Donc

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 5

Donc, à quoi bon se lancer dans de l’insémination avant d’avoir pu régler les

contraintes en amont ?

Ces remarques permettent au spécialiste d’affirmer que « la modernisation de


l’élevage ne doit plus nécessairement se focaliser sur les animaux, mais sur toute la
chaîne ». Cette analyse met au même plan la formation des hommes et les soins à
accorder aux animaux. Si l’on veut obtenir des produits animaux de qualité, il faut
que les personnes chargées d’en prendre soin, à savoir les éleveurs, les vétérinaires
et les commerçants, sachent comment s’occuper de ce bétail.

Une agence pour le Ferlo


Le président de l’Ordre des vétérinaires explique : « Quand un éleveur se trouve
avec son troupeau dans le fin fond du Ferlo, dans la zone sylvo-pastorale, aux
environs de Linguère, là où il n’y a quasiment pas de bonne route pour accéder aux
grands centres urbains, comment fait-il pour écouler ses animaux ? Il ne faut pas
oublier que là bas, les troupeaux sont importants, et il n’est pas rare de trouver un
berger propriétaire de mille ou deux milles têtes de bétail, sinon plus »
Cet enclavement a par ailleurs, fait que le système financier traditionnel n’y a pas pris
pied. On ne trouve pas de banque dans la zone sylvo-pastorale, et les institutions de
micro finance y sont encore peu nombreuses.

Un commerçant qui s’aventure dans cette zone pour acquérir des animaux doit avoir
de l’argent liquide. Mais la sécurité impose de ne pas non plus posséder des
sommes trop importantes, pour ne pas attirer l’attention de malfaiteurs. Alors, s’est
imposé un système, que le D Touré accuse d’être à la base de la stagnation de
l’élevage au Sénégal. Il s’agit d’une sorte de vente à tempérament, ou de crédit au
fournisseur. Le commerçant, qui cherche à rentabiliser son voyage, va prendre le
maximum de bêtes qu’il peut, parfois même plus d’une centaine de têtes. Mais
comme il n’a souvent pas les moyens financiers de les acquérir au comptant, il va
avancer un certain montant au propriétaire, avec la promesse de lui remettre le solde
une fois les bêtes vendues dans les grands centres urbains.
Mais comme l’éleveur ne peut jamais être certain à 100 % qu’il va être payé dans un
délai raisonnable, il préfère se débarrasser des sujets les plus faibles de son
troupeau, et les moins résistants, et garder ceux qui peuvent encore supporter les
dures conditions de l’élevage pastoral.

Ainsi, se dit-il, même s’il n’est pas payé, au moins il n’aura pas complètement perdu
dans l’opération.

Pour mettre fin à ce système, dans lequel, en fin de compte, personne ne trouve
véritablement son compte, le D Touré ainsi que plusieurs autres acteurs demandent
la mise en place d’une entité qui serait chargée du développement de la zone sylvo-
pastorale, « et donc de la modernisation de l’élevage ».

Doly, base de la modernisation de l’élevage


Pour les intéressés, l’entité à mettre en place serait chargée de l’aménagement des
terres et du développement des infrastructures.
Ils expliquent que le Ferlo a la chance d’abriter le ranch de Doly, une propriété de
l’État composée de 88.000 ha de bonne terre et d’une végétation des plus variée.
« Une formidable réserve de biosphère, mais qui a été très mal exploitée depuis les
indépendances », estime le D Touré.

Ses collègues de l’Ordre des vétérinaires estiment que cet endroit pourrait servir de
base à la modernisation intensive de l’élevage. « En fait, la seule ressource qui ne
soit pas disponible en abondance dans la réserve, comme dans tout le Ferlo en
général, c’est l’eau.

Or, il suffit que l’État, par le biais de l’entité qu’il va mettre en place, en fasse l’une de
ses priorités, pour que les choses se décantent », souligne Bocar Ly, enseignant-
chercheur à l’École vétérinaire de Dakar.

Le manque de voie d’accès a toujours renvoyé de la zone sylvo-pastorale, l’image


d’un lieu peu propice à la vie, avec des conditions d’existence précaires. Ce qui en
fait une « terra incognita » au beau milieu de la carte du Sénégal. Une route qui
passerait au beau milieu, comme on en parle depuis des années, servirait plus qu’à
réunir le Nord du Sud du Sénégal. Elle relancerait fortement les activités
économiques, tout en facilitant la vie des éleveurs. C’est l’existence d’une route qui
permet d’envisager des investissements structurants, d’installer des unités de
transformation laitière, ou des abattoirs.

Une entité qui serait composée, à part égale d’associations d’éleveurs, de


fonctionnaires des services de développement rural, ainsi que de commerçants
impliqués dans la commercialisation du bétail, serait la mieux à même de donner une
impulsion au développement de la zone. Elle déciderait des lieux où installer les
forages, des axes routiers principaux à établir, qui seraient à même de faciliter les
mouvements économiques dans la zone.

