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Etat de la filière céréales au Bénin
I. PRESENTATION GENERALE DU PAYS
Les femmes représentent 51% de la population. La population active représente plus de 47% de la
population totale. Plus de 90% des actifs occupés sont dans les secteurs informel et agricole.
Le Bénin compte 70 500 km² de terres arables dont 15 à 19% seulement sont cultivées. L’agriculture,
véritable moteur du développement économique du pays, est consacrée pour l’essentiel à la production
vivrière qui occupe les 80 % des terres cultivées et à la culture du coton.
Les ressources agricoles alimentaires du pays sont exploitées suivant la culture alimentaire de
plusieurs groupes ethnico-régionaux. On distingue trois modèles de consommation alimentaire qui
déterminent les types de transformation réalisés par les opérateurs.
• Le premier couvre la zone Sud (Atlantique, Mono, Ouémé) et combine une racine (manioc), une
céréale (maïs) et une légumineuse (niébé). Cet ensemble est complété par les produits à base
d’oléagineux (arachide, noix de coco, palmier à huile), de fruits et légumes, de poissons et de
viande.
• Le deuxième modèle couvre la zone Nord (Borgou et Atacora) et associe un tubercule (igname),
une céréale (sorgho) et une légumineuse (niébé). Il est complété par les produits à base
d’oléagineux (arachide et karité), et des produits animaux (viande, lait).
• Le troisième modèle couvre principalement la zone Centre (Zou) et est intermédiaire entre les deux
précédents. Il est caractérisé surtout par l’association au maïs et au niébé du manioc et de l’igname.
Il est complété par les produits animaux et halieutiques.
Depuis 1990, le Bénin s’est engagé dans le pluralisme politique et le libéralisme économique. Avec le
concours des institutions de Bretton Woods, son économie est en pleine restructuration au profit du
secteur privé considéré désormais comme levier moteur du développement du pays.
Les importations du Bénin évaluées à 251 milliards de Fcfa en 1996 (Rapport sur l’état de l’économie
nationale, 1997) portent par rapport aux produits agricoles essentiellement sur le riz, le blé et la farine
de blé, tandis que les exportations évaluées à 109,56 milliards de Fcfa en 1996 concernent le coton,
l’huile de palme et de palmiste et les fruits (ananas et anacarde).
Le secteur rural représente la base de la croissance économique et contribue à 38,4% du PIB en 1997 ;
il occupe 70% de la population active et procure 60% des exportations.
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II. CHIFFRES CLES
• Superficie : 112 622 Km²
• Population totale au dernier recensement : 4,9 millions d’habitants (en 1992),
estimée à 5,5 millions en 1995 et 5,9 millions en 1998.
• Taux annuel de croissance démographique : 2,8% (entre 2,7 et 3,2 %)
• PIB
Année 1994 1995 1996
PIB (milliards de Fcfa) 571,4 598,8 631,4
PIB / habitant (en Fcfa ) 110 000 111 000 115 000
Source : Ministère des Finances
• Contribution de l’agriculture au PIB : (Source : INSAE)
1990 37%
1993 35%
1996 38%
• Croissance annuelle du PIB : (Source : INSAE)
1994 4,4%
1995 4,6%
1996 5,5%
1997 5,9%
• Taux d'inflation (%) : (Source : INSAE)
1994 5,4%
1995 3,1%
1996 6,7%
1997 1,7%
• Taux de change (monnaie locale/ franc français) : 1 franc français = 100 Fcfa
• Part de l’agro-alimentaire dans les dépenses des ménages : 60,5 % (INSAE/PNUD, 1996)
• Principales exportations : coton fibre, coton graine, noix d’anacarde, karité, manioc (gari),
manioc (cossettes), maïs, piment, niebe, riz (re-exportation de l’importation), ananas, pétrole brut.
• Principales matières premières exportées dans la filière concernée : maïs, riz (re-exportation
du riz importé vers le Nigeria).
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• Principaux produits transformés (à partir des matières premières de la filière concernée)
exportés (très faible) : farine, aklui (granules fermentés de maïs pour bouillie) par le circuit
informel.
• Les principaux marchés pour ces matières premières ou produits transformés : marché
national, Nigeria et Gabon pour le maïs. Marchés ethniques pour les produits transformés.
• Principaux produits transformés dans la filière concernée : farines non fermentées pour pâtes,
farines fermentées pour pâtes et bouillies, boissons, farines infantiles, provende pour la volaille.
