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UNIVERSITE KASDI MERBAH-OUARGLA

Faculté des Sciences de la Nature et de la Vie


Département des Sciences Agronomiques

Année : 2021 N° d'enregistrement :


/......../…....../…...../…....../

THESE
pour l’obtention du Diplôme de Doctorat ès-Sciences
en Sciences Agronomiques.
Spécialité : Production Animale

Evaluation de la durabilité des systèmes


d’élevage ovin en zone steppique algérienne.
- Cas de la région de M’Sila -

Présentée et soutenue publiquement


par :

M. HADBAOUI Ilyes

le 14/10/ 2021

Devant le jury composé de :


Dr. CHEHMA A/Madjid Pr. Univ. U.K.M.Ouargla Président
Dr. SENOUSSI A/Hakim Pr. Univ. U.K.M.Ouargla Directeur de Thèse
Dr. HUGUENIN Johann Dir. Rech. C.I.R.A.D. Montpellier Co-directeur
Dr. BOUMADDA A/Bassat M.C. « A » Univ .K.M. Ouargla Rapporteur
Dr. DEGHNOUCHE Kahramen Pr. Univ. M.K. Biskra Rapporteur
Dr. GUIT Brahim Pr. Univ. Z.A. Djelfa Rapporteur
UNIVERSITE KASDI MERBAH-OUARGLA
Faculté des Sciences de la Nature et de la Vie
Département des Sciences Agronomiques

Année : 2021 N° d'enregistrement :


/......../…....../…...../…....../

THESE
pour l’obtention du Diplôme de Doctorat ès-Sciences
en Sciences Agronomiques.
Spécialité : Production Animale

Evaluation de la durabilité des systèmes


d’élevage ovin en zone steppique algérienne.
- Cas de la région de M’Sila -

Présentée et soutenue publiquement


par :

M. HADBAOUI Ilyes

le 14/10/ 2021

Devant le jury composé de :


Dr. CHEHMA A/Madjid Pr. Univ. U.K.M.Ouargla Président
Dr. SENOUSSI A/Hakim Pr. Univ. U.K.M.Ouargla Directeur de Thèse
Dr. HUGUENIN Johann Dir. Rech. C.I.R.A.D. Montpellier Co-directeur
Dr. BOUMADDA A/Bassat M.C. « A » Univ .K.M. Ouargla Rapporteur
Dr. DEGHNOUCHE Kahramen Pr. Univ. M.K. Biskra Rapporteur
Dr. GUIT Brahim Pr. Univ. Z.A. Djelfa Rapporteur
Dédicace
Je dédie ce travail…

A mes chers parents, en qui j’ai trouvé l’immense soutien dans les études et la vie,

espérant que ce travail soit pour eux le témoignage de ma profonde affection et

mon grand respect ;

A Tous mes chers frères et chères sœurs ;

A Mes chers enseignants ;

A mes collègues de travail au CRSTRA ;

A tous le personnel de l’unité SELMET au CIRAD-Montpellier ;

A tous mes amis ;

A toutes les personnes qui m’ont soutenu de près ou de loin pour la réalisation de

ce travail.

Ilyes
Remerciements
Je remercie Dieu, le tout -puissant, pour m'avoir aidé et donné la force afin de mener
ce travail à terme.
Au terme de ce travail, qu'il me soit permis d'exprimer mes plus vifs
remerciements à :
Mr SENOUSSI Abdelhakim, Professeur à l’université de Ouargla. Qu’il trouve
ici mes vifs et sincères remerciements pour l’encadrement qu’il m’a assuré, pour le
soutien, les directives et ses précieux conseils et si fructueux qu’il m’a prodigués. Qu’il
trouve aussi, l’expression de mon profond respect et considération pour ses
compétences et ses qualités humaines.
Mr. HUGUENIN Johann. Directeur de Recherche à l’unité SELMET au
CIRAD-Montpellier, en qualité de co-directeur de thèse et maître de stage au sein de
l’unité SELMET lors de mon séjour scientifique au cours de l’année 2019. Je le
remercie pour avoir accepté de m’encadrer et de suivre ma thèse de doctorat, de m’avoir
accueilli au sein des bureaux de l’unité de recherche, de partager ses connaissances
dans le domaine du pastoralisme, et de m’avoir guidé durant tout mon parcours
doctoral.
Mr Chehma A/Madjid, Professeur à l’Université Kasdi Merbah - Ouargla , qui
m’a fait l'honneur d'accepter la présidence de mon jury de thèse ; qu’il accepte mes
sincères remerciements et l’expression de mon profond respect.
Mme DEGHNOUCHE Kahramen, Professeur à l’Université Mohamed Khider
–Biskra, & Mrs. BOUMADDA A/Basset, GUIT Brahim, respectivement Maitre de
Conférences « A » à l’Université Kasdi Merbah -Ouargla et Professeur à l’Université
Ziane Achour –Djelfa, qui m’ont fait l'honneur de participer à mon jury de thèse ;
qu’ils acceptent l'expression de ma gratitude et mon profond respect.
Je désire également exprimer mes remerciements les plus vifs à toute l’équipe de
l’unité SELMET, pour leur accueil, et leurs partages scientifiques et convivialité
sociale pendant mon stage au sein de l’unité. J’ai passé de bons moments avec eux, ils
m’ont ouvert leurs bras pour participer à la vie scientifique et sociale de l’unité.
Je saisis l’occasion pour adresser mon profond remerciement à tous mes
responsables scientifiques et administratifs du CRSTRA - Algérie, là où j’occupe un
poste d’Attaché de Recherche. Je l'ai remercié de m’avoir accordé l’opportunité de
bénéficier du P.N.E. en m'autorisant un détachement pour un séjour longue durée au
C.I.R.A.D. Je les remercie également pour la souplesse des procédures administratives
inhérentes à la gestion des dossiers y afférents.
Je remercie également tout le personnel de la D.S.A. de M’Sila, ainsi que les
éleveurs, bergers et autres personnes ressources dans le monde pastoral qui ont bien
voulu me faire part de leur expérience.
Enfin je ne pourrai omettre de remercier toutes personnes ayant contribué de près
ou de loin à la réalisation de ce travail.
Index des acronymes
A.D.E.P : Association pour le Développement de l‟Élevage et du Pastoralisme.

A.P.F.A : Accession à la Propriété Foncière Agricole.

B.T.P : Bâtiments et Travaux Publics.

C.E.P.R.A : Coopératives d‟Élevage de la Révolution Agraire.

C.N.T.S : le Centre National des Techniques Spatiales.

D.P.A.T : Département de la Population et l‟Aménagement du Territoire.

D.S.A. : Direction des services agricoles.

EAC: Exploitation Agricole Collective.

EAI : Exploitation Agricole Individuelle.

F.A.O: Food and Agricultural Organization

F.N.R.A : Fonds National de Régulation Agricole.

F.N.R.D.A : Fonds National de Régulation et du Développement Agricole.

H.C.D.S : Haut-Commissariat au Développement de la Steppe.

M.A.D.R. : Ministère de l‟agriculture et du développement rural.

MS : Matière Sèche.

O.N.M. : Office national de la météorologie.

P.N.D.A : Plan National de Développement Agricole.

U.F. : Unité fourragère


Liste des annexes
Annexe N°1 : Glossaire termes locaux.
Annexe N°2 : Guide d‟entretien

Liste des cartes


Carte N°1 : Délimitation de la steppe algérienne. .................................................................... 34
Carte N°2 : Délimitation des zones de pluviométrie dans la steppe. ....................................... 35
Carte N°3: Cartographie montrant les principales chaines montagneuses du Maghreb. ......... 38
Carte N°4 : Hydrogéologie de la partie nord de l‟Algérie. ...................................................... 40
Carte N°5 : Zones d‟étude sur les potentialités pastorales steppiques. .................................... 44
Carte N°6: Carte de l‟état des parcours steppiques. ................................................................. 47
Carte N°7: Localisation de la wilaya de M‟Sila. ...................................................................... 87
Carte N°8 : Localisation des communes enquêtées. ................................................................ 93
Carte N°9 : Localisation et Circonscriptions administratives de la wilaya de M'Sila.............. 98
Carte N°10 : les grandes zones topographiques de la région de M‟Sila. ................................. 99
Carte N°11 : Relief de la région de M‟Sila. ........................................................................... 100
Carte N°12 : Etat des parcours steppiques dans la Wilaya de M‟Sila. ................................... 119
Carte N°13 : localisation des élevages des dromadaires dans la région de M‟Sila. ............... 129
Carte N°14 : Trajectoires de mobilité des troupeaux ovins de la région de M‟Sila. .............. 173

Liste des photos


Photo N° 1: Parcours dégradé par surcharge animale. ............................................................. 84
Photo N°2 : Parcours de dégradation ....................................................................................... 84
Photo N°3 : Exploitation agricole en plein parcours. ............................................................... 84
Photo N°4 : Pâturage d‟un troupeau sur chaumes locales. ....................................................... 84
Photo N°5 : Installation des serres pour l‟aviculture................................................................ 84
Photo N°6 : Parcours familial exploité collectivement. ........................................................... 84
Photo N°7 : Espace de stockage d‟aliments concentrés « conditionnés en sacs et en vrac ». 179
Photo N°8 : Aliment mélangé prêt à être emballé dans des sacs. .......................................... 179
Photo N°9 : Meule de paille et de foin en bottes. ................................................................... 179
Photo N°10 : Paille stockée sous serre. .................................................................................. 179
Liste des tableaux
Tableau N°1: Les superficies des différentes formations végétales steppiques. ...................... 44

Tableau N°2 : Production fourragère des parcours steppiques. ............................................... 46

Tableau N°3 : Classes des parcours steppiques. ...................................................................... 47

Tableau N°4 : Effectifs des animaux d‟élevage national et de la steppe. ................................ 48

Tableau N°5 : Récapitulatif de l‟échantillonnage. ................................................................... 94

Tableau N°6 : Récapitulatif des paramètres climatiques de la région de M‟Sila. .................. 108

Tableau N°7 : Estimation de la population de la wilaya de M‟Sila. ...................................... 109

Tableau N°8 : Répartition générale des terres de M‟Sila. ...................................................... 111

Tableau N°9 : Les céréales cultivées dans la wilaya de M‟Sila. ............................................ 112

Tableau N°10 : Les cultures fourragères de la wilaya de M‟Sila. .......................................... 112

Tableau N°11 : Effectif du cheptel dans la région de M‟Sila. ............................................... 114

Tableau N°12 : Productions animales de la wilaya de M‟Sila. .............................................. 117

Tableau N°13: Superficies des formations végétales steppiques de la Wilaya de M‟Sila. .... 117

Tableau N°14 : Classes des parcours de le Wilaya de M‟Sila. .............................................. 118

Tableau N°15 : Classes des éleveurs enquêtés selon la taille du troupeau possédé. .............. 122

Tableau N°16 : Répartition de la superficie agricole exploitée selon les classes d‟éleveurs . 125

Tableau N°17 : Répartition des effectifs bovins dans les exploitations enquêtées. ............... 127

Tableau N°18 : Récapitulatif des activités agricoles pratiquées. ........................................... 128

Tableau N°19 : Valeurs fourragères de références des ressources alimentaires. ................... 139

Tableau N°20 : Coefficients de conversions des effectifs en UGB (Moskal, 1983). ............. 140

Tableau N°21 : Types d‟aliments concentrés utilisés. ........................................................... 141

Tableau N°22 : Usage des aliments concentrés. .................................................................... 142

Tableau N°23 : Superficies des cultures fourragères pour les ovins. ..................................... 144

Tableau N°24 : Superficies des chaumes et des céréales sinistrées. ...................................... 145
Tableau N°25 : Récapitulatif des principaux paramètres des classes d‟éleveurs. .................. 151

Tableau N°26 : Sources d‟abreuvement des animaux. ........................................................... 152

Tableau N°27 : Perception de la pratique de l‟agriculture. .................................................... 157

Tableau N°28 : Récapitulatif des superficies agricoles exploitées. ....................................... 159

Tableau N°29 : Synthèse des spéculations agricoles pratiquées. ........................................... 161

Tableau N°30 : Récapitulatif des formes d‟usage des cultures fourragères. .......................... 163

Tableau N°31 : Destinations des cultures fourragères pratiquées. ......................................... 165

Tableau N°32 : Indicateurs de mobilité des troupeaux dans la région de M‟Sila. ................. 170

Tableau N°33 : Récapitulatif de la contribution alimentaire de la transhumance. ................. 174

Tableau N°34 : Synthèse des stratégies de résilience des exploitations d‟élevage. ............... 209

Tableau N°35 : Description des variables retenues. ............................................................... 210

Tableau N°36 : Valeurs propres des sept premiers axes ........................................................ 211
Liste des figures
Figure N°1 : Concept des systèmes d‟élevage vu par Lhoste (1987). ....................................... 8
Figure N°2 : Interactions de l‟approche systémique, savoir et pratique, ................................. 11
Figure N°3 : Schéma de mise en œuvre de l‟approche systémique dans un objectif de
vulgarisation. ............................................................................................................................ 13
Figure N°4 : Représentation à trois sphères (approche latine) (OEDD, 2002). ....................... 21
Figure N°5 : Représentation à trois sphères (approche nordique) (OEDD, 2002). .................. 22
Figure N°6 : Représentation à trois piliers + un (OEDD, 2002). ............................................. 23
Figure N°7 : Représentation à quatre piliers (OEDD, 2002). .................................................. 23
Figure N°8 : Les quatre piliers de la durabilité des exploitations agricoles (Landais, 1998). . 27
Figure N°9 : Réponse dynamique d‟un système à une perturbation (Sauvant et Martin, 2010)
.................................................................................................................................................. 28
Figure N°10 : Modalités des réponses dynamiques d‟un système perturbé. (Sauvant et Martin,
2010)......................................................................................................................................... 32
Figure N°11 : Digrammes ombrothermiques de quelques stations steppiques. ....................... 36
Figure N°12: Coupe géomorphologique de l‟Algérie. ............................................................. 38
Figure N°13 : Evolution de la population humaine nationale et steppique. ............................. 41
Figure N°14 : Répartition des effectifs animaux d‟élevage de la zone steppique.................... 48
Figure N°15 : Evolution du cheptel ovin de la zone steppique. ............................................... 49
Figure N°16 : Evolution du cheptel caprin de la zone steppique. ............................................ 50
Figure N°17 : Evolution du cheptel bovin la zone steppique................................................... 50
Figure N°18 : Evolution du cheptel camelin de la zone steppique. ......................................... 51
Figure N°19 : Évolution de la pluviosité (1907-2003) dans le Sud Oranais Stations Mecheria
et El Bayadh. ............................................................................................................................ 55
Figure N°20 : Schéma de synthèse des mouvements de déplacements des pasteurs dans les
systèmes d‟élevage pastoraux traditionnels en steppe. ............................................................ 65
Figure N°21 : Mouvements de déplacements des pasteurs après transformation des systèmes
d‟élevage pastoraux « traditionnels » pendant et après l‟indépendance. ................................. 70
Figure N°22 : Méthodologie de travail adoptée. ...................................................................... 97
Figure N°23 : Position de la région de M‟Sila dans le climagramme d'emberger période
(1981-2020). ........................................................................................................................... 102
Figure N°24 : Variations des températures mensuelles ; moyennes, maxima, et minima en °C
(1981-2020). ........................................................................................................................... 103
Figure N°25 : Variations mensuelles des précipitations (mm) (1981-2020). ........................ 104
Figure N°26: Variations annuelles des précipitations (mm) (1981-2020). ............................ 104
Figure N°27: Diagramme ombrothermique de Bagnouls et Gaussen de la région de M‟Sila.
................................................................................................................................................ 105
Figure N°28: Variations mensuelles de l‟humidité relative moyenne en (%) (1981-2020)... 105
Figure N°29 : Variations mensuelles de l‟insolation moyenne (heurs) (1981-2020). ........... 106
Figure N°30 : Variations mensuelles de l‟évaporation moyenne (mm) (1998-2008). ........... 106
Figure N°31: Variations mensuelles des jours des gelées (1981-2020). ................................ 107
Figure N°32 : Occupation de la population active de la wilaya de M‟Sila. ........................... 109
Figure N°33 : Répartition des occupés par secteur économique dans la wilaya de M‟Sila. .. 110
Figure N°34 : Evolution du cheptel ovin de la wilaya de M‟Sila (1999-2018). .................... 114
Figure N°35 : Evolution du cheptel caprin de la wilaya de M‟Sila (1999-2018). ................. 115
Figure N°36 : Evolution du cheptel bovin de la wilaya de M‟Sila (1999-2018). .................. 115
Figure N°37 : Evolution du cheptel camelin de la wilaya de M‟Sila (1999-2018). ............... 116
Figure N°38 : Structure des troupeaux de différentes classes d‟éleveurs. ............................. 123
Figure N°39 : Proportions des caprins suivant les classes d‟éleveur. .................................... 124
Figure N°40 : Répartition des âges des éleveurs enquêtés. .................................................... 125
Figure N°41 : Origine des différents aliments concentrés. .................................................... 132
Figure N°42 : Origine des parcours exploités. ....................................................................... 134
Figure N°43 : Origine des fourrages verts pour les ovins. ..................................................... 135
Figure N°44 : Origine des fourrages secs pour les ovins. ...................................................... 136
Figure N°45 : Origine des chaumes et des céréales sinistrées exploitées. ............................. 137
Figure N°46 : Origine des jachères exploitées. ...................................................................... 138
Figure N°47 : Composition alimentaire globale. ................................................................... 146
Figure N°48 : Dendrogramme de classification proposée par la CAH .................................. 148
Figure N°49 : Représentation des variables et des individus sur les axes F1 et F2 de l‟ACP.
................................................................................................................................................ 148
Figure N°50 : Représentation graphique des profils alimentaires.......................................... 149
Figure N°51 : Les modes de conduite de l‟agriculture. ......................................................... 158
Figure N°52 : Répartition de la superficie irriguée. ............................................................... 161
Figure N°53 : Répartition de la superficie pluviale................................................................ 162
Figure N°54 : Répartition de la superficie des cultures suivant les classes d‟éleveurs. ......... 162
Figure N°55 : récapitulatif des types des éleveurs suivant la mobilité des troupeaux. .......... 171
Figure N°56 : Récapitulatif des types d‟éleveurs selon la pratique ou non de l‟engraissement.
................................................................................................................................................ 180
Figure N°57 : Possession de matériels agricoles. ................................................................... 190
Figure N°58 : Représentation des variables sur les axes F1 et F2 de l‟ACM. ....................... 212
Figure N°59 : Représentation des individus sur les axes F1 et F2 de l‟ACM........................ 213
Figure N°60 : Dendrogramme de typologie proposée par la CAH. ....................................... 213
Figure N°61 : Représentation des groupes d‟individus proposés par la CAH sur les axes F1 et
F2 de l‟ACM. ......................................................................................................................... 214
Figure N°62 : Schématisation de la typologie des groupes d‟éleveurs. ................................. 217
Figure N°63 : Schéma d‟aménagement et de gestion de l‟espace des parcours steppiques
(Senoussi et al., 2011). ........................................................................................................... 225
‫تقيين استذاهة نظن تربية االغنام في الوناطق السهبية الجزائرية‪ :‬حالة هنطقة الوسيلة‪.‬‬
‫هلخص‬
‫‪ٚ‬خهخض انٓذف يٍ ْبحّ انذساست ف‪ ٙ‬حغذ‪ٚ‬ذ االسخشاح‪ٛ‬ض‪ٛ‬بث انخ‪ ٙ‬حسًظ نًشب‪ ٙ‬االغُبو ببنًُبطق انسٓب‪ٛ‬ت حغق‪ٛ‬ق‬
‫انغبص‪ٛ‬بث انغزائ‪ٛ‬ت نقطؼبٌ يبش‪ٛ‬خٓى ٔانغفبظ ػهٗ َشبط حشب‪ٛ‬ت االغُبو ف‪ ٙ‬ظم انظشٔف غ‪ٛ‬ش انًسخقشة‪ٚٔ .‬ؼخبش انضفبف‬
‫َٔقض اػالف انًشاػ‪ ٙ‬انطب‪ٛ‬ؼ‪ٛ‬ت يٍ اْى انًشبكم انخ‪ ٙ‬حؼ‪ٛ‬ق حشب‪ٛ‬ت االغُبو ببنًُبطق انسٓب‪ٛ‬ت‪ .‬حؼخًذ طش‪ٚ‬قت انذساست ػهٗ‬
‫انُٓش انُظبي‪ٛ‬ت‪ٔ ،‬انخ‪ ٙ‬حأخز بؼ‪ ٍٛ‬االػخببس يخخهف يكَٕبث َظى حشب‪ٛ‬ت االغُبو ٔكزا انخفبػالث ب‪ُٓٛ‬ب‪ .‬حؼخًذ طش‪ٚ‬قّ صًغ‬
‫انًؼهٕيبث ػهٗ اسخب‪ٛ‬بَبث يغ يشب‪ ٙ‬االغُبو بطش‪ٚ‬قّ حضًٍ حًز‪ٛ‬م صً‪ٛ‬غ َظى حشب‪ ّٛ‬االغُبو انًٕصٕدة ف‪ ٙ‬انًُطقت‪ .‬ع‪ٛ‬ذ حى‬
‫اسخضٕاة ‪ 011‬يٕال ٔ فالط‪-‬يٕال ػبش ‪ 01‬يُطقّ حًزم يُطقّ انًس‪ٛ‬هت‪ .‬بقذساث سػٕ‪ ّٚ‬حقذس بٕاعذ يه‪ْ ٌٕٛ‬كخبس يٍ‬
‫انًشاػ‪ ٙ‬انسٓب‪ٛ‬ت‪ٔ ،‬رشٔة ع‪ٕٛ‬اَ‪ٛ‬ت حقذس بـ ‪ 0621‬يه‪ ٌٕٛ‬ساس غُى حؼخبش يُطقّ انًس‪ٛ‬هت يٍ اكزش انًُبطق اَخبصب نهغٕو االغُبو‬
‫ػهٗ انًسخٕٖ انٕطُ‪ .ٙ‬ع‪ٛ‬ذ حخأرش انًشاػ‪ ٙ‬بظبْشة انخذْٕس ٔ انخظغش‪.‬‬

‫كشفج انذساست ػٍ حُٕع عق‪ٛ‬ق‪ ٙ‬ف‪ ٙ‬أَظًت حشب‪ٛ‬ت األغُبو‪ .‬ع‪ٛ‬ذ ‪ٚ‬قٕو انًٕانٌٕ ببسخؼًبل يضًٕػت ٔاسؼت يٍ انًٕاسد‬
‫انغزائ‪ٛ‬ت انًخبعت يٍ خالل اػخًبد أشكبل صذ‪ٚ‬ذة يٍ انخغز‪ٚ‬ت‪ .‬ػهٗ انشغى يٍ أٌ األػالف انًشكزة حٕفش ‪ ٪01‬يٍ االعخ‪ٛ‬بصبث‬
‫انغزائ‪ٛ‬ت اإلصًبن‪ٛ‬ت نقطؼبٌ انًشب‪ ٍٛ‬انًؼُ‪ ، ٍٛٛ‬فقذ نٕعظج احضبْبث غزائ‪ٛ‬ت صذ‪ٚ‬ذة‪ .‬حذٔس ْزِ األخ‪ٛ‬شة عٕل ديش يغبط‪ٛ‬م‬
‫انؼهف ف‪ ٙ‬إداسة حغز‪ٚ‬ت األغُبو ‪ ،‬ب‪ًُٛ‬ب ‪ٚ‬غخم انؼهف األخضش يكبًَب يٓ ًًب (‪ ٪00‬يٍ انؼه‪ٛ‬قت انغزائ‪ٛ‬ت) ف‪ ٙ‬انغظت انغزائ‪ٛ‬ت نفئت‬
‫حخكٌٕ يٍ ‪ 00‬يٕال‪ .‬بشكم ػبو ‪ ،‬حى حغذ‪ٚ‬ذ سخت ػشش (‪ ) 02‬اسخشاح‪ٛ‬ض‪ٛ‬ت سئ‪ٛ‬س‪ٛ‬ت نهظًٕد ٔحبُ‪ٓٛ‬ب يٍ قبم انًشب‪ ،ٍٛ‬ف‪ ٙ‬إطبس‬
‫رالد فئبث ؛ ‪ - )0‬اسخشاح‪ٛ‬ض‪ٛ‬بث انخ‪ٚ ٙ‬خًزم ْذفٓب انشئ‪ٛ‬س‪ ٙ‬ف‪ ٙ‬حٕف‪ٛ‬ش انًشَٔت انغزائ‪ٛ‬ت نهقط‪ٛ‬غ ‪ - )0 ،‬اسخشاح‪ٛ‬ض‪ٛ‬بث حسًظ‬
‫بخُٕ‪ٚ‬غ دخم انًزسػت ‪ - )3 ،‬اسخشاح‪ٛ‬ض‪ٛ‬بث نخقٕ‪ٚ‬ت أداء اإلَخبس انًخخهفت‪ .‬اػخًبدًا ػهٗ االسخشاح‪ٛ‬ض‪ٛ‬بث انًؼخًذة ‪ٚ ،‬خى حظُ‪ٛ‬ف‬
‫انًشب‪ ٍٛ‬إنٗ رالد يضًٕػبث‪ )0 :‬يضًٕػت يٍ انًشب‪ ٍٛ‬رٔ٘ انقذسة انًُخفضت ػهٗ انظًٕد (‪ 33‬يٕال) ‪ٔ ،‬سابطت ضؼ‪ٛ‬فت‬
‫"حشب‪ٛ‬ت انًٕاش‪ٔ ٙ‬انزساػت " ‪ )0 ،‬يضًٕػت يٍ انًشب‪ ٍٛ‬انز‪ ٍٚ‬نذ‪ٓٚ‬ى يظبدس ص‪ٛ‬ذة نهغزاء ٔانًشَٔت انًبن‪ٛ‬ت ( ‪ 30‬يٕال)‬
‫ٔسابطت قٕ‪ٚ‬ت "حشب‪ٛ‬ت ع‪ٕٛ‬اَ‪ٛ‬ت ٔانزساػت" ‪ ،‬حقٕو ػهٗ حُٕ‪ٚ‬غ انذخم يٍ خالل حُٕ‪ٚ‬غ انًغبط‪ٛ‬م ‪ )3 ،‬يضًٕػت يٍ انًشب‪ٍٛ‬‬
‫رٔ٘ انًظبدس انض‪ٛ‬ذة نهظًٕد انغزائ‪ 31( ٙ‬يٕال) ٔسابطت قٕ‪ٚ‬ت " حشب‪ٛ‬ت ع‪ٕٛ‬اَ‪ٛ‬ت ٔانزساػت " ‪ ،‬حخًغٕس عٕل اإلَخبس يٍ‬
‫ػ هف انًبش‪ٛ‬ت انخبص بٓى‪ٚ .‬بذٔ أٌ ْزِ االحضبْبث انغزائ‪ٛ‬ت ْ‪ ٙ‬عهٕل غ‪ٛ‬ش كبيهت‪ ،‬ألَٓب حفخقش إنٗ انخقُ‪ٛ‬ت ٔحسخًش ف‪ ٙ‬حذْٕس‬
‫انغطبء انُببح‪ ٙ‬نهًشاػ‪ ٙ‬انسٓب‪ٛ‬ت‪ .‬يٍ يُظٕس االسخذايت‪ ،‬حٕاصّ االسخشاح‪ٛ‬ض‪ٛ‬بث انًؼخًذة عذٔدًا طب‪ٛ‬ؼ‪ٛ‬ت ٔحُظ‪ًٛٛ‬ت‪ٔ .‬يغ رنك ‪،‬‬
‫‪ًٚ‬كُٓى إنٓبو األفكبس عٕل انغهٕل انًًكُت نُقض يٕاسد انؼهف ف‪ ٙ‬ب‪ٛ‬ئت انسٕٓة‪.‬‬

‫كلوات دالة‪ :‬األغُبو ‪ ،‬انًس‪ٛ‬هت ‪ ،‬انسٕٓة انضزائش‪ٚ‬ت ‪ ،‬انًشاػ‪ ، ٙ‬انذٔنت ‪ ،‬انًشَٔت ‪ ،‬االسخذايت‪.‬‬
Assessment of the sustainability of sheep breeding systems in the Algerian steppe area:
Case of M’Sila region.
Abstract
The main objective of the present study lies in the identification of strategies allowing sheep
breeders of the steppe to find the food needs of the herds and to keep livestock activity in a changing
and an uncertain context. In this vein of thought it is important to denote that the Drought and the
shortage of natural fodder remain the main constraints hampering sheep breeding in the steppes. The
approach that been adopted by the work fully embodies the systemic approach, considering the
different components of the breeding system and their interactions. Moreover, the information
collection method is based on surveys completed during a one-off visit, selected breeders so as to have
a maximum of diversity of existing sheep breeding systems. Therefore, 100 actors; represented by
pastoralists and agro-pastoralists were approached, through twenty representative zones of M‟Sila
region. With a pastoral potential of one million hectares of rangelands and a sheep herd of 1.65 million
heads, the state of M'Sila is reckoned among the areas potentially for sheep meat at the national level,
where the rangelands are badly affected by both degradation and desertification.

The current study, revealed a real diversity of sheep breeding systems. Pastoralists, in turn,
shed light on a wide variety of uses of available food resources by adopting new forms of feeding.
Despite the fact that concentrated feeds provide 40% of the overall food needs of the herds of the
breeders‟ approaches, new food trends are noticed. The latter are capitalized in the integration of
fodder crops in the feeding management of sheep, while, green fodder occupies an important place
(42% of the diet) in the food diet for a class of 24 breeders. Overall, Sixteen (16) major resilience
strategies have been identified and adopted by breeders, under the cut of three classes; i) Strategies
whose main goal is to have food resilience for the herd, ii) Strategies allowing diversification of farm
income, iii) Strategies for strengthening different production performances. Depending on the
strategies adopted, the breeders are categorized into three groups: i) Group of breeders with low
resilience (38 breeders), and few “Livestock-agriculture” associations, ii) Group of breeders with good
sources of food and financial resilience (32 breeders) and a strong “Livestock-agriculture” association,
based on income diversification through crop diversification, iii) Group of breeders with good sources
of food resilience (30 breeders) and a strong “Livestock-agriculture” association, which was centered
on the production of their own animal feed. These dietary trends seem to be incomplete curative
resolutions, because they lack technical mastery and continue to destroy the vegetation of natural
rangelands. From a sustainability perspective, they face natural and organizational limits. However,
they can inspire reflection on possible solutions to the lack of forage resources in steppe environments.

Keywords: Sheep, M‟Sila, Algerian steppe, rangelands, State, Resilience, Sustainability.


Evaluation de la durabilité des systèmes d’élevage ovin en zone steppique algérienne :
Cas de la région de M’Sila.
Résumé
L‟objectif de cette étude réside dans l‟identification des stratégies permettant aux éleveurs ovins de la
steppe de subvenir aux besoins alimentaires des troupeaux et de maintenir l‟activité de l‟élevage dans un
contexte mouvant et incertain. La sècheresse et le manque de ressources pastorales naturelles demeurent les
principales contraintes entravant l‟élevage ovin en milieu steppique. La démarche de travail adoptée relève de
l‟approche systémique, considérant les différents éléments du système d‟élevage et leurs interactions. La
méthode de collecte des informations repose sur des enquêtes/entretiens renseignées lors d‟un passage unique
auprès d‟éleveurs choisis de sorte à avoir un maximum de diversités des systèmes d‟élevage ovins existants.
Ainsi, nous avons retenus 100 éleveurs et agro-éleveurs qui ont été approchés, via vingt zones représentatives de
l‟assiette spatiale de la région de M‟Sila. Avec un potentiel pastoral d‟un million d‟hectares de parcours et un
cheptel ovin de 1,65 million de têtes, la wilaya de M‟Sila est comptée parmi les zones importantes à vocation
viande ovine au niveau national, où les parcours sont profondément touchés à la fois par le phénomène de
dégradation et de désertification.

L‟étude a permis de déceler une véritable diversité des systèmes d‟élevage ovins. Les éleveurs, à leur
tour, présentent une grande diversité d‟usage des ressources alimentaires disponibles en adoptant de nouvelles
formes d‟affouragement. Malgré un apport conséquent en aliments concentrés qui assurent 40 % des besoins
alimentaires globaux des troupeaux des éleveurs enquêtés, de nouvelles tendances alimentaires sont remarquées.
Ces dernières s‟articulent autour de l‟intégration des cultures fourragères dans la conduite alimentaire des ovins,
alors que les fourrages verts occupent une place importante dans la ration alimentaire (42 %) pour une classe
composée de 24 éleveurs. Globalement, Seize (16) grandes stratégies de résilience ont été identifiées et adoptées
par les éleveurs, sous la coupe de trois classes ; i)- Stratégies dont le but principal est d‟avoir une résilience
alimentaire pour le troupeau, ii)- Stratégies permettant la diversification des revenus de l‟exploitation, iii)-
Stratégies de renforcement des différentes performances de production. Suivant les stratégies adoptées, les
éleveurs sont typés en trois groupes : i) Groupe d‟éleveurs avec une faible résilience (38 éleveurs), et peu
d‟association « Elevage-agriculture », ii) Groupe d‟éleveurs avec de bonnes sources de résiliences alimentaires
et financières (32 éleveurs) et une forte association « Elevage-agriculture », basée sur la diversification des
revenus par la diversification des cultures, iii) Groupe d‟éleveurs avec de bonnes sources de résilience
alimentaires (30 éleveurs) et une forte association « Elevage-agriculture », centrée sur la production de leurs
propres aliments de bétails. Ces tendances alimentaires apparaissent comme des solutions incomplètes, car elles
manquent de la maîtrise technique et continuent à altérer la végétation des parcours naturels. Dans une
perspective de durabilité, elles se confrontent à des limites d‟ordre naturel et organisationnel. Cependant, elles
peuvent inspirer des pistes de réflexions sur des solutions possibles au manque de ressources fourragères en
milieu steppique.

Mots clés : Ovin, M‟Sila, Steppe algérienne, Parcours, Etat, Résilience, Durabilité.
Table des Matières

Introduction .............................................................................................................................. 1

Partie 1 : Epistémologie et contexte de l’étude

Chapitre I : Systèmes agraires : approche théorique et concepts de base. ......................... 5

I.1- Le système ........................................................................................................................... 5


I.2- Le système agraire ............................................................................................................... 5
I.3- Le système de production .................................................................................................... 6
I.4- Le système de culture .......................................................................................................... 6
I.5- Le système d‟élevage........................................................................................................... 6
I.5.1- Le pôle humain (éleveur) ........................................................................................ 8
I.5.2- Le pôle animal (troupeau) ....................................................................................... 8
I.5.3- Le pôle ressources (territoire) ................................................................................. 8
I.6- L‟exploitation agricole ........................................................................................................ 9
I.7- L‟approche systémique ........................................................................................................ 9
I.7.1- Définition ................................................................................................................ 9
I.7.2- Principes de l‟approche systémique ...................................................................... 11
I.7.3- Mise en œuvre de l‟approche systémique ............................................................. 12
I.7.3.1- Une première phase de diagnostic ............................................................ 12
I.7.3.2- Une deuxième phase d‟expérimentation et de diffusion :......................... 12
I.8- Le pastoralisme et l‟agro-pastoralisme .............................................................................. 13
I.8.1- Le pastoralisme ..................................................................................................... 13
I.8.2- L‟agro-pastoralisme .............................................................................................. 14
I.9- Les principaux systèmes d‟élevage ................................................................................... 14
I.9.1- L‟élevage nomade et semi-nomade ....................................................................... 15
I.9.2- L‟élevage transhumant et semi-sédentaire ............................................................ 15
I.9.3- L‟élevage sédentaire.............................................................................................. 16
I.9.3.1- L‟élevage sédentaire sur parcours............................................................. 16
I.9.3.2- L‟élevage sédentaire associé à l‟agriculture ............................................. 16
I.9.3.3- L‟élevage sédentaire industriel ou "Feed-lots" ......................................... 16
Chapitre II : Développement durable en agriculture. ........................................................ 17

II.1- Qu‟est-ce qu‟un développement durable ? ....................................................................... 17


II.1.1- Définition du concept de développement durable ............................................... 17
II.1.2- Historique et apparition de la notion .................................................................... 18
II.1.3- Principes du développement durable ................................................................... 20
II.1.3.1- Principe de solidarité ............................................................................... 20
II.1.3.2- Principe de participation .......................................................................... 20
II.1.3.3- Principe d‟intégration .............................................................................. 20
II.1.3.4- Principe de subsidiarité............................................................................ 20
II.1.3.5- Principe de précaution et prévention ....................................................... 20
II.1.3.6- Principe de responsabilité ........................................................................ 20
II.1.4- Représentation d‟un développement durable ....................................................... 21
II.1.4.1- La représentation à trois sphères ............................................................. 21
II.1.4.1.1- L‟approche latine ........................................................................ 21
II.1.4.1.2- L‟approche nordique ................................................................... 22
II.1.4.2- La représentation à trois piliers + un ....................................................... 22
II.1.4.3- La représentation à quatre piliers ............................................................ 23
II.1.5- Nécessité d‟un développement durable ............................................................... 24
II.2- Qu‟est-ce que l‟agriculture durable ? ............................................................................... 24
II.2.1- Définition du concept de l‟agriculture durable .................................................... 25
II.2.2- Objectifs de l‟agriculture durable ........................................................................ 25
II.3- L‟exploitation agricole durable ........................................................................................ 26
II.4- Dynamique des systèmes d‟élevage ; compréhension des réactions d‟adaptation ........... 27
II.4.1- Comment intervient une réponse dynamique à une perturbation en élevage ? ... 27
II.4.2- Vulnérabilité, flexibilité et résilience dans les systèmes agraire ......................... 28
II.4.2.1- Adaptation des concepts pour les systèmes agraires ............................... 28
II.4.2.2- Liaison entre la vulnérabilité et la résilience ........................................... 30
II.4.3- Modalités d‟adaptation des systèmes ................................................................... 31
II.4.3.1- Les systèmes rigides ................................................................................ 32
II.4.3.2- Les systèmes élastiques ........................................................................... 32
II.4.3.3- Les systèmes flexibles ............................................................................. 32
II.4.3.4- Les systèmes plastiques ........................................................................... 32
Chapitre III : Contexte et état de la steppe algérienne ; berceau de l’élevage ovin. ........ 33

III.1- Identification et caractéristiques de la steppe algérienne ................................................ 33


III.1.1- Définition de la steppe ........................................................................................ 33
III.1.2- Localisation de la steppe algérienne ................................................................... 34
III.1.3- Caractéristiques climatiques de la steppe ........................................................... 34
III.1.4- Caractéristiques géomorphologiques de la steppe .............................................. 37
III.1.5- Caractéristiques édaphiques de la steppe ........................................................... 39
III.1.6- Hydrographie et ressources hydriques ................................................................ 39
III.1.7- Population humaine steppique ............................................................................ 41
III.2- Potentialités pastorales de la steppe ................................................................................ 41
III.2.1- Principales formations végétales steppiques ...................................................... 42
III.2.2- Etat des lieux des parcours steppiques ............................................................... 43
III.2.2.1- Occupation végétale des parcours steppiques ........................................ 44
III.2.2.2- Production fourragère des parcours steppiques ..................................... 46
III.2.2.3- Etat des parcours steppiques .................................................................. 46
III.3- Potentialités animales...................................................................................................... 48
III.3.1- Cheptel animal .................................................................................................... 48
III.3.2- Evolution des effectifs du cheptel ...................................................................... 49
III.4- Problématique et contraintes de développement des zones steppiques .......................... 51
III.4.1- Causes de dégradation des parcours steppiques ................................................. 51
III.4.1.1- Le surpâturage et la surcharge animale .................................................. 52
III.4.1.2- Défrichements des parcours ................................................................... 53
III.4.1.3- Politiques d‟organisation mal adaptées et faiblesse d‟engagement de
l‟Etat ...................................................................................................................... 54
III.4.1.4-La sècheresse ........................................................................................... 54
III.4.2- Historique des politiques de développement appliquées aux zones steppiques . 56
III.4.2.1- La période 1962 - 1982 .......................................................................... 56
III.4.2.2- La période 1983 - 1989 .......................................................................... 57
III.4.2.3- La période 1990 - 1998 .......................................................................... 58
III.4.2.4- La période 1999 - 2008 .......................................................................... 58
III.4.2.5- La période 2008 - nos jours.................................................................... 59
III.5- Conclusion ...................................................................................................................... 60
Chapitre IV : Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique ; évolution du droit
d’accès aux ressources. .......................................................................................................... 61

IV.1- Evolution des systèmes d‟élevage steppiques ................................................................ 61


IV.1.1- Historique des systèmes d‟élevage ancestraux ................................................... 61
IV.1.2- Modes traditionnels d‟utilisation de l‟espace ..................................................... 63
IV.1.3- Boulversements récents dans les systèmes d‟élevage et de gestion du territoire66
IV.1.4- Caractéristiques des systèmes de gestion actuels ............................................... 67
IV.1.4.1- Régression des organisations collectives traditionnelles ....................... 68
IV.1.4.2- Accélération de la sédentarisation ......................................................... 68
IV.1.4.3- Cheptel plus important et un élevage différent ...................................... 71
IV.2- Evolution du statut foncier et droit d‟accès aux ressources ............................................ 72
IV.2.1- Origines du droit d‟accès au foncier................................................................... 72
IV.2.2- Les réformes foncières et transformation du droit d‟accès ................................ 74
IV.2.3- Synthèse des évolutions du droit d‟accès et des relations sociales .................... 78
IV.3- Organisation de la transhumance pour l‟efficience économique .................................... 81
IV.4- Impacts écologiques des changements des transhumances des troupeaux ..................... 83

Partie 2 : Démarche investigatrice

Chapitre I : Méthodologie et objectifs de travail ................................................................ 85

I.1- Objectifs & enjeux ............................................................................................................. 85


I.2- Cadre d‟étude ..................................................................................................................... 86
I.3- Méthodologie empruntée ................................................................................................... 88
I.3.1- Etat de l‟art ............................................................................................................ 90
I.3.2- L'enquête par questionnaire................................................................................... 90
I.3.3- Choix des zones et Stratification ........................................................................... 91
I.3.3.1- Critères de stratification ............................................................................ 92
I.3.3.2- Zones représentatives................................................................................ 92
I.3.4- Prospection et pré-enquête .................................................................................... 93
I.3.5. Echantillonnage ..................................................................................................... 94
I.3.6- Les entretiens proprement dit ................................................................................ 95
I.3.7- Dépouillement et traitement des données.............................................................. 95
Chapitre II : Synthèse monographique de la région d'étude. ............................................ 98

II.1- Présentation et caractéristiques ........................................................................................ 98


II.2- Facteurs écologiques de la région d‟étude ....................................................................... 99
II.2.1- Facteurs abiotiques .............................................................................................. 99
II.2.1.1- Relief ....................................................................................................... 99
II.2.1.2- Sol .......................................................................................................... 100
II.2.1.3- Hydrologie ............................................................................................. 101
II.2.1.3.1- Oueds ........................................................................................ 101
II.2.1.3.2- Nappes hydriques ...................................................................... 101
II.2.2- Facteurs climatiques........................................................................................... 102
II.2.2.1- Températures ......................................................................................... 103
II.2.2.2- Pluviométrie .......................................................................................... 103
II.2.2.3- Humidité relative ................................................................................... 105
II.2.2.4- Vents ...................................................................................................... 105
II.2.2.5- Insolation ............................................................................................... 106
II.2.2.6- Evaporation ........................................................................................... 106
II.2.2.7- Gelées .................................................................................................... 107
II.2.2.8- Grêle ...................................................................................................... 107
II.2.2.9- Conclusion ............................................................................................. 107
II.3- Environnement socio-économique ................................................................................. 109
II.3.1- Population .......................................................................................................... 109
II.3.2- Emploi ................................................................................................................ 109
II.3.3- Secteurs d'activités économiques ....................................................................... 110
II.4- Secteur de l‟agriculture .................................................................................................. 111
II.4.1- Répartition générale des terres ........................................................................... 111
II.4.2- Agriculture ......................................................................................................... 111
II.4.2.1- Céréaliculture ........................................................................................ 111
II.4.2.2- Cultures fourragères .............................................................................. 112
II.4.2.3- Cultures maraichères ............................................................................. 113
II.4.2.4- Arboriculture fruitière ........................................................................... 113
II.4.3- Elevage............................................................................................................... 113
II.4.3.1- Effectifs du cheptel ................................................................................ 113
II.4.3.2- Productions animales ............................................................................. 116
II.5- Potentialités pastorales ................................................................................................... 117
II.5.1- Formations végétales des parcours .................................................................... 117
II.5.2- Etat des parcours de la wilaya de M‟Sila ........................................................... 118
II.5.3- Aménagement hydro-pastorale .......................................................................... 120

Partie 3 : Résultats et discussion.

Chapitre I : Structure et composition des troupeaux. ...................................................... 121

I.1- Classification des éleveurs ............................................................................................... 121


I.2- Structure et composition des troupeaux ovins ................................................................. 122
I.3- Présence du caprin ; proportion et utilité ......................................................................... 123
I.4- Age des éleveurs et relation avec la taille du troupeau .................................................... 124
I.5- Activités agricoles dans l‟exploitation ............................................................................ 125
I.5.1- l‟agriculture ......................................................................................................... 125
I.5.2- L‟élevage bovin ................................................................................................... 126
I.5.3- Autres spéculations d‟élevage ............................................................................. 127
I.6- Conclusion ....................................................................................................................... 130

Chapitre II : La conduite des troupeaux ovins. ................................................................. 131

II.1- La conduite alimentaire .................................................................................................. 131


II. 1.1- Identification et origine des ressources alimentaires exploitées ....................... 131
II.1.1.1- Origine des aliments concentrés ............................................................ 131
II.1.1.2- Origine des pâtures exploitées ............................................................... 133
II.1.1.2.1- Origine des parcours exploités .................................................. 133
II.1.1.2.2- Origine des fourrages exploités ................................................ 134
II.1.1.2.3- Origine des chaumes et des céréales sinistrées exploitées ........ 137
II.1.1.2.4- Origine des jachères exploitées ................................................. 138
II.1.2- La ration alimentaire des troupeaux ; estimation et qualification ...................... 138
II.1.2.1- Estimation de la ration alimentaire ........................................................ 139
II.1.2.1.1- Evaluation des apports alimentaires .......................................... 139
II.1.2.1.2- Estimation des besoins des animaux ......................................... 140
II.1.2.2- Usage et contribution des ressources alimentaires ................................ 140
II.1.2.2.1- Usage des aliments concentrés.................................................. 141
II.1.2.2.2- Usage des parcours ................................................................... 142
II.1.2.2.3- Usage des fourrages verts ......................................................... 143
II.1.2.2.4- Usage des fourrages secs .......................................................... 144
II.1.2.2.5- Usage des chaumes et des céréales sinistrées ........................... 144
II.1.2.2.6- Usage des jachères .................................................................... 145
II.1.2.2.7- La composition alimentaire globale .......................................... 145
II.1.3- Typologie des éleveurs suivant la composition alimentaire .............................. 147
II.1.3.1- Méthode de classification des éleveurs ................................................. 147
II.1.3.2- Classification des éleveurs .................................................................... 147
II.1.3.3- Description des profils alimentaires identifiés ...................................... 149
II.1.3.4- Les déterminants des profils alimentaires des éleveurs ......................... 150
II.1.4- L‟abreuvement des animaux .............................................................................. 151
II.2- Conduite de la reproduction ........................................................................................... 152
II.3- La conduite sanitaire ...................................................................................................... 154
II.4- Conclusion ...................................................................................................................... 156

Chapitre III : La pratique de l’agriculture : source d’affouragement et de revenu ...... 157

III.1- Modalités d‟exploitation des terres agricoles................................................................ 157


III.2- Superficies exploitées en agriculture ............................................................................ 159
III.3- Location des terres agricoles ......................................................................................... 160
III.4- Occupation de la sole agricole ...................................................................................... 160
III.5- Usage des cultures fourragères ..................................................................................... 163
III.6- Destinations des cultures fourragères ........................................................................... 164
III.7- Conclusion .................................................................................................................... 165

Chapitre IV : La mobilité des troupeaux et gestion du territoire .................................... 167

IV.1- Transhumance des troupeaux de la région de M‟Sila ................................................... 168


IV.1.1- La mobilité estivale .......................................................................................... 168
IV.1.2- La mobilité hivernale ....................................................................................... 169
IV.1.3- La mobilité locale ............................................................................................. 169
IV.2- Types des éleveurs selon la mobilité des troupeaux pratiquée ..................................... 171
IV.2.1- Les éleveurs sédentaires ................................................................................... 171
IV.2.2- Les éleveurs semi-sédentaires transhumants .................................................... 171
IV.3- Trajectoires de mobilité des troupeaux ......................................................................... 172
IV.4- Contribution de la transhumance dans la ration des troupeaux .................................... 173
IV.5- Conclusion .................................................................................................................... 174

Chapitre V : La gestion financière de l’élevage ovin ........................................................ 176

V.1- Gestion de l‟approvisionnement en aliments de bétail .................................................. 176


V.1.1- Production des aliments de bétail ...................................................................... 176
V.1.2- Achat des aliments de bétail .............................................................................. 177
V.1.3- Stockage des aliments de bétail ......................................................................... 178
V.2- Engraissement et vente des animaux ............................................................................. 179
V.2.1- Engraissement des ovins .................................................................................... 179
V.2.2- Vente des ovins .................................................................................................. 182
V.3- Sources externes de financement de l‟élevage ovin ....................................................... 183
V.3.1- Soutien étatique ................................................................................................. 184
V.3.2- Emprunts et crédits ............................................................................................ 185
V.4- Main-d‟œuvre ; types et modalités de rémunération ..................................................... 186
V.4.1- Le berger rémunéré ............................................................................................ 186
V.4.2- Main-d‟œuvre familiale ..................................................................................... 187
V.5- Activités extra-agricoles................................................................................................. 188
V.6- Matériel agricole ; facteur de vigueur dans l‟exploitation ............................................. 189
V.7- Conclusion ..................................................................................................................... 191

Chapitre VI : Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage. ..................................... 193

VI.1- Identification des stratégies de résilience de l‟élevage ................................................. 193


VI.1.1- Stratégies liées à la conduite de l‟élevage ........................................................ 193
VI.1.1.1- Association Elevage-agriculture ......................................................... 193
VI.1.1.2- Pratique des cultures fourragères ......................................................... 194
VI.1.1.3- Diversification des ressources alimentaires ......................................... 196
VI.1.1.4- Optimisation de l‟approvisionnement en aliments .............................. 197
VI.1.1.5- Diversification des types d‟élevage ..................................................... 198
VI.1.1.6- Usage des technologies de la reproduction .......................................... 199
VI.1.2- Stratégies de résilience financières................................................................... 200
VI.1.2.1- Stratégie de capitalisation / décapitalisation du troupeau ................... 200
VI.1.2.2- Emprunts et crédits .............................................................................. 201
VI.1.2.3- Financement par les aides étatiques ..................................................... 202
VI.1.2.4- Pratique des activités hors-agricoles .................................................... 203
VI.1.2.5- Usage du matériel agricole pour le financement de l‟élevage ............. 204
VI.1.2.6- Le recours au partenariat ...................................................................... 205
VI.1.3- Stratégies de résilience technico-organisationnelles ........................................ 205
VI.1.3.1- Optimisation de la mobilité du troupeau .............................................. 205
VI.1.3.2- Valorisation des produits de l‟élevage par l‟engraissement ................ 206
VI.1.3.3- Usage sanitaire et stratégique des campagnes de vaccination ............. 207
VI.1.3.4- Usage de la main-d‟œuvre familiale .................................................... 208
VI.2- Synthèse des stratégies de résilience ............................................................................ 208
VI.3- Typologie des éleveurs suivant les stratégies de résilience entreprises ........................ 210
VI.3.1- Méthodologie de classification des éleveurs .................................................... 210
VI.3.2- Typologie des éleveurs ..................................................................................... 211
VI.3.3- Description des groupes d‟éleveurs .................................................................. 215
VI.4- Discussion générale ...................................................................................................... 218
VI.4.1- Discussion des principaux résultats .................................................................. 218
VI.4.2- Les sources de vulnérabilité et les stratégies de résilience de l‟élevage .......... 220
VI.4.3- Que se passe-t-il dans les autres zones steppiques ? ........................................ 222
VI.4.4- Limites de l‟étude et ouverture sur d‟autres complémentaires......................... 223
Conclusion ............................................................................................................................. 227

Références bibliographiques ............................................................................................... 233


Introduction

Introduction
Les steppes du nord de l‟Afrique, situées entre les isohyètes de 100 à 400 mm,
couvraient plus de 63 millions d‟hectares d‟une végétation basse et clairsemée (Aïdoud et al.,
2006). La steppe algérienne en représente le tiers (20 millions d‟hectares) et constitue un
territoire marqué essentiellement par des activités pastorales ovines (Nedjraoui, 2004). Le
territoire steppique a connu une régression des formations végétales steppiques (Hammouda
et al., 2019). Depuis le début du XXème siècle, les parcours ne sont plus que 13 millions
d‟hectares (Aïdoud et al., 2006) et abritent actuellement 18 millions de têtes ovines (62 % du
cheptel ovin national) (MADR, 2019).

