1ere partie du rapport annuel 2020

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INTRODUCTION

L’économie Congolaise a connu une récession en 2020, sous l’effet principalement de


la contraction du secteur pétrolier et de la crise sanitaire de la Covid-19, en dépit des
mesures prises pour endiguer sa propagation.
Depuis son entrée sur le marché des titres publics à souscription libre en février 2017,
le Congo ne cesse d’améliorer ses performances et son positionnement sur ledit marché.
Au cours de l’année 2020, le Trésor public du Congo a levé 583 565 millions de FCFA,
dont 161 715 en BTA et 421 850 millions de FCFA en OTA.
Les années précédentes (2017,2018 et 2019), par contre, le Congo a levé respectivement
23,7;72,8 et 218 milliards de FCFA.
Après avoir décrit l’évolution récente de l’environnement économique international, le
présent rapport traite de la situation économique, monétaire et financière du Congo en
2020 ainsi que ses perspectives à court terme, d’une part, et des activités menées par les
Trésors nationaux des six (6) pays de la zone CEMAC sur le marché sous régional des
valeurs du Trésor, ainsi que celles réalisées par le service des titres, au cours de la même
période, d’autre part.

I- ENVIRONNEMENT INTERNATIONAL

I-1- Environnement économique international au T4-20 et perspectives

La situation économique mondiale s’est dégradée au T4-20, après l’embellie observée


au trimestre précédent, sous l’effet de la survenance de la deuxième vague et de
nouvelles variantes du covid-19, entrainant ainsi la réactivation des mesures de
limitation de mobilité dans certains pays.
A cet effet, dans son édition des perspectives de l’économie mondiale, publiée en janvier
2021, le Fonds Monétaire International (FMI) a estimé que l’économie mondiale a
connu une récession en 2020, avec un taux de croissance de -3,5%, contre une hausse
de 2,8% en 2019.
Pour l’année 2021, cette institution table sur un rebond du PIB réel mondial à 5,5%,
sous l’effet principalement de l’amélioration attendue de l’environnement économique
et sanitaire au niveau mondial, tributaire de la mise sur le marché d’une série de vaccins
contre la Covid-19 et de la réussite des politiques de relance économique mises en œuvre
dans les principaux pays développés.

I-2- Evolution de l’inflation mondiale et perspectives


Au T4-20, l’inflation mondiale est demeurée faible, en liaison avec le recul de l’activité
économique, en dépit de la hausse des prix de l’énergie et des produits alimentaires.

Ainsi, le taux d’inflation de l’économie mondiale est ressorti à 2,3% en rythme


trimestriel au T4-20, après 2,1% au T3-20. Ainsi, le taux d’inflation au niveau mondial
est estimé à 2,9% au terme de 2020, après 2,6% en 2019.

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En 2021, les tensions inflationnistes mondiales devraient connaitre une résurgence, en
raison de la hausse des prix du pétrole et du regain de la demande mondiale. Dans les
économies avancées, le taux d’inflation passerait à 1,3% en 2021, après 0,7% l’année
précédente, du fait notamment de la reprise de l’activité économique, de la baisse du
chômage et du relèvement des cours des matières premières, particulièrement celui de
l’énergie. Dans les économies émergentes et en développement, le taux d’inflation
ressortirait à 4,2%, contre 5,0% une année plus tôt, en raison de la faiblesse de la
demande mondiale.

II- ENVIRONNEMENT ECONOMIQUE ET L’INFLATION EN ZONE


CEMAC

La situation économique de la CEMAC en 2020 a été fortement affectée par la


contraction du secteur pétrolier et les effets de la pandémie de la Covid-19.

II-1- Croissance économique

Dans un contexte marqué par une récession de l’activité économique mondiale et une
contraction sur l’ensemble de l’année des prix du pétrole suite à la crise de la Covid-
19, l’économie de la CEMAC s’est repliée au cours de l’année 2020, avec un taux de
croissance de -2,9%, contre 2,0% en 2019.

Ce chiffre est cependant en nette amélioration par rapport aux projections antérieures
qui reposaient sur l’hypothèse d’une crise sanitaire prolongée et difficilement
maîtrisée. A titre d’illustration, la croissance économique des pays de la CEMAC pour
l’année 2020 était prévue à -6,9% en mars, -5,9% en juin et -3,1% en septembre.

II-2- Inflation

Sur le front des prix, la persistance des effets de la crise de la Covid-19 a favorisé un
accroissement des tensions inflationnistes, en lien avec la perturbation des circuits
d’approvisionnement des grandes villes.

Ainsi, les prévisions à court terme de l’inflation en zone CEMAC tablent sur une légère
accentuation des tensions inflationnistes à fin 2020. A cet effet, le taux d’inflation
ressortirait à 2,6% en glissement annuel, contre 2,0% un an plus tôt.

