]. 2012. Disponible
sur: http://www.dermocosmetologie.fr/la-lettre-du-college-de-dermocosmetologie-16-
%e2%80%93-microbiote-cutane-et-sante-de-la-peau/

14. Tomic-Canic M, Perez-Perez GI, Blumenberg M. Cutaneous microbiome studies in the


times of affordable sequencing. J Dermatol Sci. août 2014;75(2):82‑7.

15. Jo J-H, Kennedy EA, Kong HH. Research Techniques Made Simple: Bacterial 16S
Ribosomal RNA Gene Sequencing in Cutaneous Research. J Invest Dermatol. mars
2016;136(3):e23‑7.

16. Cundell AM. Microbial Ecology of the Human Skin. Microb Ecol. 31 mai 2016;

72
17. Chen YE, Tsao H. The skin microbiome: Current perspectives and future challenges. J
Am Acad Dermatol. juill 2013;69(1):143‑155.e3.

18. Lecointre G, Le Guyader H. Classification phylogénétique du vivant. 3. éd., revue et


augm. Paris: Belin; 2006. 559 p.

19. Travkine M. L’intérêt des produits hydro-alcooliques en milieu hospitalier, collectivité et


milieu individuel et familial. [Lorraine]: Faculté de pharmacie; 2012.

20. La flore microbienne normale de l’organisme. Cours de bactériologie présenté à:


Université Pierre et Marie Curie; 2003 mars 24.

21. Chaudier-Delage V, Auroy M, Fabry J. Objectif mains: guide technique pour l’hygiène et
la protection des mains. CCLIN Sud-Est, éditeur. S. l., France; 1999. 162 p.

22. Fournier P-E. La Flore Cutanée. Unité de Recherche sur les Maladies Infectieuses et
Tropicales Emergentes. Institut Hospitalo-Universitaire Méditerranée-Infection; 2014.

23. Nakatsuji T, Chiang H-I, Jiang SB, Nagarajan H, Zengler K, Gallo RL. The microbiome
extends to subepidermal compartments of normal skin. Nat Commun. 5 févr 2013;4:1431.

24. Grice EA, Segre JA. The skin microbiome. Nat Rev Microbiol. avr 2011;9(4):244‑53.

25. Intra-science. Y a-t-il des bactéries sur notre peau ? [Internet]. Intra-science. Disponible
sur: http://intra-science.anaisequey.com/biologie/categories-bio/47-microbiologie/218-
bacteries-peau

26. Edmonds-Wilson SL, Nurinova NI, Zapka CA, Fierer N, Wilson M. Review of human
hand microbiome research. J Dermatol Sci. oct 2015;80(1):3‑12.

27. Blaak J, Kaup O, Hoppe W, Baron-Ruppert G, Langheim H, Staib P, et al. A Long-Term


Study to Evaluate Acidic Skin Care Treatment in Nursing Home Residents: Impact on
Epidermal Barrier Function and Microflora in Aged Skin. Skin Pharmacol Physiol. 1 août
2015;28(5):269‑79.

28. Ehlers C, Ivens UI, Møller ML, Senderovitz T, Serup J. Females have lower skin surface
pH than men. A study on the surface of gender, forearm site variation, right/left difference
and time of the day on the skin surface pH. Skin Res Technol Off J Int Soc Bioeng Skin
ISBS Int Soc Digit Imaging Skin ISDIS Int Soc Skin Imaging ISSI. mai 2001;7(2):90‑4.

29. Song SJ, Lauber C, Costello EK, Lozupone CA, Humphrey G, Berg-Lyons D, et al.
Cohabiting family members share microbiota with one another and with their dogs. eLife.
16 avr 2013;2.

30. Gabard B, Barel AO. Dynamique de l’hydratation cutanée. 18 nov 2008;

31. Bojar RA, Holland KT. Review: the human cutaneous microflora and factors controlling
colonisation. World J Microbiol Biotechnol. 2002;18(9):889‑903.

32. Belkaid Y, Tamoutounour S. The influence of skin microorganisms on cutaneous


immunity. Nat Rev Immunol. 27 mai 2016;16(6):353‑66.

