Le bon dieu n'est pas noir

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Awalson Mohamad

Le bon dieu n’est pas noir

Trente sonnets pour dire le monde


La valse du coq solitaire

!
Le coq solitaire chante un chant strident
Mais qui n’ira pas loin, il n’a pas de vrais dents.
Il chante et chante, tourne sur place, et rien
Lui seul, vraiment seul, sous le soleil des terriens.

Il hurle, s’agite, s’affaiblit d’impuissance


Le poulailler envahi, il perd tous ses sens.
Ainsi, dit-il : « Dieu ! À quelle poule se vouer ? »
Où se plier face à tous ces ennemis dévoués ?

Et le coq n’a plus de bordures protectrices


Abusé, ruiné par ses poules séductrices,
Seul dans son royaume et seul face à son destin

Pauvre coq trahi, vit la fin de son festin.


Sort de ton beau cachot, et change de plumage.
Fin de partie, tu n’es plus le sage roi mage.
Le glas

Aujourd’hui je ne peux ni parler ni écrire


Les canons ont propulsé les échos de ma
Voix emportée par des vents puissants pour décrire
Une douce peine et raide vie près du mât.

Des bébés en pleurs tout près des fœtus en sang


Des perroquets en cris sur des arbres en flammes
Un chien mort contemple mon regard impuissant
Les anges déplumés quittent ce monde en blâme.

Et jeunes en armes violent vieilles en larmes


Et coups de feu se mélangent aux coups de fesses
Rien à faire la guerre a perdu tout son charme.

Aux hommes d’horreur les honneurs qui s’affaissent


Des poissons quittent les eaux, le monde en alarme
Une belle guerre, toute une vie dévouée.
L’indignée du Pont vert

Ta voix fait trembler les pilons et ton regard


Transperce ce sable refroidi par ton cœur
Sous cette chaleur glaciale de ton hangar
Tu regarde ces mendiants qui miment des chœurs

Mélancoliques, une calebasse en main


Marchant en file tous dévisagent le ciel
Mais en espérant un bout de pain pour demain
Mordus par la faim ils prient tous pour l’essentiel

Ta vie s’allonge comme la mort d’une étoile


Esprit dispersé comme les grains de sable
Corps léger au vent chaud emportant une toile

Ces mendigots suivent ton chemin ensemble


Votre monde se dessine sous une voile
Vos cœurs unis se serrent et se rassemblent
Le vent de la Méditerranée

Aux assoiffés de la liberté

Dans les débris et les décombres des canons


Ton ombre jaillit comme le soleil du jour
Seul sur les chemins de travers cherche toujours
Ce monde doux où tu auras un cabanon.

D’un gros cœur meurtri par la civilisation


Tes larmes coulant sur ta chaire morcelée
Emportent tes rêves pacifiques scellés
Victimes de la barbarie de ta nation.

Tu survivras à la traversée de la mer !


Point nouvelle germination sur cette terre
Asphyxiés, tes désirs ont appris à se taire

Ton âme s’indigne loin de sa patrie mère


Espérant se réveiller tôt sur un parterre
Louanges à Dieu ! Et à Dieu cette vie amère.
Être franc c’est…

Oh ! J’aime divinement la langue française


Les amoureux aiment sauvagement la fraise
Et Picasso peint raisonnement ses tableaux
Tels les fameux éléphants ivres de Pablo.

Comme Gallimard édite tous ses livres


Comme le sourire d’une compagne ivre
Comme jaillissent des vagues déferlantes
Comme un pou qui protège franchement sa lente.

Comme les migrants et la Méditerrané


Comme Lumumba vécut sa dernière année
Comme je déteste les brigands du désert.