Les steppes de ce territoire ont fait vivre grâce à l‟élevage, des populations entières
depuis l‟antiquité (Despois, 1958 ; Bencherif, 2018). Ces populations, ont connu de
nombreuses évolutions en demi-siècle (Bourbouze, 2018). Depuis plus de cinquante ans, les
conduites et les pratiques d‟élevages ont fortement changé pour s‟adapter à de nombreux
changements et contraintes : croissance démographique ; mise en cultures des terres de
parcours ; extension urbaine; évolutions socioculturelles ; surpâturage ; aléas météorologiques
plus fréquents et intenses (surtout la sècheresse), etc. Ces perturbations ont induit une
diminution de l‟offre pastorale. En conséquence, les éleveurs doivent recourir
systématiquement à la complémentation par des aliments concentrés qui sont le plus souvent
achetés (e.g. grain d‟orge, son de blé, etc.). L‟apport de concentré a été initié par l‟Etat qui a
donné puis subventionné de l‟orge lors des grandes périodes de sécheresses (1981-1984 puis
1991 et 1998), cette pratique s‟est généralisée chez tous les éleveurs (Bourbouze, 2000). Cela
a provoqué un découplage entre la productivité des ressources des parcours et les besoins
alimentaires du cheptel ovin existant. La superficie des parcours steppiques a diminué en
raison des mises en culture des terres de pâture et de l‟apparition de zones désertifiées
(Aïdoud et al., 2006). Les aléas climatiques conjugués au fort chargement animal et mode de
gestion limitant les rotations ont fait chuter la productivité des parcours pastoraux naturels. Il
en résulte une faible production fourragère de ces parcours (Mallem et al., 2017). Il faut
souligner la croissance continue de la population qui a pour corollaire une augmentation des
besoins alimentaires de la société. Par ailleurs, des politiques publiques ont induit des
transformations dans le mode de vie des éleveurs. L‟ensemble de ces facteurs semblent
favoriser l‟usage individuel des espaces pastoraux conduits jadis de façon collective (Daoudi
et al. 2015).

1
Introduction

Cette situation est favorisée par certaines politiques publiques de gestion qui présentent
des aspects contradictoires à l‟image des politiques des prix des céréales d‟une part, et
d‟autres part aux incitations aux cultures et aux politiques de développement pastoral
(Bourbouze, 2018).

Actuellement, la majorité des éleveurs sont naisseurs/engraisseurs (Kanoun, et al.,


2016). Ils développent plusieurs logiques pour trouver des solutions aptes à assurer
l‟alimentation de leurs animaux. Les stratégies adoptées sont très diversifiées, selon le
contexte socio-économique et environnemental de chacun. Pour les identifier et en saisir leurs
fonctions, il faut enquêter sur leurs pratiques.

D‟une façon générale, les parcours ne supportent plus la charge animale existante, qui
s‟avère largement supérieure à ce qu‟ils peuvent supporter (charge potentiel 5,65 ha/tête,
charge effective : 0,71 ha/tête) (Senoussi et al., 2014). Ils sont souvent sur-pâturés et sont de
plus en plus nombreux à être occupés toute l‟année (Hadeid, 2008 ; Nedjraoui et Bédrani,
2008 ; Senoussi et al., 2011). Cette conduite d‟exploitation porte atteinte à la fois à la
végétation pastorale et à la mince couche de sol qui se trouve soumise à l‟érosion et à la
désertification. Cette situation et ce processus obligent les éleveurs à rechercher en
permanence des ressources alimentaires afin d‟alimenter leurs bêtes en adaptant leurs propres
systèmes alimentaires (Kanoun et al., 2017 ; Bourbouze, 2018).

Devant cette situation fort inquiétante, les systèmes d‟élevage ovins ont connu ces
dernières années des productivités faibles (la productivité numérique dans les meilleures des
cas ne dépasse pas le 1,06 agneau/ brebis/ an (Bencherif, 2013)) et se montrent vulnérables
face aux différents aléas et incertitudes (Kanoun et al., 2017).

Les façons de faire des éleveurs s‟inscrivent dans une logique prioritaire de gestion anti-
risque pour assurer l‟alimentation de leur cheptel. Étudier les différentes stratégies des
éleveurs, par leurs pratiques, peut permettre de répertorier et identifier les dysfonctionnements
des systèmes d‟élevage actuels, dans un contexte de régression de l‟écosystème pâturé. Le
déséquilibre du système alimentaire touche aux différentes composantes de l‟écosystème
(dégradation et désertification des parcours, résilience des systèmes d‟élevage, stabilité
sociale de la population).

Peu connue dans la littérature scientifique des systèmes d‟élevage ovins, la région de
M‟Sila a été retenue comme espace d‟investigations pour réaliser cette thèse. En plus le
manque d‟étude sur les systèmes d‟élevage ovins à M‟Sila, le choix est basé sur des critères

2
Introduction

pastoraux ; les parcours couvrent 1 million d‟ha, pour un cheptel de 1,65 million de têtes
ovines (5ème au niveau national) (DSA de M’Sila, 2018). A l‟échelle nationale, M‟Sila est
considérée parmi une des régions spécialisées en production de viande ovine (23 066
tonnes/an) (DSA de M'Sila, 2018). Par ailleurs, les parcours dans cette région comptent
parmi ceux les plus touchés par le phénomène de dégradation, où 73% des parcours sont
considérés comme dégradés (charge animale potentielle ≥ 6 ha/tête équiv-ovin) (HCDS,
2010) et présente des risques majeurs de désertification.

Dès lors, il s‟avère pertinent et opportun d‟opérer par un état des lieux de cette région
qui, n‟a fait l‟objet d‟aucune étude traitant des systèmes d‟élevage ovins.

Les éleveurs de la région de M‟Sila tentent d‟adopter différentes stratégies, à l‟instar de


ceux des autres zones steppiques. D‟une façon globale, les éleveurs désirent maintenir leur
élevage, diminuer leur vulnérabilité et renforcer leur résilience dans un contexte de plus en
plus incertain.

C‟est dans ce contexte que s‟inscrit la présente étude, dont le principal objectif réside à
identifier la diversité et les caractéristiques des différentes stratégies adoptées par les éleveurs.
L‟objet de recherche porte principalement sur le système d‟alimentation qui est fortement
exposé aux multiples aléas et perturbations. Cette problématique ouvre une question
générale :

Dans quelle mesure les stratégies d’adaptation des éleveurs peuvent assurer la
couverture alimentaire de leur troupeau ovin en assurant la durabilité de leur système ?

A partir de cette question, qui constitue la colonne vertébrale, de la présente thèse se


déclinent trois sous-questions qui font découler chacune d‟elle une hypothèse et qui veulent
en :

Question 1 : Quelles sont les évolutions et nouvelles pratiques de conduite en matière


d’alimentation des troupeaux pour faire face au manque fourrager des parcours ?

Hypothèse 1 : Les éleveurs ont recours à d‟autres sources alimentaires, que les parcours
naturels, en cas de manque de végétations pastorales : i)- Recours à la complémentation par
les aliments concentrés ; ii)- Recours à la valorisation d‟autres ressources à pâturer (chaumes,
céréales sinistrées, déprimage, fourrages semés, jachère).

Question 2 : Quel est le niveau de pratique de la transhumance et quel sont les nouveaux
schémas de mobilité ?

3
Introduction

Hypothèse 2 : Certains éleveurs pratiquent toujours la transhumance des animaux, mais avec
de nouveaux modes d‟occupation de l‟espace.

Question 3 : Quelles sont les sources de revenus et de soutien adoptés par les éleveurs pour
assurer ou renforcer le maintien de leur activité ?

Hypothèse 3 : Les éleveurs adoptent d‟autres activités économiques en parallèle pour assurer
le maintien de l‟activité de l‟élevage ainsi que les besoins du ménage.

Ainsi émises, ces hypothèses seront appelées à être vérifiées à travers les investigations
de terrain touchant aux différents maillons des systèmes d‟élevage ovins.
Notre problématique ainsi décrite va structurer le manuscrit qui se décline en trois
parties bien distinctes mais complémentaires :

- Une première partie bibliographique synthétisée à travers quatre chapitres récapitulant les
notions de base sur les systèmes agraires, du développement durable, ainsi qu‟une
présentation du territoire steppique en Algérie et l‟évolution des systèmes d‟élevage
steppiques ;

- Une deuxième partie dédiée à la démarche investigatrice comprenant deux chapitres : i) le


premier détaille la méthodologie et les objectifs assignés ; ii) le deuxième sous forme d‟une
synthèse monographique de la région d‟étude ;

- Une troisième partie est consacrée aux résultats et discussion subdivisée en six
chapitres traitant de la structure et composition des troupeaux ovins, de la conduite des
troupeaux, de la pratique de l‟agriculture comme source d‟affourragement et de revenu, de la
mobilité des troupeaux et gestion du territoire, de la gestion financière de l‟élevage ovin, et
enfin une synthèse des stratégies de résilience de l‟élevage.

Les statistiques ont permis de ponctuer l‟analyse dans sa dimension la plus expressive,
notamment à travers des conclusions partielles pour chacun des chapitres étudiés.

Enfin, nous terminerons par une conclusion montrant les acquis pouvant répondre à
notre problématique tout soulignant les enseignements majeurs avec des suggestions de voix
pour l‟avenir.

4
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes agraires

Partie 1 : Epistémologie et contexte de l’étude

Chapitre I : Systèmes agraires : approche théorique et concepts de base.

Dans le but d‟appréhender la thématique abordée, il s‟avère nécessaire d‟évoquer


quelques notions de base afin de faciliter la compréhension du contexte global de l‟étude.

I.1- Le système
L‟organisation et le fonctionnement du milieu rural, de par sa complexité doit avoir
recours à la notion de système ou de l‟approche systémique. La systémique, née aux Etats
Unis au début des années 50, est pratiquée en France depuis les années 70. L‟approche
systémique ouvre une voie originale et prometteuse à la recherche et à l'action. Elle repose sur
l'appréhension concrète d'un certain nombre de concepts tels que: système, interaction,
rétroaction, régulation, organisation, finalité, vision globale, évolution, etc. (Donnadieu et al.,
2003). Le concept de système concerne toutes les disciplines scientifiques. Il en ressort donc
plusieurs définitions qui ont évolué dans le temps. Pour Bertalanffy (1973), le système est
l‟ensemble d‟éléments en interactions. Cette définition permet de montrer la différence avec
l‟approche analytique qui se résume à une cause un effet. Dans le champ agronomique, Jouve
(1986), définit le système comme étant un ensemble d‟éléments liés entre eux par des
relations leurs conférant une certaine organisation permettant de remplir certaines fonctions.
Cette définition peut être appliquée dans plusieurs domaines, entre autres le milieu agraire.

I.2- Le système agraire


Selon Mazoyer (1985), « le système agraire est un mode d’exploitation du milieu,
historiquement constitué et durable, un système de force de production adapté aux conditions
bioclimatiques d’un espace donné, et répondant aux besoins sociaux du moment ».

Il précise aussi que le système agraire comprend comme variables essentielles : le


milieu cultivé et ses transformations historiquement acquises, les instruments de production et
la force de travail qui le met en œuvre, le mode d‟artificialisation du milieu qui en résulte, la
division sociale du travail entre agriculture, artisanat et industrie, et par conséquent le surplus
agricole et sa répartition, les rapports d‟échange, les rapports de propriété et les rapports de
force, et enfin l‟ensemble des idées et des institutions qui permettent d‟assurer la reproduction
sociale.

Par ailleurs, Mazoyer et Roudart (1997), ont affiné le concept de système agraire
comme « l’expression théorique d’un type d’agriculture historiquement constitué,

5
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes agraires

géographiquement localisé, composé d’un écosystème cultivé caractéristique et d’un système


social productif défini, celui-ci permettant d’exploiter durablement la fertilité de l’écosystème
cultivé correspondant »

Pour simplifier cette définition, le système agraire est le modèle théorique pour
identifier et comprendre un type d‟exploitation de la terre par la mise en culture. Il englobe
toutes les composantes du milieu qui sont en interactions réciproques entre eux relevant de
« l‟écosystème cultivé » d‟une part, et du « système social » d‟autre part (Hubert, 2011).

La notion de système agraire laisse à évoquer d‟autres notions qui sont liées, et qui sont
considérées comme des sous-systèmes du système agraire même, à savoir en premier lieu,
celui de système de production, en deuxième lieu celui de système de culture et son
homologue le système d‟élevage.

I.3- Le système de production


Le concept de système de production a fait son entrée dans le champ de l‟économie
agricole dans les années 1970 et 1980 (Hubert, 2011). Il est important de signaler l‟échelle
d‟application de cette notion ; utiliser généralement dans l‟analyse de « l‟exploitation
agricole » ou « unité de production élémentaire ».

Dufumier (1985), le définit comme : « une combinaison plus ou moins cohérente dans
l'espace et le temps de certaines quantités de force de travail et de divers moyens de
production (terres, bâtiments, machines, instruments, cheptel) en vue d'obtenir différentes
productions agricoles ».

I.4- Le système de culture


Selon Jouve (1984), « le système de culture est l’ensemble de parcelles cultivées de
façon homogène et soumises à la même succession culturale ». Ainsi, le concept de système
de culture rend compte de la forme d‟exploitation agricole d‟un milieu. Il correspond à un
ensemble de pratiques mises habituellement en œuvre par les agriculteurs en matière de choix
des spéculations, de leurs associations dans l‟espace, de leur succession dans le temps et de
leurs modes de conduite (Jouve, 1986).

I.5- Le système d’élevage


Lhoste (1984), donne une définition assez générale du concept du système d‟élevage. Il
le définie comme : « l’ensemble des techniques et des pratiques mises en œuvre par une
communauté pour exploiter dans un espace donné des ressources végétales par les animaux,
dans des conditions compatibles avec ses objectifs et avec les contraintes du milieu ».

6
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes agraires

Cette notion du système d‟élevage semble applicable aux différents niveaux d‟échelle ;
elle est pertinente au niveau de l‟exploitation, et elle reste valable au niveau de la
communauté rurale et aussi pour un niveau plus grand.

Cependant, le concept de système d‟élevage a connu de nombreux développements


depuis les années 80. Ils ont visé d‟une part à mieux comprendre et formaliser des ressorts, les
logiques et les matérialisations concrètes de l‟élevage vu comme une activité humaine, et
d‟autre part à approfondir des connaissances sur le fonctionnement dynamique de l‟animal et
du troupeau dans des situations réelles qui sont souvent éloignées d‟une gestion individuelle à
l‟optimum. Car les systèmes d‟élevage changent de dimension de complexité selon le milieu
naturel dans lequel ils sont fonctionnels. La dimension environnementale trouve aussi sa place
dans les systèmes d‟élevage notamment à travers à prise en compte de la préservation du
milieu naturel dans la gestion des ressources naturelles.

Pour Dedieu et al. (2008), Concevoir des systèmes d‟élevage à la fois intensifs dans
leur mobilisation des facteurs de production mais également écologiques, préservant l‟air,
l‟eau et la biodiversité constitue de nouveaux défis à l‟échelle de l‟exploitation. Ceux-ci
doivent également prendre en compte les mutations de la forme familiale d‟exploitation
agricole et la nécessité de préserver les capacités d‟adaptation des systèmes pour durer dans
un environnement caractérisé de plus en plus par l‟incertitude sur les conditions de l‟avenir.

Par ailleurs, d‟autres auteurs donnent une définition plus précise à ce concept. Citons
Thewis et al. (2005), qui le définissent comme un ensemble d‟éléments en interaction
dynamique organisés par l‟homme en vue de valoriser des ressources par l‟intermédiaire
d‟animaux domestiques pour obtenir des productions variées (lait, viande, cuir, peau, travail,
fumure…etc.).

Pour schématiser la notion basique du système d‟élevage, Lhoste (1987) résume cette
notion dans un schéma explicative (Figure N°1). Ce schéma qui vise à une approche globale
du système d‟élevage sans privilégier outre mesure l‟aspect strictement zootechnique,
comporte trois entrées (pôles) principales qui justifient déjà un dispositif pluridisciplinaire
assez lourd. Il ajoute aussi que ce schéma s'applique en particulier aux systèmes d'élevage
pastoraux (nomades, transhumants) mais il permet également d'aborder des systèmes mixtes
comme le système agropastoral.

7
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes agraires

Territoire : Troupeau :
Espèces, races, santé,
Ressources fourragères reproduction.
et en eau, culture…

Eleveur :
Ethnie, famille, besoins,
revenus.
Marché :
Exploitation et
Valorisation.

Figure N°1 : Concept des systèmes d’élevage vu par Lhoste (1987).

I.5.1- Le pôle humain (éleveur)


Selon Milleville (1986), l‟homme est l‟élément essentiel du système ; c‟est lui qui
l‟organise et le maîtrise. Le choix qu‟il fait s‟exprime à travers des activités concrètes
appelées des pratiques, à savoir l‟ensemble des actions agricoles mises en œuvre dans
l‟utilisation du milieu.

Pour Landais (1987), le système d‟élevage naît d‟un projet humain qui en délimite
l‟extension en mettant en relation les éléments qui le compose. L‟homme est considéré à la
fois comme décideur et acteur intervenant sur le réel. Ceci a amené Lhoste (1987), à dire que
l‟homme est plus qu‟un pôle, il est le chef d‟orchestre ; il met en œuvre des pratiques pour
concrétiser son projet d‟élevage.

I.5.2- Le pôle animal (troupeau)


Selon Landais (1987), l‟animal domestique constitue en tant que pôle l‟élément central
et caractéristique du système d‟élevage. C‟est ce pôle et ses spécificités qui seront explorés
dans le cadre des disciplines zootechniques classiques. Ainsi que, pour Lhoste (1987),
l‟animal est l‟unité de base, la cellule constitutive d‟un ensemble plus vaste (troupeaux,
cheptels).

I.5.3- Le pôle ressources (territoire)


Henin et al. (1960), rapportaient que les ressources sont dispersées en un ensemble de
«facteurs» et «conditions» de production. Les facteurs de production constituent les éléments

8
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes agraires

susceptibles de modifier un phénomène et entrent dans la composition de ces effets. Pour ce


qui est des conditions de production, elles sont définies comme un ensemble d‟éléments
susceptibles de modifier l‟influence des facteurs de production.

Pour Landais (1987), les ressources utilisées par le système d‟élevage dans le processus
de production sont de natures variées (informations, moyens financiers, matériels…etc.). Il est
cependant, possible de distinguer deux types de ressources : les facteurs et les conditions de
production.
I.6- L’exploitation agricole
Une définition de l‟exploitation agricole a été donnée par la F.A.O. dans les documents
explicatifs du programme de recensement mondiale de l‟agriculture, comme étant « une unité
économique de production agricole soumise à une direction unique et comprenant tous les
animaux qui s’y trouvent et toute la terre utilisée entièrement ou en partie pour la production
agricole, indépendamment du titre de possession, du mode juridique ou de la taille ». La
direction unique peut être exercée par un particulier, par un ménage, conjointement par deux
ou plusieurs particuliers ou ménages, par un clan ou par une tribu, ou par une personne morale
telle qu‟une société, une entreprise collective, une coopérative ou un organisme d‟Etat.
L‟exploitation peut contenir un ou plusieurs blocs, situés dans une ou plusieurs régions
distinctes ou dans une ou plusieurs divisions territoriales ou administratives, à condition qu‟ils
partagent les mêmes moyens de production tels que la main-d‟œuvre, les bâtiments agricoles,
les machines ou animaux de trait utilisés pour l‟exploitation (FAO, 1995). Cette définition
prend en considération plusieurs formes d‟une exploitation agricole susceptibles de les
rencontrer sur le terrain au cours de notre étude.

I.7- L’approche systémique


L‟approche systémique en agriculture a vu le jour dans les années 1970, suite à l‟échec
des approches classiques. Ces dernières ont été connues d‟être sectorielles et descendantes de
la vulgarisation et de la diffusion de l‟innovation. Contrairement à ces approches sectorielles
analytiques, la mise en œuvre de l‟approche systémique doit se faire dans le cadre d‟une
équipe pluridisciplinaire capable d‟analyser les interactions entre les différents éléments du
système et leurs impacts sur les orientations de l‟appareil de production (Elloumi, 1994).

I.7.1- Définition
La définition de l‟approche systémique est donnée par Donnadieu et al. (2003)
comme : «une nouvelle discipline qui regroupe les démarches théoriques, pratiques et
méthodologiques, relatives à l'étude de ce qui est reconnu comme trop complexe pour pouvoir

9
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes agraires

être abordé de façon réductionniste, et qui pose des problèmes de frontières, de relations
internes et externes, de structure, de lois ou de propriétés émergentes caractérisant le système
comme tel, ou des problèmes de mode d'observation, de représentation, de modélisation ou de
simulation d'une totalité complexe ».

Par ailleurs, Vissac et Hentgen (1980), In Roca (1987), assignent les objectifs de
l‟application de l‟approche systémique en développement rural comme : « une approche qui
vise à l‟analyse des relations, à la mise en évidence des niveaux d‟organisation, grâce à un
éclairage multidisciplinaire dépassant la spécialisation des sciences et le cloisonnement des
savoirs ».

Il faut signaler que l‟approche systémique est considérée à la fois comme un savoir et
une méthode (Donnadieu et al., 2003). Un savoir qui fait appel à plusieurs notions pour
comprendre un système : Quatre notions composantes essentielles (la complexité, la globalité,
l‟interaction et le système), ainsi que d‟autres notions aussi importantes dans la
compréhension de la systémique à savoir (l‟information, la finalité, la rétroaction, L'agro-
antagonisme, la causalité circulaire, la régulation, la structure et les niveaux d‟organisation
ainsi que la variété, (ouverture / fermeture du système).

La notion d‟approche systémique s‟avère pertinente comme méthode de recherche, qui


inspire de cette notion dans la méthodologie travail, où elle est considérée comme une
manière d‟entrer dans la complexité d‟un système. Rien n‟empêche la combinaison entre les
deux notions (savoir et méthode) afin d'être capable dans un premier temps de s‟y orienter
vers des solutions possibles et adéquates, puis dans un second temps de réaliser et évaluer ces
solutions. Donnadieu et al. (2003), schématise sous forme d‟une grappe la démarche de
l‟approche systématique avec les deux notions, toute en montrant les interactions entre savoir
et pratique (figure N°2).

10
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes agraires

Figure N°2 : Interactions de l’approche systémique, savoir et pratique,


Donnadieu et al. (2003).
I.7.2- Principes de l’approche systémique
Selon Elloumi (1994), l‟approche systémique est basée sur deux principes
fondamentaux :

 Dans une approche systémique, l‟exploitation est considérée comme un système, c'est-à-dire
un ensemble d‟éléments en interactions. L‟évolution de cet ensemble dont les objectifs sont
assignés par le chef d‟exploitation dans un environnement donné. La compréhension de ces
relations constitue le point fort de l‟approche système, et elle permet d‟avoir une vision
globale des exploitations et de justifier les différents choix des pratiques et des décisions du
chef d‟exploitation.

11
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes agraires

 On donne toujours raison aux pratiques et aux décisions du chef d‟exploitation. « les
agriculteurs ont des raisons de faire ce qu’ils font » (Brossier, 1980). Ce principe renforce la
cohérence dans un système d‟exploitation agricole, précisant que la compréhension du
fonctionnement de l‟exploitation et les décisions de l‟agriculteur passe par celle des objectifs
et finalités du ménage (la famille).

Ainsi expliquée, l‟approche systémique permet de formuler des diagnostics, de proposer


des solutions et recommandations qui tiennent en compte de la cohérence du système et qui
répond aux objectifs de l‟exploitant et de son ménage.

I.7.3- Mise en œuvre de l’approche systémique


Elloumi (1994), signalait que dans le cadre d‟un programme de développement et de
vulgarisation, et comme l‟indique sa définition, la caractéristique essentielle de l‟approche
systémique est « qu’elle commence chez le paysan (identification des contraintes) et qu’elle
finit chez le paysan (propositions d‟actions pour dépasser les contraintes) ». La mise en œuvre
de l‟approche systémique appliquée en agriculture comprend généralement deux phases qui se
résument succinctement dans les éléments suivants :

I.7.3.1- Une première phase de diagnostic


Elle comprend trois étapes :

i) Choix de la zone d‟étude et de l‟équipe de recherche comprenant des spécialistes pouvant


répondre aux différents problèmes qui pourraient être rencontrés ; ii) L‟étape d‟analyse des
systèmes de production sur la base de fonctionnement des exploitations et des relations
exploitation-ménage ; iii) Identification et hiérarchisation des contraintes par type de système
de production.

I.7.3.2- Une deuxième phase d’expérimentation et de diffusion :


Elle consiste à tester les solutions proposées et la diffusion de celles qui sont les plus
adaptées aux objectifs des systèmes de production. Cette phase adopte un programme de
vulgarisation approprié. Elle comprend également trois étapes ; i) Test des paquets
technologiques et alternatives de gestion disponibles ; ii) Mise au point par expérimentation
de nouveaux paquets techniques en milieu contrôlé ; iii) Transfert en milieu réel, avec
évaluation des résultats obtenus.

La figure N°3 synthétise les étapes mises en œuvre de l‟approche systémique dans un
objectif de vulgarisation.

12
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes agraires

Paysans

Transfert sur milieu, et Choix de la zone d’étude et


évaluation des résultats d’équipe de recherche

Expérimentation

Phase diagnostic
et diffusion
Analyse des systèmes de
Expérimentation de production
nouveaux paquets

Teste de paquets de solutions Identification des


techniques et technologiques contraintes

Figure N°3 : Schéma de mise en œuvre de l’approche systémique dans un objectif de vulgarisation.

Dans la présente étude, la notion de l‟approche systémique sera fortement employée


pour la compréhension et l‟analyse des systèmes d‟élevage ovin rencontrés. Elle permet de
mieux interpréter les différentes stratégies de flexibilité et de résilience des éleveurs et des
agro-éleveurs. Des stratégies permettant de répondre aux objectifs assignés par le chef
d‟exploitation et son ménage. Cependant, vu le cadre de travail de notre thèse, en absence
d‟un projet de recherche-développement, l‟emploi de l‟approche systémique se limite juste à
la phase de diagnostic conjugué à une démarche technico-organisationnelle.

I.8- Le pastoralisme et l’agro-pastoralisme


I.8.1- Le pastoralisme
Le pastoralisme c‟est un mot emprunté au latin pastoralis signifiant « champêtre ») :
Mode d‟exploitation agricole qui regroupe les activités d‟élevage d‟herbivores valorisant par
un pâturage extensif des parcours de plus ou moins grande amplitude dont la flore est
essentiellement composée d‟espèces spontanées. Selon l‟Association Française de
Pastoralisme (AFP), il est caractérisé par « la diversité des systèmes d‟élevage concernés
(ovin, bovin, caprin, équin), l'étendue et la diversité des milieux naturels pâturés (estives de
haute montagne, parcours méditerranéens, milieux humides de Camargue ou des Marais
Atlantiques) et la qualité de ses productions (agneaux labels, fromages AOC) ».

13
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes agraires

Néanmoins, plusieurs définitions anciennes et récentes ont été accordées à la notion du


pastoralisme, parmi lesquelles celle de l‟association française du pastoralisme (AFP, 2019)
qui révèle que : « Le pastoralisme regroupe l’ensemble des activités d’élevage valorisant par
un pâturage extensif les ressources fourragères spontanées des espaces naturels, pour
assurer tout ou partie de l’alimentation des animaux ».

Par ailleurs, une autre définition a été donnée par Bencherif (2011) pour qui, elle
apparaît plus explicative de la pratique du pastoralisme. Il le défini comme étant ; « une
activité de production, une manière de production et un mode de vie original, dont le
fonctionnement et la pérennité ne sont assurés que par l’existence d’un rapport étroit et
respectueux entre les hommes, la terre (les pâturages) et les troupeaux, grâce à une gestion
durable des ressources pastorales naturelles. Son fonctionnement et sa production sont
étroitement dépendants des variations climatiques ».

I.8.2- L’agro-pastoralisme
Comme pour le pastoralisme, plusieurs définitions ont été données à l‟agro-
pastoralisme :

United Nations Convention to Combat Desertification (UNCCD, 2016), définie l'agro-


pastoralisme comme l‟activité permettant l'intégration de la production agricole et de la
production animale, et est pratiqué dans les communautés sédentarisées, nomades et
transhumantes. Le type de bétail élevé par les agro-éleveurs varie en fonction de la culture, du
climat, de l'environnement, de la disponibilité des ressources naturelles et de la zone
géographique, et comprend les bovins, les chameaux, les chèvres, les moutons, les yaks, les
chevaux, les lamas, les alpagas, les rennes et les vigognes.

Pour Bencherif (2011), l‟agro-pastoralisme est une activité de production, et un mode


de vie original, qui combine des cultures et des élevages, utilisant des espaces de pâture
étendus (prés, pacages, landes, friches et autres terrains de parcours) et des espaces de cultures
(céréales et autres cultures alimentaires et fourragères).

I.9- Les principaux systèmes d’élevage


Selon Bourbouze et Donadieu (1987), il est pratique de classer les éleveurs en fonction
de leur mobilité, donc de leur manière d‟occuper le territoire. Fondant sur la mobilité des
troupeaux et du ménage (famille), il est possible de partager les élevages sur parcours en trois
grands types, traduisant des modes de vie et des systèmes techniques de conduite
(Bourbouze, 2000) : l‟élevage nomade, l‟élevage transhumant et l‟élevage sédendaire. Pour

14
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes agraires

enrichir cette typologie, pouvant faire appel à d‟autres critères de classification tels que :
mode de déplacements horizontaux et verticaux, type d‟itinéraire, amplitude de mouvement,
types d‟animaux exploités, place de l‟agriculture dans la vie de l‟exploitation, modes de
commercialisation…etc.

Ainsi, les deux auteurs Bourbouze et Donadieu, (1987), distinguent trois grandes
catégories d‟élevage selon la mobilité des troupeaux et du ménage :

I.9.1- L’élevage nomade et semi-nomade


Le nomadisme est sans doute la forme la plus ancienne de l‟élevage. Il concerne le
déplacement incessant mais non anarchique des troupeaux sur des étendues plus ou moins
vastes, accompagnés de tout le ménage (famille) dont l‟habitat est aussi mobile. Autant
qu‟une forme d‟élevage, le nomadisme ou bien son avatar moderne le semi-nomadisme est le
support d‟un genre de vie.

La notion du nomadisme est définie par Bernus et Centlivres-Demont (1982), comme


étant : « la mobilité totale d’un groupe humain (ménage ou famille) grâce à un habitat
transportable ou suffisamment sommaire pour être reconstruit à chaque déplacement ». Donc
les déplacements effectués par les nomades sont une nécessité pour chercher de la nourriture à
leurs animaux, selon les saisons, les conditions climatiques et la disponibilité de la végétation
naturelle.

Ainsi le nomadisme permet l‟exploitation des parcours les plus pauvres dont les
ressources dispersées exigent le plus souvent des déplacements fréquents et de forte
amplitude. Les troupeaux se déplacent sur un territoire déterminé dans un cadre assez
précisément défini, et reviennent cycliquement en un point de leur circuit (Bourbouze et
Donadieu, 1987).

I.9.2- L’élevage transhumant et semi-sédentaire


La transhumance est une forme d‟élevage qui consiste en un déplacement alternatif
d‟une périodicité stricte entre des régions complémentaires (plaines/montagnes ou terres
irriguées/terres de parcours...etc.). Les troupeaux sont accompagnés par les bergers et non
plus de tout le groupe familial, mais certains se déplacent toujours en famille (Bourbouze et
Donadieu, 1987). Ces mêmes auteurs signalent que la transhumance est rarement un
mouvement uniforme ; les déplacements de chaque éleveur sont adaptés à leurs propres
contraintes. Certains éleveurs n‟effectuent que des déplacements de faible amplitude ; ce sont
des semi-sédentaires.

15
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes agraires

I.9.3- L’élevage sédentaire


I.9.3.1- L’élevage sédentaire sur parcours
Pour Bourbouze et Donadieu (1987), l‟élevage sédentaire sur parcours ne l‟est en
réalité jamais vraiment ; chaque soir le troupeau est ramené au village. Il est mieux représenté
dans les systèmes agro-pastoraux. En régions méditerranéennes, deux séquences posent un
problème aux sédentaires sur les parcours : la sécheresse estivale qui dure de 3 à 6 mois selon
les zones, et le froid hivernal qui dure de 1 à 4 mois. L‟éleveur sédentaire devra donc trouver
un relais à la production pastorale en s‟appuyant sur des achats de compléments.

I.9.3.2- L’élevage sédentaire associé à l’agriculture


C‟est la forme rencontrée essentiellement dans les régions productrices de céréales et de
légumineuses. Les résidus de cultures et la jachère occupent une place importante dans
l‟alimentation du troupeau. Cette forme se rencontre également dans les zones irriguées, dans
ce cas, la réduction, voire la disparition de la jachère conduit les éleveurs à faire pâturer leurs
troupeaux le long des routes.

I.9.3.3- L’élevage sédentaire industriel ou "Feed-lots"


C‟est un type d‟élevage rencontré plutôt dans certains pays industrialisés. Il consiste à
distribuer à un très grand nombre d‟animaux sur une surface très réduite, une nourriture
artificiellement composée permettant une croissance et un engraissement plus rapide que dans
les élevages traditionnels.

16
Epistémologie et contexte de l’étude Développement durable en agriculture

Chapitre II : Développement durable en agriculture.

L‟exploitation intense des terres cultivées, des forêts, et des parcours pour des profits à
court terme a conduit à une détérioration de l‟environnement. Dans beaucoup de régions du
monde et en particulier dans les pays en développement, les dégâts sont de plus en plus
visibles ainsi sur l‟environnement que sur les sociétés (Nahal, 1998). Suite à ce
bouleversement dans l‟équilibre des écosystèmes, de nombreuses réflexions sont apparues
dans le but de trouver un compromis entre l‟exploitation des ressources naturelles et la
préservation de l‟environnement (Claval, 2006). Certaines réflexions ont conduit à
l‟élaboration du concept de « développement durable » qui tient en compte l‟exploitation de
l‟environnement à long terme, tout en conservant, voir améliorant les ressources naturelles
renouvelables. Avant, il y avait le Club de Rome qui avait publié un rapport en 1972 : The
Limits to growth « rapport Meadows » « L'écodéveloppement », concept apparu lors de la
première conférence des Nations-Unies de Stockholm sur l'environnement (1972), par
Maurice Strong. Vers 1975, l'éco-développement deviendra alors : "Un développement
endogène et dépendant de ses propres forces (self-reliant), soumis à la logique des besoins de
la population entière et non de la production érigée comme une fin en soi, enfin conscient de
sa dimension écologique et recherchant une harmonie entre l'homme et la nature." (Sachs,
1978).

II.1- Qu’est-ce qu’un développement durable ?


II.1.1- Définition du concept de développement durable
Plusieurs définitions ont été données à la notion de développement durable, la plus
célèbre est celle de Brundtland (1987), qui le défini ainsi : « le développement durable est un
développement qui répond aux besoins des générations du présent, sans compromettre la
capacité des générations futures à répondre aux leurs ».

Une autre définition a été donnée par l‟association 4D (Dossiers et Débats pour le
Développement Durable), rapportée par Coméliau et al. (2001), qui le défini comme étant
« un développement économiquement efficace, écologiquement soutenable, socialement
équitable, démocratiquement fondé, géopolitiquement acceptable, culturellement diversifié ».

Ces deux définitions abordent les principes d‟un développement durable qui consiste à
exploiter les ressources naturelles renouvelables d‟une façon plus rationnelle pour ne pas
dégrader l‟environnement, et répondre aux besoins actuels et ceux de l‟avenir.

17
Epistémologie et contexte de l’étude Développement durable en agriculture

II.1.2- Historique et apparition de la notion


Il est très important de savoir les étapes de naissance de la notion de développement
durable pour mieux comprendre sa nécessité actuellement dans le monde. Se basant sur les
travaux de Nahal (1998), et de Bekhouche-Guendouz (2011), qui résument l‟évolution
historique de l‟apparition du concept de développement durable dans les points suivants :

 Suite aux graves dégradations des ressources naturelles renouvelables, et la


surexploitation des richesses, l‟homme a pris conscience de l‟ampleur de ces actes sur
l‟environnement. C‟est vers la fin du 19ème siècle que les naturalistes ont adopté le concept de
« protection intégrale de la nature », en voyant dans l‟application de ce concept une solution
acceptable aux problèmes de dégradation des milieux naturels.

En effet, le principe de ce concept est de s‟opposer à toute forme d‟intervention


humaine quelle que soit sa nature dans un milieu naturel. Cependant, cette démarche pose un
problème pour l‟exploitation des richesses, car il paraît impossible d‟empêcher l‟homme à
l‟exploitation des ressources et de subvenir à ses besoins. Il y a eu depuis Aristote un débat
entre les intégristes conservateurs et les gestionnaires qui utilisaient la nature sans
compromettre son renouvellement. Voir notamment les positions d‟Arthur Tansley (qui est
l‟écologue qui a décliné le concept d‟écosystème en 1935). Cependant, ce concept de
protection intégrale conserve toujours sa valeur dans les zones nécessitant une protection
absolue et une régénération naturelle autonome des écosystèmes, à l‟image des parcs
nationaux et des réserves naturelles.

 Un autre concept a été apparu vers 1956, celui de « la conservation de la nature ». Le


passage depuis l‟ancien concept de la protection intégrale de la nature à ce concept s‟est
traduit par la modification de l‟appellation de l‟Union Internationale de la Protection de la
Nature (UIPN) qui siège à Glaud en Suisse, devenue l‟Union Internationale de la
Conservation de la Nature (UICN).
Ce concept de conservation de la nature renferme la protection de la nature tout en
exploitant rationnellement les ressources naturelles. Il ajoute un aspect dynamique de mise en
valeur rationnelle qui doit permettre de tirer une meilleure partie des richesses naturelles.

Cependant, l‟application de cette notion reste peu efficace contre les actions de
l‟homme et sa relation avec son environnement. La détérioration de l‟environnement par la
pollution, la désertification, la perte de la biodiversité ont créés une crise environnementale,
en raison des méconnaissances de certaines activités, de la très forte croissance

18
Epistémologie et contexte de l’étude Développement durable en agriculture

démographique et de la trop lente évolution des règles de contrôle des rapides dynamiques
technologiques.

 Un nouveau concept était apparu ; « l‟environnement humain », en 1972 lors de la


conférence des Nations Unies sur l‟environnement humain à Stockholm, a été
internationalement reconnu, même il a été apparu bien avant le rapport Brundtland, où il a été
rattaché au concept d‟écodéveloppement. C‟est la première fois où un concept met l‟accent
sur les relations entre l‟être humain et son environnement. En effet, il existe des interactions
dynamiques entre l'être humain, les sociétés humaines et la biosphère qui sont en perpétuelle
évolution. A travers ce concept on comprend mieux les mécanismes d‟échange dans un milieu
donné ; c‟est une approche globale et systémique.

 Ainsi durant les années 1970/80, la société civile prend conscience de l‟urgence de
mettre en place des programmes internationaux pour faire face aux grands bouleversements
des équilibres naturels. Les conséquences de l‟exploitation irresponsable des ressources
deviennent plus flagrantes et plus remarquables au grand public (pluies acides, le trou de la
couche d‟ozone, l‟effet de serre, les changements climatiques…etc.). Néanmoins, de
nombreuses réflexions ont été consacrées au développement, à l‟environnement et aux
problèmes de gestion rationnelle des ressources naturelles.

 C‟est en 1987 que la notion du « développement durable » a vu le jour pour la


première fois, dans le rapport de Brundtland, de la Commission Mondiale pour
l‟Environnement et le Développement (CMED). Elle correspond à une nouvelle stratégie de
développement qui, si elle est mise en œuvre de manière coordonnée devrait permettre
d‟assurer la satisfaction des besoins des générations présentes sans affecter la capacité des
générations futures à répondre aux leurs propre besoins.

 Ensuite en 1990, les Nations Unies ont sorti deux rapports de la CMED intitulé ;
« perspectives relative à l‟environnement jusqu‟à l‟an 2000 » et « notre avenir en commun ».
Ils ont mis l‟accent sur la nécessité d‟adopter des stratégies à long terme dans le domaine de
l‟environnement si l‟on veut réussir un développement durable. Depuis, le concept du
développement durable a été adopté dans le monde entier, et de nombreuses recherches
scientifiques dans plusieurs domaines sont menées dont le but de répondre aux objectifs d‟un
développement durable.

19
Epistémologie et contexte de l’étude Développement durable en agriculture

II.1.3- Principes du développement durable


D‟après Coméliau et al. (2001), le développement durable ne s‟arrête pas simplement à
la prise en compte des différents aspects (économique, social et environnemental), il repose
sur des principes qui conditionnent la progression vers un développement durable. Ces
principes sont cités brièvement dans les points suivants (Coméliau et al., 2001):

II.1.3.1- Principe de solidarité


C‟est un principe qui repose sur la solidarité territoriale et entre générations ; i.g. de
prendre en considération toutes les composantes du territoire visant à faciliter l‟accès aux
ressources naturelles et une qualité de vie convenable, tout en préservant aux générations
futures la capacité de satisfaire à leur besoin à partit des ressources naturelles.

II.1.3.2- Principe de participation


Il consiste à impliquer tous les acteurs de la société civile dans la préparation des
décisions. Associer les citoyens dans les décisions qui les concernent et chercher toujours des
compromis paraît un moyen efficace de gestion territoriale.

II.1.3.3- Principe d’intégration


Ce principe exige de prendre en compte les dimensions économiques, sociales et
environnementales dans une démarche globale et systémique.

II.1.3.4- Principe de subsidiarité


Ce principe consiste à traiter les problèmes dans un endroit donné par le biais des
acteurs locaux. Ces derniers sont les plus concernés par les problèmes de leur endroit. Par
leurs savoirs et savoir-faire, ils connaissent mieux leur milieu, donc ils peuvent proposés des
solutions à leurs propre problèmes.

II.1.3.5- Principe de précaution et prévention


C‟est le principe de prévention en amont qui signifié que lorsque les connaissances
actuelles ne permettent pas de prévoir toutes les éventuelles incidences à long terme, il est
impératif de prendre des mesures pour limiter ou bien réduire leurs impacts négatifs.

II.1.3.6- Principe de responsabilité


Ce principe sollicite une prise de conscience de chacun de ses actes et qu‟il prend sa
responsabilité vis-à-vis l‟environnement. La responsabilité individuelle et collective est la clé
de réussite d‟un développement durable.

20
Epistémologie et contexte de l’étude Développement durable en agriculture

II.1.4- Représentation d’un développement durable


La représentation d‟un modèle de développement durable fait partie de la philosophie de
définition de cette notion. Elle aide à comprendre schématiquement l‟ajustement des
différents éléments qui interviennent dans la constitution d‟une réflexion d‟un développement
durable. Plusieurs modèles de représentation d‟un développement durable existent et sont
récapitulés par OEDD (2002) dans :

II.1.4.1- La représentation à trois sphères


Deux formes de représentations à trois sphères sont avancées, et qui correspondent à
deux approches de réflexions différentes :

II.1.4.1.1- L’approche latine


Ce modèle suppose que le développement durable se trouve à l‟intersection de trois
sphères semblables à savoir ; l‟économie, le social, et l‟environnement (figure N°4).

Dans cette réflexion un développement durable est un développement respectueux des


ressources naturelles et des écosystèmes, qui garantit l‟efficacité économique mais sans
perdre de vue les finalités sociales (Coméliau et al, 2001). C‟est une stratégie gagnante de ce
triple point de vue, économique, social et environnemental.

Figure N°4 : Représentation à trois sphères (approche latine) (OEDD, 2002).

Cependant, cette représentation reste imprécise vis-à-vis certains points comme par
exemple les trois sphères qui sont représentées toujours de la même taille ? Est-ce que les

21
Epistémologie et contexte de l’étude Développement durable en agriculture

trois aspects représentent les mêmes importances dans un développement durable ? Est-ce
qu‟il est possible de changer une composante du social ou de l‟environnement et la remplacer
par une autre économique ou inversement, tout en restant dans l‟interaction de durabilité ?
Ces questions peuvent trouver leurs réponses dans une autre approche de représentation.

II.1.4.1.2- L’approche nordique


C‟est le modèle le plus utilisé par les défenseurs de l‟environnement. Ainsi, dans cette
approche, on considère que tout vient de la nature à un moment ou à un autre. De ce fait, la
sphère sociale est une partie intégrante de l‟environnement. Par contre la sphère économique
est considérée comme un sous-produit de la société. Alors, on se retrouve dans des cercles
imbriqués les uns dans les autres (figure N°5).

Donc suivant cette approche pour attendre la durabilité, il faut se conformer aux
conditions sociales et environnementales, tout en restant dans les limites écologiques. Par
ailleurs, l‟aspect économique vient dans une stratégie de gain toute en rapprochant de la
durabilité sociale et environnementale, c‟est-à-dire que l‟économie doit être considérée
comme un moyen pas une finalité.

Figure N°5 : Représentation à trois sphères (approche nordique) (OEDD, 2002).

II.1.4.2- La représentation à trois piliers + un


Ce modèle de représentation symbolise un développement durable sous la forme d‟un
triangle équilatéral, avec ces trois sommets qui représentent l‟aspect social, l‟environnement
et l‟économie. Le développement durable est représenté par le point d‟interaction entre les 3

22
Epistémologie et contexte de l’étude Développement durable en agriculture

aspects (figure N°6). L‟interaction entre ces différents domaines doit être assurée par une
bonne gouvernance.

Figure N°6 : Représentation à trois piliers + un (OEDD, 2002).

II.1.4.3- La représentation à quatre piliers


Dans ce type de représentation, une quatrième dimension est ajoutée à la notion du
développement durable ; il s‟agit de la dimension « culturelle ». Cette représentation permet
de montrer que la voie vers le développement durable n'est pas unique mais devra être adaptée
aux différentes sociétés de par le monde (Benidir, 2009). Ainsi la représentation est sous
forme d‟un carré, où le développement durable se situe au milieu des quatre aspects à savoir :
le social, l‟environnement, l‟économie et la culture (figure N°7).

Figure N°7 : Représentation à quatre piliers (OEDD, 2002).

23
Epistémologie et contexte de l’étude Développement durable en agriculture

II.1.5- Nécessité d’un développement durable


Aujourd‟hui, le monde moderne est confronté à des multiples problèmes de différents
ordres. Il est opposé à une crise écologique sans précédent, dont le problème le plus connu est
celui du changement climatique et de ses conséquences (désertification, sècheresse...etc.).
Ainsi que des crises économiques mondiales qui perturbent les systèmes économiques et
monétaires mondiaux. De plus, d‟autres problèmes sociétaux que le monde survécu de nos
jours, tels la pauvreté et le chômage apparaissent dans les sociétés modernes. Ces problèmes
et d‟autres sont le résultat d‟un modèle d‟exploitation abusive et non responsable des
ressources naturelles, altérant les cycles de vie dans les écosystèmes naturels.

Depuis une trentaine d‟années, l‟homme a pris conscience de ces actes destructeurs de
la nature et nuisible à la santé de tout le monde. Il a été révélé qu‟il devenait impossible de
continuer d‟exploiter les richesses de la nature par de pratiques minières. D‟où le concept de
développement durable qui avait pour vocation de conscientiser l‟humanité. Les pouvoirs
publics, les ONG et les communautés sont sensés en tenir compte, tandis que les entreprises
doivent cherchent à démontrer leur responsabilité sociale vis-à-vis de l‟environnement.

II.2- Qu’est-ce que l’agriculture durable ?


La notion de l‟agriculture durable s‟intègre systématiquement au concept du
développement durable. De fait, il n‟y pas de développement durable sans agriculture durable.
Autrement dit, le concept de développement durable est fondé sur celui de l‟agriculture
durable et en dépend.

Lors de la conférence de Rio en 1992, des déclarations des principes ont été issues,
l‟agriculture durable n‟est rien d‟autre que la déclinaison au secteur agricole et rural de ces
principes.

Selon Nahal (1998), l‟agriculture durable doit être conçue non seulement au niveau de
l‟exploitation agricole ou de la ferme, mais aussi au niveau de la région géographique et du
pays autant que possible. En effet, une exploitation irrationnelle des ressources naturelles dans
une région donnée affecte systématiquement tout l‟écosystème existant (à l‟exemple de la
pollution dans les nappes phréatiques par les résidus des engrais). Ce qui perturbe aussi bien
les exploitations pratiquant une agriculture durable que celles de type conventionnel.

24
Epistémologie et contexte de l’étude Développement durable en agriculture

II.2.1- Définition du concept de l’agriculture durable


Plusieurs définitions ont été données à la notion de l‟agriculture durable. Toutes sont
issues des principes du rapport de Brundtland (1987), sur le concept de développement
durable.

Le rapport sur les stratégies relatives à l'agriculture durable présenté en 1988 par
BIFAD (Board of International Food and Agricultural Development Task Force), a donné
plusieurs définitions de l'agriculture durable, dont la plus pertinente est : « La gestion réussie
des ressources pour l'agriculture pour satisfaire l'évolution des besoins de l'homme, tout en
maintenant ou en améliorant la base de ressources naturelles et en évitant la dégradation de
l'environnement. Elle devrait conserver et protéger les ressources naturelles et permettre la
croissance économique à long terme par la gestion de toutes les ressources exploitées à des
rendements durables. ».

Une autre définition a été donnée par l’INRA (2002), l‟appréhende comme : « un
ensemble des pratiques sociales et des techniques qui visent à pérenniser l’activité agricole
dans ses milieux physiques, sociaux, économiques et environnementaux. Elle doit donc
répondre à un triple objectif : la promotion de la qualité et le respect de l’environnement tout
en assurant la viabilité économique des exploitations agricoles ».

Pour Thevenet (2004), « l’agriculture durable est une agriculture économiquement


viable, socialement équitable, et écologiquement saine ». Cette définition semble très
simplifiée, elle met en exergue le principe de la notion de développement durable définie en
1992 à Rio, dont le but est de répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité
des générations futures à répondre à leurs.

II.2.2- Objectifs de l’agriculture durable


Selon Hulse, (2008), les objectifs de l‟agriculture durable ont été donnés dans un
document élaboré à l'occasion du sommet mondial de l‟alimentation en 1996 et qui se
résument dans les points suivants :

 Atteindre une production agricole acceptable et adéquate sur le plan des quantités, de la
variété et de la qualité ;
 Maintenir des environnements favorables aux humains et autres organismes vivants ;
 Prévenir la pollution des eaux superficielles et souterraines, protéger la nature ainsi que les
droits des animaux ;

25
Epistémologie et contexte de l’étude Développement durable en agriculture

 Empêcher la destruction et la détérioration des terres fertiles par l'érosion, l'étalement urbain
ou les activités néfastes pour l'agriculture ;
 Établir et maintenir les infrastructures rurales indispensables à la production et à la
commercialisation des produits agricoles ;
 Protéger les écosystèmes naturels et privilégier la conservation à long terme plutôt que
l'exploitation à court terme ;
 Favoriser le recyclage des nutriments et maintenir un bon équilibre entre l'utilisation
immédiate et la stabilité à long terme.

II.3- L’exploitation agricole durable


Comme l‟exploitation agricole constitue l‟unité fonctionnelle des systèmes de
production, la notion de la durabilité commence logiquement à ce niveau. Ainsi, parlant d‟un
système de production durable, il faut que chaque unité qui le constitue soit inscrite dans une
logique de gestion durable.

Nombreux scientifiques ont défini l‟exploitation agricole durable. Certaines définitions


sont incomplètes, et d‟autres sont très spécifiques à un contexte donné.

Cependant, Zahm et al. (2015), ont fait un état d‟art sur la notion et ils ont proposé une
définition renouvelée sur la base des propriétés de la durabilité. Ils la définie ainsi : « Une
exploitation agricole durable est une exploitation agricole viable, vivable, transmissible et
reproductible inscrivant son développement dans une démarche sociétalement responsable.
Cette démarche renvoie au choix de l’agriculteur, quant aux effets de ses activités et de ses
modes de production, sur le développement et la qualité de vie des parties prenantes ancrées
sur son territoire ainsi qu’à sa contribution à des enjeux globaux sociétaux non
territorialisables (lutte contre le changement climatique, sécurité alimentaire,…etc.). Son
développement s’appuie sur cinq propriétés : capacité productive et reproductive de biens et
services, robustesse, ancrage territorial, autonomie et responsabilité globale ».

