Le Livre Perdu Du Dieu Enki - Mémoires Et Prophéties d'Un Dieu Extraterrestre ( PDFDrive )
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Via Bachelet, 65
ISBN: 978-88-6229-414-0
Table des matières
Introduction
Attestation
Première Tablette
Deuxième Tablette
Troisième Tablette
Quatrième Tablette
Cinquième Tablette
Sixième Tablette
Septième Tablette
Huitième Tablette
Neuvième Tablette
Dixième Tablette
Onzième Tablette
Douzième Tablette
Treizième Tablette
Quatorzième Tablette
Glossaire
Introduction
Il y a près de 445 000 ans, des astronautes venus d’une autre planète sont arrivés
sur Terre à la recherche d’or.
S’écrasant dans l’une des mers de la Terre, ils regagnèrent la rive à pied et
fondèrent Eridu, la « Maison construite au lointain ». Le camp initial se
développa rapidement pour devenir une véritable Mission Terre, avec un centre
de contrôle, un Spatioport, des exploitations minières et jusqu’à une station étape
sur Mars.
Puis, il y a environ quatre mille ans, tous ces progrès furent engloutis dans une
catastrophe nucléaire provoquée par les rivalités et les guerres entre les visiteurs.
Ce qui s’est produit sur Terre, et en particulier les événements qui ont suivi
l’apparition de l’être humain, a été relaté par Zecharia Sitchin dans la série des
Chroniques de la Terre. L’auteur s’appuie sur la Bible, les tablettes d’argiles, les
mythes anciens et les découvertes archéologiques. Mais ce qui a précédé les
événements qui se sont déroulés sur Terre, ce qui s’est déroulé sur Nibiru, la
planète des astronautes, et a motivé leur voyage interstellaire, le besoin d’or, la
création de l’homme?
Ne serait-il pas prometteur que l’un des principaux acteurs, un témoin visuel
capable de faire la différence entre le Sort et le Destin, ait écrit pour la postérité
le Comment du Pourquoi et le Où du Quand, les Débuts et peut-être la Fin?
C’est précisément ce que certains d’entre eux ont fait, à commencer par le
meneur du premier groupe d’astronautes lui-même.
Les « secrets des dieux » étaient parfois révélés en partie dans les épopées.
C’est le cas de l’Épopée de Gilgamesh, qui révèle le débat entre les dieux ayant
mené à la décision de laisser périr l’Humanité dans le déluge, ou d’un texte
intitulé Atra Hasis, qui relate comment la mutinerie des Anunnakis qui peinaient
dans les mines mena à la création des travailleurs primitifs, c’est-à-dire les
Terriens. De temps à autre, les meneurs des astronautes eux-mêmes rédigèrent
des textes, les dictant parfois à un scribe élu. C’est le cas du texte connu sous le
nom d’Erra Epos, dans lequel l’un des deux dieux à l’origine de la catastrophe
nucléaire essaie de rejeter la responsabilité sur son adversaire. Parfois, c’est le
dieu lui-même qui tient le stylet, comme dans le Livre des secrets de Thot (dieu
égyptien de la sagesse), que le dieu a rédigé dans le secret d’une chambre
souterraine.
Sans un récit sur le Livre des secrets de Thot, écrit sur un papyrus datant du
règne du roi égyptien Khufu (Chéops), l’existence de ce livre serait restée
inconnue. Sans les récits bibliques de l’Exode et du Deutéronome, nous
n’aurions jamais entendu parler des tablettes divines et de leur contenu. Tout cela
aurait été relégué au rang des énigmatiques « écrits perdus » dont l’existence
même ne nous aurait jamais été connue. Il arrive que nous sachions que certains
textes ont existé sans pour autant connaître leur contenu, ce qui n’est pas moins
frustrant. C’est le cas du Livre des guerres de Yahvé et du Livre de Jasher («
Livre de la justice »), qui sont spécifiquement mentionnés dans la Bible.
L’existence de deux livres anciens (textes antérieurs connus du narrateur
biblique) peut être déduite dans au moins deux cas. Le chapitre cinq de la
Genèse commence par l’affirmation suivante: « Voici le livret du Toledoth
d’Adam. » Le terme Toledoth est en général traduit par « descendance », mais
pour être plus précis, il signifie en réalité « compte rendu historique ou
généalogique ». L’autre cas est celui du chapitre six de la Genèse, lorsque le récit
concernant Noé et le Déluge commence par les mots « Voici le Toledoth de Noé
». Il s’avère que des fragments d’un ouvrage connu sous le nom de Livre d’Adam
et Ève ont traversé les millénaires sous leur version arménienne, slavonique,
syriaque ou éthiopique. Le Livre d’Enoch (l’un des apocryphes qui n’ont pas été
inclus dans la Bible canonisée) contient des passages qui, selon les chercheurs,
seraient des fragments tirés d’un Livre de Noé bien plus ancien.
C’est seulement ainsi que nous savons que le second roi Ptolémée confia vers
270 av. J.-C. la rédaction de l’histoire et de la préhistoire de l’Égypte à un prêtre
égyptien que les Grecs connaissaient sous le nom de Manéthon. Au début, écrit
Manéthon, seuls étaient les dieux. Puis apparurent les demi-dieux et enfin, vers
3100 av. J.-C., les dynasties pharaoniques. Le règne des dieux, écrit-il,
commença dix mille ans avant le Déluge et se poursuivit pendant des milliers
d’années après lui, cette seconde période étant marquée par des combats et des
guerres intestines.
Dans les contrées asiatiques soumises à Alexandre, dont le pouvoir tomba aux
mains du général Séleucos et de ses successeurs, on essaya de même d’offrir aux
savants grecs un compte rendu des événements passés. Bérose, un prêtre du dieu
babylonien Mardouk qui avait accès aux librairies de tablettes d’argile dont le
cœur était la librairie d’Harran (sud de l’actuelle Turquie), rédigea une histoire
des dieux et des hommes en trois volumes qui commence avec la venue de dieux
sur Terre 432 000 ans avant le Déluge. Bérose dresse une liste des dix premiers
chefs, donnant leur nom et la durée de leur règne. Il rapporte que le premier
meneur, habillé en poisson, est sorti de la mer en marchant. C’est lui qui apporta
la civilisation à l’humanité. Son nom, transcrit en grec, était Oannes.
Ces deux prêtres rapportèrent donc la venue de dieux célestes sur Terre,
évoquant une époque où seuls les dieux régnaient sur Terre et décrivant la
catastrophe du Déluge. Leurs récits concordent sur de nombreux points. Dans les
quelques fragments de ces trois volumes ayant survécu (à travers des écrits de la
même époque), Bérose mentionne l’existence d’écrits datant d’avant le Déluge.
Il s’agit de tablettes de pierres qui furent dissimulées dans une ancienne ville
appelée Sippar, l’une des cités originelles fondées par les anciens dieux.
Bien que Sippar, comme les autres villes antédiluviennes des dieux, fût
submergée et rayée de la carte par le déluge, une référence aux écrits
antédiluviens a refait surface dans les annales du roi assyrien Assurbanipal (668-
633 av. J.-C.). Jusqu’au milieu du XIXe siècle, l’ancienne capitale de Ninive
n’était connue que dans l’Ancien Testament. Lorsque les archéologues la
découvrirent, ils mirent au jour dans les ruines du palais d’Assurbanipal une
bibliothèque contenant les restes de quelque 25 000 tablettes couvertes
d’inscription. Collectionneur assidu de « textes anciens », Assurbanipal se vante
dans ses annales: « Le dieu des scribes m’a accordé le don de la connaissance de
son art, j’ai été initié aux secrets de l’écriture. Je suis capable de lire les tablettes
sumériennes, pourtant si compliquées. Je comprends les mots énigmatiques
gravés dans la pierre avant le Déluge. »
Le volume de ces anciens écrits est prodigieux. Ce ne sont pas des milliers
mais des dizaines de milliers de tablettes d’argiles qui ont été découvertes dans
les ruines du Proche-Orient de l’Antiquité. Nombre de ces écrits décrivent
certains aspects de la vie quotidienne, dont le commerce, le salaire des
travailleurs et les contrats nuptiaux. D’autres, mis au jour principalement dans
les bibliothèques des palais, forment les annales royales. D’autres encore,
découverts dans les ruines des bibliothèques des temples ou des écoles où l’on
formait les scribes, forment un corpus de textes canonisés, une littérature secrète.
Ils furent écrits en langue sumérienne puis traduits en akkadien (la première
langue sémitique) et autres langues anciennes. Même ces écrits, qui ont plus de
six mille ans, font référence à des « livres » perdus (textes inscrits sur des
tablettes de pierre).
Parmi ceux qui avaient assisté à ces événements (et qui y avaient en fait
participé activement) se trouvait le chef qui s’était écrasé dans l’eau avec le
premier groupe d’astronautes. À cette époque, son épithète était E.A. « Celui qui
demeure dans l’eau ». Il avait connu la déception de voir le commandement de la
Mission Terre confié à son demi-frère et rival EN.LIL (« Seigneur de l’Autorité
»), une humiliation atténuée par le fait qu’on lui avait accordé le titre d’EN.KI («
Seigneur de la Terre »). Relégué dans l’E.DIN (« Éden »), loin des villes des
dieux et de leur spatioport, le grand scientifique Ea/Enki supervisait l’extraction
de l’or dans l’AB. ZU (Afrique du sud-est). C’est lui qui rencontra par hasard les
hominidés qui peuplaient ces régions. Lorsque les Anunnakis qui peinaient dans
les mines se rebellèrent contre leur sort, c’est lui qui réalisa que la main-d’œuvre
nécessaire pouvait être obtenue en faisant un bond dans l’évolution grâce à la
manipulation génétique, et c’est ainsi que naquit l’Adam (littéralement, « Celui
qui vient de la Terre », le Terrien). Hybride, l’Adam ne pouvait procréer. Les
événements repris dans le récit biblique d’Adam et Ève relatent la seconde
modification génétique à laquelle Enki eut recours pour ajouter les chromosomes
sexuels nécessaires à la procréation. Et lorsqu’il apparut que l’Humanité avait
évolué dans une direction inattendue, ce fut lui, Enki, qui défia le plan de son
frère Enlil de la laisser périr dans le Déluge. Le héros de ces événements a été
appelé Noé dans la Bible et Ziusudra dans le texte sumérien antérieur.
Il est possible qu’une version de cet ouvrage ait survécu dans le livre
apocryphe d’Hénoch.
Bien qu’il soit le premier-né d’Anu, il n’était pas destiné à succéder à son père
sur le trône de Nibiru. Des règles de succession complexes à l’image de
l’histoire torturée des Nibiriens accordaient ce privilège au demi-frère d’Enki,
Enlil. Dans une tentative de résoudre ce conflit profond, Enki et Enlil furent
envoyés en mission sur une planète étrangère, la Terre, dont l’or était nécessaire
pour préserver l’atmosphère mourante de Nibiru. C’est dans ce contexte, rendu
encore plus complexe par la présence sur Terre de leur demisœur Ninharsag
(officier médical en chef des Anunnakis), qu’Enki décida de contrer le projet
d’Enlil visant à faire périr l’humanité dans le déluge.
Le conflit se poursuivit entre les fils des demi-frères, et même entre leurs
petits-enfants. Tous, et en particulier ceux nés sur Terre, étaient confrontés à la
perte de la longévité que la lente période orbitale de Nibiru leur aurait procurée,
ce qui générait de l’angoisse et exacerbait les ambitions. La tension atteignit son
paroxysme au cours du dernier siècle du troisième millénaire av. J.-C., lorsque
Mardouk, le premier fils d’Enki et de son épouse officielle, affirma que c’était
lui qui devrait hériter de la Terre, et non le premier fils d’Enlil, Ninurta. Ce
terrible conflit ponctué d’une série de guerres conduit à l’usage des armes
nucléaires, qui entraîna la malencontreuse disparition de la civilisation
sumérienne.
Bientôt la Terre,
largement inondée.
Ce long texte se poursuit par une description des tâches assignées par Ea/Enki
à ses lieutenants pour mettre en marche la Mission Terre.
De nombreux autres textes portant sur divers aspects du rôle d’Enki dans les
événements qui vont suivre permettent de compléter son récit. Ils comprennent
notamment une cosmogonie, une Épopée de la Création qui repose sur le récit
d’Enki lui-même et que les spécialistes appellent la Genèse d’Eridu. Ils
comprennent des descriptions détaillées de la création de l’Adam. Ils décrivent la
façon dont d’autres Anunnakis et Anunnakies vinrent à Enki dans sa ville
d’Eridu pour obtenir de lui le ME, une sorte de disquette où tous les aspects de la
civilisation étaient codés. Ils comprennent des textes sur la vie privée d’Enki et
ses problèmes personnels, comme le récit de sa tentative de concevoir un fils
avec sa demisœur Ninharsag, ses aventures avec déesses et filles de l’homme, et
leurs conséquences imprévues. Le texte de l’Atra Hasis montre comment Anu
s’est efforcé d’éviter que les rivalités entre Enki et Enlil s’intensifient, en
partageant les domaines terrestres entre eux. D’autre part, les textes qui
décrivent les événements ayant précédé le déluge rapportent pour ainsi dire mot
pour mot les débats qui ont eu lieu lors du Conseil des dieux au sujet du sort de
l’Humanité, mais aussi le subterfuge d’Enki, l’arche de Noé. Ce récit n’était
connu qu’à travers la Bible, jusqu’à ce que l’une de ses versions originales
mésopotamiennes soit découverte dans les tablettes de l’Épopée de Gilgamesh.
Présenté sous la forme d’un texte dicté par Enki à un scribe élu, ce Livre
témoin destiné à être révélé le moment venu évoque les instructions données par
Yahvé au prophète Isaïe (VIIe siècle av. J.-C.):
Maintenant va,
et à jamais
Isaïe 30, 8
En étudiant le passé, Enki lui-même avait entrevu le futur. La notion que les
Anunnakis, faisant usage de leur libre arbitre, étaient maîtres de leur propre sort
(ainsi que du sort de l’Humanité) a finalement cédé la place à la prise de
conscience du fait que c’était la Destinée qui déterminait le cours des
événements, et non les paroles ou les actions des Anunnakis. Ainsi, comme l’ont
annoncé les prophètes hébreux, les Premiers seront les Derniers.
Les événements décrits par Enki peuvent donc donner naissance à des
prophéties. Le Passé sera le Futur.
Attestation
Paroles d’Endubsar, fils de la ville d’Eridu,
serviteur du grand dieu
le seigneur Enki.
Je faisais partie des survivants d’Eridu, de ceux qui avaient fui dans les
steppes arides alors que le Vent Mauvais approchait de la ville. Je m’étais
éloigné dans le désert à la recherche de brindilles sèches pour le feu. En relevant
la tête, j’aperçus un Tourbillon venant du sud. Il dégageait un éclat rougeâtre et
se déplaçait sans bruit. Lorsqu’il attegnit le sol, quatre pieds raides émergèrent
de son ventre et l’éclat disparut. Je me jetai au sol et me prosternai, sachant qu’il
s’agissait d’une vision divine.
Lorsque je relevai le regard, deux émissaires divins se tenaient à mes côtés. Ils
avaient des visages humains et leurs vêtements étincelaient comme du cuivre
bruni. Ils prononcèrent mon nom et s’adressèrent à moi en ces mots: « Le
seigneur Enki te convoque. Ne crains rien, c’est un honneur. Nous sommes
venus te chercher pour te conduire à sa retraite sur l’île de la rivière qui traverse
le pays de Magan, là où se trouvent les vannes. »
La voix me répondit:
– Endubsar, fils d’Adapa, je t’ai choisi pour scribe, pour que tu reportes mes
mots sur les tablettes.
D’un seul coup, un éclat apparut dans une partie de l’enceinte et je distinguai
un coin organisé comme l’atelier d’un scribe: table, tabouret, et pierres taillées
de qualité sur la table. Mais je ne voyais ni tablettes d’argile ni quoi que ce soit
qui contienne de l’argile humide. Sur la table était posé un stylet, que cet éclat
faisait luire comme aucun stylet de roseau n’a jamais lui.
– Endubsar, fils de la ville d’Eridu, mon fidèle serviteur. Je suis Enki, ton
seigneur. Je t’ai convoqué pour écrire mes paroles. Le sort que l’Humanité a
connu lors de la Grande Calamité me bouleverse profondément. Écrire ce qui
s’est vraiment passé pour que les dieux comme les hommes sachent que mes
mains ne sont pas entachées, tel est mon vœu. La Terre, les dieux et les Terriens
n’avaient pas connu de telle catastrophe depuis le Grand Déluge. Le Grand
Déluge était écrit, la Grande Calamité ne l’était pas. Rien de tel ne devait se
produire il y a sept ans. Nous aurions pu l’éviter. Moi-même, Enki, ai fait tout ce
qui était en mon pouvoir pour l’empêcher. Hélas, j’ai échoué. Était-ce le sort ou
le destin? L’avenir le dira, puisqu’à la fin des jours viendra le jour du Jugement
Dernier. Ce jour-là, la terre tremblera et les rivières dévieront leur cours. Il fera
nuit à midi et le ciel nocturne sera en feu, ce sera le jour du retour du dieu
céleste. Qui survivra et qui périra, qui sera récompensé et qui sera puni, hommes
et dieux le découvriront ensemble ce jour-là. Les événements du futur sont
déterminés par ceux du passé, le destin suit un cycle qui se répète. C’est le sort,
les choix que nous avons faits dans notre cœur pour le meilleur ou pour le pire
qui seront jugés.
La voix marqua une pause, et d’un seul coup, un éclat apparut dans une autre
une partie de l’enceinte. Je vis une table, sur laquelle étaient posées une assiette
et une tasse. Je m’en approchai. L’assiette contenait du pain et la tasse de l’eau.
– Endubsar, mange ce pain et bois cette eau. Tu n’auras besoin de rien d’autre
pendant quarante jours et quarante nuits.
Et la voix dit:
– Je vois des tablettes de pierre d’un bleu aussi pur que celui du ciel. Je vois
aussi un stylet comme je n’en ai jamais vu. Sa tige ne ressemble à aucun roseau
et son extrémité a la forme d’une serre d’aigle, répondis-je.
Et la voix dit:
– Ce sont les tablettes sur lesquelles tu écriras mes mots. Elles furent taillées
sur mes ordres dans le lapis-lazuli le plus pur, leurs deux faces sont polies. Le
stylet que tu vois est l’œuvre d’un dieu, son corps est fait d’électrum et son
extrémité, de cristal divin. Il s’adaptera à ta main et te permettra de graver la
pierre comme s’il s’agissait d’argile fraîche. Sur deux colonnes, tu écriras au
recto. Sur deux colonnes, tu écriras au verso. Ne t’écarte pas de mes mots et de
ma parole!
Il y eut une pause, et je touchai l’une des pierres. Sa surface était douce
comme une peau. Je saisis le stylet sacré. Il était aussi léger qu’une plume.
Alors le grand dieu Enki se mit à parler et je commençai à écrire ses mots,
exactement comme il les avait prononcés. Parfois sa voix était forte, parfois on
aurait dit un murmure. Parfois elle était teintée de joie ou de fierté, parfois de
douleur ou d’amertume. Ayant terminé de graver l’une des tablettes sur ses deux
faces, je poursuivis sur la suivante.
Lorsque les derniers mots furent prononcés, le grand dieu marqua une pause et
j’entendis un long soupir. Il dit:
Il y eut une pause, puis je pris les tablettes et les plaçai une par une dans le
coffre, dans le bon ordre. Le coffre était fait de bois d’acacia orné d’or.
Je m’exécutai.
Il y eut une pause et un silence. Puis moi, Endubsar, m’inclinai jusqu’au sol et
dis:
– Les signes seront dans les cieux, et les mots à prononcer te viendront en rêve
ou en vision. Et après toi viendront d’autres prophètes élus. Et à la fin il y aura
une nouvelle Terre et de nouveaux cieux, et de prophètes nous n’aurons plus
besoin.
Puis ce fut le silence. Les auras s’étaient éteintes, et l’esprit m’avait quitté.
Lorsque je repris mes sens, je me trouvais dans les champs à l’extérieur d’Eridu.
Détruites, les villes. Empilés, les corps sans vie de leurs habitants dont le
souffle a été emporté par le Vent Mauvais.
Mortes, les rivières. Plus un poisson n’y nage, l’eau pure est devenue poison.
De son peuple aux cheveux noirs Shumer est vidée, toute vie l’a quittée.
Dans ces glorieuses cités, seul hurle le vent. L’odeur de la mort pour tout
encens.
Les temples dont les toits se dressaient jusqu’aux cieux ont été abandonnés
par les dieux.
Point de seigneurs, point de rois. Sceptre et tiare ne sont plus là. Sur les berges
des deux grands fleuves, jadis luxuriantes et pleines de vies, ne poussent plus
que de mauvaises herbes. Personne ne foule la voie publique, personne ne
cherche sa route. La florissante Shumer est telle un désert abandonné. Ravagée,
la terre des dieux et les hommes!
Sur cette terre s’est abattue une calamité encore inconnue à l’homme.
Un Vent Mauvais, une tempête née dans une plaine éloignée, une Grande
Calamité, a tout ravagé tout sur son passage.
Un vent né dans l’ouest et semant la mort s’est frayé un chemin jusque dans
l’est, suivant le trajet que le destin avait tracé pour lui.
Une tempête aussi vorace que le déluge, un meurtrier de vent et non d’eau. Un
raz-de-marée d’air empoisonné.
Ce fut le sort, et non le destin, qui l’engendra. Les grands dieux, leur Conseil,
avaient provoqué la Grande Calamité.
Le guerrier Ninurta, fils d’Enlil, et mon propre fils Nergal ont déchaîné les
armes empoisonnées dans la grande plaine.
– Nous ne nous doutions pas que l’explosion serait suivie d’un Vent Mauvais!
Qui aurait pu prévoir que la tempête funeste se dirigerait vers l’est! se lamentent
maintenant les dieux, horrifiés.
Dans leurs cités sacrées, ils n’ont pas voulu croire que le Vent Mauvais se
dirigeait vers Shumer.
L’un après l’autre, ils ont déserté leurs villes, abandonnant leurs temples au
vent.
À Ur, ville des rois de Shumer, Nannar appelait son père à l’aide.
Dans le temple qui en sept marches mène aux cieux, il refusait de se soumettre
à la main du sort.
– Mon père, toi qui m’as engendré, grand dieu qui as accordé le trône à Ur,
repousse le mal!
– Noble fils, le trône fut accordé à ta merveilleuse ville, mais il ne lui fut pas
promis que ce règne durerait pour l’éternité.
Une calamité sans égale depuis le Déluge avait frappé dieux et Terriens. Non,
ce n’était pas la destinée!
Le Grand Déluge devait avoir lieu. Mais pas la Grande Calamité, pas cette
tempête semant la mort.
Par un vœu brisé, par une décision du Conseil elle fut causée. Par les Armes
de Terreur elle fut engendrée.
Ce fut une décision, et non le destin, qui déclencha les armes empoisonnées.
Le sort fut fixé par délibération.
Les deux fils ont envoyé la destruction aux trousses de Mardouk, mon fils
aîné. Leurs cœurs criaient vengeance.
– Il a levé une armée de Terriens, déclaré que Babel était le centre du monde!
avait crié Nergal, le frère de Mardouk.
Des mots venimeux s’étaient répandus dans le Conseil des grands dieux.
Jour et nuit j’ai tenté de m’y opposer, plaidant pour la paix, déplorant la hâte.
– Pour la seconde fois le peuple a brandi son image divine, pourquoi continuer
à s’y opposer?
Les instruments ont-ils été bien consultés? L’ère de Mardouk dans les cieux
n’est-elle pas arrivée? demandais-je, suppliant.
Ningishzidda, mon propre fils, invoqua d’autres signes du ciel. Je savais que
dans son cœur, il ne pouvait pardonner l’injustice de Mardouk à son égard.
Inanna, la sœur jumelle d’Utu, était la plus furieuse de tous. Elle demandait à
ce que Mardouk soit puni pour l’assassinat de son Dumuzi bien-aimé.
– Mardouk a ignoré tous les traités. Il s’appuie sur les signes célestes pour
clamer sa suprématie.
– Seules les armes peuvent l’arrêter! cria Ninurta, le premier fils d’Enlil.
Utu craignait pour la protection du Spatioport:
– Nous n’avons qu’à nous servir des anciennes Armes de la Terreur pour le
détruire! répondit Nergal, seigneur du Domaine du Dessous.
– Laissez-moi détruire les villes des malfaiteurs, les villes du péché. Que l’on
m’appelle l’Anéantisseur!
– Les Terriens, que nous avons créés, ne doivent pas être blessés. Les justes ne
doivent pas périr avec les pécheurs, dis-je avec force.
Anu, depuis sa demeure céleste, prêtait une grande attention aux discussions.
– Accordons pour cette fois l’usage des Armes de Terreur, que le Spatioport
soit détruit, que le peuple soit épargné.
Hélas! je criai silencieusement, un frère retourné contre son frère! Les Temps
Premiers sont-ils condamnés à se répéter?
Enlil leur révéla le secret des Temps Anciens qui leur donnerait accès aux
Armes.
Elles devaient permettre de régler une querelle entre frères sans détruire
aucune région.
Les deux fils, pleins d’allégresse, émergèrent de la chambre d’Enlil d’un pas
vif et partirent en quête des armes.
Les autres dieux retournèrent vers leurs villes, sans qu’aucun ne se doute de la
catastrophe qui allait les toucher personnellement.
Avant les Temps Premiers fut le Commencement, après les Temps Premiers
furent les Temps Anciens.
Dans les Temps Anciens les dieux vinrent sur Terre et créèrent les Terriens.
Dans les Temps Premiers, aucun dieu ne régnait sur Terre, et les Terriens
n’existaient pas.
Dans les Temps Premiers, les dieux demeuraient sur Nibiru, leur propre
planète.
Nibiru est une grande planète qui rayonne d’un éclat rouge. Elle décrit une
ellipse autour du Soleil.
Sur une partie de son orbite elle est plongée dans le froid, sur une autre partie
elle est violemment réchauffée par les rayons du Soleil.
Cette atmosphère permet à la vie d’exister, sans elle il n’y aurait que mort.
Pendant la période chaude, elle protège Nibiru des rayons ardents du Soleil.
Certains vivaient dans les montagnes, d’autres avaient construit leurs maisons
dans les vallées.
Des rivalités apparurent, des intrusions et affrontements eurent lieu, les bâtons
devinrent des armes.
Qu’il n’y ait qu’un trône sur Nibiru, un roi pour régner sur tout.
Qu’un meneur venant du nord ou du sud soit désigné par le sort et devienne le
roi suprême.
S’il venait du nord, le sud devrait choisir une femme pour être son épouse et
régner à ses côtés en tant que reine.
Leur premier fils leur succéderait, une dynastie unifiée serait ainsi formée et
l’unité de Nibiru pour toujours établie.