Je l’aime comme je déplore la misère


De l’Afrique, je l’enseignerai en Haïti
Et ses idéaux à ces hommes de Tahiti.
Sans elle

A Georges Perec…

L’art vrai, pur contraint à la disparition mais


Par opposition à la mort pour alourdir
Grandir, murir, forcir, rugir, nourrir, mourir
Patron, commis, plumard, disparu à jamais

Aucun souci, un grand don sous profond chagrin


Sous la croix du sud tout pour un grand soir troublant
Cristallisant sans soupçon tout bon art criblant
Criant haut tout futur marquis du public au grain

Pourquoi souffrir à foison dans total topos


Pourtant tu as tout un art vrai sans manuscrit
Alors pas un plagiat à ton nom haut inscrit

A tout grand pays grand roi, au grand art grand propos


Ta voix nous affranchit aujourd’hui du corail
Traçant pour toujours sons, contours du frais travail.
L’alpage

Demain, à l’aube, c’est sûr je te reviendrais


Et je t’embrasserais, là où je t’avais vue
Pour la toute première fois. Je te prendrais
Contre moi ! Ce sera une belle revue.

Et certainement tu as déjà tout oublié


Ce visage bien meurtri, triste, et déplié
Tu as déjà fané merveilleusement bien
Alors, aux âges tu en demandes combien ?

J’ai perdu tes échos au son de tes larmes


Qui couvrent doucement tout ce cœur en alarme
Qui pousse vainement des soupirs pathétiques.

Hélas ! L’amour n’est plus ! Tu es antipathique


Mon malheur ton bonheur ! Mon cœur qui meurt sans chœurs
Pense à tous tes mensonges ! Meurs mais rends ce cœur.
Notre mère qui est aussi elle…

De l’Afrique de Raymond ROUSSEL, célébrons


Ce musée de plumes. Tout un siècle de noces
Sous le soleil de satan avec Bernanos
Serons-nous Le paysan de Paris d’Aragon ?

France ! Terre des Hommes, Du Gard, Les Thibault !


Les Hommes de bonne volonté tels Roumains
Malraux, ou Duras, nous te laverons les mains
Souillées comme Kafka dans un Procès tout beau.

Et tu démens Musil par ta diversité


Parce qu’il n’existe d’Homme sans qualités
Nous viendrons nous enivrer aux côtes d’Azur.

Pour Gide au Vatican les caves rassurent !


Tes fantômes à gauche et tes démons à droite
Rendent la vie sans mode d’emploi plus étroite.
Tous sur Mars

Et la terre n’est plus bleue comme une orange


Elle est exquise comme une patate chaude
Les glaces se fondent, les eaux se dérangent
Piranha, Espadons, et Saumons s’échaudent.

Grand mars, Sphinx tête-de-mort se suffoquent


Nul foyer pour l’éléphant de mer et le phoque
Sur terre ou en mer, la vie n’est plus possible
L’ozone est en osmose, plus de bleu cible.

Aujourd’hui les eaux dormantes se réveillent


Et les marmottes sont désormais en éveil.
Du soleil, il en pleuvait en Californie

Les larges pleurent le Nargis en Birmanie.


A Copenhague se moquent les locataires
De la terre. Tous ces destructeurs légendaires !
Les minutes contemporaines

Il fut il aurait pu être et il sera


Comme un cyclone qui balaye le paysage
Et tel qu’un sable mouvant sur un beau rivage.
Regarder le monde perdre tout son aura !

Tous d’accord qu’on fait le monde avec les mots


Les hommes avec les actes à dessein mais
Que dire du monde qui coule sans ses maux ?
Où va ce cadran qui ne s’arrête jamais ?

Tic tack tic tack tic tack tic tack tic tack tic tack…
Il marche…et ce roseau reste impuissant
Sur ses pas, elle laisse preux, couards amusants.

Sur la terre le concret et l’abstrait s’attaquent


Les temporels sont victimes des coups ardus
Pas de bataille, c’est une guerre perdue.
La dictacratie ou de la bienveillance

Chez nous, c’est vrai ! On nait et on meurt par décret


Chez nous, c’est certain ! Cela n’est plus un secret
Chez nous, c’est sûr ! On s’aime malgré nos défauts
Chez nous, c’est d’accord ! On aime le vrai le faux

Chez nous, contents ou tristes, grand merci au chef


Chez nous, vivants, morts, tous au vote derechef
Chez nous, on connait déjà tous nos suffrages
Chez nous, on garde nos valeurs par les âges

Chez nous, c’est l’attente de l’ultime procès


Chez nous, tous nos gestes sont toujours un succès
Chef nous, seul le chef connait les vrais coupables

Chez nous, les silences profonds sont aimables


Chez nous, les contraintes sont toutes généreuses
Chez nous, même la charité est onéreuse
Méditations

Mais enfin quand comprendrez-vous que les bons dieux


Ne sont pas noirs ? Adjurez sans cesse les cieux
Avec vos voix sans foi chantant des chœurs odieux
Éplorés, indus, pas dignes des hommes pieux.

