graphes (Recovered)
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premiere parie.
théoriedesgraphes
1 Graphes non orientés
1.1 Premières définitions
Un graphe fini G = (V, E) est défini par l’ensemble fini V ={v1 , v2 , . . . , vn } dont les élé-
ments sont appelés sommets (Vertices en anglais), et par l’ensemble fini E ={e1 , e2 , . . . , em }
dont les éléments sont appelés arêtes (Edges en anglais).
Une arête e de l’ensemble E est définie par une paire non ordonnée de sommets, appelés
les extrémités de e. Si l’arête e relie les sommets a et b, on dira que ces sommets sont
adjacents, ou incidents avec e, ou bien que l’arête e est incidente avec les sommets a
et b.
On appelle ordre d’un graphe le nombre de sommets n de ce graphe.
1 1 5
2
4
5
3 3
4 2
2 4
3
Multigraphe
Un graphe est connexe s’il est possible, à partir de n’importe quel sommet, de rejoindre
tous les autres en suivant les arêtes. Un graphe non connexe se décompose en composantes
connexes. Sur le graphe ci-dessous, les composantes connexes sont {1, 2, 3, 4} et {5, 6}.
2 1
Graphe non connexe
3 6 {1, 2, 3, 4, 5, 6}
V =
E = {1, 3}, {1, 4}, {2, 3}, {3, 4}, {5, 6}
4 5
Un graphe est complet si chaque sommet du graphe est relié directement à tous les autres
sommets.
1
Graphe complet K5
2
{1, 2, 3, 4, 5}
V =
5
E = {1, 2}, {1, 3}, {1, 4}, {1, 5}, {2, 3},
3 {2, 4}, {2, 5}, {3, 4}, {3, 5}, {4, 5}
4
Un graphe est biparti si ses sommets peuvent être divisés en deux ensembles X et Y ,
de sorte que toutes les arêtes du graphe relient un sommet dans X à un sommet dans Y
(dans l’exemple ci-dessous, on a X = {1, 3, 5} et Y = {2, 4}, ou vice versa).
1
2
Graphe biparti
3
4 {1, 2, 3, 4, 5}
V =
E = {1, 2}, {1, 4}, {2, 5}, {3, 4}, {4, 5}
5
Solution
On représente les wagons par les sommets. Une arête relie 2 1
deux sommets i et j si les wagons i et j ne peuvent pas
être sur la même voie. On obtient le graphe ci-contre.
3 6
On voit que 1, 3 et 5 ne peuvent pas être sur la même voie.
Il faut donc trois voies au minimum.
4 5
Exercice 1
Trois professeurs P1 , P2 , P3 devront donner lundi prochain un certain nombre d’heures de
cours à trois classes C1 , C2 , C3 :
P1 doit donner 2 heures de cours à C1 et 1 heure à C2 ;
P2 doit donner 1 heure de cours à C1 , 1 heure à C2 et 1 heure à C3 ;
P3 doit donner 1 heure de cours à C1 , 1 heure à C2 et 2 heures à C3 .
Comment représenter cette situation par un graphe ? Quel type de graphe obtenez-vous ?
Combien faudra-t-il de plages horaires au minimum ?
Aidez-vous du graphe pour proposer un horaire du lundi pour ces professeurs.
Exercice 2
Un tournoi d’échecs oppose 6 personnes. Chaque joueur doit affronter tous les autres.
Construisez un graphe représentant toutes les parties possibles.
Quel type de graphe obtenez-vous ?
Si chaque joueur ne joue qu’un match par jour, combien de jours faudra-t-il pour terminer
le tournoi ?
Aidez-vous du graphe pour proposer un calendrier des matches.
Exercice 3
Sur un échiquier 3×3, les deux cavaliers noirs sont placés sur les cases a1
et c1, les deux cavaliers blancs occupant les cases a3 et c3.
Aidez-vous d’un graphe pour déterminer les mouvements alternés des blancs
et des noirs qui permettront aux cavaliers blancs de prendre les places des
cavaliers noirs, et vice versa. Les blancs commencent.
Autrement dit, deux sommets sont reliés si et seulement si les deux intervalles correspon-
dants se chevauchent.
Exercice 4
Cet exercice est inspiré de la nouvelle de Claude Berge Qui a tué le Duc de Densmore
(Bibliothèque Oulipienne n ◦ 67, 1994, Réédition Castor Astral, 2000). Dans cette nouvelle
policière, le lecteur peut découvrir le meurtrier grâce à un théorème combinatoire dû au
mathématicien hongrois G. Hajós.
Un jour, Sherlock Holmes reçoit la visite de son ami Watson que l’on avait chargé d’en-
quêter sur un assassinat mystérieux datant de plus de trois ans.
À l’époque, le Duc de Densmore avait été tué par l’explosion d’une bombe, qui avait en-
tièrement détruit le château de Densmore où il s’était retiré. Les journaux d’alors relataient
que le testament, détruit lui aussi dans l’explosion, avait tout pour déplaire à l’une de ses
sept ex-épouses. Or, avant de mourir, le Duc les avait toutes invitées à passer quelques jours
dans sa retraite écossaise.
Holmes : Je me souviens de cette affaire ; ce qui est étrange, c’est que la bombe avait été
fabriquée spécialement pour être cachée dans l’armure de la chambre à coucher, ce qui
suppose que l’assassin a nécessairement effectué plusieurs visites au château !
Watson : Certes, et pour cette raison, j’ai interrogé chacune des femmes : Ann, Betty,
Charlotte, Edith, Félicia, Georgia et Helen. Elles ont toutes juré qu’elles n’avaient été au
château de Densmore qu’une seule fois dans leur vie.
Holmes : Hum ! Leur avez-vous demandé à quelle période elles ont eu leur séjour respectif ?
Watson : Hélas ! Aucune ne se rappelait les dates exactes, après plus de trois ans ! Néan-
moins, je leur ai demandé qui elles avaient rencontré :
Ann a rencontré Betty, Charlotte, Félicia et Georgia.
Betty a rencontré Ann, Charlotte, Edith, Félicia et Helen.
Charlotte a rencontré Ann, Betty et Edith.
Edith a rencontré Betty, Charlotte et Félicia.
Félicia a rencontré Ann, Betty, Edith et Helen.
Georgia a rencontré Ann et Helen.
Helen a rencontré Betty, Félicia et Georgia.
Vous voyez, mon cher Holmes, les réponses sont concordantes !
C’est alors que Holmes prit un crayon et dessina un étrange petit dessin, avec des points
marqué A, B, C, E, F, G, H et des lignes reliant certains de ces points. Puis, en moins de
trente secondes, Holmes déclara :
– Tiens, tiens ! Ce que vous venez de me dire détermine d’une façon unique l’assassin.
Qui est l’assassin ?
3 6 3 6 3 6
4 5 4 5 5
Exercice 5
Montrez que dans un groupe formé de six personnes, il y en a nécessairement trois qui
se connaissent mutuellement ou trois qui ne se connaissent pas (on suppose que si A
connaît B, B connaît également A).
