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Spécialité
Chimie Physique
présentée par
Aurélie Tournié
Mes premiers remerciements s’adressent aux membres du jury qui m'ont fait l'honneur de
participer : Monsieur le Professeur Philippe Barboux (LCMCP, Paris 6) en qualité de président du
jury, Monsieur le Professeur Guy Libourel (CRPG, Nancy 1) et Monsieur Thierry Pagnier
(LEPMI-ENSEEG, Grenoble) en qualité de rapporteurs, Messieurs Bernard Gratuze (IRAMAT,
Orléans) et Hervé Arribart (Saint-Gobain) en qualité d’examinateurs, Madame Véronique
Milande (Musée de Sèvres), Monsieur le Professeur Olivier Schalm (Université d’Anvers) et
Monsieur Michel Leclercq (HORIBA, Jobin-Yvon) en qualité d’invités.
Conclusion 149
Annexes 163
1
2
Introduction
Le verre est utilisé depuis la préhistoire d’abord sous ses formes naturelles puis sous forme
synthétique. Dès lors ce matériau n’a jamais cessé d’évoluer, de se diversifier au fur et à mesure
des besoins. A travers tous les continents et la plupart des civilisations, le verre a toujours été
apprécié pour ses qualités esthétiques et ses propriétés physiques. Sa durabilité, si elle n’égale pas
celle des céramiques, en fait une matrice raisonnable même pour le stockage de déchets
nucléaires. Cependant l’altération chimique à très long terme reste un problème et les besoins de
modélisation ont renouvelé l’intérêt pour les études des mécanismes de corrosion.
Les verres anciens (objets en verre émaillé/soufflé, vitraux) ont subi l’altération du temps
et peuvent servir de modèles. La corrosion peut être un marqueur de l’âge des objets et les
connaissances acquises sur les mécanismes de corrosion permettent de perfectionner les
méthodes de conservation et de restauration.
Notre objectif fut d’évaluer les possibilités de caractériser par spectrométrie Raman la
structure des verres silicatés anciens, quel que soit leur état de dégradation. Pour cela, nous avons
tenté de répondre à plusieurs questions :
3
Dans le chapitre 2, nous définirons une méthodologie pour l’analyse d’une signature
Raman d’un verre silicaté quelle que soit la qualité de l’instrument et discuterons des traitements
des données spectrales pour classer les grandes familles de verres, émaux, vitraux et ainsi pouvoir
proposer une époque et même un lieu de production de l’objet. Au préalable, notre attention
portera sur les signatures Raman des silicates cristallisés et/ou amorphes et la validité des
modélisations utilisées.
Nous tenterons dans le troisième chapitre d’étudier les mécanismes de corrosion sur des
échantillons attaqués chimiquement dans des conditions sévères, mais contrôlées, simulant la
corrosion naturelle. Nous utiliserons en plus des spectrométries Raman et IR, les techniques
thermiques (dilatométrie et ATG) et de micro-indentation.
Le dernier chapitre présentera deux études de cas d’analyse Raman sur site, les vitraux de
la Sainte-Chapelle à Paris afin de différentier les originaux du XIIIe siècle de ceux issus de la
restauration du XIXe siècle et l’étude d’objets en verres émaillés et précieux au Musée National
de Céramique à Sèvres. L’objectif sera, à l’aide des chapitres précédents, d’évaluer le niveau
d’informations pouvant être obtenues sur la nature et la technologie de productions d’objets en
verres ne pouvant être déplacés en laboratoire.
4
Chapitre 1
Compositions des verres,
émaux et vitraux : histoire des
techniques et problèmes d’altérations
1
1.1 Les verres 7
1.1.1 Les matières premières 7
a/ Les formateurs 7
b/ Les fondants 8
c/ Les stabilisants 10
d/ Quelques repères historiques 10
1.1.2 Les premières productions 11
a/ Verres et émaux 11
b/ Vitraux et verres plats 13
1.1.3 La coloration du verre 13
a/ Coloration par ions chromophores 14
b/ Opacification 15
c/ Pigments 15
1.4 Conclusion 28
1.5 Références 29
2
Ch. 1 Compositions des verres
D ans ce chapitre, nous donnerons un aperçu de l’étendue des compositions des verres
(émaux et vitraux) en fonction de l’époque et du lieu de préparation. Nous avons choisi de classer
ces différents types selon les fondants (diagramme ternaire et graphique binaire) car ils déterminent
la structure du verre (degré de polymérisation) et sa signature Raman (intensité et nombres d’ondes
des composantes).
L’état vitreux est essentiellement obtenu à partir de silicates fondus. D’autres oxydes,
sulfures, nitrates, … ou même de nombreux composés organiques conduisent à des verres. Notre
travail se limitera aux silicates.
Les silicates forment un groupe de minéraux présent en abondance sur la terre : il
représente plus de 90% en poids de la croûte terrestre. Les silicates sont donc peu onéreux et ont
constitué ainsi, depuis des millénaires, une matière première de choix pour la préparation de
céramiques et de verres dans la mesure de leur disponibilité sous forme pulvérulente, qualité
nécessaire aux procédés d’élaboration. La fusion de la silice nécessite cependant des températures
très élevées qui doivent être abaissées par l’ajout d’éléments ioniques, les fondants.
Outre les objets en verre « massif », le verre est à la base des émaux et d’une part
significative du corps des céramiques : ainsi dans une porcelaine, plus de la moitié de la matière est
un verre. Il s’ensuit que les compositions des silicates amorphes sont très variées, bien que la
plupart des études antérieures n’aient considérées que le verre « massif » aux compositions
beaucoup plus restreintes.
Le terme émail viendrait du terme persan minaï, mot qualifiant un type de décoration
céramique portant un décor illustré et polychrome. Un émail est une couche de verre appliquée sur
un support, qu’il soit céramique, verre ou métal, servant à protéger (imperméabiliser) et/ou à
décorer. L’émail doit satisfaire de nombreuses contraintes, comme celles résultant de la nécessité
5
Ch. 1 Compositions des verres
d’adhérer à la surface du support, de napper parfaitement mais aussi de ne pas couler lors de la
cuisson, de rester en accord dilatométrique après refroidissement, etc.
On distingue trois sortes d’émaux :
- les couvertes (de grès et porcelaines), émaux (après cuisson finale) réalisées sur un
tesson non poreux à l’état final. Les couvertes supportent les hautes températures de la
cuisson finale et sont souvent épaisses (0,5 à quelques millimètres) ;
- les glaçures (de faïences et terres cuites), émaux posés sur une pâte poreuse
généralement déjà cuite, sont fondues par une deuxième cuisson à plus basse température
que celle qui a cuit la pâte ;
- les émaux de petit feu, sont posés en couche relativement mince (quelques
dizaines à centaines de µm) sur une céramique déjà émaillée et cuite, ou sur un verre et
permettent d’obtenir une palette de couleurs d’autant plus étendue que la température de
cuisson est faible.
6
Ch. 1 Compositions des verres
Une dernière partie sera consacrée à la corrosion des verres. Nous résumerons brièvement
les nombreuses études antérieures et mentionnerons les solutions proposées pour sauvegarder les
vitraux anciens.
Comme cela est rapporté (Colomban Ph., 2005), il est primordial en art du feu de disposer
de la plupart des matières premières sous forme pulvérulente, le broyage étant une opération
coûteuse en énergie, nécessitant une force mécanique ou hydraulique « sophistiquée ». Ainsi les
potiers et verriers ont préféré utiliser des sables, des limons, des argiles, produits naturellement
pulvérulents ou bien des cendres, des galets de silex étonnés (chauffés au feu puis plongés dans
l’eau froide ils deviennent friables).
a/ Les formateurs
Ils proviennent de deux sources possibles, une qui contient peu d’impuretés (les galets de
quartz mais qu’il faut alors broyer, opération difficile ou de silex qu’il faut étonner) et l’autre, des
sables déjà fins mais plus ou moins purs, avec principalement des impuretés comme de la chaux (2-
18%), de l’oxyde d’aluminium (1-4%) (Brill R.H., 1999 ; Turner W. E. S., 1956), du fer et d’autres
marqueurs à l’état de traces (zircons, minéraux d’uranium, …), parfois utiles pour l’identification
du lieu d’origine.
7
Ch. 1 Compositions des verres
b/ Les fondants
La température de fusion de la silice, sous forme de quartz, est très élevée, environ 1740°C.
Certains oxydes (alcalins, voire alcalino-terreux et/ou de plomb), appelés fondants ou
modificateurs, réagissent avec la silice, et en remplaçant les ions Si4+ qui établissent quatre liaisons
fortes covalentes avec les ions oxygènes par des formateurs de liaisons ioniques, Na+, K+, Ca2+, …
plus « déformables », provoquent la baisse de la température de fusion jusqu’à près de 600°C.
Afin de visualiser les compositions des différents types de formateurs et fondants, nous les
avons reportées sur un diagramme ternaire en Na2O – CaO - (K2O+MgO) et CaO - SiO2 - K2O
(fig. 1.1) en faisant apparaître l’origine supposée par les auteurs, des formateurs (quartz et sable) et
des fondants alcalins. En outre, la figure 1.2 présente un diagramme ternaire sur lequel est reportée
une large variété de cendres de plantes et d’arbustes préparées par Frère Daniel de Montmollin
dont nous avons conduit l’analyse élémentaire avec l’aide du Service d’Analyse du CNRS. Nous
pouvons ainsi discuter les hypothèses de la littérature sur une base expérimentale réunissant une
trentaine d’espèces végétales (cf. annexe 1).
Sources de soude
La soude fut disponible dans l’Antiquité soit sous forme de natron, recueillie
principalement dans les lacs à Wadi Natrun en Egypte (Shortland A. et al., 2006 ; Shortland A.J.,
2004) soit sous forme de cendres végétales sodiques, généralement provenant de plantes de bord
de mer.
Le constituant principal du natron étant un hydrocarbonate de sodium (Na2CO3, HNaCO3,
H2O) ; son usage implique l’apport de faibles quantités d’impuretés. La teneur en soude est
comprise entre 15 et 20 % en poids dans la matière première.
Les cendres de plantes halophiles1 contiennent du sodium en grande quantité mais avec des
teneurs très variables en potassium, magnésium et calcium. Les autres plantes ne contiennent
pratiquement pas de sodium (fig. 1.2).
100 0
100 0 Soude minérale CaO b)
a) Na2O (Natron)
80 20
80 20
Cendres
Plantes 60 de 40
60 des régions 40 Plantes
côtières ou (Europe)
désertiques
40 60
40 60
Natron
20 80
20 80
K2O Quartz K2O
Plantes continentales
+MgO Sable
Sable
0 100 0 100
100 80 60 40 20 0 100 80 60 40 20 0
CaO SiO2
Fig. 1.1 : Diagrammes ternaires des différents types de fondants et formateurs, synthèse à partir des données de Brill
R.H., 1999, Turner W.E.S., 1956, Tite M.S. et Shortland A.J., 2003.
1Les plantes halophiles poussent dans des sols salés (sols côtiers ou de régions semi-désertiques)
(Dussubieux L., 2001)
8
Ch. 1 Compositions des verres
Source de potasse
Tout comme la soude, la potasse existe sous forme minérale et sous forme végétale.
L’obtention de potasse par incinération de végétaux continentaux (ou forestiers) a été
principalement faite en Europe septentrionale. Tout le monde s’accorde à dire que les cendres ont
des compositions très variées, influencées par la nature de l’espèce végétale sélectionnée, la partie
prélevée (feuillage, branche, tronc,…) la saison et le sol où les végétaux ont poussé (Brill R.H.,
1999 ; De Montmollin D., 1997 ; Oppenheim A. L. et al., 1970 ; Turner W. E. S., 1956).
Cependant, si l’on compare les diagrammes ternaires réalisés à partir des compositions données par
Brill, Turner, Tite et Shortland dans la figure 1.1 et par Montmollin dans la figure 1.2, on peut
observer de nombreuses différences (Brill R.H., 1999 ; Tite M.S. et Shortland A.J., 2003 ; Turner
W. E. S., 1956). Dans la figure 1.2a, la quantité de Na2O ne dépasse pas 2% en poids2 toutes
plantes arbres, arbustes, confondus alors que dans la figure 1.1a la teneur mesurée peut atteindre
30% en poids. Les teneurs en K2O et MgO varient respectivement de 5 à 30% et 2-10 % poids
(fig. 1.2). La plus grande variabilité est observée pour CaO qui peut varier entre 5 et 80% en poids
selon les arbres et arbustes avec une quantité de SiO2 allant jusqu’à 30% pour certaines plantes et
céréales (fig. 1.2b) contrairement à la figure 1.1a où CaO et SiO2 ne dépassent pas respectivement
15 et 1 % en poids.
Arbres / arbustes
Céréales
a) Plantes b)
100 0 100 0
Foin
Na2O CaO
Déchet de battage
80 20 80 20
60 40 60 40
K2O 40
40 60 Arbres 60 K2O
+ MgO Arbustes
20 80 20 80
Plantes
Céréales
0 100 0 100
100 80 60 40 20 0 100 80 60 40 20 0
CaO SiO2
Fig. 1.2 : Diagrammes ternaires de différents types de cendres de végétaux recueillis dans la région de Taizé (Saone-
et-Loire) constituée d’arbres/arbustes (acacia, aubépine, chêne, olivier, orme, …), de céréales (blé, maïs, riz) et de
plantes (carex, fougère, quenouille). Le détail des végétaux et leurs compositions élémentaires se trouve en annexe 1.
Il est clair que d’autres données sont nécessaires pour préciser l’éventail de compositions
pouvant être obtenue à partir de plantes réduites en cendres. On peut cependant considérer avec
méfiance nombre de conclusions de la littérature sur les hypothèses entre composition et matières
premières.
2 Les teneurs en % poids dans le texte sont données par rapport à la totalité des oxydes.
9
Ch. 1 Compositions des verres
c/ Les stabilisants
Le seul mélange de la silice et d’un fondant produirait un verre instable vis-à-vis de l’eau.
La présence d’un stabilisant évite cette solubilité. Il s’agit en général de calcium et /ou
d’aluminium. Si l’utilisation de constituants purs par les verriers modernes implique l’ajout
volontaire d’un stabilisant, il semble que les verriers anciens l’incorporaient de manière involontaire
du fait des minéraux accessoires présents dans les matières premières siliceuses (sables plus ou
moins riches en feldspath) et/ou des fondants (calcaire, argiles, …) utilisées.
La figure 1.3 résume les principales sources de fondants considérées ayant été utilisées pour
la fabrication du verre.
Entre le Ier siècle av. J.-C. et le IXe s. ap. J.-C., on suppose que les matières premières du
verre Méditerranéen furent du natron (apport de sodium) et du sable (apport de silice et de calcium
issu de fragments de coquillages). Le verre ainsi obtenu est sodo-calcique, fortement siliceux mais
pauvre en oxyde de magnésium (les compositions seront discutées dans le § 1.2). Les
Phéniciens/Romains introduisirent plusieurs techniques de modelage, comme le verre soufflé au
Ier siècle av. J.-C. mais sans modification profonde de la composition.
“Façon de Venise”
(sodique)
Verità et Toninato, 1990 ; De Raedt I. et al., 1999 ;
Smit et al., 2005
Le natron a été largement utilisé comme source d’alcalins dès le IVe millénaire av. J.-C.
jusqu’au IXe s. ap. J.-C. pour la production de différents matériaux (émail, faïence, verre). La
production à l’époque Romaine peut être qualifiée d’industrielle avec quelques lieux de production
de verre primaire (gros lingots), de nombreux ateliers de mise en forme et des circuits
internationaux de recyclage du verre, en particulier du verre bleu (à base de cobalt). A partir du
IXe s. ap. J.-C., la source minérale (le natron) de Wadi Natrun en Egypte n’est plus utilisée. Cet
arrêt de l’utilisation du natron n’est pas encore très bien compris et deux hypothèses sont
proposées : une production insuffisante par rapport à la demande d’où l’utilisation de substitut
prenant le dessus ou bien des troubles politiques bloqueraient celle-ci (Shortland A. et al., 2006). A
partir du IXe s. après J.-C. les cendres de plantes sont majoritairement utilisées dans la production
de verre en Méditerranée et en Europe.
10
Ch. 1 Compositions des verres
L’origine du travail du verre à Venise est associée à la fuite d’artisans Byzantins après le
saccage de la ville par les Croisées (XIIe siècle ap. J.C.). Au XVIe s. et XVIIe s. malgré les décrets
interdisant aux verriers vénitiens de s’expatrier, beaucoup émigrent en Angleterre, France, Pays-
Bas, pays germaniques et Europe Centrale, propageant le verre « façon de Venise ». Selon Verità et
Toninato (Verità M. et Toninato T., 1990), il existe en fait deux types de verres vénitiens appelés
« Cristallo » (de grande qualité) et « Vitrum Blanchum » (de qualité standard). Le Cristallo est un verre
transparent qui évoque le cristal de roche, produit à partir de la moitié du XVe s. Il est caractérisé
par une forte teneur en Na2O (~17%) et une faible teneur en MgO (1,8%), K2O (2,8%) et CaO
(4,9%) et est fabriqué à partir de galets de quartz et de cendres importés de Syrie (De Raedt I. et al.,
1999 ; Smit Z. et al., 2005). L’autre groupe de verres vénitiens, le « Vitrum Blanchum », date du XIV-
XVIe s. Ce verre est également sodique et se caractérise par la faible pureté des matières premières
employées (Na2O 13,3%, MgO 3,4%, CaO 9,5%) (De Raedt I. et al., 1999).
Le XIXe s., siècle de la révolution industrielle, marque l’industrie du verre par l’importance
des progrès techniques permettant l’organisation de productions massives et le contrôle des
propriétés physiques suivant la composition du verre. La plupart des verres peuvent contenir, au
moins en petite quantité, des composés qui ne sont pas des oxydes, tels des sulfates. L'industrie du
verre utilise du sulfate pour réduire la quantité de petites bulles d'air et prévenir la formation de
mousse dans le verre fondu durant l'élaboration. Il contribue également à fluidifier le verre.
Un peu avant 3000 av. J.-C. et jusqu’à 1500 av. J.-C., seule la « pâte de verre » est fabriquée.
Ensuite, des roches naturelles siliceuses comme les quartzites (SiO2) et les stéatites (3MgO, 4SiO2,
H2O) sont recouvertes d’un émail en Haute Egypte (Ellis L. et Newman R., 2005). A partir de
1500 av. J.-C., les objets se diversifient ; de la vaisselle en verre est produite à travers tout le
Proche-Orient et l’Egypte (Lilyquist C. et Brill R. H., 1993). Une « véritable industrie » du verre
commence en Egypte durant le règne de Tuthmosis III (1475-1425 av. J.-C.). Egalement, à cette
époque en Mésopotamie, des objets en terre cuite glaçurée apparaissent (Moorey P. R. S., 1994).
11
Ch. 1 Compositions des verres
Méso=Mésopotamie / Eg=Egypte.
12
Ch. 1 Compositions des verres
Tab. 1.1 : Compositions moyennes de verres et glaçures de Mésopotamie 1500 av. J.-C., en poids %,
(Paynter S. et Tite M., 2001). Les deux dernières colonnes seront ultérieurement utilisées
dans notre classification (paragraphe 1.2.1.b page 22).
En effet, la quantité légèrement plus grande en Al2O3, K2O et Fe2O3 dans la glaçure peut
s’expliquer par une addition d’un peu d’argile pour faciliter lors de la mise en œuvre, le dépôt sur le
tesson. Il est important de souligner un point rarement considéré dans la littérature : la
composition finale d’un émail est toujours différente de celle avant mise en œuvre, une part
significative des fondants (voir §1.1.3) s’évaporant ou diffusant dans le support argileux/siliceux,
qui en retour enrichi l’émail en certains éléments comme l’aluminium, le fer, …
Le quartzite et la stéatite ont été émaillés très tôt (Ellis L. et Newman R., 2005).
Ces compositions ont un fort coefficient de dilatation thermique (par exemple le saut dû à la
transition α/β du quartz à 573°C), comparable à celui des glaçures alcalines et des pâtes siliceuses,
contrairement à la plupart des argiles cuites qui possèdent un coefficient d’expansion plus faible.
Cela a pour conséquence de produire des fissures dans la glaçure après cuisson si la composition
de l’émail n’est pas adaptée (Munier P., 1957 ; Paynter S. et Tite M., 2001). Le passage d’une
céramique à corps siliceux à une céramique à corps argileux a donc nécessité une modification
profonde de la composition de l’émail.
Avec l’apparition du verre soufflé (Ier s. ap. J.-C.), deux techniques se sont développées à
partir du IVe s. pour les produits « plats », utilisées et améliorées jusqu’au XIXe s. (Richet P.,
2000) :
- la technique du verre soufflé en plateau (« cive ») : le verrier souffle une bulle qu’il
ouvrira à une extrémité pour obtenir, par la force centrifuge (mouvement très rapide de
rotation), un disque plat pouvant atteindre jusqu’à 1,5 – 1,8 m de diamètre (Normandie,
Angleterre) ;
- la technique du verre soufflé en manchon : le verrier souffle une bulle cylindrique
dont il coupera les deux extrémités avant de la fendre sur toute sa longueur. Le cylindre
ouvert est ensuite placé dans un four de re-cuisson pour être complètement déroulé et
former une feuille rectangulaire (Lorraine, Allemagne, Bohême, Venise).
objets en verre « épais » tel que vitraux ou ustensiles de vaisselle. Une seconde phase peut
être ajoutée, dite « opacifiante » pour donner plus de corps à la couleur ;
- du fait de la dispersion dans l’émail de pigments, petits grains d’une phase
(oxydes, sulfures ou même métaux) déjà elle-même fortement colorée (voire
particulièrement opaque) par des chromophores contenant un ion colorant comme le Co,
Cr, Fe, V, etc. Cette phase doit être « stable » c’est-à-dire ne doit pas se dissoudre ou perdre
sa couleur dans la matrice de l’émail, même en fusion ou bien doit re-précipiter au
refroidissement.
Ces pigments peuvent être des matières premières naturelles, du lapis lazuli (Colomban Ph.,
2003), de la chromite (Colomban Ph. et al., 2001), un spinel mixte de manganèse, de fer contenant
un peu de cobalt (Colomban Ph. et al., 2001 ; Gratuze B. et al., 1992), ou préparés spécifiquement
(bol d’Arménie, Jaune de Naples, …) par mélange de matières premières naturelles. Chacune de
ces phases offre une gamme de couleurs qui dépendra aussi de la composition de la matrice
vitreuse, de la température et de l’atmosphère de cuisson, de la taille des grains s’ils sont petits
(<< 1 μm), et voire de son couplage avec d’autres éléments.
Les émaux de « petit feu » peuvent être très concentrés en pigments (jusqu’à 90%) et
doivent être déposés en faible épaisseur (10-50 µm) car avec une forte concentration, l’émail
devient quasi noir ou mat. Dans certains cas, ces « pigments » sont des nano-particules métalliques,
d’or (pourpre de Cassius), d’argent et/ou de cuivre (lustres, jaune d’argent).
Au Moyen-âge les colorants les plus fréquemment utilisés furent le cuivre, le cobalt
(différentes tonalités de bleu ont été obtenues par un mélange de cuivre et cobalt à partir du
XIIIe s.) manganèse, fer et nickel. Il a été montré que deux chromophores pouvaient être
simultanément utilisés (cobalt et lapis lazuli par exemple, (Colomban Ph., 2003)) sans raisons
techniques claires.
La structure du verre peut être complexe :
- plaquage de plusieurs couches colorées ou non. Par exemple le verre rouge,
émaillage riche en nano-précipités de cuivre métallique très absorbant, est plaqué en
couches très minces (quelques dizaines de µm) sur une feuille épaisse transparente. Au
XIXe s., les couches sont moins sophistiquées et l’aspect est travaillé en attaquant les
couches de verre à l’acide pour simuler les variations de dimensions.
- la grisaille : cette technique est apparue au XIVe s. ; elle consiste en l’ajout d’une
couche à la surface du verre. Elle est généralement composée d’oxydes métalliques
mélangés à un fondant puissant (silice + oxyde de plomb) ainsi qu’un délayant (ex :
vinaigre, urine ou eau gommée). Appliquée à froid, un recuit aux environs de 600°C permet
l’adhésion (faible) de cette couche de peinture sur le verre.
A partir du XVIe s., l’émaillage devient plus sophistiqué avec l’application de
pigments bleus, verts ou autres, mélangés à un fondant pour adhérer à la surface du verre ;
- la « cémentation » une technique initiée au XIIe siècle se développe : elle est
utilisée pour le « jaune d’argent » (dans le cas d’une coloration à l’argent) nommée par
analogie avec la nitruration des aciers et est similaire à la préparation des lustres (Colomban
Ph. et Truong C., 2004).
Nous allons donc discuter les principales techniques présentées ci-dessus.
Le colorant utilisé dans les premiers verres fut le minerai de cuivre. La teinte de l’oxyde de
cuivre dissout dans un verre, varie selon la composition du verre, du bleu turquoise (verre alcalin)
au vert de jade (verre au plomb). Une petite quantité, environ 2% en poids, est suffisante pour
produire une couleur puissante (Paynter S. et Tite M., 2001).
14
Ch. 1 Compositions des verres
b/ Opacification
La blancheur et l’opacité sont introduites dans le verre par dispersion d’une phase
provoquant une diffusion de la lumière du fait du saut d’indice optique. Ces particules sont
choisies parmi des oxydes à fort indice de réfraction comme par exemple : la cassitérite (SnO2),
l’anatase, le brookite et le rutile (polymorphes TiO2). La quantité de pigments dispersé dans un
émail varie typiquement de 1 à 10 % en poids (Colomban Ph. et al., 2001).
Les agents opacifiants à base d’antimoniate de calcium ou de plomb sont utilisés par les
verriers depuis le milieu du second millénaire av. J.-C. jusqu’au IVe siècle ap. J.-C. (Mass J. L. et al.,
1998). Les verres opaques colorés ont été largement utilisés (période où les antimoniates (stomates)
de plomb, les jaunes de Naples apparaissent) dans les productions phéniciennes et romaines, pour
la vaisselle, les tesselles de mosaïques, les bijoux émaillés et les décors architecturaux.
Le verre opaque romain possède une composition à base de soude-chaux-silice, parfois
avec un peu de plomb pour les verres rouges aux précipités de cuivre métallique (Bimson M. et
Werner A.E., 1967). L’opacification est généralement obtenue avec un antimoine de calcium.
Deux types de sources d’antimoine sont pressenties comme matière première à l’époque
Romaine (Mass J. L. et al., 1998) :
- sources minéralogiques qui se trouvent à l’état naturel sous forme de bindhéimite
(Pb2Sb2O6(O,OH)). La stibnite (Sb2S3) a également été suggérée comme source d’antimoine
(Henderson J., 1991 ; Turner W. E. S. et Teach Gnudi M., 1959) ;
- sources métallurgiques : extraction de la stibnite (Sb2S3) à partir du minerai
d’argent.
c/ Pigments
Voici les principaux pigments utilisés pour colorer les verres, émaux et vitraux.
Noir
Les pigments noirs ou gris sont obtenus par calcination d’oxydes sous forme de spinelles,
une structure composée de 2 ou 3 cations selon les occupations de sites (AIIB2IIIO4). Les ions
divalents peuvent être : Co2+, Mn2+, Ni2+, Fe2+, Cu2+, Mg2+, Zn2+ et les ions trivalents : Fe3+, Cr3+,
Mn3+, Al3+. Les cations situés dans les sites tétra ou octaédriques (spinelles directs ou inverses),
permettent d’obtenir différentes nuances (Colomban Ph. et al., 2001).
Bleu
Le premier pigment synthétisé par les Egyptiens, un pigment pouvant aller du turquoise au
bleu, remonte au IIIe millénaire av. J.-C. Ce bleu égyptien est un matériau composite associant la
cuprorivaïte bleue (CaCuSi4O10), des espèces siliceuses polymorphes (quartz et/ou tridymite) et des
résidus de fabrication dans une phase silicatée amorphe plus verte, plus ou moins abondante
(Pradell T. et al., 2006).
Dans le cas des verres, Gratuze et al. (Gratuze B. et al., 1996) met en évidence pour les
productions d’Europe et du Bassin Méditerranéen l’existence de quatre groupes à base de cobalt :
15
Ch. 1 Compositions des verres
- le second groupe, rassemble des verres fabriqués entre le début du XIIIe et la fin
XVe siècle ; il se caractérise par la présence de traces de zinc, de plomb et d’indium ; ce
cobalt provient probablement des mines de la région de Freiberg (Erzgebirge) exploitées
vers 1162-1168 {Bari H., 1985 #403} ;
- le troisième groupe, daté fin XVe - début XVIe siècle se caractérise par des
teneurs très élevées en nickel ; une origine allemande (Erzgebirge) est aussi probable ;
De nos jours, les pigments bleu zircon-vanadium sont dominant et permettent d’obtenir
une large palette de bleus (Colomban Ph. et al., 2001 ; Epler R. A. et Epler D.R., 2000).
Le bleu turquoise est obtenu avec du cuivre dissout dans une matrice alcaline-silicatée
(Colomban Ph. et Truong C., 2004). Le bleu outremer est parfois obtenu avec du lapis lazuli, seul
ou en association avec le cobalt (Colomban Ph. et al., 2001).
Vert
Historiquement la couleur verte est obtenue pour la première fois avec du cuivre dissout
dans une glaçure au plomb. Beaucoup de nuances, du rouge au vert et même le noir peuvent être
obtenues en fonction de la composition, de l’atmosphère de cuisson (oxydante ou réductrice) et
des éléments dopants (Ti, Fe, etc) (Colomban Ph. et al., 2001). La couleur verte peut aussi être
obtenue avec du Jaune de Naples mélangé dans une glaçure colorée au bleu cobalt, ou encore avec
du chrome dans différentes matrices : wollastonite, uvarovite du Vert Victoria,…(Colomban Ph. et
al., 2001 ; Liem N. Q. et al., 2002). L’utilisation du chrome est tardive (à partir du XIXe siècle) mais
avait été employée épisodiquement en Anatolie (Iznik, XVe siècle), en Mésopotamie et en Iran.
Jaune
Le pigment jaune est obtenu à partir du fer ou de l’antimoine de plomb (Pb2Sb2O7 ou
Jaune de Naples). Le pigment jaune-orangé est formé quand l’oxyde de chrome est ajouté à l’oxyde
d’antimoine et de titane, formant ainsi une phase rutile TiO2 (Colomban Ph. et al., 2001). Le fer et
l’étain peuvent rentrer dans la solution solide modifiant les colorations.
Rouge et marron
Les spinelles de zinc-fer-chrome produisent une large palette de marron. Le chrome-fer-
étain peut être aussi utilisé dans une glaçure contenant de l’oxyde d’étain. Le fer-manganèse donne
un marron foncé (Colomban Ph. et al., 2001). Bien que le vrai rouge ne soit pas disponible dans les
systèmes d’oxydes, excepté avec l’utilisation du cuivre précipité (Cu0) en atmosphère réductrice, les
rose, violet, rouge brique et Bordeaux sont obtenus de différentes manières. L’addition d’oxyde de
manganèse et de phosphate d’aluminium, produit un rose. La couleur rouge-orangée peut aussi
être obtenue en utilisant l’oxyde de fer (α-Fe2O3), mais la préparation est difficile, de très petits
grains étant nécessaires pour tirer la couleur vers un rouge plus intense (Colomban Ph. et al., 2001).
Depuis une trentaine d’année, le développement des pigments à base de sulfures a bouleversé la
16
Ch. 1 Compositions des verres
palette de pigments (Epler R. A. et Epler D.R., 2000). Ce type de colorant était inconnu dans le
passé à l’exception de la couleur miel-ambre obtenue par un complexe de sulfure de fer dans le
verre (Colomban Ph., 2003).
Les différentes compositions des verres, émaux et vitraux varient fortement selon les
sources d’approvisionnement en matière première, l’époque et le lieu. De même pour la
nature des colorants.
Les analyses réalisées sur des objets en verre recueillis en Europe, sur le pourtour
méditerranéen et au Moyen-Orient montrent l’existence d’un nombre très limité de recettes
verrières. Les principales familles de verres apparaissent dans la figure 1.5. Il n’est pas certain que
la seule nature des matières premières utilisées soit la cause des variations de l’éventail des
compositions. Il est probable que la composition optimale d’un verre évolue selon les techniques
de fusion et de mise en œuvre (viscosité, accroche sur substrat, couleurs, …).
100 0
Na2O
80 20
Verre calco-sodique
à la soude minérale
60 Verre 40
calco-sodique
Type 2 à la soude
40 végétale 60
20 80
Type 3
Type 1 K2O+MgO
Verre calco-
Verre calcique potassique
0 100
100 80 60 40 20 0
CaO
Fig. 1.5 : Diagramme ternaire Na2O – CaO - (K2O+MgO) représentant les différents types de verres
en fonction des fondants à partir des données de Brill R.H., 1999 et de Turner W.E.S., 1956.
La classification (types 1, 2 et 3) que nous utiliserons dans les chapitres suivant est indiquée.
17
Ch. 1 Compositions des verres
Le verre calco-sodique à la soude minérale est caractérisé par l’emploi d’un sable dont le
constituant principal, après la silice, est la chaux. Le fondant sodique est extrait de dépôts minéraux
(natron) et il est donc peu riche en impuretés (Brill R.H., 1999 ; Turner W. E. S. et Teach Gnudi
M., 1959).
On pense que le verre calco-sodique à la soude végétale diffère du précédent par
l’utilisation d’un fondant sodique obtenu à partir de cendres de plantes halophiles, plus riches en
magnésie et en potasse que le fondant sodique d’origine minérale (Brill R.H., 1999 ; Turner W. E.
S. et Teach Gnudi M., 1959). Les compositions de ces deux types sont très voisines et comme
nous l’avons discuté, assigné une origine de type cendres de plantes reste discutable.
Les verres calco-potassiques et calciques contiennent, contrairement aux précédents, très
peu de soude et sont fabriqués à partir de cendres de plantes forestières. La proportion de calcium
amenée par le sable est dans ce cas difficile à déterminer.
Dès la période Romaine, plus particulièrement pour les couleurs rares comme le bleu, le
recyclage a été important (Foy D., 2003), ce qui conduit à des compositions intermédiaires
(Colomban Ph. et al., 2003b).
Le tableau 1.2 récapitule les familles de compositions des verres anciens (Azemar R. et al.,
2000 ; Gratuze B., 1997) :
Tab. 1.2 : Les principaux groupes chimiques de verre d’après les fondants utilisés (teneurs en % massique).
Les autres constituants sont principalement pour un verre incolore : la silice 50 à 65% ; l’alumine 0,5 à 5% ;
le phosphore 0,2 à 3% ; le chlore 0,1 à 1, % ; les oxydes de fer 0,2 à 2% et de manganèse 0,1 à 2%
(Dussubieux L., 2001). *Classification que nous utiliserons dans les chapitres suivants.
La figure 1.6 tente de comparer les différentes compositions et leur relation avec la
composition des matières premières dans les diagrammes Na2O – CaO – (K2O+MgO). Deux
diagrammes (a et b) ont été réalisés pour plus de clarté pour les figures 1.6 et 1.7 (voir annexe 2
pour le détail des compositions). Dans la figure 1.6a nous avons ajouté en gris foncé les
compositions des matières premières dont le nom est encadré. Une variabilité des compositions est
courante au sein d’une même catégorie.
Pour les verres calco-sodiques au natron, nous distinguons clairement ceux du Moyen-
Orient (Henderson J., 2002) et ceux d’Egypte et de Mésopotamie (Tite M.S. et Shortland A.J.,
2003) (fig. 1.6a). Les compositions des verres Romains (Aerts A. et al., 1999) sont comprises dans
celles du Moyen-Orient au natron. Les verres Italiens (première moitié du XIVe siècle ap. J.-C.)
calco-sodiques (Silvestri A. et al., 2005) de la figure 1.6b ont une plus grande diversité et ont
tendance à contenir moins de chaux.
Concernant les verres calco-sodiques à la soude végétale (fig. 1.6a), les compositions
sont aussi très variables et nous pouvons différencier les verres Islamiques (Freestone I. C. et
Stapleton C. P., 1998 ; Henderson J., 2002) mixtes sans doute préparés en utilisant à la fois des
cendres de plantes et du natron, des verres Egyptiens et Mésopotamiens (Tite M.S. et Shortland
A.J., 2003) moins riches en chaux. La figure 1.6b présente également ce type de verre, où nous
18
Ch. 1 Compositions des verres
pouvons distinguer les verres d’Italie (Silvestri A. et al., 2005) de la fin du Moyen-âge de ceux
provenant de Belgique (XV-XVIe siècles) (Schalm O. et al., 2004).
Na2O Natron
Natron 100 0
Moyen Orient Egypte et Mésopotamie
Ier millénaire ap. J.-C. 1069 –post 332 av.J.-C.,
(Henderson, 2002) (Tite et Shortland, 2003)
80 20
Verre Romain
Egypte et Mésopotamie
(Allemag., Italie, France,…)
(Aerts et al., 1999) 2055 à 1069 av.J.-.C,
60 40 (Tite et Shortland, 2003)
Cendre plante
Egypte et Orient 80
20 Sable
K2O+MgO
0 100
100 80 60 40 20 0
Couvertes Vietnamiennes
CaO XIII-XVIe s.
a) (Colomban et al., 2003)
40 60
20 80
K2O+MgO
0 100
100 80 60 40 20 0
Belgique
CaO XV-XVIe s.
b) (Schalm et. al, 2004)
Fig. 1.6 : Comparaison des principales compositions de fondants de verres d’époques et d’origines différentes,
à l’aide de deux diagrammes ternaires Na2O – CaO – (K2O+MgO) pour plus de clarté.
Sur cette même figure, les émaux d’Iznik très riches en sodium et en plomb (Paynter S. et
al., 2004) se différencient clairement de la majorité des glaçures islamiques opacifiées à l’étain.
Les couvertes vietnamiennes (Colomban Ph. et al., 2003a) (fig. 1.6a) et les verres belges
(Schalm O. et al., 2004) (fig. 1.6b) sont des verres calciques et calco-potassiques. La
composition relative en chaux des couvertes vietnamiennes est très étendue, de 15 à 75 %.
La composition des perles de « faïences ou quasi fondues » d’Europe du Nord datées de
l’Age du Bronze, est sodo-potassique, riche en potassium et sodium (7 à 10 %) et faible en
magnésium (moins de 2%) (Sheridan A. et al., 2005).
19
Ch. 1 Compositions des verres
Les diagrammes de phases permettent d’expliciter le choix des compositions d’après les
critères technologiques de fusion. Ainsi les diagrammes ternaires SiO2 - K2O - CaO de la figure 1.7
montrent que les minima des lignes isothermes de 1200°C à 1400°C recoupent les domaines de
compositions des verres. Le diagramme de phase ternaire K2O – CaO - SiO2 avec toutes les lignes
isothermes liquidus est présentée dans l’annexe 3 (Morey G.W. et al., 1930). Sur ces diagrammes
ternaires, PbO, un fondant très efficace pour diminuer la température de mise en œuvre, n’est pas
considéré. Ce qui explique la localisation des verres Romains, Islamiques, Italiens et Belges, dans
une zone du liquidus3 au delà de 1400°C et dans une zone de composition très siliceuse, alors
qu’avec l’ajout de plomb la véritable température de fusion est en fait beaucoup plus basse.
100 0 100 0
CaO CaO
80 20 80 20
60 Romain 40 60 Italie 40
Islamique I-XIVe s.
Moyen Orient
Belgique
Couverte viet.
