Les différentes opérations sur le fonds de commerce

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Les différentes opérations sur le fonds de commerce

1. La vente ou cession de fonds de commerce


La vente du Fonds de Commerce est une opération plus complexe qu'une vente
mobilière ordinaire, et même qu'une vente immobilière.
Il convenait donc d'assurer la sauvegarde des intérêts en présence : ceux des
parties contractantes, et ceux des tiers en l'occurrence les créanciers du vendeur
a) Les conditions de validités de fonds de commerce :
Pour la validité de cette vente, certaines conditions sont requises :
 Les conditions de fonds
La vente de fonds de commerce est soumise aux conditions générales de validité
des contrats et aux exigences propres au contrat de vente :
 le consentement : Les parties doivent donner leur consentement libre à la
transaction.
 l’objet : Il est essentiel de déterminer soigneusement la nature du fonds de
commerce qui constitué d’éléments matériels et immatériels
 la capacité commerciale : Les parties, et particulièrement le vendeur,
doivent avoir la capacité de conclure un acte commercial.
 la cause : La cause de la vente doit être licite et non contraire aux bonnes
mœurs ou à l’ordre public
 Les conditions de forme :
Selon l'article 81 du code de commerce, il est obligatoire de respecter plusieurs
formalités pour protéger les droits des parties et des créanciers du vendeur :
 Les exigences formelles : La rédaction de l'acte de vente doit être effectuée
par écrit, que ce soit sous forme d'acte authentique ou sous seing privé.
 Mentions Obligatoires dans l'Acte :
o Nom et adresse du vendeur et de l’acquéreur.
o Date et nature de l'acquisition précédente du fonds par le vendeur.
o Prix de cession précisant la valeur des éléments incorporels, des
marchandises et du matériel.
o L'état des inscriptions des privilèges et nantissements grevant le fonds.
o Informations sur le bail en cours (date, durée, loyer, nom et adresse du
bailleur)
Remarque :
- Lorsque l'une des mentions prescrites par la loi ne figure pas dans l'acte de
vente, l'acquéreur peut demander l'annulation du contrat si l'absence de
cette mention lui a porté préjudice.
- Lorsque les mentions figurant à l'acte sont inexactes, l'acheteur peut
demander l'annulation du contrat ou la réduction du prix si cette
inexactitude lui a porté préjudice
Dans les deux cas, l’action doit être intentée dans un délai maximum d’un an
à compter de la date de l’acte de vente
 Les conditions de publicité :
 L’objectif de la publicité :
Le vendeur considère souvent le fonds de commerce comme le seul bien de
valeur, S'il encaisse le prix de vente sans régler ses dettes, les créanciers
pourraient ne rien récupérer. Pour cela La publicité permet aux créanciers :

 D’être informés de la vente.


 D’avoir la possibilité de réclamer leurs créances en faisant opposition
au paiement du prix au vendeur

 Les étapes de la publicité :

La loi exige que la vente du fonds de commerce fasse l’objet d’une publicité
devant informer les créanciers du vendeur afin que ceux-ci puissent faire
valoir leurs droits ; elle impose plusieurs formalités pour que la publicité
soit efficace et accessible aux créanciers :
a. Dépôt de l’acte de vente :
L’acte de vente doit être déposé dans les 15 jours de sa date au secrétariat du
tribunal dans le ressort duquel le fonds est situé
b. Publication dans les journaux :
Un extrait de l’acte de vente doit être inscrit au registre du commerce et publié au
bulletin officiel (publication officielle de l’État) et dans un journal d’annonces
légales ; Cette double publication doit être renouvelée entre le 8e et le 15e jour
après la première insertion.
c. Les droits des créanciers :
La publicité est faite dans l’intérêt des créanciers du vendeur. On distingue à cet
égard deux catégories de créanciers :
 Les créanciers nantis : ceux qui bénéficient d’un nantissement inscrit sur
le fonds de commerce.
 Les créanciers chirographaires : ceux qui n’ont pas de garantie
particulière, ils sont inconnus de l’acquéreur ; Ils ont le droit de faire
opposition au paiement du prix dans les 15 jours suivant la deuxième
publication.
 Procédure d’opposition :
Les créanciers peuvent restreindre la remise du prix au vendeur de deux façons
différentes :
 Par l’envoi d’une lettre recommandée avec accusé de réception au
secrétariat greffe du tribunal où l’acte de vente a été déposé
 Par le dépôt de l’opposition au greffe contre récépissé ; c’est un dépôt direct
au tribunal
 Recours en cas de fraude ou sous-évaluation :
 Les créanciers opposants, s’ils estiment qu’une partie du prix a été
dissimulée, peuvent demander au tribunal de faire vendre le fonds de
commerce aux enchères publiques
 Surenchère du sixième : Les créanciers peuvent eux-mêmes enchérir sur le
prix initial en offrant un sixième de plus pour les éléments incorporels du
fonds.