III. ATOUTS, CONTRAINTES ET POTENTIALITES DE LA FILIERE1
1. Principaux atouts
Le maïs constitue un des produits de l’alimentation de base au Bénin. Sa relative facilité de
conservation, en fait un produit facile à stocker en période d’abondance du maïs sur le marché. La
proximité du Nigeria fait de ce pays un marché important pour le maïs béninois, en conséquence
néfaste des pénuries au Bénin lorsque la demande nigériane devient importante.
Les entreprises industrielles transformant les céréales et en particulier le blé sont caractérisées par :
• une forte dépendance vis à vis de l’extérieur pour leur approvisionnement en blé. Les conditions
agro-écologiques du Bénin ne permettent pas de produire cette céréale ;
• une faible utilisation des capacités installées du fait de la concurrence des produits similaires
importés (farines, pâtes, couscous) ;
• des difficultés d’écoulement dues à la faiblesse du marché national ou au rétrécissement des
marchés régionaux pour certains produits ;
Les entreprises artisanales, s’occupent de la transformation de la quasi-totalité des céréales locales
consommées et sont caractérisées par :
• un investissement initial faible ;
• un savoir-faire parfaitement maîtrisé ;
• une forte utilisation de la main-d’œuvre ;
• une bonne connaissance du marché et une capacité d’adaptation qui limitent les échecs.
une capacité à dynamiser un ensemble de métiers complémentaires (meuniers, fournisseurs
d’emballage-feuilles, constructeurs d’équipements, prestataires de service, transporteurs), ainsi que le
monde rural à travers la valorisation des productions agricoles vivrières, au moyen de technologies
appropriées.
1
Données synthétisées à partir du document CDI, des connaissances de l’expert, des données FAO/SMIAR et autres
documents de référence
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2. Contraintes
Ces entreprises ont des limites tant au niveau socio-économique que technique :
• Le faible niveau d’instruction des opérateurs (60% des femmes sont illettrées) ;
• Le non-respect des principes élémentaires d’hygiène ;
• La longueur et la pénibilité de certaines opérations de transformation ;
• Le manque d’accès au crédit institutionnel ;
• La législation alimentaire peu adaptée et difficile à respecter ;
• L’absence de logique entrepreneuriale ayant pour conséquence une gestion hasardeuse de
l’entreprise ;
• L’absence d’un environnement favorable à l’évolution vers une valorisation industrielle des
céréales ; l’individualisme des opérateurs, l’absence d’organisations professionnelles crédibles, les
difficultés d’approvisionnement en équipements adaptés et en intrants de qualité constituent des
contraintes au développement des entreprises.
3. Besoins des opérateurs
Les besoins des opérateurs sont nombreux :
• Accès au crédit
- Le statut actuel et le mode de fonctionnement de ces unités artisanales constituent des freins pour
l'accès au crédit institutionnel.
• Besoins en appui technologique
- Accès à des technologies ou à des équipements appropriés pour réduire la pénibilité de certaines
opérations ;
- Amélioration de la conservation de certains produits à base de céréales ;
- La formulation et la mise en marché de nouveaux produits.
• Besoins en formation
- Maîtrise du savoir-faire : pour les opératrices ou les restauratrices souhaitant diversifier leur
gamme ;
- La formation en hygiène alimentaire, pour toutes les catégories d’opérateurs ;
- La formation en gestion pour toutes les catégories d’opérateurs. La contrainte majeure demeure
le niveau d’instruction des femmes, encore très faible, particulièrement en milieu rural.
Actuellement, certaines structures d’encadrement font de l’alphabétisation fonctionnelle, sans
toujours réussir à assurer une formation en gestion pour les femmes.
- La formation en marketing, en gestion de qualité, etc.
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4. Potentialités
Le mode d’approvisionnement actuel et futur des ménages béninois en produits céréaliers déterminera
les marges de manœuvre des entreprises de transformation des céréales et leur évolution.
Les produits céréaliers : des opportunités d'innovation
La production-vente de farine de maïs entier “ lifin ” ne peut se développer que si le consommateur est
assuré de s’approvisionner en farine de très bonne qualité à un coût égal à celui auquel il
s’approvisionne par le système d'achat et mouture du maïs grain.