40 60 40 XV-XVIe s. 60
20 1400 °C 80 20 1400 °C 80
1200 °C K2O 1200 °C K2O
10 1100 °C 10 1100 °C
00 00
° C 1000 °C ° C 1000 °C
0 100 0 100
100 80 60 40 20 0 100 80 60 40 20 0
SiO 2 Egypte et Mésopotamie SiO2 Iznik, XVe s.
Europe du nord
Fig. 1.7 : Visualisation des isothermes liquidus issus du diagramme de phase (Morey et al., 1930)
dans les diagrammes ternaires de compositions relatives CaO - SiO2 - K2O.
c/ Graphiques binaires
3
Le liquidus d’un diagramme de phase sépare le domaine où le matériau est totalement fondu du domaine où
coexistent un liquide et un solide.
20
Ch. 1 Compositions des verres
- deux rapports, 0,5 Na2O + 0,5 K2O + CaO (symbolisé par Na+K+Ca) et 0,5
Na2O + 0,5 K2O + CaO + PbO (symbolisé par Na+K+Ca+Pb), représentant
respectivement les teneurs en fondants “ioniques” et la totalité des fondants.
Ces trois graphiques (fig. 1.8) présentent une « vue d’ensemble » des compositions
collectées dans la littérature pour des verres/émaux produits entre 1650 av. J.-C. et le XVIe siècle,
en Europe, aux Proche et Moyen-Orient. A titre de comparaison nous avons ajouté quelques
compositions de porcelaines et des couvertes Vietnamiennes.
- une troisième zone, des verres et émaux comparables où la teneur en fondant est
variable. Cette zone concerne les verres du Moyen-Orient au natron (Ier millénaire),
islamiques à la cendre de plantes et mixte (VIIIe-XIIe siècles), romains opacifiés à
l’antimoine et des émaux Islamiques du XIIIe-XVIe siècles.
Dans le graphique de la figure 1.8c nous avons ajouté le plomb à la somme des fondants.
On peut découper la courbe en trois zones. La première zone concerne les pâtes de porcelaines
(fortement vitreuses) qui ne contiennent pas de plomb. Une seconde zone semblable à la troisième
zone du graphique de la figure 1.8b. La dernière zone est composée essentiellement de glaçures
d’Europe et du Proche-Orient opacifiées à l’étain (Tite M. S. et al., 1998), contenant en moyenne
30% d’oxyde de plomb.
21
Ch. 1 Compositions des verres
T°C de
3 Verre Islamique
100
fusion
SiO2 / ½ Al2O3
2
50 a) Degré de covalence
1 Verre romain
du réseau formateur
Verre archaïque
0
Pâte alumineuse
0 10 20 30 40 50 60 70
Numéro d'échantillon
0 1 Porcelaine
Majolique (Pavia, Ferrara), Hispano-Moresque
½ Na2O + ½ K2O + CaO
1
0 Verres et émaux
½ Na 2O + ½ K 2O + CaO + PbO
2 comparables
10
20
0% PbO
Porcelaine
30 c) Totalité des
3
40 Europe et fondants
50
Proche-Orient
20% PbO
60
PbO élevé
70
0 10 20 30 40 50 60 70
Numéro d'échantillon/ Température décroissante
Fig. 1.8 : Hiérarchisation des verres et émaux à partir a) de l’indice de covalence (SiO2/0,5Al2O3),
b) de la teneur en fondant ionique (0,5 Na2O + 0,5 K2O + CaO) et c) de la totalité des fondants
( 0,5 Na2O + 0,5 K2O + CaO + PbO), (voir annexe 2 pour le détail des compositions).
22
Ch. 1 Compositions des verres
Cette classification efficace pour les verres islamiques, les glaçures et les émaux, laisse
pressentir que l’analyse Raman permettra de différencier de tels échantillons.
1.2.2 Vitraux
Le verre à vitrail est spécifique du fait des contraintes de mise en forme (verre épais, plat,
grande surface) et d’usage (tenue mécanique, coloration).
Les vitraux du XIIe et XIIIe siècles sont caractérisés par une forte teneur en potassium, la
présence de cet élément étant due à l’emploi de cendres de végétaux terrestres comme fondant,
comme rapporté par Théophile (Théophile, XIe-XIIe s.) : « un verre peut être obtenu par cuisson d’un
mélange composé de deux parties de cendres de hêtre et une partie de sable de rivière ». Cette recette est
exemplaire de l’intérêt et de l’imprécision des anciennes recettes. Comme décrite dans le
paragraphe 1.1.1 page 8, de très grandes différences de composition existent selon la sélection des
parties végétales (branches, tronc, racines) ; de plus les cendres étant extrêmement hygroscopiques,
le rapport cendre/silice est fortement variable selon les conditions de séchage et de manipulation.
Il est compréhensible que les teneurs massiques en silice des verres puissent aller à cette époque de
45 à 60% et celles en oxyde de potassium de 4 à 25%. Ces verres sont également caractérisés par
une forte teneur massique en oxyde de phosphore de 4 à 7%, le phosphore étant toujours présent
dans les cendres de végétaux terrestres. Ils contiennent également du calcium, de l’aluminium et
jusqu’à 7% de magnésie. A des teneurs moindres, on trouve de l’oxyde de manganèse, 1 à 2%,
ajouté sous forme de pyrolusite (le « savon des verriers ») pour réduire la coloration jaune verdâtre de
la matière vitreuse par le fer trivalent présent dans les matières premières, à des teneurs
typiquement de 1 à 2% (Bettembourg J.-M., 1990).
Sterpenich J. a étudié des vitraux archéologiques (enfouis) et des vitraux sur verrière
provenant de différentes Cathédrales en France et en Allemagne. Le tableau 1.3 liste les
provenances, époques et types de verres.
Tab. 1.3 : Tableau récapitulatif de la provenance, l'époque et du type de verre des échantillons étudié par
Sterpenich, (Sterpenich J., 1998). *Classification que nous utiliserons dans les chapitres suivants.
Les vitraux potassiques français présentent des compositions similaires. On peut observer
dans le diagramme ternaire de la figure 1.9 que les verres Allemands (XIVe siècle) sont moins
siliceux mais plus calciques que leurs homologues français.
23
Ch. 1 Compositions des verres
ç
100 0
100 0
Na2O CaO
80 20
80 20
Rouen
VII-IXè s. 60 Rouen 40
60 40 VII-IXè s.
Na
Allemagne
40 60 40 60
XIVè s.
Ca-K
Allemagne 80 20 1400 °C 80
20 K2O
XIVè s. K2O+MgO 1200 °C
VII-XIVè s. K-Ca100
Na 0°
1100 °C
Ca-K K-Ca C 1000 °C
100
0 100 0
100 80 60 40 20 0 100 80 60 40 20 0
SiO2 K-Ca, VII-XIVè s.
CaO
Fig. 1.9 : Comparaison dans les diagrammes ternaires Na2O – CaO - (K2O+MgO) et CaO - SiO2 - K2O des
compositions des vitraux de cathédrales Françaises et Allemandes (VII-XIVe s) étudiés par J. Sterpenich, 1998.
Les liquidus sont reportés d’après le diagramme de phase ternaire de Morey et al.,1930.
Sur le diagramme ternaire CaO -SiO2-K2O de la figure 1.9 nous avons ajouté des lignes
isothermes issues du diagramme de phases correspondant (annexe 3). On remarque alors que les
verres sodiques requièrent en l’absence de fondants complémentaires (P, PbO) une température
plus élevée (~ 1400°C) que les verres calco-potassiques (~1250°C) et les verres potasso-calciques
(~1150°C).
b/ Graphiques binaires
Comme pour les verres et émaux, à partir des données de la littérature (Colomban Ph. et al.,
2006 ; Lagabrielle S. et Velde B., 2003 ; Schalm O. et al., 2004 ; Sterpenich J., 1998 ; Tournié A. et
al., 2006) de compositions élémentaires de vitraux, nous avons réalisé deux graphiques (fig. 1.10).
L’un, donne le degré de covalence du réseau formateur à partir du rapport SiO2/(0,5Al2O3) et
l’autre, présente les teneurs en fondants « ioniques » (Na2O, K2O, CaO). Le corpus large, est
composé de vitraux français du VII-IXe, XIII-XVI et du XIXe s, de vitraux allemands du XIVe s.
et belges du XV-XVIe s. (voir annexe 2 pour le détail des compositions).
24
Ch. 1 Compositions des verres
VII-IXe s. France
XIII-XIVe s. France
XV-XVIe s. France
XIXe s. France
XIVe s. Allemagne
XV-XVIe s. Belgique
72
T°C de
fusion
66 XIXe s.
SiO2 / 0,5 Al2O3
a) Degré de covalence
60
du réseau formateur
XIII-XVIe s.
54
48
0 20 40 60 80 100 120
Numéro d'échantillon
15
XIXe s.
0,5Na2O + 0,5K2O + CaO
20
XIII-XVIe s.
25 b) Fondant ionique
30
XIVe s.
Allemagne
35
0 20 40 60 80 100 120
Numéro d'échantillon / Température décroissante
Fig. 1.10 : Hiérarchisation des vitraux à partir a) de l’indice de covalence (SiO2/0,5Al2O3) et b) de la teneur en
fondant ionique (0,5 Na2O + 0,5 K2O + CaO), (voir annexe é pour le détail des compositions).
Les graphiques de la figure 1.10 illustrent bien les différentes époques et évolutions
techniques. Une pente « douce » et non un palier, montre la diversité des compositions de vitraux
aux XIII-XVIe s. et la rupture technologique des verres allemands du XIVe siècle. Au XIXe s. la
pente est particulièrement raide, un large éventail de compositions ayant été exploré avec les
développements technologiques de cette époque. L’augmentation graduelle de la température de
mise en œuvre et l’utilisation de compositions plus pures ou plus alumineuses sont aussi évidentes.
Dans cette seconde partie de chapitre, nous avons à la fois montré la grande diversité
dans les compositions et classé les types de verres (verre, émaux et vitraux) selon leurs
teneurs en oxydes formateurs et en fondants. On peut penser que ces différences de
compositions permettront une identification par spectroscopie de vibration en considérant
simultanément les nombres d’ondes et les intensités.
25
Ch. 1 Compositions des verres
Des programmes internationaux sur la conservation des vitraux médiévaux furent initiés
dans les années 1970 (Bettembourg J.-M., 1976 ; Collongues R. et al., 1976 ; Douglas R.W. et El-
Shamy T.M.M., 1967 ; Michel D. et al., 1978 ; Perez y Jorba M. et al., 1978), mais ces études sont
restées limitées à une caractérisation microstructurale « externe » au verre par microscopie optique
ou électronique et par une recherche d’identification des produits de corrosion formés en surface.
Des travaux plus récents se sont également intéressés aux phases formées en surface (Carmona N.
et al., 2006a ; Melcher M. et Schreiner M., 2004). Une couche de « silice hydratée » et des sulfates et
carbonates de calcium/potassium ont été identifiées. L’étude la plus complète examinant la
morphologie de la microstructure de vitraux corrodés naturellement reste celle de Cox et Ford en
1993 (Cox G.A. et Ford B.A., 1993). Elle porte sur la morphologie, la composition des cratères et
une première analyse structurale par spectrométrie Raman. Des phases de phosphate de calcium
ont été ainsi identifiées dans des « croûtes » de verres silicatés. Plus récemment, Libourel et
Sterpenich, se sont attaqués aux modifications du verre naturellement corrodé, en déterminant des
profils de concentration d’eau et de lixiviation des ions K+, Na+ voir Mg2+ dans les régions près de
la surface (Libourel G. et al., 1994 ; Sterpenich J. et Libourel G., 2006).
L’analyse détaillée de Libourel et al. (1994) met en évidence trois couches : une fine couche
superficielle, une couche fissurée et le verre sain, homogène et sans craquelure (Libourel G. et al.,
1994). En 1994, Bunker donna une représentation légèrement différente, avec en plus une zone de
transition entre la couche de gel/verre hydraté et le verre sain (Bunker B.C., 1994). La figure 1.11
présente une vue schématique des différentes “régions” observées dans un verre corrodé
naturellement (Pescatore C. et Machiels A.J., 1983).
26
Ch. 1 Compositions des verres
Surface du verre
Zone de transition
Solution
aqueuse Couche de gel Verre sec
hydraté
Fig. 1.11 : Vue schématique des phases formées à la surface d'un verre corrodé naturellement
(Pescatore C. et Machiels A.J., 1983).
Cailleteau et al. ont mesuré le taux de dissolution de trois familles de verres (borosilicates,
aluminosilicates et silicates de plomb) dans des solutions aqueuses basique et acide. Les résultats
expérimentaux obtenus ont été comparés et explicités avec ceux obtenus par simulation Monte-
Carlo (Cailleteau C. et al., 2008). Les simulations montrent l’extraction des espèces solubles et la
formation d’une couche poreuse à la surface du verre et non d’une couche de verre hydraté.
1.3.2 Conservation/restauration
La conservation des verres anciens peut être directe ou indirecte (conservation préventive).
La conservation directe comprend des actions directes sur l’œuvre, comme l’élimination de certains
produits corrosifs ou résultant de la corrosion par un nettoyage régulier des panneaux de vitraux
(faces interne et externe), la réparation de pièces brisées, … . Toutes ces techniques sont décrites
dans le manuel de conservation et restauration (Pallot-Frossard I., 2006). La conservation
préventive comprend toutes les actions indirectes comme la pose de grillages ou de verrières de
protection. Le grillage est la protection la plus courante : il prévient contre les chocs (jets de
pierres, grêle, etc). La verrière utilisée pour protéger les vitraux les plus anciens et les plus fragiles
protège la face externe des agressions de l’environnement (pluie, neige, pollution, …), des
variations de température et d’humidité et protège la face interne contre des phénomènes de
condensation. Plusieurs types de verrières de protection ont été testées (Vincent-Petit F. et Lecoq
I., 2005) :
- les feuilles de verres découpées à la dimension des panneaux de vitraux ou aux
dimensions de la baie, comme des verres « float », bon marché mais peut générer un effet
de « miroir » sur de grandes surfaces ou des verres antireflets (susceptible d’encrassement si
les verres sont très dépolis) ;
- des plaques de polymères à base de résines acryliques ou polycarbonates, légères
mais vieillissent mal ;
- des verres thermoformés qui peuvent accrocher les poussières et s’encrasser.
Pour être efficace ce système de protection doit répondre à quelques critères dont les
principaux sont : étanchéité, ventilation et translucidité.
Actuellement, le nettoyage des vitraux s’effectue en fonction de la nature des salissures
et/ou des produits de corrosion. On peut adopter toute une gamme de méthodes de nettoyages,
après essais au préalable (Caen J.M.A., 1993 ; 1999 ; Pallot-Frossard I., 2006) : nettoyage
mécanique à sec ou humide (éponge, brosse douce, pinceau, etc), rinçages à la douchette sous
faible pression, application au pinceau ou pulvérisation de produits biocides pour éliminer les
micro-organismes, application de gel, …
27
Ch. 1 Compositions des verres
Le dépôt de couches hydrophobes sur les verres est classique depuis quelques années
(vitrage d’immeuble, pare-brise de voiture). Des études (Carmona N. et al., 2006b ; Dal Bianco B.
et Bertoncello R., 2008 ; Dal Bianco B. et al., 2008) ont montré l’efficacité des couches sol-gel4
appliquées à la surface des verres anciens sans traitement thermique. Les conditions optimales de
dépôt de cette couche ont été établies pour deux catalyseurs H+ et Pb2+. Le premier étant efficace
pour les verres sodo-calcique et le second pour les verres contenant du plomb. Dal Bianco et al.
ont testé l’adhésion et l’interaction de cette couche avec le verre. Ils ont également étudié le
comportement des multi-couches sol-gel. De bons résultats ont été obtenus sur l’adhésion des
multicouches et leur action protectrice sous condition contrôlée de corrosion. Il reste encore à
tester l’efficacité de ces couches sol-gel sous conditions atmosphériques réelles et sur des
échantillons de verres anciens et en particulier leur tenue à l’encrassement, au développement de
micro-organismes, la couche sol-gel étant micro-poreuse.
Une des conséquences de la dégradation du verre est l’apparition d’une « couche de gel »
riche en eau et d’une croûte formée par des produits de corrosion. Basé sur deux études de
faisabilité (Dickmann K. et Olaineck C., 1997 ; Leibner J. et al., 1995), un projet de recherche
interdisciplinaire « Nettoyage laser des vitraux » a été lancé en 1997. La méthodologie de ce projet
(Römich H. et Weinmann A., 2000), basée sur le traitement laser et les résultats de l’ablation des
couches biologiques ont été publiés dans le résumé des conférences LACONA (Castillejo M. et al.,
2007). Le nettoyage des vitraux par méthode laser est possible mais dans certaines limites.
L’absence d’une corrosion significative induite par le traitement laser à la surface du verre a été
montrée pour un échantillon corrodé dans une chambre climatique. Les résultats sur le
comportement à long terme des surfaces des échantillons traités aux lasers, exposés à la corrosion
contrôlée et naturelle restent à être validés.
1.4 Conclusion
Les compositions des verres, émaux et vitraux varient suivant les matières premières
utilisées, l’époque et le lieu de fabrication.
Les verres anciens subissent l’action du temps et présentent généralement une couche de
corrosion plus ou moins épaisse qui induit des modifications importante de la structure du verre.
L’analyse vibrationnelle étant une méthode optique s’effectuant à la surface, il est donc important
de bien comprendre ces mécanismes de corrosion et les modifications de la signature spectrale qui
en résulte.
Dans le chapitre 2 nous décrirons les verres selon un point de vue spectroscopique.
4 Le procédé sol-gel permet la production de matériaux amorphe, parfois transparent sans recourir à la fusion, c’est-à-
dire permet de fabriquer un polymère inorganique par réaction d’hydrolyse-polycondensation et suivit d’un séchage à
une température proche de la température ambiante (20 à 150 °C). Une résistance à l’abrasion nécessite cependant une
cuisson à 500°C ou plus.
28
Ch. 1 Compositions des verres
1.5 Références
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34
Ch. 2 Raman des silicates amorphes
Chapitre 2
Analyse Raman des silicates amorphes
33
Ch. 2 Raman des silicates amorphes
2.3 Classement des compositions des silicates à partir des spectres Raman 44
2.3.1 Effets instrumentaux 45
2.3.2 Extraction des données relatives aux configurations (SiO4)n 48
2.3.3 Classement « simple » des spectres 49
a/ Classement des silicates et phosphates cristallins en fonction de l’Ip 50
b/ Classement des verres de silicates en fonction de Ip et νmax 52
2.3.4 Classement multivarié des spectres 54
a/ Analyse en composantes principales 54
b/ La classification Ascendante Hiérarchique 55
2.4 Conclusion 57
2.5 Références 58
34
Ch. 2 Raman des silicates amorphes
C e chapitre a pour but de définir une méthodologie pour l’analyse d’une signature
Raman d’un silicate vitreux. Cette méthodologie s’étend depuis la réalisation d’un spectre et les
limites pratiques dues aux appareillages, les conditions expérimentales, ... jusqu’au traitement des
spectres et l’extraction de paramètres Raman pertinents.
Un grand nombre d’articles, depuis les années cinquante, concernent l’étude des verres par
diffusion Raman (Bockris J. O'M et al., 1955 ; Brawer S., 1975 ; Furukawa T. et al., 1981 ; McMillan
P., 1984 ; McMillan P. et Piriou B., 1982 ; 1983 ; Mysen B. O. et al., 1982a ; Mysen B. O. et al.,
1980). Très vite la structure des silicates a été décrite en terme d’unité structurale avec le concept
des NBO/Si = 4, 3, 2, 1 et 0 (NBO = non bridging oxygens per silicon, nombre d’oxygène non pontant
par atome de silicium). La classification structurale des silicates cristallins selon l’arrangement des
tétraèdres dans l’espace en nésosilicate, sorosilicate, … est bien établie depuis 1960 ainsi que les
effets des substitutions possibles du silicium par d’autres éléments principalement l’aluminium et le
magnésium ou encore le fer sur la signature infrarouge (Belov N., 1961 ; Kostov I., 1975 ; Lazarev
A. N., 1972 ; Liebau F., 1985 ; Zoltaï T., 1960).
A partir de 1985, paraît dans la littérature des études concernant les synthèses sol-gel avec
l’aide conjointe de deux méthodes ; la spectrométrie Raman et la Résonance Magnétique Nucléaire.
C’est à ce moment que l’on voit apparaître l’emploi de l’appellation Qn pour décrire les
configurations d’un verre silicaté mais uniquement pour les spectres de RMN. La description de ce
modèle issu d’un spectre Raman conserve toujours la notation des NBO (Artaki I. et al., 1985 ;
Colomban Ph., 1996 ; Lippert J. L. et al., 1988 ; Zotov N. et al., 1996).
A partir des années 1999-2000 la formulation Qn est aussi utilisée pour décrire les spectres
Raman, dans trois articles quasi contemporains mais concernant trois domaines différents : les
35
Ch. 2 Raman des silicates amorphes
verres de confinement de résidus nucléaires (Li H. et al., 2000), les porcelaines vietnamiennes (Liem
N. Q. et al., 2000) et l’étude des propriétés vibrationnelles de la silice (Zotov N. et al., 1999). C’est
cette approche que nous utiliserons.
36
Ch. 2 Raman des silicates amorphes
Les phyllosilicates sont des composés lamellaires comprenant environ 150 variétés, parmi
lesquelles les groupes très importants des micas et des argiles. Un exemple typique d’argile
phyllosilicate est le kaolin. Ce sont des minéraux en feuillets dans lesquels les tétraèdres (SiO4)4-
sont soudés les uns aux autres par trois de leurs sommets (les oxygènes basaux) de façon à former
dans un seul plan une maille hexagonale de formule (Si4O10)4-. Les compositions chimiques sont
très variées. Le remplacement de Si4+ par Al3+ est compensé par des cations positionnés entre les
feuillets. Les feuillets sont chargés, ce qui provoque une forte interaction avec les cations
compensateurs eux mêmes étant souvent solvatés avec l’eau et cause de la grande plasticité des
argiles. La stabilité thermique des phyllosilicates est beaucoup plus faible (~< 600-700 °C) que
celle des autres silicates, du fait de la présence de groupements hydroxyles et d’eau de constitution.
Ces types de coordinences sont appelés Q2 et Q3, en fonction du degré de substitution.
Les tectosilicates : cette classe composée par environ 120 variétés est importante car elle
comporte les grands groupes de quartz, des feldspaths et feldspathoïdes. Les tétraèdres (SiO4)4-
sont tous liés par leurs sommets pour former un réseau tridimensionnel. Lorsque l’on a Si comme
seul atome au centre des tétraèdres, toutes les valences sont saturées, de sorte qu’aucun autre
cation ne peut entrer dans ce type de réseau (exemple le quartz). Ce type de coordinence est sous la
forme Q4.
Mais une partie des ions silicium est généralement remplacée par des ions beaucoup plus
ioniques comme Al3+, Fe2+/3+, Mg2+,… les valences étant équilibrées par incorporation de cations
tels que Na2+, K+ ou Ca+. Dans ces cas, le type de coordinence d’un atome de silicium lié à un
oxygène lui-même lié à un atome comme Al, Fe ou Mg, est du point de vue vibrationnel de type
Q3 et non de type Q4, car dans une liaison Si-O-M, l’atome d’oxygène appartient
vibrationnellement à la liaison Si-O car la liaison M-O est trop ionique pour générer une
polarisabilité dominante.
Oxygène non-pontant
Oxygène pontant
O O Na+
O
+ Na2O
Si Si
O
O
O O
Si O Si
O O
O
O Na+
Fig. 2.7 : Rupture d’un pont Si-O-Si par adjonction d’une molécule de modificateur Na2O.
La figure 2.8 montre que dans les verres de silicates, le réseau peut être considéré comme
constitué d’un enchaînement aléatoire de diverses associations de tétraèdres (SiO4)4- donc comme
dans les formes cristallines des silicates. On y retrouvera donc « localement » les configurations des
types tecto, inno, cyclo et sorosilicates avec les différentes formes d’arrangements des tétraèdres
(SiO4)4- : Q0 (tétraèdre isolé), Q1, Q2, Q3 et Q4 (4 oxygènes pontants).
38
Ch. 2 Raman des silicates amorphes
Q1
Oxygènes pontants Q4
Oxygènes non-pontants Q0 Q3
Formateurs de réseau (Si ou Al)
Modificateurs de réseau (Na, K, Ca, Pb,...) Q2
Fig. 2.8 : Schéma d’un verre de silicate où les différents types d’arrangements tétraédriques
(Q0, Q1, Q2, Q3 et Q4) sont montrés.
naturel. Au contraire dans la silice pure, où tous les oxygènes appartiennent à deux tétraèdres,
l’unité Si-O a souvent été utilisée par les physiciens (Galeener F.L., 1990). D’autres auteurs
préfèrent des unités Si-O-Si (Handke M. et Mozgawa W., 1993).
Le tétraèdre SiO4 est une unité vibrationnelle de symétrie Td, et pour cette symétrie on
attend (selon la théorie des groupes) quatre modes de vibrations internes (tab. 2.1 et fig. 2.9) :
Nombre
Symétrie
Modes Symbole d’onde (cm-1)
Td
de SiO4
Symétrie d’élongation ν1 ou νs A1 800-1000
Antisymétrie d’élongation ν3 ou ννas F2 900-1200
Symétrie de déformation ν2 ou δs E 400-600
Antisymétrie de déformation ν4 ou δas F2 500-700
Oscillation de vibration
R’ 300
rotationnelle
Oscillation de vibration
T’ 100-200
translationnelle
En Raman, les quatre modes sont actifs, mais le mode d’élongation symétrique ν1 et le
mode de déformation symétrique ν2 sont les plus intenses ; aussi nous verrons qu’en première
approximation dans le modèle des Qn seuls ces modes seront considérés sous les appellations de
νSiO4 et δSiO4. A ces modes internes s’ajoutent les librations et les modes externes de la maille
vibrationnelle.
40
Ch. 2 Raman des silicates amorphes
Raman de la phase cristalline (le quartz α constitué de tétraèdres formant des cycles en hélice
autour de canaux vides) et de la phase silicatée amorphe (verre de silice).
430 485
D1
Pic
Boson
Intensité Raman
463
Verre de silice
D2
600
795
200 α-quartz
1060 1190
Fig. 2.10 : Spectres Raman de phase cristalline (quartz, base de donnée internet RRUFF http://rruff.info/)
et de verre de silice (Montagna M. et al., 1996).
Le spectre du quartz α présente une bande principale à 463 cm-1 correspondant au mode
δSi-O4 et une seconde bande intense à 200 cm-1 correspondant à une oscillation de rotation
(libration) de SiO4.
Grossièrement on peut dire que la bande située à 430 cm-1 correspond aux mouvements de
déformation SiO4 analogue au pic à 463 cm-1 du quartz. Les bandes à 1060 et 1190 cm-1 sont dues
aux vibrations des élongations. Sur le spectre du verre de silice, les bandes sont beaucoup plus
larges comme attendues pour un composé amorphe désordonné mais on observe aussi deux pics
« fins », inattendues dont l’attribution a longtemps été discutée. Ces pics fins appelés D1 (485 cm-1)
et D2 (600 cm-1) évoquent des phases cristallines. Ils sont maintenant attribués aux modes de
nanocristallites formées d’un cycle de tétrahèdres qui vibrent découplés des autres modes (Elliot
R., 1995 ; Galeener F.L., 1982 ; Galeener F.L. et al., 1984 ; Sitarz M. et al., 1999).
Un pic appelé « pic boson » (situé entre 0 et 100 cm-1) souvent très intense est également
observé pour certains verres. Ce pic révèle la structure inhomogène du verre à l’échelle
nanométrique (Champagnon B. et al., 2000 ; Malinovsky V. K. et Sokolov A. P., 1986). Le nombre
d’onde du pic Boson diminue avec l’augmentation de la masse des ions modificateurs tandis que le
nombre d’onde du massif de déformation δSiO4 (centré aux alentours de 500 cm-1) augmente
(McIntosh C. et al., 1997). Son intensité est directement liée à la polarisabilité des cations autres que
le silicium. Il est ainsi très intense pour les verres contenant du plomb.
Modes de Modes
déformations d'élongations
823 Nésosilicate
Forsterite
Q0 ou =SiO4 isolé (Mg)2SiO4
1067
683
Cyclosilicate
Intensité Raman
Béryl
321
394
Q2 ou =SiO2 Be3Al2Si6O18
1010
659 Inosilicate
373
Q2 ou =SiO2 Hedenbergite
CaFeSi2O6
507
290
Tectosilicate
Oligoclase
Q3 ou =SiO
(Ca,Na)(Al,Si)AlSi2O8
Q4 ou =Si-
463
Quartz SiO2
Fig. 2.11 : Exemples de spectres Raman des différents arrangements des tétraèdres, présentés en suivant la
progression de la polymérisation depuis les nésosilicates jusqu'aux tectosilicates
(source internet base de données RRUFF).
42
Ch. 2 Raman des silicates amorphes
On constate, que les modes de déformations δSiO4 (autours de 500 cm-1) sont intenses pour
des réseaux fortement polymérisés (tectosilicates) alors que les modes d’élongations νSiO4 (autour
de 1000 cm-1) dominent pour les réseaux complètement dépolymérisés (nésosilicates). L’intensité
relative du rapport δSiO4/νSiO4 augmente lorsque l’on passe d’une forte connectivité (tectosilicate) à
aucune connectivité du réseau (nésosilicate) et cela conduit à définir à partir de ce rapport un
indice de polymérisation (Colomban Ph., 2001 ; 2003b). Ce point, confirme une observation
antérieure effectuée pour un corpus de verres, sera détaillé plus loin dans le paragraphe 2.3.3 p. 49.
Le principal avantage de ce modèle des Qn est qu’il est applicable à toutes les compositions
de silicates depuis celles constituées principalement de tétraèdres isolés jusqu’aux structures
fortement polymérisées. Un exemple de décomposition est donné dans la figure 2.12. Rappelons
les hypothèses qu’il sous-tend :
43
Ch. 2 Raman des silicates amorphes
Massif de déformation
Intensité Raman
centré à 500 cm-1
δ Si-O Q2
Q1
Q4
Q0
Fig. 2.12 : Attribution schématique des modes d’élongation selon le modèle (SiO4)n et de ces composantes Qn.
Dans cette description, il est raisonnable de supposer que la différence entre Qn et Qn-1
deviendra de plus en plus faible lorsque la connectivité augmentera. Effectivement il a été constaté
(Colomban Ph. et al., 2003a) que Q0 se déplace peu d’un système à l’autre alors que Q1 et Q2
varient fortement en nombre d’onde et en intensité. La séparation Q3 et Q4 est quant à elle souvent
difficile et les valeurs obtenues moins significatives (Liem N. Q. et al., 2002), car :
- les différences influent d’avantages sur des spectres de silicates déjà bien
polymérisés qui peuvent être perturbés par d’autres paramètres (nature des ions voisins)
non pris en compte dans le modèle.
œuvre, d’abord à l’aide d’une méthode simple (un ou deux paramètres Raman), puis si besoin de
procédures plus complexes en faisant appel à des outils multivariés (Classification Hiérarchique
Ascendante, Analyse par Composantes Principales, …).
Les puissances de laser que nous disposons au laboratoire varient selon les spectromètres.
La courbe UV-VIS de la figure 2.13 indique les longueurs d’ondes des lasers utilisés.
1.2
Absorbance
0.9
0.0
400 500 600 700 800
Longueur d'onde / nm
La figure 2.14 compare la signature Raman « brute » d’un même échantillon (AM19bleu)
enregistré à l’aide des différents spectromètres.
(< 30 cm-1), et donne ainsi accès au pic Boson (fig. 2.14a-XY2). L’inconvénient vient du
long trajet optique et de l’utilisation de fentes affaiblissant le signal Raman ; comme le
montre le tableau de la figure 2.14, les temps d’acquisition sont plus longs et l’intensité
faible en comparaison avec les performances des spectromètres à filtres (spectromètres
Infinity et Axial, figs. 2.14a et 2.14b) ;
- les filtres Notch (Dilor Infinity) en gélatine photonique sont des filtres coupes
bandes, holographiques. Les filtres Edge formées de couches diélectriques (Horiba Jobin-
Yvon HE 532, AXIAL, HR 800) sont des filtres interférentiels, ils offrent une meilleure
transmission et stabilité et donne accès à de plus faibles nombres d’ondes que le filtre
Notch. Mais le fond continu oscillant du filtre Edge est d’autant plus visible que l’intensité
du spectre Raman est faible (fig. 2.14c).
a) Spectromètre Fixe
Infinity
b) Spectromètre portable
Intensité Raman
XY2
Tps Perturbations
Laser Puissance Coups max
Objectif d’acqui du signal
(nm) sur l’éch. /s et /mW
(s) Raman
XY1 Fixe 514 x50 3 mW 3600 6 Fluorescence
XY2 Fixe 406 macro 13 mW 600 2
AXIAL Portable 532 x50 80 mW 15 30 Fluorescence/Soleil
HE532 Portable 532 x50 80 mW 2 100 Fluorescence/Soleil
Infinity Mobile 532 x50 5 mW 80 52 Fluorescence
Fluorescence /
HR800 fixe 514 x50 10 mW 100 25
Edge
Fig. 2.14 : Spectres Raman bruts d'un verre silicaté (Am19bleu) réalisées au laboratoire à l'aide de plusieurs
lasers et spectromètres : infinity filtre Notch et XY1-XY2 double monochromateur (a) ; spectres bruts
réalisés sur des vitraux à la Sainte-Chapelle, filtre Notch (b) et fond continu oscillant du filtre Edge
sur la signature d’une porcelaine en cas de mauvaise et bonne focalisation (c).
46
Ch. 2 Raman des silicates amorphes
En plus des types de filtres et de lasers, pour des analyses Raman effectuées sur site
(fig. 2.14b, Sainte-Chapelle) un effet extérieur peut empêcher l’obtention d’une signature Raman
correcte : le spectre du soleil peut se superposer à celui de l’échantillon analysé, lorsque la mesure
est réalisée de l’intérieur vers l’extérieur sur un vitrail. Il est alors préférable de réaliser les mesures
de l’extérieur vers l’intérieur et de s’isoler de la lumière ambiante (couvrir la tête laser par un tissu
opaque noir) ou mieux de travailler de nuit.
La fluorescence
La fluorescence est une émission radiative de photons d’un état excité électroniquement
vers les états en vibration de l’état fondamental. Elle a donc lieu lorsque l’énergie de l’excitatrice est
supérieure à celle d’une transition électronique du composé étudié, d’une impureté ou d’une
fonction « greffée » ou « absorbée ». Il y a alors absorption des photons et la molécule passe dans
un état électroniquement excité. C’est le retour à l’état fondamental qui peut entraîner la
fluorescence. Ce phénomène est beaucoup plus intense que l’effet Raman, il peut masquer
complètement le spectre.
Ce phénomène de fluorescence est fréquent lors de l’analyse d’objets du patrimoine. Des
verres ou émaux provenant de fouilles ou ayant été longtemps exposés dans des atmosphères
polluées, retiennent en surface ou dans leur porosité/microfractures des groupements fonctionnels
organiques ou même biologiques donnant lieu à une fluorescence large (Liem N. Q. et al., 2002) qui
peut être supprimée par saturation (cf. plus loin) ou par volatilisation des espèces donnant la
fluorescence (« nettoyage » au laser violet). Certaines matières premières contiennent en outre des
éléments 3d (chrome) ou 4f (terres rares) donnant des signaux de fluorescence de plus
faible largeur, bien caractéristiques de l’élément et du site qu’il occupe (Colomban Ph. et al., 2004).
Plusieurs techniques permettent de s’abstraire de ces phénomènes de fluorescence. Si la
fluorescence est due au composé lui-même ou à l’un de ses constituants, on peut parfois saturer la
fluorescence en exposant le point analysé au faisceau laser pendant un temps long. Dans le cas
d’une fluorescence due à des fonctions organiques greffées en surface, on peut brûler/sublimer ces
fonctions en utilisant un laser assez puissant et énergétique (> 5-30 mW sur 10 à 500 µm² en bleu
ou mieux en violet). Mais cette méthode n’est pas toujours suffisante. Lorsque cela est possible, sur
tesson par exemple, une fracture fraîche abaisse le niveau de fluorescence. Une autre solution est
de changer de raie excitatrice pour déplacer la fenêtre spectrale en dehors de la fluorescence. Dans
notre cas, nous utiliserons les lasers bleu ou violet pour éviter la fluorescence. Lorsque l’on utilise
une longueur d’onde rouge ou IR, on diminue l’énergie et donc on évite souvent d’exciter la
fluorescence. L’inconvénient provient de la perte d’intensité des raies car l’intensité Raman est
proportionnelle à (1/λ)4 et diminue par conséquent fortement lorsque la couleur du laser va vers le
rouge et à fortiori l’infra-rouge.
Dans tous les cas où cette fluorescence est « peu structurée » (ce n’est pas le cas à froid ou
pour la fluorescence des éléments 3d et 4f), le fond continu, plus intense et plus large que le signal
Raman, peut aussi être soustrait efficacement (Liem N. Q. et al., 2002) avec un logiciel approprié.
A cela s’ajoute les interactions spécifiques entre la lumière et les niveaux électroniques
(échantillon coloré, absorbant pour les longueurs d’ondes d’excitation laser). Ce point sera abordé
avec l’analyse de quelques vitraux rouges ou jaunes contenant respectivement des particules
métalliques de Cu0 ou d’Ag0, où l’interaction avec la résonnance de plasmon des électrons est
importante.
Différents spectres bruts sont obtenus pour un même échantillon de verre enregistrés à
l’aide de différents spectromètres Raman. Dans le paragraphe suivant, nous définirons
une méthode de traitement des spectres pour les rendre comparables et extraire les
paramètres Raman pertinents pour comparer les signatures.
47
Ch. 2 Raman des silicates amorphes
La figure 2.15 illustre les différentes étapes de traitements d’un spectre de verre silicaté
enregistré à l’aide des spectromètres fixes et portables.
600 δmax
Q1
Spectro fixe
Q0 Q4
XY2
Ip=A500 / A1000
0 400 800 1200 0 400 800 1200 0 400 800 1200
Intensit é Raman
Spectro portable
HE 532
Fig. 2.15 : Différentes étapes de traitement et extraction des données à partir de spectres bruts enregistrés à l’aide
des spectromètres fixes (XY2) et portables (HE 532) d’un même échantillon de verre.1
1
νmax est différent d’une phase cristalline.
48
Ch. 2 Raman des silicates amorphes
Nous avons matérialisé par des pointillés une ligne de base pour chaque spectre. Pour des
soucis de reproductibilité, nous utilisons une ligne brisée avec typiquement des points d’attache
situés aux extrema inférieurs de la courbe près de 300, 700, 850 et 1300 cm-1.
Une fois la ligne de base soustraite, nous pouvons obtenir l’aire des massifs centrés à 500 et
1000 cm-1 à l’aide du logiciel Origin pour calculer l’indice de polymérisation (Ip, voir § 2.3.3).
Puis le logiciel Microcal Origin Peak Fitting est utilisé pour décomposer les massifs
(annexe 6). Le nombre de bandes qui composent le massif centré à 1000 cm-1 est, selon le modèle
établi en prenant SiO4 comme unité vibrationnelle, limité à cinq composantes : Q0, Q1, Q2, Q3, Q4.
Nous avons alors accès aux positions νQn, intensités IQn, largeurs à mi-hauteur et l’aire de chaque
bande AiresQn. De même pour le massif centré à 500 cm-1.