Quant à Landais (1998), en plus de la définition qu‟il a donnée à l‟exploitation agricole


durable, il a expliqué les quatre piliers de la durabilité d‟une exploitation agricole à savoir ; la
viabilité, la vivabilité, la transmissibilité et la reproductibilité (figure N°8) :

 La viabilité dépend d‟abord du niveau moyen de revenu, elle est abordée dans sa dimension
économique et concerne l‟efficacité du système de production à sécuriser à long terme chacun
de ces ressources de revenu face aux variations et aux incertitudes commerciales et
économiques ;

26
Epistémologie et contexte de l’étude Développement durable en agriculture

 La vivabilité traduit la qualité de vie de l‟exploitant et de sa famille (dimension sociale) ;


 La transmissibilité concerne la capacité de l‟exploitation agricole à perdurer d‟une
génération à une autre. Elle est très liée à la qualité des relations sociales et économiques et à
la place de l‟agriculture dans la dynamique locale de développement ;
 La reproductibilité s‟intéresse aux impacts des pratiques agricoles sur le milieu et à la
préservation des ressources naturelles (dimension écologique).

Figure N°8 : Les quatre piliers de la durabilité des exploitations agricoles (Landais, 1998).

II.4- Dynamique des systèmes d’élevage ; compréhension des réactions d’adaptation


Pour étudier les stratégies d‟adaptation des éleveurs, il est nécessaire d‟identifier
certaines notions qui déterminent les comportements des éleveurs vis-à-vis de différentes
contraintes. Il est à signaler que dans les sciences animales, les réactions d‟adaptation sont de
deux origines : i) Biologique (adaptation liée à la capacité de l‟organisme animale de tous ses
niveaux ; cellule, organe, individu). ii) D‟origine biotechnique c.à.d. tout ce qu‟est en relation
avec le système de production (Sauvant et Martin, 2010).

Pour notre contexte d‟étude, les réactions d‟adaptation d‟origine biotechnique sont
l‟objet d‟analyse. Donc les notions qui semblent intéressantes sont celles liées aux systèmes
d‟élevage.

II.4.1- Comment intervient une réponse dynamique à une perturbation en élevage ?


L‟explication de différentes formes de réponse dynamique d‟un système d‟élevage a été
donnée par Sauvant et Martin (2010). Au début, et avant qu‟une perturbation arrive dans un

27
Epistémologie et contexte de l’étude Développement durable en agriculture

système donné, le système d‟élevage suit une trajectoire de production et de conduite fixée
par l‟éleveur (chef d‟exploitation). Cette trajectoire de production fixe la finalité de l‟élevage.

Une perturbation agit comme une contrainte vis-à-vis le fonctionnement du système.


Elle peut être externe ou interne au système. La dynamique de la réponse est schématisée par
Sauvant et Martin (2010), (figure N°9), où ils mentionnaient les différentes forces qui
interviennent dans cette dynamique.

Figure N°9 : Réponse dynamique d’un système à une perturbation (Sauvant et Martin, 2010)

En conséquence l‟arrivée d‟une perturbation dans un système d‟élevage, et après un


certain « délai d‟incubation », la réponse du système apparait. L‟amplitude de cette réponse
dépend de l‟intensité de la perturbation et du degré de résistance du système à celle-ci.

Dans la phase qui suit, le système tend à revenir à sa trajectoire initiale ou bien sur une
nouvelle trajectoire (changer les objectifs de production). Les modalités de retour déterminent
la capacité de récupération, ou de régénération du système, qu‟est appelée « la résilience ».

II.4.2- Vulnérabilité, flexibilité et résilience dans les systèmes agraire


II.4.2.1- Adaptation des concepts pour les systèmes agraires
Plusieurs concepts permettent de rendre compte spécifiquement de l‟adaptation des
systèmes d‟élevage (Urruty et al., 2016). Certains sont utilisés dans plusieurs domaines de
recherche et d‟analyse, et leur usage et compréhension changent suivant le domaine
d‟application. Pour les systèmes agraires en générale et les systèmes d‟élevage
particulièrement, ces concepts prennent une conception particulière au champ d‟application et

28
Epistémologie et contexte de l’étude Développement durable en agriculture

aux spécificités des systèmes. Dans cette synthèse, nous donnons les définitions de trois
d‟entre eux (résilience, flexibilité et vulnérabilité), qui seront structurants pour décrire les
leviers d‟adaptation et la démarche d‟accompagnement proposée dans les deux parties
suivantes. Ces trois concepts sont complémentaires, et leurs interrelations sont non-triviales
(la résilience n‟est pas l‟opposé de la vulnérabilité…) (Gallopín, 2006).

La résilience est une notion qui s‟est très largement vulgarisée, à partir de différentes
disciplines. En psychologie, elle se définit comme la capacité à se reconstruire après un choc
violent. À l‟échelle de l‟exploitation agricole, en prenant directement inspiration sur Holling
(1973), Milestad et al. (2012) soulignent la nécessité de prendre en compte les trajectoires
des systèmes « famille-exploitation-autres activités » pour caractériser la résilience, définie
dans ce cas comme « la capacité à s’accommoder à des changements internes et
externes, prédictibles ou non, la capacité à apprendre et à s’adapter aux incertitudes, la
capacité à se réorganiser après des chocs ». En écologie, la résilience dans sa définition
récente repose sur l‟idée qu‟après une perturbation le système n‟est pas marqué par un retour
à l‟équilibre, expression d‟un comportement de résistance, mais réagit au contraire de manière
souvent positive, créatrice, grâce à de multiples changements et réajustements. La résilience
est la propriété d‟un système qui, adaptant sa structure au changement, conserve néanmoins la
même trajectoire après une perturbation (Walker, 2020).

La flexibilité est un concept des sciences de gestion et de l‟économie


industrielle (Chia et Marchesnay, 2008). Elle renvoie à l‟image « du roseau qui plie
mais ne rompt pas ». Nous rappelons ici deux définitions de la flexibilité d‟une organisation :
i) « son aptitude à s’accommoder aux circonstances, à absorber des changements, sa capacité
à préserver et à créer des options, à apprendre » (Tarondeau, 1999) ; ii) « des procédures
qui permettent d’accroître la capacité de contrôle sur l’environnement, de diminuer la
sensibilité du système à son environnement » (Astigarraga et Ingrand, 2011). La flexibilité
est une propriété qui n‟est pas mesurable en soi, mais qui dépend du contexte (le type d‟aléas
pris en compte) et des buts recherchés (Rigolot et al. 2019). Aaker et Mascarenhas (1984)
proposent plusieurs leviers pour développer la flexibilité d‟une organisation : i) la
diversification des processus, des activités et des produits, incluant l‟élargissement de la
gamme, mais aussi la participation à différents marchés ; ii) l‟accroissement de l‟autonomie
de chaque unité de production par rapport aux autres ; iii) le développement de ressources
potentiellement utiles, c‟est-à-dire non mobilisées en permanence, mais mobilisables « au cas
où » : redondances fonctionnelles, compétences non exploitées, marges de manœuvre.

29
Epistémologie et contexte de l’étude Développement durable en agriculture

La vulnérabilité a été proposée initialement dans les disciplines des sciences humaines,
en lien avec l‟exposition des personnes à des aléas externes (Janssen et al., 2006 ; Pearson
et al., 2011), avant de connaître un succès important notamment dans les recherches sur le
changement climatique (Füssel et Klein, 2006). Dans les recherches sur les moyens de
subsistance, la vulnérabilité se réfère à l‟exposition à des aléas, et à la difficulté à les gérer
(Rigolot et al. 2019). Selon cette définition, la vulnérabilité a donc deux faces : une face
externe d‟aléas auxquels l‟individu ou le ménage est confronté ; une face interne relevant de
l‟incapacité à gérer les impacts de ces aléas (Oliveira et al., 2015). Selon Adger (2006), la
vulnérabilité résulte de trois composantes : l‟exposition, la sensibilité et la capacité
d‟adaptation. Les caractéristiques de l‟exposition incluent l‟amplitude, la fréquence, la durée
et l‟ampleur spatiale des aléas. La sensibilité mesure l‟impact de cet aléa en l‟absence
d‟adaptation par le pilote (Gallopín, 2006). La capacité d‟adaptation représente la capacité du
système à évoluer pour s‟adapter à son environnement et notamment à l‟occurrence d‟aléas
(Adger, 2006).

En synthèse, chacun des concepts a son origine dans un ancrage disciplinaire spécifique
(respectivement écologie, sciences de gestion, socio-économie) (Rigolot et al. 2019). Les
intersections sont nombreuses mais les recouvrements incomplets. Aussi, le choix d‟un
concept dépend des objectifs que l‟on se donne. La vulnérabilité est quant à elle un cadre
efficace pour opérationnaliser une démarche d‟accompagnement, de par la distinction
analytique entre variables d‟exposition, de sensibilité et de capacité d‟adaptation (Rigolot et
al. 2019).

II.4.2.2- Liaison entre la vulnérabilité et la résilience


Certains auteurs définissent la vulnérabilité comme le revers de la médaille, ou
l'antonyme, de la résilience (Berkes et al., 2003). Cependant, ce n'est pas du tout clair, car de
toute évidence, un système résilient est moins vulnérable qu‟un système non-résilient, mais
cette relation n'est pas nécessairement symétrique (Gallopin, 2006).

Le concept de résilience a été introduit par Holling en 1973 dans le domaine de


l'écologie (Janssen et al., 2006). La résilience est entendue comme la résistance d'un système
aux chocs, dans le cas de chocs soudains qui mettent en danger le système, comme la
mobilisation des bonnes ressources qui permettent sa reconfiguration, ou dans une vision plus
ample, comme la capacité d'un système à garder, c'est à dire, d'être capable de faire face aux
perturbations dans tous les stades du cycle d‟adaptation (Dedieu et Ingrand, 2010). Une
différence fondamentale réside dans le fait que la résilience s'applique à la préservation du

30
Epistémologie et contexte de l’étude Développement durable en agriculture

comportement du système tel qu'il est exprimé par son état en restant dans le domaine
considéré d'attraction, alors que la vulnérabilité se réfère à des transformations qui peuvent
aller au-delà d'un seul domaine, d‟un seul état d‟équilibre (Gallopin, 2006).

Les travaux traitant de la résilience et de la vulnérabilité sont tous liés à la façon


dont les systèmes réagissent aux changements (Oliveira, 2014). Toutefois, les échelles
spatiales d'analyse diffèrent souvent entre les deux communautés. Les recherches sur la
résilience ont eu tendance à considérer les échelles écologiquement bornées de l'écosystème et
du paysage. Les recherches sur la vulnérabilité, en revanche, tendent à considérer les échelles
socialement définies de la famille, de la communauté, de la région et de la nation (Miller et
al., 2010). L'existence de nombreuses interconnexions peut améliorer la résilience des
systèmes socio-écologiques à grande échelle par la dilution et la distribution de l'impact de
forts changements dans les éléments individuels sur d'autres éléments du système (Young et
al., 2006).

La vulnérabilité et la résilience ont des éléments d'intérêts communs : les chocs et


contraintes rencontrées par le système socio-écologique, la réponse du système, et la capacité
d'adaptation (Adger, 2006). La vulnérabilité et la résilience constituent des thèmes de
recherche différents, mais qui se chevauchent (Turner Li, 2010). Une façon simple et ludique
de distinguer l'intérêt à travailler avec la résilience ou la vulnérabilité est proposé par Thomas
(2008), où il dit que le concept de vulnérabilité incite à trop regarder la moitié vide de la
bouteille, la résilience invite à en regarder la moitié pleine.

II.4.3- Modalités d’adaptation des systèmes


Suivant la description de la dynamique d‟un système lors d‟une perturbation, il est très
utile de citer les différentes modalités d‟adaptation aux perturbations et autres contraintes. La
figure N°10 résume les différentes modalités de réponses en se référant à la finalité du
système (Sauvant et Martin, 2010).

31
Epistémologie et contexte de l’étude Développement durable en agriculture

Figure N°10 : Modalités des réponses dynamiques d’un système perturbé.


(Sauvant et Martin, 2010).

Alcaras et Larcoux (1999), proposent de définir les notions de rigidité, de flexibilité,


d‟élasticité et de plasticité d‟un système sur l‟aptitude de modifier sa structure ou sa finalité.
Ils se résument comme suit :

II.4.3.1- Les systèmes rigides


Ces systèmes n‟ont pas besoin de s‟adapter aux contraintes externes ; ils sont tellement
résistants qu‟ils peuvent dépasser les contraintes sans déformer leur structure ou bien changer
leurs finalités, et cela jusqu‟à une éventuelle rupture (catastrophe).

II.4.3.2- Les systèmes élastiques


Les systèmes élastiques s‟adaptent en retournant progressivement à leurs états initiaux
après une déformation suite à une perturbation. En revanche, on considère que la finalité de
ces systèmes n‟est pas modifiée.

II.4.3.3- Les systèmes flexibles


Les systèmes flexibles s‟adaptent aux perturbations grâce à leur capacité à modifier, soit
leur structure tout en gardant la même finalité, soit leur finalité tout en conservant leur
structure. La flexibilité implique généralement l‟idée d‟une gamme de formes possibles.

II.4.3.4- Les systèmes plastiques


Les systèmes plastiques s‟adaptent par une transformation aussi bien de leur structure
que de leur finalité au fur et à mesure de leur évolution. Donc, ils peuvent changer de finalité
après une perturbation pour avoir un nouvel objectif.

32
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne

Chapitre III : Contexte et état de la steppe algérienne ; berceau de l’élevage ovin.

Il est pertinent de connaitre le berceau de l‟élevage ovin en Algérie. C‟est de la steppe


qu‟il s‟agit (Camps, 1978). Identifier le milieu physique de la steppe, ses caractéristiques, ses
potentialités, et ses problématiques, sont les principaux points discutés à travers ce chapitre.

III.1- Identification et caractéristiques de la steppe algérienne


La steppe algérienne est un vaste territoire avec des caractéristiques et des potentialités.
Pour ce débuté dans la compréhension de la steppe, il est essentiel de l‟identifier et de savoir
ses conditions physiques.

III.1.1- Définition de la steppe


La steppe telle définie par Pouget (1980) ; Bourbouze et Donnadieu (1987), est « une
formation végétale, primaire ou secondaire ; basse et ouverte dans sa physionomie typique et
inféodée surtout aux étages bioclimatiques, arides et désertiques dont elle est l’expression
naturelle ».

Pour Le Houérou (1995), le terme steppe évoque d‟immenses étendues plus ou


moins arides, à relief peu accusé, couvertes d‟une végétation basse et clairsemée. Pour
des auteurs tels que Senoussi et al. (2011), la steppe algérienne comme un espace constitue
une zone tampon entre le désert du Sahara et la " ceinture verte " du Nord du pays. Assimilée
aussi au pays des grands espaces plats et élevés où l'arbre est rare ou absent, alors que l'alfa et
l'armoise sont les espèces caractéristiques.

Pour Kadi-Hanifi-Achour (2004), la steppe est un écosystème caractérisé par des


formations végétales hétérogènes discontinues plus au moins dense, composées de plantes
herbacées et arbustives xérophiles de hauteur limitée, et par des sols généralement maigres à
faible taux en matière organique.

Les steppes du nord de l‟Afrique, situées entre les isohyètes annuelles de 100 à 400 mm,
couvrent plus de 63 millions d‟hectares d‟une végétation basse et clairsemée, soumise à une
exploitation humaine très ancienne. La vocation historique des steppes était l‟élevage extensif
d‟ovins, de caprins et de dromadaires complété par la culture itinérante des céréales (Aïdoud
et al., 2006).

33
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne

III.1.2- Localisation de la steppe algérienne


Pour Nedjraoui et Bédrani (2008) ; Nedjimi et Guit (2012), la steppe algérienne
constitue une vaste région qui s‟étend au Sud de l‟Atlas tellien formant un ruban de 1 000 Km
de long, sur une largeur de 300 Km à l‟Ouest et au centre réduite à moins de 150 Km à l‟Est.
Elle se localise au nord du Sahara entre les deux chaines des monts de l‟Atlas Tellien et
Saharien sous des isohyètes de 400 mm, qui coïncide avec l‟extension des cultures céréalières
en sec et au sud par 100 mm qui est la limite méridionale de l‟extension de l‟alfa (Djebaili,
1978; Djellouli, 1990; Le Houérou, 1995). Ces seuils se justifient par des considérations à la
fois biogéographiques et agronomiques (Carte N°1).

D‟une façon globale, la steppe présente un aspect dominant caractérisé par de grands
espaces pastoraux à relief plat et à altitude élevée supérieure à 600 m, divisés par des lits
d‟oueds parsemés de dépressions plus ou moins vastes et de quelques masses des chaînes
montagneuses isolées. La steppe algérienne s‟étend sur une superficie globale de 20 millions
d‟hectares comprenant 15 millions d‟hectares de steppe proprement dite, distribués sur
plusieurs wilayas, et 5 millions d‟hectares de terres cultivées, de maquis, de forêts, et de
terrains improductifs (Bencherif, 2011).

Source : Nedjraoui et Bédrani, 2008. Adaptée.


Carte N°1 : Délimitation de la steppe algérienne.

III.1.3- Caractéristiques climatiques de la steppe


Le climat est un facteur très important pour la végétation des zones steppiques ; de type
continental ; semi-aride sur sa partie Nord et aride sur sa frange Sud. Les étages

34
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne

bioclimatiques s‟étalent du semi-aride inférieur frais au hyper-aride supérieur frais. Les


précipitations moyennes annuelles enregistrées en steppe sont de l‟ordre de 271 mm/an, tandis
que la température moyenne minimale du mois le plus froid est de -0,5°C et la température
moyenne maximale du mois le plus chaud s‟élève à 34,5°C. La période sèche est
généralement supérieure à 7 mois, s‟étendant d‟avril à octobre (Benabdeli, 2000).

Le climat de la steppe se caractérise par une faible pluviométrie (100 à 450 mm par an)
et de fortes amplitudes thermiques. Cette pluviométrie est non seulement faible mais
irrégulière. Elle présente des variations spatio-temporelles très importantes et les
précipitations tombent souvent sous forme de pluies violentes (averses). Une saison estivale
sèche et chaude alterne avec une saison hivernale pluvieuse et fraîche, sinon froide
(Bencherif, 2011).

Selon Khelil (1997), les hauteurs de précipitations subissent une baisse vers l‟Ouest
(Ain Sefra) par suite de la présence du Grand Atlas Marocain, elles augmentent
progressivement vers le centre (El Bayadh, Aflou, Djelfa), puis elles diminuent vers
Boussaâda et M’Sila dominées par l‟influence de l‟enclave saharien du Hodna. Elles
diminuent encore plus vers le piémont Sud de l‟Atlas Saharien (Laghouat), décroissent
rapidement dès que l‟on s‟éloigne de la flexure Sud Atlasique vers le Sud. Les massifs
montagneuses sont relativement plus arrosées dont les monts des Ouleds Naïl et Djebel
Amour qui sont les plus favorisés avec des précipitations qui dépassent les 400 mm/an et où
les crêtes reçoivent jusqu‟à 600 mm/an. La carte N°2 montre les principales zones
pluviométriques de la steppe.

Source : Senoussi et al., 2014.


Carte N°2 : Délimitation des zones de pluviométrie dans la steppe.

35
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne

La figure N°11 montre les diagrammes ombrothermiques de Bagnouls et Gaussen


(1953) de quelques stations steppiques.

Source : BNEDER, 2006 In. Bencherif, 2011.

Figure N°11 : Digrammes ombrothermiques de quelques stations steppiques.

Les températures extrêmes sont des facteurs ayant une incidence majeure sur la
végétation. Le régime thermique de la steppe est de type continental et l‟amplitude thermique
annuelle est généralement supérieure à 20°C d‟après Le Houérou (1977). Les gelées de la
saison froide inhibent la poussée de la végétation, ce qui amène les éleveurs à se déplacer vers
les parcours sahariens à température plus chaude (Azzaba). Les températures très élevées de la

36
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne

saison estivale inhibent également le développement de la végétation, ce qui amène les


éleveurs cette fois à se déplacer vers le Nord pour gagner les plateaux céréaliers (Achaba).

Le climat de la steppe est aussi marqué par des variations de température importantes,
celles-ci dépassent les 40 °C en été et descendent en dessous de 0°C, et provoque des gelées
en hiver, ralentissant la croissance et même détruisant la végétation surtout des plantes
annuelles. Les vents sont violents et ils peuvent occasionner des dégâts. En été les vents
chauds venant du Sahara (sirocco) soufflent et ont des effets néfastes sur la végétation
(Bencherif, 2011).

Les gelées constituent aussi l‟un des facteurs climatiques les plus contraignants des
zones steppiques. Cette contrainte est directement liée à la température de la saison froide.
Ainsi que la présence du sirocco qui constitue une contrainte climatique importante en saison
estivale. Les vents dominants de direction Ouest et Nord-ouest sont souvent suivis d‟orages,
où une grande partie de la précipitation est orageuse, ce qui diminue l‟infiltration de l‟eau
dans le sol et favorise l‟érosion hydrique.

III.1.4- Caractéristiques géomorphologiques de la steppe


L‟Algérie est divisée, du nord au sud, en trois grands domaines qui se caractérisent par
une aridité croissante et qui sont séparés les uns des autres par les principales chaînes de
montagnes : le domaine Maghrébin du Tell méridional, le domaine Maghrébin steppique et le
domaine Saharo-méditerranéen. Le domaine Maghrébin du Tell méridional s‟étend au nord du
pays, entre le rivage méditerranéen et la chaîne de l‟Atlas tellien sur une largeur d‟une
centaine de kilomètres. Le domaine Maghrébin steppique est constitué des hauts plateaux,
d‟une altitude comprise entre 900 et 1200 m, qui se développent entre l‟Atlas tellien et l‟Atlas
saharien ou présaharien, là où la quasi-totalité de la zone steppique se située. Il correspond
globalement aux Hautes Plaines. De l‟autre côté de l‟Atlas saharien commence le domaine
Saharo-méditerranéen. La carte N°3 montre les principales chaînes de montagnes dans le
Maghreb, où la steppe algérienne se située globalement entre les deux grandes chaines
montagneuses l‟Atlas tellien et l‟Atlas saharien dans le domaine nommé Le domaine
Maghrébin steppique.

37
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne

Source : geodumonde, 2018.


Carte N°3: Cartographie montrant les principales chaines montagneuses du Maghreb.

Une coupe géomorphologique de l‟Algérie allant de la côte jusqu‟au Sahara montre les
formations constituant la zone steppique, ainsi que l‟emplacement morphologique de cette
zone dans l‟ensemble du pays. Cela facile la compréhension par la suite des mouvements de
transhumants des éleveurs de la steppe. La figure N° 12 schématise la coupe en question.

Source : Halimi, 2018.


Figure N°12: Coupe géomorphologique de l’Algérie.

38
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne

III.1.5- Caractéristiques édaphiques de la steppe


Le sol est l‟élément de l‟environnement dont la destruction est souvent irréversible et
qui entraîne les conséquences les plus graves à court et long termes (Halitim, 1985).

Pouget (1980), note une grande diversité des sols de la région steppique : sols minéraux
bruts, sols peu évolués, vertisols, sols calcimagnésiques, sols hydromorphe et sols
halomorphes, etc. La plupart des sols steppiques sont caractérisés par la présence
d‟accumulation calcaire réduisant la profondeur de sol utile ; ils sont généralement pauvres en
matière organique et sensibles à la dégradation. Les bons sols dont la superficie est limitée, se
situent au niveau des dépressions (sols d‟apport alluvial) soit linéaire et constituées par les lits
d‟Oueds soit fermées et appelées Dayas.

Les sols calcaires et calciques sont dominants, caractérisés par une faible profondeur,
une croûte calcaire, une teneur en matière organique très faible (inférieur à 1 %) et
décroissante selon la profondeur alors que le taux de calcaire croit et constitue une entrave au
développement des plantes (Nedjimi et Guit, 2012) ; (Nedjimi et Homida, 2006). La texture
est à dominance sableuse imposant une faible stabilité structurale et une faible capacité de
rétention en eau ne permettant le développement que d‟une végétation xérique adaptée aux
conditions du milieu (Benabdeli, 2000).

Les caractéristiques édaphiques de la zone steppique augmentent les risques de


dégradation des écosystèmes (défrichement et érosion de la fin couche arable de terre). Ce qui
limite la pratique de l‟agriculture dans des zones présentant une couche de sol relativement
épaisse que les autres zones steppiques (les Dayas et les lits d‟Oueds).

III.1.6- Hydrographie et ressources hydriques


Le réseau hydrographique est fortement influencé à la fois par les variations
saisonnières et interannuelles de la pluviométrie et aussi le relief de la steppe. Khelil (1997),
décrit le réseau hydrographique de la steppe comme étant un réseau caractérisé par la
présence des Oueds dont la plupart sont irréguliers, secs en été avec toutefois des crues
violentes le plus souvent en début et à la fin de l‟hiver, et parfois en été. Ces crues causent des
problèmes d‟érosion des terres et aussi de perte non négligeable de têtes des animaux sur
pâturages. La plupart des Oueds de la steppe ne poursuivent jamais leurs cours jusqu‟à la mer
et se perdent dans les grandes dépressions et chotts.

39
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne

Dans les régions steppiques les ressources hydriques sont faibles, peu renouvelables et
inégalement réparties. Selon MADR (2019), les ressources hydriques sont constituées par :

 Les eaux superficielles provenant des précipitations orageuses et qui représentent un volume
annuel de 40 milliards de m3 dont une infime partie est mobilisée par des ouvrages, l‟essentiel
des apports disparaît par évaporation et infiltration ;

 Les eaux souterraines, dont le potentiel est évalué à 1,4 milliard de m3. Elles constituent la
seule ressource fiable, utilisée pour les besoins humaines, l‟abreuvement du cheptel et
l‟irrigation des cultures. Cette ressource est d‟une part peu étudiée, hormis sur les périmètres
de l‟Oued Touil et celui du Hodna, et d‟autre part anarchiquement exploitée comme le
témoigne le nombre important de puits devenus non fonctionnels par la baisse du niveau des
nappes alluviales et phréatiques suite à la multiplication des forages.

La carte N°4 montre les principaux types d‟aquifères de la partie nord de l‟Algérie dont
la steppe fait partie. Il est remarquable l‟existence de trois types d‟aquifères dans la partie
steppique à savoir : i) Des aquifères dits non consolidé Ŕ élevé, avec ressource dépendant de
la recharge, ii) Des aquifères sédimentaires inter-granulaires/fracturé, avec une productivité
modéré à élevée, iii) Des aquifères sédimentaires inter-granulaires/fracturé/Karst avec une
productivité élevée à très élevée. Au niveau régional, les aquifères importants sont très
fragmentés. Les aquifères les plus importants sont les aquifères du Hodna et Chott Chergui de
l'Atlas Saharien (Earthwise, 2019).

Source : Earthwise, 2019. Adaptée.


Carte N°4 : Hydrogéologie de la partie nord de l’Algérie.

40
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne

III.1.7- Population humaine steppique


La steppe abrite en 2018 une population avoisinant les 12 millions d‟habitants, ce qui
représente environ 28 % de la population totale du pays (ONS, 2018). Elle a quadruplée en un
demi-siècle, pour passer d‟environ de 3 millions d‟habitants en 1966 à près de 12 millions en
2018 (ONS, 2018). La croissance démographique s‟avère la plus importante que le reste du
pays, enregistrant un taux de l‟ordre de 3,25 % à un moment où la croissance nationale est de
l‟ordre de 2,27 %. La figure N°13 montre l‟évolution de la population humaine totale du pays
et celle de steppe durant la période (1966-2018).

45
40 42
35
30 35
30
25
Millions

20 24
15 18
10 13 12
5 9
3 4 5 7
0
1966 1977 1987 1998 2008 2018
Population de l'Algérie Population steppique

(Source : ONS, 2018).


Figure N°13 : Evolution de la population humaine nationale et steppique.

Bencherif (2011), signale que le rapport entre la démographie de la steppe et son


économie s‟est trouvé perturbé car la croissance de la population est plus importante que le
développement économique. Cette situation a engendré une pression sur les ressources
naturelles, surtout les ressources pastorales de la steppe, où l‟élevage reste la source de revenu
d‟une grande partie de la population steppique.

Par ailleurs, les multiples changements concernant le mode de vie ont engendré une
diminution de la part de la population rurale et une augmentation de celle de la population
urbaine. La population rurale est représentée 65 % de la population à l‟aube de
l‟indépendance (1962). Elle ne représente à présent que 26 % à nos jours (ONS, 2018).

III.2- Potentialités pastorales de la steppe


Evoquer la steppe, amène forcement à montrer ses principales formations végétales,
ainsi que les potentialités pastorales, où le caractère principal de la steppe est la végétation
spécifique sur les parcours. La steppe de l‟Afrique du Nord, dont celle de l‟Algérie occupe un
vaste territoire qui, est caractérisé par une végétation basse et clairsemée, plus ou moins
dégradée (Aïdoud, 2006).

41
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne

III.2.1- Principales formations végétales steppiques


La végétation naturelle de la steppe est caractérisée par une couverture basse et
clairsemée, bien que l‟on rencontre sur les reliefs des formations forestières à base de Pin
d‟Alep associé au Chêne vert et au Genévrier. La végétation forestière, celle-ci se localise sur
les versants de l‟Atlas Saharien et couvre environ 1,4 million d‟hectares (Nedjraoui, 2004).
Les steppes algériennes sont dominées par quatre grands types de formations végétales
naturelles :

i) Les formations à Alfa (Stipa tenacissima) présentent une forte amplitude écologique et
retrouvées dans les bioclimats semi-arides à hiver frais et froid, et dans l‟étage aride supérieur
à hiver froid. Ces steppes colonisent tous les substrats géologiques de 400 à 1 800 m
d‟altitude. La production de l‟alfa peut atteindre 10 tonnes de M.S.ha-1.an-1 mais la partie
verte qui est la partie exploitable a une production de 1 000 à 1 500 kg de M.S.ha-1.an-1. L‟alfa
présente une faible valeur fourragère de 0,3 à 0,5 U.F. /kg de M.S. Cependant, les
inflorescences sont très appétées (0,7 U.F. /kg de M.S.). La productivité pastorale moyenne de
ce type de steppe varie de 60 à 150 U.F.ha-1.an-1 selon le recouvrement et le cortège
floristique présent (Aïdoud et Nedjraoui, 1992, In. Boussaid, 2013).

ii) Les formations à armoise blanche (Artimisia herba alba) sont situées dans les étages arides
supérieurs et moyen à hiver frais et froid avec des précipitations variant de 300 à 100 mm.an-
1
. Ce type de steppe s‟étale sur les zones d‟épandage dans les dépressions. La production
primaire varie de 500 à 4500 kg de M.S.ha-1.an-1 avec une production annuelle totale de 1 000
kg de M.S.ha-1.an-1. La production annuelle consommable est de 500 kg de M.S.ha-1.an-1, soit
une productivité pastorale moyenne de 150 à 200 U.F.ha-1.an-1. L‟armoise ayant une valeur
fourragère moyenne de 0,65 U.F. kg-1 de M.S., les steppes à armoise blanche sont souvent
considérées comme les meilleurs parcours utilisés pendant toute l‟année et en particulier en
mauvaises saisons, en été et en hiver où elles constituent des réserves importantes. L‟armoise
est une espèce bien adaptée à la sécheresse et à la pression animale, en particulier ovine. Le
type de faciès dégradé correspond à celui de Peganum harmala dans les zones de campement
des éleveurs et autour des points d‟eau (Nedjraoui, 2001).

iii) Les formations à sparte (Lygeum spartum) sont rarement homogènes. Ces formations sont
soumises à des bioclimats arides supérieurs et moyens à hivers froids et frais. L‟espèce
Lygeum spartum ne présente qu‟un faible intérêt pastoral (0,3 à 0,4 U.F. /kg de M.S.ha-1.an-1
Les steppes à sparte sont peu productives avec une production moyenne annuelle variant de
300 à 500 kg de M.S.ha-1.an-1, mais elles constituent cependant des parcours d‟assez bonne

42
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne

qualité. Leur intérêt vient de leur diversité floristique et de leur productivité relativement
élevée en espèces annuelles et petites vivaces, elle est de l‟ordre de 110 U.F.ha-1.an-1 en
moyenne (Nedjraoui, 2001).

iv) Les formations à Remt (Arthrophytum scoparium) forment des steppes buissonneuses
chamaephytiques avec un recouvrement moyen inférieur à 12,5 %. Les mauvaises conditions
édapho-climatiques de milieu font de ces steppes des parcours qui présentent un intérêt assez
faible sur le plan pastoral. La valeur énergétique de l‟espèce est de l‟ordre de 0,2 U.F. /kg de
M.S. La production moyenne annuelle varie de 40 et 80 kg de M.S.ha-1.an-1 et la productivité
pastorale est comprise entre 25 et 50 U.F.ha-1.an-1. Ce type de steppe est surtout exploité par
les camelins (Nedjraoui, 2001).

III.2.2- Etat des lieux des parcours steppiques


Les écosystèmes steppiques ont connu de multiples changements sous l‟emprise des
conditions naturelles et anthropiques. C‟est surtout une évolution vers la dégradation et la
désertification des parcours qui est la plus inquiétante. Par ailleurs, établir un diagnostic sous-
entend faire un état des lieux général relatif aux parcours steppiques à travers l‟occupation
végétale actuelle, la production, les classes des parcours et la charge pastorale (Nedjraoui et
Bédrani, 2008).
Pour exposer un pareil état des lieux, il faut réaliser une étude globale sur le territoire
steppique. Une étude récente a été réalisée par le H.C.D.S. en 2010, relative aux potentialités
agropastorales des zones steppiques, basée sur le traitement des images satellitaires. Elle a
permis de mettre en évidence la situation des ressources pastorales sur une superficie plus
globale de 26,8 millions d‟hectares (steppe + zones agro-pastorales), dont 21,8 millions
d‟hectares de parcours steppiques (Carte N°5). Le reste concerne les zones agro-pastorales
telliennes sur les limites Nord de la zone steppique.

43
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne

(Source : HCDS, 2010).


Carte N°5 : Zones d’étude sur les potentialités pastorales steppiques.

III.2.2.1- Occupation végétale des parcours steppiques


Sur les 26,8 millions d‟hectares ayant fait l‟objet d‟étude, on compte 21,6 millions
d‟hectares de terres de parcours steppiques (soit 81,6 %) constituées par les différentes
formations végétales steppiques. Le tableau N°1 récapitule les différentes formations
végétales recensées en 2010 sur le territoire steppique, ainsi que celles en 1968 sur la même
zone d‟étude (HCDS, 2010), ce qui permet d‟avoir une évolution des principaux faciès
végétaux.

Tableau N°1: Les superficies des différentes formations végétales steppiques.

Superficie Superficie
Faciès steppique % Evolution
2010 (ha) en 1968
Steppe à Stipa tenacissima
4 207 571 19,42 % 4 000 000 + 5%
(Alfa)
Steppe à Artemisia herba alba
2 107 242 9,73 % 3 000 000 - 30%
(Chih)
Steppe à Lygeum spartum
1 547 573 7,14 % 2 000 000 - 23%
(Sparte)
Steppe à Arthrophytum
5 132 801 23,70 % - -
scoparium (Remt)
Psammophiles 5 050 279 23,31 % - -
Halophytes 1 518 566 7,01 % 1 000 000 + 52%
Associations végétales 2 097 463 9,68 % 5 000 000 - 58%
Total parcours 21 661 495 100 %
Source : HCDS, 2010.

44
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne

Les résultats de cette étude révèlent un important changement par rapport à l‟enquête,
baptisée nomadisme, entreprise en 1968. C'est ainsi qu'on relève :

 Le faciès à alfa (Stipa tenacissima) qui couvre 4,2 millions d‟hectares, soit 19,42 % de la
superficie des parcours. Sauf la précision d‟estimation (évolution des outils de la précision
avec entre 1968 et 2010) qui indique une légère augmentation des faciès à Alfa (+5 %), ce
dernier n‟a pas enregistré une réelle régression en superficie, cependant son état à attient un
seuil de dégradation préoccupant (40%) ;

 Le faciès à armoise blanche (Artemisia herba alba) couvre 2,1 millions d‟hectares, soit 9,73
% de la superficie totale des parcours. Les steppes à armoise blanche sont souvent considérées
comme les meilleurs parcours pour le pâturage. Ce faciès enregistre une réduction de 30 %.
Sa disparition laisse place à des espèces peu palatables comme Noaea mucronata et Anabasis
articulata;

 Le faciès à sparte (Lygeum spartum) occupe 1,5 millions d‟hectares (soit 7,14 % de la
superficie totale des parcours). L‟espèce sparte (Sennagh) a connu une diminution de l‟ordre
de 23 % par rapport à 1968, particulièrement dans le Sud Oranais et dans la région de Chott
Chergui ;

 Les steppes à Remt (Arthrophytum scoparium) occupent 5,1 millions d‟hectares, soit 23,7 %
de la surface totale des parcours. Avec un taux de recouvrement de l‟ordre de 12,5%, ces
parcours sont d‟un intérêt pastoral très faible ;

 Les psammophytes occupent 5 millions d‟hectares, soit 32,31 % de la superficie totale. Ces
formations végétales sont plus fréquentes en zones aride et présaharienne et constituent
respectivement de steppes à Aristida pungens et Thymellaea microphyla ou encore des
steppes arbustives à Retama raetam. Malgré l‟absence de chiffre indicateur de l‟évolution des
psammophytes, mais avec la dégradation d‟une grande partie des parcours steppiques et
l‟avancement de désert (désertification), les espèces psammophytes gagnent de plus en plus
de terrain au détriment des autres faciès plus pâturables ;

 Les halophytes comptent 1,5 millions d‟hectares (7 %), représentées principalement par les
Atriplex et les Salsola. Elles subissent une évolution de 52 % et se développent sur les sols
profonds autour des chotts et des dépressions salées ;

 Les autres associations végétales occupent une superficie de l‟ordre de 2 millions d‟hectares
soit 9,68 % du total et connaissent une régression de la superficie de l‟ordre 58 %.

45
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne

En résumé, la végétation de l‟espace steppique connait une dynamique de changement


des faciès sous influence évidemment de plusieurs facteurs de différents ordres. Cependant, la
tendance de la dynamique semble vers une régression des faciès les plus pâturables et leur
remplacement par des faciès moins pâturables et des formations dites « de dégradation ».

III.2.2.2- Production fourragère des parcours steppiques


Par ailleurs, pour évaluer les potentialités pastorales et connaitre les superficies des
différentes formations végétales n‟est pas suffisant. C‟est la raison pour laquelle, l‟évaluation
de la production fourragère des parcours steppiques a donné lieu aux résultats sur leurs
valeurs bromatologiques (Tableau N°2).
Tableau N°2 : Production fourragère des parcours steppiques.

Production
Superficie Production
Types de Production % moyenne
(ha) (U.F.)
(U.F. /ha)

Production des pérennes - 466 488 155 29,69 % 21

Production des annuelles - 1 104 774 197 70,31 % 51

Production totale 21 661 495 1 571 262 352 100 % 72


Source : HCDS, 2010.
Une lecture sommaire du tableau N°2 indique que :

 La production totale des parcours est estimée à 1,57 milliard d‟U.F., avec une production
moyenne de 72,54 U.F. h-1a ;
 L‟essentiel de la production est assurée par les espèces annuelles qui contribuent par 70,31%
de la production totale et avec une production moyenne annuelle de 51 U.F. h-1a ;
 L‟autre part de la production fourragère est fournie par les espèces pérennes, soit 29,69 %.
Elles produisent en moyenne 21,54 U.F. ha-1.

Par ailleurs, l‟estimation de la charge pastorale potentielle indique que les parcours
steppiques peuvent à peine supporter les besoins de 4 millions de têtes ovines (équivalant
ovin), avec notamment une charge pastorale moyenne d‟une tête pour 5,65 hectares. Or, le
cheptel existant (ovin seul) est au moins quatre fois (4×) supérieur à ce que peut supporter la
végétation pastorale steppique. D‟où des processus de dégradation de l‟écosystème steppique
qui est en cours.
III.2.2.3- Etat des parcours steppiques
La classification des parcours steppiques suivant leur état général, donne une autre
vision quant à la situation qui prévaut dans le tableau N°3.

46
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne

Tableau N°3 : Classes des parcours steppiques.

Etat des parcours Superficie (ha) Pourcentage (%)


Bons 1 337 575 6,17 %
Moyens 2 897 535 13,38 %
Dégradés 2 081 128 9,61 %
Très dégradés 15 345 297 70,84 %
Total 21 661 535 100 %
Source : HCDS, 2010.
Les résultats montrent un niveau de dégradation particulièrement élevé à l‟Ouest et au
Centre notamment avec :

 80,45 % des parcours dégradés, dont 70,84 % sont dans un état très avancé correspondant à
15 345 297 ha.
 Seulement 19,55 % des parcours sont dans un état moyen à bon, soit 4 231 110 ha.

En 1995, il était constaté déjà une nette dégradation de près de la moitié des parcours et
une perte totale de 3,11 % de leur superficie autour des zones salines et ensablées.
Actuellement le chiffre passe à 80 % de parcours dégradés. Une situation très alarmante qui
nécessiterait une mobilisation collective pour enrayer cette situation et voir même l‟améliorer.

La carte N°6 montre la répartition des parcours steppiques selon leur état.

Source : HCDS, 2010.


Carte N°6: Carte de l’état des parcours steppiques.

47
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne

III.3- Potentialités animales


III.3.1- Cheptel animal
La vocation ancestrale de la steppe était l‟élevage extensif d‟ovins, de caprins et de
dromadaires, complétée par la culture épisodique de céréales (Aïdoud et al., 2006). Les
systèmes d‟élevage existant en milieu steppique sont basés essentiellement sur l‟espèce ovine,
accompagnée souvent par des caprins.

Le tableau N°4 récapitule les effectifs du cheptel animal national et celui présent sur le
territoire steppique.

Tableau N°4 : Effectifs des animaux d’élevage national et de la steppe.

Effectifs (tête) Ovin Caprin Bovin Camelin Equin


Effectif national 29 428 929 4 986 116 1 780 591 416 519 151 516
Effectif de la steppe 18 360 916 2 369 048 188 743 33 871 32 525
Pourcentage de la
62 % 47,5 % 10,6 % 8,1 % 21,5 %
steppe (%)
Source : MADR, 2019.
Sur les 29 millions de têtes ovines comptés sur le territoire national, 18 millions de têtes
se cantonnent sur la zone steppique, ce qui représente 62 %, suivi à moindre proportion par
les effectifs caprins avec 47,5 %. Alors que pour les autres espèces animales, elles sont
présentes respectivement à hauteur de 10,6 % pour les bovins, 8,1 % pour les camelins et 21,5
%, pour les équins.

La figure N°14 illustre la répartition des effectifs des animaux d‟élevage au sein de la
zone steppique où il apparait que l‟ovin est l‟espèce dominante avec 87,5 % de l‟ensemble des
effectifs recensés.

Bovin 0,9%
Caprin
11,29% Camelin
0,16%

Equin
Ovin 87,5% 0,15%

Source : MADR, 2019


Figure N°14 : Répartition des effectifs animaux d’élevage de la zone steppique.

48
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne

III.3.2- Evolution des effectifs du cheptel


Les effectifs du cheptel steppique ont connu une croissance avec des tendances
différentes entre espèces animales. De multiples facteurs socio-économiques, ainsi que
politiques de gestion, ont contribué à l‟évolution de chaque espèce.

Les figures N°15, 16, 17 et 18 récapitulent l‟évolution des effectifs steppiques des
quatre principales espèces animales (ovine, caprine, bovine, et cameline) depuis la veille de
l‟indépendance (1961) jusqu‟à 2019.

Il semble que l‟effectif des ovins a presque sextuplé (×6) en l‟espace de 58 ans. Passé
de 3 millions de têtes à 18 millions, révélant une tendance générale d‟évolution croissante,
mais qui n‟avait pas la même allure pendant toute la période. Durant les premières années, les
effectifs ont augmenté assez rapidement surtout à partir des années 1970, ce qui correspond au
début de la stratégie nationale de subvention des aliments concentrés (orge en grain) pour
préserver le cheptel ovin pendant les périodes de disette. Ensuite, la tendance d‟évolution a
connu un ralentissement au cours des années 1990 à cause du phénomène de l‟exode rural
pendant la décennie noire du terroriste. Ce retard a été vite rattrapé par la suite, avec le
lancement des programmes de mise en valeur agricole et de développements des zones
rurales. Néanmoins on relève des fluctuations des effectifs dictées par les années de disette.

20
Millions

R² = 0,94
18
Ovins
16
14
12
10
8
6
4
2
0
1961
1963
1965
1967
1969
1971
1973
1975
1977
1979
1981
1983
1985
1987
1989
1991
1993
1995
1997
1999
2001
2003
2005
2007
2009
2011
2013
2015
2017
2019

Source : MADR, 2019.


Figure N°15 : Evolution du cheptel ovin de la zone steppique.

Pour ce qui est du cheptel caprin, au regard de son rôle dans les troupeaux, la tendance
d‟évolution était influencée par les même facteurs agissant sur le cheptel ovin. Cependant,
l‟augmentation du cheptel caprin était moins importante que l‟ovin, et reste associé à ce
dernier dans les systèmes d‟élevage steppique.

49
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne

Millions
Caprins
R² = 0,82
3

0
1961
1963
1965
1967
1969
1971
1973
1975
1977
1979
1981
1983
1985
1987
1989
1991
1993
1995
1997
1999
2001
2003
2005
2007
2009
2011
2013
2015
2017
2019
Source : MADR, 2019.
Figure N°16 : Evolution du cheptel caprin de la zone steppique.

Par contre l‟évolution du cheptel bovin était plus irrégulière ; ayant connu des périodes
d‟augmentation des effectifs et d‟autres de régression, alors que la tendance générale s‟avère
croissante. La politique de développement du bovin dans les zones steppiques n‟était
favorable qu‟à partir les années 2000, avec l‟encouragement de la filière du bovin laitier.
Concernant le cheptel camelin, l‟évolution est moins importante que les autres espèces
animales (R² = 0,57).

250
Milliers

R² = 0,86
Bovins
200

150

100

50

0
1963

1997
1961

1965
1967
1969
1971
1973
1975
1977
1979
1981
1983
1985
1987
1989
1991
1993
1995

1999
2001
2003
2005
2007
2009
2011
2013
2015
2017
2019

Source : MADR, 2019.


Figure N°17 : Evolution du cheptel bovin la zone steppique.

Le dromadaire a perdu progressivement son rôle dans les systèmes d‟élevage steppiques
des suites de la conjugaison de multiples facteurs, de nature socio-économique résumée en de
profondes mutations sociales, mais aussi technique à l‟image de la régression des

50
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne

transhumances et de l‟introduction de la mécanisation des déplacements, outre de la faiblesse


des programmes de développement de l‟élevage de dromadaire.

35
Camelins
Milliers

30
25
R² = 0,57
20
15
10
5
0

1989

2003

2017
1961
1963
1965
1967
1969
1971
1973
1975
1977
1979
1981
1983
1985
1987

1991
1993
1995
1997
1999
2001

2005
2007
2009
2011
2013
2015

2019
Source : MADR, 2019.
Figure N°18 : Evolution du cheptel camelin de la zone steppique.

III.4- Problématique et contraintes de développement des zones steppiques


La steppe possède un potentiel écologique, social et économique considérable, ceci à
travers ses aptitudes pastorales, sa diversité sociale, et son rôle dans la sécurité alimentaire du
pays (Bencherif, 2011). Dans cette région, un certain équilibre s‟est maintenu pendant des
siècles entre des ressources minimes et variables (parcours et animaux) et un genre de vie
adapté à ce milieu difficile (Transhumance), ce qui lui a permis de se régénérer facilement
après de longues périodes de sécheresse (Bourbouze, 2006). Aujourd‟hui, cet équilibre est
rompu et la rupture se manifeste par une dégradation générale du milieu. L‟accroissement des
effectifs animaliers (surtout ovin), la désorganisation de la transhumance, l‟individualisation
des parcours communautaires, la mise en cultures des terres de parcours, les aléas climatiques
et la surexploitation des parcours ont conduit à ce déséquilibre. Il se traduit sur le plan
écologique par une régression de l‟offre pastorale des parcours steppiques et la progression
des paysages désertiques. Sur le plan socio-économique, cela se traduit par une augmentation
des inégalités sociales et par l‟appauvrissement d‟une partie importante de la population
pastorale.

III.4.1- Causes de dégradation des parcours steppiques


Actuellement les parcours steppiques sont dans un état de dégradation très inquiétant,
80,45 % des parcours sont présumés dégradés (HCDS, 2010). L‟importance et l‟accélération
de sa dégradation ont été démontrées par de nombreuses études anciennes et récentes menées
respectivement par Benrebiha (1984) ; Aïdoud (1989, 1994, 1996) ; Le Houérou (1989,
1995) Bencherif (2000) ; Halima et al. (2006), Nedjraoui et Bédrani (2008), Benabadji et

51
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne

al. (2009) ; Hirche et al. (2011) ; Moulay et al. (2011) ; Slimani et Aïdoud (2018) ;
Hammouda et al. (2019) ; Taibaoui et al. (2020). Des zones entières de parcours se sont
transformées en terrains nus. Cela est dû principalement à l‟érosion éolienne et hydrique qui
décape les couches superficiels du sol et atteignent un stade très avancé de dégradation, et se
sont transformés à terme en espace à potentiel biologique quasiment nul.

La lutte contre la désertification, objectif que s‟était assigné l‟Etat depuis le début des
années 1970 devait limiter sinon stopper cette dégradation grâce à des actions touchant aussi
bien l‟environnement écologique que l‟environnement socio-économique. Le bilan de ces
actions montre que, hormis certaines améliorations, notamment sur le plan des infrastructures,
ouvrages et plantations entre autres, la steppe algérienne se retrouve dans un état de
dégradation de plus en plus avancée et une partie de la population pastorale, dans un état de
pauvreté de plus en plus marqué (Bencherif, 2011).

Par ailleurs, les principales causes de dégradation des parcours steppiques se résument
dans les points suivants :

III.4.1.1- Le surpâturage et la surcharge animale


Le surpâturage et surtout le stationnement permanent dans un parcours d‟animaux sont
des facteurs qui empêchent la capacité de régénération des parcours. L‟exploitation
permanente des pâturages naturels en utilisant une charge animale supérieure au potentiel de
production des parcours a pour effet de réduire leur capacité de régénération naturelle. Le
maintien d‟un effectif aussi important par rapport aux disponibilités fourragères a été
encouragé durant plusieurs années par l‟importation des aliments concentrés subventionnés
par l‟Etat (orge et maïs) qui ont fini par être largement utilisés.

Quand les animaux sont trop nombreux par rapport à la surface de pâturage ou
maintenus trop longtemps, corollaire de surpâturage. Les bonnes espèces prennent un aspect
chétif avant de disparaître et sont remplacées par d‟autres déjà présentes mais moins
appréciées par le bétail, à un moment où ces dernières sont à leur tour sur-pâturées et certaines
d‟entre elles disparaissent par le même processus de succession écologique que
précédemment. Et ainsi de proche en proche jusqu'à aboutir à un pâturage moins productif et
même, dans les cas extrêmes, à un sol quasi nu ou couvert d‟une faible végétation de refus à
l‟image du Peganum harmala (harmel) très vulnérable à l‟érosion (Bencherif, 2011).

Dans la steppe algérienne d‟aujourd‟hui, c‟est bien évidemment les nouvelles conduites
de pâturage qui sont la principale cause de dégradation des parcours. Le maintien d‟un effectif

52
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne

trop important de troupeaux par rapport aux disponibilités fourragères réelles des parcours a
été encouragé durant plusieurs années par des aliments concentrés subventionnés (orge, maïs
et autres concentrés). De nos jours, subventionnés ou non, ces aliments de complément sont
largement utilisés, ils servent à réduire la transhumance et à maintenir un trop lourd
chargement de bétail sur la steppe, en toutes saisons (Bourbouze, 2018). C‟est de cette
manière que le pâturage continu à réduire les potentialités fourragères des parcours
steppiques.

L‟intérêt de la mise en défens d‟un pâturage, réside donc dans le fait que les herbes les
plus appréciées n‟étant plus entièrement consommées par le bétail, peuvent repartir et
redonner des graines et se multiplier. La charge animale joue donc un rôle important dans
l‟amélioration ou la dégradation de la qualité des pâturages. Une bonne charge animale et une
rotation doiventt permettre de consommer les meilleures et les moins bonnes espèces en
laissant une bonne capacité de régénération à l‟ensemble.