Pour satisfaire ces exigences, une entreprise désirant investir dans ce créneau doit pouvoir :
• Produire de la farine de bonne qualité (couleur, finesse, propriétés rhéologiques) répondant aux
critères de qualité des ménages ;
• S’approvisionner de façon régulière en maïs de bonne qualité, en étroite collaboration avec les
associations professionnelles (producteurs, commerçants) ;
• Disposer d’infrastructures de stockage du maïs en grain pour une meilleure gestion des achats ;
• Réguler son stock de manière à offrir de la farine toujours fraîche.
En ce qui concerne les produits fermentés, plus difficiles et longs à préparer, les ménages urbains et
ruraux sont prêts à acheter ces produits dès lors qu’ils sont de bonne qualité pour un prix raisonnable.
En revanche, ils ne peuvent se conserver longtemps.
Les travaux de recherche exécutés ces dernières années sur la technologie du mawè (pâte de maïs
fermentée en milieu solide) ont ouvert des perspectives intéressantes pour la valorisation industrielle
de cette technologie. Mais des contraintes importantes restent à lever.
Le décorticage mécanique du maïs avant moulure devrait permettre de réduire de plus de 75% la durée
de traitement manuel du maïs sans accroissement de la consommation d’énergie. Elle permettra
également :
• d'utiliser d’autres types de moulins plus performants comme les moulins à marteaux (farines plus
fines).
• d’exercer un meilleur contrôle sur le niveau de fermentation des farines et de pouvoir diversifier
les formes de consommation de la farine.
IV. CARACTERISTIQUES GENERALES DE LA PRODUCTION
Les céréales cultivées et consommées au Bénin sont essentiellement le maïs, le sorgho, le mil et le riz.
Le blé n’est pas produit au Bénin, mais occupe une place non négligeable dans la consommation
alimentaire. Le tableau 1 présente l’évolution de la production de ces produits au cours de ces
dernières années, et la prépondérance de la production du maïs par rapport aux autres céréales locales.
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Tableau 1 : Evolution de la production des céréales au Bénin
Céréales Production (t)
Année 1992* 1993* 1994* 1995* 1996* 1997**
Maïs 595 758 444 559 478 202 527 105 525 407 714 000
Sorgho 104 014 96 165 108 532 106 309 105 509 120 000
Mil 18 782 35 659 33 751 35 467 21 674 24 836
Riz 11 714 11 063 10 976 12 340 22 354 27 000
Source : * Données ajustées ESA 1992-1996, MDR/PNUD
** Estimation MDR
1. Les filières principales
La production nationale de céréales est estimée à près de 675 000 tonnes en 1996 et à plus de 885 000
tonnes en 1997. Près de 80 % de la production céréalière est composée de maïs. Les variétés cultivées
se distinguent par plusieurs caractéristiques : la durée du cycle de culture, le rendement, la couleur, la
forme et la dureté du grain. Le rendement moyen du maïs au niveau national est de l’ordre de 1 032
kg/ha, variant entre 858 kg/ha et 1 214 kg/ha suivant les régions. Cette faiblesse du rendement est
due :
• à la faible utilisation des semences améliorées et à l’utilisation à grande échelle des variétés locales
à faible potentiel de production au détriment des variétés améliorées mises au point par la
recherche et recommandées par les services de vulgarisation. Ces variétés locales sont les plus
consommées dans le pays car elles sont moins exigeantes pendant la phase culturale, se conservant
mieux durant le stockage et leurs caractéristiques physico-chimiques (grains blancs et tendres en
général, teneur en amidon élevée...) répondent mieux aux exigences des préparations alimentaires,
domestiques et artisanales.
• à la faible utilisation des produits phytosanitaires et de la fumure organique et minérale sur les
cultures vivrières, qui ne bénéficient en général que de l’arrière effet des engrais coton.
Le sorgho occupe le second rang avec environ 15% de la production céréalière totale. Le rendement
moyen du sorgho dont la culture ne concerne que trois départements (Atacora, Borgou et Zou) est
estimé à 753 kg/ha (entre 640 kg et 826 kg/ha suivant les départements).
2. Les filières secondaires
Les productions de mil et de riz sont marginales. La production du mil est concentrée dans les
départements de l’Atacora et le Nord Borgou, avec des niveaux de rendement extrêmement variés
(485 kg/ha à 726 kg/ha). Le riz est cultivé principalement dans les départements de l’Atacora et du
Borgou et dans une moindre mesure dans le Zou et le Mono. Le rendement moyen du riz est de 1 393
kg/ha, mais ce sont les départements faiblement producteurs qui enregistrent les rendements moyens
les plus élevés avec 4 158 kg/ha pour le Mono et 2 679 kg/ha pour le Zou.
