Technologies de l’information et de la communication et emploi dans le secteur des

services : Cas des pays de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest

Kossi Edem Baita1, et Kokou Dzifa Adzima2

Résumé
L’essor des technologies de l’information et de la communication constitue de nos jours un canal de création d’emplois
dans le secteur des services dans la CEDEAO car elles rendent plus efficaces le travail et sont source d’innovations.
Dans le cadre de cet article, nous analysons l’impact des technologies de l’information et de la communication sur
l’emploi dans le secteur des services dans la CEDEAO. Contrairement à leur impact ambigu observé sur l’emploi
dans les pays où le taux de pénétration des TIC est assez élevé, nous attendons plutôt à ce que l’internet ait un
potentiel impact positif sur l’emploi dans le secteur des services de la CEDEAO. Les résultats de nos estimations
confirment nos prédictions et montrent que le taux de pénétration internet affecte positivement et significativement
l’emploi dans les sous-secteurs des services de l’éducation, de la santé, de la distribution, du transport et communication,
et de la finance et Assurance. En outre, la plupart des variables de contrôle renforce nos prédictions en termes d’impact
sur l’emploi.
Mots-clés : Technologies de l’information et de la communication, emploi, CEDEAO, services.
Classification JEL : C23, J23, J24.

Abstract
The rapid expansion of information and communication technologies nowadays constitutes a channel for job creation in
the services sector in ECOWAS because these technologies make the work more efficient and are a source of
innovation. In this article, we analyze the impact of information and communication technologies on employment in the
services sector in ECOWAS. Contrary to their ambiguous impact observed on employment in countries where the ICT
penetration rate is quite high, we expect rather that the internet will a positive impact on employment in ECOWAS
services sector. The results of our estimates confirm and show that internet penetration rate affects positively and
significantly services’ employment in the education, wholesale & retail trade, health, transport and communication, and
finance and insurance. In addition, most of the control variables strengthen our predictions in terms of employment
impact.

Keywords: Information and communication technologies, employment, ECOWAS, services

JEL Classification: C23, J23, J24.

1
Economiste, chercheur à Afridev Research and Consulting, Email: [email protected]
2
Economiste, Expert en commerce international, Email : [email protected]
1

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 Introduction

Depuis quelques décennies, les questions des technologies de l'information et des communications
sont au centre des préoccupations de la plupart des pays du monde. Selon l’Organisation des
Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (UNESCO), « (…) les technologies de
l’information et de la communication désignent l’ensemble des outils et des ressources
technologiques permettant de transmettre, enregistrer, créer, partager ou échanger des informations,
notamment les ordinateurs, l’internet, les technologies et appareils de diffusion en direct et en différé
et la téléphonie»3.

L’émergence et la divulgation des TIC ont radicalement modifié les différents secteurs de production
de l’économie. L’utilisation de l’internet affecte profondément l’activité économique. Des millions de
personnes dans le monde utilisent l’internet. Au niveau de l’entreprise, ça permet de faire de la
publicité, de produire, de générer ou d'exécuter d'autres fonctions commerciales régulières. Les TIC
sont aussi utilisés pour innover dans tous les secteurs de production des biens et services. En
particulier, le secteur des services et ses sous-secteurs bénéficient des retombées du développement
des TIC. Le secteur des services a représenté 32,4 % de l’emploi total au cours de la période 2009-
2012 (CNUCED, 2015).

L’évolution croissante des technologies de l’information et de la communication comme l’internet

annonce une révolution économique et sociale très profonde. Les technologies de l’information et
de la communication ont joué un rôle fondamental dans l’évolution de la façon de travailler,
d’échanger, d’apprendre. À ce titre, les TIC offrent une nouvelle perspective, de nouveaux moyens
de production dans le secteur des services. Il reste maintenant à savoir comment saisir cette nouvelle
opportunité pour promouvoir l’emploi et résorber le chômage des jeunes. À cet égard,
l’interrogation suivante nous semble bien indiquée et mérite qu’on lui trouve des pistes de réponse :
En quoi les TIC peuvent contribuer à la promotion de l’emploi dans le secteur des services dans les
pays de la CEDEAO ?

