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Lundi 11 mars 2024 Lycée Stanislas - MP - 2023-2024

Enseignant : M. Basbois

SIGMA DE MATHÉMATIQUES no 2A

Sujet A

Durée : 3 heures.
Il est interdit de sortir de l’épreuve avant la fin des 3h.
Aucun document n’est autorisé. Mais Les calculatrices sont autorisées.
Une réponse doit être justifiée pour être valable. On tiendra compte de la qualité de la rédaction et de
la présentation.
Si le candidat repère ce qui lui semble être une erreur d’énoncé, il le signale sur sa copie et poursuit
sa composition en expliquant les raisons des initiatives qu’il a été amené à prendre.

Ce sujet tient sur 4 pages.

Inégalités de Bernstein
Le but de ce problème est d’étudier les inégalités dites de Bernstein dans deux cadres différents.
La première partie s’intéresse à la démonstration de l’inégalité de Bernstein pour les polynômes.
La deuxième partie introduit la notion de transformée de Fourier et permet d’établir une inégalité de
Bernstein pour des fonctions dont la transformée de Fourier vérifie certaines propriétés.
Les deux parties de ce sujet sont complètement indépendantes et peuvent être traitées dans l’ordre
désiré.

I. Inégalité polynomiale de Bernstein et applications


Dans cette partie,
• si n ∈ N, on note Cn [X] le C-espace vectoriel des polynômes à coefficients complexes de degré inférieur
ou égal à n ;
• si n ∈ N∗ , on note Sn le C-espace vectoriel des fonctions f : R → C vérifiant
n
X
∃ (a0 , . . . , an ) ∈ Cn+1 , ∃ (b1 , . . . , bn ) ∈ Cn , ∀t ∈ R, f (t) = a0 + (ak cos(kt) + bk sin(kt)) .
k=1
On remarque que les éléments de Sn sont des fonctions bornées ;
• si I est un intervalle non vide de R et si f est une fonction bornée de I dans C, on note
kf kL∞ (I) = sup |f (x)|.
x∈I

On admet que f 7→ kf kL∞ (I) définit une norme sur le C-espace vectoriel des fonctions bornées de I
dans C.

I.A - Polynômes de Tchebychev.


On définit la suite de polynômes (Tn )n∈N par T0 = 1, T1 = X et ∀n ∈ N, Tn+2 = 2XTn+1 − Tn .
1. Pour tout n dans N, déterminer le degré de Tn , puis montrer que (Tk )06k6n est une base de Cn [X].
2. Montrer que, pour tous n ∈ N et θ ∈ R, Tn (cos θ) = cos(nθ).

1
3. En déduire que, pour tous n ∈ N et P ∈ Cn [X], la fonction de R dans C, θ 7→ P (cos θ) est dans Sn .
4. Pour n ∈ N, calculer kTn kL∞ ([−1,1]) .
5. Montrer que, pour tout n ∈ N, kTn0 kL∞ ([−1,1)) = n2 .
On pourra commencer par établir que, pour tous n ∈ N et θ ∈ R, | sin(nθ)| 6 n| sin θ|.

I.B - Inégalité de Bernstein.


Soit n un entier naturel non nul.
6. Soit A ∈ C2n [X], scindé à racines simples, et (α1 , . . . , α2n ) ses racines. Montrer que
2n
X A(X)
∀B ∈ C2n−1 [X], B(X) = B (αk ) . (I.1)
(X − αk ) A0 (αk )
k=1

Soit P dans C2n [X], et, pour tout λ ∈ C, Pλ (X) = P (λX) − P (λ).
7. Si λ ∈ C, vérifier que X − 1 divise Pλ .
Pour tout λ dans C, on note Qλ le quotient de Pλ par X − 1 :
P (λX) − P (λ)
Qλ (X) = ∈ C2n−1 [X]
X −1
8. Montrer que, pour tout λ dans C, Qλ (1) = λP 0 (λ).
π kπ
On considère le polynôme R(X) = X 2n + 1. Pour k dans [[1, 2n]], on note ϕk = 2n + n et ωk = eiϕk .
9. Montrer que
2n
Y
R(X) = (X − ωk ) .
k=1