Ces axes verraient le développement des lieux d’échanges entre éleveurs et


commerçants. Et par-dessus tout, l’entité donnerait aux éleveurs et aux commerçants
les cautions bancaires dont ils auraient besoin pour leurs transactions.

En plus, l’entité de gestion de la zone sylvo-pastorale devrait s’occuper de


l’électrification, car « sans l’électricité, on ne peut parler de modernisation de
l’élevage », affirme Bocar Ly. C’est l’électricité qui permet de stabiliser les
populations. Car l’intensification ne peut se faire sans stabilisation des populations,
assure Abou Touré. La zone sylvopastorale pourrait bénéficier des avancées
technologiques modernes, en utilisant l’énergie solaire, tirant avantage de son fort
ensoleillement.

Mohamed Gueye
Chef du « desk » économie au journal sénégalais « le Quotidien ».
Source : Défis sud n° 98 - décembre 2010, janvier 2011 (Dossier : L’avenir de
l’élevage africain)


LIRE AUSSI

 Editorial

 Guinée : faire des organisations paysannes des artisans de la lutte contre la


pauvreté en milieu rural

 Le rôle des organisations interprofessionnelles (OIP) dans la régulation du secteur


laitier au Sénégal

 Le rôle des organisations de productrices dans les chaînes de valeur des


produits agricoles en Afrique de l’Ouest : la coopérative de productrices d’échalotes à Ségou au
Mali

 Burkina Faso : promotion de la formation pour l’autonomisation économique et


sociale des femmes de la filière beurre de karité

 Compétitivité du secteur horticole au Sénégal : Étude des filières de la banane,


de l’oignon et de la pastèque

 Promouvoir la formalisation des relations entre acteurs pour renforcer la


compétitivité de la chaine de valeur riz dans la vallée du fleuve Sénégal

 Le label IGP, un levier de valorisation économique du miel blanc d’Oku,


produit de la région des hautes terres de l’Ouest Cameroun
 Les stratégies de commercialisation des produits maraîchers sur le marché de
Maroua, au Cameroun

 Systèmes de commercialisation et chaine de valeur de l’oignon au Niger

Focus

PARTICIPATION DE IED AFRIQUE À LA COP27, DU 06 AU 18 NOVEMBRE À


SHARM EL-CHEIKH, ÉGYPTE

1
2
3
4
5

DERNIERES ACTUALITES

 APPEL À CONTRIBUTION Décembre 2024 : la Régénération Naturelle Assistée


(RNA) comme technique de restauration durable des terres pour des communautés plus résilientes

 Journée Mondiale de l’Environnement 2024:la restauration des terres, la désertification


et la résilience à la sécheresse
 Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse 2023:Les droits
fonciers des femmes

SUIVEZ-NOUS

IED Afrique
Innovation, env ironnement, développement en Afrique
24, Sacré Cœur III, Dakar Sénégal
Téléphone : (221) 33 8 67 10 5 8
Courriel : con [email protected]

À propos

 Plan du site

 Atelier National sur le Reverdissement au Sénégal

 Journée Mondiale de l’Env ironnement 2021

 Séminaire sur les réformes des politiques foncières rurales en Afrique subsaharienne

 Appui à la mise en place de cadres de concertation sur la gouvernance des ressources foncières locales dans la commune de Mbadakhoune

 Atelier communal de restitution et de pré-validation de la charte locale de gouvernance foncière inclusive et participative de Mbada khou ne

 Atelier National de Lancement de l’étude p ortant sur l’Analy se de la situation et la propos itio n d ’outils de réduction des inégalités de genre (WLR)

 Contact

 A propos de ce site

 Abonnement à la revue Agridape

 Flux RSS

es collègues de l’Ordre des vétérinaires estiment que cet endroit pourrait servir de
base à la modernisation intensive de l’élevage. « En fait, la seule ressource qui ne
soit pas disponible en abondance dans la réserve, comme dans tout le Ferlo en
général, c’est l’eau.

Or, il suffit que l’État, par le biais de l’entité qu’il va mettre en place, en fasse l’une de
ses priorités, pour que les choses se décantent », souligne Bocar Ly, enseignant-
chercheur à l’École vétérinaire de Dakar.

Le manque de voie d’accès a toujours renvoyé de la zone sylvo-pastorale, l’image


d’un lieu peu propice à la vie, avec des conditions d’existence précaires. Ce qui en
fait une « terra incognita » au beau milieu de la carte du Sénégal. Une route qui
passerait au beau milieu, comme on en parle depuis des années, servirait plus qu’à
réunir le Nord du Sud du Sénégal. Elle relancerait fortement les activités
économiques, tout en facilitant la vie des éleveurs. C’est l’existence d’une route qui
permet d’envisager des investissements structurants, d’installer des unités de
transformation laitière, ou des abattoirs.

Une entité qui serait composée, à part égale d’associations d’éleveurs, de


fonctionnaires des services de

Vous aimerez peut-être aussi