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La genèse de Classe tous risques naît de la rencontre entre Lino Ventura et Claude Sautet.
Trois ans auparavant, en 1958, Sautet met en scène Bonjour sourire, son premier film en tant
que réalisateur. Mais ce dernier, qui remplaçait Robert Dhéry, ne le considère pas comme son
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premier film personnel . Peu après, Sautet est retourné au poste d'assistant réalisateur . Il
apporte également son aide à des scénarios, notamment en les débloquant quand il le faut et
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reprend quelques dialogues . Sur le tournage du Fauve est lâché de Maurice Labro, pour
lequel il officie en tant que coscénariste et assistant-réalisateur, il fait la connaissance de
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Ventura . Lorsque de fréquents désaccords entre Ventura et Labro poussent le réalisateur à
quitter le tournage avant son terme, Sautet, qui s'est rapproché de Ventura, s'attelle à diriger
les dernières scènes du film. Ayant apprécié le film, le réalisateur Jacques Becker, qui a tourné
le premier film avec Ventura, Touchez pas au grisbi, conseille à l'acteur de poursuivre cette
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collaboration en adaptant le roman de José Giovanni, Classe tous risques . Ventura se
passionne pour le livre de Giovanni, Sautet en apprécie et l'écriture, et le thème du gangster
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traqué qui tient à rester un bon père de famille .
Alors que Ventura tient le rôle de Danos, Sautet trouve en Jean-Paul Belmondo le jeune acteur
idéal pour interpréter Éric Stark. Sautet a remarqué Belmondo, alors peu connu du grand
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public, grâce au film Les Tricheurs de Marcel Carné . Néanmoins, les producteurs refusent
d'engager ce jeune acteur alors inconnu avec un physique si particulier, préférant davantage
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Laurent Terzieff ou Gérard Blain . Mais c'est sans compter la détermination de Sautet, qui,
grâce au soutien de Ventura à l'origine du projet et qui a son mot à dire, arrive à imposer la
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présence de Belmondo dans le film .
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Le tournage de Classe tous risques se déroule du 7 octobre au 8 décembre 1959 .
Principalement tourné aux studios Francœur pour les scènes d'intérieur, les prises de vue en
extérieur ont lieu dans des quartiers de Paris et des sites de la Côte d'Azur (Le Cros-de-
Cagnes et Nice).
Selon la biographie de José Giovanni, le personnage d'Abel Davos est inspiré d'Abel Danos,
dit « le Mammouth » en raison de sa forte corpulence, que ce dernier a connu à la prison de la
Santé. Danos, tueur à gages avant la guerre, a été de 1941 à 1944, un des bourreaux de la
Gestapo française de la rue Lauriston, aussi appelée « la Carlingue », menée par Henri Lafont
et Pierre Bonny, qui se livrait à des actes de collaboration active tout en s'enrichissant. Danos
a été fusillé pour collaboration en 1952.
Interrogé en 1994 par Michel Boujut qui lui demande s'il savait en faisant son film qui était
exactement le modèle de José Giovanni, Claude Sautet répond : « L'aurais-je su que je
n'aurais peut-être pas fait le film. J'ignorais en effet qu'Abel Danos — Davos dans le film —
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avait fait partie de la bande de Bonny-Lafont pendant l'Occupation ». À l'époque du
tournage, les revues d'Histoire destinées au grand public, notamment Historia, publiaient
régulièrement des articles sur les aspects les plus noirs de la collaboration, et le pseudonyme
adopté est transparent. On pourrait donc s'étonner qu'il ne se soit trouvé personne, parmi ses
anciens amis communistes, qui l'ait mis en garde contre l'apologie d'un homme qui a tué de
nombreux communistes, hommes et femmes, sous la torture. Mais, parmi les critiques de
cinéma de l'époque, aucun ne semble avoir fait le lien, il n'y eut aucune indignation, et cela
n'est jamais évoqué pour expliquer le succès relatif de ce film.
Le complice d'Abel Davos dans sa fuite hors d'Italie, Raymond Naldi, est un avatar de
Raymond Naudy, dit « Le Toulousain », un ancien FFI, devenu le compagnon de Danos dans
le « Gang des Tractions Avant ».
Petite invraisemblance : quand Éric Stark s'arrête à une station-service pour faire un plein, il
continue à fumer près des pompes et de son réservoir sans que le pompiste lui en fasse la
remarque.
Le nom du personnage principal, Abel Davos, fait référence à l'oncle de José Giovanni,
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gangster et membre de la Carlingue .
Le hold-up des dix premières minutes a été tourné en caméra cachée, sans que Claude
Sautet, adepte des méthodes de la Nouvelle Vague, ait prévenu qui que ce soit, ce qui,
dans une des avenues les plus passantes de Milan, ne fut pas sans poser certains
problèmes : les acteurs furent pourchassés par des piétons et il y eut un problème
cardiaque dans la foule.
« Sautet mène son film avec une rapidité sèche, dénuée de sensiblerie, dans une atmosphère
pluvieuse et sombre. La solitude de Ventura évoque bien des personnages du cinéaste.
Notamment le Michel Serrault de Nelly et monsieur Arnaud. Ou Daniel Auteuil, ce Cœur en
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hiver. — Pierre Murat »
« Réalisation nerveuse, violente, donnant aux personnages beaucoup de relief et de vie, et à
chaque scène une authenticité qui fait tout l'intérêt du film, et qui sauve de la banalité un
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scénario conventionnel . »
« Très inspiré par le cinéma noir américain, Sautet, pour son premier film assumé, réalise une
œuvre nette, directe, au rythme soutenu, avec deux truands mythiques ; Davos, le vieux
routier, et Stark, le jeune voyou. Deux acteurs superbes dans un film classique, mais
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nerveux . »
Avant d'être distribué en province le 10 avril 1960, Classe tous risques sort dans les salles
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françaises le 23 mars 1960 d'abord à Paris dans trois salles (le Berlitz, le Paris et le Wepler ).
