Théorie générale du Droit Constitutionnelle S1 Pr K. HACHOUMY
Théorie générale du Droit Constitutionnelle S1 Pr K. HACHOUMY
Théorie générale du Droit Constitutionnelle S1 Pr K. HACHOUMY
Théorie générale du
droit constitutionnel
Année universitraire 24-2025
Semestre 1
L’Etat forme une personne distincte de tous les individus qu’il réunit/ une rupture
entre l’agrégat social et l’Etat, Le pouvoir est artificiel et illimité.
Thomas Hobbes, dans son œuvre Le Léviathan (1651), développe une théorie de
l'État fondée sur la nécessité d'un pouvoir central fort pour garantir la paix et la
sécurité. Voici les grandes lignes de sa pensée sur l’État :
1.L'état de nature :
Hobbes décrit un état de nature où les individus, sans lois ni autorité, vivent dans un
conflit permanent. Dans cet état, la vie est marquée par la violence, l'insécurité et la
peur, car chacun agit selon ses propres intérêts. Il qualifie cet état de guerre de «
chacun contre chacun ».
4. Souveraineté absolue :
L’État doit avoir une autorité absolue sur la population pour garantir la paix. Toute
opposition au pouvoir souverain mettrait en danger la stabilité de la société.
En résumé, Locke défend un gouvernement limité qui protège les droits naturels
des individus, avec un accent sur le consentement et la légitimité politique,
influençant ainsi le développement des démocraties modernes.
c- Jean Jacques Rousseau ( le contrat social)
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Dans « Du Contrat Social » (1762), Jean-Jacques Rousseau élabore une
théorie sur la construction de l'État fondée sur la souveraineté populaire
et la volonté générale:
1. État de nature : Rousseau décrit un état de nature où les individus
vivent librement et en égalité. La propriété et les inégalités
corrompent cet état harmonieux, incitant les gens à former une
société.
2. Contrat social : Les individus concluent un contrat social pour renoncer
à leur liberté naturelle en échange de sécurité et de droits au sein d'une
communauté. Ce contrat établit une relation nouvelle entre les citoyens
et l'État.
3. Souveraineté populaire : La souveraineté appartient au peuple.
Rousseau insiste sur le fait que le pouvoir doit émaner directement de la
volonté collective des citoyens, sans être délégué à un souverain.
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Seul l’Etat est le fondement du droit car il permet de conférer à une norme un
caractère coercitif, il ne peut se référer à un contrat passé entre les individus
Les droits ne sont pas donnés par la nature. Au contraire ils sont acquis dans la
société
L’Etat est constitué d’un ensemble d’institutions habilitées à édicter des lois
appliquées aux individus (règles disciplinaires/ règles statutaires)
L’Etat est une réalité historique et non un fait qu’il suffit de constater,
produit d’un consentement coutumier qui lui garantit la durée et justifie le
développement du droit
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2-L‘autorité de la constitution,
le contrôle de la constitutionnalité des lois
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Ainsi, la loi, acte voté par le parlement, doit être conforme à la constitution,
c'est-à-dire ne pas agir en dehors de la sphère de compétences,
rigoureusement déterminée par le texte constitutionnel (ex, article 71 de la
constitution marocaine, article 34 de la constitution française)
Mais il pose un problème particulier. Le contrôle de la conformité des
normes juridiques inférieures (lois, règlements, actes d'exécution...) aux
normes juridiques supérieures puise sa raison dans le caractère rigide de la
constitution et, par conséquent, de sa valeur juridique supérieure aux autres
normes juridiques.
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Ce retard s'explique par les réserves intimement liées au principe de contrôle
de la constitutionnalité de la loi :
une réserve d'ordre politique : la loi, telle qu'elle est définie par la philosophie
des lumières, est «l'expression de la volonté générale».
Elle est votée par le parlement, composé par les représentants du peuple et
qui expriment sa volonté.
Historiquement, l'adoption d'un système de contrôle de constitutionnalité des
lois est assez récente.
