gage effets réalisation kassou

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LE GAGE, EFFETS

ET RÉALISATION
Master Juriste d’affaires

présenté par:
fatima azzahra kassou ouali
najoua fatih
mohamed boussahfa
sous l’appréciation de professeur:
rbii jamal

année universitaire: 2024/2025


Introduction :
« Le gage est l'une des formes les plus anciennes de garantie, à la croisée du droit et de la
pratique commerciale.1» Cette citation de François Terré, éminent juriste français, souligne
l'importance historique et pratique du gage dans le droit commun. En effet, le gage représente
non seulement un instrument juridique essentiel, mais aussi un mécanisme de protection des
créanciers. Le gage du droit commun est une figure juridique ancienne et fondamentale qui
constitue un mécanisme de garantie largement utilisé dans le cadre des obligations
contractuelles.

En droit commun, le gage est traditionnellement défini comme une sûreté réelle, consistant en
la remise d’un bien, souvent un bien meuble, par le débiteur au créancier pour garantir le
paiement d’une obligation. C’est une forme de garantie qui offre au créancier une sécurité
renforcée : en cas de défaillance du débiteur le créancier peut se faire payer sur le bien donné
en gage, après en avoir pris possession ou en ayant un droit de rétention sur celui-ci2. Cette
garantie s’inscrit dans le cadre des obligations et des contrats, où l’une des principales
préoccupations est de protéger les créanciers contre les risques d’insolvabilité des débiteurs.
Selon l’article 1184 DOC « Le gage confère au créancier le droit de retenir la chose engagée
jusqu'à parfait acquittement de la dette et de procéder à sa réalisation si l’obligation n’est
acquittée, conformément aux dispositions de la section IV du présent chapitre. 3 »

D’un point de vue doctrinal, plusieurs conditions doivent être réunies pour la validité du gage
: Un accord entre les parties (débiteur et créancier) sur l’objet du gage ; La remise matérielle
de l’objet gagé au créancier ou à un tiers convenu ; l’existence d’une créance principale garantie
par le gage.

Le gage se distingue des autres sûretés par sa nature réelle, c’est-à-dire qu’il confère au
créancier un droit sur le bien donné en garantie, en plus de son droit personnel contre le
débiteur. Il s’agit donc d’un mécanisme qui vient compléter l’obligation initiale tout en
renforçant la position du créancier dans les rapports contractuels.

1. Droit civil les obligations (13e édition) François Terré, Philippe Simler, François Chénedé, Yves Lequette Dalloz Precis 22
Septembre 2022

2. Droit des sûretés (8e édition) Christophe Albiges, Marie-Pierre Dumont Dalloz Hypercours 25 Août 2022

3. L’article 1184 DOC Maroc.


Le gage est directement lié au droit des obligations et des contrats, puisque sa raison d’être est
de garantir l’exécution d’une obligation contractuelle, le plus souvent une obligation de
paiement. Le contrat de gage est un contrat accessoire, dépendant d’une obligation principale,
généralement une dette. Ainsi, sans dette, il n’y a pas de gage, et inversement, si la dette est
éteinte, le gage l’est également 4.

Dans ce cadre, le gage peut être envisagé comme une sûreté conventionnelle 5, puisque sa mise
en œuvre résulte d’un accord entre les parties contractantes. Le droit des obligations impose
que les parties respectent les engagements qu’elles ont pris, et le gage est un outil par lequel le
créancier se prémunit contre l’éventualité d’une inexécution de ces engagements.

Historiquement, le gage a traversé les époques en s’adaptant aux différentes mutations


juridiques et économiques. Dès l’Antiquité, les sociétés ont compris la nécessité d’instituer des
mécanismes pour sécuriser les transactions et les engagements contractuels. Dans la Rome
antique, par exemple, le gage ou « pignus » était déjà une institution juridique reconnue, utilisée
pour garantir des créances en immobilisant des biens meubles. Au Moyen Âge, le gage a évolué
pour prendre en compte l’évolution des pratiques commerciales, tout en se cristallisant dans
les grands codes de lois tels que le Code Napoléon, qui en a fait l’un des piliers de la sûreté
réelle en droit civil6.

L’intérêt général du gage du droit commun réside dans sa capacité à préserver l’équilibre entre
les droits du créancier et ceux du débiteur. En effet, tout en offrant au créancier une sécurité
renforcée, il ne prive pas le débiteur de la propriété du bien gagé ; le débiteur conserve son
droit de propriété, bien que ce dernier soit restreint par l’existence du gage. De plus, l’efficacité
de ce mécanisme repose sur la simplicité et la rapidité de sa mise en œuvre : la possession du
bien par le créancier ou par un tiers désigné garantit que le débiteur ne peut pas frauduleusement
disposer du bien sans l’accord du créancier.

L’intérêt pratique du gage se manifeste également par sa souplesse il peut concerner différents
types de biens, tels que des objets mobiliers, des titres financiers, voire des créances. Cela
permet une large application dans les transactions commerciales et civiles. Par exemple, les

4. Le caractère accessoire des sûretés: théorie générale novembre 27, 2021 Aurélien Bamdé.

5. Fiche d'orientation le gage juillet 2023 Dalloz.

6 . Du gage en droit romain et en droit français : thèse par Louis Servin ; Faculté de droit de Paris.
commerçants peuvent recourir au gage pour garantir des crédits commerciaux, tandis que les
particuliers peuvent le faire pour garantir des prêts personnels.

Dans la pratique contemporaine, plusieurs exemples illustrent l’utilisation du gage comme outil
de sûreté. Par exemple le gage sur automobile Il est courant pour un particulier d’acheter une
voiture à crédit, en remettant celle-ci en gage à la banque ou à l’organisme prêteur. Tant que le
crédit n’est pas remboursé, l’automobile reste sous la garantie du créancier. En cas de défaut
de paiement, la banque peut saisir et vendre la voiture pour recouvrer la dette impayée.

Ou le gage de marchandises dans le cadre des transactions commerciales, il n’est pas rare que
des entreprises déposent leurs marchandises en gage auprès d’un créancier pour garantir un
prêt ou un crédit commercial. Les marchandises restent dans un entrepôt sous la supervision
du créancier, et ce dernier peut en disposer si l’entreprise ne rembourse pas son prêt.

Un autre exemple est celui des créances gagées, où un débiteur donne en garantie des créances
qu’il détient sur d’autres tiers. Par exemple, une entreprise qui détient des créances clients peut
les mettre en gage auprès d’une banque pour garantir un financement.