Montrez que cela n’est plus nécessairement vrai dans un groupe de cinq personnes.
1.3 Degrés
1.3.1 Degré d’un sommet
On appelle degré du sommet v, et on note d(v), le nombre d’arêtes incidentes à ce sommet.
Attention ! Une boucle sur un sommet compte double.
Dans un graphe simple, on peut aussi définir le degré d’un sommet comme étant le nombre
de ses voisins (la taille de son voisinage).
Dans le multigraphe ci-contre, on a les degrés :
v1
d(v1 ) = 2 v2
d(v2 ) = 2 v5
d(v3 ) = 4 v3
d(v4 ) = 1 v4
d(v5 ) = 3
Exercice 6
Démontrez le lemme des poignées de mains.
1.3.2 Degré d’un graphe
Le degré d’un graphe est le degré maximum de tous ses sommets. Dans l’exemple ci-
dessous, le degré du graphe est 4, à cause du sommet v3 .
v1
v2
v5
v3
v4
Un graphe dont tous les sommets ont le même degré est dit régulier. Si le degré commun
est k , alors on dit que le graphe est k -régulier.
Exercice 7
Montrez qu’un graphe simple a un nombre pair de sommets de degré impair.
Exercice 8
Montrez que dans une assemblée de n personnes, il y a toujours au moins 2 personnes qui
ont le même nombre d’amis présents.
Exercice 9
Est-il possible de relier 15 ordinateurs de sorte que chaque appareil soit relié avec exacte-
ment trois autres ?
Exercice 10
On s’intéresse aux graphes 3-réguliers. Construisez de tels graphes ayant 4, 5, 6, puis 7
sommets. Qu’en déduisez-vous ? Prouvez-le !
Exercice 11
Une suite décroissante (au sens large) d’entiers est graphique s’il existe un graphe simple
dont les degrés des sommets correspondent à cette suite. Par exemple, un triangle corres-
pond à la suite (2, 2, 2). Les suites suivantes sont-elles graphiques ?
1) (3, 3, 2, 1, 1)
2) (3, 3, 1, 1)
3) (3, 3, 2, 2)
4) (4, 2, 1, 1, 1, 1)
5) (5, 3, 2, 1, 1, 1)
6) (5, 4, 3, 1, 1, 1, 1)
Trouvez deux graphes correspondant à la suite (3, 2, 2, 2, 1).
e1 v1
v2
e2 e3 v5
v3 e5
e4 v4
On ne change pas une chaîne en inversant l’ordre des éléments dans la suite correspondante.
Ainsi, les chaînes (v1 , e3 , v3 , e4 , v4 ) et (v4 , e4 , v3 , e3 , v1 ) sont identiques.
Exercice 12
Dans certains livres, on définit une chaîne comme une suite de sommets. Pour quel type de
graphe cette définition n’est-elle pas adéquate ?
On appelle distance entre deux sommets la longueur de la plus petite chaîne les reliant.
On appelle diamètre d’un graphe la plus longue des distances entre deux sommets.
Une chaîne est élémentaire si chaque sommet y apparaît au plus une fois.
Une chaîne est simple si chaque arête apparaît au plus une fois. Dans le graphe précédent,
(v1 , e1 , v2 , e2 , v3 ) est une chaîne simple et élémentaire.
Une chaîne dont les sommets de départ et de fin sont les mêmes est appelée chaîne fermée.
Dans le graphe précédent, (v4 , e4 , v3 , e5 , v5 , e5 , v3 , e4 , v4 ) est une chaîne fermée.
Une chaîne fermée simple est appelée cycle. Dans le graphe précédent, la chaîne
(v1 , e1 , v2 , e2 , v3 , e3 , v1 ) est un cycle.
Exercice 13
Quels sont les graphes de diamètre 1 ?
Théorème 1.2
Un graphe est biparti si et seulement s’il ne contient aucun cycle de longueur impaire.
Exercice 14
Démontrez le théorème 1.2.
Exercice 15
Montrez que ce graphe est biparti :
1 2
3 4
5 6
7 8
Théorème 1.3
Pour un graphe G ayant m arêtes, n sommets et p composantes connexes, on définit :
ν (G) = m − n + p
Exercice 16
Démontrez le théorème 1.3.
Exercice 17
Cet exercice est un des problèmes fondateurs de la théorie des graphes, proposé par le
mathématicien suisse Leonhard Euler en 1736.
En 1652, la ville de Königsberg (aujourd’hui Kaliningrad) possède sept ponts enjambant
la Pregel, qui coule de part et d’autre de l’île de Kneiphof.
Königsberg en 1652
Au cours d’une promenade, est-il possible de passer sur tous les ponts de la ville une et une
seule fois ?
Exercice 18
Donnez un critère permettant de dire à coup sûr si un graphe est eulérien.
Exercice 19
Les graphes suivants sont-ils eulériens (ou semi-eulériens) ?
2 1 1 1
2 2
3 6 5 3
3 4
4 5 4 5
Exercice 20
Soit G un graphe non eulérien. Est-il toujours possible de rendre G eulérien en lui rajoutant
un sommet et quelques arêtes ?
Exercice 21
Est-il possible de tracer une courbe, sans lever le crayon, qui coupe chacun des 16 segments
de la figure suivante exactement une fois ?
Exercice 22
On considère des dominos dont les faces sont numérotées 1, 2, 3, 4 ou 5.
1) En excluant les dominos doubles, de combien de dominos dispose-t-on ?
2) Montrez que l’on peut arranger ces dominos de façon à former une boucle fermée (en
utilisant la règle habituelle de contact entre les dominos).
3) Pourquoi n’est-il pas nécessaire de considérer les dominos doubles ?
4) Si l’on prend maintenant des dominos dont les faces sont numérotées de 1 à n, est-il
possible de les arranger de façon à former une boucle fermée ?
En effet, un tel graphe vérifie les conditions du théorème précédent, car si x et y ne sont
pas adjacents, on a bien : d(x) + d(y) > 2n + 2n = n.
Exercice 23
Dessinez un graphe d’ordre au moins 5 qui est. . .
1) hamiltonien et eulérien
2) hamiltonien et non eulérien
3) non hamiltonien et eulérien
4) non hamiltonien et non eulérien.
Exercice 24
Un club de 9 joueurs se réunit chaque jour autour d’une table ronde. Une règle du club
interdit qu’un joueur ait deux fois la même personne à côté de lui.
1) Combien de jours au maximum pourront-ils se réunir en satisfaisant cette règle ?
2) Donnez une organisation de la table pour chacun de ces jours.
3) Même question que 1), mais avec 3 tables de 3 places.
4) Donnez une organisation des trois tables pour chacun de ces jours.
Exercice 25
Huit personnes se retrouvent pour un repas de mariage. Le graphe ci-dessous précise les
incompatibilités d’humeur entre ces personnes (une arête reliant deux personnes indique
qu’elles ne se supportent pas).