Exception faite du système américain, le contrôle de la constitutionnalité des
lois est adopté à partir des années 20, notamment en Europe (1920 en
Autriche).
En France, ce système est mis en place par la Constitution du 4 octobre 1958,
dite de la Cinquième République.
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une réserve quant à l'attitude de l'organe chargé de veiller au respect de la
constitution.
En effet, l’inconstitutionnalité dont serait entachée une disposition législative n'est
que rarement afférente à une violation incontestable de la constitution. Ceci pour
des raisons évidentes : d'une part, le contenu de la constitution est aussi souple qu'il
est susceptible d'interprétations larges, voire même contradictoires.
D'autre part, le parlement ne se comportera pas de façon naïve, maladroite ou de
façon voulue de manière à violer ouvertement la constitution.
Généralement, la violation du cadre formel prévu par la constitution qui n'exige
aucun effort d'interprétation, est très rare.
Par contre, la violation du contenu de la constitution ne peut être soulevée qu’au prix
d'une interprétation parfois sur fond politique.
L'interprétation donnée par l'organe de contrôle à cet égard et nécessairement empreinte
de subjectivité et, en conséquence, n'est pas forcement conforme à la volonté du
constituant.
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2.2- les organes de contrôle
« Statuer sur la constitutionnalité d'une loi c'est apprécier la régularité d'une
décision prise par la majorité du Parlement, être exposé à constater que celle-
ci s'est trompée, qu'elle a violé la Constitution ».
Ainsi, l'organe chargé de vérifier la constitutionnalité des lois serait-il
difficilement en mesure de se soustraire à la subjectivité politique, ce qui
pourrait, en cas d'opposition politique ouverte, générer des tensions entre le
juge constitutionnel et les sensibilités politiques donnant un discours adverse.
Exemple :
En juillet 1967, lorsque l’institution invalide l’élection de quatre députés (un
du PSU, un du FGDS, un de l’UNR et un centriste), François Mitterrand
critique vivement le Conseil constitutionnel, l’accusant de « manquer aux
devoirs d’un grand juge et de céder aux pressions de plus en plus
choquantes du pouvoir».
Le futur président de la République ajoute : « C’est une mauvaise
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Exemple
Le Conseil constitutionnel (en France) annule, le 12 janvier 2002, une
disposition de la « loi de modernisation sociale » adoptée le 19 décembre
2001 par le parlement et portant définition des « licenciements
économiques ».
En effet, prenant en compte l'émotion de l'opinion face aux affaires
Renault, Vilvorde, Michelin, Danone, Marks & Spencer…, la nouvelle
définition figurant dans la loi visait à s'opposer aux licenciements pour
convenance boursière.
S'inscrivant dans la défense d'un droit fondamental, le droit au travail, elle
limitait le pouvoir exagéré d'actionnaires décidant de fermer une
entreprise non pas parce qu'elle perdait de l'argent, mais parce qu'elle
n'en gagnait pas assez.
b- le contrôle exercé par un organe juridictionnel
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Article 132.
Les lois organiques avant leur promulgation et les règlements de la Chambre
des Représentants et de la Chambre des Conseillers, avant leur mise en
application, doivent être soumis à la Cour Constitutionnelle qui se prononce
sur leur conformité à la Constitution.
Aux mêmes fins, les lois et les engagements internationaux peuvent être
déférés à la Cour Constitutionnelle avant leur promulgation ou leur
ratification, par le Roi, le Chef du Gouvernement, le Président de la Chambre
des Représentants, le Président de la Chambre des Conseillers (…)
Dans les cas prévus aux deuxième et troisième alinéas du présent article, la
Cour Constitutionnelle statue dans un délai d'un mois à compter de sa
saisine. Toutefois, à la demande du gouvernement, s'il y a urgence, ce délai
est ramené à huit jour
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Article 133: La Cour Constitutionnelle est compétente pour connaître d'une exception
d'inconstitutionnalité soulevée au cours d'un procès, lorsqu'il est soutenu par l'une des
parties que la loi dont dépend l'issue du litige, porte atteinte aux droits et libertés garantis
par la Constitution.