Et dans tous les cas Lorsqu’il est valablement formé, le gage impose des obligations aux parties
et accorde au créancier des droits qui réduisent le risque de non-paiement. Par ailleurs, en cas
de défaut de paiement du débiteur, le créancier peut réaliser le gage en se remboursant sur le
bien mis en gage, par sa vente ou son appropriation, afin de satisfaire la créance garantie.

Donc quels sont les effets du gage de droit commun sur les parties concernées et dans
quelles conditions peut-il être réalisé pour garantir les droits du créancier ?

Pour répondre à cette problématique, il convient de suivre le plan suivant :


Chapitre I : les effets du gage du droit commun
Section 1 : Les effets avant l’échéance
Section 2 : Les effets après l’échéance

Chapitre II : la réalisation du gage du droit commun


Section 1 : Les aspects juridiques et préparatoires de la
réalisation du gage
Section 2 : La mise en œuvre de la réalisation de gage
Chapitre Premier : les effets du gage
Régulièrement constitué, le gage fait peser sur les parties des obligations et confère au créancier
des droits, qui diminuent le risque de ne pas couvrir la dette.

Tous les effets du gage résultent de ce que cette sûreté rend le créancier gagiste détenteur de la
chose d'autrui, pour assurer son paiement par préférence si la chose doit être un jour vendue

En fait, les effets du gage vont différer suivant la chronologie du contrat : avant l'échéance de
la dette garantie ou après l’échéance.

1- Les effets avant l’échéance :

Lorsque le gage confère au gagiste la possession de la chose, la propriété de celle-ci reste au


constituant. Le gagiste a l’obligation principale de restituer la chose après paiement ; de là deux
conséquences

D'une part, il doit conserver la chose remise en gage (sauf si elle est périssable) et est donc
responsable de sa perte ou de sa détérioration imputable à sa négligence ; inversement, s'il a
fait des impenses sur la chose, il a droit à un remboursement si ces dépenses ont été nécessaires
ou utiles (art. 2343). D'autre part, il n'a pas le droit de jouir et d'user de la chose; mais, étant en
possession, il est le seul à pouvoir recevoir les fruits; il les perçoit donc, mais à charge de les
imputer sur les intérêts ou, à défaut, sur le capital de sa créance sauf convention contraire (art.
2345). Il n'a donc pas droit aux fruits car le gage n'est pas attributif de la jouissance (cependant,
les fruits pourraient lui être attribués sans imputation sur sa créance, mais à un autre titre, par
exemple un complément d'intérêts). Le créancier gagiste n'a pas davantage le pouvoir de faire
des actes d'administration relatifs au gage : c'est le constituant qui conserve ce pouvoir sauf
convention contraire mais il ne doit pas l'exercer de manière telle que le gage perde sa valeur

 Obligation de conserver la chose :

L’article 1204 de la loi 21-18 sur les sûretés mobilières dispose que « Le créancier gagiste ou
le tiers détenteur convenu entre les parties, doit veiller à la garde et à la conservation de la
chose gagée en sa possession avec la même diligence avec laquelle il conserve ses propres
biens. Le constituant doit rembourser au créancier ou au tiers détenteur les frais nécessaires
que celui-ci a déboursés pour la conservation de la chose gagée. »
De là, avant l’exigibilité de la créance, le créancier gagiste doit satisfaire plusieurs obligations
justifiées essentiellement par la présence du bien en sa possession. D’une part, il doit assurer
la garde et la conservation avec la même diligence avec laquelle il conserve ses propres biens.
Mais les frais de conservation sont à la charge du constituant.

S’il y a perte et détérioration du bien gagé, provenant de son fait, de sa faute, ou de ceux des
personnes dont il est responsable, il engage sa responsabilité et doit en répondre. Si le bien
gagé risque de se détériorer ou de se dépérir, le créancier gagiste doit en avertir aussitôt le
constituant. Celui-ci peut retirer le gage et lui en substituer un autre d'égale valeur 7

Cependant, le créancier gagiste ne répond pas du cas fortuit et de la force majeure, à moins que
ces derniers se soient produits après sa mise en demeure ou en raison de sa faute. De même, la
responsabilité du créancier cesse si le débiteur qui a acquitté la dette est en demeure de recevoir
le gage que le créancier a mis à sa disposition, ou s'il a prié le créancier de garder encore le
gage ; dans ces cas, le créancier ne répond plus que comme simple dépositaire (DOC, art.
1213).

Dans ce cadre, le créancier assume une obligation d’information lorsque les choses gagées
ou leurs produits menacent de se détériorer ou de se dépérir. En effet, il doit avertir aussitôt le
constituant. Celui-ci peut retirer le gage et lui en substituer un autre d'égale valeur. Tout abus,
négligence ou mise en péril du bien gagé de la part du créancier, permet au constituant de
prendre l’une des décisions prévues par l’article 1208 du DOC à savoir : demander que le gage
soit remis dans les mains d'un tiers dépositaire, sauf son recours en dommages contre le
créancier ; contraindre le créancier à remettre les choses en l'état où elles se trouvaient au
moment où le gage a été constitué ; exiger la restitution du gage en remboursant la dette, encore
que l'échéance ne soit pas arrivée. 8

En effet, la dépossession, qui fait perdre au constituant une partie de ses prérogatives sur la
chose donnée en gage, ne les confère pas pour autant au créancier , qui dispose, en sa qualité
de dépositaire de cette chose jusqu’à restitution, du seul pouvoir de la garder et conserver, sans
acquérir celui d’en user et de l’administrer9

7
Article 1206, DOC
8
Rbii Jamal, « Réaliser un gage mobilier de droit commun », 11 mai 2021
9
Com. 12 juill. 2005 , Bull. civ. IV, n° 175. La Cour de cassation en a déduit que le souscripteur de la police
d’assurance-vie nantie conservait, à titre de principe, la liberté de gérer les avoirs qu’il avait investis et qu’en
l’absence de stipulation expresse l’y autorisant, le créancier s’opposait donc fautivement à l’exécution de
l’ordre donné par le souscripteur
Droit de jouir des fruits :

L’obligation de conservation n’empêche pas de percevoir des fruits. À moins qu'une stipulation
contraire ne soit prévue, les fruits, produits et accessoires des biens donnés en gage ou en
nantissement font partie de la garantie constituée et sont réputés inclus dans celle-ci dès la date
de constitution du gage ou du nantissement.10

 Droit d’usage non permis :