Au milieu des ruines naquit la paix. Le nord et le sud furent unis par les liens
du mariage.
Il avait été désigné par le sort. C’était un chef droit et juste. Tous acceptaient
ses décisions.
Il nomma pour chaque région un gouverneur pour chaque région, dont la tâche
principale était de reconstruire et unifier les terres.
Les annales royales parlent de lui en ces mots: An unifia les terres, il restaura
la paix sur Nibiru.
Il construisit une nouvelle ville, répara les canaux, nourrit le peuple. Les terres
retrouvèrent l’abondance.
Pour épouse le sud lui choisit une jeune fille connue pour ses talents dans les
jeux de l’amour comme à la guerre.
Son titre royal était An. Tu. Ce nom habilement choisi signifiait « Le chef qui
a épousé An ».
Elle donna à An trois fils et aucune fille. Le premier fils reçut d’elle le nom
d’An.Ki, « Solides Fondations d’An ».
An.Ki monta seul sur le trône. Le choix d’une épouse fut repoussé par deux
fois.
Au cours de son règne, des concubines furent amenées au palais, mais aucun
fils ne naquit.
La dynastie ainsi commencée fut perturbée par la mort d’Anki. Rien n’avait
été construit sur ses fondations.
Le second fils fut donc déclaré héritier légitime, bien qu’il ne fût pas l’aîné.
Il avait grandi dans une fratrie de trois, et sa mère l’appelait tendrement Ib, «
Celui du milieu ».
Dans les annales royales il est appelé An. Ib, « Fils d’An ».
An.Ib succéda à son père sur le trône de Nibiru. Il était le troisième à régner.
Pour épouse, il choisit la fille de son frère cadet. Elle s’appelle Nin.Ib, la
Dame d’Ib.
Ninib donna à Anib un fils, qui lui succéda sur le trône. C’était le quatrième
roi.
Remplaçant les anciens festivals des tribus et des nations, c’est pour unifier le
peuple qu’ils furent créés.
Par décret, il établit des lois régissant les relations entre mari et femme, fils et
filles.
Il décréta des lois pour les hommes qui ont plus d’une femme.
Selon la loi, une femme devait être choisie pour épouse officielle et appelée
Première Épouse.
Lors du règne d’Anshargal, Kishargal fut nommée Première Épouse. Elle était
la demisœur du roi.
C’est l’une d’entre elles qui donna naissance au premier fils. Le premier-né
était le fils d’une concubine.
Puis Kishargal eut un fils. Il était l’héritier légitime selon la loi, mais il n’était
pas le premier-né.
Le roi et moi n’avons pas la même mère, mais nous avons le même père.
Ainsi mon fils possède par deux fois l’héritage de notre père Anib!
Que désormais le fils d’une demisœur, quel que soit son rang de naissance,
accède à la succession avant tous les autres fils!
Je vais maintenant raconter le règne d’Anshar et des rois qui lui succédèrent.
Le changement de loi contraria les autres princes. Il y eut des mots, mais point
de rébellion.
Pour Première Épouse Anshar choisit l’une de ses demisœurs. Elle s’appelait
Ki.Shar.
– Cela s’est déjà produit, affirmaient certains. Dans le passé Nibiru a été plus
froide et plus chaude. C’est le destin, ancré dans l’orbite de Nibiru.
Puis leur fils En.Shar accéda au trône. Il était le sixième roi de la dynastie.
– Sur sa route, elle croise les cinq membres de la famille du Soleil, planètes
d’une incroyable beauté.
Il baptisa chacune d’entre elles d’après les ancêtres qu’il respectait et qu’il
pensait leur être liés.
An et Antu, les planètes jumelles, ainsi nomma-t-il les deux premières qu’il
rencontra.
Plus loin sur le parcours de Nibiru se trouvaient Anshar et Kishar, les plus
imposantes en taille.
En tout, cinq êtres divins saluaient Nibiru sur le parcours autour du Soleil.
Tel un gardien, il défendait la région interdite des cieux, protégeant les quatre
autres enfants du Soleil.
Enshar décida d’étudier l’atmosphère des cinq planètes accessibles.
Ils tentèrent de créer un bouclier qui envelopperait la planète, mais tout ce qui
avait été projeté dans le ciel retomba.
– C’est par eux que l’atmosphère a été créée, la brèche ne peut venir que
d’une diminution que leurs rejets.
Qu’une nouvelle invention les incite à cracher, que les volcans entrent à
nouveau en éruption! disait un groupe de savants.
La pluie ne tombait pas, les vents se faisaient plus violents, les sources ne
jaillissaient plus des profondeurs.
Pour Première Épouse, Enshar avait pris l’une de ses demisœurs, obéissant à
la Loi de la Semence.
Elle s’appelait Nin.Shar, la Dame des Shars. Elle ne porta pas de fils.
C’est dans la maison des concubines, et non au palais, qu’il avait été conçu.
Pour épouse il choisit une jeune fille appelée Duuru, qu’il aimait depuis sa
jeunesse. Il choisit sa Première Épouse par amour, sans suivre la Loi de la
Semence.
Da.Uru, « Celle qui est à mes côtés », était son nom royal.
La confusion régnait à la cour. Nul fils pour hériter, nulle demisœur pour
femme.
Aux portes du palais Dauru trouva un enfant, comme son propre fils elle
l’éleva.
Dauru finit par adopter l’enfant, et le déclara héritier légitime. Son nom était
Lahma, « Sécheresse ».
Finalement Lahma accéda au trône. Le sang d’An ne coulait pas dans ses
veines, mais il fut le huitième à régner.
– Construisons des vaisseaux spatiaux, et que cette flotte céleste rapporte sur
Nibiru le précieux métal! disaient les uns.
Passa une troisième année nibirienne, puis une quatrième. L’or restait
introuvable.
Le roi ne prêtait aucune attention à leurs paroles. Il n’avait d’oreilles que pour
son épouse, qui répondait au nom de Lahama.
Il fit campagne auprès des autres princes, faisant miroiter des promesses.
Je vais maintenant vous raconter le règne d’Alalu et son départ pour la Terre.
Nibiru n’était plus unie, nombreux étaient ceux qui contestaient le pouvoir.
Qui est Alalu? Est-il un héritier légitime, est-il le premier-né? De quel droit
usurpe-t-il le trône, n’a-t-il pas assassiné le roi?
De son sort ils allaient statuer. Alalu plaida sa cause. Ni héritier légitime, ni
premier-né, il était pourtant d’ascendance royale!
Le trône lui revenait, mais la reine l’en écarta délibérément. Afin que son fils
accède au trône, elle créa de toutes pièces la Loi de la Semence. Ella avait offert
à son fils la place qui revenait à Alam.
Les Sept qui jugent furent sensibles aux paroles d’Alalu. Ils remirent le
jugement entre les mains du Conseil, qui devait le confirmer ou l’invalider.
On fit venir les annales royales de la Maison des archives. On les lut avec
soin. An et Antu étaient le premier couple royal.
Ils eurent trois fils et aucune fille. Anki, le premier-né, mourut en cours de
règne, sans descendant. Anib, le second fils, le remplaça sur le trône. Anshargal,
son premier-né, lui succéda. Après lui, la succession fut déterminée par la Loi de
la Semence, au détriment du premier-né. Le premier-né était le fils d’une
concubine.
Alalu jura sur sa propre vie, et le Conseil le reconnut en tant que roi.
Ils convoquèrent les aînés et les princes, et prononcèrent leur décision devant
eux.
– Le sang d’An coule dans ses veines, sans être dilué par celui d’une
concubine, dit-il.
N’en croyant pas leurs oreilles, les conseillers demandèrent au jeune prince de
s’approcher.
Ils lui demandèrent son nom. Il s’appelait Anu, en honneur de son ancêtre An.
Ils s’enquirent de son arbre généalogique. Il leur rappela qu’An avait trois fils.
Anib prit pour épouse la fille de son frère cadet. C’est l’histoire de leur
succession qui est écrite dans les annales.
Qui était ce plus jeune frère, fils d’An et d’Antu au sang pur?
Son épouse Ninuru était sa demisœur. Leur fils, Enama, était le premier-né.
Sa femme était sa demisœur, et le fils qu’elle lui donna était leur héritier par la
loi d’ascendance et par la loi de la succession.
Les générations se succédèrent, donnant naissance à une lignée pure par la loi
comme par le sang.
Nous avons laissé échapper le trône, mais nous avons conservé le sang pur
d’An.
D’autres incitaient à la prudence, pensant qu’il était plus important d’éviter les
conflits et de préserver l’unité.
– Nous descendons tous deux du même ancêtre, par des lignées différentes.
Que son fils épouse ma fille, que notre descendance soit unie.
– Que les Armes de la Terreur déchirent les entrailles de Nibiru, que les
volcans entrent à nouveau en éruption, demanda-t-il ensuite.
Les Armes de la Terreur furent chargées à bord de chars portés par les vents,
et des missiles de terreur furent lancés des cieux au cœur des volcans.
Dans les campagnes, la joie s’estompa. La pluie ne tombait pas, les vents se
firent plus violents.
Ils s’affrontèrent sur la place publique. Les montants des portes et les murs
tremblaient.
Il perdit le combat, et la foule proclama Anu roi. Anu fut escorté au palais,
Alalu ne revint pas. Il échappa à la foule, craignant de mourir comme Lahma.
Alalu se dirigea vers la Terre, la planète couleur de neige. C’est un secret des
Commencements qui lui avait fait choisir cette destination.
Synopsis de la Deuxième Tablette
Le vol d’Alalu à bord d’un vaisseau spatial
armé de têtes nucléaires
Il choisit pour destination Ki, la septième planète (la Terre)
La raison pour laquelle il s’attend à trouver de l’or sur Terre
La cosmogonie du système solaire
L’eau et l’or de Tiamat
L’apparence de Nibiru depuis l’espace
La Bataille Céleste et la destruction de Tiamat
La Terre, moitié de Tiamat, hérite de son eau et de son or
Kingu, le principal satellite de Tiamat,
devient la Lune de la Terre
Nibiru est condamnée
à tourner autour du Soleil pour toujours
Arrivée et atterrissage d’Alalu
Alalu découvre l’or et tient le sort de Nibiru entre ses mains
Alalu mit le cap sur la Terre couleur de neige. C’est un secret des
Commencements qui lui avait fait choisir cette destination.
Le sort de Nibiru était entre ses mains et s’il réussissait, il pourrait régner sur
tout l’univers!
En exil loin de Nibiru, il risquait la mort mais les dangers ne lui faisaient pas
peur.
Volant comme un aigle, Alalu scrutait les cieux. Au-dessous de lui, Nibiru
ressemblait à une balle suspendue dans le vide.
Un autre regard, et la grande boule de Nibiru n’était pas plus grosse qu’un
fruit.
Au dernier coup d’œil, Nibiru avait déjà été happée dans l’obscurité.
Le cœur d’Alalu était en proie au remords, la peur le tenait dans sa main. La
décision se muait en hésitation.
Dans l’immensité des cieux, l’obscurité était d’un noir d’encre. Au loin, des
étoiles lui faisaient des clins d’œil.
Alalu continua son chemin. Soudain, une vue réjouissante s’offrit à lui:
L’émissaire céleste était là pour le saluer!
Le petit Gaga, « Celui qui montre le chemin », était sur sa route, accueillant.
Il a deux visages, selon qu’il est incliné vers l’avant ou vers l’arrière.
Alalu considéra la face qu’il lui présentait lors de leur première rencontre
comme un bon présage.
Bientôt la céleste Antu, ainsi nommée par le roi Enshar, surgit de l’obscurité.
Aussi bleue que l’eau pure, elle est à l’origine des Eaux du Dessus.
L’itinéraire les menait droit vers Anshar, le Prince Héritier des cieux.
Le vaisseau s’était mis à accélérer, attiré par les anneaux aux couleurs vives
d’Anshar!
Alalu détourna rapidement le regard pour ne pas perdre de vue « Celui qui
montre le chemin ».
C’est alors qu’une vue des plus spectaculaires s’offrit à lui: au loin, il pouvait
discerner la clarté de l’étoile du groupe!
Sa surface était obscurcie par des tourbillons, des taches de couleur qui se
déplaçaient.
Ils refusaient de céder le précieux métal dont la planète avait besoin pour
survivre.
Dans son vaisseau, Alalu agita plus fortement les Pierres de Feu.
Tels des guerriers effrayés, les rochers reculaient, libérant un passage pour
Alalu.
Le féroce bracelet n’a pas eu raison de lui, n’a pas mis fin à sa mission!
Devant lui, une planète d’un brun rougeâtre poursuivait sa route. C’était le
sixième des dieux célestes.
Alalu put à peine l’apercevoir, car l’astre s’écartait à vive allure de son
chemin.
C’est vers elle que se dirigeait Alalu, vers la planète la plus accueillante.
Plus petite que Nibiru, sa force d’attraction était aussi moins forte.
Dans son atmosphère moins dense que celle de Nibiru tourbillonnaient des
nuages.
Alalu déploya adroitement les ailes qui servaient à freiner le vaisseau afin de
faire le tour du globe terrestre.
Le rayon a détecté de l’or, tant d’or sous la zone sombre, mais aussi sous
l’eau!
Le cœur battant, Alalu devait prendre une décision:
Devait-il atterrir sur la terre ferme, et risquer de s’y écraser et d’y mourir?
Puis il ouvrit les yeux et sut qu’il était encore parmi les vivants.
Au Commencement, lorsque dans les cieux les dieux n’avaient pas encore pris
forme et que sous eux Ki, la terre ferme, ne portait pas encore de nom, seul
existait le primordial Apsu.
Dans les hauteurs du Dessus, les dieux célestes n’avaient pas encore été créés.
Dans les eaux du Dessous, les dieux célestes n’étaient pas encore apparus.
Dessus comme Dessous, les dieux n’avaient pas encore été formés, les
destinées n’avaient pas encore été décrétées.
Puis Apsu mélangea les eaux primordiales à l’aide de ses vents et leur jeta un
ingénieux sort divin.
Apsu créa ensuite le petit Mummu et en fit son messager, un cadeau pour
Tiamat.
Puis leurs eaux se mêlèrent et formèrent leurs divins enfants dans l’espace qui
les séparait.
Les êtres célestes créés étaient mâle et femelle. Ils furent baptisés Lahmu et
Lahamu.
Apsu et Tiamat établirent pour eux une demeure dans le monde du Dessous.
Avant que Lahmu et Lahamu n’aient atteint leur taille adulte, le couple céleste
d’Anshar et Kishar fut formé dans les eaux du Dessus.
Dans les confins du ciel, ils eurent un héritier répondant au nom d’An.
Il y avait donc trois couples divins, créés dans les profondeurs du Dessus et du
Dessous.
Ils reçurent des noms. Avec Mummu et Tiamat, ils étaient la famille d’Apsu.
Les eaux célestes étaient mêlées, pas encore séparées par le Bracelet Martelé.
– Sur sa poitrine elle a attaché une Tablette du destin pour le doter de son
propre circuit et lui a ordonné de combattre les dieux.
Aucun d’entre eux ne dévia sa route, aucun d’entre eux n’était prêt à se battre.
C’est alors qu’un autre dieu fut engendré dans les Profondeurs.
Il était le plus grand d’entre eux, son orbite était la plus longue.
Ses mots remplirent d’orgueil le cœur du nouveau venu. Celle qui voulait
l’élever le rendit prétentieux.
Il chargea Gaga de mettre des mots sur ce qu’il ressentait, et de dire à An: –
Tiamat, qui nous a donné le jour, nous déteste désormais.
Parmi eux Kingu, auquel elle a offert une destinée bien qu’il n’y ait droit.
Son venin est plus puissant que n’importe lequel d’entre nous. Tous, nous
redoutons son armée.
Gaga rejoignit An, se prosterna devant lui et lui répéta les paroles d’Anshar.
Nibiru l’écouta avec émerveillement parler de cette mère prête à dévorer ses
enfants.
Bien qu’il ne dise rien, son cœur était déjà hostile à Tiamat.
Que le Conseil des dieux fasse de moi leur chef, que chacun se prosterner
devant moi!
Ils tracèrent pour lui un chemin princier jusqu’à Tiamat, le bénirent et lui
confièrent des armes redoutables.
Kishar emplit son corps d’une flamme incendiaire, un filet dans lequel
envelopper Tiamat.
Ainsi préparé pour la bataille, Nibiru se mit directement en route vers Tiamat.
Il envoya les Sept Vents, son armée, comme une tempête, et se précipita vers
Tiamat, prêt au combat.
Il était le seul à s’avancer pour analyser Tiamat et ses suivants, pour deviner le
plan de Kingu, le commandant de son armée.
Le seigneur lança son filet pour emprisonner Tiamat, qui, comme possédée,
hurlait de fureur.
Nibiru libéra le Vent Mauvais, qui se tenait derrière lui, et le dirigea contre
Tiamat.
La flèche transperça ses entrailles de Tiamat, déchirant son ventre et son cœur.
Nibiru étudia le corps sans vie. Tiamat gisait maintenant telle une carcasse
égorgée.
Aux côtés de leur maîtresse sans vie, les onze suivants tremblaient, terrifiés.
Kingu, que Tiamat avait fait commandant de son armée, était parmi eux.
Le seigneur le mit aux fers, l’enchaîna à sa maîtresse.
Il lui ravit les Tablettes de la Destinée, qu’il ne méritait pas, y imprima son
propre sceau et les attacha à sa poitrine.
Il fit captifs les autres suivants de Tiamat, les piétina et les réduit en pièces. Il
les lia à son orbite, les fit voyager à contresens pour qu’ils tournent autour de lui.
Nibiru quitta alors le champ de bataille, pour annoncer sa victoire aux dieux
qui l’avaient mandaté.
Gaga vint le saluer, puis s’en retourna annoncer la nouvelle aux autres.
Il l’ouvrit en deux comme une huître, séparant le haut et le bas de son corps.
Il convoqua son aide le Vent du Nord et lui ordonna de jeter la tête coupée
dans le néant.
Dans un éclat la partie supérieure de Tiamat fut transportée vers une région
inconnue.
Kingu fut exilé avec elle, pour tenir compagnie à la partie sectionnée.
Nibiru considéra alors la partie inférieure de Tiamat.
Armé d’une masse il la tailla en pièces qu’il lia entre elles pour former le
Bracelet Martelé.
Le Bracelet habilement martelé par Nibiru sépare les eaux supérieures des
eaux inférieures.
Le Seigneur traversa ensuite les cieux pour en étudier les différentes régions.
Il marqua une pause, hésitant, puis s’en retourna lentement vers le Firmament,
là où avait eu lieu l’affrontement.
La partie supérieure attira son attention. L’Eau de Vie, le don qu’elle avait
reçu, continuait à jaillir de ses blessures.
Nibiru se souvint alors de la Graine de Vie que son créateur lui avait confiée.
Que sa rotation fasse naître le jour et la nuit. Mes rayons apaiseront sa douleur
pendant la journée. Kingu, créature de la nuit, veillera sur elle dans l’obscurité.
Il conçut leurs orbites afin qu’elles ne se gênent ni ne s’éloignent les unes des
autres.
Il renforça les verrous du ciel et construsit des portes des deux côtés.
Il choisit pour résidence le lieu le plus éloigné, si éloigné que même Gaga ne
pouvait l’y rejoindre.
Qu’il mette un Shar pour parcourir son orbite. Que telle soit sa destinée!
Ce savoir avait été approfondi par Enshar avant d’être étudié par Alalu.
Alalu atteignit victorieux la planète de l’or, son vaisseau s’écrasa dans un bruit
de tonnerre.
Il se tenait seul sur une planète étrangère, peut-être exilé de Nibiru à tout
jamais!
La fraîcheur de l’eau le fit frissonner, et il revint sur la terre ferme. Il était seul
sur une planète étrangère!
Les pensées se bousculaient dans sa tête. Son épouse et ses enfants lui
manquaient.
Il retourna rapidement au vaisseau pour boire et se nourrir, puis fut envahi par
un sommeil de plomb.
Il déploya une perche équipée d’un appareil de contrôle hors du vaisseau, qui
lui indiqua que l’air de la Terre était respirable.
L’éclat qui régnait à l’extérieur était aveuglant: les rayons du Soleil étaient si
puissants!
Il avança en direction des marécages. Les eaux étaient d’un vert sombre.
Attiré par leur odeur sucrée, Alalu détacha un fruit et le porta à sa bouche.
Si son odeur était sucrée, son goût l’était plus encore! Alalu était ravi.
Il sentit quelque chose d’humide sous ses pieds, ce qui lui indiqua qu’il devait
y avoir de l’eau à proximité.
Il se laissa guider par l’humidité, et découvrit une mare au milieu de la forêt,
un étang aux eaux silencieuses. Il plongea l’appareil de contrôle dans la mare.
L’air était respirable, l’eau potable, il y avait des fruits, il y avait des poissons!
L’eau était fraîche et n’avait pas le même goût que celle de Nibiru.
Son corps était long comme une corde, et ne possédait ni bras ni jambes.
Des yeux féroces étaient plantés dans sa petite tête, et une longue langue
pendait hors de sa bouche.
Alalu n’avait jamais rien vu de tel sur Nibiru. C’était une créature d’un autre
monde!
Lorsqu’il atteignit le vaisseau, il faisait nuit. Alalu était étonné que le jour soit
si court.
Dans son cœur, Alalu nourrissait l’espoir qu’une autre de ses convictions
s’avère juste.
Il ne pouvait détacher le regard de son écran lumineux, son cœur battait dans
sa poitrine.
Puis le cœur d’Alalu s’arrêta: l’appareil indiquait la présence d’or dans l’eau!
Vacillant sur ses jambes, Alalu avança, s’enfonçant plus loin dans le
marécage.
Il réveilla les Tablettes de la Destinée qui connaissent toutes les orbites, afin
de trouver celle de Nibiru.
Il s’exprima ainsi:
Je suis dans un autre monde, j’y ai découvert l’or qui peut sauver Nibiru.
Le sort de Nibiru est entre mes mains. Vous devez vous plier à mes exigences!
Le sort de Nibiru est entre mes mains. Vous devez vous plier à mes
exigences! Tels sont les mots qu’Alalu transmit à Nibiru depuis la Terre.
Lorsque les paroles d’Alalu furent rapportées à Anu, le roi, celui-ci fut
abasourdi.
– Alalu n’est pas mort? Se pourrait-il qu’il vive dans un autre monde? se
demandaient-ils sans y croire.
– Ne serait-il pas plutôt servi du vaisseau pour aller se cacher quelque part sur
Nibiru?
Ils découvrirent que ces mots n’avaient pas été prononcés sur Nibiru, qu’ils
venaient d’au-delà du Bracelet Martelé.
Ils firent part de leur découverte à Anu, qui n’en revenait pas.
L’ordre fut transmis au centre spatial et les mots suivants furent envoyés à
Alalu: – Alu, le roi, te salue. Il est heureux de te savoir sain et sauf. Il n’était pas
nécessaire que tu quittes Nibiru, Anu ne te considère pas comme un ennemi.
Que les commandants fassent de moi leur chef et obéissent à mes ordres!
Lorsque les paroles d’Alalu furent entendues sur Nibiru, elles provoquèrent
une grande consternation.
– Où s’est-il réfugié?
S’il est parti au-delà du Bracelet Martelé, c’est sur Terre, la septième planète,
qu’il s’est réfugié!
Dans l’assemblée, un prince prit la parole. Fils d’Anu, il était aussi celui de
son épouse Antu.
– Nibiru passe dans cette région à chacune de ses révolutions. Alalu ne fait
que provoquer des catastrophes!
Le Conseil était consterné. Changer de roi n’est pas une simple formalité.
Anu n’était pas seulement roi par le sang, il avait aussi gagné le trône en
combat singulier.
Il était le maître des secrets des eaux, son nom était E.A., Celuiqui-vient-de-
l’Eau.
– Anu est mon père de naissance, Alalu est mon père par les liens du mariage.
Cette union avait pour but d’unir nos deux clans.
Laissez-moi rejoindre la Terre à bord d’un vaisseau. Avec l’eau, et non avec le
feu, je saurai me frayer un chemin à travers le Bracelet.
Si l’or permet de sauver Nibiru, qu’un second combat singulier soit organisé
pour déterminer qui doit régner sur Nibiru.
Les princes, les conseillers, les sages, les commandants, tous étaient
émerveillés par les paroles d’Ea. Dans sa sagesse, il avait trouvé une solution au
conflit.
Que l’or tiré des eaux soit analysé pour sauver Nibiru.
Sa trajectoire avait été calculée, une Tablette de la Destinée avait été fixée
avec soin.
Cinquante héros furent désignés pour se rendre sur Terre et rapporter l’or.
Les foules se rassemblèrent à la base spatiale pour faire leurs adieux aux héros
et à leur chef.
– Mon fils, mon premier-né. C’est un long voyage que tu entreprends, risquant
ta vie pour nous tous.
Que ton succès permette de sauver Nibiru du pire. Va, et reviens sain et sauf!
C’est en ces mots qu’Anu fit ses adieux à son fils.
Va et reviens! Surmonte les dangers qui se dresseront sur ton chemin! lui dit-
elle.
Ea embrassa son épouse avec tendresse, et Damkina le serra dans ses bras sans
un mot.
C’est Anzu, et non Ea, qui était assis dans le siège du commandant.
Son nom signifiait « Celui qui connaît les cieux ». Il avait été sélectionné
spécialement pour cette tâche.
– C’est une planète de non-retour, dit Ea avec force, lui intimant l’ordre de ne
pas s’arrêter.
Elle s’effaça lentement pour laisser le char affronter son prochain adversaire.
Sur l’ordre d’Ea, un jet d’eau plus puissant qu’un millier de guerriers fut
propulsé en avant.
Ea continuait à donner des ordres pour que le Propulseur d’eau ne s’arrête pas
de tourner.
Il dirigeait des torrents vers l’armée de rochers, qui s’écartaient les uns après
les autres, dégageant un passage pour le vaisseau.
Les héros laissèrent exploser leur joie. Ils pouvaient maintenant contempler le
Soleil.
Alors que tous se laissaient aller à l’allégresse, Anzu tira la sonnette d’alarme:
– Nous avons utilisé trop d’eau pour nous frayer un chemin.
Nous n’en avons plus assez pour nourrir les Pierres de Feu pour le reste du
voyage!
Dans les ténèbres ils pouvaient distinguer la sixième planète, qui reflétait les
rayons du Soleil.
Sa tête et ses pieds étaient blancs, mais son centre était rouge et parsemé de
lacs et rivières scintillants.
Le Testeur et la Sonde leur apprirent que l’eau était potable, mais que l’air
était trop pauvre pour être respirable.
Ayant retrouvé sa vigueur, le vaisseau s’éleva dans les airs, faisant ses adieux
à l’accueillant Lahmu.
Dans le siège du commandant, Anzu était sans voix. Ea ne parlait pas non
plus.
