Pourquoi prier si Dieu sait déjà_Douglas Kelly
Pourquoi prier si Dieu sait déjà_Douglas Kelly
Pourquoi prier si Dieu sait déjà_Douglas Kelly
PRIER
si Dieu sait déjà?
Douglas Kelly
EUROPRESSE
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EUROPRESSE
Sommaire
Introduction 5
Première partie
Si Dieu sait déjà
Deuxième partie
Pourquoi prier ?
Troisième partie
Nos problèmes et les solutions de Dieu
parfois s’il n’était pas en train de forcer Dieu à entreprendre une œuvre
à laquelle lui, son enfant, tenait peut-être plus que Dieu. Pendant tout
ce temps, la jeune fille manifesta peu ou pas d’intérêt. Au contraire,
elle affichait même parfois un réel désintérêt ! Cependant le garçon
persévéra dans la prière. Un beau jour, il fit soudainement sa demande
en mariage ! Pour son plus grand bonheur, la jeune fille répondit par
un «oui» spontané.
Le jeune homme avait-il forcé la main du Seigneur ? Au fil du
temps, avec la venue des enfants et l’engagement des époux dans
l’œuvre de Dieu, il devint de plus en plus évident, dans les petits détails
comme dans les grandes choses, que les conjoints étaient faits l’un
pour l’autre sur tous les plans : intellectuel, spirituel, culturel, physique
et familial. Seul Dieu avait pu les faire se rencontrer.
C’est pourquoi, au lieu de contraindre Dieu à faire ce qu’il était
réticent à faire, les deux années de prière persévérante du jeune homme
servirent à communiquer les bienfaits d’une union que le Seigneur
avait prévue de toute éternité. Dieu conçut le plan, puis il se servit des
prières pour lui donner une issue heureuse.
Le principe est clair : la recherche de Dieu dans la prière commu-
nique sa bénédiction.
Le théologien norvégien O. Hallesby exprime très bien cette vérité
dans son livre sur la prière. Il déclare que l’essence de la prière consiste
à ouvrir la porte de notre vie au Christ ressuscité. En d’autres termes,
dans la prière, nous lui demandons de venir dans notre situation
humaine remplie de nos nombreux besoins, et d’inonder notre séche-
resse spirituelle de sa puissance de résurrection. C’est d’ailleurs ce que
le Seigneur ressuscité dit en Apocalypse 3:20 : «Voici, je me tiens à la
porte, et je frappe. Si quelqu’un… ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je
souperai avec lui, et lui avec moi.»
J’espère que ces méditations brèves sur la portée de la prière seront
tout simplement une ouverture pour permettre au Seigneur ressuscité
d’entrer dans votre vie et de prendre en compte les milliers de situations
Introduction 7
qui vous pèsent sur le cœur. Alors vous-même, et ceux dont vous avez
la charge, vous serez animés de la vie glorieuse du Ressuscité. C’est ce
dont vous et moi avons vraiment besoin journellement.
La vraie prière
Dieu d‛abord
Le mensonge humaniste
Lorsque notre fils aîné naquit, il était aveugle d’un œil. Grâce à un
traitement prolongé sur plusieurs années, il a récupéré l’usage à peu
près normal de cet œil, à condition de porter des lunettes. Lors de son
entrée au collège, un ballon le frappa malencontreusement dans l’autre
œil, sain celui-là. Nous nous sommes tout à coup retrouvés devant la
perspective d’avoir un enfant gravement et durablement handicapé
de la vue.
Pendant quelques jours, il fut dispensé de cours. Il pouvait péni-
blement regarder la télévision et avait encore davantage de peine à lire
un livre. Nous avons demandé à plusieurs amis et groupes de prière
d’intercéder en sa faveur. Il y eut même une réunion de prière organisée
par des détenus dans la prison locale ! Comme la vue ne s’était pas
améliorée après la diminution de l’enflure, l’ophtalmologue fit procéder
à des investigations plus poussées.
Mon épouse emmena l’enfant au cabinet du spécialiste qui lui fit
passer un examen de routine consistant à lire des lettres de différentes
grandeurs. On lui injecta ensuite un liquide dans le sang pour faciliter
la prise de clichés de la rétine. Sur ces entrefaites, l’ophtalmologue
arriva pour interpréter les résultats. Tout semblait correct ! Il ne décela
qu’une petite lésion sans gravité !
14 Pourquoi prier, si Dieu sait déjà ?
Qu’est-ce que cela veut dire de savoir que Dieu est une personne ?
J’étais récemment en Corée et ai eu le privilège de visiter un temple
bouddhiste mondialement connu. Avais-je l’impression que les statues
dorées, entourées de bougies à la flamme vacillante, étaient des «per-
sonnes» ? Pouvaient-elles entendre mes prières ? Pas du tout ! Pour-
quoi pas ? Parce que je savais qu’elles ne pouvaient ni m’entendre ni
communiquer avec moi. Comme l’Écriture le dit si bien, une idole n’est
rien d’autre qu’un bloc de pierre ou de bois, sourd et muet.
En quoi le Dieu que nous invoquons est-il différent ? En l’appelant
«Père», Jésus nous fait comprendre d’emblée que par définition il entre-
tient des relations avec d’autres, à savoir ses enfants. Le fait d’être relié
à d’autres confère au mot personne sa signification la plus centrale.
C’est peut-être une nouvelle façon de considérer le sens du mot.
Nous définissons généralement une personne comme un être qui
possède une intelligence, qui est capable de raisonner, éprouve des
sentiments ou des émotions, a la capacité d’aimer, de haïr, d’être jaloux,
de soupirer, de prendre soin, de faire des choix et de décider, de dire
oui ou non. Or, à quoi servent toutes ces facultés ? À nous mettre en
relation les uns avec les autres.
Pensez au déroulement d’une de vos journées. Dès que votre
réveil sonne, vous êtes déjà en relation avec autrui. Que vous parliez
ou non à un parent ce jour-là, vous êtes l’enfant de quelqu’un. Vous
êtes peut-être le parent de quelqu’un ou un conjoint. Sur votre lieu
de travail, vous êtes un supérieur ou un subordonné, un client ou un
patron ; au marché, vous êtes acheteur ou vendeur. Il va de soi que
certaines de ces relations importent davantage que d’autres, mais le
fait d’être humain s’accompagne de manière inéluctable de liens avec
ses semblables.
En considérant le mot personne sous cet éclairage, on comprend
pourquoi la solitude représente une expérience aussi dévastatrice.
22 Pourquoi prier, si Dieu sait déjà ?
Nous lui ressemblons par notre qualité de personnes créées à son image.
Nous sommes donc différents des animaux. À l’examen de notre propre
personne, nous comprenons un peu ce que veut dire le fait que Dieu
est une personne. Mais dans un autre sens, nous sommes très différents
de lui car il est infini.
Son infinité est évidemment une réalité que nous sommes incapa-
bles de comprendre pleinement ou d’illustrer correctement. Pourtant,
la difficulté n’est peut-être pas aussi grande qu’il y paraît à première
La prière dépend de qui est Dieu 23
Étant donné que les êtres humains limités que nous sommes sont
tellement différents du Dieu infini, des philosophes et des théologiens
prétendent que nous ne pouvons pas vraiment connaître un Dieu
tellement élevé au-dessus de nous. Comment lui parler ?
Cette idée fausse est l’un des premiers principes de la philosophie
existentialiste si influente dans notre monde moderne (et dans toutes les
sphères intellectuelles) depuis la Deuxième Guerre mondiale. Les églises
vides des grandes villes sont les témoins muets des dégâts de ce courant
de pensée. Il est d’ailleurs intéressant de noter que le désespoir lié aux
relations personnelles, dont les écrits d’hommes comme Sartre et Camus
se font l’écho, montre que la perte de la connaissance de la personnalité
de Dieu influe sur l’idée que l’homme se fait de lui-même.
Les premiers mots du Notre Père aident à trouver le juste équilibre.
Nous pouvons éviter l’idée désastreuse de l’impossibilité de connaître
le Dieu infini. Le Seigneur enseigne clairement que Dieu est aussi
personnel qu’infini. C’est pourquoi, s’il est personnel et que je le suis
moi-même, bien que je ne puisse comprendre son infinité, il est très
raisonnable de penser que nous pouvons nous connaître mutuellement.
En outre, nous pouvons le plus logiquement du monde nous attendre
à ce que Dieu nous parle.
Jean 1:1 déclare qu’au cœur même de Dieu se trouve la Parole,
donc la communication. «Au commencement était la Parole.» Le lan-
gage a toujours existé en Dieu, ainsi que la communication et l’échange.
