Pédologie Fert. Cosnservation 2023 044544

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Université Loyola du Congo

Faculté des Sciences Agronomiques et vétérinaires

Diapositives des notes de


Fertilisation & conservation du sol

Tony M. Muliele (PhD)

Deuxième Licence
2022-2023
II. Fertilisation

Facteur limitant, dose optimale?

Bilan des éléments minéraux, quelle perte?


2
II. Fertilisation
1. Introduction
- La fertilisation des sols • La plante, un être vivant
constitue l’ensemble des différent de l’animal et de
moyens mis en œuvre pour l’homme.
créer dans les sols les  De par son immobilité, la plante doit
conditions propres à assurer la pouvoir trouver ses aliments sur un
nutrition adéquate des cultures espace assez limité,
en vue d’en obtenir un comparativement à l'homme et à
rendement élevé. l'animal.
- Fertiliser un sol ne consiste
pas seulement à lui appliquer  A l'inverse de l'homme et de
l'animal, la plante (chlorophyllienne)
des éléments fertilisants, mais
est autotrophe, alors que ces
à le rendre et le maintenir premiers sont hétérotrophes en ce
fertile par une action qui concerne l'alimentation en C.
conjuguée sur tous les facteurs
qui agissent sur lui. 3
II. Fertilisation
1. Introduction : L’alimentation des végétaux varie avec l’écosystème.

Nature (Écosystème) Agrosystème


 Un nouvel habitat à nos plantes
 Nature = organisation et (vs. à la nature, on adapte le
équilibre milieu à la plante).
 Appauvrissement des sols par
des retraits fréquents des
 Adaptation des végétaux à
produits de récolte (voir le
leur milieu écologique
tableau ci-dessous).
(climax).
Cultures Rdt N P2O5 K2O
(t/ha) (kg/ha) (kg/ha) (kg/ha)
Manguier 15 100 25 110
 Absence d’exportation. Bananier 57 322 73 1.180
Citrus 20 22 12 57
Ananas 84 150 45 530
Papayer 80 225 60 180

L'agriculteur doit prendre des précautions pour aménager le sol, afin de l’adapter à chaque
culture (par ex. correction du pH; l'irrigation; le drainage; apport d’engrais). 4
II. Fertilisation
1. Introduction: Aperçu historique de la fertilisation
 Effet bénéfique des éléments minéraux • Les substances minérales sont des
(cendres, déchets organiques, chaux) éléments constitutifs des végétaux;
ajoutés au sol est connu depuis la nuit de • Les végétaux ont besoin de dix
temps chez beaucoup de peuples. éléments essentiels pour leur
 Vers 1830, la fonction des éléments croissance : C, O, H qui proviennent
commençait à intriguer les esprits
de l'eau et de l'air atmosphérique, et
scientifiques.
N, P, S, K, Ca, Mg, Fe, qui
 A l’antiquité, les scientifiques de l’époque
proviennent de sels du sol.
commençaient à parler du besoin
nutritionnel de la plante.  Ces considérations de LIEBIG
 ARISTOTE disait à l'époque : "le végétal ouvrirent ainsi une nouvelle ère, celle
est un animal inversé qui, au lieu de tenir de la production et de l'utilisation des
sa tête en l'air, fixe sa bouche au sol engrais chimiques, à la base de
pour extraire tout ce dont il a besoin. l’essor de l’agriculture des pays
 Après plusieurs études, parfois développés. Aujourd’hui encore,
contradictoires, les travaux de Liebig l’industrie des engrais est la grande
(1803-1873) aboutirent aux principes de consommatrice des produits
la Théorie de Liebig:
chimiques.
II. Fertilisation
I. Introduction: Concept moderne de la fertilisation

 Conception du passé  Conception moderne


 Traite encore bien sûr de
 considérait
l'augmentation quantitative des
essentiellement
rendements, mais en veillant à
l'augmentation
l'aspect qualitatif des récoltes et à
quantitative des
son influence sur le consommateur
rendements.
et sur l'environnement.
Par exemple:
- présence/absence des substances toxiques dans les produits de récolte,
par ex. la teneur en métaux lourds.
- L’excès de nitrates peut entrainer une accumulation des nitrates dans
certaines plantes : NO3- NO2- (tube digestif animal): NO2- +
amines = nitrosamines puissants agents cancérigènes.

D’où la relation de la fertilisation avec d’autres sciences: chimie, phytotechnie,


phytophysiologie, pytopathologie, éco-toxicologie, pédologie, physiologie
animale. 6
II. Fertilisation
2. Notion de la fertilité du sol
• La fertilité d'un sol peut se définir comme étant son "aptitude permanente" à
produire beaucoup dans son environnement, lorsqu'on lui applique les
techniques agricoles qui lui conviennent le mieux.
• Deux facteurs : Facteurs écologiques et facteurs techniques.

 Facteurs écologiques  Facteurs techniques


 choix des espèces et variétés
 Climat, par sa pluviosité (qté et
adaptées au milieu écologique,
distribution), température (min, max,
(sécheresse-stress hydrique,
moy), durée insolation, vents, etc, peut
photopériodisme, vernalisation).
interdire ou favoriser une culture dans
une région donnée.  les amendements, dont le but est,
 Sol, par ses propriétés (profondeur, notamment d'améliorer la
fertilité, nappe phréatique, etc) peut structure du sol, de régulariser
favoriser ou interdire une culture). son pH et, par-là, favoriser aussi
l'activité biologique
7
II. Fertilisation
2. Notion de la fertilité du sol
 Facteurs techniques • Fertiliser un sol ne consiste pas
 les techniques de travail du sol avec seulement à lui appliquer des
des instruments appropriés et en engrais, mais à le rendre et le
temps opportun, le contrôle des maintenir productif par une
éléments minéraux (teneur en action conjuguée sur tous les
éléments minéraux-[teneur totale ou facteurs susceptibles de
réserve, et sous forme assimilable], contribuer à sa productivité.
équilibre entre les minéraux) et de C’est dans cet optique qu’ont
l'humidité du sol, le désherbage et la été développés les concepts
lutte contre les ennemis des plantes modernes de fertilisation,
(pesticides). notamment : « santé du sol/Soil
 Contrairement au macroclimat qui health » et de « gestion
échappe au contrôle de l’agriculteur, intégrée de la fertilité du
ce dernier peut cependant avoir une sol/ISFM », à développer en
action déterminante sur les propriétés détails plus tard.
du sol, en les adaptant aux exigences
spécifiques de chaque culture. 8
II. Fertilisation
3. Amélioration des propriétés du sol
Texture Contraintes Améliorations
Physique Grossière - 85-95% de sable, - Apport de la matière
faible capacité de organique
rétention en eau et en - Apport du calcaire
éléments nutritifs,
réchauffement rapide
du sol
Fine - Faible perméabilité à - Drainage en cas excès
(prédomina l’eau et à l’air d’eau
nce de - Asphyxiant en cas - Apport d’éléments
l’argile) d’engorgement grossiers pour réduire
d’eau la forte cohésion des
- Difficile à travailler colloïdes.
et à la pénétration
des racines
Franche - - 9
II. Fertilisation
3. Amélioration des propriétés du sol
Propriétés Structure Contraintes Améliorations
Physique Particulaire Sans agrégats, manque - Apport de la matière
d’eau et d’éléments organique
minéraux - Apport du calcaire
Compacte - Colloïdes à l’état dispersé, - Apport de chaux
rend le sol imperméable à
l’eau et l’air, résistance
mécanique du sol élevé
Grumeleuse - Optimale: Pas de -
contraintes: particules
minérales du sol liées par
les colloïdes à l’état floculé:
- bonne circulation de l’air,
l’eau et pénétration des
racines.

10
II. Fertilisation
3. Amélioration des propriétés du sol
Propri Stabilité Contraintes Améliorations
étés structurale
Physiq Moins stable - Susceptible à - Apport de la matière
ue l’érosion organique
- Mauvaise qualité - Apport du calcaire
physique du sol - Apport des floculants
(aération, synthétiques
perméabilité) - Non labour

T0: labour sans paille


T1: Non labour + paille de bananier
T2: Non labour + paille de H. diplandra
T3: Non labour + paille de T. laxuum

Stabilité structurale du sol (aptitude des agrégats du sol à résister à l’action des facteurs externes,
ex. gouttes de pluies) sous différents systèmes de gestion du sol, 2 ans après application des
traitements. Source : Tony M. Muliele (2015).
II. Fertilisation
3. Amélioration des propriétés du sol
Propriétés Action Contraintes Améliorations
Chimique Directe Neutralisation du pH qui - Apport des
affecte directement la amendements
disponibilité des éléments calcaires,
minéraux et l’activité des - Apport d’engrais, de
microorganismes. cendres et/ou
composés
organiques
minéralisables.
Indirecte Accroitre la T (CEC) par - Apport de la matière
l’apport des amendements organique.
humifères, ce qui réduirait la
perte des cations par
lessivage.
Biologiques L’amélioration des propriétés physico-chimiques entraînent, ipto facto,
celles des propriétés biologiques.
Ex: La correction du pH, l’amélioration de l’aération affection
positivement l’activité des certains microrganismes.
12
II. Fertilisation
4. Critères d’appréciation de la fertilité du sol
Propriété du sol Critères de fertilité
i. Profondeur Une grande profondeur offre un grand espace aux racines et une
grande réserve de matières nutritives et d'eau du sol. Les racines
profondes sont aussi préservées de dessiccation lors de sécheresse.

ii. Texture et structure Les grains minéraux moyens et une bonne structure comme critère
d'une bonne fertilité favorisant un bon développement du système
racinaire, une bonne infiltration et conservation de l'eau et une bonne
aération. La texture peut aussi donner une idée sur les réserves
minérales du sol, une fine texture laissant présager sur une teneur
élevée en éléments minéraux.
iii. Réaction du sol Le pH (optimum) variable avec les cultures est souvent signe du niveau
(pH) du calcaire dans le sol. Il donne aussi une idée sur
l'assimilabilité des différents éléments nutritifs du sol et surtout des
oligo-éléments.

iv. Composition Un substrat parental homogène donne un sol pauvre en éléments


minéralogique du nutritifs et fournit une alimentation déséquilibrée. Par contre, un substrat
substrat parental hétérogène donne un sol riche en divers éléments nutritifs et fournit une
(roche-mère) alimentation plus ou moins équilibrée.
13
II. Fertilisation
4. Critères d’appréciation de la fertilité du sol
Propriété du sol Critères de fertilité
v. Teneur en éléments Une teneur en réserve totale en éléments nutritifs et une teneur
nutritifs optimale de la fraction mobile (assimilable) favorisent une croissance
optimale et soutenue des plantes.

vi. Teneur et Les colloïdes humiques améliorent la structure du sol, forment des
composition de complexes facilement mobilisables avec les substances minérales
l’humus (chélates) et activent la vie des microorganismes auxquels ils servent
de support et d'aliment. Dans le sol, le type de colloïdes peut donner
une idée sur la capacité d'échange cationique de celui-ci.

vii. Capacité du Une haute capacité du complexe absorbant constitue un pouvoir


complexe absorbant tampon bénéfique pour les plantes dans le cas d'excès de la fumure ;
(CEC = T) elle protège en même temps les éléments nutritifs contre l'entraînement
par les eaux d'infiltration.

ix. Présence de Absence de ceux-ci.


produits toxiques (Al,
Mn, Cd)

14
II. Fertilisation
5. Epuisement et perte des éléments minéraux du sol
 Exportations par les récoltes

 Lixiviation par les eaux de percolation (lessivage); plus important sur sols
légers et en régions à forte pluviosité.