A B
H C
G D
F E
Proposez un plan de table (la table est ronde) en évitant de placer côte à côte deux personnes
incompatibles.
1.7 Couplages
Soit G un graphe simple. Un couplage C de G est un sous-graphe partiel 1-régulier de G.
On peut aussi dire qu’un couplage (ou appariement) est un ensemble d’arêtes deux à deux
non-adjacentes.
Un sommet v est saturé par un couplage C si v est l’extrémité d’une arête de C . Dans le
cas contraire, v est insaturé.
Un couplage maximum est un couplage contenant le plus grand nombre possible d’arêtes.
Un graphe peut posséder plusieurs couplages maximum.
1
2
5
3
4
1 2 1 2
3 4 3 4
5 6 5 6
Exercice 26
Une assemblée est formée de personnes parlant plusieurs langues différentes (voir tableau
ci-après). On veut former des binômes de personnes qui pourront dialoguer entre elles.
Comment maximiser le nombre de binômes ?
Allemand Anglais Arabe Chinois Français Espagnol Russe
Alfred ✘ ✘
Bernard ✘ ✘
Claude ✘ ✘
Denis ✘
Ernest ✘
Fabien ✘ ✘ ✘
Georges ✘ ✘
Henri ✘ ✘ ✘
Isidore ✘ ✘
Joseph ✘ ✘
Kurt ✘ ✘
Louis ✘
Exercice 27
Une entremetteuse essaie de former le plus de couples possible avec 6 filles et 6 garçons
en fonction de critères esthétiques et de compatibilité d’humeur. Elle a dressé le tableau
d’incompatibilités ci-après, où une croix indique que deux personnes sont incompatibles.
Combien de couples pourra-t-elle former au maximum ?
1 5
A
6 D
2 3 C 7
B
4
Le degré d’une région r , noté d(r), est la longueur de la chaîne fermée minimum pas-
sant par tous les sommets qui délimitent cette région. Dans le graphe ci-dessus, d(A) = 6
(la région A est délimitée par la chaîne fermée passant par les sommets (1, 2, 3, 5, 6, 5, 1)),
d(B) = 4, d(C) = 3 et d(D) = 5.
On remarque que toute arête limite deux régions, ou est contenue dans une région et est
alors comptée deux fois dans la chaîne fermée. Nous avons donc un lemme pour les régions,
analogue au lemme des poignées de mains pour les sommets.
Théorème 1.7
La somme des degrés des régions d’une carte connexe est égale à deux fois le nombre
d’arêtes.
On peut vérifier ce théorème sur le graphe précédent : il comporte 9 arêtes et la somme des
degrés des régions vaut 18.
S−A+R = 2
Exercice 28
Démontrez le théorème d’Euler en procédant par récurrence sur les sommets.
1
2 1
3 2
4 5
5 3
6 4
Exercice 29
Utilisez le théorème d’Euler pour démontrer que le graphe biparti K3,3 n’est pas planaire.
1 5
0 0 1 1 1
4 0 0 1 0 0
M=
1 1 0 1 1
3 1 0 1 0 1
1 0 1 1 0
2
Cette matrice a plusieurs caractéristiques :
1. Elle est carrée : il y a autant de lignes que de colonnes.
2. Il n’y a que des zéros sur la diagonale allant du coin supérieur gauche au coin infé-
rieur droit. Un « 1 » sur la diagonale indiquerait une boucle.
3. Elle est symétrique : mi j = m ji . On peut dire que la diagonale est un axe de symétrie.
4. Une fois que l’on fixe l’ordre des sommets, il existe une matrice d’adjacences unique
pour chaque graphe. Celle-ci n’est la matrice d’adjacences d’aucun autre graphe.
Exercice 30
On a calculé ci-dessous les matrices M 2 et M 3 (M est la matrice ci-dessus). Pour chacune
de ces matrices, à quoi correspondent les nombres obtenus ?
3 1 2 2 2 6 2 8 7 7
1 1 0 1 1 2 0 4 2 2
M =
2
2 0 4 2 2
M 3 = 8 4 6 8 8
2 1 2 3 2 7 2 8 6 7
2 1 2 2 3 7 2 8 7 6
1 5
1 : 3, 4, 5
4 2:3
3 : 1, 2, 4, 5
3 4 : 1, 3, 5
5 : 1, 3, 4
2
Exercice 31
Décrivez le graphe G ci-dessous par une matrice d’adjacences et des listes d’adjacences.
7 2 1
3 4 6
1.10 Arbres
On appelle arbre tout graphe connexe sans cycle. Un graphe sans cycle mais non connexe
est appelé une forêt.
Une feuille ou sommet pendant est un sommet de degré 1.
2 1 2 1
3 6 3 6
4 5 4 5
Arbre Forêt
Les sommets 1, 2 et 5 sont les feuilles Les sommets 1, 2, 5 et 6 sont les feuilles
Théorème 1.10
Les affirmations suivantes sont équivalentes pour tout graphe G à n sommets.
1. G est un arbre,
2. G est sans cycle et connexe,
3. G est sans cycle et comporte n − 1 arêtes,
4. G est connexe et comporte n − 1 arêtes,
5. chaque paire u, v de sommets distincts est reliée par une seule chaîne simple (et
le graphe est sans boucle).
Exercice 32
Démontrez le théorème 1.10. Pour cela, utilisez le théorème 1.3.
Théorème 1.11
Tout arbre fini avec au moins deux sommets comporte au moins deux sommets
pendants.
Exercice 33
Démontrez le théorème 1.11.
Exercice 34
Combien d’arbres différents existe-t-il avec 5 sommets ? avec 6 sommets ? avec 7 som-
mets ?
Exercice 35
Démontrez qu’un arbre a au plus un couplage parfait. Quelle est la condition nécessaire
et suffisante pour qu’un arbre T ait un couplage parfait ?
1.10.1 Codage de Prüfer
Le codage de Prüfer (1918) est une manière très compacte de décrire un arbre. Il a été
proposé par le mathématicien allemand Ernst Paul Heinz Prüfer (1896-1934).
Codage
Soit l’arbre T = (V, E) et supposons V = {1, 2, . . . , n}.
L’algorithme ci-dessous fournira le code de T , c’est-à-dire une suite S de n − 2 termes
employant (éventuellement plusieurs fois) des nombres choisis parmi 1, . . . , n.
Exemple de codage
2 3 4 2 3 4 3 4
1 5 6 5 6 5 6
S = {} S = {2} S = {2, 3}
3 3
5 6 6 Il reste 2 sommets :
fin du codage
S = {2, 3, 3} S = {2, 3, 3, 3}
Décodage
Donnée : suite S de n − 2 nombres, chacun provenant de {1, . . . , n}.
Posons I = {1, . . . , n}.
