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Sorbonne université LU3MA270 Algèbre 2021-2022

TD 1

1 Groupes et sous-groupes
Exercice 1. Soit (G, ∗) un ensemble muni d’une loi de composition interne ∗ associative.
1) On suppose que G a un élément neutre e et que tout élément de G admet un inverse à gauche pour e (i.e. pour
tout x ∈ G, il existe x0 ∈ G tel que l’on ait x0 x = e). Montrer que G est un groupe. Indication : utiliser l’associativité.
2) Comparer ceci avec la question suivante : soient u, v deux endomorphismes d’un espace vectoriel V , tels que
v ◦ u = idV . Peut-on conclure que u ◦ v = idV ? En quoi la situation est-elle différente de la question 1) ?
3) Maintenant, on suppose juste que G a un élément neutre à gauche e (i.e. pour tout x ∈ G, on a ex = x) et
que tout élément de G admet un inverse à gauche pour e. Montrer que G est un groupe.

Exercice 2. Soit (A, ∗) un groupe tel que a ∗ a = e pour tout a dans A.


1) Montrer que A est abélien. Indication : montrer que dans tout groupe G, on a (gh)−1 = h−1 g −1 .
Puisque A est abélien, on va noter additivement sa loi de groupe, c.-à-d. on note 0 au lieu de e et a + b au lieu de a ∗ b.
2) Soit k = Z/2Z le corps à deux éléments. Montrer que la « loi externe » k × A → A définie par 0 · a = 0 et
1 · a = a pour tout a ∈ A munit A d’une structure de k-espace vectoriel. (Il faut vérifier que x · (a + b) = x · a + x · b
pour tout x ∈ k et a, b ∈ A, ce qui est immédiat, et que (xy) · a = x · (y · a) et (x + y) · a = x · a + y · a pour tous x, y ∈ k
et a ∈ A, ce qui est facile, x, y ne prenant que les valeurs 0 ou 1.)
3) On suppose A fini et distinct de {0}. Soit (e1 , . . . , en ) une base du k-espace vectoriel A. Montrer que A est
de cardinal 2n .

Exercice 3. Soit H un sous-ensemble non vide d’un groupe G.


1) Montrer que H est un sous-groupe de G si et seulement si on a g −1 h ∈ H pour tous g, h ∈ H.
2) Un sous-groupe de G est-il un groupe ?

Exercice 4. Soient G un groupe et H, K deux sous-groupes de G.


1) Montrer que l’intersection de H et de K est un sous-groupe de G.
2) Montrer par un exemple que la réunion de H et de K n’est pas en général un sous-groupe de G.

Exercice 5. Soient G un groupe et H un sous-ensemble fini non vide de G stable pour la loi de composition de G.
Montrer que H est un sous-groupe de G. Donner un contre-exemple dans le cas où H n’est pas supposé fini.

Exercice 6. Décrire le groupe D3 des isométries d’un triangle équilatéral. Montrer qu’il est engendré par deux
éléments. De même, décrire le groupe D4 des isométries d’un carré, et montrer qu’il est engendré par deux éléments.

Exercice 7. Soit G un groupe. On définit son centre comme étant l’ensemble

Z(G) = {g ∈ G | ∀h ∈ G, hg = gh} .
1) Montrer que Z(G) est un sous-groupe de G.
2) On suppose que G admet un unique élément d’ordre 2. Montrer que cet élément est dans Z(G).
3) Déterminer le centre de GLn (R). (Voir les indications dans l’exercice 22, question 4.)
4) Quel est le centre de D4 ? celui de D3 ?

Exercice 8. Soit H un sous-groupe additif de Z. Montrer qu’il existe un entier naturel n tel que l’on ait

