A_PV-1012-FR

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(' SEIZIÈME SESSION à 15 heure

,
))Documents officiels NEW YORK
" ----------------------------------------------
SOMMAIRE l'Organisation des Nations Unies subit les plu
Pages fâcheuses conséquences. Son autorité et son prestig
Point 9 de l'ordre du jour: sont progressivement sapés.
Disoussion générale (suite) 3. Les grands problêmes dont dépend l'avenir d
Disoours de M. Thiam (Sénégal) • • • • • • • • 43 l'humanité, est-il possible de leur trouver enfin un
Disoours de M. Mardone (Uruguay) • • • • • • 52 solution satisfaisante? C'est la q\lestion qui se pos
h nous et h laquelle il est du devoir de notre assem
Prdsident: M. Mongi 5LIM (Tunisie>. blée de donner une réponse au cours de cette sessio
4. Je veux essayer de vous présenter três rapid
ment le point de vue du Sénégal sur ces problême
POINT 9 DE L'ORDRE DU JOUR Et d'abord ia question de la paix. L'objet fondament
Discussion générale (suite) de toute politique extérieure doit être le maintien d
1. M. THIAM (Sénégal): Est-il nécessaire de sou- la paix sur nos frontiêres comme dans le mond
ligner la joie toute particulîêre que nous ressentons, C'est en tout cas l'objectif des pays sous-développé
nous, Sénégalais, h l'occasion de la brillante élection Au lendemain de l'indépendance, face h toutes le
de M. Slîm h la présidence de PAssemblée générale? tâches qu'exige notre développement économique,
L'amitié entre le Sénégal et la Tunisie se double est évident que notre intérêt commun est la pai
d'une frappante identité de vues sur les grands pro- Elle seule nous permettra de ne pas disperser no
blêmes mondiaux et sur les m6thodes que nos deux efforts, de nous attacher aux réalisations que nou
Etats ont souvent employées pour les r.Gsoudre. Une considérons comme v~tl:11es pour la construction d
amitié particulière lie nos deux chefs d'Etat. Quant nos jeunes nations, pour le mieux-être indispengab
1 au Président, j'ai eu l'occasion, comme bien d\'àutr~s de nos peuples.
au sein de cette assemblée, d'apprécier ses émi- 5. L'indépendance, pour nous, n'est qu'un moye
nentes qualités de patriote et de militant de la grande Le but que nous poursuivons est l'amélioration d
cause africaine, son attachement aux principes de la notre condition. Etant donné le décalage importa
Charte des Nations Unies et ses brillantes qualités qui s'est créé et qui n'a cessé de grandir entre dell
de diplomate. Son intelligence exceptionnelle, sa pon- fractions de l'humanité, les riches et les pauvre
dêration et son sens de la mesure le désignaient tout il est évident que les nations déshéritées n'ont aucu
naturellement pour assumer les responsabilités dont intérêt h se distraire des tâches considérables q
il est investi h un moment particuliêrement critique les sollicitent. Si nous pouvons parler de guerre
de l'histoire de l'humanité et au moment même ott il ne peut s'agir que de la guerre contre la faim
notre assemblée vient de connaître une perte cruelle la misêre et l'ignorance.
en la persontie de son valeureux Secrétaire général
Dag Hammarskjold. La disparition de M. Hammar- 6. Mais il est également vrai que même les plu
skjold est profondément ressentie dans cette enceinte. grandes puissances n'auraient auèun intérêt, matéri
Il a consacré toute sa vie h sa noble mission. Puis- ou moral, au déclenchement d'une nouvelle Yq't~err
sions-nous avoir au moins la consolation que cette Comme le soulignait récemment, avec pert:t~nc
perte provoque un sursaut et soit le commencement un auteur qui s' e$'~' penché sur cet angoissan.t pro
d'un éveil des consciences et que le climat de recueil- blême "toute réflexion sur la guerre est une réflexio
lement dans lequel n.ous sommes favorise la solution sur la condition humaine". L'importance des moyen
des graves problêmes que nous abordons au cours mis en œuvre et leur puissance destructrice son
de cette session. telles qu'il serait illusoire de penser que des vain
queurs et des vaincus survivraient au conflit. C'e
2. Il paralt superflu, en effet, de souligner l'impor- l'existence de l'humanité entiêrequi serait en caus~
tance de la seiziême session de l'Assemblée générale
de l'Organisation des Nations Unies. Hon nombre de "Jadis, dit-il, peut-être même jusqu'b. l'époqu
questions délicates restées en suspens appellent main- de la seconde guerre mondiale, il était raison
tenant une solution urgente. Depuis que nous nous nable de choisir entre la guerre et la paix. O
sommes séparés, au printemps 1961, de nouvelles pouvait mettre en balance le cotit d'une guerre e
difficultés sont apparues sur la scêne internationale. les résultats qu'on en escomptait. La guerre tota
En dehors des conflits d'un caractêre local, mais qui des armes nuclêaires"absolues" exclut le carac
ont d'importants prolongements internationaux, le pro- têre raisonnable d'un tel choix. La question de
blême général de la paix se pose avec acuité. La objectifs stratégiques est maintenant dépassée
, décolonisation, qui semblait s'engager, en 1960, dans Toutes les régions du monde sont devenues de
la voie d'une solution rapide, notamment avec l'ap- objectifs.
parition de nombreux Etats africains indépendants, "La distinction entre le militaire et le civil e
subit encore bien des h-coups. Toutes ces compli- également dépassée. Toutes les populations du mond
cations créent un état dé tension permanente dont 'sont devenues des combattants malgré elles.
43 A/PV.101
"La distinction entre les armes stratégiques et "Si la guerre n'est que la continuatio
par d'autres moyens, la paix n'est,
tactiques est maintenant dépassée: si l'on continue la continuation de la lutte par d'a
de l'utiliser, c'est parce que l'on ignore la dialec- C'est, comme vous le voyez, la théo
tique des hommes en guerre et le caractère absolu permanente. Non seulement on pa
des armes nouvelles. On doit s~attendre 11 ce que couramment de "guerre froide", de
toute stratégie purement militaire aboutisse 11 une ble", mais la notion de guerre perma
annihilation réciproque. . 11 la hauteur d'une doctrine polit
"Les connaissances particulières de l'expert mi- singulière conception de la paix.
litaire n'ont plus 11 elles seules aucune signification: 12. Il n'y a plus, entre la paix et la
tous les problèmes de la guerre et de la paix sont différence de natlire, aucune différenc
devenus des problèmes politiques et moraux ••• la paix ne se distingue de la gue
"Nous sommes parvenus au terme extrême des moyens employés. Cette définition,
voies militaires. Elles ne mènent plus qu'11 la mort. mière, correspond 11 une certaine
S'il y a une guerre, toutes les nations s'effon- problème des rapports entre les pu
dreront ••• La guerre est devenue absurde." ment il s'agit non plus de rechercher
7. Il apparaft que, malgré cet avertissement, les
statu quo, de défendre des positions
politiques étrangères des grandes puissances se pla- d'étendre son influence idéologique~ p
nomique.
cent, délibérément ou non, dans la perspective d'une
nouvelle guerre. Ce qui semble pourtant paradoxal, 13. Si ces deux conceptions caracté
c'est que nous entendions toujours parler de "paix" tudes différentes, elles ne sont pas fo
et de "coexistence pacifique". Mais si l'on dépasse opposées quant 11 leurs résultats. Q
les déclarations spectaculaires, destinées 11 la pro- positions acquises ou qu'on veuille
pagande, 00. le mot "paix" est devenu un slogan, la nouvelles, le résultat est le même,
réalité est tout autre. Comment concilier cette néces- qui nous menace: la peur et la mé
sité de paix si souvent affirmée avec la course une politique de guerre, même si l'
effrénée aux armements? Comment concilier le prin- mot "paix" h la bouche. Cela se tradu
cipe de la coexistence pacifique avec la persistance aux armements et la prolifération d
de la guerre froide? La vérité est que, malgré les alliances militaires. On est impre
protestations de bonne volonté, nous n'avons jamais nombre de pactes militaires qui ont
été aussi éloignés de la paix qu'aujourd'hui. Le mot depuis la fin de la seconde guerr
"paix" recouvre, dans l'esprit de ceux qui l'emploient, Europe, en Asie, au Moyen-Orient et
des réalités très diverses. C'est 111, 11 notre avis, parties du monde.
l'origme de tout le mal. 14. Dans ce contexte de méfiance
8. Dans une certaine optique, la paix n'est que le vaut la coexistence pacifique? En soi,
maintien d'une situation conservant 11 telle puissance excellente. La question est de savoir
ou 11 tel groupe de puissances une suprématie de fait, pas d'être illusoire et précaire de
l'avance acquise. Dès l'instant que l'évolution dans effrénée aux armements. L'équilibre
le monde tend h modüier cette suprématie de fait, blocs risque 11 tout moment d'être r
la paix n'est plus tolérable. c'est un danger. Cette de l'accumulation massive des moyen
conception statique du rapport des forces est dange- La fragilité de la cOexistence pacifiqu
reuse pour la paix. La vie est une évolution continue, par la tension croissante ~t par les gu
une transformation des rapports de forces entre les qui éclatent, ici et 111, dans les différ
puissances. Il fav'~ Par.:lmettre avec sérénité, ce qui monde. Il ne fait aUCUn doute que cet
n'empêche d'ail1t:lt.u:,s pas qu'on puisse faire des guerres localisées constituent un da
efforts, dans le cadre a'une compétitionpacüique. pour la paix mondiale. Certains t
9. Malheureusement, cet état d'esprit existe encore d'ailleurs souHgné, mais ils ont aus
chez certaines puissances et on l'a parfois souligné: qu'on appelle la "politique de dissu
consiste 11 placer l'agresseur, di
"Dans la période d'entre deux guerres, pendant :menace de sa propre destruction pou
les années 1920 et 1930, en particulier, les nations pour le dissuader d'attaquer.