III.4.1.2- Défrichements des parcours


Le défrichage des parcours est sans doute une des causes principales de leur
dégradation. La raison est claire ; le labour dans des zones où la couche arable du sol est
mince expose ses éléments à l‟érosion éolienne et hydrique et détruit les espèces pérennes des
parcours. Actuellement la superficie des parcours steppiques défrichés, labourés et cultivés
aurait dépassé les 2,7 millions d‟hectares (Bencherif, 2011). Ceux-ci sont essentiellement
consacrés à la céréaliculture fourragère avec des rendements très faibles et aléatoires. De plus,
et sur le plan social, le défrichage est pratiqué par des personnes qui veulent marquer leur
droit d‟utilisation sur des terrains acquis et qui n‟hésitent pas à labourer des sols fragiles.

D‟un autre côté, les espèces ligneuses de la steppe sont souvent arrachées pour être
utilisées comme bois de chauffage et de cuisson et pour les clôtures. L‟armoise blanche, est
une des espèces les plus arrachées surtout à des fins de cuisson et médicales. La forte
demande de plantes médicinales ne fait qu‟aggraver le phénomène. Malgré la régression du
nomadisme et l‟utilisation du gaz pour le chauffage et la cuisson dans les zones rurales,
l‟arrachage des plantes ligneuses continu d‟être un réel danger (Bencherif, 2011).

Par ailleurs, il y a lieu de signaler que les nouveaux modes de pâturage et les
défrichements des parcours sont le fruit de plusieurs facteurs qui agissent par des effets
conjugués. En effet, on peut noter que les conditions de vie précaire et la faiblesse d‟offre
d‟emploi hors agricole, ainsi que l‟adoption pour un mode d‟élevage de type sédentaire,

53
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne

poussent la population de plus en plus agrandi à défricher des morceaux de terre et élever
quelques têtes de moutons pour satisfaire ses besoins.

III.4.1.3- Politiques d’organisation mal adaptées et faiblesse d’engagement de l’Etat


En réalité, la surexploitation et l‟extension de la céréaliculture sur des terres de parcours
sont le résultat de l‟échec ou de l'inadéquation des différentes conjointes des changements
sociologiques et des politiques menées en milieu steppique depuis l‟indépendance. Ces
politiques ont toujours ignoré les modes d‟organisation traditionnelle des éleveurs (en cours
de délitement) ainsi que leurs préoccupations réelles. Elles sont fondées sur des objectifs
globaux préétablis sans tenir compte des spécificités socio-économiques et des
caractéristiques naturelles de la steppe.

Parmi les aspects critiques qui ont contribué à la dégradation des parcours, on peut citer :

 Le changement continu des lois foncières agricoles qui a davantage aggravé la situation a
favorisé la spéculation et l‟exploitation irrationnelle des ressources naturelles;
 La régression des parcours collectifs pour des parcours individuels ;
 La généralisation de subvention des aliments concentrés par l‟Etat a contribué au maintien
d‟un cheptel plus important que les potentialités pastorales de la steppe ;
 L‟introduction de nouveaux systèmes de culture, à l‟image de la céréaliculture et de
l‟arboriculture fruitière, a engendré une soustraction des espaces de pâturage ;
 La taxe douanière des viandes ovines > à 20 % ; Ce qui permet aux éleveurs de produire des
animaux très chère en raison d‟une utilisation massive de concentrés ;
 Faiblesse des programmes de développement de la steppe et l'absence d'un schéma
d'aménagement et de gestion de l'espace pastoral ;
En plus, un relâchement de la rigueur dans la protection des terres de parcours
(Daoudi et al., 2015). Ainsi qu‟une faiblesse d‟engagement des pouvoirs publics quant à la
préservation et la réhabilitation des espaces steppiques et des aménagements pastoraux.

III.4.1.4-La sècheresse
Les steppes algériennes sont marquées par une grande variabilité interannuelle des
précipitations, alors que les dernières décennies ont connu une diminution notable de la
pluviosité annuelle, avec une succession de sécheresse persistante. La diminution des
précipitations est de l‟ordre de 18 à 27% et la saison sèche a augmenté de 2 mois durant le
siècle dernier (Nedjraoui et Bédrani, 2008).

54
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne

Une étude menée par Belala et al. (2018), sur les variations de la pluviométrie dans la
steppe algérienne et leurs impacts sur la végétation naturelle montre variabilité décennale des
précipitations dans le région steppique entière, et une tendance à l'aridification uniquement
dans la région steppique du sud-ouest, avec trois périodes particulièrement sèches en 1940-
1950, 1980-1985 et 1999-2004. De plus, la période 1900-1972 est généralement plus humide
avec des périodes humides alternant avec des périodes sèches plus régulièrement, et la période
1973-2014 est plus sèche. La dégradation régionale de la végétation (expansion des
formations végétales tolérantes au pâturage remplaçant les steppes initiales d'alfa et
d'armoise) ne semble donc pas avoir été déclenchée par le changement climatique mais plutôt
par la forte augmentation contemporaine dans les activités humaines, l'élevage et la
production d'orge.

Quant aux travaux de Hirche et al. (2007), qui ont porté sur une analyse statistique de
l‟évolution de la pluviosité de plusieurs stations steppiques, montrent que les steppes
algériennes se caractérisent par une aridité croissante. Cette tendance est plus prononcée pour
les steppes occidentales que les steppes orientales (Figure N°19).

Source : Hirche et al, 2007.


Figure N°19 : Évolution de la pluviosité (1907-2003) dans le Sud Oranais
Stations Mecheria et El Bayadh.
De cette situation, on peut déduire que les perturbations climatiques sont une cause
aggravante de la fragilité des écosystèmes steppiques, provoquant des crises écologiques qui
se répercutent sur l‟ensemble de l‟écosystème. Les vraies causes de dégradation des parcours
steppiques sont d‟ordre humain.

55
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne

III.4.2- Historique des politiques de développement appliquées aux zones steppiques


Depuis l‟indépendance, les pouvoirs publics ont initié et mis en œuvre plusieurs actions
pour organiser la gestion, la préservation et le développement des régions steppiques. A ce
titre, plusieurs programmes distincts ont marqué le développement de ces régions, alors que
les périodes historiques données par le MADR (2019), sont les suivants :

III.4.2.1- La période 1962 - 1982


Les efforts d‟investissement déployés par l‟Etat se sont opérés à travers la mise en
œuvre du plan triennal (1969-1971) et de deux plans quadriennaux (1970-1973 et 1974-1977)
et de programmes spéciaux en faveur de quelques Wilayas orientées vers l‟amélioration des
conditions de vie des populations rurales. Cette période a été fortement marquée par les
idéaux de justice sociale et par la mise en œuvre de chantiers d‟envergure nationale à l‟image
de l‟installation du barrage vert.

Le début de cette période s‟est déjà singularisé par l‟amorce d‟un processus de
collectivisation de l‟exploitation de la steppe à travers la mise en place de coopératives
pastorales et la création en 1966 des ADEP1. Le processus s‟est consolidé par la promulgation
et la mise en œuvre de la charte de la révolution agraire qui à travers le Code Pastoral (1975)
visait non seulement un aménagement intégré de cet espace, mais surtout la transformation
radicale des rapports sociaux et du système de production à travers le regroupement des
éleveurs dans des coopératives. A ce titre 200 CEPRA2 et 49 ADEP furent créées, mais leur
impact fut dérisoire puisque seulement 5 % du cheptel fut concerné.

Sur le plan foncier, l‟ordonnance portant « Code pastoral » en 1975, consacrait le


versement des terres pastorales (Arch, communal, domanial) au FNRA3. D‟autres chantiers
furent ouverts pour permettre d‟asseoir une dynamique de développement à travers
notamment des projets pilotes, à savoir :

 La réalisation d‟une enquête sur le nomadisme en1968 ;


 Le lancement avec la FAO4 des projets « Algérie 16 », « Hodna », « Algérie 22 et 30 » ;
 La création des périmètres pilotes de mise en valeur de Tadmaît, Tadjemount et Aîn Skhouna;
 La création de 20 000 points d‟eau et l‟acquisition de trains moutonniers ;

1
Association pour le Développement de l‟Élevage et du Pastoralisme
2
Coopératives d‟Elevage de la Révolution Agraire
3
Fonds National de Régulation Agricole
4
Food and Agricultural Organization

56
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne

 La réalisation de l‟étude géobotanique d‟Oued Touil sur 850 000 Ha (1964-1973).


En complémentarité avec les actions visant le développement de l‟activité pastorale fut
lancé en 1970, le projet « barrage vert » dont la finalité selon ses concepteurs était la lutte
contre la désertification et cela par un reboisement forestier massif.

Le projet à ses débuts avec connu un certain volontarisme que reflète l‟importance des
moyens mis en œuvre, mais avec quelques erreurs techniques commises (monoculture du Pin
d‟Alep, et reboisement sur les terres pastorales). Le projet a donné lieu à la création du
Secrétariat d‟Etat aux Forêts et au Reboisement en 1980. Préalablement étudiés et faisant
appel à des actions diversifiées (fixation de dunes, arboriculture fruitière, plantations
pastorales, réalisation des points d‟eau…etc.).

Il faut reconnaître qu‟à l‟issue de deux décennies et par rapport aux objectifs affichés et
aux finances mobilisées, le bilan reste modeste. En effet, les coopératives d‟élevage furent
dissoutes, les mises en défens abandonnées, les reboisements du barrage vert livrés à la
prédation animale, les points d‟eau non entretenus, quant aux grands projets pilotes et les
études, ils ne connurent pas l‟issue pour lesquels ils étaient destinés.

Ces carences s‟expliquent en partie par l‟insuffisance de conception et de stratégie et la


faiblesse des moyens de réalisation et de suivi des projets. Autre cause, qui est essentielle,
tient au fait que souvent les populations sont exclues des processus de maturation et de
décision et restaient cantonnées au rôle de spectateurs, malgré que la dynamique de
développement était engagée à leur profit.

III.4.2.2- La période 1983 - 1989


Cette période fut marquée par :
 L‟émergence sur le plan opérationnel du HCDS5, dont la création remonte à 1981 ;

 La promulgation de la loi 83-18 relative à l‟APFA6 par la mise en valeur ainsi que celle
N°87-19 portant mode d‟exploitation des terres du domaine national ;

 L‟adoption par le gouvernement du dossier « steppe » qui prévoyait un programme à court,


moyen et long termes.

Le bilan durant cette courte période en matière de préservation des ressources naturelles
et d‟amélioration des conditions de vie des populations a été très en deçà des attentes suscitées

5
Haut-Commissariat au Développement de la Steppe
6
Accession à la Propriété Foncière Agricole

57
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne

par le dossier « steppe » qui n‟a pas pu enclencher une dynamique de développement de ces
zones en raison de l‟absence de stratégie globale dépassant le seul cadre de l‟activité agricole.

Le seul fait remarquable reste la promulgation de la loi sur l‟APFA qui va consacrer la
privatisation de certaines terres qui auparavant étaient à usage communautaire.

III.4.2.3- La période 1990 - 1998


Cette période a été marquée par les changements qui se sont opérés dans le pays,
notamment la libéralisation de l‟économie et la consolidation du HCDS en tant qu‟institution
de développement agissant pour le compte de l‟Etat, notamment en ce qui concerne les
relations avec les agropasteurs en steppe.

Par ailleurs, les faits marquants suivants sont à relever :


 Promulgation de l‟ordonnance : 95-26 qui consacre définitivement les terres Arch et
communales propriété de l‟Etat ;
 Le lancement du programme de grands travaux en 1994, dont la modestie sur le plan
physique et financier ne correspond ni aux potentialités de la steppe, ni aux conditions
difficiles des populations qui y vivent, ni aux urgences à freiner les processus d‟érosion et de
désertification qui ne cessent de prendre de l‟ampleur ;
 La mise en place du fond de développement agricole qui pour les zones steppiques a dégagé
une enveloppe destinée uniquement au soutien des activités agricoles excluant les activités
d‟élevage.

III.4.2.4- La période 1999 - 2008


Cette période est marquée par deux événements majeurs :

i) L‟adoption et la mise en exécution du P.N.D.A7. qui vise d‟une part à développer les
productions adaptées aux zones naturelles et aux terroirs et cela par l‟encouragement des
systèmes de production adéquats avec la particularité fondamentale de faire jouer à
l‟agriculteur un rôle d‟entrepreneur aidé en cela par les services techniques. A travers cette
démarche, l‟Etat s‟engage, avec quelques différences fondamentales par rapport aux périodes
précédentes, notamment à :

7
Plan National de Développement Agricole

58
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne

 S‟investir des missions d‟orientation des investissements grâce aux leviers financiers que
constituent le FNRDA8, et le crédit agricole, les deux agissant en concertation et de façon
complémentaire.

 Assurer un appui technique aux agriculteurs par le biais de l‟administration agricole, des
instituts techniques et des fermes pilotes, aidé en cela par les organisations professionnelles.

 Encourager la mise en valeur des terres par la concession (lame double tranchant pour les
parcours steppiques).

 Prendre en charge les programmes d‟équipement d‟intérêt général (infrastructures, lutte


contre la désertification) qu‟il conçoit et met en œuvre parfois avec la participation des
populations concernées.

ii) Intervenant en consolidation du plan national de développement agricole et tenant compte


des équilibres financiers favorables, un plan de relance économique a été lancé et consacre le
passage d‟une gestion centralisée à une gestion des demandes d‟investissement exprimées par
les agriculteurs et dont la réalisation se fera sur des bases contractuelles. Ce plan ne dispense
pas l‟Etat de ses missions de préservation des ressources naturelles et d‟extension de la SAU.

III.4.2.5- La période 2008 - nos jours


Cette période est marquée par la promulgation de nouvelles lois permettant l‟accession
foncière agricole. Il s‟agit de la loi n° 08-16 du 3 août 2008 ; accordant le droit à la
concession des terres de statut domanial ou collectif (terres Arch) mises en culture, et la
circulaire interministérielle n° 108 du 23 février 2011 ; portant création de nouvelles
exploitations agricoles et d‟élevage.

Ces lois prévoient la création d‟une carte de délimitation des terres agricoles ou à
vocation agricole. Elles prévoient aussi la création d‟associations professionnelles
d‟agriculteurs qui bénéficieront d‟une assistance technique, et de nouvelles coopératives
agricoles qui auront pour mission de faciliter les opérations de production, de transformation,
d‟achat ou de commercialisation. Cette nouvelle organisation aurait comme but de réduire le
prix de revient et le prix de vente de certains produits agricoles et de certains services.

Ces nouvelles lois d‟accession foncière agricole permettent d‟avoir une sorte de sécurité
foncière pour les exploitants pour exercer leurs activités de production, outre de créer de

8
Fonds National de Régulation et du Développement Agricole

59
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne

nouveaux périmètres agricoles et la possibilité de bénéficier d‟un crédit bancaire pour


l‟investissement agricole.

Cette période était marquée aussi par le lancement du PRR9, qui cible les espaces
occupés par une population d‟environ 13 millions d‟habitants, a pour objectif l‟amélioration
du niveau de vie des ruraux à travers des soutiens économiques et sociaux, avec un
encadrement et un accompagnement. Son outil de mise en œuvre local est le PPDRI10, qui agit
sur quatre axes : i) réhabilitation et modernisation des villages ; ii) protection et valorisation
des ressources naturelles (montagne, steppe, forêt, oasis) ; iii) diversification des activités
économiques en milieu rural (tourisme, artisanat), iv) protection et valorisation du patrimoine
rural, matériel et immatériel.

III.5- Conclusion
Ainsi présentée, la steppe occupe d‟immenses territoires encore dominés par sa fonction
pastoral à agropastoral. Elle a un rôle majeur pour la population qui l‟habite, ainsi que pour
tout le pays, outre qu‟elle est considérée comme une zone tampon assurant une place
écologique et socio-économique non négligeable.

Cependant la steppe connait de véritables perturbations de nature écologique. Elle est


fortement marquée par la dégradation de sa végétation pastorale et l‟érosion de ses sols. Ainsi
la désertification devient de plus en plus une réalité préoccupante. Certains programmes ont
contribué négativement sur les écosystèmes steppiques, par l‟extension de périmètres
agricoles au détriment des parcours, tout comme les stratégies d‟éleveurs qui tentent toujours
d‟augmenter leur effectif.

9
Programme de Renouveau Rural
10
Projet de Proximité de Développement Durable Rural Intégré

60
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique

Chapitre IV : Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique ; évolution du droit


d’accès aux ressources.

Après la présentation de la steppe algérienne ; ses caractéristiques, ses potentialités, et


ses problématiques, il est pertinent d‟identifier les systèmes d‟élevage pratiqués, ainsi que leur
évolution. Cela permet de présenter une image globale sur tout le scénario afin de situer le
contexte actuel en terme de gestion du territoire et d‟exploitation des ressources.

Le présent chapitre tente de synthétiser les éléments clés relatifs à l‟évolution des
systèmes d‟élevage steppiques ainsi que l‟évolution du droit d‟accès aux ressources.

IV.1- Evolution des systèmes d’élevage steppiques


Les systèmes pastoraux et agropastoraux des régions arides et semi-arides connaissent
de profondes transformations liées à des changements qui portent à la fois sur l‟organisation
sociale, sur l‟économie et sur les pratiques (Bourbouze, 2006). Traiter les productions
animales amène forcement à faire référence aux systèmes d‟élevage. Un rapide détour sur
l‟histoire agraire des régions steppiques s‟avère donc nécessaire pour la compréhension des
caractères originaux de l‟élevage pastoral de la steppe algérienne.

IV.1.1- Historique des systèmes d’élevage ancestraux


Il est possible de présenter l‟évolution historique ancestrale des systèmes d‟élevage dans
un ordre chronologique sous les points suivants rapporté par Bencherif (2018) :

i) Dès la Haute Antiquité, il y a environ trois mille ans, le Nord du Maghreb a été une région
d‟élevage pastoral transhumant. Les modes d‟élevage et leurs zones ont fluctués selon les
époques. Le nomadisme a été pendant de nombreux siècle le mode de conduite des animaux
et le mode de vie des familles dominant. Puis les mobilités ont plus adopté des pratiques de
transhumances. Elles ont commencé à connaitre des contraintes lors de la colonisation
française qui leur empêchaient d‟aller dans les zones de cultures. Depuis, de multiples
facteurs ont pu limiter leur pratique : insécurité, scolarisation, construction d‟habitats fixes,
etc. Il n‟en reste pas moins que par l‟usage des camions et le téléphone portable (pour
négocier des zones d‟accueil), la transhumance s‟adapte et perdure pour frange conséquente
des éleveurs (Gaci et al., 2021). Les pasteurs et leurs troupeaux de moutons et de chèvres se
déplacent saisonnièrement en été vers les plaines du Nord (transhumance estivale) et en hiver
vers le Sahara (transhumance hivernale) à la recherche de pâturages riches en fourrages
(Ballouche, 2012 ; Roubet, 2012). Pendant l‟occupation romaine, les cultures, avec ou sans
élevage, furent étendues à l‟abri du limes (plaines côtières, Tell et Aurès). Alors qu‟au-delà,

61
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique

l‟élevage pastoral était peu soumis à l‟influence romaine (Leveau, 1990 ; Côte, 1993), après
les conquêtes arabes, au 11ème siècle, cet élevage pastoral transhumant gagna du terrain et fut
pratiqué partout, de la côte méditerranéenne au Sahara (Ibn Khaldoun, 13ème siècle).

Cette situation a perduré jusqu‟à l‟arrivée des français en 1830. Avant la colonisation
française, l‟élevage pastoral ovin, avec la grande transhumance d‟été (Achaba) et d‟hiver
(Azzaba), était le mode de conduite des ovins pratiqué par les éleveurs de la steppe. La
population d‟éleveurs nomades, évaluée à un million et demi de personnes, circulait avec ses
troupeaux sur près des quatre cinquièmes des territoires du Nord, de la côte méditerranéenne
au versant sud de l‟Atlas Saharien (Hirtz, 1989).

ii) Dès le début de l‟occupation, l‟administration française, qui encourageait la sédentarisation


de la population, a commencé à privatiser les terres communes des tribus, au nord de la steppe
au profit des colons. A partir de 1870 des ordonnances coloniales ne permettait plus la
circulation des troupeaux dans le Tell mis en culture par les colons (céréaliculture et
viticulture). Grâce à des capitaux plus importants, les colons ont acheté, notamment en
période de disette, une grande partie des terres cultivables ou aménageables, refoulant ainsi
beaucoup de paysans algériens vers les hauteurs accidentées difficiles à cultiver et réduisant
d‟autant les parcours telliens accessibles et les possibilités de transhumance vers le Nord.

À la suite de ces remaniements territoriaux, les fractions composant les tribus ont été
séparées et l‟organisation tribale a été perturbée. Néanmoins, durant cette période, l‟élevage
pastoral transhumant, aux mains des algériens, est resté prédominant dans la steppe, alors
qu‟une grande partie des terres cultivables a été occupée par les colons. Avec un effectif
fluctuant entre 4 et 10 millions de têtes, les ovins étaient les animaux les plus nombreux,
suivis par les caprins, avec un effectif variant entre 1,8 million et 4 millions de têtes.

Par la suite, de 1870 à l‟Indépendance (1962), les délimitations administratives, la


privatisation et la mise en culture des terres du Tell ainsi que la réglementation et les
restrictions des déplacements des pasteurs ont entraîné une forte réduction de la transhumance
estivale et un réel affaiblissement de l‟organisation et des règles communautaires liées aux
territoires (plus de détails par la suite).

De ce bref rappel historique, il ressort que : ce qu‟on appelle communément « l’élevage


pastoral traditionnel de la steppe » a été, depuis l‟antiquité, la principale activité de
subsistance des populations d‟éleveurs transhumants, qui sont plus nombreuses que les
populations de cultivateurs éleveurs sédentaires. Cet élevage était, jusqu‟à un proche passé,

62
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique

essentiellement basé sur l‟exploitation directe par les troupeaux de petits ruminants,
principalement ovins, du fourrage naturel produit par les parcours de la steppe, du Tell et du
Nord du Sahara. Quant au mode de conduite des troupeaux, il est largement transhumant alors
que le mode de vie nomade adopté par les éleveurs permettait à ceux-ci d‟exploiter
pleinement les ressources fourragères communes, dispersées dans des zones bioclimatiques
étendues et variées.

IV.1.2- Modes traditionnels d’utilisation de l’espace


Le pastoralisme maghrébin a été marqué par l‟histoire proche. Il se pratique par la
mobilité des troupeaux et des hommes d'une part et par l‟exploitation de vastes territoires à
usage encore collectif d'autre part. La tente, auxiliaire indispensable de l‟éleveur mobile,
résiste dans de très nombreuses régions (Haut-Atlas Central et Oriental, pays Zemmour et
Zaer, et steppes de l'Oriental au Maroc, hautes steppes et régions désertiques en Algérie,
régions arides tunisiennes), même si en parallèle les habitats fixes sont devenus la norme dans
les terroirs d‟attache. La tente familiale témoignait d‟un mode de vie basé sur les longs
déplacements de toute la famille des pasteurs. Les nouveaux moyens mécaniques et
technologiques ouvrent de nouvelles modalités de mobilité (Bourbouze, 2018).
Se fondant sur cette mobilité, on a donc l‟habitude de partager les élevages sur parcours
en trois grands types, traduisant des modes de vie et des systèmes techniques bien différents
(Galaty et Johnson, 1990) : i) l'élevage nomade (qualifié aussi de semi-nomade), ii) l'élevage
transhumant iii) et l'élevage sédentaire.
D'autres critères peuvent enrichir cette typologie succincte, tels que les déplacements
horizontaux ou verticaux, types d'itinéraires, amplitude du mouvement, types d'animaux
exploités, place de l'agriculture, modes de commercialisation…etc. Pour tenir à des
généralités à l'échelle du Maghreb, il est possible ainsi d'identifier une dizaine de types (ou
modes) d'utilisation des espaces.
Avant la période coloniale, l‟économie pastorale était basée sur la double transhumance
vers le Nord et vers le Sud. Les nomades étaient appelés à se déplacer par nécessité, pour
chercher selon les saisons, la meilleure végétation qui pousse sur les zones de parcours
steppiques, telliens et sahariens afin de nourrir leurs troupeaux. Cette organisation permettait
aussi des échanges de produits (blé, orge, dattes…etc.) et de main-d‟œuvre (moisson,
cueillette) (Bencherif, 2011).
La steppe où les troupeaux passaient une partie du printemps, du début de l‟été et de
l‟automne, constituait la zone de départ et de transit vers le Nord ou vers le Sud. Au moyen de

63
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique

leurs chameaux et de leurs chevaux, bien adaptés, les pasteurs avec leurs familles effectuaient
de longs déplacements guidés par les pluies qui annonçaient l‟arrivée d‟herbe fraîche. Les
itinéraires à emprunter étaient établis grâce aux éclaireurs qui partaient à l‟avance examiner
l‟état des pâturages. Les caravanes se déplaçaient seules ou groupées. On y trouvait des
chameaux transportaient femmes et enfants, d‟autres chargés de tentes et d‟autres matériels,
de sacs de grains et de divers produits. Les bergers, les chevaux, les chiens de garde, les ovins
et les caprins, partaient devant (Bencherif, 2011). La figure N°20 proposée par Bencherif
(2011), schématise les mouvements des pasteurs et de leurs troupeaux dans les systèmes
d‟élevage pastoraux traditionnels.

64
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique

Source : Bencherif, 2011.


Figure N°20 : Schéma de synthèse des mouvements de déplacements des pasteurs dans les systèmes d’élevage
pastoraux traditionnels en steppe.

65
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique

IV.1.3- Boulversements récents dans les systèmes d’élevage et de gestion du territoire


Le début d‟une certaine rupture de conduite avec les systèmes d‟élevage traditionnels
ont commencé avec l‟arrivé des français, notamment avec une tendance vers la
sédentarisation des troupeaux. Les vrais bouleversements ont eu lieu après l‟Independence
(1962), notamment avec des profonds changements du statut foncier des terres pastorales, et
avec l‟arrivée de plusieurs politiques de développement. De l‟Indépendance à nos jours, en
une soixantaine d‟années, dans un contexte politique et dans des conditions économiques et
sociales bien accélérées, les systèmes d‟élevage, le mode de vie et l‟organisation sociale ont
été bouleversés et profondément transformés.

La politique pastorale de l‟Etat algérien a été longtemps marquée par une sollicitude
envers une fraction de la population durement touchée par la guerre, en visant l‟accroissement
de la production nationale de viande compte tenu des besoins croissants des villes et
l‟amélioration des conditions de vie des nomades. A ce titre, on peut distinguer très
schématiquement quatre phases principales, identifiant quatre types de politiques de
développement (Abbas, 2004) :

i) La phase d’encouragement de l’élevage


Cette phase, qui va de l‟Indépendance (1962), à la fin des années soixante, visait
essentiellement la reconstitution rapide du cheptel décimé par la guerre. La conséquence de
cette phase est une reconstitution du cheptel, mais surtout sa concentration entre les mains
d‟une minorité d‟éleveurs.

ii) La phase de développement pastoral “ dirigé ”


Il s‟agissait d‟engager la sédentarisation définitive de la population nomade à travers la
création de coopératives pilotes, d‟opérations d‟équipement pastoral et de mise en valeur, etc.
La conséquence de cette politique est l‟apparition d‟une complémentarité entre deux types
d‟élevages : un élevage “commercial” et un élevage “traditionnel” sur les mêmes terres,
entraînant une surcharge sur les pâturages.

iii) La phase de “Révolution agraire” et code pastoral


Cette phase a durée pendant les années 70-80. L‟ensemble du processus d‟engagement
de la révolution agraire était basé sur la question de la redistribution du cheptel, or la remise
en cause de la révolution agraire dans les années quatre-vingt a entraîné l‟abandon de sa
“troisième phase” pastorale avant toute application effective de ce principe. Dès lors,
l‟intervention concrète des pouvoirs publics dans ce secteur se limite désormais à la

66
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique

généralisation d‟une pratique mise en œuvre après la grande sécheresse de 1970-71,


notamment par la fourniture d‟orge et de fourrage aux éleveurs des régions steppiques pour
faire face au déficit fourrager local. Pour Boukhobza (1989), cette pratique, considérée
comme une “ Achaba inversée”, s‟inscrit d‟ailleurs dans la ligne de la politique de
sédentarisation : Elle contribue surtout à renforcer la dépendance matérielle des pasteurs et à
aggraver la surexploitation des terrains de parcours locaux, désormais pâturés toute l‟année.

iv) La phase de développement agricole


Durant cette phase, qui débute dans l‟année 2000 et persiste jusqu‟à nos jours, marquée
par la mise en place des programmes de mise en valeurs des terres par l‟agriculture dans une
politique de sécurité alimentaire. Dans les différents programmes de développement, l‟activité
de l‟élevage était marginalisée, malgré qu‟elle constitue l‟activité principale de la population
steppique (et représente 55 % du PIB agricole nationale (Kanoun, 2016)). Elle a donné la
priorité au développement de l‟agriculture, parfois au triment des parcours steppiques en
favorisant davantage la conversion les éleveurs de la steppe à la pratique de l‟agriculture. Dès
lors qu‟on assiste de plus en plus à des systèmes de production agro-pastoraux, autrement dit,
un passage du pastoralisme à l‟agro-pastoralisme. D‟ailleurs, Bourbouze (2018), signale que
le pastoralisme « stricte » est de plus en plus rare, agropastoralisme qui se généralise partout
où les labours sont possibles.

Enfin, le fait historique se résume à une longue et progressive atteinte des principales
bases de la vie de la population des pasteurs ayant provoqué entre autres une
augmentation continuelle des effectifs du troupeau. Ce facteur est directement incriminé dans
la dégradation des parcours par une simple lecture de cause à effet. Il faut noter aussi que
l‟accroissement des troupeaux constitue une résultante d‟une intervention politique plus
qu‟une adaptation à la sécheresse visant une sécurité que les pasteurs obtiennent par d‟autres
voies et depuis longtemps (Abbas, 2004).

IV.1.4- Caractéristiques des systèmes de gestion actuels


Sous l‟effet des bouleversements cités précédemment, les systèmes de gestion du
territoire et les systèmes d‟élevage steppiques, ont connu de nouvelles tendances technico-
organisationnelles et socio-économiques. Plusieurs auteurs signalent les faits produits dans la
steppe. Ceux les plus marquants sont rapportés par Abbas (2004), sous les éléments suivants :

67
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique

IV.1.4.1- Régression des organisations collectives traditionnelles


Les modes d‟organisation et de gestion traditionnelles du territoire étaient basés sur des
règles coutumières tribales assurant une exploitation sans altération des écosystèmes
(parcours steppiques). L‟organisation sociale de l‟époque était basée sur une gestion
collective des espaces de pâturages. Cependant, on assiste à la généralisation d‟un système où
chacun met sur le parcours tous les animaux qu'il peut et tente par tous les moyens (citernes
transportées, campements d'altitude) de récupérer le maximum de ressources. Ainsi, passant
de la gestion collective de territoire à une course vers l‟exploitation individuelle des terres de
parcours. L‟exploitation individuelle, contrairement aux modes de gestion traditionnelle,
donne la possibilité aux exploitants à la mise en culture parfois sur les terres de
parcours (défrichement), synonyme de dégradation. D‟où le passage d‟un système d‟élevage
pastorale à un système agro-pastorale (Senoussi et al., 2014).

La mise en culture en steppe a été favorisée par les lois d‟accès à la propriété foncière
agricole ouvrant des possibilités d'investissement sur les terres collectives et donnant une
légitimité aux activités agricoles. La concurrence entre les cultures et l‟élevage sur
l‟occupation des terres est de plus en plus intense. L‟objectif principal des agro-éleveurs
steppiques réside en la satisfaction des besoins des troupeaux en tentant par tous les moyens
de les atteindre.

IV.1.4.2- Accélération de la sédentarisation


De profondes modifications des statuts des parcours ont provoqué des changements
quant aux modes d'occupation de l'espace et des déplacements des éleveurs. La motorisation a
pour conséquence le déplacement de l'eau et des aliments concentrés vers les troupeaux et non
pas l'inverse. Les gros troupeaux individuels conquièrent l'espace au détriment des élevages
moyens. Depuis les années 1970/80, il était noté que les parcours étaient sur-pâturés (Le
Houérou, 1995) ou pâturer trop longtemps au même endroit sans de temps de repos suffisant
pour permettre à la végétation pastorale de se régénérer (Aïdoud et al., 2006).

L'Achaba (transhumance vers le Tell) avait régressé durant l‟époque coloniale, et a


continué à régresser après l‟Indépendance, notamment pendant la période d‟insécurité des
années 1990. Depuis le partage des domaines autogérés (EAC11 et EAI12) en exploitations
agricoles privées, qui mettent en location les chaumes ou les jachères à des prix moins

11
Exploitation Agricole Collective.
12
Exploitation Agricole Individuelle.

68
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique

avantageux, les éleveurs sont dans l‟obligation de recourir de plus en plus à des achats de
compléments qu'ils font venir du Nord, réduisant ainsi leur mobilité. Ils restent ainsi plus
longtemps sur les mêmes espaces pastoraux steppiques. En définitive, les nouvelles relations
que les éleveurs entretiennent avec leur espace, montrent une certaine „déresponsabilisation
des acteurs vis-à-vis de leur patrimoine. Désormais, les déplacements se décident
individuellement‟ (Bourbouze, 2000). Dans ces contextes l‟élevage se fait désormais selon
différemment.

Les déplacements vers le Sud (Azzaba) ont connu aussi une régression en raison de
changements des règles d‟occupation du territoire. Les éleveurs transhumants trouvent plus de
difficultés à joindre les zones présahariennes quand les déplacements ne se font pas en
camion, les couloirs de passages ancestraux disparaissent. Et les zones d‟accueil gratuites
deviennent délicates à obtenir. D‟où le choix plus fréquents d‟éleveurs qui préfèrent ne pas se
déplacer, même s‟il faut utiliser plus de concentrés. Ce choix correspond également plus au
nouveau mode de vie des éleveurs et contexte socioculturel et économique.

Néanmoins, les déplacements des troupeaux n‟ont pas disparu, mais ils ont pris de
nouvelles formes d‟organisation dans la conduite des troupeaux, ils sont devenus plus ciblés
et plus précis dans le temps et l‟espace. Leurs stratégies se basent maintenant surtout sur les
déplacements motorisés en ayant recours au téléphone pour obtenir rapidement des
informations sur la qualité des pâtures des zones d‟accueil. La perception des pasteurs à la
mobilité des troupeaux connaît donc de nouvelles logiques.

Huguenin et al., (2015), Kanoun et al. (2018), Gaci et al., (2021) signalent que malgré
l‟apparente régression des mobilités, les transhumances restent toujours présentes dans les
systèmes d‟élevage actuels, mais avec de nouvelles formes de déplacements. Ils comptent
cinq nouveaux types de transhumances dans les systèmes d‟élevage étudiés :

i) La transhumance traditionnelle avec les deux mouvements Achaba et Azzaba ;


ii) Deux types de transhumances dans une seule direction soit Achaba, ou Azzaba ;
iii) Une transhumance communautaire proche dans un rayon de 20 km de la zone d‟origine ;
vi) et enfin une transhumance/mobilité permanente avec des mouvements aléatoires en
fonction des disponibilités pastorales.
Bencherif (2011), perçoit de nouveau mouvements dans les déplacements des
troupeaux des éleveurs en zone steppiques, compte-tenu des transformations des systèmes
d‟élevage pastoraux/agropastoraux « traditionnels » pendant et après l‟indépendance (1962)
(La figure N°21).

69
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique

Source : Bencherif, 2011.


Figure N°21 : Mouvements de déplacements des pasteurs après transformation des systèmes d’élevage
pastoraux « traditionnels » pendant et après l’indépendance.

70
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique

IV.1.4.3- Cheptel plus important et un élevage différent


Contrairement aux ressources naturelles des parcours qui ont subi une régression de la
productivité pastorale et une diminution de leur superficie, le cheptel de la steppe (surtout
ovin) a connu une expansion continuelle. Il apparaît que l‟effectif des ovins en steppe a
presque sextuplé (×6) entre 1961 et 2019 ; il est passé de 3 millions de têtes à 18 millions de
têtes (MADR, 2019). Il s‟agit d‟une dynamique de l‟élevage basé essentiellement sur la
complémentation alimentaire surtout avec des concentrés et des pâtures de cultures
notamment d‟orge après récolte (chaume), en déprimage, etc., en plus des pâtures en parcours
steppiques naturels. Les effectifs animaux, de plus en plus importants sur les zones
steppiques, conjuguées à la baisse des transhumances, engendrent des temps de repos de la
végétation steppique, dans leurs zones de "terroir d‟attache", trop courts pour se régénérer.
Les éleveurs de la steppe sont donc à présent contraints à trouver des : concentrés, des sources
d‟affourragement payantes, des locations de divers pâtures (parcours naturels, déprimage de
céréales, chaumes, céréales sinistrées, repousses de céréales en automne, jachères, etc.).

Malgré les charges alimentaires importantes dans les systèmes d‟élevage actuels,
l‟activité de l‟élevage reste toujours rentable à cause des prix des animaux engraissés et de la
viande qui restent élevés pour les éleveurs, grâce à la non concurrence internationale en raison
des fortes taxes douanières sur les viandes rouges.

L‟augmentation du cheptel steppique et la baisse de l‟offre des ressources pastorales


font que l‟élevage est pratiqué avec de nouveaux modèles de production. Les nouveaux
modèles d‟élevage sont caractérisés sur le plan technique par (Bourbouze, 2000 ; Abbas,
2004 ; Senoussi et al., 2014, Kanoun, 2016) :

i) Passage du mode pastoral au mode agro-pastoral :


La régression de la mobilité et la mise en culture des terres de parcours, conduit
évidemment à une transformation de la conduite alimentaire des troupeaux et, au-delà, la
production de la viande rouge sur un modèle différent. Dans les zones les plus favorables (au-
dessus de 200 mm.an-1), un système mixte céréales-élevage prend place, permettant un apport
plus régulier en grains, pailles, fumier et de mieux maîtriser les incertitudes climatiques et
économiques. Par contre dans les milieux les plus difficiles, la disproportion entre une
céréaliculture peu productive et la taille importante des troupeaux ovins, engendre d‟autres
stratégies et d‟autres moyens en cas de sécheresse prolongée. Les pasteurs ont recours alors le
plus souvent à l‟achat et le stockage de fourrages et de concentrés afin de ne pas vendre trop
d‟animaux et éviter ainsi la chute des prix sur le marché.

71
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique

ii) Passage de l’herbe au concentré :


Le recours systématique à la complémentation par des aliments concentrés produits sur
place ou le plus souvent achetés est maintenant très courant dans la steppe (Bourbouze,
2000). Selon certaines estimations, la capacité des parcours steppiques a diminué de moitié en
15 ans ; la steppe qui ne devrait plus nourrir que 2 millions de brebis en accueille cinq fois
plus : les parcours n‟assurerait plus que 20 % des besoins alors que le reste est fourni par des
aliments achetés (Kanoun, 2016). Cette complémentation se justifie par le rapport de prix “kg
vif d’agneau/kg d’orge” qui est supérieur à 25 du fait du prix élevé de la viande. La technique
est rentable puisqu‟il faut à peine 10 kg d‟orge pour faire un kg de croît à l‟échelle de tout le
troupeau. Ainsi, le prix de la viande ovine est pari les viande les plus chère dans le monde, où
il estimé à 1200 DA le kilo (environ de 7,5 euro le kilo), soit 6 % du SMIC national (20 000
DA) ; un vrai paradoxe dans un pays comme l‟Algérie qui occupe le 13ème rang de point de
vue cheptel ovin au monde ! Les incitations étatiques ne sont pas étrangères à ces
changements, mais les politiques des prix des céréales d’une part et les politiques de
développement pastoral d’autre part ont souvent présenté des aspects contradictoires
(Boutonnet, 1989). Malgré la crainte d‟augmentation des effectifs sous l‟effet de la
disponibilité du concentré, certains auteurs remarquent que les éleveurs pourront se mettre à
vendre des agneaux grâce à la sécurisation du système et les besoins croissants de trésorerie
ce qui pourrait limiter la croissance du cheptel (Bourbouze, 2000).

IV.2- Evolution du statut foncier et droit d’accès aux ressources


L‟historique de l‟évolution du statut foncier et droit d‟accès aux ressources ne se
détache guerre de l‟évolution des systèmes d‟élevage Car l‟accès au terres permet la pratique
des différentes activités d‟agriculture et d‟élevage, et tout changement dans les règles de
gestion du foncier a certainement des répercutions sur les systèmes de production. Un bref
historique sur les origines des droits d‟accès au foncier dans le territoire steppique semble
utile pour la compréhension de la situation actuelle du foncier en steppe.
IV.2.1- Origines du droit d’accès au foncier
Dans les pays du Sud de la Méditerranée, la propriété collective constituait la forme
juridique prédominante de l‟exploitation des terres de parcours, inversement à la rive Nord de
la Méditerranée. Dans les sociétés pastorales du Maghreb chez lesquelles les espaces
collectifs occupent encore, à l‟exception récente de la Tunisie, des superficies considérables.
Leur gestion s‟appuie sur des pratiques juridiques où s‟entremêlent droit traditionnel, droit
foncier musulman et droit étatique moderne. Bourbouze (2000), souligne trois origines du

72
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique

droit au foncier, croisés, définissant le statut foncier dans les zones pastorales du Maghreb ; à
savoir :

i) Le droit traditionnel
Ce droit remonte aux époques préislamiques et s‟applique surtout aux terres dites "de
tribus", qui sont organisées en territoires et non pas en propriétés, et sont le plus souvent à
usage collectif. Jusqu‟à la fin du 19ème siècle, ces vastes espaces à usage commun, marqués
par la grande mobilité des groupes ou communautés ethniques sans habitats fixes, sont la
proie d‟une agitation politique continuelle liée aux conflits sur l‟espace et à l‟opposition au
pouvoir central (Chiche, 1992). Mais bien qu‟ancien, ce droit traditionnel fait encore
référence, car il intègre de multiples pratiques liées à l‟exploitation des ressources et à la
conduite des troupeaux. Ces usages se trouvent parfois consignés dans des coutumes (Orf),
mais relèvent le plus souvent d‟un droit oral qui ne s‟appuie pas sur d‟autres preuves que la
reconnaissance par le voisin et l‟ancienneté avérée et reconnue par l‟usage.

ii) Le droit foncier musulman


Le principe de ce droit est que : "la terre appartient à Dieu donc à son représentant le
Sultan", mais les tribus disposent en fait de bien plus qu‟un simple droit de jouissance sur leur
espace, et les rapports de force décident de la conquête de nouveaux territoires. Le droit
musulman joue de deux principes qui peuvent s‟opposer (Marty, 1990) :

a) La libre utilisation des ressources naturelles (qui interdit de fait toute appropriation
individuelle),

b) La vivification (Ihyaa) selon lequel la terre appartient à celui qui l‟a mise en valeur et la
"fait vivre", sachant qu‟il y a trois façons de faire vivre une terre : y cultiver un champ ou un
verger, y creuser un puits et/ou y construire une maison. Dans cette optique, dans les
communautés de pasteurs, le pâturage n‟induit pas de mise en valeur et ne permet donc pas
l‟appropriation. Le statut des ressources est donc étroitement lié à leur utilisation, la pratique
étant de reconnaître l‟exclusivité de la disposition d‟une terre à celui qui a pris l‟initiative de
son aménagement.

iii) Le droit moderne étatique s’est imposé progressivement


L'intégration du Maghreb dans l'empire colonial français à la fin du 19ème siècle et au
début du 20ème siècle s‟accompagne notamment de la mise en place d'une politique foncière
qui vise à installer les colons (Abaab et al., 1995). L'immatriculation des terres, le partage de
certains collectifs, la domanialisation des forêts et la fixation des limites des grands territoires

73
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique

tribaux vont formaliser les règles du droit moderne mais n‟empêcheront pas les oppositions. Il
en va différemment pour les parcours où il y a plutôt eu une reconnaissance et une
superposition des différents droits pour la gestion d‟un même espace. Mais l‟intrusion du droit
moderne (par exemple, la mise en place de coopératives pastorales, le nouveau rôle des
autorités civiles dans le règlement des conflits) n‟est pas toujours bien perçue car il n‟y a
véritablement pas eu de substitution aux droits précédents, ce qui complique la situation
foncière et se traduit dans de nombreux cas par une mauvaise gestion des ressources
pastorales. Gilles (1993), signale que c‟est cette faiblesse en matière juridique qui autorise les
abus et provoque les conflits.

Bourbouze (2000), explique que le droit d‟occupation et d‟usage du foncier sont


fondées sur les trois droits croisés, l‟utilisation des ressources collectives et les conditions
d‟usage sont donc plus ou moins contrôlées par les collectivités. Ces organisations
coutumières sont d‟une grande variété mais toutes marquées par leur fragilité et leur
progressive inadaptation aux changements actuels. Elles reposent sur quelques
règles simples (Bourbouze, 1999). L‟espace est découpé en territoires pastoraux aux limites
précises connues de tous et intégrant différents niveaux sociaux, confédération de tribus, tribu,
fraction, village, voire lignage. C‟est „l’appartenance au groupe‟ (héréditaire, donc un droit
du sang en quelque sorte) qui ouvre l‟accès aux ressources et aux seuls ayants droit
précisément identifiés. Des restrictions, et non des interdictions formelles, sur les droits de
construire des abris, de mettre en culture, de prendre des animaux en association et des droits
d‟abreuvement complètent le dispositif réglementaire.

IV.2.2- Les réformes foncières et transformation du droit d’accès


Le désir d‟appropriation, lié au souci de s‟accaparer des terres de parcours à titre
individuel pour les semer en céréales ou les planter, s‟est considérablement renforcé au fil des
années. Sous les effets de la pression démographique, de très nombreux collectifs dans les
sites les plus favorables furent ainsi partagés au sein des communautés et mis en culture tout
au long du 20ème siècle. Le passage d‟un système pastoral à un système d‟élevage mixte
recourant partiellement à des ressources alimentaires d‟origine agricole (chaumes, paille,
grains, repousses sur jachères) fut donc progressif, s‟accélérant dans la deuxième moitié du
siècle et remontant vers les régions les moins favorables. Mais à l'avènement de
l‟Indépendance, de nouvelles politiques foncières, soucieuses de mieux intégrer les zones
marginales, furent menées sur le territoire steppique (Bourbouze et Rubino, 1992).

74
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique

En Algérie, les tentatives de transformation des structures agraires et de redistribution


du pouvoir politique et social dans les campagnes ont été profondes. La réforme agraire
postcoloniale met provisoirement fin au statut précaire de catégories sociales (ouvriers
agricoles, petits paysans) en leur reconnaissant un droit d‟usage et d‟exploitation sur les terres
publiques et privées où elles étaient employées. Cependant, Elles convergent au profit d‟un
modèle de croissance agricole qui parie sur des logiques de marché et sur une agriculture
entrepreneuriale supposée plus performante sur le plan économique. Cette option se réalise au
détriment de la petite agriculture et de fractions paysannes faiblement dotées en ressources
naturelles (terre et eau) qui ne reçoivent désormais d‟appuis publics que dans le cadre
d‟actions de lutte contre la pauvreté rurale (Bessaoud, 2016).

Pour Daoudi et al. (2021), les politiques de mise en valeur des terres par l‟agriculture
semblent équitables en termes d‟approche distributive de la justice quant aux critères
d‟allocation de la ressource foncière ; en termes de conséquences sur la distribution foncière,
la rupture majeure intervient à partir de 2011 (la circulaire 108), qui privilégie
dans des proportions considérables la méga- mise en valeur.

Depuis son indépendance, l‟Algérie a connu plusieurs réformes foncières, chacune


ciblant une catégorie juridique particulière du patrimoine foncier national. Elle a été portée
par des acteurs politiques différents. Ces réformes étaient construites sur des idéologies et des
visions de la propriété foncière agricole toutes aussi différentes. Les enjeux fonciers changent
d‟une période à une autre, et avec eux les ambitions de réforme des structures de droits de
propriété. Deux catégories de réformes peuvent ainsi être distinguées : les réformes des
années 1960-1970, d‟inspiration socialiste, et les réformes ultérieures, d‟inspiration libérale.
Ces dernières ont le plus d‟impact sur l‟évolution des systèmes de production dans le contexte
des régions steppiques. Les réformes foncières récentes ont été rapportées par Daoudi et
Colin (2017). Ces dernières peuvent être citées par ordre chronologique sous les points
suivants :

i) Dans la steppe, les terres Arch (sur lesquelles les tribus ont un droit d‟usage traditionnel),
qu‟elles soient cultivées ou de parcours, relèvent formellement du domaine privé de l‟État
(Code pastoral de 1975). Les habitants de la steppe distinguent cependant entre les terres
cultivées en céréales pluviales, considérées comme des terres privées, des terres de parcours
considérées comme bien collectif de la tribu.

ii) Le processus d‟appropriation privative informelle en steppe est ancien et son intensité a
augmenté avec la pression démographique et la raréfaction des ressources (Bédrani et al.,

75
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique

1995). Ce processus mettait en concurrence les membres de la tribu qui cherchaient à étendre
leurs terres labourables. Avant les années 1980, le processus d‟appropriation privative
concernait presque exclusivement les terres de labour, mais il s‟est élargi depuis aux terres de
parcours (Daoudi et al., 2015). Le labour en steppe, interdit par le code rural sauf sur les
terres des dépressions (dayas), est au fondement d‟une véritable institution coutumière, selon
laquelle une terre appartient à celui qui la laboure le premier. Aujourd‟hui, par le labour d‟une
mince bande de terre autour d‟une étendue de parcours, des agropasteurs procèdent à
l‟appropriation privative de ces derniers (Gdel).

Les droits sur les terres, labourables ou de parcours, ont également évolué avec le temps.
D‟un simple droit d‟usage, ils intègrent l‟ensemble des « fibres » du faisceau de droits et
revêtent tous les attributs de la propriété au sens « complet » du terme (intégrant en particulier
le droit d‟aliénation) (Daoudi et Colin, 2017). Les agropasteurs n‟hésitent pas à céder les
terres appropriées en location ou en métayage, et dans certains cas, ils les vendent. La vente
des terres Arch, une fois appropriées, s‟est développée vers la fin des années 1980, de façon
induite ou stimulée par la promulgation de la loi sur l‟APFA.

iii) A partir des années 1980, deux politiques publiques ont en effet apportées des
changements : la loi sur l‟APFA et le lancement des programmes de préservation des parcours
et de lutte contre la désertification. À travers ces deux politiques, l‟État fait valoir son droit
sur les terres Arch, d‟une part en prenant le contrôle lorsqu‟il le juge nécessaire par la création
de périmètres de mise en défens (interdiction d‟accès pendant une période déterminée) et de
plantations pastorales, mis sous le contrôle des communes, d‟autre part en changeant l‟usage
des terres par la création de périmètres de mise en valeur agricole dans le cadre de l‟APFA.
Ces deux politiques ont contribué à accélérer le processus d‟appropriation privative des terres
de parcours et leur marchandisation.

Une condition décrite par la loi de l‟APFA mentionnait que la mise en valeur doit
intervenir dans un délai de cinq années après l‟attribution de l‟arrêté de cession (cette
condition reste théorique). Elle s‟entend au sens de mise en culture irriguée de la terre. Elle
peut se faire dans le cadre de périmètres aménagés par l‟État, ou à titre individuel, hors
périmètre. Entre la théorie et la réalité, une large différence est observée. La lourdeur de la
démarche administrative fait que les terres attribuées initialement pour la mise en valeur se
retrouvent dans un état différent de celui prévue au départ de l‟opération APFA, et notamment
concernent les points suivants :

76
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique

 La mise en valeur est partielle, avec une partie des terres attribuées qui ont vraiment fait
l‟objet d‟une mise en valeur par l‟irrigation. Jusqu‟à la fin 2013, 25 696 attributaires de
l‟APFA ont bénéficié de 192 120 hectares, pour l‟ensemble des wilayas steppiques. Parmi ces
bénéficiaires, 24 % seulement avaient obtenu jusqu‟à 2013 la levée de la condition résolutoire
(constat de mise en valeur qui ouvre automatiquement la voie à l‟émission du titre de
propriété, même si l‟émission de ce dernier tarde) (ONTA, 2013).