Comme il nous a faits à son image, il nous a créés pour pouvoir com-
muniquer avec nous et nous parler. Par conséquent, ne nous étonnons
pas du fait que Dieu ait parlé à la race humaine au moyen de mots
qu’elle peut comprendre (à savoir la Bible).
Pourquoi se serait-il donné la peine de nous créer à son image
pour ne pas nous adresser ensuite la parole ? Un univers silencieux dans
lequel Dieu ne parlerait pas à ses créatures serait vraiment étrange !
La prière dépend de qui est Dieu 25
Ce n’est pas le cas. Il nous a créés à son image, et nous a parlé par sa
Parole et par son Fils. L’attitude la plus logique de notre part consiste
donc à répondre en lui parlant par la prière.
Le Notre Père révèle donc que Dieu est un être infini. Il est comme
nous (un père est une personne) tout en étant différent (dans les cieux,
bien au-dessus de nous et de toutes choses). Nous avons déjà rappelé
qu’une personne est capable de nouer des relations avec autrui. Lorsque
Jésus déclare que Dieu est Père, il enseigne qu’au plus profond de son
être, il est impliqué dans une relation avec lui.
C’est justement le fondement de la doctrine chrétienne de la Tri-
nité : le Dieu de l’Écriture n’est pas un personnage seul, isolé et solitaire.
Il est une trinité de personnes. Le vocable trinité se compose du préfixe
tri (trois) et du mot unité. Dieu est un ; il est le seul Dieu, mais il existe
en trois personnes : Père, Fils et Saint-Esprit.
Nous devons évidemment reconnaître que nous sommes devant
un mystère qui défie toute explication humaine. Mais si les théologiens
ne peuvent expliquer la Trinité, certains d’entre eux ont pu éclairer sa
signification. Le théologien qui a peut-être eu la perception la plus claire
de la sainte Trinité fut un Écossais du douzième siècle. Il s’appelait
Richard et vivait dans l’abbaye Saint Victor près de Paris. Il est donc
connu sous le nom de Richard de Saint Victor.
Il écrivit un ouvrage remarquable sur la Trinité dans lequel il pose la
question : Pourquoi Dieu est-il trinitaire plutôt que solitaire ? Il répond :
Parce qu’il est amour et que, par nature, l’amour déborde, se répand en
abondance.1 Il faut être plus qu’un pour donner l’amour en partage ;
c’est pourquoi Dieu n’est pas une seule personne, mais trois.
Si vous êtes marié, vous souvenez-vous de ces premiers temps
ou vous étiez follement amoureux ? N’était-ce pas la seule chose qui
comptait pour vous ? Rappelez-vous combien il vous était facile de
26 Pourquoi prier, si Dieu sait déjà ?
pour jouir d’une communion intime avec Christ. Jean 1:12 et d’autres
passages semblables enseignent que notre relation avec Dieu n’est pas
secondaire, mais celle d’enfants adoptés.
nous toujours conscients d’être l’enfant d’un père humain ?), nous
commençons à parler à Dieu d’une autre manière, et cela peut-être
pour la première fois.
À la nouvelle naissance, son Saint-Esprit entre en nous, s’empare
de notre aptitude innée à cultiver des relations et de notre désir de le
faire, les renouvelle et les oriente vers Dieu. Alors, comme de tout petits
enfants qui tendent les bras vers leurs parents, nous commençons à
parler à Dieu, c’est-à-dire à prier.
Bien que n’étant rien aux yeux des hommes, ils savaient que leur vraie
valeur et leur espérance dépendaient de leur relation avec Dieu, rétablie
en Christ. Au milieu de la tribulation et de la persécution, ils pouvaient
s’adresser avec assurance au Dieu tout-puissant parce qu’ils savaient
qu’il était également leur Père plein d’amour.
32 Pourquoi prier, si Dieu sait déjà ?
Note :
1. Richard de Saint Victor, De Trinitate : texte critique avec introduction, notes et tables,
édité par Jean Ribaillier, Paris, 1958.
2
La prière et la louange de Dieu
«Que ton nom soit sanctifié !» (Matthieu 6:9)
Comment votre nom a-t-il été choisi ? Vos parents vous l’ont-ils donné
parce qu’il sonnait bien à leurs oreilles ? Peut-être avez-vous reçu le nom
d’un parent ou d’un personnage célèbre à l’époque de votre naissance.
Mais toutes les cultures ne procèdent pas ainsi dans le choix du nom.
36 Pourquoi prier, si Dieu sait déjà ?
Songez aux noms des Indiens d’Amérique tels qu’ils figurent dans les
récits chers à notre enfance : Plume d’aigle, Œil de faucon. Ces noms
étaient choisis à dessein. On espérait et on croyait que la personnalité
de l’enfant posséderait en grandissant les caractéristiques du nom qui
lui était donné.
Dans la vision biblique du monde, le nom d’une personne revêt
une importance beaucoup plus grande qu’en Occident de nos jours.
Au lieu d’être choisi en fonction de sons particulièrement agréables
aux parents, dans la Bible le nom définit le caractère de l’individu et,
dans un sens, représente la réalité de sa personne. Il exprime ce que
la personne est et fait. Dans la mentalité hébraïque, le nom de Dieu
remplace Dieu lui-même. Comme les noms divins contenus dans la
Bible sont ceux qu’il a révélés, le nom de Dieu et sa nature sont une
seule et même chose. Ce n’est évidemment valable que pour lui.
C’est ce que montrent les expressions tirées des Psaumes 5:12
et 20:2 : «Tu seras un sujet de joie pour ceux qui aiment ton nom» ;
«Que le nom du Dieu de Jacob te protège !» C’est une autre façon de
dire : «Que ceux qui t’aiment, toi, se réjouissent en toi !», et «que la
personne de Dieu te protège !» Il y a plusieurs siècles, mes ancêtres
écossais avaient choisi pour devise familiale un verset des Proverbes :
«Le nom de l’Éternel est une tour forte ; le juste s’y réfugie et se trouve
en sûreté» (18:10). Devise vraiment bien appropriée car en ce temps-là,
les clans écossais se faisaient sans cesse la guerre les uns aux autres.
Évidemment, ils désiraient que Dieu les protège !
Le nom de Dieu équivaut donc à sa personne et résume toutes
les perfections divines. Alors qu’il révèle son nom, Dieu enchaîne en
énumérant ses perfections (Exode 34:5-7). C’est comme s’il disait à Moïse
ce qu’il est. «L’Éternel descendit dans une nuée, se tint auprès de lui
[Moïse] et proclama le nom de l’Éternel.» Quel est ce nom ? Le texte
se poursuit : «L’Éternel passa devant lui et s’écria : L’Éternel, l’Éternel,
Dieu miséricordieux et compatissant, lent à la colère, riche en bonté
et en fidélité, qui conserve son amour jusqu’à mille générations, qui
La prière et la louange de Dieu 37
La reconnaissance du nom
ancien. Il semble que, peu après le déluge, alors que les hommes se
répandaient sur la terre, plusieurs se rendirent compte qu’ils pouvaient
acquérir du pouvoir et exercer de l’influence si, au lieu d’errer comme
des nomades, ils bâtissaient une ville gigantesque et «une tour dont le
sommet touche au ciel» (Genèse 11:4).
Mais le texte déclare que Dieu descendit lui-même et les dispersa
sur toute la surface de la terre, si bien que leur projet fut réduit à néant.
De plus, il annula leur puissance en détruisant l’unité linguistique qui
les unissait jusqu’alors.
Que comportait donc leur plan pour que Dieu prononce sur eux
un jugement si sévère ? C’était la motivation de ces hommes. Ils vou-
laient se faire un nom pour eux-mêmes. C’est précisément l’essence
du péché, la racine de toute rébellion contre Dieu ; cette initiative
révèle le désir d’être «numéro un», de passer avant Dieu. Le Seigneur
savait que, dans l’euphorie de leur succès, ces hommes donneraient
libre cours à leur imagination, dépasseraient les bornes et oublieraient
complètement sa justice. Le pouvoir et l’orgueil allaient donc précipiter
leur perte. Sommes-nous différents ?
moi de cette heure ?… Mais c’est pour cela que je suis venu jusqu’à
cette heure. Père, glorifie ton nom !» (Jean 12:27,28)
«Père, que ton nom soit sanctifié», cette force sur laquelle Jésus
s’appuya pour affronter la croix en faveur de son peuple n’était pas une
formule superficielle, mais l’expression de son souci profond et sincère
de faire éclater la gloire de Dieu et de répondre aux besoins des siens.