2 3 4 2 3 4 2 3 4
1 5 6 1 5 6 1 5 6
S = {2, 3, 3, 3} S = {3, 3, 3} S = {3, 3}
I = {1, 2, 3, 4, 5, 6} I = {2, 3, 4, 5, 6} I = {3, 4, 5, 6}
2 3 4 2 3 4 2 3 4
1 5 6 1 5 6 1 5 6
S = {3} S = {} S = {}
I = {3, 5, 6} I = {3, 6} I = {}
Exercice 36
Trouvez le codage de Prüfer de l’arbre ci-dessous.
1 2 6 8 10
4 3 5 7 9
Exercice 37
Dessinez l’arbre correspondant à la suite S = {1, 1, 1, 1, 1, 1, 1, 1}.
Exercice 38
Démontrez le théorème 1.12. Utilisez le codage de Prüfer.
Un arbre couvrant (aussi appelé arbre maximal) est un graphe partiel qui est aussi un
arbre.
Exercice 39
Combien d’arbres couvrants différents le graphe G ci-dessus possède-t-il ?
1.11.1 Arbre couvrant de poids minimum
Soit le graphe G = (V, E) avec un poids associé à chacune de ses arêtes. On veut trouver,
dans G, un arbre maximal A = (V, F) de poids total minimum.
Exemple
5 5
1 2 3 1 2 3 1 2 3
3 2 4 1 1 1
2
1 3 1
4 5 6 4 5 6 4 5 6
1 2 3 1 2 3 1 2 3
2 1 2 1 2 4 1
2 2
1 1 1
4 5 6 4 5 6 4 5 6
Les arêtes de poids 3 n’ont pas pu être placées, car elles auraient formé un cycle.
L’algorithme s’est arrêté dès que cinq arêtes ont été placées. Toute arête supplémentaire
aurait créé un cycle.
S’il y a plusieurs arêtes de même poids, il peut y avoir plusieurs arbres couvrants de poids
minimum : tout dépend de l’ordre dans lequel ces arêtes ont été triées.
Exercice 40
Trouvez tous les arbres couvrants de poids minimum du graphe ci-après (les chiffres sur
les arêtes représentent leur poids).
v1 3 v6
2 5 2
1
v2 2 v7 2 v5
2 2 1
1
v3 3 v4
1.12 Coloration
Soit G = (V, E) un graphe. Un sous-ensemble S de V est un stable s’il ne comprend que
des sommets non adjacents deux à deux. Dans le graphe ci-dessous, {v1 , v2 } forment un
stable ; {v2 , v4 } aussi, ainsi que {v2 , v5 } et {v3 , v5 }.
Le cardinal du plus grand stable est le nombre de stabilité de G ; on le note α (G). Dans
le graphe ci-dessous, on a α (G)=2.
v1
v2
v5
v3
v4
La coloration des sommets d’un graphe consiste à affecter à tous les sommets de ce graphe
une couleur de telle sorte que deux sommets adjacents ne portent pas la même couleur. Une
coloration avec k couleurs est donc une partition de l’ensemble des sommets en k stables.
Le nombre chromatique du graphe G, noté γ (G), est le plus petit entier k pour lequel il
existe une partition de V en k sous-ensembles stables.
Sur le graphe ci-dessous, on a eu besoin de trois couleurs (notées 1, 2 et 3) pour colorer les
sommets de sorte que deux sommets adjacents aient des couleurs différentes. On a donc
trois stables : {v1 , v2 }, {v3 , v5 } et {v4 }. On ne peut pas utiliser moins de couleurs, à cause
des cliques {v1 , v4 , v5 } et {v1 , v3 , v4 }.
1
1 v 1
v2
v5 2
v3
2
v4
3
Remarquons enfin que le sommet v2 aurait aussi pu être coloré « 3 ». La coloration mini-
male n’est donc pas forcément unique.
• γ (G) ≤ n + 1 − α (G)
Preuve : Considérons S un stable de V de cardinalité α (G). Une coloration possible
des sommets consiste à colorer les sommets de S d’une même couleur et les n − α (G)
autres sommets de couleurs toutes différentes. On en déduit que γ (G) ≤ 1 + (n − α (G)).
Minoration
• Le nombre chromatique d’un graphe est supérieur ou égal à celui de chacun de ses
sous-graphes.
Preuve : Ce résultat découle de la définition même du nombre chromatique.
Exercice 41
Majorez et minorez le nombre chromatique de ce graphe.
v1 v6
v2 v7 v5
v3 v4
Exercice 42
On donne un graphe de 7 sommets par sa matrice d’adjacences M ci-dessous. Ce graphe
représente les 7 bancs d’un parc et les allées permettant de passer de l’un à l’autre.
0 1 0 0 0 0 1
1 0 0 0 1 1 0
0 0 0 1 1 0 0
M= 0 0 1 0 1 0 0
0 1 1 1 0 1 1
0 1 0 0 1 0 0
1 0 0 0 1 0 0
1. On veut peindre les bancs de façon que deux bancs reliés par une allée soient toujours
de couleurs différentes. Donnez un encadrement du nombre minimal de couleurs
nécessaire, en justifiant. Déterminez ce nombre.
2. Est-il possible de parcourir toutes les allées de ce parc sans passer deux fois par la
même allée ?
3. Est-il possible de parcourir des allées de ce parc en passant à côté de chaque banc
exactement une fois ?
Exercice 43
Sept élèves, désignés par A, B, C, D, E, F et G, se sont rendus à la bibliothèque aujourd’hui.
Le tableau suivant précise « qui a rencontré qui » (la bibliothèque étant petite, deux élèves
présents au même moment se rencontrent nécessairement...).
l’élève A B C D E F G
a rencontré D,E D,E,F,G E,G A,B,E A,B,C,D,F,G B,E,G B,C,E,F
De combien de places assises doit disposer la bibliothèque pour que chacun ait pu travailler
correctement au cours de cette journée ?
Exercice 44
Sept agences de voyage proposent des visites de monuments et lieux emblématiques de
Saint-Pétersbourg : la cathédrale Saint-Isaac, le Musée de l’Ermitage, le Musée russe et la
forteresse Pierre et Paul. Un même lieu ne peut pas être visité par plusieurs groupes de
compagnies différentes le même jour.
La première compagnie fait visiter uniquement la cathédrale Saint-Isaac ; la seconde la
cathédrale Saint-Isaac et le Musée russe ; la troisième la forteresse Pierre et Paul ; la qua-
trième le Musée russe et la forteresse Pierre et Paul ; la cinquième la cathédrale Saint-Isaac
et le Musée de l’Ermitage ; la sixième le Musée de l’Ermitage et la forteresse Pierre et
Paul ; la septième le Musée russe et le Musée de l’Ermitage.
Ces agences peuvent-elles organiser les visites sur les trois premiers jours de la semaine ?
Exercice 45
Un lycée doit organiser les horaires des examens. On suppose qu’il y a 7 épreuves à pla-
nifier, correspondant aux cours numérotés de 1 à 7 et que les paires de cours suivantes ont
des étudiants communs : 1 et 2, 1 et 3, 1 et 4, 1 et 7, 2 et 3, 2 et 4, 2 et 5, 2 et 7, 3 et 4, 3
et 6, 3 et 7, 4 et 5, 4 et 6, 5 et 6, 5 et 7 et enfin 6 et 7.