possédantes étaient toutes en faveur de la paix qui
signüiait, éventuellement, le maintien par une 15. Nous ne pensons pas qu'elle su
"force légitime" dü statu quo, au sein duquel elles une paix durable sur la terre. La p
étaient les plus fortes ••• Pendant la seconde guerre méprise sUr les moyens de l'adversa
mondiale, les conservateurs occidentaux, lorsqu'ils 11 écarter. D'autre part, en admettant
parlaien\t de la paix ft. venir, souhaitaient retrouver de dissuasion puisse empécher définit
une société comparable b. celle de l'avant-guerre." saire de se lancer dans une guerre gé
restera encore la possibilité de déclen
10. n est évident qu'avec cet état d'esprit, on ad- locales de plus en plus fréquentes p
mettra difficilement l'apparition dans le monde de positions qu'il vise. Or, ces guerres lo
nouveaux rapports de forces. Toute évolution suscep- elles aussi. la coexistence pacifique
tible de modifier lE? statu quo crée une situation de donc que, si l'on veut que la coexi
tension. les conditions d'une nouvelle guerre. Si Pon ...
ne renonce pas ft. cette façon de voir, le monde sera 11 Clausewitz, De la Guerre. 1833.
en danger permanent.
ruser et de biaiser et que l'on aborde franchement, 23. Il est vrai que M. Khrouchtchev lui-même a
sans arriêre-pensée de part et d'autre, ce problême brossé, assez récemment, un tableau très idyllique
important. Mais nous y ranviendrons ft. une autre de la coexistence pacifique. "Qu'est-ce que la coexis-
occasion, au cours de la présente session. tence pacifique? s'est demandé le chef du gouverne-
17. Mais, pour que la coexistence pacifique puisse ment soviétique. Dans son expression la plus simple,
être pleinement réalisée, il ne suffit pas seulement elle signifie la renonciation ft. la guel"re comme moyen
de trouver une solution au problême du désarmement. de reglement des questions litigieuses. Cependant,
Il faut encore qu'un changement radical s'opère dans cela n'épuise nullement - a-t-il dit - la notion de la
les états d'esprit. coexistence pacifique. En plus de l'engagement de non-
agression, el' ~ signifie aussi l'engagement de tous les
18. Chepilov, en 1957, alors qU'il était ministre des Etats de ne pas violer l'intégrité territoriale et la
affaires étrangêres et membre du Comité central du souveraineté des autres, sous aucun prétexte.et sous
parti communiste, disait: "La coexistence pacifique aucune forme. Le principe de la coexistence pacifique
n'est pas une vie insouciante, la coexistence pacifique signifie la renonciation h. l'ingérence dans les affaires
est une lutte, lutte politique, lutte économique, lutte intérieures des autres pays aux fins de changer leur
idéologique." Le problème est de savoir si une telle régime ou leur mode de vie, ou bien encore pour
définition de la coexistence pacifique permettra de d'autres motifs... La coexistence pacifique peut et
supprimer la tension mondiale que nous déplorons doit se transformer, pour la meilleure satisfaction
actuellement. Notre point de vue est que la coexis- des besoins de l'homme, en une compétition paci-
tence pacifique devrait être exempte de tout esprit de fique .•• Le principe de la coexistence pacifique ne
guerre froide, même si la gue~'re froide ne doit se réclame nullement de tel ou tel Etat de renoncer à
limiter qutft. des conflits idéologiques. l'ordre et ft. l'idéOlogie qu'il a choisis."
19. Un ambassadeur de Yougoslavie en France le di- 24. V'oilft. qui est plus rassurant et plus juste. Mais
sait avec pertinence, dans une communication à!' Aca- nous aurions souhaité que cette déclaration entre dans
démie diplomatique internationale: "La coexistence les faits. Or, nous voyons toujours la tension mon-
pacifique et durable entre Etats â systèmes politiques diale s'açcrottre dangereusement. Nous voyons ~cla'"(;
différents sUPimse une atmosphêre de tolérance et de ter des êonflits locaux,qui sont encore des manifes-
compréhension mutuelles. La politique intérieure de tations de la guerre froide. La question de Berlin
chaque pays trouve généralement sa justification dans s'est envenimée ces derl)l,iers temps, et l'humanité
la structure économique et sociale, dans la tradition se trouve ft. la lisiêre dé-}À guerre. Nous voyons des
historique et les conceptions particu.Uères qui se sont Joulèvements intérieurs dans certains pay.s ott s'af~.-
formées au fur et ft. mesure de son développement frontent les deux blocs, ft. Cuba, en Corée, au Laos,
graduel." par exemple. Des armes sont g6néreu$em~nt distri-
20. "L'histoire, poursuivait l'ambassadeur, nous buées ft. des mouvements d'opposition dans certains
montre des exemples multiples de pays dont les efforts pays, ce qui est une singulière façon d'appliquer le
pour essayer de copier les systèmes politiques ou principe de la non-immixtion dans les affa~res inté-
économioues des autres nations ont été voués ft. l'échec. rieures des Etats. Devant nette situation, que devons-
Il nous sêmble que chaque pays doit chercher sa propre nous faÙ'e?
voie de développement qui assurera le mieux sa pros- 25. Nous pensons que ·1e8 jeunes Etttts indépendants
pêrité et facilitera la solution de problèmes qui sont peuvent ,apporter une contribution. l'\~elle h. 1~ cause
inévitables dans chaque société. Dans un monde aussi de la paix, ft. conditiç>n de s'orgamser collectivement
complexe que celui dans lequel nous vivons, oQ. les dans ce sens.
différences politiques, économiques et sociales sont 26. Le problème est de savoir si, face aux blocs
grandes, nous devons nous attendre ft. des variétés en présence et devant la menace persistante de guerre
de plus en plus accentuées dans les formes d'orga- mondiale, les jeunes Etats peuvent entreprendre une
nisation politique et économique. Si les hommes action organisée capable de donner une orientation
arrivent ft. comprendre la nécessité de ces différences, décisive au problème de la paix. A première vue,
si chaque pays ne se voit imposer aucune entrave l'entreprise paratt difficUe, mais il n'y a pas d'alter-
dans la recherche de sa propre voiU, ces variétés native possible. Au demeurant, la puissance matérielle
peuvent devenir un élément de stabilité, n'excluant n'est pas la seule qui compte. Les pays sous-
pas une collaboration utile et f:r:uctueuse dans les développés comprennent les deux tiers de l'humanité.
rapports internationaux." Ils constituent un enjeu important pour. les impé-
21. Ces paroles ont une résonance très grande dans rialismes qui se font jour ioi ou 1ft.. Mais préoisé- .
la bouche d'un représentant d'un pays socialiste. Elles ment parce qu'ils constituent un enjeu, ils peuvent,
m'éviteront de m'étendre sur ce que notre pays a s'ils le vel lent, peE'er d'un grand poids dans les
tOUjou~ défini comme sa ligne de conduite perma- affaires 1u monde.
nente. ~u Sénégal, ayant étudié le socialisme, nous 27. Les perspectives, dans ce sens, ne sont d'ailleurs
.en avons retenu l'esprit et la méthode. Il n'existe pas décourageantes. On voit déjb.nettementles efforts
1pas de solution ne varietur applicable b. tous les qui se dessinent dans la recherche d'une voie nou-
pays socialistes. Chaque pays doit analyser sapropre velle mieux adaptée h. notre condition. Il se trouve,
/ situation et, ft. l'aide de la méthode socialiste, trouver fort heureusement, que notre soif de paixestpartagée
I des solutions originales h. ses problèmes, dans le cadre·
dé son contexte propre.
par tous les peuples de la terre. Et cela constitue
une force. C'est méme, en définitive, la seule force.
22~ La coexistence pacifique suppose dono, comme Nous devons seulement éviter. d'être entrafnés dans
vous le voyez, non seulement le désarmement com- des chemins de traverse ou d'être victimes de certains
qu'il, faut examÎll,er soigneusement. Les uns par-
lent de "neutralisme positif", d'autres de "non- de base militaire ou encore celui qu
engagement", d~autres eriocore de "non-alignement". dans un pacte ou dans une alliance m
Bien s6.r, ce qui compte, ce ne sont pas les formules, des deux blocs. La fragilité d'un tel
mais la réa,lité de notre indépendance; encore faut-il au grand jour. Je ne veux citer auc
éviter d'employer des termes équivcques, qui prêtent culier. Cette tribune internationale d
rt critique. Quand on parle de neutralisme positif, de la paix. Mais je ne puis m'empêc
il faut d'abord se souvenir qU'il est impossible d'être
certains pays dits non engagés sont
neutre. La voie que nous avons choisie n'est pas pacte balkaniqueY, par exemple, li
il d'autres Etats qui font, eux,
neutre, c'est une attitude politique, une action con- atlantiqueY , maiü, encore une fois
crète et positive, face au problème de la paix. Ce
n'est pas en fonction des blocs que nous devons nous soulever ici de problèmes irdtant
définir, ce serait superfictel; c'est en fonction dù s.i l'on veut que notre politique
problème fondamental de la paix. Nous disons que politique véritable, c'est éviter de
nous sommes farouchement, obstinément pour la paix, qui ne reposent sur rien. Il faut to
et nous décidons d'entreprendre une action dans ce :ressentiments,et n'avoir en vue q
sens. Par lrt-même, nous sommes engagés, et c'est qui doivent être dirip;és vers la paix
pourquoi le terme de "non-engagement" ne convient la paix. Il faut aussi, bien sar, que
pas davantage. Nous sommes aussi engagés que l'Est de non-engagement ne soit pas simpl
derri~re lequel se cachent des sate
et l'Ouest, mais notre engagement, c'est une action de la paix est un chemin pénible, q
objective pour la paix, au sens universel de ce terme. coup de courage et de loyauté, et d
Faute d'avoir mis en pleine lumière, par des termes envers soi-même.