Les règles et les conséquences liées à l'utilisation du bien donné en gage par le créancier sont
comprises dans l’article 1207 qui précise que : Le créancier ne peut faire usage de la chose
donnée en gage, ni constituer un sous gage sur la chose, ni en disposer d'aucune autre manière
dans son intérêt personnel, sauf stipulation contraire dans l’acte de constitution ou s'il n'y est
expressément autorisé par le constituant. En cas de contravention, il répond même du cas
fortuit, sans préjudice des dommages-intérêts du débiteur ou du tiers bailleur de gage

Le créancier n'est pas autorisé à utiliser le gage, à constituer un sous-gage, ou à en disposer à


des fins personnelles sans autorisation expresse. À défaut, le constituant peut exercer l'une des
options prévues par l'article 1208 du DOC :

 demander que le gage soit confié à un tiers dépositaire, tout en conservant son droit de
recours en dommages-intérêts contre le créancier ;

 contraindre le créancier à remettre le bien dans son état initial, c’est-à-dire tel qu’il était
lors de la constitution du gage ;

 exiger la restitution du gage en s’acquittant de la dette, même si celle-ci n'est pas encore
échue.

De plus, en cas de procédure collective à laquelle le débiteur est soumis, le créancier gagiste
doit déclarer sa créance au syndic si celle-ci est antérieure au jugement d’ouverture. Étant
donné que le gage n'est pas publié, le créancier gagiste sera informé par le syndic uniquement
s'il est connu de celui-ci ou s’il figure sur la liste fournie par le débiteur 11 (C. com., art. 719).
À partir du jugement d’ouverture, il sera interdit au créancier gagiste d'engager toute poursuite
individuelle ou action d'exécution.

10
Article 1200, DOC
11
Article 719, Code de commerce
Il faut noter que le débiteur peut donner un même bien en garantie à plusieurs créanciers.
Lorsqu’un créancier détient un gage de premier rang, il est prioritaire sur les autres pour se
faire rembourser en cas de vente du bien. En constituant un gage de deuxième rang, le débiteur
autorise un second créancier à bénéficier du même bien comme garantie, mais celui-ci sera
remboursé uniquement après le premier créancier en cas de saisie ou de vente. Le créancier de
premier rang n’a pas besoin de consentir explicitement au second gage pour que celui-ci soit
valide. Cependant, une fois qu'il est notifié de l’existence du gage de deuxième rang, il doit
désormais tenir compte de cet autre créancier. 12 En d’autres termes, le créancier de premier
rang doit agir en "détenteur du gage" pour les deux créanciers. Si une vente forcée est
nécessaire, le premier créancier doit d’abord rembourser sa propre créance, puis transférer le
reliquat au second créancier selon la priorité établie.

 Changement d’assiette du gage

Dans certains cas, l’assiette du gage peut changer par une sorte de subrogation réelle. Il en
est ainsi lorsqu’une indemnité est due par un tiers en raison de la détérioration ou de la
perte du bien gagé ou lorsque le bien est exproprié pour cause d’utilité publique.

Dans ces situations, le créancier est autorisé à prendre toutes mesures conservatoires de son
droit sur le montant des indemnités.

Par ailleurs, le créancier aura le droit d’exiger une sûreté supplémentaire, si la perte ou la
détérioration provient d’une cause qui ne lui est pas imputable. Pour ce faire, il faut une
clause qui prévoie cette possibilité. Le législateur dans ce cas n’a pas prévu la déchéance
du terme de la créance. Cette déchéance est possible, en revanche, dans le cas où la perte
ou la détérioration provient du fait du débiteur. Dans ce sens, l’article 1183 du DOC donne
au créancier le droit d’exiger le paiement immédiat de la créance mais à condition que le
débiteur ne lui offre pas une autre garantie équivalente ou un supplément de sûreté.13

12
Article 1228
13
Article 1183, DOC
2- Les effets après l’échéance :

Elle octroie au créancier gagiste le droit de retenir la chose gagée jusqu’au paiement intégral
de sa créance et le droit de se faire payer par préférence aux autres créanciers sur la valeur du
bien gagé ou de se faire attribuer ce dernier en paiement

Un droit de préférence

Le "droit de préférence" est l'avantage que détiennent certains créanciers limitativement


désignés par la loi d'être payés avant d'autres créanciers. La notion de droit préférentiel a été
définie comme visant « tout droit susceptible de conférer à son titulaire une facilité plus grande
dans la perception de sa créance »14

Lorsqu'un débiteur solidaire ou un cohéritier a payé sa part de la dette commune, il ne peut pas
réclamer la restitution de la chose donnée en garantie (gage ou nantissement) tant que la totalité
de la dette n'a pas été remboursée. En d'autres termes, même s'il a réglé sa portion de la dette,
la garantie reste entre les mains du créancier jusqu'à ce que tous les débiteurs solidaires ou
cohéritiers aient payé leur part.

De manière réciproque, lorsqu'un créancier solidaire ou un cohéritier a reçu sa part de la


créance, il ne peut pas restituer le bien mis en gage ou en nantissement si cela va à l'encontre
des droits des autres créanciers ou cohéritiers qui n'ont pas encore été intégralement
remboursés. En effet, la garantie reste entière pour protéger les créanciers restants jusqu'à ce
que la créance soit entièrement payée. 15

Également, la Cour de Cassation a confirmé que le gage confère au créancier gagiste le droit
de procéder à la réalisation du gage et à être payé en priorité, quand bien même s’il existe des
créanciers opposants qui disposent d’une décision qui valide la saisie du bien donné en
garantie16

Ainsi, le législateur permet de constituer plusieurs gages sur le même bien. Dans ce cas, le
premier créancier gagiste de premier rang détient le gage pour le compte des créanciers gagistes
de rangs inférieurs. Pour déterminer le rang des créanciers et faute d’ inscription sur un registre

14
Dictionnaire juridique de Serge Braudo
15
Article 1202 DOC
16
Cour de cassation, 20 mars 2006 - N°1273/3/1/2001; 302
ou sur un livre, le législateur prend comme critère la date de le la convention de gage. Dans ce
sens, l’article 1229 du DOC prévoit que : « entre créanciers gagistes, le rang est déterminé par
la date de l'acte constitutif du nantissement. Les créanciers gagistes de même rang viennent par
égales portions sur le prix ». Toutefois, ces règles ne sont pas d’ordre public si bien que les
parties peuvent y déroger par des conventions particluières. 17

 Droit de rétention :

Le législateur marocain a posé une définition au droit de rétention, au sens de l’article 291 du
DOC : « Le droit de rétention est celui de posséder la chose appartenant au débiteur, et de ne
s'en dessaisir qu'après payement de ce qui est dû au créancier. Il ne peut être exercé que dans
les cas spécialement établis par la loi ».