Anzu dit à Ea que le vaisseau devait être ralenti ou qu’il serait détruit par
l’épaisse atmosphère de la Terre.
Ils décrivirent donc des cercles autour de la Lune, que la Bataille Céleste avait
laissée blessée.
Il en fit deux fois le tour, descendant de plus en plus près de la terre ferme.
Les deux tiers de la planète étaient couleur de neige, son centre était sombre.
Ils pouvaient voir les océans, ils pouvaient voir les terres fermes. Ils
recherchaient le phare signalant la position d’Alalu.
Anzu déclara que le vaisseau était trop lourd et trop imposant pour les
marécages, mais que la gravité était trop forte pour tenter de se poser sur le sol.
Anzu fit une dernière fois le tour de la planète et fit descendre avec précaution
le vaisseau vers le bord de l’océan.
Sur la gauche s’élevaient des collines, sur la droite des montagnes dressaient
leur sommet vers le ciel.
Le Char Céleste se dirigeait vers Alalu, flottant sur les eaux comme un bateau.
Devant lui la terre était recouverte d’eau, l’océan cédait la place aux
marécages.
Impatient, Ea enfila son costume de poisson. Son cœur battait dans sa poitrine.
Devant lui, il pouvait voir Alalu qui faisait de grands signes pour le saluer.
Il sortit de l’eau et s’avança sur la berge. Sous ses pieds, la terre était noire.
Alalu rejoignit en courant son fils par alliance et le serra dans ses bras.
Je vais maintenant raconter la création d’Eridu sur Terre, et comment les sept
jours ont commencé.
Ea serra Alalu dans ses bras en silence, ses yeux étaient remplis de larmes de
bonheur.
Les héros progressaient dans les marais. Vêtus de costumes de poissons, ils se
hâtaient vers la terre ferme.
Anzu leur demanda de garder le vaisseau à flot, de jeter l’ancre à l’eau pour
éviter la boue des marais.
Nous sommes ici pour remplir une mission d’une extrême importance, le sort
de Nibiru est entre nos mains! dit-il.
Une scène qu’ils n’avaient jamais vue se déroulait devant leurs yeux: le Soleil,
devenu une boule rouge, disparaissait à l’horizon!
La peur s’empara des héros. Ils pensaient qu’une catastrophe était peut-être en
train de se produire.
Les héros furent surpris par l’arrivée de l’obscurité, qui séparait la terre des
cieux.
Dans leur vaisseau les héros s’accroupirent et se serrèrent les uns contre les
autres.
Ainsi se déroula leur première journée sur Terre. Le soir arriva, puis le matin.
Engur se rendit avec Alalu à la mare au serpent pour analyser ses eaux, et
rapporta à Ea qu’elle fourmillait de serpents. Ea considéra alors les marais,
preuve d’abondances précipitations.
Les eaux du dessus furent ainsi séparées des eaux du dessous, les eaux des
marais séparées des eaux douces.
Ainsi se déroula leur deuxième journée sur Terre. Le soir arriva, puis le matin.
Lorsque le Soleil annonça le matin, les héros s’affairaient aux tâches qui leur
avaient été assignées.
Avec Alalu, Ea se dirigea vers le verger, afin d’examiner tous les fruits et les
plantes qui y poussaient.
Isimud, qui avait beaucoup étudié, était capable de distinguer ce qui pouvait
être consommé de ce qui ne pouvait l’être.
Il cueillit un fruit pour Ea et un autre pour lui-même. Le fruit était aussi sucré
que le miel.
Ea chargea le héros Guru de la nourriture qui pousse sur les arbres et des
plantes comestibles.
Les héros avaient ainsi eau et nourriture, mais ils n’étaient pas satisfaits.
Ainsi se déroula leur troisième journée sur Terre. Le soir arriva, puis le matin.
Ea ordonna aux héros d’aller y chercher les outils pour construire des
logements.
Une lueur plus douce parmi les dieux célestes pour régner sur la nuit.
Le soir arriva puis le matin, c’était leur quatrième journée sur Terre. Le soir
arriva, puis le matin.
Ulmash était celui qui sait ce qui nage dans les eaux et ce qui vole dans le ciel.
Ainsi se déroula leur cinquième journée sur Terre. Le soir arriva puis le matin.
Les héros s’attelèrent à la tâche, empilant les briques sur les fondations.
Les toits furent faits en roseaux, des arbres furent coupés pour réaliser
l’enceinte.
Ea, Alalu et Anzu considérèrent avec satisfaction ce qui avait été accompli.
Ainsi se déroula leur sixième journée sur Terre. Le soir arriva, puis le matin.
Que ce jour soit un jour de repos, et que dorénavant le septième jour soit un
jour de repos.
Le soir arriva, puis le matin. C’était leur septième journée sur Terre.
Les cinq pierres du vaisseau furent agitées, sa Grande Étincelle fut réveillé,
l’appareil à aspirer l’eau fut déployé et plongé dans le marais.
Les eaux étaient passées à travers un appareil en cristal qui retenait tous les
métaux qu’elles contenaient, puis elles étaient recrachées dans la mare aux
poissons.
La création d’Ea était ingénieuse, il était bien un habile créateur! Six jours
durant les eaux des marais furent aspirées puis recrachées.
Il y avait différents métaux dont du fer, beaucoup de cuivre, mais très peu
d’or.
Au début de chaque mois, elle avait pendant six jours la forme d’un croissant
lumineux.
À mi-chemin elle arborait une figure ronde, puis maigrissait de jour en jour.
Pourquoi avoir attaché Kingu à Ki? Que pouvait bien signifier ce signe divin?
Dans le vaisseau, les eaux furent filtrées pendant un mois, pendant deux mois.
Tous les six mois, le Soleil donnait à la Terre une nouvelle saison, qu’Ea
appela « hiver » et « été ».
L’hiver passa, puis l’été. Ea baptisa le cycle entier « année terrestre ».
À la fin de l’année, on mesura la quantité d’or obtenue. Il n’y avait pas grand-
chose à envoyer à Nibiru.
– Les eaux des marécages sont trop pauvres, déplaçons le vaisseau vers les
eaux plus profondes de l’océan! dit Ea.
Le vaisseau fut libéré de ses amarres et déplacé vers l’endroit d’où il était
venu.
Les appareils de cristal furent éveillés avec délicatesse pour filtrer l’eau salée.
Les métaux furent séparés les uns des autres, et parmi eux brillait de l’or!
Ea lui répondit qu’hélas, la quantité d’or extraite n’était pas suffisante, et lui
demanda d’attendre un Shar de plus afin de pouvoir en expédier le double.
Ea continua à extraire l’or des eaux marines, mais son cœur était rempli de
doute.
Chaque jour il y montait avec Ea et s’élevait dans les cieux pour étudier la
Terre et ses secrets.
Une pièce fut construite pour accueillir la chambre céleste à côté du vaisseau
d’Alalu.
Il montait dans la chambre céleste avec Abgal et partait percer les secrets de la
Terre.
Ils remarquèrent de vastes terres séparées par des océans et scannèrent leur
sol.
Ea écouta les paroles de son père, le roi. Il devait réfléchir à comment réparer
le vaisseau d’Alalu.
Ils prirent les Armes de la Terreur, toutes les sept, et les dissimulèrent à bord
de la chambre céleste.
C’est là-bas, dans un lieu secret, qu’Ea dissimula les armes. Il les cacha dans
une grotte, un lieu inconnu.
Puis il ordonna à Anzu de réparer le vaisseau d’Alalu afin qu’il soit prêt à se
rendre sur Nibiru avant la fin du Shar.
Il exprima sa colère devant Ea, qui lui expliqua la raison pour laquelle il les
avait dissimulées: – L’usage des armes est interdit! Elles ne doivent jamais être
déclenchées, que ce soit sur Terre ou dans les cieux!
Anzu répliqua que sans elles, le passage du Bracelet Martelé était une
entreprise hasardeuse: – Sans elles, et sans propulseurs d’eau, le danger est trop
grand!
– Mais si le vaisseau ne rentre pas, Nibiru sera perdue! s’écria Abgal, « Celui
qui sait piloter », en s’avançant hardiment vers les chefs. Je le piloterai,
j’affronterai les dangers avec courage! dit-il.
Il fut ainsi décidé qu’Abgal serait le pilote, et qu’Anzu resterait sur Terre.
Sur Nibiru, les astronomes contemplaient les destinées des dieux célestes pour
choisir un jour propice.
Ea lui confia une Tablette de la Destinée prise dans son propre vaisseau.
Ea, Alalu et la foule des héros entouraient le vaisseau, lui souhaitant bon
voyage.
Il était sur la bonne voie, il rentrait chez lui! Devant lui, dans l’obscurité, il
pouvait contempler Nibiru qui luisait d’un éclat rougeâtre.
Il tourna trois fois autour de Nibiru, utilisant sa force d’attraction pour ralentir
le vaisseau.
Anu s’avança vers lui, lui serra la main et prononça un chaleureux discours de
bienvenue.
L’or, éblouissant, fut rapidement emporté par les serviteurs pour être réduit en
la plus fine des poudres et propulsé dans l’atmosphère.
La poussière fut lancée dans le ciel à l’aide de fusées et dispersée par le rayon
des cristaux.
L’allégresse régnait au palais, tous espéraient que les terres retrouvent leur
abondance.
Lorsque Nibiru s’approcha du Soleil, la poussière d’or fut troublée par ses
rayons.
Anu ordonna alors à Abgal de retourner sur Terre accompagné d’un nouveau
contingent de héros.
Il transporterait également des appareils de filtrage supplémentaires.
Un Shar plus tard, le vaisseau était prêt à repartir avec Nungal aux
commandes, mais il ne transportait que quelques paniers d’or.
Dans la partie inférieure de la Terre qui avait la forme d’un cœur affleuraient
de nombreuses veines dorées!
C’est donc de ses entrailles que nous devons le tirer. Il est abondant dans une
région appelée Abzu, au-delà des mers.
Tous s’accordaient à dire qu’il était essentiel d’obtenir l’or, mais comment
l’extraire des entrailles de la Terre?
– Alalu, puis son fils par alliance, Ea, nous ont assuré que le salut viendrait
des eaux.
Nous avons besoin de preuves de l’existence des veines dorées. Pour réussir,
nous avons besoin d’un plan!
Enlil partit donc pour la Terre avec Alalgar, son lieutenant en chef et pilote.
Il monta à bord de l’une d’entre elles avec Alalgar, son lieutenant en chef et
pilote.
Ea monta dans l’autre, pilotée par Abgal, et leur montra le chemin de l’Abzu.
Il n’était pas aussi pur que celui qui se trouvait dans l’eau.
Il fallait faire venir plus de héros, établir d’autres bases, extraire l’or des
entrailles de la Terre, le séparer des éléments qui y étaient mélangés et le
transporter à l’aide de vaisseaux jusqu’à des pistes d’atterrissage.
– Qui sera en charge de ces bases, qui sera en charge de l’Abzu? lui demanda
Ea.
– Qui dirigera Eridu, qui supervisera les bases? lui demanda Alalu.
– Qui sera en charge des vaisseaux et des pistes d’atterrissage? lui demanda
Anzu.
Enlil décida de faire venir Anu sur Terre et de s’en remettre à sa décision.
Je vais maintenant raconter la venue d’Anu sur Terre, la répartition des
pouvoirs entre Ea et Enlil, comment Ea reçut le titre-nom d’Enki et comment
Alalu affronta Anu pour la seconde fois.
Anu vint sur Terre à bord d’un Char Céleste, suivant la route tracée par les
planètes.
Nungal, le pilote, fit le tour de Lahmu afin qu’Anu puisse l’observer de près.
Ils firent également le tour de la Lune, l’astre qui avait été Kingu, et
l’admirèrent.
Ea avait préparé des bateaux de roseaux pour qu’Anu puisse rejoindre la rive.
Les héros se tenaient en rangs sur la place d’Eridu pour accueillir leur roi en
grande pompe.
Ils parlèrent avec lui de ce qui avait été fait et de ce qui devait être fait.
Ils volèrent vers l’Abzu, se posèrent sur son sol riche en or.
Anu dit que l’extraction de l’or allait être difficile, mais qu’il fallait réussir à
tout prix, quelle que soit la profondeur à laquelle il était enfoui.
– Qu’Ea et Enlil conçoivent des outils pour y parvenir, qu’ils assignent des
héros à la tâche.
Ils y tirent conseil afin de déterminer les tâches et les devoirs de chacun.
Enlil, né après lui, était le fils d’Antu, l’épouse et demi-sœur d’Anu, ce qui
faisait de son fils l’Héritier Légal.
– Laissons le sort décider qui de nous trois doit rentrer sur Nibiru pour
occuper le trône, qui doit diriger l’Edin, et qui doit régner sur l’Abzu.
Il régnerait sur toutes les terres jusqu’à l’endroit où elles rencontrent la mer.
Il régnerait aussi sur les terres qui s’étendent au-delà des mers.
Les yeux d’Ea s’emplirent de larmes, il ne souhaitait pas être séparé d’Eridu et
d’Edin.
– Les tâches ont été assignées, le succès est assuré! leur dit Anu.
La Terre m’a été accordée lorsque j’ai partagé la découverte de l’or avec vous,
et je n’ai pas non plus renoncé au trône de Nibiru.
C’est ainsi qu’Alalu défia Anu et ses décisions. Au début, Anu resta sans voix,
puis il répondit avec colère: – Que notre différend soit réglé par un second
combat, ici même, maintenant!
C’est nus que les deux prétendants au trône commencèrent à lutter. Le combat
était féroce.
Anu posa son pied sur la poitrine d’Alalu, affirmant sa victoire par ce geste.
– La décision a été prise par la lutte. Je suis le roi, Alalu est banni de Nibiru.
Rapide comme l’éclair, Alalu se releva. Il tira Anu par la jambe et, la bouche
grande ouverte, mordit à pleines dents dans ses attributs virils, qu’il avala!
Enki se précipita vers Anu pendant qu’Enlil retenait captif Alalu, qui riait.
Anu fut transporté jusqu’à sa hutte par des héros, maudissant Alalu.
– Non! s’exclama Enki. La justice est en lui, le poison a atteint ses entrailles!
Ils emmenèrent Alalu dans une hutte de roseaux, pieds et mains liés comme
un prisonnier.
Je vais maintenant raconter le jugement d’Alalu et les événements qui s’en
suivirent sur la Terre et sur Lahmu.
Fécondé comme une femme par le sperme d’Anu, son ventre se mit à gonfler
comme s’il allait accoucher.
Mais avant cela Alalu doit être jugé et condamné à une peine à la hauteur de
son acte!
D’après les lois de Nibiru, sept juges étaient nécessaires. Le tribunal serait
présidé par celui d’entre eux dont le rang était le plus élevé.
Sur la place d’Eridu, les héros s’étaient rassemblés pour observer le procès
d’Alalu.
Alalu fut conduit devant les Sept-qui-jugent, les liens de ses mains et de ses
pieds furent dénoués.
– Ayant été vaincu, Alalu a commis le crime ignoble d’arracher les attributs
virils d’Anu avec ses dents et de les avaler! accusa Enlil.
Anu était mon échanson. Il a excité les princes et m’a provoqué en combat
singulier.
Neuf Shars durant j’ai régné sur Nibiru, mon sang est royal.
Anu s’est assis sur mon trône, et je me suis rendu sur Terre pour échapper à
une mort certaine.
C’est moi, Alalu, qui ai découvert le salut de Nibiru sur cette planète
étrangère!
On m’a promis que je pourrais rentrer sur Nibiru et que j’aurais une chance de
conquérir à nouveau le trône.
Puis Ea est arrivé sur Terre et il fut décidé qu’il serait le prochain à y régner.
Enfin vint Anu, qui organisa un tirage au sort truqué et fit d’Ea Enki, le
Seigneur de la Terre, afin qu’il ne puisse régner sur Nibiru.
Puis Anu a placé son pied sur ma poitrine, piétinant mon cœur blessé!
– Qu’Alalu passe la fin de ses jours emprisonné sur Terre, proposa Anzu.
Anu réfléchit à leurs paroles, envahi à la fois par la colère et par la pitié.
– Qu’il soit condamné à mourir en exil! déclara-t-il finalement.
Les juges se regardèrent les uns les autres, stupéfaits. Ils se demandèrent ce
qu’Anu avait en tête.
Entre nos deux planètes se trouve Lahmu, sur laquelle on trouve de l’eau et
qui possède une atmosphère.
Enki/Ea s’y est arrêté. J’ai pensé y établir une station étape.
Sa force d’attraction est moins forte que celle de la Terre, un avantage non
négligeable.
Qu’il se retrouve seul sur une planète étrangère, à compter les jours jusqu’à
son dernier.
– Que Nungal pilote mon vaisseau jusqu’à Nibiru et revienne sur Terre
accompagné d’un nouveau contingent de héros.
Le lendemain, tout était prêt pour le départ et ceux qui devaient prendre part
au voyage rejoignirent le vaisseau en bateau.
Anu dit à Enlil qu’il devait construire une Piste d’Atterrissage sur la terre
ferme, et réfléchir à la manière d’utiliser Lahmu comme station étape.
Puis le char s’éleva dans les cieux et ainsi prit fin la visite royale.
Ils firent une fois le tour de la lune, Anu était enchanté par la vue.
Ils observèrent l’endroit où le char d’Ea s’était posé dans le passé, à côté d’un
lac.
C’est alors qu’Anzu, le pilote de la chambre, surprit Anu par ces paroles: – Je
souhaite descendre sur Lahmu avec Alalu, sans revenir au vaisseau.
Je souhaite rester avec Alalu sur cette planète étrange et le protéger jusqu’à sa
mort.
Lorsque le poison qui dévore ses entrailles aura eu raison de lui, je lui
construirai une sépulture digne d’un roi.
Mon nom restera dans l’histoire comme celui qui, contre toute attente, a
accompagné un roi en exil.
– Si tel est ton souhait, qu’il en soit ainsi, répondit Anu, impressionné.
Anzu s’inclina.
Alalu avait régné sur Nibiru pendant huit Shars, puis il avait dirigé Eridu
pendant huit Shars.
Le neuvième Shar, le sort avait décidé qu’il mourrait en exil sur Lahmu.
De retour sur Nibiru, Anu fut accueilli avec des effusions de joie. Il raconta au
Conseil et aux princes ce qui s’était passé, sans chercher à les apitoyer et sans
réclamer vengeance.
Il leur dévoila sa grande vision: établir des stations étapes entre Nibiru et la
Terre, pour que toute la famille du Soleil fasse partie du même royaume.
La première d’entre elles devait être construite sur Lahmu, mais il pensait
également à la Lune.
En construisant des bases sur les autres planètes ou leurs satellites, ils
pourraient faciliter et sécuriser les allers-retours des chars et alimenter Nibiru en
or sans interruption.
Enki et Enlil furent informés des projets d’Anu et incités à accélérer les
préparatifs sur Terre.
Il estima le nombre de héros nécessaires à la tâche, réfléchit aux outils dont ils
auraient besoin.
Enlil, le commandant, était affligé par la chaleur des rayons sur Soleil. Il
rêvait de fraîcheur et d’ombre.
Alors que dans l’Abzu Enki était occupé par les préparatifs, Enlil dans son
vaisseau étudiait l’entendue de l’Edin.
Dans une forêt de cèdres poussaient les plus grands arbres qu’il ait jamais vus.
C’était un travail colossal, une structure qui résisterait aux assauts du temps
pour toujours.
Ninmah, la « Dame exaltée », était à leur tête. Elles étaient formées aux soins
et à la guérison.
Elle écouta avec attention les plaintes des Anunnakis basés sur Terre, et se mit
à préparer un remède.
Ils trouvèrent Anzu à côté d’un lac: c’est son casque qui émettait le
rayonnement.
Ninmah toucha son visage, écouta son cœur. Elle sortit le Pulser de sa trousse,
et dirigea les pulsations vers le cœur d’Anzu.
Soixante fois Ninmah utilisa le Pulser, soixante fois elle utilisa l’Émetteur.
Ils lui demandèrent où se trouvait Alalu, et Anzu leur répondit qu’il était mort.
Il les mena à un grand rocher qui se dressait vers le ciel au milieu de la plaine
et leur raconta ce qui s’était passé: – Peu après l’atterrissage, Alalu se mit à
hurler de douleur.
Il se mit à cracher ses entrailles, et dans son agonie tourna les yeux vers cette
muraille.
Il les mena à un grand rocher qui se dressait vers le ciel tel une montagne.
– Dans le grand rocher j’ai découvert une grotte. J’y ai caché le corps d’Alalu
et ai scellé l’entrée à l’aide de pierres.
Lui qui avait régné sur Nibiru n’était plus qu’un tas d’os dans une grotte!
– Pour la première fois dans nos annales, un roi est mort loin de Nibiru, au
loin se trouve sa sépulture.
– Que la représentation d’Alalu veille pour toujours sur son ancien royaume
de Nibiru et sur la Terre, où il a découvert l’or! déclara Ninmah au nom de son
père Anu.
Quant à toi, Anzu, le roi se doit d’honorer la promesse qu’il t’a faite! Vingt
héros resteront à tes côtés pour entamer la construction de la station étape.
Ils débarquèrent sur un quai construit par Enlil et qui rendait l’usage de
bateaux superflu.
Les héros, hommes et femmes, furent accueillis par ceux qui étaient déjà
présents.
Puis, brandissant un sac de graines, elle annonça à ses frères qu’elle avait
trouvé le remède aux maux des héros: – Vous devez planter ces graines dans le
sol.
Elles feront naître une armée de buissons portant des fruits juteux.
Le jus de ces fruits est un élixir que les héros devront boire.
Il chassera leurs maux et apaisera leur humeur!
Les graines doivent être semées dans un endroit frais où elles recevront
chaleur et eau.
Une fois à l’intérieur, Enlil prit Ninmah dans ses bras et l’embrassa avec
ferveur.
C’est un jeune prince prêt pour l’aventure et décidé à venir te rejoindre sur
Terre!
Les graines contenues dans le petit sac de Ninmah furent plantées dans le sol
de la vallée.
Loin d’Eridu, à la frontière des terres arides, j’établirai Laarsa, ma cité. C’est
de là-bas que je commanderai.
Entre les deux j’ai tracé une ligne. À soixante lieues de là, naîtra une ville
hôpital, ta ville. Je l’appellerai Shurubak, le havre.
Dans cette ville, j’établirai un Lien Ciel-Terre qui abritera les Tablettes de la
Destinée et permettra de contrôler toutes les missions. Avec Eridu, cela fera cinq
cités pour l’éternité!
– Au-delà des cinq cités, je construirai un lieu pour accueillir les chars venant
directement de Nibiru sur Terre! lui répondit Enlil.
Ninmah comprit alors pourquoi les projets d’Anu pour Lahmu avaient surpris
Enlil.
Je te suis très reconnaissante d’avoir pensé à créer Shurubak, une cité dédiée à
la guérison, pour en faire ma demeure.
L’Abzu était une terre éloignée, séparée de l’Edin par les eaux.
C’est sur les berges de l’une d’entre elles qu’Enki choisit d’établir sa demeure.
Il y fit apporter le Déchireur afin de creuser des tunnels pour atteindre les
entrailles de la Terre et mettre à jour les veines dorées.
Y vivait une armée de jeunes guérisseuses prêtes à soigner ceux qui en avaient
besoin.
Sur Terre, c’était un septième jour, jour de repos décrété par Enki.
Dans les endroits où ils étaient rassemblés, les héros entendirent le message
d’Anu diffusé depuis Nibiru.
Dans l’Abzu, c’est autour d’Enki que les héros étaient rassemblés.
À ses côtés était son vizir Isimud, ainsi que le pilote Nungal.
Sur Terre, ils étaient six cents. Sur Lahmu, trois cents.
Ce sont donc neuf cents héros qui écoutèrent les paroles d’Anu:
– Héros, vous êtes les sauveurs de Nibiru! Le sort de tous est entre vos mains!
Ceux qui sont sur Terre seront les Anunnakis, « Ceux qui des cieux sont venus
sur Terre ».
Ceux qui sont sur Lahmu seront les Igigis, « Ceux qui observent et voient ».
Tout est prêt. Que l’or commence à nous parvenir, que Nibiru soit sauvée!
Les trois chefs étaient les enfants d’Anu par différentes mères.
Enki était le premier-né, sa mère était une concubine d’Anu.
C’est Antu, l’épouse d’Anu, qui avait donné le jour à Enlil, faisant de lui
l’héritier légal.
Ninmah avait été enfantée par une autre concubine. Elle était donc la demi-
sœur d’Enki et d’Enlil.
Elle était d’une grande beauté, d’une immense sagesse et apprenait vite.
Elle se laissa séduire par lui, il répandit sa semence dans son ventre et elle
porta leur fils. Ils l’appelèrent Ninurta.
Ils eurent un fils, leur héritier, qu’ils appelèrent Mardouk, « Celui qui est né
dans un lieu pur ».
Sur Terre, c’était l’été. Enlil se retira dans sa demeure de la Forêt de Cèdres.
La beauté et la grâce de l’une d’entre elles émerveillèrent Enlil. Son nom était
Sun.
– Viens, partageons l’élixir du fruit de Nibiru que nous cultivons sur Terre! lui
dit-il.
Sud entra dans la demeure d’Enlil, qui lui tendit une coupe contenant l’élixir.
– Mon vagin est trop petit, il n’a jamais servi, dit-elle à Enlil.
– Mes lèvres sont trop petites, elles n’ont jamais embrassé, lui dit-elle.
Il rit, et il l’embrassa.
– Enlil, être immoral! Ton acte doit être puni! dit-elle avec colère.
– Qu’Enlil soit banni de toutes les cités, qu’il soit exilé sur une terre de non-
retour!
Ils firent monter Enlil à bord d’une chambre du ciel pilotée par Abgal, qui
l’emmena vers un endroit dont il ne devait jamais revenir.
Je n’ai pas choisi ces montagnes par hasard! continua-t-il. Un secret d’Enki y
est enfoui.
C’est dans une grotte toute proche qu’il a dissimulé les sept Armes de la
Terreur qu’il a retirées du char d’Alalu.
– La semence d’Enlil m’a fécondée, un enfant de lui a été conçu dans mon
ventre!
Ninmah rapporta les paroles de Sud à Enki. Il était le Seigneur de la Terre, sur
la Terre il régnait.
Elle prononça son assentiment, et Abgal transmit ses paroles à Enlil dans son
exil.
Enlil revint donc d’exil pour épouser Sud, Enki et Ninmah lui accordèrent son
pardon.
Peu après, elle donna naissance à un fils. Elle le baptisa Nannar, le Lumineux.
Il était le premier Anunnaki conçu sur Terre, le premier être de sang royal à
naître sur une planète étrangère!
– Rejoins-moi dans l’Abzu! Dans un endroit où les eaux sont pures, j’ai établi
ma demeure.