appropriés, le seTis de cette politique) certains pays
ont prété le flanc rt la critique. Puisque vous êtes 32. Pour ce qui nous concerne, no
neutres, leur a-t-on dit, pUisqüe vous n'êtes pas reux de collaborer ~ l'édüication
engagés, pourquoi avez-vous pris position dans telle tous les pays - et ils sont nombreux
affaire? Pourquoi avez-vous voté dans tel ou tel sens? nos inquiétudes sur le sort du mo
29. En réalité, la politique qui est définie sous les pirent de la même méthode que no
vocables de neutralisme ou de /non-engagement est cet objectif.
une politique de non-alignement, ou, mieux, une poli- 33. La méthode du Sénégal, elle v
tique de non-dépendance,!étant entendu que l'iïiaêpen.. par le Président du conseil du Sén
dance n'éSfjàiIDIis une realité définitivement acquise, intervention rt l'Assemblée génér
mais une conquête de tous les jours. ~'indépendance Unies, le 8 décembre 1960 [A/PV
est d'abord un état d'esprit, avant d'être une réalité dialogue, comme moyen de règleme
politique. internationaux. C'est la recherche
30. .Comment se traduit dans les faits cette . politique née de la solution juste, c'est-rt-dire
de non-alignement ()U de non-dépendance? Il s'agira, ' l'exclusion de la guerre et de la v
chaque fois qu'un problème est posé, de l'examiuer condamnation de la·raison du plus f
en faisant abstraction des blocs, et de prendre" une le triomphe de la raison tout court.
attitude conforme rt notre opinion politique, rt notre 34. Le problème de Berlin, par
engagement pour la paix. Pratiquement, il peut arriver être résolu de façon satisfaisante,
, ( que, suivant les problèmes, notre attitude soit iden- le sens de la paix, en dehors de négoc
."\, tique 11 celle de l'Est ou rt celle de l'Ouest. C'est menées' avec lucidité et sang-froi
naturel. Mais, en tout état de cause, il ne peut s'agir pour l'autodétermination des peup
d'être systématiquement pour l'un Ot~ pour l'autre. idéale e6.t été de permettre rt l'ens
Dans le cas particulier du Sénégal, par exempl~, allemand de déterminer librement
nous avons voté pour l'inscription rt l'ordre du jour peut-être aura-t-il la possibilité d
,de la question chinoise, et nous sommes pour l'admis- le partage de l'Allemagne est aUjou
sion de la Chine continentale; nous continuons de con- peut le déplorer t cela n'y changera
sidérer, que l'admission de ce pays rt l'Organisation rien. On peut remonter le fil de.::i
',1
des Nations Unies estqne nécessité. Nous continuerons depuis 1945, ont progressivement
de défendre l'admission de la· Chine, que nous avons de tension. On peut essayer de situ
d'ailleurs reconnue quelques mois après la procla- bilités, en commençant .par ceux
mation de notre indépendance. Sur ce problème, nous accords de Potsdam, cela ne chan
sommes en désaccord avec la majorité des pays blème. Ce qu'il faut, c'est partir de
occidentaux. Mais, sur d'autres problèmes, nous avons qu'elle se présente aujourd'hui, o'est
voté dans un sens raaicalement différent de celui du tence de deux Allemagnes. Il faut
bloc communiste, sur le problème de la Mauritani~., tence des deux Etats et trouver, p
par exemple; nous considérons en'éffet qu'il ne peùt spécifique de Berlin, une solution
y avoir de discrimination dans l'application du prin- ,cette ville un statut y permettant l
cipe de l'indépendance et de l'autodétermination. Occidentaux, et d'abord des Allem
31. Voilrt comment se présente le non-alignement
véritable. Pour n'avoir pas serré de près les réalités, Jd
certains pays, m&;me de ceux pour lesquels nous avons Pacte des Balkans, signe....a Bled le 9 aaut
.. 1
la plus grande e~time, ont ,commis des erreurs, ~ 11 Pacte de l'OTAN, signé à Washington le 4 a
question des rapports entre nations sur un terrain maines connexes: les. domahles politique, militaire
et économique. La d~'901onisation politique est la
nouveau tenant compte d'abord de l'intérêt supérieur reconnaiE;sance du droit b. l'indépendance et b. l'auto-
de l'humanité et du destin de l'homme. détermination des peuples encore sous domination
36. Il nous faut maintenant aborder un autre pro- coloniale. Ce principe est devenu aujourd'hui une
blème, celui de la décolonisation. Il s'agit la. d'une règle de droit international, ayant force obligatoire
question brillante. Elle est liée au problème de la' pour tous. Nous regrettons que certaines puissances
paix dont elle ne constitue qu'un aspect. A notre avis, ferment délibérément les yeux sur cette obligation.
il n'y aura pas de paix véritable sur la terre tant Nous pensons, en particulier, au portugal dont le
qu'il y aura des pays dépendants, tant que des peuples gouvernement continue ~ perpétrer des crimes odieux

resteront encore sous la domination d'autres peuples dans les différents territoires placés sous son admi-
en vertu de la loi du plus fort. nistration. Dire ql.!9 l'Angola ou la Guinée constituent
des provinces portugaises, c'est de l'inconscience
37. Je commencerai par une affirmation qui est ou, plus sarement, de la bêtise, b.moins que ce ne
aussi un avertissement solennel: la décolonisation soit du cynisme. En vertu de cette idée monstrueuse,
étant le grand phénomène de notre temps, aucune le gouvernemen~' portugais exerce une répreslsion sans
grande puissance ne peut prétendre conserver pour précédent sur les populations de ces territoires,
longtemps l'amitié des peuples du tiers monde ou avec une hystérie qui frise Fa:nimalité, faisant fi de
s'assurer leur coopération si elle ne s'engage pas toutes les résolutions votéF;:~ par l'Organisation des
ré~olument dans' Une politique de décolonisation sys- Nations Unies. (Le Sén~gal a décidé de rompre les
tématique. Qu'on le veuille ou non, la force restera relations diplommiques avec le Portugal et de donner
h celles des grandes puissances qui auront soutenu, asile aux nationalistes de la Guinée dite portugaise
sans équivoque, la nécessité de la décolonisatio~. qU'une répression sanguinaire empêche de lutte:rdans
Les peuples ont soif d'indépendance et de liberté. 1 leur pays par les moyens démocratiques normaux,
Ils se rangeront instinctivement du côté des puis- / pour accéder b. l'indépendance et obtenir leur dignité.
sances anticolonialistes, ou de celles qui passeront Je crois qu'il serait temps que les E~ats qui, comme,
pour telles b. leurs yeux. A cet égard, nous ne pou":' le Portugal, refusent de reconnaftre ce principe élé-
vons que regretter l'attitude observée par certaines mentaire de l'autodétermination soient invités b. quitter
puissances parmi les plus grandes, lors du débat de cette enceinte, car ils n'y ont pas leur place. Je
l'Assemblée générale du 14 décembre 1960 (947ème propose de façon concrète que l'Organisation des
séance) sur la liquidation du colonialisme.,Les pays Nations Unies prononce l'exclusion du Portugal et
africains et asiatiques avaient élaboré un projet très \...celle de l'Afrique du Sud.
mesuré dans ses termes et réaliste dans son conte-· 42. ' La Charte des Natjons Unies est fondée sur le
nu. Certaines puissance'3 ont préféré s'abstenir ou respect de la personne humaine et de la dignité des
encore ont voté contre. C'est leur affaire. Mais' peuples. C'est pourquoi je suis étonné qu'un gouver-
qu'elles ne s'étonnent pas si demain un changement nement comme celui de l'Afrique du Sud siège b. nos
radical s'opère dans leurs rapports· avec les pays du côtés. Le problème de l'apartheid se pose b. nos
tiers monde. Il faut vivre avec les réalités de son consciences dè façon pressante et aigu~. Il est vrai-
époque. Le colonialisme est mort et il est enterré. ment singulier qu'un Etat qui se prétend moderne
On perd son temps b. vouloir faire revivre un cadavre. élève le racisme ft. la hauteur d'un dogme, en plein
38. Bieri sar, il nous appartiendra aussi de calmer
milieu du XXèmesiècle. Or, c'est ce ~\ue nous consta-
l'empressement de ceux qui veulent b. tout prix passer tons en Afrique du Sud. A notre avis, les mesures
,pour nos meilleurs amis. Il faut qu'ils sachent que adoptées jusqu'ici ne sont pas suffisantes. Il faudrait
l'anticolonialisme ne doit pas être seulement un slogan que l'on ait recours non seulement b. un boycottage
ou une arme de guerre d'un bloc contre un autre bloc. économique et diplomatique généralisé, mais b.
t'anticolonialisme ne doit pas être une attitude tac- d'autres mesures de caractère plus direct, et, en
tique. C'est une réalité profonde qui repose sur le particulier b. l'exclusion des Nations Unies.