 Phénomène de complexation ou de blocage.


Ex 1: un mauvais usage des engrais chimiques (ex : complexation des
phosphates solubles dans les sols latéritiques, riches en fer)
Ex 2: une mauvaise pratique du chaulage (apport inconsidéré de la
chaux mène souvent au blocage des oligoéléments, Fe, Cu, Mn, Zn, B).

 Les volatilisations gazeuses (pour N et S). Ex: sur sol sableux, l’urée peut
perdre jusqu’à 20% de son azote en 2 semaines.

 Erosions: perte du sol comme substrat et de sa fertilité (couche arable).

Compte tenu de tout ce qui précède, il faut contrôler régulièrement le statut


minéral des sols agricoles. D’où l’intérêt de déterminer les besoins
minéraux des plantes.
Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 15
II. Fertilisation

Volatilisation de l’azote

pH et disponibilité des éléments minéraux


/activité des microorganismes.

Exportation 16
Lessivage Complexation
II. Fertilisation
6. Besoin en éléments minéraux: Distinguons:
1. Besoins absolus: pour 2. Besoins
chaque espèce végétale, non relatifs: besoins en
seulement les différents engrais d’une culture
éléments minéraux croissant sur un
indispensables, mais surtout substrat déterminé et
les rapports entre ces éléments subissant l’influence
susceptibles d’assures la d’un climat particulier.
croissance optimale.
Ne se qu’en milieu synthétique (ex. On vise ici à
solution nutritive purifiée) : déterminer la dose
- Sur sol, il y a des facteurs optimale tout en
incontrôlés: fertilité naturelle du sol,
veillant à la balance
insolubilisation +/- prononcées des
apports minéraux aux sols.
entre les éléments.
- On devra veiller sur la compétition et
la toxicité des éléments minéraux. 17
II. Fertilisation
7. Concentration minérale des végétaux
2. Du point de vue quantitatif:
1. Du point de vue  Macro éléments (N, P, K)
qualitatif:
 Eléments secondaires
 Eléments chimiques (Ca, Mg, S).
essentiels pour la plante
 Microéléments Fe, Mn,
 Eléments chimiques Zn, Cu, B, Mo, Cl.
bénéfiques (Na, Si, Co, F).
 Eléments bénéfiques
 Eléments chimiques non (Na, Si, Co).
utiles.
3. Propriétés physico-
chimiques: métaux (Ca, Mg,
Fe) et non métaux (N, P, S)
18
II. Fertilisation
Éléments chimiques essentiels pour les plantes: trois critères à cet
effet (Arnon et Stout, 1939) :
 La plante doit être incapable d’accomplir son cycle de vie, en l’absence de
l’élément concerné,
 Cet élément doit être irremplaçable par un autre dans ses fonctions
métaboliques,
 L’élément doit être impliqué, directement, dans le métabolisme de la plante,
soit comme constituant d’un métabolite, ou soit comme activateur dans le
métabolisme.
Eléments chimiques bénéfiques: éléments minéraux, sans fonction
spécifique, mais capables, parfois, de se substituer aux éléments essentiels et
de stimuler le développement des certaines espèces végétales. Ex: Na pour les
plantes halophytes, le céleri et l’avoine; Si pour les Poacées (0,5%): confère aux
organes de soutien, la rigidité (résistance à la verse et au mildiou.
Eléments non utiles: certains éléments minéraux que l’on peut trouver dans
le végétal, n’y arrivent que parce qu’ils sont présents dans le sol qui porte le
végétal, ou proviennent d’autres sources. Ex: Métaux lourds (cadmium, mercure,
arsenic, plomb). Ce dernier, Il provoque le saturnisme, attaque le système
nerveux, les reins et le sang: atteintes neurologiques et la réduction du quotient
intellectuel; il bloque aussi les systèmes enzymatiques. 19
II. Fertilisation

Macroélts

Elts secondaires

Eléments
bénéfiques
II. Fertilisation
10. Évaluation du statut minéral des végétaux
 Diagnostic des symptômes
de carence sur la plante
L'identification exacte et
l'interprétation des symptômes
de carence est souvent
problématique. Les symptômes
des différents éléments peuvent
se couvrir, varier avec les
facteurs climatiques et parfois
ressembler aux maladies
parasitaires. Très souvent, les Symptômes de carence chez le bananier
symptômes de carence ne Source: Piet van Asten (CIALCA)

deviennent bien reconnaissables que par une carence prononcée,


alors que déjà une carence latente peut influer négativement sur le
rendement et la qualité des produits.
21
II. Fertilisation
10. Évaluation du statut minéral des végétaux
 Diagnostic des symptômes de carence sur la plante

22
II. Fertilisation
10. Évaluation du statut minéral des végétaux
 Diagnostic des symptômes de carence sur la plante

-S -S

Symptômes de carence en soufre : d’abord les feuilles les plus jeunes et


s’étendent sur les feuilles les plus âgées, ce qui donne des plantes
uniformément chlorosées. La carence en azote est similaire mais évolue en
sens contraire, des feuilles plus vieilles vers les feuilles jeunes.
23
Tony M. Muliele (PhD), LS_2019.
II. Fertilisation
10. Évaluation du statut minéral des végétaux
 Analyse du sol (au laboratoire ou par des tests rapides)
L'interprétation des résultats des sols dans les pays en développement
est tout aussi problématique à cause de manque d'expérience
suffisante sur la diversité des sols et à cause du manque de
corrélation entre les résultats d'analyses au laboratoire et des
expérimentations en champs.
 Tests sur les tissus et le diagnostic foliaire: méthode se base
sur le fait qu'une plante bien nourrie contiendrait chaque élément
minéral au-delà d'un certain seuil minimum.

N.B. Pour des résultats fiables, il faut standardiser la partie de la


plante à échantillonner et l'âge de la plante. Et aussi, combiner les
analyses de sols et celles des tissus et du diagnostic foliaire.
Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 24
II. Fertilisation
10. Évaluation du statut minéral des végétaux
 Expérimentation en champ
Nécessite beaucoup de temps et de
travail, mais elle donne des résultats
fiables et valables au lieu
d'expérimentation.
Résultats parfois difficile à extrapoler
sur l’ensemble de la région agricole.
Mais présente plusieurs avantages,
notamment:
- Évaluation économique des résultats

- Confirmer les résultats en laboratoire/station

- Servir de démonstration pour la vulgarisation


25
Tony M. Muliele (PhD), LS_2019.
II. Fertilisation
11. Détermination des besoins relatifs de plantes:
Quelques approches.

 Méthode de bilan: balance entre apports d’engrais (+ fertilité


intrinsèque du sol) et les exportations + pertes (lessivage,
drainage, insolubilisations).

 Approche de la parabole du semeur (Matthieu 13: 4 – 8).


- Échantillonnage (sols, feuilles), analyse au labo, essais en vases
sur base des traitements fixés sur les résultats des analyses,
essais sur le terrain (vérifier les travaux de labo, déterminer les
seuils critiques, la rentabilité).

 Approche de l’analyse de la courbe de démarcation (seuil


critique) – Webb, 1972.

Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 26


II. Fertilisation
11. Détermination des besoins relatifs de plantes:
Quelques approches.
 Approche de l’analyse de la courbe de démarcation (seuil
critique) – Webb, 1972.

Source: Tasistro, 2012.


Tony M. Muliele
(PhD), LS_2019.
27
II. Fertilisation
12. pH du sol
L’acidité ou l’alcalinité du sol provient d’un grand nombre de composés:
a) sels tels que les carbonates de Ca, de Mg, de Na, rencontrés dans les
sols calcaires et les sols salés,
b) les acides organiques et le CO2 provenant de l’atmosphère ou libérés
par les fermentations,
c) dans les sols acides, l’Al3+ donne par hydrolyse des ions H+.
d) ions H+ échangeables fixés sur le complexe absorbant interviennent
dans la régulation de l’acidité du milieu.
Mesure de pH:
 pHH2O (eau distillée comme solvant, rapport sol : eau = 1 : 2 ou 1 : 5.
(acidité actuelle). La plus utilisée.

 pH KCl (1N ou 0,1 N) (acidité potentielle)


- Δ pHH2O – pHKCl = 1 unité, acidité potentielle forte
- Δ pHH2O – pHKCl = ½ unité, acidité potentielle moyenne
- Δ pHH2O – pHKCl = < ½ unité, acidité potentielle faible.

 pHCaCl2 (extrait les H+ du sol), valeurs légèrement < à celles de pHH2O.


Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 28
II. Fertilisation
12. pH du sol : classification des sols
Memento de l’Agronome propose la classification suivante (1974) :

- pH < 4.5 : extrêmement acide


- pH : 7.4 à 7.8 : légèrement alcalin
- pH : 4.6 à 5.0 : très fortement acide
- pH : 7.9 à 8.4 : moyennement alcalin
- pH : 5.1 à 5.5 : fortement acide
- pH : 8.5 à 9.0 : fortement alcalin
- pH : 5.6 à 6 : moyennement acide
- pH : 9.1 : très fortement alcalin
- pH : 6.1 à6.5 : faiblement acide
- pH : 6.6 à 7.3 : neutre

Signalons que la plupart des sols ont leur pH variant entre 4 et 8. En


dessous de pH4, les sols contiennent généralement du soufre conduisant à
la formation de l’acide sulfurique et au-delà de pH8, les sols présentent
souvent un excès de sels de Ca ou un excès des cations Na+ sur leur
complexe. Le meilleur pH se situe souvent entre 5,5 et 6,5, ce qui équivaut
à un sol légèrement acide.

Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 29


II. Fertilisation
12. pH du sol: Conséquences de l’acidité
Pourquoi les récoltes sont mauvaises sur sols acides (excès des ions H+,
manque des ions Ca2+ et Mg2+)?

 Mauvais état physique: structure compacte et instable, perméabilité


réduite (aération réduite)

 Mauvais état chimique: mauvaise alimentation minérale: ions K+ peu


abondant et fortement retenus sur le complexe, HPO42- et H2PO4- ne sont
pas retenus sur le complexe, faute de pont calcique, pH acide affecte
négativement la disponibilité des éléments minéraux.

 Mauvais état biologique du sol: l’activité des vers de terre et bactéries


nitrifiantes ralenties, mauvaise minéralisation de la matière organique
(mauvaise aération, excès d’eau, manque de Ca et Mg, acidité), culture
des légumineuses est difficile (rhizobium, les bactéries associés aux
légumineuses se développent mal), mauvaise alimentation minérale.

Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 30


II. Fertilisation
12. pH du sol : effet sur les éléments minéraux du sol

Relation entre pH et la disponibilité des éléments minéraux. Source : Yara US.

Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 31


II. Fertilisation
12. pH du sol: Comportement des plantes en fonction du pH.

a) des plantes acidophiles : qui préfèrent des pH acides de 5.0 et au-dessous.


Ex. Hévéa, théier, ananas.

b) Plantes faiblement acidophiles : elles supportent fort mal une réaction


alcaline du milieu, mais possèdent une résistance moyenne à Al3+ qui se
traduit souvent par des baisses de rendement. Ex : Manioc, bananier,
palmier à huile, caféier.

c) Plantes neutrophiles : cacaoyer, soja, arachide, cotonnier, pyrèthre,


supportent parfaitement des pH alcalins de l’ordre de 7.2 à 7.5.Il s’agit
surtout d’espèces craignant l’aluminium échangeable.

d) Plantes indifférentes, à la fois résistantes à l’alcalinité du sol et à


l’aluminium échangeable (Al3+); elles admettent une large gamme de pH.
Ex. la canne à sucre, le riz, le maïs, le cocotier.

Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 32


II. Fertilisation
12. pH du sol: Réajustement du pH.
Sols acides Sols basiques
 Sols ayant subit une réduction de  Dans des régions arides
pH, préjudiciables pour les notamment, avec des sols aux taux
cultures: Réajustement le plus de Ca et à pH très élevés. Dans ce
souvent se fait par les cas, contrairement à l'action du
amendements calcaires chaulage, on cherche à baisser le
(chaulage). pH du sol, par des apports des
 Amendements calcaires: produits acidifiants.
- Produits crus: carbonates (calcite),  Produits utilisés, notamment: le
craies (calcaires tendres), dolomie, soufre, l'acide sulfurique (très
calcaire dolomitique) corrosif, est, toutefois, très délicat),
- Produits cuits: CaO (chaux vive), le sulfate d'aluminium, et le
Ca(OH)2 (chaux éteinte) sulfate de fer.
- Autres produits (résidus  des produits à base de SO42- et le
industriels): écumes de défécation soufre (S), qui après oxydation,
de sucrerie, scories de dans le sol (bactéries du genre de
déphosphoration obtenues dans la Thiobacillus) forment H2SO4 qui
purification de l’acier.- contribue à baisser le pH.
Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 33
II. Fertilisation
13. Amendements humifères
 La matière organique est une partie intégrante du sol, elle joue
dans le sol, un double rôle:
a) un rôle trophique pour les plantes, puisqu’ elles fournissent la quasi-
totalité de l'azote du sol et une part importante d'autres éléments,
surtout S et P,
b) un rôle d'amendement pour le sol, puisqu'elles améliorent les
propriétés du sol (physiques, chimiques et biologiques).

 Types et origines des matières organiques


a) Matière organique d’origine animale (produits issus de
l’élevage: déjections, sang et farines des os), guano
(déjections des oiseaux sauvages), etc.
b) Matière organique d’origine végétale (résidus de récolte,
engrais verts, ordures ménagères, déchets des industries agro
alimentaires, scierie, etc). Plus pauvre en éléments minéraux
que la matière organique d’origine animale.
34
Tony M. Muliele (PhD), LS_2019.
II. Fertilisation
13. Amendements humifères
 Caractérisation et vitesse de décomposition des matières
organiques (MO):

Le rapport C/N donne une idée sur la nature des matières organiques et
leur degré de décomposition. Varie largement suivant les types de MO.
Quelques exemples de C/N: Humus: 10-11/1, Paille: ~ 80-100/1; Fumier:
20-25/1 et Engrais verts: 16-20/1.
a) Si C/N > 30: il faut compenser les prélèvements de l'azote par les
microorganismes, par des apports d'engrais azotés pour que la
culture ne souffre pas de la carence en cet élément.
b) Si C/N = 20-30: les prélèvements et la minéralisation se tiennent la
balance.
c) Si C/N < 20: la minéralisation excède les prélèvements.

 La vitesse de décomposition est bien entendu fonction de la quantité


de matières organiques apportées, du supplément d'azote apporté et
de la résistance de matières organiques utilisées (elle même fonction
de leur teneur en cellulose, en lignine, en cires et en lipides), de
l'humidité et de la température du sol. Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 35
II. Fertilisation
13. Amendements humifères

 Décomposition de la matière organique du sol sous les tropiques

Sous les tropiques et surtout dans la région équatoriale, la décomposition


et la minéralisation des matières organiques se font très rapidement, à
cause de :
a) pluies abondantes et régulières;
b) humidité relative de l'air au niveau du sol, presque toujours au point de
saturation;
c) température, toujours élevée, en moyenne 25C;
d) abondance d'insectes dans et sur le sol.

N.B. La matière organique dans les sols tropicaux exige une


attention particulière, surtout en agriculture intensive : Les apports
doivent être plus réguliers.

Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 36


II. Fertilisation
13. Amendements humifères : utilisations
Paramètres Acacia Drèche de Haumania Parche de Tithonia

Source: Tony M. Muliele (JAPS 32 (2))


auriculiformis brasserie liebrechtsiana café diversifolia
Ca (%) 0,91 0,39 0,17 0,15 2,45
Mg (%) 0,08 0,10 0,12 0,13 0,39
N (%) 1,36 4,88 2,71 1,69 5,45
P (%) 0,31 0,06 0,11 0,42 0,32
K (%) 0,15 1,71 0,90 0,03 3,15
C (%) 53,69 48,87 47,01 44,86 41,89
Lignine (%) 33,87 6,38 9,67 28,61 16,10
Cellulose (%) 20,17 17,25 27,82 30,43 16,85
Hémicellulose (%) 10,96 43,19 32,37 14,85 6,83
C/N 39,47 10,01 17,34 26,54 7,68
Lignine/N 24,90 1,30 3,56 16,92 2,95
Cellulose/N 14,83 3,53 10,26 18,00 3,09
Hémicellulose/N 8,05 8,85 11,94 8,78 1,25

Selon leur âge et leur teneur en carbone (cellulose, hémicellulose et lignine), ils
peuvent être, notamment:
- appliqués directement à la surface du sol (paillis) ou incorporés au sol ;
- compostés, au préalable, avant leur application au sol (cas des produits riches en
cellulose et en lignine, ex. balles de riz, la parche de café et la sciure de bois);
- soumis, au préalable, à la fermentation (digesteurs producteurs de biogaz ;
- soumis, au préalable, à la biodigestion, sous forme d’aliments au bétail ;
- incinérés pour obtenir des cendres ou sels minéraux directement disponibles pour
les plantes.
Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 37
II. Fertilisation
13. Amendements humifères : utilisations
Différents amendements humifères:
a) Engrais verts: Ce sont des cultures dérobées de végétation à croissance
rapide, enfouies sur place et destinées, avant tout, à améliorer les
propriétés du sol. Avantages: couvrir le sol, le protégeant ainsi contre la
battance des pluies, contre l'érosion de ruissellement et éolienne et contre
l'insolation directe; les racines labourent le sol pour la culture subséquente
et les légumineuses enrichissent le sol en azote (jusqu’à 200 ou plus kg
N/ha/an). N.B. Stade idéal d’enfouissement: stade maximal de
développement = Floraison.

b) Compost: Produits de décomposition et de désagrégation des déchets ou


débris de toute nature (animale et végétale) + de la chaux pour activer les
micro organismes.
c) Pailles (dry mulching): substance organique étendue à la surface du sol,
empêchant l'action directe du soleil et de la pluie sur le sol, tout en
maintenant l'humidité nécessaire en surface.

b) Fumier de ferme: Déjections solides (substances qui ont échappé à la


digestion et aux fermentations gazeuses du tube digestif) et liquides
(produits résultant d'une transformation des matières ingérées) des
Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 38
animaux + leur litière.
II. Fertilisation
13. Amendements humifères : utilisations

Fumier de ferme: Des précautions devraient être prises pour éviter les
pertes d’azote et de potassium :

 pertes en N sous forme d'NH3 volatile :


a) Utiliser une litière capable de fixer l'ammoniac, telle la tourbe ou d'éviter une
trop grande concentration des déjections liquides dans la litière,
b) Transformer NH3 en un produit non volatil par l'adjonction des produits
acidifiants, tel le sulfate de fer, le plâtre, le superphosphate, l'acide
sulfurique. Mais ces substances ont l'inconvénient d'arrêter la fermentation
du fumier. En tassant, suffisamment, le fumier, on peut minimiser la
volatilisation de l'ammoniac.

 Les pertes en K : s'opèrent, essentiellement, par l'écoulement du jus. Pour


les éviter, il faut empêcher l'écoulement du jus en disposant le fumier sur
une plate-forme étanche (béton ou plastique) ou en recueillant le purin dans
un puits étanche.

Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 39


II. Fertilisation
13. Amendements humifères : utilisations
Matière organique (MO) du sol et classification des sols: deux concepts
importants.

1. Teneur en MO du sol: % de la matière organique se trouvant dans le sol.


2. Quantité de MO: s’exprime en kg/m² ou T/ha, dans une profondeur donnée.

Dans la pratique pour trouver la teneur en matière organique d'un sol, il suffit d'en
déterminer la teneur en C. Celle-ci étant, en moyenne de 50 % (45-60 %), il
suffira de la multiplier par le coefficient 2, ou 1,72, si l’on considère la teneur de
58% C.
Classification des sols d'après la teneur en matière organique
Teneur en Matière organique
Désignation des sols
(horizon Ah)
<1 pauvre en humus
>1 – 2 légèrement humique
>2 – 4 moyennement humique
>4 – 10 riche en humus
>10 – 15 très riche en humus
>15- 30 semi-tourbeux
> 30 Tourbeux 40
II. Fertilisation
14. Eau, facteur écologique de fertilité
L’eau : constituant naturel du sol, phase liquide du sol qui agit en tant que
telle sur le complexe sol-plante, surtout en relation avec l'alimentation en eau
et en sels minéraux des plantes. Elle agit sur la pédogenèse et l’évolution
des sols.