Elle est ornée d’un métal clair appelé argent et d’une pierre d’un bleu profond,
le lapis-lazuli.
Il lui dit des mots d’amour, lui dit qu’ils étaient faits l’un pour l’autre. Il lui
murmura bien d’autres mots doux encore.
Il la prit dans ses bras, l’embrassa. Son phallus se gonfla pour elle, et il déposa
sa semence dans son ventre.
Deux jours, trois jours, quatre jours de Nibiru étaient des mois pour elle.
Sur les bords de la rivière, dans l’Abzu, une fille était née à Enki et Ninmah!
Il embrassa à nouveau Ninmah, la saisit par les reins, versa sa semence dans
son ventre.
Tout ce qu’il avalait faisait l’effet d’un poison sur ses entrailles. Il avait mal
aux mâchoires, mal aux dents, mal aux côtes.
Ninmah s’en retourna dans l’Edin. Suivant les ordres d’Anu, elle ne serait
jamais épousée.
Enki demanda à son épouse Damkina et à son fils Mardouk de le rejoindre sur
Terre.
Enlil eut donc trois fils. Aucun d’entre eux n’était le fils d’une concubine.
Ainsi, deux clans se formèrent sur Terre. Leurs rivalités furent à l’origine de
guerres.
Le précieux métal était ensuite apporté sur Nibiru depuis Lahmu à bord de
Chars Célestes.
Sur Nibiru, l’or était réduit en la plus fine des poudres et servait à protéger
l’atmosphère.
La brèche dans les cieux se refermait petit à petit, Nibiru approchait peu à peu
du salut!
C’est là que résidait Damkina, son épouse. C’est aussi là qu’Enki transmettait
sa sagesse à son fils Mardouk.
Sur Terre, les Anunnakis peinaient au travail, ils se plaignaient de leur labeur
et de la nourriture.
La rapidité des cycles terrestres les indisposait, ils ne recevaient que de petites
doses d’élixir.
Si les Anunnakis peinaient dans l’Edin, le travail était encore plus éreintant
dans l’Abzu.
Ils réclamaient un endroit pour se reposer sur terre lors de leurs visites.
Anzu descendit donc des cieux sur Terre, et se plaignit à Enlil et Enki.
– Expliquons à Anzu ce que nous faisons sur Terre, dit Enki à Enlil.
Enlil acquiesça.
Enki fit visiter l’Abzu à Anzu, lui montra le dur labeur des mineurs.
Enlil invita Anzu à Nibru-ki et le fit entrer dans la sombre chambre sacrée.
Ils retournèrent ensuite à Nibru-ki pour parler des plaintes des Igigis.
Il avait pour projet de mettre fin au règne d’Enlil, et de régner sur les Igigis et
les Anunnakis.
– Vous devez capturer Anzu et replacer les tablettes dans le sanctuaire, décréta
celui-ci.
Ninurta lança des flèches de foudre en direction d’Anzu, mais elles ne purent
l’approcher et firent volte-face.
La bataille était arrêtée, les armes de Ninurta ne pouvaient rien contre Anzu!
– Sers-toi de ton Tourbillon pour faire naître une tempête qui couvrira le
visage d’Anu de poussière et froissera les ailes de son Oiseau du Ciel!
Pour son fils, Enlil conçut une arme redoutable: un missile Tillu.
– Aile à aile! Cette bataille sera la dernière pour toi! cria Anzu avec colère.
Ninurta suivit les conseils d’Enki et fit naître une tempête de poussière avec
son Tourbillon.
Ninurta lâcha le missile et une lueur ardente engloutit les ailes d’Anzu.
Anzu fut jugé par sept juges: Enlil et son épouse Ninlil, Enki et son épouse
Ninki, Nannar et Mardouk, leurs fils, ainsi que Ninmah.
– Les plaintes des Igigis sont légitimes. Ils ont besoin d’un lieu de repos sur
Terre, dit-il.
– Par son acte diabolique, Anzu a mis en danger les Anunnakis et les Igigis!
dit Enlil.
Enki et Ninmah étaient d’accord avec Enlil, le mal devait être détruit.
– Que son corps soit enterré sur Lahmu, dans une grotte aux côtés d’Alalu! dit
Enki.
La colère des Igigis fut maîtrisée mais continuait à bouillir sous la surface.
Mardouk fut envoyé sur Lahmu pour leur remonter leur moral et améliorer
leurs conditions de vie.
Enlil et Enki parlèrent des changements qui étaient survenus sur Terre, ils
souhaitaient éviter que le malaise gagne les Anunnakis.
Ils trouvaient que les séjours sur Terre étaient trop longs.
Tous trois s’accordèrent pour dire qu’il fallait accélérer les livraisons d’or
pour que Nibiru trouve plus rapidement le salut.
Ninurta connaissait bien les entrailles de la Terre, il parla avec sagesse à ses
aînés: – Fondons une Cité du Métal pour fondre et raffiner le minerai d’or.
Que ceux qui sont fatigués repartent sur Nibiru et soient remplacés par des
héros frais!
Enlil insista pour que la Cité du Métal soit fondée dans l’Edin.
La construction, avec des matériaux et des outils venant de Nibiru, dura trois
Shars.
Ceux qui étaient arrivés sur Terre et sur Lahmu au début des Temps Premiers
repartirent.
Ils furent remplacés par des nouveaux venus plus jeunes et plus enthousiastes.
Ils n’avaient pas été témoins des grandes catastrophes qui avaient frappé la
planète et ses cieux.
L’or pur était ensuite transporté de Lahmu à Nibiru à bord de Chars Célestes.
Ce qu’il n’avait pas prévu, c’était le malaise des nouveaux arrivants qui
peinaient dans l’Abzu.
Parmi les grandes herbes des steppes, de drôles de créatures pouvaient être
aperçues. Elles se tenaient debout et semblaient marcher.
Enki était absorbé par ses recherches, il ne remarqua pas la révolte qui couvait
parmi les Anunnakis.
Ninurta rapporta ces paroles à son oncle Enki, qui suggéra de convoquer Enlil.
Enlil arriva dans l’Abzu. Il s’installa dans une maison à proximité des mines.
Ils capturèrent Ennugi, l’officier en chef des mines, et l’emmenèrent avec eux.
– Chacun d’entre nous a déclaré la guerre! Notre labeur est trop dur, grande
est notre détresse!
– C’est le travail, et non Enlil, qui est à l’origine du problème, lui répondit
Enki. Chaque jour, nous n’entendons que plaintes.
Ninurta suggéra de laisser les rebelles repartir sur Nibiru et de les remplacer
par de nouvelles recrues. Enlil demanda à Enki s’il pouvait construire de
nouveaux outils.
Tous les êtres naissent d’une semence. Les êtres descendent les uns des autres
depuis des millénaires. Aucun n’est jamais sorti du néant!
– Tu ne crois pas si bien dire, chère sœur, lui répondit Enki, souriant.
Laisse-moi te révéler l’un des secrets de l’Abzu: l’être dont nous avons besoin
existe déjà! Il nous suffirait de lui imprimer la marque de notre essence pour
créer un Lulu, un travailleur primitif.
Prenons une décision. Je demande votre bénédiction pour mener à bien mon
projet!
Enki proposa aux autres chefs de créer un Travailleur Primitif en lui imprimant
l’essence des Anunnakis.
– L’être dont nous avons besoin existe déjà! dit-il, leur révélant l’un des
secrets de l’Abzu.
– Dans l’Abzu vivent des créatures qui marchent debout sur deux jambes.
Ils utilisent leurs membres antérieurs comme des bras et ont des mains,
continua Enki.
Ils vivent parmi les animaux de la steppe. Ils ne portent aucun vêtement.
Ils broutent les plantes et boivent l’eau des lacs et des fossés. Leur corps est
recouvert de poils et leurs cheveux sont tels la crinière des lions.
Ils vivent parmi les gazelles et se nourrissent des créatures qui fourmillent
dans les eaux.
Tous écoutaient Enki parler, subjugués. Enlil, incrédule, fit remarquer qu’il
n’avait jamais vu une telle créature dans l’Edin.
Ce sont des Êtres, pas des créatures! Ce doit être incroyable à voir, continua-t-
elle.
À la vue d’Enki, ces derniers se levèrent d’un bond et se mirent à frapper les
barreaux de leurs cages avec leurs poings.
Ils émettaient des grognements, mais n’étaient pas doués de parole.
– Il y a des mâles et des femelles, expliqua Enki. Ils portent des attributs
masculins et féminins.
Une fois leur essence de vie combinée à la nôtre, une fois notre marque
apposée sur eux, nous obtiendrons un Travailleur Primitif capable de
comprendre nos ordres et d’utiliser nos outils.
Ce sont eux qui travailleront dans les mines pour soulager les Anunnakis de
l’Abzu!
Sur notre planète, l’esclavage a été aboli il y a fort longtemps. Nous nous
servons des outils, pas d’autres êtres!
Tu souhaites donner naissance à une créature qui n’existe pas dans la nature.
C’est avec gravité qu’Enlil manifesta son désaccord. Enki répondit à son frère:
– Je ne souhaite pas en faire des esclaves, mais des aides!
– Ce n’est pas une nouvelle créature, mais une créature existante modelée à
notre image! dit Enki, persuasif.
Nous sommes venus pour l’or, pas pour remplacer le Père des Origines!
– Mon frère, lui dit-elle, le Père des Origines nous a dotés de sagesse et de la
capacité de comprendre les choses.
Pourquoi nous aurait-il fait ce don, si ce n’est pour que nous nous en servions?
Nous avons le droit de nous en servir comme bon nous semble. N’est-ce pas là
notre destin?
– C’est avec ce que nous avons reçu dans notre essence que nous avons
perfectionné outils et chars.
Nous avons détruit les montagnes avec les Armes de la Terreur, nous
guérissons les cieux avec l’or! dit Ninurta à sa mère.
Que le labeur soit facilité par de nouveaux équipements, et non par des
esclaves!
Les connaissances que nous possédons finiront par être utilisées! continua-t-il.
Mais est-ce le Destin ou le Sort qui nous a conduits sur cette planète pour
extraire l’or de ses eaux, pour faire peiner les Anunnakis dans les mines, pour
créer un Travailleur Primitif?
– Est-ce la Destinée, est-ce le Sort? Voilà ce sur quoi nous devons statuer! Est-
ce écrit depuis le Commencement, ou avonsnous le choix?
Nibiru ayant désespérément besoin d’or, le Conseil décida que l’Être devait
être créé et qu’Anu devait renoncer aux règles régissant les voyages
interplanétaires.
Il la guida dans un bois où, entre les arbres, se trouvaient des cages qui
renfermaient des créatures étranges que personne n’avait encore jamais vues à
l’état sauvage.
Enki mena Ninmah dans un lieu pur et lumineux où Ningishzidda lui expliqua
les secrets de l’essence de vie.
– Les créatures dans les cages des arbres sont monstrueuses! s’exclama
Ninmah.
– En effet, répondit Enki, c’est pour atteindre la perfection que nous avons
besoin de toi!
Comment combiner les essences, en quelle quantité? Dans quel ventre les
concevoir? Quel ventre doit leur donner la vie?
C’est pour répondre à ces questions que nous avons besoin de tes
connaissances des soins et de la guérison.
Nous avons besoin du savoir d’une mère, de quelqu’un qui a déjà donné la
vie!
Avec Ningishzidda, elle analysa les formules sacrées secrétées sur les ME, lui
posant nombre de questions.
Elle examina les créatures dans les cages des arbres, observa les créatures à
deux jambes.
Qu’un Anunnaki mâle féconde l’une de ces femelles pour donner naissance à
un être combinant les deux essences! dit Ninmah.
Dans un récipient de cristal, elle prépara un mélange dans lequel elle plaça
délicatement l’ovale d’une femelle du bipède qu’elle imprégna avec un ME
contenant la semence d’un Anunnaki.
Ninmah tenait le nouveau-né entre ses mains, mais son cœur ne débordait pas
de joie. Le nouveau-né était hirsute, couvert de poils.
Ses membres supérieurs étaient comme ceux des créatures, ses membres
inférieurs ressemblaient plus à ceux des Anunnakis.
Ses mains n’étaient pas adaptées aux outils, il n’émettait que des
grognements.
Enfin, elle insémina l’ovale d’une femelle terrienne dans le bol de cristal.
Son aspect était satisfaisant, ses mains étaient formées pour tenir des outils.
Encore et encore Ninmah ajusta les mélanges, ajustant les formules du ME.
L’un des êtres à naître était paralysé des pieds, la semence d’un autre
s’échappait sans cesse.
Les mains de l’un d’entre eux tremblaient, le foie d’un autre fonctionnait mal.
Les mains de l’un étaient trop courtes pour atteindre sa bouche, les poumons
d’un autre encore étaient déficients.
– Ces essais me permettent de découvrir ce qui est bon chez ces êtres et ce qui
ne l’est pas, répliqua Ninmah.
Une fois de plus elle élabora un mélange, une fois de plus le nouveau-né était
déficient.
Elle lui donna la forme d’un bain purificateur, et y mélangea les ingrédients.
Elle déposa avec le plus grand soin l’ovale d’une femelle dans le vase
d’argile, y ajouta l’essence de vie extraite du sang d’un Anunnaki.
L’essence fut guidée par les formules du ME, ajoutées par morceaux choisis
dans le vase.
Puis elle replaça l’ovale ainsi fécondé dans le ventre de la femelle terrienne.
Avec joie, elle annonça que la fécondation avait réussi. Ils attendirent que la
grossesse se passe.
Ils laissèrent la mère nourrir l’enfant, qui grandissait plus vite que les enfants
de Nibiru.
L’ovale fécondé a toujours été inséré dans le ventre d’une femelle terrienne.
C’est peutêtre là le dernier obstacle! dit-il à Ninmah.
Le silence se fit dans la Maison de la Vie. Enki avait dit quelque chose qui ne
l’avait jamais été.
– Tes paroles sont sages, mon frère! finit par dire Ninmah.
Mais quelle Anunnakie acceptera d’offrir son ventre sans savoir si elle portera
en son sein le parfait Travailleur Primitif ou bien un monstre? dit-elle, la voix
tremblante.
Il était sur le point de partir lorsque Ninmah posa sa main sur son épaule: –
Non, non!
C’est moi qui ai élaboré le mélange, c’est moi qui dois prendre des risques et
être récompensée!
L’œuf fécondé fut inséré avec succès dans le ventre de Ninmah par Enki.
Il donna une claque sur le derrière du nouveau-né, qui émit un son digne de ce
nom!
Ses oreilles étaient de bonne dimension, ses yeux n’étaient pas bouchés.
Il n’était pas poilu comme les créatures sauvages. Ses cheveux étaient noirs,
sa peau était douce, aussi douce que celle des Anunnakis.
Son sang était d’un rouge aussi profond que l’argile de l’Abzu.
Il n’aura pas à travailler, seule son essence servira de moule! décréta Enki à la
plus grande joie de Ninmah.
Les sept s’avancèrent. Chacune d’elles donna son nom à Ningishzidda qui les
nota.
Tels étaient les noms des sept qui de leur propre chef offrirent de porter les
Travailleurs Primitifs en leur sein.
Dans sept vases en argile de l’Abzu, Ninmah plaça les ovales des femelles
terriennes.
Elle préleva l’essence de vie d’Adamu et en versa un peu dans chaque vase.
Puis elle fit une incision sur ses attributs virils pour recueillir un peu de sang.
– Que ce sang soit le Signe de la Vie, prouvant pour toujours que la chair et
l’esprit ont été unis!
Elle ajouta une goutte de sang dans le mélange que contenait chaque vase,
puis prononça une incantation: – Que Terriens et Anunnakis soient ainsi liés!
Que les deux essences, celle des Cieux et celle de la Terre, ne fassent plus
qu’une!
Que ceux de la Terre et ceux de Nibiru soient liés par les liens du sang!
Enfin, le temps des naissances arriva, et sept Terriens mâles virent le jour.
Leur aspect était satisfaisant, ils émettaient des sons normaux. Ils furent
allaités par les héroïnes.
– Sept Travailleurs Primitifs ont été créés! se réjouit Ningishzidda.
– Mon fils, lui dit Enki, s’ils naissent sept par sept, nous n’aurons jamais assez
de travailleurs.
Les guérisseuses ne peuvent pas passer leur vie à enfanter, ce serait trop leur
demander.
– En effet, elles ne pourraient endurer une telle tâche, leur dit Ninmah.
– Nous devons créer des femelles, dit Enki, pour servir de compagnes aux
mâles.
Enki tourna son regard vers Ninmah, mais il leva la main avait qu’elle ait pu
parler.
Si elle accepte, ce sera elle qui créera le moule des femelles terriennes!
Ils lui parlèrent de la tâche, de ce qui se passerait si elle réussissait mais aussi
des dangers qu’elle courrait. Ninki était fascinée.
Un enfant fut conçu, et Ninki entra en travail au moment prévu. Mais il n’y
eut pas de naissance.
C’était le dixième mois, un mois néfaste. Ninmah, dont les mains avaient déjà
ouvert des ventres, pratiqua une incision.
Elle avait couvert sa tête et protégé ses mains. Avec dextérité elle ménagea
une ouverture, et son visage s’illumina d’un coup.
Ses oreilles étaient de bonne dimension, ses yeux n’étaient pas bouchés.
Elle n’était pas poilue. Ses cheveux étaient couleur de sable. Sa peau était
aussi douce que celle des Anunnakis et avait la même couleur que la leur.
Ninmah prit la petite fille dans ses bras. Elle donna une claque sur le
postérieur de l’enfant, qui cria comme il se doit.
Puis elle la rendit à Ninki pour que cette dernière la nourrisse et l’élève.
– Lui donneras-tu un nom? demanda Enki à son épouse. Ce n’est pas une
créature, mais un Être.
Elle est à ton image, parfaite. Tu as donné naissance à un modèle pour les
travailleurs femelles!
Ninki posa sa main sur le corps du nouveau-né, caressa sa peau du bout des
doigts.
– Que Ti-Amat, « Mère de la Vie », soit son nom, dit-elle.
Après la création de Ti-Amat dans le ventre de Ninki, Ninmah plaça les ovales
de femelles terriennes dans sept vases d’argile de l’Abzu.
Elle préleva l’essence de vie de Ti-Amat et en versa un peu dans chaque vase.
Enfin, le temps des naissances arriva, et sept petites filles virent le jour.
C’est ainsi que furent créées les compagnes des Travailleurs Primitifs.
– Maintenant que les Terriens ont été créés, il suffit d’attendre que les mâles
fécondent les femelles, que les Travailleurs Primitifs se reproduisent d’eux-
mêmes!
Ils construisirent des cages pour accueillir les sept mâles et les sept femelles,
et les placèrent au milieu des arbres.
Ainsi parlaient-ils.
Une demeure fut construite pour eux, entourée d’un enclos où ils pouvaient se
promener librement.
C’était une vision des plus étonnantes, une merveille des merveilles!
Même les Igigis qui effectuaient des allers et retours entre la Terre et Lahmu
étaient émus.
La Terre fit plusieurs fois le tour du Soleil, les Terriens auraient déjà dû être à
maturité.
Ningishzidda se construisit une couche d’herbe à proximité des cages dans les
arbres.
– En mélangeant deux espèces, nous avons créé une malédiction! dit-il aux
autres.
– Examinons à nouveau les essences d’Adamu et de Ti-Amat, dit
Ningishzidda. Étudions leur ME morceau par morceau, afin de découvrir ce qui
ne va pas!
Elles étaient arrangées comme les vingt-deux branches d’un Arbre de Vie, il
était possible de comparer les morceaux, de déterminer avec précision images et
ressemblances.
Ces éléments n’étaient pas présents dans les moules d’Adamu et de Ti-Amat.
Nous devons fournir des Travailleurs Primitifs si nous ne voulons pas que
cesse l’extraction de l’or!
Ils renvoyèrent toutes les héroïnes qui assistaient Ninmah, fermèrent les portes
derrière eux et restèrent seuls avec les deux Terriens.
Ningishzidda plongea les quatre autres dans un profond sommeil dans lequel
ils ne pouvaient rien sentir.
Adamu et Ti-Amat furent laissés dans les vergers de l’Edin, où ils pouvaient
se déplacer à leur guise.
Ils remarquèrent qu’ils étaient nus, ils savaient qu’ils étaient mâle et femelle.
Ti-Amat fabriqua des tabliers de feuilles pour qu’on les distingue des bêtes
sauvages.
Il admit que les sept mâles et les sept femelles avaient échoué, que
Ningishzidda avait examiné les essences de vie et qu’une combinaison
supplémentaire était nécessaire.
Grande était la colère d’Enlil:
Tu m’as dit que l’être dont nous avions besoin existait déjà, qu’il nous
suffisait d’apposer notre marque sur lui pour créer un Travailleur Primitif!
Des guérisseuses ont mis leur vie en danger, Ninmah et Ninki ont fait de
même.
– Enlil, mon seigneur, dit Ningishzidda, nous leur avons accordé la possibilité
de se reproduire, mais nous n’avons pas ajouté la Branche de Longue Vie à leur
essence!
– Dans ce cas, qu’ils soient là où nous avons besoin d’eux! répondit Enlil avec
rage.
Il se passait autant en un jour qu’en un mois, les mois passèrent, puis les
années.
Ils avaient envie de côtoyer les Anunnakis, ils travaillaient dur pour gagner
leurs rations de nourriture.
Leurs cycles de vie nibiriens étaient raccourcis par l’influence des circuits
terrestres.
À l’âge où les petits Nibiriens portent encore des couches, les petits
Anunnakis étaient assez grands pour courir.
D’anciennes tâches furent partagées entre les jeunes pour les faciliter, de
nouvelles tâches furent créées.
Les pluies se faisaient plus fortes, gonflant les rivières et abîmant les
demeures.
Mardouk se plaignait à son père des vents qui perturbaient Lahmu, soulevant
des tempêtes de poussière.
Des démons dévastant tout sur leur passage se précipitaient sur la Terre,
prenant feu lorsqu’ils entraient en contact avec son atmosphère.
Dans les cieux, Nibiru s’approchait du Soleil, mais se laissa distraire par la
septième planète, la Terre.
Dans les cieux, Lahamu abandonnait sa glorieuse demeure. Attirée par Nibiru,
le roi céleste, elle souhaitait devenir reine!
Pour l’en empêcher, Nibiru fit apparaître un monstrueux démon depuis les
profondeurs.
Sa tête mesurait une lieue, il faisait cinquante lieues de long. Sa queue était
impressionnante.
Une tempête de nuage se déclencha sur Kingu, qui trembla sous l’impact.
Puis les cieux s’apaisèrent, Nibiru reprit le chemin des profondeurs, Lahamu
n’abandonna pas son poste, les missiles de pierres cessèrent de pleuvoir sur Terre
et sur Lahmu.
Enki et Enlil se réunirent avec Mardouk et Ninurta pour analyser les dégâts.
Il mesura la profondeur des océans, scanna les montagnes d’or et de cuivre qui
se trouvaient dans les régions les plus à l’est.
Ninurta rapporta ce qu’il avait vu à son père. Il avait découvert les brumes
sulfuriques et le bitume.
Enlil reprit ses anciens plans et reconsidéra les tâches de chaque ville.
Il annonça aux autres qu’un Spatioport devait être construit dans l’Edin, et
leur montra les anciens plans tracés sur une tablette de cristal.
Nous devons être capables d’aller directement de la Terre à Nibiru! leur dit-il.
Sa force d’attraction étant plus faible, il serait facile d’y atterrir et de décoller.
Laissez Mardouk et moi nous y rendre pour déterminer si elle peut servir de
station étape.
Anu présenta les deux projets devant les conseillers, qui l’enjoignirent de
commencer par examiner la Lune.
Le visage de la Lune était criblé de creux, ouvrage des démons qui s’y étaient
écrasés.
Ils posèrent le vaisseau dans une région vallonnée d’où ils pouvaient observer
la Terre et l’immensité des cieux.
Ils avaient enfilé leurs casques d’aigles, l’atmosphère était trop pauvre pour
être respirée.
Les quartiers du Soleil semblent à notre portée, la Terre ressemble à une balle
suspendue dans le vide par un fil invisible.
Avec nos instruments nous pouvons scanner les cieux lointains, admirer dans
cette solitude le travail du Créateur Suprême!
Ils notèrent la façon dont leur étroite relation provoquait la disparition des
astres.
Il traça les contours du groupe, marqués par l’orbite de Nibiru, qui ne descend
pas du Soleil.
Dans la Grande Bande, la Voie d’Anu, il associa chacune d’entre elles avec un
astre de la famille du Soleil.
Puis il dessina une bande qu’il appela la Voie d’Enki, au-dessous de la Voie
d’Anu, là où Nibiru approche le Soleil.
Il appela Voie d’Enlil les cieux au-dessus de la Voie d’Anu, le Tiers Supérieur.
– Lorsque je suis arrivé sur Terre, j’ai nommé Station des Poissons la dernière
station.
J’ai donné mon nom à la suivante, « Celui qui demeure dans les Eaux ».
– Mon fils! Mon fils! Qu’est-ce que tu ignores, qu’est-ce qui te fait défaut?
J’ai partagé avec toi les secrets des cieux et ceux de la Terre! dit Enki.
Ce n’est pas moi mais Ningishzidda, mon cadet, que tu as invité à t’aider.
C’est avec eux, et non avec moi, que tu as partagé tes connaissances sur la vie
et la mort!
– Mon fils! répondit Enki. Il t’a été accordé de commander aux Igigis et de
régner sur Lahmu!
C’est toi, mon père, qui le premier a amerri sur Terre et a fondé Eridu, et
pourtant Eridu fait partie du domaine d’Enlil alors que tu es relégué dans le
lointain Abzu.
Et pourtant l’or est rassemblé dans la vile de Ninurta pour y être expédié ou
jalousement gardé.
La survie de Nibiru est entre ses mains, et non entre les miennes.
Nous allons maintenant retourner sur Terre, quelle tâche vais-je me voir
confier?
Mon sort est-il de devenir célèbre en montant sur le trône, ou de me faire à
nouveau humilier?
En leur absence, aucun projet ne fut mis en application. Sur Lahmu, les Igigis
étaient agités.
Enlil s’entretint secrètement avec Anu, lui faisant connaître ses craintes depuis
Nibru-ki.
– Enki et Mardouk sont partis pour la Lune, et ne l’ont pas quittée depuis de
nombreux circuits.
La planète a été touchée par des tempêtes de poussière, mais nous ignorons
l’ampleur des dégâts.
– Les Igigis n’ont plus besoin de commandant. Mardouk sait s’occuper d’un
Spatioport, confions-lui la Porte des Cieux! dit Enki à son père.
Anu étudia le problème avec inquiétude. Enlil et Enki avaient transmis leur
rivalité à leurs enfants!
Les anciennes villes étaient rangées autour d’elle, telles une flèche partant de
la Mer Inférieure et pointant vers les montagnes.