respect de certaines valeurs fondamentales. Elle 43. Mais le probl~me colonial est tellement com-.i
transcende les rivalités qui opposent certaines grandes plexe que~ même lorsque le droit b. l'autodéter--:
puissances. mination est reconnu, des dffficultés peuvent parfots
subsister, qui tiennent ~ la mise en œuvre et aux:
39. Par ailleurs, la décolonisation ne doit pas être modalités d'exercice de ce droit. L'exemple le plus
unilatérale. Elle s'impose b. tOu.s c~ux qui tiennent typique est la déchirante affaire algérienne. Depuis
des peuples sous leur domination. Il ne servirait b. plus d'un an, alors que le droit b. l'autodétermination
rien de montrer au doigt et d'accuser les aûtres en et b. l'indépendance est reconnu au peuple algérien,
oubliant ce que Fon doit faire soi-même. C'est pour- on se heurte b. des difficultés qui tiennent ft. l'ap-
quoi nous devons être extrêmement prudents et cir- plication de ce principe. Il s'agit principalement du
conspects surtout b. l'égard de ceux qui veulent se \ sort des minorités et du Sahara, questions qui tou-
faire délivrer un brevet d'anticolouialisme en maniant (/ chent directement b. l'unité de la nation algérienne et
des slogans. Dénoncer le colonialisme ou le néo- ~' l'intégrité de son territoire. La position prise par
colonialisme suppose des ,intentions pures et une le gouvernement du Sénégal, et réaffirmée lors de
action, désintéressée. Il ne s'agit pas de dire h la récente Conférence de Monrovia.il, est qu,' il faut
l'adversaire: "Ote-toi de lb. que je m'y mette." Nous
nous dresserons contre tous les impérialistes, de .il. Conference
',~ , des chefs d'Etàt" .,', •
d'Afrique et de Madagascar, tenue du
quelque côté qu'ils viennent. 8 au 12 rnài 1961. .'
pas a,,((\i)Js la nationalité algérienne seront des étran- l'Assemblée nationale française l
gers. p;~r conséquent, ils ne pourront ~rétendreb. l'Algérie étaient représentés. En
aucune l(eprésentation politique, rl mOInS que le la représentation b. l'Assemblée a
gouvernement algérien ne la leur accorde, ce qUi est arrêté du Il mars 1948 portant con
son droit le plus strict; mais, légalement, ils ne teurs qui a inclus, dans la rep
pourront pas y prétendre. Bien sdr, en ce qui con- les territoires sahariens du sud. Q
cerne le statut personnel, qui a Un caractère essentiel- rl l'Assemblée nationale, c'est U
lement privé, il sera normal que les étrangers - et 17 aodt.1945 et un décret du même
Il fortiori la population de soùche européenne ayant dans hl représentation parlemen
acquis la nationalité algérienne - bénéficient de les territoires sahariens d'Atn S
toutes les garanties, notamment en ce qui concerne et des Oasis. Il n'est pas enfin c
le libre exercice de leur culte, l'éducation b. donner au cours du conflit actuel, des réfé
A leurs enfants, et toutes questions. relatives au en Algérie comportaient la con
mariage, au divorce, etc. Mais, cette réserve faite, ritoires sahariens susindiqués.
la notion de "communauté organique" ne doit pas douteux q~e l'unité politique de l'
impliquer la gârantie de droits politiques A une prendre l'ensemble du territoire
minorité ethnique. Il faut reconnartre, d'ailleurs, a été délimité administrativement
qu'étant donné le contexte actuel en Algérie les tiquemen~. par des consultations
rapports existant entre les différentes communautés qui concell,n~ les contestations poss
rendront impossible la reconnaissance de droits poli- rie et ses voisins immédiats, c'e
tiques b. des minorités. Recourir A la solution du les intéressés ont décidé de ré
partage serait prolonger indéfiniment le conflit algé- conflit franco-algérien sera term
rien. 'La seule solution serait que la minorité dési- donc pas h en parler ici.
reuse de rester en Algérie s'int~gre b. la communauté
nationale de, façon sinc~re, qu'elle participe Al' œuvre 47. Les négociations au sujet de
d'édific?ation de l'Algêrienouvelle en acceptarlt toutes rienne de l'Algérie ne devrait po
les obligations qui en clêcoulent pour elle et, par ploitation économique. Des capita
(conséquent, en bénéficiant de tous les droits recon- Les intérêts y sont en cause qui
nus aux citoyens algériens, y compris les droits l'Algérie et la France. Un accord
politiques. Au Sénégal, nous n'avons pas procédé d'exploitation devrait pouvoir in
autrement: nous n'avons pas créé une minorité privi- drait compte de tous leS intérêts e
légiée. Si donc on veut régler honnêtement le pro- b. notre sens, la vpie d'une soluti
blème algérien, il n'y a pas, A notre sens, d'autre nable.
solution. 48. Nous avons ainsi dégagé le p
44. Quant A l'intégrité du territoire algérien, nous nous, devrait servir de base h
ne voyons pas non plus quelles-diffioultés elle pourrait pas de droit politique pour minorit
soulever. En cette matière, nous avons une doctrine '~~-'respect~du--'statut~::pe;r-sonnel des ho
constante que nous. avons exposée devant la Premi~re b. ces minorités; garantie des d
Commission [1111~me séance de l'Assemblée géné- de l'homme h tout étranger vivan
rale] des Nations Unies b. l'occasion du débat sur la ce qui est de la question territoria
la nécessité de respecter les li

~
Mauritanie,. Dès l'instant oh un territoire colonisé
· accède A l'indépendance, sa souveraineté nouvelle telles que oelles-ci ont été fixées
.J... do~t s'exercèr dans les limitesoil s'étemdait la sou"- qui comprend les territoires sa
veraineté coloniale. Donc, lorsque nous parlons de nous semble que des négociatio
l'intégrité. du territoire algérien, il s'agit, évidem- devraient aboutir. Le seul probl~
ment, du territoire qui est défini et délimité comme alors serait celui des garantie~
tel par la puissance administrante. Si nous ne iaisons nation. Le Sénégal a toujours été e
pas attention b. ce probl~me et "si nous n'adoptons des négociations directes pour dét
pas une doctrine uniforme, c'est lb. la pomme de diS- ties. Il s'agit lh d'une position doc
corde qui sera jetée parmi nousft les jeunes \\$tats attitude dictée par les circonstanc
indépendants.. Nous ne pensons pas qu'il soit -sage
de nous laisser distraire Iles tâches importantes qui 49. Notre politiqUé internationa
nous attendent par des conflits seoondaires, et en la recherche passionnée dé la p
particulier par des revendioations territoriales entre dérons, comme je le disais il y
notts. dialogue. est plus féoond que le la
Encore faut-il qU'on aille h la négo
45. Il ne peut être sérieusement oontesté qu'ilexiste lable d'auoune sorte.
une partie saharienne de l'Algérie. Peu importe de
savoir si, dans les débuts de l'ère coloniale, l'Algérie 50. Dans le cas particulier de P
avait ou non Une partie saharienne. Nous ne voulons soit l'issue des oombats, il fau
pas entrer ici dans les controverses que nOUs con- mette un jour autour d'une table
naissons bien. Le fait est qutaujol.J.:r;d'hui l'Algérie sagesse voudrait que l'on comm
oomporte, dans ses limites géographiques et achni... veut mettre fin b. oe drame pénib
nistratives, une partie du Sahara. La FranoeRvait duré. Nous avons indiqué clairem
oonsacré politiquementJoe fait. Le Gouverneurgéné- sur les probll;,mes qui ont
l'al de l'Algérie administrait dans une seule et même - que nous espérons provisoire -
en Algérie, a moins qu'il ne soit accepté par les pcrpu- 54. La question de Bizerte n'aurait pas d4, a mon
lations algériennes elles-mêmes et que celles-ci ne sens, être l'objet d'un conflit. A partir du moment ob
partic,ipent aux modalités de son organisation et de le gouvernement tunisien a clairement exprimé sa
sa mise en place. Dans l'état actuel des choses, toute volonté de voir évacuer la base de Bizerte, il n'aurait
action unilatérale ne peut que prolonger une situation da y avoir aucune difficulté quant au principe même
difficile; elle serait d'ailleurs contrair~. au principe de l ' é v a c u a t i o n . '
, de lf)J.utodétermination. Un eXéC\lbif provisoire ne peut 55. C'est. pourquoi le gouvernement d~~.S\;é.négal,avait,
être accepté que s'il résulte de libres négociations dês l'abo'rd, pris position dans un coml'nuniquébffi-
entre les parties en conflit. ciel et dont voici les termes:
51. Quant aux garanties de l'autod~termination, il "Le Conseil des Ministres s'incline avec res-
appa.crtientaux parties de se mettre d'accord sur elles pact devant toutes les victimes civiles et militaires
comme· sur la Pl'.OCéd.u.re appropriée.. dans le ~(d.re. de de ce drame affreux.
négociations directes. Nous .souhaitons qu' \lles y
parviennent rapidement, car l'affaire algérie ~e est "Il réaffirme le principe de la souveraineté tuni-
vraiment l'épisode le plus pénible de l'histoirecolo- sienne sur le territoire national, y compris Bizerte.
niale. En tout cas, nous y aiderons de toutes nos "Il invite les pirh~$ ~ ouvrir des négociations
forces; mais, si nous voulons aider sincêrenient et immédiates, afin de: '
efficacement nos frères algériens, il faut que nous
gardions notre tête froide. L'affaire algérienne est "1) Proclamer le cessez-le-feu;
trop sérieuse pour être prétexte l démagogie. Depuis "2) Procéder ~ l'évacuation de Bizerte par la
sept ans, des vies ont été sacrifiées, un capital France, 'Conformément"~ la volonté du peuple tu-
humain considérable a été anéanti. MalheuJ;eusement, nisien." ~"" .