Ce droit de rétention accordé à « celui à qui la chose a été remise jusqu’au paiement de sa
créance » jouit d’une très large opposabilité. Il peut paralyser les prétentions du constituant,
d’un acquéreur du bien gagé (la dépossession du constituant ne le prive pas de son droit de
propriété, partant de la faculté de vendre le bien grevé), du véritable propriétaire (notamment
un vendeur bénéficiaire d’une clause de réserve de propriété), des créanciers du constituant,
chirographaires ou privilégiés, même ceux dont le privilège prime normalement le droit de
préférence du gagiste18 .

En d’autres termes, le droit de rétention protège le créancier gagiste de l’aliénation de la chose


dans la mesure où il peut refuser de remettre celle-ci à l’acquéreur. De même, le créancier
gagiste a le droit de refuser la restitution de la chose au constituant tant qu’il n’est pas payé.
Ainsi, le droit de retenir la chose gagée facilite la réalisation du gage. Cela dit, le créancier n'a
pas le droit de retenir le gage du chef de ses autres créances contre le débiteur, qu'elles soient
postérieures ou antérieures à la constitution du gage, à moins qu'il n'ait été convenu que le gage
devait servir à garantir aussi ces créances 19 (DOC, art. 1203).

obligation de remboursement :

Si le créancier a effectué des impenses sur le gage, le débiteur est tenu, en recevant le gage, de
faire raison au créancier :

17
Rbii Jamal, « Réaliser un gage mobilier de droit commun », 11 mai 2021
18
Bourassin, Manuella, « Droit des sûretés », Ed. 8 Dalloz, 2024
19
Rbii Jamal, « Réaliser un gage mobilier de droit commun », 11 mai 2021, p4
 Des dépenses nécessaires faites pour la conservation du gage, ainsi que des
contributions et charges publiques que le créancier aurait acquittées. Le créancier peut
enlever les améliorations par lui faites, pourvu que ce soit sans dommages ;
 Des dommages produits au créancier par la chose, s'ils ne sont imputables à la faute de
ce dernier. 20

 Obligation de restitution

Conformément à l'article 1209 du DOC, une fois la dette remboursée, le créancier gagiste est
tenu de restituer le bien gagé avec ses accessoires, y compris les fruits, ou de rembourser la
valeur correspondante.

Il est également possible d'envisager une libération ou réalisation partielle du gage en cas de
paiement partiel de la créance. L'article 1201 prévoit ainsi que le créancier et le constituant
peuvent convenir d'une mainlevée totale ou partielle du gage en fonction de l'avancement de
l'exécution de l'obligation. Une mainlevée peut ainsi être accordée au constituant de manière
proportionnelle à la part de l'obligation exécutée. En outre, si les biens gagés sont subdivisés
de manière à ce que chacun garantisse une fraction de la créance, le débiteur peut récupérer le
bien correspondant à la portion de la dette déjà remboursée, imposant ainsi la restitution au
créancier gagiste.

Pour certaines modalités de réalisation, comme l’attribution conventionnelle du bien ou sa


vente amiable, la valeur du bien gagé doit être déterminée soit par un accord entre créancier et
constituant, soit, à défaut, par un expert désigné par les parties ou par ordonnance du juge des
référés en cas de désaccord.

En cas de réalisation par voie extra-judiciaire (attribution conventionnelle, vente de gré à gré,
ou vente aux enchères par un privé), le créancier doit ouvrir un compte bancaire auprès d'un
établissement agréé si plusieurs créanciers ont des droits de paiement. Le produit de la
réalisation ou la différence entre le montant de la créance et la valeur du bien y est alors déposé.

Les créanciers gagistes sont ensuite payés selon leur rang : les créanciers de rang supérieur sont
payés en priorité, suivis des autres créanciers dans l'ordre des rangs respectifs. Une fois ces

20
Article 1216, DOC
créanciers satisfaits, les fonds restants reviennent au créancier ayant réalisé le gage dans la
limite de sa créance. Le créancier doit finalement produire un compte-rendu de la réalisation
du gage pour le débiteur, accompagné de pièces justificatives en cas de vente.

Un autre effet qui pourra prendre lieu sera l’extinction du gage. Le gage s’éteint en principe
par voie accessoire lorsque la créance garantie s’éteint elle-même.

En tant que contrat accessoire, c’est la raison pour laquelle il doit prendre fin en même temps
que l’obligation principale qu’il garantit. A partir du moment où la créance disparait, le contrat
de gage s’éteint et le créancier gagiste doit restituer la chose si elle est en sa possession.

Dans ce sens, l’article 1233 du DOC prévoit que la nullité de l'obligation principale entraîne la
nullité du gage. L’article 319 précise que les obligations s'éteignent par :

1. Le payement;

2. L'impossibilité de l'exécution;

3. La remise volontaire;

4. La novation, qui est La novation est l'extinction d'une obligation moyennant la constitution
d'une obligation nouvelle qui lui est substituée. La novation ne se présume point; il faut que la
volonté de l'opérer soit exprimée.21

5. La compensation; s'opère, lorsque les parties sont réciproquement et personnellement


créancières et débitrices l'une de l'autre. Elle n'a pas lieu entre musulmans, dans le cas où elle
constituerait une violation de la loi religieuse. 22

6. La confusion est orsque les qualités de créancier et de débiteur d'une même obligation se
réunissent dans la même personne, il se produit une confusion de droits qui fait cesser le rapport
de créancier et débiteur.23

7. La prescription;

21
Article 342, DOC
22
Article 357, DOC
23
Article 369, DOC
8. La résiliation volontaire, qui ne pourra avoir effet si le corps certain qui a fait l'objet du
contrat a péri, a été détérioré ou s'il a été dénaturé par le travail de l'homme; Si les parties ne
peuvent, pour toute autre cause, se restituer exactement ce qu'elles ont reçu l'une de l'autre, à
moins, dans les deux cas précédents, que les parties ne conviennent de compenser la différence.
24

Le gage ou le nantissement s'éteint aussi, indépendamment de l'obligation principale :