Il traça une ligne sur les sommets jumeaux d’Arrata, qui se dressaient vers le
ciel dans le Nord.
Inanna, la petite-fille d’Enlil, dansa et chanta pour Anu, qui l’embrassa avec
affection.
Lorsque nous aurons stocké suffisamment d’or sur Nibiru pour protéger
l’atmosphère, nous n’aurons plus besoin de travailler autant sur Terre, héros et
héroïnes pourront rentrer sur Nibiru! promit Anu à l’assemblée.
Il alla même jusqu’à suggérer qu’ils pourraient rentrer chez eux en l’espace de
quelques Shars.
Mardouk ne repartit pas pour Lahmu, mais il ne suivit pas son père dans
l’Abzu.
Il voulait survoler tous les recoins de la Terre dans son vaisseau personnel afin
de mieux la comprendre.
Utu fut nommé chef des Igigis, dont une partie était sur Lahmu et l’autre sur
Terre.
Ils voulaient amasser un maximum d’or pour rentrer chez eux plus vite.
Dans l’Edin, les tâches étaient multipliées: il fallait plus de logements, plus de
provisions.
Les héros de l’Edin demandèrent à bénéficier de l’aide des Travailleurs
Primitifs, jusqu’alors confinés dans l’Abzu.
– Notre labeur est devenu insupportable, nous avons besoin de l’aide des
Travailleurs!
Ils poursuivirent les Terriens dans les forêts et dans les steppes, et capturèrent
à l’aide de filets mâles et femelles qu’ils ramenèrent dans l’Edin.
Ils leur apprirent à effectuer toutes sortes de tâches, que ce soit dans les
vergers ou à la ville.
– Que l’or s’amasse vite, pour que nous puissions vite rentrer chez nous!
Intelligents, ils étaient capables de comprendre les ordres qu’on leur donnait.
Ils effectuaient toutes sortes de corvées à la place des Anunnakis, mais c’est
nus qu’ils s’en acquittaient.
Mâles et femelles s’accouplaient constamment, ils proliféraient rapidement.
Les rangs des Terriens grossissaient à vue d’œil, les Anunnakis avaient des
travailleurs à leur disposition.
Que ce soit en ville ou dans les vergers, dans les vallées ou dans les
montagnes, les Terriens étaient toujours en quête de nourriture.
À cette époque, les céréales n’étaient pas encore cultivées, il n’y avait ni
brebis ni agneaux.
– C’est de tes actions que la confusion est née, à toi de trouver une solution!
La prolifération avait permis d’alléger le joug qui pesait eux, les travailleurs
étaient devenus des serfs.
Pendant sept Shars, le sort des Anunnakis fut largement amélioré, leur
mécontentement atténué.
Trois Shars plus tard, il n’y avait plus assez de poisson et de volaille, et les
plantes ne suffisaient pas à nourrir Anunnakis et Terriens.
Enki avait résolu de prendre des mesures: il avait décidé de créer un Homme
Civilisé.
Dans son cœur, Enki avait pris sa décision, mais il se demandait comment y
parvenir.
Il observa les Travailleurs Primitifs de l’Abzu et ceux de l’Edin, dans les villes
comme dans les vergers.
– Qu’est-ce qui pourrait les rendre capables d’accomplir ces tâches? Qu’est-ce
qui a été laissé de côté dans leur essence de vie?
Enki marcha dans les marais, navigua sur les rivières. Il observait. Seul son
vizir Isimud, qui savait garder les secrets, l’accompagnait.
Leur vue fit son effet sur le phallus d’Enki, qui était habité d’un désir brûlant.
Ses lèvres étaient sucrées, sa poitrine était mûre et ferme. Il s’accoupla avec
elle, déposant sa semence dans son ventre. Elle accueillit la semence sacrée dans
son ventre, par la semence du seigneur Enki fut fécondée.
Enki appela la seconde jeune femme, qui lui offrit des baies qu’elle avait
ramassées dans les champs.
Enki se baissa, la prit dans ses bras et l’embrassa sur les lèvres.
Ses lèvres étaient sucrées, sa poitrine était mûre et ferme. Il s’accoupla avec
elle, déposant sa semence dans son ventre. Elle accueillit la semence sacrée dans
son ventre, par la semence du seigneur Enki fut fécondée.
– Reste avec elles et veille sur leur grossesse! demanda Enki à son vizir
Isimud.
La seconde jeune fille s’accroupit et donna la vie. Elle eut une petite fille.
Ils étaient nés aux deux extrémités d’un même jour, l’un à l’aube et l’autre au
coucher du Soleil.
Les Gracieuses furent ensuite connues dans les légendes sous les noms
d’Aurore et de Nuit-Tombante.
– Laisse les mères allaiter les nouveau-nés, puis apporte-les chez moi en
annonçant à tous que tu les as trouvés dans des paniers au milieu des joncs.
Les nouveau-nés furent allaités par leurs mères, puis Isimud les apporta chez
Enki à Eridu.
– Je les ai trouvés dans des paniers au milieu des joncs! déclarat-il à qui
voulait l’entendre.
Ninki se prit d’affection pour les enfants et les éleva comme s’ils étaient les
siens.
Ils étaient différents des autres enfants terriens: leur croissance était plus lente,
leur intelligence plus vive.
La petite fille était belle et agréable, elle était extrêmement douée de ses
mains.
Ninki, l’épouse d’Enki, s’attacha à elle et lui apprit à créer toutes sortes
d’objets.
Ils feront pousser de la nourriture à partir des graines, feront porter des
agneaux à leurs brebis. Ainsi, Anunnakis et Terriens ne souffriront plus de la
faim!
Enki convoqua son frère, qui se déplaça depuis Nibru-ki.
Importons des graines de Nibiru, faisons venir des brebis et enseignons à ces
nouveaux Terriens à cultiver la terre et à élever des animaux!
– Ils ressemblent en effet beaucoup aux Anunnakis! dit Enlil à son frère.
La nouvelle fut transmise à Anu. Enki et Enlil lui suggérèrent de leur faire
parvenir graines et brebis.
– Il arrive que la semence d’une espèce donne naissance à une autre, dit-il.
Cependant, je n’ai jamais entendu parler d’une apparition aussi rapide que
celle de l’Homme Civilisé sur Terre!
Nous pratiquerons l’agriculture sur Terre et n’aurons plus faim! dirent Enki et
Enlil à Anu.
– Que Titi reste à Eridu pour allaiter ses nouveau-nés, et qu’Adapa le Terrien
soit envoyé sur Nibiru! déclara Anu.
– Qui aurait pensé que les Travailleurs Primitifs que nous avons créés
deviendraient comme nous, qu’ils auraient accès au savoir, qu’ils voyageraient
entre le Ciel et la Terre!
Sur Nibiru il boira l’eau de longue vie, dégustera la nourriture de longue vie,
et deviendra comme nous autres Anunnakis! dit-il à Enki et aux autres
dirigeants.
Enki n’était pas non plus enthousiasmé par la décision d’Anu, il arborait un air
maussade.
Lorsque la chambre céleste de Nibiru se posa à Sippar, c’est Ilabrat, l’un des
vizirs d’Anu, qui en descendit.
Ces derniers lui présentèrent Adapa, ainsi que Titi et leurs fils.
Il te sera donné un pain qui n’existe pas sur Terre: ne le mange pas, ou tu
mourras!
Ningishzidda et Dumuzi, mes fils, voyageront avec toi. Suis leurs conseils et
tu vivras.
Ne vous laissez pas intimider par les princes et les nobles, vous êtes leurs
égaux.
Votre mission est de ramener Adapa sur Terre. Ne vous laissez pas séduire par
les charmes de Nibiru!
Enki prit Dumuzi, son plus jeune fils, dans ses bras et déposa un baiser sur son
front.
Puis il prit dans ses bras le sage Ningishzidda, et l’embrassa sur le front.
Les deux frères partirent pour Sippar en compagnie d’Adapa. Ils se rendirent
au Spatioport.
Quant à Adapa, ses cheveux furent tondus et on lui tendit un casque d’aigle.
Ils purent admirer la répartition de ses terres, ses mers et ses océans.
Au bout de deux lieues, l’océan n’était pas plus gros qu’une baignoire, les
terres pas plus grandes qu’un panier.
– Ramenez-moi!
Lorsqu’ils atterrirent, les Nibiriens firent preuve d’une grande curiosité à leur
égard.
Tous voulaient voir les enfants d’Enki, nés sur Terre, et plus encore rencontrer
un Terrien.
La foule scandait:
Ils furent transférés au palais en compagnie d’Ilabrat, afin d’être lavés et oints
d’huile parfumée.
– Oui, mon roi. C’est le seigneur Enki qui le lui a enseigné, répondit Ilabrat.
– Approche-toi, dit Anu à Adapa. Quel est ton nom, quel est ton métier?
Anu mena l’assemblée à la salle du banquet et désigna avec joie les tables
chargées de mets.
Adapa se vit offrir de l’élixir nibirien, mais il ne le but pas. Anu était surpris,
offensé.
Pourquoi Enki a-t-il envoyé ce Terrien impoli sur Nibiru, lui révélant les voies
célestes?
– Viens ici, Adapa! appela Anu.
– Que c’est étrange! dit Anu. Pour quelle raison Enki interdirait-il au Terrien
de goûter à notre nourriture et à notre élixir?
Il demanda à Ningishzidda.
Ils sont intelligents et capables de parler, mais ils n’ont pas la longue vie des
Nibiriens.
Ce dernier était stupéfait, il ne savait pas s’il devait laisser éclater sa colère ou
en rire.
Il convoqua son vizir Ilabrat dans sa chambre privée et s’adressa à lui en ces
mots: – Mon fils Ea est peut-être devenu Enki, mais ses mœurs sont toujours
aussi libres!
– Quelles sont les règles, que doit faire le roi? lui demandat-il.
– Les concubines sont autorisées par nos lois, mais il n’existe aucun texte pour
régir les cohabitations interplanétaires, répondit Ilabrat.
– Autant limiter les dégâts. Qu’Adapa soit renvoyé immédiatement sur Terre,
et que mes petits-enfants restent plus longtemps! dit Anu.
– Je ne sais pas, mais je peux deviner. J’ai testé l’essence de vie d’Adapa, il
descend d’Enki.
Ils rejoignirent l’assemblée des savants et des nobles, des princes et des
conseillers.
Nous avons tous été témoins de ses incroyables facultés, laissons-le retourner
sur Terre.
Nous enverrons avec lui les graines de Nibiru pour qu’il les multiplie sur
Terre.
Dumuzi, le plus jeune, restera avec nous pendant un Shar, puis repartira pour
la Terre accompagné de brebis et de l’essence des agneaux!
Anu, Dumuzi, Ilabrat, les conseillers, les nobles et les princes leur
souhaitèrent bon voyage.
– Quel est le problème, que s’est-il passé sur Nibiru? demandat-il à Enki et
Ningishzidda.
– Maintenant les jeux sont faits, le sort a pris le pas sur le destin!
Écumant de rage, Enlil tourna les talons et s’en alla, laissant les autres
interdits.
Ils lui annoncèrent qu’Anu avait été enthousiasmé par l’Homme Civilisé et
avait demandé qu’il retourne sur Terre pour que personne ne souffre plus de la
faim, ne révélant qu’une partie de la vérité.
Mardouk fut impressionné par Adapa et Titi. Il se prit d’affection pour leurs
petits garçons.
– Si Ningishzidda enseigne à Adapa, laissez-moi être le professeur des
garçons! demanda Mardouk à Enki et à Enlil.
Il lui apprit à creuser des canaux pour irriguer ses cultures, à semer et à
récolter.
Mardouk emporta l’autre fils d’Adapa dans les prairies et le nomma Abael, «
l’Homme des Prés Arrosés ».
Mardouk lui apprit à construire des étables. Ils attendirent le retour de Dumuzi
pour se lancer dans l’élevage.
Au bout d’un Shar, Dumuzi revint sur Terre, rapportant avec lui l’essence des
moutons et des brebis pour les multiplier.
Il avait transporté des animaux à quatre pattes de Nibiru vers une autre
planète!
Dumuzi confia sa précieuse cargaison à son père Enki, puis les dirigeants se
réunirent afin de réfléchir à l’usage de cette nouvelle espèce.
Nulle brebis n’avait jamais foulé le sol de la Terre, aucun agneau n’y était
jamais né.
Aucune chèvre n’y avait jamais mis bas, la laine d’aucun mouton n’y avait
jamais été filée.
C’est là que commença la multiplication des graines et des brebis sur Terre.
Les premiers grains et les premiers agneaux furent présentés aux Anunnakis.
Ka-in, guidé par Ninurta, déposa son offrande aux pieds d’Enlil et d’Enki.
Abael, guidé par Mardouk, déposa son offrande aux pieds d’Enlil et d’Enki.
Enlil bénit avec joie les deux frères, louant leur travail. Enki serra son fils
Mardouk dans ses bras, le remerciant d’avoir élevé des agneaux, fournissant
ainsi de la viande pour se nourrir et de la laine pour se vêtir.
– C’est moi qui rends les plaines luxuriantes, qui remplis les sillons de grain.
C’est dans mes champs que les oiseaux se reproduisent, dans mes canaux que
les poissons abondent. Je produis le pain qui les nourrit, mon poisson et mes
volailles leur permettent d’avoir une alimentation variée!
L’été arriva, mais il ne pleuvait pas. Les prés étaient secs, les pâturages
diminuaient.
Abael conduisit ses troupeaux dans les champs de son frère, afin de les faire
boire dans les sillons et les canaux.
Emporté par la rage, Ka-in ramassa une pierre et frappa Abael à la tête.
Ka-in resta assis aux côtés du frère qu’il avait tué, pleurant longuement.
– Une terrible tristesse assaille mon cœur, quelque chose de terrible se serait-il
produit? lui demandat-elle, agitée.
Dans les champs ils trouvèrent Ka-in, toujours assis à côté du corps sans vie
d’Abael.
Titi poussa un cri d’agonie, Adapa se recouvrit la tête de boue.
Ka-in leur répondit par un long silence. Il se jeta au sol et pleura. Adapa s’en
retourna à Eridu et apprit ce qui s’était passé au seigneur Enki.
Tu dois quitter l’Edin, rester loin des Anunnakis et des Hommes Civilisés.
Suivant la coutume anunnakie, il sera enterré dans une tombe, sous un tas de
pierre.
Pendant trente jours et trente nuits, les parents d’Abael portèrent le deuil.
Ka-in fut emmené à Eridu pour y être jugé. Enki souhaitait qu’il soit
condamné à l’exil.
– Que les sept juges soient réunis! dit Ninurta, le mentor de Ka-in.
Une fois seul avec Mardouk dans sa chambre privée, Enki s’adressa à lui avec
douceur: – Mon fils! Je comprends ta souffrance. Cependant la souffrance ne
doit pas appeler la souffrance.
Si Ka-in venait à mourir lui aussi, les mutineries reprendraient, tous nos
efforts seraient réduits à néant!
Il est normal que tu te sois pris d’affection pour Abael: il était le fils de ton
demi-frère!
C’est ainsi, avec tristesse, qu’Enki confia son secret à son fils Mardouk.
Mardouk fut dans un premier temps stupéfait par cette révélation, puis le rire
le gagna.
J’accepte que la vie de Ka-in soit épargnée, mais qu’il soit banni aux confins
de la Terre! dit Mardouk, dont la colère s’était envolée, laissant place au rire.
– Pour son crime, Ka-in est condamné à partir en direction de l’Est, dans un
pays d’errance.
Sa vie sera épargnée, mais lui et sa descendance seront distingués des autres
Terriens!
L’essence de vie de Ka-in fut modifiée par Ningishzidda afin qu’aucune barbe
ne pousse sur son visage.
– Sans Abael, sans Ka-in, qui fera pousser des grains et fera du pain pour
nous, qui sera le berger qui élèvera des brebis et fournira la laine de nos
vêtements?
Avec la bénédiction d’Enki, Adapa connut son épouse Titi encore et encore.
Titi le nomma Sati, « Celui qui apporte à nouveau la Vie ». C’est à partir de
lui que l’on compte les générations de la descendance d’Adapa.
En tout, Adapa et Titi eurent trente fils et trente filles qui devinrent
cultivateurs et bergers au service des Anunnakis.
Dans les annales, il est connu sous le nom d’Enshi, « le Maître de l’Humanité
».
Il lui enseigna également qui étaient les Anunnakis et tout ce qu’il savait de
Nibiru.
Les fils d’Enlil emmenèrent Enshi à Nibru-ki et l’initièrent aux secrets des
Anunnakis.
Nannar, le plus âgé des fils d’Enlil à être nés sur Terre, lui expliqua les huiles
parfumées servant aux onctions.
Ishkur, le plus jeune fils d’Enlil, lui montra comment préparer les fruits de
l’Inbu pour élaborer l’élixir.
C’est à partir de cette époque que les Anunnakis furent appelés seigneurs par
les Hommes Civilisés.
Je vais maintenant parler des descendants d’Adapa après l’exil de Ka-in, des
voyages spatiaux d’Enkime et de la mort d’Adapa.
Au cours du quatre-vint-dix-neuvième Shar, Kunin eut un fils.
Malalu jouait des hymnes à Ninurta, et chantait devant lui avec ses filles.
L’épouse de Malalu était la fille du frère de son père. Elle s’appelait Dunna.
C’était leur premier-né, et Dunna le nomma Irid, « l’Homme des Eaux Douces
».
Dumuzi lui montra comment creuser des puits pour abreuver les troupeaux
dans les prairies éloignées.
C’est là-bas, près des puits dans les champs, que bergers et jeunes filles se
retrouvaient.
Ils avaient envie de voir ce qui se passait sur Terre directement au lieu de tout
observer depuis les cieux.
Enki supplia Mardouk de les rejoindre sur Lahmu, mais Mardouk lui-même
désirait observer davantage ce qui se passait sur Terre.
C’est près d’un puits au milieu des prés qu’Irid rencontra son épouse.
À la fin du cent deuxième Shar, ils eurent un fils répondant au nom d’Enki-
Me. Dans les annales, il est connu sous le nom d’Enki ME le Bienveillant.
Il était sage et intelligent, les chiffres n’eurent bientôt plus de secret pour lui.
Il plut à Enki, qui lui révéla des secrets qu’il avait jadis partagés avec Adapa.
Il lui expliqua le décompte des mois suivant la Lune, celui des années suivant
le Soleil et celui des Shars suivant Nibiru.
Il lui apprit comment il avait combiné ces systèmes, comment il avait divisé
les cieux en douze parties et comment il avait attribué une constellation à
chacune d’entre elles, douze positions autour d’un grand cercle.
Il lui enseigna les noms qu’il leur avait donnés en l’honneur des douze grands
dirigeants anunnakis.
Enkime brûlait d’envie d’explorer les cieux, et il eut l’occasion de faire deux
voyages spatiaux.
De retour sur Terre, Enkime fut envoyé auprès d’Utu à Sippar, le Spatioport.
Là-bas, Utu lui donna une tablette pour noter ce qu’il apprenait et l’installa
comme un Prince des Terriens dans sa demeure de lumière.
Il lui enseigna les rites, et c’est ainsi que la fonction de prêtre vit le jour.
Enkime résidait à Sippar avec son épouse Edinni, l’une de ses demi-sœurs.
Au cours du cent quatrième Shar, ils eurent un fils. Edinni le nomma
Matushal, « Celui qui est né près des eaux lumineuses ». C’est après cette
naissance qu’Enkime partit pour son second voyage spatial.
Les annales disent qu’il partit pour les cieux et y resta jusqu’à la fin de ses
jours. Avant qu’il ne parte pour les cieux, on lui avait enseigné tout à leur sujet.
Il y rapporta tout ce qui concerne la famille du Soleil dans les cieux, mais
aussi tout ce qui concerne la Terre, ses régions et ses rivières.
Il confia ses écrits à Matushal, son premier-né, afin qu’il les étudie avec ses
frères Ragim et Gaidal.
Il fut témoin du soulèvement des Igigis et des actes de Mardouk. Son épouse
Ednat lui donna un fils, Lu-Mach, « l’Homme Courageux ».
À cette époque, les conditions de vie sur Terre devinrent plus difficiles. Les
travailleurs dans les champs et dans les prés commençaient à se plaindre.
Lu-Mach fut désigné maître des travailleurs. Son rôle était de renforcer les
quotas et de réduire les rations.
Lorsqu’il sentit la fin approcher, il demanda de réunir ses fils, afin qu’il puisse
les bénir et leur parler avant de mourir.
Lorsque Sati et les fils de ses fils furent tous réunis, Adapa leur demanda: –
Où est Ka-in, mon premier-né? Allez le chercher!
Sati présenta la requête de son père au seigneur Enki et lui demanda ce qu’il
devait faire.
Enki convoqua Ninurta et lui demanda d’aller chercher le banni, dont il avait
été le mentor, et de l’emmener au chevet de son père.
La vue d’Adapa était défaillante, il dut toucher le visage de ses fils pour les
reconnaître.
Adapa posa sa main droite sur la tête de Sati, celui qui se trouvait à sa gauche.
– Ton crime t’a fait perdre le droit d’aînesse, mais sept nations naîtront de ta
semence et prospéreront dans un royaume lointain.
C’est avec une pierre que tu as tué ton frère, c’est par une pierre que tu
mourras.
Ayant prononcé ces mots, Adapa laissa retomber ses mains en soupirant et
leur demanda de convoquer Titi, son épouse, ainsi que tous ses enfants, fils et
filles.
Il avait joui d’une vie longue pour un Terrien, mais courte pour un Anunnaki.
Après l’enterrement d’Adapa, Ka-in fit ses adieux à sa mère et à son frère.
Pour eux il fonda une ville. Alors qu’il la construisait, une pierre tomba et le
tua.
C’est de son vivant que Mardouk et les Igigis épousèrent des Terriennes.
Les Anunnakis qui décrètent les sorts (Enlil, Enki et Ninmah) se réunirent.
Ils se demandèrent quels étaient les facteurs qui modifiaient les conditions sur
Terre et sur Lahmu.
Ils remarquèrent que les éruptions solaires provoquaient des perturbations des
champs magnétiques des deux planètes.
Le Pays au-delà des Mers fut confié à Ninurta afin qu’il établisse un Lien
Ciel-Terre dans les montagnes. Sur Lahmu, les Igigis étaient agités. Mardouk se
vit confier la tâche de les pacifier.
– Tant que nous ne comprenons pas ce qui cause les perturbations, nous
devons conserver la station étape de Lahmu! lui dirent les chefs.
Les trois qui décrètent le sort se réunirent. Observant les deux autres, chacun
d’entre eux remarqua combien ils avaient vieilli.
Enki, qui était affligé par la mort d’Adapa, fut le premier à parler.
– Plus de cent Shars ont passé depuis mon arrivée sur Terre! dit-il à son frère
et à sa sœur.
– J’étais un héros enthousiaste, prêt à diriger, prêt pour l’aventure! dit Enlil.
J’ai maintenant des enfants qui ont des enfants, tous sont nés sur Terre.
Nous avons vieilli, mais ceux qui sont nés ici vieillissent encore plus
rapidement, dit-il tristement à ses frères et sœurs.
– Alors que les autres venaient et repartaient, se succédant sur Terre, nous,
leurs chefs, sommes restés! Il est peut-être temps de partir! dit Enlil.
– J’y ai souvent pensé, répondit Enki. Chaque fois que l’un de nous a émis le
souhait de visiter Nibiru, les ordres nous en ont toujours empêchés!
– Est-ce que cela est lié aux cycles de vie? dit Ninmah.
C’est alors que le Sort (à moins que ce ne soit le Destin) vint s’en mêler.
Peu après cette conversation, Mardouk se rendit auprès de son père, désirant
lui parler d’un grave problème.
– Sur Terre, les trois fils d’Enlil ont choisi des épouses: Ninurta a épousé
Ba’u, l’une des plus jeunes filles d’Anu, Nannar a choisi Ningal, Ishkur a épousé
Shala.
Ton fils Nergal a pris pour épouse Ereshkigal, une petite-fille d’Enlil.
Nergal n’a pas attendu que je me marie, bien que je sois le premier-né. Mais
les quatre autres attendent, par respect pour moi.
Je souhaite choisir une épouse, j’ai envie de me marier! dit Mardouk à son
père Enki.
C’est l’une des filles d’Enkime, celui qui voyagea dans les cieux. Son nom est
Sarpanit.
– J’ai voyagé avec Enkime, je lui ai enseigné les choses de la Terre et des
cieux.
J’ai vu de mes propres yeux les secrets que mon père m’a un jour confiés.
Pas à pas, nous avons créé sur cette planète un Être Primitif, qui est devenu
comme nous.
Si notre fils contracte une telle alliance, il ne pourra jamais se rendre sur
Nibiru en compagnie de son épouse.
Ils convoquèrent Matushal, le frère de la jeune fille et lui firent part du désir
de Mardouk.
– Le père de la jeune fille, Adapa, ne put rester sur Nibiru! leur dit-il.
Mardouk se trouvera donc dans l’impossibilité de revenir sur Nibiru avec elle!
Mardouk s’est habitué aux cycles de la Terre et même sans elle, son retour est
peut-être bien impossible!
Mardouk peut se marier, mais il perdra son statut de prince sur Nibiru!
– Je veux parler d’un domaine situé au-dessus de l’Abzu, sur les terres qui
jouxtent la Mer Supérieure. Il est séparé de l’Edin par la mer, mais peut être
atteint par bateau, dit Enki.
Je vais maintenant raconter l’enlèvement des Terriennes par les Igigis, les
problèmes qui s’ensuivirent et l’étrange naissance de Ziusudra.
– Choisissons nos femmes parmi les Femelles Adapites, ayons des enfants!
– On me demande de trouver une solution, mais mon cœur penche pour les
Igigis! dit Mardouk.
À cause de nous, cette planète finira par être envahie par des multitudes de
Terriens! dit Enlil avec dégoût.
– Ils ne peuvent pas rester dans l’Edin! s’écria Enlil avec colère.
Les Igigis et leurs femmes étaient isolés sur la Piste d’Atterrissage dans les
Montagnes de Cèdres.
Ils eurent des enfants, que l’on appela « Enfants des Fusées ».
Mardouk et son épouse Sarpanit eurent eux aussi des enfants. Leurs deux
premiers fils furent appelés Asar et Satu.
Mardouk invita les Igigis dans le domaine qui lui avait été offert au-dessus de
l’Abzu, et leur offrit de s’installer dans les deux villes qu’il avait construites
pour ses fils.
Certains de leurs descendants allèrent s’établir sur les lointaines terres de l’est,
dans les hautes montagnes.
Ninurta observa attentivement la façon dont Mardouk puisait sa force dans les
Terriens.
Va, trouve les descendants de Ka-in, et avec eux établis ton propre domaine!
Sur une nouvelle terre, ils établirent un domaine et construisirent une ville
avec deux tours jumelles.