 4. Effets de la Vente

 Obligations du vendeur :

Le vendeur est tenu à :


1. Délivrance du fonds : l’obligation de délivrance consiste à remettre
l’acquéreur les différents éléments qui composent le fonds.
2. Garanties contre l’évection : est celle en vertu de laquelle le vendeur est
tenu de respecter une obligation de non concurrence à l’égard de l’acquéreur.
3. Garantie des Vices Cachés : permet de protéger l’acheteur contre les défauts
non déclarés affectant le fonds de commerce. Elle vise à garantir une
transaction équitable et une exploitation paisible, tout en incitant le vendeur
à fournir des informations complètes et exactes.
 Obligations de l'Acquéreur :
Pour 1'acquéreur, l’obligation principale est :
Paiement du Prix et des Frais Accessoires : Le prix convenu doit être payé par
l'acheteur, ainsi que les frais annexes tels que les droits d'enregistrement, droit de
timbre des actes et les frais de publication légale.
Maintien des Contrats de Travail : l’acheteur Il est également tenu de continuer
les contrats de travail du personnel employé.
2. L’apport d’un fonds de commerce :
 Nature de l'Apport en Société
L'apport en société du fonds de commerce ressemble beaucoup à celui de la
vente. En effet, dans les deux cas la propriété du fonds est transmise à titre
onéreux.
Toutefois une différence persiste entre les deux opérations. Elle concerne le
mode de paiement. En effet, l'équivalent fourni à l'apporteur n'est pas ici une
somme d'argent, mais des parts sociales ou des actions.
 Cette différence entraîne quelques modifications dans la situation des
créanciers.

 La publicité légale :
Cette opération doit faire l’objet d’une publicité dans un journal d’annonces
légales et au bulletin officiel.
En effet dans les 15 jours de la dernière publication, les créanciers de l’apporteur
doivent faire au greffe du tribunal de première instance (T.P.I) une déclaration
indiquant leur qualité de créancier et la somme qui leur est due (conformément à
l’article 104 du Code de Commerce).

 Procédure de déclaration de créances :


En contrepartie de son apport en société, le propriétaire du fonds perçoit une part
du capital, sous forme de parts sociales ou d’actions par exemple, qui ne peut en
principe faire l’objet ni d’une opposition de la part de ses créanciers comme s’il
s’agissait du prix payé en espèce, ni d’une procédure de surenchère du sixième.
En prenant en considération cette situation, le législateur a institué une
procédure spéciale en vue d’assurer la protection des intérêts des créanciers de
l’apporteur appelée « procédure de déclaration de créances »
 La déclaration des créanciers de l’apporteur met la société en demeure,
soit de prendre à sa charge ce passif, soit renoncer à l’apport envisagé
 L’option des associés :
Dans un délai de 30 jours Les associés peuvent accepter ou refuser la reprise du
passif déclaré.
L’article 105 de code de commerce prévoit deux hypothèses :
- soit en annulation de la société : dans ce cas, il faut entendre que la société
est dans le stade de sa constitution, auquel cas elle ne peut être valablement
constituée faute d’apport et le juge doit en prononcer l’annulation ;
- soit en annulation de l’apport : dans ce cas, la société est supposée déjà
constituée et continuera d’exister en dépit de l’annulation de l’apport par le juge.
Ou bien, à défaut de cette demande en annulation, ou alors tout en étant faite,
l’annulation n’a pas été prononcée par le juge (la société est tenue solidairement
avec l’apporteur du FC des dettes qui ont été déclarées).
3. Nantissement du fonds de commerce
Le nantissement est un contrat par lequel le propriétaire du fonds de commerce
le donne en garantie de l’exécution d’une obligation (généralement un prêt ou
une dette) sans perdre la possession ou l’exploitation du fonds.
Si l'acte qui le constitue ne désigne pas expressément les éléments compris dans
le nantissement il porte automatiquement sur les éléments incorporels suivants :
 Nom commercial,
 Enseigne,
 Droit au bail,
 Clientèle,
 Achalandage
a- Conditions de formation du contrat de nantissement :
En vertu de l'article 107 du code de commerce, les différents éléments énumérés
à l'article 80 sont susceptibles de faire l'objet d'un nantissement, à l'exclusion des
marchandises.
Il doit être constaté par acte notarié ou par acte sous seing privé enregistré.
Il doit être publié dans les 15 jours par le tribunal de commerce.
b- Effets du nantissement :
Le nantissement confère au créancier nanti des droits spécifiques qui protègent
ses intérêts en cas de non-paiement de la dette :
Droit de préférence : Il s'agit d'un droit au profit du créancier nanti inscrit
sur le registre de commerce et qui lui permet de se faire payer sur le prix
du fonds avant les créanciers bénéficiaires d’un nantissement postérieur.
Droit de suite C'est un droit qui permet au créancier nanti de suivre le
fonds en quelques mains qu’il se trouve, peu importe qu'il soit entre.1es
mains du débiteur, du propriétaire de l'immeuble, d'un acquéreur ou d’un
sous-acquéreur du débiteur, et peu importe que l'actuel propriétaire l'ait
reçu par achat, par donation ou par héritage.
Très important :
La surenchère du dixième :
 À ne pas confondre avec la surenchère du sixième dont disposent
les créanciers opposants en cas de vente du Fonds.
Si les créanciers nantis ne sont pas satisfaits par l’offre du prix, i1s sont en
mesure d’intervenir pour protéger leurs créances (L'article 123 du code de
commerce)
Le créancier qui se déclare surenchérisseur doit donc offrir un prix au moins
égal à celui déjà propose par un précédent acquéreur majoré de 10% sur la
valeur des éléments incorporels.

