UNIVERSITE MOHAMMED V RABAT

FACULTE DE MEDECINE ET DE PHARMACIE

FILIERE: MEDECINE
DEPARTEMENT: Neurosciences
UPR: Psychiatrie, Psychologie Médicale et Histoire de la Médecine
MODULE: Psychosociologie
SEMESTRE: 2ème Semestre
NIVEAU D’ETUDE: 1ère année
INTITULE DE COURS: Personnalité: Définition et Développement,
Les personnalités normales
VOLUME HORAIRE: 2 heures
NATURE DE COURS: Cours Magistral
ENSEIGNANT: Pr Fatima EL OMARI
ANNEE UNIVERSITAIRE 2022-2023.
 Personnalité:
Définition et Développement
Les personnalités normales

Pr Fatima ELOMARI

22 Mars 2023
 Les objectifs du cours

• Définir la personnalité et le caractère

• Reconnaître les aspects psychologiques du
développement psychoaffectif
• Décrire les stades essentiels de développement
chez l’enfant
• Apprécier les éléments caractérisant la phase de
latence, celle de la puberté et de l’adolescence.
 Les objectifs du cours (suite et fin)

• Définir une personnalité normale et pathologique.

• Décrire les critères et les limités de la normalité.
• Décrire les aspects psychologiques d’une
personnalité normales.
I. Étymologie: Personnalité

• Persona représente le masque (en grec )

qui est un reflet fixe et permanent chez quelqu’un.

• Tempérament et caractère (caractère veut dire

empreinte en grec)

• La personnalité est un ensemble de traits: C’est une

façon permanente et prévisible de ressentir,
percevoir et penser qui est propre à chaque individu
et fonction de son contexte (environnement).

• Personnalités normales/pathologiques.
II. Définition
– La personnalité est l’ensemble des traits psychologiques,
émotionnels et comportementaux qui nous rendent
uniques et qui nous différentient des autres.

– La personnalité caractérise la manière dont l’individu

interagit avec lui même et avec son environnement.

« C’est un ensemble structuré des dispositions innées et

acquises sous l’influence de l’éducation, des interrelations
complexes de l’individu dans son milieu, de ses expériences
présentes et passées, de ses anticipations et de ses projets»
(N. Sillamy, Dictionnaire de Psychologie, 1980)
III. Les dimensions de la personnalité:

§ La personnalité est caractérisée par une structure et une

dynamique:
– Une structure stable, possédant une certaine
constance.
– Une structure dynamique et autonome et qui fait de
chaque individu un sujet unique.

• Elle est considérée comme stable, spécifique d’un individu,

se développe le long de l’enfance et se structure à partir
de l’âge adulte.
III. Les dimensions de la personnalité (suite)

• La personnalité est constituée du tempérament, du

caractère et de l’intelligence:

– tempérament= aspects biologiques de la

personnalité;
– caractère= aspect comportemental (socio-culturel);
– intelligence = aspects cognitifs de la personnalité.
 Personnalité
=
Tempérament Caractère
Inné Acquis
+ Environnement
Biologie
Génétique Expériences de la vie

Intelligence
Aspect cognitif
III. 1. Le Tempérament

• La partie héritée de vos parents

• Stable dans le temps.

• Correspond aux différences individuelles, biologiquement

et génétiquement déterminées, dans les façons d’agir, de
réagir et dans les dispositions émotionnelles.
 Selon les traits
Typologie selon le Myers-Briggs
III. 2. Le Caractère
• Le caractère correspond aux dimensions observables de
la personnalité.

•Exemples: autonomie, coopérativité, stabilité affective,…

IV. Théories de développement de la
personnalité:

-Psychanalytiques (Freud);
- Cognitive (Piaget);
-Apprentissage (Comportemental et cognitif);
- Socioculturelles;
- Biologiques, génétiques.
IV.1. Théories psychanalytiques
Selon cette théorie, la personnalité se constitue à
travers des stades infantiles.
IV.1.1. Les différentes étapes du développement
psychoaffectif de la personnalité
a. Stade Oral: de la naissance à 12-18 mois (environ)
Centré par les satisfactions liées à l’alimentation
(érotisation de la zone orale)
• Passage de l’indifférenciation du monde extérieur à la
perception de la mère en tant qu’autre
– acquisition parallèle progressive d’une relative
autonomie (marche)
Selon Spitz:

Les organisateurs de Spitz, comme processus

d’individuation-séparation
• Sourire vers le 3ème mois
• Angoisse de l’étranger au 8 ème mois
• Acquisition du Non (entre 12-18 mois)
b. Stade Anal: de 1 an à 2-3 ans (environ)

• Centré sur l’apprentissage de la propreté

(érotisation anale).