Loi organique 15.86 fixant les conditions et les modalités d’application de l’article 133 de
la Constitution (à l’exception d’inconstitutionnalité soulevée au cours d’un procès)
«la Cour constitutionnelle est compétente de trancher n’importe quel recours portant sur
l’inconstitutionnalité d’une loi, soulevé lors de l’examen d’une affaire, si une des parties en
litige estime que la loi qui sera appliquée lors du procès porte atteinte aux droits et libertés
garantis par la Constitution»
Ratifiée par le parlement, Rejetée par la Cour constitutionnelle ( 11 articles); décision n°
70-18 du mardi 6 mars, la Cour constitutionnelle a considéré que: La loi d’application sur
l’exception d’inconstitutionnalité soulevée au cours d’un procès a fauté quant à la
détermination de la «partie» habilitée à soulever cette exception. La Cour a considéré
que le Parquet général a été omis dans la nouvelle loi qui ne l’a pas considéré comme
«partie».
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64 1- les fonctions politiques de l'Etat.
Exemple: l'État gendarme est celui de Singapour dans les années 1960 et 1970
après son indépendance. À cette époque, le gouvernement se concentrait
principalement sur :
1. Sécuriser l'ordre : L'État assurait la sécurité avec une police forte pour maintenir
l'ordre social.
2. Maintenir une armée de défense : Il protégeait ses frontières sans s'engager dans
des guerres extérieures.
3. Minimiser l'intervention économique : L'État laissait le marché et le secteur privé
se développer sans trop d'interventions dans l'économie.
Le gouvernement se concentrait donc sur les fonctions régaliennes (sécurité,
défense, justice) et laissait l'économie fonctionner avec une intervention
minimale. Cela a permis à Singapour de se développer rapidement, en attirant
des investissements étrangers tout en gardant un contrôle sur la stabilitéDec-23
et la
sécurité.
68 1.2- l'Etat-providence.
L’avènement de la première guerre mondiale dévoile en grande partie
les insuffisances de la notion d'« Etat- gendarme ».
Les conséquences économiques et sociales de la guerre impliquent
l'intervention de plus en plus accentuée de l'Etat, seule puissance en
mesure d’y répondre.
A la base une simple action de distribution de secours à la population,
l'action de l'Etat s'est peu à peu étendue à l'action économique et
sociale : subventions versées pour les entreprises non lucratives, pour des
activités privées déficitaires, appui, puis prise en charge d'entreprises en
difficulté et dont le poids est considérable sur le plan national ou
régional...
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Le processus des nationalisations confirme cette tendance et permet à l'Etat la
propriété, la direction et la gestion des secteurs stratégiques de l'économie nationale
dans la plupart des pays à économie libérale (chemin de fer, industrie aéronautique,
secteur bancaire et d'assurance, secteur énergétique...)
À la suite de la seconde guerre mondiale, le rôle de l'Etat va s'étendre au secteur
social.
Influencé par la théorie de Keynes, l'économiste britannique Beveridge élabore au
cours des années 40 la notion du Welfare State/Etat Providence, ( en Suisse l’Etat social)
l'Etat est chargé « d'organiser le bien- être de la population par le développement d'un
système de protection sociale unifiée qui doit libérer l'homme du besoin.
Ainsi, «le principe libéral, selon lequel protection sociale et efficience sont
antinomiques*, est rejeté au nom de la recherche d'une plus grande justice ».
De la sorte, l'Etat acquiert un rôle considérable dont l'œuvre de régulation économique
et d'équilibre social, lui permettant de lutter de façon plus efficace contre les crises
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3. Redistribution des richesses : L'État met en place un système fiscal progressif, où les
plus hauts revenus contribuent davantage aux finances publiques, permettant ainsi
une redistribution pour financer les services publics.
