Introduction Au Droit Des Societes Commerciales

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Animateur: prof. D. NZOUABETH, Agrégé de Droit privé et des Sciences criminelles, UCAD.

DROIT DES GROUPEMENTS D’AFFAIRES


Animateur:

Prof. D. NZOUABETH, Agrégé de Droit privé et des Sciences criminelles

Faculté des Sciences Juridiques et Politiques, UCAD

INTRODUCTION GENERALE
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Un entrepreneur individuel, aussi riche soit-il ne peut, seul, faire face aux exigences
de l’activité économique moderne. Ainsi, à la place de l’entrepreneur individuel qui,
pendant longtemps, a exercé seul son activité, s’installe de plus en plus une
collectivisation de l’activité économique en général, de l’activité commerciale en
particulier par la création de groupements d’affaires dont les plus connus sont les
sociétés commerciales. Cette situation apparaît d’ailleurs de manière plus flagrante
au travers des multiples rapprochements de sociétés, de la création de groupes de
sociétés, de la conclusion de contrats de joint-venture ou encore de la mise en place
de consortiums d’entreprises.

Le droit des sociétés peut être considéré comme l'ensemble des règles juridiques qui
régissent la vie des sociétés de leur naissance (on parle de création) à leur mort
(liquidation), en passant par les différentes étapes de leur fonctionnement et de leur
transformation. Les regroupements commerciaux et plus spécialement les sociétés
commerciales, jouent un rôle prépondérant dans l’économie d’un Etat.

L’intérêt de la forme sociétaire par rapport à celle de l’entreprise individuelle est de


plusieurs ordres.

1. intérêt lié à la perpétuité des activités de l’entreprise


Le choix d’être en société permet une certaine pérennité car l’entreprise va être
déconnectée des personnes qui l’animent, parfois en cas de décès de l’entrepreneur,
l’entreprise allait être partagée entre tous les associés en indivision, ce qui était
difficile et entraînait presque la mort de l’entreprise. Si l’entreprise est constituée en
société même en cas de décès de l’entrepreneur, elle va continuer à vivre
déconnectée car les héritiers vont seulement récupérer des parts sociales.

2. intérêt lié à souplesse dans le cadre de la transmission


successorale
La forme sociale présente un intérêt de souplesse dans le cadre de la transmission
successorale de l’entreprise. Le décès de l’entrepreneur individuel marque souvent la
fin de l’entreprise qui serait soumise aux aléas de la liquidation et du partage,
dangereux pour sa stabilité ou sa pérennité, même avec les avantages conférés par
le régime de l’attribution préférentielle. En revanche, grâce à la structure sociale de
l’entreprise, la transmission successorale porte sur les droits sociaux, parts sociales
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ou actions, qui peuvent être partagées sans que l’unité de l’entreprise sociale ne soit
remise en cause.

3. intérêt lié à la capacité à mobiliser les capitaux


La société permet de réunir des moyens plus importants car il y a plusieurs
participants. La société possède aussi une capacité à rassembler les capitaux. Cela
est assez efficace, notamment dans l’hypothèse où la société est admise à faire
appel public à l’épargne.

4. intérêt fiscal
Une société est soumise à l’impôt sur les sociétés qui a un taux plus abordable que
celui qu’un commerçant personne physique est tenu de payer. L’impôt étant
progressif, plus les bénéfices sont importants, plus l’imposition est élevée. Par
ailleurs, la cession de l’entreprise ayant revêtu la forme sociale est aussi plus
intéressante fiscalement que celle de l’entreprise individuelle. S’agissant d’une
société, la fiscalité est moins lourde. L’Etat favorise même certains types de société
pour des raisons économiques. Ainsi les S.A et les SARL ont un régime fiscal plus
avantageux. Elles sont soumises à l’impôt sur les sociétés alors que les sociétés de
personnes telles que la SNC ont, en principe, un statut fiscal comparable à celui des
entreprises individuelles.

5. intérêt financier
La société étant une technique de financement, une personne peut avoir sa propre
entreprise et à mesure que celle-ci se développe, les besoins en capitaux
augmentent, l’entreprise devra recourir au crédit bancaire, voire faire appel au
marché financier. Les risques financiers vont s’accroître avec leur répercussion sur le
patrimoine ; à un stade de développement, la fortune d’une personne ou d’une
famille ne suffit plus.