• Les modalités relationnelles sont marquées par

l’ambivalence:
– faire plaisir (être propre) / s’opposer (être sale)
– se soumettre / dominer

• Mise en place de mécanismes de défense

contre l’angoisse.
 c. Stade Œdipien: Vers l’âge de 4-6 ans

• Inauguré par la prise de conscience de la différence

des sexes (stade phallique 3-4 ans).

• « Ensemble organisé des désirs amoureux et hostiles

que l’enfant éprouve à l’égard de ses parents »
– Oedipe “positif”: investissement amoureux du
parent du sexe opposé et hostilité à l’égard du
parent du même sexe
– Oedipe “négatif”: attachement au parent de
même sexe et jalousie à l’égard du parent du sexe
opposé.
d. Période de latence: de la période œdipienne
(4-6 ans) à l’adolescence

• Désinvestissement des intérêts oedipiens et orientation

vers le monde extérieur.

• Socialisation:
– période des acquisitions scolaires et du
développement des compétences sociales.
d. Puberté et Adolescence

• Réactivation des intérêts sexuels du fait de la

maturation physiologique
– réactivation du conflit œdipien
• engagement dans une sexualité adulte
• reconnaissance de l’ “autre” et construction
d’un projet de vie autonome.
IV.1.2. La première théorie Topique (Freud,
1900)
• Conscient- choses dont on est conscient.

• Préconscient- choses dont on devient

conscient si on y pense.

• Inconscient- réservoir profond et caché

qui contient nos désirs et nos peurs.
IV.1.3. Les instances de la personnalité (la
deuxième théorie Topique, Freud 1920)
Le ça: correspond aux pulsions, ses contenus sont
inconscients.

Le Surmoi: instance morale, interdictrice. Il correspond

aux désirs interdits (qui sont à l’origine des conflits
entre conscient et inconscient);

Le Moi: il cherche à faire des compromis entre les

exigences pulsionnelles du Ça, les contraintes de la
réalité et les exigences sociales du Surmoi. Il assure la
stabilité et l’identité de la personne.
IV.2. Théorie comportementale

• Courant théorique comportementaliste

– J.B. WATSON
– le comportement d’un individu est une réponse à un
stimulus issu de l’environnement
• Le comportementalisme ne fait aucune hypothèse sur la
nature des processus psychiques sous-jacents au
comportement
– Henri PIERON (1907) : « il est nécessaire d’ignorer la
conscience »
– William JAMES (1912) : « le moment me semble venu
de nier la conscience ».
IV.2. Théorie comportementale (suite)

§ La personnalité est l’ensemble des comportements

observables « nous sommes ce que nous faisons ».

• Elle est le résultat des “habitudes” acquises au cours du

développement/
– l’habitude est le lien entre la réponse et le stimulus
– l’acquisition des habitudes est le fruit de
l’apprentissage.
IV.2. Théories comportementales (suite et fin)

• Ivan PAVLOV, Prix Nobel 1904

- les réflexes conditionnés
- apprentissage par conditionnement
classique ou répondant.

• B.F. Skinner: Apprentissage par conditionnement opérant,

modelage du comportement par le renforcement (positif
ou négatif).

• A. Bandura: Apprentissage par observation ou imitation.

IV.3. Théories cognitives de la personnalité:

• modèle de Aaron T. Beck et Jeffrey E. Young.

• Le cognitivisme met l’accent sur les processus de pensée
(contenus et mécanismes de la pensée).

• Les comportements sont déterminés par les

représentations mentales de soi et de l’environnement.

• Existence de “styles” cognitifs invariants (théorie des

schémas ou croyances),
IV.3. Théories cognitives de la personnalité
(suite et fin)
• Les 18 schèmes de Young:
• Exemple: méfiance et abus, abandon et instabilité,
carence affective, échec, besoin d'approbation,….
IV.4. Théories socio-culturelles

• L’environnement social et culturel est un facteur

déterminant de l’organisation de la personnalité.

• Approche ethnologique (anthropologie culturelle) : rôle

des contingences sociales.

• Culturalisme : influence de la culture dans le

développement de la personnalité.
V. La Personnalité Normale
V. 1. Définition

• Organisation dynamique de la personnalité à l’origine

d’un mode particulier de comportement et d’adaptation à
l’environnement.

• Etat cognitif, affectif et comportemental stable.

• Permet l’adaptation avec le moins de souffrance pour soi

et pour les autres.

• Ce n’est pas une personnalité « idéale », car cela n’existe

pas. On ne parle pas de Personnalité Faible, ni forte.
V.2. Le normal vs le pathologique

• Limite entre le normal et le pathologique est difficile à

établir.