Vos vagues destins s’assombrissent davantage


Et la grâce céleste est pleine d’avantages
Travaillez et tâchez d’en faire bon usage
Libérez tous vos cœurs et vos vies pleins de rage

Ceux qui croient et ceux qui croient croire méditent


Au paradis primitif sur terre éditent
Tous leurs espoirs de le retrouver à nouveau

Et y demeurer car de vrai, rien ne le vaut


Nourrissez-vous, et jouissez sans aucun radis
La vraie liberté s’ôte, pas le paradis
Métamorphoses

Joli bébé se brosse les dents au balcon


Fou pleure la disparition de son faucon
Chat nu en gaité se lave à la belle étoile
Banquier se moque d’une sage-femme à poil

Fillette fière d’elle devant le miroir


Vieux amoureux se souvient du cœur au tiroir
Fœtus cherche bonne chance pour s’en tirer
Bonnes viennent tout juste de se retirer

Escargots prêts pour l’enterrement de Prévert


Cadavres exquis se baladent au pré vert
Soleil contemporain recherche son ombre

Lune s’assoupit auprès de son pénombre


Vrai monde ne se fait pas juste avec les vers
Y exister, c’est bien vivre tous ces revers
Les enfants publics

L’école publique n’a vraiment pas de sexe


Ni fille ni garçon : c’est que des élèves
Avec une seule foi : croire sans complexe
Au tableau un dicton : assurer la relève

Le bon et sage maître n’enseigne pas tout


Le savoir-faire et le savoir-être partout
Expliquer comment danser, surtout encenser
Mais nullement les règles du savoir-penser

L’école de la république est au public


Le grand majestueux cadeau de la république
Le seul vrai impressionnant présent de la vie

Au tableau noir, le maître inscrit les avis


Pour les élèves citoyens, rien n’est gratuit
Seul le chemin obscur vers un destin fortuit
A l’ombre de la vérité…

Toute justice n’est que justice de lasse


Dans le seul but de préserver l’ordre hélas !
L’humanité ne vit que de grande justesse
De l’âme, de l’esprit dans la grande rudesse.

Où sont donc passés les communautés des dieux ?


Sont-ils tous essoufflés par ces temps si odieux ?
Qu’ils reviennent enseigner à ces avariés
La grandeur loyale des consciences variées.

Qu’ils apprennent à se tenir face aux dérives


D’outre-monde, et qu’on leur montre les vraies rives
Comment affranchir leurs âmes très asservies ?

Qu’ils se rendent enfin cette équité servie


Qu’elle ne soit aux humains une vérité
Mais que sa cour en soit une sincérité
Une chaise en enfer

Pourquoi annihiler la peine capitale


Si les bourreaux n’ont aucune valeur morale
Et que diront les morts s’ils pouvaient assister
Aux controverses avec leurs cœurs dévastés.

Pourquoi tant des récusations sur l’expiation ?


Pourquoi tant d’hésitations sur la répression ?
Où sont alors la loyauté, l’égalité
Si la justice est réformée par la bonté ?

Tachez de ne point dédaigner pour le plein droit


Que l’exécuteur doit être exécuté
Bon Dieu! Que les bons esprits ne soient pas étroits !

La peine de mort n’est pas une atrocité


Bien réhabiliter la mémoire est un droit
Tout comme vivre dans une juste cité
Les crevettes noires

Sortez de l’eau et respirez l’air des barges


Descendez sur les côtes et humez les larges
Vous avez accueilli sans crainte ces lointains
Dans votre mythique imaginaire mondain

Tout comme la fragrance d’une cigarette


Ils ont nourri tous vos cœurs avec des barrettes
En vous indiquant les chemins des dieux pourtant
Tous vos esprits y demeuraient depuis des temps

Vos mémoires impénétrables transpercées


Les cendres de votre identité dispersées
Et emportées partout par le vent déchainé