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V. POINT SUR LA COMMERCIALISATION EN PRODUITS BRUTS
1. Commercialisation sur le marché local
Le Bénin est riche en marchés périodiques (environ 125 marchés recensés). Il fait partie des zones de
forte densité démographique et d’intenses activités d’échange du Golfe du Bénin dont l’origine
remonte à la période de la traite négrière. On distingue :
• Les marchés primaires de collecte, situés dans des zones de production excédentaires. Ils sont
animés par les acheteurs forains.
• Les marchés secondaires de regroupement, qui se distinguent des premiers par leur situation
fortement dépendante des villes secondaires, des nœuds de circulation ou des zones de contact
écologique.
• Les marchés frontaliers de transit qui servent de liens commerciaux avec les pays limitrophes. La
très forte dépendance du Bénin et celle également de ces pays limitrophes confèrent à ces marchés
frontaliers une forte animation par les commerçants grossistes qui y possèdent d’importants
magasins de stockage.
• Les marchés terminaux de consommation localisés dans les grands centres urbains, davantage
fréquentés par le groupe des commerçants détaillants.
L’animation de chacune de ces catégories de marché dépend de sa périodicité (quatre à sept jours). La
distribution est assurée par plusieurs catégories d’opérateurs économiques : vendeurs, courtiers,
acheteurs, transporteurs, etc.
En ce qui concerne le volume des transactions, les estimations issues des travaux antérieurs datant de
dix ans (FAO, Mai 1987, mission de sécurité alimentaire et de commercialisation au Bénin)
indiquent :
• Maïs : 53 % de la production totale ;
• Mil / sorgho : 28 % ;
• Riz local : 25 %.
Il est à noter qu’il n’y a pas de prix minimum garanti par l'état pour les céréales au Bénin.
Le mil et le sorgho, essentiellement cultivés au Nord, coûtent plus cher au Sud. Les prix du maïs et du
riz varient très peu dans l’espace.
Le maïs constitue un aliment de base pour la majorité de la population au Sud et au Centre du pays
(près de 100 kg de maïs par habitant et par an, avec plus d’une quarantaine de produits à base de
maïs), tandis que la consommation du sorgho et du mil est surtout dominante dans le Nord (Borgou,
Atacora).
2. Commercialisation sur le marché régional
Le Nigeria voisin constitue le marché régional le plus important pour le marché béninois occasionnant
des pénuries sur le marché local. La majorité de ces exportations se fait par le circuit informel, difficile
à quantifier.
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3. Commercialisation sur l’Europe ou autres pays
Officiellement il n’y a pas d’exportation de céréales vers l’Europe.
VI. LE POINT SUR LA TRANSFORMATION
Dans le secteur industriel, le Bénin dispose de :
• deux minoteries transformant le blé importé en farines pour la boulangerie et la pâtisserie ;
• une maïserie ;
• une usine de pâtes alimentaires ;
• un nombre important de boulangeries semi-industrielles.
La fermeture des rizeries industrielles de Natitingou dans l’Atacora et de Mitro dans l’Ouémé, la non-
réalisation de celle de Bohicon dans le Zou, ont favorisé l’introduction de petites décortiqueuses
mobiles dans les zones rizicoles du pays.
Dans le secteur artisanal, le Bénin compte une multitude d’opérateurs artisanaux spécialisés
essentiellement dans le secteur de la transformation des céréales locales (maïs, sorgho ou mil) et dans
une moindre mesure, de céréales importées (riz, blé).
1. Les types d’entreprises et produits
1.1 Les entreprises industrielles ou semi-industrielles
Les minoteries
Ce sont :
• Les Grands Moulins du Bénin (GMB) installés depuis 1971, dont la capacité de traitement est de
75 000 tonnes.
• Les Moulins du Golfe, mis en service en 1993 et dont la capacité de traitement est de
25 000 tonnes.
Ces deux unités disposent d’outils de production techniquement adéquats pour alimenter les
boulangeries du pays, mais doivent faire face à deux contraintes importantes :
• Leur dépendance entière vis à vis de l’extérieur pour leur approvisionnement en blé ;
• La concurrence de la farine importée des pays industrialisés.
En conséquence, ces deux minoteries fonctionnent actuellement à environ 60% de leur capacité.
L’arrêt des subventions à la farine destinée à l’exportation et importée d’Europe devrait permettre
d’améliorer la situation de ces entreprises.