C’est au-delà des mers, et non dans les montagnes du nouveau Lien Ciel-
Terre, qu’ils s’installèrent.
Alors que Batanash prenait un bain sur le toit d’une maison, Enki la saisit par
la taille, l’embrassa et déposa sa semence dans son ventre.
Sa peau était blanche comme la neige, ses cheveux étaient couleur de laine.
Ses yeux étaient bleus comme le ciel et brillaient d’un étrange éclat.
Lu-Mach était à la fois surpris et effrayé, il se hâta chez son père, Matushal.
L’enfant de Batanash ressemble fort peu à un Terrien. Cette naissance est très
surprenante! Matushal alla voir Batanash, vit le nouveau-né, et fut étonné par la
ressemblance.
Tu dois dire à ton époux si cet enfant est le sien ou non. Tu dois lui dire la
vérité!
– Je jure sur ma vie qu’aucun Igigi n’est le père de mon enfant, lui répondit
Batanash.
Matushal retourna auprès de son fils et posa un bras rassurant sur ses épaules.
Cet enfant est un mystère, mais son étrangeté même est un présage.
Je ne saurais dire quelle sera sa tâche, mais elle sera révélée le moment venu!
Ainsi parla Matushal à son fils, faisant allusion à ce qui était en train de se
passer sur Terre.
Il faisait plus froid, les cieux retenaient la pluie, les récoltes diminuaient et les
agneaux se faisaient rares.
– Ton étrange fils est un présage, il annonce un répit! dit Matushal à son fils.
Devenu un jeune homme, le garçon apprit à observer et à célébrer les rites des
prêtres.
Enlil était très perturbé par l’union des Igigis et des Terriennes.
Les Terriens se sont multipliés, les sources sont à sec, la terre n’est plus fertile,
les plantes ne poussent pas.
Sur Terre comme sur Lahmu les saisons étaient devenues irrégulières.
Pendant un Shar, puis deux, les savants de Nibiru observèrent les circuits
célestes.
Un sort peu favorable avait pris le pas sur la destinée des êtres célestes.
Pendant trois Shars, pendant quatre Shars, les instruments tournés vers le Pays
Blanc furent observés.
Ninurta installa des instruments de prévision dans son domaine du Pays au-
delà des Mers.
Enlil avertit Anu que quelque chose d’étrange était en train de se préparer.
Sur Nibiru, les savants avertirent le roi des catastrophes qui se préparaient.
La prochaine fois que Nibiru s’approchera de la Terre, elle glissera dans l’eau,
provoquant une catastrophe.
Ils ne savaient pas quel serait le sort de Nibiru, mais ceux de la Terre et de
Lahmu les préoccupaient également.
Une flotte de Chars Célestes rapides fut envoyée sur Terre pour procéder à
l’évacuation.
Les Nibiriens observaient les signes du ciel. Sur Terre, les tremblements se
faisaient sentir.
C’est à cette époque qu’un Anunnaki aux cheveux blancs sortit de l’un des
Chars Célestes.
Il se dirigea vers Enlil d’un pas majestueux et lui présenta un message d’Anu,
scellé.
Enlil était surpris qu’Anu ne l’ait pas prévenu. Il examina le sceau, qui lui
parut authentique et intact.
« Galzu s’exprime au nom du Roi et du Conseil, ses mots sont mes ordres! »
disait le message.
– Nous avons fréquenté la même école, nous avons le même âge! lui dit-il.
Ninmah ne s’en souvenait pas. L’émissaire avait l’air si jeune qu’il aurait pu
être son fils.
– C’est très simple, lui dit Galzu. Cela est dû à la lenteur des cycles de vie de
notre hiver, et c’est l’une des raisons de ma mission. C’est également l’une des
raisons secrètes de l’évacuation.
Depuis le séjour de Dumuzi sur Nibiru, nous avons étudié les Anunnakis
revenant sur notre planète.
Ceux qui avaient passé le plus de temps sur Terre étaient gravement atteints.
Leur esprit était également affecté, car les fils revenaient plus âgés que les
parents qu’ils avaient quittés!
La mort, mes amis, ne tarda pas à venir les chercher. Voilà de quoi je suis venu
vous avertir!
Les trois chefs ne disaient mot. Ils avaient séjourné sur Terre plus longtemps
que quiconque.
Enki acquiesça:
Cette mission s’est muée en un cauchemar. Nous étions les maîtres, Enki et
ses Terriens ont fait de nous des esclaves!
Sur Nibiru, nous avons beaucoup réfléchi, nous nous sommes posé des
questions existentielles: Aurions-nous dû abandonner Nibiru à son sort?
Aurions-nous dû laisser le dessein du Créateur Universel se réaliser, quelles
qu’en soient les conséquences?
À moins bien sûr que notre venue sur Terre n’ait été prévue par le Créateur, et
que nous ne soyons que ses émissaires?
Je vais maintenant vous délivrer un ordre secret de Nibiru: vous devez tous
trois rester sur Terre. Si vous retourniez sur Nibiru, seule la mort vous y
attendrait!
Les Igigis qui ont épousé des Terriennes devront choisir entre le départ et leurs
épouses.
C’est ainsi que Galzu révéla en secret les ordres de Nibiru aux trois dirigeants.
– La Mission Terre est arrivée à sa fin, et c’est une fin bien amère, leur dit-il
solennellement.
Tous ceux qui le souhaitent peuvent repartir pour Nibiru à bord des Chars
Célestes qui ont été préparés pour l’évacuation.
Ceux qui ont épousé des Terriennes doivent partir sans elles.
Les Igigis qui sont attachés à leurs femmes et à leurs enfants devront les
guider vers les plus hauts sommets de la Terre.
Les quelques-uns d’entre nous qui choisiront de rester attendront dans les
cieux de la Terre que la catastrophe se produise. Nous serons les témoins de son
sort!
En tant que commandant, il est de mon devoir de rester. Que les autres
prennent leur décision eux-mêmes, dit Enlil.
Nannar, le premier fils d’Enlil à être né sur Terre, émit un souhait étrange: il
désirait attendre l’arrivée du Déluge sur la Lune, et non dans le ciel de la Terre.
Enki souleva un sourcil. Enlil, bien qu’étonné, lui donna son assentiment.
Ishkur, le plus jeune fils d’Enlil, décida de rester sur Terre avec son père.
Utu et Inanna, enfants de Nannar nés sur Terre, déclarèrent qu’ils resteraient.
Nergal et Gibil, Ninagal, Ningishzidda et Dumuzi, les uns après les autres, les
fils d’Enki annoncèrent leur décision de rester. Tous les regards se tournèrent
vers Ninmah, qui annonça son choix avec fierté: – Le travail de ma vie est ici.
J’ai créé les Terriens, je ne les abandonnerai pas!
Ses mots soulevèrent des exclamations parmi les Anunnakis et les Igigis, qui
s’enquirent du sort des Terriens.
– C’est nous qui avons créé cet être merveilleux, c’est à nous de le sauver!
s’écria Enki.
Tu t’es emparé des pouvoirs du Créateur Universel, mais tu ne t’es pas arrêté
là. Tu as conçu Adapa par la fornication, tu as donné l’intelligence à sa lignée!
À cause de ton fils Mardouk, les Igigis ont épousé des Terriennes.
Qui règne sur Nibiru, à qui la Terre appartient-elle? Plus personne ne le sait!
Ninurta fut le premier à promettre de garder le silence, suivi par les autres
partisans d’Enlil.
Nergal fut le premier des fils d’Enki à prêter serment, suivi par ses frères.
– Je me plie à tes ordres, dit Mardouk à Enlil. Mais que vaut ce serment?
Je ne peux pas arrêter les eaux, je ne peux pas sauver la multitude des
Terriens.
Laisser les événements se dérouler comme s’ils avaient été décrétés par le
sort, que cela soit connu comme étant la Décision d’Enlil.
Il fallait séparer ceux qui avaient choisi de partir et ceux qui avaient choisi de
rester, désigner des lieux de rassemblement, réunir l’équipement, assigner un
vaisseau à chaque groupe.
Les premiers à partir furent ceux qui voulaient rentrer sur Nibiru.
Ils montèrent à bord des bateaux célestes au milieu des effusions, avec une
joie teintée de peine.
Au début, ceux qui avaient choisi de rester leur souhaitaient bon voyage, mais
leurs cris se muèrent bientôt en larmes.
Une fois que tous les vaisseaux partant pour Nibiru eurent disparu, ce fut le
tour de Mardouk et des Igigis qui avaient épousé des Terriennes.
Mardouk les rassembla tous sur la Piste d’Atterrissage et leur donna le choix:
se rendre sur Lahmu aux côtés de Sarpanit et de lui-même pour y attendre le
passage de la catastrophe, ou essayer de trouver refuge sur les lointains sommets
de la Terre.
Enlil prit note de ceux qui choisirent de rester, et assigna un Char Céleste à
chaque groupe.
Il envoya Ninurta dans les montagnes au-delà des océans pour qu’il l’informe
des grondements de la Terre.
Enterrons les tablettes des annales à Sippar, dans les profondeurs de la Terre,
pour les mettre en sécurité.
Leur tâche accomplie, les chefs attendirent le signal du départ, observant avec
appréhension l’approche de Nibiru.
Lorsque les eaux déferleront sur les terres balayant tout sur leur passage, de
nombreuses autres créatures, certaines venues de Nibiru, d’autres autochtones,
seront condamnées à disparaître d’un seul coup.
Ninmah, qui avait donné la vie, se montra sensible aux paroles d’Enki.
Dans l’Abzu, Enki fut assisté par Ningishzidda dans l’ancienne Maison de la
Vie.
Ils récoltèrent les essences mâles et femelles, ainsi que les œufs de vie.
À Shurubak comme dans l’Abzu, ils les conservèrent deux à deux, dans
l’intention de les emporter avec eux en orbite et de les recombiner ensuite.
Dans son rêve lui apparut l’image d’un homme aussi éblouissant que les
cieux.
ll tenait dans sa main droite un stylet de graveur, et dans sa main gauche une
tablette de lapis-lazuli, lisse et luisante.
– Les accusations que tu as portées contre Enlil étaient injustifiées. Il n’a fait
que dire la vérité.
Quant à la Décision d’Enlil, ce n’est pas lui qui l’a prise, c’est le Destin.
Le Sort est maintenant entre tes mains, car la Terre reviendra aux Terriens.
Et Galzu, dans le rêve-vision d’Enki, prit le stylet, dessina quelque chose sur
la tablette et la plaça à côté du lit d’Enki.
Ce qu’il avait vu dans son rêve s’était matérialisé au pied de son lit!
Un étrange bateau y était dessiné. Des marques avaient été gravées sur le bord
de la tablette pour indiquer les dimensions de l’embarcation!
Les émissaires revinrent au coucher du Soleil, mais aucun d’entre eux n’avait
réussi à trouver Galzu.
– Il y a longtemps déjà que Galzu est reparti pour Nibiru, lui dirent-ils.
Pour ne pas briser le serment, ce n’est pas à Ziusudra mais au mur de la hutte
qu’Enki s’adressa: – Réveille-toi! Réveille-toi! dit Enki à travers le rideau de
roseaux.
– Hutte de roseaux! Écoute bien ce que je vais te dire, suis mes instructions!
Une tempête catastrophique va balayer toutes les habitations, toutes les villes.
L’Humanité et sa descendance seront anéanties.
L’embarcation que tu dois construire, sa forme et ses dimensions, tout est écrit
sur une tablette que je vais laisser contre la paroi de cette hutte.
Le gréement doit être très solide, le brai bien épais pour garantir l’étanchéité.
Un navigateur qui connaît les eaux, désigné par moi-même, se rendra auprès
de toi.
Un Déluge implacable venu du sud s’abattra sur les terres, dévastant toute vie
sur son passage.
Il libérera ton bateau de ses amarres et le secouera dans tous les sens.
– Ce n’est pas à toi, Ziusudra, que j’ai parlé, mais à la hutte de roseaux,
répondit Enki.
J’ai prêté serment et suis tenu de respecter la décision d’Enlil comme tous les
autres Anunnakis.
Si tu voyais mon visage, tu mourrais sans doute comme tous les autres
Terriens.
Dessus était gravée l’image d’un bateau dont les dimensions étaient indiquées
par des encoches. Ziusudra était le plus sage des Hommes Civilisés, il comprit ce
qu’il avait entendu.
Je ne peux plus résider dans cette ville, et je ne peux pas non plus m’aventurer
dans l’Edin.
La matinée n’était pas finie que déjà le peuple se réunissait autour de Ziusudra
pour l’aider à construire son bateau plus rapidement.
Alors que les menuisiers agençaient les planches ensemble, Ziusudra faisait
fondre le bitume dans un chaudron.
Souhaitant que Ziusudra parte au plus tôt, les habitants apportèrent eau et
nourriture au bateau.
Des animaux à quatre pattes furent montés à bord, et des oiseaux des champs
embarquèrent d’eux-mêmes.
Ziusudra fit entrer son épouse et ses fils, suivis de leurs femmes et de leurs
enfants.
– Que ceux qui souhaitent rejoindre la demeure du dieu Enki montent à bord,
quels qu’ils soient! annonça Ziusudra à l’assemblée.
Dans sa main, il tenait une boîte en bois de cèdre qu’il garda à ses côtés
pendant le voyage.
– Elle contient les essences de vie et les œufs de vie des créatures vivantes,
collectées par le seigneur Enki et par Ninmah, afin qu’ils survivent à la colère
d’Enlil et permettent de ressusciter la vie sur Terre! expliqua-t-il à Ziusudra.
Ainsi, tous les animaux furent cachés par couples dans le bateau.
Le Déluge était attendu au cours du cent vingtième Shar, le dixième Shar que
vivait Ziusudra.
Les nuits précédant la catastrophe, Nibiru apparut dans le ciel telle une étoile
brillante.
Puis la nuit se fit en plein jour. Au cours de la véritable nuit suivante, la Lune
disparut, comme avalée par un monstre.
La lumière du matin fit place à l’obscurité, comme voilée par une ombre
funeste.
Puis un roulement de tonnerre se fit entendre, et des éclairs illuminèrent le
ciel.
Accroupis dans leurs vaisseaux, les Anunnakis s’élevèrent dans les cieux.
Les morceaux de glace s’écrasaient les uns après les autres, la surface du Pays
Blanc s’effritait comme une coquille d’œuf brisée.
Une vague monumentale s’éleva d’un seul coup, un mur d’eau montant
jusqu’au ciel.
Au-dessous de la Terre, une tempête d’une violence sans égale se mit à rugir.
Ses vents poussaient le mur d’eau vers le Nord, et il atteignit bientôt l’Abzu.
Elle le ballotta dans tous les sens et l’avala, le plongeant dans les abysses.
Bien qu’entièrement submergé, le bateau tint bon. Pas la moindre goutte d’eau
n’y pénétra.
Les hommes se perdirent de vue les uns les autres, le sol disparut, il n’y avait
plus que l’eau.
Tout ce qui s’était tenu sur le sol avait été balayé par les eaux.
Accroupis le long des murs extérieurs, ils tentaient de voir ce qui se passait en
dessous d’eux, sur Terre.
Dans la Barque Céleste où elle se trouvait, Ninmah criait comme une femme
en train d’accoucher.
– Ceux que j’ai créés gisent comme des libellules noyées dans une mare
d’eau.
– Tout ce qui est sous nos pieds, tout ce qui vivait est devenu argile!
Assistant à la furie des éléments, les autres Anunnakis étaient remis à leur
place.
Ils avaient été témoins du déchaînement d’un pouvoir supérieur aux leurs.
Ils rêvaient de mordre dans un fruit de la Terre, de tremper les lèvres dans une
coupe d’élixir fermenté.
Ils se lamentaient en pensant au passé.
Une fois que l’immense vague eut balayé la surface de la Terre, les canaux du
ciel s’ouvrirent et la pluie se déclencha.
Le mur d’eau, ayant atteint ses limites, cessa alors ses attaques, mais la pluie
continua à tomber du ciel pendant quarante jours et quarante nuits.
Depuis leur perchoir, les Anunnakis ne pouvaient voir qu’un immense océan
là où jadis se trouvaient les terres émergées.
Seuls les sommets des montagnes sortaient de l’eau, et avaient maintenant des
allures d’îles. Tout ce qui se trouvait sur les terres émergées avait péri sous
l’avalanche d’eau.
Quarante jours après que le Déluge eut balayé la Terre, la pluie cessa.
Au bout de quarante jours, Ziusudra ouvrit les écoutilles pour observer les
environs.
C’était une belle journée, une douce brise soufflait. Le bateau flottait seul sur
une vaste mer, aucun autre signe de vie à l’horizon.
– L’Humanité et tous les autres êtres vivants ont été rayés de la surface de la
Terre. Nous sommes les seuls survivants, mais je ne vois aucune terre où poser le
pied!
Ziusudra était impatient. Il libéra les oiseaux qui se trouvaient à bord pour
qu’ils partent à la recherche de la terre ferme afin de vérifier si quelques plantes
avaient survécu.
Il envoya une hirondelle, puis un corbeau.
Tous deux revinrent au bateau. Il envoya une colombe, qui revint avec une
brindille d’arbre!
Quelques jours plus tard, la course du bateau fut arrêtée par des rochers:
Avec ses fils il rassembla des pierres et construisit un autel, puis il alluma un
feu qu’il alimenta avec du Bois parfumé.
Alors que les autres restaient en orbite dans leurs Barques Célestes, Enlil et
Enki descendirent sur Terre.
Quand Enlil vit Ninagal parmi les survivants, il laissa éclater sa colère.
– Ce n’est pas un simple mortel, c’est mon fils! cria Enki en désignant
Ziusudra.
À contrecœur, Enlil prit les mains de Ziusudra et de son épouse Emzara et les
bénit: – Je vous souhaite d’être féconds, de vous multiplier et de peupler à
nouveau la Terre! leur dit-il.
Les régions montagneuses étaient pour la plupart indemnes, mais les vallées
étaient recouvertes de boue et de vase.
Tout ce qui dans les temps anciens avait existé dans l’Edin et dans l’Abzu était
recouvert de boue.
Puis on contacta Mardouk sur Lahmu et Nannar sur la Lune, et eux aussi
revinrent sur Terre.
Enlil convoqua alors les Anunnakis et les Igigis ainsi rassemblés pour une
assemblée.
– Nous avons survécu au Déluge, mais la Terre est dévastée! leur dit-il.
Nous devons envisager toutes les possibilités pour assurer notre survie, que ce
soit sur Terre ou ailleurs!
Son atmosphère a été aspirée, ses eaux se sont évaporées. Elle est livrée aux
tempêtes de sable!
– La vie n’est pas possible sur la Lune, on ne peut y séjourner sans masques
d’aigles! dit Nannar.
Enlil posa affectueusement ses bras sur les épaules de son fils.
Les coffres de diorite étaient scellés. Ils ouvrirent la serrure avec une clé de
cuivre.
Une fois dehors, Enlil confia les graines à Ninurta et lui dit:
– Va, construis des terrasses à flanc de montagne, que les céréales de Nibiru
nous permettent de manger à nouveau du pain!
Enlil confia une autre tâche à Ishkur, son plus jeune fils:
Le premier arbre fruitier qu’ils trouvèrent fut la vigne que Ninmah avait
apportée.
Ziusudra but une gorgée de son jus, le fameux élixir des Anunnakis. Il but une
gorgée, puis une autre, et encore une autre. Vaincu par l’élixir, il s’endormit
comme un ivrogne!
Puis Enki offrit un cadeau aux Anunnakis et aux Terriens: il leur dévoila le
coffre que Ninagal avait transporté et annonça ce qu’il contenait, à la surprise de
tous: – Essences de vie et œufs de vie peuvent être mélangés dans le ventre des
animaux à quatre pattes du bateau de Ziusudra.
Enki confia le rôle de berger à Dumuzi, assisté par le second fils de Ziusudra.
Puis il tourna son attention vers les régions à la terre sombre, là où avaient été
son domaine et celui de ses fils.
À partir de cet endroit, il creusa deux canaux dans le roc, deux goulets pour
que s’engouffrent les eaux.
Dans le Pays des Deux Goulets, il construisit une demeure pour Dumuzi et les
bergers.
Enlil fit savoir sa satisfaction à Nibiru, mais c’est des paroles inquiètes qu’il
reçut en retour.
Enki se hâta vers l’Abzu, qu’il étudia avec son fils Gibil.
Dans l’Edin, Bad-Tibira n’existait plus et les chars ne pouvaient plus être
accueillis à Sippar!
Depuis cette région située de l’autre côté de la Terre, il fit parvenir aux autres
des paroles stupéfiantes: – L’avalanche d’eau a taillé de grandes fissures dans les
montagnes, libérant d’innombrables pépites d’or, petites et grandes, qui sont
tombées dans les rivières et peuvent être récoltées sans creuser de mines!
– Mais qui ramassera les pépites, et comment les expédier sur Nibiru? se
demandaient les chefs.
– Dans les hautes montagnes de ce côté de la Terre, des Terriens ont survécu!
Ce sont les descendants de Ka-in, ils ont l’habitude de manipuler les métaux.
Ils ont survécu grâce à des radeaux et sont dirigés par quatre frères et quatre
sœurs.
Le sommet de leur montagne est devenu une île au milieu d’un grand lac.
Même Enlil, qui avait organisé l’annihilation de toute vie sur Terre, n’était
plus en colère.
Ils se mirent en quête d’une nouvelle plaine dont le sol aurait séché et se serait
raffermi.
Les Voies Célestes d’Anu et d’Enlil furent reproduites sur la péninsule choisie
par les Anunnakis.
Enki acquiesça, et Enlil se mit à mesurer les distances entre les astres.
Enlil avait besoin de deux nouvelles paires de pics jumeaux pour délimiter les
frontières du Couloir d’Atterrissage et sécuriser la montée et la descente des
vaisseaux.
– Nous pouvons y construire des monts artificiels! dit Ningishzidda aux chefs.
Sur une tablette polie, il traça un croquis représentant deux pics dressés vers le
ciel.
C’est avec leurs outils de pouvoir que les Anunnakis taillèrent les pierres qui
le composaient et le construisirent.
Derrière lui, en un lieu précis, il plaça le sommet qui serait son jumeau.
Il y conçut des galeries et des chambres pour accueillir les cristaux vivants.
Une fois cet ingénieux mont achevé, il invita les chefs à venir poser la
dernière pierre en son sommet.
Elle était faite d’électrum, un mélange élaboré par Gibil, et reflétait la lumière
du Soleil à l’horizon.
Lorsque les travaux conçus par Ningishzidda furent terminés et que les
installations furent prêtes, les Anunnakis pénétrèrent dans le Grand Pic Jumeau.
Ekur servait de phare à ceux qui venaient des cieux, et criait haut et fort que
les Anunnakis avaient survécu au déluge et que leur domination serait éternelle.
Les pierres de ses fondations sont en contact avec l’eau, elle est enchâssée
dans l’argile.
Les Grands qui tournent dans les cieux peuvent descendre s’y reposer.
Les monts artificiels se dressent sur mon ancien domaine, c’est donc mon
visage que devrait avoir le lion!
Mardouk ne doit pas priver Ningishzidda de l’honneur qui lui revient, mais
nous devons aussi prêter attention à ses paroles!
– Pour que règne la paix, nous devons nous partager les terres habitables, dit
Enlil à Enki.
Tous acceptèrent de faire de la péninsule une frontière incontestée, et de
l’attribuer à Ninmah, la pacifique.
Ils l’appelèrent Tilmun, la Terre des Missiles. Elle était interdite d’accès aux
Terriens.
Les terres habitables à l’est de Tilmun furent divisées entre Enlil et ses
enfants.
Il fut décidé que la descendance des deux fils de Ziusudra, Shem et Yafet, s’y
établirait.
Enki suggéra de faire de Mardouk leur seigneur, le maître de leurs terres, afin
de l’apaiser.
Elle se situait dans une vallée verdoyante, près d’une rivière entourée de
palmiers dattiers.
Quand tout fut terminé, un signal fut envoyé à tous les avantpostes sur Terre.
Des Tourbillons apportèrent les pépites d’or depuis les montagnes au-delà des
océans et l’or fut transporté à bord de Chars Célestes jusqu’à Nibiru.
Durant le premier Shar qui suivit le Déluge, Ninharsag parvint à apaiser les
tensions.
Peu à peu, la Terre se mit à fourmiller de vie à nouveau. Les semences de vie
qu’Enki avait protégées venaient s’ajouter aux espèces qui avaient survécu
d’elles-mêmes sur Terre, dans les airs et dans les eaux.
Ce n’est ni entre Mardouk et Ninurta, ni entre les clans d’Enki et d’Enlil que
l’orage éclata.
Ce sont les propres fils de Mardouk qui vinrent troubler la tranquillité, avec la
complicité des Igigis.
Alors que Mardouk, Sarpanit et leurs enfants attendaient sur Lahmu que passe
le Déluge, les deux fils, Asar et Satu, se prirent d’intérêt pour les filles de
Shamgaz, le chef des Igigis.
À leur retour sur Terre, ils épousèrent deux sœurs: Asar choisit Asta, Satu
épousa Nebat.
Asar choisit de vivre aux côtés de son père Mardouk sur les terres sombres.
Satu quant à lui s’installa avec Shamgaz près de la Piste d’Atterrissage, là où
vivaient les Igigis.
– Asar a choisi de rester auprès de son père, il héritera seul des terres fertiles!
Jour après jour, Shamgaz et sa fille répétaient les mêmes paroles à Satu.
Père et fille complotaient pour que la succession revienne tout entière à Satu.
Asar, ne se doutant de rien, se présenta pour profiter de la fête avec son frère.
Elle se fit belle et, lyre à la main, dédia une chanson au puissant Asar.
Il lui tendit une coupe d’une taille imposante remplie de vin mêlé à de l’élixir.
Ils transportèrent Asar dans une autre pièce et l’allongèrent dans un cercueil
qu’ils scellèrent et jetèrent à la mer.
Quand Asta apprit ce qui s’était passé, elle alla demander l’aide de Mardouk,
le père de son époux: – Asar a été précipité dans les profondeurs de la mer. Nous
devons trouver le cercueil au plus vite!
Mardouk déchira ses vêtements et appliqua des cendres sur son front.
Satu doit donc être épargné, et c’est avec sa semence que tu dois concevoir
l’héritier d’Asar.
Asta était ébahie par la tournure que prenaient les événements. Désespérée,
elle était déterminée à défier les règles.
Avant que le corps d’Asar ne soit enveloppé d’un suaire pour être conservé
dans un temple, elle tira la Semence de Vie de son phallus et conçut un héritier,
pour le venger.
– Je suis le seul et unique héritier de Mardouk, c’est moi qui régnerai sur le
Pays des Deux Goulets!
Satu était déconcerté par cette annonce, mais les ambitions de Shamgaz ne
faiblissaient pas.
Dans les terres sombres, la rapidité des cycles de la Terre fit bientôt de
l’enfant Horon un jeune héros.