Croyances, candeurs, certitudes enchainées


Eternellement autour d’un seul petit nom
Crevette, vous ne pourriez jamais dire non
Un été à Rose Parc

Le vent qui haleine par-dessus les feuillages


Les éphémères qui fredonnent en naufrage
Les passagers qui se retournent dans le parc
Les voyants qui illuminent toute la barque

Des pétales qui se posent sur le pavé


Tel du doux beurre dans une gueule bavée
Les échos du bourdonnement de la vraie niche
Raisonnent dans les oreilles du beau caniche

Le bruissement des pas emportés par le vent


Vers des nouveaux horizons du soleil levant
La chute de la feuille devant le vieux dogue

Reniflant de joie comme un bon esprit en vagues


Les flammes du coin s’éteignant à petit feu
Sur les cendres du bel espoir du nouveau vœu
Les pensées

Ni le temps de chien, ni le vent d'enfer n'a pu


M'éloigner de toi! C'est à n'importe quel prix
Me vider de tout mon sang et de tout mon pus
Laisser place à mes pensées et à mes esprits

Caressant le rêve d'un bon fou nostalgique


Faut-il qu'on s'en souvienne de nos tristes joies
Qui unissaient nos gros cœurs aux élans tragiques?
Ce nid désormais un archipel rabat-joie?

Oh! Ces âmes perdues dans un ilot de haine


Moi qui jurais te tuer et t'enterrer aux bois
Me voici baisant tes pieds et baignant de peine

Dans ce vieux monde où les destins sont aux abois


Feins-toi bien, Venus te serait au gré, en reine
A l'ombre des souvenirs, vivent les émois
Le fatalisme

Pourquoi l’humain se cache-t-il toujours derrière


Son sort ? Attendant ce qui lui arrivera
Et en bien et en mal dans toute sa clairière?
Espérant fleurs, oiseaux, du mal le sauvera.

Telle est l'abominable lâcheté humaine!


Nul gain de construire ces immenses somptuaires
Car nulle nature aussi grande n'est pérenne
Sur du marbre, de la boue,c'est la froide sueur!

Tachez! Ils ne tomberont jamais de la tête


Sachez : pas de sort scellé, pas de vrai destin
Vos gros refuges en velours vous entêtent

Et ne cachent pas pour autant vos cœurs en fer


Hélas! Votre optimisme est votre désespoir
Forgez vos demeures au lieu de vous en faire.
Négret, pas nègre

À B. Obama

Tu seras beau noir mais rien n’est nègre chez toi


Ton regard qui noie tes pensées et ton émoi
Qui sent la senteur d’une frayeur extasiée
Ta candeur luit d’une fine audace d’acier

Point de belle mélanine sous ta peau noire


Juste un grand espoir qui aurait pu te trahir
Les esprits longtemps chus à l’image d’un loir
Ont la ferveur des grands jurés pour t’envahir

Et ton goût de persévérance ne sied guère


À tous ceux qui vivent sous l’ombre du soleil
Habitués à humer une cale de taille

Sortir de la paille en s’offrant une vraie guerre


Un puissant nègre le ferait bien sans relâche
En Dieu il croira et sa ferveur n’est pas lâche.
Le grand oubli

Douloureusement perdu dans les ténèbres


De cette nature si laborieuse et vive
Elle ne fait que devancer ces grands convives
D’art pur gardé du zénith à la pénombre

Montagnes, arbres, mers, déserts, canyons, vallées


Lune, étoile, soleil, nuit, jour dans une allée
Emerveillent longtemps tous ces pauvres roseaux
Qui songent tous et s’allongent bien en réseaux

Ames contraintes de voir la gloire finir


En ces lieux où nulle ne pourra revenir
Et seule, demeure l’esquille du sonnet

Qui ne pourra dévaler à la grande naie


Justement ! Point de révolution pacifique
Mais des vers aux intelligences inciviques
A l’école des présidents

Leçon zéro : courage de bien naitre au vent


Chapitre premier : le rêve de tout enfant
Chapitre deuxième : du rêve à la croyance
Chapitre troisième : le temps de la patience
!
Chapitre quatre : le nouvel observateur
Chapitre cinq : amateur manipulateur
Chapitre six : les secrets de la séduction
Chapitre sept : les dessous de la corruption
!
Chapitre huit : apprendre la langue de bois
Chapitre neuf : maitrise de la voix d’aboi
Chapitre dix : les bonnes règles pour mentir
!
Chapitre onze : connaitre pour ne rien dire
Chapitre douze : les lois de la trahison
Chapitre treize : pouvoir de la déraison
Véhémence

Et si le vent n’a jamais soufflé sur nos terres ?