Comment organiser ces épreuves de façon qu’aucun étudiant n’ait à passer deux épreuves
en même temps et cela sur une durée minimale ?
Exercice 46
On veut transporter des produits chimiques par le rail. A, B, C, D, E, F, G et H désignent
huit produits chimiques. Dans le tableau ci-dessous, une croix signifie que les produits ne
peuvent pas être entreposés dans le même wagon, car il y aurait risque d’explosion :
A B C D E F G H
A ✘ ✘ ✘ ✘ ✘
B ✘ ✘ ✘ ✘
C ✘ ✘ ✘ ✘ ✘
D ✘ ✘ ✘ ✘
E ✘ ✘ ✘ ✘
F ✘ ✘ ✘
G ✘ ✘ ✘ ✘
H ✘ ✘ ✘
Exercice 47
Tout graphe contenant un triangle (K3 ) ne peut pas être coloré en moins de trois couleurs.
1. Construire un graphe sans K3 qui nécessite également trois couleurs.
2. Comment, à partir du graphe précédent, construire un graphe sans K4 nécessitant 4
couleurs ?
3. Comment construire un graphe sans K5 nécessitant 5 couleurs ?
Exercice 48
Exprimez la résolution d’un Sudoku classique en termes de coloration de graphe. Décrivez
le graphe (nombre de sommets, nombre d’arêtes, etc.). Combien faut-il de couleurs ?
Exercice 49
Utilisez l’algorithme de coloration de Welsh et Powell pour colorer les graphes des exer-
cices 41, 44 et 45.
Cette conjecture a été formulée pour la première fois par l’Écossais Francis Guthrie en 1852.
Il était alors question de coloration de carte de géographie (voir exercice 51). La preuve
de ce théorème n’arriva qu’en... 1976, grâce à Kenneth Appel et Wolfgang Haken. La dé-
monstration fit grand bruit car ce fut le premier théorème de l’histoire des mathématiques
qui a nécessité l’usage systématique de l’ordinateur.
Exercice 50
Colorez cet oeuf et le billet posé dessus avec le moins de couleurs possibles, en faisant en
sorte que deux régions voisines aient des couleurs différentes.
Combien de couleurs donne l’algorithme de Welsh et Powell ?
Exercice 51
Colorez la carte des communes d’Ajoie ci-dessous en utilisant le moins de couleurs pos-
sibles, de sorte que deux régions voisines aient des couleurs différentes.
Construisez d’abord un graphe associé à cette carte, puis colorez-en les sommets.
On peut ensuite appliquer l’algorithme de Welsh et Powell sur le graphe G′ pour colorer
ses sommets. Une fois cela fait, on colorera les arêtes de G de la même couleur que les
sommets correspondants de G′ .
Exercice 52
Dans un tournoi d’échecs, chaque joueur doit rencontrer tous les autres. Chaque partie dure
une heure. Déterminez la durée minimum du tournoi dans le cas où le nombre de joueurs
est 3, 4, 5 ou 6.
v1
v2
v5
v3
v4
Un sommet v est dit simplicial si son voisinage N(v) est une clique. Dans le graphe ci-
dessus, les sommets simpliciaux sont v2 et v5 .
Théorème 1.14
Un graphe connexe est triangulé si et seulement si tout séparateur minimal est une
clique.
Preuve
1. Supposons tout d’abord que tout séparateur est une clique. Soit C = [x1 , x2 , . . . , xk , x1 ]
(k ≥ 4) un cycle dans G et soit W un séparateur minimal de x1 et x3 . W doit contenir x2
et au moins un des sommets x4 ,. . . ,xk . Comme W est une clique, il existe une corde
dans C .
2. Supposons G triangulé et soit W un séparateur minimal. Supposons que W ne soit
pas une clique. Soient G1 = (V1 , E1 ) et G2 = (V2 , E2 ) deux composantes connexes de
G[V −W ] et soient x et y deux sommets non adjacents dans W . Comme W est minimal,
x et y ont chacun au moins un voisin dans G1 et dans G2 . Soient a1 et a2 les voisins
de x dans G1 et G2 , et soient b1 et b2 ceux de y dans G1 et G2 . Comme G1 et G2
sont connexes, il existe une chaîne reliant a1 à b1 dans G1 et une chaîne reliant a2 à b2
dans G2 . Il existe donc une chaîne C1 sans corde reliant x à y dans G[V1 ∪ W ] ainsi
qu’une chaîne sans corde C2 reliant x à y dans G[V2 ∪ W ]. L’union de C1 et C2 est un
cycle sans corde contenant au moins 4 sommets, contradiction.
2
Théorème 1.15
Tout graphe triangulé autre qu’une clique contient au moins deux sommets simpliciaux
non adjacents.
Preuve
Si G ne contient que deux sommets, alors G est constitué de deux sommets isolés qui
sont simpliciaux non adjacents. Supposons donc le théorème vrai pour tout graphe ayant
moins de n sommets et soit |V | = n. Soit W un séparateur minimal et G1 = (V1 , E1 )
et G2 = (V2 , E2 ) deux composantes connexes de G[V −W ]. On a vu que W est une clique.
– Si G[V1 ∪W ] est une clique alors choisissons x dans V1 : x est simplicial dans G[V1 ∪W ].
– Sinon, par hypothèse d’induction, il existe deux sommets simpliciaux non adjacents dans
G[V1 ∪ W ], et comme W est une clique, l’un de ces sommets qu’on appellera x est
dans V1 .
Dans chacun des deux cas on a déterminé un sommet x simplicial dans G[V1 ∪ W ]. De
même, on peut déterminer un sommet y simplicial dans G[V2 ∪ W ]. Ces deux sommets x
et y sont simpliciaux dans G et non-adjacents.
2
Exercice 53
Appliquez l’algorithme de Fulkerson et Gross pour vérifier que le graphe ci-dessous est
triangulé.
v1 v2 v3 v8
v4 v5 v6
v7
Un schéma d’élimination parfait est un ordre v1 < . . . < vn des sommets tel que vi est
simplicial dans G[vi , . . . , vn ] (n = |V |).
Théorème 1.16
Un graphe est triangulé si et seulement s’il possède un schéma d’élimination parfait.
Preuve
1. Soit v1 < . . . < vn un schéma d’élimination parfait et soit C = [x1 , x2 , . . . , xk , x1 ] (k ≥ 4)
un cycle dans G. Sans perte de généralité, on peut supposer que x1 = vi apparaît avant
x2 , . . . , xk dans le schéma d’élimination parfait. Mais alors x2 est relié à xk car x1 est
simplicial dans le graphe G[vi , . . . , vn ] qui contient x2 , . . . , xk . Le cycle C a donc une
corde.
2. Si G est triangulé on peut déterminer un schéma d’élimination parfait comme suit :
Poser i :=1 ;
Tant que V 6= ∅ faire
Choisir un sommet simplicial x dans le graphe résiduel. Mettre x en position i
Ôter x de V et poser i := i + 1
2
Exercice 54
Montrez que les arbres, les graphes complets et les graphes d’intervalles sont des graphes
triangulés.