1. Par la renonciation du créancier gagiste ou nanti au gage ou au nantissement ;

2. Par la destruction totale de la chose donnée en gage ou en nantissement ;

3. Par la confusion ;

4. Par la résolution du droit de la partie qui a constitué le gage ;

5. Par l'expiration du terme du gage ou du nantissement ou l'événement de la condition


résolutoire sous laquelle il été constitué ;

6. Par la stipulation de la cession de la dette sans le gage ou le nantissement ;

7. Par la réalisation du gage ou du nantissement sur demande d’un créancier de rang supérieur.
25

24
Article 369, DOC
25
Article 1234, DOC
Chapitre II : la réalisation du gage

La réalisation du gage est un mécanisme fondamental du droit des sûretés permettant au


créancier de vendre le bien mis en garantie en cas de défaillance du débiteur. Ce processus
repose sur des fondements juridiques solides et exige une préparation minutieuse visant à
garantir le respect des droits de toutes les parties concernées. Il s’agit d’une part d’examiner
les principes encadrant la réalisation du gage ainsi que les étapes préalables indispensables à
son bon déroulement. D’autre part l’analyse portera sur les conditions de sa mise en œuvre
pratique afin d’appréhender les moyens par lesquels le créancier peut faire valoir ses
droits efficacement.

Prenons l’exemple d’un agriculteur qui, pour financer l’achat de nouvelles machines agricoles,
sollicite un prêt auprès d’une banque. En garantie du prêt, il constitue un gage sur l'une de ses
machines. Si l’agriculteur ne rembourse pas le prêt à l'échéance, la banque, en tant que
créancier gagiste, peut soit conserver la machine, soit la vendre pour se rembourser sur le
produit de la vente. La machine, en tant que bien meuble, entre dans le cadre du gage mobilier
prévu par le DOC. Dans cette situation, la banque bénéficie du droit de rétention conféré par
l’article 1203 du DOC, lui permettant de conserver le bien jusqu’au paiement
intégral de la dette.

Section 1 : Les aspects juridiques et préparatoires de la réalisation du gage.

Le gage, en tant que sûreté réelle, ne peut être exécuté que lorsque la créance est arrivée à
échéance ou si le débiteur perd le bénéfice du terme. De plus, il est nécessaire que le débiteur
n’ait pas réglé sa dette à l’échéance prévue. Afin de vérifier que cette condition est remplie, le
créancier gagiste doit adresser une mise en demeure au débiteur, lui demandant de s’acquitter
de sa dette dans un délai imparti. En outre, si le bien en question est grevé de plusieurs gages,
le créancier gagiste a l’obligation d’informer les autres créanciers concernés de son intention
de procéder à la réalisation du gage26.

26. Fiche pratique réaliser un gage mobilier de droit commun page 5 Jamal RBI 11 mai 2021 LexisNexis
Avant de procéder à la réalisation du gage, plusieurs étapes sont obligatoires. Le créancier doit
d’abord notifier au débiteur une mise en demeure, précisant que la créance est arrivée à
échéance et qu'en cas de non-paiement, le gage sera réalisé. L’article 1219 du DOC dispose
que la mise en demeure doit fixer un délai minimal de 15 jours pour permettre au débiteur de
régler la dette.27

En pratique, il est possible qu’un même bien soit gagé auprès de plusieurs créanciers. L’article
1229 du DOC régit le rang des créanciers gagistes disposant que « entre créanciers gagistes, le
rang est déterminé par la date de l'acte constitutif du nantissement. Les créanciers gagistes de
même rang viennent par égales portions sur le prix28 ». Toutefois, ces règles ne sont pas d’ordre
public si bien que les parties peuvent y déroger par des conventions particulières. Donc en
l’absence d’inscription dans un registre public, le rang des créanciers est déterminé par la date
de la convention de gage. Par exemple, supposons qu’après avoir gagé la machine agricole
auprès de la banque, l’agriculteur obtienne un autre prêt auprès d’un fournisseur de pièces
détachées pour machines agricoles, qui prend également cette machine en garantie. Dans ce
cas, la banque, en tant que premier créancier gagiste, détiendrait un rang prioritaire par rapport
au fournisseur. Si la machine est vendue, la banque serait payée en premier sur le produit de la
vente, et le fournisseur ne pourrait prétendre à un paiement qu’après désintéressement complet
de la banque.

Parallèlement, la loi n° 21-18 permet désormais l’attribution conventionnelle de la propriété


du bien gagé offrant une alternative aux procédures classiques de réalisation. Cette attribution
repose sur un accord préalable entre le créancier et le débiteur garantissant au créancier la
propriété automatique du bien en cas de non-paiement29. Auparavant, le pacte commissoire
était interdit par l'article 1226 du DOC, empêchant le créancier de s'approprier directement le
bien donné en garantie en cas de non-paiement. Cependant, avec la loi n° 21-18 sur les sûretés
mobilières, il est désormais possible, si le débiteur et le créancier en conviennent dès le début,

27. Article 1219 du Dahir des Obligations et contrats.


28. ARTICLE 1229 DU DAHIR DES OBLIGATIONS ET CONTRATS MAROC.

29 Étude législative Actualité - La loi n° 21-18 relative aux sûretés mobilières page 13 1 mars 2021 LexisNexis
que le créancier devienne automatiquement propriétaire du bien en cas de défaut de paiement,
sans passer par la justice.

Cette réforme est encadrée pour garantir l’équité. La valeur du bien gagé est fixée au moment
de l'attribution, soit par accord des parties, soit par un expert désigné d’un commun accord ou
par un juge. Si le bien est coté en bourse, sa valeur correspond au dernier cours de clôture.

Pour éviter toute accusation d'usure, l'article 1221 exige que si le bien vaut plus que la dette,
la différence soit reversée au débiteur. « Lorsque la valeur fixée excède le montant de la
créance garantie, une somme égale à la différence est versée au constituant. 30 »

Par exemple, Amine contracte un prêt de 300 000 dirhams pour financer un projet immobilier.
Pour garantir ce prêt, il donne en gage sa maison, évaluée à 400 000 dirhams. Lors de la
signature de l’accord de prêt, Amine et la banque conviennent que, si Amine ne rembourse pas
à l’échéance, la banque deviendra propriétaire de la maison à l’échéance, Amine ne parvient
pas à rembourser le prêt. Grâce à l'accord qu'ils ont établi au départ, la banque peut conserver
la maison sans avoir à engager une procédure judiciaire. Elle se contente de constater que le
remboursement n’a pas été effectué et Lorsque la valeur fixée excède le montant de la
créance garantie de 300 000 Dirhams, une somme égale de 100 000 à la différence est
versée au constituant Amine.