Et si les traversés n’étaient qu’une illusion ?
Et si les conquêtes étaient des allusions ?
Et si nos précurseurs n’ont jamais pu se taire ?

Qu’adviendrait-il aujourd’hui sur les terres noires


Où jaillit l’encre invisible de l’histoire
Jamais notée mais célèbre dans les déboires
Horriblement connue et foutue au mouroir ?

Du délitement en plein cœur des ténèbres


Y apparaît la résistance des ombres
Partout ce sont bien les grands gueules qui se meulent

Du bel exotisme ces vieux esprits se saoulent


Les pages se referment, le grand jour soulève
La masse de l’oubli sur les voix qui se lèvent
Les voix gammées

A chaque peuple son Alexandre le Grand


Nelson Mandela pour les nègres africains
Président Obama aux noirs américains
Atiq Rahimi au brave peuple Afghan

Vladimir Poutine est à la grande Russie


Ce que Angela Merkel est bien à l’Europe
Et les Grecques n’attendront pas que le messie
Revienne pour les hommages à Pénélope

On ira tout honorablement à la Baule


Prendre les préceptes du Général de Gaule
Pour entériner l’héritage métissé

Et celui de saint Georges sur les croix tissées


Souvent bien protégé par la grande royale
Comme Milorad Pavić et sa voix loyale
Epitre pour Boileau

Aura-t-on l’audace de concevoir un jour


Que la belle liberté puisse trahir l’art ?
Même à l’agora la muse est pleine de tares
Mais les plumes se sont effritées pour toujours.

Ânonner rien que pour l’honneur, une strophe


Te fera gémir dans ton luxueux sarcophage,
Te fera conspuer ton séjour en apostrophe,
Te fera ruminer comme un vrai nécrophage.

Et voilà des questions que tu te poseras :


Que se passe-t-il dans notre commun jardin ?
A ce public qu’est-ce l’esprit proposera ?

Des lettres charnelles aux préceptes radins ?


Ou des lettres rebelles nourries de tristesse ?
Aujourd’hui, l’art poétique chantonne sa lesse !
Carma

Lèves-toi. Le temps est présent. Hélas ! Pressant.


Prends ton cœur joyeux, couvre ton regard récent.
Ton corps avait raison, l’avouer est indécent.
Une boule de neige sous les pas décents.

Vas-t-en. Carma ! Vas-t-en ! Le vent du Sud tressant


Ton tif au mouvement d’un bel œil stressant
Petite chose si grande au rêve faisant
Sans aucun doute des gros espoirs éblouissants.

Mes désirs affermissent mon cœur durcissant


Mes rêves s’envolent tel un lotus plissant
Ma douleur chante dans le noir éclaircissant

Tes mensonges au réveil sans cesse blessant,


Comme une mangeuse d’âme démolissant
L’esprit, tu as obscurci mon ombre luisant.
L’âme poétique

La poésie est comme une maison où l’on place


Et des tableaux, et des meubles, et qu’on remplace
Selon qu’on se lève d’un pied ou d’un autre
Elle a ses états d’âme souvent comme les nôtres.

On ne peut écrire avec une âme pieuse


Et ni avec une nourriture copieuse
Une plume trempée de sang est plus violente
Qu’une vraie femme en courroux est sanguinolente.

On peut écrire souvent par manque de mots


Pour exprimer la symphonie de nos vains maux
Et aussi supporter l’explosion des pleurs-rires.

Elle est libre et rebelle comme un faux sourire


Elle est légère, fleuve, fixe ou provocante
Parfois lasse, elle reste toujours choquante.
Les mendiants arrogants

Ce n’est qu’au bout de la nuit qu’on les reconnait


Etranglés et engloutis par le post-réalisme
Pourquoi devrait-on feindre tous ces idéalismes ?
Rien que vendre l’image d’un monde qui nait.