49
Ch. 2 Raman des silicates amorphes
Il est possible de classer les verres/émaux en différentes familles selon leur température de
fusion. Pour cela il a été établi une corrélation entre ce rapport et la température de fusion
(Colomban Ph. et Milande V., 2004) :
pour A500/A1000 = 0.3-0.5 alors Tf < 600°C
A500/A1000 = 0.5-1 alors Tf ~ 1000°C
A500/A1000 = 1-3 alors Tf ~ 1200°C
A500/A1000 = 3-5 alors Tf ~ 1400°C et plus.
Nous avons calculé l’indice de polymérisation pour différentes classes de silicates cristallins
choisi parmi les différents exemples données par Pinet et al. (1992). Le tableau 2.2 donne le nom de
tous les silicates cristallins utilisés pour réaliser le graphique de la figure 2.16, qui classe de façon
satisfaisante les arrangements tétraédriques selon leur indice de polymérisation.
Seul un sorosilicate riche en bore ne suit pas bien la corrélation.
Tab. 2.2 : Noms et formules des différents silicates cristallins utilisés pour réaliser la figure 2.16
(Pinet M. et al., 1992).
50
Ch. 2 Raman des silicates amorphes
Soro
Indice de polymérisation
Tecto
6
2 Ino Cyclo
Néso
Phyllo
0
0 5 10 15 20 25 30
Verres de silicates
Fig. 2.16 : Classement des verres de silicates selon leur indice de polymérisation.
Comme les silicates, l’unité structurale de base des phosphates est le tétraèdre PO43-. Les
phosphates sont classés selon l’arrangement des tétraèdres, la notation Qi (i repésente le nombre
d’oxygène pontant par tétraèdre) est utilisée pour décrire les différentes configurations (Liebau F.,
1981 ; Van Wazer J. R., 1958). L’adition d’oxydes modificateur au réseau vitreux P2O5 crée des
oxygènes non-pontants et dépolymérise le réseau. Chaque classe de phosphates cristallins peut être
spécifiée par son type de coordinence (Brow R. K., 2000) : Q0 ( tétraèdre isolé, orthophosphate),
Q1 (pyrophosphate, polyphosphate), Q2 (métaphosphate, polyphosphate, ultraphosphate), Q3
(ultraphosphate).
Nous avons également calculé l’indice de polymérisation pour différentes classes de
phosphates cristallins choisi parmi les différents exemples données par Brow (2000). La figure 2.17
présente un tableau de quelques phosphates cristallins de chaque classe (ultraphosphate et un
graphique qui les range de façon satisfaisante selon leur indice de polymérisation. Les
ultraphosphates possèdent une structure en chaînes et les métaphosphates possèdent une structure
en anneaux de tétraèdres PO4.
1.2
Phosphates Cristallins
Indice de polymérisation
Fig. 2.17 : Classement selon l’indice de polymérisation de quelques phosphates cristallins (Brow R. K., 2000).
Cette démarche étendue aux phosphates (fig. 2.17), montre le caractère général de la
corrélation entre le degré de polymérisation et l’indice Raman.
51
Ch. 2 Raman des silicates amorphes
a) b)
490 e e
Porcelaine XVIII s-XX s
e Verre Obsidiene
Porcelaine Moderne XX s
Verre moderne (bore)
K2O+CaO+Al2O3
1030 e
Famille Grés Vietnam XV s
1 e
Verre Phénicien / Romain -I/I s
e e e
Grès, Vietnam XV s. Verre Seljukides XI s - XIII s
CaO e
1090 2 Verre Omeyyades VIII s
e
580 e Vitraux XIX-XX s
Verre Omeyyades VIII s e
Na2O + CaO Email Kütahya XVII s
3 e
1075 Email Iznik XVI s
e
Email Ifrikiya XI-XIII s
495 540 Email Seljukides e
e Email Byzantin VI-XI s
XI-XIII s 6
Na2O T°C
Intensité Raman
4
Indice de polymérisation ( A500 / A1000 )
1044
985 5
K2O/CaO/Al2O3 4/0/12
e 5/5/14
Email Iznik XVI s
465 535 6/7/14
PbO + Na2O 4 6/11/18
CaO 1450
5 11 6 0 0 8
1080
950 3
615
e
Vitrail jaune XX s Na2O/CaO 1400
K2O+CaO 2 Na2O/PbO 11/9
6 20/8 17
10/29 10/29
930 Na2O 5
CaO/K2O 4
1 22 11
e 16/24 15/17
Email Byzantin VI-XI s PbO 11 1000
54
PbO 6447
490 0 600
7
Fig. 2.18 : Classement des verres, vitraux, émaux, porcelaine, grès en fonction a) de l’allure des spectres Raman
(après soustraction de la ligne de base) et b) en fonction de l’indice de polymérisation et des compositions en %
d’oxyde des principaux fondants (Na2O, PbO, CaO, K2O) et formateur (Al2O3) de certains échantillons,
une échelle des températures est également indiquée (Colomban Ph. et al., 2006).
52
Ch. 2 Raman des silicates amorphes
La figure 2.18b montre comment cet indice de polymérisation varie selon l’efficacité
décroissante (PbO, Na2O, K2O, …) et la teneur croissante (% pondéraux) en fondants. Une
échelle des températures de mise en œuvre est aussi indiquée. On remarque alors que les couvertes
de porcelaines du XVIII-XXe siècle, des grès du XVe siècle, et les obsidiennes se situent
logiquement dans la moitié supérieure avec des températures de mise en œuvre allant de 1000 à
1450°C du fait de leur forte teneur en SiO2 et en Al2O3 (12-18 % en poids) et de leurs faibles
teneurs en fondants : K2O 4-6 % en poids et CaO 0-11 % en poids. On note que les porcelaines
les plus récentes, sont les plus siliceuses, compositions permises par la maîtrise des hautes
températures. La moitié inférieure, est beaucoup plus riche en fondants avec une évolution des
compositions depuis des verres/émaux très plombeux jusqu’à des compositions mixtes sodo-
calciques, allant respectivement des émaux byzantins jusqu’aux verres Romains. On constate que
les verres/émaux au plomb possèdent une teneur décroissante de 64 à 29 % pour un Ip allant de
0,06 à 0,48. La teneur en oxyde de calcium dans les verres mixtes ou non, diminue aussi (de 16 à 0
% en poids) quand l’Ip augmente (0,3 à 3,7). De même pour les verres contenant de l’oxyde de
potassium, la teneur varie de 24 à 4 % en poids pour un Ip allant de 0,3 à 3,7. Pour les verres
sodiques purs, on observe les mêmes phénomènes, avec des teneurs de 22 à 4% en poids pour un
Ip de 0,8 à 1,13.
La figure 2.19 classe les différents types de verres précédemment observés selon l’indice de
polymérisation en fonction de la position du sommet du massif d’élongation νSiO4. Ces deux
paramètres nous apparaissent comme les plus discriminants. Ils sont aussi simples à obtenir, sans
recours à des moyens informatiques.
5
Indice de polymérisation A 500 / A 1000
K2O+CaO+Al2O3
CaO
Obsidienne
Na2O+CaO
4 Na2O
Na2O+PbO K2O+CaO+Al2O3
CaO+K2O 1
PbO
3 Porcelaine
2
2 CaO 3
4 Na2O+CaO
Na2O
7
1
PbO Terre cuite 5
Faïence Vitraux
6 Emaux
0 CaO + K2O
PbO+Na2O
Fig. 2.19 : Classification des différents silicates vitreux obtenus en portant l’indice de polymérisation en fonction de
la position maximale du massif d'élongation, les fondants sont indiqués.
53
Ch. 2 Raman des silicates amorphes
980 cm-1 contrairement aux verres contenant une forte teneur en Al2O3, fortement polymérisés qui
possèdent un νmax élevé jusqu’à 1120 cm-1.
Il convient de rappeler que la spectroscopie de vibration, aussi bien IR que Raman, est
en fait une double analyse électrique et mécanique de la matière (Gouadec G. et
Colomban Ph., 2007). L’intensité est une mesure du transport local de charge
(conductivité) tandis que le nombre d’onde correspond à la mécanique (constante de
force) correspondant ainsi aux deux paramètres « indépendants » Ip (intensité,
paramètre électrique) et νmaxSiO4 (nombre d’onde, paramètre mécanique).
Cependant afin de distinguer plus finement les technologies proches nous allons étudier,
à l’aide de l’analyse multivariable, les différentes composantes des deux massifs δSiO4 et
ν SiO4.
Les nouveaux axes appelés composantes principales (CP) sont calculés en formant des
combinaisons linéaires des variables d’origines (Jambu M., 1991 ; Shaver J.M., 2001). La première
CP est calculée pour contenir le maximum de variance des données, et la seconde CP pour
contenir la seconde plus grande quantité et ainsi de suite. Ces nouveaux axes orthogonaux peuvent
être utilisés pour illustrer la structure de distribution des paramètres.
Afin d’évaluer les variables (paramètres Raman) les plus discriminantes, on étudiera leurs
contributions sur la composante la plus discriminante, ici le facteur 1 (1ère CP). Ces contributions
sont représentées par leur projection sur l’axe de cette composante (fig. 2.20).
L’ACP tend à répondre à deux objectifs :
-la réduction du nombre des variables (ou paramètres Raman) aux variables
« représentatives » et « non corrélées », dénommées composantes principales qui
contiennent toute l’information expérimentale ;
-la classification de ces variables (paramètres Raman) et des individus
(verres/émaux) d’où elles ont été extraites.
54
Ch. 2 Raman des silicates amorphes
1.0
Contributions des
AQ1 Variables variables
νQ0
AQ0 sur le facteur 1
0.5
νQ3 ν max SiO4 -0.16
νQ2 AQ2
Fact. 2 : 25.91%
Fig. 2.20 : Projection sur les deux premiers facteurs des 11variables (paramètres utilisés pour les 30 spectres de
références et coordonnées des variables (détails dans (Colomban Ph. et al., 2006)). Corpus large composé de
porcelaines, grès, verres modernes et anciens, émaux, vitraux et obsidiennes. En gras les contributions les plus
négatives et les plus positives.
Le facteur 1 est influencé par plusieurs variables ou paramètres Raman. Les variables qui
ont les contributions les plus négatives (-0,86) correspondent aux positions des bandes Q1 et Q2. A
l’opposé, les variables qui ont les contributions les plus positives (0,58 et 0,57) correspondent
respectivement aux aires des bandes Q2 et Q1. Il apparaît raisonnable que ces composantes Q1 et
Q2 produits de la dépolymérisation soient particulièrement pertinentes
Cette méthode utilise des mesures de dissemblance ou de distance entre les objets dans
l’espace des paramètres pour former des classes.
Le logiciel utilisé propose plusieurs modèles de classification. Les plus efficaces et les plus
simples pour nos données, s’avèrent après plusieurs essais les méthodes d’agrégation dites de Ward
ou des diamètres (distance maximum) ainsi que la mesure des distances de type Euclidienne.
La figure 2.21 présente un dendrogramme réalisé à partir du corpus de verres et émaux
hétérogènes (Colomban Ph. et al., 2006) construit à partir de 4 variables : Ip et νmaxSiO4, νQ1 et νQ2.
Le corpus avait été utilisé pour construire les corrélations des figures 2.17a et 2.17b.
Trois principaux groupes sont observés : 1+2+3+5, 2+3+4+5+6 et 7.
Nous tenterons ici un second dendrogramme avec un plus grand nombre de variables qui
permettra de classer au mieux les sept familles et de mettre en valeur leur similarité.
La comparaison des figures 2.19 et 2.22 est intéressante. La famille 7 est bien isolée dans les
deux types de classification. La famille 5 se différentie aussi facilement et sa corrélation avec les
familles 4 et 6 est évidente dans les deux représentations, comme pour les familles 1 et 2.
L’utilisation des paramètres « simples », indice de polymérisation et nombre d’onde du
maximum du massif centré à 100 cm-1 est confortée par l’analyse multivariée.
55
Ch. 2 Raman des silicates amorphes
G1NG31
G1NG33
1
G1NG6
G2Brad
G2CLCgo 1+2+3+5
G5DG44
G3vpc17 3
G3AMj
G3AMv
G2virgi 2
G2CLC1
G5IzB 5
G5Izrou
G5DG47
G3tess
G4ST2
G4Ku2 4 2+3+4+5+6
G4ST1
G4TT
G6Stchap
G3vpc26 6
G6TRj
G7DG51
G7S3 7
G7CLC2
G7B6
G7B1
0 5 10 15 20
Dist. Agrégation
Fig. 2.21 : Exemple de dendrogramme construit à partir de 4 variables (Ip et νmaxSiO4, νQ1 et νQ2) pour classer
le corpus de verres/émaux, méthode de Ward, détails dans Colomban Ph. et al., 2006.
G1NG31 K2O+CaO+Al2O3 1
G1NG33
G1NG6
G2Brad CaO 2
G2CLCgo 1+2+3
G3vpc17 Na2O+CaO 3
G3AMv
G3AMj
G5DG44
G2virgi
G3vpc26
G6TRj
G2CLC1 CaO+K2O 6
G3tess 3+4+5+6
G4Ku2
G4TT Na2O
G6Stchap 4
G4ST1
G4ST2
G5IzB Na2O+PbO
G5Izrou 5
G5DG47
G7DG51
G7B6
G7S3 7
G7CLC2 PbO
G7B1
0 5 10 15 20
Dist. Agrégation
Fig. 2.22 : Exemple de dendrogramme construit à partir de 10 variables pour classer le corpus de verres/émaux,
méthode de Ward, détails dans Colomban Ph. et al., 2006.
56
Ch. 2 Raman des silicates amorphes
2.4 Conclusion
Le but de ce chapitre était de définir des outils spectroscopiques de classement des verres,
émaux, vitraux en fonction de leurs compositions et/ou technologies. Pour cela, nous avons défini
une méthodologie d’analyse des signatures Raman de verres silicatés en quatre étapes :
- extraction de paramètres Raman (νmax SiO4, δmax SiO4, Ip, νQn, IQn, AirQn) ;
Le critère le plus simple pour classer les spectres est de considérer l’allure générale et la
position des maxima des massifs de déformation et d’élongation. Cette classification « intuitive »
est celle que notre observation visuelle effectue, mais elle découle de la double analyse
électrique/mécanique de la matière qu’effectue la spectrométrie de vibration. Lors d’un travail
précédent (Colomban Ph. et al., 2006) à partir d’un large corpus composé de porcelaines, grès,
verres modernes et anciens, émaux, vitraux et obsidiennes, avait montré que l’indice de
polymérisation et la position du sommet du massif d’élongation νSiO4 étaient des paramètres
discriminants simple d’accès. La validité du concept a été étendue aux silicates et phosphates
cristallisés. Cependant pour différentes technologies proches, les analyses multivariées (Analyse par
Composantes Principales et Classification Ascendante Hiérarchique) faisant intervenir un plus
grand nombre de paramètres à la fois apparaissent plus efficaces.
D’autres approches comme la mesure de la température fictive2 ont été utilisées pour des
classifications à l’intérieur de groupes homogènes (Raffaëlly L. et al., 2008). Elles complètent
utilement notre approche, en particulier pour les verres Romains où la dispersion technique est
faible.
2 La température fictive est définie comme étant la dernière température à laquelle le liquide atteint son état d’équilibre
57
Ch. 2 Raman des verres silicatés
2.5 Références
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60
Chapitre 3
Etude
des mécanismes
de corrosion des verres
1
3.1 Etat de l’art 62
3.1.1 Aspect morphologique 62
3.1.2 Les mécanismes 63
3.1.3 Etudes microstructurales 64
3.4 Discussion 91
3.5 Conclusion 93
3.6 Références 95
2
Ch. 3 Mécanismes de corrosion
L es deux premiers chapitres nous ont montré qu’il existait une grande diversité de
verres et émaux et qu’il était possible de les différencier par spectrométrie Raman.
Beaucoup des verres anciens sont dégradés. Les questions sont :
- peut-on évaluer leur état de dégradation par spectrométrie Raman ?
- quelles sont les modifications de la signature Raman du fait de cette altération ?
Nous tenterons dans ce chapitre de mieux comprendre les mécanismes de corrosion des
trois principales compositions utilisées dans la fabrication des vitraux et des verres anciens. Les
travaux antérieurs, résumés plus loin, ont porté sur les phases formées en surface (les produits de
corrosion), le faciès et les figures de corrosion, les éléments perdus (lixiviés) et les gradients de
concentration proches de la surface corrodée. Notre approche sera différente : notre objectif est
d’appréhender les modifications structurales du réseau silicaté et leurs implications sur la signature
Raman.
Nous appellerons dans la suite de ce chapitre les verres sodiques riches en calcium le
type 1, ceux riches en sodium et calcium le type 2 et ceux riches en potassium le type 3 (voir
compositions typiques tab. 3.2). Nous les étudierons après traitements chimiques, séparés ou
successifs, dans l’acide sulfurique (H2SO4) concentré bouillant (T° ébullition= 338°C) pour
reproduire la lixiviation, et/ou dans de la soude (NaOH) (T°fusion= 318°C) afin de reproduire
l’hydrolyse des liaisons Si-O. En effet, il a été démontré que l’acide sulfurique concentré favorise
l’insertion des protons dans les structures d’oxydes (Colomban Ph., 1992 ; Doremus R.H., 1975 ;
Saalfeld H. et al., 1968 ; Scanu T. et al., 1994) sans les attaquer. Nous utiliserons aussi le nitrate de
potassium (KNO3) (T°fusion= 334°C) pour tenter un ré-échange ionique. Afin de valider les
résultats, une comparaison sera faite avec des échantillons de vitraux exposés depuis des siècles à la
corrosion atmosphérique.
A ce jour, seul Greiner et al., en 1999, ont étudié les verres SiO2-K2O-CaO (type 3) après
corrosion contrôlée (Greiner-Wronowa E. et al., 1999). Ils ont utilisé des verres archéologiques, des
vitraux du XIVe s. et un verre moderne témoin, corrodés en laboratoire dans différentes solutions
alcalines en ébullition (H2O, 0,3% HCl, 10% NaOH, 5% NaCl). Les spectres FT-IR enregistrés
selon la technique des pastilles de KBr ont conduit à l’identification des produits de corrosion, des
carbonates pour les verres archéologiques et des sulfates pour les éléments de vitraux.
Ce chapitre sera organisé en trois parties. La première résumera l’état des connaissances sur
la corrosion des silicates amorphes. Une seconde partie présentera notre corpus d’étude constitué
de verres et vitraux de types 1, 2 et 3 et le protocole d’analyse suivi. Nous décrirons, à différentes
61
Ch. 3 Mécanismes de corrosion
échelles, les modifications structurales des verres corrodés en laboratoire en comparaison avec des
échantillons corrodés naturellement. Les phases identifiées seront caractérisées.
D’autre part, il a été considéré que les verres basaltiques (naturels) pouvaient se révéler
d’excellents analogues pour comprendre les mécanismes de corrosion à long terme. Mais la
cinétique d’altération est très lente (environ 1 µm par mille ans) rendant difficile l’étude de la
couche d’altération (Berger G. et al., 1994 ; Crovisier J.-L. et al., 2003). Un autre analogue a été
étudié du fait de ces cinétiques d’altération beaucoup plus rapides (épaisseur de la couche
d’altération de l’ordre de 1,3 µm par an pour des verres potassiques) : les vitraux médiévaux
(Sterpenich J., 2002 ; Sterpenich J. et Libourel G., 2001 ; 2006). Des verres romains altérés durant
1800 ans dans la mer sont également de bons analogues pour caractériser le réseau de fissures
(Verney-Carron A. et al., 2008).
Une description des procédés de corrosion a été proposée sur la lixiviation principalement
de K+, Na+ et accessoirement d’autres ions comme Ca2+ et Mg2+ mais sans essayer de considérer la
62
Ch. 3 Mécanismes de corrosion
modification du réseau vitreux lui-même (Doremus R.H., 1975 ; Lanford W.A. et al., 1979 ; Michel
D. et al., 1978 ; Tsong I.S.T. et al., 1981 ; Vilarigues M. et da Silva R.C., 2006).
63
Ch. 3 Mécanismes de corrosion
identifiées dans les piqûres. Plus récemment, Libourel, en 1994 et Sterpenich, en 2006, ont
déterminé par des mesures micro-sondes des profils de concentrations d’eau dans des verres
potassiques naturellement corrodés (Libourel G. et al., 1994 ; Sterpenich J. et Libourel G., 2006).
Ils ont trouvé dans ces verres 0,76 % de molécules de H2O situées proche de l’interface entre le
verre sain et le verre corrodé, et jusqu’à 0,28 % de H2O dans le verre sain.
Vilarigues et da Silva pensent que l’échange ionique H+/K+ n’est pas le mécanisme
dominant dans le processus de corrosion (Vilarigues M. et da Silva R.C., 2006). A la place, ils
proposent la dissolution du réseau vitreux, menant à une importante perte de K, Ca et même Si.
Selon Carmona et al., l’oxyde de potassium qui se forme in situ augmente le pH à la surface du
verre, favorisant ainsi la dépolymérisation du réseau comme la lixiviation des ions calcium formant
l’hydroxyde correspondant (Carmona N. et al., 2006) (Eq. 5) :
Pescatore et Machiels., puis Bunker (Bunker B.C., 1994 ; Pescatore C. et Machiels A.J.,
1983) observent quatre couches à la surface d’un verre corrodé : une fine couche superficielle, une
couche de gel hydraté, une zone de transition et le verre sain (fig. 3.2). De son côté, l’analyse
détaillée de Libourel et al. (1994) ne met pas en évidence la zone de transition et considère donc
seulement trois couches.
Surface du verre
Zone de transition
Solution
aqueuse Couche de gel Verre sec
hydraté
Fig. 3.2 : Vue schématique des phases formées à la surface d'un verre corrodé naturellement
(Bunker B.C., 1994 ; Pescatore C. et Machiels A.J., 1983).
Notre étude multi-échelle est réalisée sur un corpus de verres silicatés de compositions
différentes (tab. 3.2) qui vont subir un ou plusieurs traitements chimiques et thermiques. Ils seront
alors analysés à l’aide de différentes techniques analytiques.
65
Ch. 3 Mécanismes de corrosion
Tab. 3.1 : Description des échantillons les plus représentatifs de l’ensemble des résultats obtenus.
Les morceaux de vitraux de la Manufacture de Sèvres ont été fabriqués durant la première
moitié du XIXe s., sous la direction de A. Brongniart (Bezut K., 1800-1847 ; Blondel N. et Bracco
P., 1980 ; Tournié A. et al., 2006). Commencée en 1805, la réalisation de vitraux peints/émaillés
utilise une technique similaire à celle des céramiques. En 1824, un atelier de verre peint est installé
puis fermé en 1854.
Les autres échantillons, confiés par le Laboratoire des Monuments Historiques (LRMH),
proviennent d’anciennes cathédrales suite aux démontages effectués principalement lors de la
première guerre mondiale. Ces échantillons ont déjà été partiellement étudiés dans une étude
préliminaire portant sur l’identification Raman de vitraux anciens et leur degré de détérioration
(Colomban Ph. et al., 2006).
66
Ch. 3 Mécanismes de corrosion
Les compositions représentatives des échantillons de chaque type de verre sont données
dans le tableau 3.2. Le type 1 est riche en calcium, le type 2 est riche en sodium et calcium et le
type 3 est riche en potassium
Oxyde Type 3
Type 1 Type 2 Type 2 Type 3
% en poids H2SO4
SiO2 60,92 62,89 56,18 53,02 62,73
Al2O3 2,24 1,23 2,12 2,50 2,51
Na2O 14,29 11,97 16,36 0,55 0,20
K2O 1,41 2,12 2,85 17,80 1,56
CaO 16,36 14,12 7,42 14,22 13,77
MgO 2,42 0,81 0,09 4,21 3,90
P2O5 0,23 0,41 0,38 3,47 3,45
Fe2O3 0,41 0,37 2,45 0,99 1,14
MnO 0,24 0,18 0,91 0,90
PbO 0,62 0,29 1,20 1,04
SO3 0,61 0,22 4,94
Cl 0,16 0,32 0,38
TiO2 0,16 0,14 0,18
CoO 0,10 0,12
CuO 0,06 0,20 0,18
ZnO 0,09 0,12 0,15
Sc2O3 0 0,06
V2O3 0,01 0,01
Cr2O3 0 0 0,04
NiO 0 0,01
H2O 0 2,80
Total 100,22 94,39 87,88 100 100
Tab. 3.2 : Composition chimique (% en poids oxides) de verres sains représentatifs de chaque type : type 1, riche en
Ca, type 2 mixte riche en Na/Ca et type 3 riche en K (Colomban Ph. et al., 2006 ; Tournié A. et al., 2006).
La composition d’un verre de type 3 (Lm8b3) complètement corrodé (7h30 dans H2SO4) est donné en comparaison.
Les compositions ont été déterminées par : MEB-EDS au C2RMF pour Am19vd, par ICP-AES au Service
Central d’Analyse du CNRS pour S13 et S2 et par PIXE-AGLAE au C2RMF pour Lm8b3.
Voir le tab. 3.1 pour les descriptifs des échantillons. La quantité de H2O a été calculée
à partir des résultats dilatométriques et ATG, cf. 3.3.3.
67
Ch. 3 Mécanismes de corrosion
Tous les échantillons ont été examinés avant et après chaque traitement chimique et/ou
thermique, sous microscope avec un grossissement de 100, 500 et 1000 et à l’aide d’un scanner
(grossissement 1 à 5).
Pour recréer en accéléré les divers phénomènes de corrosion décrit dans la littérature, nous
avons procédé à des échanges ioniques ou lixiviation dans un milieu acide (H2SO4 concentré à
95 % min., VWR ex-PROLABO) en ébullition (T°= 338°C) qui simule les premières étapes de la
corrosion (cf. Eq. 1 et 2) puis à des hydrolyses dans un milieu basique (NaOH, sous forme de
pastille, T°fusion= 318°C, CHIMICA cf. Eq. 3). Nous avons également utilisé du nitrate de
potassium fondu (T°fusion= 334°C, ALDRICH) pour obtenir, si possible, un ré-échange d’ions.
Ces traitements chimiques ont été réalisés selon des durées allant de 5 min à 30h dans l’acide
sulfurique ; de 1h à 10h dans KNO3 ; de 30 à 45 min dans NaOH.
Avant et après chaque traitement chimique, nous avons analysé les échantillons en
diffusion Raman et absorption FT-IR, deux techniques complémentaires qui renseignent sur les
modifications du réseau et les espèces protoniques impliquées dans le mécanisme de corrosion.
Pour vérifier le lavage, des spectres ont été réalisés après différents bains sous ultrasons
chaud (T°= 50°C, jusqu’à 3h) et séchage dans une étuve à 60°C après traitement chimique.
Les expériences de deutération nous ont aidées à attribuer certaines bandes des spectres de
FT-IR.
Certains échantillons, avant et après un ou plusieurs traitements chimiques ont été placés
dans un four de dilatomètrie entre 25 et 750°C. Celui-ci joue un double rôle : traitement thermique
et technique d’analyse qui renseigne sur la micro-structure de l’échantillon, sur le coefficient
d’expansion thermique, le point de ramollissement et les pertes d’eau de surface et de corrosion,
voire la présence de secondes phases cristallines par exemple la transition de phase α - β du quartz
à 573°C et la transition de phase α - β de la cristobalite à 200°C (Liem N. Q. et al., 2000 ; Munier
P., 1957).
L’analyse élémentaire a été effectuée sur les trois types d’échantillons sains et sur le type 3
corrodé dans H2SO4 afin de quantifier les pertes lors de la lixiviation.
Des tests de microdureté ont également été réalisés pour comparer la dureté des verres
sains avec ceux ayant subi l’action de H2SO4 et/ou de KNO3.
La figure 3.3 résume toutes les analyses effectuées sur les échantillons ayant subi divers
traitements ainsi que le nombre d’échantillons par type de verre. Au total nous avons réalisé des
analyses sur deux échantillons de type 1, quatre échantillons de type 2, douze échantillons sains de
types 3 et trois échantillons de type 3 corrodés naturellement et présentant des cratères, à titre de
comparaison et de validation de certains de nos résultats.
68
Ch. 3 Mécanismes de corrosion
Type 1
Ca Raman, FT-IR, Dilatométrie,
H2SO4
Analyse élémentaire
Thermique Raman
Type 2
Na/Ca
H2SO4 Raman, FT-IR, Dilatométrie
NaOH Raman
Thermique Raman
Fig. 3.3 : Protocoles des traitements et des techniques d'analyses pour chaque type de verre.
69
Ch. 3 Mécanismes de corrosion
a/ Hydrolyse (NaOH)
La figure 3.4a présente un échantillon de type 3 sain, optiquement clair, puis plongé dans
NaOH (T°fusion= 318°C) pendant 30 min (fig. 3.4b). On observe alors une perte de la
translucidité. Après 2h dans NaOH bouillant l’échantillon est complètement dissout, nous
pouvons alors estimer sa vitesse de dissolution à environ 200 μm/h.
Fig. 3.4 : Vitrail (S18) de type 3 a) sain et b) après 30 min dans NaOH.
La figure 3.5a présente un échantillon de type 3 sain, optiquement clair, puis deux
échantillons corrodés dans H2SO4 pendant 7h30 et 25h (figs. 3.5b et 3.5c).
Une corrosion intense dans H2SO4 a été observée sur les verres de type 3. Après 7h30 dans
H2SO4, la croûte blanche à une épaisseur d’environ 500 μm (fig. 3.5b) : le cœur reste sain
(optiquement clair), bleu clair. Après 25h dans H2SO4 la transformation est complète (fig. 3.5c).
D’autres attaques dans H2SO4 de durées différentes ont été réalisées et ainsi nous avons pu
estimer la vitesse de corrosion à environ 70 μm/h, une valeur très similaire à celle obtenue dans
70
Ch. 3 Mécanismes de corrosion
l’étude préliminaire (Colomban Ph. et al., 2006). Le taux de corrosion des verres de type 3 dans
NaOH est donc environ trois fois plus rapide que dans H2SO4 concentré, bien que les
températures de fusion soient similaires.
Les verres de types 1 et 2 ont été étudiés dans un précédent travail (Colomban Ph. et al.,
2006). La corrosion de ces types est quasi-nulle dans nos conditions et à l’inverse sévère pour le
type 3. Aussi nous avons focalisé notre attention sur ce type.
Sur l’ensemble des échantillons étudiés et traités dans l’acide sulfurique nous avons observé
une corrosion homogène, à l’exception d’un échantillon de type 2 où l’on peut observer des lignes
de corrosion après 30h dans H2SO4 (fig. 3.6). Celles-ci révèlent probablement un problème lors de
la synthèse du verre qui, inhomogène, s’est multi-fissuré et ces lignes de corrosion révèlent cet état.
Cet échantillon daté du XIXe s. est riche en sodium (16,4 % en poids) et calcium (7,4 % en poids)
et contient également presque 3 % en poids de potassium (composition cf. tab. 3.2), ce qui
explique une vitesse de corrosion intermédiaire entre celle des types 2 et des types 3.
Fig. 3.6 : Vitrail (S2) de type 2 après 30h dans H2SO4 (face et section).
71
Ch. 3 Mécanismes de corrosion
Dans la figure 3.7, on peut observer un exemple de verre de type 1 présentant une surface
« ondulée » due à une immersion 45 min dans NaOH (fig. 3.7a). Cet échantillon à ensuite été
immergé 25h dans H2SO4, on constate que la surface est multi-fissurée (fig. 3.7b). Ceci semble
montrer que l’alternance de séquences attaque basique/acide favoriserait la corrosion.
Fig. 3.7 : Vitrail (Am19vd) de type 1 a) après 45 min dans NaOH ; b) puis 25h dans H2SO4.
Fig. 3.8 : Photographies a) AM14 verre de type 3 après 30h dans H2SO4 ; b) échantillon (S1) polis de type 3,
corrodé naturellement, épaisseur : 0.5mm. (3, 4 et 7 représentent des cratères, cf. analyse IR paragraphe 3.3.6.c).
72
Ch. 3 Mécanismes de corrosion
précédemment observée dans l’étude préliminaire (Colomban Ph. et al., 2006). Enfin, proche de la
surface nous observons une couche poreuse (CP), très opaque (environ 80 µm d’épaisseur).
La figure 3.9b présente la surface d’un échantillon, c’est-à-dire perpendiculaire aux fissures
des figures 3.9a et 3.9c. Les fissures forment des îlots irréguliers à la surface (indiqués par quelques
étoiles fig. 3.9d) à travers la couche opaque. Les dimensions typiques varient de 10 à 100 μm. Un
phénomène similaire a été observé lors de l’échange ionique Li+/H+ dans les céramiques vitreuses
au lithium aluminosilicaté (Scanu T. et al., 1994). Nous pensons que ces îlots sont caractéristiques
de l’hétérogénéité du verre.
Fig. 3.9 : Microphotographies d’un échantillon de verre de type 3 (LM8b3) a) et c) verre de type 3 sections
polies ; b) et d) surface ; a)b)c) après 1h dans H2SO4 et d) après 25h
dans H2SO4 bouillant, les étoiles indiquent les « îlots ».
b/ Corrosion naturelle
73
Ch. 3 Mécanismes de corrosion
inter-fissures sont plus importantes que celles observées dans la figure 3.9c, cela semble logique car
le niveau de corrosion y est beaucoup plus avancé.
La figure 3.11a présente la surface d’un verre après 45 min dans NaOH. Une surface
ondulée et lisse est formée. On observe sur la figure 3.11b un verre de type 3 après un traitement
double, i.e. un échange ionique dans H2SO4 et une dissolution dans NaOH. Nous remarquons que
la surface est d’avantage ondulée après un traitement dans NaOH (fig. 3.11b), relevant mieux les
îlots déjà observés après le traitement dans l’acide (figs. 3.9b et 3.9d).
Fig. 3.11 : Microphotographies de verres de type 3 a) surface du verre après 45min dans
NaOH (AM19b3) et b) après 20h dans H2SO4 puis 45 min dans NaOH (Lm8b3).
74
Ch. 3 Mécanismes de corrosion
La figure 3.12 montre trois microphotographies d’un même échantillon corrodé dans
H2SO4 avant et après traitement dans KNO3 fondu. Sur la figure 3.12a (5h dans H2SO4) on peut
observer les quatre zones précédemment identifiées : verre sain, zone fissurée, zone de transition et
couche poreuse. La figure 3.12b présente le même échantillon mais traité 10h dans KNO3 : la zone
fissurée a été « réparée » et de nouvelles fissures perpendiculaires sont observées (fig. 3.12c). Cela
concorde avec une expansion en volume du verre, comme attendu par un échange ionique inverse
H+/K+. L’interface entre la zone fissurée et la couche poreuse ne semble pas aussi abrupte, ce qui
peut indiquer des modifications spécifiques aux environs de celle-ci.
Concernant la zone poreuse nous n’avons pas observé de changement significatif, la
corrosion n’est pas réversible comme l’a déjà indiqué Bunker par exemple (Bunker B.C., 1994).
Tab. 3.3 : Point de ramollissement et coefficient d’expansion thermique de verres déduit des mesures de dilatométrie.
Les pertes de poids sont indiquées après le traitement thermique.
75
Ch. 3 Mécanismes de corrosion
Le coefficient de dilatation du composé lixivié est abaissé à 5,2.10-6 °C-1 assez proche de
la valeur de silicate riche en silice à faible dilatation comme la mullite. Le ré-échange par K+ relève
cette valeur qui reste cependant inférieure à celle du verre soit 8.10-6 °C-1.
Le point de ramollissement pour un verre sain est observé à environ 500°C quelque soit le
type de verre (fig. 3.13a). En raison de la pression exercée (80g) sur l’échantillon dans notre
installation verticale, le saut d’expansion attendu du fait de la relaxation juste avant ce point n’est
pas observable (Munier P., 1957). Le comportement très similaire de tous les échantillons de verres
sains indique que les compositions sont équilibrées pour des mises en œuvre à la même
température (environ 700-750°C). Une petite expansion est observée à environ 200°C pour le
verre de type 1 riche en Ca (fig. 3.13a) ; elle est attribuée à des traces de cristobalite, comme
attendu pour un verre riche en Ca (Jouenne C.A., 1960 ; Liem N. Q. et al., 2000 ; Munier P., 1957).
La figure 3.13b confirme que l’attaque par NaOH en ébullition ne modifie pas le verre
restant et donc son coefficient d’expansion thermique reste quasi inchangé ; seul un petit
déplacement croissant de la température de ramollissement est observé (tab. 3.3).
Fig. 3.13 : Courbes d’expansion thermique d’échantillons a) de verres sains de type 1(AM19vd) et de type 3
(AM5) b) de verres de type 3 (AM5) sains et corrodés dans NaOH (30min).
Au contraire, deux étapes de retrait (~180 et 400-600°C) ont lieu pour les échantillons
traités dans H2SO4 en accord avec la présence de deux types d’espèces volatiles (protoniques)
(fig. 3.14a, courbe rouge) : eau lié (180°C), oxonium (350/400°C) ou proton (400-600°C)
(Colomban Ph. et Novak A., 1992). La température de 400°C est supérieure à celle de
décomposition des ions H3O+ dans un réseau solide ce qui est en accord pour un proton non
solvaté (Colomban Ph. et al., 1978a ; Colomban Ph. et al., 1978b).
Plusieurs échantillons analysés ont été pesés avant et après chaque cycle thermique. Nous
avons alors déduit une perte de 0,62 % en masse d’eau (pour une montée en température inférieure
à 200°C, comme déjà vu pour l’eau adsorbée dans un verre ou une céramique poreuse) et une perte
2,83 % en masse d’eau de constitution1 (H3O+, H+, ou autre) (pour une montée en température
supérieure à 400°C). Ces résultats sont en accord avec ceux obtenus par analyse
thermogravimétrique (fig. 3.14b) mais plus élevé d’un facteur quatre que les résultats obtenus par
Sterpenich et Libourel (Sterpenich J. et Libourel G., 2006). Cette différence peut s’expliquer peut
être par le fait qu’ils ont utilisé des échantillons naturellement corrodés ou une partie de la couche
de corrosion est bouchée par des produits de corrosion alors que nos échantillons sont lavés et
séchés.
1 Nous avons recalculé à partir de cette valeur les % en poids d’oxyde du verre de type 3 corrodé dans H2SO4 (tab.3.1).
76
Ch. 3 Mécanismes de corrosion
Après 3h dans KNO3 fondu (fig 3.14a, courbe bleue) ou après 30 min dans NaOH en
ébullition (fig. 3.14a, courbe noire), le comportement du verre sain est restauré, ce qui indique que
les modifications induites par le traitement dans H2SO4 ont été cicatrisées ou que la zone corrodée
à été éliminée. Ce comportement est en accord avec les changements de microstructures discutées
plus haut (fig. 3.12).
Fig. 3.14 : a) Verres de type 3 corrodés au laboratoire, dans H2SO4 (AM14g-25h, en rouge), dans H2SO4
(30h) puis NaOH (AM14h- 30min, courbe en noir) ; dans H2SO4 (30h) puis KNO3 (Lm8b3j-3h, courbe en
bleu) ; b) Analyse thermo-gravimétrique (ATG) pour un verre de type 3 complètement corrodé (opaque)
dans H2SO4 (Lm8b3-7h30).
Multi-
fissuration
20µm 20µm
VS CP
Fig. 3.15 : Traces de microduretées Vickers enregistrées a) sur un verre optiquement clair de type 3 (AM19b3) ;
b) sur une couche poreuse (AM19b3, attaqué dans H2SO4) ; c) à l’interface.