il faut le dire, beaucoup trop de personnes n'y ont
VU que l'occasion d'un rêglement de compte avec la 56. Si le gouvernement français avait admis ce prin-
France ou encore l'occasion de se donner une éti- cipe de l'év~cuation, conformément ~ la volonté du
~ette faussement "gauchisante". Or, ce drame san- gouvernement tunisien, je crois que le problème des
rIant qui secoue tout le Maghreb n'est pas seulement modalités d'évacuation n'aurait pas soulevé de dit-
un drame franco-algérien. Il est dans la conscience ficultés majeures. Le présiàent Bourguiba lui-même
de chacun de nous. Il met en cause des valeurs et ne parlait-il pas de l'établissement d'un "calendrier
des principes d'une telle univer,sali.té.:{u'ils engagent d'évacuation". Mais il est évident qu.' il y a eu, pour
l'humanité entiêre. Voila pourquoi, encore une fOis, le moins, des lenteurs d'un'c6té, et, par réaction,
nous lançons un appel ~ tous les hommes de bonne de l'énervement de l'autre. Ce qu'il faut, pour ré-
volonté, et en particulier b. ceux qui sont directement soudre Ce problême ~ notre avis fort simple dans
intéressés, pour que, dominant le:;; passions, ils ses données essentielles, c'est l'observation stricte
s'engagent enfin avec sérénité dans la voie de la paix. de la résolution du Conseil de sécurité du 22 juillet
Encore nnefois, la décolonisation est le grandphéno- . 19611/ et l'ouverture deenégociations pour l'éVLlcua-
mêne de notre temps. Si l'on est vraim~nt convaincu tion de la base. Nous regrettons vivement que les
de cette vérité élémentaire, je dirai même de cette rapports de la France ét de la Tunisie aient été
évidence, aucun problême c:olonial ne devrait être altérés au moment ob le général de Gaulle et le
difficile b. résoudre" Mais poussons plus loin les président Bourguiba déployaient tous les efforts que
considérations générales sur la décolonisation, l'on s9:it, dans Un climat particuliêrement difficile,
52. Je disais tout a l'heure: qu'en dehors de l'aspect pour parvenir ft. une solution du conflit algérien.
politique de. la décolonisation il y a aussi l'aspect 57. Mais· la question des bases militaires doit être
militaire, plus particuliêrement le problème des placée sur un plan plus général. Elle~st directement
bases. La encore, la question risque d'être compli.. .liée~au problème de la paix et de lacompêtition
quée par l'antagonisme Est-Ouest. Depuis quelque ~~ouest. La campagne déclenchée par certaines
temps, une. campagne particuliêre.ment vive est menée. 1!,pUiSsanc.es co.ntre. l',existence des b.ases militaires en
'contre l'existence de bases militair.es.en paysétran- ) pays é.tranger. n'es:~ p.as.; je .le disais tout ~ l'h.eure,
gers. Il faut naturellement faire la part des choses•. f un effort dêsintêz:rli:lé', un~, action en faveur de la
Cette campagne n'est pas eîeempte de toute arrière- paix. Elle stinscritdans le;cadre d'une tactique dont
pensée, notamment chez ceux quiy trouvent l'occasion le but est de démanteler le ri positions de l'adversaire•.
de portel' atteinte aux positions de leurs adversaires. Il est évident que, examinéè sous e~t angle, la question
Nous devons examiner le problême avec objectivité. ~oit nous inciter a plus de circonspection.
~3. L'existence de bases militaires est dir~ctement 58. Un homme politique·,-célêbre disait, il y a quel··
. li~e a la souveraineté de l'Etat dans leqUel elles ques années: "Le chemin de Paris passe par P!!fftn";
sont implantées. Si un Etat décide souverainement on a ajouté depuis qu'il passait aussi par Dakar.
de perm?ttre 1.'installation de .bases m.ilitaires sur En d'autres. ter~es., il faut .emPloyer tous les moye~,)'
son territoire, c'es~ son affaire. Il n'y a aucune même les plus Indirects, pour porter un coup au bloo
·atteinte a son indépendanCe. Si parcontl"e les bases antagoniste. Cela explique l'âction psychologique en-
sont installées dans un Etat contrairement ~ la vo- treprise depuis quelque temps en direction· des pays
lonté de celui-ci, il est évident qu'Ry a atteinte ~ étrangers ob se tt\-Ouvent des bases militaires. Nous
_ . ri ne sommes pas sarS que cette action puisse mener
~cocâJ Où 20 mai au 13 Juin 1961. 1j Documents officiels du Conseil de sécuJ,"ité,seizierne année, SUR:
JY Du 20 au 28 juillet 1961. plement;.de Juillet, aoiit et septembre 1961, document 8/4882.
blème est un problème de souveraineté. Un pays la bataille de la faim.
indépendant a le droit d'autoriser ou de refuser
l'existence de bases étrangères sur son territoire. 62. La paix et la stabilité du mo
A cet égard, nul ne peut contester que la position de Si cette collaboration ne s'établiss
la Tunîsie sur Bizerte était absolument juste dans s'attendre li ce qu'aux contra
son principe. opposatlt des idéologies et des syst
économiques différents se substi
59. Il nous faut maintenant dire un mot f?ur le der.. contradictions, opposant les pays
nier aspect de la décolonisation, qui est l'aspect pauvres. Les données de la théorie
économique. 11 est superflu d'indiquer que les nau- alors singulièrement modifiées.
veaux Etats ne sauraient se contenter d'une indépen.. notre avis, il convient d'entrepren
dance purement formelle. Or, ce serait le cas si une croisade qui, éliminant lagÏ1er
l'indépendance n'était pas suivie rapidement de trans.. idéologiques et les conflits d'inté
formations profondes dans les structures écono- la perspective de demain et d'es
miques. Nous sommes ici, il est vrai, dans un do- dès maintenant ce problème angois
maine oil la dépendance est souvent moins visible.
Il ne faut pas s'y tromper cependant. Dès l'instant 63. Bien sdr, il ne peut être que
oil les critères formels de l'indépendance sont réunis, l'effort qui a été fait ces dernièr
les nouveaux Etats se trouvent aux prises avec des ment par les Nations Unies, dans
problèmes brt11tmts qui sont ceux du développement croissante aux pays sous-dévelop
économique. Ils ne peuvent y faire face que par une avec force que l'aide doit être
revision des rapports économiques qui les liaient arrière-pensée politique. 11 est év
~ leur ancietme métropole.
virait ~ rien de condamner le col
aux pays sous..développés devait
60. Mais, ~ l'heure actuelle, les termes duproblème biais, d'instituer un colonialisme
tendent ~ se transformer singulièrement. La crois- PIUS odieux <t'le le premier. C'
sance des pays sou.s-développés se f?itue dans un -1 soutenons sans réserve l'idée de l'
contexte beaucoup plus large que celui des rapports / Nous reviendrons d'ailleurs sur c
de colonisate"!rs ~ colonisés.• C'est un probl~me mon- blème. au cours des débats économ
dial dont l'ampleur f~St telle qu'il intêressenonseule- nombre de mesures nous paraisse
ment les colonisateurs ou les anciens colonisateurs, non seulement en ce qui concerne
mais tous le ,s pays qui ont une avance importante ment en ce qui concerne les gara
dans le développement économique. La guerre froide investissements et la nécessaire sta
pourra difficilement trouver ici un terrain favorable. des matières premières.
L'Est et l'Ouest assument une égale responsabilité
en face des-peuples déshérités. Dans 40 ans, notre 64. Le sous-développement est l
planète sera; peuplée de 6 milliards d'êtres humains. angoissant de notre époque. Si on
La croissance démographique se poursuit ~ un rythme il faut dès maintenant entrepren
étourdissant. Elle a mis plusieurs siècles pour en plaçant ce problème dans son
atteindre 2 milliards et demi d'indjvidus. Elle va n'est pas seulement un contexte
mettre moins de 50 ans pour atteindre 6 millia,rds. au sens classique de ce ,terme.
Si l'état a~tuel des choti'~~s n'est pas modifié, les est de plus en plus le problème
trois quarts de l'humanité vivront dans la misère une fois, face ~ ce problèmê, to
tandis que le quart, ~ majorité de race blanche également engagée. Personne ne
- et j'insiste l~..dessus - vivra dans l'opulence. Ily a ni l'Est, ni l'Ouest, ni le colon
donc l~ une responsabilité commune qui incombe ~ colonialiste. Ce qui est en cause,
l'Est comme ~ l'Ouest. Ils ne pourront y faire face les contradictions provisoires, c
qu'en acceptant de désarmer et de mettre ~ la dis- manent de l'humanité.
position de l'humanité1fJ capitaux et l'énergie uti- 65. Dans cet effort immense,
lisés aujourd'hui ~ la construction de la bombe ato- Nations ,Unies a un rÔle de pre
mique et de la bombe ~ hydrogène. Qu'on le veuille ses faiblesses et ses insuffisance
ou non, la querelle entre l'Occidemt et l'Orient est tester l'apport particulièrement im
dépassée, elle sera en tout cas dépassée ~ brève llisme aux progrès accomplis par
échéance, probablement ~ la fin du XXème siècle. la fin de la seconde guerre mond
61. A la théorie marxiste de la lutte des classes â de la paix, de la décolonisatio
Pintérieur d'une société donnée se substituera rapi- pement économique, l'Organisation
dement la bataille entre les pays riches et les pays a tracé des voies nouvelles et éla
pauvres. Un spéèialiste qui a particulièrement étudié dont la valeur humaine et unive
cette question noUs disait: "Il ne faut pas se leurrer; soul:\gner.