Dans une région donnée, la teneur en eau du sol dépendra de la quantité, de


la fréquence et de l’intensité des précipitations, du relief, de la capacité
d'absorption du sol et de sa perméabilité.

Dans la nature, les sources de l’eau sont multiples : les précipitations


atmosphériques, les eaux de surface (rivières, lacs, océans,…) et les nappes
phréatiques souterraines, qui peuvent être constituées des eaux fossiles
épuisables.
Dans les régions chaudes, l’eau est souvent le facteur limitant de la
production, des précautions devraient être prises pour s’assurer de la
disponibilité permanente de cette ressource aussi bien en quantité (source
non tarissable), qu’en qualité (exempte des quantités excessives de sels).
Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 41
II. Fertilisation
14. Eau, facteur écologique de fertilité
La qualité de l'eau utilisée en agriculture réside, essentiellement, dans sa
teneur en sels solubles qui, peuvent présenter différents degrés de toxicité.
Ces sels proviennent de l'altération des roches ou peuvent provenir des
sources exogènes (Ex. région minière).
Sels influant sur la qualité de l'eau.

Anions cations Na+ Mg++ Ca++

HCO3-, CO3-- Na2CO3, NaHCO3


SO4-- Na2SO4 MgSO4
Cl- NaCl MgCl2 CaCl2

MgCO3, Mg(HCO3)2, CaCO3, Ca(HCO3)2 et CaSO4 ne deviennent toxiques,


pour les plantes, qu’à des concentrations élevées. Ils comptent d’ailleurs,
parmi les substances utiles pour la plante. Néanmoins, la toxicité peut
survenir avec n’importe quel élément, lorsque sa concentration excède le
seuil de tolérance de la culture.
Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 42
II. Fertilisation
14. Eau, facteur écologique de fertilité
Concentrations maximales (mg/l) de quelques éléments
recommandées pour les eaux d’irrigation.
Éléments Eaux utilisées en permanence; Utilisation allant jusqu'à 20 ans sur des sols
(symbole) tous types de sol à texture fine, ayant un pH de 6 à 8,5
Al 5,0 20,0
B 1 2,0
Cd 0,01 0,05
Cr 0,1 1,0
Cu 0,2 5,0
F 1,0 15,0
Fe 5,0 20,0
Pb 5,0 10,0
Li 2,5 2,5
Mn 0,2 10,0
Mo 0,01 0,05
Zn 2,0 10,0
Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 43
II. Fertilisation
14. Eau, facteur écologique de fertilité
 Effets de l'eau de qualité médiocre sur le sol et les cultures
recommandées pour les eaux d’irrigation.

Au-delà d'une certaine concentration des sels dans le sol (1 %, variables


suivant les types de sol), la pression osmotique de la solution du sol peut
devenir si grande que les plantes de culture ne parviennent plus à absorber
l'eau. Les effets néfastes sont:

a) Salinisation du sol: concentration des sels en zone racinaire compromette


l’absorption d’eau.
b) Imperméabilisation du sol: sous l'effet de certains sels, la perméabilité du
sol peut diminuer et rendre la pénétration et la circulation de l'eau et de
l'air dans le sol beaucoup plus difficile. Ainsi, le volume d'eau mise en
réserve pour être utilisée par la culture.
c) Toxicité : liée, généralement, à la présence de certains éléments,
particulièrement toxiques pour les plantes (sodium, chlore et bore). Se
manifeste directement sur la plante.
Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 44
II. Fertilisation
14. Eau, facteur écologique de fertilité
 Méthodes de lutte contre les méfaits de l'eau de mauvaise qualité

a) Lutte contre la salinité


- irriguer plus fréquemment (améliorer l'apport en eau de la culture et
permettre ainsi la lixiviation des sels ou si possible changer de source d’eau;
- Choisir des cultures tolérantes à une salinité existante ou éventuelle;
- Choisir la méthode d'irrigation appropriée. Avec l'irrigation de surface, à
cause de la consommation d’eau par la plante et de l'évaporation, la solution
du sol devient rapidement plus salée qu'avec une irrigation régulière par
aspersion;
- Cultures sur billons.
- Régulariser la surface du terrain pour rendre l'application et l’évaporation
de l'eau plus uniforme;
- Modifier le profil du sol pour améliorer la percolation de l'eau en profondeur,
en brisant ou en détruisant des horizons durcis qui empêchent ou ralentissent
la percolation de l'eau;
- Installer un drainage artificiel, s'il existe une nappe gênante ou s'il existe un
banc d'argile ou un horizon durci; Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 45
II. Fertilisation
14. Eau, facteur écologique de fertilité
 Méthodes de lutte contre les méfaits de l'eau de mauvaise qualité

b) Solutions d'aménagement aux problèmes affectant la perméabilité


- diminution du taux de sodium ou augmentation du taux de calcium et de
magnésium du sol;
- labours profonds;
- arrosages plus fréquents, pour éviter que les cultures ne souffrent d'un
déficit hydrique entre les arrosages.

c) Lutte contre la toxicité (éléments à craindre pour les plantes arboricoles


et autres plantes ligneuses pérennes: Na, B, Cl). Toutefois, la toxicité peut
survenir avec n'importe quel élément lorsque sa concentration excède le seuil
de tolérance des cultures. Toxicité se manifeste par des symptômes
spécifiques.
- Toxicité sodique: se modifie et même s'atténue en présence de calcium.
- Toxicité du bore: fréquent si on utilise l’eau des sources géothermales ou à
proximité des failles sismiques.
Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 46
II. Fertilisation
14. Eau, facteur écologique de fertilité
 Gestion de l’eau

a) Déficit d’eau
-1 Les sources supplémentaires aux sources habituelles
- Collecte de l'eau de pluie (au pied des versants, dans des bassins artificiels).
- Réemploi des eaux (de plus en plus, il sera fait recours à la réutilisation des eaux
usées) par le processus de recyclage, de dessalement de l’eau de mer, etc.

2 Réduction des pertes


- Réduction de l'évaporation des plans d'eau, et des surfaces des sols par le paillis
- Réduction des infiltrations dans les canaux et bassins de retenu
- Approvisionnement par filets d'eau (irrigation goutte à goutte laissant s'écouler l'eau
à côté de chaque plante (plus approprié pour des vergers p. ex.
- Réduction de la transpiration des plantes par la sélection, car ± 99 % d'eau
absorbée par les racines sont rejetés dans l'atmosphère par les feuilles.
- Agriculture en milieu confiné (contrôlé)  sous toiles en plastique transparent.

Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 47


II. Fertilisation
14. Eau, facteur écologique de fertilité
 Gestion de l’eau

b) Excès d’eau

- Drainage.

Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 48


II. Fertilisation
15. Lois de la fertilisation (Lois de la fumure ou de la Xce végétale)
1. Loi de restitution (lois des avances) (Boussingault & Dehérain)
Pour éviter l'épuisement du sol, il est nécessaire de lui restituer les
éléments fertilisants enlevés par les récoltes.
C'est une évidence, mais si la restitution des éléments exportés par les
récoltes est nécessaire, elle n'est pas suffisante, car il faut aussi tenir compte
des autres pertes notamment les pertes par les eaux d’infiltration, la variation
des exigences de la plante qui ne peuvent ne pas correspondre avec la
composition finale des récoltes.

2. Loi du minimum (Loi de Liebig) : (concerne tous les facteurs de


rendement).

L'importance du rendement obtenu est déterminée par l'élément qui se


trouve en plus faible quantité, relativement, aux besoins des récoltes.

Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 49


II. Fertilisation
15. Lois de la fertilisation
2. Loi du minimum (Loi de Liebig) : Dans ce cas-ci, Na est le facteur limitant.

Source: Tasistro, 2012.


Tony M. Muliele (PhD), LS_2019.

50
II. Fertilisation
15. Lois de la fertilisation
3. Loi des excédents moins que proportionnels (Mitscherlich)
Quand on apporte des doses croissantes d'engrais, les augmentations
de récolte obtenues sont de plus en plus faibles, au fur et à mesure que
les doses s'élèvent. En d’autres termes il arrive un moment où la dose
supplémentaire d'engrais ne procure aucune augmentation de
rendement : le rendement maximum théorique est atteint.

51
Tony M. Muliele (PhD), LS_2019.
II. Fertilisation
16. Engrais ou fertilisants

Un engrais est une substance destinée à fournir à la plante un ou


plusieurs éléments minéraux nécessaires à son métabolisme normal
qui, soit manquent au sol, soit y sont en quantité insuffisante ou soit
encore sont sous formes inassimilables.

Trois (3) catégories:


1) Engrais organiques
2) Engrais minéraux
3) Engrais biologiques (attention particulière dans les pays pauvres)

1. Engrais organiques: Seules les matières organiques dosant, au


moins, 3% d’azote sont considérées comme engrais.
Ce sont notamment les déjections humaines et animales, avec ou
sans litière, les tourteaux d’huileries, les restes d’animaux, les guanos,
les légumineuses ou d’autres espèces végétales.
52
Tony M. Muliele (PhD), LS_2019.
II. Fertilisation
16. Engrais ou fertilisants

1. Engrais organiques:

Avantages Désavantages

- Libération lente et - Faible teneur en éléments minéraux


progressive des minéraux (1 - 4%), sauf, ceux d’origine animale,
- Limitation de risque de Manipulation de grandes quantités
perte d’éléments minéraux (T/ha),
par infiltration dans le sol - Composition minérale fort variable,
- Faible cout d’acquisition selon l’âge, le site, l’espèce;
(voire gratuite) - Dosage difficile et apport minéral
- Couverture du sol déséquilibre,
(protection du sol) - Risque de perte de l’azote par
volatilisation, sous forme ammoniacale.

Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 53


II. Fertilisation
16. Engrais ou fertilisants

2. Fertilisants biologiques : sont constitués d’organismes


microscopiques libres ou symbiotiques, vivant avec des plantes
supérieures. Ces microorganismes, à l’instar des fixateurs d’azote
(Rhizobium), fournissent aux plantes ou enrichissent le sol en azote.
Par contre, les mycorhizes facilitent, seulement, l’absorption de l’eau
et des éléments minéraux (phosphore et oligo-éléments,
particulièrement) aux plantes.
Avantages Désavantages
- Enrichissent le sol en minéraux, à faible coût;
- Constituent une alternative aux engrais - Nécessite un
minéraux, ou tout au moins, ils peuvent en laboratoire de
réduire le coût; production de
- Sont d’un usage facile, l’inoculum.
- Ne présentent aucun, ni d’intoxication pour le
manipulateur, ni de surdosage pour les
plantes. Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 54
II. Fertilisation
16. Engrais ou fertilisants

3. Engrais minéraux :
Suivant les procédé de fabrication, les produits:
- Formes physiques: gazeux (ex. NH3), liquide (D.I. grow green ou
solide (ex. NPK 17-17-17).
- Calibres (granules, cristaux, poudres grossières ou fines): Un engrais
de bonne qualité doit avoir des particules d’un calibre uniforme.
3.1. Valeur d’un engrais
Valeur fertilisante d'un engrais s'exprime par la teneur de l'élément ou des
éléments fertilisants qu'il est chargé d'apporter (tableau ci-dessous).
Eléments Teneur en
N N
P anhydride phosphorique (P2O5)
K, Ca, Mg en oxyde de K (K2O), Ca (CaO), Mg (MgO)
S S
N.B. pour la FAO, la tendance est d'exprimer la teneur de tous les
55
éléments minéraux, en éléments purs, N, P, K, Mg, Ca, S, etc.
II. Fertilisation
16. Engrais ou fertilisants

3.2. Classes des engrais minéraux: 2 classes


1. Les engrais simples : n’apportent qu'un seul des 3 éléments NPK.

2. Les engrais composés : apportent, au moins, deux de ces 3 éléments (NPK).

3.2.1 Les engrais simples

a) Les engrais azotés simples: L’ammoniac est la base de fabrication des


engrais azotés dont les matières premières sont les hydrocarbures.

Les principaux engrais azotés simples : Ammoniac (NH3), sulfate


d’ammoniaque (NH4)2SO4), Nitrate d’ammonium (NH4NO3), Nitrate de chaux
(Ca(NO3)2), Sulfonitrate d'ammoniaque (NH4NO3 (NH4)2SO4), Nitrate
d'ammonium, Cyanamide de chaux, urée (CO(NH2)2).

Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 56


II. Fertilisation
16. Engrais ou fertilisants
a) Les engrais azotés simples (suite)

N%

46
21
26
23
16

82
82

Tony M. Muliele (PhD), LS_2019.


57
II. Fertilisation
16. Engrais ou fertilisants
a) Les engrais azotés simples (suite): choix entre NH4NO3 et CO(NH2)2

58
Tony M. Muliele (PhD), LS_2019.
II. Fertilisation
16. Engrais ou fertilisants
a) Les engrais azotés simples (suite): comment limiter les pertes?

 Facteur de risque de la  Facteurs de risque de lessivage


volatilisation: - Fortes pluies après l’apport, sols saturés d’eau ou
- T° de l’air élevée, vent fort risque d’inondation
- Temps sec, sol nu - Apport d’azote en excès par rapport à la capacité
- pH du sol > 7,0. d’absorption de la plante
- Faible CEC (T) du sol - Cultures à faible enracinement
- Sol peur profond, sol sableux et très filtrant.

 Techniques pour prévenir  Techniques pour prévenir les pertes d’azote


la volatilisation de NH3: nitrique par lessivage
- Enfouissement des apports - Dose et date d’apport adapté à la croissance de la
ou légère irrigation après plante et sa capacité d’absorption
épandage - Fractionnement plus fréquent et diminution des
- Epandage en l’absence de doses par apport
vent, par temps frais ou - Respect de règles d’épandage en vigueur
avant une pluie - Apport en sol ressuyé, hors risque d’inondation
- Apport sous un couvert - Mise en place rapide de la culture suivante ou d’une
dense. culture intermédiaire piège à nitrate.
59
Tony M. Muliele (PhD), LS_2019.
II. Fertilisation
16. Engrais ou fertilisants

b) Les engrais phosphatés

Fabrication des principaux engrais phosphatés

Pour produire les engrais phosphatés, il faut :


- Gisement de phosphate naturel,
- L’acide sulfurique (H2SO4) et l’acide phosphorique (H3PO4) en vue
d’obtenir les engrais hydrosolubles.
Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 60
II. Fertilisation
16. Engrais ou fertilisants
b) Les engrais phosphatés simples

Quelques engrais phosphatés simples: Apatite (30% P2O5),


Superphosphate simple de chaux, Superphosphate triple (44-47% P2O5),
Scories de déphosphoration ((15/12-24)% P2O5).

Nota bene :
- Dans les sols tropicaux, riches en Fe, il est préférable d’utiliser le PN,
peu soluble, qui permet d’éviter la dégradation des sols (complexation de
phosphore par le Fe).

- Dans le sol, sa phytodisponibilité est favorisée, notamment, par la


matière organique et la petite dimension des particules (300-150
micromètres). Les phosphates naturels, d’origine sédimentaire, avec
grande réactivité, sont plus indiqués, pour l’application directe.

Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 61


II. Fertilisation
16. Engrais ou fertilisants
C) Les engrais potassiques

Sources : Essentiellement, trois minerais: 1) Sylvinite (KCl.NaCl), 2) carnallite


(KCl.MgCl2.6H2O) et, 3) Kaïnite (KCl.MgSO4.3H2O).

Aux USA, des gisements de Langbeinite (K2SO4.MgSO4), qui pourrait convenir


à l’application directe, dans des sols carencés en magnésium.

Quelques engrais types: Sylvinite (12-15% K2O), Chlorure de potassium (plus


commun) (40-60% de K2O), sulfate de potasse (50%).

Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 62


II. Fertilisation
16. Engrais ou fertilisants
2.3.2 Engrais composés
Ce sont des produits contenant, au moins, deux des trois éléments fertilisants
de base N, P et K. En d’autres termes, engrais NP, NK, PK et NPK.

La teneur en éléments fertilisants des engrais composés est donnée par une
formule de 3 nombres représentant, dans l'ordre NPK, la quantité de chaque
élément contenu dans 100 kg d'engrais solide ou 100 litres d'engrais liquide.
Exemple: NPK 17-17-17.

 Catégories

a) Engrais composés de mélange : engrais contenant 2 ou 3 éléments


(NPK), obtenus par mélange mécanique intime de constituants simples,
sous forme solide, avec ou sans addition d'eau pour la granulation. Suivant
l'origine des matières azotées, on distingue des composés minéraux et des
organo-minéraux (ex. de composés organiques: guano, tourteaux). Ces
engrais de mélange peuvent être pulvérulents ou granulés.
Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 63
II. Fertilisation
16. Engrais ou fertilisants
2.3.2 Engrais composés (suite)
b) Engrais complexes ou de combinaison chimique :

 Binaire NP solides:
 Phosphates d’ammoniaque
- Phosphate monoammoniaque (MAP), pH 4,0 : 11- 55 - 0 ou 11- 48 - 0.
- Phosphate diammoniaque (DAP-(NH2)2HPO4)), pH 6,5: 18 - 46 - 0.

MAP DAP

 Superphosphates ammoniés
 Phosphonitrates ou nitrophosphates
Tony M. Muliele (PhD), LS_2019.
64
II. Fertilisation
16. Engrais ou fertilisants
2.3.2 Engrais composés (suite)
b) Engrais complexes ou de combinaison chimique :

 Binaires liquides: solutions dans lesquelles l'azote provient des


phosphates et polyphosphates d'ammoniaque, de l'urée ou du nitrate
d'ammoniaque et l'acide phosphorique des phosphates et
polyphosphates d'ammoniaque.
 Binaires NK: Le nitrate de potasse (KNO3)
 Binaires PK: Obtenus par mélange de sels de potasse avec un engrais
phosphaté.

 Engrais ternaires (NPK)


 Mélange en vrac ou bulk blending : Mélange mécanique d'engrais
granulés simples ou binaires. Granules de même densité et même
grosseur, afin de limiter la séparation des constituants suivant leur densité
et leur grosseur, en tas, au cours de transport et d'épandage.
 Ternaires liquides: solutions à base d’azote (urée, nitrate d'ammoniaque,
phosphates d'ammoniaque), de P (Phosphate et polyphosphates
d'ammoniaque) et de K (chlorure de potassium). 65
Tony M. Muliele (PhD), LS_2019.
II. Fertilisation
16. Engrais ou fertilisants
2.3.2 Engrais composés (suite)

b) Engrais complexes ou de combinaison chimique

 Appréciation et choix d'un engrais composé

1) Concentration de l'engrais = ∑ des unités fertilisantes N P K aux 100 kg.


Ex: NPK 10 -10 - 15 : 35 unités. Même concentration mais proportion
Ex: NPK 15 – 5 -15 : 35 unités. différente. Toujours préciser la proportion.

2. Equilibre ou proportion des éléments NPK dans l’engrais. N est l’unité.


Ex: NPK 10-10-15: Proportion est 1 : 1 : 1,5.

3. Forme chimique: forme chimique sous laquelle se présentent les éléments


fertilisants est un élément indispensable pour la prise de décision.

Le prix de l’unité fertilisante et l’utilisation dépendent de la forme chimique de


l’élément.
Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 66
II. Fertilisation
16. Engrais ou fertilisants
2.3.2 Engrais composés (suite)

b) Engrais complexes ou de combinaison chimique

 Les modes d'apport des fertilisants

- L’azote est très mobile dans le sol


- Le phosphore et le potassium ont une faible mobilité dans le sol.

Conséquemment:
- Binaires P-K : ce sont essentiellement des engrais de fond (mise à
disposition lente des éléments), à utiliser pendant la préparation du sol
avant la culture, si l'acide phosphorique est sous une forme peu soluble.
Ils sont enfouis par le labour ou apportés par épandage en couverture.

- L’azote ne doit pas être fourni trop longtemps avant que la plante ne
puisse être en mesure de l'absorber (risque de lessivage et volatilisation):
fumure d’appoint et en cas de carence, on apportera une fumure de
correction. 67
Tony M. Muliele (PhD), LS_2019.
II. Fertilisation
16. Engrais ou fertilisants
2.3.3. Conditions d'emploi des engrais composés
 Objectif d’épandage d’engrais : est de les apporter de façon telle
que la plante puisse les absorber en temps opportun et en quantités
voulues.

Doit tenir compte de : 1) comportement de l'engrais dans le sol (selon


sa composition chimique, 2) port du système racinaire, 3) forme
physique sous laquelle se présente l’engrais (solide, liquide ou gaz).