77
Ch. 3 Mécanismes de corrosion
La figure 3.16a compare les valeurs de microdureté Vickers (Hv) d’un verre corrodé dans
H2SO4 avant et après traitement dans KNO3.
Les valeurs de microduretés (fig. 3.16a) varient de 510 ± 5 g/µm² dans la zone de verre
sain à 310 ± 16 g /μm2 dans la couche altérée (ZT, ZF et CP) dans H2SO4 avec une plus forte
dispersion probablement dû à la fissuration multiple (fig. 3.15 b). Cette chute de 40 % est en réalité
trop faible pour qualifier ce matériau de « gel » comme proposé par certains auteurs (Bunker B.C. et
al., 1983 ; Doremus R.H., 1975 ; Douglas R.W. et El-Shamy T.M.M., 1967 ; Sterpenich J. et
Libourel G., 2006). Un gel est un milieu visqueux caractérisé par une phase solide et une phase
liquide interpénétrée et une microdureté près de dix fois plus faible est mesurée sur les gels et
xerogels2 (Colomban Ph., 2005).
Après un traitement dans KNO3, la microdureté de la zone fissurée (incluant la zone de
transition) semble retrouver les valeurs mesurées sur le verre sain (fig. 3.16a). Cela confirme un
échange réversible K+/H+. Au contraire, des valeurs encore plus basses sont mesurées dans la
couche poreuse, ce qui indique une transformation irréversible du réseau silicaté.
a) b)
ZF ZF
VS ZT CP VS ZT CP
540 540
Microdureté / Hv
450 450
H2SO4
360 360 H2SO4 + KNO3
270 270 corrosion naturelle
180 180
90
0 150 300 450 0 75 150 225
Position / µm Position / µm
Fig. 3.16 : Valeurs de microduretés du verre sain jusqu’à la couche poreuse pour des échantillons a) traités dans
H2SO4 et dans H2SO4 puis KNO3 sur section polie b) ayant subit une corrosion naturelle
(R1, photos cf. figs. 3.1 et 3.10). Visualisation des différentes couches de corrosion.
Des tests de microdureté ont également été effectués sur un verre corrodé naturellement
(fig. 3.16b). Dans le verre sain nous avons obtenu une valeur moyenne de 457 ± 35 g/µm² et dans
la partie corrodée, une première zone correspondant à l’interface (ZF, ZT) où aucune empreinte
n’a pu être mesurée car non visible, une seconde zone correspondant à la couche poreuse où une
valeur moyenne de 170 ± 40 g/µm² a pu être obtenue. Une chute un peu plus importante de 60 %
est constatée. L’interface est peut être un gel résultant du dépôt des produits de corrosion mélangé
à la couche poreuse.
La couche poreuse est ainsi un verre multi-fissuré et très poreux comme l’a mesuré par
exemple Deruelle et al., jusqu’à 40 % pour des verres borosilicatés (Deruelle O. et al., 2000).
2
Le xerogel est un gel dont la partie liquide a été évacuée sans modification profonde de la structure.
78
Ch. 3 Mécanismes de corrosion
La figure 3.17a compare les spectres Raman enregistrés à différents points sur le profil
d’une section d’un échantillon de verre de type 3 corrodé dans de l’acide sulfurique, depuis le bord
extérieur (couche poreuse) jusqu’au cœur constitué de verre sain (fig. 3.17b). L’évolution des
signatures Raman est claire.
a) Qnc Q3
Corrodé Q2 960 1065
H2SO4 995
CP Q1
482 911
590 Q4
670 Q 1133
0
790
955 1060
Interface b)
ZT
Intensit é Raman
50µm
481598
908 ZF
VS
955 1070
Interface CP
ZF ZT
600
479
Sain Poreux
907 1143
955
1085
Sain
VS
607
473 906
Fig. 3.17 : a) Signatures Raman (laser 532 nm) de verres de type 3 (Lm8b3) corrodés dans H2SO4 (7h30)
mesurés à différents points (diamètre ~5 µm) le long d’une line b) entre le verre sain (optiquement clair) et
la couche poreuse (opaque) nous observons 4 couches : verre sain (VS), zone fissurée (ZF),
zone de transition (ZT) et une couche poreuse (CP).
79
Ch. 3 Mécanismes de corrosion
Les quatre spectres montrés dans la fig. 3.17 correspondent au quatre zones précédemment
identifiées dans la figure 3.9. Bien que, la microphotographie de la figure 3.17b ne présente pas de
grande fissures, la zone choisie ayant été choisie la plus plane possible, nous distinguons bien
l’évolution progressive des spectres : le verre sain, une interface (zone de transition puis zone de
« fissures ») et la couche poreuse.
Comme dans l’étude préliminaire (Colomban Ph. et al., 2006), nous observons un
changement des massifs de déformation SiO4 (400-700 cm-1) et d’élongation (800-1200 cm-1, avec à
la fois les composantes Qn(n=0 à 4) mais aussi une composante beaucoup plus fine Qnc) depuis VS
jusqu’à la CP :
- une augmentation de l’intensité de la composante à environ 480 cm-1 par rapport à
celle de 595/600 cm-1, ce qui indique une modification de l’angle Si-O-Si du réseau
polymérisé de SiO4 (Scanu T. et al., 1994 ; Sharma S. K. et al., 1983), sans doute à cause de
l’interaction avec des protons ;
- une légère diminution de l’intensité de pic à 960 cm-1 (Qnc) par rapport à celle de
-1
995 cm (Q2), attribuée à des nanocristaux (clusters) impliquant les cations Ca et Na,
similaire à des précurseurs de la wollastonite ;
- une diminution du nombre d’onde de la composante Q3 du massif d’élongation
SiO4 (1085 à 1065 cm-1), c’est-à-dire un allongement de la liaison Si-O causé par
l’interaction des atomes d’oxygène avec les espèces protoniques insérées (H+ ou H3O+).
A titre de comparaison, la figure 3.18a présente des spectres enregistrés depuis la piqûre
(couche poreuse) jusqu’au verre sain (fig. 3.18b, échantillon de type 3).
1/ Piqûre
spectre brut
413 587
1/ Piqûre
Intensité Raman
996
950 1089
2/ Interface
955 1084
610
3/ Sain
425
Fig. 3.18 : a) Spectres Raman (laser 532 nm) de la section d’une piqûre le long d’une ligne d’un échantillon de
type 3 corrodé naturellement (R1) ; b) photographie et microphotographie de la section d’une piqûre,
visualisation de la zone d’analyse Raman.
80
Ch. 3 Mécanismes de corrosion
L’enregistrement de spectre Raman brut (fig. 3.18a) n’est pas facile sur des échantillons corrodés
naturellement : le spectre est très bruité même avec des durées d’acquisition très longues (jusqu’à
12h) et une soustraction de la ligne de base est indispensable. Elle induit une incertitude forte sur
les intensités des bandes larges, mais l’allure générale des spectres peut être comparée. Comme
précédemment dans la figure 3.17a, on peut observer une augmentation de l’intensité de la
composante située à 425 cm-1 du verre sain jusqu’à la piqûre. On note une augmentation, toujours
du verre sain jusqu’à la piqûre, d’une composante très fine située à 996 cm-1. La finesse de cette
composante indique qu’il s’agit d’une phase cristalline, sans doute un produit de corrosion de type
sulfate. La comparaison avec les spectres des différentes phases pouvant se produire indique qu’il
s’agirait peut être d’arcanite (K2SO4) comme suggéré par Perez y Jorba et al. (1978), Cox et Ford
(1993), Melcher et Schreiner (2004), Woisetschläger et al. (2000).
Le comportement est tout à fait similaire à celui mesuré sur l’échantillon attaqué au
laboratoire avec une diminution de l’intensité de la bande située à 955 cm-1 et une augmentation de
la composante située vers 420 cm-1.
La figure 3.19a compare les spectres représentatifs de la zone poreuse obtenus avant et
après un traitement thermique à 600°C d’un échantillon de type 3. Un nouveau pic à 1016 cm-1 est
observé. Une analyse en diffraction des rayons X montre que l’échantillon reste majoritairement
amorphe (fig. 3.19b). Des pics cristallins de très faibles intensités sont cependant observés à 34,6°
et 37,2. Les distances inter-planaires correspondent respectivement à d=2,59 Å et 2,42 Å. La
seconde distance pourrait correspondre à des traces d’arcanite (K2SO4), sans doute du fait de la
réaction entre des ions (SO4)2- et K+ mal éliminés par le lavage.
La spectrométrie Raman apparaît beaucoup plus efficace que la diffraction des rayons X
pour la détection de petites quantités de phases (nano-)cristallisées. Le pic à 1016 cm-1 est proche
de celui de l’anhydrite de sulfate de calcium (CaSO4 situé à 1016 cm-1) (Sarma L.P. et al., 1998) mais
le pic est trop large pour être un sulfate et de plus un lavage soigneux a été effectué. La durée et le
nombre d’étapes du lavage n’ayant pas d’effet sur l’intensité du pic, une phase silicatée est plus
probable comme par exemple la diopside CaMgSi2O6, dont les principaux pics sont à 669 et
1015 cm-1 (base de donnée sur internet RRUFF ; Ricciardi P., 2006-2007). Les études de lixiviation
ont démontré que les ions Ca2+ et Mg2+ étaient peu lixiviés. Leur action pourraient former du
diopside or la distance inter-palnaire du diopside (d = 2,99 Å) ne correspond pas.
a)
485
1071
958 b)
X-ray scattered Intensity
25h in
Intensit é Raman
H2SO4
34.628
1016 37.196
492 + 600°C
609
Fig. 3.19 : Echantillon de type 3 Am14g corrodé 25h dans H2SO4 : a) comparaison de spectres Raman de la
CP avant et après traitement thermique à 600°C b) diffraction des rayons X (Co/Kα) après traitement à 600°C.
81
Ch. 3 Mécanismes de corrosion
Un échantillon de verre de type 3 a été dans un premier temps corrodé dans de l’acide
sulfurique, puis coupé en deux morceaux : cela a révélé un cœur sain et une croûte poreuse. Un des
deux morceaux a été placé dans KNO3 fondu. Nous avons ensuite réalisé des spectres Raman
(fig. 3.20a) depuis la partie saine en contact avec KNO3 (appelé par la suite verre « sain ») jusqu’à la
couche poreuse ayant donc eu successivement l’action de H2SO4 et de KNO3 (fig. 3.20b).
On observe une forte diminution de l’intensité des bandes situées à 955 (nano-cristaux de
structure proche de la wollastonite CaSiO4) et 1084 cm-1 (Q3) entre le verre « sain » et la couche
poreuse. Dans cette dernière, nous pouvons remarquer l’apparition de pics intenses à 985 cm-1 et
1053 cm-1, qui correspondraient respectivement à K2SO4 et KNO3, incomplètement éliminés par le
lavage du fait de la porosité de la couche corrodée (Ishigame M. et Yamashita Y., 1983 ; Rull F. et
Ohtaki H., 1997 ; Wu H. B. et K., 2008). Le pic à 1053 cm-1 pourrait aussi correspondre à du
PbCO3 résultant de la grisaille présente sur certaine partie du verre (cf. p. 115).
L’intensité de la bande située à 450 cm-1 augmente par rapport à celle située vers 600 cm-1,
la plus intense dans le verre « sain ». Cela indique une modification irréversible de l’angle Si-O-Si
par rapport à l’échange ionique dans H2SO4.
La plus grande intensité du massif de déformation est située à 450 cm-1, cette composante
montre une évolution vers une structure proche de la silice pure. Cela peut signifier une formation
de précipités (nano/micro) cristallisés qui permettent à la structure de se clustériser en silice. Cela
confirme la modification de toutes les régions (incluant le verre apparemment sain proche de la
zone fissurée et du verre poreux) dans KNO3, avec un échange réversible H+/K+.
a) K2SO 4
CP 985
KNO 3
453 480
1053
620
960 1084
b)
976
Intensit é Raman
1053 50µm
Interface 959
1084
596 Couche poreuse (H2SO 4 + KNO3)
450
955
VS 1084 Verre sain (KNO3 )
600
450
Fig. 3.20 : a) Signatures Raman (laser 532 nm) du verre AM19b3 corrodé 5h dans H2SO4 puis 10h dans
KNO3, spectres effectués le long d’une ligne marquée par des croix dans la photographie b).
82
Ch. 3 Mécanismes de corrosion
En résumé
Le tableau 3.4 récapitule les principales bandes observées sur les spectres d’un verre sain,
corrodé dans H2SO4, corrodé dans H2SO4+KNO3 et d’une piqûre de corrosion naturelle.
Nous avons observé des modifications structurales du réseau polymérisé de SiO4 à la fois
de l’angle Si-O-Si (massif de déformation δmax SiO4) et de l’allongement de la liaison Si-O (massif
d’élongation νmax SiO4) dans les spectres des couches poreuses de H2SO4 (fig. 3.17) et
H2SO4+KNO3 (fig. 3.20) ainsi que le spectre de la piqûre (fig. 3.18).
L’augmentation de la bande Q2 située vers 995 cm-1 (spectre de la CP H2SO4, fig. 3.17)
attribuée à des nanocristaux de wollastonite (CaSiO3).
Des pics fins et intenses de phases cristallines ont été observés sur les spectres de la piqûre
(fig. 3.18) et de la CP H2SO4+KNO3 (fig. 3.20) situées vers 985 cm-1 qui correspondrait à de
l’arcanite K2SO4. Un autre pic, situé vers 1053 cm-1 correspondant à du nitrate de potassium
(KNO3), a été observé sur le spectre de la CP H2SO4+KNO3 (fig. 3.20).
Corrosion naturelle
Sain H2SO4 (CP) H2SO4+KNO3 (CP)
(piqûre)
453 413
δmax SiO4 473 482 480
607 590 620 587
955 960 960 950
995 985 996
νmax SiO4
1053
1085 1065 1084 1089
Tab. 3.4 : Tableau récapitulatif des principales bandes/pics (cm-1) d’un verre sain, corrodé dans H2SO4, corrodé
dans H2SO4+KNO3 et d’une piqûre « naturelle », les nombres d’ondes de nanocristaux et
d’espèces cristallines sont indiqués en gras, CP = couche poreuse.
e/ Paramètres Raman
Les nombres d’ondes et les aires des pics des différentes composantes des spectres Raman
de verres ayant subi un échange ionique (dans H2SO4) et un ré-échange (dans KNO3), sont
reportés dans la figure 3.21 en fonction de la localisation du spot le long de la ligne d’analyse
depuis le verre sain (position 0) vers la surface corrodée (30 µm) (fig. 3.17b et 3.20b).
La figure 3.21a compare les paramètres Raman d’un verre de type 3 corrodé dans H2SO4.
Les composantes de déformations SiO4 (δ1, δ2, δ3) varient légèrement et sont corrélées à la
modification de l’angle Si-O-Si (Scanu T. et al., 1994). Les nombres d’ondes des composantes
d’élongation SiO4, Q3 et Q4 diminuent clairement (contrairement aux autres composantes). Cette
perturbation est attribuée aux entités protoniques. Le tracé des rapports des aires des pics nous
permet de bien visualiser la zone de transition. La composante la plus affectée est Q3 c’est-à-dire
celle où les tétraèdres SiO4 partagent trois oxygènes avec leurs tétraèdres adjacents. Cela indique
que les liaisons brisées Si-O lors de l’échange K+/espèces protoniques concernent principalement
ces entités et, au delà d’un certain niveau leur modification entrainent une perte de translucidité.
Les longues fissures observées dans la zone fissurée (fig. 3.9) permettent d’accommoder la
contraction du réseau silicaté suite à l’insertion de protons. Au dessus d’un seuil d’échange, les
modifications de l’angle Si-O-Si mènent à une multi-fissuration et donc à une perte de
translucidité.
83
Ch. 3 Mécanismes de corrosion
La figure 3.21b présente les paramètres Raman d’un verre de type 3 corrodé dans H2SO4
puis dans KNO3. La séparation entre la couche poreuse et le reste du matériau est plus marquée :
on constate une brusque chute dans la couche poreuse pour δ1, δ2, δ3. Le rapport des aires ne
permet pas une distinction évidente des zones fissurées et de transition, qui semble être dans la
continuité du verre sain. La variation brusque du rapport des aires des composantes Q2 et Q3
survient de nouveau dans la couche poreuse. Les zones de transition et de fissures semblent donc
avoir été « réparées » par le ré-échange ionique.
La comparaison des nombres d’ondes et des aires données dans la figure 3.21b et les
résultats de microdureté dans la figure 3.16a, confirment que l’échange réversible
H+/K+ a été effectué avec succès dans les zones de fissures et de transition, mais pas
dans la couche poreuse irréversiblement formée. La haute sensibilité des modes de
déformation est évidente du fait de leur relation avec la valeur de l’angle Si-O-Si.
Q4 ZT
700
δ1 VS ZF VP
1120 1.6
-1
Q3
Nombre d'onde / cm
650
ZF
700 δ1 VS ZT CP
-1
1120
Nombre d'onde / cm
Q3 1.6
650
Rapport des aires
δ2 1040
Q2 1.2
600
960 Qnc 0.8 Q2/(QTOT-Q2)
550 δ3
880
Q1
500 0.4
800 Q0 Q3/(QTOT-Q3)
450 0.0
0 300 600 900 0 300 600 900 0 300 600 900
b) Position / µm Position / µm Position / µm
Fig. 3.21 : a) Paramètres Raman du verre LM8b3 de type 3 corrodé 7h30 dans H2SO4. Analyses de section :
nombres d’ondes en fonction de la position du spot laser (532 nm et diamètre ~5 µm) le long d’une ligne entre le
verre sain (optiquement clair) et la zone corrodée (opaque) (figs. 3.17b et 3.20b) ; rapport des aires (δ1+δ2)/(δ3+δ4)
permettant de distinguer les 4 zones : verre sain, zone fissurée, zone de transition et couche poreuse ; b) mêmes
graphiques pour un échantillon (AM19b3) immergé en plus 10h dans KNO3. Seul le rapport des aires des
bandes Q2 et Q3 sont montrés car ils présentent les plus grandes variations.
Qnc=nanocristaux et QTOT=Σi0-4 Qi+Qnc
84
Ch. 3 Mécanismes de corrosion
Nous avons donc choisi de polir les échantillons jusqu’à une épaisseur d’environ 400 µm et
d’enregistrer leurs spectres entre 2000 et 8000 cm-1, domaine où les harmoniques et combinaisons
sont attendues. Ces composantes sont beaucoup plus faibles que les bandes fondamentales ce qui
permet de travailler avec des échantillons « épais ». Le travail dans ce domaine permet en outre de
mieux séparer du fait de l’anharmonicité les différentes contributions qui se superposent dans le
domaine des modes fondamentaux.
Les spectres infra-rouge ont été réalisés avant et après différents traitements chimiques et
thermiques. Les conditions expérimentales, le principe de la technique l’appareillage utilisé durant
cette étude sont décrits en 9.
Les valeurs des largeurs à mi-hauteur peuvent être un bon indice pour aider à identifier les
bandes. Traditionnellement, les bandes les plus fines sont attribuées aux ions OH- libres, les
bandes légèrement plus larges correspondent à l’interaction des OH- avec d’autres espèces ou l’eau,
et les bandes les plus larges correspondent aux espèces ioniques H3O+ ou H+(H2O)n (Colomban
Ph. et Novak A., 1992).
Tab. 3.5 : Nombres d’ondes (cm-1) attendus en IR et attribution d'après la littérature (Behrens H. et Nowak M.,
2003 ; Burneau A. et al., 1997 ; Colomban Ph., 1992 ; DeRosa R. L. et al., 2003 ; Michel D. et al., 1978).
85
Ch. 3 Mécanismes de corrosion
Naturellement
Corrodé au laboratoire Attribution /
corrodé ρ=
largeur à mi-
Cratère νH/νD hauteur (cm-1)
H2SO4 + H2SO4 + Trait.
Sain NaOH Deutération
NaOH Thermique
Humide 60°C 600°C H2SO4 Cratère
2526 2514 3380 1,34 ν H2O
650-950
3380 3500 ν H2O + ?
380-700
3540 3990 4010 ? / 70-100
4343 4343 (4343) 4343 ν + δ H2O / 90
4501 4501 4501 4501 3315 3400 1,36 νO-H++δO-H+
50
5143
5224 5224 5224 5224 (3880) 5230 1,35 (ν O-H+) + δ
5235 H+(H2O) / 180
6930 2ν H3O+ / 380
7090 7090 7090 5240 7090 1,35 2ν H2O
100-130
Tab. 3.6 : Nombres d’ondes caractéristiques (cm-1) et attribution des bandes pour des verres de type 3
(les nombres d’ondes soulignés sont en accord avec la littérature).
a/ Verres de types 1, 2 et 3
Des spectres IR en transmission de verres de types 2 et 3 avaient été réalisés par dispersion
dans une pastille ICs dans un travail précédent (Colomban Ph. et al., 2006). Les nombres d’ondes
des modes fondamentaux des massifs de déformation (δSiO4) et d’élongation (νSiO4) sont situés
respectivement vers 460 cm-1 et 1030 cm-1 et l’élongation νSi-O-Si se situe à 775 cm-1 (fig. 3.22).
On observe des déplacements de bandes entre les spectres du verre sain et du verre
corrodé dans H2SO4 (fig. 3.22):
- 460 vers 465 cm-1 indique une modification de l’angle Si-O ;
- 775 vers 800 cm-1 indique une modification de l’élongation des liaisons Si-O-Si ;
- 1030 vers 1100 cm-1 indique une modification de l’élongation des liaisons Si-O ;
Les bandes situées à 1600 cm-1 et à 1635 cm-1 peuvent être attribuées à δ H2O et la bande
située à 1730 cm-1 peut être attribuée à δ H3O+.
Ces modifications structurales du réseau SiO4 polymérisé ont été également constatées dans
les spectres Raman (fig. 3.17). Nous avons observé des modifications structurales du réseau
polymérisé de SiO4 à la fois de l’angle Si-O-Si (massif de déformation δmax SiO4) et de l’allongement
de la liaison Si-O (massif d’élongation νmax SiO4).
Dans les spectres de la figure 3.22, des traces d’eau peuvent être observées vers 1600 cm-1.
86
Ch. 3 Mécanismes de corrosion
TYPE 3
605 775
Transmission
460 1600 Sain
*
800 1030
600
465
1635 H2SO4
* 1735
1110
* impureté de la matrice ICs
500 1000 1500
-1
2000
Nombre d'onde / cm
Fig. 3.22 : Spectres IR de verres de types 3 sains et corrodés dans H2SO4 (Colomban Ph. et al., 2006).
La figure 3.23 compare les spectres IR de verres de types 1, 2 et 3 sains (a) et corrodés (b)
entre 1500 et 8000 cm-1.
a) b)
3 Type 1 4485
AM19vd1 6585
5020
2 2900 3415 0.6
Type 1 / 30h
AM19vd
1 0.4
Type 2 0.2 *
0 S13 *
Transmission
0.4 3500
5890 0.0
0.3 **
3450 Type 2 / 31h30
0.04
0.2
S13
**
0.1 0.02 3413
0.0
0.3 Type 3 0.00
** AM22 0.6
3380
0.2
0.4 Type 3 / 18h 5224
AM22 4501 7065
0.1 0.2 4343
0.0 0.0
2000 4000 6000 8000 2000 4000 6000 8000
-1 -1
Nombre d'onde / cm Nombre d'onde / cm
Fig. 3.23 : Comparaison de spectres IR de verres de types 1, 2 et 3 a) sains et b) corrodés dans H2SO4.
Les premières bandes des spectres des verres sains situées entre 2900 et 3450 cm-1
correspondent aux molécules d’eau adsorbées dans les fissures à la surface du verre. Une
87
Ch. 3 Mécanismes de corrosion
contribution des harmoniques et combinaisons du réseau Si-O vers 2900 cm-1 est cependant
significative pour les verres de type 1 et 2 qui réagissent très peu avec l’eau acide. Les petites
différences observées entre les types de verres dans la figure 3.23a sont attribuées aux différences
d’interactions des molécules d’eau à la surface du verre avec les différents cations (K+ dans le
type 3 et Na+ dans les autres types).
La figure 3.23b présente les spectres obtenus pour les différents types de verres corrodés
dans H2SO4. Comme dans les analyses Raman du réseau silicaté on remarque que les types 1 et 2
sont peu affectés contrairement au type 3 qui est fortement modifié. La bande correspondant à
l’eau adsorbée dans les types corrodés 1 et 2 (fig. 3.23b) est plus intense que dans les mêmes types
sains (fig. 3.23a). Cela peut s’expliquer par le fait que des fissures à la surface du verre se sont
intensifiées et donc ont augmenté la quantité d’eau adsorbée.
Dans la suite de notre étude IR, nous nous focaliserons alors sur le type 3. On observe
également une saturation de la bande νH2O (située à environ 3400 cm-1) et l’apparition de
nouvelles bandes entre 4000 et 8000 cm-1 (fig. 3.23b).
Nous avons réalisé une série des spectres IR sur un échantillon de verre de type 3 corrodé
dans H2SO4 après avoir été lavé dans un bain à ultra-son chaud à 50°C (fig. 3.24a), séché dans une
étuve à 60°C (fig. 3.24b) et chauffé à 600°C (fig. 3.24c).
5224
4501
H2SO4 En accord avec la figure 3.14, le
Humide 6930 a) traitement thermique à 600°C élimine la quasi
totalité de l’eau et permet ainsi d’accéder aux
massifs des bandes fondamentales vers
7090 3500 cm-1 (fig. 3.24c).
H2SO4
b) supplémentaires apparaissent situées à
60°C 4343 cm -1
et 7090 cm -1
attribuées
4343 respectivement à ν+δ H2O et 2νH2O. La bande
faible à 6930 cm-1 peut correspondre à 2νH3O+
et disparaît logiquement avec le traitement
H2SO4 thermique à 600°C.
+ 600°C
Entre les spectres b et c, on observe la
3990 c) disparition de la bande à 4343 cm-1 (ν+δ H2O)
1850 et une diminution de l’intensité de celle à
1620 3500
7090 cm-1 (2νH2O).
2000 4000 6000 8000
-1
Nombre d'onde / cm
88
Ch. 3 Mécanismes de corrosion
Des spectres IR ont été réalisés sur des verres de types 3 après différents traitements
chimiques dans NaOH (fig. 3.25a), H2SO4 (fig. 3.25b) puis H2SO4 et NaOH (fig. 3.25c).
3540
5740
NaOH a)
L’attaque de NaOH n’a pas d’effet sur
5224 7090 le spectre IR du verre de type 3 (fig. 3.25a).
Transmission
En IR, quatre bandes à 4343, 4501, 5224 et 7090 cm-1 semblent être
caractéristiques de l’effet de corrosion après un échange ionique dans H2SO4 concentré
en ébullition.
Nous avons réalisé sous microscope IR des analyses sur les piqûres d’un échantillon
corrodé naturellement de type 3 (voir fig. 3.8b). La figure 3.26a présente les résultats IR les plus
caractéristiques sur deux cratères nommés 4 et 7. On retrouve trois des quatre bandes principales
IR déjà vues sur un échantillon corrodé dans H2SO4, à savoir : 4343, 5240 et 7090 cm-1.
Un zoom de ce spectre obtenu après avoir séché l’échantillon à 60°C (fig. 3.26b) montre
cependant une petite différence entre les analyses des deux cratères (n° 4 et 7). Le spectre du haut
(cratère 4) contient en fait deux bandes se chevauchant partiellement (5143 et 5230 cm-1), tandis
que le spectre du bas (cratère 7) montre seulement une bande à 5235 cm-1. La double bande du
cratère 4 est confirmée par la dilution isotopique de l’échantillon (fig. 3.26c), montrant qu’il y a
effectivement trois composantes, liées à différentes liaisons hydrogène environnantes.
89
Ch. 3 Mécanismes de corrosion
a) b) c)
4 4 / 60°C 4 / D2O
4010
5240
Transmission 7090
5143
5230
4343 5035
7 7 / 60°C 5140
5235 5241
3380
2000 4000 6000 8000 4800 5100 5400 5000 5250
-1
Nombre d'onde / cm
Fig. 3.26 : Spectres IR a) de deux cratères (n°4 et 7) d'un verre de type 3 (S1) corrodé naturellement ; b) zoom
effectué sur les spectres des mêmes cratères mais séchés à 60°C et c) zoom du spectre du cratère n°4 deutéré.
Nous avons également enregistré des spectres IR après deutération partielle sur un
échantillon de verre de type 3 corrodé dans H2SO4 (fig. 3.27a) et sur un échantillon corrodé
naturellement et présentant des cratères (figs. 3.27b et 3.27c et 3.26c).
H2SO4
+ D2O
On constate alors deux bandes larges
a)
situées à 2526 et 3315 cm-1 (fig. 3.27a)
*
3315 respectivement νD2O et νO-H+. On retrouve
les mêmes bandes concernant les spectres b et c
Transmission
*
2526 * avec en plus les bandes à 3880 et 5240 cm-1
3880 D2O correspondant respectivement à νO-H+ et
5241 2νH2O.
4 b)
*
*
Les valeurs obtenues pour le rapport
isotopique (ρ=νH/νD) sont en accord avec la
4343
c) littérature (Burneau A. et Carteret C., 2000 ;
3 * Colomban Ph. et Novak A., 1992) et conforte
notre attribution.
*
3400
2514
2000 4000 6000 8000
-1
Nombre d'onde / cm
90
Ch. 3 Mécanismes de corrosion
3.4 Discussion
Des comportements très différents ont été observés après des attaques acides et basiques :
- l’attaque acide mène à une modification par étapes (fig. 3.28). Premièrement des
fissures, avec des distances inter-fissures régulières de l’ordre du micron, apparaissent à la
surface, nommée zone de transition (fig. 3.28a). Puis une deuxième zone apparaît avec des
distances inter-fissures plus larges (10-20 µm) et des longueurs de fissures augmentant
jusqu’à 200µm, appelée zone fissurée (fig. 3.28b). Simultanément, une croûte micro-fissurée
opaque, couche poreuse lixiviée se forme (figs. 3.28b et 3.28c) ;
Surface du verre
Zone de transition
a) H2SO4 Verre sain
Zone fissurée
Couche
b) H2SO4 Verre sain
poreuse
Lixiviée
Fig. 3.28 : Vues schématiques des différentes zones formées au cours du temps lors d’une corrosion acide (H2SO4)
sur un verre de type 3. Le trait noir plein indique le contour initial de l’échantillon.
Fig. 3.29 : Vues schématiques d’un verre lors d’une corrosion basique (NaOH).
Le trait noir plein indique le contour de l’échantillon de verre.
91
Ch. 3 Mécanismes de corrosion
La formation des fissures indique que l’unité de volume du verre diminue plus que ne peut
accommoder sa résistance mécanique à la contrainte. La lixiviation facile des ions K+ dans les
solutions acides (tab. 3.2), spécialement dans l’acide sulfurique concentré en ébullition (liquide
polymérique d’ions H3O+ et de dimers HSO4-, (Goypiron A., 1976 ; Goypiron A. et al., 1975)) peut
être expliquée par le même diamètre ionique des espèces H3O+ et K+ (Lenfant P. et al., 1980).
Cependant cela ne peut pas expliquer la formation des fissures. La formation de protons non
solvatés, entités petites, (H+) exerçant une attraction avec les atomes d’oxygène voisins, peut
expliquer la contraction du verre. L’origine de la zone de transition peut être reliée à la
transformation ion H3O+/proton « H+». En effet, alors que pendant longtemps on a supposé que
le proton devait toujours, même dans les solides, exister sous une forme où il pénètre la sphère de
covalence de l’accepteur (OH-, H3O+ ou NH4) il a été récemment démontré que différents types de
protons existent dans un solide (Colomban Ph. et Tomkinson J., 1997), pas seulement ceux
pénétrant le réseau covalent de l’entité accepteur. Ces protons « ioniques » partageant leurs
interactions avec les atomes voisins d’oxygène n’ont pas de signature IR et ne sont
vibrationnellement caractérisables que par diffusion neutronique à très basse température (<
100K).
L’insertion du proton concorde également avec les perturbations des modes Si-O de
déformation et d’élongation : le graphique des principaux nombres d’ondes Raman (fig. 3.21a)
montre le déplacement des modes de déformation en fonction de l’étape de corrosion du verre,
indiquant le changement de l’angle O-Si-O. La diminution du nombre d’onde des bandes Q3
(mode d’élongation symétrique du tétraèdre SiO4 partageant 3 atomes d’oxygène avec leurs plus
proches homologues) et Q4 (complète polymérisation du tétraèdre) indique un allongement de la
liaison Si-O, ce qui est aussi en accord avec l’interaction avec un proton interstitiel.
La courbe du rapport des aires (fig. 3.21a) visualise clairement un gradient pour la zone
fissurée, puis un comportement stable durant la zone de transition. Pour des raisons mécaniques, il
est évident que la modification du verre s’étend dans le verre au delà de la zone fissurée (les
fissures libérant les contraintes) qui apparaît sur les microphotographies comme étant non-
corrodée (fig. 3.9c).
A partir des courbes d’expansion thermique de la figure 3.14a et à partir des nombres
d’ondes du graphique de la figure 3.21b, il est clair que l’échange ionique inverse entre proton et les
ions K+ est effectif dans les zones fissurées et de transition. Cela offre une nouvelle perspective
pour arrêter la corrosion. Cependant le caractère opaque reste pour la couche poreuse et il apparait
que seules les zones fissurées et de transition soient régénérées (fig. 3.12). Ce point nécessiterait
une étude plus complète par microsonde par exemple pour suivre la teneur des éléments lixiviées
dans chaque couche après ré-échange dans KNO3. Une nouvelle voie de restauration des verres
anciens pourrait être dans un premier temps, de dissoudre la couche de corrosion avec NaOH et
ensuite de « cicatriser » les zones fissurées et de transition en immergeant l’échantillon dans KNO3
fondu.
Les positions des bandes IR attendues et leurs attributions à partir de la littérature sont
données dans le tableau 3.4 (Behrens H. et Nowak M., 2003 ; Burneau A. et al., 1997 ; Davis K.M.
92
Ch. 3 Mécanismes de corrosion
et Tomozawa M., 1996 ; Michel D. et al., 1978 ; Stuke A. et al., 2006). Nous n’avons pas observé la
signature classique d’espèces OH- dans la région 3600-3800 cm-1 (Bomiley G.D. et Hilairet N.,
2005). Un pic fin est bien observé à 5225 cm-1, sa faible largeur peut être compatible avec
l’attribution à un ion OH- perturbé, mais le nombre d’onde ne correspond pas. Il correspond
mieux à une molécule d’eau. Le doublet à 4343-4500 cm-1 correspondrait assez bien aux espèces
OH- mais cela semble étrange que ces espèces soient formées dans l’acide sulfurique en ébullition
et la largeur n’est pas en accord avec une signature d’ion OH-. Ainsi, nous supposons la formation
majoritaire de protons interstitiels ou « ioniques » sans signature IR spécifique, établissant des
liaisons hydrogène avec différents atomes d’oxygène, comme observées dans beaucoup de
structures (Colomban Ph., 1999). Les signatures IR observées correspondent à des espèces
associées mineures (eau des fissures ou pores). Des données similaires sont obtenues avec le verre
corrodé naturellement (fig. 3.26a).
3.5 Conclusion
Nous avons basé notre étude sur des échantillons corrodés en laboratoire afin d’obtenir
une corrosion suffisamment importante pour bien comprendre et identifier les différentes étapes
d’altération. L’étude des mécanismes de corrosion du point de vue des modifications structurales à
partir de verres/vitraux anciens corrodés naturellement n’est pas évidente. L’épaisseur de la couche
de corrosion étant très faible, une dizaine de µm, nécessite des méthodes lourdes. En outre, les
spectres Raman sont très bruités même avec des temps d’acquisition longs d’une journée.
Toutefois, nous avons vérifié que nos résultats obtenus sur des échantillons ayant subi une
corrosion contrôlée étaient quasi identiques avec ceux présentant des piqûres/cratères de
corrosion naturelle (échantillons R1 et S1). Ces derniers ont été observés sous microscope, puis
analysés par spectrométrie Raman et IR et enfin ont subi des tests de microdureté. Les résultats
ainsi obtenus se sont révélés très proches.
Notre corpus d’échantillons a été composé principalement de trois type des verres :
sodique (type 1), calco-sodique (type 2) et potassique (type 3). Les types 1 et 2 se sont révélés très
résistants à l’échange des protons dans un milieu acide. Cette étude expérimentale multi-échelle des
modifications du réseau a donc été basée plus particulièrement sur les verres de type 3 riches en
potassium, compositions principalement utilisées pour les vitraux du Moyen-âge. Cependant, des
compositions intermédiaires ont été analysées et ont montré des comportements comparables mais
de plus faible ampleur (fig. 3.6 échantillon S2).
93
Ch. 3 Mécanismes de corrosion
cicatrisation des zones de fissures et de transition est possible par un ré-échange H+/K+ dans
KNO3 fondu. Des modifications sont cependant irréversibles dans le verre poreux.
Lors du processus de corrosion, nous supposons que des protons interstitiels ou
« ioniques » se forment majoritairement, sans signature IR spécifique, établissant des liaisons
hydrogène avec les différents atomes d’oxygène.
L’échange ionique K+/H+ entraîne la contraction du réseau (ce qui élimine la présence
d’ion H3O+, sauf dans la zone étroite de transition), avec la modification de l’angle Si-O-Si et de la
longueur des liaisons Si-O, puis les fissures s’étendent perpendiculairement à la surface du verre.
La corrosion peut s’arrêter à cette étape pour l’extrême surface des verres de type 2. Dans une
seconde étape, la distance inter-fissure et la longueur des fissures augmentent jusqu’au millimètre.
Puis la zone poreuse, couche opaque se développe.
Nous avons observé la dissolution des échantillons de verres dans NaOH en ébullition
sans modification de la structure. Une attaque contrôlée de NaOH pourrait être un moyen pour
éliminer la couche poreuse.
L’appellation « gel » de la couche poreuse est peut-être liée aux dépôts de polluants à la
surface du verre (nos échantillons ont été lavés) et non le résultat stricto sensu de la corrosion du
verre.
94
Ch. 3 Mécanismes de corrosion
3.6 Références
RRUFF project. http://rruff.info/
Arab M., Cailleteau C., Angeli F., Devreux F., Girard L., Spalla O., 2008, Aqueous alteration of
five-oxide silicate glasses: Experimental approach and Monte Carlo modeling, Journal of
Non-Crystalline Solids, 354 pp. 155-61.
Behrens H., Nowak M., 2003, Quantification of H2O speciation in silicate glasses and melts by IR
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Chapitre 4
Mesures sur site
Vitraux de la Sainte-Chapelle (Paris)
Verres émaillés du Musée National de la Céramique (Sèvres)
1
4.1 Description des appareillages 101
4.1.1 A la Sainte-Chapelle 101
a/ Spectromètre portable AXIAL 532 101
b/ Contraintes techniques 102
c/ Choix des optiques 104
4.1.2 Au Musée National de Céramique 105
2
Ch. 4 Mesures sur site
D ans ce chapitre deux mesures sur site sont analysées : l’étude des vitraux de la
Sainte-Chapelle à Paris et celles de verres émaillés précieux exposés au Musée National de
Céramique à Sèvres. Ces études ont été réalisées à l’aide de deux spectromètres Raman portables
différents. L’objectif était d’évaluer le niveau d’information pouvant être obtenu sur la nature et la
technologie de production d’objets en verre ne pouvant être déplacés au laboratoire.