Il lui confectionna des sandales ailées qui lui permettaient de voler comme un
faucon, et un harpon divin dont les flèches étaient des missiles.
Dans la région montagneuse du sud, il lui apprit les arts des métaux et celui de
ferrer les chevaux.
Il lui révéla le secret d’un métal appelé fer, avec lequel Horon fit des armes.
Puis il leva une armée de loyaux Terriens et marcha vers le nord, traversant
terres et rivières pour aller défier Satu et les Igigis.
Lorque Horon s’éleva vers lui tel un faucon, Satu lui décocha une flèche
empoisonnée comme la piqûre d’un scorpion et Horon s’écrasa au sol.
Assistant à la scène, Asta lança un cri vers le ciel. C’est Ningishzidda qu’elle
appelait à l’aide.
Au matin Horon était guéri, il était revenu d’entre les morts. Ningishzidda lui
offrit un Pilier de Feu, qui ressemblait à un poisson du ciel aux nageoires et à la
queue enflammées.
Ils se poursuivirent dans toutes les directions. Le combat était farouche, son
issue s’annonçait fatale.
Le Pilier de Feu d’Horon fut le premier touché, mais il riposta et frappa Satu
de son harpon. Satu s’écrasa au sol.
Ils constatèrent qu’il avait perdu la vue, que ses testicules avaient été broyés et
que sa démarche était bancale.
Le Conseil condamna Satu à passer le reste de sa vie en tant que mortel parmi
les Igigis.
Horon fut déclaré vainqueur et héritier du trône de son père.
La décision du Conseil fut inscrite sur une tablette de métal et placée dans la
salle des Archives.
Dans sa demeure, Mardouk était satisfait de cette décision, mais il était triste
de ce qui s’était passé.
Bien qu’Horon soit le fils d’Asar, il descendait aussi de Shamgaz l’Igigi, qui
ne reçut pas de domaine.
Les événements que je vais raconter ont eu lieu après le combat d’Horon et de
Satu au-dessus de Tilmun.
Pour la première fois de notre histoire, un jeune Anunnaki a levé une armée de
Terriens et leur a confié des armes faites de métal, le secret des Anunnakis!
Depuis l’époque où Alalu et Anzu ont remis notre légitimité en cause, les
Igigis n’ont eu de cesse de créer des problèmes et de briser les règles.
– Nous devons construire une autre installation Ciel-Terre dans le plus grand
secret.
Dans les ontagnes au-delà des océans, à côté du grand lac, il construisit un
nouveau Lien Ciel-Terre entouré d’une enceinte.
Il choisit une plaine au sol ferme au pied des montagnes où les pépites d’or
étaient éparpillées et y traça des lignes pour faciliter le décollage et l’atterrissage.
L’or peut y être expédié vers Nibiru, et nous pouvons également l’utiliser pour
nous-mêmes si le besoin de partir se fait sentir.
Un amour sans bornes s’empara d’eux. Leurs cœurs étaient enflammés par la
passion.
Enki attribua un vaste domaine au-dessus de l’Abzu à Dumuzi, qui était son
plus jeune fils.
Ce domaine s’appelait le Meluhha, le Pays Noir. Des arbres des montagnes y
poussaient, l’eau y était abondante.
Dumuzi était très aimé. Après la mort d’Asar, il devint le favori d’Enki.
Inanna était aimée par ses parents Nannar et Ningal, Enlil avait veillé sur son
berceau.
Sa beauté était indescriptible, sa maîtrise des arts martiaux était telle qu’elle
n’hésitait pas à se mesurer aux héros.
Son frère Utu lui avait appris à voyager dans les cieux et à piloter les Barques
Célestes.
C’est après le Déluge que le regard de Dumuzi avait croisé celui d’Inanna sur
la Plateforme d’Atterrissage.
Au début, ils étaient hésitants: il était du clan d’Enki, elle venait de celui
d’Enlil.
Annonçons-lui notre amour. Elle se réjouira pour nous et nous aspergera d’eau
de cèdre!
– Que cette union scelle une véritable paix entre les clans! déclara Enlil à qui
voulait l’entendre.
Lorsque Dumuzi parla à son père de son amour et de son désir de se marier,
Enki lui donna sa bénédiction.
Gibil façonna un lit nuptial en or massif. Nergal lui fit parvenir des lapis-lazuli
d’un bleu éclatant.
À côté du lit, ils placèrent une pile de dattes, l’un des fruits préférés d’Inanna.
Suivant la coutume, une sœur de Dumuzi fut envoyée chez Inanna pour la
parfumer et l’habiller.
Inanna lui révéla comment elle imaginait son avenir avec Dumuzi:
Mardouk était très perturbé par les ambitions de cette dernière, il confia à
Geshtinanna un plan secret.
– Avant de dormir avec ta jeune épouse, tu dois avoir un héritier légitime avec
l’une de tes sœurs.
Le fils d’Inanna n’aura pas le droit à la succession, il ne sera pas élevé par ta
mère!
Elle prit sa main dans la sienne, pressa son corps contre le sien.
Il était nu, ils le mirent aux fers et le laissèrent mourir au nom de l’Oiseau
Princier et du Faucon.
Il ordonnera que tu sois jugé afin de détruire l’alliance avec les Enlilites!
Il appela à l’aide Utu, le frère d’Inanna. Il prononça le nom de son père, Enki,
comme si cela pouvait le protéger.
Dumuzi glissa et tomba. Dans une mousse blanche, son corps sans vie fut
emporté par les eaux bouillonnantes.
Je vais maintenant raconter la venue d’Inanna dans la partie inférieure de
l’Abzu, la Grande Guerre des Anunnakis, et expliquer comment Mardouk fut
emprisonné vivant dans l’Ekur.
Ninagal retrouva le corps sans vie de Dumuzi dans les eaux du grand lac et
l’emporta chez Nergal et Ereshkigal dans l’Abzu Inférieur.
Apprenant ce qui s’était passé, Enki déchira ses vêtements et appliqua des
cendres sur son front.
Quel crime ai-je commis pour être ainsi puni? demanda-t-il à voix haute.
Lorsque je suis venu sur Terre, je portais le nom d’EA, « Celui qui vit dans
l’eau ». C’est de l’eau que les Chars Célestes tiraient leur puissance. C’est sur
l’eau que je me suis posé.
C’est dans l’eau que mon petit-fils Asar s’est noyé, c’est aussi dans l’eau que
mon cher Dumuzi est mort!
Sa douleur fut encore plus profonde lorsque Geshtinanna confirma les faits.
Elle se hâta dans l’Abzu Inférieur pour aller récupérer le corps de Dumuzi.
Folle de rage, elle ordonna à Namtar, son vizir, de lâcher les soixante maladies
contre Inanna.
Nannar consulta Enlil, qui envoya un message à Enki. Enki apprit ce qui
s’était passé de son fils Nergal, l’époux d’Ereshkigal.
Il façonna deux émissaires dans l’argile de l’Abzu, des êtres sans sang que les
rayons ne pouvaient blesser, et les envoya à la recherche d’Inanna.
Namtar dirigea les armes magiques contre eux, mais ne parvint pas à les
blesser.
Inanna bougea, puis elle ouvrit les yeux. Elle était revenue d’entre les morts.
Alors que les deux émissaires s’apprêtaient à ramener Inanna dans le Monde
du Dessus, elle leur ordonna d’emmener également le corps sans vie de Dumuzi.
Aux sept portes de l’Abzu Inférieur, les vêtements et attributs d’Inanna lui
furent rendus.
Ils devaient ensuite creuser sa dernière demeure dans le roc et d’y attendre le
Jour du Soulèvement.
Apprenant que Mardouk ne serait pas puni par Enki, Inanna se tourna vers ses
parents et son frère.
Enlil réunit chez lui ses fils, Inanna et Utu pour un conseil de guerre.
Ninurta, qui avait vaincu le rebelle Anzu, proposa de prendre des mesures
expéditives.
– Mardouk est un serpent venimeux dont la Terre doit être débarrassée! dit
Enlil.
S’il est vrai qu’il est à l’origine de ce malheur, ce n’est pas lui qui a tué
Dumuzi, mais bien la malchance.
Mardouk est mon premier-né, Ninki est sa mère. Il est destiné à me succéder.
C’est après cette réunion qu’une guerre d’une violence jusqu’alors inégalée
éclata entre les deux clans.
Cette fois, c’étaient des Anunnakis au sang pur, dont certains étaient nés sur
Nibiru, qui s’affrontaient sur une autre planète.
Inanna ouvrit les hostilités. Dans son vaisseau, elle survola le domaine des fils
d’Enki et défia Mardouk en duel.
Il vida les rivières de l’Abzu des poissons qui les habitaient et dispersa le
bétail dans les champs.
Ses « Armes qui déchirent tout en pièce » rendirent les gens fous.
Les canaux dans lesquelles coulaient les eaux de la rivière prirent la couleur
du sang.
Gibil conçut un bouclier invisible pour la montagne, Nergal leva vers les cieux
son « Regard qui voit tout ».
Elle toucha l’œil droit d’Horon, qui était venu défendre son grand-père.
Tandis qu’Utu repoussait les Igigis et leur horde de Terriens derrière Tilmun,
les Anunnakis s’affrontaient au pied des monts artificiels.
Les armes d’Inanna ricochaient sur les flancs lisses de l’immense structure de
pierre, elle ne parvenait pas à en venir à bout.
Les cristaux émettaient des lueurs qui illuminaient la voûte de toutes les
couleurs de l’arc-en-ciel.
Chacun d’entre eux fit descendre une pierre pour sceller la pièce, enfermant
Mardouk comme dans une tombe.
– Mardouk doit être puni, mais pas nécessairement par la mort! leur dit-elle.
Ces paroles plurent à Enlil, qui sourit: Ninurta était son fils. De Ninurta elle
était la mère!
– Si le choix doit se faire entre la succession et la vie, que puis-je dire? Je suis
son père, répondit Enki, le cœur lourd.
– Si nous voulons que la paix revienne et que Mardouk vive, nous devons
nous engager à travers des accords, dit Enlil à Enki.
Mardouk doit partir en exil sur une terre de non-retour, une terre sur laquelle
ne vit aucun descendant de Ziusudra.
Ainsi parla Enlil, affirmant avec force sa supériorité sur son frère.
Seul Ningishzidda connaît les entrailles de l’Ekur. Qu’il règne sur le domaine
qui l’entoure.
Ils poursuivraient ensuite leur chemin dans les couloirs secrets de l’Ekur.
Ils taillèrent une ouverture avec des outils qui rongent la pierre, creusèrent un
puits de secours, atteignirent les entrailles du mont artificiel et ménagèrent une
sortie à l’aide d’explosifs.
Ils firent coulisser les portes sur une petite plateforme et secoururent
Mardouk, qui avait perdu connaissance.
Ils le firent sortir à l’air frais en le faisant descendre dans le puits sinueux.
Il partit avec Sarpanit et Nabu pour une Région Sans Retour, une région où il
fallait chasser les animaux à cornes pour survivre.
Ninurta demanda que la pierre de Gug, qui détermine les directions, soit
emportée dans un lieu de son choix.
Nombreux sont ceux qui avaient été abîmés au cours de son combat avec
Mardouk, mais certains étaient intacts.
Ninurta ordonna que les cristaux encore entiers soient retirés de leurs socles et
pulvérisa les autres avec son rayon.
Une fois à l’extérieur, il s’éleva dans les airs dans son Oiseau Noir et tourna
son regard vers la Pierre du Sommet.
Il utilisa ses armes pour la désenchasser, et elle tomba au sol, où elle se brisa.
Un mont situé près du Spatioport fut choisi pour remplacer le phare hors
d’usage.
Enlil convoqua ses trois fils afin d’organiser le partage des terres. Ninlil et
Ninharsag étaient également présents.
Ninurta, qui avait vaincu Anzu et Mardouk, reçut le pouvoir de représenter
Enlil sur toutes les terres.
Les autres fils d’Enki ne réagirent pas, mais Inanna s’y opposa.
Ils demandèrent les conseils du Grand Anunnaki qui décrète le sort au sujet
des terres et des Anunnakis.
Les Anunnakis venus de Nibiru étaient une minorité, les descendants de sang
pur étaient peu nombreux.
Anu décida de se rendre sur Terre une nouvelle fois, accompagné de son
épouse Antu.
Anu décida de se rendre une nouvelle fois sur Terre, accompagné de son
épouse Antu. En attendant son arrivée, les Anunnakis commencèrent à se
réinstaller dans l’Edin.
Les Anunnakis les laissèrent s’installer sur le sol asséché et leur offrirent de la
nourriture. L’emplacement d’une nouvelle Eridu fut marqué sur le limon et la
boue, là où s’était dressée la première ville d’Enki.
En son centre, sur une plateforme surélevée, fut construite une demeure pour
Enki et Ninki, baptisée la « Maison du seigneur au retour triomphant » et ornée
d’or, d’argent et de métaux précieux offerts par les fils d’Enki.
Au-dessus, les douze constellations furent gravées sur un cercle pointant vers
les cieux.
Enki plaça les formules des ME dans un sanctuaire où nul ne peut entrer sans
être invité.
Au milieu des habitations et des parcs à bétail fut construit un quartier sacré
entouré de murs.
Dans la cour, Enlil construisit un enclos pour son rapide Oiseau du Ciel.
Un nouvel endroit fut choisi pour les accueillir. Situé dans l’Edin, il
n’appartenait ni à Enlil ni à Enki.
Son nom était Unug-ki, « l’Endroit Charmant ». Une structure d’un blanc pur,
la Maison d’Anu, y fut construite, entourée d’arbres créant de l’ombre.
Elle comportait sept étages et était digne des quartiers d’un roi.
Les trois enfants d’Anu, Enlil, Enki et Ninharsag, étaient là pour les accueillir.
Bien que les parents soient plus âgés que leurs enfants, ils avaient l’air plus
jeunes qu’eux!
Les deux fils avaient l’air âgés et portaient la barbe. Ninharsag, qui avait été si
belle, était bossue et ridée.
Tous les cinq avaient les larmes aux yeux, des larmes de joie et de tristesse
mêlées.
Les invitées et leurs hôtes furent conduits à l’Edin à bord de petits vaisseaux
et atterrirent derrière Unug-ki.
Tous les Anunnakis qui étaient restés sur Terre étaient là pour leur rendre
hommage.
Antu fut accompagnée par les femmes à la Maison du Lit Doré, où comme
son époux elle se lava et se reposa avant d’être parfumée et habillée.
Anu et Antu prirent place sur le trône, Enlil, Enki et Ninharsag s’assirent à
leurs côtés.
Un grand banquet avait été préparé pour Anu et Antu. Les Anunnakis
attendaient un signe du ciel pour commencer.
Suivant les instructions d’Enlil, Zumul, spécialiste des étoiles et des planètes,
gravit les marches de la Maison d’Anu pour annoncer le lever des planètes au
cours de la soirée.
Avant la fin de la nuit, l’Edin tout entier était illuminé par ces feux de joie.
Enlil lui raconta la découverte de l’or au-delà des océans et lui révéla qu’un
autre Spatioport avait été construit à proximité.
– C’est pourtant sur son ordre que Ziusudra et la Semence de Vie ont été
sauvés! dit Enki.
– C’est Galzu qui nous a conseillé de rester sur Terre! dit Enlil à son père.
– Si ce n’est toi qui as envoyé Galzu, alors qui? s’écrièrent Enki et Enlil à
l’unisson.
– Qui voulait sauver les Terriens, qui voulait que nous restions sur Terre?
– Nous pensions diriger le sort, mais nous n’avons fait que suivre notre destin!
dit Anu.
Sur Terre et pour les Terriens, nous ne sommes que des émissaires.
La Terre appartient aux Terriens, et nous sommes ici pour les protéger et les
faire progresser!
Les grands Anunnakis qui décrètent le sort se consultèrent au sujet des terres.
Ils décidèrent de créer des régions civilisées où enseigner leur savoir aux
Terriens et de construire des villes humaines.
Dans les quartiers sacrés des prêtres seraient éduqués. Ils serviraient et
vénéreraient les Anunnakis.
Pour que des civilisations humaines voient le jour, il faudrait enseigner aux
humains des secrets bien gardés.
Ils décidèrent de créer quatre régions. Trois d’entre elles seraient confiées à
l’Humanité, mais l’accès à la quatrième serait réglementé.
Je vais maintenant raconter le voyage d’Anu dans les terres au-delà des mers,
et la reconstruction des villes anunnakies dans la Première Région.
Ayant statué sur le sort des quatre régions et posé les fondations des
civilisations humaines, Anu demanda à voir son petit-fils Mardouk.
– Nous inviterons Mardouk à venir te rendre visite lors de ton voyage dans les
terres au-delà des océans.
– C’est dans cette partie de la Terre qu’il erre, lui répondit Enlil.
Avant de partir pour ces terres lointaines, le couple royal visita l’Edin et ses
terres.
– Tu t’es construit une magnifique demeure, mon fils. Elle a si fière allure sur
cette plateforme.
Tu partageras ton savoir avec le peuple des alentours et ceux qui travaillent
pour toi.
Au cours des jours suivants, Anu et Antu survolèrent les autres régions à bord
de petits vaisseaux.
Le dix-septième jour, le couple royal retourna à Unug-ki pour une bonne nuit
de sommeil.
Lorsque au matin les plus jeunes Anunnakis se présentèrent devant eux pour
recevoir leur bénédiction, Anu se prit d’affection pour sa petite-fille Inanna.
– Que cet endroit revienne à Inanna après mon départ. Ce sera sa dot! déclara-
t-il devant l’assemblée.
Je lui offre également le vaisseau à bord duquel nous avons observé la Terre,
ajouta-t-il.
Pour impressionner Anu avec ses richesses, Ninurta avait construit une
demeure pour son épouse et lui.
C’est une enceinte dorée où étaient incrustées des fleurs de cornaline qui
attendait le couple royal!
La demeure avait été érigée sur les berges du grand lac des montagnes.
Ninurta montra aux visiteurs comment les pépites d’or étaient récoltées.
Il leur montra comment extraire des pierres l’Anak, un nouveau métal « créé
par les Anunnakis ». Il leur expliqua comment il avait inventé un métal résistant
en le mélangeant à du cuivre.
Anu et Antu voguèrent sur le grand lac dont les berges recelaient de tant de
métaux.
Puis Mardouk vint du nord, des terres où l’on chasse les animaux à cornes, et
se présenta devant son père et son grandpère.
Lorsque Enki lui demanda où était Sarpanit, Mardouk lui fit part avec tristesse
de sa mort.
– Il ne me reste plus que Nabu! dit-il à son père et à son grandpère.
Posant sa main droite sur la tête de son petit-fils, il lui accorda le pardon.
Tous ceux qui s’étaient réunis dans la maison dorée, qui se trouvait dans les
montagnes, descendirent dans la plaine.
Le moment du départ était arrivé. Anu dit au revoir à ses enfants et leur donna
un conseil: – Quel que soit le Destin de la Terre et des Terriens, ne tentez pas de
le modifier!
Si c’est l’Homme et non les Anunnakis qui doivent hériter de la Terre, prêtons
main-forte à la destinée.
Mardouk fut le premier à briser le triste silence qui suivit leur départ.
Avec colère, il demanda aux autres de lui expliquer pourquoi ils avaient
construit un nouveau Spatioport et de lui raconter ce qui s’était produit dans son
dos depuis qu’il était parti en exil.
Enki lui expliqua les décisions qui avaient été prises au sujet des quatre
régions.
La fureur de Mardouk n’avait pas de limites:
– Les décisions ont été prises, elles ne peuvent être altérées, lui répondit Enlil.
C’est dans l’âge du taureau, dédié à Enlil, que commença le décompte des
années.
Dans ces anciennes villes comme dans les nouvelles, des quartiers sacrés
étaient consacrés aux Anunnakis qui y occupaient de grandes demeures que les
Terriens qualifiaient de Temples.
Dans ces temples, les Terriens servaient les seigneurs anunnakis et les
adoraient.
Ils étaient honorés suivant leur rang, et leur relation avec l’Humanité avait été
révélée.
Le dixième rang fut attribué à tous les autres fils des chefs anunnakis.
Une fois achevés les temples d’Eridu et de Nibru-ki, le quartier de Girsu fut
construit à Lagash pour Ninurta.
Une nouvelle Sippar fut construite sur le sol boueux qui avait recouvert les
ruines de l’ancienne après le Déluge.
Dans l’Ebabbar, une demeure baptisée la Maison Brillante fut construite pour
Utu et son épouse Aya.
C’est de là qu’Utu promulguait les lois qui guidaient la justice des Hommes.
Dans la Première Région, dans les terres de l’Edin et dans les villes où se
trouvaient les temples, les seigneurs anunnakis apprirent aux Terriens artisanat et
autres travaux manuels.
Bientôt, les champs furent irrigués et les barques glissaient sur les canaux et
les rivières.
Puis il fut décidé que le peuple à la chevelure noire devait posséder sa propre
ville.
Elle fut baptisée Kishi, la Ville du Sceptre. C’est à Kishi que fut choisi le
premier roi des hommes.
C’est vêtu de façon appropriée et avec respect que Ninurta entra à Eridu et
demanda les ME de la royauté.
Enki, le seigneur qui veille sur les ME, confia cinquante d’entre eux à Ninurta.
Inanna avait observé la façon dont Ninurta s’était rendu à Eridu et avait
obtenu les ME de la royauté.
Lorsque Inanna se présenta seule chez Enki, Isimud suivit les ordres de son
maître.
– Montre-moi les ME, laisse-moi les prendre dans ma main, dit Inanna à Enki
d’une voix enjouée.
Il lui donna les formules divines des seigneurs, des rois, des prêtres et des
scribes, mais aussi celles de l’amour et de la guerre, de la musique et de la danse,
du travail du bois, des métaux et des pierres précieuses.
Mais lorsque Inanna arriva à Eridu, les ME n’étaient plus avec elle.
Elle les avait confiés à Ninshubur, sa femme de chambre, qui les avait
emmenés dans la Maison d’Anu à Unug-ki.
Lorsque Enlil apprit la situation, il se rendit à Eridu pour affronter son frère.
– J’ai gagné ces ME, c’est Enki lui-même qui me les a donnés! dit Inanna.
Il émit devant Enlil le souhait de régner sur une ville sacrée de l’Edin.
Enlil ne donnant pas suite à sa demande, Mardouk prit son destin en main.
Nabu convoqua les Igigis et leur descendance en un lieu qui avait été envisagé
pour accueillir Anu avant que Unug-ki ne soit sélectionné.
Il leur proposa d’y établir une ville sacrée et un Spatioport pour Mardouk.
C’est donc avec des briques qu’ils se mirent à construire une tour dont le
sommet atteindrait les cieux.
– Mardouk est en train de construire une Porte des Cieux qu’il confie aux
Terriens! leur expliqua Enlil.
Depuis leurs vaisseaux, ils firent pleuvoir feu et soufre, détruisant la tour
inachevée et le campement.
Afin de les empêcher de communiquer, afin de briser leur unité, Enlil prit une
décision: – Jusqu’à présent, les Terriens parlaient tous le même langage.
Je vais faire en sorte qu’ils ne puissent plus se comprendre les uns les autres,
déclara-t-il.
Ces événements se sont produits la trois cent dixième année depuis le début
du décompte des années terrestres.
Vingt-deux rois régnèrent sur Kishi, qui conserva le statut de Ville du Sceptre
pendant quatre cent huit ans.
C’est aussi à Kishi qu’un roi bien-aimé, Etana, fut emmené faire un voyage
spatial.
Dame des ME, reine resplendissante, elle est juste, bien vêtue, et aimée sur
Terre comme dans les cieux.
Consacrée par l’amour d’Anu, elle a gagné sept fois de suite les ME
nécessaires à la royauté et à la prêtrise, elle les tient au creux de sa main.
Quant à Mardouk, il se rendit dans le Pays des Deux Goulets dans l’espoir de
s’y établir et de devenir un jour le maître de la Deuxième Région.
Lorsque après une longue absence Mardouk revint au Pays des Deux Goulets,
il découvrit que Ningishzidda en était devenu le maître.
Il l’accusa d’avoir détruit des choses cachées et forcé Horon à partir pour un
désert sans eau, un endroit sans limites où il ne pouvait goûter aux plaisirs de la
chair.
– Écoute-moi bien! Je suis ici chez moi! Tu as pris ma place! dit Mardouk à
Ningishzidda.
Pendant ce temps, la région était plongée dans le chaos, partagée entre les
deux frères.
C’était la six cent cinquième année terrestre, mais dans le nouveau domaine
où Ningishzidda était appelé le Serpent Ailé, un nouveau calendrier fut établi.
Dans les annales de la Première Région, ces terres sont appelées Pays de la
Cascade.
Dans cette nouvelle langue, les Anunnakis étaient connus sous le nom de
Neteru, les Gardiens Observateurs.
Pour effacer ce souvenir, Ra remplaça son image sur le Lion de Pierre par
celle de son fils Asar.
Mardouk/Ra unit sous une même couronne les deux pays, celui du Nord et
celui du Sud, il choisit un roi, fils de Neteru et d’une Terrienne. Mena était son
nom.
Pour honorer ses ancêtres, Ra construisit une ville sacrée qu’il nomma Annu
en l’honneur du roi de Nibiru.
À l’intérieur d’une immense tour, son visage était tourné vers le ciel tel une
fusée.
Le jour du Nouvel An, le roi faisait office de grand prêtre et performait des
cérémonies.
Ce jour-là était le seul jour où il pénétrait dans la partie la plus secrète du
temple, la Salle aux Étoiles, et déposait des offrandes devant le Ben-Ben.
Pour aider la Deuxième Région à se développer, Ptah donna tous les ME à Ra.
– Qu’est-ce que je sais et que tu ne sais pas? demanda le père à son fils.
Pour Ra et son peuple, Ptah régulait de débit des eaux de l’Hapi, la grande
rivière qui traversait la région.
Ils décidèrent d’offrir ce domaine à Inanna comme ils lui avaient promis.
Comme il sied à la maîtresse d’une région, une constellation lui fut attribuée.
Jusqu’alors, elle avait partagé celle des Gémeaux avec son frère Utu.
C’est au cours de la huit cent sixième année terrestre qu’Inanna reçut cet
honneur.
Aratta, le Royaume Boisé, était situé dans la vallée d’une rivière sinueuse.
Dans cette grande plaine, le peuple cultivait des céréales et élevait des
troupeaux de bétail.
Mais Enki ne donna pas à la Troisième Région les ME des royaumes civilisés.
À Aratta, Inanna désigna un chef pour les bergers, qui ressemblait beaucoup à
son cher Dumuzi.
C’est lui qui repoussa les frontières d’Unug-ki. Inanna était fascinée par ses
victoires.
C’est lui aussi qui convoitait les richesses d’Aratta et projetait de s’en
emparer.