Afin de contribuer à la formulation de politiques publiques relatives à l’emploi et aux TIC

notamment aider les décideurs des pays de la CEDEAO à mieux comprendre les dynamiques
autour des TIC, cette étude est a pour objectif principal de mettre en valeur les canaux à travers
lesquels les TIC peuvent contribuer à la création d’emploi et à l’insertion des jeunes diplômés sur le
3
TIC, dans le Glossaire de l’ISU de l’UNESCO, consulté le 22 Avril 2020 sous : http://glossary.uis.unesco.org
2

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marché du travail. De façon spécifique, cet article va i) estimer la contribution de l’internet à la
promotion et à la création d’emploi dans les entreprises ; et ii) évaluer l’importance de l’internet
dans le secteur des services.

Cet article se veut d’abord une contribution à la littérature en matière d’impact possible des TIC sur
la création de l’emploi dans les pays de la CEDEAO. Cependant, les résultats pourront être utile à
l’élaboration de politiques sectorielles visant à amplifier le rôle des TIC dans la promotion et la
création d’emploi et partant contribuer aussi à réduire la pauvreté.

Le reste de l’article se présente comme suit : la première section présente la littérature sur l’impact de
la technologie sur l’emploi, la seconde section aborde quelques faits stylisés relatifs aux TIC et
emploi dans la CEDEAO. La troisième section met en lumière la méthodologie utilisée dans le cadre
de cet article. La section 4 aborde les résultats et interprétations et la dernière section est consacrée à
la conclusion et aux principales implications en termes de politiques économiques.

1 Impact de la technologie sur l’emploi

Avec la vague de la mondialisation, les technologies de l'information et de la communication (TIC)

deviennent un élément incontournable. L’intensité de l’activité économique s’accentue et permet à la
population d'obtenir rapidement des informations à tout moment et de par le monde grâce aux
données accessibles par les réseaux et les applications logicielles.

Le taux de pénétration internet et d’accès aux services des TIC ne cessent de croître et permet aux
populations de contrôler leur thermostat, de suivre leur exercice et leurs battements cardiaques, de
surveiller leur régime alimentaire, de partager leur maison et leur voiture, et de faire livrer leur
épicerie à leur porte. Dans le secteur privé, les entreprises sont en mesure de contrôler la
consommation d'énergie d'un bâtiment, d'y accéder, de trouver des défaillances dans la production
et, bien sûr, d'automatiser de nombreuses tâches qui étaient auparavant effectuées par des humains,
ce qui a réduit le coût de production (Chorafas, 2011).

La question de l'impact des technologies sur l'emploi suscite de nos jours un intérêt croissant chez
les décideurs et les chercheurs. Les pays qui ont une plus grande pénétration des TIC sont plus
susceptibles de connaître des interruptions de travail plus rapidement que ceux dont la pénétration
est plus faible. Les travaux d’Anderson et Harris (1989) relatifs à l'impact des TIC sur l'emploi aux

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États-Unis, ont conclu que les tendances technologiques n'auraient pas d'effet radical sur l'emploi
avant l'an 2000. En outre, leur recherche indiquait que les effets sur l'emploi n'auraient pas été
perceptibles parce que de nombreuses entreprises n'avaient pas encore commencé à exploiter
pleinement le potentiel des outils d'automatisation et des réseaux de communication à haute vitesse
(Anderson et Harris, 1989). Ainsi, on a constaté à l'époque que les TIC créaient de nouveaux
emplois exigeant des niveaux de compétences plus élevés, tandis que les emplois peu spécialisés et
mal rémunérés diminuaient dans les industries qui utilisaient beaucoup les technologies.