H = nZ .
Indication : considérer, s’il existe, le plus petit entier naturel non nul appartenant à H et utiliser la division euclidienne.
Exercice 9. Le groupe des rotations du plan. Pour chaque réel θ, on pose
!
cos (θ) − sin (θ)
Rθ = ,
sin (θ) cos (θ)

que l’on appelle rotation du plan autour de l’origine d’angle θ. On note R le sous-groupe de GL2 (R) engendré par
les Rθ . Soit H un sous-groupe fini de R de cardinal n > 1. On veut montrer que H est le sous-groupe engendré par
R2π/n .
1ère méthode). Soit θ0 le plus petit élément de ]0, 2π[ tel que Rθ0 ∈ H.
Pour tout θ ∈ ]0, 2π[ tel que Rθ ∈ H, soit p le plus grand entier ≥ 1 tel que pθ0 ≤ θ. Montrer que θ = pθ0 . En
déduire que H est engendré par Rθ0 .
k
Montrer que θ0 = 2π pour un certain k ∈ [1, . . . , n], premier avec n (i.e. le pgcd de k et n est 1). D’après le
n
théorème de Bézout, il existe a, b ∈ Z tels que ak + bn = 1. En déduire que R2π/n ∈ H, puis que k = 1.

2ème méthode). On suppose connu le théorème de Lagrange ; en particulier l’ordre de chaque élément de H divise
n. En déduire que H est contenu dans le sous-groupe H0 engendré par R2π/n , i.e. H0 = {R2πk/n | 0 ≤ k < n}, puis
que H = H0 .

Exercice 10. Le groupe des mouvements. On note h·, ·i le produit scalaire usuel sur R2 et l’on note M l’ensemble
des applications f : R2 −→ R2 qui préservent la distance euclidienne, c’est-à-dire qui vérifient

kf (x) − f (y)k = kx − yk
pour tous points x et y du plan, où kuk2 = hu, ui pour tout vecteur u. Les éléments de M sont appelés mouvements
rigides du plan.
1) On admet ici que tout élément de M est une bijection de R2 sur R2 (on le démontre dans l’exercice suivant).
Pour tous f, g ∈ M , montrer que f ◦ g et l’application inverse f −1 appartiennent à M . Par conséquent, M est un
groupe pour la composition des applications.
2) Le groupe M est-il abélien ?
3) On note O l’ensemble des éléments de M qui fixent l’origine. Montrer que O est un sous-groupe de M .
4) On note S la réflexion du plan par rapport à l’axe des abscisses. On note R la rotation d’angle 2π n et de
centre l’origine, où n ≥ 3 est un entier fixé. Montrer que
 
Dn = id, R, . . . , Rn−1 ∪ S, SR, . . . , SRn−1
est un sous-groupe non-abélien de O.
5) On note Pn le polygone régulier à n côtés ayant un sommet au point (1, 0). Montrer que Dn est le sous-groupe
de O constitué des éléments stabilisant Pn , i.e. des éléments σ ∈ O tels que l’on ait σ (Pn ) = Pn .

Exercice 11. Soit T le groupe des translations de R2 , i.e. T est formé des translations tu : v 7→ u + v, pour u ∈ R2 .
Soit O le sous-ensemble de M formé des éléments qui fixent l’origine O. Le but de cet exercice est de montrer que
tout élément φ ∈ M s’écrit (de façon unique) φ = t ◦ f , avec t ∈ T et f ∈ O, puis que O est le groupe O2 (R) des
matrices orthogonales.
1) Montrer que T ⊂ M .
−−−−→
2) Soit φ ∈ M et soit u le vecteur Oφ(O). Montrer que f = t−u ◦ φ appartient à O.
3) Rappeler la définition de O2 (R), et montrer qu’il est inclus dans O.
4) On note h·, ·i le produit scalaire usuel du plan. Montrer qu’un élément f de M est dans O si et seulement il
préserve le produit scalaire, c.-à-d. si l’on a, pour tous x, y ∈ R2 , l’égalité hf (x), f (y)i = hx, yi. Indication : développer
2 2
kf (x) − f (y)k et kx − yk et utiliser que f (O) = O.
5) Soit f un élément de O. On note (e1 , e2 ) la base canonique de R2 , et l’on pose fi = f (ei ) pour i = 1, 2.
Montrer que (f1 , f2 ) est une base orthonormée de R2 . Puis, pour tout vecteur x = x1 e1 + x2 e2 , calculer hf (x), fi i pour
i = 1, 2. En déduire que f est l’application linéaire dont la matrice a pour colonnes f1 et f2 . Conclure que O = O2 ,
puis que tout φ ∈ M s’écrit de façon unique φ = t ◦ f avec t ∈ T et f ∈ O2 , de sorte que φ est bijective (comme
composée de deux applications bijectives).
6) Montrer que f ◦ tu ◦ f −1 = tf (u) pour tout tu ∈ T et f ∈ O. En déduire que T est distingué dans M . On dit
que M est le produit semi-direct de T par O.
7) Plus généralement, soient G un groupe et N un sous-groupe distingué de G. On suppose qu’il existe un
sous-groupe H de G tel que H ∩ N = {e} et que tout g ∈ G s’écrive g = nh avec n ∈ N et h ∈ H (noter que
cette écriture est alors unique, car si n1 h1 = n2 h2 alors n−1 −1
2 n1 = h2 h1 appartient à N ∩ H = {e}, d’où n2 = n1 et
h2 = h1 ). Dans ce cas on dit que G est le produit semi-direct de N par H.