 Actuellement, les terres des périmètres de l‟APFA sont rarement exploitées par les
bénéficiaires initiaux, mais a souvent été vendue, via des transactions informelles, à des
acteurs disposant de ressources, avant même l‟aboutissement du processus de mise en valeur
et la délivrance du titre de propriété (Daoudi et Colin, 2017).

iv) A la fin des années 1990, l‟État a engagé un autre programme foncier en steppe et dans le
Sahara (décret n° 97-483 du 15/12/1997), en réalisant des investissements lourds en
infrastructures et en redistribuant les terres aménagées à des exploitants privés (agriculteurs
ou non agriculteurs) avec un droit de concession de 40 ans. Ce programme devait couvrir une
superficie de 276 000 hectares répartis sur 113 périmètres (Bessaoud, 2013). Dans les faits,
les réalisations sont restées modestes.

v) Les orientations ultérieures de la politique foncière, notamment la promulgation de la loi n°


08-16 du 3 août 2008 ; accordant le droit à la concession des terres Arch mises en culture, et
la circulaire interministérielle n° 108 du 23 février 2011 ; relative à la création de nouvelles
exploitations agricoles et d‟élevage. Ces orientations de la politique foncière fonctionnent
comme des nouvelles formes d‟attribution de terres à vocation agricole relevant du domaine
privé de l‟État sous la forme de concessions pour celles aménagées par l‟État.

Dans l‟ensemble, les différentes réformes foncières introduites dans le territoire


steppique consistaient à une introduction et une extension officielle de la mise en culture sur
les terres Arch (exploitées en collectif auparavant). Ce qui accélère et donne une certaine
légitimité à l‟appropriation des terres de parcours à titre individuel pour les semer par des
céréales. Ce qui contribue forcement au changement de l‟image du pastoralisme traditionnel
de la steppe, où on assiste de plus en plus à des formes d‟agro-pastoralisme.

A propos de la loi de l‟APFA ; première loi de mise en valeur agricole dans l‟histoire
récente de l‟Algérie et à l‟image de la succession des autres lois des différentes politiques
foncières citées précédemment, ainsi que leurs répercussions sur les systèmes de production.
Bourbouze (2000), explique que sur les steppes algériennes, la loi portant sur "l'accès à la

77
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique

propriété foncière agricole" (APFA) est une appropriation officielle des terres du domaine
public, mais qui s‟inscrit dans un climat hostile et dont les résultats sont très décevants :
investissements inadaptés, systèmes non durables. C'est donc au sein même de la société
pastorale que naissent les compétitions sur l'espace entre éleveurs et éleveurs convertis à
l'agriculture. Il n'y a pas ici, comme en Afrique sub-saharienne, conflit entre deux
communautés, l'une d'éleveurs et l'autre d'agriculteurs, mais plutôt émergence au cœur d'un
même groupe de stratégies divergentes, qui s'expriment le plus souvent par des oppositions
entre grands et petits.

Daoudi et al. (2015) ajoutent que les lois, du foncier agricole, mises en place en steppe
ont permis une légitimation du processus de privatisation des droits de propriété sur les
parcours. Du simple droit d‟usage direct par le pâturage et le labour limité, les agropasteurs
sont passés au droit de tirer profit des parcours sans les exploiter directement,
par la mise en location ou la fructification à travers l‟association, pour aboutir au droit de
l‟aliénation, par le don ou la vente. Donc, dans la mesure où tout le monde essaie de tirer
profit des terres qui lui appartiennent, les nouvelles formes d‟accès aux parcours sont : l‟accès
direct (propres aux parcours), l‟association avec un ayant droit, la location, et même la vente
de parcours (Daoudi et Colin, 2017).

IV.2.3- Synthèse des évolutions du droit d’accès et des relations sociales


La steppe a connu une évolution des droits d‟accès aux ressources des parcours, avec
notamment une évolution des règles de gestion du territoire steppique. Daoudi et al, (2015),
récapitulent l‟évolution historique des droits d‟usage sur les parcours steppique en Algérie. Ils
évoquent les principaux changements concernant l‟accès aux pâturages qui ont eu des
répercussions sur la mobilité des troupeaux :

Dans le passé, sur le territoire steppique, la propriété des terres était tribale et collective,
avec un droit d‟usage individuel sur les terres labourables et un usage collectif des parcours.
Chaque tribu avait un droit de gestion et d‟usage sur les territoires qui lui était reconnu, où
tous les membres de la tribu avaient un droit d‟usage des terres selon les règles coutumières
de l‟époque. Les terres labourables étaient attribuées aux familles qui composent la tribu selon
des considérations sociales (statut social des familles), qui avaient même le droit d‟aliénation
aux descendants. Concernant les terres de parcours, tous les membres de la tribu avaient le
droit de pâturage les terres de parcours qui appartiennent à la tribu. Les parcours de chaque
tribu étaient donc surveillés par l‟ensemble des éleveurs exploitants, et gérés suivant les règles
coutumières de la tribu. Compte-tenu de l‟importante autorité sociale, tout le monde respectait

78
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique

ces règles. Comme les systèmes d‟élevage étaient basés sur la mobilité des hommes et des
animaux, des formes de couloirs de passage des troupeaux étaient adoptés dans le but de
laisser le passage pour les troupeaux en transhumance vers les zones d‟accueil (le tell et les
parcours présahariens). Ces passages étaient une nécessité pour éviter d‟éventuels conflits
entre les tribus sur le droit de passage. Ce système de gestion du territoire était fonctionnel à
l‟époque pré coloniale française (avant 1830, et surtout 1870).

Depuis cette époque, plusieurs changements ont modifié l‟usage des parcours et des
mobilités sur le territoire steppique. Durant la période coloniale, les procédures de
réglementation de la gestion du territoire algérien ont abouti à une reconnaissance du droit de
propriété collective aux tribus (les terres Arch) sur une partie du territoire, et étatisation de
l‟autre partie (terre domaniales et terres communale). C‟est à partir de cette époque que la
transhumance traditionnelle a commencé à connaître des obstacles administratifs en raison de
réglementation sur les déplacements. Cela a encouragé la sédentarisation de la population
nomade.

Après l‟indépendance, et durant la période (1960-70), l‟état algérien a procédé à


l‟appropriation officielle de toutes les terres de parcours, à la fois des anciens statuts arch,
communales, et celles domaniales (promulgation du code pastorale 1976). Ces procédures ont
entravées les transhumances des troupeaux, notamment avec la continuité de procédures
d‟étatisation des terres de la steppe.

Ensuite, à partir des années 1980, l‟appropriation privative des terres de parcours, et
l‟accession à la propriété foncière agricole ont changés les droits d‟exploitation des terres
steppiques du simple droit d‟usage vers un droit de propriété étendu. Depuis, la compétition
entre les cultures et la pâture des animaux sur les terres steppiques pastorales a eu lieu. Ces
dispositions ont eu pour conséquence d‟exacerber le phénomène de sédentarisation et on
rendu plus difficile les déplacements des transhumances. Les changements d‟occupation du
territoire ont été accompagnés par des bouleversements de l‟organisation sociale et du mode
de vie. Daoudi et al, (2015) avancent que sous l‟effet conjugué de la sédentarisation des
populations, de la croissance démographique et du relâchement concernant la protection des
terres de parcours des labours illicites, il existe depuis quarante ans une importante
accélération du processus d‟appropriation privative des terres de parcours collectifs
steppiques.

Actuellement, dans la plupart des zones steppiques, les différents mécanismes


d‟utilisation et exploitation des terres par l‟agriculture ont aboutis à l‟apparition

79
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique

d‟exploitations agricoles mixtes associant différentes activités d‟agricultures et d‟élevage. Ces


exploitations ont commencé bien évidement par la mises en culture des terres les plus
favorables à l‟agriculture (bassins versants et lits des oueds). A présent les cultures
connaissent une extension sur toutes les terres de parcours, même là où la couche arable est
infime. Ce mitage des territoires steppiques laisse entre les cultures des zones de parcours
coincés et souvent dégradés par le faite du passage fréquent des troupeaux. Le phénomène
d‟extension de l‟agriculture ne connaît plus d‟arrêt. Le contexte actuel fait que toutes les
conditions sont présentes pour encourager les individus à avoir de plus en plus de terres
agricoles (sans compter les appuis de différents programmes de mise en valeur agricole). Le
processus de division des terres est plus ou moins avancé selon la zone, selon des processus
de légitimation sociale. Les terres favorables à l‟agriculture restent attribuées aux familles
dont les membres relèvent de tribus ayant une autorité sur ces zones, ainsi avec les terres de
parcours avoisinants, suivant les coutumes tribales. Ainsi, la plupart des parcours sont
actuellement exploités individuellement, le cas échéant, ils sont exploités entre les membres
de la même famille. Au point où il ne reste que les parcours les plus reculés qui font l‟objet
d‟une exploitation en commun (zones montagneuses et difficiles d‟accès).

L‟extension de l‟agriculture dans la steppe a un double effet sur les mouvements des
transhumances ; i) L‟émergence de l‟exploitation agricole dispersée à travers les parcours
entrave les troupeaux pour traverser la steppe vers les zones d‟accueil (le Tell et les parcours
présahariens). Ainsi, les éleveurs sont obligés d‟utiliser les moyens de locomotion mécanique
(les camions), synonyme de charges supplémentaires. ii) Le développement des cultures
fourragères surtout, en irrigué assure une bonne partie de l‟alimentation des animaux. De ce
fait, la transhumance traditionnelle est en régression, et des nouvelles formes de mobilités
locales sont apparues.

En conséquence, les parcours sont passés du simple droit d‟usage collectif à une
exploitation individuelle, même pour les ayants droits sans cheptel. L‟accès direct (propres
aux parcours), l‟association avec un ayant droit, la location, et même la vente de parcours sont
les nouvelles formes d‟accès aux parcours. Tout le monde essaye de tirer profil des terres qui
lui appartiennent. Dans ces conditions de gestion du territoire, de nouvelles relations sociales
apparaissent entre les différents exploitants dans le but de bénéfice mutuel (éleveurs,
céréaliculteurs, agriculteurs, agro-pasteurs). La dynamique des flux alimentaires et financiers
entre les différents exploitants sont fonction des besoins et des conjonctures qui relève d‟un
contexte où le paiement des ressources alimentaires devient une règle générale. En

80
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique

conséquence, de nouvelles formes de mobilité locales prennent de la place dans la gestion


alimentaire des troupeaux, ainsi que dans la gestion du territoire steppique.

Même dans la zone d‟accueil des transhumances au Nord pour les chaumes (les zones
céréalières du Tell), la tendance à la monétarisation des ressources alimentaires peuvent
engendrer des négociations de plus en plus délicates entre les exploitants. Certaines bonnes
relations sociales entre les éleveurs en transhumance de la steppe et les céréaliculteurs du Tell
sont transmises de génération en génération, et peuvent consolider des liens sociaux qui se
traduisent parfois par des mariages. Ces relations restent toujours fonctionnelles à nos jours,
qui ont permis la gratification de l‟exploitation des pâtures (chaumes et jachères), le cas
échéant une réduction de prix de location des pâtures. En générale, avoir des bonnes relations
avec les céréaliculteurs constitue toujours un avantage pour les éleveurs transhumants.

Par ailleurs, l‟accès aux parcours présahariens reste libre pour le moment, mais, la
monétarisation pourrait advenir pour ce type de ressource, dans un climat de recherche
permanent d‟appropriation des terres par les tribus disposant d‟un ayant droit. Il s‟avère que
certaines terres présahariennes prennent de la valeur, notamment par une mise en culture ou
une installation industrielle (comme pour l‟installation des cultures sous serres ou de
palmeraies dans le territoire de la région de Biskra). Dans ce cas, les conflits d‟exploitation du
territoire entre éleveurs et les autres exploitants du territoire pourraient avoir lieu. Donc, les
relations des éleveurs avec les autres exploitants des territoires pendulent entre le bénéfice
mutuel et la concurrence d‟exploitation des ressources.

IV.3- Organisation de la transhumance pour l’efficience économique


Les éleveurs ont recours à plusieurs modes de pratiques dans le but d‟assurer la
rentabilité économique de leurs élevages. La mobilité des troupeaux est l‟une des pratiques
pour acquérir des disponibilités fourragères pour les éleveurs semi-sédentaires transhumants.
Les résultats économiques de l‟élevage (produits, coûts, marges, revenus) varient selon les
conditions bioclimatiques et économique de l‟année, et selon les modes de conduite adoptés
par les éleveurs. Belhouadjeb et Chehat (2013), estiment dans un calcul économique
concernant la production de l‟agneau de la steppe, que le coût de production de l‟agneau élevé
dans un système transhumant (5 459 DA) est moindre que celui élevé dans un système semi-
sédentaire (6 302 DA), qui est de même moindre que celui élevé dans un système sédentaire
(6 444 DA). Cette réduction du coût de production est surtout influencée par le coût de
l‟alimentation et de location des pâtures. En conséquent, un agneau élevé dans un système
sédentaire coûte 1,2 fois un agneau l‟agneau élevé dans un système transhumant. Ainsi, la

81
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique

transhumance permet de réduire les charges de l‟élevage par des pâtures moins chères. Les
coûts des produits évoluent certainement avec le temps, mais le rapport entre les coûts de
production évolué dans la même allure. Il est donc estimé ainsi :

Le coût de production de l’agneau élevé dans un système sédentaire = 1,2 × le coût de


production de l’agneau élevé dans un système transhumant

L‟organisation de la transhumance est aussi en relation avec la stratégie de


capitalisation/décapitalisation du troupeau (garde /vente des animaux). Selon les situations
les éleveurs ajustent ainsi leur stratégie pour s‟adapter aux aléas climatiques ou autres
contraintes. La transhumance joue en faveur de la rentabilité économique de l‟élevage ; quand
les éleveurs déplacent leurs troupeaux vers une zone plus favorable, ils peuvent ainsi
empêcher, ou le cas échéant retarder la décapitalisation de leurs troupeaux pour l‟achat des
aliments (qui est la principale raison de vente des animaux). Et ainsi, garder les animaux pour
les vendre au bon moment.

Bourbouze (2006), signale que cette stratégie ne peut opérer et être économiquement
viable que si le rapport de prix : « kg poids vif d’agneau / kg d’orge » reste en toutes
circonstances bien supérieur à 10. Il considère cette règle par le fait qu‟il faut à peine 10 kg
d‟orge pour faire 1 kg de croît à l‟échelle de tout le troupeau. Appliquant cette règle dans les
conditions économiques actuelles :

Sur les marchés, les bêtes sont vendues sur pièce et pas en ayant le poids vif. Le poids
vif est donc estimé. Le prix d‟un kilo de viande d‟agneau est de l‟ordre de 1 200 DA, et avec
un rendement de carcasse de 52 % (Benyounes et al, 2015) pour la race Ouled Djellal. Donc,
le prix d‟un kilo de poids vif d‟agneau est égale à : 1 200 × 0,52 = 624 DA. Le prix d‟un kilo
d‟orge est de 37 DA (a raison de 3700 DA/quintal ; prix maximum recensé). Le rapport de
prix sera donc de l‟ordre de 16,86, supérieur à 10. Ce qui rend la stratégie économique de
capitalisation/décapitalisation toujours viable. Cette stratégie est l‟un des mécanismes de
résilience permettant la sauvegarde de l‟activité de l‟élevage en mobilisant le capital animal
suivant le besoin alimentaire du troupeau.

Néanmoins, à l‟échelle internationale, le prix de la viande ovine algérienne reste non


compétitif. S‟il y avait une situation de libre échange, la viande ovine algérienne s‟avérait
plus chère que la viande de beaucoup de pays concurrents. Cette situation s‟explique
essentiellement par le coût très élevé de l‟alimentation. Cette charge occupe la plus grande
part dans la structure du coût (Belhouadjeb et Chehat, 2013). D‟où les fortes taxes

82
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique

douanières sur les viandes rouges importées comme mesure pour protéger l‟activité des
éleveurs locaux.

IV.4- Impacts écologiques des changements des transhumances des troupeaux


Les systèmes de transhumance ancestrale ont assuré une complémentarité territoriale
entre les zones steppiques (zone d‟origine des éleveurs pastoraux), et les zones de
complémentarité (d‟accueil des transhumants) ; les zones céréalières telliennes et les zones
présahariennes. Ainsi les troupeaux ne restent que cinq à six mois sur les zones steppiques.
Les mouvements des troupeaux permettent une sorte de rotation sur les parcours steppique, ce
qui laisse le temps nécessaire à la végétation pastorale pour se régénérer. Ce qui n‟est plus le
cas des parcours pâturés en continu s‟il n‟y a pas de transhumance. Cependant, les
changements des droits l‟accès aux ressources, des droits d‟exploitation et des modes d‟usage
ont des conséquences parfois graves sur les écosystèmes steppiques. La diminution de la
productivité pastorale des parcours steppiques, et leur dégradation sont les impacts négatifs
les plus remarquables. De multiples facteurs ont contribués à la dégradation des écosystèmes
steppiques. La surcharge animale sur la plupart des parcours, la stagnation des troupeaux dans
un même parcours, le défrichement des terres de parcours pour la mise en culture, la
régression des mouvements de transhumance, ce sont les principaux facteurs anthropiques
ayant un impact direct sur les parcours steppiques, exacerbant d‟avantage quand ils sont
conjugués aux effets de la sècheresse.

Le constat de la situation des systèmes d‟élevage actuels, laisse remarquer une tendance
vers une complémentarité territoriale inversé ; c’est plutôt les aliments qui sont transportés
vers les animaux. Les ressources alimentaires locales ne couvrent plus la totalité des besoins
du cheptel. Un bilan fourrager de la région d‟étude, réalisé par Hadbaoui et Senoussi (2016),
laisse découvrir que seulement 28,57 % des besoins du cheptel animal de la région (ovin,
caprin, bovin, et camelin), sont couvert par les ressources alimentaires locales. La grande
partie des aliments provient donc des zones hors steppiques, surtout des zones telliennes
céréalières (foins, pailles, céréales fourragers en grains…etc.). Cette tendance plutôt
généralisée par les élevages steppiques, contribue considérablement à la diminution des
mouvements de transhumance, et indirectement au maintien d‟une charge animale trop élevée
sur les parcours.

Les photos suivantes montrent des différentes façons d‟exploitation des terres de
parcours dans la région de M‟Sila.

83
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique

Photo N° 1: Parcours dégradé par surcharge animale. Photo N°2 : Parcours de dégradation
(Peganum harmala).

Photo N°3 : Exploitation agricole en plein parcours. Photo N°4 : Pâturage d’un troupeau sur chaumes locales.

Photo N°5 : Installation des serres pour l’aviculture Photo N°6 : Parcours familial exploité collectivement.
en plein parcours.

84
Démarche investigatrice Méthodologie et objectifs de travail

Partie 2 : Démarche investigatrice

Chapitre I : Méthodologie et objectifs de travail

La méthodologie aborde les dispositifs et le cheminement des étapes à effectuer pour


atteindre des résultats scientifiques. L‟objectif est d‟établir une problématique comprenant :
l‟état de la situation, les enjeux de développement et scientifiques, des questions de recherche
avec leurs hypothèses, des dispositifs de travail et des stratégies d‟actions. Cela nécessite de
s‟imprégner du sujet par : des recherches bibliographiques, d‟entretiens avec des personnes
ressources et des prospections sur le terrain. La finalité est d‟apporter des éléments de réponse
aux questions déclinées et la validation ou non des hypothèses. A travers ce chapitre, une
présentation de la méthodologie de ce travail est avancée, depuis la formulation du sujet
d‟étude et l‟articulation de la problématique de recherche jusqu‟à la formulation des
perspectives et des recommandations.

I.1- Objectifs & enjeux


Notre problématique est focalisée sur la question de la durabilité des systèmes d‟élevage
ovin en milieu steppique dans un contexte mouvant et incertain. Certaines caractéristiques de
ces systèmes présentent des vulnérabilités engendrées par des facteurs biophysiques et
anthropiques. Pour se maintenir, les éleveurs tentent de suivre des stratégies pouvant rendre
leur système plus résilient.

L‟objet d‟étude porte principalement sur les stratégies d‟adaptation des éleveurs pour
arriver à nourrir leurs animaux, les vulnérabilités et leurs capacités de résilience qui s‟avèrent
très liés aux systèmes d‟alimentation des animaux.

À cet effet, et pour traiter la problématique (questions et hypothèses), nous avons


travaillé sur des logiques de nature technico-organisationnelles relatives à la conduite du
troupeau et à la gestion de l‟espace dans la région d‟étude ; en l‟occurrence dans la Wilaya de
M‟Sila. C‟est ainsi que nos travaux vont essayer d‟apporter des éléments de compréhension
concernant les nouvelles formes d‟organisations des éleveurs pour préserver leur activité
économique.

Par ailleurs, la présente étude tend à saisir :

 La caractérisation des systèmes d‟élevage ovins existants dans la région d‟étude, surtout en
matière de conduite alimentaire, outre de l‟aspect organisationnel des exploitations ;

85
Démarche investigatrice Méthodologie et objectifs de travail

 Les facteurs de vulnérabilité des élevages selon les contextes et aléas ;

 L‟identification des différentes stratégies de résilience des élevages vis-à-vis des différentes
contraintes et aléas.

La finalité de notre recherche est de contribuer à la compréhension de l‟activité de


l‟élevage des ovins en milieu steppique, tout on proposant des pistes d‟aménagement et de
développement adéquates aux conditions du milieu, par des voies alternatives en concertation
avec les éleveurs.

I.2- Cadre d’étude


Une région qui fait l'objet d'une action de développement présente généralement des
caractéristiques favorables (atouts), ou au contraire, défavorables (contraintes), à
l'amélioration des conditions d'exploitation du milieu. Par ailleurs, une région constitue
rarement une entité parfaitement homogène (hétérogénéité du milieu physique, existence de
plusieurs communautés rurales aux modes d'organisation sociale différents, densité de
population variable, enclavements de certaines zones... etc.). Cette hétérogénéité se traduit par
une diversité des situations agricoles, et donc des pratiques paysannes mises en œuvre pour
l'exploitation du milieu. Notre région d'étude répond à tous ces critères. La première partie de
notre travail a d‟ailleurs consisté à identifier les spécificités de ce territoire.

Il est indispensable, dans la démarche systémique, de prendre en compte les


interrelations existantes entre les éléments du système à un instant donné, par une perspective
historique. Celle-ci doit s'intéresser aux transformations successives qui ont pu affecter ce
système dans un environnement (physique, culturel, économique et social), qui est lui-même
en perpétuel mouvement.

Dans le but d'analyser la dynamique d'un système, l'étude historique n'est pas une fin en
soi, mais c'est un moyen essentiel pour saisir l'évolution des conditions d'existence des
systèmes d‟élevage et de comprendre les processus qui sont à la base de cette évolution. Ce
sont entre autres :

• Les processus de déstructuration des sociétés traditionnelles et d'émergence de nouvelles


formes sociales;
• Les processus d'insertion au sein de l'économie marchande locale, régionale et nationale
(problèmes de commercialisation, introduction de nouvelles spéculations, etc.) ;
• Les processus d'appropriation du savoir et des techniques productives ;
• Les processus d'appropriation des moyens de production ;

86
Démarche investigatrice Méthodologie et objectifs de travail

• Les processus de dégradation, de régénération ou de modification des ressources.

Par ailleurs, pour la réalisation de cette étude, nous avons opté pour le choix de la région
(Wilaya/préfecture) de M‟Sila (carte N°7). Un choix qui repose sur des critères ayant trait
aux potentialités pastorales et environnementales, qu‟on peut résumer selon les éléments
suivants :

 L‟importance des espaces pastoraux et des effectifs ovins, estimés respectivement à 1 million
d‟hectare de parcours et 1,65 millions de têtes ovines. C‟est précisément au regard de ses
potentialités pastorales et de son patrimoine ovin (5ème au niveau national) que M‟Sila est
considéré comme région pilote du fait qu‟elle produit 23 066 tonnes.an-1 de viande ovine
(DSA de M’Sila, 2018).

 La région de M‟Sila, à l‟image du reste des zones steppiques, est très éloquente en matière de
tradition d‟élevage ovin. Là où l‟activité de l‟élevage des ovins a fait vivre depuis l‟antiquité
toute une population steppique (Bencherif, 2018) ;

 Les parcours dans la région de M‟Sila se situent dans la zone la plus touchée par le
phénomène de dégradation où 73 % des parcours sont présumés dégradés (HCDS, 2010) et
restent sujet à la désertification (Senoussi et al., 2014). L‟état alarmant des parcours de cette
zone nécessite une intervention basée sur des études d‟impact permettant d‟analyser la réalité
du contexte. Dès lors que la présente étude s‟inscrit dans cette logique de réflexion.

Carte N°7: Localisation de la wilaya de M’Sila.

87
Démarche investigatrice Méthodologie et objectifs de travail

I.3- Méthodologie empruntée


La méthodologie adoptée relève de l‟approche systémique, considérant les différents
éléments du système d‟élevages et leurs interactions. En effet, la dimension systémique trouve
son fondement par le fait qu‟il s‟agit d‟un ensemble d'éléments liés entre eux par des relations
lui conférant une certaine organisation pour remplir certaines fonctions. Cet ensemble
ordonné d‟éléments liés les uns aux autres en interaction dynamique, ayant une ou des
fonctions. Concernant les systèmes d‟élevage, il s‟agit de structures finalisées.

Senoussi (2002), révèle un certain nombre de conséquences méthodologiques liées à la


notion de système :

• Quel que soit le type de système, son étude comprendra deux parties, d'une part,
l'identification de sa structure, c'est-à-dire ses limites, la caractérisation des éléments qui le
composent et leurs relations, sa localisation spatio-temporelle. D'autre part, l'étude de son
fonctionnement, c'est à dire celui des relations, des interactions qui s'établissent entre les
différents éléments du système et son environnement ;

• Les relations, les interactions entre les différents éléments d'un système sont souvent
difficiles à décrire. Il est alors intéressant d'utiliser des méthodes de représentations,
permettant de comprendre l'articulation, le jeu des relations entre différents éléments, de
dégager des tendances et des hypothèses d'évolution ;

• Un système n'est pas une structure stable, c'est une structure dynamique, qui s'autorégule par
un ajustement permanent des relations entre ses différents éléments. C'est également une
structure qui évolue et se transforme constamment par la modification interne de ses propres
éléments et le jeu des interactions avec l'extérieur.

Par ailleurs, les principaux déterminants de l'évolution de l'activité d‟élevage sont le


plus souvent situés à des niveaux périphériques de cette activité. Les décisions politiques,
l'évolution de la démographie ou des techniques, la réalisation de nouvelles voies de
communication, sont autant d'éléments à prendre en compte. On peut ainsi, au-delà de sa
logique propre, juger de la viabilité d'un système, autrement dit, de son évolution dans le
temps.

Car un système est un objet complexe, formé de composants distincts reliés entre eux
par un certain nombre de relations. Les composants sont considérés comme des sous-
systèmes, ce qui signifie qu‟ils entrent dans la même catégorie d‟entités que les ensembles
auxquels ils appartiennent. Un sous-système peut être décomposé à son tour en sous-systèmes

88
Démarche investigatrice Méthodologie et objectifs de travail

d‟ordre inférieur ou être traité (au moins provisoirement) comme un système indécomposable,
c‟est-à-dire comme un système réduit à un seul élément. L‟idée essentielle est que le système
possède un degré de complexité plus grand que ses parties, autrement dit qu‟il possède des
propriétés irréductibles à celles de ses composants. Cette irréductibilité doit être attribuée à la
présence des relations qui unissent les composants. On pourra donc parler à ce propos de
relations définissantes. Les propriétés globales les plus intéressantes d‟un système sont celles
qui ont trait à son comportement évolutif. On suppose que l‟évolution d‟un système est
conditionnée à la fois par les modifications internes qui peuvent affecter les composants ou
les relations définissantes et par les interactions qui peuvent s‟établir entre le système et son
environnement. Au cours de son évolution, un système peut conserver une certaine stabilité ;
il peut aussi se transformer soit dans le sens de la désagrégation, soit dans le sens d‟une plus
haute intégration (Encyclopédie Universalis, 2006).

L'étude d'un système ne saurait donc se limiter à la description de sa structure, seule


l'étude de son fonctionnement et de ses transformations permet à toute démarche d'être
compréhensive (Velmuradova, 2004).

Pour ce faire, le recours à plusieurs champs disciplinaires, zootechnie, agropastoralisme,


études des pratiques et modes d‟organisation, s‟avère indispensable. Autrement dit,
préalablement, il y a lieu d‟établir un diagnostic relatif à la situation dans la perspective de se
faire une image globale quant aux pratiques des éleveurs. Cette approche permet de mieux
cerner, analyser et interpréter les différentes stratégies de flexibilité et de résilience des
éleveurs et des agro-éleveurs.

Par ailleurs, en l‟absence de statistiques précises et fiables relatives aux systèmes


d‟élevage sur la région d‟étude, la méthodologie empruntée ne peut être entreprise que par la
voie d‟entretiens auprès des éleveurs représentant différents systèmes d‟élevage ovins
existants. Les entretiens constituent un premier outil pour aborder la réalité dans des délais
courts (Lhoste, 2001). La méthode des entretiens a été déjà utilisée dans de nombreux travaux
de recherche étudiant les systèmes d‟élevage ovins en milieu steppique, sur des aspects
systémique et zootechnique à l‟image de Abdellatif, 2013 ; Senoussi et al., 2014 ; Bechchari
et al., 2015 ; Jemaa et al., 2016 ; Kanoun et al., 2017 ; Bencherif, 2018.

Un échantillon de 100 éleveurs a été retenu pour réaliser des entretiens semi directifs.
Ce travail d‟enquête a été complémenté par l‟obtention de statistiques et de rapports technico-
administratifs auprès de différents organismes responsables de la gestion de la steppe (DSA,
HCDS, ONM, ….etc.). Les investigations de terrain, grâce à des traitements et interprétation

89
Démarche investigatrice Méthodologie et objectifs de travail

de bases de données obtenus tenteront de confirmer ou d‟affirmer le bien-fondé des


hypothèses ainsi émises.

I.3.1- Etat de l’art


C‟est de la constitution d‟un fond documentaire dont il s‟agit, phase qui se voit scinder
en deux sections bien distinctes ; la première section concerne une synthèse bibliographique
basée sur des travaux préétablis traitant de la thématique où d‟une part les statistiques,
rapports, études, thèses et mémoires, publications, communications actées et ouvrages font
office. D‟autre part, une deuxième section est consacrée à collecter, synthétiser et analyser
toutes les informations recueillies auprès de différents organismes et qui seraient susceptibles
d‟enrichir et d'actualiser les données monographiques relatives à la région d‟étude.

I.3.2- L'enquête par questionnaire


Un questionnaire ne peut atteindre les objectifs pour lesquels il a été conçu que dans la
mesure où il est parfaitement adapté aux réalités du terrain ; l'objectif est de comprendre, au
niveau de chacune des zones d'étude, les pratiques sociales, économiques et techniques mises
en œuvre dans l'exploitation du milieu. Le mode d'exploitation du milieu que nous observons,
résulte de tout un processus d'adaptation historique : adaptation aux modifications du milieu
physique, adaptation aux transformations sociales, techniques et économiques. L'analyse
historique visera à retracer les grandes étapes de l'installation de la communauté et à identifier
les conditions des changements qui ont abouti à la situation présente.

Le mode d'exploitation se traduit par une certaine structuration de l'espace, dont nous
chercherons à repérer les principales caractéristiques. Pour exploiter le milieu, le groupe
social dispose de moyens de production (terre, main-d‟œuvre, capital, cheptel) ; nous les
caractériserons et porterons un jugement sur leur disponibilité. Il faudra dès lors repérer les
conditions de mobilisation de ces moyens de production : accession à la ressource, mode
d'accumulation etc. La combinaison des moyens de production concourt à la mise en œuvre
d'une production agricole végétale et animale. Nous chercherons à identifier les
caractéristiques prédominantes du système technique de production. Nous définirons les
fonctions des animaux, leur mode de conduite, leur productivité et nous nous attacherons à
montrer les liens existants avec le système technique de production végétale, les conditions
écologiques et le système économique. Il faudra enfin analyser la destination de la production,
en termes de vente, autoconsommation, mode de valorisation (transformation), conservation.

90
Démarche investigatrice Méthodologie et objectifs de travail

En définitif, il est important de préciser que toutes les observations, les remarques que
nous pourrons relever devront être restituées par rapport aux objectifs dominants du groupe
social. C'est de la qualité des matériaux collectés que dépendra la qualité de l'analyse et du
jugement. Le questionnaire est appelé à être expérimenté lors d'une phase test. Ce test nous
permettra de juger de l'adéquation des questions posées à la réalité du terrain. Par les réponses
obtenues, nous pourrons voir si elles nous permettent de comprendre les pratiques les plus
communes et leurs déterminants. Il nous faudra d'autre part vérifier si nos questions sont bien
assimilées par nos interlocuteurs.

Quant au guide d'enquête proprement parlé, il se doit :

• De commencer par expliquer aux producteurs dans quel contexte institutionnel nous nous
situons, et le but de la recherche ;

• D'établir une progression dans les questions afin que le producteur ne se sente pas espionné,
et de débuter par des questions peu impliquantes, le thème qui nous semble le plus approprié
pour créer un climat de confiance, est celui de l'historique ;

• D'adapter le questionnaire à la réalité du terrain, certaines questions devront être reprécisées


en fonction des réponses obtenues ; comme elles peuvent être posées sous plusieurs formes
pour s'assurer de la réponse, d'où l'intérêt d'effectuer personnellement ces enquêtes,

Quant aux informations recueillies depuis le terrain (entretiens avec les éleveurs et
responsables locaux), elles ont permis d‟appréhender les pratiques d‟éleveurs en relation avec
les conditions de la zone considérée, outre de la constitution d‟un fonds documentaire et des
états statistiques relatifs à la steppe algérienne d‟une manière générale et particulièrement
celle de la région de M‟Sila.

I.3.3- Choix des zones et Stratification


Lorsqu'on étudie un espace de dimension importante, il est difficile d'enquêter auprès de
l‟ensemble du territoire de la région, on imagine aisément le temps que cela prendrait et les
moyens humains et matériels qu‟il faudrait déployer. La stratification et l'échantillonnage
s'avèrent un préalable nécessaire au travail d'enquête.
La stratification est faite à partir de critères qui paraissent a priori déterminants pour les
modes d'exploitation du milieu et sur cette base que l'échantillon des zones d'enquêtes que
nous avons construit a été raisonné et représentatif.

91
Démarche investigatrice Méthodologie et objectifs de travail

I.3.3.1- Critères de stratification


Le choix des critères de stratification n'est pas le fait du hasard, il nous parait a priori
avoir une incidence sur les modes d'exploitation de la ressource (espace des parcours) et de sa
gestion qui s‟avèrent susceptibles d'entraîner des différences significatives entre ces modes.
Les possibilités de choix des critères vont bien entendu dépendre des informations préalables
dont on dispose sur la région, d'où l'importance de chercher à s'informer avec précision sur la
région d'étude.

Les critères susceptibles d'être retenus peuvent être, des éléments du milieu biophysique
(climat, sol, morpho-pédologie, topographie, hydrographie, végétation spontanée, etc.), des
composants socio-économiques (tribu, densité de la population, infrastructures, proximité d'un
marché... etc.), ou des indicateurs du mode d'exploitation (types de cultures dominantes,
spéculations introduites, occupation du sol entre autres.). C‟est une liste qui n'est pas
exhaustive, des critères plus pertinents ont été choisis, selon les situations qui se sont
présentées, à titre d'exemple, des indicateurs de pratiques techniques, économiques, sociales si
l'information est disponible sur l'ensemble de la région. Le choix des critères a été fait à partir
des données existantes (bibliographie, cartographie) ou bien de l'avis des responsables du
développement, des chercheurs, d'informateurs locaux et de toute autre personne ayant une
bonne connaissance de la région.

Il a été indispensable pour nous de parcourir la région, d'effectuer plusieurs transects en


traversant les hétérogénéités telles qu'elles apparaissent dans la littérature et sur le terrain, afin
de visualiser les éléments de différenciation. Ceci a permis à titre d'exemple d'observer des
pratiques d‟élevage différentes entre acteurs.

I.3.3.2- Zones représentatives


Pour une meilleure représentativité de l‟ensemble des systèmes d‟élevage ovins
existants dans la région d‟étude, vingt (20) zones ont été retenues. Ce sont les communes les
plus représentatives en matière d‟élevage, en l‟occurrence Ain Meleh, Bir Fodda, Ain Fares,
Sidi M'Hamed, Ain Irrich, El Hamel, Djebal M'Saâd, Khobana, Sidi Ameur, Boussaâda,
Maârif, Slim, M'cif, Medjede, Tamsa, Med Boudief, Ouled Mansour, Sidi Aïssa, Sidi Hadjeres
et Ain El Hadjel.

En outre, ont été pris en considération pour ce choix la position géographique et


biophysique de la zone considérée, permettant d‟avoir le maximum de diversité de situations
qui pourraient se présenter. (Carte N°8).

92
Démarche investigatrice Méthodologie et objectifs de travail

Source : DSA, 2018, adaptée.


Carte N°8 : Localisation des communes enquêtées.

I.3.4- Prospection et pré-enquête


Préalablement une phase de prospection fut entreprise dans la perspective de collecter
de données ayant trait à la région de M‟Sila en approchant de nombreuses personnes morales
relevant de : la D.S.A., C.A.W, H.C.D.S., C.R.S.T.R.A. et O.N.M., alors que des rendez-vous
ont été pris avec différents responsables des municipalités (APC). Le but était de faciliter le
contact direct avec les acteurs à approcher (éleveurs et agro-éleveurs), mais aussi de se faire
une idée globale ayant trait aux vocations économiques (agricoles et extra-agricoles) de
chaque zone enquêtée, et d‟appréhender la vision de l‟autorité agricole locale quant à la
situation de l‟élevage ovin et les actions de développement préconisées.

Les pré-enquêtes ont permet de tester et ajuster le questionnaire à travers lequel a été
approché l‟échantillon d‟acteurs dans la perspective d‟estimer et d‟évaluer le contenu de la
trame d‟entretien, en termes de clarté, d‟assimilation des questions posées à l‟égard de nos
interlocuteurs. Nous avons effectué des réajustements sur la forme des questions, leur
chronologie, les aspects abordés, d‟éliminer les questions ambiguës ou refusées, de repérer les
omissions, de juger de l‟ampleur et de la réceptivité du questionnaire (trop long, ennuyeux,
indiscret,… etc.). En d‟autres termes, l‟objectif de cette phase réside dans l‟adaptation du

93
Démarche investigatrice Méthodologie et objectifs de travail

lexique pastoral local (annexe N°1), outre des unités de références utilisées et ce, pour mieux
cerner les différents aspects en relation avec la thématique.

I.3.5. Echantillonnage
L‟enquête proprement dite ne s‟est pas limitée uniquement aux interviews mais
ponctuée par des tours et observations avec nos interlocuteurs alors que les entretiens ont été
entrepris auprès de 100 éleveurs et agro-éleveurs, répartis sur les vingt (20) communes ayant
fait l‟objet d‟entretiens. Ce sont des acteurs représentants des différents systèmes d'élevage
rencontrés dans la région de M‟Sila. Cela nous a permis des saisir des informations d‟éleveurs
ayant des stratégies diverses en matière de conduite d‟élevage ovin et d‟autre part
d‟appréhender les pratiques en termes d‟exploitation et de gestion des troupeaux et de
l‟espace (tableau N°5).

Tableau N°5 : Récapitulatif de l’échantillonnage.

N° d'éleveurs N° d'éleveurs
Commune % Commune %
approchés approchés
Ain Meleh 13 13% Maârif 4 4%
Bir Fodda 10 10% Slim 3 3%
Ain Fares 5 5% M'cif 5 5%
Sidi M'Hamed 8 8% Medjedel 5 5%
Ain Irrich 10 10% Tamsa 3 3%
El Hamel 1 1% Mohamed Boudief 4 4%
Djebal M'Saâd 3 3% Ouled Mansour 5 5%
Khobana 5 5% Sidi Aïssa 3 3%
Sidi Ameur 9 9% Sidi Hadjeres 1 1%
Boussaâda 2 2% Ain El Hadjel 1 1%

Nous n‟avons pas pu élargir notre échantillon d‟avantage (+ de 100) pour plus de
représentativité, pour deux principales raisons : i) manque de moyens de déplacement, ii) le
caractère social très réticent des éleveurs de la région vis-à-vis de toutes sortes d‟entretiens.
Lors de chaque entretien il me fallait être accompagné d‟une personne locale de référence
dans chacune des zones visitées. Cette personne constitue une clé essentielle pour établir une
relation de confiance avec les éleveurs interviewés dès la première rencontre et d‟obtenir le
maximum d‟informations et les plus fiables. L‟absence d‟une telle personne dans certaines
zones a constitué un handicap pour l‟accessibilité aux éleveurs au point de limiter notre
échantillon.

94
Démarche investigatrice Méthodologie et objectifs de travail

I.3.6- Les entretiens proprement dit


Les entretiens doivent fournir des informations ayant trait aux différents systèmes
d‟élevage ovins pratiqués dans les différentes zones pastorales de la région de M‟Sila.
Néanmoins, avant de les entamer, nous avons procédé à des pré-entretiens. Cela est d‟autant
plus justifié que l‟on connaît peu le milieu. Le guide d‟entretien établi a été adapté
progressivement à la situation socio-organisationnelle rencontrée. Il est constitué de trois
parties à savoir : i) Identification générale de l‟éleveur, ii) La conduite de l‟élevage ovin, iii)
La gestion de l‟exploitation (annexe N°2)
L‟objectif de l‟entretien est de collecter les informations auprès des acteurs (éleveur /
agro-éleveur) de la façon la plus exhaustive que possible permettant après analyse, la
caractérisation des systèmes d‟élevage, les stratégies de gestion des exploitations (élevage &
association élevage-agriculture), et de comprendre par la même les relations entretenues entre
l‟éleveur / l‟agro-éleveur et le milieu environnant. Tout cela pour construire un schéma sur
l‟ensemble des techniques et des pratiques de chaque éleveur interviewé.
La méthode d‟enquête utilisée est celle dite semi-directive au cours d‟une discussion
ouverte avec les éleveurs, tous les aspects mentionnés dans le guide d‟entretien sont abordés,
tout en laissant l‟entretien libre. L‟éleveur peut ainsi exprimer ses préoccupations (Dockès et
Kling-Eveillard, 2007).
Pour des aspects pratiques, avec consentement de nos interlocuteurs nous avons procédé
en des enregistrements audio avant de les transcrire sur les fiches d‟entretien. Cette méthode a
plusieurs avantages du fait qu‟elle permet d‟éviter la réticence des éleveurs surtout à l‟égard
de formulaires écrits, d‟être plus flexible sur l‟ordre des questions suivant la tendance de la
discussion entamée, être plus léger en discussion et prendre moins de temps (réponses
précises et concises), de laisser l‟entrevue libre de développer certains aspects jugés opportuns
et d‟éviter déperdition d‟informations utiles.
Il est remarqué que les bergers ne disposent pas de la totalité des informations
recherchés à travers notre guide d‟entretien. Raison pour laquelle les entretiens ciblent
essentiellement des acteurs propriétaires de troupeaux afin de collecter des informations
fiables, notamment à ce qui attrait particulièrement à la gestion de l‟élevage et de
l‟exploitation dans son ensemble.

I.3.7- Dépouillement et traitement des données


La mise en place d‟une base de données adaptée passe inévitablement par leur
organisation afin de pouvoir répondre au questionnement initial. Pour se faire, avant l'analyse

95
Démarche investigatrice Méthodologie et objectifs de travail

des données, il s‟agit de dépouiller des fiches d‟enquêtes à l'aide de tableaux de contingence
sur lesquels sont reportés thème par thème, indicateur par indicateur, de chaque élevage
enquêté et de chacune des zones visitées. Cette base n‟est autre qu‟un récapitulatif des
informations recueillies, permettant par la même d‟opérer des vérifications et d‟entreprendre
les analyses préliminaires via l‟outil statistique par variables ou groupes de variables.
L'analyse repose sur la comparaison des différentes situations rencontrées. Ces
comparaisons permettent de regrouper les situations aux caractéristiques analogues. Par
contre, dès lors qu'apparaissent des différences entre situations (règles et pratiques sociales,
économiques et techniques mises en œuvre), il convient de les étudier et de les expliquer.
Cette explication passe par l'étude des relations, des interactions entre les composantes du
milieu physique et de l'environnement économique, des différents modes d'organisation
sociale, les conditions de mobilisation des moyens de production et les systèmes techniques
de production adoptés.
Le recours à l‟outil statistique (Excel et ELSTAT), permet d‟avoir une représentation du
réel de manière tangible. En effet, le traitement de données recueillies depuis le terrain permet
de mettre en évidence la variabilité des situations rencontrées. En d‟autres termes, il permet
d‟étudier leur ressemblances et différence. Le recours à cet outil a permis d‟obtenir les
résultats qui vont être présentés ultérieurement. C‟est la procédure qui répond le mieux aux
objectifs de assignés par la présente recherche.
A partir des bases de données nous avons procédé à des analyses en composantes
principales (ACP). Il s‟agit d‟une méthode d‟analyse multi-variée appliquée sur des données
quantitatives, dans le but de visualiser la projection des individus et des variables sur les axes
factoriels de variations, ainsi que les corrélations entre ces dernières. Une classification des
éleveurs, basée sur la similarité a été nécessaire pour faciliter l‟interprétation des résultats,
cela a été réalisé par une classification ascendante hiérarchique (C.A.H.).
Par ailleurs, en guise d‟outils supplémentaires adoptés dans la perspective de
caractériser les différentes typologies des acteurs enquêtés, nous avons eu recours aux tests
ANOVA, suivis par un test de Fisher de comparaison par pairs Ils ont été opérés pour
comparer les différents paramètres des classes issues des analyses précédentes. Chose qui
nous a permis de situer la différence entre les typologies identifiées après classification
automatique.
La démarche investigatrice empruntée est synthétisée à travers la figure N°22.

96
Démarche investigatrice Méthodologie et objectifs de travail

Formulation du sujet d’étude et problématique

Recherche bibliographique

Objectifs Fonds documentaire & Outils


- Caractérisation des systèmes Choix d’1 région steppique - Thèses & Mémoires ;
d‟élevage ovins ; - Articles Scientifiques ;
- Détermination des facteurs de - Ouvrages ;
vulnérabilité ; Région de M’Sila - Rapports & Statistiques.
- Identification des stratégies de
résilience.

Personnes ressources

Elaboration du guide d’enquête

Pré-enquête

Test et ajustement du guide d‟entretien

Ain Meleh Bir Fodda Zones Représentatives Ain Fares Sidi M'Hamed

Ain Irrich El Hamel Djebal M'Saâd Khobana Sidi Ameur Boussaâda Maârif Slim

M'cif Medjede Tamsa Med Boudief Ouled Mansour Sidi Aïssa Sidi Hadjeres Ain El Hadjel

Enquêtes proprement dites & observations

Traitement des données

Analyse & interprétation

Résultats & discussion

Diagnostic

Perspectives & recommandations

Conclusion

Figure N°22 : Méthodologie de travail adoptée.

97
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude

Chapitre II : Synthèse monographique de la région d'étude.

Après avoir mis en exergue la méthodologie de travail, outre de l‟argumentaire quant au


choix de la région d‟étude, il est opportun de présenter les caractéristiques de cette dernière à
travers une synthèse monographique. Autant que les aspects naturels, les dimensions
humaines et économiques sont mises en évidence afin d‟appréhender les atouts et les
potentialités que recèle la région de M‟Sila.

II.1- Présentation et caractéristiques


La wilaya de M‟Sila est située sur le versant sud des monts du Hodna. C‟est une région
de transition entre l‟Atlas tellien et le Sahara Septentrional, où elle est soumise à l‟influence
du climat désertique. M‟Sila est l‟une des principales wilayas constituant la steppe algérienne.
Située à 250 km au Sud-Est d‟Alger, elle s‟étale sur une superficie totale de 18175 Km², soit
0,76 % du territoire national. Elle est limitée au Nord par les wilayas de Bouira, Borj-Bou-
Arrerij et Sétif, à l‟Est par les wilayas de Batna et Biskra, au Sud par les wilayas de Biskra et
Djelfa, et à l‟Ouest par les wilayas de Djelfa et Médéa. Sur le plan administratif, elle compte
47 communes regroupées en 15 daïras (DSA de M’Sila, 2018) (Carte N°9).

Source : DSA adaptée, 2018.


Carte N°9 : Localisation et Circonscriptions administratives de la wilaya de M'Sila.

98
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude

II.2- Facteurs écologiques de la région d’étude


M‟Sila est marquée, comme les autres wilayas steppiques, par les spécificités de son
milieu physique, climatique, socioéconomique.

II.2.1- Facteurs abiotiques


II.2.1.1- Relief
Les Cartes N°10 et 11 mettent en évidence la structure physique et le relief de la wilaya
de M‟Sila qui est très hétérogène, notamment par son relief (carte n° et se précise globalement
par quatre zones naturelles bien distinctes (DSA de M’Sila, 2018) ; i) la zone de steppe qui
couvre la plus grande partie du territoire et se caractérise par un couvert végétal clairsemé, traduisant
la nature de la végétation spontanée rencontrée ; ii) la zone de la plaine du Hodna marquée par une
forte activité agricole (céréales, maraîchage, arboriculture) ; iii) la zone de montagnes, réservée à une
agriculture de montagne de type extensif avec la présence de quelques massifs forestiers ; iv) la zone
de Chott, connue sous le nom du Chott El Hodna. C‟est une grande dépression salée
d‟accumulation des eaux des oueds intérieurs qui s‟étend entre deux wilayas ; M‟Sila et
Batna, sur une superficie de 8 500 km². Elle se met en eau uniquement en hiver, sèche et salée
en été, formant une grande étendue de désert de sel.

Source : DSA, 2018.


Carte N°10 : les grandes zones topographiques de la région de M’Sila.

99
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude

Source : site topographic-map.com (consulté le : 10/05/2019), adaptée


Carte N°11 : Relief de la région de M’Sila.

II.2.1.2- Sol
Selon le rapport établi par la DSA de M‟Sila (2018), du Nord au Sud, cinq grandes
zones pédologiques caractérisent M‟Sila :

i) Une zone de montagne xérique avec des reliefs qui dépassent parfois 1 900 m d‟altitude.
Les sols sont des minéraux bruts d‟érosion en association avec des sols bruns calcaires. Ils ne
sont pas aptes à l‟agriculture compte tenu de leur faible profondeur et leur relief. Ils
constituent un substrat des forêts et des zones de reboisement. Néanmoins, des dépressions se
forment dans cette zone, notamment avec des sols plus profonds, et bien structurés, et qui
peuvent être exploités pour l‟agriculture ;

ii) Une zone steppique de dépôts quaternaires anciens et moyens avec des reliefs compris
entre 400 et 1 000 m d‟altitude avec succession de glacis à composition granulométrique et
chimique différentes. Les sols sont de groupe sierozems sur croûte calcaire à encroûtement et
à nodules calcaires. On trouve également des sols gypseux, minéraux bruts d‟érosion et peu
évolués ;

iii) Une zone steppique de dépôts alluviaux récents avec des passages plats et une altitude de
400 à 500 m. Les sols sont surtout peu évolués, d‟apport alluvial en différents degrés affectés
par des sels ;

100
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude

iv) Une zone subdésertique sableuse avec des dunes de sable. Elle est située au sud du chott El
Hodna avec une altitude de 400 à 600 m, et des microreliefs ondulés dus à la présence de
dunes et de sebkhas. Deux types de sols sont présents dans cette zone : le plus répandu est à
texture minérale, et l‟autre à texture moyenne ou variable en profondeur ;

v) Une zone subdésertique sablo-caillouteuse qui comprend la partie septentrionale de l‟Atlas


Saharien. Les reliefs sont compris entre 600 et 1 000 m d‟altitude, avec de nombreux cônes et
glacis d‟accumulation à matériaux grossiers. Les sols dominants sont de types minéraux bruts
d‟érosion sur croûte et encroûtement. Ils ne sont pas recommandés pour l‟agriculture, mais
plutôt pour le pâturage. Il existe aussi des sols peu évolués ou sierozems à nodules calcaires
qui peuvent être utilisés pour les cultures en irrigué (DSA de M’Sila, 2018).

Hormis les dépressions et dayas, la moitié des terres de la superficie agricole totale
(S.A.T) de la Wilaya est composée de sols squelettiques, sensibles à la dégradation et qui ne
sont pas aptes à l‟agriculture.

II.2.1.3- Hydrologie
Le territoire de la wilaya de M‟Sila est un immense bassin versant qui reçoit le flux
pluvial grâce aux différents Oueds qui sont alimentés à partir des bassins versants de la
Wilaya et ceux des wilayas limitrophes particulièrement celles du Nord (Bouira et Borj Bou
Arrerij). Les services de la DSA de M‟Sila (2018), ont mentionnés que les
capacités hydriques sont estimées à 540 millions de m3 dont 320 millions de m3 en eaux
superficielles (soit 59,25% de la capacité totale), et 220 millions de m3 en eaux souterraines
(soit 40,75%).