Exercice 55
Donnez un schéma d’élimination parfait du graphe ci-dessous et colorez ce graphe.
v1 v2 v3 v8
v4 v5 v6
v7
2 Graphes orientés
2.1 Graphes orientés
En donnant un sens aux arêtes d’un graphe, on obtient un digraphe (ou graphe orienté).
Le mot « digraphe » est la contraction de l’expression anglaise « directed graph ».
Un digraphe fini G = (V, E) est défini par l’ensemble fini V = {v1 , v2 , . . . , vn } dont les élé-
ments sont appelés sommets, et par l’ensemble fini E = {e1 , e2 , . . . , em } dont les éléments
sont appelés arcs.
Un arc e de l’ensemble E est défini par une paire ordonnée de sommets. Lorsque e = (u, v),
on dit que l’arc e va de u à v. On dit aussi que u est l’extrémité initiale et v l’extrémité
finale de e.
Exercice 56
Construire un graphe orienté dont les sommets sont les entiers compris entre 1 et 12 et dont
les arcs représentent la relation « être diviseur de ».
Exercice 57
Trouvez les degrés extérieurs et intérieurs de chacun des sommets du graphe ci-dessous :
2 1
3 6
4 5
Un circuit est un chemin dont les sommets de départ et de fin sont les mêmes. Le digraphe
ci-dessus ne contient pas de circuit.
Les notions de chemins et de circuits sont analogues à celles des chaînes et des cycles pour
les graphes non orientés.
Exercice 58
Soit X un ensemble de lapins, et G un graphe orienté ayant X pour ensemble de sommets.
On dit que G est un « graphe de parenté » si les arcs de G codent la relation « être le parent
de... ». Quelles conditions doit nécessairement vérifier G pour pouvoir être un graphe de
parenté ?
Exercice 59
On souhaite prélever 4 litres de liquide dans un tonneau. Pour cela, nous avons à notre
disposition deux récipients (non gradués !), l’un de 5 litres, l’autre de 3 litres.
Comment doit-on procéder ?
Exercice 61
On appelle tournoi un digraphe complet.
1. Montrez que tout tournoi ayant 3 sommets admet un chemin hamiltonien.
2. Soit T un tournoi ayant n − 1 sommets et un chemin hamiltonien x1 , x2 , . . . , xn−2 , xn−1 .
On suppose que l’on ajoute un sommet xn à ce graphe et que, pour chaque sommet
x1 , x2 , . . . , xn−2 , xn−1 , on ajoute soit un arc (xn , x j ), soit un arc (x j , xn ), 1 ≤ j < n, de
façon à former un tournoi T ′ sans chemin hamiltonien. Dans quels sens sont alors orien-
tés les arcs entre x1 et xn et entre xn−1 et xn ? Est-il possible d’avoir un arc orienté
de x j vers xn et un autre de xn vers x j+1 pour 1 ≤ j < n − 1 ? En déduire que T ′ a
nécessairement un chemin hamiltonien.
3. Déduisez des questions 1 et 2 que tout tournoi admet un chemin hamiltonien.
Exercice 62
Dans un digraphe, un roi est un sommet duquel tous les autres sommets sont à une distance
d’au plus 2.
Démontrez qu’un tournoi a toujours un roi (Landau, 1953).
2.3.1 Digraphe fortement connexe
Un digraphe est fortement connexe, si toute paire ordonnée (a, b) de sommets distincts du
graphe est reliée par au moins un chemin. En d’autres termes, tout sommet est atteignable
depuis tous les autres sommets par au moins un chemin.
On appelle composante fortement connexe tout sous-graphe induit maximal fortement
connexe (maximal signifie qu’il n’y a pas de sous-graphe induit connexe plus grand conte-
nant les sommets de la composante).
Exercice 63
Donnez un algorithme permettant de calculer la distance entre deux sommets x et y d’un
digraphe connexe.
Exercice 64
Proposez un algorithme qui détermine si un graphe est fortement connexe ou non.
Indication : utilisez un système de marquage des sommets.
Les graphes ci-dessous sont-il fortement connexes ? Si non, donnez leurs composantes
fortement connexes.
v13 v14 v15 v16
v9 v10 v11 v12
v1 v2 v3 v4
v1 v2 v3 v4
Exemple
Voici la matrice d’adjacences du digraphe G :
2 1 0 1 0 1 0 1
0 0 0 1 1 0
0 0 0 1 0 0
3 6 M=
0
0 0 0 1 0
0 0 0 0 0 0
4 5 0 1 0 0 0 0
Cette matrice a plusieurs caractéristiques :
1. Elle est carrée : il y a autant de lignes que de colonnes.
2. Il n’y a que des zéros sur la diagonale. Un « 1 » sur la diagonale indiquerait une
boucle.
3. Contrairement à celle d’un graphe non orienté, elle n’est pas symétrique.
4. Une fois que l’on fixe l’ordre des sommets, il existe une matrice d’adjacences unique
pour chaque digraphe. Celle-ci n’est la matrice d’adjacences d’aucun autre digraphe.
Exercice 65
On a calculé ci-dessous les matrices M 2 et M 3 . M est la matrice d’adjacences du graphe
de l’exemple.
Pour chacune de ces matrices, à quoi correspondent les nombres obtenus ?
0 1 0 1 2 0 0 0 0 1 2 0
0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0
0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0
2
M = 3
M =
0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
0 0 0 1 1 0 0 0 0 0 1 0
Exemple
Voici les listes d’adjacences du digraphe G :
2 1
1 : 2, 4, 6
2 : 4, 5
3:4
3 6
4:5
5:–
6:2
4 5
Exercice 66
Décrivez le graphe G ci-dessous par une matrice d’adjacences et des listes d’adjacences.
7 2 1
3 4 6
2.5 Digraphes sans circuit
Théorème 2.1
Le digraphe G est sans circuit si et seulement si on peut attribuer un nombre r(v),
appelé le rang de v, à chaque sommet v de manière que pour tout arc (u, v) de G on ait
r(u) < r(v).
Preuve
Si G comporte un circuit C , il n’est pas possible de trouver de tels nombres r(i) car,
autrement, considérant r( j) = max{r(i) | i ∈ C} et l’arc ( j, k) ∈ C , on aurait r( j) ≤ r(k)
en contradiction avec la définition du rang.
Réciproquement, si G n’a pas de circuit, il existe au moins un sommet sans prédécesseur
dans G (sans cela, en remontant successivement d’un sommet à un prédécesseur, on finirait
par fermer un circuit). Ainsi, on peut attribuer séquentiellement des valeurs aux sommets
du graphe à l’aide de l’algorithme qui suit, ce qui conclura la démonstration.
2
Exercice 67
Attribuez un rang aux sommets du digraphe ci-dessous en utilisant l’algorithme de calcul
du rang.