10. À l’aide de la formule (I.1), montrer que


2n
1 X P (λωk ) − P (λ) X 2n + 1
∀λ ∈ C, Qλ (X) = − ωk
2n ωk − 1 X − ωk
k=1

puis en déduire que


2n 2n
0 1 X 2ωk P (λ) X 2ωk
∀λ ∈ C, λP (λ) = P (λωk ) − . (I.2)
2n
k=1
(1 − ωk )2 2n (1 − ωk )2 k=1

11. Montrer que


2n
1 X 2ωk
∀λ ∈ C, λP 0 (λ) = P (λωk ) + nP (λ).
2n
k=1
(1 − ωk )2
On pourra appliquer l’égalité (I.2) au polynôme X 2n .
Soit maintenant f dans Sn .
12. Montrer qu’il existe U ∈ C2n [X] tel que, pour tout θ ∈ R, f (θ) = e− i nθ U eiθ .


2ωk −1
13. Vérifier que, pour tout k ∈ [[1, 2n]], (1−ω )2
= 2 sin(ϕk /2)2
et déduire des questions 11 et 12 que
k

2n
1 X (−1)k
∀θ ∈ R, f 0 (θ) = f (θ + ϕk ) . (I.3)
2n
k=1
2 sin (ϕk /2)2

14. En déduire que


∀θ ∈ R, f 0 (θ) 6 nkf kL∞ (R) (I.4)

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II Inégalités de Bernstein et transformée de Fourier
Dans cette partie,
• pour k ∈ N, on dit qu’une fonction f de R dans C est de classe C k si elle est k fois dérivable sur R,
de dérivée k-ième continue sur R (si k = 0, f est continue) ; on dit que f est C ∞ si f est C k pour tout
k ∈ N. On note C k (R) (respectivement C ∞ (R)) l’ensemble des fonctions de classe C k (respectivement
C ∞ ) sur R ;
• on note L1 (R) l’ensemble des fonctions de R dans C continues et intégrables sur R ;
Z +∞
• pour f ∈ L1 (R), on note kf k1 = |f (t)| dt ;
−∞
• on note L∞ (R) l’ensemble des fonctions de R dans C continues et bornées sur R ;
• pour f ∈ L∞ (R), on note kf k∞ = sup |f (x)|.
x∈R
On admet que L1 (R), L∞ (R) et C k (R) (k ∈ N) sont des sous-espaces vectoriels de CR . On admet
également que f 7→ kf k1 définit une norme sur L1 (R) et que f 7→ kf k∞ définit une norme sur L∞ (R).
On dispose ainsi des espaces vectoriels normés L1 (R), k · k1 et (L∞ (R), k · k∞ ).


II.A - Transformée de Fourier d’une fonction.


Soit f ∈ L1 (R). On appelle transformée de Fourier de f et on note fˆ la fonction de R dans C telle que
Z +∞
ˆ
∀ξ ∈ R, f (ξ) = f (x)e−ixξ dx.
−∞

15. Montrer que, pour toute fonction f ∈ fˆ est définie et continue sur R.
L1 (R),
16. Montrer que l’application f 7→ fˆ est une application linéaire continue de l’espace vectoriel normé
L1 (R), k · k1 dans l’espace vectoriel normé (L∞ (R), k · k∞ ).


17. Soit f ∈ L1 (R), λ ∈ R∗+ et soit g la fonction de R dans C telle que g(x) = f (λx) pour tout x.
Montrer que g ∈ L1 (R) et, pour tout réel ξ, exprimer ĝ(ξ) à l’aide de fˆ, de ξ et de λ.

II.B - Produit de convolution.


Si f et g sont deux fonctions continues de R dans C telles que, pour tout x ∈ R, la fonction t 7→
f (t)g(x − t) soit intégrable sur R, on appelle produit de convolution de f et g, et on note f ∗ g, la
fonction de R dans C telle que
Z +∞
∀x ∈ R, (f ∗ g)(x) = f (t)g(x − t)dt.
−∞

On suppose désormais et jusqu’à la fin de la sous-partie II.B que f ∈ L1 (R) et g ∈ L∞ (R).