33. Mokni M, Abdelhak S. Flore cutanée, microbiote et microbiome. Elsevier Masson.


2014;Dermatologie infectieuse:4.

73
34. Holmes CJ, Plichta JK, Gamelli RL, Radek KA. Dynamic Role of Host Stress Responses
in Modulating the Cutaneous Microbiome: Implications for Wound Healing and Infection.
Adv Wound Care. janv 2015;4(1):24‑37.

35. Curtis BJ, Plichta JK, Blatt H, Droho S, Griffin TM, Radek KA. Nicotinic acetylcholine
receptor stimulation impairs epidermal permeability barrier function and recovery and
modulates cornified envelope proteins. Life Sci. nov 2012;91(21‑22):1070‑6.

36. Taha M, Kalab M, Yi Q-L, Landry C, Greco-Stewart V, Brassinga AK, et al. Biofilm-
forming skin microflora bacteria are resistant to the bactericidal action of disinfectants
used during blood donation: Biofilm Resistance to Donor Skin Disinfectants. Transfusion
(Paris). nov 2014;54(11):2974‑82.

37. Roux A, Ghigo J-M. Les biofilms bactériens. Bull Académie Vét Fr. 16 mars
2006;159(3):261.

38. Tremblay YDN, Hathroubi S, Jacques M. Les biofilms bactériens : leur importance en
santé animale et en santé publique. Rev Can Rech Vét. avr 2014;78(2):110‑6.

39. Filloux A, Vallet I. Biofilm : mise en place et organisation d’une communauté


bactérienne. médecine/sciences. janv 2003;19(1):77‑83.

40. Monroe D. Looking for Chinks in the Armor of Bacterial Biofilms. PLoS Biol. 13 nov
2007;5(11):e307.

41. Olson ME, Ceri H, Morck DW, Buret AG, Read RR. Biofilm bacteria: formation and
comparative susceptibility to antibiotics. Can J Vet Res. avr 2002;66(2):86‑92.

42. Belkaid Y, Segre JA. Dialogue between skin microbiota and immunity. Science. 21 nov
2014;346(6212):954‑9.

43. Baviera G, Leoni MC, Capra L, Cipriani F, Longo G, Maiello N, et al. Microbiota in
Healthy Skin and in Atopic Eczema. BioMed Res Int. 2014;2014:1‑6.

44. Doutre M-S. Le système immunitaire cutané. Ann Dermatol Vénéréologie. oct
2009;136:S257‑62.

45. Templier C. Psoriasis. Cours de dermatologie présenté à: Faculté de pharmacie de Lille;


2013 nov 8.

46. Williams MR, Gallo RL. The Role of the Skin Microbiome in Atopic Dermatitis. Curr
Allergy Asthma Rep. nov 2015;15(11).

47. Lavigne J-P, Richard J-L, Sotto A. Nouvelles avancées dans les infections des plaies du
pied chez le patient diabétique. Rev Francoph Lab. juill 2011;2011(434):57‑64.

48. Singh N. Preventing Foot Ulcers in Patients With Diabetes. JAMA. 12 janv
2005;293(2):217.

49. Diabète et podologie : les mesures préventives à mettre en pratique [Internet]. Mon
Partenaire Santé. Disponible sur: https://www.mon-partenaire-
sante.com/thematiques/diabete-de-type-2/articles/diabete-et-podologie-les-mesures-
preventives-a-mettre-en-pratique

74
50. Ha Van G, Hartemann-Heurtier A, Gautier F, Haddad J, Bensimon Y, Ponseau W, et al.
Pied diabétique. EMC - Endocrinol - Nutr. janv 2011;8(4):1‑14.

51. Redel H, Gao Z, Li H, Alekseyenko AV, Zhou Y, Perez-Perez GI, et al. Quantitation and
Composition of Cutaneous Microbiota in Diabetic and Nondiabetic Men. J Infect Dis. 1
avr 2013;207(7):1105‑14.

52. Gardner SE, Hillis SL, Heilmann K, Segre JA, Grice EA. The Neuropathic Diabetic Foot
Ulcer Microbiome Is Associated With Clinical Factors. Diabetes. 1 mars 2013;62(3):923‑
30.