Les évidences empiriques plus récentes nous montrent que les TIC ont un impact ambigu sur
l’emploi dans les pays industrialisés où le taux de pénétration de TIC. Certains types des
technologies de l’information et de la communication impactent négativement l’emploi dans les
secteurs où elles sont plus sollicitées tandis que d’autres types influencent de manière positive
l’emploi (Biagi et al, 2016 ; Garcia-Murillo, 2016).

La plupart des pays de la CEDEAO sont encore aux premières étapes de la transition vers des
sociétés plus connectées et plus automatisées. L'objectif de cet article est de déterminer l'impact que
les TIC peuvent avoir sur l’emploi dans les pays de la CEDEAO.

2 TIC et emplois dans la CEDEAO : quelques faits stylisés

 L’accès à l’internet dans la CEDEAO

La CEDEAO a connu une croissance spectaculaire en termes du nombre de personnes ayant accès à
l’internet ces dernières décennies. En se référant aux données de l’Union internationale des
télécommunications, on constate que ce taux est passé de 9,42% en 2000 à 53,94% en 2017. En
d’autres termes, si en 2000, près d’un individu sur 10 a accès à l’internet, en 2017, c’est plutôt une
personne sur 2. Ceci dénote les efforts continus des États et des opérateurs en matière
d’investissements qui ont permis l’extension de leurs réseaux dans les zones auparavant mal
desservies. Du côté des consommateurs, la demande pour les services a augmenté à mesure que de
nouveaux services pertinents localement apparaissent et que les smartphones deviennent plus
abordables. Aussi, la 4G commence à prendre du terrain dans la CEDEAO, ce qui explique cette
progression spectaculaire dans la région.

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 Figure 1 : Taux de pénétration internet dans la CEDEAO
50
40
CEDEAO

30
20
10

2000 2005 2010 2015 2020

Year

Source: Auteurs, à partir de la base de données de l’UIT, 2020

 Participation à la force de travail et emploi dans la CEDEAO

Les statistiques de l’Organisation internationale du travail (OIT) présentent le taux de participation

de la force de travail dans la CEDEAO. Globalement, nous constatons que le taux de participation
de la force de travail est stationnaire dans la zone et tourne autour de 59%. Les hommes enregistrent
les plus forts scores avec une tendance baissière (69,85% en 2011 contre 65,33% en 2019) contre un
taux relativement stationnaire de 59% pour les femmes durant la période considérée (figure 2).

Figure 2 : Taux de participation de la force de travail dans la CEDEAO

70

60

50

40 Total
Homme
30
Femme
20

10

0
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019

Source: Auteurs, à partir de la base de données de l’OIT, 2020

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La figure 3 nous montre un taux de chômage relativement faible dans la CEDEAO. Il varie entre 4
et 6% durant la période 2000-2019. L’analyse comparative de l’emploi dans la CEDEAO montre
que les questions d’insertion économique et professionnelle des jeunes sont inscrites dans les
priorités nationales des pays membres. Pour réduire le chômage, des mécanismes sont mis en place.
En témoigne les plans stratégiques de réduction du chômage te de la pauvreté, lesquels privilégient la
création d’emploi tout en assurant la stabilité. On pourra également citer l’instauration par certains
pays du programme de volontariat qui permet aux jeunes d’être actifs dans la vie
socioprofessionnelle et leur donne ainsi l’expérience mais contribue au sous-emploi au détriment
d’emplois stables et décents. L’abondante main d’œuvre de la CEDEAO qui fluctue autour de 60%
se concentre plus sur le secteur informel.

Figure 3: Taux de participation de la force de travail et taux de chômage dans la CEDEAO

70,0

60,0

50,0

40,0 Taux de
participation_force
30,0 de travail
Taux de chômage
20,0

10,0

0,0
2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018

Source: Auteurs, à partir de la base de données de l’OIT, 2020

3 Méthodologie, Données et Modèle

Cet article vise à analyser des liens entre TIC et marché du travail. La recherche des courroies de
transmission entre développement des TIC et création d'emploi fonde la démarche méthodologique
adoptée par cette étude. Pour ce faire, la méthode quantitative a été combinée à celle qualitative pour
cerner tous les contours de la question dans la CEDEAO.