Cette attitude lui donna la force de surmonter l’agonie dans le jardin
de Gethsémané et les souffrances infinies de la croix.
Un épisode survenu la semaine avant la crucifixion illustre remar-
quablement la relation entre le Père et le Fils. Durant toute sa vie, Jésus
résista aux pressions qui le poussaient à précipiter les événements.
«Mon heure n’est pas encore venue… », disait-il. Mais en Jean 12,
il reconnaît qu’elle est là : «L’heure est venue où le Fils de l’homme
doit être glorifié» (v.23). Ces quelques mots résument le but de toute sa
vie et équivalent à la requête : «Que ton nom soit sanctifié.» Cela met
en exergue l’importance de cette partie du Notre Père. Si l’intention
suprême de Jésus était de manifester et de promouvoir la gloire de
Dieu, ne devrions-nous pas l’adopter aussi ?
Le Seigneur poursuit en décrivant la nécessité et la signification de
sa mort en sacrifice, aussi bien pour lui-même que pour ses disciples.
Soudain, l’ombre de l’agonie toute proche dans le jardin de Gethsé-
mané semble l’écraser. Il s’écrie : «Maintenant mon âme est troublée…
Père, sauve-moi de cette heure ?» (v.27) Mais la raison de sa venue
devient alors la source de la force qui lui permet d’endurer la croix,
car il continue : «Père, glorifie ton nom» (v.28). Que répond le Père ?
Comment résume-t-il la vie de son Fils ? «Je l’ai glorifié [mon nom] et
je le glorifierai encore [par ce que tu accompliras]» (Jean 12:28).
Au nom de Jésus
Tout comme le nom du Père était le souci majeur du Fils, celui du Fils
est de première importance pour le Père. C’est pourquoi nous devons
40 Pourquoi prier, si Dieu sait déjà ?
Le nom de Dieu est d’une importance capitale. Il n’est donc pas surpre-
nant que Jésus en fasse l’objet de la première requête du Notre Père :
«Que ton nom soit sanctifié.»
La prière et la louange de Dieu 41
Sanctifié signifie que son nom soit saint, c’est le louer, l’estimer.
On retrouve ce même mot en 1 Pierre 3:15 : «Sanctifiez dans vos
cœurs Christ le Seigneur.» Les destinataires de l’épître devaient donc
mettre Christ à part en le plaçant sur un trône et en lui accordant la
prééminence.
Accorder la prééminence à Christ est en fait l’essence du vrai culte
rendu à Dieu et le fondement d’une vie caractérisée par l’authentique
prière biblique. Notre attitude consiste à nous prosterner devant Dieu.
Autrement dit, nous ne devons pas concevoir la prière comme un simple
dialogue avec Dieu, parce qu’elle est étroitement liée à notre désir de
lui obéir. Après tout, la prière est une expression de la foi ; or Jacques
rappelle que «la foi sans les œuvres est inutile» (2:20).
C’est pourquoi, lorsque nous disons : «Que ton nom soit sanctifié»,
ou : «Assieds-toi sur le trône de mon cœur», cela peut signifier que nous
clouons sur la croix notre égoïsme, notre égocentrisme, notre désir
d’être toujours premier et de faire ce que bon nous semble. Si nous
faisons nôtre la prière de Jésus, nous commencerons à expérimenter
l’œuvre de la croix dans notre vie. La croix prononce la peine capitale
sur notre désir de jouer avec le péché, et la mort fait mal ! C’est pour
cette raison que plusieurs d’entre nous connaissent la souffrance en
ce moment même.
Ce n’est cependant pas une raison pour se décourager. Le para-
doxe de la vie chrétienne, et du service chrétien en particulier, est que
chaque fois que nous soumettons notre vie à la discipline de la croix,
nous découvrons la puissance de la résurrection. Si nous sommes prêts
à laisser le champ libre à Dieu, à lui laisser la première place, ou même
à une autre personne de passer avant nous pour l’amour de Christ,
la confiance orgueilleuse en nos capacités en prend un coup, et nous
faisons l’expérience de la mort à soi. Mais comme Jésus a vaincu le
pouvoir de la mort sur la croix, la puissance de sa résurrection peut
aussi se manifester dans l’épreuve. Prier vraiment, c’est demander au
Christ ressuscité d’entrer.
42 Pourquoi prier, si Dieu sait déjà ?
Nous louons Dieu ou sanctifions son nom, tout simplement parce qu’il
le mérite. Comme le dit l’Apocalypse : «L’Agneau qui a été immolé est
digne de recevoir… l’honneur, la gloire et la louange» (5:12). Il n’est
cependant pas faux d’ajouter que celui qui loue Dieu de tout son cœur
en tire aussi un grand bien spirituel personnel. Quels sont certains des
bienfaits que nous procure la louange de Dieu ?
La louange qui monte vers Dieu de tout notre être fait partie du
programme divin pour rétablir l’équilibre entre les différentes composan-
tes de notre personnalité, un équilibre que la chute a faussé, entraînant
toutes sortes de problèmes depuis. La prière et la louange s’inscrivent
donc comme des éléments de notre sanctification en restaurant l’image
de Dieu en nous et en tirant le meilleur de nous-mêmes.
La prière communique une bénédiction dans notre vie brisée en
orientant notre attention sur le Dieu vivant alors que nous nous efforçons
de le louer comme il en est digne. Nous sommes alors obligés de faire
appel à toutes nos facultés mentales et émotionnelles conformément
à l’usage pour lequel elles furent initialement créées.
La prière possède un pouvoir curatif merveilleux dont les effets
touchent chaque aspect de notre personnalité lorsque nous nous déta-
chons de nous-mêmes pour fixer notre attention sur Dieu, sa personne
et sa volonté, tels que l’Écriture les révèle.
48 Pourquoi prier, si Dieu sait déjà ?
«Le fait que, par nature, la louange est généreuse, constitue une
raison majeure pour l’offrir au début de la prière… C’est là une
des valeurs les plus appréciables de la louange : elle écarte le moi
du centre. L’adoration et la louange de Dieu exigent que le centre
se déplace du moi vers Dieu. On ne peut louer Dieu sans en même
temps abandonner la préoccupation du moi. La louange produit
l’oubli de soi-même, et cet oubli est sain.»
La prière et la louange de Dieu 49
Notes :
Un Dieu souverain
Nous avons débuté notre étude sur la prière en constatant que la nature
du Dieu infini et personnel constitue le fondement de toute prière. C’est
pourquoi la première requête du Notre Père commence par : «Notre
54 Pourquoi prier, si Dieu sait déjà ?
«Jaebets était plus considéré que ses frères ; sa mère lui donna le
nom de Jaebets, en disant : C’est parce que je l’ai enfanté avec
douleur. [En hébreu son nom signifie littéralement : «Il afflige».]
Jaebets invoqua le Dieu d’Israël, en disant : Si tu me bénis et que
tu étendes mes limites, si ta main est avec moi, et si tu me préserves
du malheur, en sorte que je ne sois pas dans la souffrance !… Et
Dieu accorda ce qu’il avait demandé.»
Dieu a un plan
Chaque fois que ces deux vérités sont réunies, elles provoquent une
certaine réaction. Quelque chose de merveilleux s’opère chez ceux qui
croient ces vérités, qui s’appuient dessus et en vivent. Elles ont des effets
remarquables dans leur vie de prière et dans leur service public.
Saisir la vision
Quoi que nous fassions, où que nous soyons, tout au long de notre vie
Dieu a un plan pour notre travail quotidien, que ce soit dans l’évan-
gélisation ou la prédication. Il réalise son plan en agissant sur notre
personnalité pour que nous priions et qu’ensuite nous entreprenions une
action intelligente en prêchant, en témoignant ou en servant d’une autre
manière. Dans le déroulement de tout, son plan vient progressivement
à maturité. Les objectifs commencent à être atteints grâce aux prières
et aux actions des chrétiens. C’est parce que Dieu l’a décidé ainsi que
les deux vérités (qu’il a un plan souverain et que le croyant détient un
authentique pouvoir dans la prière pour agir sur le surnaturel) ne sont
pas antagonistes, mais se conjuguent avec harmonie.
64 Pourquoi prier, si Dieu sait déjà ?
«Les mots «la volonté de Dieu» expriment soit ce que Dieu a décidé
de faire, soit ce qu’il nous commande de faire. Dans le premier sens,
la volonté de Dieu est toujours, a toujours été et sera toujours faite
sur la terre comme au ciel. Aucune politique humaine ni aucun
pouvoir diabolique ne peut s’y opposer
«Le Notre Père contient une prière visant à ce que nous nous
conformions pleinement à la volonté révélée de Dieu. Cette volonté
divine révélée ou prescriptive s’applique à nos actions, car Dieu a
fait connaître dans l’Écriture ce qui lui plaît.