Le but était d’identifier de façon non-destructive sur les vitraux en place, les types de
verres à partir de leur signature Raman et de tenter de proposer des critères objectifs de
différenciation entre éléments originaux et restaurations. Au delà, une qualification de l’état de
dégradation des vitraux était envisageable, avec peut-être la possibilité de situer
chronologiquement par leur degré de dégradation les éléments de vitraux.
Une première campagne de mesures effectuée en octobre 2005, a permis d’identifier et en
partie de résoudre un certain nombre de questions techniques :
- est-il possible d'installer sur site un instrument portable et d’effectuer des
mesures dans des lieux difficiles d'accès nécessitant une grande longueur (10 m) de
connexion par fibres optiques ?
- faut-il mieux travailler sur la face interne d'un vitrail ou depuis l'extérieur de
l’édifice (sur la face externe), malgré les pollutions ? Dans quel cas les perturbations par la
lumière ambiante sont-elles les plus gênantes ?
- quels types de verres donnent une signature "exploitable" dans les conditions de
travail ci-dessus? Combien d’éléments peuvent-ils être analysés en une journée ?
- quels sont les dispositifs optiques les plus favorables à l’acquisition des spectres ?
Ces questions en partie résolues, une seconde campagne de mesures a été effectuée en
avril 2006. Le nombre de spectres enregistrés lors de cette campagne peut être considéré comme
représentatif des possibilités présentes de la technique. Il a été alors possible de se concentrer sur
des questions scientifiques et non plus sur les considérations d'ordre pratique.
99
Ch. 4 Mesures sur site
Une analyse de l’extérieur vers l’intérieur étant plus favorable pour s’affranchir de la
perturbation de la lumière solaire, les analyses en extérieur sur la rose ont été privilégiées. Ces
vitraux sont datés du XVe siècle.
- Obtiendrons-nous des signatures Raman différentes de celles obtenues sur les
éléments du chœur de la Chapelle Haute ? Quel sera l’effet de la corrosion, dramatique
pour certains verres à l’examen visuel ?
- Les conclusions à partir des signatures Raman seront-elles toujours en accord
avec les identifications du Corpus Vitrearum Medii Aevi basées sur un examen visuel et
stylistique des éléments de vitrail, appelées dans la suite de ce chapitre CVMA (Aubert A.
et al., 1959) ?
- Quels outils de classement des spectres sont à préférer (des critères simples,
qualitatifs, ne nécessitant pas d'exploitation informatique et utilisable par des non
spécialistes comme l’indice de polymérisation et la position des pics principaux ou des
méthodes multivariées plus évoluées (Analyse par Composantes Principales, Classification
ascendante hiérarchique,…) ?
- Quelles sont les meilleurs paramètres Raman pour déterminer un "indice de
dégradation" ?
Dans une première partie nous présenterons les différents dispositifs mis en place pour
l’analyse Raman à la Sainte-Chapelle puis au Musée National de Céramique. Ensuite nous
présenterons les résultats concernant l’étude des vitraux de la Sainte-Chapelle et une discussion
sera menée sur l’attribution de certains spectres et l’évaluation de l’état de dégradation de vitraux.
100
Ch. 4 Mesures sur site
Une troisième partie portera sur l’analyse d’objets en verres émaillés au Musée avec le détail des
spectres obtenus et une discussion sera menée sur l’identification de la structure de la matrice
vitreuse, des émaux et des pigments.
4.1.1 A la Sainte-Chapelle
a/ Spectromètre portable AXIAL 532
Fig. 4.1 : Spectromètre Raman portable AXIAL et équipement de mesure (détails techniques cf. annexe 5).
101
Ch. 4 Mesures sur site
plus de 100 mW, la puissance sur échantillon sera de plusieurs mW à une dizaine de mW, selon la
qualité des couplages. En effet les lieux étant riches en poussières, les montages/démontages
vont conduire inévitablement à une pollution des surfaces optiques, que l’on peut
qu’imparfaitement éliminer par un nettoyage sur place.
b/ Contraintes techniques
L'accès à la Chapelle haute et à ses verrières de plus de 600 m2 au total (De Finance L.,
1999) se fait par une volée d'escaliers à vis (largeur ~60 cm). Les 2/3 des vitraux sont estimés
originaux par examen visuel dans le Corpus Vitrearum (Aubert A. et al., 1959). Il est possible
ensuite d'approcher le bas des verrières du chœur par deux petits escaliers de bois en colimaçon,
de part et d’autre de l’ancienne tribune aux Reliques, elle-même très exiguë, limitant le nombre
des intervenants pour la mise en œuvre de l’opération. Les éléments bas (< 30 cm) des vitraux
peuvent être analysés en utilisant le dispositif micrométrique XYZ et un boy (fig. 4.2). D'autres
dispositifs utilisant un pied lourd de photographie ont été utilisés pour accéder aux parties
supérieures. Le branchement électrique est possible à 25 m du lieu de mesure.
Lors de la première campagne de mesures nous avions testé les procédures d'analyse par
les faces externes ou internes des vitraux, la tête de mesure était tenue à la main plaquée contre
les éléments de maçonnerie en utilisant un objectif de faible grossissement (x10). Quelques
spectres avaient été obtenus. Pour une meilleure stabilité et pour pouvoir utiliser des objectifs à
plus fort grossissement (c'est-à-dire donnant un spot plus petit nécessitant une plus grande
précision de mise au point mais permettant soit l'analyse de la surface (corrodée) soit le corps des
morceaux de verre), lors de la deuxième campagne de mesures, un pied photo « lourd » équipé
d’une rotule trois axes a été complété par une plaque en alliage d’aluminium pouvant être
102
Ch. 4 Mesures sur site
recouverte d'une plaque de plexiglas parfaitement lisse, sur laquelle par glissement on peut
positionner à la main près de la tête de mesure pour optimiser la mise au point. Pour éviter les
vibrations nous avons, pour chaque panneau à étudier, réalisé des gabarits en mousse de
polystyrène, épousant ainsi au mieux la forme des moulures (fig. 4.4) optimisée sur place au
cutter, afin d'avoir un point d'appui de la plaque d'aluminium en évitant tout contact de cette
plaque avec le vitrail analysé.
L'accès à la rose, reconstruite au XVe siècle (la nature des verres de ses vitraux reste mal
connue, l’ensemble n’ayant pas jusque là fait l’objet d’étude aprofondie) est possible par une autre
volée d'escaliers, conduisant au toit du porche (fig. 4.3). La galerie sous la rose ayant été équipée
d'une prise électrique lors du programme VIDRIO (Etcheverry M.-P. et al., 2005 ; Pallot-Frossard
I. et Etcheverry M.-P., 2005), le branchement des instruments est possible.
103
Ch. 4 Mesures sur site
Fig. 4.4 : Détail montrant le trépied d’appareil photo avec une plaque support de
la tête de mesure en contact avec le gabarit en polystyrène.
Au laboratoire
Nous avons comparé deux objectifs OLYMPUS : x10 (MDPlan, O.N. = 0,25, distance de
travail = 10,6 mm) et x100 (ULWDMSPlan, O.N. = 0,8, distance de travail = 3,4 mm) sur trois
échantillons de vitraux de différentes couleurs et époques (AM3-XIIIe siècle - bleu foncé ;
AU2bleu-XV/XVIe siècles - bleu ; AM19verd-XIXe siècle - vert clair).
En l’absence de perturbation lumineuse, l’objectif x10 donne les meilleurs compromis
entre qualité du signal et facilité de mise en œuvre.
A la Sainte-Chapelle
Nous avons comparé trois objectifs OLYMPUS : x10 (MDPlan, O.N. = 0,25, distance de
travail = 10,6 mm), x50 (MDPlan, O.N. = 0,75, distance de travail = 0,38 mm) et, x50 longue
focale (LMPLan, O.N. = 0,5, distance de travail = 10,6 mm).
Les tests ont été effectués lors de la première campagne de mesures et uniquement de
l’intérieur vers l’extérieur, conditions difficiles car la lumière ambiante extérieure contribue
fortement au fond continu et les spectres obtenus sont peu intenses. A priori dans ce cas on peut
penser qu'un objectif à fort grossissement, concentrant la lumière sur un petit volume d'analyse,
sera plus favorable car moins perturbé par la lumière parasite.
Deux éléments de vitrail ont été testés, l’un bleu clair et l’autre bleu foncé.
1 L’analyse détaillée est disponible dans le rapport interne au LADIR disponible sur HAL : http://hal.archives-
ouvertes.fr/hal-00152273/fr/.
104
Ch. 4 Mesures sur site
La couleur bleu foncé laisse peu passer la lumière extérieure. On note un faible fond
continu. Les objectifs x10 et x50 permettent l’obtention d’un spectre correct. Avec ces objectifs
la distance focale est telle que nous ne sommes pas collés au vitrail et donc la mise au point à l’œil
nu est plus facile.
Le vitrail bleu clair laisse passé beaucoup de lumière extérieure. Les spectres présentent
donc un fort fond continu et nous devons nous rapprocher au maximum du vitrail pour obtenir
un spectre à peu près correct à l’aide des objectifs x50 et x50 longue focale.
Pour des analyses Raman orientées de l’intérieur vers l’extérieur, il est préférable
d’utiliser un objectif x50 pour être gêner le moins possible par la lumière extérieure
tout en permettant une mise au point assez faible.
Pour des analyses Raman orientées de l’extérieur vers l’intérieur, l’utilisation d’un
objectif x 10 est recommandée pour obtenir un volume d’analyse maximum.
Fig. 4.5 : Spectromètre Raman portable HE 532 et équipements de mesures (cf. détails annexe 4).
554 590
602
999 953
955
797 786
AMVVERT1 AM19jau STCHAPBLEU1
Fig. 4.6 : Signature Raman de verres sains sodo-calciques et potassiques (après soustraction d’une « ligne de
base », pour ne garder que la signature covalente, sans les contributions de la fluorescence et du pic Boson)
(Colomban Ph. et al., 2006b).
Les résultats de notre étude sur la corrosion des verres silicatés pourront être comparés à
ceux obtenus sur les vitraux de la Sainte-Chapelle et nous aider à évaluer l’état de corrosion. Nous
pouvons observer dans la figure 4.7 des spectres corrodés dans H2SO4 au laboratoire de types 1,
2 et 3. Les types 1 et 2 sont issus d’une étude précédente (Colomban Ph. et al., 2006b) et le type 3
a fait l’objet du chapitre 3.
Les analyses des macro et micro-structures du chapitre 3 ont révélé des modifications
complexes des verres à différentes échelles. Plus particulièrement, la spectrométrie Raman a
montré les modifications du réseau polymérisé (SiO4)n. Depuis le verre sain jusqu’à la couche
poreuse on constate une évolution progressive des spectres Raman (fig. 4.7) avec des
changements à la fois des massifs SiO4 de déformation (400-700 cm-1) et d’élongation (800-1200
cm-1).
- une augmentation de l’intensité de la composante à environ 480 cm-1 par rapport
à celle de 595/600 cm-1, ce qui indique une modification de l’angle Si-O-Si du réseau
polymérisé de SiO4 (Scanu T. et al., 1994 ; Sharma S. K. et al., 1983), sans doute à cause de
l’interaction avec les protons insérés ;
- une légère diminution de l’intensité de pic à 960 cm-1 par rapport à celle de
995 cm-1 (Q2) attribuée à la disparition des nanocristaux ou clusters impliquant les cations
Ca et Na, similaires à des précurseurs de la wollastonite (Colomban Ph. et Tournié A.,
2007) ;
106
Ch. 4 Mesures sur site
955
TYPE 1 TYPE 2 1070 TYPE 3 960 1065
1080
1005 450
580 550
Intensité Raman
Fig. 4.7 : Signatures Raman de verres corrodés dans H2SO4, types 1 et 2 issus de l’article
de Colomban et al. (2006b) et le type 3 issu de la figure 3.17.
Tout d’abord, nous décrirons l’ensemble des panneaux selon le CVMA2 et présenterons
les panneaux ayant subi une analyse Raman, puis nous exposerons les résultats les plus
caractéristiques qui seront comparés aux identifications stylistiques du CVMA. Les produits de
corrosion identifiés seront également présentés. Ensuite, nous identifierons chacun des types de
verres rencontrés à l’aide de méthodes de classification binaires et multivariées. Enfin, nous
tenterons d’évaluer l’état de corrosion des vitraux de la Sainte-Chapelle à l’aide des paramètres
Raman.
2
Corpus Vitrearum Medii Aevi Aubert A., Grodecki L., Lafond J., Vernier J., 1959, Les vitraux de Notre-Dame et de la
Sainte Chapelle de Paris, Corpus Vitrearum Medii Aevi, Paris.
107
Ch. 4 Mesures sur site
La surface vitrée, 670 m² sans la rose, est scandée par des supports de maçonnerie qui
supporte la voûte d’origine. L’architecte a reporté au maximum à l’extérieur les éléments de
soutien afin de libérer un vaste espace intérieur. Deux chaînages métalliques ceinturent la chapelle
haute à mi-hauteur des baies pour assurer la cohérence de la maçonnerie et la résistance de la
vitrerie au vent.
L’entretien de la vitrerie relève, dès sa mise en place, des Chanoines de la Chapelle,
comme en témoigne l’acte de fondation. Certains panneaux portent des traces de restaurations
partielles attribuées à des opérations datant de la fin du XIIIe siècle, du XIVe siècle et surtout de
la fin du XVe siècle, époque du remplacement de la rose et de plusieurs panneaux des fenêtres
latérales. La vitrerie a surtout souffert entre 1803 et 1837 de l’aménagement de la chapelle haute
en dépôt d’archives du Palais de Justice. La grande restauration des vitraux s’inscrit dans celle de
l’ensemble de la chapelle au XIXe siècle, qui voulut redonner à l’édifice son aspect initial. Au
cours de cette restauration qui dura près de 10 ans (de 1846 à 1855), on substitua aux éléments
postérieurs au Moyen-âge ou étrangers à la chapelle (les historiens supposent le tiers de la
vitrerie), des panneaux habilement exécutés dans le style du XIIIe siècle.
Selon le CVMA la moitié des verrières du chœur (de A à G, fig. 4.8) a été restaurée au
XIXe siècle cela signifie qu’elles contiennent à la fois des éléments de verre originaux datés du
XIIIe siècle et des vitraux du XIXe siècle. La rose est datée du XVe siècle et a été restaurée au
XIXe siècle. Nous allons ici localiser les éléments analysés, du chœur et ensuite de la rose.
La figure 4.8 présente le plan de la Sainte-Chapelle publié dans le Corpus Vitraerum Medii
Aevi (CVMA, (Aubert A. et al., 1959)). Les panneaux accessibles des verrières G (nettoyée
récemment), H et I (non nettoyées) ayant fait l’objet de ce travail sont indiqués.
108
Ch. 4 Mesures sur site
La figure 4.9 montre le détail d’une verrière (G – Vie de Saint Jean-Baptiste et livre de Daniel), et
en particulier les zones déclarées authentiques (en blanc) ou restaurées (grisées) selon le Corpus
Vitrearum (Aubert A. et al., 1959). Les panneaux étudiés dans ce travail sont cerclés d’un trait
rouge. Les détails des autres verrières sont visibles dans un rapport interne du LADIR, disponible
sur HAL3.
Le tableau A situé en annexe 10 liste les spectres (exploitables et non exploitables)
recueillis au niveau du chœur, puis de la rose. La couleur de l’élément, l’objectif utilisé, le temps
d’acquisition, le nombre de coups par seconde et le type des signatures Raman (discutées plus
loin) sont indiqués.
Fig. 4.9 :Verrière G, Vie de Saint Jean-Baptiste et livre de Daniel (Aubert A. et al., 1959).
3
http://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00152273/fr/.
109
Ch. 4 Mesures sur site
Puis, les analyses ont été orientées de l’extérieur vers l’intérieur, c’est-à-dire l’appareil
positionné sur la terrasse, au niveau de la rose du XVe siècle. Suite aux résultats très satisfaisants
obtenus lors de la première campagne de mesures (oct. 2005), la seconde campagne d’analyse
(avril 2006) a été principalement consacrée à l'analyse de cette rose.
Nous pouvons observer dans la figure 4.10 deux vues de la rose depuis l’intérieur et
l’extérieur avec entourés de rouge les panneaux ayant fait l’objet d’une analyse Raman.
En moyenne nous avons réalisé 26 spectres par jour et analysé au total 53 éléments de
vitrail au niveau du chœur et 51 au niveau de la rose.
Attributions CVMA
4.2.2 Résultats
Le détail du travail effectué avec le descriptif de tous les panneaux analysés lors des deux
campagnes de mesures, est donné dans un rapport interne du LADIR disponible sur HAL4.
Tout d’abord, nous donnerons le bilan du nombre de toutes les analyses Raman
effectuées lors des deux campagnes de mesures au niveau du chœur et de la rose. Puis nous
détaillerons deux exemples représentatifs des mesures faites sur les panneaux du chœur et de la
4 http://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00152273/fr/.
110
Ch. 4 Mesures sur site
rose. Ces mesures seront comparées aux résultats stylistiques du CVMA. Et enfin nous
identifierons les produits de corrosion.
Le tableau 4.1 indique le nombre de spectres par type et par composition, y compris ceux
dont la signature Raman n’a pu être exploitée, ainsi que le nombre d’éléments analysés (un même
morceau du verre a été analysé en différents endroits lorsqu’une forte corrosion était visible).
Parmi tous les spectres enregistrés, cinq signatures Raman ont été observées (figs. 4.11 et
4.12) : les types 1, 2 et 3 déjà obtenus au laboratoire sur des morceaux de vitraux anciens collectes
dans différents lieu lors des déposes réalisées lors des guerres 1914/1918 et 1935/1945,
représentatifs des principales compositions utilisées (Colomban Ph. et al., 2006a ; Colomban Ph.
et al., 2006b) ; en outre deux signatures nommées types 4 et 5 ont été mises en évidences sur des
vitraux plus ou moins corrodés.
Spectres traités 8 0 11 8 0 0
Nbre d’éléments 13 0 18 15 0 7
Spectres bruts 2 3 1 56 6 4
Rose
Spectres traités 2 3 0 41 4 0
Nbre d’éléments 0 2 1 39 7 2
Tab. 4.1 : Nombre d’éléments analysés, de spectres bruts, traités et non exploitables,
classés par type (chœur et rose).
Tous les types sont représentés parmi les vitraux de la rose, alors que pour le chœur seuls
les types 1, 3 et 4 sont identifiés.
Pour la rose, on trouve une majorité de types 4, donc a priori, représentatifs du XVe
siècle. Mais ce type de verre se retrouve également en proportion significative au niveau du chœur
ce qui indique une corrosion significative coté intérieur. Lors de la réalisation de la rose ou de sa
réfection, ces éléments ont-ils été réutilisés pendant les restaurations du XIXe siècle ou avant ?
Ou bien les deux types de verre ont-ils été utilisés pendant tout le Moyen-âge ?
Le type 3 est fortement présent au niveau du chœur, exceptionnel sur la rose (1 cas).
Les vitraux typiques du XIXe siècle c’est-à-dire du type 1 se retrouvent d’avantage au
niveau du chœur que dans la rose. Nous avons analysé les parties basses des verrières, et il est
bien établi que celles-ci ont été les plus restaurées du fait de leurs dégradations lors de l’usage de
la Sainte-Chapelle comme lieu d’archivage du Palais de Justice. Cependant, il est admis que lors
de la restauration du milieu du XIXe siècle, des éléments de verre « authentiques » auraient été
prélevés dans les parties hautes pour combler les parties basses.
Le type 5 est retrouvé uniquement dans la rose.
Un peu moins de 20 % des spectres n’ont pas pu être exploités en raison d’un signal
Raman trop bruité.
111
Ch. 4 Mesures sur site
Parmi les panneaux analysés au niveau du chœur et de la rose, nous avons sélectionné
deux exemples représentatifs des différentes signatures Raman identifiées. Les figures 4.11 et 4.12
présentent les spectres (bruts et après soustraction de la ligne de base) enregistrés sur les éléments
de vitraux, le nombre total de spectres réalisés, le point d’analyse, les couleurs analysées, les types
de verres sont indiqués.
Dans un encadré, nous donnons le nombre d’éléments en accord avec le CVMA (à l’aide
d’une étoile) selon la classification visuelle des typologies 1, 2 et 5 du XIXe siècle, type 3 du XIIIe
siècle et type 4 du XIIIe siècle, que nous discuterons plus loin. La signature Raman d’un pigment
peut aussi être caractéristique d’une époque, comme par exemple des précipités de Cr2O3
(impuretés du Cobalt), observés dans certains verres bleus du XIXe siècle.
Le nombre d’éléments en désaccord avec le CVMA sera indiqué par un gros point. Nous
indiquerons aussi le nombre d’éléments que nous n’avons pas pu identifier (avec un point
d’interrogation) du fait principalement de spectres trop bruités à cause de la corrosion (analyse
depuis la face externe) ou de la perturbation par le soleil (analyse depuis la face interne).
La figure 4.11 présente un cas intéressant, car sur un même élément de vitrail bleu (situé
dans la baie G, à droite du panneau 87, en forme de demi-cercle), fissuré et réparé à l’aide d’un
plomb de casse, on observe deux signatures Raman différentes. L’une, située dans la partie
supérieure correspond à un verre de type 1, donc du XIXe siècle. L’autre, élément de vitrail situé
dans la partie inférieure correspond à un verre de type 3 d’origine. Pour l’ensemble de ces
composants, l’attribution du CVMA les désigne comme authentiques du XIIIe siècle, ce qui est
manifestement erroné pour l’élément supérieur (et l’élément symétrique à droite). Cet exemple est
typique des erreurs que peut commettre une attribution stylistique. La présence d’un plomb de
casse étant pourtant un bon indice qui montrait qu’une partie du verre pouvait être d’origine
différente. L’autre type identifié, appelé type 4 est caractérisé par un pic maximum à 1040-
1045 cm-1.
La figure 4.12 expose un autre exemple de panneau appartenant à la rose. Une signature
Raman spécifique est observée, le type 5. Les types 4 et 5 seront discutés plus loin.
Sur l’ensemble des éléments des panneaux G87-88 du chœur (fig. 4.11) ayant été identifiés
par spectrométrie Raman, quatre sont en accord avec le CVMA et quatre sont en désaccord. De
même, pour le panneau A16 de la rose (fig. 4.12), vingt éléments sont en accord avec le CVMA
et cinq sont en désaccord (cf. tableau B en annexe 10).
112
Ch. 4 Mesures sur site
3 types identifiés : 1, 3 et 4
Brut
G87bl7
G87bl6
1104
G87bl1
Intensité Raman / u.a.
577
Ligne
de Base TYPE 1
962
soustraite
1088 G87bl7
623
1040
TYPE 3
G87bl6
G87/88
Accord avec le CVMA : 4 TYPE 4
Désaccord : 4
G87bl1
? Non identifié : 0
400 800 1200 -1 1600
Nombre d'onde / cm
1098
Brut
1050
800
A16bl2
1111
A16bla2
A16J2
1047
Vue de l’intérieur
1098 A16ble4
Intensité Raman / u.a.
Ligne
de base
1050 soustraite
567
800
TYPE 5
1111 A16bl2
TYPE 4
595
A16bla2
962
1050
TYPE 2
A16J2
514
648 TYPE 4
A16ble4
400 800 1200 -1 1600
Nombre d'onde / cm
c/ Produits de corrosion
1023
KAl3(SO4)2(OH)6 1024
Alunite
Intensité Raman / u.a.
233
1152
C 652
634
162
680
CaSO4
1016 anhydrite
674 1130
TRH1
400 800 1200 400 800 1200
-1 -1
Nombre d'onde / cm Nombre d'onde / cm
Fig. 4.13 : Comparaison entre les spectres de la Sainte-Chapelle de phases cristallines (à gauche) et des spectres de
références (à droite) (Alunite et Anhydrite: base de donnée sur internet RRUFF).
Comme décrit dans le chapitre 2, nous avons traité et décomposé tous les spectres selon
le modèle des Qn. Les tableaux situés en annexe 10 rassemblent les données numériques c’est-à-
dire tous les paramètres Raman (νQn, IQn, AQn, …) obtenus après décomposition des spectres
de la rose et du chœur.
115
Ch. 4 Mesures sur site
G84v2 1108
(05/04/06)
570
TYPE 1
1000
960
(07/04/06) TYPE 4
577
TYPE 2 450
960
435
1087 1098
965 A16ble2
G93ble2
(07/04/06)
(25/10/05)
TYPE 3 TYPE 5
613
570
Fig. 4.14 : Spectres décomposés selon le modèle des Qn (chapitre 2), représentatifs des signatures Raman
enregistrées sur les vitraux de la Sainte-Chapelle, chœur et rose (ligne de base soustraite).
Les types de verres sains 1, 2 et 3 sont facilement identifiables (cf. fig. 4.6) et sont
respectivement caractéristiques du XIXe siècle (restauration, sodo-calcique, types 1 et 2) et du
XIIIe siècle (origine, verre potassique, type 3).
Le type 4 est trouvé aussi bien sur le chœur que sur la rose alors que et le type 5 a été
trouvé uniquement sur cette dernière. Parfois sur un même morceau de verre, attribué selon les
cas par le CVMA, au XIXe siècle (restauration rose et chœur), au XVe siècle (rose), ou au XIIIe
siècle (chœur), le spectre obtenu peut difficilement être classé, proche d’un type comme de
l’autre. Cela indique que l’états de corrosion est un critère important. Il est certain, comme le
montre le chapitre 3, que la couche de corrosion est très semblable, pour des verres présentant
des compositions différentes, ce qui limite la précision des analyses ou zone de verre très
corrodés.
116
Ch. 4 Mesures sur site
La figure 4.15 compare (à gauche) deux spectres de types 4 et 5, et (à droite) deux spectres
de référence de carbonates. Rappelons que la résolution de l’appareil portable est fortement
inférieure à celle de ceux utilisés pour mesurer les références (annexe 5), d’où un élargissement
des pics.
1043 1043
NaHCO3
Intensité Raman / u.a.
Intensité Raman / u.a.
Bicarbonate de soude
457 TYPE 4
481 683 1268
1364
578 PbCO3
1363
Carbonate de plomb
H1ble1 794 TYPE 5
Fig. 4.15 : Comparaison entre des spectres de la Sainte-Chapelle (à gauche) et des spectres de références (à droite)
enregistrés avec des spectromètres à haute résolution (carbonate de plomb : base de données sur
internet RRUFF, le spectre du bicarbonate de soude a été réalisé au laboratoire).
485
1071
958
25h in
Intensit é Raman
H2SO4
1016
492 + 600°C
609
Des classements simples et multivariés vont nous permettre de mieux discuter des
attributions des types de verres et essentiellement de la nature des types 4 et 5.
Comme dans le chapitre 2, nous commencerons par classer les spectres à l’aide d’un ou
deux paramètres Raman puis nous testerons deux méthodes multivariées : l’Analyse en
Composantes Principales (ACP) et la Classification Ascendante Hiérarchique (dendrogramme).
Pour le chœur, tous les spectres que nous avons pu décomposer ont été utilisés. Par
contre, pour la rose nous avons effectué plusieurs procédures :
- d’une part, nous avons éliminé tous les spectres de types 4 et 5 contenant une
composante (νQ2, νQ3) égale à 1043 ou 1053 ± 4 cm-1 attribuée à une contamination du
spectre par la signature des produits de corrosion. Au total 11 spectres ont été retirés :
A16ble2 (03-04), A16ble3 (03-04), A16ble4 (03-04), A16ble2 (04-04), A16LY2, A16J1,
A16R2 (04-04), A16R1 (03-04), 15b2, A9J1, I3V3 ;
- et d’autre part, nous sommes intervenus sur un autre paramètre Raman pour les
types 4 et 5 (chœur et rose) : νmax. Nous avons remplacé tous les νmax égales à 1043 ou
1053 cm-1 par le « suivant » c’est-à-dire, selon les cas par νQ2 ou νQ3.
Diagrammes binaires
Nous avons commencé par utiliser l’indice de polymérisation (fig. 4.17). Cet outil, utilisé
seul, isole bien les types 1 et 2 (modernes et sans doute élaborés à une température plus élevée
que les verres du Moyen-âge). Le type 5 possède un indice de polymérisation légèrement plus
faible. Cela peut correspondre à l’effet de la corrosion comme cela a été montré dans le
chapitre 3. Le type 4, très largement représenté, possède l’indice de polymérisation le plus faible,
comme le type 3. Ceci conforte l’attribution : le type 4 est un type 3 fortement corrodé. Le type 5
est un verre corrodé ayant une composition sans doute plus riche en Na qu’en K.
118
Ch. 4 Mesures sur site
0,9
type1
0,8 type2
type3
Indice de polymérisation
0,7
type4 1 Modernes
2
0,6 type5
0,5
5
0,4
3
0,3
4 Anciens
0,2
0,1
-10 0 10 20 30 40 50 60 70 80
Echantillons
Nous avons réalisé deux autres graphiques avec les spectres du chœur et de la rose. La
figure 4.18 à gauche classe tous les spectres en fonction de l’Ip et de la position maximale des
massifs de déformation δmaxSiO4 et celle de droite classe en fonction de l’Ip et de la position
maximale d’élongation νmax SiO4.
0.9 0.9
0.8 0.8
1/2 1/2
0.7 0.7
0.6 0.6 5
4 5 4
0.5 3 0.5
3
Ip
Ip
0.4 0.4
0.3 0.3
3
0.2 0.2
0.1 0.1
0.0 0.0
420 440 460 480 500 520 540 560 580 600 620 640 940 960 980 1000 1020 1040 1060 1080 1100 1120
δ max SiO4 ν max SiO4
Fig. 4.18 : Graphiques binaires qui classe les signatures Raman du chœur et de la rose en fonction de l’Ip et
de δmaxSiO4 (à gauche) et νmax SiO4 (à droite).
Les résultats de classement de ces deux graphiques sont très proches exceptés pour le
type 3, δmaxSiO4 donne un groupe et par contre νmax SiO4 sépare en deux groupes le type 3.
Il est clair, en se reportant au chapitre 3, que les verres de type 4 sont des verres corrodés.
L’analyse multivariée, utilisant plusieurs paramètres ou variables à la fois, va nous aider à
classer plus précisément ces types de verres.
119
Ch. 4 Mesures sur site
ACP
Afin dévaluer les variables les plus discriminantes, ont étudiera leurs contributions sur le
facteur 1. Ces contributions sont représentées par leur projection sur le facteur 1 et le facteur 2
(fig. 4.19).
Nous observons les contributions des variables uniquement sur le facteur 1 (fig. 4.19 à
droite). La variable qui a la contribution la plus négative (-0,71) correspond à l’aire de la bande
Q2. A l’opposé, les variables qui ont les contributions les plus positives (0,97 ; 0,93 et 0,84)
correspondent aux positions des bandes Q1 et Q2 et la position maximale du massif de
déformation.
DENDROGRAMME
La figure 4.20 présente un dendrogramme réalisé avec l’ensemble des spectres du chœur
et de la rose. Nous avons réalisé plusieurs dendrogrammes avec différentes combinaisons de
variables, celui qui classifie le mieux les données est effectué avec cinq variables : δmax SiO4, νQ0 à
νQ3, la méthode d’agrégation des diamètres et la mesure des distances de type Euclidienne.
Ce dendrogramme classe de façon très satisfaisante tous les types de spectres.
Le type 4 forme une famille distincte.
Le type 5, groupé avec quatre types 4 (identifiés précédemment dans la fig. 4.18), est relié
aux types 1/2.
Nous avons ajouté (en rouge) un spectre de type 3 corrodé au laboratoire dans H2SO4
(fig. 4.7 - type 3 - couche poreuse). Celui-ci s’insère dans la famille de type 4 et confirme ainsi
notre hypothèse que le type 4 est un type 3 dégradé.
La branche type 4/5 est constituée de verres moyennement corrodés et pouvant être des
types 1 ou 2. Il faut se rappeler qu’un même élément donne parfois selon l’endroit une signature
4 ou 5. Il est possible que le type 5 contienne aussi quelques types 1 ou 2 corrodés et qu’il
réunisse en fait des types 4 et un autre type.
120
Ch. 4 Mesures sur site
Choeur et Rose
Variables : δmax, νQ0 à νQ3
Fig. 4.20 : Dendrogramme des spectres du chœur et de la rose et d’un spectre de type 3 corrodé au laboratoire
dans H2SO4 réalisé à l’aide de 5 variables (δmax SiO4, νQ0 à νQ3), la méthode d’agrégation des diamètres et
la mesure des distances de type Euclidienne.
Les critères visuels de spectroscopie (critère rapide mais qualitatif) différencient les
vitraux de type 3 riches en potassium du Moyen-âge et les restaurations du XIXe siècle à base
calco-sodique (types 1 et 2). Cette distinction est confirmée par les analyses ACP et hiérarchique.
Le type 4 forme un groupe homogène attribué à un type 3 fortement corrodé, l’examen
ayant été fait dans de nombreux cas sur les faces externes qui présentent une corrosion plus
importante que la face interne.
Le type 5 est un verre qui semble être assez proche des types 1 et 2 mais fortement
corrodé. Il est possible que différentes compositions initiales soient groupées dans cette
appellation.
A partir de ces analyses on peut distinguer clairement les verres du XIIIe siècle (type 3) et
les restaurations du XIXe siècle (types 1 et 2).
On peut également se demander si le verre du XVe siècle (de la rose) est un verre
plus potassique facilement corrodable que celui utilisé dans le chœur (XIIIe s.). Il
serait alors intéressant d’examiner les verres de la rose depuis leur face interne pour
confirmer la nature des types 4 et 5 et obtenir des fragments analysables par
différentes techniques d’analyse élémentaire ou thermiques.
121
Ch. 4 Mesures sur site
La figure 4.21 présente deux exemples de signatures Raman décomposées, mesurées dans
le chœur, l’un quasi exempt de corrosion (en haut) et l’autre au contraire moyennement corrodé.
On peut voir l’augmentation significative de la composante de basse énergie du mode δ SiO4.
965
TYPE 3 TYPE 3
1087 1,6
Sainte-Chapelle
Ech. réf. du XIIIe au XVIe s.
620 Très corrodés
A 590 1,2
A460 / A590
A 460
Intensité Raman / u.a.
Moyennement corrodés
0,8
G87bl6 (05/04/06)
958 0,4
1087
0 4 8 12 16 20
Echantillons
G95bleu (26/10/05) Fig. 4.22 : Rapport des aires des bandes 460 et
400 800
-1
1200 590 cm_1des vitraux de la Sainte-Chapelle (carré noir) et de
Nombre d'onde / cm
référence de cathédrales Françaises du XIII-XVIe s.
Fig. 4.21 : Spectres Raman décomposés de type 3.
La figure 4.22 considère tous les vitraux de type 3 de la Sainte-Chapelle (carré noir) mesurés
dans le chœur à l’exception d’un élément et quelques échantillons de référence également des
types 3 analysés au laboratoire, datés entre le XIIIe et le XVIe siècle (rond rouge).
Les spectres de type 3 sont généralement bruités, la soustraction de la ligne de base peut
varier selon l’expérimentateur donc à priori, seuls deux spectres, montrent une corrosion très
importante. Les autres spectres ne possèdent pas de bande vers 460 cm-1 typique d’un très fort
degré de corrosion. Ces deux spectres proviennent en fait du même morceau de vitrail du
panneau G87, situé au niveau du chœur, de couleur bleu. Les mesures ayant été faites depuis
l’intérieur sur la face interne, une faible lixiviation est attendue, sauf si des éléments ont été
remontés à l’envers au XIXe siècle. L’examen des verres au jaune d’argent (non analysés dans ce
travail), obtenu par cémentation permet bien d’identifier les faces. Sur la rose, il est clair que
certains éléments ont été montés face cémentée côté extérieur, très corrodée, tandis que d’autres
sont montés face interne mieux préservés. Cela montre le peu de soin dans le remontage des
morceaux « du bon côté ».
122
Ch. 4 Mesures sur site
L’intensité du signal Raman dépend de la qualité optique du verre : s’il est optiquement
clair (fig. 4.23a) l’intensité du signal Raman sera élevée en comparaison d’un vitrail dégradé où la
surface opaque et/ou fissurée (fig. 4.23b) empêchant une bonne pénétration et rediffusion de la
lumière.
Laser vert
Laser vert
Fig. 4.23 : Schéma illustrant l’intensité du signal Raman reçu par le CCD
en fonction de la qualité optique du vitrail.
La figure 4.24 classe l’ensemble des spectres obtenus en fonction de leur intensité pour
différente couleur de verre, la partie haute rassemble tous les spectres du chœur et la partie basse
ceux de la rose. Nous avons regroupé les spectres par panneaux et indiqué les objectifs utilisés.
Cette figure nous montre clairement que les types 1 et 2 sont des verres totalement
différents des autres. Selon l’étude d’un précédent corpus (Colomban Ph. et al., 2006b), la
signature du type 1 (verres modernes riches en sodium) est caractérisée par un fort pic du massif
d’élongation à environ 1100 cm-1 et d’un mode de déformation SiO4 à environ 570 cm-1.
L’intensité de la principale bande atteint 700 cps/s (vitraux extérieurs, rose) et à 1100 cps/s
(vitraux intérieurs, chœur).
Une variante plus riche en calcium (type 2) est plus rarement observée. La principale
bande a une intensité comprise entre 300 et 750 cps/s environ.
L’intensité absolue dans les verres de type 3 est faible5 (environ 100-300 cps/s pour les
mesures externes et 400-800 cps/s pour les mesures internes). Cela est dû en partie à la
dégradation de la surface du verre.
La signature du type 4 est caractérisée par une intensité comprise entre 125 et
250 coups/s et se retrouve en grande quantité au niveau de la rose. Le type 5 plus rare se trouve
uniquement sur la rose et est caractérisé par une intensité comprise entre 250 et 500 coups/s.
La meilleure conservation de la surface d’un verre « récent » préserve ses qualités
optiques. Au contraire la dégradation de la surface d’un verre ancien (micro-fracture, dépôt créant
de nombreuses interfaces) diminue à la fois la pénétration et la diffusion de la lumière.
5
Les plus faibles valeurs absolues pour les mesures d’intensités résultent de la perturbation par la lumière solaire.
123
Ch. 4 Mesures sur site
La comparaison relative des intensités maximales et des positions des pics maximum
du massif d’élongation sont des paramètres très discrimants entre les vitraux
modernes (intensité forte) et ceux plus anciens, à la surface (externe) dégradée.
A16
750 ROSE
*2 A15
-1
th
13
1
** ré-utilisation
Intensité / cps.s
* Corpus erreur
*2
500
5 5 ? A9
1
4
4
5
*2
4 **3
4 ? 4
5 55 4 1
250 4
4 4 4
4 4 4 4 4
4 5 44 4 44 4
4 4 4 5 4 4 44
4 4 44 44 4 4 44 4
4
0
10 20 30 40 50
Verres analysés
I90 G85 G84 G86 G87 G G93 G97 G G92 G PANNEAUX
1250 H93 88 90 95
1
CHOEUR
1000 avril 2006 octobre 2006
-1
Intensité / cps.s
1
750
31
3
1 3
3 3 3 3
3 3
500 1 1 33
3 1 1 3 3
11 3
4 4 3
250 4 4 1
4 33 1
4 4 4 3 11
4 4 4 4 44 4
0
10 20 30 40
50 50 OBJECTIFS
10 10 10 50
100
50 100 100
Verres analysés
Fig. 4.24 : Classement des spectres en fonction de l’intensité du signal du massif d’élongation SiO4 sous forme
d’histogrammes accompagnés de diverses informations : couleurs, panneaux, types et objectifs.