7 2 1 8
3 4 6
2.6 Graphes de comparabilité
Un graphe est de comparabilité si on peut orienter ses arêtes de façon transitive, c’est-à-
dire de telle sorte que s’il existe un arc de i vers j et un arc de j vers k , alors il existe
également un arc de i vers k .
1 2 1 2 1 2
3 3 3
5 6 5 6 5 6
Jusque là, tout va bien. . . Aïe. Il manque une arête
entre les sommets 3 et 2.
Exercice 68
Les graphes ci-dessous admettent-ils une orientation transitive ?
1
1 2 2 3
3 4
5 6 4 5 6
Etant donné qu’une orientation transitive d’un graphe de comparabilité induit un ordre
parfait, on en déduit l’algorithme suivant de coloration minimale des sommets.
Exercice 72
Expliquez pourquoi des arcs avec des poids négatifs pourraient poser problème dans la
recherche d’un plus court chemin dans un graphe.
Conventions d’écriture : 4
Nom de la tâche 16 23
j k
Durée de la tâche
δj φj δk φk
Exercice 73
Refaites le graphe des précédences de l’exemple en utilisant l’algorithme du chemin cri-
tique.
Exercice 74
La construction d’un entrepôt est divisée en dix tâches dont les caractéristiques sont don-
nées dans le tableau ci-dessous. Trouvez le chemin critique.
Exercice 75
La rénovation du séjour d’un appartement se décompose en plusieurs tâches décrites dans
le tableau ci-dessous. Ce dernier donne également les précédences à respecter lors de la
planification des travaux ainsi qu’une estimation de la durée de chacune des tâches.
Tâches Précédences Durée (jours)
A Enlèvement des portes – 1/2
B Ponçage et peinture des portes A 3
C Pose des portes B, J 1/2
D Arrachage des papiers peints – 1
E Tirage des fils électriques D 1
F Pose des prises E, H, I 1/2
G Ragréage des murs E, A 2
H Peinture du plafond G 2
I Pose des papiers peints G 3
J Peinture des cadres H, I 1
K Arrachage de la moquette H, I, J 1/2
L Ponçage du parquet K 1
M Imprégnation et séchage du parquet L, F 4
N Peinture du balcon – 2
O Changement des protections solaires N 1
C AHIERS DE LA CRM No 6 · 41
Complet (Complete)
Dans un graphe complet, toutes les paires de sommets sont adjacentes. Un graphe complet
à n sommets est noté Kn (le K est en l’honneur de Kuratowski, un pionnier de la théorie
des graphes).
Composante connexe (Connected component)
Dans un graphe, une composante connexe est un sous-graphe induit maximal connexe.
Maximal signifie qu’il n’y a pas de sous-graphe induit connexe plus grand contenant les
sommets de la composante.
Connexe (Connected)
Un graphe connexe est un graphe dans lequel chaque paire de sommets est reliée par une
chaîne. Un graphe qui n’est pas connexe est dit non connexe, et se décompose en compo-
santes connexes.
Couplage ou appariement (Matching)
Un couplage est un ensemble d’arêtes tel que chaque sommet du graphe appartient à au
plus une arête de cet ensemble.
Couplage parfait (Perfect matching)
Dans un graphe à 2n sommets, un couplage avec n arêtes est dit parfait. Chaque sommet
du graphe est saturé par un couplage parfait.
Corde (Chord)
Arête reliant deux sommets non adjacents d’un cycle.
Cycle (Cycle)
Dans un graphe, un cycle est une chaîne simple dont les extrémités coïncident. On ne
rencontre pas deux fois le même sommet, sauf celui choisi comme sommet de départ et
d’arrivée.
Degré (Degree)
Le degré d’un sommet est la taille de son voisinage. Le degré d’un graphe est le degré
maximum de tous ses sommets.
Diamètre (Diameter)
Le diamètre d’un graphe est la plus longue des distances entre deux sommets de ce graphe.
Digraphe (Digraph)
Un digraphe est un graphe dans lequel les arêtes sont orientées et appelées arcs. Plus for-
mellement, un digraphe est un ensemble de sommets ainsi qu’un ensemble de paires or-
données des sommets, appelées les arcs.
Distance (Distance)
La distance entre deux sommets est la longueur de la plus courte chaîne entre eux.
Eulérien (Eulerian)
Une chaîne ou un cycle est dit eulérien si chaque arête du graphe y apparaît exactement une
fois. Les chemins et les circuits des digraphes sont dits eulériens sous les mêmes condi-
tions.
Feuille (Leaf )
Sommet de degré 1. Aussi appelé sommet pendant.
Forêt (Forest)
Graphe qui ne contient aucun cycle. Les composantes connexes d’une forêt sont des arbres.
42 · No 6 C AHIERS DE LA CRM
Fortement connexe (Strongly Connected)
Dans un digraphe fortement connexe, chaque sommet peut être atteint depuis n’importe
quel autre par un chemin.
Graphe (Graph)
Un graphe est un ensemble de points, dont certaines paires sont reliées par des lignes.
Les points sont appelés sommets et les lignes sont nommées arêtes.
Plus formellement, un graphe est composé de deux ensembles, l’ensemble des arêtes (E )
et l’ensemble des sommets (V ). L’ensemble des sommets est simplement une collection
d’étiquettes qui permettent de distinguer un sommet d’un autre. L’ensemble des arêtes est
constitué de paires non ordonnées d’étiquettes de sommets.
Hamiltonien (Hamiltonian)
Une chaîne ou un cycle est dit hamiltonien si chaque sommet du graphe y apparaît exac-
tement une fois. Les chemins et les circuits des digraphes sont dits hamiltoniens sous les
mêmes conditions.
Homéomorphe (Homeomorphic)
Deux graphes sont homéomorphes s’ils peuvent tous les deux être obtenus à partir d’un
graphe commun en remplaçant les arêtes par des chaînes simples.
Les deux graphes ci-dessous sont homéomorphes.
Ils ont tous les deux été obtenus à partir du graphe ci-dessous :
Incident (Incident)
Un sommet est incident à une arête s’il est situé à une des deux extrémités de cette arête.
Inversement, une arête est incidente à un sommet si elle « touche » ce sommet.
Indice chromatique (Chromatic index)
L’indice chromatique d’un graphe est le plus petit nombre k pour lequel il existe une k -
coloration des arêtes. L’indice chromatique du graphe G est noté par χ (G). Prononcer
« khi de G ».
k-colorable (k-colorable)
Un graphe est dit k -colorable si à chacun de ses sommets peut être assignée une parmi k
couleurs de sorte qu’à deux sommets adjacents soit assignée une couleur différente. Cette
assignation est appelée coloration.
Liste d’adjacences (Adjacency Structure)
Une représentation d’un graphe ou d’un digraphe qui énumère, pour chaque sommet, tous
les sommets qui sont adjacents au sommet donné.