Exercice 12. Soit G un groupe fini de cardinal 2n, où n est un entier naturel au moins égal à 2. On suppose que G
contient deux sous-groupes H et H 0 de cardinal n tels que l’on ait H ∩ H 0 = {e}, où e est le neutre de G.
1) Montrer que G \ (H ∪ H 0 ) est un singleton, noté {a}.
2) Soit h ∈ H \ {e}. Montrer que l’on a hH 0 = {h, a}, puis que l’on a n = 2.
3) On écrit G = {a, e, h, h0 }. Donner la table de G, puis un exemple d’un tel groupe.

2 Morphismes de groupes
Exercice 13. Soient G et H deux groupes. On note eG et eH les neutres respectifs de G et de H.
1) Rappeler la définition d’un morphisme de groupes.
Soit f : G −→ H un morphisme de groupes
2) Montrer que l’on a f (eG ) = eH .
−1
3) Montrer que l’on a f g −1 = f (g) pour tout g ∈ G.


4) Montrer que le noyau de f est un sous-groupe de G, et que l’image de f est un sous-groupe de H.


5) Montrer que l’on a ker f = {eG } si et seulement si f est un morphisme injectif.

Exercice 14. Traduire en termes de morphismes les propriétés suivantes.


1) Pour tous x, y ∈ R∗+ , on a ln (xy) = ln x + ln y.
2) Pour tous M, M 0 ∈ GLn (R), on a det (M M 0 ) = (det M ) (det M 0 ).
3) Pour tous z, z 0 ∈ C, on a |zz 0 | = |z| |z 0 |.
√ √ √
4) Pour tous x, y ∈ R∗+ , on a xy = x y.
0 0
5) Pour tous z, z 0 ∈ C, on a ez+z = ez ez .
6) Pour tous z, z 0 ∈ C, on a z + z 0 = z + z 0 .

Exercice 15. Déterminer tous les endomorphismes du groupe Z. Parmi ceux-ci, déterminer ceux qui sont injectifs
et ceux qui sont surjectifs.

Exercice 16. Montrer que les groupes multiplicatifs R∗ et C∗ ne sont pas isomorphes. Indication : quels sont les
éléments d’ordre fini dans chacun de ces groupes ?

Exercice 17. 1) Montrer que les groupes (R, +) et R∗+ , × sont isomorphes.


2) Qu’en est-il des groupes (Q, +) et Q∗+ , × ? Indication : est-ce que l’application Q → Q, q 7→ 2q est


surjective ? L’application Q∗+ → Q∗+ , q 7→ q 2 l’est-elle ?

Exercice 18. Soit G un groupe.


1) Montrer que l’ensemble des automorphismes de G ( i.e. des bijections φ : G → G telles que φ(gh) = φ(g)φ(h)
pour tous g, h ∈ G), muni de la loi de composition, est un groupe. On le note Aut(G).
2) Montrer que l’application

Int : G −→ Aut (G)


ghg −1

g 7→ [Int (g) : h 7→
est un morphisme de groupes. Déterminer son noyau.
3) Montrer que Aut (Z) ' {±1}.
4) Montrer que Aut (Q) ' Q∗ . Indication : Soit φ ∈ Aut(Q) ; posons r = φ(1). Pour tous p, q ∈ Z avec q > 0,
montrer que φ(p) = pr puis que φ(p/q) = pr/q.
5) Soient p un nombre premier, n un entier naturel non nul, k le corps Z/pZ, et A = k n considéré comme
groupe abélien. Tout endomorphisme φ du groupe A est automatiquement un endomorphisme de k-espace vectoriel,
car pour tout a ∈ A et tout λ = m dans k ∗ , avec m ∈ {0, . . . , p − 1}, on a λ · a = a + · · · + a (m termes) et donc :

φ(λ · a) = φ(a + · · · + a) = φ(a) + · · · + φ(a) = λ · φ(a).