124
Ch. 4 Mesures sur site
Tous les types ainsi identifiés et étudiés sont classés à l’aide du paramètre Raman δmax, le
plus discriminant vis-à-vis de la corrosion. La figure 4.25 classe les spectres du chœur et de la rose
en fonction de la position maximale du massif de déformation par ordre croissant. Les types 4
sont bien séparés des autres types. La faible valeur du mode δmax SiO4 résulte de la modification
de l’angle Si-O-Si du fait de la lixiviation des ions potassium et/ou sodium.
560
type 5
540
520
500
Très corrodés
480 Type 4
460
440
0 10 20 30 40 50 60 70
Echantillons
Fig. 4.25 : Classement par ordre croissant des « δmax » du chœur et de la rose.
Les vitraux type 3 du XIIIe siècle sont assez peu corrodés en face interne. Nous avons
identifié quelques phases cristallines en surface, de l’anhydrite CaSO4 ou encore des composés
proches de l’alunite (KAl3(SO4)2(OH)6), peut être un des constituants de la patine de plâtre
(gypse) déposée lors de la restauration du XIXe siècle.
Un autre paramètre Raman, l’intensité maximale, a été identifié pour aider à évaluer l’état
de corrosion. La figure 4.26 classe l’ensemble des spectres Raman (chœur et rose) suivant deux
paramètres, δmax et l’intensité maximale (normalisée à 1 seconde).
Pour une faible intensité Raman (inférieure à 300 ou à 400 coups/s) et un faible δmax
(inférieur à 540 cm-1), on trouve le type 4 très corrodé.
La région en haut et à droite de la figure 4.26 correspond à une zone dans laquelle les
verres sont sains. On y trouve les types 1 et 5 et la majorité des types 3. Les types 5, peu
nombreux, sont en bas du graphique et assez proches des verres de type 4 plus corrodés.
Nous avons donc trois outils indépendants d’identification des éléments originaux,
une signature technologique (la composition fixant l’allure du spectre, figs. 4.25 et
4.26) et deux signatures liées aux degrés de corrosion : l’intensité brute du signal
Raman (fig. 4.24) et l’intensité du pic vers 450 cm-1 (fig. 4.23).
125
Ch. 4 Mesures sur site
SAINS
1200
1000
1
800
coups/s
600
400
200
0
420 440 460 480 500 520 540 560 580 600 620 640
CORRODES δ max
Fig. 4.26 : Spectres du chœur et de la rose classés suivant deux paramètres : δmax
et l’intensité Raman maximale ou nombre de coups en 1 seconde.
4.2.5 Conclusion
Lors des deux campagnes de mesures, deux types d’analyses ont été réalisées :
Les meilleures conditions de mesures sont de l’intérieur vers l’extérieur par temps couvert
(automne-hiver) car la face interne du vitrail est moins corrodée que la face externe. Des mesures
de nuit seraient à envisager pour enregistrer des spectres de meilleure qualité. Sinon, les mesures
en face externe sont plus faciles à exploiter (pas de gêne due à la lumière du soleil) mais dans le
cas de la rose, l’attribution devient plus difficile du fait de la corrosion importante à la surface du
verre. Si des dépôts de poussières sont présents, ils peuvent être éliminés avec par exemple un
tissu.
126
Ch. 4 Mesures sur site
L’ensemble de ces spectres a été classé dans un premier temps d’après leur allure
générale (examen visuel) : plusieurs types de signatures dont certains déjà bien
référencés, ont été identifiés
Le type 1, moderne, verre riche en sodium est caractérisé par un fort pic au niveau du
massif d’élongation à environ 1100 cm-1 et par un mode de déformation SiO4 à environ 570 cm-1.
Le type 2, variante du type 1, moderne, verre riche en calcium et contenant du sodium est
plus rarement observé.
Ces deux types se distinguent par des spectres Raman intenses. Cette intensité se révèle
un bon critère de différentiation et donc un critère chronologique.
Le type 3, verre riche en potassium et contenant du calcium est caractérisé par un doublet
d’élongation 950-1090 cm-1, très similaire aux signatures observées sur d’autres vitraux du
Moyen-âge (Colomban Ph. et al., 2006a).
Le type 4, verre corrodé de type 3 dont la surface est appauvrie en potassium/sodium, est
caractérisé par un pic unique aux alentours de 1040 cm-1. Le type 5, verre corrodé de type 1 ou 2,
est caractérisé par un double pic d’élongation vers 1045 cm-1 et vers 1100 cm-1, un même élément
pouvant avoir ces deux signatures selon la présence de produits de corrosion. Ces types
rencontrés quasi exclusivement lors des mesures sur les faces externes des verres de la rose ont
été identifiés grâce à l’étude menée sur la corrosion des verres potassiques.
Plusieurs graphiques binaires ont été réalisés en combinant de simples paramètres Raman
tels que : l’indice de polymérisation (Ip), la position maximale du massif de déformation (δmax) et
du massif d’élongation (νmax). Ces graphiques confirment tous la classification visuelle entre les
tous les types. A partir de ces analyses on peut distinguer clairement les verres du XIIIe siècle
(type 3) et les restaurations du XIXe siècle (types 1 et 2).
La nature des types 4 et 5, verres corrodés, a pu être précisée à l’aide de méthodes
multivariées. Après décomposition, les spectres des différents types ont été classés d’abord par
analyse par composante principale (ACP) puis par analyse ascendante hiérarchique
(dendrogrammes). Nous avons alors identifié d’autres paramètres Raman discriminants : δmax, et
la position des bandes Q0 à Q3 pour préciser et conforter la nature corrodée des types 4 et 5.
Le type 4 forme un groupe homogène et se rapproche d’un type 3 fortement corrodé,
l’examen ayant été fait sur les faces internes et externes. Les conditions très dures de l’exposition
de la rose sont à considérer.
Le type 5 est un verre qui semble être une variante du type 4, mais cela reste à confirmer,
des types 1 et 2 fortement corrodés peuvent être présents dans ce (petit) groupe. Toutefois, il
serait nécessaire d’examiner les verres de la rose depuis leur face interne pour conclure sur les
types 4 et 5 de façon certaine.
La figure 4.27 donne pour le chœur et la rose une vue globale de l’accord, ou non, entre
nos résultats et ceux du CVMA.
La proportion des spectres non identifiés est plus importante pour le chœur : cela peut
s’expliquer par la procédure ; les mesures ayant été faites depuis l’intérieur, gênées par le soleil
surtout lors de la seconde campagne de mesure en avril 2006.
127
Ch. 4 Mesures sur site
Chœur Rose
Fig. 4.27 : Proportion des éléments non identifiés, en accord avec CVMA et en désaccord avec le CVMA sur le
chœur et la rose, « accord » signifie une concordance entre notre identification (types 1 et 2 datés du XIXe siècle,
type 3 du XIIIe siècle, type 4 du XIIIe siècle corrodé) avec celle effectuée par le CVMA.
Nous avons résumé dans un tableau B situé en annexe 10 la répartition des différents
types d’éléments rencontrés puis la proportion des éléments en accord, en désaccord avec le
CVMA et non identifiés.
Notre travail montre la faiblesse des attributions sur critère visuel et stylistique pratiquées
par le CVMA. Il semble que celui-ci n’ait pas pris en compte toutes les informations techniques
comme par exemple les éléments réparés par des joints de plombs de casse, caractéristiques d’une
réutilisation d’éléments antérieurs, (en effet cela s’avère un indice efficace, un des deux éléments
était toujours original selon nos analyses) ou bien la nature de la surface des verres par examen au
toucher.
La figure 4.27 ne donne pas le nombre exact d’éléments en accord avec le CVMA, car
chaque panneau n’a pas été analysé entièrement et sans le vouloir nous avons peut-être privilégié
un type de verre plutôt qu’un autre. Les parties inférieures des verrières du chœur contiennent
beaucoup d’éléments restaurés, identifiables par divers moyens techniques via le toucher, les
bulles d’air ou stylistique et nous avons essayé d’analyser une proportion comparable d’éléments
donnés comme restaurés ou originaux par le CVMA. Cette figure donne cependant un aperçu de
la grande proportion des éléments pour lesquels l’attribution du CVMA ne concorde pas avec les
critères techniques.
La figure 4.28 présente la répartition d’éléments corrodés (types 4 et 5), non corrodés
(types 1, 2 et 3) et les non identifiés (?).
non
corrodé
?
? 2, 3
corrodé
4 et 5
Chœur Rose
Face interne non corrodé corrodé Face externe
1, 2 et 3 4 et 5
128
Ch. 4 Mesures sur site
Il y a d’avantage de vitraux corrodés dans la rose (analyse réalisée sur la face externe) que
dans le chœur (analyse face interne), ce qui semble logique. L’état de dégradation est cependant
inquiétant.
Dans une première partie nous présenterons le corpus d’étude, puis la seconde partie sera
consacrée au descriptif des signatures Raman. Une troisième partie discutera des signatures des
matrices vitreuses, émaux et divers opacifiants. En effet, durant les XVI-XVIIIe siècles les potiers
et verriers ont multiplié les expériences technologiques afin d’obtenir des produits offrant un
aspect similaire à celui de la porcelaine.
Au début du XIIIe siècle, des ateliers de verriers ouvrent à Venise. Murano devient alors
rapidement un important centre de production et les secrets de ses recettes se répandent à travers
l’Italie malgré les lois essayant de limiter ce risque (Freestone I. C. et Stapleton C. P., 1998). En
comparaison, jusqu’au XIVe siècle, les verriers français ne produisent que des objets communs.
A partir du XVIe siècle, les verriers Vénitiens émigrent en grand nombre vers l’étranger
qui leurs offrent de meilleures perspectives de travail et répandent la mode du verre à la « façon de
Venise ».
Durant le XVIe siècle la composition du verre se purifie et sa décoration s’enrichie. A
cette période, la France compte un grand nombre de fours verriers réunis pour la plupart autour
de Rouen, Orléans et Paris. Au début du XVIIe siècle, Nevers devient le centre de verrerie et de
poterie le plus important en France, avec notamment le célèbre atelier du verrier Italien Bernard
Perrot (1619-1709) (Bellanger J., 1988 ; Benard J. et Dragesco B., 1989 ; Maitte C., 2004). Un
effort pour innover et développer est mené pour se détacher de la « façon de Venise ». Alors que
des signes d’autonomie apparaissent, les verriers français restent néanmoins très liés aux origines
Vénitiennes. Les verres en cristaux de Bohême ou Anglais, riches en plomb seront seulement
expérimentés en France dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, au moins 50 ans après le reste
de l’Europe, et de l’Italie elle-même.
129
Ch. 4 Mesures sur site
b/ Le corpus
L’âge et la provenance des objets analysés sont résumés dans la figure 29. Dans l’annexe
11 se trouve la photographie et une description détaillée de chaque objet. Au total vingt objets
composent notre corpus d’étude Raman analysés au Musée.
MNC2514 - Venise
MNC5265 - Venise
*MNC27961 - Hollande
MNC27401 - Liège
*R1476 - Venise XVI-XVIIe s.
MNC2793 - Venise
~XVIe s.
Début XVIIIe s.
(atelier B. Perrot)
MNC 1178
XVIe s. *MNC14971 XVIIIe s.
R1473 - Venise MNC5392 D131
MNC28009 - Venise MNC8804
*MNC27725 - France *MNC4313 - Venise
*MNC8475 - Espagne *MNCvase - Orléans/Nevers?
Fig. 4.29 : Echelle du temps indiquant l‘âge et la provenance des objets analysés.
*Les spectres Raman sont présentés dans la partie des résultats paragraphe 4.3.2.
La plupart de ces objets sont entrés au Musée National de Céramique durant le XIXe
siècle.
Parmi les pièces Vénitiennes et à la « façon de Venise », il y a des polychromes (une gourde
MNC2793, une coupe R1476, une coupe caldedonio D1473, un gobelet MNC28009 et un verre à
jambe MNC27961) et deux grands calices MNC2514 et MNC27725.
Nous avons également analysé des objets attribués à l’atelier de Bernard Perrot à Orléans
du XVIIIe (un gobelet MNC1178, une salière MNC5392 et une statuette de « chinois »
MNC14971) et plusieurs verres du XVI au XVIIIe siècles incluant un verre à jambe dédicacé à
Charles VI de Naples (MNC27501) ainsi que deux fragments de verres antiques datant du VI/Ve
siècles av. J.-C. (MNC1228) et du V ap. J.-C (MNC3682).
4.3.2 Résultats
Pour chaque objet nous avons enregistré des spectres des différents constituants (verre
support et émaux). Les plus représentatifs du point de vue de la matrice vitreuse et des différents
pigments sont montrés, la couleur est indiquée, la matrice vitreuse n’a pas d’indication spécifique
ou est notée « incolore ». Les différentes matrices vitreuses obtenues types 1a, 1b, 1c et 2 seront
discutées plus précisément dans le paragraphe 4.3.3, page 137.
130
Ch. 4 Mesures sur site
Tout d’abord voici quelques exemples de spectres bruts (fig. 4.30) présentant un fond
continu plus ou moins important (de bas en haut) dû principalement à la contribution de la
fluorescence et pour les spectres peu intense du filtre Edge du spectromètre. Lorsque le spectre
est peu intense, la soustraction de la ligne de base peut devenir délicate et influer sur certains
paramètres
R 1476
bleu
Intensité Raman
R 1476
jaune
R 1476
jaune
Fig. 4.30 : Comparaison de l’effet du fond continu sur la qualité des spectres avant et après la soustraction de la
ligne de base (spectre du bas : pas de fond continu et spectre du haut : fond continu important).
La figure 4.31 présente plusieurs spectres effectués sur une grande coupe de Venise, datée
de 1480-1500, polychromée et dorée (R1476). La matrice vitreuse est à base de sodium, riche en
calcium, de type 1c.
La variété des couleurs est grande : bleu, jaune, blanc, rouge, noir, vert, fig. 4.31. Certains
émaux (noir, vert et jaune) sont caractérisés par un pic maximum d’élongation entre 940 et
985 cm-1, typique de verres silicatés à base de plomb.
L’émail blanc contient de la cassitérite et présente un pic maximum d’élongation à
1040 cm-1, indiquant une différence de composition avec la matrice vitreuse du corps.
L’émail bleu présente une signature Raman similaire à celle de la matrice vitreuse, avec en
plus une composante à 990 cm-1 qui se retrouve également dans le spectre de l’émail blanc. Cela
est peut être dû à la présence de wollastonite-α, indiquant que du calcium est présent dans les
sources de cobalt et d’étain.
La signature Raman de l’émail rouge est bien identifiée comme de l’hématite α-Fe2O3
(220, 295, 410, 495, 610 et 1310 cm-1). Le maximum du massif d’élongation SiO4 situé à 1055 cm-1
indique que l’émail rouge est un verre silicaté à base de plomb et de sodium. Cela peut résulter
du mélange entre un verre à base de plomb et un verre utilisé pour la matrice vitreuse du corps,
ou d’une composition spécifique. Ainsi, au moins quatre compositions différentes de verres ont
été utilisées pour faire ce calice qui a dû subir plusieurs re-cuissons.
131
Ch. 4 Mesures sur site
555
635 480 680 R 1476
990
1040
480
315 985
810
775
blanc noir
555 1310
295
410
610
480 990 1085
220
Intensité Raman
495
770
bleu 1055 rouge
650
135
205
130
510
310
330
970
jaune 635 vert
135 Coupe,Venise,
575
550
430 vers1480-1500,
1100
454
Fig. 4.31 : Spectres Raman de la matrice vitreuse (type 1a) et d’émaux colorés d’une grande coupe
de Venise (R1476), datée 1480-1500 (ligne de base soustraite).
Deux signatures différentes sont observées pour l’émail jaune, la signature de l’antimoine
de plomb (Pb2Sb2O7) ou Jaune de Naples avec ses pics les plus intenses situés à 135 et 570 cm-1 et
une seconde proche de celle de l’antimoniate de calcium (CaSb2O6) avec un pic principal à 650
cm-1, bien que la littérature donne plutôt ce pic à 678 cm-1 (Husson E. et al., 1984). Cette
différence peut résulter d’une modification de la composition, avec l’incorporation d’autres
éléments comme Sn et Fe. La présence d’un pic proche de 130 cm-1 est en accord avec un
composé contenant du plomb. Cela nécessiterait une étude plus approfondie avec des synthèses
d’homologues pour déterminer plus précisément la composition du pigment.
L’émail vert montre le signal Raman du Jaune de Naples, compatible avec un mélange de
ce pigment avec une matrice colorée au cobalt ou au cuivre.
Un spectre plutôt inhabituel est obtenu pour le pigment noir avec un doublet à 480-
680 cm-1, caractéristique d’un verre à base de MnO2 (Julien C. M. et al., 2004). Le petit pic à
810 cm-1 peut avoir plusieurs origines, tel qu’un composé à base de CrO44- ou bien un arséniate
(Colomban Ph. et al., 2001 ; Frost R. L. et al., 2007 ; Raposo J. C. et al., 2004).
Les spectres du verre à jambe (MNC 27961) sont présentés dans la figure 4.32. Le spectre
du verre bleu clair est très intense avec des maxima à 560 et 1100 cm-1 correspondant à un verre
de type 2. Le spectre du verre transparent au niveau d’une « anse » est différent et est similaire à
ceux obtenus sur d’autres objets de type 1 (MNC 5265, MNC 2514, MNC 2793, MNC 1473,
MNC 27725).
Le jaune présente une signature bien caractéristique du Jaune de Naples (Pb2Sb2O7) dans
une matrice riche en plomb (pic maximum d’élongation à 980 cm-1).
132
Ch. 4 Mesures sur site
L’intensité et la forme du spectre obtenu sur la partie supérieure bleue semblent être
inhabituelles et indiquent que cette partie n’est pas d’origine, mais a été substituée au XIX ou
XXe siècle. De plus amples recherches dans les archives et d’autres analyses scientifiques
pourraient aider à clarifier l’histoire de cet objet. La base du verre et les « pattes » transparentes
ressemblent fortement à un autre verre du XVIIe siècle de style Allemand acquit par le musée du
Louvre en 1911 (Jean R., 1911) dont d’ailleurs la partie supérieure est différente de celle de notre
objet, ce qui conforte notre suspicion quant à cette partie supérieure.
980
jaune
Intensité Raman
560 1100
945
445 Type 1b
780
bleu
490
430 550
1092
Verre à jambe,
« Façon de Venise »,
780 Type 2 Hollande,
début XVIIe s.,
500 1000 1500 H = 13,6 cm
-1
Nombre d'onde / cm
Fig. 4.32 : Spectres Raman de la matrice vitreuse (types 1b et 2) et d’émaux colorés d’un verre à jambe « façon
de Venise » (MNC27961), daté XVIIe s. (ligne de base soustraite).
Le spectre du calice (MNC 27725, fig. 4.33) est typique d’un verre silicaté mixte sodo-
calcique, de type 1c.
Fig. 4.33 : Spectre Raman du calice « façon de Venise » daté du XVIe s. (ligne de base soustraite). Un type 1c.
133
Ch. 4 Mesures sur site
Les spectres Raman de la coupe gravée datée du XVIe siècle (MNC8475) provenant
d’Espagne, sont donnés figure 4.34. La matrice vitreuse de cette coupe présente une signature
Raman typique d’un verre sodo-calcique avec des maxima situés à 490 et 1085 cm-1, de type 1c.
Le spectre de l’émail jaune est bruité cependant des pics caractéristiques du Jaune de
Naples à 136, 325 et 510 cm-1 sont identifiés.
Un spectre intense est enregistré sur l’émail vert, contenant encore la signature du Jaune
de Naples (l’addition de l’ion cobalt peut permettre l’obtention de la couleur verte). On peut
remarquer que la matrice de l’émail vert a été fabriquée à l’aide d’un verre différent du reste de
l’objet, présentant des maxima à 455 et 960 cm-1, une signature typique d’un verre riche en
plomb, pouvant être cuit à plus basse température que la pièce.
960
325
455
vert
510
136
Intensité Raman
jaune
1025
490
425 560
Fig. 4.34 : Spectres Raman de la matrice vitreuse (type 1c) et des émaux colorés de la coupe (MNC 8475)
gravée IHS (abréviation du nom de Jésus en Grec) datée de 1500 ans (ligne de base soustraite).
Les spectres du fragment de vase en pâte de verre (MNC 1228) datée du VI-V av. J.-C.,
provenant d’Egypte sont présentés dans la figure 4.35. La pâte du corps est un verre sodo-
calcique de type 2 (maximum à environ 590 et 1090 cm-1) en accord avec les données historiques
(ch. 1) mais qui contient des phases cristallines comme la wollastonite (988 cm-1), indiquant une
fabrication « sommaire » (mauvais affinage).
La pâte bleue et le décor blanc présentent des pics qui peuvent être attribués à la présence
d’antimoine de calcium (~480 et 628 cm-1) et de la wollastonite-α (587 et 985 cm-1). Sans
signature particulière, la coloration bleue peut être attribuée à la dissolution d’ions cobalt dans la
pâte.
134
Ch. 4 Mesures sur site
indiquer une structure faiblement cristallisée ou une substitution partielle de Mg par d’autres
métaux.
628
477 MNC 1228
587
986 1088
131
blanc
Intensité Raman
505
327
655 1088
jaune
587
480 982
Type 2 Petit vase, Egypte,
VI-V av. J.-C.,
780
bleu pâte de verre,
H > 10 cm
500 1000 1500
-1
Nombre d'onde / cm
Fig. 4.35 : Spectres Raman de la matrice vitreuse (type 2) et des émaux colorés d’un petit vase d’Egypte
(MNC1228) daté du VI-V s. av. J.-C., (ligne de base soustraite).
La statuette du bonze chinois, MNC 14971 (fig. 4.36), datée du début du XVIIIe siècle
imite le modèle de la porcelaine de Dehua (Wang Q. Z., 2002). Cette statuette fabriquée à partir
d’un verre de type 2 (pic du maximum du massif d’élongation à 1090 cm-1), montre une signature
de calcium d’antimoine Ca2Sb2O7, 480 et 635 cm-1, typique des verres opaques blancs, qui diffère
de ceux appelés « verre laiteux », opacifié à l’aide d’oxyde d’étain ou au phosphate de calcium
(Barrelet J., 1964).
Intensité Raman
635
480 MNC 14971
587
Statuette de Bonze
chinois, Atelier de B.
1090
Type 2 Perrot, début du XVIIIe s.,
Coll. Grollier,
500 1000 1500 H = 19,5 cm
-1
Nombre d'onde / cm
Fig. 4.36 : Spectre Raman de l’émail du bonze chinois (MNC14971) provenant de l’atelier de B. Perrot
et daté du XVIIIe s. (ligne de base soustraite).
Le spectre de la soucoupe en « lattimo » (MNC 4313, fig. 4.37) présente un pic maximal à
1050 cm-1 et un autre, intense et fin, à 825 cm-1. La signature de SnO2, espérée d’après
l’attribution du conservateur ayant rédigé la fiche pour un verre blanc, n’est pas présente. Les pics
135
Ch. 4 Mesures sur site
Intensité Raman
825
MNC 4313
470
1050 Type ?
Les spectres du vase blanc (MNC VASE) d’Orléans ou Nevers, daté du XVIIIe siècle
sont présentés dans la figure 4.38.
508
490 MNC Vase
220
285 965 635
400 965
625
rouge vert
580
135 415
Intensité Raman
510
980 1090
335 635
965
772 jaune blanc
606
980 443
1025
475 630
545
Type ?
820
Vase, Orléans
bleu blanc ou Nevers,
XVIIIe s.,
500 1000 1500 500 1000 1500 H = 20 cm
-1
Nombre d'onde / cm
Fig. 4.38 : Spectres Raman des émaux du vase (MNC VASE) daté du XVIIIe s. (ligne de base soustraite).
La plupart des spectres enregistrés sur la partie blanche ont présenté une forte
fluorescence et sont donc très bruités après soustraction de la ligne de base. On peut cependant
observer dans les spectres, un doublet à 443 et 606 cm-1 caractéristique de la signature du rutile
TiO2 (fig. 4.38). Un pic fin observé à 965 cm-1, sur l’autre spectre « blanc » indique du phosphate
de calcium, comme observé dans les émaux de porcelaine de Médicis (Colomban Ph. et al.,
2004b). L’opacification obtenue par cendre d’os semble plus probable que par une addition
136
Ch. 4 Mesures sur site
intentionnelle de TiO2 en quantité trop faible pour être efficace et qui a d’ailleurs été utilisé
comme pigment/opacifiant que récemment sous sa forme d’anatase (Epler R. A. et Epler D.R.,
2000). D’autre part, des traces d’oxyde de titane (anatase et rutile) sont toujours trouvées dans les
matières premières des verres et céramiques, et leur signal Raman intense permet toujours de les
détecter même s’ils sont présents en très faible quantité.
Le signal de la matrice vitreuse du corps correspond encore à un verre silicaté
sodo-calcique avec un pic maximum du massif de déformation à 1090 cm-1.
Les émaux colorés présentent une signature de silicate à base de plomb (965-980 cm-1). Ils
contiennent aussi le doublet de la cassitérite plus ou moins large donc plus ou moins cristallisé.
Le spectre de la décoration bleue contient un pic étroit à 820 cm-1, typique des silicates de
cobalt (Colomban Ph. et al., 2004c).
L’émail jaune est du Jaune de Naples et le rouge est à base d’hématite.
Aucune signature spécifique n’a été enregistrée pour la couleur verte, on suppose alors
qu’elle a été obtenue par dispersion de cuivre dans la matrice vitreuse, seule possibilité qui ne
donne pas de spectre Raman.
4.3.3 Discussion
a/ Matrice vitreuse
Les positions6 de νmax SiO4 qui varient entre 1070 et 1100 cm-1 correspondent à des
compositions de verres mixtes sodo-calciques et calciques riches en sodium. Les positions de
δmaxSiO4 qui varient entre 1050 et 1070 cm-1 correspondent également à des verres mixtes mais
sodo-plombeux. Les spectres des verres sodo-calciques sont pour la plupart caractérisés par un
massif de déformation décomposé en trois bandes à environ 415-430, 480-505 et 545-590 cm-1.
Les positions et les intensités relatives de chacune des bandes peuvent être reliées à des
différences de compositions et aider à identifier deux groupes.
Le premier est subdivisé en trois groupes (types 1a, 1b et 1c, voir annexe 12). Le sous-
groupe 1a est caractérisé par un épaulement bien marqué à 990-995 cm-1, non marqué dans le
groupe 1b. Le groupe 1c est identifié par le fait que la seconde bande du massif de déformation
(490-508 cm-1) est plus intense que la troisième (545-590 cm-1). Cela pourrait être lié à une
lixiviation plus intense à la surface des échantillons (chapitre 3).
6 Les positions des sommets des massifs de déformation et d’élongation des matrices vitreuses et des émaux sont
5
K2O+CaO+Al2O3
0 CaO+K2O
PbO+Na2O
Dans cette étude de verres émaillés, les positions des maxima des massifs de déformation
et d’élongation semblent deux outils Raman plus fiables que l’indice de polymérisation et sont
également efficaces pour discriminer les types de verres (chapitre 2). La figure 4.40 classe tous les
objets analysés du musée de Sèvres en fonction de δmaxSiO4 et νmaxSiO4 de la matrice vitreuse.
138
Ch. 4 Mesures sur site
XVI-XVIIe s.
Venise, France,
XVIII-XIXe s.
Espagne, Hollande
1095 France, Espagne
Type 1a et 1c
1080
Type 1b
νmax Si-O4
On peut alors observer dans la figure 4.40 que les groupes proposés d’après l’examen
visuel des spectres Raman sont confirmés. Toutefois quelques précisions sont apportées, les types
1a et 1b semblent appartenir à la même famille de verres et se rapproche du type 2. Le type 1c est
comparé aux productions du XVI-XVIIe s. tandis que le type 2 est comparé à des productions
plus tardives. Trois signatures Raman (croix rose) se distinguent nettement. Nous avons alors fait
appel à un corpus beaucoup plus large afin d’identifier ces trois signatures. Les échantillons qui
composent ce corpus ont été étudiés par spectrométrie Raman et la majorité d’entre eux a subi au
préalable une analyse élémentaire. Voici l’origine de ce nouveau corpus :
- des verres Romains d’Italie (Ricciardi P., 2006-2007) et d’Ifriquiya (confiés par A.
Naceur, Unité de Recherche 1201, Institut des Sciences Appliquées et de
Technologie, Tunisie) ;
- des vitraux du XIII au XXe s. (échantillons confiés par le Laboratoire de Recherche
des Monuments Historiques) ;
- du Moyen-Orient (-III/+IIIe s.) (échantillons analysés par LA-ICP-MS, confiés par B.
Gratuze, IRAMAT, UMR 5060, Centre Ernest-Babelon) ;
- de l’Europe de l’Est V-Xe s. (échantillons analysés par LA-ICP-MS, confiés par B.
Gratuze, IRAMAT, UMR 5060, Centre Ernest-Babelon) ;
- Egypte –III/+VIIe s (échantillons analysés par LA-ICP-MS, confiés par B. Gratuze,
IRAMAT, UMR 5060, Centre Ernest-Babelon).
La figure 4.41 classe les verres émaillés du Musée de Sèvres (carré noir) parmi le très large
corpus de verres et émaux énoncé ci-dessus en fonction de δmaxSiO4 et νmaxSiO4.
139
Ch. 4 Mesures sur site
Types 1a,1c et 2
Type 1b Na2O / CaO
Al2O3 Na2O
1110
Na2O
1080
MNC8804
1050 MNC1178
MNC4313
4
νmax Si-O
Fig. 4.41 : Classification en fonction des positions des massifs de déformation et d’élongation des matrices vitreuses
des objets émaillés de Sèvres et d’un large corpus d’origines et de compositions variées.
Les types 1a, 1b et 2 appartiennent au même groupe sodo-calcique incluant des vitraux du
XIXe s., des verres Romain d’Italie et du Moyen-Orient. Les spectres de type 1c et ceux isolés
(MNC1178, MNC8804 et MNC4313) appartiennent à un même groupe sodique qui inclue des
verres du Moyen-Orient.
Les matrices vitreuses des objets en verre émaillé sont sodiques avec une quantité plus
ou moins importante d’oxyde de calcium. Des corrélations entre signature Raman,
composition et date de production semblent possible. Cela demanderait un corpus de
référence plus large.
Nous avons donc atteint notre objectif qui était d’identifier les signatures des matrices
vitreuses à l’aide seulement de deux paramètres Raman : νmaxSiO4 et δmaxSiO4.
Nous n’avons pas eu besoin d’utiliser les méthodes d’analyses multivariées.
b/ Les émaux
Les données relatives aux matrices des émaux (sans considérer les signatures des
pigments/opacifiants) sont listées dans l’annexe 12.
Les nombres d’ondes νmaxSiO4 entre 940 et 995 cm-1 sont attendus comme
caractéristiques des compositions à base de plomb (chapitre 2, Colomban Ph. et al., 2006b). Si
certains émaux assez similaires à la matrice vitreuse du corps, avec des νmaxSiO4 entre 1040 et
1095 cm-1 d’autres, les émaux au plomb, ont des comportements très différents. Il est évident que
la variété des compositions résulte des contraintes techniques, tel que le besoin de diminuer la
température de cuisson des émaux appliqués, d’éviter l’écaillage ou le tressaillage. Cela est
certainement le cas pour les émaux verts et jaunes, à base de plomb qui changent la composition
globale de l’émail et ainsi le spectre Raman.
Le tableau de l’annexe 12 signale que la décoration émaillée de la coupe et de la gourde de
Venise datées de 1500 (R1476 et MNC2793) a nécessité au moins deux cuissons successives, une
140
Ch. 4 Mesures sur site
à haute température pour les émaux bleus, rouges et blancs et une seconde à plus basse
température pour les émaux jaunes, noirs et verts à base de plomb.
c/ Les pigments
Les positions et attributions caractéristiques sont listées dans le tableau de l’annexe 13. La
plupart de ces pigments sont typiques des glaçures de céramiques (Colomban Ph. et al., 2001).
Le tableau 4.2 présente quelques exemples de pigments et leurs principaux pics Raman
caractéristiques, les pigments rencontrés lors des analyses au Musée de Sèvres sont surlignés en
gris. Dans le chapitre 1 nous avons discuté des compositions et de l’utilisation de ces pigments
pour colorer les verres, émaux et vitraux.
Phases Signature
Couleurs Pigments Références
caractéristiques Raman
220, 285, 400,
Hématite Fe2O3 (Froment F. et al., 2008)
490, 625, 1300
ROUGE
Plomb rouge Pb3O4 122, 549 (Burgio L. et Clark R. J. H., 2001)
Vermillon α-HgS 343 (Burgio L. et Clark R. J. H., 2001)
Ion dissous aucune (Colomban Ph. et al., 2004a)
Oxydes 480, 520, ~690 (Colomban Ph. et al., 2004a)
Cobalt
CoAl2O4 210, 490, 525 (Kock L.D. et De Waal D., 2007)
BLEU Co-silicate ~820 (Colomban Ph. et al., 2004a)
(Colomban Ph. et al., 2001 ; Frost
Chromate CrO42- 838
R. L. et al., 2007)
(Burgio L. et Clark R. J. H., 2001 ;
Lapis Lazuli Lazurite/S3- 548, 1096
Colomban Ph., 2003a)
CaSb2O6 / 130, 205, 310, (Ricciardi P., 2006-2007 ; Ruiz-
Stannate
PbSnO4 510, 650 Moreno S. et al., 2003)
Jaune de 135-140, 330, (Colomban Ph. et al., 2001 ; Rosi F.
JAUNE Pb2Sb2O7
Naples 510 et al., 2008)
Tab. 4.2 : Exemples de phases et pics Raman caractéristiques de pigments. Les phases minérales rencontrées
dans notre étude sont surlignées en gris et les pics les plus intenses sont soulignés.
141
Ch. 4 Mesures sur site
Nous allons ici nous intéresser d’avantage aux pigments blancs, verts et jaunes car ils
présentent une plus grande diversité de signature Raman, et donc des possibilités d’identification
de paramètres de production.
Blancs
L’utilisation des pigments blancs, souvent employés comme agents opacifiants, a varié au
cours des siècles. Une liste de quelques phases minérales (et leurs signatures Raman), utilisées
pour obtenir une coloration blanche est présentée dans le tableau 4.3. Au moins cinq d’entre elles
ont été identifiées dans cette étude (surlignées en gris).
Nos données confirment l’emploi étendu d’antimoine de calcium sur une large zone
géographique. L’absence d’oxyde d’étain dans la plupart des verres anciens (avant le XVIe siècle)
est bien établie dans la littérature (Verità M., 2000). Cependant dans certains cas si des analyses
élémentaires montrent que les glaçures contiennent de l’étain alors l’échantillon est opacifié à
l’étain, donc la signature Raman montre que l’étain est resté dissout dans le verre et ne contribue
pas à l’opacification de la glaçure (Colomban Ph. et Truong C., 2004).
Il est intéressant d’explorer la large variété des pigments blancs, surtout au XVI-XVIIIe
siècles en Europe, car les verriers de cette période cherchent à imiter la beauté des porcelaines
chinoises qui commencent à être commercées via Venise, le Portugal et plus tard la Hollande,
l’Angleterre, la France et à travers toute l’Europe par voies maritimes. Au XVIe siècle les artisans
Vénitiens ont déjà produit ce qu’on appelle le lattimo (verre laiteux), souvent opacifié avec de
l’étain calciné (Barrelet J., 1964). La soucoupe datée du XVIIIe siècle (MNC4313) que nous avons
analysée appartient normalement à cette catégorie, mais les analyses Raman permettent d’exclure
la présence d’oxyde d’étain. Cet objet appartient plutôt à une autre variété de verre opaque blanc
obtenu avec de l’arsenic (pic situé à 825 cm-1), technique développée à Venise dès le XVIIe s.
Tab. 4.3 : Principaux pics Raman des phases minérales utilisées comme pigments blancs dans les verres et
céramiques (les phases minérales rencontrées dans notre étude sont surlignées en gris et
les pics les plus intenses sont soulignés).
142
Ch. 4 Mesures sur site
La statuette blanche (MNC14971) a été opacifiée avec de l’antimoine de calcium alors que
le corps blanc du vase français (MNCVASE), contenant du phosphate, est probablement un
objet de la catégorie des « verres opales » mentionnée dans le Traité de Neri par J. Kunckel (Neri
A. et al., 1752). Ces verres ressemblent à de la porcelaine grâce à l’ajout de phosphate de chaux
(provenant d’os calciné) comme opacifiants.
Notre petit corpus d’échantillon blanc permet déjà une bonne appréciation de la
variété des expériences technologiques que les potiers et verriers Européens ont mené
afin d’obtenir des produits similaires à la porcelaine.
James Barrelet donne un résumé des différentes techniques de productions, avec l’aide de
S. de Lajarte pour les analyses chimiques et microstructurales (Barrelet J., 1964). Notamment, il a
analysé le verre blanc lattimo de Bernard Perrot, qui a une composition particulière, SiO2 = 66,5 ;
K2O=15 ; PbO=3,3 ; Na2O=2,7 ; Sb2O3=9,5 ; Al2O3=1 ; SO3=0,4 ; TiO2=0,2 ; CaO et
MgO< 0,5 % en poids. Il a également analysé le verre opale de Kunckel obtenu par addition d’os
calcinés (Neri A. et al., 1752). D’autres recettes conseillent l’utilisation d’os de différents animaux
(vaches, chevaux, …), d’étain ou d’antimoine calciné, d’arsenic et du sel pour opacifier.
Vert et jaune
La plupart des pigments verts et jaunes sont à base d’antimoine de plomb. L’utilisation du
triple oxyde jaune Pb-Sn-Sb est bien établi depuis le XVIe siècle dans les peintures, céramiques et
verres Italiens (Hradil D. et al., 2007 ; Ruiz-Moreno S. et al., 2003 ; Sandalinas C. et al., 2006). La
signature Raman du Jaune de Naples (Pb2Sb2O7), n’est pas toujours facilement identifiable quand
les spectres Raman sont bruités et si l’instrument ne permet pas d’accéder aux domaines des
nombres d’ondes inférieurs à 140 cm-1.
4.3.4 Conclusion
Une grande partie des spectres obtenus sont bruités et/ou contiennent un fond continu
important, ce qui rend difficile l’utilisation de l’indice de polymérisation comme paramètre
efficace pour les discriminer. Nous avons alors utilisé les maxima des massifs de déformation et
d’élongation. Ces derniers ont permis de classer les matrices vitreuses des objets en verres
émaillés du Musée de Sèvres comme étant sodiques avec une quantité plus ou moins importante
d’oxyde de calcium et de proposer des corrélations entre composition, origine et critère
chronologique.
Cette étude de cas a permis également d’apprécier les variétés des expériences
technologiques que les potiers et verriers Européens ont menées durant les XVI-XVIIIe siècles
afin d’obtenir des produits similaires à la porcelaine. Les émaux et verres blancs ont montré
plusieurs signatures Raman, chacune correspondant à une recette précise et résultant d’un choix
technologique.
Cette étude Raman préliminaire des verres anciens rares émaillés nous a permis
d’apprécier le potentiel de la technique. Les corrélations entre la chimie et les spectres Raman
établies précédemment pour les glaçures de céramiques et les vitraux (Colomban Ph. et Tournié
A., 2007 ; Colomban Ph. et al., 2006b) sont en fait un outil de classification des principaux types
de compositions chimiques.