Liste d’arcs (Arc List)
Une représentation d’un digraphe utilisant les arcs du digraphe. Ce peut être une liste de
paires ordonnées de sommets, ou deux listes triées avec le sommet de départ dans une liste
et le sommet de fin à la position correspondante de la deuxième liste.
C AHIERS DE LA CRM No 6 · 43
Matrice d’adjacences (Adjacency Matrix)
Une matrice carrée contenant des 0 et des 1, dont les lignes et les colonnes sont classées
par sommets. Un 1 en position (i, j) signifie qu’il y a une arête (ou arc) du sommet i au
sommet j . Un 0 indique qu’il n’y a aucune arête ou arc. Une matrice d’adjacences peut
être utilisée pour des graphes et des digraphes.
Multigraphe (Multigraph)
Un multigraphe est un graphe contenant des boucles et/ou plusieurs arêtes reliant les
mêmes sommets.
Nombre chromatique (Chromatic number)
Le nombre chromatique d’un graphe est le plus petit nombre k pour lequel il existe une k -
coloration des sommets. Le nombre chromatique du graphe G est noté par γ (G). Prononcer
« gamma de G ».
Nombre cyclomatique (Cyclomatic number)
ν (G) = m − n + p, avec :
n : nombre de sommets
m : nombre d’arcs
p : nombre de composantes connexes
Ordre (Order)
L’ordre d’un graphe est le nombre de ses sommets.
Orientation (Orientation)
Une assignation de direction aux arêtes d’un graphe. Une arête orientée est un arc. Le graphe
auquel on a donné une orientation est dit graphe orienté ou digraphe.
Partiel (Spanning Subgraph)
Le graphe obtenu en enlevant des arêtes d’un graphe G est appelé graphe partiel.
Pendant (Pendant)
Un sommet est pendant s’il est de degré 1. Aussi appelé feuille si le graphe est un arbre.
Planaire (Planar)
Un graphe planaire est un graphe que l’on peut dessiner sur une surface plate sans que ses
arêtes se croisent. Les graphes que l’on ne peut pas dessiner sans croisement sont dits non
planaires.
Racine (Root)
Sommet distingué d’un arbre. En distinguant un sommet d’un arbre, on obtient une arbo-
rescence.
Rang (Level)
Dans une arborescence, les sommets à la même distance de la racine sont dits être au même
rang. La racine est par convention au rang 0 et la hauteur de l’arbre est le rang maximum.
Régulier (Regular)
Dans un graphe régulier, tous les sommets ont le même degré. Si le degré commun est k ,
alors on dit que le graphe est k -régulier.
Semi-eulérien (semi-eulerian)
Un graphe est semi-eulérien s’il est possible de trouver une chaîne passant une et une seule
fois par toutes les arêtes, et s’il n’est pas eulérien.
44 · No 6 C AHIERS DE LA CRM
Semi-hamiltonien (semi-hamiltonian)
Un graphe est semi-hamiltonien s’il est possible de trouver une chaîne passant une et une
seule fois par tous les sommets, et s’il n’est pas hamiltonien.
Simple (simple)
Un graphe est dit simple, s’il ne contient pas de boucle et s’il n’y a pas plus d’une arête
reliant deux mêmes sommets.
Simplicial (simplicial)
Un sommet v est dit simplicial si son voisinage N(v) est une clique.
Sommet (Vertex, pluriel Vertices)
Extrémité d’une arête ou d’un arc.
Sous-graphe (Induced Subgraph)
Un sous-graphe est obtenu en enlevant à un graphe des sommets et toutes les arêtes inci-
dentes à ces sommets.
Stable (Stable)
Un stable d’un graphe G est un sous-graphe de G sans arête. L’ordre du plus grand stable
de G est noté α (G) et s’appelle nombre de stabilité. Prononcer « alpha de G ».
Taille (Size)
La taille d’un graphe est le nombre de ses arêtes.
Tournoi (Tournament)
Digraphe complet.
Triangulé (Chordal)
Un graphe est triangulé si tous ses cycles de longueur supérieur à 3 contiennent au moins
une corde.
Voisinage (Neighborhood)
Le voisinage d’un sommet est l’ensemble de tous ses sommets adjacents.
C AHIERS DE LA CRM No 6 · 45
Index
arête, 3 orienté, 29
arborescence, 35 parfait, 24
arbre, 17 partiel, 6, 19
couvrant, 19 planaire, 3, 14
maximal, 19 planaire topologique, 14
arc, 29 régulier, 8
semi-eulérien, 10
carte, 14 semi-hamiltonien, 11
chaîne, 8 simple, 3
élémentaire, 9 triangulé, 26
alternée, 13
alternée augmentante, 13 indice chromatique, 25
eulérienne, 10
fermée, 9 listes d’adjacences, 16
hamiltonienne, 11 matrice d’adjacences, 15
simple, 9 multigraphe, 3
chemin, 29
circuit, 30 nombre chromatique, 21
clique, 7 nombre de stabilité, 21
composantes connexes, 4
corde, 26 racine, 35
couplage, 13 rang, 33
maximum, 13 roi, 30
parfait, 13
séparateur, 26
cycle, 9
schéma d’élimination parfait, 28
eulérien, 10
sommet, 3
hamiltonien, 11
pendant, 17
degré, 7 saturé, 13
d’un graphe, 8 simplicial, 26
d’un sommet, 7 sous-graphe, 6
d’une région, 15 stable, 21
diamètre, 9
tournoi, 30
digraphe, 29
fortement connexe, 31
distance, 9, 29
feuille, 17
forêt, 17
graphe, 3
biparti, 4
complet, 4
connexe, 4
d’intervalles, 5
de comparabilité, 34
eulérien, 10
hamiltonien, 11
46
Ouvrages publiés par la Commission Romande
de Mathématique
O UVRAGES COLLECTIFS DE LA CRM
No 18 Géométrie 2
No 21 Méthodes numériques (M.-Y. BACHMANN, H. C ATTIN,
P. É PINEY, F. H AEBERLI et G. J ENNY)
N 23 Géométrie vectorielle et analytique plane
o
C AHIERS DE LA CRM
No 1 Suites de nombres réels Alex W ILLA
No 2 Cryptologie Nicolas M ARTIGNONI
No 3 Équations algébriques et nombres complexes Martin C UÉNOD
No 4 Séries numériques et séries de Taylor Alex W ILLA
No 5 Arrêt sur image Daniel P ONCET-M ONTANGE
No 6 Introduction à la théorie des graphes Didier M ÜLLER
S. PAHUD
Géométrie expérimentale I, II et III (Livre de l’élève)
Géométrie expérimentale I, II et III (Notes méthodologiques à insérer)
C AHIER N O 1 C OMMISSION R OMANDE DE M ATHÉMATIQUES C AHIER N O 2 C OMMISSION R OMANDE DE M ATHÉMATIQUES C AHIER N O 3 C OMMISSION R OMANDE DE M ATHÉMATIQUE C AHIER N O 4 C OMMISSION R OMANDE DE M ATHÉMATIQUE
Introduction à la
Arrêt sur image théorie des graphes
avec Mathematica