En déduire que Aut(A) ' GLn (k).

Exercice 19. 1) Soit T le groupe quotient Q/Z. Montrer que tout élément g de T est d’ordre fini. (Écrire g comme
l’image d’un rationnel k/n.)
2) Montrer que pour tout entier naturel non nul n, T contient exactement un sous-groupe cyclique d’ordre
n. Indication : montrer que les éléments de T d’ordre divisant n sont les images dans T des rationnels k/n, pour
k = 0, . . . , n − 1.
3) Soit t un élément non nul de T. Quels sont les sous-groupes cycliques de T qui contiennent t ? (Utiliser les
questions précédentes et le théorème de Lagrange.)
4) Déterminer les morphismes de groupes de Z/nZ dans T.
5) Déterminer les morphismes de groupes de T dans Z.

3 Sous-groupes distingués
Exercice 20. Soit G le groupe alterné A4 , i.e. le sous-groupe du groupe symétrique S4 formé de l’identité et des
produits d’un nombre pair de transpositions (i, j).
1) Montrer que G contient 2 43 = 8 éléments d’ordre 3.


2) Montrer que G contient exactement trois éléments τ1 , τ2 , τ3 d’ordre 2, que l’on déterminera. Montrer que ces
trois éléments forment, avec l’identité (notée id), un sous-groupe abélien V de cardinal 4, qui est distingué dans G.
3) Pour i = 1, 2, 3, montrer que le sous-groupe Hi = {id, τi } est distingué dans V mais pas distingué dans G.

Exercice 21. Soient G et H deux groupes, et f : G −→ H un morphisme de groupes.


1) Montrer que le noyau de f est un sous-groupe distingué de G.
2) L’image d’un sous-groupe distingué de G est-elle un sous-groupe distingué de H ? L’image réciproque d’un
sous-groupe distingué de H est-elle un sous-groupe distingué de G ?
3) Le groupe SLn (R) est-il distingué dans GLn (R) ? Qu’en est-il de On (R) dans GLn (R), puis de SOn (R)
dans On (R) ?

Exercice 22. Soit G un groupe.


1) On définit le centre de G par Z(G) = {g ∈ G | ∀h ∈ G, gh = hg}. Montrer que Z (G) est un sous-groupe
distingué de G.
2) On définit le groupe dérivé de G comme étant le sous-groupe D (G) engendré par les éléments qui s’écrivent
sous la forme xyx−1 y −1 . Montrer que D (G) est distingué dans G.
3) Soit H8 le groupe des quaternions, i.e H8 = {±1, ±i, ±j, ±k}, où ±1 sont centraux, i2 = j 2 = k 2 = −1 et
ij = k = −ji et jk = i = −kj (d’où ki = j = −ik). Montrer que Z(G) = {±1} = D(G).
4) Pour t = (t1 , . . . , tn ) ∈ (C∗ )n on note D(t) la matrice diagonale de termes diagonaux t1 , . . . , tn . On suppose
ti 6= tj pour i 6= j ; montrer alors qu’une matrice A ∈ GLn (C) commute à D(t) (i.e. vérifie D(t)A = AD(t)) si et
seulement si A est diagonale. Maintenant, pour A = D(t) avec t arbitraire, et i 6= j, montrer que A commute à In +Eij
si et seulement si ti = tj . En déduire que le centre de GLn (C) (resp. de SLn (C)) est formé des homothéties λIn , avec
λ ∈ C∗ (resp. λ une racine n-ième de l’unité).
5) Montrer que D(GLn (C)) ⊂ SLn (C). Remarque : on peut montrer, mais c’est plus difficile, que D(GLn (C)) =
SLn (C) = D(SLn (C)). Pour cela, il faut montrer que SLn (C) est engendré par certains éléments, appelés les transvec-
tions, et que chaque transvection est dans D(GLn (C)). Voir par exemple : Daniel PERRIN, Cours d’algèbre (éditions
ellipses), Chap. IV. Un excellent livre !
Exercice 23. Sous-groupes caractéristiques. Un sous-groupe H d’un groupe G est dit caractéristique si pour tout
élément α de Aut (G), on a α (H) = H.
1) Montrer que le centre et le groupe dérivé d’un groupe G sont tous deux caractéristiques.
2) Montrer que si H est un sous-groupe caractéristique de G, alors il s’agit d’un sous-groupe distingué de G.
Donner un contre-exemple à la réciproque (indication : prendre G abélien, par exemple G = k 2 , où k = Z/pZ, pour
un nombre premier p).
3) Soient G un groupe, H un sous-groupe caractéristique de G et K un sous-groupe caractéristique de H.
Montrer que K est un sous-groupe caractéristique de G.
4) Soient G un groupe, H un sous-groupe distingué de G et K un sous-groupe caractéristique de H. Montrer
que K est un sous-groupe distingué de G. S’agit-il d’un sous-groupe caractéristique de G ? (Indication : utiliser la
réponse donnée à la question 2.)