53. Smith K, Collier A, Townsend EM, O’Donnell LE, Bal AM, Butcher J, et al. One step
closer to understanding the role of bacteria in diabetic foot ulcers: characterising the
microbiome of ulcers. BMC Microbiol. déc 2016;16(1).

54. Dunyach-Remy C, Sotto A, Lavigne J-P. Le microbiote cutané : étude de la diversité


microbienne et de son rôle dans la pathogénicité. Rev Francoph Lab. févr
2015;2015(469):51‑8.

55. Muszer M, Noszczyńska M, Kasperkiewicz K, Skurnik M. Human Microbiome: When a


Friend Becomes an Enemy. Arch Immunol Ther Exp (Warsz). août 2015;63(4):287‑98.

56. Acné - causes, hygiène, alimentation, traitements [Internet]. Disponible sur:


http://www.sante-jc.com/2015/11/acne-causes-hygiene-alimentation.html

57. Dréno B, Bieber T, Seité S. The Skin Microbiome in Patients with Acne Vulgaris.
European Medical Journal. 24 nov 2015;

58. Kumar B, Pathak R, Mary PB, Jha D, Sardana K, Gautam HK. New insights into acne
pathogenesis: Exploring the role of acne-associated microbial populations. Dermatol Sin.
juin 2016;34(2):67‑73.

59. Christensen GJM, Scholz CFP, Enghild J, Rohde H, Kilian M, Thürmer A, et al.
Antagonism between Staphylococcus epidermidis and Propionibacterium acnes and its
genomic basis. BMC Genomics. déc 2016;17(1).

60. Martini M-C. Déodorants et antitranspirants. 16 janv 2010;

61. Kerdudo A, Burger P, Merck F, Dingas A, Rolland Y, Michel T, et al. Development of a


natural ingredient – Natural preservative: A case study. Comptes Rendus Chim. juill
2016;

62. Holland KT, Bojar RA. Cosmetics: what is their influence on the skin microflora? Am J
Clin Dermatol. 2002;3(7):445‑9.

63. Lascaux A-S, Revuz J. Écosystème bactérien cutané. Prélèvements bactériologiques en


dermatologie.

64. Charles C. Création d’un site internet de conseils en dermocosmétologie du visage, chez
l’adulte, destiné aux pharmaciens d’officine. Faculté de pharmacie de Grenoble; 2012.

65. Charles C. Cosmeticofficine | Un site dédié aux conseils en dermocosmétologie en


pharmacie [Internet]. 2012. Disponible sur: http://www.cosmeticofficine.com/

75
66. Krutmann J. Pre- and probiotics for human skin. J Dermatol Sci. avr 2009;54(1):1‑5.

67. Faure S, Pubert C, Rabiller J, Taillez J, Yvain A-L. Intérêt des probiotiques en préventif
au niveau des différentes flores de l’organisme. Actual Pharm. sept 2013;52(528):22‑6.

68. Cuello-Garcia CA, Brożek JL, Fiocchi A, Pawankar R, Yepes-Nuñez JJ, Terracciano L, et
al. Probiotics for the prevention of allergy: A systematic review and meta-analysis of
randomized controlled trials. J Allergy Clin Immunol. oct 2015;136(4):952‑61.

69. Rather IA, Bajpai VK, Kumar S, Lim J, Paek WK, Park Y-H. Probiotics and Atopic
Dermatitis: An Overview. Front Microbiol. 12 avr 2016;7.

70. Baquerizo Nole KL, Yim E, Keri JE. Probiotics and prebiotics in dermatology. J Am
Acad Dermatol. oct 2014;71(4):814‑21.

71. Van Nood E, Vrieze A, Nieuwdorp M, Fuentes S, Zoetendal EG, de Vos WM, et al.
Duodenal Infusion of Donor Feces for Recurrent Clostridium difficile. N Engl J Med. 31
janv 2013;368(5):407‑15.

72. Henderson B, Nibali L, éditeurs. The human microbiota and chronic disease: dysbioses as
a cause of human pathology. Hoboken, New Jersey: John Wiley & Sons; 2016.