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2- Les fonctions juridiques de l'Etat
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L'Etat, personne morale de droit public, dispose du pouvoir d'édicter des règles
de droit, le pouvoir normatif, et du pouvoir de les exécuter en faisant recours, le
cas échéant, à la contrainte légitime institutionnalisée
À ce titre, l'Etat assure un certain nombre de fonctions qui lui permettent
d’exercer sa souveraineté sur les plans interne et international, ainsi que de
mettre en œuvre ses programmes et ses objectifs politiques.
La théorie classique dégage trois fonctions fondamentales de l'Etat : la fonction
législative, la fonction exécutive et la fonction juridictionnelle.
L'évolution constitutionnelle au cours du XXe siècle réduit la rigidité de la
répartition des fonctions juridiques de l'Etat
Désormais la complémentarité se substitue à la soumission qui a toujours marqué
les rapports entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif.
Alors que le pouvoir juridictionnel requiert une importance majeure comme
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75 2.2- la fonction de gouvernement
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77 2.3- La fonction juridictionnelle.
Cette fonction est confiée au pouvoir juridictionnel quel que soit son mode
d’organisation et sa structure.
Au Maroc, la fonction juridictionnelle est assurée par les tribunaux judiciaires
chargés de trancher les litiges de droit privé et les tribunaux administratifs.
Cette fonction permet à l’État de trancher les litiges entre les personnes
juridiques, que ce soit des particuliers ou des collectivités publiques, en règle
générale par le biais de mesures individuelles.
La fonction juridictionnelle est distincte de la fonction de gouvernement dans
la mesure où les actes y afférents ont un caractère obligatoire et absolu:
«les jugements ont ‘force de vérité légale’, ils ont ‘l’autorité de la chose jugée’,
ils sont définitifs et intangibles pour toute personne et pour toute autorité ; une fois
les voies de recours épuisées, ils ne peuvent plus être modifiés par quelque
autorité que ce soit, même par leurs auteurs».
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3- Le référendum constituant:
- une combinaison entre l’élaboration d’un texte par une institution
élaborée à cet effet et une ratification de la part du peuple
(démocratie semi-directe). Ce mode tend à multiplier les
consultations populaires.
- La Constitution française de 1946 premier projet rejeté par le
peuple ; une nouvelle Assemblée est mise en place, l’adoption et la
promulgation a lieu le 27 novembre 1946 (4ème République)
III- La révision de la Constitution
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Il faut encore signaler que certaines constitutions prévoient un laps de temps après la
dernière révision. Par exemple, la Constitution portugaise de 1976 (art.284, al.1)
précise que « l'Assemblée de la République peut réviser la Constitution cinq ans
révolus après la date de la publication de la dernière loi de révision constitutionnelle».
Il en va de même pour la Constitution grecque de 1975 (art.110, al.6).
Une autre sorte de limitation du pouvoir de révision constitutionnelle dans le temps
consiste à prévoir deux délibérations successives séparées par un intervalle de temps
pour l'adoption des lois constitutionnelles.
Par exemple, la Constitution italienne de 1947 (art 138, al.1) prévoit un intervalle de
trois mois au moins entre deux délibérations. De même, la Constitution française de
1946 (art.90) obligeait l'Assemblée nationale à adopter la résolution de révision en
deux lectures séparées d'au moins trois mois.
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Par exemple:
1- la Constitution Marocaine de 2011 n'impose pas seulement des
limites à la révision constitutionnelle, mais elle détermine aussi des
conditions de forme dans la procédure de révision constitutionnelle.
- Ainsi selon l'article 173, La proposition de révision émanant d'un ou de
plusieurs membres d'une des deux Chambres du Parlement ne peut
être adoptée que par un vote à la majorité des deux tiers des
membres la composant. Cette proposition est soumise à l'autre
Chambre qui l'adopte à la même majorité des deux tiers des
membres la composant.
- Aussi bien que la proposition de révision émanant du Chef du
Gouvernement est soumise au Conseil des ministres après
délibération en Conseil de Gouvernement.
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