143
Ch. 4 Mesures sur site
4.4 Conclusion
Les mesures sur site avec un spectromètre Raman portable permettent un examen rapide
et efficace. Typiquement dans les conditions non-optimisées de nos tests, plus de la moitié des
mesures conduisent à un spectre Raman significatif. Alors que, deux-trois personnes pendant
deux jours suffisent pour acquérir une centaine de spectres, plusieurs semaines sont en fait
nécessaires pour analyser les données si une conclusion avec les critères les plus simples (νmax,
δmax) n’est pas possible.
Sur le plan des interprétations, il est évident de différencier et d’identifier à la simple
observation visuelle du spectre, le type 3 (potassique) des types 1 et 2 (respectivement, sodique et
sodique riche en calcium), opération facilitée par une simple soustraction de la ligne de base qui
peut être faite sur place avec l’ordinateur portable de mesure. Une classification est aussi possible
à l’intérieur de chaque famille. Cependant la comparaison des âges des différents éléments
(conservés dans les mêmes conditions) demande une exploitation quantitative des données
(comparaison des intensités brutes) et/ou des outils multivariés adaptés.
Il a été démontré que des incompatibilités du spectre Raman avec des signatures typiques
enregistrées sur la plupart des matériaux anciens peuvent aider à identifier très rapidement des
objets contrefaits ou qui ont été embellis (par exemple dans la figure 4.32, le pied du verre est
plus ancien que la partie haute, sans doute refaite au XIX au XXe s.).
La corrosion modifie fortement le spectre du verre, rendant difficile son identification si
une étude préalable des verres corrodés n’avait pas été faite ou bien si une région non corrodée
n’est pas accessible (éclat, fracture « récente »).
La figure 4.42 résume les grands types de signature Raman de verres produits depuis la
période Romaine jusqu’à la période industrielle.
Nous distinguons clairement, la signature Raman du verre Romain de composition
standard, sodo-calcique fortement siliceux, qui utilise comme principale fondant le Natron. Cette
signature est proche de celle des verres du XIXe s. et suivant. A partir du IX-XIe siècle, on utilise
des cendres de plantes comme sources alcalines. Les compositions peuvent alors varier fortement
d’un atelier à l’autre, influencées par la nature de l’espèce végétale sélectionnée, la partie prélevée
(feuillage, branche, tronc…etc) la saison et le sol où les végétaux ont poussé. Différentes
signatures Raman ont pu être observées. L’analyse par spectrométrie Raman de vitraux provenant
de cathédrales françaises (XIII-XIXe s.) a permis de constituer un corpus initial de référence et
d’identifier les trois principales signatures Raman correspondant aux trois principales
compositions, sodique, calco-sodique, (XIXe s.) et potassique (XIII-XVIIe s.) utilisées pour les
vitraux. L’étude des verres émaillés du XVI au XVIIIe s. du Musée de Sèvres à mis en évidence
également plusieurs compositions de verres intermédiaires sodo-calciques. Les verres sodiques « à
la façon de Venise » sont indiqués dans cette figure. Les diagrammes binaires νmaxSiO4=f(δmaxSiO4)
et Ip=f(échantillons) sont des outils efficaces qui peuvent être complétées par des analyses
multivariées.
Au XIXe s., siècle de la révolution industrielle, la production de verre s’est encore
enrichie de nouvelles compositions grâce aux progrès techniques en chimie préparative et des
techniques verrières. Les trois spectres Raman de vitraux peints/émaillés réalisés dans la première
moitié du XIXe s. à la Manufacture de Sèvres (fig. 4.42) montre un exemple de la variété de
compositions et les intensités brutes sont à considérer impérativement.
La spectrométrie Raman (portable et en laboratoire) est aussi une technique efficace pour
différencier les pigments, caractéristiques d’une période et/ou d’une technologie.
144
Ch. 4 Mesures sur site
Vitraux Sèvres
XIXe s. 1095
Verres emaillés
XVI-XVIIe s. 555
Type 1
Venise 990
10% CaO
950 15% Na2O
550
1085
430 580
1100
470 Type 2
Intensité Raman
15% CaO
Calice
490 Type 1 / Na-Ca
7% K2O
430
1060
610
488 Type 3
Verre à jambe
20% CaO
type 2 / Na-Ca
5% K2O
“Façon de Venise”
sodique
-1400 -100 800 1800
500 1000 1400
Cendres de bois Période
et plantes Natron Cendres de bois et plantes
industrielle
Age du bronze Période Post- potassique calcique Sodique et plus
Européen Romaine Romain rarement calcique
Sodo-potassique sodo-calcique
Vitraux France
XIII / XIXe siècle
1100
554
Fig. 4.42 : Signatures Raman de matrices vitreuses étudiées et placées sur une échelle de temps,
les fondants sont indiqués (ligne de base soustraite). Les spectres ont été enregistrés en mode
macro à l’aide du spectromètre XY2 (laser 406 nm) exceptés les verres émaillés enregistrés
en mode micro (x50) à l’aide du spectromètre portable HE 532 nm (laser 532 nm).
145
Ch. 4 Mesures sur site
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148
Conclusion
Notre objectif était d’évaluer les possibilités de l’analyse Raman sur site pour caractériser
les verres anciens (objets, vitraux, émaux) quelque soit leur état de dégradation. Une première
expérience du laboratoire dans l’étude de pièces non déplaçables du fait de leur valeur (porcelaine
de Medicis, céramiques d’Iznik) avait démontré une certaine fiabilité mais aussi mis en évidence le
besoin « d’outils » pour exploiter les données et espérer les rendre utilisables par des « non
spectroscopistes », comme le sont la plupart des spécialistes de ces objets.
100 0 100 0
CaO CaO
80 20 80 20
Cendres
60 Arbres 40 60 de 40
Arbustes Plantes
(Europe)
40 60 40 60
Natron
Plantes 80 80
20 20
Céréales K2O Quartz K2 O
Sable
0 100 0 100
100 80 60 40 20 0 100 80 60 40 20 0
SiO2 SiO2
Fig. 1 : Comparaison de la variété des compositions de cendres de plantes sous forme de diagramme ternaire CaO-
SiO2-K2O ; à gauche cendres de plantes et d’arbustes préparées par Frère Daniel de Montmollin dont
nous avons conduit l’analyse élémentaire avec l’aide du Service d’Analyse du CNRS et à droite
différents types de fondants et formateurs, synthèse obtenue à partir des données de Brill R.H., 1999,
Turner W.E.S., 1956, Tite M.S. et Shortland A.J., 2003.
149
La quasi-totalité des matériaux étudiés étant des silicates, une réflexion sur les relations
entre liaisons chimiques, cristallo-chimie et signatures Raman a d’abord été nécessaire. Le degré
de covalence du réseau formateur (SiO4)n et la quantité de fondants se révèlent très efficaces pour
classer les compositions, faire apparaître les périodes de stabilité technique et celles de mutation
ou de variance dans les procédés. En effet, comme l’ionicité de la liaison chimique influe
directement sur l’intensité des spectres Raman cette grandeur doit être sensible aux variations de
composition. Nous résumons ceci sur la figure 2 à partir des compositions élémentaires de la
littérature discutées dans le chapitre 1. Cette figure classe les verres et émaux selon leur degré de
covalence défini comme le rapport (SiO2)/0,5(Al2O3) et illustre bien dans quels cas la
spectrométrie Raman pourra être efficace (trait noir), par exemple pour les glaçures de divers
lieux ou époques et les verres islamiques, ou non (trait rouge), par exemple pour des technologies
où la variation de composition chimique est faible, comme les pâtes alumineuses des porcelaines
vietnamiennes et le verre Romain. Le rapport des concentrations en fondants sur la concentration
en silice du réseau polymérique (SiO4)n est aussi prédictif. Les conditions apparaissent donc
favorables pour explorer « l’efficacité » de l’analyse Raman et pour étudier des verres anciens de
nombreuses époques.
Raman efficace
Raman peu efficace
100
Verre Islamique
Verre Romain
SiO 2 / ½ Al 2O3
VIII-XIVe s.
-I / I ap. J.-C.
50
Glaçures Europe, Proche-Orient
et Moyen-Orient (VIII-XVIe s.)
0 Pâte alumineuse
XIII-XVIe s.
0 10 20 30 40 50 60 70
Numéro d'échantillon
Fig. 2 : Hiérarchisation de la variabilité technologique des verres et émaux à partir du degré de covalence du
réseau formateur (SiO2/0.5xAl2O3) et prédiction à priori de l’efficacité potentielle de la spectrométrie Raman.
Le tétraèdre SiO4, unité structurale de base des silicates, possède quatre valences libres qui
peuvent être utilisées, soit pour une polymérisation avec d’autres tétraèdres, soit pour être
saturées par des cations proches afin de constituer un édifice électriquement neutre. Nous avons
discuté dans le chapitre 2 la validité du « modèle des Qn » (n indique le nombre d’atomes d’oxygène
pontants par tétraèdre) pour décrire les configurations d’un verre silicaté. Le tétraèdre isolé sans
oxygène pontant sera l’unité Q0 et à l’extrême, un tétraèdre complètement lié au réseau via 4
atomes d’oxygène pontants sera appelé Q4.
Massif de déformation
Intensité Raman
Q1
Q4
Q0
Fig. 3 : Modèle de décomposition Qn de la signature Raman d’un silicate amorphe après élimination de la
contribution du pic Boson et des artefacts dûe à l’usage de filtres « Edge » ou « Notch ». Une vue schématique
du mode d’élongation symétrique de (SiO4)n pour chaque composante (Qn) est donné.
8
Tecto
Indice de polym érisation
6 Q4
Q3
4
Neso Q2
2
Q1
Q0 Ino
Cyclo
0 Ino
0 5 10 15 20 25 30
Verres de silicates amorphes et cristallins
Méthodologie
Nous avons défini dans le chapitre 2, une méthodologie d’analyse des signatures Raman
des verres silicatés afin d’extraire des paramètres efficaces, y compris avec des instruments
mobiles dont le domaine spectral est réduit et la résolution « modeste ». Nous avons essayé de
considérer les paramètres selon leurs « difficultés » graduelles d’obtention et tenté d’évaluer la
pertinence de paramètres « simples » utilisables par des non-spectroscopistes. Cette procédure est
définie en quatre étapes :
-acquisition : les perturbations découlant de l’architecture du spectromètre Raman
doivent être identifiées ;
-choix du modèle et traitement des spectres : suppression du pic Boson,
soustraction de la ligne de base et décomposition selon le modèle des Qn ;
-extraction de paramètres Raman (νmax SiO4, δmax SiO4, Ip, νQn, IQn, AireQn) ;
-classification des verres en fonction de ces paramètres.
Le critère le plus simple pour classer les spectres est de considérer l’allure générale et la
position des maxima des massifs de déformation et d’élongation. Cette classification « intuitive »
est celle que notre observation visuelle effectue, mais elle découle en fait de la double analyse
électrique/mécanique de la matière qu’effectue la spectrométrie de vibration : les nombres
152
d’ondes des modes de vibrations sont fonction de la masse des atomes et de la constante de force
tandis que l’intensité est la mesure du transport local de charge, la conductivité.
Lors d’un travail précédent auquel nous avions participé, à partir d’un large corpus
composé de porcelaines, grès, verres modernes et anciens, émaux, vitraux et obsidiennes, il avait
été montré que l’indice de polymérisation et la position du sommet du massif d’élongation νSiO4
sont des paramètres discriminants, simples d’accès, pour les émaux. Nous avons montré que
l’approche est efficace pour tous les corpus étudiés. Cependant, pour des technologies très
proches, les analyses multivariées (Analyse par Composantes Principales et Classification
Ascendante Hiérarchique) faisant intervenir un plus grand nombre de paramètres pourraient être
des outils complémentaires.
TYPE 1
TYPE 1 TYPE 2
TYPE 2 TYPE 3
“Façon de Venise”
sodique
-1400 -100 800 1800
500 1000 1400
Cendres de bois Période
et plantes Natron Cendres de bois et plantes
industrielle
Age du bronze Période Post- potassique calcique Sodique et plus
Européen Romaine Romain rarement calcique
Sodo-potassique sodo-calcique
Fig. 5 : Principaux types de signatures Raman des matrices vitreuses observées (le type 1 est riche en sodium,
le type 2 est riche en calcium et sodium et le type 3 est riche en potassium) depuis les premières productions
jusqu’à celles du XIXe siècle. Les matières premières fournissant les fondants sont indiquées.
153
Analyse multi-échelles de la corrosion
Les objets de fouilles ou exposés aux intempéries (vitraux) ou même ceux conservés dans
des conditions « inappropriées » dans des réserves de musée, sont soumis à une corrosion qui
peut être importante. L’analyse Raman se faisant sur ou au travers de la surface des échantillons,
il convient de connaître les perturbations dues à cette corrosion.
Les travaux antérieurs avaient porté sur les phases formées en surface (les produits de
corrosion), le faciès et les figures de corrosion, les éléments perdus (lixiviés) et les gradients de
concentration proches de la surface corrodée. Notre approche a été différente : appréhender les
modifications structurales du réseau silicaté.
Notre objectif, décrit au chapitre 3, a été d’obtenir une couche corrodée suffisamment
importante pour être étudiée avec les techniques vibrationnelles (IR et Raman) et avec les
méthodes de la science des matériaux afin de bien comprendre les transformations et d’identifier
les différentes étapes d’altération et leurs signatures spectrales.
Nous avons basé une grande part du travail sur le verre potassique (type 3) du Moyen-âge
car, peu résistant à la corrosion acide, il développe assez rapidement une couche d’altération
importante intéressante pour une analyse multi-échelles.
L’échange ionique K+/H+ en milieu acide entraîne la contraction du réseau (ce qui
élimine l’éventualité d’un ion H3O+, sauf dans la zone étroite de transition), avec la modification
de l’angle Si-O-Si et de la longueur des liaisons Si-O. Ensuite, les fissures s’étendent
perpendiculairement à la surface du verre sur des longueurs pouvant atteindre 200 µm. Dans une
seconde étape, la distance inter-fissure (10-20 µm) et la longueur des fissures augmentent jusqu’au
millimètre, et la zone poreuse, couche opaque se développe. Nous avons identifié les signatures
Raman et caractérisé ces quatre couches (la couche poreuse, la zone de transition, la zone fissurée
et le verre sain) à l’aide de techniques complémentaires (dilatométrie, microdureté Vickers). La
microdureté relativement élevée de la couche poreuse et opaque démontre que ce n’est pas une
couche de gel comme décrit par de nombreux auteurs mais une couche fortement micro-fissurée
dépourvue de potassium et très poreuse. Cette couche conserve de fortes propriétés mécaniques,
réfractaire à l’efficacité d’un nettoyage mécanique des vitraux. La quantité d’eau relativement
faible (2,8 % en poids) est un autre argument contre l’appellation « gel ». Un « gel » peut être le
résultat de l’accumulation de polluants à la surface du verre poreux dans les conditions naturelles
où le lavage est faible mais non le résultat stricto sensu de la corrosion du verre.
Une cicatrisation des zones de fissures et de transition est possible par l’action de KNO3
fondu. Les modifications sont cependant irréversibles dans le verre poreux. Cela offre une
nouvelle perspective pour arrêter la corrosion. Ce point nécessiterait une étude plus complète par
microsonde par exemple pour suivre la teneur des éléments lixiviés dans chaque couche après ré-
échange dans KNO3.
Nous avons analysé la dissolution des différents types de verre dans NaOH en ébullition
sans observer de modification de la structure du matériau non dissout. Une attaque contrôlée de
NaOH pourrait être un moyen pour éliminer la couche poreuse et ne conserver que le verre
« sain ». Une nouvelle voie de restauration des verres anciens pourrait être dans un premier temps
de dissoudre la couche de corrosion avec NaOH et ensuite de «cicatriser » les zones fissurées et
de transition en immergeant l’échantillon dans KNO3 fondu. Nous avons mesuré la vitesse de
corrosion pour un verre de type 3 plongé dans H2SO4 à 70 µm/h et plongé dans NaOH à
200 µm/h. La figure 6 résume de façon schématique les étapes de corrosion d’un verre de type 3
soumis à une corrosion acide puis une cicatrisation dans KNO3 fondu.
154
Surface du verre
Zone de transition
a) H2SO4 Verre sain
H+, H3O+, ?
H3O+
Zone fissurée
(HSO4-)2 H+, H3O+ ? Verre sain
b)
Couche
H2SO4
poreuse
K+
H+
Verre sain
c)
KNO3
Couche ? Zone fissurée
poreuse “cicatrisée”
Fig. 6 : Vues schématiques des différentes zones formées sur un verre calcique-potassique (type 3) sain puis après
un traitement simulant la corrosion acide (H2SO4 concentré à 95% à 338°C) et un ré-échange dans KNO3
fondu (334°C). Le trait noir épais indique le contour initial de l’échantillon.
Lors des mécanismes de corrosion, nous supposons que des protons interstitiels ou
« ioniques » se forment majoritairement, sans signature IR spécifique, partageant des liaisons avec
les différents atomes d’oxygène expliquant ainsi la contraction du réseau et sa fissuration. La
comparaison avec des verres naturels corrodés a montré que nos simulations étaient tout à fait
représentatives. La diffusion neutronique à basse température (< 100K) pourrait caractériser ces
protons.
Les mécanismes de corrosion sont tout à fait comparables à ceux proposés pour les
matrices de verre développées pour le stockage des déchets nucléaires et peuvent être considérés
comme de bons modèles représentatifs en accéléré de la corrosion à long terme de verres stables.
Lorsque les œuvres ne peuvent pas être déplacées, une intervention directe, sur site est
requise. Depuis quelques années, les dispositifs portables de fluorescence des rayons X sont
utilisés dans de nombreux domaines dont celui des archéomatériaux pour l’analyse de pigments
de peintures murales (Paternoster G. et al., 2005), de céramiques (Papadopoulou D.N. et al., 2006
; Pérez-Arantegui J. et al., 2008) mais surtout d’objets métalliques (Milazzo M., 2004). La
spectroscopie de plasma produit par laser (LIBS en anglais) est une technique d’analyse
élémentaire portable en plein développement, pour l’étude de céramiques, du verre et du métal
(Ferretti M. et al., 2007 ; Melessanaki K. et al., 2003).
Concernant les analyses Raman sur site, deux types d’études ont été réalisés avant ou
simultanément à notre travail. Des études ont été menées sur des composés bien cristallisés
(gemmes et cristaux semi-précieux souvent de dimensions macroscopiques) et dont le spectre est
facile à détecter même sur un fond de fluorescence par ses pics caractéristiques fins et souvent
intenses. Par exemple, des pigments, des pierres précieuses et semi-précieuses ont été analysés
(Smith D.C., 2000 ; Smith D.C. et al., 2000 ; Smith D.C. et Ospitali F., 2005 ; Ziemann M. A.,
2006).
155
Des études sur des phases vitreuses où l’exploitation des données est beaucoup plus
complexe avaient été menées sur quelques porcelaines (Médicis) ou céramiques d’Iznik
(Colomban Ph. et al., 2005 ; Colomban Ph. et al., 2004).
Nous avons réalisé deux études par spectrométrie Raman portable sur site (chapitre 4) :
l’une sur les vitraux de la Sainte-Chapelle (Paris), et l’autre sur des objets en verre émaillés
précieux du Musée National de la Céramique (Sèvres). L’objectif était d’évaluer le niveau
d’informations pouvant être obtenues sur la nature et la technologie d’objets en verre ne
pouvant être déplacés au laboratoire. Le site de la Sainte-Chapelle présentait des difficultés très
spécifiques ; expérimentales (accès difficile, poussière, …) et au niveau de l’état des matériaux
(vitraux anciens dégradés).
Nous avons classé les éléments des vitraux de la Sainte-Chapelle à l’aide de trois outils
indépendants, une signature technologique (la composition fixant l’allure du spectre) et deux
signatures liées aux degrés de corrosion : l’intensité brut du signal Raman et le rapport des aires
des bandes A460/A590. En effet, la meilleure conservation de la surface d’un verre
« récent » préserve ses qualités optiques. Au contraire la dégradation de la surface d’un verre
ancien (micro-fractures, dépôt créant de nombreuses interfaces) diminue à la fois la pénétration
et la diffusion de la lumière. La figure 7 classe par ordre croissant des spectres de vitraux de la
rose de la Sainte-Chapelle en fonction de l’intensité maximale différenciant les verres dégradés
(anciens) des verres récents (optiquement plus clairs).
Il y a davantage de vitraux corrodés au niveau de la rose (analyse réalisée sur la face
externe) que dans le chœur (analyse en face interne), ce qui est logique vu les conditions
d’expositions aux agents météoriques. Il semble aussi que l’effet thermique produit par le soleil
contribue à l’évolution de la surface corrodée.
156
800
-1
peu et non
Intensité / coups.s
600
corrodés
400
corrodés
200
0
5 10 15 20 25 30
Verres analysés (Sainte-Chapelle, rose)
Nous avons comparé nos résultats Raman avec les conclusions basées sur l’étude
stylistique du Corpus Vitrearum Medii Aevi (CVMA). Chaque panneau (neuf panneaux au niveau
de la rose et quatorze au niveau du chœur) n’a pas été analysé entièrement, et sans le vouloir
nous avons peut-être privilégié un type de verre plutôt qu’un autre. Nous avons cependant
essayé d’analyser une proportion comparable d’éléments donnés comme restaurés ou originaux
par le CVMA sur critères stylistiques. La figure 8 donne pour le chœur et la rose une vue globale
de l’accord, ou non, entre nos résultats et ceux du CVMA. Il est évident que nombre de
conclusions du CVMA sont erronées. Il est clair que le CVMA n’avait pas pris en compte des
informations techniques, par exemple l’aspect de la surface des morceaux ou la présence
d’éléments réparés par des joints de plombs de casse, caractéristiques d’une réutilisation
d’éléments antérieurs : en effet, cela s’avère être un critère efficace, un des deux éléments était
toujours original selon nos analyses. Les parties inférieures des verrières du chœur contiennent
beaucoup d’éléments restaurés, identifiables par divers moyens techniques comme le toucher ou
la présence de bulles d’air et il semble que même cela n’a pas été pris en compte par le CVMA.
Chœur Rose
Fig. 8 : Proportion des éléments identifiés, en accord ou non avec le Corpus Vitrearum Medii Aevi pour les
éléments de panneaux du chœur et de la rose de la Sainte-Chapelle (types 1 et 2 datés du XIXe s., type 3 du
XIIIe siècle, type 4 du XIIIe siècle, corrodé). Il conviendra de comparer avec les relévés de la
restauration du XIXe s. conservés à la Médiathèque de l‘Architecture et du
Patrimoine (merci à M. M.Herold pour la localisation de ces archives).
Détails sur http://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00152273/fr/
Ce travail montre que nombre de conclusions « d’experts » stylistiques ne sont pas confortées
par des éléments objectifs et devraient donc être revues avant d’entreprendre une restauration.
157
Verres émaillés (Venise et « façon de Venise ») au Musée National de la Céramique (Sèvres)
Dans l’étude des verres émaillés (vingt objets) du Musée National de la Céramique de
Sèvres nous avons atteint notre objectif qui était d’identifier les signatures des matrices vitreuses
à l’aide de deux paramètres Raman seulement: νmaxSiO4 et δmaxSiO4. Notre attention a aussi porté
sur les pigments. Le travail a permis d’apprécier la variété des expériences technologiques que les
verriers européens, à l’image des potiers, ont menées durant les XVI-XVIIIe siècles afin
d’obtenir des produits similaires à la porcelaine. La figure 9 classe les constituants (corps et
émaux) des verres émaillés du Musée de Sèvres (carré noir) parmi un large corpus de verres et
émaux en fonction de δmaxSiO4 et νmaxSiO4. Les types 1a, 1b et 2 appartiennent au même groupe
sodo-calcique incluant des vitraux du XIXe s., des verres Romain d’Italie et du Moyen-Orient.
Les spectres de type 1c et ceux isolés (MNC1178, MNC8804 et MNC4313) appartiennent à un
même groupe sodique qui inclut des verres du Moyen-Orient. Des verres au plomb ont
également été identifiés comme matrice de certains émaux.
Types 1a,1c et 2
Type 1b Na2O / CaO
Al2O3 Na2O
1110
Na2O
1080
MNC8804
Moyen-Orient -III/+IIIe s.
Vitraux XIXe s.-moderne, France
Vitraux XIII-XVIIe s. France
1020 Europe de l'Est, V-Xe s.
Egypte -III/+VIIe s.
990 PbO
CaO / K2O
960
Fig. 9 : Classification en fonction des positions des massifs de déformation et d’élongation des matrices vitreuses
d’objets en verre émaillés, du Musée National de la Céramique à Sèvres au sein d’un corpus plus large.
Les pigments et les verres opacifiants des émaux et dans certains cas du corps du verre
ont montré une grande variété de signatures Raman, chacune correspondant à une recette, un
choix technologique : wollastonite α (CaSiO3), antimoniate de calcium (Ca2Sb2O7), phosphate de
calcium (Ca3(PO4)2), cassitérite (SnO2), hématite (Fe2O3), Jaunes de Naples (Pb2Sb2O7 et solutions
solides), … Faux et embellissements de pièces en partie originale peuvent être détectés.
Cette étude de verres anciens rares, émaillés, a montré que les corrélations entre
paramètres cristallo-chimiques et spectres Raman établies précédemment pour les glaçures et
couvertes de céramiques et les vitraux étaient aussi de bons outils de classification pour ces
objets. Une étude Raman approfondie au laboratoire utilisant des spectromètres de haute
précision sur une sélection d’échantillons ou sur des objets similaires est cependant nécessaire au
préalable pour établir les spectres de références et définir les « bonnes » lignes de base à utiliser.
Perspectives
Notre corpus de référence (165 échantillons) est en fait, malgré sa taille, limité. Il manque
par exemple, des verres antiques (500 à 3000 av. J.-C.), ainsi que des familles de verres de
type « cristal », riches en plomb, anglais ou de Bohême, des verres indiens, … ainsi que certains
verres particuliers comme ceux contenant des nano-particules métalliques. Bien que présent en
nombre important à la Sainte-Chapelle, les verres plaqués ou flashés contenant du cuivre ou les
vitraux « au jaune d’argent » n’ont pu être étudiés sur site du fait de la faible intensité du signal et
de sa complexité.
La figure 10a compare un spectre UV-VIS d’un échantillon rouge plaqué avec celui de
son support transparent. A 532 nm (vert), le verre est totalement absorbant c’est pourquoi le
plaquage est composé de différentes couches fines (~100-200 µm) alternées avec des couches
transparentes. Ce « sandwich » de 1 à 2 mm d’épaisseur étant supporté par du verre non coloré,
comme le montre la photo figure 10b. A 632 nm (rouge) le verre est quasi transparent.
rouge plaqué
4 565
532
Absorbance
632
2
Vitrail
transparent
Sèvres, XIXè s.
0
400 500 600 700 800
a) Longueur d'onde / nm b)
Fig. 10 : a) Spectres d’absorption UV-Visible d’un échantillon de vitrail rouge plaqué du XIXe s. et d’un verre
équivalent au support transparent. b) Photographie d’un échantillon de vitrail
rouge flashé (AM22, Amiens, XIII-XVIIe s.).
Les spectres Raman enregistrés à l’aide d’un spectromètre de laboratoire à filtre Notch et
à haute sensibilité sur un échantillon potassique XIII-XVIIe s. flashé rouge sont donnés dans les
figures 11a et 11b, avant et après soustraction de la ligne de base. Les deux longueurs d’ondes
excitatrices 532 nm et 632 nm reportées sur la figure 10a se situent respectivement avant et après
le pic plasmon à 565 nm, pic caractéristique de l’absorption du gaz d’électron à la surface des
nanoparticules de cuivre (Colomban Ph., 2009). Si l’on compare les spectres Raman
correspondant aux deux longueurs d’ondes d’excitation 532 et 632 nm (figs. 11a et 11b), on
constate des modifications drastiques, entre eux et par rapport au spectre du verre incolore.
159
Celles-ci sont maximales avec l’excitation verte car la longueur d’onde 532 nm, très proche du pic
plasmon, dans une région très absorbante conduit à un spectre résonnant. Les intensités relatives
du massif de déformation et du massif d’élongation sont modifiées, cela signifie un changement
d’indice de polymérisation, indiquant que l’environnement de la particule de métal est différent de
la matrice vitreuse. La compréhension de ce comportement a été possible grâce à l’étude
préalable de composés modèles où la teneur en cuivre sous ses trois formes possibles Cu+, Cu2+
et Cu0 a été minimisée pour obtenir de bons spectres avec un instrument haute résolution
(Colomban Ph. et Schreiber H. D., 2005 ; Pérez-Villar S. et al., 2008). Additionnellement la
signature de nanocristaux d’hématite (αFe2O3, pic à 1260 cm-1) jouant un rôle dans les couples
redox de contrôle de la précipitation des nanoparticules complique le spectre. Il est clair que de
tels spectres ne peuvent être compris et même détectés sans un travail préalable au laboratoire.
Sur site la disponibilité de différents spectromètres mobiles travaillant chacun dans une couleur
d’excitation sera alors nécessaire.
600
532 nm
1440
1104
532 nm
965
rouge plaqué
632 nm
Intensité Raman
1260
600 955
1093
632 nm
rouge plaqué
1770
958 1086
603
406 nm
406 nm verre incolore
verre incolore
500 1000 1500 2000 500 1000 1500 2000
-1 -1
a) Nombre d'onde / cm b) Nombre d'onde / cm
Fig. 11 : Spectres Raman de vitraux rouges plaqués enregistrés au laboratoire à l’aide de longueurs d’ondes
excitatrices respectivement dans le domaine absorbant (532 nm) et transparent (632 nm). Par comparaison, le
spectre de la matrice incolore du verre, mesuré à 406 nm, est donné. a) bruts et b) ligne de base soustraite.
Les progrès technologiques de ces dernières années permettent l’analyse Raman sur site
grâce à la miniaturisation des sources lasers et des spectromètres. Bien que ces appareils soient
très lumineux, les spectres obtenus présentent de nombreux défauts : faible résolution, fond
continu variable selon l’intensité du signal,… Nous avons montré qu’il est alors nécessaire
d’exploiter les données Raman selon une procédure rigoureuse qui puisse être utilisée quelque
soit la composition du verre. L’utilisation de paramètres simples comme le nombre d’ondes et
l’intensité d’un pic pertinent, simple d’accès dans le cas de phases bien cristallisées est souvent
inefficace, voire conduit à des erreurs du fait de la modification des spectres selon les conditions
de mesures (résonance Raman, ligne de base instrumentale,…). Une approche de Chimie
Analytique, avec l’utilisation de bases de données est alors dangereuse, comme le montre le cas
des verres colorés par des nanoparticules métalliques. Le problème est identique pour de
nombreux pigments, le spectre résonnant étant variable. Une compréhension fine de la physique
de l’interaction lumière-matière est indispensable dans l’étude d’objets du patrimoine. L’exemple
des nanoparticules métalliques colorant les vitraux rouges ou les lustres céramiques, ou encore les
vitraux « au jaune d’argent » témoigne de la rencontre entre les problématiques les plus actuelles
et l’étude des technologies du passé.
160
Références
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161
162
Annexes
163
Annexe 1 : Compositions élémentaires des cendres de plantes
Résidu sec / total sans
Echantillon Référence C SO4 SiO2 Al2O3 Fe2O3 TiO2 CaO MgO K2 O Na2O P2O5 Total avec C
couleur C
1 ACAC Beige 8.58 4.46 22.31 7.25 2.45 0.47 16.53 9.25 25.34 1.02 10.92 108.58 100
Acacia SCA
2 8.54 5.29 23.85 7.39 2.49 0.47 15.63 9.13 24.94 0.6 10.22
05007883 108.55 100.01
arbre
3 AUBEP Gris clair 3.55 22.34 1.71 0.76 0.11 31.39 5.33 27.45 0.89 6.47 100 100
Aubépine SCA
4 0 22.12 1.81 0.84 0.12 32.71 5.69 29 0.94 6.76
05007883 99.99 99.99
Blé 04 5 BLE04 Noir 0.46 65.15 1.01 0.91 0.06 8.69 3.34 16.67 0.21 3.5 100 100
céréales
Blé 76 6 BLE76 Gris clair 0 51.41 2.89 2.28 1.29 11.19 5.8 9.93 1.32 13.89 100 100
plante Carex 7 CAREX Gris foncé 3.89 0 67.42 2.62 2.31 0.08 9.48 3.67 6.77 0 7.64 103.88 99.99
Chêne 8 CHENE Beige marron 5.07 13.42 1.52 1.43 0.11 54.69 2.07 18.47 0.35 2.86
99.99 99.99
arbre 9 CHEVT 61.50 Beige 0 2.44 1.32 0.34 0.05 84.5 1.83 7.52 0.09 1.92 100.01 100.01
Chêne vert SCA
10 0 2.87 1.27 0.3 0.05 84.33 1.81 7.47 0.12 1.78
05007883 100 100
Déchets de 11 DECBA Gris 3.7 37.56 2.59 1.63 0.1 16.41 5.54 10.43 0.34 21.71 100.01 100.01
déchet SCA
battage 12 0 39.49 2.74 1.63 0.1 17.23 5.69 10.82 0.35 21.95
05007883 100 100
Foin 70 13 FOIN70 Gris 0 48.61 4.91 2 0.24 20.68 4.24 12.6 0.85 5.87 100 100
foin
Foin 78 14 FOIN78 Gris 0 52.06 6.3 2.98 0.31 17.12 3.52 10.78 1.05 5.89 100.01 100.01
fougère Fougère 15 FOUGR Gris 0 48.87 1.29 1.63 0.1 18.71 8.21 16.68 0.92 3.6 100.01 100.01
Maïs 03-CH 16 MA3CH Gris foncé 7.86 0 47.72 3.01 0.52 0.34 40.43 1.91 4.42 0.31 1.33 107.85 99.99
17 MA3SR Gris foncé 0 53.18 4 1.49 0.23 15.07 4.11 14.14 0.31 7.48 100.01 100.01
Maïs 03-StR SCA
céréales 18 0 52.03 4.17 1.56 0.23 15.14 4.28 14.5 0.4 7.69
05007883 100 100
Maïs 73 19 MA73 91.00 Gris 0 76.98 3.33 0.77 0.14 6.44 2.35 6.83 0.3 2.87
100.01 100.01
Olivier 20 OLIV Beige 1.63 6.21 2.95 0.7 0.14 70.62 4.7 9.32 0.58 3.16 100.01 100.01
Orme 21 ORME Gris clair 2.91 16.25 1.21 0.71 0.05 58.89 4.89 8.89 0.4 5.81 100.01 100.01
arbre Peuplier 22 PEUPL Gris clair 5.85 46.01 4.76 1.32 0.18 27.3 1.9 10.15 0.58 1.95 100 100
23 POM Beige 0.57 12.2 1.81 1.13 0.08 62.57 4.6 11.92 0.11 5 99.99 99.99
Pommier SCA
24 0 11.21 2.17 1.27 0.08 63.54 4.6 11.85 0.11 5.17
05007883 100 100
Quenouille
plante 25 QUE71 6.00 Gris fonc 9.46 0 68.76 3.23 1.04 0.14 3.46 4.96 11.34 0.2 6.86
71 109.45 99.99
céréales Riz 26 RIZ Gris foncé 0.37 0 93.81 0.22 0.2 0 1.09 0.88 2.74 0.11 0.95 100.37 100
72.00 Beige
arbre Sarment 27 SARMT 1.87 20 4.2 3.01 0.25 46.39 4.82 14.43 0.23 4.8
marron 100 100
Henderson, 2002 ternaire ternaire binaire binaire
Morey G.W., Kracek F.C., Bowen N.L., (1930), The ternary system K2O-CaO-SiO2,
J. Soc. Glass Technol., 14 pp. 158
Annexe 4 : Principe de la spectroscopie Raman
Diffusion Fluorescence
ν0 et νR ≠ ν0 ν0
Excitation
ν0
Réflexion Transmission
ν0 ν0
L’intensité de la diffusion Raman mesurée sous l’angle solide dΩ peut s’écrire comme :
2
⎛ δα ⎞
I R = ( constante )I 0 ( ν 0 ± ν k ) ⎜⎜
4
⎟⎟ dΩ
δQ
⎝ k⎠
avec ν 0 + ν k fréquences anti-Stokes et ν 0 − ν k Stokes et I0 intensité de la vibration d’excitation.
L’intensité des transitions dépend du nombre de molécules dans l’état initial. Le niveau
fondamental est le plus peuplé. C'est la raison pour laquelle les raies Stokes sont plus intenses que
les raies anti-Stokes (figure 2).
Diffusion
Diffusion Raman
Niveaux virtuels de Rayleigh
l’état excité
Photon excitateur
hν0
- selon leur respect des éléments des opérations de symétrie du groupe et leur
multiplicité. Cette description nécessite de remonter à la symétrie (groupe d’espace) et
le nombre d’atomes dans la maille considérée.
- Selon le type de mouvement : modes internes d’élongation (caractéristiques d’une
liaison chimique) ou de déformation (ordres /désordres locaux) et en modes externes
(symétrie de l’organisation structurale des atomes ou molécules). Pour faire une telle
description, ce modèle nécessite de définir la « super molécule » considérée comme
l’entité vibrationnelle (exemple : SiO4).
POSIT ION
Groupement chimique
DEPLACEM ENT
Perturbation
Intensité
CONCENTRATION
extérieure
LARGEUR
Désordre local
mobile
portable portable
Dispositifs fixe fixe 100kg : spectro fixe
15 kg 15 kg
30kg : electro
Temps
60 min 10 min 3 min 3 min 0.1 sec 1 sec
d'acquisition
Interface éch. Microscope confocal macro Microscope confocal fibre optique et tête laser (super head)
Réseau : 1800 t /mm Réseau : 2400 t /mm Réseau : 1800 t /mm Réseau : 600 t /mm Réseau : 920 t/mm Réseau : 920 t/mm
Spectrographe Focale : 600 mm Focale : 500 mm Focale : 300 mm Focale : 800 mm réseau concave prisme gravé sur réseau
Double monochromateur Double monochromateur filtre Notch filtre Edge filtre Edge filtre Notch
Résolution 0,5 cm-1 ~ 0,5 cm-1 ~ 2,5 cm-1 ~ 2,5 cm-1 ~ 3 cm-1
Fenêtre
> 50 cm-1 > 50 cm-1 > 150 cm-1 > 120 cm-1 fixe : 150-3260 cm-1
spectrale
CCD (Jobin-Yvon) CCD (Wright) CCD CCD CCD
2000 x 8000 1024 x 256 1024 x 256 1024 x 256 1024 x 256
Détecteur
Effet Peltier Effet Peltier Effet Peltier
Refroidi à 140K Refroidi à 140K
Refroidi à 200K Refroidi à 200K Refroidi à 200K
CCD
Laser Argon-Krypton
Monochromateur
Miroirs
Réseau
Fente
Miroirs
Réseau
Trou
Fente confocal
Fente Séparatrice
Mirroirs
Réseau
Échantillon
Pré-monochromateur
XY1
XY2
Spectromètre
vue en coupe
CCD
Réseau
Laser
Nd:YAG Vers
spectromètre
Filtres de
densité
Laser HeNe
Trou
confocal
Filtres Notch
mobiles
Lampe
visible
Vers
Caméra microscope
visualisation
Microscope
vertical Échantillon
LaBRam Infinity
HR 800
Excitation laser
Alim. et contrôleur
de puissance
laser du laser
Tête
de mesure
Fibres optique
Signal Raman
Commande
© électronique
32 shutter
HE5
tre CD
ro m è ur C
t
ec cte
Sp déte
Alim.