73. Rahnamaeian M, Vilcinskas A. Short antimicrobial peptides as cosmetic ingredients to


deter dermatological pathogens. Appl Microbiol Biotechnol. nov 2015;99(21):8847‑55.

74. Brouwer CPJM, Bogaards SJP, Wulferink M, Velders MP, Welling MM. Synthetic
peptides derived from human antimicrobial peptide ubiquicidin accumulate at sites of
infections and eradicate (multi-drug resistant) Staphylococcus aureus in mice. Peptides.
nov 2006;27(11):2585‑91.

75. Prevel R, Dufour N. Potentialités des bactériophages pour l’infectiologie moderne. Rev
Médecine Interne. juin 2016;

76. Dublanchet A. Phagothérapie : des bactériophages pour traiter les infections bactériennes.
EMC - Mal Infect. 2016;Article 8-005-B-10:1‑6.

77. Debarbieux L. Interactions Bactériophages Bactéries chez l’Animal [Internet]. Institut


Pasteur - Pour la recherche, pour la santé, pour demain. Disponible sur:
https://research.pasteur.fr/fr/team/group-laurent-debarbieux/

78. Bianchi P, Theunis J, Casas C, Villeneuve C, Patrizi A, Phulpin C, et al. Effects of a New
Emollient-Based Treatment on Skin Microflora Balance and Barrier Function in Children
with Mild Atopic Dermatitis. Pediatr Dermatol. mars 2016;33(2):165‑71.

79. Creech CB, Al-Zubeidi DN, Fritz SA. Prevention of Recurrent Staphylococcal Skin
Infections. Infect Dis Clin North Am. sept 2015;29(3):429‑64.

80. Sanofi Pasteur acquiert l’exclusivité mondiale des droits pour un vaccin et un traitement
contre l’acné [Internet]. Disponible sur: http://www.sanofipasteur.com/fr/articles/sanofi-
pasteur-acquiert-l-exclusivite-mondiale-des-droits-pour-un-vaccin-et-un-traitement-
contre-l-acne.aspx

76
ANNEXE : FLYER CONSEILS DERMOCOSMETIQUES A
L’OFFICINE

77
78
Université de Lille 2
FACULTE DES SCIENCES PHARMACEUTIQUES ET BIOLOGIQUES DE LILLE

DIPLOME D’ETAT DE DOCTEUR EN PHARMACIE

Année Universitaire 2015/2016

Nom : AMARTIN

Prénom : Emeline

Titre de la thèse : LA FLORE CUTANEE NORMALE

Mots-clés : flore cutanée, peau, bactéries, commensal, dermatite atopique, acné,


cosmétiques, perspectives thérapeutiques

Résumé : La peau est l’organe le plus important de l’organisme, tant en poids qu’en
surface. Elle abrite environ 106 bactéries par cm². Les avancées récentes en termes
de séquençage ont permis d’améliorer l’identification du microbiote cutané. La peau
est le siège de la croissance de la flore bactérienne commensale protectrice mais
également de l’invasion par des espèces pathogènes. L’équilibre pour maintenir la
santé de la peau est fragile et une rupture de cet équilibre entrainerait un
changement dans la composition de la flore cutanée et une altération de la réponse
immunitaire, ce qui conduirait à des pathologies cutanées telles que la dermatite
atopique ou l’acné. Il est donc primordial de tout faire pour maintenir cet équilibre et
cela passe, entre autres, par la bonne utilisation des produits cosmétiques et
antiseptiques. A l’heure actuelle où de nombreuses perspectives thérapeutiques
s’offrent à nous, la compréhension de la flore bactérienne cutanée normale est la clé
pour le développement de nouveaux traitements.

Membres du jury :

Président : Mme Florence SIEPMANN


Professeur en pharmacotechnie industrielle, Université de Lille 2

Assesseur : Mme Christel NEUT


Maitre de conférences en bactériologie, Université de Lille 2

Membre extérieur : Mme Anne VERMELLE


Docteur en pharmacie, Pharmacien titulaire à Roubaix

79

Vous aimerez peut-être aussi