• Pour connaitre le pathologique, il faut définir le normal.

• Trois principaux modèles:

- Normalité statistique,
- Normalité Idéale,
- Normalité Fonctionnelle.

• Dans la mesure que chaque critère de la normalité a des

inconvénients: Combinaison des trois critères.
a. Normalité Statistique

• Assimile le comportement à une fréquence ou

norme statistique
• Sont considérées pathologiques les personnes « qui
devient » de la moyenne.
• Beaucoup de comportement répondent à la courbe
de Gauss
b. Normalité Idéale
• Idéal auquel on aspire;
• Critères élaborés par la société;
• Assimilation de la norme au conformisme social et
marginalisation des comportements non habituels;
• On est normal selon les critères de la société, de
l’opinion public…
• Mais idée sociale du pathologique!!
c. Normalité Fonctionnelle

• Se rapproche du fonctionnement optimal des divers

composantes de la personne.
• Idéal individuel mais influencé par la société.
• Equilibre fonctionnel et épanouissement
psychologique.
« si je ne suis pas à l’aise avec ce que je suis, je ne suis
pas normal »
« Mais, si je peux faire souffrir autrui, je ne me
considère pas normal non plus!! »
V.3. Les aspects psychologiques de la
personnalité Normale:

• Combinaison des 3 critères de la normalité.

• Notion de l’équilibre entre l’individu et son milieu.
• Bon fonctionnement et productivité.
• Bonnes relations interpersonnelles.
• Stabilité émotionnelle.
• Croyances et perceptions adaptées.
• Pas de souffrance ni pour le sujet, ni pour autrui.
VI. Personnalité Pathologique
IV.1 Définition:
• on parle de personnalité pathologique quand:
« les attitudes et les comportements entrainent une
souffrance pour le sujet ou pour son environnement »
K. Schneider

• « Comportement profondément imprimés, inflexibles, mal

adaptés d’une gravité suffisante pour provoquer soit un
déficit de l’adaptation, soit une souffrance subjective » DSM

• La personnalité pathologique est une variation qualitative et

quantitative de l’état normal.
• Pas de limite absolue dans le domaine entre la personnalité
normale et la personnalité pathologique.
VI.2 Aspects psychologiques des personnalités
Pathologiques
a. Généraux:
• Affectivité négative: ex. angoisse, labilité
émotionnelle, dépressivité, vide, insécurité,…
• Instabilité relationnelle: ex. conflits permanent
et/ou répétitif de l’entourage: retrait, méfiance…
• Trouble de conduite: ex. passage à l’acte, hostilité,
manipulation, agressivité, impulsivité…
• Croyance et perception erronées: ex. excentricité,
expériences inhabituelles…
b. Aspects permanents
• Traits de caractères pathologiques qui sont:
- Prédominants
- rigides, inflexibles
- Mal adaptés
- Source de souffrance
Ex. Méfiance, rigidité, dramatisation, introversion,
séduction, ….
c. Aspects paroxystiques:
- Situations de découverte du trouble
- Facteurs déclenchant
- Symptômes: dépression, anxiété, trouble de
sommeil…
- Trouble de conduite: tentative de suicide, fugues,
addiction…
 VI. Principales Personnalités pathologiques
(selon le DSM5)
• Cluster A: « étrange ou excentrique »
Paranoïaque, schizoïde et schizotypique.

• Cluster B: « théâtral, émotif, erratique, capricieux »

Antisociale, histrionique, narcissique et borderline.

• Cluster C: « anxieux, craintifs »

Evitante, dépendante et obsessionnele-compulsive.
 EX.Personnalité Histrionique
• Mode général de réponses émotionnelles excessives et de
quête d’attention comme en témoigne au moins 5 des
manifestations suivantes:
– Sujet mal à l’aise quand il n’est pas le centre de l’attention;
– Interaction avec autrui avec séduction ou une attitude
provocante;
– Expression émotionnelle superficielle et fluctuante;
– Utilise son aspect physique pour attirer l’attention;
– Manière de parler subjective et pauvre en détails;
– Théâtralisme et suggestibilité;
– Considère ses relation plus intimes qu’elle ne le sont en
réalité.
 Conclusion
• Le développement de la personnalité est achevé à la fin de
l’adolescence;
• De son harmonie dépendra l’équilibre du sujet à l’âge adulte
et la réalisation de son rôle social;
• Des difficultés survenues au cours de son développement
seront à l’origine de traits de personnalité dysfonctionnels
voire d’une véritable pathologie de la personnalité marquée
par :
– un sentiment d’insatisfaction durable voire une
véritable souffrance pour le sujet;
– des difficultés de fonctionnement (handicap)
notamment dans le registre des relations sociales.