La question des réfugiés et des déplacés

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La question des réfugiés et des déplacés, 1944-1951

https://journals.openedition.org/rhei/3458?lang=es

Frank Attar, Dictionnaire des relations internationales de 1945 à nos jours, SEUIL,

Réfugiés : Migrant contre son gré, le réfugié est une figure ancienne de l’histoire
universelle. A l’époque contemporaine, les conséquences migratoires de la
Révolution russe poussèrent la SDN à créer un haut-commissaire pour les réfugiés
(1921). De même, les déplacements de population induits par la fin de la Seconde
Guerre mondiale conduisirent l’ONU à mettre en place un Haut-Commissariat pour
les réfugiés (HCR, 1951). La même année, la Convention de Genève relative au statut
des réfugiés (amendée en 1967) constitute le premier texte d’un statut juridique qui
se précisera avec l’édiction d’autres instruments obligatoires – universels et
régionaux – ou l’adoption de recommandations.

Pascal Boniface, Atlas des relations internationales 100 cartes pour comprendre le
monde de 1945 à nos jours, Armand Colin, 2018
En 1945, paysage de stratégie mondiale est nouveau. Les États-Unis sont à la tête du
monde tandis que les pays européens sont sérieusement endommagés sur le plan
économique. L’Allemagne se retrouve presque entièrement détruite et il est songé de
la transformer en état agricole ou la diviser en plusieurs. Les empires coloniaux sont
exsangues et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes se retourne contre eux.

Attractivité des USA par le fait qu’ils sont ressorti plus riche de la guerre qu’ils n’y
sont rentrés. Leur revenu national est doublé, le dollar est devenu la monnaie
d’échange internationale, ils sont les premiers dans l’ensemble des domaines
économiques.

URSS intervient dans les affaires intérieures de certaines pays dès 1944 jusqu’à
1948 sur les pays duquel elle à la mainmise. Tchécoslovaquie, Yougoslavie, Albanie
sont évacués par l’Armée rouge en 1945. (« Rideau de fer » d’après Churchill en
mars 1946).
11 mars 1947 : Truman énonce la doctrine de l’endiguement (containment)
USA soutiennent « les peuples libres qui résistent à des tentatives d’asservissement
par des minorités armées et à des pressions extérieures ».
Aide importante à l’Europe le 5 juin 1947 via le plan Marshall.
En réponse à cela, l’URSS présence la doctrine Jdanov en octobre 1947.
Prises de pouvoir de force dans divers pays (coup de Prague en 1948).
Juin 1948 : Sénat américain adopte la résolution Vandenberg qui leur autorise à
adhérer en temps de paix à des pactes miliaires ou régionaux.

4 juin 1949 : création de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord via la


signature du traité de l’Atlantique Nord.

 Clivage est-ouest

Période de fin de 2nde GM, Guerre Froide avec une polarisation est-ouest + période
de décolonisation avec des guerres entre les colonies et les métropoles.

Promesse des métropoles des récompenses durant la guerre avec l’effort humain.
1945 : USA et URSS ne sont pas des puissances coloniales, y sont hostiles. 1945-
1953 : 1ère vague de décolonisation en Asie et Moyen-Orient. Indian Independance
Act (15 juillet 1947) fait 2 états part des massacres : Union Indienne et le Pakistan.

Indépendance contrôlée des Philippines en 1946 + Indonésie en 1949.


Indépendance Vietnam en 1945.

D’après les Traités de Westphalie (1648) : la souveraineté des états dépend de son
gouvernement, son territoire et sa population. La population « ensemble de
personnes vivant sur un territoire, qu’ils soient nationaux ou non ».

La Mondialisation vient remettre en cause le statut d’état car les réseaux et les flux
augmentent.

Création des OI (Organisations Internationales) sont des acteurs des relations


internationales. Lors des premières créations, ces dernières ont pour but de
réglementer et faciliter la circulation (1831 : Commission centrale pour la navigation
du Rhin, 1856 : organisation pour réglementer la circulation sur le Danube + 1944 :
Organisation de l’aviation civile internationale)

ONG (Organisations Non Gouvernementales) : Danish Refugee Council (1956) :


protection des réfugiés et des déplacés.