Enmerkar reçut le sceptre gravé, mais personne à Unug-ki n’était capable d’en
déchiffrer le sens.
Cinq ans, puis dix ans passèrent. Le sceptre se transforma en un bel arbre
d’ombrage.
Nisaba apprit à Enmerkar à écrire dans la langue d’Aratta sur une tablette
d’argile.
C’est son fils Banda qui délivra le message, qui disait: « Soumettez-vous ou
ce sera la guerre! »
– Inanna n’a pas abandonné Aratta, nous ne nous soumettrons pas à Unug-ki!
répondit le roi d’Aratta.
Mieux encore, échangeons nos trésors en paix. Qu’Unug-ki nous donne ses
ME en échange des richesses d’Aratta!
Sur le chemin du retour, Banda se sentit mal. Son esprit le quitta alors qu’il
transportait ce message de paix.
Ses compagnons soulevèrent son cou, mais son souffle de vie s’était éteint.
Ils l’abandonnèrent sur le Mont Hurum.
Unug-ki ne reçut pas les richesses d’Aratta, Aratta ne reçut pas les ME
d’Unug-ki.
Inanna négligea le domaine qui lui avait été confié tout en en convoitant
secrètement d’autres.
C’est Inanna qui ouvrit les hostilités. Sous le nom de Ra, Mardouk avait
rendez-vous avec son Destin.
Elle portait toujours le deuil de son bien-aimé. Son amour restait inassouvi.
Dans le quartier sacré d’Unug-ki, elle construisit une maison dédiée aux
plaisirs de la nuit.
C’est là qu’elle attirait par des mots doux les jeunes héros Gigunu la nuit de
leurs noces.
Elle leur promettait une longue vie, un futur radieux. Elle se plaisait à
imaginer qu’ils étaient Dumuzi.
C’est à cette époque que le héros Banda, que tout le monde croyait mort,
revint à Unug-ki bien en vie!
C’est par la grâce d’Utu, dont il descendait, qu’il était revenu d’entre les
morts.
– Les dieux sont parmi nous, ils peuvent vaincre la mort! se disaient-ils les
uns les autres.
Banda succéda à son père Enmerkar sur le trône d’Unug-ki. Son titre était
Lugal, le Grand Homme.
Il épousa la déesse Ninsun, descendante d’Enlil.
Dois-je moi aussi passer de l’autre côté alors que je suis à deux tiers divin?
continua-t-il.
– Tant que tu vivras sur Terre, tu seras mortel comme tous les Terriens!
répondit-elle.
Il s’appelait Enkidu, « Créé par Enki ». Il n’avait pas grandi dans un ventre,
aucun sang ne coulait dans ses veines.
Quand Enlil apprit ce qui s’était passé, il cria de rage. Dans les cieux, Anu
entendit son cri.
Enkidu fut condamné à mourir noyé pour avoir tué le Taureau du Ciel.
Toujours à la recherche d’une vie plus longue, Gilgamesh fut autorisé par Utu
à pénétrer dans le Spatioport.
Il passa par des sous-terrains et, dans un jardin de pierres précieuses, rencontra
Ziusudra!
C’est une plante poussant dans le puits du jardin qui empêchait Ziusudra et sa
femme de vieillir.
Cette plante unique sur Terre avait le pouvoir de rendre leur vigueur aux
hommes.
Au matin, découvrant que son butin avait disparu, il s’assit et se mit à pleurer.
Après la mort de Gilgamesh, sept autres rois régnèrent sur Unug-ki, puis le
royaume disparut. Il avait duré mille ans.
Mardouk était préoccupé par ce qui se passait dans les autres régions.
Ra était perturbé par les rêves et les visions d’Inanna au sujet du domaine de
Dumuzi.
Ra était courroucé par ce qui avait été accordé à Gilgamesh bien qu’il soit
largement Terrien, mais cela lui inspira une idée pour renforcer la loyauté des
rois et du peuple à son égard.
Il apprit aux rois à construire des tombeaux tournés vers l’est et dicta aux
scribes un long ouvrage détaillant le voyage dans l’audelà.
Les rois de Ra s’emparèrent par la force de domaines qui n’étaient pas leurs.
Ils envahirent les domaines de ses frères, provoquant leur colère grandissante.
– Que Mardouk peut-il bien comploter pour nous fouler ainsi aux pieds? se
demandaient-ils les uns les autres.
Ils prirent leur père à partie, mais Ra ne prêtait aucune attention aux paroles
de Ptah.
Dans les Villes des Hommes, les chefs locaux étaient désignés sous le nom de
Justes Bergers.
Dans les écoles, les jeunes étudiaient les hymnes des scribes, leurs proverbes
et leur sagesse.
Les terres étaient prospères. Le peuple était heureux, même s’il y avait aussi
des disputes et des intrusions.
Pendant ce temps, Inanna volait d’une terre à l’autre à bord de son vaisseau.
Elle passa du temps avec Utu près de la Mer Supérieure.
Elle se rendit dans le domaine de son oncle Ishkur, qu’elle appelait Dudu,
Bien-Aimé.
Ils l’appelaient Ishtar, qui était le nom de la planète Lahamu dans leur langue.
Ils appelaient son père Nannar Sin, le Seigneur des Oracles. Ils désignaient la
ville d’Urim sous le nom d’Ur.
Ils vénéraient également Utu sous le nom de Shamash, Soleil Brillant.
Il voulait que les prêtres parlent de lui comme du fils aîné des cieux, leur
premier-né sur Terre.
Dans les hymnes, ils devaient parler du Premier Fils des Temps Premiers.
Il était le Seigneur de l’Éternité, celui qui avait créé la vie éternelle, celui qui
présidait à tous les dieux, le sans-égal, le grand solitaire, l’Unique!
Sous le nom d’Utu je suis Shamash, sous le nom de Nergal je règne sur le
Monde du Dessous.
Sous le nom de Gibil je connais les profondeurs des mines où j’ai découvert le
cuivre et l’argent.
Sous le nom de Ningishzidda je règne sur les chiffres et le calcul. Les cieux
sont témoins de ma gloire!
Les frères de Mardouk allèrent voir Enki, et Nergal relaya leurs craintes à
Ninurta.
Le Taureau du Ciel, la constellation d’Enki, a été mis à mort par son propre
descendant.
Nous sommes entrés dans l’Âge du Bélier, mon temps est venu. Les présages
sont formels!
Nous étions toujours dans l’Âge du Taureau d’Enlil, l’Âge du Bélier était
encore loin.
Sur ses Terres, Mardouk ne revint pas sur ses affirmations. Assisté par Nabu,
il envoya des émissaires vers les domaines qui n’étaient pas siens pour annoncer
aux peuples que son temps était venu.
Elle raconta à Enlil qu’elle avait rencontré et aimé un homme fort au cours de
ses voyages.
Comme cela avait été le cas sur Nibiru, une nouvelle capitale fut établie non
loin de Kishi afin d’unifier le pays.
Sharru-kin avait reçu son pouvoir d’Enlil. Inanna accompagnait ses guerriers
avec ses armes éclatantes.
– Je suis le seul possesseur de ce sol sacré. C’est à moi d’y ériger une porte
des dieux! annonça Mardouk avec force.
Ils construisirent des digues et des murs et bâtirent pour Mardouk l’Esagil, la
Maison du Dieu Suprême.
Elle ordonna à ses partisans de mettre à mort Mardouk avec ses armes, et le
sang des hommes coula sur Terre comme jamais il n’avait coulé.
Nergal rendit visite à son frère et parvint à le convaincre de partir pour que le
peuple de Babili soit épargné.
Mardouk accepta de partir. Il parcourut sans relâche les cieux afin d’observer
ce qui se passait.
À partir de cette époque, Ra est connu dans la Deuxième Région sous le nom
d’Amun, l’Invisible.
Les deux fils de Sharru-kin se succédèrent sur le trône d’Agade. Ce fut ensuite
le tour de son petit-fils, qui répondait au nom de Naram-Sin, Aimé par Sin.
Enlil et Ninurta s’étaient absentés de la Première Région pour se rendre au-
delà des océans.
Ces sacrilèges mirent Enlil dans une colère noire, et il jeta un sort sur Naram-
Sin et Agade.
Naram-Sin mourut piqué par un scorpion. Quant à Agade, Enlil la fit raser.
Après la destruction d’Agade, la Première Région était elle aussi plongée dans
le chaos.
Le trône était instable, il passait d’une ville à l’autre: Unug-ki, Lagash, Urim,
Kish, Isin… villes des dieux et villes des hommes.
Puis Enlil, en accord avec Anu, déposa le sort de la royauté entre les mains de
Nannar.
Pour la troisième fois, le trône fut accordé à Urim, la terre sacrée où l’Objet
Lumineux Céleste était resté implanté.
Ur-Nammu rétablit la justice dans les terres et mit fin aux violences et aux
conflits. Grâce à lui, la prospérité était de retour.
C’est à cette époque qu’Enlil eut une vision dans son sommeil: l’image d’un
homme lumineux lui apparut.
Alors que l’homme s’approchait de son lit, Enlil reconnut Galzu aux cheveux
blancs!
Tirhu, un oracle, lui désigna le grand prêtre Ibru, petit-fils d’Arbakad. Il faisait
partie de la sixième génération d’une famille de prêtres qui épousaient les filles
des rois d’Urim.
Sur les terres bordant la Mer Supérieure et les terres voisines de Ki-Engi,
Nabu, le fils de Mardouk, encourageait le peuple à se soulever.
Des affrontements avaient lieu entre les habitants de l’ouest et ceux de l’est.
Les rois levèrent des armées de guerriers, les caravanes cessèrent de circuler,
les murs des villes furent renforcés.
« La prophétie de Galzu est en train de se réaliser! » se dit Enlil dans son for
intérieur.
Il posa le regard sur Tirhu et ses fils, héritiers d’une grande lignée.
« Voici l’homme que je dois choisir, comme me l’a indiqué Galzu », se dit-il.
Sans lui révéler sa vision, il demanda à Nannar de créer une ville comme
Urim entre les deux rivières, là où se trouvait Arbakad:
– Cette ville sera une demeure hors d’Urim pour toi et Ningal.
Obéissant aux ordres de son père, Nannar établit la ville d’Harran, sur les
terres d’Arbakad.
Il y envoya Tirhu, qui devait faire office de grand prêtre dans son temple, ainsi
que la famille de ce dernier.
Lorsque Tirhu se rendit à Harran, deux Portions Célestes sur les trois dont il
était question dans la prophétie s’étaient écoulées.
Son fils Shulgi lui succéda sur le trône. C’était un être ignoble, avide de
batailles.
Dans son armée, il enrôla les guerriers des montagnes qui n’avaient pas prêté
allégeance à Nannar.
Cette profanation avait réveillé la colère d’Enlil, qui se tourna vers son frère
Enki:
– Les chefs de ta région ont dépassé les bornes! lui dit Enki, amer.
Continuant de garder sa vision secrète, Enlil déplaça son attention sur Tirhu.
Enlil lui ordonna de protéger les lieux sacrés afin que les Chars Célestes
puissent continuer à atterrir et à décoller.
À peine Ibruum avait-il quitté la ville que Mardouk y fit son apparition.
C’est depuis Harran, située à la frontière des domaines d’Ishkur, qu’il leva ses
armées.
Il était à Harran depuis vingt-quatre ans lorsqu’il en appela aux autres dieux,
toutes lignées confondues.
J’ai été exilé pour expier mes péchés. Je suis parti dans les montagnes, j’ai
erré sans but.
Enlil les convoqua dans une grande assemblée afin de tenir conseil.
Tous étaient inquiets du tour que prenaient les événements. Tous étaient contre
Mardouk et Nabu.
Nergal suggéra d’avoir recours aux Armes de la Terreur. Seul Enki s’y
opposa.
Mais son cœur était léger, car il était le seul à savoir où les armes étaient
cachées.
Car c’était lui qui avait caché les armes en un lieu secret en compagnie
d’Abgal, avant qu’Enlil ne vienne sur Terre.
Quand Enki découvrit ce deuxième secret d’Enlil, il se mit à espérer que les
armes se soient évaporées après un si long séjour.
Enlil révéla donc la cachette des armes aux deux héros sans avoir besoin
d’Enki.
– Les sept Armes de la Terreur se trouvent dans une montagne! leur dit-il.
Elles reposent dans une grotte, mais il faut les charger de terreur.
Puis il leur révéla comment réveiller les armes de leur long sommeil.
Avant que le fils d’Enlil et celui d’Enki ne partent, Enlil les mit en garde:
– Avant que les armes ne soient déclenchées, les Anunnakis doivent évacuer le
Spatioport.
Il lui raconta la prophétie de Galzu et lui apprit qu’il avait choisi Ibruum.
– Nergal est une tête brûlée. Assure-toi que les villes soient épargnées,
qu’Ibruum soit prévenu! lui dit-il.
Lorsque Ninurta arriva à la cachette, Nergal avait déjà sorti les armes de la
grotte.
Alors qu’il les tirait d’un long sommeil, il baptisa chacune d’entre elles.
Les sept armes avaient été confiées à Nergal et à Ninurta avec la bénédiction
d’Anu. Leur mission était de détruire.
– Vaillant Nergal, détruiras-tu les justes avec les injustes? lui demanda
Ninurta.
Les instructions d’Enlil sont claires! J’ouvrirai la voie vers les cibles que nous
avons choisies et tu me suivras.
Son cœur se serra lorsqu’il fit signe à Nergal de s’éloigner avant de lâcher la
première arme de la terreur.
Avec l’éclat de sept Soleils, les pierres de la plaine furent transformées en une
blessure profonde.
Dans les forêts qui avaient entouré cette plaine, seuls trois arbres tenaient
encore debout.
Mardouk et Nabu ne s’empareront jamais des terres qu’ils ont tant convoitées!
Erra déclencha une arme au-dessus de chacune des cinq villes, l’une après
l’autre.
Les cinq villes étaient ravagées par le feu et le soufre, tout ce qui y avait vécu
était redevenu poussière.
Les armes redoutables avaient décapité les montagnes, brisé la digue qui
retenait l’eau de la mer.
– C’est fait! cria Erra depuis son vaisseau. Le cœur de Nergal ne réclamait
plus vengeance.
Au cours de la nuit, il était entouré d’une terrifiante lueur qui éclipsa le lever
de la Lune.
Née des éclairs dans la Vallée Sans Pitié, la mort était en route pour Shumer.
Ninurta et Nergal alertèrent Enlil et Enki.
Les dieux fuirent leurs villes comme des oiseaux effrayés quittant leur nid.
Elle franchissait les barricades les plus hautes, les murs les plus épais comme
les eaux d’une inondation.
Ceux qui se terraient dans leur maison derrière des portes fermées tombaient
comme des mouches.
Les rues étaient jonchées des corps de ceux qui avaient tenté de s’enfuir.
Après son passage, tout ce qui avait vécu, hommes et bétail, était mort ou
mourant.
Le Vent dévora toutes les terres au sud de cette ville. Il toucha également le
cœur de la Deuxième Région.
– Telle devait être la volonté du Créateur Suprême! lui répondit Enlil, puis il
révéla à son frère la prophétie de Galzu.
– C’est pourtant simple, mon frère, répondit Enlil d’une voix triste.
Depuis ta venue sur Terre, nous avons toujours trouvé un moyen de surmonter
les obstacles.
Le principal d’entre eux fut la création des Terriens, bien que cela ait entraîné
toutes sortes de péripéties. Lorsque tu as compris les cycles célestes et assigné
les constellations, qui pouvait y voir les mains du Destin, qui pouvait distinguer
le sort que nous avions choisi pour nous-mêmes de nos destinées immuables?
– Si telle était la volonté du Créateur Suprême, c’est tout ce qui reste de notre
mission sur Terre! Mardouk va récolter ce qu’il a semé, aveuglé par son
ambition! dit Enlil à Enki.
Nous allons partir au-delà des mers et y ferons ce que nous sommes venus
faire, c’est-à-dire poursuivre notre mission, obtenir l’or dont Nibiru a besoin, dit
Enlil d’une voix découragée.
J’ai fait ce que tu as fait, tu as fait ce que j’ai fait. Personne ne peut changer le
passé!
Ce qui s’est passé sur Terre ne reflète-t-il pas ce qui s’est produit sur Nibiru?
Serrons-nous la main comme des frères, comme les camarades que nous
sommes et qui avons relevé tant de défis sur une planète étrangère! dit-il à son
frère.
Il pensa à la manière dont tout avait débuté et à la tournure que les choses
avaient prises jusque-là.
Si les Cieux et la Terre sont régulés par des cycles, cela signifiet-il que ce qui
s’est déjà produit se produira à nouveau?
Il écrirait tout ce qui s’était produit, toutes les décisions qui avaient été prises
sur Nibiru et sur Terre jusqu’à ce jour, compilerait un guide pour les générations
futures.
Écrit sous la dictée du grand seigneur Enki, sans omettre ou ajouter le moindre
mot, par le maître scribe Endubsar, homme d’Eridu, fils d’Udbar.
Alalu: roi destitué de Nibiru, il s’enfuit sur Terre et y découvre l’or. Il meurt sur
Mars, où son portrait est gravé dans le rocher qui lui a servi de tombe.
An: premier roi de Nibiru après l’unification, nom de la planète que nous
appelons Uranus Anak: le métal que nous appelons « étain »
Années terrestres: décompte des années depuis la visite d’Anu sur Terre. Le
calendrier de Nippur commence en 3760 av. J.-C.
Antu: épouse d’An. Épouse d’Anu. Ancien nom de la planète que nous appelons
Neptune Anu: roi de Nibiru à l’époque où les Anunnakis viennent sur Terre.
Désigne également la planète appelée Uranus Anunitu: terme affectueux pour
désigner la déesse Inanna
Anunnakis: « Ceux qui des Cieux vinrent sur Terre » (de Nibiru sur Terre)
Anzu: pilote de vaisseau spatial, premier commandant de la station étape sur
Mars Apsu: père primordial du système solaire, le Soleil
Armes de la Terreur: armes nucléaires, utilisées d’abord sur Nibiru puis sur
Terre Asar: dieu connu sous le nom d’Osiris en Égypte
Asta: déesse connue sous le nom d’Isis en Égypte, sœurépouse d’Asar Aurore
et Nuit Tombante: Terriennes fécondées par Enki, mères d’Adapa et de Titi
Awan: sœurépouse de Ka-in (Caïn dans la Bible)
Barque Céleste: terme égyptien désignant les vaisseaux spatiaux des dieux
Bataille Céleste: collision primordiale entre Nibiru et Tiamat
E-A: « Celui qui réside dans l’eau », le Verseau. Premier fils d’Anu, demi-frère
d’Enlil. Meneur du premier groupe d’Anunnakis à arriver sur Terre. Créateur de
l’Humanité, il est aussi celui qui la sauve du Déluge. Il est aussi connu sous les
noms de Nudimmud (« le Créateur »), Ptah (« le Développeur » en Égypte), Enki
(« Seigneur de la Terre »). Père de Mardouk Eanna: temple à sept étages d’Anu
à Uruk, que ce dernier offrit ensuite à Inanna Eau de Vie: utilisée pour ramener
Inanna à la vie
Écorcheur: nom donné à Ninurta pour son rôle dans l’usage des armes
nucléaires Edin: premier campement des Anunnakis, l’Éden de la Bible, situé
dans le sud de la Mésopotamie, dans ce qui deviendra Shumer Edinni: épouse
d’Enkime, mère de Matushal (Hénoch et Mathusalem dans la Bible) Ednat:
épouse de Matushal, mère de Lumach (Lamech dans la Bible) Ekur: structure
imposante du Centre de Contrôle de la Mission antédiluvien. Après le Déluge, la
grande pyramide (de Guizeh) Émetteur: instrument utilisé avec le Pulser pour
ramener Inanna à la vie Emush: désert infesté de serpents où Dumuzi chercha à
se réfugier Emzara: épouse de Ziusudra (Noé dans la Bible) et mère de ses trois
fils Enbilulu: un des lieutenants d’Ea, membre du premier contingent envoyé
sur Terre Endubsar: le scribe auquel Enki a dicté ses mémoires
Engur: un des lieutenants d’Ea, membre du premier contingent envoyé sur Terre
Enki: titre reçu par Ea après le partage des tâches et des pouvoirs entre lui et son
demi-frère et rival Enlil. Père de Mardouk par son épouse Damkina. Échoue à
concevoir un fils avec sa demi-sœur Ninmah, mais engendre cinq autres fils avec
des concubines, ainsi que des enfants avec des Terriennes Enkidu: compagnon
de Gilgamesh, créé artificiellement
Etana: roi d’Uruk qui fait un voyage spatial mais a trop peur pour poursuivre
l’aventure Étoile Immortelle: nom égyptien désignant la planète d’origine de Ra
Fils héritier: fils d’un dirigeant et de sa demi-sœur
Galzu: mystérieux émissaire divin qui transmet ses messages à travers rêves et
visions Geshtinanna: sœur de Dumuzi, qui le trahit
Graine de vie: le matériel génétique codant toutes les formes de vie, l’ADN
extrait du sperme Grande Calamité: dévastation qui a suivi l’holocauste
nucléaire de 2024 av. J.-C.
Guru: un des lieutenants d’Ea, membre du premier contingent envoyé sur Terre
Ham: second fils du héros du Déluge, frère de Shem et de Japhet
Hapi: ancien nom égyptien du Nil
Ib: troisième roi de la dynastie de Nibiru, qui reçoit le titre royal d’An-Ib Ibru:
petit-fils d’Arbakad, appelé Eber dans la Bible (ancêtre d’Abraham) Ibru-Um
(Ibruum): jeune descendant d’une famille de prêtres royaux de Nippur et d’Ur,
Abraham dans la Bible Igigis: les trois cents Anunnakis désignés pour construire
les vaisseaux spatiaux et la station étape de Mars. Ils enlèvent et épousent des
Terriennes et se rebellent fréquemment Ilabrat: vizir et émissaire d’Anu, il vient
chercher Adapa pour le conduire sur Nibiru Immensité du Dessous: le continent
de l’Antarctique
Ishkur: fils cadet d’Enlil et de son épouse Ninlil. Dieu akkadien Adad Ishtar:
nom akkadien de la déesse Inanna
Ka-in: Caïn dans la Bible. A été banni après avoir tué son frère Abael (Abel)
Kalkal: gardien des portes de la résidence d’Enlil dans l’Abzu
Mena: roi dont le règne marque de début de la première dynastie des pharaons
égyptiens Mena-Nefer: première capitale de l’Égypte, Memphis
Ninharsag: nom de Ninmah après qu’elle eut reçu une demeure dans la
péninsule du Sinaï Ninkashi: Anunnakie chargée de la préparation de la bière
Ninki: titre reçu par Damkina, l’épouse d’Ea, lorsque celui-ci est nommé Enki («
Seigneur de la Terre ») Ninib: épouse d’In, le troisième roi de la dynastie de
Nibiru
Ninlil: épouse Enlil après lui avoir pardonné de l’avoir violée. Mère de Nannar
et d’Ishkur Ninmada: une des sept mères porteuses des premiers Terriens
Objet Lumineux Céleste: appareil divin secret consacrant les capitales royales
Oiseau de Tempête: vaisseau de combat de Ninurta
Oiseaux du Ciel: vaisseaux dont se servent les Anunnakis pour voler sur Terre
Oiseau noir: le véhicule de Ninurta
Pays au-delà des Mers: les Amériques, où s’installent les descendants de Ka-in.
Région supervisée par Ninurta Pays Blanc: Antarctique
Plante de vie: utilisée par les robots émissaires d’Enki pour ranimer Inanna
Porte des Cieux: objectif de la tour de lancement construite par Mardouk à
Babylone Portions célestes: périodes de 72 ans correspondant au décalage d’un
degré dans le zodiaque Première Région: la première région où l’Humanité a
reçu la civilisation, Shumer Ptah: nom d’Enki en Égypte, qui signifie « le
Développeur » et qui lui a été attribué en reconnaissance de ses efforts pour
sortir l’Égypte des eaux du Déluge Pulser: instrument utilisé avec l’Émetteur
pour réanimer les morts Quatrième Région: la péninsule du Sinaï, où se trouve
le Spatioport après le Déluge Ra: nom égyptien de Mardouk. Signifie « Le
Lumineux »
Stations célestes: les douze maisons des constellations du zodiaque Sud: une
infirmière. C’est également le nom de Ninlil avant qu’elle n’épouse Enlil
Suzianna: une des sept mères porteuses des premiers Terriens
Vent Mauvais: nuage nucléaire semant la mort sur son passage, se déplaçant
vers l’est en direction de Shumer Voie d’Anu: la bande centrale de la sphère
céleste contenant les constellations du zodiaque. Sur Terre, la bande centrale
entre la Voie d’Enlil au nord et la Voie d’Enki au sud Voie d’Enki: la sphère
céleste audessous du 30e parallèle sud Voie d’Enlil: la sphère céleste audessus
du 30e parallèle nord Zamush: le pays des pierres précieuses, faisant partie de la
Troisième Région sur laquelle règne Inanna Ziusudra: héros du Déluge, fils
d’Enki et d’une Terrienne (Noé dans la Bible) Zumul: astronome-prêtre à Uruk
lors de la visite d’Anu
Du même auteur
ZECHARIA SITCHIN
ZECHARIA SITCHIN
À l’issue de sa vie sur la planète Terre qu’il connaissait si bien pour l’avoir
explorée en tout sens, ce chercheur iconoclaste disparu à 90 ans signe son
treizième et ultime livre depuis La Douzième Planète, tous consacrés à une
seule thèse, obsédante, passionnante, révoltante, inouïe: sommes-nous, en
tant qu’êtres humains, le fruit d’une manipulation génétique, orchestrée il y
a plus de 400 000 ans par les « dieux » qui vivent sur la « douzième planète
», géante et excentrée, du système solaire, Nibiru?
Vous tenez entre les mains les ultimes réponses. Osez les connaître.
Un peuple fascinant et une date très proche de nous, unis par un lien
mystérieux. Une redoutable prophétie qui a déclenché un véritable chaos
médiatique.
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Diffusion SMW: 407-D, rue Principale – St-Sauveur des Monts (Québec) J0R
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correspondent à vos attentes: spiritualité ; métamorphose du « soi » ; santé du
corps, de l’âme et de l’esprit ; nouvelle science et sagesse antique. Vous
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d’édition se fait le porte-parole.
www.macrolivres.com
Renseignements à:
Notice bibliographique
ISBN 978-88-6229-414-0
Couverture du livre
Titre
Droit d’auteur
Table des matières
Introduction
Attestation
Les paroles du seigneur Enki
Première Tablette
Deuxième Tablette
Troisième Tablette
Quatrième Tablette
Cinquième Tablette
Sixième Tablette
Septième Tablette
Huitième Tablette
Neuvième Tablette
Dixième Tablette
Onzième Tablette
Douzième Tablette
Treizième Tablette
Quatorzième Tablette
Glossaire
Couverture arrière