II.2.1.3.1- Oueds
Le réseau hydrographique est constitué de nombreux Oueds dont les plus importants
sont : Oued El Lahem, Oued El Ksob, Oued M‟cif, Oued M‟Sila, Oued Maïtar, et Oued
Boussaâda, dont la plupart se jettent au chott El Hodna (DSA de M’Sila, 2018).

II.2.1.3.2- Nappes hydriques


La Wilaya possède d‟importantes potentialités en eaux souterraines. Un rapport du DSA
de M‟Sila (2018), mentionne que la structure hydrogéologique du Hodna renferme beaucoup
de formations aquifères reparties sur plusieurs niveaux depuis le jurassique jusqu‟au
quaternaire. Il indique que deux (2) types de nappes sont connus à travers le territoire de la
Wilaya :

i) Nappe phréatique : peu exploitée car ces eaux sont très chargées et saumâtres ;

101
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude

ii) Nappes profondes : dont les plus importantes est la captive du Hodna (133 millions
m3/an) et d’Ain Irrich au Sud de la Wilaya (8 millions m3/an).

Le volume d‟eau mobilisée pour l‟irrigation est estimé à 151 millions de m3, réparti
respectivement entre les eaux superficielles avec 35 millions de m3, et les eaux souterraines
avec 116 millions de m3. Les ressources hydriques destinées à l‟agriculture sont donc
importantes et constituées principalement par (DSA de M’Sila, 2018) :

i) Un barrage (El Ksob) avec un volume mobilisé de 29 millions m3/an, qui irrigue 4 840 ha ;
ii) Des forages au nombre de 4 520 ;
iii) Des puits au nombre de 2 600 ;
iv) Des retenues collinaires au nombre de 5, d‟une capacité totale de 1,6 millions m3/an ;
v) Et enfin d'autres sources naturelles qui irriguent environ 5000 ha.

II.2.2- Facteurs climatiques


Le climat de la région de M‟Sila est un climat de type continental, caractérisé par un été
sec et très chaud, et un hiver très froid. Avec un quotient climatique de l‟ordre de Q²=22,58 et
une température moyenne du mois le plus froid de 3,3 °C, la région de M‟Sila se situe dans
l‟étage bioclimatique aride à hiver tempéré. Le climagramme d'emberger montre la position
de la zone de M‟Sila (figure N°23).

Source : SMM + infoclimat.fr, 2020


Figure N°23 : Position de la région de M’Sila dans le climagramme d'emberger
période (1981-2020).

102
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude

Les données climatiques exploitées s‟étalent sur une période allant de 1981 jusqu‟au
2020, Issues du site infoclimat.fr et de la station météorologique de M‟Sila (SMM), située sur
la sortie Sud de la ville de M‟Sila.

II.2.2.1- Températures
Les températures les plus élevées sont enregistrées en été, et celles les plus basses en
hiver (Figure 22). Les températures les plus élevées sont celles du mois de juillet avec 31,8°C
pour la T° moyenne, et 46,2°C comme la T° maximale extrême enregistrée. Tandis que, les
températures hivernales les plus basses sont enregistrées durant les mois janvier, notamment
avec une T° moyenne de l‟ordre de 9°C, et une T° minima moyenne de 3,3°C, qui peut
atteindre en extrême les -9,3°C (figure N°24).

Source : SMM + infoclimat.fr, 2020.


Figure N°24 : Variations des températures mensuelles ; moyennes, maxima, et minima
en °C (1981-2020).
II.2.2.2- Pluviométrie
Les précipitations dans la région de M‟Sila sont souvent faibles et irrégulières. Une
irrégularité à la fois intra-annuelle et interannuelle, comme le démontre les figures N°25 et
N°26. Il semble que mai est le mois plus pluvieux avec une moyenne de précipitation de 22,8
mm, et ce le moins pluvieux est le mois de juillet avec 5,2 mm. La quantité annuelle des
précipitations varie de 60 mm à 328 mm, avec une moyenne annuelle de l‟ordre de 163 mm
pour la période (1981- 2020).

103
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude

25
22,8

20
Précipitation (mm)

15

10

5,2
5

0
janv fev mars avril mai juin juil aout sept oct nov dec

Source : SMM + infoclimat.fr, 2020.


Figure N°25 : Variations mensuelles des précipitations (mm) (1981-2020).

350 328

300
Précipitation (mm)

250

200

150

100
60
50

0
2004
1981
1982
1983
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003

2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020

Source : SMM + infoclimat.fr, 2020.


Figure N°26: Variations annuelles des précipitations (mm) (1981-2020).

Le diagramme ombrothermique établi à partir du système de Bagnouls et Gaussen


(1957), montre que la saison sèche s‟étale sur toute l‟année (Figure N°27). Cela reflète le
degré d‟aridité de la région. Un mois étant considéré comme étant sec lorsque la pluviosité
(mm) est égale ou inférieure au double de la température moyenne mensuelle.

104
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude

35 70

30 60

25 50

20 40

Précipitation (mm)
Température (°C )

15 Saison sèche 30

10 20

5 10

0 0
Jan Fev Mar Avr Mai Juin Juil Août Sept Octo Nov Dec
moyenne T°C moyenne précipitation
Source : SMM + infoclimat.fr, 2020.
Figure N°27: Diagramme ombrothermique de Bagnouls et Gaussen de la région de M’Sila.

II.2.2.3- Humidité relative


L‟humidité relative moyenne la plus élevée est enregistrée durant le trimestre
novembre-décembre-janvier, supérieure à 70 %. Cependant, au mois de juillet, elle est
inférieure à 40 %, c‟est le taux le plus faible relevé au courant de l‟année (36,5 %) (Figure
N°28).

75
Humidité relative (%)

65

55

45

35
Jan Fev Mar Avr Mai Juin Juil Août Sept Octo Nov Dec

Source : SMM +infoclimat.fr, 2020.


Figure N°28: Variations mensuelles de l’humidité relative moyenne en (%) (1981-2020).

II.2.2.4- Vents
En général, les vents ont une vitesse faible à modérée, et ne dépassent pas 5,49 m/s. Les
vents dominants, de l‟hiver et du printemps, sont de direction Nord-Ouest relativement
humides. Ceux de l‟été soufflant de l‟Est sont chauds et secs, et parfois accompagnés de
sable.

105
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude

II.2.2.5- Insolation
Les rayonnements solaires atteignant le sol ont un impact important sur le monde
animal et végétal. La durée d‟insolation moyenne est de 8,5 heures par jour et le nombre
moyen annuel d‟heures d‟ensoleillement s‟élève à 3 099 heures.an-1. La durée d‟insolation la
plus longue est celle du mois de juillet avec 11,1 heures.j-1, alors que la durée la plus courte
est relevée au mois de décembre (5,6 heures.j-1).

La figure N°29 récapitule l‟évolution de la durée moyenne d‟insolation mensuelle qui


varie entre 169 heures (en décembre), et 344 heures au mois de juillet.

350
330
310
290
270
Heurs

250
230
210
190
170
150

Source : SMM + infoclimat.fr, 2020.


Figure N°29 : Variations mensuelles de l’insolation moyenne (heurs) (1981-2020).

II.2.2.6- Evaporation
L‟évaporation est influencée essentiellement par la température. Elle est très importante
en été et relativement faible en hiver, respectivement 399 mm au mois de juillet et 88 mm
durant le mois de décembre (Figure N°30).

450
400
350
Evaporation (mm)

300
250
200
150
100
50
Jan Fev Mar Avr Mai Juin Juil Août Sept Octo Nov Dec

Source : SMM + infoclimat.fr, 2020.


Figure N°30 : Variations mensuelles de l’évaporation moyenne (mm) (1998-2008).

106
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude

II.2.2.7- Gelées
Les dégâts causés aux cultures par les gelées sont à l‟origine des pertes de rendements.
Le nombre annuel de jours de gelée est relativement important dans la région de M‟Sila. Il
varie entre 3 à 39 jours.an-1, avec une moyenne annuelle qui est de l‟ordre de 10,9 jours.an-1

Durant le mois de janvier, le nombre de jours de gelée est le plus important (5,5 jours en
moyenne). Les gelées printanières sont présentes durant le mois de mars (0,8 jour en
moyenne), alors que les plus tardives causent d‟énormes pertes aux cultures (Figure N°31).

3
Jours

0
Jan Fev Mar Avr Mai Juin Juil Août Sept Octo Nov Dec

Source : SMM + infoclimat.fr, 2020.


Figure N°31: Variations mensuelles des jours des gelées (1981-2020).

II.2.2.8- Grêle
Les chutes de grêle sont souvent rares, mais lorsqu‟elles tombent, elles peuvent
provoquer de grands dégâts aux cultures, surtout si elles coïncident avec la période de
fructification ou de maturation des cultures. La moyenne annuelle du nombre de jours de grêle
est de l‟ordre de 1,9 jour.an-1, elles apparaissent avec l‟arrivée des pluies printanière et
automnale et précisément pendant les mois d‟avril et septembre.

II.2.2.9- Conclusion
Les caractéristiques du climat de la région de M‟Sila peuvent être résumées dans les
points suivants :
- Les températures sont élevées en été notamment en juillet, avec 31,8°C en moyenne, et
basses en hiver, surtout aux mois de décembre et janvier, avec 9°C en moyenne ;
- La pluviométrie est faible et irrégulière avec une moyenne annuelle de 163 mm ;
- L‟humidité relative est élevée en novembre, décembre et janvier, avec un pic de 77,5 % et
s‟abaisse à 36,5 % en juillet ;

107
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude

- La saison sèche s‟étale sur toute l‟année


- Les vents sont relativement faibles, humides en hiver et au printemps, et secs en été et
parfois accompagnés de sable (le sirocco) ;
- Les gelées sont plus ou moins importantes (10 jours/an en moyenne) avec une grande
variabilité de nombre de jours entre les années ;
- Les chutes de grêle sont rares (1,9 jour/an), pouvant causer de grave dégâts aux cultures.

Le tableau N°6 récapitule les principaux paramètres climatiques de la région de M‟Sila.

Tableau N°6 : Récapitulatif des paramètres climatiques de la région de M’Sila.

Paramètres Valeur/ indicateur Détails


Etage bioclimatique Aride à hiver tempéré Q²=22,58, m=3,3°C
Température maximale extrême 46,2°C 13 juillet 2017
Température moyenne du mois le plus chaud 31,8°C Juillet
Température moyenne du mois le plus froid 9°C Janvier
Température minima du mois le plus froid 3,3°C Janvier
Température minima extrême - 9,3°C 13 Janvier 1993
Précipitation moyenne annuelle 163 mm
Précipitation du mois le plus pluvieux 22,8 mm Mai
Précipitation du mois le moins pluvieux 5,2 mm Juillet
Variation annuelles des précipitations 60 à 328 mm Période 1981-2020
Saison sèche Toute l‟année Période 1981-2020
Variation de l’humidité relative 77,5% à 36,5 % Janvier Ŕ juillet
Vitesse 5,49 m/s Faible à modérée
Vents Nord-Ouest Hiver et printemps
Orientation
Est Eté
Moyenne 8,5 heures/jour /
Durée maximale 11,1 heures/jour Juillet
Insolation
Durée minimale 5,6 heures/jour Décembre
Variation annuelle 169 à 344 heures/mois Décembre-Juillet
Variation de l’évaporation 88 à 399 mm/mois Décembre-Juillet
Janvier, février, mars,
Gelées 10,9 jours/an
novembre, décembre,
Grêle 1,9 jours/an Avril, septembre

Les caractéristiques climatiques de la région de M‟Sila montre les limites naturelles des
activités d‟exploitation agricoles pouvant être mises sur place. La faible pluviométrie, et les
orages, constituent le principal facteur limitant la mise en culture. Les températures élevées
engendrent une importante évaporation, ce qui nécessite l‟apport de grandes quantités d‟eau,
ce qui nécessite l‟installation de système d‟irrigation. Les risques de gelées et de la grêle, sont

108
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude

limités, mais demeurent des facteurs à prendre en compte pour l‟agriculture notamment pour
l‟arboriculture fruitière et l‟élevage.

II.3- Environnement socio-économique


Un aperçu sur les potentialités socio-économiques de la région de M‟Sila semble utile
pour la compréhension de la situation. La population totale et sa répartition, l‟emploi et la
répartition de la main d‟œuvre sur les secteurs économiques sont les principaux paramètres à
discuter.

II.3.1- Population
La population totale de la wilaya de M‟Sila a quadruplée en l‟espace d‟un demi-siècle.
Elle est passée de 302 305 habitants en 1966 à 1 226 405 habitants en 2015, enregistrant ainsi
un taux de croissance annuel moyen de l‟ordre de 6,11 %.

M‟Sila et Boussaâda sont les deux grandes villes qui enregistrent le plus grand nombre
d‟habitants. La population rurale représente 44,15 % du total de la Wilaya, reflétant ainsi le
caractère pastoral de la région. Le tableau N°7 récapitule les principaux indicateurs ayant trait
à la population de M‟Sila.

Tableau N°7 : Estimation de la population de la wilaya de M’Sila.


Population Population /sexe Population / habitat
Total Masculin Féminin Urbaine Rurale
Nombre 1 226 405 625 466 600 939 684 925 541 480

Pourcentage 100 % 51 % 49 % 55,85 % 44,15 %


Source : DPAT, 2015.
II.3.2- Emploi
La population active représente 45,87 % de la population totale, avec notamment un
taux d‟occupation de l‟ordre de 85,19 %. Le taux le chômage est de l‟ordre de 14,81 %,
légèrement supérieur à celui national pour l‟année 2015, qui est de 11,2 %. La figure N°32
présente les principaux indicateurs quant à l‟occupation de la population de M‟Sila.

Population occupée
479 239 habitants
Population active 85,19 %
Population totale
562 553 habitants
1 226 405 habitants Population sans travail
45,87 %
83 314 habitants
14,81 %
Source : DPAT, 2015.
Figure N°32 : Occupation de la population active de la wilaya de M’Sila.

109
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude

II.3.3- Secteurs d'activités économiques


Le secteur de l‟agriculture emploie, à lui seul, 28,25 % de la population occupée. Tandis
que le secteur des services, de l‟administration et du commerce prennent presque la moitié de
la main d‟œuvre (47,65 %). Le secteur de l‟industrie et du B.T.P. emploie 24,1 % de la
population occupée ; un secteur en voie d‟extension dans la région, marqué par l‟émergence
d‟entreprises et de commerces de matériaux de construction (Figure N°33).

135 385
28,25% Agriculture

228 357
Bâtiments et travaux publics et industrie
47,65%

Administration, services et commerce

115 497
24,1%

Source : DPAT, 2015.


Figure N°33 : Répartition des occupés par secteur économique dans la wilaya de M’Sila.

Les éléments présentés sur la situation socio-économique de la région de M‟Sila


montrent les potentialités humaines de la région, ainsi que la place du secteur agricole dans la
vie économique de la population existante. Une lecture sommaire sur les données précédentes
éclaire la difficulté que trouve la population en matière d‟emploi, notamment avec un taux de
croissance toujours positif et un taux de chômage plus élevé que la moyenne nationale.

Malgré le caractère pastoral de la région le secteur de l‟agriculture n‟arrive plus à


absorber que 28,25 % de la population occupés. Cela reflète deux caractéristiques : i) Un
changement dans l‟organisation socio-économique avec notamment le développement des
secteurs dites « non agricoles », ii) La limitation des ressources naturelles (terres cultivables
et eaux), et la régression de la productivité des parcours font que le secteur agricole seul ne
peut plus satisfaire les besoins de la population toujours en croissance. Ces remarques doivent
être prises en considération dans les analyses de notre étude, ainsi que dans l‟élaboration de
tous les programmes de développement de la région.

110
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude

II.4- Secteur de l’agriculture


Le secteur de l‟agriculture dans la région de M‟Sila recèle plusieurs aspects et différents
types d‟activités. Dans cette partie, trois grands aspects sont présentés ; i) la répartition
générale des terres de la région de M‟Sila, ii) l‟agriculture avec les différents productions
végétales, iii) L‟élevage des animaux, les effectifs du cheptel, et des productions animales.

II.4.1- Répartition générale des terres


La grande partie de l‟espace de la wilaya est dédiée au secteur de l‟agriculture dont la
superficie agricole totale (S.A.T) est estimée à 1 646 890 ha ; soit 90,61 % de la superficie
totale de la wilaya. Tandis que, la superficie agricole utile (S.A.U) représente 16,83 % de la
S.A.T, soit 277 097 ha, dont 40 800 ha sont irriguées. Les parcours dominent par superficie
utilisée avec 62,52 % de la S.A.T.

Le tableau N°8 synthétise la répartition des terres dans la région de M‟Sila.

Tableau N°8 : Répartition générale des terres de M’Sila.


Spéculations Superficie (ha) % (1) % (2)
Superficie
agricole
Superficie agricole

(S.A.U)

S.A.U irriguée 40 800 2,48


utile
totale (S.A.T)

S.A.U non irriguée 236 297


Total superficie agricole utile (S.A.U) 277 097 16,83
Pacages et parcours 1 029 564 62,52
Terres improductives affectées à l‟agriculture 340 229 20,63
Total des terres utilisées par l'agriculture (S.A.T) 1 646 890 100 90,61
Autres
spécul
ations

Terres alfatières 200 000 11


Terres forestières 139 734 7,68
Superficie totale de la wilaya 1 817 500 100
Source : DSA, 2018.
% (1) : Pourcentages calculés par rapport à la superficie agricole totale (S.A.T)
% (2) : Pourcentages calculés par rapport à la superficie totale de la wilaya.

II.4.2- Agriculture
Plusieurs types d‟agriculture sont pratiquées dans la région de M‟Sila, la céréaliculture
demeure dominante. Des considérations historiques font que les céréales occupent une place
primordiale dans la vie économique des exploitations. Les principales spéculations agricoles
recensées dans la région de M‟Sila sont les suivantes :

II.4.2.1- Céréaliculture
Au titre de la campagne 2018, la céréaliculture occupe la première place des
spéculations végétales pratiquées et l‟orge semble la culture la plus pratiquée avec 9 100 ha

111
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude

récoltée, suivi par le blé dur avec 5 500 ha récoltée. Les superficies récoltées du blé tendre et
de l‟avoine sont plus faibles, avec respectivement 800 ha et 180 ha. Le rendement moyen des
céréales est de l‟ordre de 20,9 quintaux/ha. Quant à la superficie totale emblavée, elle s‟élève
à 62 000 ha, et le taux de récolte de 25 %. Ce taux reste très variable selon la qualité de
l‟année (bonne, moyenne, ou mauvaise). Car une grande partie de la superficie des céréales
emblavées est conduit sans irrigation, ce qui les laisse sous l‟influence directe des
précipitations.

Le tableau N°9 Principaux indicateurs des céréales pratiquées dans la région de M‟Sila.

Tableau N°9 : Les céréales cultivées dans la wilaya de M’Sila.


Superficie Production Rendement
Céréales
récoltée (ha) (Qx) moyen (Qx/ha)
Orge 9 100 190 000 20,9
Blé dur 5 500 115 000 20,9
Blé tendre 800 17 200 21,5
Avoine 180 3 000 16,7
Total 15 580 325 200 20,9
Source : DSA, 2018.

II.4.2.2- Cultures fourragères


Les cultures fourragères recensées dans la région de M‟Sila se limitent à quatre espèces :
l‟orge, l‟avoine, le sorgho et la luzerne. Les céréales sont reconverties en fourrages quand les
rendements s‟avèrent faibles et non récoltables.
La superficie fourragère globale s‟élève à 40 000 ha, soit 1 278 400 en équivalent
quintaux. La grande partie de cette production est utilisée comme fourrages verts (soit 81 %
de la production fourragère). Le tableau N°10 récapitule des statistiques concernant les
cultures fourragères dans la région de M‟Sila.
Tableau N°10 : Les cultures fourragères de la wilaya de M’Sila.

Superficie Rendement
Fourrages Production (Qx)
récoltée (ha) (Qx/ha)
Orge vert 10 000 592 000 59,2
Avoine vert 3 400 145 000 42,6
Sorgho 1 300 195 000 150
Luzerne 700 98 000 140
Total fourrages verts 15 400 1 030 000
Céréales reconvertis en fourrages 24 300 243 000 10
Avoine sec 300 5 400 18
Total fourrages secs 24 600 248 400
Total Fourrages 40 000 1 278 400
Source : DSA, 2018.

112
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude

Comme pour les céréales, la production des fourrages dépend beaucoup plus des
précipitations (la qualité de l‟année : bonne, moyenne, mauvaise). Ainsi, la production et les
rendements varient d‟une année à l‟autre.

II.4.2.3- Cultures maraichères


Les cultures maraichères sont développées au niveau des périmètres irrigués et occupent
une superficie globale de l‟ordre de 10 200 ha (DSA de M’Sila, 2018), soit 25 % de la S.A.U.
irriguée. La production cumulée de toutes les cultures maraichères s‟élève à 2 829 000
quintaux.

Les carottes, la pomme de terre et les oignons sont les légumes les plus cultivés,
occupant plus de la moitié de la superficie consacrée aux cultures maraichères et assurant
environ la moitié de la production maraichère globale.

II.4.2.4- Arboriculture fruitière


L‟arboriculture fruitière occupe une superficie de l‟ordre de 20 543 ha, avec notamment
une production globale de l‟ordre 971 930 quintaux. L‟abricotier et l‟olivier semblent les
cultures dominantes qui, toutes deux occupent 68 % de la superficie réservée à l‟arboriculture
et assurent 76 % de la production arboricole.

II.4.3- Elevage
L‟élevage est l‟autre partie du secteur agricole ayant une grande importance pour la
région de M‟Sila. Le caractère pastoral de la région donne à l‟élevage une place socio-
économique fondamentale. Dans cette partie les aspects liés à l‟élevage sont présentés : les
effectifs, leurs évolutions, et les productions animales.

II.4.3.1- Effectifs du cheptel


L‟espèce ovine semble la plus dominante dans l‟élevage des herbivores domestiques.
Avec 1,65 millions de têtes (DSA de M’Sila, 2018), l‟ovin constitue le capital producteur
dans les exploitations de la région.
Il est depuis toujours l‟animal d‟élevage le mieux adapté aux conditions naturelles et
aux contraintes technique de l‟élevage traditionnel, notamment les longs déplacements de
transhumance. L‟ovin représente 78,51 % des potentialités d‟élevage en termes d‟UGB, suivie
par l‟espèce bovine (16,12 % des potentialités d‟élevage). L‟espèce caprine vient en troisième
position avec 4,68 % des potentialités globales d‟élevage. Enfin l‟espèce cameline apparaît en
dernier lieu avec 0,69 % des potentialités d‟élevage.

113
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude

Le tableau N°11 représente les effectifs des animaux d‟élevages exprimés en têtes
animales et en UGB.
Tableau N°11 : Effectif du cheptel dans la région de M’Sila.

Equivalant
Espèce Catégories Effectif (tête) UGB/espèce (%)
UGB
Brebis 1 070 000
Ovin Béliers 16 000 1 650 000 148 240 78,51 %
Jeunes 564 000
Chèvres 85 400
Caprin Boucs 2 850 140 800 8 834 4,68 %
Chevreaux 52 550
Vaches 25 000
Bovin Jeunes 5 044 32 800 30 435 16,12 %
Autres 2 756
Chamelle 900
Camelin 1 350 1 305 0,69 %
Autres 450
Total 1 824 950 188 814 100 %
Source : DSA, 2018.

Par ailleurs l‟élevage avicole, concentré dans la partie Nord de la région, constitue une
activité non négligeable, avec notamment 855 aviculteurs enregistrés dans toute la région, et
une capacité de production totale de l‟ordre de 3 415 950 sujets (DSA de M’Sila, 2018).
La courbe d‟évolution du cheptel ovin de la Wilaya de M‟Sila montre un
agrandissement des effectifs avec une tendance croissance, à la fois pour les effectifs totaux
que pour les effectifs des brebis. Le coefficient de détermination R² est assez élevé pour les
deux courbes d‟évolution (total ovins et brebis) ; il est de l‟ordre de R²=0,97 et R²=0,85
respectivement pour le total des ovins, et les brebis (Figure N°34).

1 800
Milliers

1 600 R² = 0,79
1 400
1 200
1 000
R² = 0,85
800
600
400
200
-

Brebis Total ovins

Source : DSA, 2018.


Figure N°34 : Evolution du cheptel ovin de la wilaya de M’Sila (1999-2018).

114
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude

Par ailleurs, les courbes d‟évolution des autres espèces (caprins, bovin et camelins),
montrent différentes tendances d‟évolution avec notamment une augmentation du cheptel
pour les trois types d‟animaux (caprins, bovin et camelins) sur l‟ensemble de la période
mentionnée (1999-2018).

Pour le cheptel caprin, la croissance positive des effectifs était interrompue par une
chute en 2005. Ce déclin des effectifs caprins était vite récupéré par la suite pour atteindre 140
800 têtes en 2018 (Figure N°35). Par ailleurs pour le cheptel bovin, l‟évolution des effectifs
était plus irrégulière. Elle a connue des années d‟augmentation et des années de recul (Figure
N°36). Le bovin reste influencé par la politique publique de développement du bovin laitier,
et les circonstances sanitaires (épidémies animales émergeantes).

150 Caprins
Milliers

140
130
120
110
100
90
80
70
60

Source : DSA, 2018.


Figure N°35 : Evolution du cheptel caprin de la wilaya de M’Sila (1999-2018).

34 Bovins
Milliers

32

30

28

26

24

22

20

Source : DSA, 2018.


Figure N°36 : Evolution du cheptel bovin de la wilaya de M’Sila (1999-2018).

115
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude

Concernant le cheptel camelin, deux tendances d‟évolution sont distinguées corresponds


à deux périodes : la 1ère période entre 1999 et 2009 avec une croissance relativement rapide, et
la 2ème après 2009, avec une croissance lente, voir même une stagnation des effectifs
camelines (Figure N°37).

1800
Camelins
1600
1400
1200
1000
800
600
400

Source : DSA, 2018.


Figure N°37 : Evolution du cheptel camelin de la wilaya de M’Sila (1999-2018).

II.4.3.2- Productions animales


La Wilaya de M‟Sila présente un fort potentiel en termes de tonnage en viande ovine et
de production d‟animaux sur pieds. Raison pour laquelle la quantité de viande ovine est la
plus importante de toutes les viandes rouges ; représentant 84 % de ces dernières avec
193 800 quintaux, suivies respectivement par la viande bovine avec 20 640 quintaux, et la
viande caprin avec 16 220 quintaux. Par contre le tonnage en viande cameline reste faible,
raison pour laquelle elle n‟est pas mentionnée.

La filière avicole assure aussi une quantité de production non négligeable en viandes
blanches, avec 130 000 quintaux, ce qui représente 36 % de toutes viandes confondues
produites dans la région, outre de près 139 000 000 d‟œufs.

En matière de production de lait, la région d‟El Hodna est considérée comme un bassin
laitier par excellence, avec 77,75 millions de litres du lait produits, et un taux de collecte de
41 %. L‟existence de l‟une des plus grandes laiteries à l‟échelle nationale (SARL Hodna Lait)
dans la région témoigne une volonté d‟extension de l‟élevage bovin laitier dans le bassin du
Hodna. Le tableau N°12 résume les productions animales dans la région de M‟Sila.

116
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude

Tableau N°12 : Productions animales de la wilaya de M’Sila.

Produits Production (Qx)


Viande ovine 193 800
Viandes rouges (Qx) Viande bovine 20 640 230 660
Viande caprine 16 220
Viandes blanches (Qx) 130 000
Œufs (1 000 U) 138 800
Lait (1 000 litres) 77 750
Miel (Qx) 518
Laine (Qx) 27 300
Source : DSA, 2018.

II.5- Potentialités pastorales


Les parcours de la Wilaya sont constitués d‟une végétation basse et discontinue,
composée de petits plants en touffes plus ou moins dispersées d‟inégale valeur tant par la
composition floristique que par la densité. Une étude réalisée par le haut-commissariat de
développement de la steppe (HCDS) en 2010 sur les potentialités agropastorales des zones
steppiques, a mis en exergue les potentialités pastorales de la Wilaya de M‟Sila. Même si
cette étude n‟est pas récente, elle donne une idée sur les potentialités pastorales de la Wilaya.

II.5.1- Formations végétales des parcours


L‟évaluation des potentialités pastorales des parcours de la Wilaya de M‟Sila consiste
en premier lieu d‟identifier les formations floristiques existantes, et les superficies
d‟occupation. Le tableau N°13 récapitule formations végétales recensées sur le territoire de la
Wilaya. La superficie globale des parcours de la Wilaya de M‟Sila est estimée à plus d‟un
million d‟ha.

Tableau N°13: Superficies des formations végétales steppiques de la Wilaya de M’Sila.

Faciès steppique Superficie (ha) Pourcentage


Steppe à Stipa tenacissima (Alfa) 359 845 31,44 %
Steppe à Artemisia herba alba (Chih) 45 948 4,01 %
Steppe à Arthrophytum scoparium (Remt) 12 466 1,09 %
Steppe mixte et steppe arborée 227 159 19,84 %
Steppe de dégradation 182 200 15,92 %
Psammophiles 188 434 16,46 %
Halophytes 128 649 11,24 %
Total parcours 1 144 701 100 %
Source : HCDS, 2010.

117
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude

II.5.2- Etat des parcours de la wilaya de M’Sila


L‟étude précitée des parcours de la région de M‟Sila mentionne que 839 212 ha de
parcours sont dans un état dégradé à très dégradé, et produisent une biomasse inférieur à 800
kg MS.ha-1. Les parcours dont l‟état est avéré bon occupent une superficie de 201 265 ha, et
ne représentent que 17,62 % de la superficie totale des parcours (Tableau N°14). Tandis que,
les parcours jugés de très bonne qualité semble être absents dans la région.

La classification des parcours suivant la charge potentielle dévoile que (Tableau N°14):

- Sur une superficie de 466 978 ha, qui représentent 40,87 %, il faut entre 4 et 6 hectares pour
nourrir une tête ovine.

- Les parcours dont la capacité de charge dépassant les 6 hectares/tête ovine représentent
41,41 % des parcours. Par contre, les parcours pouvant avoir une charge potentielle entre 1 et
2 ha/tête ne représentent que 1,51 %.

- Globalement, les parcours de M‟Sila peuvent accueillir à peine 230 000 têtes ovins, avec une
charge moyenne de 5 ha/tête. Tandis que le cheptel ovin seul à l‟époque de l‟étude (en 2010),
est estimé à 1 530 000 têtes, d‟où une charge réelle de 0,75 ha/tête ovine. Or, la charge
animale calculée est 6,7 fois la charge potentielle des parcours, ce qui explique le degré de
surcharge sur les parcours, ce qui induit forcement leurs dégradation et la nécessité de trouver
d‟autres ressources. Le tableau N°14 récapitule l‟état des parcours de la Wilaya de M‟Sila.

Tableau N°14 : Classes des parcours de le Wilaya de M’Sila.

Classe de
Superficie Classe de charge Superficie
Etat phytomasse % %
(ha) (ha/ovin) (ha)
(Kg MS/ha)
Très bon 1400> / / 1<x≤2 17 213 1,51 %
Bon 1400-1100 201 265 17,62 % 2<x≤4 185 243 16,21 %
Moyen 1100-800 102 020 8,93 % 4< x ≤ 6 466 978 40,87 %
Dégradé 800-500 102 799 9,00 % 6<x≤8 196 648 17,21 %
Très dégradé <500 736 413 64,46 % x>8 276 415 24,19 %
Total 1 142 497 100 % 1 142 497 100 %
Source : HCDS, 2010.

En résumé, 73,45% des parcours de la Wilaya de M‟Sila sont présumés dégradés, dont
64,46% sont très dégradés. Ce qui sous-entend une situation fort alarmante des écosystèmes
steppiques. Toutefois, la carte N°12 situe la localisation des différentes classes de parcours
dans la Wilaya de M‟Sila.

118
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude

Source : HCDS, 2010.


Carte N°12 : Etat des parcours steppiques dans la Wilaya de M’Sila.

119
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude

II.5.3- Aménagement hydro-pastorale


Concernant la dimension hydro-pastorale, difficile de savoir le maillage des points
pastoraux d‟abreuvement. Dans le rapport du HCDS (2010), sur la steppe algérienne, il
explique que l‟objectif des travaux des aménagements hydro-pastoraux effectués sur la steppe
est de ramener le taux de 1 point d‟eau pour 20 000 ha à 1 point d‟eau pour 4 000 ha,
notamment par la réalisation de 1991 points d‟eau, et l‟aménagement de 2100 points d‟eau.
Les actions d‟aménagement hydro-pastorales réalisées se résument dans :
- La réalisation et l‟équipement des forages et des puits pastoraux ;
- La réparation des points d‟eaux non fonctionnels ;
- La réalisation des djoubs, des mares, et des captages des eaux pour l‟abreuvement des
animaux ;

Malgré ces travaux d‟aménagement, l‟abreuvement sur certaines zones de pâturage reste
difficile, par absence totale ou bien la défaillance des points d‟eau. Cela amène des éleveurs à
se concentrent aux alentours des points d‟eau, ce qui provoque un surpâturage des parcours
avoisinants.

Remarque : dans la région de M‟Sila, une grande partie des éleveurs exploitent les
multiples sources d‟irrigation pour l‟abreuvement de leurs troupeaux. Ces derniers sont
estimés à 4520 forages agricoles et 2 600 puits (DSA de M’Sila, 2018). Sauf pour les
parcours lointains, où pendant les déplacements des troupeaux (les transhumances).

120
Résultats et discussion Structure et composition des troupeaux

Partie 3 : Résultats et discussion.

Nos investigations de terrain ont permis de répertorier, identifier et caractériser les


systèmes d‟élevage ovins rencontrés dans la région d‟étude. Différents traitements et analyses
de données ont permis de caractériser les systèmes d‟élevage étudiés ainsi que la gestion des
exploitations agricoles. L‟analyse est concentrée surtout sur l‟aspect alimentaire des animaux
car leur alimentation constitue la préoccupation majeure des éleveurs.

Dans cette partie d‟étude sont traités six chapitres relatifs aux différentes pratiques de
gestion technique et d‟organisation de l‟élevage ovin dans la région de M‟Sila. Au terme de
cette partie, une synthèse des différentes stratégies, en termes de flexibilité ou de vulnérabilité
de l‟élevage, sont mises en évidence.

Chapitre I : Structure et composition des troupeaux.

Avant d‟initier toutes les analyses approfondies sur les exploitations d‟élevages ovins, il
nous apparait essentiel de caractériser la structure globale des activités agricoles pratiquées au
sein de ces exploitations. Cela permet de constituer un schéma général sur les façons de faire
des éleveurs ovins dans la région et de comprendre les analyses les plus détaillées.

I.1- Classification des éleveurs


Plusieurs types d‟éleveurs sont possibles à effectuer, mais celle qui parait être la plus
pertinente en guise de réponse à l‟objectif assigné par l‟étude, réside dans une classification
tenant compte des effectifs d‟ovins possédés. A cet effet, les éleveurs de notre échantillon ont
été catégorisés en quatre classes (tableau N°15). Le choix des bornes de classement reflètent
le changement opéré dans les objectifs économiques de l‟élevage.

Les éleveurs des classes II et III, possèdent des troupeaux dont la taille est comprise
entre 101 et 500 têtes. Ils constituent conjointement la plus grande partie de notre échantillon,
soit 74 % de l‟ensemble des éleveurs interviewés.

Les éleveurs de la classe IV [501 - 1950] têtes, qualifiés de « grands éleveurs », ne


représentent que 9 % de l‟échantillon, néanmoins ils détiennent 39 % du cheptel de
l‟ensemble des élevages étudiés. Les éleveurs des classes III et IV (48 %), ayant plus de 201
têtes, possèdent 78 % du cheptel. Ce qui sous-entend que la grande partie du cheptel est
détenue par les éleveurs ayant de grands troupeaux (Cf. Tableau 15).

121
Résultats et discussion Structure et composition des troupeaux

Tableau N°15 : Classes des éleveurs enquêtés selon la taille du troupeau possédé.

Nombre Taille
Nombre
Classes (%) total (%) moyenne
d'éleveurs
d'ovins (tête/éleveur)
Classe I : ≤ à100 têtes 17 17 % 1 283 4% 75 ± 12
Classe II : [101-200 têtes] 35 35 % 5 436 18 % 155 ± 23
Classe III : [201-500 têtes] 39 39 % 11 815 39 % 303 ± 65
Classe IV : [501-1950 têtes] 9 9% 11 813 39 % 1 313 ± 401
Total 100 100 % 30 347 100 %

I.2- Structure et composition des troupeaux ovins


En ce qui concerne la composition de la structure du troupeau, il y a lieu de signaler
qu‟un troupeau est généralement composé :

1) d‟un capital animal stable dont la variation annuelle reste très faible ; ce sont les brebis et
les antenaises (femelles reproductrices), et les béliers (mâles reproducteurs), il s‟agit du
capital reproducteur de l‟élevage.

2) d‟un capital animal variable dont les effectifs varient au cours de l‟année. Il s‟agit
respectivement d‟agneaux, d‟agnelles et des animaux d‟embouche (antenais), dont la
proportion est influencée par plusieurs facteurs technico-économiques du troupeau. Il s‟agit
de la progression du troupeau en termes de gestion du troupeau via :

i) L’accroissement : période de forte naissance (début d‟automne et début de printemps),


période d‟engraissement (avant la fête d‟El Aïd El Kabir et le mois sacré du Ramadan),

ii) Le décroissement : périodes des ventes potentielles (Après sevrage des agneaux,
Ramadhan, fête d‟El Aïd El Kabir).

La composition d‟un troupeau ne reflète qu‟une image de la structure dans une période
de l‟année. La figure N°38 résume la structure des troupeaux durant la période estivale, en
plein période de vente des sujets engraissés pour la fête d‟El Aïd El Kabir, où les animaux
d‟embouche ont été pour moitié vendus. Raison pour laquelle cette dernière catégorie ne
constitue que 13,5 % des troupeaux du total enquêté.

122
Résultats et discussion Structure et composition des troupeaux

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

Classe I : ≤ à100 têtes 715 40 222 306

Classe II : [101-200 têtes] 3 187 136 737 1 376

Classe III : [201-500 têtes] 7 405 291 2 861


1 258

Classe IV : [501-1950 têtes] 6 765 315 1 923 2 810

Total 59,5% 2,5% 13,5% 24,5%

Unité: Tête
Reproductrices (brebis + antenaises) Reproducteurs (béliers)
Animaux d'embouche (antenais) Agneaux (< à 6 mois ou avant sevrage)

Figure N°38 : Structure des troupeaux de différentes classes d’éleveurs.

Un test ANOVA de comparaison entre les compositions moyennes des quatre classes
d‟éleveurs permet de montrer qu‟il n‟y a pas de différence significative entre les quatre
classes du point de vue composition catégoriale du troupeau. Autrement dit, quel que soit la
taille du troupeau en possession, la structure se ressemble. En effet, durant les investigations
de terrain, la structure générale du troupeau est révélée comme suit : 59,5 % de sujets sont des
femelles reproductrices (48,8 % brebis + 10,7 % antenaises), les mâles reproducteurs
représentent 2,5 %. Tandis que, presque le quart (24,5 %) constitué par les jeunes animaux
(agneaux et agnelles). Le reste, soit 14 %, ce sont des animaux d‟embouche (antenais).

Le sexe ratio se ressemble également pour les quatre classes, il est en moyenne de
l‟ordre de 23 femelles pour chaque bélier. Techniquement acceptable, ce rapport avoisine
celui recommandé pour un élevage extensif qui est de 1 mâle pour 25 femelles (Kabbali et
Berger, 1990).

I.3- Présence du caprin ; proportion et utilité


Dans les systèmes d‟élevage ancestraux en steppe, la présence de quelques chèvres dans
le troupeau est toujours souhaitable. Ce mode de conduite reste très majoritairement pratiqué
actuellement. 91 % des interviewés détiennent des têtes caprines dans leurs troupeaux. Les 9
% qui restent sont soit des éleveurs qui ont abandonné volontairement l‟élevage des chèvres à
cause des préjudices occasionnés aux cultures sur place, soit il s‟agit d‟éleveurs engraisseurs
spécialisés dans l‟élevage moutonnier.

123
Résultats et discussion Structure et composition des troupeaux

La figure N°39 résume les effectifs des petits ruminants de chaque classe d‟éleveurs,
alors que la proportion du caprin est rapportée au nombre total (ovin + caprin), exprimé en
pourcentage.

303
Classe I : ≤ à100 têtes 1 283
19%

595
Classe II : [101-200 têtes] 5 436
10%

1 016
Classe III : [201-500 têtes] 11 815
8%

425
Classe IV : [501-1950 têtes] 11 813
3%

Unité: Tête
Total Ovin Total Caprin

Figure N°39 : Proportions des caprins suivant les classes d’éleveur.

Ce tableau montre que la proportion du caprin dans le troupeau s‟avère réduite


comparée à la taille des ovins pour la simple raison que la présence de la chèvre dans le
troupeau est à vocation autoconsommation ménagère (lait et viande).

I.4- Age des éleveurs et relation avec la taille du troupeau


Connaitre l‟âge des éleveurs, sous-entend se faire une idée quant à l‟intérêt porté à
l‟activité de l‟élevage dans la région d‟étude. L‟attachement, la succession-relève ou la
désaffection sont autant d‟éléments qui nous permettent d‟en apprécier le système considéré à
travers le volet social.

A cet effet, il a été mise en évidence une classification des enquêtés en trois groupes
d‟âge (Figure N°40). Le choix des intervalles d‟âge est basé sur une simple logique ; la
tranche d‟âge [27 et 40 ans] représente les jeunes éleveurs, puis les éleveurs âgés [41 - 60 ans]
et enfin la catégorie des vieux éleveurs [61 - 86 ans].

Près de la moitié des interviewés (47 %) sont âgés entre 41 et 60 ans. Les deux autres
quarts sont partagés entre les jeunes éleveurs (26 %), et les vieux éleveurs (27 %). Par
ailleurs, un test de corrélation de Pearson révèle l‟inexistence de corrélation significative entre
l‟âge de l‟éleveur et la taille du troupeau. Autrement dit, nous pouvons avoir des jeunes
éleveurs détenant un grand troupeau et vice versa.

124
Résultats et discussion Structure et composition des troupeaux

[27-40] ans [41-60] ans [61-86] ans


26% 47% 27%

Figure N°40 : Répartition des âges des éleveurs enquêtés.

Au regard de ces résultats et des observations de terrain, nous pouvons dire que la
présence de la relève pour l‟activité de l‟élevage est assurée à travers : i) Un fils d‟éleveurs
qui prend une partie du troupeau familial et l‟agrandit avec le temps, ii) Un berger débutant
avec un troupeau de petite taille menée conjointement avec celui du propriétaire pour finir lui-
même propriétaire, iii) Un investisseur qui se lance dans l‟élevage en s‟associant avec un
éleveur.

I.5- Activités agricoles dans l’exploitation


La diversification des activités agricoles est une démarche adoptée par la plupart des
éleveurs dans le but de diversifier les sources de revenu, de diminuer le risque lié à la mono-
activité, et d‟avoir une certaine autonomie en produisant ses propres aliments de bétail. La
diversification des activités économiques ; agricoles et hors-agricoles s‟inscrit dans une
stratégie anti-risque contre les différents aléas climatiques et économiques.

I.5.1- l’agriculture
La plupart des enquêtés (90 %) s‟adonnent au moins à une forme d‟agriculture, il s‟agit
plutôt d‟agro-éleveur. Le passage vers le mode agro-pastoral est un phénomène relevé par
plusieurs chercheurs dans le milieu steppique (Bencherif, 2011; Senoussi et al.,
2014; Bourbouze, 2018). Le tableau N°16 indique la répartition des terres agricole irriguées
ou sans irrigation (culture pluviale) tenant compte des classes d‟éleveurs définis
précédemment.

Tableau N°16 : Répartition de la superficie agricole exploitée selon les classes d’éleveurs

Superficie
Superficie % superficie % superficie
Classes totale exploitée
moyenne (ha) en irriguée en sec
(ha)

Classe I : ≤ à100 têtes 244,5 14,4 ± 6,3 71,4 % 28,6 %


Classe II : [101-200 têtes] 633,5 18,1 ± 15,4 45,1 % 54,9 %
Classe III : [201-500 têtes] 1 531 39,3 ± 37,1 54,1 % 45,9 %
Classe IV : [501-1950 têtes] 1 113 123,7 ± 63,9 26,8 % 73,2 %
Total 3 522 45,1 % 54,9 %

125
Résultats et discussion Structure et composition des troupeaux

Il apparait que la superficie agricole moyenne exploitée augmente avec les classes,
c‟est-à-dire avec la taille du troupeau en possession. Cette tendance est affirmée par un test de
corrélation de Pearson entre la taille du troupeau et la superficie agricole exploitée.

Le test montre une corrélation positivement significative, même si elle n‟est pas forte
(R² = 0,3708) entre les deux variables. Autrement dit, les éleveurs possédant de grands
troupeaux ont tendance à exploiter plus de terre agricole. Chose qui peut s‟expliquer par la
taille du troupeau. Les besoins des animaux vont de pair simultanément avec celle-ci des
moyens de sécurisation. C‟est ainsi que les éleveurs sont contraints d‟exploiter plus de terres
agricoles et de diversifier leurs revenus et par conséquent, l‟augmentation des facteurs de
production (plus de bête, plus de terre, plus de stock, plus de réserves financières…etc.). C‟est
une logique de gestion qui consiste à augmenter la résilience de l‟exploitation agricole par
l‟accumulation de facteurs de production appelée par Kanoun et al. (2017), «Capitaux de
production ».

Par ailleurs, concernant le mode de conduite de l‟agriculture ; il faut signaler que


l‟irrigation des cultures nécessite la mobilisation de plusieurs facteurs à l‟image de la
disponibilité des ressources hydrauliques souterraines, des moyens financiers pour l‟exhaure
de l‟eau et l‟acquisition du foncier agricole. En conséquence, l‟agriculture irriguée est
conditionnée par plusieurs facteurs internes (capacités financières) et externes (facteurs
hydrauliques) de l‟exploitation agricole. Par contre, la culture en sec (pluviale « céréales »)
est conditionnée par les facteurs météorologiques et la disponibilité des terres à cultiver. En
somme, si ce second mode s‟avère facile à mener, il demeure peu rentable. En effet, les
rendements sont faibles et aléatoires, selon l‟année qu‟elle soit pluvieuse ou sèche.

Dans notre échantillon, il existe une variabilité marquée entre les modes irrigués ou
pluviales d‟une exploitation à une autre. La répartition résulte d‟une multitude de facteurs
socio-économiques propres à chaque exploitation. Globalement, 45,1 % des terres sont
exploitées en irrigué, et 54,9 % sans irrigation.

I.5.2- L’élevage bovin


La région de M‟Sila présente un important potentiel d‟élevage bovin laitier, et de
production de lait (77,75 Millions litres de lait produits en 2018, avec 41 % de collecte) (DSA
de M'Sila, 2018). L‟existence d‟une grande laiterie nationale (SARL Hodna Lait) dans la
région témoigne d‟une volonté d‟extension de l‟élevage bovin laitier dans le bassin du Hodna.

126
Résultats et discussion Structure et composition des troupeaux

Du total des éleveurs approchés on compte 22 % de ces derniers qui détiennent entre
une vache et 50 têtes, destinées essentiellement à la production laitière. (Tableau N°17).

Tableau N°17 : Répartition des effectifs bovins dans les exploitations enquêtées.

Effectif bovin possédé Total têtes Taille moyenne


Nbre d'éleveurs
bovines (Bovin/éleveur)
0 (absence de bovin) 78 0 0
[1 - 4 têtes] 9 17 2±1
[5 - 10 têtes] 6 53 9±2
[11 - 20 têtes] 4 75 19 ± 2
[21 - 50 têtes] 3 106 35 ± 13
Total 100 251

Des suites des investigations, et à dire d‟éleveurs possédant moins de 4 têtes, le but
d‟avoir quelques vaches réside dans la couverture des besoins du ménage en lait, en guise de
substitution du lait de chèvre. Par contre, pour les éleveurs possédant entre 5 et 20 têtes
bovines (10 éleveurs), le but de ce type d‟élevage concerne la production et la
commercialisation du lait. Alors que les 3 éleveurs ayant plus de 21 têtes, ils font de l‟élevage
bovin à vocation bouchère.

Encouragée par la politique publique nationale de développement de la production


laitière, la région de M‟Sila a fini par devenir un bassin laitier. Les mesures incitatives,
initiées par les pouvoirs publics, relatives à l'élevage bovin laitier a drainé l'engouement des
éleveurs envers cette nouvelle spéculation. C‟est ainsi que des éleveurs ovins se sont lancés
dans l‟élevage bovin laitier en saisissant l‟opportunité d‟appui et de soutien leur permettant de
diversifier les revenus de leurs exploitations.

I.5.3- Autres spéculations d’élevage


Dans une logique de diversification des activités économiques et en profitant des
conditions naturelles de la zone d‟implantation, certains éleveurs cumulent entre activités
d‟élevage. C‟est ainsi que cinq éleveurs déclarent posséder des dromadaires. Un éleveur
possède une tête ; trois éleveurs possèdent entre 18 et 20 têtes et un dernier éleveur a 60 têtes.
La présence du dromadaire est bénéfique sur deux plans : i) La vente des chamelons constitue
un revenu considérable pour l‟exploitation, ii) Les camelins bénéficient d‟une subvention
alimentaire sous forme d‟orge en grain assez importante. Cette quantité pourrait être utilisée
en partie pour l‟alimentation des ovins.

127
Résultats et discussion Structure et composition des troupeaux

Dans la région de M‟Sila le camelin est cantonné essentiellement dans les zones
environnantes du Chott El-Hodna, profitant des parcours halophiles mieux valorisés par cet
animal. La carte N°13 montre des lieux l‟existence des dromadaires dans la région de M‟Sila
suivant les statistiques des services agricoles.

D‟autres activités sont aussi recensées, à l‟image de l‟élevage de poulets de chair (un
aviculteur élevant 16 000 sujets), et l‟apiculture (un apiculteur possède 20 ruches). Il s‟agit
d‟exploitations familiales dont les membres se départagent les activités. Le tableau N°18,
résume les pourcentages des éleveurs exerçant une autre activité agricole.

Tableau N°18 : Récapitulatif des activités agricoles pratiquées.


Activité Proportion (%)

Elevage ovin 100 %


Elevage caprin 91 %
Agriculture 90 %
Elevage bovin 22 %
Elevage camelin 5%
Aviculture 1%
Apiculture 1%

128
Résultats et discussion Structure et composition des troupeaux

Source : Carte élaborée


Carte N°13 : localisation des élevages des dromadaires dans la région de M’Sila.

129
Résultats et discussion Structure et composition des troupeaux

I.6- Conclusion
Que peut-on déduire de l‟étude relative aux systèmes d‟élevage ovins en termes de
structure et composition des troupeaux ? Les systèmes d‟élevages ovins existants actuellement
ont certaines caractéristiques des systèmes ancestraux (systèmes pastoraux extensifs) à
l‟image de la présence de quelques chèvres dans le troupeau. Cependant, il est à noter des
caractéristiques novatrices notamment par pluriactivité agricole (différentes types de cultures,
élevage bovin, élevage camelin, aviculture, apiculture). Et surtout, il faut souligner la
contribution des cultures pour alimenter les animaux.

Les traits fondamentaux se résument dans les points suivants :

 74 % de la population enquêtée possèdent entre 101 et 500 têtes ovines. Néanmoins, 39 % du


cheptel, dont la taille est supérieure à 501 têtes, se trouvent entre les mains d‟éleveurs
présumés « grands propriétaires ». Ces derniers ne représentent que 9 % du total enquêté ;

 Le potentiel ovin se répartit respectivement via les femelles reproductrices à hauteur d‟une
moyenne de 59,5 % du cheptel, et les mâles reproducteurs à hauteur d‟une moyenne de 2,5% ;

 Dans 91 % des cas, l‟ovin est souvent associé aux caprins en termes de conduite de l‟élevage.
La présence de la chèvre dans 84 % des cas est destinée pour la satisfaction des besoins du
ménage en protéines animales (lait et viande) ;

 Près de la moitié des interviewés, soit 47 %, sont âgés entre 40 et 60 ans, ce qui dénote que la
relève pour l‟activité d‟élevage est assurée respectivement via : la succession familiale, le
débutant berger qui finit par devenir autonome, ou l‟investisseur entrant en partenariat avec
un éleveur.

La pluriactivité agricole est engagée par les éleveurs, notamment à travers l‟association
élevageŔagriculture dans 90 % des cas, alors que 10 % agissent via la pratique d‟autres
spéculations d‟élevage à l‟image du bovin avec 22 %, du camelin avec 5 % puis enfin
l‟aviculture et apiculture avec 1 % chacune.