Migrant : toute personne quittant son lieu d’habitation pour s’installer de façon
durable dans une nouvelle résidence. (cf. régimes communistes dictatoriaux avec le
« rideau de fer » et Berlin (blocus le 23 juin 1948 fin le 12 mai 1949)). Mondialisation
abolit la notion de frontières

Dvp des fluxs migratoires dû à : mondialisation, facilité à se déplacer, différence


d’écart de richesses et les guerres entre 2 pays.

Réfugiés quittent leurs pays par crainte d’être persécutés par religion, appartenance
sociale (réfugiés politiques et économie). On peut voir une certaine ‘fuite de
cerveaux’.

A Berlin entre 1949 et 1961 => 3 millions et demi d’Allemands vont de l’Allemagne
de l’Est vers l’Allemagne de l’Ouest. (menera à la création du Mur de Berlin durant
la nuit du 15 août 1961)

François-Charles Mougel, Histoire des Relations Internationales de 1815 à nos jours,


Que sais-je ?, 2023
Indépendance Indonésie (1949) par les Pays-Bas

Marie-Claude Smouts, Dario Battistella, Pascal Vennesson, Dictionnaire des relations


internationales, Dalloz, 2003
Migration Internationales = phénomène de tous les temps mais qui s’est mondialisé
Illustré par la relation théorisée de push-pull dans les années 1940 (mouvements de
campagne vers la ville). Dans pays d’origine, des facteurs économiques,
démographiques, politiques, écologiques repoussent vers l’extérieur les migrants
(push) alors que dans le pays de destination, les facteurs comme la possibilité
d’emploi, la protection sociale et les biens de consommation attirent (pull). Influe sur
la décision d’émigrer.
Ex : France en après-guerre s’est reconstruite vite et bien par l’apport d’une
population émigrée bon marché et moins exigeante que la population nationale.
Delphine Diaz, En exil, Les réfugiés en Europe, de la fin du XVIIIe siècle à nos jours,
Gallimard,
1919 : la SDN s’implique très vite dans la question des réfugiés. Tentative de
recensement et d’autres OI s’en occupèrent comme l’United Nations Relief and
Rehabilitation Administration (UNRRA), créée dès la fin 1943 et l’ONU.

Durant la 2nde GM, le problème du déplacement forcé et du déracinement est


important. Au cœur des préoccupations des Alliés, avant la crise migratoire de
l’après-guerre provoqué par les expulsions et les rapatriements.

Convention de Genève (1951) : Réfugiés définis par le critère de la persécution


individuelle.

Exil dès les années 1930 pour allemands, autrichiens, espagnols, basques et
catalans. Les migrants sont vus par la population nationale comme massive et
menaçante.

Lors de la nomination d’Hitler en tant que chancelier (1933), 37 000 Juifs quittent le
pays de manière permanente. France = premier pays d’accueil pour les fugitifs
allemands (25 000 sur 65 000) car proche géographiquement, ouvert politiquement
et liens entre les parents (situés à Paris ou en Alsace-Lorraine). Gouvernement
favorable aux réfugiés. Changera lors de la fuite de ceux sous le Troisième Reich.
Durant les années 1934-1937, entre 20 000 et 25 000 Juifs durent quitter
l’Allemagne nazie chaque année, soit 80 % de toutes les personnes qui émigrèrent
hors du pays à la suite des lois de Nuremberg le 15 septembre 1935. Grande-
Bretagne, France, Tchécoslovaquie, Pays-Bas, Suisse et Belgique sont des pays de
refuge.

Le commencement de la Seconde Guerre mondiale en Europe changea la


configuration des migrations forcées, dont les origines et les destinations se
trouvèrent encore compliquées par le conflit. Entre 1939 et 1945, les mouvements de
populations atteignirent une ampleur sans précédent, même s’ils furent largement
sous-évalués par les contemporains, surtout préoccupés par la situation diplomatique
et militaire du continent européen. Les persécutions politiques et religieuses, les
déportations forcées perpétrées par les régimes totalitaires et autoritaires
contribuèrent à multiplier ces migrations, souvent dénuées de tout espoir de retour.
S’ajoutaient également les transferts de populations vers leurs foyers nationaux ou
vers de nouveaux territoires conquis par les armes, mais aussi les déplacements
forcés de populations issues de zones militarisées, ou encore les masses de civils
fuyant la terreur des bombardements aériens ou la progression des armées de terre.
On estime ainsi qu’il y aurait eu, entre 1939 et 1945, un total de 50 à 60 millions de
réfugiés, expulsés et déportés, soit environ 10 % de la population européenne qui
aurait été obligée de migrer ou de se déplacer sur une longue distance sous la
contrainte

