explication allégorie caverne

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 5

Cours de philosophie/ M.

Mohandi L’allégorie de la caverne de Platon

Explication de l’allégorie de la caverne de Platon

Introduction. Présentation du texte


Dans son dialogue La République, Platon réfléchit à la question de la justice
humaine. Dans le livre VII il propose une allégorie, c’est-à-dire une représentation
imagée pour faire comprendre plus facilement ce qu’est la connaissance humaine.
Parfois, quand une doctrine est difficile et abstraite, on recourt à des images qui
symbolisent, qui représente plus facilement ce que l’on veut dire.
Chaque élément de l’allégorie a un sens, qu’il faudra mettre en lumière

I. Le récit fait par Platon

1. La situation initiale
Des hommes sont enchaînés, ne pouvant se déplacer ni s’entretenir entre eux,
dans une caverne dont l’ouverture est derrière eux.
Si bien qu’ils ne peuvent contempler que des ombres qui défilent sur la paroi au
fond de la caverne.
Ces ombres sont formées par l’éclairage d’objets et de personnes qui sont derrière
eux, dépassant un petit mur.
Derrière il y a un feu qui les éclaire.
Socrate précise que ces hommes dont les jambes et le cou sont pris dans des
chaînes sont “semblables à nous”, c’est-à-dire à des hommes ordinaires vivant
soit-disant librement en société. Il ajoute que s’ils pouvaient communiquer entre
eux, ils discuteraient des ombres projetées qu’ils prendraient pour la réalité même.
Ces hommes sont donc victimes d’illusions puisqu’ils considèrent que ce qu’ils
perçoivent correspond à la réalité alors que ce ne sont que des simulacres, des
images de la réalité (des ombres).

2. La situation du prisonnier libéré


Platon demande d’imaginer que l’un de ces prisonniers soit délivré de ses chaînes
et qu’il puisse sortir hors de la caverne. Alors, il passera de l’obscurité à la pleine
1
Cours de philosophie/ M. Mohandi L’allégorie de la caverne de Platon

et entière lumière extérieure. Platon insiste sur le caractère difficile de la remontée


sur la pente et la douleur pour les yeux que représente la vue de la lumière du
Soleil.
Ce prisonnier va considérer que ce qu’il voit à présent est moins réel que ce qu’il
contemplait dans la caverne. Etrangement il prenait réels ce qui n’était qu’une
apparence trompeuse (les ombres) et il prend pour irréel ce qui est pourtant la
nature. Sa connaissance est donc inversée et complètement erronée.
Naturellement le prisonnier préférerait retourner dans la caverne, là où il avait
l’habitude de regarder des images, car la montée sur la pente et la vue frontale de
la lumière le font souffrir. Une fois dehors il serait même ébloui, incapable de rien
reconnaître de la réalité authentique.

3. Le séjour hors de la caverne


Craignant la douleur de regarder directement le Soleil, l’affranchi va d’abord voir
des ombres, des reflets dans l’eau et toute sorte d’images.
Une fois accoutumé à ce spectacle il pourra entreprendre d’observer les objets
eux-mêmes, qui sont les modèles des images.
Puis, son cheminement aboutir à la contemplation des astres et du Soleil lui-
même.
Il y a donc trois types de réalités qu’il peut voir, qui correspondent aux trois types
de réalités dans la caverne (les ombres, les objets au-dessus du mur et le feu). Il y
a ainsi une analogie entre la situation dans la caverne et la situation dans la réalité
extérieure et authentique.

4. Le retour dans la caverne est-il possible ?


Platon demande d’imaginer ce qu’il adviendrait de cet ancien prisonnier s’il
redescendait séjourner auprès de ses anciens compagnons de captivité.
Alors qu’il avait pris l’habitude de percevoir la réalité extérieure authentique,
celle qui est éclairée par le Soleil, voilà qu’il devrait redescendre et faire le chemin
inverse, tout aussi douloureux et pénible, de la lumière vers l’obscurité.
Evidemment, fort de la connaissance de la vérité (il a vu la réalité authentique) il
va considérer les prisonniers comme des victimes d’illusions.
Lui seul aura conscience que la caverne n’est pas le lieu de la vérité mais d’une
connaissance confuse, vague, changeante, celle des ombres sur la paroi.

2
Cours de philosophie/ M. Mohandi L’allégorie de la caverne de Platon

Peut-être voudra-t-il convaincre les prisonniers qu’il a contemplé la vérité alors


qu’eux sont condamnés à séjourner dans l’erreur et l’illusion.
Autant dire qu’il sera mal accueilli, qu’il prêtera à rire comme on rit devant un
fou, voire qu’il sera tué.

II. Les interprétations de l’allégorie

1. Rappel de ce qu’est une interprétation


Interpréter c’est donner à voir, révéler la signification non évidente d’un texte ou
d’une parole. Quand un signe (comme un signal de la main ou le code de la route)
n’a qu’un seul sens et qu’il est sans ambiguïté, il n’y a pas besoin de l’interpréter.
L’allégorie est une suite d’images ainsi que le récit d’une histoire. Il faut chercher
ce que Platon veut dire de théorique et de philosophique à travers ces images.