«La volonté secrète ou arrêtée de Dieu s’accomplit toujours,
aussi bien sur la terre que dans les cieux, car personne ne peut
s’y opposer ni la freiner. Mais il est également clair que toute
désobéissance aux préceptes donnés par Dieu est une violation
de sa volonté révélée.
«Moïse établit clairement cette distinction quand il déclare à
Israël : «Les choses cachées sont à l’Éternel, notre Dieu ; les choses
révélées sont à nous et à nos enfants, à perpétuité, afin que nous
mettions en pratique toutes les paroles de cette loi» (Deutéronome
29:29).»
Il ne fait donc aucun doute que ce que Christ nous enseigne à prier
dans le Notre Père concerne la volonté révélée de Dieu. Nous devons
66 Pourquoi prier, si Dieu sait déjà ?
prier pour ce qui est conforme à l’Écriture, ce qui est juste et droit, et
qui honore son nom.
Or, souvent, l’enfant ne tient pas compte de cette exigence et
présente des requêtes, toutes aussi fantasques les unes que les autres.
Une réunion de prière se tenait dans notre maison, et plusieurs amis y
participaient. Ne voulant pas être laissé à l’écart, l’un de nos enfants,
âgé de trois ans, demanda de tout son cœur à Dieu de donner des
toboggans à tout le monde !
Inutile d’ajouter qu’un petit garçon dans notre entourage en reçut
un peu après ! En grandissant, il dut cependant apprendre, comme
nous tous d’ailleurs, qu’un cœur généreux ou un désir immense de
voir les choses changer ne suffisent pas pour savoir ce qu’il convient
de demander dans la prière. Nous devons nous soumettre à ce que
nous savons de la volonté révélée de Dieu. Prions chaque jour pour
que tout ce que la Parole exige s’accomplisse sur la terre.
Bien que l’accent de nos prières doive surtout porter sur la volonté
de Dieu clairement révélée dans l’Écriture, cela ne signifie pas que
sa volonté secrète est totalement étrangère à notre façon de prier. Au
contraire, quand nous prions en accord avec sa volonté révélée, nous
sommes à l’unisson de la personne de Dieu et donc en conformité
avec ses desseins secrets. Par leurs prières formulées selon la vérité
divine révélée dans l’Écriture, les saints accomplissent les desseins
secrets de Dieu.
Cela ne signifie pas que nous comprenons comment Dieu réalise
ces projets. Il ne nous introduit pas dans ses secrets pour savoir pour-
quoi certaines choses étranges surviennent dans notre vie ou pourquoi
Dieu tarde à répondre à nos prières. Nous pouvons tout au plus faire
des supputations hasardeuses sur la manière dont le plan de Dieu
s’accomplit, mais nous savons, lorsque nous prions : «Que ta volonté
La prière et les desseins de Dieu 67
soit faite» conformément à la Parole écrite, que nos prières entrent dans
le dessein éternel de Dieu.
Dans les rouages de la providence, d’une manière qui nous
échappe, elles sont utilisées pour mettre en œuvre les décrets éternels
de Dieu dans l’espace-temps. C’est pourquoi il peut se passer des choses
extraordinaires quand les croyants prient : «Que ta volonté soit faite !»
Appuyons-nous sur les promesses et les désirs de Dieu, tels qu’ils sont
exprimés dans l’Écriture pour en faire le socle de notre intercession.
Tel est le secret de la prière.
Des amis ont souri devant la manière dont Dieu répondit un jour
à nos prières. Sa réponse alla bien au-delà de ce que nous avions
demandé. Nous projetions de déménager en famille avec deux amis,
et de nous établir en Écosse pour une période sabbatique de huit mois.
Nous devions quitter notre logement fin décembre, mais mi-novembre
nous ne savions pas encore où aller !
Nous avons alors commencé à nous demander si nous n’avions pas
mal compris les directives du Seigneur, et supplié des amis de prier avec
nous pour que Dieu confirme que notre projet était bien selon sa volonté
en nous accordant un logement. Nous nous appuyions sur la promesse
de Jérémie 33:3 : «Invoque-moi, et je te répondrai ; je t’annoncerai de
grandes choses, des choses cachées que tu ne connais pas.»
Deux semaines avant la date fixée pour que nous quittions notre
logement, on nous informa que nous pourrions rester aussi longtemps
que nécessaire dans la résidence d’un centre de recherches où nous
serions toutefois à l’étroit. Le premier souci ainsi ôté, nous sommes
partis. Mais à peine un mois après notre arrivée, il se produisit une
chose étonnante.
Une splendide maison ancienne, qui avait servi autrefois de home
d’enfants, venait d’être transformée pour remplir une autre fonction.
On cherchait quelqu’un pour y vivre, l’entretenir, prendre note de tout
ce qui nécessitait des réparations, et appeler les ouvriers adéquats. Non
seulement elle offrait assez de place pour nous tous, c’est-à-dire neuf
68 Pourquoi prier, si Dieu sait déjà ?
Nous avons déjà évoqué le texte d’Éphésiens 1:11 à propos du fait que
le Dieu personnel infini a conçu un plan souverain et «opère toutes cho-
ses d’après le conseil de sa volonté». Ce verset s’applique à la décision
par laquelle Dieu nous a «prédestinés suivant [son] plan» en Christ.
Le mot prédestination fait bondir certains. Or, nous avons déjà
entrevu un moyen de trouver un début de réponse à cette question
très controversée. Au fond, les gens sont effrayés à la pensée que Dieu
a un plan rigide élaboré d’avance, qu’il sait tout et maîtrise tout depuis
toujours. Cette idée est terrifiante parce qu’elle touche à la volonté
cachée de Dieu, qui est hors d’atteinte pour nous.
Mais à partir du moment où nous commençons à saisir la vérité
que le déroulement de la volonté cachée de Dieu fait intervenir nos
prières, nous prenons conscience que l’existence d’une volonté ou
d’un plan prédestinés de Dieu ne rend pas du tout la prière inutile ou
vaine. Elle est au contraire le moyen qui contribue efficacement à sa
réalisation.
Quand nous prions : «Que ta volonté soit faite», nous n’essayons
pas de forcer la main de Dieu en lui disant : «Seigneur, je sais que tu
n’acceptes pas de faire ce que je te demande. Mais si je t’importune
La prière et les desseins de Dieu 69
Un mystère
L‛initiative divine
Quand nous nous efforçons d’être fidèles à tout ce que l’Écriture dit
des desseins de Dieu et que nous nous inclinons devant les preuves
que la prière peut être agissante, force est de conclure qu’après tout,
ces enseignements ne sont pas contradictoires.
Il existe une influence du monde spirituel sur la personnalité qui
va de pair en retour avec une influence de la personnalité humaine
sur le monde spirituel. Le Saint-Esprit inspira à un groupe de chrétiens
coréens d’exposer un besoin particulier devant le trône de Dieu. Ils le
firent. Alors, à l’autre bout du monde, le même Esprit mit en mouvement
La prière et les desseins de Dieu 79
Note :
POURQUOI PRIER ?
«Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien ; par-
donne-nous nos offenses, comme nous aussi, nous par-
donnons à ceux qui nous ont offensés ; ne nous induis
pas en tentation, mais délivre-nous du malin» (Matthieu
6:11-13).
4
La prière nous change
La source de sa force
Le sculpteur
Promesses absolues
«Jésus prit la parole, et leur dit : Ayez foi en Dieu. Je vous le dis en
vérité, si quelqu’un dit à cette montagne : Ôte-toi de là et jette-toi
dans la mer, et s’il ne doute point en son cœur, mais croit que ce
qu’il dit arrive, il le verra s’accomplir. C’est pourquoi je vous dis :
Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous l’avez
reçu, et vous le verrez s’accomplir.»
Vous avez certainement déjà trouvé dans votre boîte aux lettres
des publicités du genre : «Ouvrez vite ! Vous êtes l’heureux gagnant
d’un million d’euros !» La première fois qu’une telle lettre vous a été
adressée, peut-être vous êtes-vous empressé de l’ouvrir ! Mais il ne faut
pas longtemps pour remarquer les reports en bas de page et les textes
écrits en tout petits caractères qui précisent les conditions attachées à
l’offre et qui en limitent la portée.