18. Montrer que f ∗ g est définie sur R et que
Z +∞
∀x ∈ R, (f ∗ g)(x) = f (x − t)g(t)dt = (g ∗ f )(x)
−∞

19. Montrer que f ∗ g est bornée et que kf ∗ gk∞ 6 kf k1 kgk∞ .


20. Soit k ∈ N. Montrer que, si g est de classe C k et si les fonctions g (j) sont bornées pour j ∈ [[0, k]],
alors f ∗ g est de classe C k et (f ∗ g)(k) = f ∗ g (k) .


21. On suppose toujours que f ∈ L1 (R) et g ∈ L∞ (R) et on suppose de plus que g ∈ L1 (R) et
f ∗ g ∈ L1 (R).
En admettant que, pour tout ξ réel,
Z +∞ Z +∞  Z +∞ Z +∞ 
−ixξ −ixξ
e f (t)g(x − t)dt dx et e f (t)g(x − t)dx dt
−∞ −∞ −∞ −∞

∗ g = fˆĝ
existent et sont égales, montrer que f[

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II. C - Introduction d’une fonction plateau.
On cherche dans cette sous-partie à construire une fonction réelle positive ρ, définie et de classe C ∞
sur R, telle que ρ(t) = 1 pour tout t ∈ [−1, 1] et ρ(t) = 0 pour tout t ∈ R\[−2, 2].

Soit ϕ la fonction définie sur R par



0 si t 6 0,
∀t ∈ R, ϕ(t) =
e−1/t sinon.
22. Montrer que ϕ est de classe C ∞ sur R.
On pourra montrer que : ∀k ∈ N, ∃Pk ∈ R[X], ∀t > 0, ϕ(k) (t) = Pk (1/t)e−1/t .
Soit ψ la fonction définie sur R par
si t ∈
/ ] − 1, 1[ ,

0
∀t ∈ R, ψ(t) = 2
e1/(t −1) sinon.
23. Montrer, en l’exprimant à l’aide de ϕ, que ψ est de classe C ∞ .
24. Soit θ l’unique primitive de ψ s’annulant en 0. Montrer que θ est de classe C ∞ , constante sur
] − ∞, −1] (on note A cette constante) et constante sur [1, +∞[ (on note B cette constante).
Vérifier que A 6= B.
25. Construire alors une fonction ρ ∈ C ∞ (R), constante égale à 1 sur [−1, 1] et constante égale à 0 sur
R\[−2, 2].
II.D -Inégalités de Bernstein.
On admet les formules suivantes, dites formules d’inversion de Fourier Z +∞ :
1
• si f ∈ L1 (R) et si fˆ ∈ L1 (R), alors, pour tout x ∈ R, f (x) = eixξ fˆ(ξ)dξ ;
2π −∞
Z +∞
1
1
• si α ∈ L (R), si a est la fonction de R dans C : x 7→ eixξ α(ξ)dξ, et si a ∈ L1 (R), alors α = â.
2π −∞
On remarque que ces résultats permettent d’affirmer que, si f et g sont deux fonctions continues telles
que f, g, fˆ et ĝ sont intégrables et si fˆ = ĝ, alors f = g.
On considère toujours la fonction ρ définie à la question 25.
Soit r la fonction de R dans C telle que, pour tout réel x,
Z +∞
1
r(x) = eixξ ρ(ξ)dξ.
2π −∞
26. Montrer que r est dérivable sur R et donner une expression de sa fonction dérivée (faisant éven-
tuellement intervenir une intégrale).
27. Montrer que x 7→ x2 r(x) est bornée sur R et en déduire que r est intégrable et bornée sur R.
On admet qu’en utilisant la même méthode, on montre que r0 est intégrable et bornée sur R.
Soit λ > 0 et soit f ∈ L1 (R) ∩ C 1 (R) telle que fˆ ∈ L1 (R) et telle que fˆ soit nulle en dehors du
segment [−λ, λ].
On note rλ la fonction de R dans C telle que rλ (x) = r(λx) pour tout réel x.
28. On admet que f ∗ rλ est intégrable. Montrer que f = λf ∗ rλ .
29. En déduire que, si f ∈ L∞ (R), il existe une constante C ∈ R?+ , indépendante de λ et de f , telle
que
f 0 ∞ 6 Cλkf k∞ .

Fin de l’énoncé

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