CCD
Portable HE532
Annexe 6 : Traitement d’un spectre Raman (logiciels et procédures)
Voici les procédures effectuées pour soustraire la ligne de base (logiciel utilisé « Labspec ») et
pour décomposer un spectre (logiciel utilisé : « Origin Peak Feating »).
Pour soustraire la ligne de base (de fluorescence, mais aussi la contribution du filtre et les fibres
mal corrigées), il faut :
• cliquer sur la seconde icône en partant du haut (dans la barre des icônes de droite)
• choisir le type de ligne de base qui convient, le mode « line »
• disposer un minimum de points à la base de chaque massif, vers 300, 700, 850 et 1300 cm-1 et
en rajouter si la ligne formée par les points coupe le spectre.
Intensité Raman (unité arbitraire)
Le logiciel Origin Peak Fitting est utilisé pour décomposer les deux massifs du spectre.
1) on ouvre le fichier recherché, sous un format spécifique (MSO.MSU)
2) on sélectionne les valeurs voulues en nombre d’onde et en cm-1 (c’est à dire les colonnes X et Y
situées dans la fenêtre .DAT) qui permettent de faire apparaître (une fois ces valeurs
sélectionnées et en cliquant dans la barre menu Plot puis line) la totalité du spectre choisi ou l’un
des deux massifs lorsqu’il s’agit de faire une décomposition. Dans ce dernier cas le spectre initial
étant divisé en deux parties, il peut s’avérer nécessaire de retoucher à la ligne de base (barre menu
Tools puis baseline) afin que les bandes dont les différentes composantes vont être analysées
soient bien délimitées par une remise au niveau zéro.
3) on colle ensuite les données définitives prises à partir du logiciel Origin dans le logiciel Origin
Peak Fitting pour pouvoir effectuer la décomposition du spectre.
4) les données collées, on sélectionne la colonne Y puis on clique sur Peak Fitting ce qui fait
apparaître la fenêtre Microcal Origin. Les étapes qui suivent sont :
• le choix du mode Line dans la fenêtre Set Baseline
• le positionnement des pics après avoir cliqué sur Estimate Peak’s Center and Height en double
cliquant à la fréquence voulue
• la validation de ces positionnements en cliquant sur Done
Suppression
de bandes
Un nombre de bandes correspondant au nombre de pics choisis est alors proposé par le logiciel
mais la ligne de base proposée présente souvent des valeurs inadaptées. Il convient alors de les
changer en cliquant sur ses coordonnées (première ligne) et de tout remettre à zéro si bien sûr le
travail préalable du traitement de la ligne de base à été correctement effectué, et de bloquer les
valeurs en décochant les cases Values et L.Bounds.
• on clique ensuite sur Fit et les différentes composantes apparaissent. Lorsqu’on souhaite enlever
l’une d’elles, on la sélectionne en cliquant sur la ligne correspondante (qui ressort ainsi avec un
fond rouge) et on clique sur la cinquième icône en haut en droite, la dernière de la première
rangée, matérialisée par un massif barré d’une croix rouge. A l’inverse, si on souhaite rajouter un
pic et faire apparaître ainsi une nouvelle composante, il faut cliquer sur l’icône située à gauche de
la précédente, matérialisée par un massif surmonté d’une flèche verte. Que l’on rajoute ou que
l’on enlève une composante, il convient systématiquement de lancer un nouveau Fit qui tient
alors compte de l’aire laissée libre ou nouvellement occupée ce qui se répercute sur l’aire
qu’occupent les autres composantes.
• pour chaque composante, on peut modifier trois données en cliquant sur leur ligne :
· la fréquence (case xc_suivie du numéro de la bande)
· l’intensité de la bande (case A_suivie du numéro de la bande)
· sa largueur (case w_suivie du numéro de la bande)
On peut ainsi bloquer les valeurs désirées (en décochant les cases) avant de faire un Fit, par
exemple la largeur des bandes lorsqu’il s’agit de phases cristallines et que leur nombre d’onde est
connu, mais qui ne sont pas bloquées automatiquement par le logiciel
Dans le cas des phases cristallines, il est recommandé de choisir une bande, non plus de type
gaussienne mais lorentzienne comme attendue théoriquement.
Une fois tous ces paramètres modifiés, on « Fit » jusqu’à obtenir une décomposition
correcte tenant également compte du nombre de bandes présentes pour chacun des massifs et de
leur fréquences approximatives connues à travers la bibliographie.
• Ensuite on clique sur Plot puis sur ok pour avoir une fenêtre dans laquelle se trouve le spectre
ou le massif et ses différentes composantes, avec pour chacune d’entre elles leurs données
(fréquence, largueur, intensité). Cette fenêtre, que l’on imprime pour archivage/comparaison,
permettra par la suite de faire les calculs pour les différents rapports.
Peak Analysis Title
Source File: Data1 Data Set: Data1_B Date:05
Chi^2=-- COD=-- # of Data Points=--
SS=-- Corr Coef=-- Degree of Freedom=--
3
8.0x10
3
6.0x10
Data1_B
3
4.0x10
3
2.0x10
0.0
Fitting Results
1471983.3697
BaseLine: Line
• On enregistre le tout sous un nouveau nom et on pourra revenir à tout moment sur ce fichier
sans repasser par le format MSO.MSU lors de son ouverture (Moncada, 2004).
Annexe 7 : Analyses multivariées (logiciel)
Ensuite, StatisitcaMD offre plusieurs modèles de classification, nous avons alors choisi :
- la classification des observations, ce qui signifie que StatisticaMD interprète les variables
sélectionnées comme des dimensions.
- diverses méthodes d’agrégation sont possibles (Aide du logiciel StatisticaMD (version 6)) :
saut minimum (ou distance minimum c’est-à-dire que la distance entre deux classes est
déterminée par la distance entre les deux objets les plus proches dans les différentes classes),
diamètre (ou distance maximum), moyenne pondérée (ou non) des groupes associés, centroïde
pondéré (ou non) des groupes associés et méthode de Ward (pour le détail des méthodes on peut
se référer au manuel d’aide du logiciel). Nous avons testé différentes procédures.
Lorsque chaque objet représente sa propre classe, les distances entre ces objets sont définies par
la mesure de distance choisie. Une fois l’agrégation de plusieurs objets effectuée, il convient de
déterminer les distances entre les nouvelles classes. Il est donc important de choisir une règle
d’agrégation pour déterminer le moment où deux classes seront suffisamment similaires pour
n’en former qu’une seule. Dans cette méthode, les distances entre classes sont déterminées par la
plus grande distance existant entre deux objets de classes différentes.
La méthode la plus directe pour calculer des distances entre objets dans un espace
multidimensionnel consiste à calculer les distances Euclidiennes : distance (x,y) = s1/2 avec x et y :
νQ0, νQ1, νQ2, et νQ3 .
Dans notre cas les principaux paramètres pouvant être classés sont l'intensité (IQ0, …,IQ4) ou l'aire
(AQ0, …, AQ4) des composantes, la position du maximum d'un massif (νmax Si-O) ou le centre de
gravité en nombre d'onde de chaque composante (νQ0, …, νQ4), l'indice de polarisation.
- la mesure de distance : nous avons sélectionné la plus simple, celle des distances
euclidiennes.
Annexe 8 : Corpus d’étude des mécanismes de corrosion
Type
Nom Origine Epoque Couleur
de verre
AM19vd Cathédrale d’Amiens XIXe s. Verdatre 1
AM19vert Cathédrale d’Amiens XIXe s Vert 1
S13 Réserve Sèvres XIXe s. Incolore 2
S2 Réserve Sèvres XIXe s. Vert 2
S15 Réserve Sèvres XIXe s Incolore 2
AM19J Cathédrale d’Amiens XIXe s Ja3une 2
AU9 Cathédrale Aube XIIIe s. Rouge 3
AU2 Cathédrale Aube XIII-XVIIe s Bleu lavande 3
AM0 Cathédrale d’Amiens XIXe s Jaune 3
AM5 Cathédrale d’Amiens XIIIe s. Bleu clair 3
AM14 Cathédrale d’Amiens XIIIe s. Bleu 3
AM19B3 Cathédrale d’Amiens XIXe s Bleu 3
AM22 Cathédrale d’Amiens XIII-XVIIe s. Incolore+rouge plaqué 3
B1* Cathédrale de Beauvais XVIIe s. Bleu 3
LM3 Cathédrale Le Mans XIII-XVIIe s Bleu clair 3
LM8B3 Cathédrale Le Mans XIII-XVIIe s. Bleu 3
S18 Réserve Sèvres XIXe s. Incolore 3
Ste Chap Sainte -Chapelle moderne mauve 3
S1* Cathédrale de Strasbourg XIII-XVIIe s. Jaune 3
R1 Cathédrale de Rouen XIII-XVIIe s. Brun jaune 3
TR20 Cathédrale de Troyes XIII-XVIIe s. Jaune 3
Annexe 9 : Traitements chimiques et techniques analytiques
Une fois les températures d’ébullition atteintes la durée du traitement peut aller de 5min à
30h. Les échantillons sont ensuite lavés dans l’eau trois fois et placés dans une cuve à ultra-son
chaud (T°=50°C) pour quelques heures pour enlever les composés solubles, puis on les sèche à
60°C durant 3-4 heures.
Le deutération
La deutération a été effectuée sur un échantillon corrodé naturellement (cratère), nommé
S1, de Type 3 de la Cathédrale de Strasbourg. L’échantillon est immergé dans D2O dans un tube à
essai ensuite un vide primaire est effectué à l’aide d’une rampe à vide et puis le tube est scellé.
Celui-ci est placé 2 heures dans le bac de sable chaud, puis il est enlevé et laissé refroidir
naturellement. Le tube est ouvert, l’échantillon est séché avec du papier et des spectres de FTIR
sont réalisés le plus rapidement possible (dans les 5 min).
Dilatométrie
Les traitements thermiques ont été effectués en utilisant l’instrument Setsys 1750
(Setaram) équipé d’un transducteur thermomécanique. Les cycles de températures sont composés
d’une rampe ascendante allant de 25°C jusqu’à des maxima de 500 à 750 °C puis une rampe qui
décroît jusqu’à 25°C, avec une vitesse de 10°C/min et une charge de 50 à 80g. Les échantillons
doivent être petits et ne pas excéder 5x5x5 mm3.
Le coefficient d’expansion thermique est déterminé lors de la descente en
température par : ΔL/(L0xΔT°C). Au préalable nous avons soustrait la contribution du palpeur en
slice.
échantillon
Spectroscopie Raman
Les échantillons ont été analysés avec trois spectromètres Raman (annexes 3 et 4)
- Infinity (Jobin-Yvon-Horiba, France)
- XY1, (micro) (Dilor, France)
- XY2, (macro) Dilor, France
Spectroscopie FT-IR
Conditions expérimentales
Les spectres infra-rouge ont été obtenus à l’aide de l’appareil Equinox 55 (Bruker)
microspectromètre FTIR IRSCOPE II, de 1000 à 8000 cm-1. Le mode en transmission a été
utilisé, donc une épaisseur, optiquement transparente des échantillons, était nécessaire. Les
échantillons sont inclus dans une résine puis affinés et polis avec du papier SiC de 0,5 mm
jusqu’à quelques μm. La résolution spectrale est de 4cm-1. Le nombre d’accumulations peut varier
de 100 à 25000 selon l’échantillon.
Principe
Comme le montre la figure 3, un spectromètre infrarouge à Transformée de Fourier IRTF
est composé d’une source de rayonnement infrarouge, d’un interféromètre de Michelson, de
l’échantillon, d’un détecteur et d’un microscope.
Le faisceau résultant passe alors à travers l’échantillon où il se produit une absorption sélective.
L’énergie qui atteint le détecteur est donc la somme des énergies des deux faisceaux.
Le signal transmis au cours du temps par le détecteur est traduit sous forme d’interférogramme et
est ensuite traité par Transformée de Fourier.
C’est un processus mathématique permettant de décomposer un signal complexe, fonction du
temps mais pas forcément périodique en une somme de signaux simples de fréquences connues
donc périodiques.
Analyses élémentaires
Nous avons également utilisé un accélérateur de particule, Particle induced X-ray émission
(PIXE) pour déterminer la composition élémentaire du verre sain et corrodé. Cet appareil appelé
AGLAE est situé au laboratoire du Louvre (C2RMF) à paris. C’est un accélérateur électrostatique
de 2 MV de type tandem équipé de deux sources d’ions, une pour la production de protons et de
deutérons et l’autre pour les ions hélium. Nous avons utilisé le faisceau externe qui est équipé de
deux détecteurs Si(Li) permettant de déterminer à la fois les éléments légers et lourds.
La composition chimique, limitée aux principaux éléments a été déterminée au Service
Central d’Analyses du CNRS par ICP-AES (instrument Thermo Fisher) pour les échantillons
produits à la Manufacture de Sèvres durant la première moitié du XIXe siècle.
ATG
Des mesures thermogravimétriques (ATG) ont été réalisées entre 25 et 550°C dans l’air
avec une vitesse de 2°C/min.
Microdureté
La microdureté a été réalisée sur des échantillons préalablement polis, à l’aide d’un
microscope équipé d’un indenteur Vickers (Future-Teck, Microhardness Tester FM-700,
Shimadzu, Japon) ; une charge de 25 à 200g a été utilisée. Les valeurs de microdureté sont
calculées à partir des diagonales du carré laissées par le diamant (Hv = 0,189 x (F /d2), où d est la
moyenne des diagonales, d1 et d2).
Annexe 10 : Tableaux des résultats Raman des vitraux de la Sainte-Chapelle
Nom Couleur Date Obj, Tps acqui Max coups coups/s Type
Nom Couleur date obj tps acqui max coups coups/s type
1 A16ble1 Bleu 03/04/2006 50 (0,75) 15 4000 267 4
2 A16ble2 Bleu 03/04/2006 50 (0,75) 40 7800 195 4
3 A16ble3 Bleu 03/04/2006 50 (0,75) 30 5200 173 4
4 A16ble4 Bleu 03/04/2006 50 (0,75) 40 6000 150 4
5 A16ble5 Bleu 03/04/1900 50 (0,75) 40 7000 175 4
6 A16ble6 Bleu 03/04/2006 50 (0,75) 40 8000 200 4
7 A16ble8 ou 7 Bleu 03/04/2006 50 (0,75) 40 7000 175 4
8 A16ble9 Bleu 03/04/2006 50 (0,75) 20 10000 500 4
9 A16ble1 Bleu 04/04/2006 10 60 7000 117 4
10 A16ble2 Bleu 04/04/2006 10 30 10000 333 5
11 A16bl1 Bleu 07/04/2006 10 60 7000 117 4
12 A16bl2 Bleu 07/04/2006 10 30 8000 267 5
13 A16bl3 Bleu 07/04/2006 10 30 8000 267 5
14 A16bl4 Bleu 07/04/2006 10 50 5100 102 4
15 A16bl5 Bleu 07/04/2006 10 50 7500 150 4
16 A16bl6 Bleu 07/04/2006 10 30 3500 117 4
17 A16bl7 Bleu 07/04/2006 10 30 4500 150 4
18 A16bl8 Bleu 07/04/2006 10 40 6000 150 4
19 A16bl9 Bleu 07/04/2006 10 40 6000 150 4
20 A16LY1 Jaune 04/07/2006 10 40 3500 88 4
21 A16LY2 Jaune 07/04/2006 10 30 2750 92 4
22 A16LY3 Jaune 07/04/2006 10 30 9000 300 2
23 A16LY4 Jaune 07/04/2006 10 60 7400 123 4
24 A16LY5 Jaune 07/04/2006 10 20 11000 550 2
25 A16LY6 Jaune 07/04/2006 10 30 4500 150 4
26 A16J1 Jaune 03/04/2006 50 (0,75) 40 5500 138 4
27 A16J2 Jaune 03/04/2006 50 (0,75) 15 11200 747 2
28 A16J3 Jaune 03/04/2006 50 (0,75) 50 8200 164 4
29 A16O1 Jaune 03/04/2006 50 (0,75) 20 6000 300 4
30 A16O2 Jaune 03/04/2006 50 (0,75) 12 3250 271 4
31 A16O3 Jaune 03/04/2006 50 (0,75) 30 6300 210 4
32 A16R1 jaune 04/04/2006 10 60 6200 103 4
33 A16R2 jaune 04/04/2006 10 30 3000 100 4
34 A16R1 jaune 03/04/2006 50 (0,75) 40 7500 188 4
35 A16bla1 blanc 03/04/2006 50 (0,75) 2 600 300 ?
36 A16bla2 blanc 03/04/2006 50 (0,75) 10 4000 400 4
37 A15bl1 Bleu 07/04/2006 10 40 5000 125 5
38 15b1 Bleu 03/04/2006 50 (0,75) 30 9000 300 4
39 15b2 Bleu 03/04/2006 50 (0,75) 20 3500 175 4
40 15V1 Vert 03/04/2006 50 (0,75) 20 4700 235 4
41 15V2 Vert 03/04/2006 50 (0,75) 5 1750 350 4
42 15V4 Vert 03/04/2006 50 (0,75) 8 5200 650 5
43 15D1 03/04/2006 50 (0,75) 3 1500 500 5
44 15D2 03/04/2006 50 (0,75) 4 1500 375 4
45 15JA1 Jaune 03/04/2006 50 (0,75) 2 1000 500 ?
Nom Couleur date obj tps acqui max coups coups/s type
46 A9BL1 bleu 07/04/2006 10 40 3500 87.5 4
47 A9Bl2 bleu 07/04/2006 10 2 680 340 3
48 A9BL3 bleu 07/04/2006 10 50 4000 80 4
49 A9BL4 bleu 07/04/2006 10 40 3700 92.5 4
50 A9BL5 bleu 07/04/2006 10 90 9150 101.67 4
51 A9V1 vert 07/04/2006 10 10 2550 255 1
52 A9V2 vert 07/04/2006 10 6 2700 450 5
53 A9JA1 jaune 07/04/2006 10 28 3100 110.71 4
54 A9J1 jaune 07/04/2006 10 40 3250 81.25 4
55 A9J2 jaune 07/04/2006 10 20 2000 100 4
56 A9J3 jaune 07/04/2006 10 30 3300 110 4
57 A9J4 jaune 07/04/2006 10 40 5000 125 4
58 A9R1 rouge 07/04/2006 10 20 1750 87.5 4
59 A9BLA1 blanc 07/04/2006 10 2 2100 1050 ?
60 A9BLA2 blanc 07/04/2006 10 3 2000 666.67 ?
61 I3bl1 bleu 04/07/2006 10 20 2200 110 4
62 I3JA1 jaune 04/04/2006 10 15 1900 126.67 4
63 I3JA1 jaune 04/07/2006 10 55 6000 109.09 4
64 I3JA2 jaune 04/07/2006 10 55 5500 100 4
65 I3V1 vert 04/04/2006 50 (0,75) 20 1700 85 4
66 I3V2 vert 04/04/2006 50 (0,75) 20 1750 87.5 4
67 I3V3 vert 04/04/2006 50 (0,75) 60 5500 91.67 4
68 I2Ble1 bleu 04/04/2006 10 20 2700 135 4
69 A14ble1 bleu 04/04/2006 10 60 7200 120 4
70 A14vis 04/07/2006 10 20 1800 90 4
71 H1ble1 vert 04/04/2006 10 30 6500 216.67 4
72 H1Ble2 vert 04/04/2006 10 30 6100 203.33 4
TABLEAU B : Comparaison des époques données par les analyses Raman avec celles du
CVMA à partir de l’analyse qualitative des spectres
CHOEUR
Raman CVMA
Désaccord
Panneaux nbre
Types Epoque Grodecki Raman/CVMA
d'éléments
1 1 XIX XIII x
G85
4 1 XIII XIII
1 4 XIX XIX
chromate 1 XIX XIX
G93/97
3 7 XIII XIII
4 1 XIII XIX x
chromate 2 XIX XIII x
G90/92/95
3 5 XIII XIII
1 1 XIX XIX
3 2 XIII XIX x
G80/84/86 4 3 XIII XIX x
4 1 XIII XIII
non identifié 1 ?
1 4 XIX XIII x
G87/88 3 2 XIII XIII
4 2 XIII XIII
3 2 XIII XIII
4 2 XIII XIX x
H93
4 1 XIII XIII
non identifié 1 ?
4 2 XIII XIX x
4 2 XIII XIII
I88/90
sulfate 1 ?
? 1 ?
ROSE
Raman CVMA Désaccord
Panneaux Nbre Grodecki
Type d'éléments Epoque Raman/CVMA
1959
I2 4 1 XV XIX x
4 3 XIX XV x
I3
4 1 XV XV
4 1 XV XV
H1
5 1 XIX XV x
1 1 XIX XV
3 1 XIII XV
A9 4 4 XV XIX x
4 5 XV XV
non identifié 1 ?
A14 4 2 XV XIX x
4 2 XV XIX x
A15 5 2 XIX XIX
non identifié 1 ? XIX
2 2 XIX XV x
A16 4 19 XV XV
5 3 XIX XV x
TABLEAU C : Paramètres Raman des spectres de la rose et du chœur (en gras les composantes égales à 1043 ou 1053 cm-1 et
νmax ≠ de 1043cm-1et 1053 cm-1 pour les types 4).
EXTERIEUR (Rose)
AQ2/
nom date type ν max ν max ≠ δmax Ip nuQ0 nuQ1 nuQ2 nuQ3 nuQ4 IQ0 IQ1 IQ2 IQ3 IQ4 AQ0 AQ1 AQ2 AQ3 AQ4
AQ1
1 A16ble1 03-avr 4 1050 1097 480 0.4 800 952 1018 1097 1149 443 1312 2811 2545 1523 2.4 10.9 23.8 15.3 14.6 2.18
2 A16ble2 03-avr 4 1051 1004 457 0.23 799 934 1004 1051 1124 782 1893 5807 3639 3069 3 8.7 31.6 10.14 21 3.63
3 A16ble3 03-avr 4 1045 988 521 0.18 789 934 988 1045 1128 441 1520 3416 4503 1449 3 11.5 23.4 27.2 15 2.03
4 A16ble4 03-avr 4 1044 981 510 0.14 792 920 981 1044 1119 372 1281 4020 4908 1928 2.2 6.2 27.8 29.4 19.7 4.48
5 A16ble5 03-avr 4 1048 991 507 0.12 793 927 991 1048 1113 433 1661 5000 4485 2326 2.3 9.1 32.8 20.23 21.5 3.60
6 A16ble6 03-avr 4 1045 997 510 0.13 792 924 997 1073 1135 504 1375 5727 3471 1908 2.3 5.9 39.5 22 13.4 6.69
7 A16ble 7 03-avr 4 1041 996 507 0.15 790 923 996 1080 1152 471 1573 5340 3388 1212 2.3 6.7 35.4 23.8 8.3 5.28
8 A16ble9 03-avr 4 1043 1095 482 0.25 797 934 1011 1095 1160 995 2312 8036 7134 3452 2.5 7 33.8 21.3 12.6 4.83
9 A16ble1 04/04/2006 4 1047 1011 461 0.23 798 953 1011 1086 1163 909 2457 3978 3626 1495 4.4 17.4 22.8 20.8 9.5 1.31
10 A16ble2 04/04/2006 5 1098 1098 567 0.48 803 974 1047 1098 1154 1109 5163 6487 7779 3900 2.4 15 12 18.5 13.7 0.80
11 A16bl1 07/04/2006 4 1047 998 454 0.47 794 929 998 1086 1166 710 1314 5118 4015 1539 2.9 6 30.3 23.7 10.1 5.05
12 A16bl2 07/04/2006 5 1097 1097 563 0.39 801 950 1018 1099 1169 881 2630 5650 6946 2495 2.4 10.1 22.9 25 9.6 2.27
13 A16bl3 07/04/2006 5 1099 1099 570 0.52 803 960 1021 1097 1154 928 2408 4301 5885 2988 2.5 10 18 18.1 13.8 1.80
14 A16bl5 07/04/2006 4 1052 1096 461 0.38 799 944 1009 1096 1186 842 2104 5159 6175 1226 2.6 8.3 22.9 30.4 6 2.76
15 A16bl6 07/04/2006 4 1042 1037 450 0.14 782 913 964 1037 1122 236 443 1631 2910 1084 2.6 3.3 18.4 42.3 17.5 5.58
16 A16bl7 07/04/2006 4 1046 1000 461 0.3 796 937 1000 1088 1165 452 1256 3293 3171 1175 2.6 8.6 24 25.5 10.7 2.79
17 A16bl8 07/04/2006 4 1043 998 454 0.35 795 930 998 1086 1167 571 1195 4169 3719 892 2.5 6 28.4 28.2 5 4.73
18 A16bl9 07/04/2006 4 1047 1003 454 0.3 797 935 1003 1084 1155 510 1370 4324 3578 1350 2.1 7.2 29.6 24.5 10.3 4.11
19 A16LY2 07/04/2006 4 1044 985 450 0.15 788 945 985 1041 1113 161 983 1195 2403 1038 1.6 14.1 13.1 35.7 21.2 0.93
20 A16LY3 07/04/2006 2 1112 1112 578 0.62 800 966 1055 1114 1158 862 3064 6065 6896 2648 2.2 9.9 23.1 17.5 8.3 2.33
21 A16LY5 07/04/2006 2 1111 1111 581 0.74 800 965 1059 1113 1152 864 2945 6126 7139 3400 2 9 21.5 16 10.2 2.39
22 A16LY6 07/04/2006 4 1045 1107 584 0.31 794 943 1004 1107 1171 285 1393 2837 3134 370 1.4 11 23.5 25 1.9 2.14
23 A16J1 03/04/2006 4 1040 991 461 0.1 792 933 991 1046 1136 495 1481 3843 4558 1362 3 10 25.3 21.9 13.1 2.53
24 A16J2 03/04/2006 2 1110 1110 599 0.33 793 969 1052 1109 1152 787 3897 5976 9571 2410 1.8 12.7 14.2 23.2 7.3 1.12
25 A16J3 03/04/2006 4 1041 999 507 0.14 790 946 999 1079 1142 495 2359 5803 3364 1450 2.1 9.7 28.3 20.4 9.7 2.92
26 A16O3 03/04/2006 4 1036 994 525 0.1 785 932 994 1073 1140 354 1766 4329 2621 1139 2.3 12.1 32.3 22 10.6 2.67
27 A16R1 04/04/2006 4 1041 996 464 0.2 793 923 996 1099 1148 504 995 4733 2053 1393 3.3 5.4 39.6 9.6 9.8 7.33
28 A16R2 04/04/2006 4 1041 998 461 0.19 807 935 998 1054 1145 230 714 2254 2282 633 2.3 8.3 32.4 23.5 11.4 3.90
29 A16R1 03/04/2006 4 1045 986 464 0.15 794 925 986 1047 1123 520 1456 3896 4097 1907 2.4 6.8 24 30 13.8 3.53
30 A16bla2 03/04/2006 4 1047 1094 503 0.34 799 957 1019 1094 1152 402 1621 2722 2739 1419 2.3 13.9 21 18.5 13.7 1.51
Suite Rose
AQ2/
nom date type ν max ν max ≠ δmax Ip nuQ0 nuQ1 nuQ2 nuQ3 nuQ4 IQ0 IQ1 IQ2 IQ3 IQ4 AQ0 AQ1 AQ2 AQ3 AQ4
AQ1
31 A15bl1 07/04/2006 5 1104 1104 563 0.49 804 948 1015 1101 1150 646 1609 3488 3814 2075 2.7 9 21.2 15.6 12.6 2.36
32 15b2 03/04/2006 4 1044 976 528 0.16 788 916 976 1041 1116 282 825 2230 2487 949 3.5 7.1 27.1 30.1 13.8 3.82
33 15V1 03/04/2006 4 1045 1006 507 0.34 788 935 1006 1092 1133 355 1391 3693 2008 1254 2.5 9.4 30.2 13.4 11.4 3.21
34 15V2 03/04/2006 4 1048 1013 577 0.41 794 939 1013 1096 1134 155 501 1344 835 603 2.1 9 29.5 13 13.5 3.28
35 15V4 03/04/2006 5 1104 1104 592 0.62 796 972 1048 1104 1126 458 2645 3246 2879 2478 1.7 17.7 13.5 11 16.4 0.76
36 15D2 03/04/2006 4 1044 1023 577 0.37 795 953 1023 1099 1161 127 585 1058 957 312 2 14.5 28 20 6 1.93
37 A9BL3 07/04/2006 4 1047 996 450 0.27 794 937 996 1060 1134 356 1052 2465 2191 931 2 8.8 24.2 25.8 12.2 2.75
38 A9BL4 07/04/2006 4 1045 998 461 0.19 803 927 998 1092 1145 219 684 2897 1064 728 2.2 5.8 38.6 10.2 10.8 6.66
39 A9BL5 07/04/2006 4 1043 998 457 0.18 792 924 998 1074 1145 749 1343 6658 4078 1890 3 5 38.1 21.8 10.9 7.62
40 A9V2 07/04/2006 5 1110 1110 567 0.45 805 962 1019 1101 1170 314 960 1189 2540 902 2.6 11.6 10.5 27 12.1 0.91
41 A9JA1 07/04/2006 4 1048 1009 447 0.38 801 941 1009 1095 1168 385 951 2319 2028 627 2.8 9.4 25.2 22.6 7.7 2.68
42 A9J1 07/04/2006 4 1047 1001 454 0.24 795 947 1001 1050 1129 361 1064 2081 2384 879 3.5 14.5 23.2 18.5 13.8 1.60
43 A9J3 07/04/2006 4 1049 1001 461 0.28 796 930 1001 1092 1141 266 648 2494 1309 898 2 6 33.3 13 13.4 5.55
44 A9J4 07/04/2006 4 1053 1003 450 0.31 799 931 1003 1100 1177 603 1123 3830 3017 1036 3.3 6.6 29.5 21.7 8.8 4.47
45 I3JA2 07/04/2006 4 1049 999 450 0.24 792 930 996 1095 1147 457 1187 3966 1876 1076 2.6 7.6 31.4 10.7 8.5 4.13
46 I3V3 04/04/2006 4 1042 999 457 0.28 797 941 999 1051 1139 511 1772 3693 4229 1435 2.6 11.7 23.1 20.7 12.7 1.97
47 I2Ble1 04/04/2006 4 1050 984 457 0.43 799 926 984 1048 1122 252 483 1311 1818 994 2.3 4.3 14.6 22.8 13.8 3.40
48 A14ble1 04/04/2006 4 1049 987 461 0.21 792 923 987 1075 1144 580 1481 4716 3354 1337 3.3 6.5 27.3 21.9 10 4.20
49 H1ble1 04/04/2006 4 1053 1023 581 0.38 798 957 1023 1104 1137 623 2631 3994 3486 3047 2 14 20.4 12.2 17.7 1.46
50 H1Ble2 04/04/2006 4 1048 1013 514 0.32 800 949 1013 1094 1144 596 2218 4456 3488 2335 2.3 11.9 23.3 14.8 16.1 1.96
INTERIEUR (Chœur)
AQ2/ AQ2/
Nom date type ν max ν max ≠ δmax Ip nuQ0 nuQ1 nuQ2 nuQ3 nuQ4 IQ0 IQ1 IQ2 IQ3 IQ4 AQ0 AQ1 AQ2 AQ3 AQ4
AQ1 AQ3
1 I90bl3 06/04/2006 4 1041 999 457 0.20 798 961 999 1088 1136 281 1872 1742 1036 765 3.6 17.2 11.4 9.6 11.1 0.66 1.19
2 G84v2 05/04/2006 1 1113 1113 570 0.83 803 965 1058 1113 1159 1190 3354 7591 12929 4933 1.7 5.6 16.1 20.5 9.5 2.88 0.79
3 G84bl1 05/04/2006 4 1046 995 457 0.17 806 929 995 1086 1166 451 1118 3757 1947 688 3.5 7.6 35.2 18.2 4.9 4.63 1.93
4 G84bl4 05/04/2006 4 1048 991 528 0.21 798 925 962 1038 1114 380 1387 2057 4639 1594 3.9 7.4 9.3 38.7 17 1.26 0.24
5 G84bl6 05/04/2006 4 1041 985 479 0.21 806 936 985 1041 1124 352 1812 2836 4902 1611 3.3 11.4 15.9 35.5 16.7 1.39 0.45
6 G87v1 05/04/2006 1 1098 1098 570 0.85 799 974 1038 1096 1160 1818 5400 6297 11343 4855 3.1 7.6 8.7 19.2 9.9 1.14 0.45
7 G87bl3 05/04/2006 1 1098 1098 592 0.22 794 974 1038 1097 1164 1161 3979 4254 5878 2782 6 12 13.6 26.7 14 1.13 0.51
8 G87bl5 05/04/2006 3 968 968 620 0.35 784 967 1028 1089 1144 257 2321 1183 1656 454 4 20.2 11.7 23.3 8 0.58 0.50
9 G87bl6 05/04/2006 3 968 968 623 0.44 781 967 1033 1099 1144 357 2724 2002 1712 692 3.6 14.5 21.7 14.4 8.3 1.50 1.51
10 G87bl7 05/04/2006 1 1108 1108 570 0.31 796 971 1039 1101 1148 1962 4997 5728 11582 6205 4.9 8 9.7 27.3 20.9 1.21 0.36
11 G87bl8 05/04/2006 3 1098 1098 616 0.24 788 967 1037 1089 1127 188 1700 981 1221 934 3.5 23.7 9.4 19.1 21.4 0.40 0.49
12 G88bl1 05/04/2006 1 1110 1110 574 0.29 801 970 1050 1105 1146 452 1280 2065 3317 1930 3.6 11.35 16.6 22.1 20.3 1.46 0.75
13 G93palme 26/10/2005 3 1087 1087 606 0.32 792 958 1028 1093 1161 253 2782 1440 2960 436 3.5 21.7 11 34.1 3.3 0.51 0.32
14 G93ble2 25/10/2005 3 1097 1097 613 0.29 785 960 1036 1092 1126 257 2376 1668 1669 1249 2.5 20.7 15.7 15 20.2 0.76 1.05
15 G93ble3 25/10/2005 3 1092 1092 606 0.29 785 961 1034 1090 1134 372 2986 1933 2595 1320 3.4 22.1 11.5 21.3 16.5 0.52 0.54
16 LG93ble2 25/10/2005 3 1100 1100 599 0.30 788 962 1035 1090 1132 644 2582 1843 2009 1419 7.8 17.4 12.7 15.5 17.9 0.73 0.82
17 G93car3 26/10/2005 3 1098 1098 616 0.26 771 962 1038 1093 1127 298 962 1038 1093 1127 5 18.6 16.4 12.7 20.3 0.88 1.29
18 G97ROU2 25/10/2005 1 1099 1099 563 0.26 800 972 1044 1093 1132 456 539 704 963 776 14.1 15.3 10.5 13.3 24.5 0.69 0.79
19 G97ble1 25/10/2005 1 1099 1099 563 0.17 799 968 1031 1092 1160 2631 4259 3920 8161 3610 11.3 9.3 7.6 28.7 17 0.82 0.26
20 G97ble2 25/10/2005 1 1096 1096 563 0.22 798 968 1035 1098 1159 3415 5523 6507 15663 4793 9.5 10 11.5 36 9.6 1.15 0.32
21 G97v1 06/04/2006 4 1041 976 461 0.23 791 936 976 1038 1111 561 2352 2910 6520 2134 3.2 12.4 10.3 35.7 16.6 0.83 0.29
22 G92pid1 26/110/05 3 954 954 613 0.28 792 960 1030 1082 1111 257 4086 2108 2163 1271 1.8 28.4 13.1 17.1 15.5 0.46 0.77
23 G92vert 26/10/2005 3 959 959 609 0.31 788 962 1031 1088 1158 305 1774 921 1239 333 7.3 21.5 11.8 22.8 4.9 0.55 0.52
24 G95bleu 26/10/2005 3 957 957 609 0.29 789 961 1030 1085 1130 169 2331 1209 1648 729 2.6 23.7 10.7 22 14.1 0.45 0.49
25 H93B2 04/04/2006 4 1037 980 489 0.13 789 925 980 1074 1149 425 1306 3264 2149 860 5.2 7.6 24.6 22.9 10.2 3.24 1.07
26 G86b1 05/04/2006 4 1042 999 464 0.26 787 932 999 1073 1122 210 841 2989 1168 844 1.6 6.4 29.4 9.1 10.78 4.59 3.23
27 G86b2 05/04/2006 4 1044 1000 457 0.21 787 934 996 1044 1118 207 1613 3197 4517 1196 1.3 12.7 16.5 28.3 13.5 1.30 0.58
Annexe 11 : Verres émaillés du Musée National de la Céramique de Sèvres
Venise
« Façon de Venise »
MNC 1228, petit vase, Egypte, MNC 8804, Confiturier, MNC 27401, Verre à jambe,
VI-V av. J.-C., pate de verre, Orléans, XVIIIe s., Grenion Liège ?, 1666, Inscription gravée
H > 10 cm Bequest, diam. = 14,5 cm « Charles II », H = 21 cm
MNC 8475, Coupe Gravé MNC 3682, fragment de R1475, Verre à anse, Italie,
IHS, Barcelone, vers 1500, bouteille, Romain, XIXe s., Coll. S. de R.,
Baron Davillier Bequest, Ve s. ap. J.-C., H > 8cm H = 8 cm
diam. = 8,5 cm
MNC 4313, Soucoupe lattimo, D131, Gourde plate, France MNC VASE, Orléans ou
Venise, XVII-XVIIIe s., ou Espagne, XVIIIe s., Nevers, XVIIIe s.,
diam. = 12 cm L = 12 cm H = 20 cm
Signature
Couleur Pigments Objets Période Origine
Raman
635, 775 R 1476 ~ 1500 Venise
cassitérite
635, 775 MNC2793 ~ 1500 Venise
~ 480, 628 MNC 1228 VI-V av. J.C. Egypte
477, 628 MNC 3682 V ap. J.-C.
Ca-antimoine 477, 628 MNC 5265 XVI-XVIIe s. Venise
BLANC Début
480, 635 MNC 14971 B. Perrot
XVIIIe s.
Ca/Pb-
825 MNC 4313 XVIIIe s. Venise
arsenate ?
α- 587, ~ 985 MNC 1228 VI-V av. J.C. Egypte
wollastonite
Ca-phosphate 965 MNC VASE XVIIIe s. Orléans/Nevers
225, 290, 1315 MAM1 XIII-XVIe s. Mamluk
220, 295, 410,
ROUGE hématite R1476 ~ 1500 Venise
495, 610, 1310
220, 285, 400,
MNC VASE XVIIIe s. Orléans/Nevers
490, 625, 1300
Co-silicate 820 MNC VASE XVIIIe s. Orléans/Nevers
BLEU
Ions CrO4 838 R 1475 XIXe s. tardif Italie
CaSb2O6 / 130, 205, 310,
R1476 ~ 1500 Venise
Pb stannate 510, 650
131, 327,
MNC 1228 VI-V av. J.C. Egypte
451, 505
135-140, 330 R 1476 ~ 1500 Venise
JAUNE Bindheimite
130, 340, 510 MNC 28009 XVIe s. Venise
(Jaune de
Naples) 136, 325, 510 MNC 8475 XVIe s. Espagne
130, 345, 510 MNC 27961 XVI-XVIIe s. Hollande
135, 335, 510 MNC VASE XVIIIe s. Orléans/Nevers
Un verre calco-sodique (verre Saint-Just) fabriqué par Saint-Gobain a été placé dans un
four pendant 3 jours à température constante à 900°C. Une photo sous microscope (obj x50) et
un spectre Raman a été réalisé avant et après le traitement thermique.