Enfin, il est important de noter que la réalisation du gage est soumise à des règles particulières
lorsque le débiteur fait l’objet d’une procédure collective, comme une liquidation judiciaire. 31
L’article 559 du Code de commerce prévoit que la réalisation du gage est suspendue durant
une période de conciliation ou de sauvegarde, et le créancier gagiste doit déclarer sa créance
au syndic.

Imaginons une entreprise, « Entreprise A », qui a contracté un prêt de 100 000 Dh auprès d'une
banque, en garantissant le remboursement par un gage sur un équipement industriel d'une
valeur de 150 000 DH.

11. article 1221 du Dahir n° 1-19-76 du 11 chaabane 1440 (17 avril 2019) portant promulgation de la loi n° 21-
18 relative aux sûretés mobilières.
31 . Fiche pratique réaliser un gage mobilier de droit commun page 5 Jamal RBI 11 mai 2021 LexisNexis
Toutefois, comme on a déjà vu Un tiers peut donner son bien en gage pour garantir la dette
d’autrui, mais des règles spécifiques du DOC encadrent cette situation. Le créancier ne peut
poursuivre le constituant que sur le bien affecté en garantie. Le constituant peut opposer au
créancier toutes les exceptions appartenant au débiteur, sauf celles inhérentes à la personne de
ce dernier. Par ailleurs, le constituant peut agir préventivement contre le débiteur pour obtenir
la consignation des sommes nécessaires à sa libération, notamment si des raisons sérieuses
laissent craindre l’insolvabilité du débiteur. Si le créancier accorde une prorogation de délai au
débiteur, cette prorogation ne lie le constituant que s’il y a consenti. 32

Enfin, en cas de réalisation du gage, le constituant dispose d’un recours contre le débiteur et
est subrogé dans les droits du créancier à l’égard de ce dernier. Cette subrogation est essentielle,
car si elle devient impossible par la faute du créancier, le gage s’éteint, toute clause contraire
étant réputée non écrite (art. 1203 bis).

En raison de difficultés financières, l'Entreprise A se retrouve en liquidation judiciaire. Pendant


cette procédure, la banque, en tant que créancier gagiste, ne peut pas immédiatement saisir
l'équipement. Selon l'article 559 du Code de commerce, la réalisation du gage est suspendue
durant la période de conciliation ou de sauvegarde.

La banque doit alors déclarer sa créance au syndic de la liquidation. Cela signifie qu'elle
informe le syndic de son droit sur le gage. Une fois la procédure de liquidation mise en œuvre
et après que toutes les créances aient été examinées, la banque pourra éventuellement récupérer
la valeur de son gage, mais cela dépendra des décisions du tribunal et de la gestion des actifs
de l'Entreprise A par le syndic.

Le créancier gagiste ne peut pas procéder à la réalisation du gage lorsqu’un accord est conclu
pendant la période de conciliation. Cet accord suspend, pour toute sa durée, les poursuites
individuelles et les actions en justice visant les biens meubles et immeubles de l’entreprise
débitrice pour le paiement des créances concernées. Il suspend également les délais imposés

32
. Fiche pratique réaliser un gage mobilier de droit commun page 5 Jamal RBI 11 mai 2021 LexisNexis
aux créanciers sous peine de déchéance ou de résolution de leurs droits 33

Lorsque la créance du créancier gagiste est antérieure au jugement d’ouverture, ce dernier


doit la déclarer. Si le gage n’est pas publié, le créancier gagiste ne sera informé par le syndic
que s’il est connu de celui-ci ou mentionné sur la liste fournie par le débiteur 34. À compter
du jugement d’ouverture, toute poursuite individuelle ou mesure d’exécution est interdite au
créancier gagiste. Cependant, le juge-commissaire peut autoriser le syndic à payer certaines
créances antérieures afin de retirer le bien gagé ou une chose retenue, si ce retrait est
nécessaire à la continuité de l’activité de l’entreprise 35. Dans une procédure de liquidation
judiciaire, deux options existent pour le bien gagé. Premièrement, le bien peut être retiré en
contrepartie du paiement au créancier gagiste. Conformément à l’article 658 du Code de
commerce, le syndic, avec l’autorisation du juge-commissaire, peut payer la dette pour
récupérer les biens gagés ou les choses retenues. Cette autorisation doit être notifiée au
créancier dans les 15 jours précédant la réalisation du gage. Deuxièmement, en cas de défaut
de retrait, le gage peut faire l’objet d’une réalisation forcée.

Le syndic est alors tenu de procéder à cette réalisation dans les six mois suivant le jugement
d’ouverture de la liquidation judiciaire (art. 658 du livre 5 du code de commerce).36
Le créancier gagiste peut également demander l’attribution judiciaire du bien gagé, même si
sa créance n’a pas encore été admise. Toutefois, en cas de rejet ultérieur de la créance, il
devra restituer le bien ou sa valeur au syndic. Cette restitution sera proportionnelle à la partie
de la créance rejetée en cas d’admission partielle (article 659 du livre 5 du code de
commerce).

La loi n° 21-18 relative aux sûretés mobilières a introduit une avancée significative concernant
la réalisation du gage, en élargissant les méthodes de réalisation afin d’optimiser l’efficacité de
cette sûreté avec dépossession. À présent, en plus de la vente judiciaire classique par enchères
publiques, le créancier a plusieurs options. Il peut obtenir par voie conventionnelle la propriété
du bien gagé. Ou Il peut vendre le bien gagé ou nantit soit directement, soit par le biais

33
(art. 559 du livre 5 du code de commerce).

34
(art. 719 du livre 5 du code de commerce)
35
(art. 719 du livre 5 du code de commerce)
36
(art. 658 du livre 5 du code de commerce).
d’enchères organisées par une entité privée. Ou il peut demander au tribunal que le bien gagé
ou nantit lui soit attribué en paiement de la créance.37

Cependant, l’attribution conventionnelle de la propriété du bien gagé ainsi que la vente de gré
à gré ou aux enchères privées doivent être expressément stipulées dans le contrat de gage
comme on a déjà vu. Il est également essentiel que les parties respectent les formalités établies
par le DOC toute clause contraire étant considérée comme nulle.

Toutefois, pour faciliter les capacités de crédit du débiteur, le DOC assouplit les principes de
spécialité et d’indivisibilité en permettant une libération partielle des biens gagés en cas de
règlement d’une partie de la créance. L’article 1201 permet au créancier gagiste et au
constituant de convenir d’une mainlevée totale ou partielle du gage selon le montant de
l’obligation exécutée.