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Nous utilisons des données de la Banque mondiale, de l'Union internationale des
télécommunications et de l'Organisation internationale du travail. Un panel des pays membres de la
CEDEAO sur une période de 2000-2017 est construit pour déterminer les effets des TIC sur
l'emploi dans cette communauté économique régionale.

Le modèle de régression à effets fixes à estimer a pour variable dépendante, le volume d’emploi créé
dans les secteurs de production des services tels que le transport & communication, la
distribution(commerce de gros et de détails), l’éducation, la santé et la finance & assurance, en raison
du grand nombre de personnes employées dans ces secteurs au sein de la CEDEAO. Par ailleurs, la
production des services nécessite de plus en plus des technologies de l’information et de la
communication. L’internet est un outil incontournable dans la conception, la prestation et la
promotion des services. Ainsi l’utilisation à grande échelle des TIC par les entreprises fournisseurs
des services entraine la création d’emploi. Nous allons estimer les coefficients de cinq équations qui
représentent les sous-secteurs des services précités. Le choix du modèle à effets fixes a été décidé
suite au test de Hausman. Nous utilisons le logarithme népérien pour lisser les valeurs des variables.
L’autre avantage est que le log nous permet d’obtenir des élasticités.

Le taux de pénétration de l’internet est la variable d’intérêt de cette étude. Elle représente le nombre
d’utilisateurs individuels d’internet. La pertinence du choix de cette variable est due à sa
multifonctionnalité. Aussi, l’internet est utilisé par la majeure partie des entreprises productrices de
services dans les pays de la CEDEAO. Nous émettons l’hypothèse qu’elle affecte de manière
significative et positive l’emploi dans les sous-secteurs des services indiqués dans cet article.

Les variables de contrôle sont les mêmes pour les cinq équations. Il s’agit du PIB par habitant, de la
formation brute de capital fixe, le taux de scolarisation au secondaire et la taille de la population. Ces
variables devraient toutes affectées de manière significative le volume de l’emploi dans les différents
sous- secteurs des services concernés par l’étude (voir tableau 2).

Tableau 1 : Variables de l’étude et signes attendus

Nature de la Signes
Variables Définition
variable attendus
Em_fin&ins dépendante Volume de l’emploi dans le secteur de la finance
et Assurance
Em_educ dépendante Volume de l’emploi dans le secteur de
l’éducation

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Em_health dépendante Volume de l’emploi dans le secteur de la santé et
du social
Em_tr&com dépendante Volume de l’emploi dans le secteur du transport
et de la communication
Em_wholsale&ret dépendante Volume de l’emploi dans le secteur de la
distribution, de vente de gros et de détails
gfbc indépendante Formation brute de capital fixe +/-
Gdp_capita indépendante Le produit intérieur brut par habitant +
Enroll_sch indépendante Le taux de scolarisation au secondaire +
Intern_users indépendante Le nombre d’utilisateur individuel d’internet +
Pop indépendante Population totale +
Source : Auteurs

4 Résultats et interprétation

Il ressort des estimations économétriques que les technologies de l’information et de la

communication, mesurées dans cette étude par le nombre d’utilisateurs d’internet dans les pays de la
CEDEAO affectent positivement et significativement l’emploi dans les sous-secteurs des services de
l’éducation, de la santé, de la distribution (commerce de gros et de détails), du transport &
communication et de la finance & Assurance. Cette évidence empirique confirme l’hypothèse selon
laquelle les TIC influencent positivement l’emploi dans le secteur de la production des services au
sein de la CEDEAO. Par ailleurs, la plupart des variables de contrôle renforce nos prédictions en
termes d’impact sur l’emploi.