.pour un Indien sous..alïmenté, il n'y a pas de dif- 66. C'est pourquoi, nous l'avons d
férence entre un prolétaire français et un Français occasion ~ cette tribune, nous som
riche. Le lutte des classes sociàles en Occident ment attentifs ~ tout 'effort tendant
s'est estompée. Entre le niveau de vie d'un bourgeois 11. lui donner plus d'autorité et de m
et d'un ouvrier anglais, la distance est beaucoup plus ses faiblesses - qui sont d'ail
faible que celle qui sépare l'ouvrier anglais de il faut le reconnaftre. Dans le m
l'ouvrier indien. Les pays affamés passeront de la sommes contre toute action don
condition d0 sous-prolétariat ~ la conscience de leur mettre en cause son existence ou s
contraire, pour des raisons que nous n'arrivons pas de s'en tenir A un rÔle purement administratif, est
~ pénétrer, adoptent une attitude singulièrement trou- devenu progressivement un organisme politique. Mais
blante. Pour certains, c'est l'absentéisme, pour c'est la ffL1.1te de l'Assemblêe qui n'a pas toujours
d'autres c'est une présence négative ou nostile. effectiventent assumé ses responsabilités politiques.
n'autres enfin veulent bien que l'Organisation sub- L'exemplé du çongo est assez édifiant A celi éG.lrd.
siste, ..n ais A condition qu'elle so~t ou demeure un Jamais un ~ccord général n'a pu se l'€:allser sur le
instrument de leur politique. sens de la mission de l'Organisation del~ Nations Unies
au Congo, sur la nature précise et les 'limites de son
68. Le chef du gouvernement de l'URSS, M. Khrouch- action. C'est tell~ment vrai que cert'ains pays ont
tchev, en a convenu, au cours d'une importante refusé de finance:r l'opération des Nations Unies 21~
allocution prononcée devant l'Assemblée générale A
sa quatorzième session: Congo, et l~ qûestion se posera encore avec plus
d'acuité quand il s'agira de l'expédition du K~.tanga.
" • .• les Etats Membres ne manifestent pas tous Le Secrétaif.e général a été le bouc émissaire A
le respect voulu A B~gard de cette organisation, qui on reprochait une action qui n'était que la consé-
dans laquelle l'humanité place tant d'espoirs. Au quenLe de notre propre carence. On lui a laisElé la
Heu d'appuyer constamment l'autorité de l'Orga- .bride sur le cou parce que rarement nos débats se
nisation et d'en faire véritablement l'organisme sont terminés pooitivement, parce que les tirail-
international jouissant du prestige le plus grand, lements entre les grands - et je dois dire aussi entre
auquel s'adresseraient toujours les gouvernements les petits que nous sommes - sur l'affaire congolaise
de tous les pays lorsqu'ils auraient des pr::>blèmes . ne permettaient guère de se mettre d'accord sur
vitaux A régler, certains Etats tentent de s'en ser- quelque chose de précis. Faute de décisjons claires,
vil' pour leurs propres desseins égolstes. ,Evidem- le Sticrétaire général a été obligê;, très souve:nt, de
ment, une organisation internationale ne saurait se substituer A nous. Nous pensons sincèrement que
. servir efficacement la cause de la paix si elle le mal ne se~'a pas réparé par )~ seule institution.
compte parmi ses membres un groupe de pays qui d'un Secrétariat tricéphale. La réforme doit tendre
ont pour politique d'imposer leur volonté ~ d'autres A séparer très nettement les fonctions administra-
Etats. Cette politique minera les fondements de tives des fonctions politiques,. Le S\3crétariàt doit
l'Organisation des Nations Unies. Si la situation devenir un organisme strictement administratif dont
continue b. évoluer dans ce sens, je veux dire dans le rôle consisterait A .:.ssur~,r le fonctionnement in-
le sens d'un fractionnement de l'Organisation, les terne, je dis bien interne, de l'Organisation et de ses
relations entre· Etàts~' loin de s'améliorer, s'ag- institutions spécialisées. Les responsabilités poli-
graveront. D'organe exprimant les intérêts de tous tiques doivent être assumées pa:c l'Assemblée géné-
ses membres, l'Organisation des Nations Unies se l'ale ou par le Conseil de sécurité. .
transformera en un organe au service d'un groupe
d'Etats qui mènera la politique de ces Etats et non 71. Nous pensons que cela permettra d'éviter de tout
pas Une politique visant A assurer la paix dans le laisser entre les mains d'un personnage omnipotent
pendant que l'Assemblée continuerait d'être une
monde entier. Il s'ensuivra d'abord un manque de enceinte ott ne se décharnent, le plus souvent, que des
respect pour l'Organisation, qui risquera ensuite fureurs verbales. Si l'Assemblée assume vraiment
(l'aller h sa 711îi'ie, comme naguère la Société des
. Nations." [799èmd séance, par. 98.•] ses responsabilK~~ et si son bureau prend lui-même
.J- en main l'application de ses décisions, nous pensons
69. Si nous sommes ct' accord sur ces observatiOhs que cela 'pourra donner satisfaction Atous et surtout
nous exprimons cependant des réserves sur les pro- aux partisans de la "troika". Ce qu'ils veulent en
positions faites par l'Union soviétique concernant la effet, c'est qu'une seule personne n'assume pas toutes
réforme de. l'Organisation des Nations Unies, et les resp(.~lsabilités de l'exécutif. Si on constitue un
notam:rnent des attributions du Secrétaire général. . bureau collégial, qui s'occupe lui-même de l'exécution
Cela pour des raisons de principe, ~utant que pour des décisions de l'Assemblée, nous pensons que leur
des considérations pratiques. Demander que l'organe revendication sera satisfaite.
exécutü du Secrétariat soit composé d'une repré- 72. Bien SaI', il ne s'agit lh que de suggestions. Il
sentation des pays de l'Est, des pays de l'Ouest et faudrait certainement une étude technique plus appro-
des pays neutres, c'est oublier que la représentation fondie. En tout état de cause, il noUs apparaft que,
au sein des Nations Unies se fait sur la base des si le Secrétariat était dessaisi de toutes fonctions
Etats, et non par groupes idéologiques. D'autre part~ politiques, il n'y aurait plus aucune raison de s'op-
s'il est relativement aisé pour l'Est et pour l'Ouest poserh l'idée d'un Secrétaire général unique,.
L de trouver un représentant commun, en sera-t-il de
1 même pour ceux qu'il est convenu d'appeler les +73. Nous pensons également, mais dans tin autre
l neutres? A supposer même que la c40se soU pos- . domaine, que le droit de :veto devrait être supprimé.
sible, les neutres ne risqueraient-ils pas l A brève Je comprends les raisons invoquées par certains Etats
échéance, de cesser d'être .neutres? Ne s'~J.'aient-ils pour le soutenir: ils craignent qu'un groupe de puis-
pas accusés d'être devenus partisans? Dans la pra~ sances disposant de la majorité n'en profite pour
, tique d'ailleurs, une telle solution risquerait de para- obtenir des décisions avantageuses. Mais il faut dire
r lyser l'action de l'Organisation des Nations Unies, que l'Organisation des Nations Unies n';est plus, et
cal' elle est source de lenteurs dans l'exécution des sera de moins en moins, ce qu'elle était au moment
;
décisions et de conflits. de sa création, cfest-A-dire une assemblée ott s'af-
frontent pratiquement deux grands blocs opposés. La
70. Dans l'état actuel des choses, l'Assemblée géné- présence du tiers monde dans cette asse:rnblée a
rale a un dro~t de contrÔle sur l'action du Secrétaire modifié singuli~rement les données du problè:rne.
froide, et en cela 'il est dangereux. Si la règle de ~a délégation uruguayenne s'assoc
l'unanimité permet de résoudre efficacement cer- gênêrEde qui a accueilli la nomin
tains problèmes, dès l'instant oh un accord général de not:re assemblée. Les qualités
est réalisé, dans la plupart des cas, elle paralyse qui ont fait ici l'objet d'un éloge m
l'Assemblée. ,Elle pertnet de ne pas résoudre les d'espérer que, sous sa sage direct
cc,:aflits, de les laisser s'aggraver et, par consé- vont s'ouvrir ici aboutiront ~ des
t't,lent, de devenir un danger pour.la paiX. Tel est le vœu fervent de ma délég
74. Il Y a enfin un d~rnier problème qu'il est du 78. Le Président assume ses fon
devoir ,impérieux de l'Assemblée de résoudre au cours rables que délicates, . q,üand, Il. l
de cette session: c'est l'élargissement du Conseil de dans le monde parla tension in
sécurité et du Conseil économique et social. Ces s'ajouter la douleur provoquée ,pa
deux organismes, nous l'avons déjll. dit, doiventreflé- parition du Secrétaire général, l
ter le visage nouveau de l'Assemblée et comprendre skjold, et de quelques-uns de ses
des représentants des continents asiatique et afri- laborateurs. La délégation uru
cain. Cette question, qui avait été habilement éludée s'associer à. l'hommage qui leur
l'année dernière, devra recevoir une solution avant rappelle avec une émotion respectu
la fin de la seizième session. Il s'agit lb. d'un test. et celui de tous ceux qui ont jusq
On ne peut prétendre être l'ami des petites puissances pour s~rvir l'idéal suprême de l'O
et agir contre leurs intérêts les plus évidents. Au nationale.