1950 : Pieter Jan Bouman, The Refugee Problem in Western Germany. Les personnes
déplacées et réfugiées sont « bombe à retardement la plus dangereuse laissée
derrière lui par Hitler »

Réfugiés à partir du début de la Blitzkrieg en septembre 1939. Mai 1940 : offensive


allemande provoque l’exode de Néerlandais, Luxembourgeois et Belges vers la
France. Puis Français (6 et 8 millions) lors de mai-juin 1940. Part sans destination
précise.
Anna Seghers, Transit, 1944 : « Des villages du Nord se déversait toujours un fleuve
silencieux de réfugiés, des charrettes grandes comme une maison rustique, chargées
des meubles et des cageots à volaille, des enfants et des arrière-grands-parents, des
chèvres et des veaux […] ; des femmes qui portaient des gosses mourants, et même
des morts »

Près de 90 000 enfants furent perdus durant l’exode. Exode jusqu’en Espagne et
Portugal => étape vers les Amériques. La Grande-Bretagne reçut ainsi quelque
35 000 Polonais partis entre l’automne 1939 et le milieu de l’année 1940.

Migration lors du conflit = recrutement de travailleurs pour contribuer à l’effort de


guerre avec citoyens de l’Autriche, des pays tchèques et des Italiens. Septembre
1944 => travailleurs forcés étrangers = 1/3 des actifs d’Allemagne dans tous les
secteurs économiques. Surreprésentés dans l’armement (80 % dans l’aéronautique
en 1944). Majorité de Polonais + français frappés par le Service du Travail
Obligatoire (STO) entre 1942/43 par le régime de Vichy.

1944 : 8 millions d’étrangers font fonctionner l’économie allemande dont 6 millions


de civils et 2 millions de prisonniers de guerre (26 pays différents).

Déportation aussi provoque des mouvements massifs à partir d’octobre 1941.

L’évacuation des camps fut à l’origine d’un nouveau déplacement forcé des déportés
juifs qui avaient survécu, notamment ceux qui avaient intégré le système de camps
de travail qui leur étaient spécifiquement réservés, les Zwangsarbeitslager. Janvier
194 => évacuation d’Auschwitz vers d’autres camps comme Buchenwald ou
Mauthausen.

L’avancée soviétique accélère les évacuations des camps par les Allemands

Migration après-guerre
Été 1945 = expulsions des Allemands dans territoires dominés par le Reich. 800 000
Allemands de la Tchécoslovaquie avec actes de violence et exécutions sommaires +
exclusion radicale des droits de propriété.

L’Allemagne devint la plaque tournante de migrations transnationales et


internationales d’une ampleur inédite. => UNRRA créer des camps en urgence et
régit l’après-guerre. Les camps voient passer des centaines de milliers de personnes.

conférence de Téhéran (28 novembre-1er décembre 1943).

janvier 1944, UNRRA dotée d’un War Refugee Board (« Bureau des réfugiés de
guerre »). Joue rôle dans rapatriement massif des années 1945.

l’URSS était elle aussi marquée par l’intensification des déplacements de prisonniers
et de déportés

février 1945, la conférence de Yalta => conventions sur rapatriement des


prisonniers.

Les migrations de retour qui marquèrent l’année 1945 étaient constituées


pratiquement aux deux tiers de civils. Sous le terme générique de personnes
déplacées ou « DPs » (displaced persons), on engloba des millions d’individus aux
parcours multiples (rescapés des camps nazis, anciens travailleurs forcés, civils
ayant fuis, errants durant la guerre). Maj des DPs sont originaires des territoires
occupés par les Allemands entre 1939 et 1945 (Pologne, pays baltes, Biélorussie,
Ukraine).