Ainsi, une mainlevée proportionnelle peut être accordée en fonction de la portion de


l’obligation remplie. De plus, si les biens grevés sont distincts et garantissent chacun une
fraction de la créance, le débiteur a le droit de récupérer le bien correspondant à la part de la
dette payée, ce qui impose au créancier gagiste de restituer ce bien.

Le principe de proportionnalité s’applique également à la réalisation, car l’article 1227-2 du


DOC dispose que le gage peut, dans la mesure du possible, faire l’objet d’une réalisation
partielle, conformément aux règles générales de réalisation. 38 Une fois partiellement réalisé, le
gage continuera d’exister pour le reste des biens jusqu’au paiement intégral de la
créance garantie. En termes simples, Le principe de proportionnalité, permet de réaliser une
partie des biens gagés sans avoir à saisir l'ensemble des actifs garantissant une créance.

o Par exemple, si une entreprise a plusieurs équipements en gage, le créancier


peut décider de saisir seulement certains de ces équipements pour récupérer une
partie de la créance.

SECTION 2: LA MISE EN OEUVRE DE LA RÉALISATION DU GAGE

37
. Étude législative Actualité - La loi n° 21-18 relative aux sûretés mobilières Jamal rbii page 13 1 mars 2021 LexisNexis

38
. Fiche pratique réaliser un gage mobilier de droit commun page 5 Jamal RBI 11 mai 2021 LexisNexis
La loi n° 21-18 sur les sûretés mobilières a profondément modifié les règles régissant la
réalisation du gage de droit commun, avec pour objectif de rendre cette sûreté réelle mobilière
plus attractive et accessible 39. Ces réformes offrent aux parties contractantes une plus grande
flexibilité en leur permettant d'adapter librement les conditions de réalisation du gage. Elles
introduisent également des modalités de réalisation diversifiées, y compris deux modes
extrajudiciaires qui facilitent la mise en œuvre rapide de ces sûretés sans recourir
nécessairement à un juge40.

Dʼabord, avant de pouvoir réaliser un gage, le créancier gagiste est tenu de mettre en demeure
le débiteur. Cette mise en demeure doit préciser que, si le débiteur ne s'acquitte pas de sa dette
à l'échéance, le créancier sera en droit de procéder à la réalisation du gage. Lorsqu'une dette
comporte plusieurs échéances, le créancier peut également indiquer dans la mise en demeure
que le non-paiement d'une seule échéance entraînera la déchéance de tous les termes restants,
signifiant que toutes les sommes deviendront immédiatement exigibles. Le délai accordé au
débiteur pour exécuter son obligation ne doit pas être inférieur à 15 jours, à compter de la date
de notification de la mise en demeure, ce qui laisse au débiteur une marge de temps suffisante
pour régulariser la situation. Si le débiteur ne paie pas dans ce délai, le créancier est autorisé à
réaliser le gage41.

Dans les cas où le bien gagé fait l'objet de plusieurs créances, le créancier qui procède à la
réalisation du gage doit informer les autres créanciers gagistes de son intention de le faire.
Cependant, cette obligation d'information semble être de nature formelle car aucune sanction
n'est prévue en cas de non-respect. Lʼarticle 1219 du DOC précise que le créancier gagiste est
tenu, autant que possible, dʼaviser les autres créanciers gagistes sans prévoir de sanction en cas
dʼinobservation.

Le constituant est en droit, dans le délai de 15 jours, de faire opposition devant le président du
tribunal compétent en sa qualité de juge des référés. Lʼopposition suspend les procédures de
réalisation du gage. Toutefois, le juge des référés peut, sur demande du créancier gagiste
ordonner la poursuite de la réalisation lorsquʼil lui apparait le caractère non sérieux de
lʼopposition. Cette ordonnance est exécutée sur minute. Passé ce délai et à défaut dʼopposition,

39
Étude législative Actualité - La loi n° 21-18 relative aux sû retés mobiliè res 1 mars 2021 LexisNexis
40
ARTICLE 1218 DU DAHIR DES OBLIGATIONS ET CONTRATS MAROCAIN.
41
ARTICLE 1219 DU DAHIR DES OBLIGATIONS ET CONTRATS MAROCAIN.
ou si lʼopposition est jugée irrecevable ou est rejetée, le créancier peut poursuivre la réalisation
du gage42.

La réalisation du gage, qu'elle soit extrajudiciaire ou judiciaire, est soumise à certaines


exigences concernant la détermination de la valeur du bien gagé. Lorsque le gage doit être
attribué au créancier ou vendu de gré à gré ou aux enchères, la valeur du bien doit être fixée,
soit par accord entre les parties, soit, en l'absence d'accord, par un expert désigné par les parties
ou, à défaut, par le juge des référés. Dans le cas d'une attribution judiciaire, la détermination
de la valeur du bien est exclusivement faite par un expert, ce qui est indispensable, car la saisie
du juge présume un désaccord entre les parties 43.

Dans tous les cas, lorsque le gage est constitué de plusieurs éléments, il est procédé à la fixation
de la valeur de chacun desdits éléments. Par ailleurs, lorsque la chose gagée fait lʼobjet dʼune
cotation sur un marché réglementé, sa valeur est fixée au jour où la propriété est attribuée sur
la base du dernier cours de clôture sur ledit marché44.

Il existe toutefois des exceptions à lʼobligation de fixer la valeur du bien gagé. Si le gage
consiste en numéraire ou en titres faisant office de monnaie, le créancier est autorisé à appliquer
directement ces sommes au remboursement de la dette, à condition que celle-ci soit de la même
nature que le gage. En cas dʼexcédent, le créancier est tenu de restituer la différence au
débiteur 45.

De même, si le produit de la réalisation du gage ou le montant obtenu par adjudication excède


le montant des créances garanties, lʼexcédent doit être reversé au constituant, qu'il s'agisse du
débiteur lui-même ou d'un tiers ayant fourni le gage, après que tous les créanciers gagistes aient
été intégralement payés46.

Si le créancier choisit un mode judiciaire pour réaliser le gage, que ce soit lʼattribution
judiciaire du bien gagé ou la vente judiciaire aux enchères publiques, il doit saisir la justice
pour ordonner la réalisation. Pour lʼattribution judiciaire, le créancier doit saisir le juge des
référés selon lʼarticle 1224 du DOC.