Exercice 24. Soit H un sous-groupe d’un groupe G. On définit les conjugués de H comme étant les sous-ensembles
de G de la forme xHx−1 , pour x ∈ G. Montrer que les conjugués de H sont des sous-groupes de G, et que leur
intersection est un sous-groupe distingué de G.

Exercice 25. Soient G un groupe et H un sous-groupe de G.


1) Montrer que H est distingué dans G si et seulement s’il existe un groupe K tel que H soit le noyau d’un
morphisme de groupes de G dans K.
2) On suppose que H est d’indice 2 dans G. Montrer que H est distingué dans G.

Exercice 26. Soient G un groupe et A une partie non vide de G. On appelle normalisateur de A la partie

g ∈ G | gAg −1 = A

NG (A) = ,
de G, et on définit le centralisateur de A par

g ∈ G | ∀a ∈ A, gag −1 = a

CG (A) = .
Montrer que NG (A) et CG (A) sont des sous-groupes de G, et que CG (A) est distingué dans NG (A).

4 Théorème de Lagrange
Exercice 27. 1) Rappeler le théorème de Lagrange.
2) Soient p un nombre premier et H un groupe d’ordre p. Quels sont les sous-groupes de H ?

Exercice 28. Soient G un groupe et H, K deux sous-groupes finis de G tels que H ∩ K = {e}. On définit le
sous-ensemble HK de G par

HK = {hk | h ∈ H, k ∈ K} .
1) Montrer que le cardinal de HK est égal à #H × #K. Montrer que HK est un groupe si H ou K est distingué
dans G. Montrer par un contre-exemple que ce n’est pas toujours le cas. Indication : prendre G le groupe symétrique
S3 et H, resp. K, le sous-groupe engendré par la transposition (12), resp. (23).
2) On suppose que G est d’ordre pq, où p est premier et vérifie p > q. Montrer que G a au plus un sous-groupe
d’ordre p. Montrer que si ce sous-groupe existe, alors il est distingué (et même caractéristique) dans G.

Exercice 29. Soient G un groupe fini de neutre e et x un élément de G. Montrer que l’on a les propriétés suivantes.
1) L’ordre o(x) de x est fini.
2) Les éléments e, x, x2 , . . . , xo(x)−1 sont distincts, et sont exactement les éléments de hxi.
3) L’ordre de x est égal au cardinal de hxi.
4) L’ordre de x divise celui de G.
5) On a x#G = e.
6) Si k ∈ Z vérifie xk = e, alors k est un multiple de l’ordre de x.
7) On a Z/o(x)Z ' hxi en tant que groupes.
8) Pour tout k ∈ Z, l’ordre de xk vaut o(x)/ pgcd (o(x), k). Indication : Posons n = o(x) ; pour traiter cette
question, on peut se placer dans le cas où G = Z/nZ et x = 1̄. Dans ce cas, redémontrer ce résultat, déjà vu en
2MA220.
Exercice 30. Soit G un groupe. On note o (a) ∈ N ∪ {+∞} l’ordre d’un élément a de G. On se donne a et b dans G.
1) Montrer que l’on a o a−1 = o (a).


2) Montrer que l’on a o (ab) = o (ba).