deweurant, notre présence au sein du Conseil de 79. Ce qui nous préoccupe par-d
sécurité n'est pas seulement dans notre intérêt, elle d'hui est le maintien de la paix.
est aussi et surtout dans l'intérêt général. La guerre jamais cessé d'être le but final de
froide paralysa tout, empêche les Nations Unies de de peuples. L'Organisation des N
fonctionner normalement, réduit les débats du Conseil créée pour préserver les génér
de sécurité Il. un dialogue de sourds. Décidément, les futures· du flêau de la guerre qui,
grands ne sont pas les sages de ce monde. S'ils ne pace d'une vie humaine, a infligé Il
comprennent pas ler6le que les petites puissances cibles souffrances. Son but essen
peuvent jouer dans l'équilibre mondial et s'ils per- de la paix, et son rOle essentie
sistent dans leur entêtement redoutable, le monde conditions .qui permettent de ma
s'orientera dans une voie dangereuse, peut-être fatale internationale. Tout bien considér
pour le genre humain. Un journaliste très avisé tions de l'organisation, dont la com
l'écrivait il y a quelques jours: de s'élargir jusqù'll. ce jour, ne so
"Si lf~s grandes puissances persistaient b. ne pas qu'elles paraissent, que les instrum
répondre Il. l'aspiration confuse de tous les peuples destinés Il. servir, de la manièr
en fâveur d'une organisation capable de dire le la cause ultime, celle de la paix.
droitp de d,éfendre leur indépendance et de pro- 80. Or, c'est sur cette paiX que de
mouvoir leu:r bien-être, les Nations Unies sombre- pèsent aujourd'hui. Les Nations Un
raient dans l'incohérence et l'impuissance. De ce passe difficile, je dirai même
fait,. les relations internationales ne seraient plus histoire. Un défi a été lancé et c
fondêes, et cela par la faute de ces grandes puis- tous, car en fin de compte nous
sances dites raisonnables, que sur la force; et la daires d'un destin commun, mêm
société humaine se trouverait alors promise - Il. être un destin tragique.
supposer qu'elle échappe Il. une guerre d'anéantis-
sement entre l'Est et l'OUest - Il. l'anarchie et aux 81. Comment pourrions-nous l'i
formes les plus variées de servitude économique ou représentons ici des nations dont
idéologique." mesure pas Il. leurs effectifs mili
force spirituelle, h la sagesse de
75. C'est conscients de ce péril que nous déployons Il. leurs vertus civiques, b. leur t
des efforts immenses pour que l'Organisation des esprit de conciliation? Car, pour
Nations Unies ne sombre pas dans la tempete que la paiX générale est un bien singul
clêcha1D.ent les puissants de ce monde. L'avenir des D'autres pourront traverser, avec
Nations Unies, c'est l'avenir de l'humanité; c'est succès, les tourments de la guerr
pourqUoi plus que jamais nOUs lutterons jusqu'Il. la nations, il n'y a pas de choix po
limite de nos forces; car noUs savons que notre sort la condition même de leur survi
est lié Il. celui de çette grande organisation des peuples. seulement dans des conditions de p
peuvent remplir leur mission s
76. Telles sont les réflexions que ma délégation dési- bonheur de leurs citoyens.
rait soumettre au début de la seizième session· de
l'Assemb1é"e générale, session qui s'av~reparticuliè­ 82. C'est cela qui donne aux: peti
rement importante. Je le disais. en commençant: particulier de faire entendre leu
depuis que nous noUs sommes séparés, au printemps peser leur volonté sur les décisio
1961, bon nombre de questions délicates et angois- Si ceux qui parlent de la famille d
santes sont apparues h l'horizon de la scène interna- communauté universelle des peup
tionale. L'enjeu de lîotre session est la paiX, sans ils devront reconnaftre que ce
laquellé- aû,auiG'e des :réalisations du XXème siècle ne nations, si faible que soit la puiss
pourra s'accomplir. Mais, malgré les difficultés, les laquelle elles s'appuient, c~est l
si nOUS évaluons la réalité en termes de puissance des biens mêmes sans lesquels la paix n'a pas de
militaire ou économique; mais, par un trait singulier sens.
de l'esprit de son peuple, 'liUruguay a fait de la lutte
pour le droit et pour la paix un véritable culte na- 86. Si nous luttons pour la paix et si nous sommes
tional. Peut-être ses origines hispaniques ont-elle disposés ~ n'épargner aucun effort pour atteindre cet
donné au peuple uruguayen une sensibilité particu- objectif, c'est parce que la paix est pour l'homme la
liêre qui le voue h la défense des grandes causes conditi9n nécessaire d'une vie digne et libre. Il ne
universelles, le sentiment d'une mission - et par saurait y avoir de paix au prix de la dignité humaine.
définition la mission doit se remplir au profit de La paix, il ne faut pas l'Qublier, n'est pas la fin
tous -, sentiment qui, a fait autrefois la gloire et la derniêre. Ce n'est qu'un moyen d'atteindre ce qui
splendeur de la mêre patrie; peut-être le dOUloureux est en fin de compte le but suprême: le bonheur de
apprentissage qu'a représenté pour noUs la lutte pour l'humanité, la plênitude d'une vie libre. C'est pour-
l'indépendance, lutte qui s'est poursuivie bien ap~~s quoi nous ne pourrions jamais approuver une pré-
la reconnaissance officielle de cette indépendanc~~ tendue coexistence pacifique qui implique l'accep-
nous a-t-il fait éprouver plus quf~ tout autre la tation ou la reconnaissance de l'asservissement des
nécessité d'un monde régi par des normes de paci- peuples et des nations. Cette fausse coexistence paci-
fique vie en commun. Quoi qu'il en soit, n9us réaf- fique n'est pas la paix; ce n'en est que la caricature
firmons aujourd'hui notre foi dans les principes que tragique. Si la paix suppose un ordre, cet ordre ne
nOus avons toujours professés: le rêglement pacifique peut être que celui de la liberté et de la justice. La
des conflits, la valeur de l'arbitrage, le respect des justice et la paiX sont inséparables. La paix est
rêgles internationales du droit et de la morale. Itœuvre de la justice.
84. li serait long d'énumérer tous les opstacles sé- 87. C'est pou:rquoi la contribution de nos peuples
rieux qui s'opposent aujourd'hv..! h la réalisation de A la cause de la paix n'aura de valeur que dans la
ce désir universel de paix et tîui maintiennent le mesure 00. nous serons capables d'instaurer dans
monde dans un état int~rmédiaire, la n guerre froide n , le monde des conditions de justice. Et la justice,
avec la méfiance, la crainte et la suspicion qu'elle qui consiste, en substance, pour reprendre une vieille
entrafue; ce serait long et en quelque sorte inutile, formule, h donner Achacun ce qu{ lui est da, suppose,
si l'on pense que le conflit, exprimant l'opposition dans l'ordre international, la reconnaissance de deux
des intérêts, parart être au cœur même de la vie principes fondamentaux.
internationale, comme l'opposition .des individus au
sein de la société nationale est le 'fondement même 88. Tout d'abord, chaque peuple, comme chaque indi-
de cette société. Ce n'est pas dans l'existence même vidu de chaque peuple, doit avoir la faculté de choisir
du conflit, si grave qu'il puisse parartre, que réside librement son destin; le principe de l' autodétermina-
la difficulté majeure. La difficulté majeure est que tion, qui, si on l'applique aux citoyens, ne signifie
la sociétê internationale n'a pas encore trouvé, pas autre choseq.Ue l'exercice par chacun des droits
malgré les immenses progrès réalisés au cours des naturels attachés Il ,,,sa condition d'homme, suppose,
10 derniêres années» les moyens qui permettraient appliqué ho ders peuples, que l'on affirme l'indépen-
de le résoudre, et cela tient h une raison assez dance, la souvèrainertê et l'égalité de chacun.
simple: il manque Ala communauté internationale la 89. Mon pays a été particulièrement sensible b. ce
conscience profonde de son unité, il manque aux problème. Au cours de conférences, dans des assem-
membres de cette communauté la conscience de leur blées, , par maintes initiatives, nous avons tenté
condition, c'est-A-dire la conscience de faire partie inlassablement d'élabt,rer un système de défense
d'un tout, l'acceptation inconditionnelle d'un bien efficace .des droits de l'hoIftme qui, sans porter
commun, commun au genre humain, de l'existence atteinte h la souveraineté des Etats, permette de
duquel dépend en définitive le bien de chacun de créer les co~di'tions nécessaires A leur (~ffective
ses membres. La dissolution de la communauté chré- mise en œuvre.
tienne, intervenue il y a plusieurs siêcles, a fait
perdre Al'Occident la conscience de son unité fonda- 90. Il reste encore bien du chemin ho faire. Si l'on
mentale, et avec elle la disparition du Seul plan com- considère que l,iOrganisation reçoit chaque année des
mUn sur lequel la discussion et le dialogue pouvaient milliers de pétitions qui dénoncent la violation des
se dérouler. Chaque nation a commencé b. se consi- droits dans toutes les parties du mon.de, et qu'elle
dêrercomme une fin en soi,A consacrer la pratique ne peut que les classer dans ses archives, il apparart
de l'égol'sme national, A ériger la raison d'Etat en clairement que ce que nous avons accompli jusqu'ici
règle et en critêre de ses actions. Après la dispa- est bien loin de rêpondre aux espérances profondes,
rition du fonds commun de croyances et ete valeurs encore que peut-être prématurées, des peuples oppri-
qui constituait la citadelle de notre civilisation, il més du monde entier. Cependant, comme le dit le
,n'y avait plus d'obstacle capable d'arrêter le dêve- préambt.t1e de la Déclaration de Paris!!, la recon-
loppemet.t asservissant d'une politique de pouvoir qui, naissance de la dignité inhêrenteA tous les membres
fondée sur l'idée de la souveraineté absolue, rejetant de la famille humaine et de leurs droits égaux et
toute sujétion ho une règle morale, devait conduire inaliénables constitue le fondement de la liberté, de
l'humal\ité aux grandes catastrophes du siècle. la justice et de la paix dans le monde.