Dans le cas de la prière, quelles sont ces conditions écrites en petits
caractères ? Y en a-t-il ? Et si oui, peut-on espérer les remplir ? Ou sont-
elles aussi inaccessibles que la promesse de gagner des millions ?
Les conditions
*jusqu’à
Ésaïe 62:7 parle de ne laisser au Seigneur «aucun relâche
ce qu’il rétablisse Jérusalem.»
** Dans le Nouveau Testament, Christ raconte la parabole de
la veuve importune qui assaillait sans relâche le juge inique. Le
96 Pourquoi prier, si Dieu sait déjà ?
*
* De même, les lettres de l’apôtre Paul permettent de se faire une
idée de ses luttes dans la prière. Quand il écrit aux Galates, il parle
d’éprouver «de nouveau les douleurs de l’enfantement, jusqu’à
ce que Christ soit formé en [eux]» (4:19). La naissance d’un bébé
n’est pas une partie de plaisir pour la mère ! La prière de l’apôtre
en faveur de la croissance de ses frères s’accompagnait d’efforts
considérables.
*
* Il y a enfin l’exemple du Seigneur Jésus-Christ lui-même. Le
Dieu-homme parfait prend notre place et prie en luttant jusqu’à
la victoire dans le jardin de Gethsémané. Il implore son Père et
La prière nous change 97
lutte avec lui, car il sait qu’en étant fait péché pour son peuple, il
en sera souillé et sali, et même privé pour un temps de la présence
divine.
Pour Jésus, prier n’était ni facile ni automatique. Il savait par
expérience ce que cela signifiait en termes de luttes. Au moment
où il allait entrer dans l’enfer qui nous est dû, il lutta dans la
prière jusqu’à pouvoir déclarer : «Père, si c’est le seul moyen de
sanctifier ton nom par le salut de mon peuple, que ta volonté soit
faite !» (cf. Jean 17)
Vous rappelez-vous le petit garçon qui priait pour que tout le monde
ait un toboggan ? Dieu n’exauça pas sa prière, parce que l’enfant avait
encore beaucoup à apprendre. Il avait raison de penser que Dieu a
effectivement promis d’exaucer les prières. Mais il n’avait pas encore
découvert la vérité que nos requêtes doivent s’accorder avec la volonté
divine pour que le bienfait soit accordé.
Cela soulève une question ardue, car nous ne sommes jamais
sûrs que nos requêtes sont au diapason des desseins divins. La clé du
dilemme se trouve dans des passages comme Jean 15:7 : «Si vous
demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez
ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé.» Le début du verset
précise moins la condition que le contexte dans lequel il convient de
formuler la prière.
En d’autres termes, la requête qui obtient un exaucement immédiat
émane de celui qui demeure en Christ et dont les désirs sont conformes
aux paroles de Jésus dans l’Écriture. Il ne s’agit donc pas de n’importe
quelle demande. L’exaucement requiert de demander en Christ, ou
selon sa volonté comme le déclare l’apôtre Jean (1 Jean 5:14).
Si cela est vrai et si nous voulons prier de manière efficace, la ques-
tion la plus importante est : «Comment arriver au point de demander
«selon sa volonté» ?» C’est en demeurant en lui et en laissant habiter
en nous ses paroles revêtues d’autorité et de grâce, et capables de
nous transformer.
Nous sommes maintenant en mesure de comprendre les condi-
tions écrites «en petits caractères». Dieu agit tout au long de la vie pour
nous former à l’image de son Fils. Il nous permet d’être meurtris et
brisés. Le sculpteur céleste taille dans notre personnalité et dans notre
vie. Pendant ce travail, nous persévérons dans la prière. Puis il nous
modèle et nous encourage, et sa Parole s’enracine plus profondément
en nous. En fin de compte, du plus profond de notre être jaillissent
La prière nous change 99
les mêmes désirs que le Fils. Tout au long de ce processus, nos prières
subissent des transformations, elles aussi. Nous remplissons la condi-
tion de «demeurer en Christ» et nos prières sont exaucées car le Père
exauce toujours le Fils.
Nous savons déjà par Romains 8:26,27 que le Saint-Esprit habite
chez le croyant et l’aide à formuler des prières qui reflètent l’intercession
de Christ dans le ciel. Cette œuvre va au-delà de la simple mise à part
d’un moment pour la prière, de faire son culte personnel ou de par-
courir la liste des sujets de prière. Il faut parfois faire l’expérience de la
croix dans la vie de tous les jours. Dieu nous corrige et nous discipline
pour que nous croissions en maturité et devenions vraiment réceptifs
à l’écho de l’intercession de Christ que le Saint-Esprit fait résonner en
nous. Cela explique pourquoi il faut parfois du temps avant que la
prière devienne vraiment opérationnelle.
Récemment, une amie nous raconta une expérience qui illustre admi-
rablement comment la prière nous transforme au point de devenir en
elle-même moins importante que ce que Dieu accomplit dans la vie.
Judith, une chrétienne attrayante et pleine de vie, possède une voix
agréable et a souvent été sollicitée pour chanter en public. Mais un jour
le médecin diagnostiqua sur le larynx des excroissances qui risquaient
de devenir malignes. Il préconisa une intervention chirurgicale.
Redoutant de ne plus pouvoir parler, elle repoussa l’opération le
plus tard possible ! La taille du nodule ne lui semblait somme toute
pas très importante pour justifier une hospitalisation immédiate suivie
de l’obligation de ne plus communiquer pendant un certain temps.
Elle pria journellement que Dieu lui fasse la grâce de bien accepter
l’opération et la période de convalescence.
Quelle lutte ce fut pour elle ! Chaque jour, elle suppliait Dieu en
disant : «Seigneur, aide-moi à trouver mon bonheur dans la soumission
100 Pourquoi prier, si Dieu sait déjà ?
Unis à Christ
L‛intelligence spirituelle
J’ai évoqué plus haut le cas d’un enfant perdu qui apprend un jour
son appartenance à une riche famille. Dès lors, tout change pour lui.
En découvrant son véritable arbre généalogique, ses ancêtres par les
liens du sang, il découvre en même temps son droit de quitter sa famille
d’accueil pour retourner vers sa vraie famille.
C’est ce qui se passe pour celui qui est en Christ. Par la foi, il a
été littéralement greffé sur un autre arbre généalogique (cf. Romains
11:16-24). Le chrétien passe d’une famille à une autre.
104 Pourquoi prier, si Dieu sait déjà ?
Notre union à Christ a des prolongements inouïs sur la prière. Elle nous
rend acceptables pour Dieu. Nous satisfaisons ainsi une condition pri-
mordiale, ce que nous avons comparé aux conditions figurant en tout
petits caractères en bas des offres alléchantes. Nous prions au nom de
Jésus et notre prière monte directement jusqu’à Dieu.
Un pasteur encouragea les jeunes chrétiens de son église à s’appro-
cher de la table du Seigneur en ayant un cantique particulier à l’esprit.
Cet hymne comportait, entre autres, les lignes suivantes :
Qu’il est précieux de savoir que, grâce à notre union avec le Sei-
gneur, rien ne peut empêcher le Père de nous écouter ! Peu importe
ce que nous ressentons ou à quel point la tentation nous assaille. Nous
savons que nous pouvons nous approcher du trône de Dieu parce que
Christ a affronté toutes les tentations auxquelles nous sommes exposés,
et en a triomphé. Tel est le sens du cantique évoqué plus haut. Nous
venons au Père par Christ ; c’est sa vie que Dieu voit quand nous
cherchons refuge en lui à cause de nos péchés.
Il a offert au Père sa vie humaine parfaite en tout, si bien que nos
manquements ne nous séparent plus de Dieu si nous sommes en Christ.
Loin de nous faire prendre le péché à la légère dans ce domaine comme
en d’autres, la substitution de sa perfection à notre imperfection nous
encourage d’autant plus à refléter sa pureté.
nous qui l’avons choisi. Certes, nous sommes d’une faiblesse et d’une
fragilité extrêmes, mais Dieu le savait très bien quand il nous a appelés. Il
connaissait nos besoins et avait d’avance prévu de nous faire bénéficier
de toutes les ressources du Dieu-homme. Ce sont ces ressources qui
renferment la puissance de vie capable de nous transformer.