Déblayer chez le voisin tel un Roi Pétaud


Mettre des araignées et des fourmis ensemble
Feindre une belle nature où toute âme semble
Sans vie et appelés au secours des vétos.

Et dans ce mirage tous viennent en voyage


Sur tes plages, ils se déploient ! C’est le partage
Et dans la rue, un seul refrain : c’est le printemps !

De la terreur par les armes : l’aide en plein temps


Le grand dialogue à la table des congressistes
Les quêteurs veulent des maîtres sécessionnistes.
En guise de note…
Comment le dire ?
Le dessein de l’humanité n’a jamais été celui d’interpréter le monde, encore moins de le
redessiner. Pourquoi d’ailleurs devrait-elle s’en préoccuper tant puisque la nature semble déjà
bien faite ! On peut le constater que d’ailleurs les guerres les plus sanguinolentes ont toujours
été celles des espaces, des espaces-réservoirs, les espaces de confiance, des espaces d’idées,
n’oublions pas ceux de la perversité parce que les Hommes en rêvent davantage qu’un
morceau de pain et un verre d’eau sur une table d’or. Tout ce que l’on devrait chercher, me
semble-t-il, n’est rien d’autre que l’équilibre ! Un facteur déterminant de l’existence mais que
les Hommes en sont réfractaires. L’équilibre commence par les formes. Oui ! L’équilibre des
formes. La forme du monde, la forme des idées, la forme des corps !
La belle époque ne serait jamais révolue si l’on avait seulement compris que le maintien
de la balance en équilibre était à la base de toute pensée. Innover dans la noblesse du
conservatisme, savoir que créer c’est avant toute chose équilibrer. Ainsi, l’art n’aura jamais
occupé la scène plaintive. La traversée des genres dont souffrent les créateurs est une richesse
inouïe de l’esprit, mais c’est un handicap pour l’art. Nulle âme ne saurait retirer au roman sa
traditionnelle prose et, les didascalies au théâtre. Pourquoi alors une poésie libertine ? L’Art
poétique de Boileau a certainement bu de l’eau aujourd’hui ! Il a plus que coulé ! La poésie
devrait s’arroger le principe de la fixité des formes et de la révolution des pensées. Dans une
salle de séjour, la disposition des meubles peuvent changer, voire obéir à de milliers de
mouvements de cadrage du décor, de la lumière. Quoi qu’il en soit, la forme de la salle ne
change pas.
Dire le monde avec des mots, ce n’est que choisir tout juste un coin de la rue pour
repeindre du regard la proportion infirme d’une petite idée. Mais cette époque, même si l’on
ne saurait en aucun cas la qualifier de belle époque, reste celle de toutes les grandeurs. Le
déclin du surréalisme donne lieu au postréalisme avec ou sans trait d’union (post-réalisme ou
postréalisme). La vraie grandeur est celle qui ne divorce jamais avec le passé car célébrer le
prestige du passé, c’est nécessairement rendre gloire au présent. D’ailleurs, l’on ne pourrait
faire autrement !
L’objectif est toujours simple : écrire les déchirures de l’âme ! Les contingences d’une
société meurtrie par une civilisation apocalyptique. L’homme, encore l’homme, toujours
l’homme au centre de tous les enjeux, constructeur et destructeur de sa propre civilisation, de
son propre monde. Pendant l’Occident dans son ensemble s’agite autour de l’altéro-
phénomène, on constate qu’il y a plus de dieux en Afrique et en Asie que nul autre ailleurs !
Peut-être bien ces dieux refusent d’être noirs ou asiatiques ? Sont-ils d’abord blancs ou
beurres ? Pourquoi changer la face du monde, des humanités ? On sait bien qu’un débat sur le
Gay Pride est plus important pour un New Yorkais qu’un projet d’adduction d’eau potable en
Somalie lui parait plus audacieux.
Le discours porte toujours sur l’apologie des vainqueurs, voilà la paralysie de
l’humanisme. Les mondes se regardent et il faut un peu de place pour tout le monde.
Et la cloche sonne !
Mohamad Awalson

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