85. Les cicatrices matérielles de cette dévastation se 91. En ce qui concerne les peuples, je voudrais rap-
C

sont graduellement effacées, mais leurs effets se peler que l'Uruguay, comme ses frêres du continent
manifestent encore sur le plan spirituel. Dans de
vastes régions de la terre, les valeurs de la civili- y Voir le premier alinéa du pr~ambule de la DéclaX'ation universelle
sation chrétienne, qui sont en fin de compte les des droits de 11 homme"
être et nOus ne sauri ons pas plus y renon cer qu'h appar tient au monde du "sous-dévelop
notre être même . on dit. L'interdépendance étroit e des
monde moderne; le manque de resso u
92. Dans nos accor ds intera méric ains, nous avons ou de capitaux pour les explo iter; le co
affirm é avec emphase le droit absolu des peupl es h nomique, qui, aujourd'hui encor e, réd
dispo ser d'eux -mêm es, h chois ir librem ent leurs au rÔle de greni ers ou de simpl e
institutions politiques, h assur er leur indépendance matiè res prem ières des puiss ance
économique et ~ vivre leur vie socia le et cultu relle les énorm es difficultés que ces pays
propr e, sans l'inte rvent ion direc te ou indire cte d'aucun leur développement indus triel, h mo
Etat ou groupe d'Eta ts, et plus partic ulière ment sans au prix du sacrif ice des génér atio
l'ingé rence d'aucune forme de totali tarism e. Mon pays faible produ ctivit é dont souffrent de
l'este ra fidèle h ce princ ipe, quelles que soien t les du monde, et ne leur perm et pas de sou
difficultés qui, en certa ines circo nstan ces, peuvent rence sur le march é mondial, sinon
résul ter de son application. ventions coftteuses, suppo rtées en f
93. Ensui te, comme corol laire logique, car en fin de les class es popul aires; tous ces é
compte il n'y a qu'un moyen d'exe rcer effect iveme nt d'aut res encor e, rende nt absolume
le droit d'auto déter minat ion, mon pays affirm e une fois le développement d'une coopération p
de plus du ha.ut de cette tribun e le principe de non- les nations. Car, de même qu'au se
intervention, qui est un des princ ipes fondamentaux ciété la concentration injuste des ric
de la Chart e comme de notre systè me intera roéric ain, mains de quelques-uns a privé les m
et garan tit la souve raine té et l'inté grité des peupl es. de leur droit natur el de profi ter des b
La réaffi rmàti on de la valeu r inconditionnelle de ce pour le profi t et le servi ce de tous, d
principe est peut- être aujou rd'hu i plus néces saire que socié té intern ationa le, un proce ssus
jamai s, aujou rd'hu i ob aux forme s classi ques de la développé, qui a eu pour effet de div
violence ont succédé les forme s de la guerr e révol u- nations riche s et puiss antes et en
tionnaire, qui, fomentée de l'exté rieur , cherc he h pauvr es. Le probl ème de la juste
domi ner les pays en désin tégra nt leur âme, en leur riche sses, le problème de la foncti
arrac hant leur religi on et leurs croyances tradit ion- propr iété se pose aujourd'hui h l'é
nelles , en affaib lissan t leur économie, en désor ga- et ces même s raiso ns qui justif ien
nisan t leur systè me de production et en boule versa nt leur pays, luttent pour obten ir cette
leur ordre intéri eur. jUstifient égale ment les pays sous- dé
clame nt aux pays indus trialis és u
94. Mais la justic e, qui est le noyau et le fondement complète. Il faut comprendre une
de la paix, ne se borne pas h la défense des libert és si l'on ne veut pas que la catas trop
de l'hom me et des collec tivité s. Puisque la libert é est tous, que cette coopération n'est pas
un bien indispensable au développement harmonieux de et que l'exig er n'est pas mend ier.
la perso nnali té humaine, la condition humaine exige tons vraim ent memb res d'une com
avant tout que l'on fasse h ses besoi ns maté riels tionale, s'il existe entre tous les ê
l'atten tion qu'il se doit. Sans la vie du corps , ilue solid arité fondamentale, solid arité d
saura it y avoir de vie de l'espr it, dont le corps~est et de destin , les nations haute men
le véhicule et l'inst rume nt. C'est préci séme nt lh le devoi r, l'obli gation natur elle dev
que doit comm encer la libert é, par la libéra tion de la de leurs frère s qui sont aux prise
misèr e, de l'igno rance et du déses poir ob nous plon- la maladie ou l'igno rance . De la pa
gent cette misè re et cette ignorance. La démo cratie , dental, auquel nous appartenons, c
si elle souhaite triom pher et durer , doit être authe n- irrép arabl e que de perm ettre h ce p
tique et intég rale, elle doit être socia le, puisque son tionn aire, qui se pours uit inexo rabl
but, qui fait aussi sa grand eur, n'est autre que la les régio ns du monde, d'être . plus
complète félici té de l'hom me. profit , comme c'est actue lleme nt le
95. Nous assist ons aujourd"hui aux conséquences ul- blocs , qui jouent impunément ce at
times de la grand e révolution indtls trielle qui, en devoi r d'Occidentaux - car enfin l'i
augmentant la produ ctivit é du trava il, et parta nt le ciale est une idée occidentale - est
volume de la production, a perm is aux mass es popu- h cette grande révolution de notre
laires l'accè s aux biens maté riels et spirit uels de riser , et, finalement, d'en prend re
la civili sation , biens jusqu e-lh réser vés h une infime 97. Nous pouvons aujourd'hui con
mino rité. L'asc ensio n de ce "quat rième état" jusqu 'h faction que les prem iers pas son
des niveaux de vie autre fois réser vés aux élites , la voie. Dans mon pays, lors de la Con
revendication par ces mass es populaires d'une distri - de Punta deI Este, les république
bution plus juste des l'iche sses entre toutes les class es un exemple de coopé ration sans pré
socia les, leur préte ntion , logique, de partic iper h la toire, ont décidé de const ituer entre
gestion des socié tés const ituen t une évolu tionh eureu - pour le progr ès", pour assur er h l
seme nt irrév ersib le, dont aucune philosophie politique la libert é et le respe ct des inst
ou socia le réact ionna ire ne pourr ait, h l'étap e actue lle, tique s, un niveau de vie plus élevé
refus er de tenir comp te. accél érer leur développement éco
96. Mais la satisf actio n de ces exige nces d'un mini-
garan tir aux trava illeur s une ju
mUm de justic e socia le, la partic ipatio n de tous les et vainc re une fois pour toutes la m
mem bres de la socié té h la jouissance des biens ma- et la maladie.
effoctives A la cause de la paix. Ce que les Nations rien ne saurait être plus absurde. Il importe du moi
Unies ont fait pendant cette période, et - ce qui est que, posant en principe la droiture et la loyauté d
peut-être plus important encore - ce qu'elles ont intentions et des procédés, et conscients d'apparten
réussi Aéviter en jouant un rôle qu.~, pour être néga- A cett~ organisation, qui constitue une entité aux fi
tif, n'en était pas moins essentiel, justifie dans une propres, dont la permanence nous concerne et no
large mesure, de mêm( que les progrès accomplis intéresse tous, on ne néglige aucune des riches po
dans le domaine économique, le domaine social et le sibilités qu'elle offre pour le règlement pacifique d
domaine humain, les espoirs que le monde entier a différends. Dans ce domaine, les nations petites
mis dans notre organisation. moyennes peuvent jouer un grand rôle. Mais s
99. Il est vrai que les Nations Unies n'ont pas modifié comme nous l'avons dit, nous refusons absolument
les données du conflit qui oppose les deux blocs qui reconnaftre la légitimité morale d'une prétend
se partagent aujourd'hui le monde, ni changé le sens "coexistence pacifique", telle qu'elle ressortdesfaJ
de la politique internationale de notre temps. Peut- et des intentions, nous pouvons en revanche, Apar
être l'idée qui a présidé h leur création n'était-elle de cette réalité, entreprendre d'édifier une véritab
pas non plus si ambitieuse. Mais elles 'ont facilité le politique de paix. Quand il n'y a pas d'autre cho
dialogue entre ces deux blocs, elles ont jeté un pont que la guerre totale ou la négociation, le dialogue
qui, pour fragile qU'il paraisse en ce moment, n'en le choc, l'option ne paraft pas difficile. En tout ét
est pas moins un pont, une possibilité, une espérance. de cause, réussir h différer un conflit est, en un ce
tain sens, aider A le résoudre. Car l'avenir n'a
100. Notre tâche primordiale est précisément d'em- partient pas aux hommes, il n'appartient qu'A Die
pêcher la politique des blocs de se prolonger jusqu'ici,
de favoriser le développement d'une sorte d' "esprit La séance est levée à 17 b 5.

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Litho ln UoN• 77002-November 1962-8

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