42
ARTICLE 1220 DU DAHIR DES OBLIGATIONS ET CONTRATS MAROCAIN.
43
Fiche pratique réaliser un gage mobilier de droit commun page 8 Jamal RBI 11 mai 2021 LexisNexis
44
ARTICLE 1222 DU DAHIR DES OBLIGATIONS ET CONTRATS MAROCAIN.
45
Fiche pratique réaliser un gage mobilier de droit commun page 9 Jamal RBI 11 mai 2021 LexisNexis
46
ARTICLE 1223 DU DAHIR DES OBLIGATIONS ET CONTRATS MAROCAIN
En revanche, le législateur nʼa pas précisé le juge quʼil faut saisir en cas de vente judiciaire.
Mais la finalité de la réforme semble donner la compétence au juge des référés. Dʼailleurs,
lʼarticle 1223 du DOC précise, pour le nantissement, que le créancier nanti présente une
requête au juge des référés compétent afin de constater le non-paiement et dʼordonner la vente
de la chose nantie aux enchères publiques.

Lorsque la réalisation du gage se fait par les modes extra-judiciaires à savoir lʼattribution
conventionnelle du bien gagé ou sa vente de gré à gré ou par voie dʼenchères organisées par
une personne de droit privé, le créancier qui procède à la réalisation doit ouvrir un compte
bancaire auprès dʼun établissement de crédit agréé pour recevoir des fonds du public chaque
fois quʼil y a plusieurs créanciers qui peuvent prétendre à un paiement. Dans ce compte, sera
déposé le produit de la réalisation du gage ou la différence entre le montant de la créance et la
valeur de la chose gagée47. Les sommes figurant au crédit du compte sont destinées à
désintéresser les seuls créanciers gagistes.

Les créanciers gagistes seront payés selon leurs rangs respectifs 48. Dans les cas où le créancier
qui procède à la réalisation aura lʼobligation dʼouvrir un compte bancaire, le paiement est
assuré par ce dernier. Il doit payer les créanciers par prélèvement sur les sommes déposées dans
la limite des sommes qui leur sont dues. Il commence par le paiement des créanciers de rang
supérieur. Après désintéressement de ces derniers, les sommes qui restent au crédit du compte
sont versées au créancier ayant réalisé le gage dans la limite de ce qui lui est dû. Il est procédé,
ensuite, au paiement des créanciers de rang inférieur, sʼil y a lieu, selon leurs rangs, par
prélèvement sur les sommes déposées dans la limite des sommes qui leurs sont dues.

Outre l’obligation d’aviser le débiteur et, le cas échéant, le tiers bailleur de la chose gagée du
résultat obtenu, la réalisation par voie de vente impose au créancier gagiste dʼétablir un compte-
rendu de la réalisation du gage. Ce dernier est adressé au débiteur avec toutes les pièces
justificatives49.

Peu importe le mode de réalisation du gage de droit commun, les frais de réalisation de la sûreté
sont à la charge du constituant. Ceux imputables à la faute ou au dol du créancier gagiste ou

47
ARTICLE 1227-1 DU DAHIR DES OBLIGATIONS ET CONTRATS MAROCAIN
48
ARTICLE 1218 DU DAHIR DES OBLIGATIONS ET CONTRATS MAROCAIN
49
ARTICLE 1227 DU DAHIR DES OBLIGATIONS ET CONTRATS MAROCAIN
nanti sont à la charge de ce dernier 50.Il est important de préciser que les frais nécessaires à la
réalisation sont garantis par le gage. 51

50
ARTICLE 1227-1 DU DAHIR DES OBLIGATIONS ET CONTRATS MAROCAIN
51
ARTICLE 1199 DU DAHIR DES OBLIGATIONS ET CONTRATS MAROCAIN
CONCLUSION :

Le gage mobilier de droit commun représente une garantie essentielle dans les transactions
économiques, offrant aux créanciers une sûreté tangible et efficace pour la satisfaction de
leurs créances. La législation marocaine, à travers la loi n° 21-18 relative aux sûretés
mobilières, a modernisé et simplifié les dispositions entourant la constitution et la réalisation
du gage, tout en renforçant la liberté contractuelle. Cette réforme permet désormais une plus
grande flexibilité, tant dans la constitution du gage que dans ses modes de réalisation, en
intégrant des solutions extra-judiciaires et en assouplissant les conditions de dépossession.

L'objectif principal de ces évolutions est de renforcer la capacité de crédit des constituants
tout en assurant une meilleure protection des créanciers. De plus, la possibilité d'une
libération partielle des biens gagés en cas de paiement fractionné témoigne d'une volonté
d'équilibre entre les droits des parties.

Toutefois, le cadre juridique reste rigoureux, exigeant la satisfaction de conditions précises,


notamment en matière de formalités, de dépossession et de transparence, afin de garantir la
sécurité juridique des opérations de gage.

En définitive, le gage mobilier de droit commun, dans son cadre réformé, s'impose comme un
mécanisme efficace et adaptable, capable de répondre aux besoins variés du commerce
moderne tout en maintenant une protection adéquate pour toutes les parties impliquées.
Bibliographie

Ouvrages :

 Le caractère accessoire des sûretés: théorie générale novembre 27, 2021 Aurélien
Bamdé
 Droit civil les obligations (13e édition) François Terré, Philippe Simler, François
Chénedé, Yves Lequette Dalloz Precis 22 Septembre 2022
 Droit des sûretés (8e édition) Christophe Albiges, Marie-Pierre Dumont
Dalloz Hypercours 25 Août 2022

 Du gage en droit romain et en droit français : thèse par Louis Servin ; Faculté
de droit de Paris
 Bourassin, Manuella, Droit des sûretés, Ed. 8 Dalloz, 2024
 Droit des sûretés (8e édition) Christophe Albiges, Marie-Pierre Dumont
Dalloz Hypercours 25 Août 2022

Thèses :

 Du gage en droit romain et en droit français : thèse par Louis Servin ; Faculté
de droit de Paris.

Articles :

 É tude législative Actualité - La loi n° 21-18 relative aux sûretés mobilières 1 mars
2021 LexisNexis

 Rbii Jamal ; Réaliser un gage mobilier de droit commun,


 Fiche d'orientation le gage juillet 2023 Dalloz.
Textes de loi :

 Dahir des obligations et des contrats

 Code de Commerce

Jurisprudence :

 Com. 12 juill. 2005 , Bull. civ. IV, n° 175

 Cour de cassation, 20 mars 2006 - N°1273/3/1/2001; 302

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