En résumé, au fur et à mesure que, de notre côté, nous nous
efforçons de faire confiance à Dieu en Christ, d’obéir à sa Parole et de
nous appuyer sur son Esprit, et que de son côté, le Seigneur exerce
son contrôle providentiel, nous fait grandir et mûrir, la voix de son Fils
sera de plus en plus perceptible dans nos prières. Nous demanderons
alors de mieux en mieux ce qui est conforme à sa volonté, et elle
s’accomplira pour nous. Ce mécanisme nous fait passer du stade du
petit garçon qui joue avec ses petites voitures à l’ombre de la grange
de son père à celui de l’adulte responsable qui dirige une plantation,
gagne sa vie et prend soin d’autrui.
C’est ainsi que John Knox put entrer dans le domaine céleste.
Son caractère avait tellement été ciselé à l’image de celui de Christ,
sa vie et ses prières avaient tellement été amenées à se conformer à
celles de son maître qu’à la fin il put apercevoir le lieu même où Christ
règne sur son trône.
Ce regard global sur ce que Dieu accomplit dans la vie de ceux qu’il
place en Christ nous prépare à examiner tout spécialement les sujets
pour lesquels Christ désire voir les membres de son corps prier.
Il ne suffit donc pas simplement de savoir que notre vie est transfor-
mée de jour en jour. Nous avons encore besoin de demander : «Que
faire pour que ma façon de prier ressemble de plus en plus à celle de
Jésus ? Comment satisfaire les conditions fixées pour en arriver aux
promesses absolues, de sorte que la voix du Fils résonne vraiment dans
mes prières quotidiennes ?»
La prière nous change 109
Requêtes spécifiques
Dans la prière modèle du Notre Père, Christ semble résumer toutes les
promesses de l’Écriture à trois requêtes :
*
* Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien.
*
* Pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi, nous par-
donnons à ceux qui nous ont offensés.
** Ne nous induis pas en tentation, mais délivre-nous du malin.
La nourriture
Le pardon
Jésus enseigne ensuite à tous ses disciples à implorer Dieu pour le par-
don de leurs péchés, comme eux-mêmes pardonnent à ceux qui les ont
offensés. Le Seigneur ne pense pas principalement au pardon éternel
accordé une fois pour toutes dont le croyant bénéficie à la conversion,
le pardon qu’on reçoit comme une grâce divine lorsqu’on est justifié
par la foi en l’œuvre parfaite que Jésus a accomplie sur la croix. Jésus
envisage plutôt notre besoin quotidien de pardon et de purification, en
tant que pécheurs justifiés mais imparfaitement sanctifiés.
Nous devons confesser chaque jour nos péchés au nom de Jésus
et nous approprier le pardon au moyen de son sang qui nous purifie (cf.
1 Jean 1 et 2). Nous devons également demander pardon à autrui chaque
fois que c’est nécessaire et possible (cf. Matthieu 5:23ss.). Assurons-nous
aussi d’avoir la bonne attitude pour pardonner à ceux qui nous ont fait
du tort. C’est le moyen efficace d’empêcher que des racines d’amertume
ne se développent et ne s’infectent (Hébreux 12:15), risquant de nous
détruire et de nuire à nos relations avec les autres et avec Dieu.
Il est évident que ce comportement ne nous est pas naturel. Nous
ne pouvons l’adopter que si nous demeurons en Christ et lui en nous.
Son esprit de pardon peut triompher de notre amertume et de notre
ressentiment si nous comptons sur lui et croissons en lui.
114 Pourquoi prier, si Dieu sait déjà ?
La protection
«feux verts» sur sa voie. Elle s’attendait à ce que des portes s’ouvrent
pour entreprendre les démarches en vue d’un travail missionnaire. Mais
rien ne se produisit : toutes les portes restèrent fermées ! Elle rentra
chez elle, persuadée d’avoir fait fausse route en se croyant appelée
sur le champ de mission.
Elle fut alors libre de reconnaître qu’elle était tombée amoureuse
du jeune homme ! Elle lutta dans la prière jusque vers deux heures du
matin, jusqu’au moment où, en relisant le Psaume 113 pour la deuxième
fois, elle comprit que le Seigneur lui avait parlé et ouvert la voie pour
aller de l’avant dans sa relation sentimentale.
Le lendemain matin, quand le jeune homme l’aperçut, il lui
demanda des nouvelles de la conférence. Elle lui dit qu’elle n’irait
finalement pas en mission, mais pas un mot de plus ! Ce fut le seul
indice qu’elle lui révéla.
Les prières du jeune homme avaient changé la jeune fille. Les deux
années écoulées lui avaient donné le temps d’atteindre une certaine
maturité chrétienne. Elle avait appris beaucoup de choses de la vie
chrétienne et avait vu Dieu changer ses actions et ses attitudes.
Si le garçon lui avait parlé plus tôt, elle n’aurait pas du tout été
prête. Elle aurait probablement refusé. En tout cas, elle n’aurait pas été
aussi bien équipée pour devenir l’épouse qui lui convenait. En priant
au lieu de parler, il fit ce qu’il y avait de mieux pour tous les deux.
Cet exemple montre l’influence de la prière dans la vie d’une
seule personne, sur une petite échelle et sans conséquences lointaines
particulières. Mais pensez à ce qui pourrait se produire si le peuple de
Dieu, individuellement et dans son ensemble, comptait sur lui pour
opérer des changements sur la terre ! Avons-nous la certitude que la
prière transforme les autres sur une grande échelle ? Qu’enseignent
les Écritures à ce sujet ?
120 Pourquoi prier, si Dieu sait déjà ?
certains de nous devront revoir leurs priorités et leur apporter les chan-
gements nécessaires s’ils veulent entendre ce que Dieu leur dit ici.
Or, nous ne pouvons effectuer les changements indispensables que
si nous fixons continuellement les yeux sur Jésus en nous rappelant
que nous accomplissons cette œuvre d’intercession en union avec lui.
Par conséquent, avant de détailler davantage nos responsabilités en
matière d’intercession, levons les yeux sur Jésus, le plus grand de tous
les intercesseurs.
Avant de se rendre dans le jardin de Gethsémané, puis dans le
prétoire de Pilate et enfin à Golgotha, Jésus fit monter vers Dieu la
prière dite «sacerdotale» (Jean 17), dans laquelle il déclara : «Je me
sanctifie moi-même pour eux, afin qu’eux aussi soient sanctifiés par la
vérité» (v.19). Au même titre que tout ce que Jésus a accompli dans sa
vie, ses souffrances et sa mort, cette prière était pour les siens. La croix
marque simplement l’apogée de toute cette œuvre.
Là, nous ne le contemplons pas seulement à genoux, mais litté-
ralement corporellement debout à la brèche, pour détourner sur lui la
colère de Dieu qui, autrement, nous aurait anéantis. Là se tient celui
qui est supérieur à Moïse, celui qui n’intercède pas seulement devant
Dieu pour les autres, mais qui canalise le courroux divin sur lui-même,
subissant ainsi tout le châtiment que nous méritions.
Il rend ainsi possible notre retour au Père et le bénéfice d’un
amour, d’une miséricorde et d’une guérison incroyables, empêchant
que l’ardente colère de Dieu ne nous frappe, grâce à celui qui s’est
tenu à la brèche entre notre âme souillée par le péché et le Dieu par-
faitement saint.
Comme Paul le dit, Jésus «a été livré pour nos offenses et est ressuscité
pour notre justification» (Romains 4:25). Son corps glorifié a été enlevé
du domaine de la vue physique. Mais le Seigneur possède encore ce
124 Pourquoi prier, si Dieu sait déjà ?
corps, qui est aussi réel que lorsqu’il était sur la terre. Que fait-il actuel-
lement ? La lettre aux Hébreux déclare que, dans un sens très réel, tout
son ministère s’exerce dans le domaine de la prière.
Nous ignorons quantité de choses sur les activités de Christ dans
les cieux, mais l’épître aux Hébreux indique que l’essentiel du ministère
du Seigneur ressuscité en tant que souverain sacrificateur se concentre
sur une intercession continuelle en faveur des siens. Il est toujours à la
brèche ! Savez-vous pourquoi ceux qui lui appartiennent ne seront pas
détruits ? Parce que quelqu’un intercède pour eux à la brèche.
Le Seigneur Jésus-Christ plaide pour nous, chrétiens, devant le
trône de Dieu en ce moment même où nous lisons ces lignes. Si donc
vous estimez vos prières sans valeur, ne perdez pas courage. D’ailleurs,
aucun de nous ne devrait jamais renoncer à prier, car quelqu’un se
trouve à la brèche pour lui.
Cela signifie qu’il est possible d’exercer un réel pouvoir dans la
prière en se plaçant à la brèche à ses côtés. Nous pouvons nous y faire
l’écho de son intercession et opérer des changements durables dans ce
monde. Nous pouvons agir en faveur du monde en demandant à Dieu
de surseoir à ses jugements, en combattant la méchanceté du diable et
en la remplaçant par la beauté, l’amour, la bonté, la vérité et le salut.