2. La question de la connaissance
Selon Platon il existe différents types de connaissances et il y a une hiérarchie
entre les connaissances faibles et vagues et la connaissance de la vérité absolue.
Plus exactement la valeur de notre connaissance dépend de la valeur de l’objet
que l’on connaît.
Il existe deux grands types de réalités qui produisent deux grands types de
connaissances.
Dans la caverne, les prisonniers sont dans la réalité sensible, dans le « monde
sensible ». il est sensible parce qu’on y accède, on le connaît d’abord par la
sensation et la sensibilité. Les prisonniers n’ont que la vue pour connaître et ils se
fient à ce qu’ils voient pour avoir des connaissances.
Du coup le plus bas degré (niveau) de notre connaissance est la vue d’ombres,
c’est-à-dire d’images vagues. Cela correspond à une connaissance par croyance et
imagination.
Ensuite la connaissance peut passer au stade la perception par tous les sens, on
ne voit plus des ombres mais des objets, notre savoir est plus solide. Ce sont nos
sensations physiques qui nous informent et nous guident. Cela correspond aux
objets et aux personnes au-dessus du mur.
Enfin, dans ce monde sensible, on pourra voir le feu qui scintille : c’est la
connaissance par opinion, quand on se fait un point de vue sur les choses.
3
Cours de philosophie/ M. Mohandi L’allégorie de la caverne de Platon

On a donc trois degrés du savoir : croyance, perception et opinion


On trois sources du savoir : les images, les objets et leur source d’éclairage.

Une fois sorti de la caverne (le monde sensible), le prisonnier accède à la réalité
authentique (le monde intelligible). Le terme intelligible signifie qu’il peut être
compris et connu par l’esprit, par l’intelligence.
De la même façon, on commence par des reflets et des images, qui correspondent
à la connaissance scientifique de la nature (physique, biologie)
Ensuite on accède à la connaissance des objets, de leur structure, grâce aux
mathématiques, à la géométrie (les sciences exactes et rationnelles).
Enfin, celui qui a le désir du savoir et de la vérité, peu se hisser à la connaissance
la plus haute, celle du Soleil, qui correspond à la source de toutes les vérités, qui
est chez Platon l’Idée du Bien. La connaissance des principes les plus hauts, qui
expliquent tout le reste est propre à la philosophie.

3 Le monde sensible et le monde intelligible


Cela ne dit pas qu’il y a deux mondes physiques qui sont parallèles.
Platon part du constant que par notre corps nous et nos sens nous nous faisons
une image des choses puis notre esprit se fait des idées de ce que l’on perçoit.
Mais ces choses bougent, se transforment, évoluent sans arrêt.
Avec nos sensations on ne peut avoir une connaissance stable des choses, qui sont
toujours en mouvement. On ne peut avoir qu’une opinion vague et changeante.
Par exemple si je veux connaître ce qu’est un chien, en me fiant aux chiens que je
vois, j’ai une connaissance très variable et éclatée car je ne vois que des apparences
différentes.
Mais mon esprit a besoin de connaître le concept, l’idée générale du chien et non
pas seulement les apparences de tel ou tel chien.
Pour cela je dois dépasser ma connaissance sensible vers une connaissance
intellectuelle, vers l’Idée ou le concept.
En quelque sorte il existe donc le monde sensible de tous les chiens différents et
le monde intelligible du concept de chien.
Le monde sensible n’est qu’une imitation, une copie du monde intelligible qui
contient tous les modèles et les Idées que les choses concrètent imitent.

4
Cours de philosophie/ M. Mohandi L’allégorie de la caverne de Platon

4. Le statut du philosophe et la justice


Le philosophe est défini par son désir de sagesse et de connaissance. Son objet de
désir profond est la vérité.
Dans la caverne il n’y a pas de philosophe, il y a des hommes ordinaires qui ne
croient que des opinions, des avis vagues sur toute chose.
Ce qui est grave ce n’est pas d’avoir une opinion c’est de se persuader que cette
simple opinion est une vérité absolue : là on est victime d’illusion.
Les gens entre eux échangent des croyances et des opinions mais ne s’intéressent
pas la vérité.
Seul celui qui sort de la caverne des opinions peut prendre conscience que ce qu’il
croyait savoir n’est qu’une apparence trompeuse. C’est en prenant conscience de
notre ignorance que l’on peut commencer à philosopher pour changer et désirer
la vérité.
L’allégorie met en scène la situation qu’a subie le maître de Platon, Socrate,
considéré comme le père de la philosophie occidentale : il fut condamné à mort
pour avoir remis en question des dogmes religieux et sociaux.
Le philosophe doit se préparer à ne pas être compris et même à être rejeté de la
foule qui aime les opinions toutes faites. Il paraît pédant, supérieur et il parle de
choses que personne n’a vues (les Idées, les concepts, le monde intelligible).
Il n’y a donc pas de place pour la véritable connaissance dans la vie sociale qui
adore les opinions et les croyances.

Vous aimerez peut-être aussi