On suppose désormais a et b tous deux d’ordre fini.
3) On suppose dans cette question que a et b commutent. Montrer que l’ordre de ab divise ppcm (o (a) , o (b)).
Montrer que ces deux quantités ne sont pas forcément égales.
4) On note hai et hbi les sous-groupes de G respectivement engendrés par a et b. On suppose o (a) et o (b)
premiers entre eux. Montrer que l’on a hai ∩ hbi = {e}.
5) On suppose dans cette question que a et b commutent, et que leurs ordres sont premiers entre eux. Montrer
que l’on a o (ab) = o (a) o (b).
6) Donner un contre-exemple aux questions 3 et 5 si a et b ne commutent pas. Indication : pour 3), considérer
deux transpositions dans S3 et pour 5), considérer une transposition et un 3-cycle dans S4 .
7) Donner un contre-exemple à la question 5 si les ordres de a et b ne sont pas premiers entre eux.

Exercice 31. 1) Donner des exemples d’entiers n et d, avec d divisant n, et de groupes d’ordre n n’ayant pas de
sous-groupes d’ordre d. Indication : considérer le groupe alterné A4 et utiliser la question 2 de l’exercice 25 et le fait
que tous les 3-cycles sont conjugués dans A4 .
2) Soit p un nombre premier. Montrer que tout groupe d’ordre p est cyclique.

Exercice 32. Soient G un groupe, g un élément de G d’ordre fini et f : G −→ H un morphisme de groupes. Montrer
que l’ordre de f (g) dans H est fini et divise l’ordre de g dans G.

Exercice 33. Soient G un groupe fini et n un entier premier avec m = #G. Montrer que l’application φ : G →
G, g 7→ g n est une bijection de G sur lui-même. Attention, comme G n’est pas supposé commutatif, φ n’est pas
nécessairement un morphisme de groupes ! Indication : utiliser le théorème de Bézout pour montrer que φ est injectif,
puis utiliser que G est fini.

Exercice 34. Montrer que l’ensemble des éléments d’ordre fini d’un groupe abélien H est un sous-groupe de H.

Exercice 35. Soit G un groupe.


1) Montrer que l’application x 7→ x−1 est un morphisme de groupes si et seulement si G est abélien.
2) On suppose G fini. Soit ϕ un endomorphisme involutif de G, i.e. vérifiant ϕ ◦ ϕ = idG , dont le seul point fixe
est le neutre e. Montrer que pour tout z ∈ G, il existe t ∈ G tel que l’on ait z = tϕ t−1 . En déduire l’expression de
l’endomorphisme ϕ, puis que G est abélien.

Exercice 36. Soit G un groupe dont l’ensemble des sous-groupes propres est fini. Montrer que G est fini. Indication :
montrer que tout sous-groupe monogène de G est fini (sinon G contiendrait un sous-groupe isomorphe à Z, donc
une infinité de sous-groupes distincts). Puis noter que G est contenu dans la réunion (finie par hypothèse) de ses
sous-groupes monogènes.

5 Groupes abéliens d’ordre pn


Exercice 37. Soit p un nombre premier. On appelle p-groupe un groupe dans lequel l’ordre de tout élément est une
puissance de p. Soit (A, +) un p-groupe abélien fini.
1) Soient k un entier non multiple de p et a un élément de A. Montrer que a et ka ont même ordre dans A.
2) On note a0 un élément de A d’ordre maximal pn0 . On note A0 le quotient A/ ha0 i et π la projection canonique

π : A −→ A0 .
a) Montrer que A0 est encore un p-groupe abélien fini.
0 0
Soit a0 un élément de A0 , dont on note pn l’ordre. Le but est de montrer qu’il existe a dans A d’ordre pn tel que l’on
ait π (a) = a0 . Soit b ∈ A tel que l’on ait π (b) = a0 .
b) Montrer qu’il existe deux entiers naturels k et n, où k n’est pas un multiple de p, tels que l’on ait
0
l’égalité pn b = pn ka0 dans A.
0
c) Si pn b est nul (dans A), montrer que a = b répond au problème. Sinon, montrer que l’on a n ≥ n0 .
Indication : raisonner par l’absurde, et montrer que l’ordre de b vaut alors n0 + n0 − n.
0
d) Montrer que, dans le second cas de la question précédente, l’élément a = b − pn−n ka0 convient.
3) On se propose maintenant de montrer qu’il existe des entiers naturels non nuls n1 , . . . , nr tels que l’on ait