Si nous pouvons intercéder ainsi, c’est évidemment uniquement
parce que Christ est déjà en train d’intercéder pour nous. Voici ce que
déclare l’Écriture :
Un véritable athéisme
Bien que nous sachions tous que le déisme est une philosophie erronée
d’après la Parole de Dieu, je me demande si nous ne l’avons pas adopté
dans notre façon de penser lorsqu’il est question de demander à Dieu
d’intervenir ! Ne raisonnons-nous pas comme les déistes à propos de
la prière ? La vision du monde qui prévaut hors de l’Église nous a
peut-être influencés plus que nous l’imaginons.
La prière change les autres 127
Aaron et Hur
places soient réservées aux Noirs, et que les Blancs prennent leurs
sièges dans la mezzanine.
Les membres de l’église ressentirent le besoin d’un réveil spirituel.
Ils en firent un sujet de prière fervent en 1858. Vers la fin des années
1850, un grand mouvement spirituel s’étendit sur toute la côte Est de
l’Amérique du Nord, gagna la Grande-Bretagne et fut à l’origine du
réveil de 1859. En 1858, Girardeau et les membres noirs fidèles de
cette assemblée vivante quoique plutôt inhabituelle soupiraient après
une effusion de l’Esprit sur eux-mêmes et sur leur ville.
Voici le récit de la manière dont leurs prières furent exaucées, de
la plume d’un témoin présent lors de cette expérience :
Dieu utilisa la prière tout d’abord pour susciter un réveil spirituel, puis
pour protéger et préserver toute une ville bien au-delà des portes de
l’église. Il peut se servir de la conversion de personnes qui vivent dans
le voisinage pour communiquer une bénédiction influente.
Puisque tous ceux qui demeurent en Christ ont un libre accès à
Dieu dans la prière, qu’ils prennent au sérieux le privilège et la respon-
sabilité considérables de revendiquer l’accomplissement des promesses
de l’Écriture. La promesse la plus pertinente que nous pouvons rappeler
à Dieu dans la prière est sans conteste celle de Romains 8:32 : «Lui qui
n’a point épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous,
comment ne nous donnera-t-il pas aussi toutes choses avec lui ?» La vie
et la mort de Jésus-Christ pour les pécheurs constituent la preuve par
excellence que Dieu est décidé à intervenir dans l’histoire du monde.
Si la croix de Jésus a entraîné la défaite du diable, il n’existe alors rien
ici-bas qui puisse échapper à la puissance divine. Si rien d’autre ne le
fait, au moins cette assurance devrait nous encourager à prier.
Pendant trois ou quatre ans, trois fois par jour, ces humbles chrétiennes
prièrent avec ferveur dans leur maisonnette surplombant l’Atlantique
nord et ses nombreuses tempêtes. Elles demandaient à Dieu d’envoyer
son Saint-Esprit pour convaincre et transformer les insulaires.
D’après les écrits du pasteur Duncan Campbell, qui fut un instru-
ment de Dieu dans ce réveil, le Saint-Esprit descendit soudain un samedi
soir sur un groupe de jeunes gens très mondains rassemblés dans un
dancing derrière un bistrot ! Plusieurs furent écrasés par le sentiment
de leur péché et Dieu les régénéra sur-le-champ.
Le mouvement s’étendit à plusieurs parties de l’île et toucha à salut
un grand nombre de gens dans les années suivantes. Une fois de plus
quelqu’un (dans ce cas deux dames âgées) s’était tenu à la brèche et
avait incité Dieu à user de compassion envers toute une population, et
les résultats s’en font encore sentir aujourd’hui, même si la plupart des
habitants ignorent complètement que leur situation résulte de l’œuvre
du Saint-Esprit.
Deux choses sont sûres : dans le Notre Père, Christ nous invite à prier
les uns pour les autres afin que Dieu accorde provision, pardon et pro-
tection. Les exemples ci-dessus, et bien d’autres encore, montrent que
Dieu se réjouit d’envoyer son Esprit lorsque ses rachetés intercèdent.
Lors du deuxième grand réveil évangélique qui balaya tous les
États-Unis, il n’était pas rare de voir dans les églises, devant l’estrade, des
bancs où les membres repentants de la communauté et les personnes en
quête de salut venaient s’agenouiller et prier, fortement convaincus de
leur besoin de pardon et de renouveau, sous l’action du Saint-Esprit.
Aujourd’hui, peu d’églises ont des «bancs de pénitents» devant la
chaire. Si elles en possédaient, tous les membres devraient les occuper,
s’y agenouiller et implorer le pardon de Dieu pour leur négligence en
matière de prière ! Bien sûr, il ne suffit pas de disposer de «bancs de
138 Pourquoi prier, si Dieu sait déjà ?
Mais Daniel était assez sage pour savoir qu’il fallait réclamer par
la prière les bienfaits que Dieu avait promis. Trop souvent le peuple de
Dieu ne parvient pas à saisir et oublie que les bénédictions promises par
Dieu doivent faire l’objet de prières. Daniel, lui, le savait ; Girardeau,
de Charleston, aussi ; les deux dames écossaises également.
Daniel se mit donc à intercéder pour que Dieu bénisse son peuple
et lui permette de rentrer chez lui. Il confessa le péché, implora la misé-
ricorde en s’appuyant sur les promesses de l’Écriture, bref, il se tint à
la brèche. Il apprit plus tard qu’au moment où il commença de prier,
un grand combat eut lieu dans les sphères célestes en faveur de la vie
du peuple. Le diable était en colère et s’opposait à l’influence divine.
Des anges restés fidèles à Dieu et des anges déchus s’engagèrent dans
une bataille titanesque invisible. Quelle en serait l’issue ?
La prière incessante de Daniel inversa le cours de la bataille en
ouvrant la voie à l’intervention d’un autre ange puissant qui fit pencher
la balance et triompha du diable et de ses armées. Il est clairement
affirmé que cet ange intervint grâce à l’intercession de Daniel. En
somme, les prières du prophète changèrent le cours de l’histoire du
peuple élu, le firent revenir dans sa patrie et répandirent sur lui les
bénédictions divines pour plusieurs générations.
L‛arme suprême
Note :
1. De plus en plus d’assemblées adoptent aujourd’hui l’ancienne habitude d’avoir
chaque semaine une réunion pour prier spécifiquement au sujet de l’impact de la
prédication.
Troisième partie
Nos problèmes
et les solutions de Dieu
Jésus, qui se savait toujours exaucé par le Père, nous donne une
forme de prière, puis, avec toute la sagesse divine qu’il possède et est,
il aborde un problème qui surgit dès lors que nous prions. Il reconnaît
Le défi de la persévérance 149
«Il leur dit encore : Si l’un de vous a un ami, et qu’il aille le trouver
au milieu de la nuit pour lui dire : Ami, prête-moi trois pains, car
un de mes amis est arrivé de voyage chez moi, et je n’ai rien à
lui offrir, et si, de l’intérieur de sa maison, cet ami lui répond : Ne
m’importune pas, la porte est déjà fermée, mes enfants et moi
sommes au lit, je ne puis me lever pour te donner des pains, je
vous le dis, même s’il ne se levait pas pour les lui donner parce
que c’est son ami, il se lèverait à cause de son importunité et lui
donnerait tout ce dont il a besoin.
«Et moi, je vous dis : Demandez, et l’on vous donnera ;
cherchez, et vous trouverez ; frappez, et l’on vous ouvrira. Car
quiconque demande reçoit, celui qui cherche trouve, et l’on ouvre
à celui qui frappe.
«Quel est parmi vous le père qui donnera une pierre à son
fils, s’il lui demande du pain ? Ou, s’il demande un poisson, lui
donnera-t-il un serpent au lieu d’un poisson ? Ou, s’il demande
un œuf, lui donnera-t-il un scorpion ? Si donc, méchants comme
vous l’êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants,
à combien plus forte raison le Père céleste donnera-t-il le Saint-
Esprit à ceux qui le lui demandent.»
Quand le diable vient nous tenter, il murmure que c’est pure folie
d’insister dans la prière. «Ce ne sont pas de bonnes manières. C’est
humiliant ! Personne ne le fait. Si Dieu voulait t’accorder ce dont tu
crois avoir besoin, il te l’aurait déjà donné. Après tout, cela fait déjà
deux mois que tu pries pour cela !»