 Impact des TIC sur l’emploi du sous-secteur des services de distribution (Commerce
de gros et de détails)

Le taux de pénétration internet dans les pays de la CEDEAO impacte positivement et

significativement le volume de l’emploi dans les services de distribution. Les entreprises de ce
secteur utilisent l’internet pour la promotion de leur vente conduisant à une hausse de l’offre
d’emploi, toutes choses égales par ailleurs. En plus, l’internet a contribué à l’apparition des marchés
virtuels(e-market) qui constituent un levier pour la création de l’emploi dans services de distribution
(voir tableau 2 : (1)).

 Impact des TIC sur l’emploi du sous-secteur des services de transport &
communication
8

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Nous trouvons que l’internet a un impact positif et significatif sur la création de l’emploi des services
de transport & communication au sein de la communauté économique régionale. Le nombre
d’utilisateur d’internet dans les pays de la CEDEAO participe à créer de l’emploi. Le transport est
reconnu comme le secteur des services qui emploi le plus dans la sous-région. Cependant
l’avènement des TIC a permis une modernisation du secteur. L’utilisation de l’internet pour la
promotion des produits du secteur a conduit à la hausse de la demande et par conséquent une
augmentation de l’offre d’emploi. Les services de communication sont un pourvoyeur d’emploi en
raison du dynamisme des TIC. L’internet est la principale matière première du secteur des services
de communication. Les entreprises de ce sous- secteur sont des grands utilisateurs d’internet et des
produits des TIC, ce qui explique cette évidence empirique (voir tableau 2 : (2)).

 Impact des TIC sur l’emploi du sous-secteur des services de l’éducation

L’emploi lié au service de l’éducation est impacté positivement et de façon significative par le
nombre d’utilisateurs d’internet dans les pays de la sous-région. L’éducation est un secteur important
de l’économie et il emploie un grand nombre de personnes. L’internet contribue à élargir le champ
des apprenants et à faciliter l’accès à l’éducation pour tous. Grâce à l’internet, l’éducation à distance
appelée « e-learning » permet de créer de nouveaux emplois en raison de l’accroissement de la
demande. Il faut aussi noter qu’il y’a eu beaucoup d’initiatives privées se basant sur les plateformes
de formation en ligne pour leurs prestations de services de l’éducation (voir tableau 2 : (3)).

 Impact des TIC sur l’emploi du sous-secteur des services de santé

Les TIC ont une influence positive sur l’emploi du secteur des services de santé dans l’espace
CEDEAO. Ceci s’explique par le fait que le secteur de la santé dans les pays en développement est
en sous effectifs et en cours de modernisation (utilisation des TIC). Ainsi, l’émergence de l’internet
peut contribuer à créer de l’emploi dans ce secteur. Cette évidence empirique est contraire à ce qui
est observé dans les pays développés où les TIC participent à réduire les effectifs des employés et à
transformer qualitativement le travail dans le secteur de santé (Bonneville, 2003 ; .Hammer et
Champy, 1993). L’utilisation de l’internet dans le secteur de la santé en Afrique de l’ouest est encore
à l’étape initiale en raison du faible taux de pénétration de l’internet et du manque des infrastructures
des TIC (voir tableau 2 : (4)).

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  Impact des TIC sur l’emploi du sous-secteur des services de finance et Assurance

L’emploi dans le secteur des services financiers est impacté positivement et significativement par les
TIC au sein de la CEDEAO. Ce secteur constitue un levier important pour l’économie des pays de
la sous-région. Il est l’un des secteurs qui a adopté, au début des années 2000, les TIC comme un
instrument important dans la conception et la promotion des produits financiers. L’innovation dans
le secteur a été impulsée en majeure partie par l’internet. Cette dynamique a entrainé de manière
considérable la hausse de la demande des produits financiers et d’assurance dans l’espace CEDEAO.
Ainsi, cet élan a conduit à une hausse du volume d’emploi du secteur, toutes choses étant égales par
ailleurs (voir tableau 2 : (5)).