A ' (Z/pn0 Z) × (Z/pn1 Z) × · · · × (Z/pnr Z) ,


en tant que groupes additifs, où n0 est comme dans la question 2. On va procéder par récurrence sur le cardinal de A.
a) Traiter le cas où A est trivial.
b) Si A n’est pas le groupe trivial, montrer que l’on a #A0 < #A. Par hypothèse de récurrence, on peut
donc trouver des entiers n1 , . . . , nr tels que l’on ait

A0 ' (Z/pn1 Z) × · · · × (Z/pnr Z)


comme groupes additifs. Pour tout i ∈ J1, rK, on note a0i l’élément de A0 dont toutes les coordonnées dans l’écriture
ci-dessus sont nulles, sauf la i-ème, qui vaut 1. Montrer que, pour tout i ∈ J1, rK, il existe un élément ai de A de même
ordre que a0i , tel que l’on ait π (ai ) = a0i .
c) Montrer que l’homomorphisme

ϕ : (Z/pn0 Z) × (Z/pn1 Z) × · · · × (Z/pnr Z) −→ A


qui envoie le générateur ei = 1̄ du i-ème facteurs sur ai est surjectif. En comparant les cardinaux, en déduire que ϕ
est un isomorphisme.
4) Soient A un groupe abélien et B un sous-groupe de A. On dit que B est un facteur direct de A s’il existe un
sous-groupe C de A tel que A = B ⊕ C (dans ce cas, C est nécessairement isomorphe au quotient A/B). Les questions
précédentes montrent que dans un p-groupe fini A, tout élément d’ordre maximal engendre un facteur direct de A.
Montrer que dans A = Z/p2 Z, le sous-groupe B engendré par l’élément p n’est pas facteur direct. Indication : s’il
l’était on aurait A ' (Z/pZ) ⊕ (Z/pZ) et l’on aurait pa = 0 pour tout a ∈ A, ce qui n’est pas le cas.

6 Relations d’équivalence
Exercice 38. Les relations binaires suivantes sont-elles réflexives, symétriques, transitives ?
1) L’égalité sur R.
2) L’ordre strict < sur R.
3) L’ordre ≤ sur R.
4) La relation « avoir le même carré » sur R.
5) La relation « avoir le même sinus » sur R.
6) Le parallélisme, sur l’ensemble des droites du plan.
7) L’orthogonalité, sur l’ensemble des droites du plan.

Exercice 39. Soient X un ensemble et R1 , R2 deux relations d’équivalence sur X. On définit la relation binaire R0
par x R0 y si (x R1 y et x R2 y). Montrer que R0 est une relation d’équivalence.

Exercice 40. Soient X un ensemble et R une relation d’équivalence sur X. On rappelle que la classe d’équivalence
de x ∈ X est définie par

[x] = {y ∈ X, xRy} .
Montrer que, pour tout (x, y) ∈ X 2 , on a les équivalences suivantes

x ∈ [y] ⇐⇒ y ∈ [x] ⇐⇒ [x] = [y] ⇐⇒ [x] ∩ [y] 6= ∅ .


Exercice 41. On définit la relation binaire R sur C par z R z 0 si |z| = |z 0 |. Montrer que R est une relation
d’équivalence, et déterminer ses classes d’équivalence.

Exercice 42. Relations d’équivalences et partitions. Soit X un ensemble. On rappelle qu’une partition de X est un
ensemble Π de sous-ensembles non vides de X deux à deux disjoints tel que pour tout x ∈ X, il existe A ∈ Π tel que
x ∈ A.
1) Donner des exemples de partitions d’ensembles.
2) Soit R une relation d’équivalence sur X. Pour tout x ∈ X, on note [x] la classe d’équivalence de x. Montrer
que l’ensemble Π des classes d’équivalence est une partition de X.
3) Soit Π une partition de X. Montrer que la relation binaire R sur X définie par x R y si x et y sont dans le
même élément de Π est une relation d’équivalence sur X.
4) En déduire qu’il existe une bijection entre l’ensemble des relations d’équivalence sur X et l’ensemble des
partitions de X.