Que faisons-nous alors ? Nous commençons à l’écouter et à dire :
«Autant laisser tomber. Je présenterai à Dieu une autre requête plus tard,
mais pour le moment, je laisse tomber cette prière non exaucée.»
Qui saura réellement prier pour que la gloire de Dieu rayonne
dans ce monde, pour que son nom soit sanctifié, pour que son règne
vienne et que sa volonté soit faite dans sa situation particulière ou dans
la société qui l’environne ? D’après Jésus, c’est celui qui n’éprouve ni
honte ni gêne à demander sans relâche, celui qui, comme la veuve ou
l’ami importun, ou la baronne danoise, n’hésite pas à littéralement se
prosterner dans la poussière.
Pourquoi l‛attente ?
Murray déclare que Dieu n’attend pas un instant de plus qu’il ne faut.
Il fait tout en son pouvoir pour hâter et précipiter la réponse. Il est
comme un fermier qui ne moissonne pas trop tôt car il sait qu’il vaut
mieux attendre que le fruit soit mûr. Il patiente jusqu’à ce que la moisson
soit juste bonne à être récoltée. À ce moment-là, et à ce moment-là
seulement, il intervient promptement.
Le défi de la persévérance 157
Notes :
La bénédiction en vue
Un plan quotidien
* àavant
notre lever le matin
* après
* au moment de prendre notre repos 1
La valeur du jeûne
Note :
1. L'Institution chrétienne, Jean Calvin, éditions Kerygma/éditions Farel, Livre III, xx.50.
À la fin du livre nous suggérons quelques moyens systématiques simples pour aborder
la prière d’intercession et la lecture biblique.
8
Quand Dieu semble dire «non»
Que penser de celui qui semble répondre à toutes les conditions fixées
pour la ressemblance à Christ, qui a appris pendant des années les
disciplines du combat et de la persévérance dans la prière, mais finit
cependant ses jours dans le dénuement le plus total et en proie à de
grandes souffrances ? C’est justement ce qui arriva à Amy Carmichaël,
une missionnaire remarquable qui travailla au sud de l’Inde.
Elle consacra sa vie aux orphelins, sauva beaucoup de jeunes filles
de la prostitution dans les temples hindous, construisit un village pour les
accueillir et un centre de formation pour les préparer à une vie meilleure.
170 Pourquoi prier, si Dieu sait déjà ?
Ces œuvres subsistent encore aujourd’hui. Elle fit preuve d’une rare
sagesse spirituelle et exerça une profonde influence. Dieu entendit les
prières de sa communauté et les exauça de façon miraculeuse.
À bien des égards on pourrait dire que la prière était la marque de
sa vie et de son service. Le centre qu’elle créa vit le jour grâce à la prière
et sa gestion en dépendait uniquement. Pourtant, Dieu n’exauça pas les
prières que cette femme lui adressa pour sa guérison. Pourquoi ?
Dieu ne refuse pas les choses que nous lui avons demandées dans la
prière. En fait, il accorde ce qui était la véritable intention sous-jacente
de nos requêtes, ce que le Saint-Esprit suggérait en nous.
Notre erreur consiste à interpréter les restrictions imposées à nos
désirs comme un refus divin. La vraie bénédiction, venue sous une
autre forme que celle demandée ou attendue, nous a préservés d’un
danger ou d’ennuis dans lesquels nous aurait plongés l’exaucement
des prières telles que nous les avons présentées à Dieu.
Souffrance temporaire
À la brèche
Avec Jésus
L‛Intercesseur
Note :
Détacher un lion
dans notre vie des forces aussi puissantes qu’un lion. Pensons à ce que
la Bible a opéré dans l’Histoire.
Lorsqu’en 1543, le parlement écossais promulgua une loi permet-
tant aux gens de lire la Bible dans leur langue, il lâcha un lion qui ne fut
plus jamais enfermé. Dans son Histoire de la Réformation, John Knox
déclare que la publication de la Bible dans la langue du peuple rendit
possible et inévitable le réveil religieux que nous appelons la Réforme.
Voici ce qu’il écrit à propos de l’année 1543 :
«On pouvait alors voir la Bible posée sur la table de presque tous
les gentilshommes du royaume. Beaucoup d’hommes avaient sur
eux le Nouveau Testament… favorisant ainsi le développement
prodigieux de la connaissance de Dieu, si bien que le Seigneur
accorda avec abondance son Saint-Esprit à des gens simples.»
L'eau de la vie
La bonne attitude
Pour libérer les bénédictions de la Parole de Dieu dans notre vie, com-
mençons par «l’écouter avec assiduité». C’est l’attitude qu’on attend du
serveur dans un restaurant. Il écoute attentivement la commande des
clients pour pouvoir la transmettre aux cuisiniers. Pour bien exécuter
les ordres de la Parole de Dieu, nous devons l’étudier soigneusement
et ouvrir toutes grandes les oreilles de notre intelligence pour la com-
prendre et faire ensuite ce qu’elle nous commande.
Un pasteur se servait d’une illustration pittoresque pour décrire
ce que représentait cette écoute assidue. Il imaginait quelqu’un qui, ne
voulant pas perdre un seul mot de la prédication, tendrait tellement le
cou que son oreille arriverait le plus près possible du prédicateur. Si nous
considérons que l’Écriture va dire des choses importantes que nous ne
voulons pas négliger, nous nous approcherons d’elle dans une attitude
de profond respect et d’attente ; nous nous préparons ainsi à recevoir
les messages enrichissants qui émanent du trône de Dieu.
Quelle différence avec une lecture superficielle et machinale de
la Bible, devant la télévision allumée et en présence des enfants qui
parlent en même temps, alors que les pensées sont à des lieues, en train
de faire des projets en vue de l’excursion du prochain week-end ! Lors-
que nous lisons la Parole de Dieu, trouvons un lieu calme et adoptons
une attitude respectueuse qui honore la présence du Saint-Esprit au
lieu de l’attrister et de le chasser. Prêtons l’oreille à ce qu’il dit. En fin
de compte, c’est lui qui transmet le message de la Parole. Prêter une
attention soutenue à la Parole dont il a inspiré le texte original est une
manière de l’honorer et de l’aimer.
Un plan de lecture biblique 185
La valeur de la mémorisation
par cœur des passages de l’Écriture pendant toute notre vie d’adulte.
Choisissons des versets qui nous ont vraiment parlé lors de notre
lecture quotidienne. Mais nous pouvons également suivre des plans
spécialement mis au point dans ce but.
Prêchant sur 1 Corinthiens 13, notre pasteur encouragea l’église
à apprendre par cœur ce remarquable chapitre. C’est ce que nous
avons fait en famille. Chaque soir, avant le souper, nous avons appris
un passage. Un jour, je fus tenté d’agir d’une manière peu charitable.
Aussitôt les paroles de Paul me revinrent à l’esprit : «L’amour est
patient… il ne s’irrite point.» Combien alors j’ai béni Dieu de m’avoir
ainsi encouragé à emprunter la voie royale grâce à la Parole semée
dans mon cœur !
Nous mémorisons aussi l’Écriture parce qu’elle façonne notre
manière de penser. «Car [l’homme] est comme les pensées de son
âme» (Proverbes 23:7). Quel meilleur moyen d’amener nos prières en
conformité avec la volonté de Dieu ? Et dans quelle riche réserve de
promesses nous puisons quand nous implorons celui qui les a données
comme fondement de nos prières !
Soyez systématique
Le long terme
Vous vous tenez dans la sainte présence de Dieu qui veut «que la vérité
soit au fond du cœur» (Psaume 51:8). Inspirez-vous à l’occasion des
Psaumes 51, 32 ou 139. Soyez honnête et précis dans la confession
de vos péchés. Reconnaissez-les et nommez-les afin de pouvoir récla-
mer, humblement mais joyeusement, l’accomplissement de promesses
comme celle de 1 Jean 1:9. Formulez occasionnellement la prière toute
simple que Calvin utilisait souvent à la fin de ses sermons : «Seigneur
aide-nous à haïr suffisamment nos péchés pour que nous nous en
détournions.» Recherchez une nouvelle communication de l’Esprit pour
avoir la force de surmonter la tentation (1 Corinthiens 10:13).
Prière appuyée sur l‛Écriture (cinq minutes)
Remerciez Dieu pour son existence trinitaire, ainsi que pour son infi-
nie bonté envers son Église en général et envers vous en particulier.
Remerciez-le pour ce qu’il a fait durant les deux derniers jours et pour
ce qu’il s’apprête à faire, d’après sa Parole. Là encore, soyez précis
dans vos actions de grâces. Comme le dit le cantique :