D’une manière générale, les règles applicables dans la plupart des pays d’Afrique
noire francophone en matière de sociétés commerciales portent la marque de
l’héritage de la puissance mandataire ou coloniale, à savoir le droit français d’avant
les indépendances. Depuis l’indépendance, peu de choses ont été modifiées dans la
législation sur les sociétés commerciales léguée par la France pour la plupart des
Etats d’Afrique noire francophone.
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C’est donc à juste titre que le législateur OHADA a entendu, dans son espace,
réhabiliter les sociétés commerciales, à travers l’adoption d’un Acte Uniforme relatif
au droit des sociétés commerciales et du GIE.

A travers cet Acte Uniforme, il a remanié considérablement un droit des Sociétés


datant de plus d’un siècle tout en prévoyant des dispositions pertinentes pour
assurer une transition entre l’ancien droit et le nouveau droit. En effet un délai de
deux (02) ans est prévu pour permettre une mise en harmonie avec les dispositions
de l’AU, soit par amendement aux Statuts anciens, soit par adoption de nouveaux
Statuts conformes. Désormais, une société commerciale peut être créée par une
seule personne appelée « associé unique » par acte écrit. Les structures sociétaires
classiques (SA, SARL, SNC, SCS) sont maintenues. Le siège social d’une société
commerciale ne peut plus être une domiciliation à une boîte postale; il doit être
localisé par une adresse géographique assez précise. Le Groupement d’Intérêt
Economique (GIE) est reconnu ainsi que la notion de groupe de societies. La société
peut être constituée par des apports de diverses natures et la responsabilité civile
des dirigeants sociaux est définie. En outre, cet Acte uniforme est marqué par des
dispositions relatives à la vérification des apports en nature et des avantages
particuliers, au contrôle et à la certification des comptes, aux procédures d’alerte etc.
qui devront concourir à l’amélioration de l’information et de la sécurité des
partenaires de l’entreprise. Les sociétés sont pour l'économie d'un pays ce que sont
les poumons pour la vie d'un homme. Conscient de leur importance vitale pour la
prospérité de nos pays, le législateur OHADA revoit et corrige complètement le droit
jusque-là applicable à ces groupements d'affaires. C'est d'une véritable réforme qu'il
s'agit. Il s'agit d'une part d'une réforme d'ordre structurel. Tirant les conséquences de
son peu d'efficacité pratique, le législateur OHADA supprime la société en
commandite par actions. En revanche répondant au besoin de la pratique et de la
jurisprudence des affaires, il porte aux fonds baptismaux, à côté des sociétés déjà
connues (S.N.C., S.C.S., SA.R.L. et S.A.) dans la plupart des pays membres de
l'OHADA, la société de fait, la société en participation, les groupes de sociétés et le
groupement d'intérêt économique. Il s'agit d'autre part d'une réforme d'ordre
fonctionnel.

Deux soucis animent le législateur: simplicité et sécurité. A la recherche de la


simplicité et de la souplesse dans les affaires, le législateur permet, tantôt la
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formation d'une S.A.R.L. ou d'une S.A. unipersonnelle, tantôt la création, à côté de la


S.A. classique avec Conseil d’Administration., une S.A. avec Président Directeur
Général ou même avec Administrateur Général. Le besoin de sécurité l'amène par
ailleurs à améliorer le contrôle de la gestion des sociétés. Cela se traduit par
l'institution de procédures nouvelles (procédure d'alerte et d'expertise de gestion) et
l'amélioration de l'information des associés (questions écrites, qualité et quantité des
documents mis à disposition ...).Ce nouveau droit des sociétés, plus moderne, plus
démocratique, devrait contribuer à la relance des économies des pays africains
membres de l'OHADA en suscitant davantage d'investissements nationaux et
étrangers.

L’Acte uniforme relatif au droit des Sociétés Commerciales et du GIE est le texte le
plus complet et le plus détaillé des Acte uniforme de l’OHADA. Il comporte en effet
920 articles répartis en quatre parties à savoir:

- les dispositions générales sur les sociétés commerciales

- les dispositions particulières aux sociétés commerciales

- les dispositions pénales

- les dispositions finales et transitoires.

Dans le cadre du présent cours, seules les deux premières parties retiendront notre
attention compte tenu de leur importance, étant bien entendu que l’essentiel des
dispositions transitoires est signalé plus haut et que les dispositions pénales font
référence quant aux sanctions à des textes applicables dans chaque Etat de
l’OHADA.

Ainsi, l’étude des groupements d’affaires sera abordée en trois titres:

Titre I: Le Droit Commun des sociétés commerciales;


Titre II: Le Droit Spécial des sociétés commerciales;
Titre III: Le GIE.
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