En ce qui concerne les variables de contrôle telles que la taille de la population, le PIB par habitant
et le taux de scolarisation au secondaire, elles impactent positivement le volume de l’emploi dans les
différents sous-secteurs sous revue. Par contre la significativité de l’impact est différente selon le
type de service concerné. (Voir tableau 2).

Tableau 2 : Résultats des estimations

(1) (2) (3) (4) (5)

Variables LnEm_wholsale&re LnEm_tr&com LnEm_educ LnEm_health LnEm_fin&ins
Lngdp_capita 0.00617 0.0223 0.0164 0.00725 0.129*
(0.19) (0.64) (0.45) (0.15) (2.59)
Lnpop 1.038*** 1.373*** 0.923*** 0.677*** 0.356
(8.23) (10.04) (6.36) (3.55) (1.82)
LnEnro_sch 0.0619 0.0474 0.233*** 0.251*** 0.139*
(1.75) (1.23) (5.69) (4.67) (2.53)
Lngfcb 0.0338 -0.00589 -0.00626 0.0563 0.0505
(1.57) (-0.25) (-0.25) (1.73) (1.51)
Lnintern_users 0.0293** 0.0271* 0.0276* 0.0387* 0.0705***
(2.61) (2.23) (2.14) (2.28) (4.05)
_cons -11.33*** -17.72*** -11.35*** -9.716*** -5.771*
(-6.19) (-8.93) (-5.39) (-3.51) (-2.03)
N 252 252 252 252 252

T statistics in parentheses * p<0.05, ** p<0.01, *** p<0.001

Source: Auteurs

10

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5 Conclusion et implications de politiques économiques

Le principal objectif de cet article est d’évaluer l’impact que les technologies de l’information et de la
communication ont sur l’emploi du secteur des services. Afin de parvenir à une évidence empirique,
nous avons fait recours à une analyse économétrique basée sur les pays de la CEDEAO sur une
période de 2000-2017. Contrairement aux résultats des évidences empiriques de l’impact des TIC sur
l’emploi dans les pays développés où les TIC influencent négativement la création de l’emploi, nous
trouvons dans cette étude que l’internet demeure un levier pour la création de l’emploi au sein de la
CEDEAO. Cet impact positif est observé dans les cinq sous-secteurs des services de l’économie des
pays de la CEDEAO. Le volume de l’emploi, des services financiers, des services éducatifs, des
services de la santé, des services de distribution et des services de transport & communication est
impacté positivement par l’internet. Par ailleurs, le taux de scolarisation au secondaire contribue de
manière positive et significative à la création de l’emploi dans le secteur des services de l’éducation,
de la santé et des finances & assurance.

Fort de tout ce qui précède, nous préconisons que les autorités en charge des TIC dans les pays de la
sous- région ouest africaine mettent en œuvre des politiques permettant de garantir l’accès universel
aux TIC. Les mesures visant l’expansion du réseau internet seront utiles pour la promotion et la
création de l’emploi. Le niveau faible du taux de pénétration de l’internet dans la CEDEAO doit être
amélioré afin de booster l’emploi dans le secteur des services énumérés dans cette étude. En plus,
une amélioration des conditions de scolarisation au niveau secondaire aurait un impact positif sur
l’emploi créé dans les services de l’éducation, de la santé et des finances. Il s’agit donc de rendre
l’éducation accessible pour tous (gratuit ou à défaut, à un coût assez faible et améliorer les
infrastructures scolaires). L’internet favorise la création de l’emploi dans les pays de CEDEAO alors
qu’il participe à réduire quantitativement l’emploi dans les pays développés. Ceci dit que cette
évidence empirique dans ces pays en développement ne peut perdurer sur le long terme. Par
conséquent, les autorités en charge des régulations du marché du travail doivent anticiper un
éventuel impact négatif des TIC sur la création de l’emploi au sein des pays de l’Afrique de l’ouest.

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