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Le film, écopant d'une interdiction aux moins de 13 ans , prend la tête du box-office parisien
avec plus de 56 000 entrées, délogeant À bout de souffle, qui occupait la tête du podium la
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semaine précédente . Le long-métrage reste la semaine suivante en tête du box-office
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parisien avec 43 825 entrées, portant le cumul à 100 505 entrées . Après une troisième
semaine passé en troisième place du box-office où il enregistre plus de 32 000 entrées
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supplémentaires, le film quitte rapidement le circuit des exclusivités parisiennes .
Le film peine à fonctionner sur l'ensemble du territoire français, où il fait une carrière dans les
salles en dehors du top 30 hebdomadaire, bien qu'y figurant de manière sporadique (six fois
entre le 20 avril au 25 octobre 1960, dont une dixième place en quatorzième semaine
d'exploitation), avant de terminer sa première année en salles avec 875 971 entrées et une
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69e place du box-office annuel . L'accueil public relativement médiocre peut s'expliquer par la
sortie quasi simultanée d'À bout de souffle, avec également Jean-Paul Belmondo en tête
d'affiche, qui retient toute l'attention et connaît un véritable succès en salles et éclipsant ainsi
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Classe tous risques , dont le revers commercial vient à ruiner ses producteurs . En 1961, le
long-métrage enregistre 191 887 entrées, tandis que 72 260 spectateurs ont vu Classe tous
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risques en 1962, portant le cumul à 1 140 118 entrées depuis sa sortie initiale .
Il sera néanmoins réhabilité trois ans plus tard, à l'initiative du cinéma Mac Mahon et du
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magazine Présence du cinéma, qui organisent et promeuvent sa ressortie avec succès
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(368 397 entrées pour un cumul de 1 559 572 entrées en 1965 ), permettant au film de
totaliser un cumul de 1 726 839 entrées (dont 502 775 entrées sur Paris) grâce aux reprises
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en salles .
[afficher]
Notes et références [ modifier | modifier le code ]
1. ↑ « Classe tous risques : Visas et Classifications [archive] », CNC, 10 janvier 1990 (consulté le
5 janvier 2021).
2. ↑ « Bonjour sourire [archive] », Cinémathèque française (consulté le 3 septembre 2020).
3. ↑ « Les choses de la vie ont 50 ans ! [archive] », sur lequotidienducinema.com, 27 mars 2020
(consulté le 3 septembre 2020).
4. ↑ a b et c « Classe tous risques - Manifestations [archive] », sur 2014.festival-lumiere.org, 2014
(consulté le 5 février 2021).
5. ↑ Binh et Rabourdin 2005, p. 48.
6. ↑ Binh et Rabourdin 2005, p. 56.
7. ↑ « Lino Ventura et Claude Sautet pour "Classe tous risques" [archive] », Institut national de
l'audiovisuel, 22 mars 1960 (consulté le 19 septembre 2020).
8. ↑ a b et c Définitivement Belmondo [archive] sur Google Books (consulté le 3 février 2021).
9. ↑ « Classe tous risques - Fiche Film [archive] », sur bifi.fr (consulté le 2 juin 2023).
10. ↑ Citation d'après la biographie de Michel Boujut commentée sur le site d'Arte. [archive]
11. ↑ Bertrand Tessier, Jean-Pierre Melville : Le solitaire, Fayard, 2 novembre 2017, 272 p.
(ISBN 9782213708119, lire en ligne [archive])
12. ↑ Télérama archives lire en ligne [archive]
13. ↑ Répertoire Général des Films 1960, édition Penser-Vrai, dépôt légal no 691 - 3e trimestre 1960
14. ↑ Claude Bouniq-Mercier - Guide des Films, éditions Robert Laffont, 1990
15. ↑ « Jaquette DVD de Classe tous risques [archive] », sur CinémaPassion (consulté le 7 janvier 2021).
16. ↑ « Classe Tous Risques (1960) - Trailer [archive] », sur YouTube (consulté le 5 janvier 2021) (la
classification initiale est indiqué vers 3:57).
17. ↑ a et b Renaud Soyer, « CLASSE TOUS RISQUES : Box-office [archive] », sur Box Office Story,
9 octobre 2014 (consulté le 7 janvier 2021).
18. ↑ Renaud Soyer, « BOX OFFICE PARIS DU 30/03/1960 AU 05/04/1960 [archive] », sur Box Office
Story, 4 mai 2008 (consulté le 8 janvier 2021).
19. ↑ « BO Annuels 60's - (page 11) [archive] », sur eklablog.com (consulté le 2 juin 2023).
20. ↑ « « Le Paris de Claude Sautet » par Hélène Rochette [archive] », sur nautesdeparis.fr,
11 octobre 2020 (consulté le 8 janvier 2021).
21. ↑ « 1987, Claude Sautet raconte ses débuts difficiles [archive] », sur INA, 21 juillet 2020 (consulté le
7 septembre 2020).
22. ↑ Fabrice BO, « Fiches Films 1960 (3) », sur Les Archives du Box Office, 8 août 2011 (consulté le
11 août 2021).
23. ↑ Binh et Rabourdin 2005, p. 49.
24. ↑ Franck P., « Entrées Annuelles 1965 - Top 101-150 [archive] », sur Les Archives du Box-office,
8 octobre 2017 (consulté le 3 décembre 2023).
25. ↑ 1960: toutes les données chiffrées / le Box–office, CNC, p. 28, 8 février 2012 (lire en ligne) [archive]
(consulté le 8 janvier 2021).
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