III- SITUATION ECONOMIQUE, MONETAIRE ET FINANCIERE


NATIONALE ET PERSPECTIVES

III-1- Situation macroéconomique à fin 2020

La situation macroéconomique du Congo en fin d’année 2020 sera impactée par la


dégradation de l’environnement international, le tassement de l’activité économique
nationale suite à la baisse de la production et des revenus pétroliers, et aux effets des
mesures de riposte contre la pandémie, notamment la fermeture des frontières, l’arrêt
des activités économiques non essentielles et le confinement des populations.

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La prise en compte de cette situation a conduit le gouvernement à réviser, pour la
deuxième fois de 4 suite, son budget de l’exercice 2020. Ainsi, à fin 2020, la situation
de l’économie congolaise s’est présentée comme suit :

III-1-1- Secteur réel

A fin 2020, en glissement annuel, le cadre macroéconomique du Congo a été caractérisé


par une récession de l’activité économique en termes réels (-7,3%) plus marquée que
celle de 2019 (-0,2%), en lien avec les contreperformances des secteurs pétrolier (-8,8%,
après +1,4% en 2019) et non pétrolier (-6,1%, contre -1,4% en 2019).
La quasi-totalité des composantes du PIB, du côté de la demande, a pesé négativement
sur la demande globale, à l’exception des exportations nettes.

De même, la majeure partie des sous-secteurs a obéré la croissance du PIB réel du côté
de l’offre, hormis le secteur agricole qui a bénéficié des effets de substitution des
produits alimentaires, dans un contexte de restriction des importations.

Toutefois, le secteur sylvicole1 a été dynamique, particulièrement au dernier trimestre


2020 en relation avec des dispositions prises par les acteurs de ce secteur, dans la
perspective de l’entrée en vigueur du nouveau code forestier.

Pour ce qui est des prix, on note une absence des pressions inflationnistes à 0,0% en
moyenne annuelle, contre 2,3% un an auparavant, en lien avec l’affaiblissement de la
demande intérieure.

III-1-2- Secteur extérieur


La balance commerciale a dégagé un solde excédentaire de 1 699,1 milliards en 2020,
en net repli de 48,7% par rapport à 2019, en raison de la contraction plus prononcée des
exportations (-38,2%, à 3 289,3 milliards) que celle des importations (-20,8%, à 1 590,2
milliards). La baisse des exportations résulte du repli de la production pétrolière et de la
forte chute des prix internationaux du pétrole brut, tandis que celle des importations est
consécutive à la chute de la demande intérieure et la fermeture des frontières provoquées
par la crise sanitaire.

En conséquence, le compte courant, dons officiels inclus, est ressorti déficitaire de 138,2
milliards (2,1% du PIB) en 2020, après un déficit de 62,4 milliards (0,7% du PIB) en
2019.
Le solde du compte de capital et d’opérations financières a enregistré un déficit de 88,7
milliards en 2020 (1,4% du PIB), après un excédent de 36,8 milliards en 2019 (0,4% du
PIB). Cette évolution est essentiellement liée à la baisse des investissements dans le
secteur pétrolier.

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En définitive, le solde global de la balance des paiements est ressorti excédentaire en
2020 de 328,8 milliards (5,2% du PIB), après un excédent de 106,8 milliards (1,3% du
PIB) en 2019.

III-1-3- Secteur public


En raison de l’impact de la crise sanitaire de la pandémie de la Covid-19 sur
l’environnement économique national et international, la loi de finances initiale de
l’exercice 2020 a fait l’objet de deux rectifications successives, en mai et octobre 2020.
Ainsi, au terme de l’année 2020, les estimations préliminaires arrêtent les recettes
budgétaires totales à 1 319,2 milliards, en chute de 33,6% par rapport à l’année 2019.
Les dépenses budgétaires, quant à elles, ressortent à 1 345,5 milliards, en baisse de
16,1% comparativement à l’année 2019.

En conséquence, le solde budgétaire, base engagements, hors dons, est déficitaire de 0,4
% du PIB, contre un excédent de 4,7% en 2019.

III-1-4- Secteur monétaire

En glissement annuel, en 2020, la situation monétaire du Congo s’est caractérisée par :


une progression des avoirs extérieurs nets du système monétaire de 5,2% à 559,0
milliards, en lien principalement avec l’augmentation des avoirs extérieurs nets des
banques primaires, portée par des appels de fonds réalisés par certaines banques,
membres du Club de Brazzaville, pour couvrir l’opération de rachat de la dette
intérieure ;
une augmentation du crédit intérieur de 22,0% pour ressortir à 1 993,2 milliards, sous
l’effet concomitant de la hausse des crédits à l’économie (+3,9% à fin décembre 2020,
à 1 123,9 milliards) et celle des créances nettes sur l’Etat (+57,7%, à 869,4 milliards),
consécutives à l’injection d’une enveloppe de 300 milliards de FCFA dans l’économie,
via l’opération de rachat de la dette intérieure par le Club de Brazzaville ;

un redressement des autres postes nets du système bancaire de 17,2% à 393,6


milliards, en lien avec le renforcement des fonds propres de certaines banques, par
recapitalisation.