Printemps 1945 : mouvements de population avec conditions de transport


déplorables.
juillet-août 1945, la conférence internationale de Potsdam => encadrement des
transferts de population « de manière ordonnée et humaine ». DPs = 11 millions de
personnes.
Certains veulent pas être rapatriés (travailleurs de l’URSS car crainte d’être vus
comme des traitres). Nommés les non-revenants (nievozvrascency).

Fin 1945 : 6/7 millions d’hommes et de femmes rapatriés par l’UNRRA (camion,
wagon, avion). Dont 5 millions de soviétiques car défini comme prioritaire avec
conférence de Yalta.

1945 = pas fin des mouvements des réfugiés et des déplacés. Rédéfinit le statut de
réfugier dans les années 1950.

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, plus de 20 millions de déracinés se


trouvaient disséminés à travers l’Europe. pour moitié constitué de réfugiés et
d’expulsés allemands

1945 = crise migratoire


en août 1945 environ 6,5 millions de personnes déplacées demeuraient encore dans
les zones d’occupation occidentales allemandes

écrit de la Russel Sage Foundation en 1946 : « l’incapacité à traiter de manière


constructive le problème des personnes réfugiées et déplacées pourrait s’avérer
fatale pour la reconstruction morale, politique et spirituelle de l’Europe »

Convention de Genève (1951) : définition universelle du réfugié.

Peter Gatrell qualifie la période de « violent peacetime » par la poursuite des


déplacements et migrations sous la contrainte après 1945. Ex avec 250 000 Italiens
chassés d’Istrie et de Dalmatie entre 1945 et mi 1950.

Si les personnes déplacées étaient parfois réticentes à rentrer chez elles, les
rapatriements pouvaient aussi être retardés ou entravés par les autorités des pays
qui les avaient accueillies. Les « DPs » polonais, en attente dans la zone d’occupation
britannique de l’Allemagne, étaient incités par le nouveau gouvernement de Varsovie
à rentrer en Pologne, où on leur proposait des offres d’emploi dans le secteur minier.
Mais les Britanniques, en revanche, ne souhaitaient absolument pas se priver d’une
main-d’œuvre jugée utile à la reconstruction et aux industries de la Ruhr

12 février 1946, l’Assemblée générale des Nations unies encourageant les personnes
déplacées à retourner rapidement dans leur pays d’origine, du moins lorsqu’elles y
consentaient + mise en œuvre d’un régime juridique international pour les réfugiés.
Appel de l’ONU relayé par l’UNRRA

En décembre 1946, on estimait que plus de 657 000 « DPs » stationnaient en


Allemagne de l’Ouest. Influence du Rideau de fer.
Définition « personne déplacée » et « réfugié » s’entremêle. dès les années 1946-
1947, gouvernements d’ Europe occidentale arrête l’objectif de rappatriement des
personnes venues d’Europe orientale. DPS bien que soucis sur logement et
ravitaillement sont utiles dans la reconstruction.

La population flottante des « DPs » devint de plus en plus clairement un enjeu


central de la Guerre froide naissante. À la fin de l’année 1946, les États-Unis
décidèrent de se retirer de l’UNRRA, considérée comme trop conciliante avec les
demandes soviétiques

Organisation internationale pour les réfugiés (OIR en français ; International


Refugee Organization en anglais) commence en été 1947.

En dépit des efforts collectifs ainsi déployés, en 1950 il restait encore quelque
150 000 « DPs » stationnant dans les camps et ne pouvant émigrer

Bien que promue comme dotée d’une portée universelle, la convention de Genève de
1951 définissait donc implicitement le réfugié comme un Européen. Il s’expliquait
avant tout par l’affrontement Est-Ouest, dont le texte de la convention était une
émanation directe

Olivier Forcade, Les déplacements de population en Europe dans les années 1940 :
introduction
La IVe Convention de Genève de 1949 posa des interdictions qui limitent le
déplacement forcé de celle-ci.

la convention de Genève sur les réfugiés du 28 juillet 1951 est le fruit des leçons
historiques des déplacements de population de la décennie 1940

Il y a donc désormais trois éléments pour reconnaître un réfugié au sens juridique du


terme, au sens de la Convention de 1951 : l’émigration, le risque de persécution, la «
carence ou la perversité des autorités de l’État national du réfugié qui devraient,
normalement, assurer sa protection

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