4. La gérance libre d’un fonds de commerce :


La gérance libre (ou gérance location) permet au propriétaire de donner la
gérance du fonds à une personne en vertu d’un contrat de location moyennant un
loyer qui peut prendre parfois la forme d’une participation aux bénéfices.
Dans ce cas, le gérant locataire bénéficie de la qualité de commerçant et assume
seul les risques de l’exploitation.
La location-gérance est réglementée par les articles 152 à 158 du Code de
Commerce ; cette réglementation traite de la publicité du contrat tout en veillant
à la protection de tous les intérêts en présence.
a- les règles relatives à la publicité :
Pour que le contrat soit valide, certaines conditions doivent être remplies :
Qualité de Commerçant du Locataire-Gérant : Le locataire-gérant doit remplir
les obligations légales liées au statut de commerçant, incluant l’immatriculation
au registre de commerce. (art.153, al 1du CC)
Publicité du Contrat : la publicité a pour objectif de faire connaitre aux tiers
que la propriété du fonds n’appartient pas au gérant.
Trois formalités de publicité sont exigées :
 Il est impératif de publier un extrait du contrat de gérance libre au bulletin
officiel et dans un journal d'annonces légales dans les 15 jours suivant sa
date ; Il reste qu'il est dans l'intérêt du bailleur du fonds d'effectuer cette
publicité, dans la mesure où il demeure, jusqu'à la publication et pendant 6
mois qui suivent, responsable solidairement avec le gérant des dettes
contractées par ce dernier à l'occasion de l'exploitation de fonds. (art.155 du
CC).
 Il appartient, en outre, au bailleur du fonds de procéder aux formalités
relatives au registre de commerce ; il a le choix entre deux inscriptions :
oit demandé sa radiation du registre de commerce

mention expresse de la mise en gérance libre.


Autrement, le bailleur reste solidairement responsable des dettes de son
locataire tant qu’il n’a pas requis ces inscriptions (art.60 et 155 du CC)
 quant au gérant, il doit indiquer sur tous ses documents commerciaux ainsi
que sur toutes les pièces signées par lui avec son nom, son numéro
d’immatriculation au registre de commerce avec mention du tribunal où il est
inscrit et sa qualité de gérant libre du fonds sous peine d’une amende de 2000
à 10000dhs

b- les effets de la location gérance :


La location-gérance génère des effets juridiques et pratiques qui concernent
principalement deux parties :
 le locataire : Il doit payer le loyer qui peut consister en une participation aux
bénéfices, exploiter le fonds dans les meilleures conditions, ne pas en
changer la destination, c’est –à-dire continuer le même commerce que le
bailleur.
En outre, n’étant pas propriétaire du fonds, le gérant ne peut le vendre ni le
donner en nantissement, il ne peut non plus en sous louer la gestion sans
consentement du bailleur.
 le bailleur : Il a pour obligation de mettre tous les éléments du fonds à la
disposition du gérant et ne doit pas en troubler la jouissance, notamment par
la concurrence.

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