En conséquence, la masse monétaire (M2) a progressé de 18,0%, pour s’établir à 2 158,6


milliards à fin décembre 2020.

III-1-5- Position Nette du Gouvernement (PNG)


En rapport avec les évolutions décrites ci-dessus, la Position Nette du Gouvernement
(PNG) à l’égard du système bancaire s’est détériorée de 57,7% en glissement annuel,
pour s’établir à 869,4 milliards à fin décembre 2020.
Pour sa part, le taux de couverture des engagements extérieurs à vue par les avoirs
extérieurs bruts de la zone CEMAC a perdu 3,2 points en glissement annuel, pour
s’établir à 64,0%, à fin décembre 2020.

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III-2- Evolution prévisible de la situation macroéconomique en 2021

Selon les statistiques collectées par les Services de la BEAC 3, il est prévu deux scénarios
possibles du cadre macroéconomique du Congo en 2021 :

un scénario réaliste, avec un prix du baril de pétrole brut à 52,6 dollars US et un


niveau de restrictions moins important des activités économiques dans le cadre de la
lutte contre la pandémie de la Covid-19 ;

un scénario pessimiste, avec un prix du baril de pétrole brut à 42,6 dollars US, une
production de pétrole de 5% inférieure par rapport au scénario réaliste et un niveau de
restrictions des activités économiques plus important, en supposant une forte
progression de la pandémie de la Covid-19.

La situation économique du Congo serait marquée en 2021, au plan externe, par : i) la


remontée des cours mondiaux du pétrole (+27,5% à 52,6 dollars/baril), ii) la dépréciation
du dollar par rapport au FCFA de 7,6% à 530,9 FCFA/$, et iii) l’amélioration des termes
de l’échange de 22,4% ; et, au plan interne, par une baisse de la production du gaz de
2,1% à 1 543,1 milliers de baril et une baisse de celle du pétrole de 9,2% à 14,1 millions
de tonnes.
Sur cette base, le profil d’évolution des principaux indicateurs macroéconomiques du
Congo pour l’année 2021, serait le suivant :

une légère progression du PIB réel de 0,5%, en lien avec les bonnes performances
attendues du secteur non pétrolier (+8,1%), et particulièrement dans toutes les
composantes des secteurs secondaire et tertiaire, nonobstant la poursuite de la
contraction des activités au niveau du secteur pétrolier (-9,1%) ;

une reprise des pressions inflationnistes, toutefois, en-dessous de la norme


communautaire, avec un taux d’inflation qui ressortirait à 1,9% en moyenne annuelle,
contre 0,0% en 2020, sous l’effet de la reprise de la demande intérieure ;

une amélioration du solde budgétaire, base engagements, hors dons, qui deviendrait
positif à 0,1% du PIB, contre -0,4% du PIB un an plus tôt, en rapport avec les réformes
engagées pour améliorer la collecte des recettes publiques ;

une détérioration des comptes extérieurs, avec un solde extérieur courant transferts
inclus, déficitaire de 4,7% du PIB, après -2,2% en 2020 ;

Sur le plan monétaire, les avoirs extérieurs nets augmenteraient de 16,7% et les crédits
à l’économie progresseraient de 3,3%. En conséquence, la masse monétaire connaitrait
une légère baisse de 0,6%.

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Pour le scénario pessimiste, on suppose une décote des cours mondiaux du pétrole de
10 dollars/baril par rapport au scénario réaliste, soit +1,3% à 42,6 dollars/baril en 2021.
Cette situation résulterait d’une propagation plus importante de la pandémie à cause de
la résistance éventuelle de nouvelles variantes. En conséquence pour l’année 2021 : i)
l’activité économique reculerait à -6,7%, ii) les tensions inflationnistes reprendraient,
avec un taux d’inflation au-dessus de la norme communautaire (3,5%), iii) le solde
budgétaire, base engagements, hors dons, s’aggraverait à -4,3%, contre -0,4% du PIB
un an plus tôt, iv) le déficit du solde du compte courant, transferts inclus, se creuserait
(-12,0% du PIB), v) les avoirs extérieurs nets chuteraient de 47,9% et vi) la masse
monétaire devrait diminuer de 8,6%.

L’activité économique du Congo demeure principalement tributaire de : i) l’évolution


de la pandémie couplée à l’incertitude liée aux nouveaux variants du virus, ii) la relance
économique au niveau mondial, particulièrement du marché pétrolier et iii) l’attentisme
des opérateurs économiques au premier semestre de l’année en cours, avec
l’organisation des élections présidentielles.

En somme, la crise de la Covid-19 a démontré, une fois de plus, la forte dépendance de


l’économie congolaise au pétrole, et souligne l’urgence de procéder à une véritable
diversification de sa base de production, dans le but d’améliorer sa résilience aux chocs
extérieurs.

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