La maïserie de Bohicon
Cette unité, d’une capacité de 27 000 tonnes par an, a été créée par l’Etat béninois pour produire des
farines diverses, du grit pour la brasserie, de l’huile de germes de maïs et des sous-produits pour
l’alimentation animale. Elle a été privatisée en 1995 et cédée à la société. Cette société devra faire face
à deux contraintes majeures :
• son approvisionnement régulier et suffisant en maïs de qualité technologique satisfaisante, au
cours du marché ;
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• L’écoulement des farines en concurrence avec les farines de maÏs entier et les pâtes fermentées,
obtenus grâce au savoir-faire local et à la multitude de moulins artisanaux qu’on trouve dans toutes
les agglomérations urbaines et rurales du Bénin.
Les boulangeries semi-industrielles
Ce sont des entreprises semi-industrielles, principaux clients pour les farines des minoteries décrites
ci-dessus. Leur nombre réel n’est pas connu. Bon nombre de boulangeries sont fermées, faute de
pouvoir supporter la concurrence sur un marché saturé. Le reste des boulangeries qui continuent de
fonctionner tournent à environ 40 à 50% de leur capacité.
L’usine de fabrication de pâte alimentaire (Pâte Rio)
L’usine “Pâte Rio”, d’une capacité annuelle de 3 500 tonnes, a été créée en 1970 et produit des pâtes
alimentaires et du couscous à partir de la semoule de blé dur importée d’Europe. Le niveau de
fonctionnement actuel de l’unité est très faible (de 20 à 25%), du fait :
• de la concurrence des produits similaires importés et de la mévente conséquente de ses produits sur
le marché local,
• du rétrécissement des marchés extérieurs des pays de la sous-région.
L’usine de production de farines infantiles de Ouando
L’usine de production de farines infantiles de Ouando est une unité de production annexée à la
Direction de l’alimentation et de la nutrition appliquée (Dana) ; installée avec l’assistance du
gouvernement italien. Elle a une capacité de production de plus de 500 t/an de farines enrichies à base
de produits locaux.
Le principal problème de cette unité est sa rentabilité économique, les coûts de production actuels
étant supérieurs au prix de vente des produits.
1.2 Les entreprises artisanales de transformation de céréales locales
La majorité des céréales locales produites et consommées en alimentation humaine est transformée par
les opérateurs de cette filière artisanale informelle. Ce sont en majorité des entreprises individuelles,
détenues dans leur quasi-totalité par des femmes. Les produits livrés sur le marché sont des produits
semi-finis (farines de maïs, pâte fermentée de type mawè, des produits finis (pâtes diverses, beignets,
bouillies, boissons)) ;
• Les productrices-vendeuses de produits semi-finis : farines de céréales et mawè (pâte fermentée de
maïs décortiqué, dégermé) ;
• Les productrices-vendeuses de produits finis de type pâte (par exemple akassa), bouillie ou
boisson, en alimentation de rue ou en association avec la gargoterie/petite restauration.
Le nombre d’unités artisanales de ce type est estimé à une dizaine de milliers dont près de
5 000 à Cotonou, qui approvisionnent surtout les marchés urbains avec plus d’une quarantaine de
produits.
Ces unités artisanales bénéficient de l’appui d’autres prestataires de service qui interviennent surtout
au niveau des opérations pénibles dont les meuniers qui font la mouture des céréales en prestation de
service. Il en a été recensé près de 660 en 1990 dans la seule ville de Cotonou.
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L’approvisionnement en matières premières (maïs, sorgho, mil) se fait sur les marchés locaux ou
régionaux (cas des transformatrices urbaines) ou est prélevé en partie sur le stock disponible au niveau
des exploitations familiales (cas des transformatrices rurales).
Les procédés utilisés sont généralement longs et complexes. Les outils de transformation sont
fabriqués par des artisans locaux, bien adaptés à la forme de production individuelle. Mais ils
requièrent en général des efforts physiques importants et ont une très faible productivité. La mouture
du grain est la seule opération mécanisée et se fait en prestation de service chez des propriétaires de
moulin installés dans les agglomérations urbaines ou rurales.
Quelques entreprises artisanales tentent d’évoluer vers des produits, plus adaptés au nouveau style de
vie en milieu urbain et de meilleure qualité hygiénique (farines infantiles, aklui et snacks). Cette
catégorie d’opérateurs cible surtout la clientèle à pouvoir d’achat élevé des milieux urbains et distribue
ses produits dans les supermarchés, les pharmacies (pour les farines de sevrage) et les supérettes.