130
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins

Chapitre II : La conduite des troupeaux ovins.

Dans ce chapitre, nous évoquons les résultats obtenus lors de nos investigations sur le
terrain portant sur les conduites et pratiques zootechniques des troupeaux ovin, en termes
d‟alimentation, de reproduction, d‟hygiène et de prophylaxie.

Les grandes fonctions biologiques de l‟animal dépendent principalement de


l‟alimentation. Elle constitue par ailleurs la charge la plus importante dans les élevages ovins
en milieu steppique. La préoccupation majeure des éleveurs porte sur la couverture des
besoins alimentaires de leurs troupeaux toute l‟année. Ils cherchent différentes stratégies de
conduite du troupeau afin d‟essayer d‟atteindre une résilience ou une élasticité alimentaire
face à la raréfaction des ressources fourragères naturelles des parcours. Raison pour laquelle
la conduite de l‟alimentation revêt à présent un caractère capital pour assurer la durabilité des
systèmes d‟élevage.

II.1- La conduite alimentaire


Plusieurs aspects sont abordés en termes de conduite alimentaire des troupeaux ovins.
L‟identification de l‟origine des différentes ressources alimentaires utilisées constitue le
premier aspect de notre analyse de la conduite alimentaire. Ensuite, nous avons procédé à une
qualification des différentes ressources alimentaires afin d‟apprécier les choix et pratiques des
éleveurs pour la constitution de la ration des troupeaux. Pour cela, nous avons élaboré une
classification des éleveurs qui ont été enquêtés. Nous avons aussi pris en compte la conduite
de l‟abreuvement qui se révèle comme un élément majeur dans un milieu où l‟eau est une
ressource limitée.

II. 1.1- Identification et origine des ressources alimentaires exploitées


Plusieurs ressources alimentaires sont utilisées par les éleveurs de la région de M‟Sila.
Nous les décrivons et nous indiquons leurs origines.

II.1.1.1- Origine des aliments concentrés


Face à la diminution de la végétation pastorale des parcours steppiques, le recours
systématique à la complémentation par des aliments concentrés est devenu une pratique
courante pour tous les éleveurs de la steppe (Bourbouze, 2000). L‟aliment concentré est
devenu la base de l‟alimentation des ovins. La raréfaction de la végétation pastorale des
parcours oblige les éleveurs à complémenter leurs troupeaux avec des aliments concentrés
pour couvrir leur besoin. Il s‟agit d‟une pratique facile à adopter, mais qui vulnérabilise les
systèmes d‟élevages.

131
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins

Quelle est la provenance des aliments concentrés utilisés ?

Nous distinguons quatre principaux concentrés utilisés. Il s‟agit en l‟occurrence de


l‟orge en grain, du son de blé, du blé tendre et du maïs. Certains de ces aliments sont produits
dans l‟exploitation, d‟autres sont partiellement achetés voire même en totalité dans certains
cas. La figure N°41 résume l‟origine des aliments concentrés.

Orge en grain 22% 48% 25% 5%

Son de blé 100%

Blé tendre 10% 90%

Maïs 7% 93%

% des enquêtés
Acheté Acheté + produit Produit Non utilisé

Figure N°41 : Origine des différents aliments concentrés.

Il apparait que le son de blé est la ressource alimentaire la plus utilisée par tous les
éleveurs, suivi par l‟orge en grain utilisé par 95 % des éleveurs enquêtés. Ensemble, l‟orge et
le son, constituent le mélange le plus utilisé dans la ration des ovins. Le son de blé est
totalement acheté depuis les meuneries. Par ailleurs, l‟orge en grain, pour presque la moitié
des enquêtés (48 %), est produit en partie par les éleveurs et le reste est acheté. La culture de
l‟orge est la culture dominante. Elle est cultivée en irrigué ou en sec. C‟est notamment grâce
au développement de l‟irrigation que la production de l‟orge est devenue plus centrale dans la
vie économique de l‟exploitation agricole. C‟est ainsi que le quart des éleveurs (25 %)
enquêtés, déclarent qu‟ils arrivent à produire la totalité de l‟orge en grain nécessaire pour
leurs troupeaux, alors que seulement 5 % des enquêtés ne recourent pas à l‟orge en grain dans
l‟alimentation des ovins.

Certains éleveurs substituent l‟orge en grain par de la farine de blé tendre périmée
achetée à un prix moins cher que celui de l‟orge en grain ; 2700 DA/Qx (équivalant à 17 €)
contre 3700 DA/Qx (équivalant à 24 €) pour l‟orge en grain. Il s‟agit d‟une pratique illégale,
le recours au blé tendre est subventionné et il est destiné aux boulangeries. Pourtant certains
éleveurs (10 %) saisissent l‟opportunité d‟acquérir un tonnage appréciable de farine de blé

132
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins

tendre à un prix bas et ce, en l‟absence de contrôle systématique des services des fraudes et de
la qualité.

La non disponibilité et le prix élevé rendent l‟usage du maïs très faible (seulement 7 %
des enquêtés) notamment en mélange avec d‟autres composants d‟aliments concentrés (l‟orge
en grain et le son de blé) destinés principalement pour les régimes d‟engraissement.

Il se révèle que les apports en concentrés concernent que des céréales. Cela a pour
conséquence des rations pauvres en protéines et déséquilibrées en matière azotée.

II.1.1.2- Origine des pâtures exploitées


Les pâtures recensées, exploitées par les éleveurs de la région de M‟Sila, concernent
principalement les parcours, les fourrages cultivés, les chaumes, les céréales sinistrées et les
jachères. Chaque type de pâture à sa particularité en termes de pratiques d‟usage, de
fréquence et de périodes d‟exploitation.

II.1.1.2.1- Origine des parcours exploités


Malgré la diminution des superficies des parcours naturels et de la baisse de leur
productivité pastorale, ils restent toujours exploités par la plupart des éleveurs sans pour
autant tenir compte de l‟état de la végétation pastorale. La privatisation des terres des parcours
steppiques conduit à une gestion individualiste et inégalitaire (Bourbouze, 2018). Dans la
situation actuelle de gestion des terres de parcours, nous distinguons deux origines concernant
les parcours exploités :

i) Des parcours privatifs issus de la répartition des espaces pastoraux (terre arch) entre
membres de la tribu, là où l‟éleveur a le droit d‟usage.

ii) Des parcours loués à un tiers ayant un droit d‟usage mais ne possède pas de troupeau ; il
loue son droit de parcours. La figure N°42 récapitule la répartition des éleveurs enquêtés
suivant l‟origine des parcours exploités.

La plupart des éleveurs, soit 86 % des cas, déclarent exploiter les parcours pour
alimenter leurs troupeaux et 66 % d‟entre eux font pâturer que leurs propres parcours. 14 %
d‟éleveurs de l‟échantillon enquêté exploitent les parcours qui leurs appartiennent et louent
aussi une partie chez un tiers. Ce sont des éleveurs poussés à la location des parcours au
regard de leur incapacité à couvrir les besoins grandissants de leurs propres cheptels. C‟est le
souvent lors de la transhumance de ces derniers, sur les parcours steppiques, que l‟éleveur à
recours à cette pratique.

133
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins

Non exploité
14%

Loués
Propres
6%
66%

Propres +
loués
14%

Figure N°42 : Origine des parcours exploités.

Une catégorie d‟éleveurs, minoritaire, (6 %), loue la totalité de parcours naturels à


exploiter. Ces éleveurs se retrouvent dans des zones relativement favorables à l‟installation de
cultures. Ils profitent donc des mécanismes étatiques de mise en valeur des terres agricoles. Ils
se retrouvent sans parcours naturels (les terres de parcours sont toutes mises en cultures), ils
louent donc des terres de parcours naturels à des voisins.

Une dernière catégorie représentée par 14 % de l‟ensemble des éleveurs interviewés


n‟exploitent plus les parcours pour alimenter les troupeaux ovins. Il s‟agit principalement
d‟éleveurs cantonnés dans une zone agricole entourée par d‟autres exploitations (des tiers) qui
se retrouvent dans l‟incapacité de regagner les parcours steppiques.

II.1.1.2.2- Origine des fourrages exploités


Deux types de fourrages sont exploités dans la région de M‟Sila ; les fourrages verts
pâturés directement, et les fourrages secs utilisés comme complément alimentaire sous forme
de foin et de paille.

a. Les fourrages verts


Trois types de cultures sont utilisées comme fourrages verts : l‟orge, l‟avoine et la
luzerne. Ils constituent une bonne source d‟affourragement pour les ovins pendant la période
de soudure hivernale. Ces fourrages à pâturer ont deux origines probables ; soit c‟est l‟éleveur
lui-même qui les cultivent, soit ils sont loués auprès d‟un agriculteur. La figure N°43
récapitule la répartition des éleveurs suivant le type et l‟origine des fourrages exploités.

134
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Orge en vert 68% 5% 7% 20%

Avoine en vert 29% 71%

Luzerne en vert 14% 86%

Total F.V. 72% 5% 7% 16%

% des enquêtés
Produit Produit + loué Loué Non exploité

Figure N°43 : Origine des fourrages verts pour les ovins.

Il apparait que l‟orge en vert est le fourrage le plus utilisé par 80 % des enquêtés, dont la
majeure partie est totalement cultivée par les éleveurs eux-mêmes (68 % des cas). La location
de terres déjà cultivées comme fourrage vert n‟est pas une pratique très répandue, seulement
12 % des enquêtés déclarent louer de l‟orge vert, dont 7 % louent la totalité de la superficie
fourragère. Quant aux surfaces réservées à l‟avoine en vert et à la luzerne, elles ne sont jamais
mises en location mais plutôt destinées pour nourrir leurs propres ovins.

A dire d‟éleveurs, le prix moyen de location d‟un lopin d‟orge en vert est estimé à
11 700 DA/ha (équivalant à 77 €/ha), avec d‟importantes variations entre zones et selon
l‟année (suivant la disponibilité des autres ressources alimentaires, notamment sur les
parcours). Ce prix apparait très cher, ce qui explique la faible tendance vers la location. Ainsi,
les éleveurs préfèrent produire par leurs propres soins les fourrages verts. Concernant la
productivité unitaire en UF Kerbaa (1980), avance 1 836 UF/ha, l‟orge en vert devient 1,7
fois plus cher que son équivalant en orge en grain. Malgré le prix élevé de cette ressource
fourragère, elle reste appréciée en période de soudure hivernale, où les fourrages naturels sont
à leur plus bas niveau, ce qui explique le prix élevé (offre et demande). Certains agriculteurs
font de la location de l‟orge en vert une source de revenus considérable. Des éleveurs
préfèrent réduire leur cheptel ovin, afin de pouvoir louer le surplus de fourrage vert. Ils
considèrent cette pratique plus rentable que de faire pâturer leur propre troupeau avec leur
effectif initial.

135
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins

L‟exploitation des fourrages verts s‟effectue par un déprimage pour l‟orge et l‟avoine et
par un pâturage direct pour la luzerne. Le déprimage s‟effectue généralement par un seul
passage (60 % des cas pour l‟orge, et 18 % pour l‟avoine). Certains éleveurs pratiquent deux
déprimages sur la même parcelle (19 % des cas pour l‟orge, et 11 % pour l‟avoine) ; même si
cela peut générer une baisse dans les rendements en paille après récolte. Un seul éleveur
déclare avoir effectué quatre passages sur l‟orge, dans ce cas il n‟y a pas de moisson.

Par ailleurs, l‟usage de la technique de pâturage rationné sur les cultures en vert, permet
d‟alterner entre phases d‟exploitation et de repos. La pratique de cette technique appelle à la
mise en place de clôtures « temporaires » à base de fil de fer. Cela permet de mieux rationner
le troupeau, de diminuer le gaspillage de fourrage, et n‟exige pas le gardiennage des animaux
pendant le pâturage.

b. Les fourrages secs


Les fourrages secs sont utilisés généralement pour combler le déficit fourrager en hiver.
Ils se constituent principalement par les foins de céréales (avoine, orge et/ou association
avoine-orge), de foin de luzerne, et des pailles de céréales (orge, blé dur, blé tendre). La
paille, est certes un sous-produit des cultures céréalières, mais elle est très souvent utilisée
comme un aliment de leste. Généralement, le foin est réservé pour les animaux en croissance
et en engraissement (agneaux et antenais) vu la cherté de son prix. Comme pour les fourrages
verts, les fourrages secs sont soit produits dans l‟exploitation, soit achetés. La figure N°44
récapitule l‟origine des fourrages secs utilisés par les éleveurs enquêtés.

Produit
24%

Non utilisé
21%

Produit
Acheté +Acheté
20% 35%

Figure N°44 : Origine des fourrages secs pour les ovins.

136
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins

Les fourrages secs comptent parmi les aliments faciles à stocker pendant une longue
période sans beaucoup de perte. Raison pour laquelle la majorité des éleveurs (79 % des cas)
les utilisent, et dont un quart des éleveurs (24 %), produisent eux-mêmes la totalité des
fourrages secs requis pour leurs troupeaux. Alors que les autres 35 % produisent une partie et
achètent le reste des fourrages secs. Cependant, il est à noter que seulement 21 % des éleveurs
enquêtés n‟utilisent jamais de fourrages secs dans l‟alimentation des ovins.

II.1.1.2.3- Origine des chaumes et des céréales sinistrées exploitées


Malgré qu‟elles soient considérées comme des sous-produits de la céréaliculture, les
chaumes et les céréales sinistrées constituent une bonne source d‟affourragement pour les
ovins pendant la période estivale. Il s‟agit de chaumes dont une partie de la tige des céréales
reste sur pied après la moisson, et des céréales, dont le rendement est jugé trop faible, pour
être moissonnées. Ces dernières sont généralement des cultures conduites en non irrigué et
non récoltées lorsque l‟année s‟avère sèche. Ce type de pâtures est très recherché par les
éleveurs car ils couvrent une bonne partie des besoins des troupeaux en été, ce qui allège les
charges alimentaires dues à la complémentation par les aliments concentrés. La figure N°45
résume la répartition des éleveurs enquêtés selon l‟origine des chaumes et des céréales
sinistrées exploitées.

Produites
Non 18%
exploitées
9%

Louées
13%

Produites
+ louées
60%

Figure N°45 : Origine des chaumes et des céréales sinistrées exploitées.

91 % des éleveurs exploitent ce type de pâtures, dont une grande partie ont recourt à
leurs propres pâtures et louent le reste. La location des chaumes et des céréales sinistrées
s‟effectue soit chez des voisins qui en disposent, ou bien sur les zones telliennes pour les
éleveurs qui pratiquent la transhumance estivale. Les prix de location sont négociés selon la

137
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins

richesse de la pâture, notamment pour les céréales sinistrées. En moyenne dans la région de
M‟Sila, les chaumes sont loués à 3 500 DA/ha (équivalant 23 €), et les céréales sinistrées à
15 000 DA/ha (équivalant 98 €). Il est clair que le prix des céréales sinistrées est plus élevé
que celui des chaumes au regard de son apport alimentaire susceptible d‟être plus intéressent.

II.1.1.2.4- Origine des jachères exploitées


La pratique de laisser des terres en jachère n‟est pas très répandue dans la région de
M‟Sila, du fait que les superficies agricoles sont très limitées, ce qui sous-entend que l‟usage
de ce type de pâture soit aussi limité. C‟est surtout dans la partie Nord de la région de M‟Sila,
limitrophe de la zone tellienne, où les jachères sont les plus exploitées et leurs superficies sont
considérables. Le tableau N°46 résume l‟origine de jachères exploitées. Sur les 41 % des
éleveurs qui recourent aux jachères, 36 % de ces dernières sont louées en totalité.

Propres
2%
Propres +
louées
3%

Non
exploitées
59%

Louées
36%

Figure N°46 : Origine des jachères exploitées.

II.1.2- La ration alimentaire des troupeaux ; estimation et qualification


Pour composer une image sur les pratiques d‟usage de chaque ressource alimentaire, il
est essentiel de caractériser chaque type de ressource alimentaire, pour considérer son
importance dans la ration alimentaire. Dans le but d‟estimer la ration alimentaire, deux
éléments clés ont été présentés dans cette partie : i) La méthode de calcul pour l‟estimation à
la fois des contributions des différents aliments, et des besoins des animaux pour chaque
éleveur. ii) Une analyse des pratiques d‟usage sur la contribution de chaque ressource
alimentaire.

138
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins

II.1.2.1- Estimation de la ration alimentaire


Au cours des entretiens de terrain, nous avons pu collecter des informations portant sur :
i) Les types et les superficies des différentes pâtures ; ii) Les quantités de compléments
distribués aux animaux ; iii) Les périodes d‟usage dans l‟année ; iv) Les effectifs et catégories
animales. Les étapes de calcul sont résumées dans les points suivants :

II.1.2.1.1- Evaluation des apports alimentaires


Pour estimer les apports des différentes ressources alimentaires exploitées, nous avons
eu recours aux valeurs fourragères de référence disponibles dans la bibliographie (Tableau
N°19). Les contributions en UF sont obtenues grâce à la multiplication de la quantité déclarée
exploitée pour chaque aliment par la valeur fourragère unitaire de référence correspondante.

Comme l‟appréciation de la part de la végétation pâturée des parcours étant complexe,


nous l‟avons donc estimé par soustraction (différence entre le total des besoins des animaux et
la contribution de l‟ensemble des autres ressources alimentaires). Ensuite, nous avons pris en
compte la distribution de la pluviométrie enregistrée dans la répartition de la contribution
alimentaire des parcours sur l‟année, par la multiplication de cette dernière par des
coefficients calculés majorant les mois pluvieux et minorant les mois secs. De plus, les
discussions auprès des éleveurs nous ont permis de considérer notre postulat comme pertinent
car les besoins des animaux sont généralement satisfaits au vu de leur état.

Tableau N°19 : Valeurs fourragères de références des ressources alimentaires.

Valeur fourragère Valeur fourragère


Type d’aliment Type d’aliment
(UF/Unité) (UF/Unité)
Orge en grain1 0,94 UF/kg Matière brute Chaumes3 300 UF/ha

Son de blé1 0,74 UF/kg Matière brute Céréales sinistrés3 500 UF/ha

Blé tendre1 1,05 UF/kg Matière brute Jachères pâturées 3 325 UF/ha

Maïs1 1,09 UF/kg Matière brute Paille et foin3 0,33 UF/kg, 25kg/ botte

Orge vert2 1836 UF/ha

Avoine vert2 3832 UF/ha


1743 UF/ha 1er cycle

2
1581 UF/ha 2ème cycle
Luzerne vert
1625 UF/ha 3ème cycle
1099 UF/ha 4ème cycle

1 : (INRA, 2018) (nos calculs) ; 2 : (Kerbaa, 1980) ; 3 : (CIZ / SYFEL, 2004).

139
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins

II.1.2.1.2- Estimation des besoins des animaux


L‟estimation des besoins des animaux a été effectuée grâce aux coefficients de
conversion proposés par Moskal (1983) (tableau N°20). Il s‟agit de coefficients adaptés aux
caractéristiques zootechniques du cheptel algérien permettant de convertit les effectifs des
troupeaux en UGB (Unité Gros Bétail). Les valeurs obtenues sont exprimées par la suite en
UF (1 UGB = 3 000 UF). Par ailleurs, une majoration a été considérée, elle est liée aux
dépenses ponctionnées lors des déplacements des animaux pour le pâturage. Cette majoration
est de l‟ordre de +50 % pour les troupeaux utilisant des parcours (longues distances
parcourues), et de +20 % pour les troupeaux conduits sans pâturage sur parcours (courtes
distances parcourues) (Cirad, 2002).

Tableau N°20 : Coefficients de conversions des effectifs en UGB (Moskal, 1983).

Espèces Catégories Coefficients UGB

Mâle 0,11
Ovine Femelle 0,1
Jeune moins de 2 ans 0,07

Mâle 0,08
Caprine Femelle 0,07
Jeune moins de 2 ans 0,05

Les précédentes opérations d‟estimation ont permis de constituer un tableau de la


composition alimentaire annuelle pour chaque éleveur interviewé. Dans un premier temps, les
contributions alimentaires sont exprimées en UF puis dans un second temps elles sont
transcrites en pourcentages rapportés aux besoins des troupeaux, afin de faciliter la lecture et
d‟éliminer l‟écart entre individus en relation avec la taille du troupeau.

II.1.2.2- Usage et contribution des ressources alimentaires


L‟usage de chaque ressource alimentaire est conditionné par plusieurs facteurs internes
et externes à chaque exploitation. Ainsi, chaque ration alimentaire est la résultante du choix
en termes de gestion adoptée par chaque éleveur tenant compte de considérations socio-
économiques propres à son exploitation agricole. Cependant, nous pouvons avoir des
tendances alimentaires avec l‟usage d‟un type d‟aliment donné beaucoup plus qu‟un autre.

140
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins

II.1.2.2.1- Usage des aliments concentrés


Les aliments concentrés de base (l‟orge en grain, le son de blé, le blé tendre et le maïs)
sont mélangés de plusieurs façons pour alimenter les troupeaux. Certains mélanges sont plus
fréquents que d‟autres selon la disponibilité de la matière première. Le tableau N°21 résume
les mélanges alimentaires fréquemment utilisés par les éleveurs interviewés.

Tableau N°21 : Types d’aliments concentrés utilisés.

% %
Mélange Composition
enquêtés cumulé
1/3 orge + 2/3 son 42 %
½ orge + ½ son 28 %
Orge + son 72 %
¼ orge + ¾ son 1%
1/5 orge + 4/5 son 1%
Son de blé son de blé 21 % 21 %
Orge +son +maïs 1/3 orge +1/3 son +1/3 maïs 3% 3%
1/2 farine blé tendre + ½ son 2%
Blé tendre + son 3%
1/3 blé tendre cassé + 2/3 son 1%
Son + paille broyée son + paille broyée 1% 1%

Il est remarqué l‟existence de cinq mélanges alimentaires avec neuf variantes, dont trois
sont les plus répandues. Ces dernières représentent 91 % de l‟ensemble de l‟échantillon. Il
s‟agit des mélanges : 1/3 d‟orge + 2/3 de son dans 42 % des cas, ½ d‟orge + ½ de son chez
28 % d‟éleveurs, et juste que du son de blé rencontré auprès de 21 % des exploitations. Les
7 % qui restent recourent aux mélanges de remplacement (blé tendre + son du blé), mélange
d‟engraissement (orge + son + maïs), et un dernier mélange « inventé » à base de son de blé et
de paille broyée.

Quant aux quantités utilisées, elles dépendent de plusieurs facteurs, dont le plus
important réside dans la disponibilité du produit. Cependant, le but principal demeure la
satisfaction des besoins des animaux. Le tableau N°22 récapitule les quantités alimentaires
utilisées suivant les saisons.

141
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins

Tableau N°22 : Usage des aliments concentrés.

% des enquêtés selon la quantité utilisée


Quantité d'aliment (kg /tête/jour)
Automne Hiver Printemps Eté
0 kg /tête/jour 4% 1% 15 % 48 %
[0,25 - 0,5 kg /tête/jour] 14 % 14 % 24 % 33 %
[0,7 à 1 kg /tête/jour] 81 % 82 % 58 % 18 %
1,5 kg /tête/jour 1% 3% 2% 1%
2,7 kg/tête/jour 0% 0% 1% 0%
Total 100 % 100 % 100 % 100 %

Tous les éleveurs ont recours à la complémentation par des aliments concentrés au
moins pendant une saison de l‟année. La plupart des éleveurs (82 % des cas) distribuent entre
0,7 et 1 kg/tête/jour pendant l‟automne et l‟hiver : saison critique d‟alimentation des
troupeaux. Au printemps, les éleveurs ont tendance à distribuer moins de concentré, les
parcours enregistrent une relative reprise de la végétation spontanée. Cependant en été, près
de la moitié des éleveurs (48 % des cas), ne complémentent plus avec les aliments
concentrés ; les pâtures ont lieu soit sur chaumes ou sur céréales sinistrées, dont l‟apport
alimentaire s‟avère satisfaisant. Quelques éleveurs engraisseurs utilisent plus d‟aliment
concentré dans une stratégie de régime strictement d‟engraissement avec 1,5 kg /tête/jour, et
même 2,7 kg /tête/jour déclarés distribués pour un éleveur au printemps : saison
d‟engraissement des ovins pour la fête d‟El Aid El Kabir. Il s‟agit de régimes exagérés et non
équilibrés et il en résulte des animaux surengraissés destinés exclusivement au marché. La
vente s‟effectue sur pieds et les consommateurs ne peuvent se rendre compte de la qualité de
la carcasse (trop grasse) qu‟après l‟abattage.

Concernant la contribution des aliments concentrés dans la composition alimentaire


globale pour l‟ensemble des éleveurs, nos calculs montrent qu‟ils couvrent en moyenne 38 %
des besoins des troupeaux. Il faut signaler que cette part diffère d‟un troupeau à un autre ; elle
se situe entre 4 % et 91 % des besoins des troupeaux.

II.1.2.2.2- Usage des parcours


En milieu steppique, les parcours qui autrefois étaient considérés comme la base de
l‟alimentation des ovins, sont devenu un complément de la ration, alors que la grande
proportion est assurée par des produits de l‟agriculture. L‟estimation de la ration globale
montre qu‟en globale, la part des parcours naturels dans la composition alimentaire pour

142
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins

l‟ensemble des troupeaux des éleveurs enquêtés est de 27,5 % pour l‟année agricole
2017/2018 ; qui est une année jugée moyenne par 80 % des enquêtés qui se réfèrent aux pluies
printanières favorisant la repousse de la végétation spontanée et par conséquent une
prépondérance des parcours.

Ce taux est comparable à celui trouvé dans la région de Djelfa (avoisinante notre région
d‟étude), et précisément dans la zone d‟El-Guedid (270 mm de précipitations annuelles). Le
bilan fourrager de l‟étude réalisée par Kanoun et al. (2007), montre que la part des parcours
steppiques dans la satisfaction des besoins du cheptel local est de 24 %. Ce qui dénote une
certaine similarité entre les régions de M‟Sila et Djelfa, en termes de conduite de
l‟alimentation malgré les différences à caractère socio-économique. Cette similitude peut se
traduire par une charge animale identique sur les parcours des deux régions, car toutes deux se
retrouvent menacées de dégradation (diminution des surfaces et baisse de productivité).

Les parcours sont davantage exploités durant la période printanière, et à un degré


moindre en automne, saisons réputées par une certaine prépondérance du couvert végétal
spontané. Les estimations de la composition alimentaire révèlent que seulement 12 % des
éleveurs assurent plus de la moitié des besoins des animaux par le pâturage sur parcours
naturels, et qui peut atteindre les 80 %. Il s‟agit d‟éleveurs des zones où les parcours sont
encore en bon état.

II.1.2.2.3- Usage des fourrages verts


Comme l‟exploitation des fourrages verts s‟effectue par un déprimage de culture d‟orge
et d‟avoine et par un pâturage surveillée pour la luzerne, ils sont exploités généralement en
période hivernale, et à un degré moindre en automne pour les céréales cultivées précocement.
Le test de corrélation de Pearson montre l‟existence d‟une corrélation positivement
significative moyennement forte (R²=0,408) entre la superficie des cultures fourragères
réservées aux ovins et la taille du troupeau. Autrement dit, les éleveurs possédant plus d‟ovins
ont tendance à avoir plus de surfaces fourragères pour leurs troupeaux ovins.

Le tableau N°23 met en évidence la distribution des éleveurs enquêtés en fonction de la


superficie des cultures fourragères consacrées aux ovins, et leurs parts dans la sole agricole
exploitée.

143
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins

Tableau N°23 : Superficies des cultures fourragères pour les ovins.

Superficie CFovin Part CFovin dans la sup


% des enquêtés
(ha) agricole exploitée (%)
0 ha 16 % 0%
[0,5 - 3 ha] 22 % 12 %
[3,5 - 5 ha] 22 % 19 %
[6 - 10 ha] 25 % 22,5 %
[10,5 - 25 ha] 14 % 17,5 %
75 ha 1% 29 %

Il apparait qu‟un quart des enquêtés consacrent entre 6 et 10 ha de cultures fourragères


pour leurs troupeaux, et 22 % leurs réservent de faibles lopins (entre 0,5 et 3 ha). Les éleveurs
exploitant des superficies supérieures à 10 ha ne représentent que 15 % de l‟ensemble, dont
un seul éleveur cultive 75 ha de cultures fourragères, et détient le plus grand troupeau de
l‟échantillon enquêté avec 1 950 têtes.

Les fourrages verts constituent en moyenne 22 % de la ration alimentaire des ovins.


Cette part peut monter jusqu‟à 84 % pour couvrir des besoins des animaux. Dès lors, il
apparait une grande différence entre les exploitations concernant la contribution des fourrages
verts dans les besoins des troupeaux.

II.1.2.2.4- Usage des fourrages secs


Les fourrages secs, foins et pailles, sont surtout utilisés en hiver et en automne pour
combler le manque de fourrage naturel et pour lester la panse de l‟animal. Ils sont 45 % des
éleveurs qui les distribuent pendant 2 à 4 mois dans l‟année, et 24 % pendant 5 à 6 mois, et
seulement 10 % des éleveurs offrent les fourrages secs pendant une période plus étalée. La
contribution moyenne des fourrages secs est de l‟ordre de 5 % pour l‟ensemble des enquêtés.
Il ne s‟agit pas d‟aliments de base dans la ration, mais pour certains éleveurs, ils constituent
jusqu‟à 25 % de la composition alimentaire surtout pendant la période hivernale.

II.1.2.2.5- Usage des chaumes et des céréales sinistrées


Ces types de pâtures sur terres cultivées, sont exploités en période estivale. Elles
assurent en moyenne 10 % des besoins annuelles des troupeaux. Mais ils constituent surtout
une bonne ressource d‟affourragement en été, dépassant la moitié des besoins pour certains
élevages. Une corrélation positivement significative assez forte (R²= 0,756) est enregistrée
entre la superficie des chaumes et des céréales sinistrées et la taille du troupeau. Autrement
dit, les éleveurs avec plus de têtes ont tendance à exploiter plus de superficie de ce type de
pâture. Les éleveurs exploitent entre 2 et 220 ha de chaumes et céréales sinistrés. La

144
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins

variabilité de l‟usage est grande entre exploitations, il est donc difficile de parler d‟une
moyenne. Le tableau N°24 met en évidence la distribution des éleveurs enquêtés en fonction
de la superficie des chaumes et des céréales sinistrées exploitées.

Tableau N°24 : Superficies des chaumes et des céréales sinistrées.

Superficie Chaumes
% des enquêtés
+ C. sinistrés (ha)
0 ha 9%
[2 - 5 ha] 17%
[6 - 10 ha] 18%
[12 - 20 ha] 23%
[21 - 50 ha] 21%
[51 - 100 ha] 7%
[165 - 220 ha] 5%

Il apparait que pour les 91 % des enquêtés qui exploitent ce type de ressource
alimentaire, la plupart d‟entre eux (79 %), la superficie exploitée ne dépasse pas les 50 ha. Le
reste des éleveurs, soit 12 %, exploitent des grandes superficies dépassant les 50 ha jusqu‟à
220 ha. Il s‟agit des éleveurs possédant des troupeaux de grande taille.

II.1.2.2.6- Usage des jachères


La contribution de ces pâtures est très limitée ; elle est en moyenne de l‟ordre de 1% des
besoins annuels des animaux pour l‟ensemble des enquêtés. Exploitées surtout au printemps,
les éleveurs utilisent entre 2 et 50 ha de jachère, et ceux détenant plus de têtes ont tendance à
exploiter plus de terres de jachères. Cela est démontré par une corrélation positivement
significative moyennement forte (R² = 0,521) entre la superficie des jachères exploitées et la
taille du troupeau, malgré qu‟ils sont à hauteur de 59 % d‟éleveurs n‟utilisant plus ce type de
pâture.

II.1.2.2.7- La composition alimentaire globale


Ce travail réalisé qui est relatif à la contribution des différentes ressources alimentaires,
s‟avère pertinent pour obtenir une composition alimentaire globale de l‟ensemble des éleveurs
interviewés. Les estimations effectuées permettent alors de réaliser une vision globale de la
composition alimentaire en tenant compte de la contribution de chacune des ressources
alimentaires (Figue N°47).

145
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins

1,5%
3%
11%
Aliments concentrés

Parcours
40%
Fourrages verts
17%
Chaumes et céréales sinistrées

Foin+ Paille

Jachères

27,5%

Figure N°47 : Composition alimentaire globale.

Il apparait clairement que les aliments concentrés couvrent la grande partie des besoins,
avec 40 % ; ils constituent la base de l‟alimentation dans les systèmes d‟élevage actuels. Ce
taux justifie la réalité qu‟endure la steppe dénoncée par les scientifiques, au demeurant
marquée notamment par le passage de l‟herbe au concentré (Senoussi et al., 2014), et les
aliments concentrés deviennent la ration de base, et les parcours deviennent un complément
(Aïdoud et al., 2006). En somme et paradoxalement il s‟agit d‟une achaba inversée.

Les parcours qui avaient été la principale source alimentaire des animaux dans le passé,
ne contribuent actuellement qu‟à hauteur de 27,5 % de la ration ; conséquence de leur
dégradation sévère, causée principalement par une surcharge animale grandissante et
stationnement permanent des troupeaux sur les parcours naturels (Senoussi, 2011).
Cependant, nous constatons de nouvelles modalités d‟alimentation adoptées par les éleveurs
pour combler le déficit fourrager, il s‟agit des cultures fourragères (orge, avoine, luzerne)
utilisées en vert qui arrivent à couvrir globalement 17 % des besoins animaux annuels.

D‟autres ressources fourragères représentent également une part assez importante dans
la ration des animaux, avec 11 %, il s‟agit des chaumes et des céréales sinistrées. Le reste des
besoins sont couverts par des foins, des pailles et des jachères (soit 4,5 %).

Cette vision intégrale de la composition alimentaire permet de saisir la composition de


la ration adoptée dans la région de M‟Sila. Une classification des éleveurs suivant la
composition alimentaire offerte aux troupeaux révèle plus de détails quant aux pratiques et
tendances alimentaires. Aspect évoqué dans le point qui suit.

146
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins

II.1.3- Typologie des éleveurs suivant la composition alimentaire


Après une analyse globale de la composition alimentaire des troupeaux ovins dans la
région de M‟Sila, il apparait pertinent de classer les éleveurs suivant la ressemblance de la
composition alimentaire, pour montrer les différentes tendances alimentaires, ainsi que les
stratégies liées aux choix alimentaires de chaque catégorie d‟éleveurs.

II.1.3.1- Méthode de classification des éleveurs


A partir des résultats précédents, il a été mis en évidence un tableau récapitulatif ayant
trait à la composition alimentaire annuelle pour chaque éleveur interviewé. En première étape,
les contributions alimentaires sont exprimées en UF avant de les considérer en pourcentages
rapportés aux besoins des troupeaux, afin de faciliter la lecture et d‟éliminer l‟écart entre les
individus liés à la taille du troupeau. Ce tableau constitue la base d‟analyse de classification
des éleveurs.

Par ailleurs, les variables retenues pour l‟analyse statistique correspondent aux
contributions alimentaires des ressources suivantes : i) les aliments concentrés
« ali_concentre », ii) les fourrages verts « fourrage_vert », iii) les chaumes et les céréales
sinistrées « chaumes + sinistres », iv) le foin et la paille « foin + paille », et v) les jachères
« jachere ». Il est à signaler que la variable correspondante à la contribution des parcours
n‟est pas retenue dans l‟analyse statistique multi-variée car elle relève d‟un calcul entre
variables.

Une ACP (Analyse en Composantes Principales) a été réalisée par rapport aux données
de la composition alimentaire. L‟ACP est l'une des méthodes d'analyse multivariées appliquée
sur les données quantitatives dont le but est de visualiser la projection des individus et des
variables sur les axes factoriels de variations, ainsi que les corrélations entre les variables.
Une classification des éleveurs basée sur la similarité de la composition alimentaire était
nécessaire pour dévoiler les ressemblances alimentaires entre les éleveurs et faciliter
l‟interprétation des résultats. Cette classification a été possible par une Classification
Ascendante Hiérarchique (CAH) à partir des données de la composition alimentaire.

II.1.3.2- Classification des éleveurs


La projection factorielle des vecteurs F1et F2 de l‟ACP résume 56,51 % de la variabilité
(Figure N°2). Cette projection cumule le maximum possible de variabilité, et semble être la
projection la plus compréhensible parmi les combinaisons possibles des vecteurs. Elle montre
que les variables « ali_concentre » et « fourrage_vert » sont négativement corrélées.

147
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins

Autrement dit, l‟utilisation des fourrages verts se traduit par un moindre usage des aliments
concentrés et vice versa.

La CAH fournit une classification, des éleveurs en trois classes, basée sur la similitude de
la composition alimentaire (C1 : 34 individus, C2 : 42 individus et C3 : 24 individus) (Figure
N°48). La combinaison des résultats des deux analyses statistiques (ACP et CAH) montre une
distinction entre classes d‟éleveurs proposés par la CAH sur la représentation de l‟ACP, et une
projection des individus suivant les variables qui les caractérisent : Les individus de la classe 1
se retrouvent dans une sphère dominée par les variables « ali_concentre » et « foin + paille ».
Par contre, les individus de la classe 2 se regroupent autour des vecteurs des variables
« chaumes + sinistres » et « jachere ». Alors que les individus de la classe 3 semblent être
déterminés par la variable « fourrage_vert » (Figure N°49).

-0,28

-0,08 C2 C3 C1
0,12

0,32

0,52

0,72

0,92
100
84

54

74

20

77

66
39
91
95
15
63
53
56
57
26
90
49
47
88
48
50
60
51
82
99
97
98
25
96
64
45
13
19
16
62
59
61
71
94
37
41
17
81
30
34
92
72
93
78
69
73
31
65
55
67
23
70
52
83
12
22
29
40
68
36

14
21

10
58
79
85
24
46
33
38
86
89
18

87
42
43
27
28
75
44
76
32
11
35
80
6
2

3
8

1
5

Figure N°48 : Dendrogramme de classification proposée par la CAH

Figure N°49 : Représentation des variables et des individus sur les axes F1 et F2 de l’ACP.

148
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins

II.1.3.3- Description des profils alimentaires identifiés


Pour réaliser une représentation graphique de la composition alimentaire des classes
issues des analyses précédentes, nous avons procédé en deux étapes : i) Etablir les calendriers
alimentaires pour chaque classe d‟éleveurs, en se basant sur les périodes d‟usage déclarées
répétitivement par les éleveurs. Ensuite, ii) Joindre les contributions (en UF) des aliments de
chaque mois de l‟ensemble des éleveurs de chacune des classes. La représentation graphique
des compositions alimentaires permet de décrire des profils alimentaires correspondants aux
trois classes d‟éleveurs proposés précédemment (Figure N°50). Ils représentent dans les faits
trois modalités d‟alimentation des troupeaux.

Figure N°50 : Représentation graphique des profils alimentaires.

149
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins

Pour l‟ensemble des classes, l‟utilisation des ressources alimentaires fluctue dans
l‟année selon leur disponibilité. D‟une part, les pâtures (parcours naturels, fourrages verts,
chaumes, céréales sinistrées et jachères) ont une disponibilité saisonnière. D‟autre part, les
aliments concentrés et les fourrages secs (foin et paille) qui peuvent être distribués tout au
long de l‟année selon les besoins. Pour notre cas, les fluctuations saisonnières enregistrées,
sont certes celles de l‟année de déroulement de l‟étude, mais révèlent toutefois les grandes
tendances des disponibilités et d‟usage de chacune des ressources alimentaires.

Globalement, il ressort que pour les trois modalités alimentaires, la grande partie de la
ration des animaux (soit plus de 80 %) est couverte par trois types de ressources alimentaires
à savoir : les aliments concentrés, les parcours et les fourrages verts. Pour les éleveurs de la
classe 1, les aliments concentrés assurent la moitié (49 %) de la ration des troupeaux. Tandis
que, pour les éleveurs de la classe 2, les 72 % de la ration sont assurés à parts quasi égales
entre les parcours et les aliments concentrés. Concernant les éleveurs de la classe 3, environ
80 % des besoins des troupeaux sont couverts par les fourrages verts et les aliments
concentrés.

Par ailleurs, l‟utilisation des fourrages verts occupe une place importante dans la ration
des éleveurs de la classe 3. Ils couvrent 42 % de la ration et assurent une grande partie des
besoins des troupeaux pendant la période hivernale. Il s‟agit des agro-éleveurs consacrant
davantage de superficies fourragères pour leurs troupeaux ovins. Il est à signaler également
que, malgré la contribution globale relativement faible des chaumes et des céréales
sinistrées pour les éleveurs des classes 2 et 3, ils couvrent plus que la moitié des besoins des
animaux pendant la période estivale. Ainsi, nous pouvons identifier des périodes clés pour
chaque ressource alimentaire.

II.1.3.4- Les déterminants des profils alimentaires des éleveurs


Deux paramètres liés aux systèmes d‟exploitation sont susceptibles d‟influencer le profil
alimentaire des troupeaux, à savoir : i) la taille du troupeau, ii) et la pratique de l‟agriculture
(spécialement les cultures fourragères). Le tableau N°25 récapitule les principaux paramètres
des classes des éleveurs concernant la taille moyenne des troupeaux et la part des cultures
fourragères dans la sole agricole. A savoir que les productions des cultures fourragères ne sont
pas destinées qu‟aux ovins, les bovins et la vente sont aussi des destinations susceptibles pour
les productions fourragères autoproduites.

150
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins

Tableau N°25 : Récapitulatif des principaux paramètres des classes d’éleveurs.

Moyenne superficie
Taille Moyenne Moyenne
des cultures
Nbre moyenne de superficie agricole superficie des
Classe fourragères
d’éleveurs troupeau totale cultures fourragères
destinées aux ovins
(tête) (ha) (ha)
(ha)
C1 34 211 11,26 6,35 3,89
C2 42 390 54,46 7,38 6,04
C3 24 284 35,48 18,47 11,32

La taille des troupeaux déclarée va de 50 à 1 950 têtes pour l‟ensemble des éleveurs et
des agro-éleveurs interviewés. Une analyse comparative réalisée grâce à l‟analyse de variance
(ANOVA) a montré qu‟il n‟existe pas de différence significative entre les trois classes du
point de vue taille de troupeau. Cela signifie que la grandeur du troupeau n‟a pas d‟influence
significative sur la composition alimentaire.

Concernant la pratique de l‟agriculture, 90 % des interviewés exploitent des terres


agricoles en plus de l‟activité de l‟élevage, il s‟agit plutôt d‟agro-éleveurs qui combinent
l‟élevage et l‟agriculture dans la conduite de l‟exploitation (systèmes agro-pastoraux).

Une comparaison des superficies de cultures fourragères entre les trois classes a été
réalisée par l‟ANOVA, suivie du test de Fisher de comparaison des classes deux à deux ont
révélé l‟existence d‟une différence significative entre la classe 3 et les classes 1 et 2. Cela
apparait cohérent, car les agro-éleveurs de la classe 3 présentent un profil alimentaire à usage
important de fourrages verts. Autrement dit, cette catégorie d‟acteurs (classe 3) consacre
davantage de superficies aux cultures fourragères pour subvenir aux besoins de leurs
troupeaux.

II.1.4- L’abreuvement des animaux


Nos investigations de terrain révèlent que l‟abreuvement des animaux ne semble pas
poser de problème majeur pour les éleveurs de la région d‟étude, même si l‟eau constitue un
véritable facteur limitant de développement dans la zone steppique. L‟extension de
l‟agriculture en irrigué fait que les forages y afférents constituent la première source
d‟abreuvement des troupeaux. (Tableau N°26).

151
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins

Tableau N°26 : Sources d’abreuvement des animaux.

Source d'abreuvement % des enquêtés


Forage privé 69%
Forage collectif 10%
Forage voisin 6%
Citerne 15%

69 % des éleveurs enquêtés font abreuver les animaux depuis leurs propres forages
agricoles. Tandis que 10 % utilisent les forages collectifs, qu‟ils soient implantés en milieu
pastoral ou ceux réalisés par les services communaux. Une minorité d‟éleveurs (6 %)
recourent aux forages des voisins.

Dans la plupart du temps, l‟abreuvement des ovins des tiers se fait sans rémunération
financière, juste contre un autre service (partage des parcours par exemple). Ce type de
service rentre dans une stratégie de tissage et de consolidation des relations sociales. Les
éleveurs qui ne disposent pas d‟une source d‟abreuvement proche, transportent l‟eau depuis
les différentes ressources disponibles (forage d'un tiers, forage municipal, forage collectif,
mare d'eau). Cette catégorie d‟éleveurs représente 15 % de l‟ensemble approché. Pour cette
dernière catégorie d‟éleveurs, l‟abreuvement par citerne représente des charges assez
importantes. Ce sont des éleveurs qui se retrouvent dans des zones pastorales loin des
agglomérations et des zones de mise en valeur agricole. Il est à signaler que pour les éleveurs
pratiquant les déplacements des troupeaux, ils sont obligés d‟acquérir des citernes d‟eau
dédiées à l‟abreuvement des animaux.

II.2- Conduite de la reproduction


La conduite de la reproduction a un important rôle dans la gestion et l‟amélioration des
performances des troupeaux. Cependant, il semble que les éleveurs accordent peu
d‟importance à cet aspect, du fait que leur souci majeur réside dans l‟alimentation des
troupeaux. Hormis la sélection des reproducteurs et la synchronisation des chaleurs des
reproductrices, aucune autre pratique ne permet d‟améliorer la résilience du volet
reproduction.

Tous les éleveurs enquêtés pratiquent la lutte libre, exception faite pour les brebis
soumises à la synchronisation des chaleurs. Ces dernières, séparées du reste du troupeau
pendant la période de pose des éponges, ne sont présentées aux béliers qu‟après injection de la
(PMSG).

152
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins

Malgré les inconvénients que présente la lutte libre, les éleveurs ont de bonnes raisons
pour cette option: i) Elle n‟exige pas de main-d‟œuvre et de locaux séparés (allotements) ii)
La présence permanente des béliers permet d‟opérer une lutte gratuite. Cependant, les
inconvénients de la lutte libre constituent une entrave quant à l‟amélioration des performances
productives des troupeaux en l‟absence de contrôle de paternité et de préservation de la
lignée. Elle peut être source de transmission de pathologie par voie sexuelle, et d‟accidents
fréquents suite aux mélanges des sujets.

Pour les éleveurs de la région de M‟Sila, le choix et la sélection des mâles reproducteurs
revêt un caractère capital comparés aux femelles reproductrices. Le nombre de béliers étant
faible par rapport aux brebis, ce qui demande moins de temps de travail pour la sélection,
synonyme de moins de main-d‟œuvre. La sélection est basée sur des caractéristiques
phénotypiques du mouton Ouled Djellal, race dominante dans la région (Berceau de la race).
Parmi des critères de sélection des béliers : conformation générale de l‟animal, oreilles
tombantes, toison blanche et crépue, et testicules volumineux. Un autre critère est
fréquemment pris en compte lors du tri ; absence de cornes évitant d‟éventuelles blessures
occasionnées lors de bagarres entre béliers. La sélection des reproducteurs cornés permet
d‟avoir des antenais cornés, très recherchés par rapport à leurs aspect esthétique que les
acquéreurs préfèrent notamment lors de la fête du sacrifice. Un sujet corné est mieux
rémunéré qu‟un autre sujet de même conformation mais dépourvu de corne. Cette pratique
réside dans l‟objectif assigné n‟est autre qu‟une forme d‟adaptation des éleveurs pour
répondre aux besoins du marché et tirer le maximum de profit.

Puisque la lutte est libre, les agnelages sont étalés sur une longue période, avec des pics
au début de l‟automne et au début du printemps. Les agneaux de l‟automne (EL-Bekri) sont
plus appréciés par les éleveurs, là où la gestation des brebis coïncide avec la période estivale
des chaumes et des céréales sinistrées cela permet un bon développement des fœtus. Ainsi que
le début de consommation des aliments solides pour les agneaux El-Bekri qui coïncident avec
une abondance de fourrages au printemps, ce qui permet un meilleur croit.

Le sexe ratio est égal pour les trois classes d‟éleveurs, il est de l‟ordre de 23 femelles
pour un bélier. Ce rapport reste techniquement acceptable, avoisinant le taux recommandé
pour un élevage extensif (25 femelles/1 mâle). (Kabbali et Berger, 1990).

Par ailleurs, 11 % de l‟ensemble des éleveurs enquêtés déclarent avoir recours à la


technique de synchronisation des chaleurs effectuée sur une moyenne de 37 % des brebis

153
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins

présentes dans le troupeau. C‟est une technique peu maitrisée par les éleveurs avec un taux de
réussite faible, alors que les principaux objectifs recherchés se résument principalement dans :

i) Avoir des naissances groupées et gémellaires ;

ii) Avoir deux mise-bas par an (au lieu de trois mise-bas par deux ans) : Un mise-bas précoce
donnant lieu à un agneau El-Bekri, et un second donnant lieu à agneau (Aïdoudi) ;

iii) Rattraper les brebis vides après un avortement ou une saillie non fécondante.

II.3- La conduite sanitaire


Dans tout type d‟élevage, l‟hygiène et la prophylaxie jouent un rôle important dans le
maintien en vie et la réduction des pertes économiques dues aux maladies et à la mortalité. Un
animal sain doit évoluer dans un élevage sain, alors que l‟hygiène du local autant que celle de
l‟animal s‟avèrent primordial quant à la réalisation des performances de production.

Le premier élément intervenant dans la qualité d‟hygiène réside dans le local d‟élevage ;
en l‟occurrence la bergerie à travers sa mise en place, type d‟aménagements et respect des
règles sanitaires. Dans la région de M‟Sila comme la plupart des zones steppiques, les
éleveurs n‟accordent pas beaucoup d‟importance à la qualité des bergeries. La plupart du
temps, il s‟agit d‟enclos temporaires à base de fils de fer couverts en partie par des tôles
métalliques. Communément appelée « Zriba », c‟est une conception traditionnelle
pratiquement généralisée en milieu steppique. Alors que dans le meilleur des cas la bergerie
est un garage qui est à la fois un abri pour les animaux et entrepôt de stockage des aliments.
Malheureusement, les investigations de terrain révèlent qu‟aucun éleveur ne souhaite investir
dans l‟amélioration de la qualité des bergeries.

Concernant les programmes de prophylaxie, deux compagnes de vaccination pour les


petits ruminants contre la brucellose et la clavelée sont organisées gratuitement de manière
annuelle. Elles sont à charge des pouvoirs publics et elles sont encadrées par les services
vétérinaires de la direction des services agricoles. Ce sont des campagnes bien organisées et
qui touchent tous les élevages sans aucune distinction. C‟est ainsi qu‟on relève 100 % de nos
interlocuteurs qui ont procédé à la vaccination de leur cheptel contre la clavelée, et à hauteur
de 91 % contre la brucellose. Cette couverture sanitaire malgré sa gratuité entrainerait de
facto: i) Droit à la subvention de l‟orge en grain tenant compte du nombre de sujets vaccinés
contre la clavelée, ii) la vaccination contre la brucellose s‟effectue par une goutte oculaire,
une seule fois pour la vie de l‟animal.

154
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins

Cependant aux yeux des éleveurs approchés, la vaccination contre la brucellose présente
une contrainte technique, du fait que les animaux vaccinés doivent être bouclés, et c‟est la
boucle qui pose problème. Une fois posée sur l‟oreille, un risque préjudiciable lors de la vente
des animaux à l‟occasion de la fête de sacrifice. Selon les rites du sacrifice, l‟animal ne
devrait porter le moindre défaut et doit être indemne de toutes anomalies. La réticence et le
refus de certains éleveurs vis-à-vis de la vaccination contre la brucellose a donné lieu à
l‟apparition de foyers brucelliques, où les services vétérinaires ont enregistrés 108 cas positifs
(toutes espèces confondues) au cours de l‟année 2017.

D‟une manière générale, et au regard de l‟acte obligatoire, la couverture sanitaire contre


les maladies infectieuses demeure bien encadrée et les résultats s‟avèrent satisfaisants.

Par ailleurs, les éleveurs font appel à d‟autres types de traitements payants (préventifs et
curatifs), dont les plus fréquents : les traitements antiparasitaires (98 % des cas), traitement
contre les maladies respiratoires (96 % des cas), et un traitement contre l‟entérotoximie (90 %
des cas). Ainsi, 74 % des enquêtés déclarent l‟absence dans le troupeau de maladies
fréquentes à conséquences graves. Les problèmes sanitaires qui semblent inquiétants pour les
éleveurs se résument dans les mortalités post-natales (14 % des déclarations), et
l‟entérotoximie enregistrés auprès des agneaux jeunes. Cela peut être dû à la médiocre qualité
des locaux d‟élevage et de leur l‟hygiène.