Exercice 43. Soient X, Y deux ensembles non vides et f : X −→ Y une application surjective. Pour tout y ∈ Y ,
on pose Xy = {x ∈ X | f (x) = y}. Montrer que l’ensemble des Xy forme une partition de X. Décrire la relation
d’équivalence Rf associée et montrer que le quotient X/Rf s’identifie à Y .

Exercice 44. Soit n un entier naturel non nul. On définit la relation d’équivalence ≡n sur Z par a ≡n b si a − b ∈ nZ.
On parle d’égalité modulo n, aussi notée a ≡ b mod n ou a ≡ b [n].
1) Montrer que ≡n est une relation d’équivalence.
2) Donner le nombre d’éléments de l’ensemble quotient Z/ ≡n , ainsi qu’un système de représentants.
3) Montrer que ≡n est compatible avec l’addition et la multiplication sur Z.
4) On étend ≡n en une relation sur R en posant a ≡n b si l’on a a − b ∈ nZ. Montrer que cette relation binaire
est encore une relation d’équivalence. Est-elle compatible avec l’addition sur R ? Et avec la multiplication sur R ?
5) On note S 1 l’ensemble des nombres complexes de module 1. En utilisant l’exercice précédent, montrer que

l’application R → S 1 , x 7→ exp(2iπx), induit une bijection R/Z −→ S 1 .

Exercice 45. Propriété universelle du quotient. Soient X et Y deux ensembles non vides, et f : X −→ Y une
application. On se donne une relation d’équivalence R sur X, et l’on note π : X → X/R la projection canonique, qui
envoie un élément x de X sur sa classe d’équivalence [x] modulo R.
On suppose que f est compatible avec R, c’est-à-dire que l’on a :

∀ (x, y) ∈ X 2 , xRy =⇒ f (x) = f (y) .


Montrer qu’il existe une unique application g : X/R −→ Y telle que l’on ait f = g ◦ π.

Exercice 46. 1) On définit la relation binaire R sur X = N2 par (a, b) R (a0 , b0 ) si l’on a a + b0 = a0 + b. Montrer
que R est une relation d’équivalence, puis que le quotient X 0 est muni d’une loi de groupe abélien, définie par
[a, b] + [a0 , b0 ] = [a + a0 , b + b0 ], pour laquelle le neutre est [0, 0] et l’opposé de [a, b] est [b, a]. Ainsi, partant de N, on
peut construire Z comme étant X 0 , en définissant −n comme la classe [0, n], pour tout n ∈ N.
2) On définit la relation binaire R sur Y = Z × N∗ par (p, q) R (p0 , q 0 ) si pq 0 = p0 q. Montrer que R est
une relation d’équivalence, puis que le quotient Y 0 est muni d’une loi de groupe abélien, définie par [p, q] + [p0 , q 0 ] =
[pq 0 + p0 q, qq 0 ], pour laquelle le neutre est [0, 1] et l’opposé de [p, q] est [−p, q]. Montrer que Y 0 est muni d’une seconde
loi, de multiplication, définie par [p, q] ∗ [p0 , q 0 ] = [pp0 , qq 0 ] et que Y 0 privé de l’élément [0, 1] est un groupe pour la loi
∗, le neutre étant [1, 1] et l’inverse de [p, q] étant [q, p]. Ainsi, partant de Z, on peut construire Q comme étant Y 0 , en
définissant p/q comme la classe [p, q], pour tous p ∈ Z et q ∈ N∗ . Il faudrait encore vérifier que sur Y 0 la multiplication
∗ est distributive par rapport à l’addition...
3) Pour X = R2 et R définie par (x, y) R (x0 , y 0 ) si x = x0 , montrer que R est une relation d’équivalence et
identifier l’ensemble quotient. Indication : utiliser l’exercice 43 pour montrer que le quotient s’identifie à R.

Exercice 47. Soient G un groupe et H un sous-groupe de G. On définit sur G la relation binaire R par a R b si a−1 b
est dans H.
1) Montrer que R est une relation d’équivalence. Quelle est la classe R (g) d’un élément g de G ? Décrire G/R.
2) L’ensemble G/R est noté G/H, et la classe R (g) est notée gH. Montrer que G/H est un groupe pour la loi
définie par (gH) (g 0 H) = (gg 0 ) H si et seulement si pour tout h ∈ H et tout g ∈ G, on a ghg −1 ∈ H. On dit que H
est distingué dans G s’il vérifie cette condition.

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