2. Caractéristiques des différents marchés de produits transformés
2.1 Le marché local
Les produits céréaliers locaux vendus sur le marché sont constitués essentiellement de :
• pâte fermentée cuite (akassa) et bouillie de deux produits intermédiaires (ogui et mawè) ;
• boissons (tchakpalo, tchoukoutou) ;
• beignets divers ;
• pâte fermentée non cuite (mawè) ;
• farine de maïs.
La demande du marché urbain est orientée vers les pâtes fermentées et leurs produits dérivés qui
requièrent savoir-faire et temps de préparation. Le commerce de farine occupe une place très faible.
Les ménages s'approvisionnent en grains qu'ils font moudre en farine dans les moulins de quartiers.
Les produits artisanaux dérivés des céréales sont vendus dans les rues, les marchés urbains, devant les
établissements scolaires, les entreprises et les services publics. Les consommateurs se retrouvent dans
la plupart des groupes ethniques et dans des catégories socioprofessionnelles diverses.
Le marché des produits nouveaux (farines de sevrage, biscuits, granulés de bouillie type aklui, etc.) est
un marché restreint pour une clientèle à pouvoir d'achat élevé des supermarchés.
2.2 Le marché régional
Il existe un flux informel d'exportation de granulés d'aklui vers le Togo et la Côte d'Ivoire. Mais c'est
un marché très restreint.
2.3 Les autres pays
Il s'est développé un flux informel d'exportation de granulés d'aklui et de farine fermentée de maïs vers
l'Europe par les réseaux familiaux.
VII. LES OPERATEURS DE LA FILIERE
Il n’existe pas d'association professionnelle connue de transformateurs de céréales, mais
de nombreuses organisations professionnelles, aussi bien au niveau des producteurs de matières
premières que des entreprises de transformation agro-alimentaire, structurées au niveau des villages,
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des sous-préfectures et des départements. Certaines organisations comme la Fupro (Fédération des
unions de producteurs) ont une envergure nationale et regroupent les producteurs de céréales. En
général, les associations professionnelles sont très peu performantes.
La plupart des transformateurs du secteur industriels sont affiliés à la Chambre de commerce et
d’industrie du Bénin (CCIB).
L’Office national d’appui à la sécurité alimentaire (Onasa) est l’organisme de régulation du marché
des céréales. Il a mis en place un système permanent d’informations sur les prix des différents produits
vivriers.
• d’ouvrir des perspectives pour la production à petite échelle de grit pour la brasserie et de la farine
de maïs pour la pâtisserie.
Le développement de la mécanisation du décorticage et du dégermage du maïs induira l’apparition d’une
grande variété de produits commerciaux. Ces produits sont intéressants car ils laissent la maîtrise de la
qualité du produit fini aux ménagères. Des expériences similaires sont en cours dans la sous-région
(Sénégal, Mali, Burkina-Faso).
Les boissons à base de céréales
Les bières peuvent être produites artisanalement ou de manière industrielle à partir des céréales (bière
locale comme tchakpalo, tchoukoutou) ou comme succédané (bière de malt d’orge). La valorisation des
céréales pour la production des boissons pourrait être faite grâce à :
• la mécanisation du décorticage-dégermage du maïs, pour la production de grits
• l’appui aux initiatives actuelles de production de tchakpalo par certaines entreprises artisanales
(Sait, CRTT) et le développement de la recherche sur le tchoukoutou et autres boissons à base de
céréales.
Le Sorgho : une place de choix à retrouver
Enfin, l’utilisation alimentaire du sorgho se heurte toujours à la difficulté du décorticage, qui reste
encore une opération essentiellement manuelle par pilages et tamisages successifs dans les villages. A
l’instar des évolutions connues dans certains pays producteurs et consommateurs de sorgho,
l’introduction et la diffusion de la décortiqueuse type PRL devraient permettre de relancer la
consommation de cette céréale dans les zones de production et en milieu urbain. A cet effet, l’ITA a
introduit au Bénin une décortiqueuse mini-PRL fabriquée par les entreprises Camemec à Godomey et
Cobemag à Parakou. Sa vulgarisation devrait permettre aux petites entreprises de diversifier la
gamme des produits intermédiaires commercialisés en milieu urbain.
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Dossier d’information pour les PME d’Afrique sur la transformation agroalimentaire
CTA – Gret – Réseau TPA