 Épandage des engrais minéraux

Distinguons trois modes d’épandage:


1) En couverture (épandage sur sol nu, avant semis ou pleine culture)

2) Par enfouissement (à une profondeur donnée)


68
3) En localisation (endroit ciblé, en surface ou par enfouissement)
II. Fertilisation
16. Engrais ou fertilisants
2.3.3. Conditions d'emploi des engrais composés
 Épandage des oligo-éléments

Pour effet rapide, on envisage l’introduction directe dans la plante


même:
- mise à découvert d'une racine intacte qu'on plonge dans un flacon
renfermant la solution à faire absorber (concentration < 1 %) (arbres)

- badigeonnage des plaies sur la plante (arbres)

- injection dans le tronc (arbres fruitiers) : un forage est pratiqué à l'aide d'une
tarière avec minimum de dégâts. La solution introduite diffuse
progressivement, de bas en haut, au-dessus du point d'injection dans le
sens de la circulation de la sève.

- injection par le pétiole d'une feuille sectionnée, coiffée d'un tube renfermant
la solution.
Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 69
II. Fertilisation
16. Engrais ou fertilisants

2.3.3. Conditions d'emploi des engrais composés

 Épandage des oligo-éléments (suite)

- Trempage des racines dans une solution d'oligo-éléments avant


repiquage. Un liant peut permettre la rétention d'une grande
quantité;

- Pulvérisation sur les feuilles au cours de végétation;

- Imbibition des semences avant semis.

Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 70


II. Fertilisation
16. Engrais ou fertilisants

2.3.4 Calcul de la dose d’engrais

La quantité d'engrais à appliquer à l'hectare dépendra de la


concentration de l'engrais disponible. Le calcul tiendra compte de la
dose à épandre et de la teneur de l'élément (ou des éléments nutritifs)
dans l'engrais.

Exemple 1.

Vous disposez de l'urée et de nitrate d'NH4 (46 % N et 23 % N), on


vous demande d'appliquer 60 kg N/ha, quelle quantité de l'un et de
l'autre utiliseriez-vous ?

Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 71


Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 72
‘‘A nation that destroys its ‘’L a terre n’est pas à nous, ce sont
soil, destroys itself’’. nos fils qui nous l’ont prêtée’’
(RTBF, Belgique).
Franklin Roosevelt

III. Gestion et conservation du sol

… et le plaça dans le jardin d’Eden pour le cultiver et pour le garder.


Genèse 2 : 15b.

‘’Lorsqu’un sol est pauvre, ceux qui l’exploitent sont également pauvres’’ 73
0. Introduction générale

Questions du chapitre 0.

1. Pourquoi doit-on conserver le sol ?

2. A quoi le principe fondamental de la conservation du sol est-il


subordonné ?

3. La conservation des sols, une science ou une technique ?

Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 74


0. Introduction générale
Le sol est l’essence de la vie. Il constitue, entre autres, la source directe/
indirecte des aliments (~98%), d’eau et sert d’abri.

Une bonne terre arable constitue en tout temps (guerre ou paix) la plus
importante ressource naturelle de l'homme. Parce que l’homme y tire la
nourriture, et autres produits; une terre arable est la source du maintien
de la vie et de la sécurité alimentaire (humaine et animale).

Le sol et l'eau sont nos deux principales ressources naturelles. Notre


prospérité présente et future dépend donc en grande partie de la gestion
de ces ressources et des produits végétaux et animaux que l'homme en
tire. D’où la nécessité de gérer rationnellement et de conserver nos sols.

La conservation du sol est d'une importance primordiale, parce que,


sans elle, la terre arable ne pourrait être protégée contre les éléments
destructeurs, ni maintenue dans cet état de fertilité si nécessaire pour
subvenir aux besoins des peuples.
Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 75
0. Introduction générale
Partout dans le monde, la nécessité d'ajuster l'agriculture au milieu
physique, de mieux utiliser les diverses catégories de terrains, se fait
sentir de façon pressante, non seulement pour accroître le rendement
(t/ha) des cultures vivrières, mais aussi pour assurer le maintien d'une
économie saine au niveau mondial au cours des générations futures.

Cette pressante nécessité est particulièrement vraie pour des (i) régions
gravement touchées par l'érosion et (ii) la baisse de rendement, et (iii)
des régions dont la population est dense, dont les (iv) moyens de
transport sont trop restreints et dont la (v) terre arable est insuffisante
pour produire la nourriture nécessaire à la population.

En Afrique, 65% des terres sur le continent sont affectées par la


dégradation, et 3% du PIB est perdu par an raison de l’épuisement du
sol et des nutriments des terres cultivables. Au nombre des maints défis
auxquels est confrontée l’Afrique sub-saharienne, la perte de forêt et la
dégradation des terres occupent une place prépondérante.
Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 76
0. Introduction générale
La conservation du sol pratiquée par les conservateurs du sol qualifiés
est à la fois une science et une technique de l'utilisation et du traitement
rationnel de la terre permettant de protéger le sol et d'augmenter en
même temps sa productivité en conservant le sol proprement dit
(substrat - 1cm de sol = 100 à 100. 000 ans), ses éléments naturels de
fertilité et les engrais qui lui sont fournis par l'homme, ainsi qu’une
quantité précieuse d'eau de pluie qui autrement se perdrait.

Le principe fondamental de conservation et d'amélioration des sols est


subordonné à l'utilisation et au traitement des diverses catégories de
terrains selon leur possibilité de rendement et leurs besoins
particuliers. Ainsi donc la nécessité de traiter du classement des terrains.

Par ailleurs, notons que les premières notions de gestion et conservation


du sol (et autres ressources naturelles) émanent depuis les origines:
Genèse 2 : 5, 6-9, 15; Deutéronome 22 : 6-7.
Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 77
1. Classement des terrains
Questions du chapitre 1.

1. Quelles sont les différentes catégories de classes de sols?

2. Quels sont les critères sur base desquels les différentes classes des
sols sont établies?

3. Quelles sont les mesures de conservation et d'emploi du sol à


appliquer pour chaque catégorie?

Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 78


1. Classement des terrains
1.1 Classification des capacités agrologiques des terrains

La capacité agrologique d'un terrain est l'ensemble des caractéristiques qui


le désignent pour un emploi déterminé.

En règle générale, la terre arable est employée soit:


(i) pour la production des produits végétaux qui nécessitent un travail
de labour,
(ii) soit pour la production d'une végétation permanente (pâturages ou
cultures pérennes) qui ne nécessite pas ou très peu de labour.

En classant les diverses capacités de production d'un terrain, on doit


chercher tout d'abord la réponse aux questions suivantes :
a) Cette terre convient-elle pour la production des cultures vivrières ?
b) Peut-on la cultiver en toute sécurité sans provoquer l'érosion du sol ?
c) Son exploitation sure et permanente est-elle limitée à la production d'une
culture pérenne ?

Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 79


1. Classement des terrains
1.1 Classification des capacités agrologiques des terrains (suite)

En vue d’utiliser chaque ha de terrain conformément à ses besoins et à ses


facultés d'adaptation, il est important avant toute chose de procéder à
l’établissement des cartes d’aptitudes des sols.

Les étapes à suivre sont :

(i) l'inventaire physique du terrain (données disponibles: éléments de


classification de son potentiel agrologique).
Compétences : avoir des connaissance des systèmes de classification et
l'habitude de distinguer entre les différents sols, les diverses catégories de
pente, la nature et le degré de dégradation ou d'érosion.

(ii) La classification des terrains: s'appuyer aussi bien sur les connaissances
des cultivateurs locaux que sur celles des scientifiques.

(ii) Dresser une carte où les diverses catégories de terrains sont indiquées
au moyen des symboles ou des couleurs.
Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 80
1. Classement des terrains
1.2. Classification des capacités agrologiques des terrains (suite)

Suivant es capacités agrologiques de terrains sont classées en huit


catégories (classification américaine) qui se rassemblent en quatre groupes
suivants :

1. Terrains appropriés à la culture;

2. Terrains appropriés à une culture occasionnelle ou limitée;

3. Terrains non appropriés à une culture mais appropries à une végétation


permanente;

4. Terrains non appropriés à la culture, au pâturage ou à la forêt.

Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 81


1. Classement des terrains
1.3. Groupes des terrains
Groupe Cat Caractéristiques

1. Terrains I Terres sont susceptibles d'être cultivés sans procédés


appropriées à spéciaux, presque horizontales (à l’abri de l’érosion, pente
la culture. <1% (irrigation facile), gestion requiert des méthodes
culturales simples.
(Terres II Cultures permanentes aux moyens des techniques
suffisamment culturales simples (ex. LAE, simple drainage/irrigation,
productives sans fertilisation, gestion d’eau).
traitements Terres mises en culture permanente au moyen de procédés
III
exceptionnels). de culture intensive (ex. suppression érosion, gestion d’eau,
drainage, pratiques intensives d’irrigation, fertilisation.

2. Terrains IV Terrains sur pentes forte que la catégorie III, plus difficile à
appropriés à une drainer ou à irriguer, plus perméable, requiert une longue
culture jachère pour la mise en culture.
occasionnelle ou
limitée
Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 82
1. Classement des terrains
1.3. Groupes des terrains (suite)
Groupe Cat Caractéristiques
.
3. Terrains V Terrains pouvant être employés pour une végétation
impropres à permanente utilisable pour le pacage des animaux ou pour la
la culture production de bois sans aucune restriction spéciale. Aucune
pratique spéciale de protection (aucun risque d’érosion).
mais
Généralement ce sont des terres trop humides ou trop
susceptibles caillouteuses pour pouvoir être cultivées, mais qui produisent
d‘être du fourrage et du bois.
employés
pour une Conviennent pour une végétation permanente qui peut être
VI
végétation employée pour le pacage ou pour les produits forestiers, avec
permanente des restrictions modérées. Terrains sur pentes abruptes
(~20%), pâturage exigeant engrais et chaux.

VII Sol plus mince et à pente > à celle de la catégorie VII, mises en
pâturage avec restrictions (chaulage et réensemencement),
pente abrupte, généralement très rocailleux et érodés ou
gravement susceptibles à l’érosion.
Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 83
1. Classement des terrains
1.3. Groupes des terrains (suite)
Groupe Caté- Caractéristiques
gorie
4. Terrains VIII - Terrains accidentés, rocheux, stériles ou de
impropres à la fondrières et de marécages impossibles à mettre en
culture, au valeur.
- Cependant certaines parties des terrains de cette
pâturage et à la
catégorie et en particulier les fondrières et les
forêt marécages, peuvent être avantageusement
aménagées comme réserves pour la faune
sauvage.

Nota bene: La classification des sols en huit catégories de capacités agrologiques de


terrains faite plus haut n'est pas définitive. Un sol peut passer d'une catégorie à une autre.
Ex: Une prairie qui pousse sur un sol de couleur sombre et sur une pente suffisamment
inclinée pour qu'on la classe à la catégorie IV peut, pendant un certain temps, donner une
production beaucoup plus abondante, aussi longtemps qu'elle conserve son humus, qu'un
sol de couleur claire, situé sur une pente douce de la catégorie I. Certains aménagements
(irrigation des terres arides, drainage des terres jusque-là humides, digues pour mettre à
l’abri des inondations) peuvent impliquer une nouvelle classification des terrains.

Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 84


2. Rôle de la sylviculture dans la conservation
du sol et de l'humidité
2.1. Introduction
Dans les régions humides, une couverture de forêts constitue le moyen le
plus efficace de conserve le sol et l'humidité. Cependant, la pression
démographique dans ces régions contraint souvent les hommes à
employer les terres à d'autres fins que la production forestière. Et,
certaines terres couvertes de forêts sont, par la constitution de leur sol,
plus particulièrement susceptibles que d'autres d'être utilisées à des fins
qui compromettent la conservation du sol.

Les efforts dans le domaine de la sylviculture doivent avoir pour but de


satisfaire aux nécessités des terrains dont la nature a déterminé qu'ils
doivent être convertis en forêts plutôt que de continuer, sans
discrimination, à employer comme forêt un terrain qui conviendrait d'être
utilisé autrement.

Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 85


2. Rôle de la sylviculture dans la conservation
du sol et de l'humidité
2.2. Foresterie
Dans l'œuvre de conservation et d'amélioration du sol et de l'humidité, les
emplacements qui ont souffert le plus gravement de l'érosion et qui
ont été profondément appauvris sont généralement désignés pour le
reboisement. En effet, le but du reboisement doit être, dans ce cas,
d'établir une couverture végétale protectrice du sol.

La première étape dans la plantation des arbres est généralement la plus


importante; elle concerne la sélection des espèces qui prospéreront
sur un emplacement donné. En général, il est souhaitable d'employer
plusieurs essences d'arbres. Car, des plantations mono spécifiques sont
généralement plus vulnérables aux influences destructrices, notamment
aux ravages des insectes et aux maladies.

Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 86


2. Rôle de la sylviculture dans la conservation
du sol et de l'humidité
2.2. Foresterie
Les arbres améliorent la fertilité du sol, - son humidité, - sa résistance à l'érosion,
- son aération et, - son drainage. Par sa large canopée, les arbres limitent
l’impact des gouttes de pluie au sol. Le ruissèlement superficiel sur une zone
forestière est insignifiant ou nul; naturellement il n'existe pas d'érosion sur cet
emplacement.

Par leur enracinement profond, les arbres stabilisent le sol, permettant ainsi à
l'eau de s'infiltrer en profondeur, assurant par la même occasion l'humidité du
sol. Les arbres favorisent la régénération des sols en restituant par leurs feuilles
les éléments nutritifs qu'ils vont chercher en profondeur.

Indispensables à la régénération des terres cultivées, les arbres le sont aussi au


maintien des populations dans les zones rurales à qui ils fournissent des
compléments alimentaires, des produits pharmaceutiques et du fourrage pour le
bétail. Les arbres jouent un rôle primordial dans la vie des hommes.
Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 87
2. Rôle de la sylviculture dans la conservation
du sol et de l'humidité
2.2. Foresterie
Pour Lloyd Timberlake,
lorsque les arbres
disparaissent, les
produits essentiels
deviennent plus rares, le
paysage devient
vulnérable à l'érosion par
le vent et par les eaux, la
fertilité des sols diminue.
Dans une région donnée,
la raréfaction des forêts
ou des arbres est le
signe le plus marquant
de la dégradation de
l'environnement et du
sol. Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 88
2. Rôle de la sylviculture dans la conservation
du sol et de l'humidité
2.3. Agroforesterie
Afin de mieux protéger le sol contre les érosions et de cultiver ces terrains, il
est possible d'associer (succession dans le temps ou dans l’espace) le
reboisement aux cultures et/ou les animaux, c'est l'agroforesterie.

2.3.1 Quelques exemples des systèmes agroforestiers

 Culture associée ou en couloir.

On constitue généralement des haies d'arbres séparées d'une plate-bande


devant servir à cultiver. Les plantations sont orientées de l'Est à l‘Ouest afin
de permettre l'ensoleillement de la plate-bande réservée à la culture.

Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 89


2. Rôle de la sylviculture dans la conservation
du sol et de l'humidité
2.3. Agroforesterie
2.3.1 Quelques exemples des systèmes agroforestiers (suite)

 Jardin forestier (ancien système d’ Afrique occidentale)


Composé de plusieurs niveaux de production végétale ou strates: fournit une
palette très variée des produits destinés à la consommation et à la vente, et
assure une protection permanente contre l’érosion des sols.

De haut en bas, on peut trouver les strates suivants :


- Palmier à huile/cocotier: Noix, fourrages, fibres, bois de chauffage, etc.
- Plantes fruitières: bananier, avocatier, manguier, muscadier, etc.
- Arbres encore plus petits et arbustes, ex. cacaoyer, caféier, théier.
- Dernier strate, occupé par les cultures de rapport (ex. ananas) et les
cultures (céréales, légumes et légumineuses) de base pour l’alimentation
des population locale.
Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 90
2. Rôle de la sylviculture dans la conservation
du sol et de l'humidité
2.3. Agroforesterie
2.3.1 Quelques exemples des systèmes agroforestiers (suite)

 Système agroforestier séquentiel de Mampu : Jachère d’Acacia alternant


avec les cultures annuelles (manioc-maïs).
Miel, PFNL, gibier Exploitation d’acacias

Formation naturelle Plantations d’Acacias Braise, bois de chauffe


dominante : savane
arbustive. 12 ans

-Manioc
- Maïs

91
RNA Ass. Manioc-maïs
2. Rôle de la sylviculture dans la conservation
du sol et de l'humidité
2.3. Agroforesterie
2.3.1 Quelques exemples des systèmes agroforestiers (suite)

 Système agroforestier de Mampu: impact sur la fertilité du sol.

Age 0 correspond à la végétation naturelle du plateau de Batékes.


Source: Koy et al. in Diaka et al. (2017).
92
Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 93
94
3. Construction des terrasses pour la
conservation de l'eau et du sol
3.1 Introduction

Pour produire des récoltes et élever du bétail sur les terrains en pente sujets
à l’érosion, les agriculteurs doivent résoudre le problème de la conservation
du sol et des eaux de pluie.

La terre utilisée pour la culture doit être aménagée en terrasses lorsque


l'écoulement des eaux et l'érosion ne peuvent pas être maîtrisés par la
reconstitution de la couverture végétale ou par les procédés de cultures
nécessaires (ex. mulching, rotations des cultures-couverture végétale
résistante à l’érosion, cultures en bandes alternantes), conformément au plan
de rotation.

Le nombre de terrasses à aménager sur un site dépend de la pente (pente


abrupte, pente légère). En effet, chaque terrasse doit intercepter l'écoulement
des eaux provenant de la terrasse qui la surplombe avant que la puissance
d'érosion de ces eaux d'écoulement ne soit devenue suffisamment
considérable pour emporter le sol. 95
3. Construction des terrasses pour la
conservation de l'eau et du sol
3.2 Catégories de terrasses

Du point de vue de la construction, on distingue :

1. Terrasses de canalisation
2. Terrasses d'absorption en remblai
3. Terrasses en gradins

 Terrasses de canalisation

Elle agit essentiellement comme un canal de drainage destiné à conduire


l'excès des eaux de pluie provenant des champs en amont à une vitesse qui
ne leur donne pas un pouvoir d'érosion.

En général, la terrasse de canalisation est indiquée pour des sols qui sont
relativement imperméables et lorsque la répartition des pluies est suffisamment
régulière pendant la saison de croissance végétale.
Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 96
3. Construction des terrasses pour la
conservation de l'eau et du sol
3.2 Catégories de terrasses (suite)

 Terrasses d'absorption en remblai

La lutte contre l'érosion au moyen de la terrasse d'absorption en remblai est


effectuée pour la conservation de l'eau. Afin d'accroître l'absorption du sol,
on construit cette terrasse de manière que les eaux d'écoulement captées se
répandent sur une zone aussi large que possible.

Ces terrasses sont aménagées sur un plan horizontal et peuvent être


bouchées à chaque extrémité. Dans cette catégorie, le remblai (remblai doit
avoir une hauteur suffisante pour retenir l'eau sur une surface relativement
large) présente une plus grande importance que la canalisation, qui n'est
qu'une simple conséquence de la construction du remblai.

Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 97


3. Construction des terrasses pour la
conservation de l'eau et du sol
3.2 Catégories de terrasses

 Terrasses d'absorption en remblai (suite)

En général, les terrasses d'absorption en remblai sont destinées aux zones de


basses précipitations et pour de terrains dont la perméabilité du sol est très
bonne et des pentes très douces. Toutefois, ces terrasses peuvent également
être utilisées avec un succès très marqué sur des zones de sols sablonneux en
pente douce où les chutes de pluie sont plus élevées.

 Terrasses en gradins

Ici le terrassement consiste à transformer des terrains dont la pente est


relativement abrupte en une série de bandes horizontales ou presque
horizontales construites en travers de la pente. Ces bandes sont séparées par
les pentes presque verticales consolidées par des rocs ou par une végétation à
croissance dense. Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 98
3. Construction des terrasses pour la
conservation de l'eau et du sol
3.2 Catégories de terrasses

 Terrasses en gradins (suite)

L'emploi des terrasses en gradins


sur des pentes très prononcées a
pour résultat non seulement de
freiner les pertes de terrains, du
sol, causées par l'érosion, mais
aussi de faciliter les travaux de
culture sur ces terrains en pente.
En général, les terrasses en
gradins sont construites sur des
pentes abruptes dont le sol est
très fertile.
Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 99
4. Cultures en bandes alternantes
4.1 Introduction

Les cultures en bandes alternantes consistent en succession des


bandes des cultures et celles des plantes de couverture (production de
biomasse et plantes de couverture intermittente).

Exemple: Bandes alternantes d'herbes vivaces à croissance dense et de


légumineuses alternant avec des cultures intensives ou des céréales
constituent la disposition la plus efficace pour réduire l'érosion sur les
terres cultivées.

La largeur des bandes alternantes dépend de plusieurs facteurs,


notamment le degré et la longueur de la pente, la perméabilité du sol, sa
susceptibilité à l'érosion, la quantité et l'intensité des chutes de pluie, la
nature des récoltes et leurs dispositions dans le plan de rotation, et
l'importance de l'équipement agricole.
Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 100
4. Cultures en bandes alternantes
4.2 Quelques exemples

Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 101


4. Cultures en bandes alternantes
4.2 Quelques exemples

Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 102


5. Cultures de couverture
5.1. Introduction

Le sol est beaucoup plus susceptible à l'érosion lorsque les champs sont
dépouillés de végétation. Les sols qui ont une faible teneur en matière
organique ou de fertilité sont plus facilement attaqués par l'érosion que
ceux qui ont une teneur élevée en matière organique et humus.

Cultures de couverture désignent les cultures plantées tout spécialement


pour réprimer l'érosion du sol, lui ajouter des matières organiques et
améliorer sa fertilité.

Lorsqu'on sème et que l'on fait pousser des plantes de couverture


végétale, on imite la méthode employée par la nature pour maintenir le
sol en place. Ces cultures présentent donc une importance primordiale
pour la conservation du sol.

Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 103


5. Cultures de couverture
5.2. Avantages et désavantages des cultures de couverture

 Quelques avantages des cultures de couverture :

- elle réduit l'écoulement des eaux de pluie et conserve ainsi l'humidité;


- elle empêche l’excès d’eau qui entrainerait d'érosion du sol;
- elle améliore la couche arable du sol en y ajoutant des matières
organiques;
- une fois enfouie dans le sol, elle forme de l'humus et libère des
substances minérales indispensables à la nutrition végétale.
- elle peut servir de pâturage;
- elle protège les différentes constructions destinées à lutter contre
l'érosion ;
- elle accroît le rendement des cultures ;
- elle accroît la capacité d'absorption de l'eau et l'infiltration de l'eau dans
le sol.

Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 104


5. Cultures de couverture

5.2. avantages et désavantages des cultures de couverture

 Quelques désavantages des cultures de couverture

- le coût des semences;


- le coût de la main-d’œuvre (préparation du terrain et au semis);
- la couverture végétale peut servir de refuge à des insectes nuisibles
aux autres cultures.

5.3 Couverture du sol et cultures annuelles / pérennes

Dans les conditions naturelles, certaines espèces végétales occupent le


sol pendant toute leur saison de croissance (cultures annuelles) et
laissent un résidu organique (mulch) qui le couvre pendant la saison
morte.

Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 105


5. Cultures de couverture
5.3 Couverture du sol et cultures annuelles / pérennes

Si l'agriculture doit être permanente (cultures pérennes), le sol doit être


cultivé de manière que sa productivité soit maintenue, non point par des
apports temporaires d'éléments nutritifs, mais par la conservation du sol
lui-même réalisée au moyen de l'emploi de cultures de couverture dans le
plan de rotation ou en association avec des cultures intensives ou encore
en association avec une plantation d'arbres fruitiers, des arbustes ou avec
d'autres récoltes qui n'occupent le terrain que pendant une partie de la
saison de croissance ou ne peuvent donner au sol qu'une couverture
partielle.

5.4 Engrais vert: plante de couverture et source de MO

Un végétal employé comme engrais vert apporte une couverture végétale


et empêche l'érosion pendant sa période de croissance, et ensuite (une
fois enfouie) améliore la fertilité du sol (améliore et augmente la quantité
de l'humus dans le sol en ajoutant de la matière organique et en apportant
des éléments nutritifs pour les futures récolte). 106
5. Cultures de couverture
5.5. Agriculture de conservation

En lieu et place de la couverture vivante (plantes de couverture) du sol,


la paille ou mulch (résidus organiques) peut être utilisé pour couvrir le
sol.

107
Tony M. Muliele (PhD), LS_2019.
5. Cultures de couverture
5.5. Agriculture de conservation

L’agriculture de conservation est régi par 3 principaux principes:

1. Couverture permanente du sol par la paille (résidus des


récoltes)/plante de couverture (au moins 30%)
2. Travail minimum du sol
3. Diversification culturale via rotation et association culturale.

Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 108


5. Cultures de couverture
5.5. Agriculture de conservation

Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 109


5. Cultures de couverture
5.5 Agriculture de conservation: améliore la stabilité
structurale du sol (résistance à l’érosion)

T0: labour sans paille, T1: Non labour + paille de bananier


T2: Non labour + paille de H. diplandra, T3: Non labour + paille de T. laxuum
Stabilité structurale du sol (aptitude des agrégats du sol à résister à l’action des facteurs
externes, ex. gouttes de pluies) sous différents systèmes de gestion du sol, 2 ans après
application des traitements. Source : Tony M. Muliele (2015). 110
5. Cultures de couverture
5.6. Agriculture de conservation : Long term effect on soybean yield.

Source: McGregor et al. 2006


111
Tony M. Muliele (PhD), LS_2019.
6. Diverses catégories de cultures
6.1. Introduction

Suivant leurs effets sur la conservation du sol et de l’eau, on distingue:

1. Les cultures qui épuisent le sol et l’eau


2. Les cultures qui conservent le sol
3. Les cultures qui restaurent ou reconstruisent le sol

6.2. Cultures qui épuisent le sol

Font partie de ce groupe, des cultures qui entraînent la destruction de la


matière organique ou une perte de minéraux en excédent de ceux dont
elle a besoin pour son développement. La matière organique est détruite
à cause de l'excès de travaux de culture que réclame cette récolte. Les
minéraux sont perdus parce que la culture laisse le sol exposé à
l'érosion. Ce terme doit être pris dans un sens relatif; car, certaines
récoltes épuisent le sol plus que d'autres. Ex: Maïs, coton, manioc.
Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 112
6. Diverses catégories de cultures
6.3. Cultures qui conservent le sol

Font partie de ce groupe (à de degrés divers), les cultures que l'on peut
produire en remuant la terre au minimum.

Les minéraux qui se trouvent dans le sol ne peuvent pas être


entièrement conservés si l'on utilise la récolte mais la perte des
minéraux, exception faite de celle qui provient de l'érosion, n'est pas très
élevée et, l'on peut remplacer ces minéraux d'une manière suffisamment
économique. Les plantes qui ne nécessitent pas des travaux de culture
comme les herbes fourragères et les herbes des pâturages, les plantes
de couverture conservent la matière organique dans le sol, et c'est cela
qui est important. Par conséquent, ces plantes ont tendance à conserver
le sol, même si elles emportent quelques éléments fertilisants au
moment de la récolte. Ces herbes et légumineuses à végétation dense
et basse empêchent l'érosion, avec la perte de matière organique et des
minéraux qui l'accompagnent. Ex. Prairie comparée à une céréale
secondaire.
Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 113
6. Diverses catégories de cultures
6.4. Cultures qui restaurent/reconstruisent le sol

Ces cultures doivent non seulement conserver ce qui existe, mais elles
doivent reconstituer et améliorer le sol. Ici encore, c'est la
matière organique qui importe.

En effet, les plantes ne peuvent pas reconstruire les minéraux; tout ce


qu'elles contiennent est venu de la terre, du sol. Si les plantes sont
enfouies dans le sol, tous ce qu'elles contiennent, qu'elles ont puisé du
sol, retournent au sol. Si le sol a besoin de quantité supplémentaire de
certains éléments minéraux tels que le Ca, le P ou le K, on doit les
ajouter au sol.

Toutefois, les plantes peuvent reconstruire la matière organique et, avec


elle, le contenu du sol en azote. Les légumineuses sont naturellement
celles qui donnent les plus remarquables résultats au point de vue de la
fixation de l'azote.
Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 114
6. Diverses catégories de cultures
6.4. Cultures qui restaurent/reconstruisent le sol

Semées à la volée ou plantées en rangés serrées, les légumineuses


comme le vigna sinensis, le Mucuna pruriens etc. aident dans une
certaine mesure à freiner l'érosion; mais si, on les récolte, elles ne
reconstruisent pas alors le sol. Elles ne peuvent avoir cet effet
(reconstruire le sol) que lorsqu'on les enfouit. Cependant, même dans ce
cas, on ne tire qu'un faible bénéfice de l'azote incorporé dans le sol à
moins qu'une autre récolte ne soit prête à l'utiliser.

Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 115


7. Gestion intégrée de la fertilité du sol
(GIFS/ISFM)
7.1. Définition

Consiste en l’application des pratiques de gestion de la fertilité


du sol, et des connaissances pour les adapter aux conditions
locales, lesquelles optimisent l’efficience de l’utilisation des
engrais et de la matière organique et la productivité des
cultures.

GIFS complète comprend (i) l’utilisation du matériel végétal


amélioré et des engrais minéraux, (ii) la gestion adéquate des
ressources organiques (matière organique), (iii) appliquées
suivant les bonnes pratiques culturales et, adaptées aux
conditions locales et variations saisonnières (Vanlauwe et al.,
2010).
Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 116
7. Gestion intégrée de la fertilité du sol:
connaissances acquises.

Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 117


7. Gestion intégrée de la fertilité du sol

Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 118


7. Gestion intégrée de la fertilité du sol: effet
combiné MO + engrais minéraux

Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 119


7. Gestion intégrée de la fertilité du sol

120
Thanks.

Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 121


TP (suite & fin)
1. Sur base des données ci-dessous, tracez
le profil hydrique de ce sol. N.B: Volume
cylindre de copecki: 100 cm³.
Profondeur Poids frais du sol Poids sec du Teneur en eau
(cm) (g) sol (g) volumétrique (ϴ)
0 – 10 112,13 93,63
10 – 20 111,12 98,43
20 – 30 114,77 107,94
30 – 40 124,58 112,75
40 – 50 120,14 102,4
50 – 60 112,4 95,95

Tony M. Muliele (PhD), LS_2019. 122


TP (suite & fin)
2. Soit la composition granulométrique du sol de
Kimbinga:
- Sable (%) : 67
- Argile (%) : 25
- Limon (%) : 8
a) Quelle est la classe texturale de ce sol?
b) Du point de vue de la production végétale,
quelles peuvent les contraintes pour la mise en
valeur de ce sol?
c) Proposer quelques pratiques culturales pour
lever ces contraintes.
123
Diagramme textural (USDA)

124
TP (suite & fin)
3. Soit un engrais NPK 12-24-12.
a) Donnez sa concentration de cet engrais?
b) Donnez sa proportion des éléments minéraux?
c) Donnez son équilibre des éléments minéraux?

4. Que conseillerez-vous à quelqu’un qui


veut mettre en valeur de façon durable (agro
écologie) le site verger FAO?

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