Cependant, malgré les efforts de l‟Etat pour lutter contre les maladies animales, le pays
a connu des crises sanitaires dues à l‟apparition et la propagation de certaines pathologies à
l‟image de la peste des petits ruminants qui a frappé au cours de l‟année 2019 en causant des
dégâts considérables à l‟égard du patrimoine ovin national. C‟est au manque de traçabilité des
animaux et de leurs produits, de l‟ignorance et le non-respect des règles sanitaires qui
aggravent souvent la situation des crises sanitaires. Les pouvoirs publics sont alors contraints
de fermer les marchés à bestiaux pendant plusieurs semaines. Les éleveurs cumulent alors les
pertes en conséquence. C‟est une vulnérabilité des systèmes d‟élevage ovins contre les crises
sanitaires avec de lourdes conséquences économiques aussi bien à l‟échelle locale, régionale
que nationale.

La crise sanitaire du Covid-19 a eu aussi ses répercussions sur les éleveurs locaux, car
elle induit la fermeture des marchés à bestiaux. En effet, le confinement de la population et
l‟interdiction de circulation entre Wilayas des animaux et de leurs produits se sont répercutés
négativement sur les circuits de commercialisation.

155
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins

En somme, nous pouvons dire que l‟organisation actuelle de la filière ovine reste très
vulnérable à l‟égard de certaines crises sanitaires.

II.4- Conclusion
Les résultats présentés dans ce chapitre montrent une grande diversité de la ration
alimentaire des troupeaux ovins dans la région de M‟Sila. Une diversité en fonction des
considérations socio-économiques propre à chaque exploitation. Il apparait que les aliments
concentrés constituent la grande partie des ressources alimentaires avec un taux de 40 % dans la
composition alimentaire globale. Quant aux parcours, ils assurent globalement 27,5 % des
besoins des troupeaux. Pour notre hypothèse dans les calculs de la composition alimentaire,
ayant trait à la complémentation du reste des besoins par la végétation spontanée (fourrages
naturels) des parcours, apparait en creux, mais elle traduit une réelle situation de la logique de
surexploitation des espaces pastoraux de la part des éleveurs. Le constat de la surexploitation des
parcours steppique a été dénoncé par plusieurs études, à l‟instar de celles menées par Bensouiah
(2004) ; Aïdoud et al. (2006) ; Nedjraoui et Bédrani (2008) ; Bencherif (2018). Ainsi donc,
malgré que les nouvelles alternatives alimentaires garantissent une source non négligeable, elles
se développent dans une logique d‟improvisation individuelle qui n‟intègre aucun intérêt en
termes de gestion rationnelle des ressources naturelles, principalement les parcours.

La nouvelle tendance qui consiste à recourir aux cultures fourragères est devenue une
pratique régulière pour réduire l‟utilisation des aliments concentrés pendant la période hivernale
où les parcours sont peu productifs. Des tendances similaires ont été rapportées dans l‟étude de
Bencherif (2018), entreprise dans une grande région de la steppe centrale et de l‟Ouest. Dans
notre cas d‟étude, en l‟occurrence la région de M‟Sila, le développement des cultures fourragères
a débuté en l‟an 2000 avec l‟avènement du plan national de développement agricole (PNDA),
relatif à la mise en valeur les terres agricoles, notamment en ce qui a trait à l‟introduction de
systèmes d‟irrigation de pointe. C‟est ainsi que l‟extension des superficies fourragères (40 000
ha en 2018) témoignent de la tendance vers l‟usage de ces ressources alimentaires. Il s‟agit
certainement d‟un passage vers l‟agropastoralisme, voire même de systèmes agriculture -
élevage, comme une stratégie « anti-aléatoire » permettant de mieux maîtriser les incertitudes
climatiques et économiques (Bourbouze, 2000). Cet agropastoralisme qui relève d‟un système
d‟agriculture - élevage peut être qualifié parfois comme un mode de conduite raisonné, en
intégrant de nouvelles ressources alimentaires plus stables, moins chères et plus productives.
Cependant, l‟extension des cultures fourragères de cette façon présente des défauts techniques et
environnementaux (dégradation des ressources naturelles : parcours et eau).

156
Résultats et discussion La pratique de l’agriculture

Chapitre III : La pratique de l’agriculture : source d’affouragement et de revenu

Dans la région de M‟Sila, à l‟instar des autres zones steppiques, les pratiques
d‟agriculture et d‟élevage ont grandement évolué au cours du temps. Les systèmes
d‟exploitation traditionnels ont laissé place à de nouveaux systèmes de gestion caractérisés
par une façon de faire plus individualiste et plus inégalitaire (Bourbouze, 2018). Désormais,
la mécanisation de l‟agriculture et le développement de l‟irrigation caractérisent les nouveaux
systèmes agricoles (Deleule, 2016). L‟agriculture dans la région de M‟Sila n‟a pas échappé à
ces évolutions, la superficie irriguée a quintuplée dans d‟espace de presque deux décennies
grâce à l‟application de multiples programmes de mise en valeur des terres agricoles ; initiés à
partir de l‟année 2000, pour atteindre les 40 000 ha en 2018 (DSA de M'Sila, 2018).

Il est à signaler que pour les agro-éleveurs, la majeure partie des terres agricoles
exploitées dans leurs exploitations est consacrée aux cultures pour l‟affourragement des
troupeaux. C‟est ainsi que 82 % des éleveurs approchés consacrent des terres à
l‟affourragements des animaux d‟élevage (ovin, caprin et bovin).

III.1- Modalités d’exploitation des terres agricoles


La pratique de l‟agriculture a certainement un rôle important dans la viabilité
économique de l‟exploitation. La diversification des revenus et l‟affourragement des
troupeaux sont les principaux objectifs recherchés derrière la pratique de l‟agriculture, alors
que le degré d‟importance de l‟agriculture diffère d‟une exploitation à une autre. Le tableau
N°27 résume la perception des éleveurs enquêtés vis-à-vis de l‟importance de l‟agriculture
dans leurs exploitations.

Tableau N°27 : Perception de la pratique de l’agriculture.

Importance de % des Superficie % des terres


l'agriculture enquêtés moyenne (ha) irriguées
Très importante 59 % 50,35 50 %
Moyennement importante 24 % 19,73 21 %
Peu importante 7% 10,86 3%
Non pratiquée 10 % - -

La lecture du tableau en question permet de tirer qu‟ils sont plus de la moitié des agro-
éleveurs approchés (59 % des cas) considèrent que l‟agriculture présente un rôle vital des
exploitations agricoles dont la superficie dédiée aux cultures menées en irrigué occupent 50%
de la S.A.U.

157
Résultats et discussion La pratique de l’agriculture

Par ailleurs, 24 % des agro-éleveurs considèrent que la pratique de l‟agriculture revêt un


caractère moyennement important du fait que la sole exploitée en irrigué représente 21 % de
l‟ensemble des terres exploitées. Enfin, ils sont seulement 7 % des enquêtés qui accordent une
faible importance de l‟agriculture pour leurs exploitations. Il s‟agit d‟agro-éleveurs qui
recourent à l‟agriculture pluviale, dont les rendements sont faibles et très aléatoires. Ce sont
plutôt des exploitants peu dépendants des cultures menées en irrigué. Elles ont recours aux
céréales pour l‟alimentation pour leur chaume et lorsque les cultures s‟avèrent sinistrées les
années déficitaires en pluie.

En comparant les moyennes de superficies agricoles exploitées en fonction de la


perception de nos interlocuteurs quant à la pratique de l‟agriculture, il ressort trois catégories
d‟agro-éleveurs : i) Catégorie 1 : ils consacrent un parcellaire en irrigué ou en pluvial
important, il est de l‟ordre de 50,35 ha en moyenne. ii) Catégorie 2 : ils admettent une
importance moyenne à l‟égard de l‟agriculture, avec en moyenne 19,73 ha. iii) Catégorie 3 :
ils considèrent la pratique de l‟agriculture moins importante, avec en moyenne 10,86 ha de la
superficie totale.

Quant aux modes de pratique des cultures, il apparait que 42 % des agro-éleveurs
recourent à une agriculture menée exclusivement en irrigué. Tandis que 27 % des interviewés
ne pratiquent que l‟agriculture pluviale des céréales (orge, blé dur, et avoine). Il s‟agir d‟agro-
éleveurs qui ne disposent pas de moyens de mobilisation des eaux d‟irrigation. Alors que 21
% des enquêtés exploitent une partie des terres en irrigué à la limite de leurs capacités en
termes de moyens dont ils disposent, et le reste des terres sont conduites en pluvial. La figure
N°51 résume la répartition des enquêtés suivant le mode de conduite de l‟agriculture.

Figure N°51 : Les modes de conduite de l’agriculture.

158
Résultats et discussion La pratique de l’agriculture

Il est à signaler, malgré la diversification dans les manières d‟exploitation des terres
agricoles, que les éleveurs sont unanimes dans les circonstances actuelles, pour considérer la
pratique de l‟agriculture comme essentielle dans la satisfaction des besoins alimentaires de
leurs troupeaux. Alors que ceux qui ne la pratiquent pas, par manque de moyens, ou ceux qui
ne font que des cultures pluviales, accordent toutefois un intérêt pour se lancer dans une
agriculture en irriguée une fois que les conditions seront réunies.

Par ailleurs, comme il a été évoqué plus haut (chap. I), l‟existence d‟une corrélation
positivement significative entre la taille du troupeau et la superficie agricole exploitée. C‟est
une corrélation certes pas très forte (R²= 0,3708), mais elle explique une stratégie
d‟accumulation des facteurs de production appelée par Kanoun et al. (2017) «Capitaux de
production ».

III.2- Superficies exploitées en agriculture


Dans la perspective de se faire une idée relative aux superficies emblavées, il était
pertinent de classifier les éleveurs approchés suivant la superficie agricole exploitée. Le
tableau N°28 met en évidence les principaux indicateurs ayant trait à l‟exploitation des terres
en agriculture pour l‟ensemble de notre échantillon.

Tableau N°28 : Récapitulatif des superficies agricoles exploitées.


∑ Superficie ∑
d'individus

Superficie Ecart-type
Superficie agricole superficie
Nbre

exploitée moyenne superficie superficie


exploitée irriguée
(ha) (ha) (ha) en sec (%)
(%)

0 (Sans agriculture) 10 0 0 0 0 0
[1 – 9] ha 20 119,5 6,0 ± 2,54 82,4 % 17,6 %
[10 – 20] ha 28 344,5 12,3 ± 2,95 50,4 % 49,6 %
[21 - 50] ha 23 669 29,1 ± 6,53 55,5 % 44,5 %
[51 - 305] ha 19 2389 125,7 ± 72,10 39,5 % 60,5 %
Total 100 3522 35,2 - 45,1 % 54,9 %

En catégorisant la population des acteurs enquêtés, émergent cinq classes bien distinctes
éclairant que le total de la superficie agricole exploitée par l‟ensemble des agro-éleveurs de
l‟échantillon approché s‟élève à 3 522 ha, dont plus de 45 % du parcellaire est mené en
irrigué, alors que près de 55 % est en sec.

159
Résultats et discussion La pratique de l’agriculture

Nous relevons que 2 389 ha de terres emblavées sont détenues par les agro-éleveurs de
la classe 5 dont les superficies exploitées sont comprises entre 51 et 305 ha. 39,5 % de ces
terres sont irriguées. Il n‟en demeure pas moins que la part la plus importante du parcellaire
irrigué se trouve entre les mains de la classe 1, avec 82,4 %. Il s‟agit de petits lopins dont les
superficies sont comprises entre [1-9 ha].

La superficie maximale irriguée, dédiée aux céréales (orge, blé dur, et avoine), est
estimée à 256 ha. Il s‟agit d‟un seul agro-éleveur, possédant le plus grand effectif ovin avec
1 950 têtes.

III.3- Location des terres agricoles


Le recours à la location des terres agricoles apparait comme une pratique courante dans
certaines exploitations. Il s‟agit de louer toute l‟année une terre pour la mise en place de
cultures céréalières, dans le but d‟alimenter les troupeaux en fourrages verts et secs. Près du
tiers des enquêtés (29 % des cas), déclarent louer des terres pour la céréaliculture, dont la
plupart d‟entre eux (80 %) le font chaque année. Le reste, soit 20 %, loue occasionnellement
des terres pour l‟agriculture. Il est à signaler que dans la plupart des cas, les terres louées sont
exploitées en pluviale où on compte 789 ha, soit 78 % de l‟ensemble des terres louées. Pour
certains éleveurs (6 % des cas), la location des terres agricoles est le seul moyen pour exercer
l‟agriculture, vu qu‟ils ne disposent pas de foncier agricole.

Par ailleurs, Il apparait une grande variabilité concernent la superficie louée d‟une
exploitation à une autre. Elle est en moyenne de l‟ordre de 14,56 ha (± 15,18) pour les terres
exploitées en irrigué, et de 37,57 ha (± 41,98) pour les terres exploitées en pluviale.
Cependant, il a été relevé que 90 % des locataires des terres agricoles louent une superficie
inférieure à 50 ha.

III.4- Occupation de la sole agricole


Une vue d‟ensemble quant à la pratique des différentes spéculations montre que la
culture de l‟orge est la plus pratiquée, à la fois en irrigué et en sec. Elle est rencontrée chez 60
agro-éleveurs en mode irrigué, et dans 48 en mode pluvial (Tableau N°29). Après l‟orge,
vient la culture de l‟avoine, suivie par la culture du blé dur comme spéculations les plus
couramment installées respectivement chez 45 et 33 agro-éleveurs. Il a été aussi constaté
qu‟en termes de superficie totale, la culture de l‟orge domine amplement avec un global de
586 ha en irrigué, et 1 557 ha en pluvial. Alors qu‟en guise de superficie moyenne, le blé dur
en irrigué vient en tête avec 13,5 ha, constituant chez la catégorie des agro-éleveurs une
source de revenu assez importante grâce à sa vente. Ils ont tout intérêt de l‟extension de cette

160
Résultats et discussion La pratique de l’agriculture

culture (blé dur ordinaire et semences) surtout avec l‟engagement de l‟Office Algérien
Interprofessionnel des Céréales (OAIC) pour l‟achat des récoltes auprès des producteurs
locaux à des prix incitatifs alignés aux prix d'achat du blé sur les marchés internationaux , à
savoir : 4 500 DA /quintal pour le blé dur ordinaire (équivalant de 26 €), et 8000 DA /quintal
pour le blé dur de semences (équivalant de 52 €).

Tableau N°29 : Synthèse des spéculations agricoles pratiquées.

Spéculations Irriguée Pluviale

Arboriculture

Maraichères
Luzerne
Blé dur

Blé dur
Avoine

Avoine
Orge

Orge
Type de la culture

Nbr Eleveurs pratiquants 60 45 33 23 27 28 48 5 8


∑ des superficies (ha) 586 298 445 85,5 83,5 89 1557 147 231
Superficie Moyenne (ha) 9,8 6,6 13,5 3,7 3,1 3,2 32,4 29,4 28,9
Ecart-type superficie (ha) 18,20 8,76 25,14 3,53 2,72 3,10 36,59 28,80 23,24

Une représentation graphique en camembert de la répartition de la superficie agricole


irriguée pour l‟ensemble des interviewés (Figue N°52), montre que les cultures dominantes
sont respectivement l‟orge, le blé dur et l‟avoine, avec respectivement 37 %, 28 %, et 19 % du
global des superficies exploitées. Toutes les trois cumulées, elles représentent 84 % de la
superficie irriguée. Le reste de la superficie (soit 16 %), est occupé à parts presque égales
par la luzerne, le maraichage et l‟arboriculture.

Figure N°52 : Répartition de la superficie irriguée.

161
Résultats et discussion La pratique de l’agriculture

Une représentation similaire mettant en évidence la répartition de la superficie agricole


pluviale (figure N°53), montre que les céréales sont pratiquées en mode pluvial et dont l‟orge
reste toujours la culture dominante occupant 80 % de la superficie totale.

Figure N°53 : Répartition de la superficie pluviale.

Un aperçu sur les écart-types des superficies des cultures installées montre une grande
variabilité entre les exploitations approchées. Pour cela, il est pertinent de voir l‟occupation
du sol suivant un critère adéquat, en l‟occurrence la taille du troupeau ovin en possession
suivant les classes d‟éleveurs proposées précédemment. Une représentation graphique des
superficies moyennes exploitées par type de culture et par classe d‟éleveurs est récapitulée
dans la figure N°54.
100

90

80

70

60
Superficie moyenne
(ha) 50

40

30

20

10

0
Orge Avoine Blé dur Luzerne Arboriculture Maraichères Total irrigué Total pluvial
Classe I : ≤ à100 têtes 3,88 2,09 1,71 0,68 0,74 1,18 10,26 4,12
Classe II : [101-200 têtes] 2,49 2,01 0,97 0,83 1,06 0,80 8,16 9,94
Classe III : [201-500 têtes] 8,08 3,28 7,15 0,95 0,74 1,05 21,26 18,00
Classe IV : [501-1950 têtes] 13,11 7,11 11,44 0,89 0,56 0,00 33,11 90,56

Figure N°54 : Répartition de la superficie des cultures suivant les classes d’éleveurs.

162
Résultats et discussion La pratique de l’agriculture

Dès lors, apparait en gros une augmentation de la superficie moyenne de certaines


cultures qui va de pair avec la taille du troupeau, mais pas pour toutes les cultures. Ce qui
suppose que la taille de l‟exploitation agricole et son occupation ne peuvent s‟expliquer que
par l‟importance du troupeau ovin, d‟autres facteurs d‟ordre socio-économique interviennent
dans la détermination de ce paramètre, alors que l‟absence des cultures maraichères chez les
agro-éleveurs de la classe IV, qualifiés de « grands éleveurs » possédant des troupeaux dont
les effectifs varient entre 501 et 1 950 têtes.

III.5- Usage des cultures fourragères


Les cultures fourragères pratiquées par les agro-éleveurs de la région de M‟Sila se
résument principalement dans l‟orge, l‟avoine, et la luzerne. Le choix de ces cultures repose
sur plusieurs considérations socio-économiques et climatiques propres à chaque exploitation.
Utilisées en vert ou en sec, les cultures fourragères constituent un avantage économique assez
important pour les éleveurs qui les pratiquent, soit pour l‟alimentation du cheptel ovin et
bovin, ou bien destinées pour la vente de l‟excédent de la production (orge grain, foin, paille,
location pour déprimage…etc.). Le tableau N°30 récapitule les formes d‟usage de chaque type
de culture fourragère pratiquée.

Tableau N°30 : Récapitulatif des formes d’usage des cultures fourragères.

Type de culture Forme d'usage % des enquêtés


Absence de culture 40 %
Orge irriguée
Vert + grain + chaumes + paille 60 %
Absence de culture 55 %
Avoine irriguée Foin + chaumes 9%
Vert + foin + chaumes 36 %
Absence de culture 77 %
Luzerne irriguée Vert 4%
Vert + foin 19 %
Absence de culture 52 %
Céréales pluviales Sinistrées 27 %
Vert + grain + chaumes + sinistrées + paille 21 %

Pour la culture de l‟orge en irrigué, quatre formes d‟exploitation sont effectuées


simultanément par 60 % des agro-éleveurs pratiquant cette spéculation, à savoir : i) Comme
fourrage vert par un déprimage, ii) En grain comme aliment concentré après la récolte, iii)
Comme chaumes après moisson, iv) Et comme aliment de leste en période de soudure
alimentaire (paille).

163
Résultats et discussion La pratique de l’agriculture

Par contre la culture de l‟avoine, présente chez 45 % du total interviewé est utilisée à
travers trois formes d‟usage distinctes : i) Comme fourrage vert par un déprimage, ii) et en
foin comme fourrage sec, iii) Et comme chaumes après récolte du foin dans 36 % des cas.

La luzerne, comme il s‟agit d‟une légumineuse ; elle est exploitée soit en vert par un
pâturage direct, ou bien en sec comme foin récolté en période d‟excédent de production et
distribué en cas de besoin. Elle est cultivée et exploitée par 23 % des interviewés, dont 19 %
du total des interlocuteurs l‟exploitent sous deux formes (vert et sec) avec une superficie
moyenne de l‟ordre de 4,05 (± 3,73) ha. Le reste des agro-éleveurs, soit 4 % ne l‟exploitent
qu‟en vert avec une superficie moyenne de l‟ordre de 2,13 (± 2,02) ha.

Les céréales pluviales (orge, avoine et blé dur), ont cinq formes d‟usage : i) Comme
fourrage vert par un déprimage sur les parties cultivées dans les lits d‟oueds, quand l‟année
est bonne (pluvieuse). ii) En grain comme aliment concentré après récolte en bonne année sur
les parties les plus arables. iii) Comme chaumes après moisson, s‟il y en a. iv) pâturées en
entier si les rendements sont faibles (céréales sinistrées). v) En paille s‟il y a une moisson.
Deux façons d‟usage des céréales pluviales sont rencontrées dans la région d‟étude : soit que
sinistrées (27 % des cas) cultivées sur des terres peu arables (parcours dégradés), soit les cinq
formes citées précédemment suivant les conditions édapho-climatiques (21 % des cas).

III.6- Destinations des cultures fourragères


Les cultures fourragères pratiquées ne sont pas destinées uniquement pour les ovins, une
partie de la production est consacrée soit aux bovins, ou bien à la vente, suivant certains
paramètres qui rentrent en jeu. Le tableau N°31 résume les destinations des trois cultures
fourragères adoptées par les agro-éleveurs pratiquants, ainsi les proportions des enquêtés
correspondants.

Pour les trois types de cultures fourragères, en l‟occurrence orge, avoine et luzerne, et
selon les différentes formes d‟exploitation possibles, en vert, grain, foin, paille, chaumes ou
sinistrées, trois principales destinations sont recensées, à savoir nourrir les ovins, alimenter les
bovins et la vente. Pour la culture de l‟orge, en irrigué et pluviale, dans 85 % des cas, elle est
destinée exclusivement aux ovins sous toutes ses formes d‟exploitation susceptibles. Pour le
reste, soit 15 % de l‟ensemble qui pratiquent cette culture, les productions sont partagées entre
les ovins et les bovins dans 9 % des cas, et entre les ovins et vente de l‟excédent de la
production dans 6 % des cas.

164
Résultats et discussion La pratique de l’agriculture

Tableau N°31 : Destinations des cultures fourragères pratiquées.

Type de Nombre agro-éleveurs Destination % enquêtés


culture pratiquants la culture production pratiquants
Ovin 85 %
Orge 88 Ovin + bovin 9%
Ovin + vente 6%
Ovin 71 %
Avoine 45 Ovin + bovin 22 %
Ovin + vente 7%
Ovin 39 %
Bovin 39 %
Luzerne 23
Ovin + bovin 18 %
Ovin + bovin + vente 4%

Une distribution similaire a été remarquée du point de vue destination concernant la


culture de l‟avoine, avec notamment des proportions différentes à savoir : 71 % des cultures
sont destinées que pour les ovins, 22 % sont partagées entre les ovins et les bovins, et 7 % des
productions sont en partie consommés par les ovins, et le surplus est vendu.

Par ailleurs, en ce qui concerne la culture de la luzerne, quatre combinaisons de


destinations sont recensées ; des parts égales d‟agro-éleveurs affectent la culture de luzerne
équitablement entre ovins et bovins (soit 39 % chacune). Ensuite 18 % d‟agro-éleveurs
partagent les productions de la luzerne (vert et foin) entre troupeaux ovins et bovins en leur
possession. En enfin, 4 % des agro-éleveurs vendent l‟excédent de la production de luzerne.

Il est à signaler que dans la plupart des élevages (dans 91 % des cas), les caprins sont
toujours associés aux ovins. Les chèvres bénéficient d‟une partie de l‟alimentation destinée
aux ovins lorsque qu‟il s‟agit de pâtures (fourrages verts, parcours, chaumes, sinistrées).
Autrement dit, on sous-entend par cela, alimentation à la fois des petits ruminants (ovin-
caprin).

III.7- Conclusion
En discutant les éléments évoqués dans ce chapitre, il est clair que la diversification des
pratiques agricoles constitue un atout pour la diversification des sources de revenu, ce qui
diminue le risque de défaillance économique et augmente la résilience de l‟exploitation. C‟est
notamment à travers l‟association « agriculture-élevage » que la stratégie de résilience se
base. La pratique des cultures fourragères au sein des exploitations d‟élevage ovin constitue
un intérêt stratégique pour la satisfaction des besoins alimentaires du troupeau par ses propres

165
Résultats et discussion La pratique de l’agriculture

aliments, ce qui améliore l‟autonomie alimentaire et diminue les charges liées à


l‟approvisionnement externe de la nourriture. La vente des productions de blé dur, maraichage
et arboriculture, constituent également une source de revenu assez considérable pour les
exploitations consacrant d‟importantes superficies irriguées et en mode intensif.

Les cultures fourragères utilisées sont principalement l‟orge, et à un moindre degré


l‟avoine, suivies de la luzerne. Cette distribution trouve son explication dans des éléments
pratiques, à savoir : i) l‟orge qui demeure toujours la culture dominante, à cause de ses
multiples façons d‟exploitation dans différentes circonstances climatiques. ii) par un
déprimage comme fourrage vert en période hivernale. iii) comme aliment concentré et sous-
produits après récolte (orge en grain, chaumes et paille). iv) et pâturée en entier si les
rendements sont faibles (orge sinistrée). Abdelguerfi et al. (2008), ont signalé l‟intérêt porté à
la culture de l‟orge par rapport à l‟avoine et la luzerne, du fait que : i) la culture de l‟avoine
est moins répandue en milieu steppique, car elle est plutôt considérée comme un fourrage à
foin, alors que son extension est subordonnée au prix de la semence sur le marché. ii) la
luzerne, d‟introduction récente, depuis 10 ans à peine, commence par prendre place dans
l‟alimentation des moutons. Actuellement, elle est très sollicitée au regard de son avantage
productif. La luzerne était proposée comme un fourrage de remplacement des cultures
classiques dans les périmètres irrigués (Abdelguerfi et al, 2008), néanmoins, la cherté et la
non disponibilité des semences constituent une entrave pour l‟extension de ce type de culture.

L‟extension de l‟agriculture en milieu steppique s‟avère intéressante à court terme, mais


elle présente des risques d‟altération des sols à moyen terme qu‟il faut prendre en compte
pour la durabilité du système (Khaldi, 2014). Extension au détriment des parcours,
exploitation excessive des ressources hydriques souterraines, faible maitrise de la technicité
des cultures, semblent les éléments de vulnérabilité des systèmes actuels d‟exploitations des
ressources naturelles et présentent un risque de dégradation du patrimoine naturel.

Quant aux façons d‟exploitation des ressources hydriques, le débat est toujours ouvert entre
conviction, qu‟elle soit renouvelable ou non. Nedjraoui (2004), annonce dans un travail
d‟évaluation des ressources pastorales en milieux steppiques algériens que : « les ressources
hydriques sont faibles, peu renouvelables, inégalement réparties et anarchiquement
exploitées ». Raison pour laquelle, des études d‟impact, plus spécialisées dans ces aspects
doivent être réalisées pour évaluer le degré de durabilité et de résilience de ces pratiques
culturales, ainsi que la faisabilité de l‟extension de ces alternatifs alimentaires, de les
améliorer, et de l‟intégrer dans un processus de développement durable de la région.

166
Résultats et discussion La mobilité des troupeaux et gestion du territoire

Chapitre IV : La mobilité des troupeaux et gestion du territoire

Dans la steppe, la vocation historique était l‟élevage extensif d‟ovins, de caprins et de


dromadaires, complétée par la culture itinérante des céréales (Aïdoud, et al, 2006).
Bourbouze (2000), signalait qu‟il y a un peu plus d‟un siècle, la totalité des populations
qu‟on y rencontrait sur l‟ensemble des steppes du Maghreb était nomades. Les activités de
l‟élevage ; principales activités, étaient caractérisées par la mobilité des troupeaux et des
hommes d‟une part, et par la persistance de vastes territoires à usages collectifs d‟autre part.

La steppe était donc un vaste écosystème pâturé et partagé entre des tribus nomades
(Kanoun et al, 2018). Les pâtures steppiques constituaient la principale ressource alimentaire
des animaux d‟élevage. La mobilité se carastérisait par des mouvements pendulaires
(Bencherif, 2011) ; en été, des transhumances traditionnelles allaient vers le Tell au nord
(Achaba), et l‟hiver vers les zones présaharienness au sud (Azzaba). C‟etait grâçe à ces
pratiques de transhumance qu‟un équilibre des systèmes d‟élevage se maintenait. Cependant,
plusieurs facteurs ont profondément affecté cet équilibre, du fait que l‟élevage steppique n‟est
pas resté à l‟écart des changements qu‟à subi le territoire steppique depuis le siècle dernier.
Dès lors, il se retrouve actuellement dans une dynamique perpétuelle de recomposition
territoriale avec des stratégies d‟accaparement de la ressource alimentaire (Kanoun et al,
2018).

Par ailleurs, les effets des changements climatiques, surtout en périodes de sécheresse,
(Kanoun et al, 2018), outre des mutations du statut foncier sur l‟espace pâturé, par le passage
du collectif au privé, (Bourbouze, 2018), ont eu un impact majeur sur l‟organisation de
l‟espace. Les nouvelles pratiques d‟élevage sont caractérisées par l‟objectif d‟avoir plus de
performances que par le passé, mais en adoptant des comportements plus individualistes et
plus inégalitaires comme le signalait Bourbouze (2018).

Antérieurement, c‟était grâce aux mouvements de déplacements "qui suivaient la pluie",


que les besoins alimentaires des troupeaux étaient assurés. Cependant, l‟importance de ces
déplacements s‟est limitée en raison de multiples changements dans les systèmes
d‟exploitation des ressources. De nouvelles pratiques de conduite sont apparues, elles sont
propres à chaque éleveur suivant les conditions de sa région d‟origine. Dans une logique
d‟identification de la mobilité des troupeaux dans la région de M‟Sila, dans un premier temps
identifier les différentes dynamiques ayant trait aux déplacements des troupeaux, puis dans un
second temps, procéder à des comparaisons avec d‟autres régions steppiques dans la

167
Résultats et discussion La mobilité des troupeaux et gestion du territoire

perspective de répertorier les différentes trajectoires adoptées qui gouvernent la mobilité des
néo-systèmes d‟élevage ovins.

IV.1- Transhumance des troupeaux de la région de M’Sila


Suites à nos investigations sur le terrain, trois types de mobilités ont été répertoriées et
identifiées auprès des éleveurs de la région de M‟Sila. 42 % de nos interlocuteurs pratiquent
au moins un type de mobilité, cela touche 64,5 % de l‟ensemble des effectifs ovins recensés.
Les trois types de mobilités sont pratiqués d‟une manière indépendante les unes aux autres
suivant les circonstances socio-économiques de chaque éleveur, ainsi que des conditions
climatiques qui sévissent lors des périodes susceptibles de déplacements. Ces derniers se
ponctuent de manière plus ou moins irréguliers suivant la disponibilité des fourrages, qu‟ils
soient dans la zone de départ ou dans celle de destination de la mobilité (transhumance). La
règle générale est qu‟on déplace les troupeaux seulement en cas de raréfaction des fourrages
naturels sur place (zone du siège de l‟élevage) et leur prépondérance ailleurs. Car déplacer les
troupeaux est synonyme de dépenses supplémentaires, alors que les éleveurs souhaitent
obtenir un profit optimum.

Ce changement dans la perception des éleveurs vis-à-vis de la mobilité des troupeaux,


où des déplacements ont fini par devenir une pratique d‟appoint adoptée lorsque les
conditions sont présumées défavorables. Les transhumances ne sont plus systématiques. C‟est
une nouvelle stratégie qui donne lieu à de nouveaux schémas de mobilité propres à chaque
éleveur. Les périodes de déplacement tout comme les zones de destination et les moyens à
déployer sont les principaux déterminants des différents scénarii de mobilité. Cela permet de
distinguer les différents types de mobilité.

IV.1.1- La mobilité estivale


Il s‟agit de la transhumance traditionnelle vers les zones telliennes (Achaba) dont 27 %
de nos interlocuteurs déclarent pratiquer une forme de mobilité vers les zones plus au Nord.
En matière d‟effectif ovin, c‟est 52 % du total recensé qui sont concernés par cette
transhumance estivale. Chose qui reflète l‟intérêt apporté à l‟alimentation des animaux en
profitant des jachères (au printemps) et des chaumes (en été) dont l‟apport est assez
considérable. Il permet l‟allègement de la complémentation alimentaire via les concentrés.
C‟est dans ces entités spatiales où 63 % des déplacements ont lieu durant la période
printanière et estivale. Quant au reste (soit 37 %), les déplacements ont lieu en été jusqu‟au
début de l‟automne.

168
Résultats et discussion La mobilité des troupeaux et gestion du territoire

Il s‟agit principalement des zones telliennes limitrophes, où 60 % des déplacements


s‟effectuent vers les territoires des Wilayas de Bordj Bou Arreridj et Bouira, et 30 % des
déplacements vers la Wilaya de Sétif. Le reste des déplacements, soit 10 %, sont ponctués
vers des zones plus ou moins proches (Ain Defla, Ain Temouchent, et Médéa). Le choix de la
zone de destination est subordonné aux relations et liens sociaux noués avec les
céréaliculteurs du tell mais aussi de la disponibilité des points d‟abreuvement.

Les 55 % d‟éleveurs pratiquant ce type de mobilité déclarent avoir une certaine


régularité quant aux fréquences de déplacement, là où ils ont l‟habitude de l‟effectuer chaque
année durant les mêmes périodes. Tandis que le reste, soit 45 % des transhumants déclarent
pratiquer cette mobilité suivant les conditions climatiques de la zone d‟origine et de la zone
de destination. Autrement dit, c‟est la prépondérance (ou disponibilité) fourragère dans les
deux zones de départ et d‟arrivée, qui dicte la décision à enclencher ou non un déplacement.

IV.1.2- La mobilité hivernale


Ce type de mobilité est moins pratiqué que le précédent. Seulement 9 % des éleveurs
enquêtés déclarent l‟avoir adopté. Cette mobilité ne concerne que 6 % de l‟ensemble des
effectifs recensés dans les entretiens. Il s‟agit de déplacements vers les zones présahariennes
pour bénéficier de l‟abondance relative de végétation naturelle et de la clémence du climat
durant la période hivernale, très rude en régions steppiques. C‟est des parcours présahariens
au Sud qui sont sollicités dans les zones pastorales de Biskra (66 % des déplacements), d‟El
Oued et Touggourt (34 % des déplacements).

Par ailleurs, seulement 23 % de ce type de mobilité semble avoir une fréquence


régulière, dont les déplacements sont effectués chaque année, alors que pour la majorité de
ces élevages, 77 %, les déplacements et la mobilité sont conditionnés par des considérations
écologiques (météorologie comme la température et couvert végétal dans les zones d‟origine
et de destination).

IV.1.3- La mobilité locale


Ce sont des déplacements effectués dans un rayon ne dépassant pas les limites de la
zone de M‟Sila (moins de 50 km). Ils s‟effectuent pour accéder à des terres louées qui sont :
des parcours susceptibles d‟être productifs, des chaumes et des jachères. Ces mobilités ne sont
pas ponctuées à travers une période précise, elles peuvent avoir lieu à tout moment de l‟année.
Ils sont 21 % des enquêtés qui déclarent l‟adopter et cela concerne 36 % des effectifs
recensés.

169
Résultats et discussion La mobilité des troupeaux et gestion du territoire

Par ailleurs, dans un contexte de monétarisation des ressources pastorales, ce type de


mobilité émergeant trouve sa place dans la conduite de certains troupeaux. Dans ce cas, les
éleveurs saisissent l‟occasion d‟exploiter des pâtures détenus par des acteurs sans troupeaux
ou avec ceux ayant une production en surplus (parcours, chaume, sinistrées, jachères). C‟est
une sorte de synergie qui s‟installe entre différents exploitants de la steppe dans un but de
profit mutuel. Ces déplacements restent très conditionnés par les circonstances climatiques de
la zone d‟origine et de la zone de destination. 62 % des déplacements se réalisent d‟une
manière irrégulière, où les éleveurs cherchent toujours les endroits les plus favorables. En
revanche, 38 % des déplacements semblent s‟effectuer régulièrement chaque année dans les
mêmes localités.

Pour tous les types de mobilité des troupeaux, le moyen de locomotion privilégié reste
toujours le camion, rapide et efficace, mais il constitue une charge assez importante, surtout
pour les éleveurs qui ne disposent pas de moyens de transport et qui se retrouvent dans
l‟obligation de recourir à la location de camion. Son usage est fondamentalement conditionné
par la distance à parcourir, il se justifie surtout pour les longues distances. C‟est ainsi que
pour l‟ensemble des déplacements recensés ; 55 % des éleveurs utilisent toujours le camion
dans les déplacements des troupeaux. Pour 26 % des éleveurs, le camion n'est utilisé que pour
les longues distances. Tandis que le reste, soit 19 % des éleveurs, pratiquent une forme de
mobilité à rayons limités et ne font que déplacer leurs animaux en marchant.

Le tableau N°32 récapitule les principaux indicateurs de mobilités dans la région de


M‟Sila.

Tableau N°32 : Indicateurs de mobilité des troupeaux dans la région de M’Sila.

Mobilité Nbre d'éleveurs Effectif concernés % effectif concernés

Mobilité d'été 27 15 930 52 %


Mobilité d'hiver 9 1 778 6%
Mobilité locale 21 11 012 36 %
Pratique de mobilité 42* 19 570* 64,5* %
Absence de mobilité 58 10 777 35,5 %
Total 100 30347 100 %
* Total des éleveurs pratiquant au moins une forme de mobilité, (interférence entre les trois types).

170
Résultats et discussion La mobilité des troupeaux et gestion du territoire

IV.2- Types des éleveurs selon la mobilité des troupeaux pratiquée


Une classification des éleveurs approchés suivant la pratique de mobilité donne lieu à
deux types : i) les éleveurs sédentaires, et ii) les éleveurs semi-sédentaires transhumants. Une
différence certaine de conduite des troupeaux entre les deux types, dont la conséquence la
plus importante pour les éleveurs est le coût de production. La figure N°55 récapitule la
répartition des éleveurs et des effectifs ovins pour les deux types des éleveurs mentionnés.

Sédentaires
35,5%
Sédentaires
58%

Semi-sédentaires
Transhumants
Semi-sédentaires 64,5%
Transhumants
42%

% d'éleveur % des effectifs ovin

Figure N°55 : récapitulatif des types des éleveurs suivant la mobilité des troupeaux.

IV.2.1- Les éleveurs sédentaires


Ce sont les éleveurs qui se contentent de l‟usage des ressources alimentaires locales (en
propre et obtenues). Généralement le rayon de déplacement des troupeaux pour les éleveurs
sédentaires ne dépasse pas les 15 km pour gagner les différentes pâtures (parcours, fourrages
verts, chaumes, et céréales sinistrés). La transhumance devient donc difficile à effectuer pour
ces éleveurs sous certaines conditions socio-économiques. Comme la tendance actuelle où les
aliments sont acheminés vers les animaux, ces éleveurs préfèrent l‟acquisition d‟aliments
notamment concentrés pour combler les besoins de leurs troupeaux plutôt que de faire
déplacer les troupeaux vers les pâtures hors steppe. Ce type de conduite représente 58 % de
nos interlocuteurs, néanmoins il ne touche que 35,5 % de l‟ensemble des effectifs ovins.

IV.2.2- Les éleveurs semi-sédentaires transhumants


Ce sont les éleveurs pratiquant au moins un type de mobilité mentionné précédemment
(mobilité estivale, mobilité hivernale, mobilité locale). La transhumance a toujours leur place
dans la conduite de l‟élevage pour ce type d‟éleveurs, malgré les changements parvenus dans
les façons de faire des déplacements. L‟organisation des déplacements des troupeaux donne la

171
Résultats et discussion La mobilité des troupeaux et gestion du territoire

qualification de « semi-sédentaire transhumant » à ces éleveurs : si l‟éleveur juge que la


transhumance pour une saison soit non rentable, il préfère donc garder son troupeau sur place
et acquérir les aliments nécessaires ; il devient donc sédentaire pendant une certaine période.
La flexibilité des déplacements dans le temps et la destination selon les besoins des troupeaux
et les conditions climatiques influent fortement l‟organisation des déplacements des
troupeaux. Ce type de conduite représente 42 % des éleveurs approchés, mais il touche 64,5%
de l‟ensemble des effectifs ovins recensés ; un part non négligeable des effectifs qui
bénéficient des avantages alimentaires des transhumances. Les éleveurs de ce type possèdent
généralement têtes ; plus important que la taille des troupeaux des éleveurs sédentaires, ce qui
justifié la nécessité des déplacements des troupeaux pour les éleveurs semi-sédentaires
transhumants.

Dans ce sens, les tests de comparaison des moyennes : test ANOVA, et tests de
comparaison des moyennes deux à deux (test Fisher et test Tukey) montrent une différence
significative entre les tailles de troupeaux des deux types des éleveurs.

IV.3- Trajectoires de mobilité des troupeaux


Comparée à d‟autres régions steppiques, M‟Sila présente des particularités en matière
de mobilité des troupeaux ovins. Kanoun et al. (2018), décrivent l‟existence de quatre types
de transhumances pour les éleveurs de la région de Djelfa avoisinante de notre espace
d‟étude : i) La transhumance traditionnelle avec les deux mouvements Achaba et Azzaba, ii)
Deux types de transhumances dans une seule direction soit Achaba, ou Azzaba, iii) Une
transhumance communautaire ne dépassant pas le rayon de 20 km de la zone d‟origine, iv) et
enfin une transhumance dite continue avec des mouvements aléatoires en fonction des
disponibilités fourragères. Par ailleurs, si ces auteurs signalent une régression de la pratique
de transhumance dans la région de Djelfa, elle semble avoir plus d‟importance dans la
conduite des élevages que pour les éleveurs de la région de M‟Sila. De multiples
considérations socio-économiques s‟avèrent entre les deux régions différentes ainsi que
l‟occupation des terres de parcours par des cultures. Dans la région de Djelfa, il existe
d‟avantage de mobilités dans les élevages.

La carte N°14 met en évidence les trajectoires de mobilité des troupeaux les plus
fréquentes par les éleveurs de la région de M‟Sila.

172
Résultats et discussion La mobilité des troupeaux et gestion du territoire

Carte N°14 : Trajectoires de mobilité des troupeaux ovins de la région de M’Sila.

IV.4- Contribution de la transhumance dans la ration des troupeaux


Malgré la baisse des mouvements de transhumance, les ressources alimentaires de cette
dernière constituent une bonne partie de l‟alimentation des troupeaux transhumants pendant
une certaine période de l‟année. Des calculs d‟estimation de la part des pâtures de
transhumance donnent lieu à des résultats assez remarquables. Les résultats sont effectués
pour une seule campagne agricole (2017/2018), mais ils fournissent une image sur la
contribution des transhumances dans la satisfaction des besoins des troupeaux.

Il apparait que la part des de la végétation pastorale des pâtures lors des transhumances
peut atteindre jusqu‟à 66 % des besoins de troupeau, avec une contribution moyenne de
l‟ordre de 20 ± 17 % des besoins des troupeaux transhumants. La transhumance estivale, et la
transhumance locale constituent la grande partie de l‟apport de la transhumance ; elles
contribuent respectivement de 55,5 % et 42,5 % (98 % ensemble). La transhumance hivernale
ne contribue qu‟à 2 % des besoins des troupeaux, car déjà le nombre des éleveurs effectuant
ce type de transhumance est faible (seulement 9 éleveurs).

Le tableau N°33 récapitule les principales estimations concernant la contribution


alimentaire de la transhumance. Les modes de calculs se reposent sur l‟estimation des apports
des pâtures (parcours, chaumes, céréales sinistrées et jachères) (en UF) pendant les périodes

173
Résultats et discussion La mobilité des troupeaux et gestion du territoire

de transhumance. Chaque éleveur transhumant fait l‟objet d‟une estimation individuelle de


son troupeau. Ensuite, une sommation des apports des transhumances a était effectuée, puis
exprimée en pourcentages par rapports aux besoins des troupeaux transhumants.

Tableau N°33 : Récapitulatif de la contribution alimentaire de la transhumance.

Transhumance hors steppe Transhumance steppe Total


Mobilités
Mobilité d'été Mobilité d'hiver Mobilité locale transhumance
Apport alimentaire (%) 55,5 % 2% 42,5 % 21 % *
Nbre d'éleveurs concernés 27 9 21 42 **
* : Pourcentage calculé par rapport au total des besoins des troupeaux des éleveurs semi-sédentaires transhumants.
** : Total des éleveurs pratiquant au moins une forme de mobilité, (interférence entre les trois types).

IV.5- Conclusion
Dans le contexte actuel, caractérisé par la privatisation du foncier en milieu steppique,
la mise en culture et la monétarisation des ressources pastorales, il semble que la mobilité des
troupeaux ovins a moins d‟importance que par le passé pour les éleveurs de la région de
M‟Sila. Elle n‟assure que 21 % des besoins globaux des troupeaux transhumants. Certains
éleveurs ont abandonné la pratique de la transhumance et tentent de trouver des ressources
alimentaires plus proches et plus rentables, notamment à travers la mise en culture des
fourrages, et la location des ressources proches (chaumes, céréales sinistrées, jachère,
parcours) ; ils sont devenus des éleveurs sédentaires (58 % des cas). La transhumance se
justifie pour les éleveurs ayant de grands troupeaux, là où les charges inhérentes au transport
semblent amorties. Dans ce cas, les éleveurs adoptent les mouvements de transhumance
suivant les besoins du troupeau et de la disponibilité fourragère dans les zones d‟origine et
celles de destination. Cette catégorie d‟éleveurs est nommée « les éleveurs semi-sédentaires
transhumants », ils représentent 42 % des cas.

En l‟état actuel des circonstances, désormais la mobilité des troupeaux est décidée de
manière plus rapide, et la gratuité de faire pâturer les animaux n‟est plus de mise dans la
plupart des zones d‟accueil des transhumances, surtout au Nord. Dans ces zones, actuellement
les ressources végétales quel que soit leur nature ont fini par devenir payantes. Par
conséquent, l‟éleveur décide de se déplacer en fonction des opportunités et des moyens à
déployer.

Les changements dans les droits d‟accès aux ressources pastorales ont enclenché une
course d‟appropriation privative et l‟exploitation individuelle des terres de parcours. Les
conséquences écologiques de ces nouveaux modes de gestion du territoire s‟avèrent graves.

174
Résultats et discussion La mobilité des troupeaux et gestion du territoire

La productivité des parcours ne cesse de diminuer, et la désertification touche de plus en plus


de terres. Les mouvements de transhumances actuelles n‟améliorent pas la situation des
parcours steppiques, notamment avec la mobilité locale qui contribue au maintien d‟une
surcharge animale permanente sur les parcours.

Quant à nos interrogations soulevées dans la problématique concernant la


transhumance dans la région? Nous avons pu montrer que 64,5 % du cheptel effectue des
mobilités mais la proportion d‟éleveurs est devenue minoritaire à 42 %. En matière de
stratégie de mobilité qu‟elles sont les pratiques ? Les éleveurs transhumants enquêtés adoptent
majoritairement la stratégie de mouvements pendulaires des troupeaux mais selon de
nouvelles formes en termes d‟occupation, d‟exploitation et de gestion de la ressource et
surtout sans que le rythme des transhumances soit systématique. Elles se décident et
s‟organisent très rapidement selon les années et les saisons.

175
Résultats et discussion La gestion financière de l’élevage ovin

Chapitre V : La gestion financière de l’élevage ovin

Aujourd‟hui, il est rare de trouver un éleveur qui ne pratique que l‟élevage ovin. Cette
activité demeure la principale pour un grand nombre d‟éleveurs, mais ils sont nombreux à
avoir des activités annexes à d‟autres spéculations dans leurs exploitations. Chaque activité
exercée trouve sa place dans un schéma de fonctionnement de l‟exploitation permettant aux
éleveurs d‟avoir une certaine résilience économique en diversifiant les sources de revenu.
Cela permet de diminuer le risque lié à la mono-activité, et aussi d‟augmenter l‟autonomie
productive et financière de l‟exploitation notamment à travers l‟association élevage-
agriculture et d‟avoir des fonds disponibles pour le fonctionnement de différentes activités. A
titre d‟exemple, vendre quelques têtes en début de campagne agricole pour l‟achat des
semences et payer les frais de travail de sol.

Nos investigations sur le terrain nous ont clairement montrés l‟existence de multitudes
stratégies et activités. Elles s‟inscrivent dans diverses logiques de gestion et de financement
de l‟activité de l‟élevage ovin dans la région de M‟Sila. Si certaines pratiques ont pour
vocation première de permettre d‟améliorer la gestion alimentaire des troupeaux, d‟autres sont
sources de revenus afin d‟améliorer l‟efficience économique de l‟exploitation.

A travers ce chapitre nous tentons de décortiquer les différentes activités recensées qui
assurent la gestion et le financement de l‟activité d‟élevage.

V.1- Gestion de l’approvisionnement en aliments de bétail


Il a été relevé que la gestion des flux des aliments pour les ovins sont assurés par trois
leviers : la production, l‟achat et le stockage à travers lesquels les éleveurs tentent de trouver
la stratégie la plus adéquate à la situation qui se présente.

V.1.1- Production des aliments de bétail


La production de différents types d‟aliments est assurée en premier lieu grâce à la mise
en culture de différents fourrages, notamment l‟orge, l‟avoine et la luzerne, par les éleveurs
eux-mêmes, qui deviennent ainsi des agro-éleveurs. L‟association agriculture-élevage est la
tendance la plus observée dans la région de M‟Sila, où 90 % de nos interlocuteurs affirment
pratiquer une forme d'agriculture. Produire ses propres aliments présente des avantages
économiques certains notamment pour atténuer les charges ayant trait à l‟achat des aliments.
L‟aliment produit sur place revient moins cher que lorsqu‟il est acheté. L‟autoproduction des
aliments permet une certaine autonomie alimentaire en limitant la vulnérabilité de l‟élevage
vis-à-vis des variations de prix des aliments sur les marchés.

176
Résultats et discussion La gestion financière de l’élevage ovin

La part des aliments produits dans l‟exploitation diffère d‟une exploitation à une autre
suivant plusieurs paramètres (taille du troupeau, superficies cultivées, usage de l‟irrigation,
orientation de production des terres agricoles, etc.). Pour l‟ensemble des enquêtés, le taux
d‟autoproduction des aliments varie de 5 % à 95 %, et n‟atteint jamais les 100 %, car il y a
toujours une partie d‟aliments que doit acquérir l‟agro-pasteur. Il s‟agit principalement
d‟achat de son de blé (impossible de produire sur place). Les investigations de terrain
montrent aussi que 56 % des enquêtés déclarent produire eux-mêmes plus de la moitié des
aliments nécessaires à leurs troupeaux ovins. Tandis que 32 % produisent moins de la moitié
des aliments. Alors que le reste des éleveurs (soit 12 %) déclarent l‟achat de la totalité des
aliments nécessaires pour leurs troupeaux. Ce sont des éleveurs qui ne pratiquent pas
l‟agriculture, ou ceux qui cultivent de petits lopins de céréales en sec avec des rendements très
négligeables.

V.1.2- Achat des aliments de bétail


Dans la situation où l‟éleveur n‟arrive pas à satisfaire les besoins alimentaires de son
troupeau depuis sa propre exploitation, le recours à se ravitailler depuis l‟extérieur s‟impose.
Dès lors, trois (03) modalités d‟approvisionnement en aliments de bétails sont observées :

i) Achat en cas de besoin immédiat d’aliment :


Les éleveurs adoptent cette modalité d‟approvisionnement qui ne permet pas d‟avoir de
grands stocks d‟aliments. Ils sont 55 % des enquêtés qui déclarent acheter les aliments dans le
cas d‟un besoin pressant. Stratégie imposée par les faibles disponibilités de fonds financiers.

ii) Achat d’aliments à bas prix :


Généralement la période de baisse des prix des aliments sur le marché coïncide avec la
période de moisson des céréales. C‟est durant la saison estivale marquée par une pléthore de
production où l‟offre est à son maximum et les prix sont à leur plus bas niveau que 27 % de la
population des acteurs approchés saisissent cette opportunité révélée comme une conjoncture
idéale pour réaliser leurs achats en grains de céréales, en prévision des besoins pour la
prochaine campagne. A cette période la concurrence entre les céréaliers permet d‟effectuer
avec plus de latitude de transaction. L‟adoption de cette modalité d‟approvisionnement
nécessite la disponibilité de ressources financières pendant la période de baisse des prix.

iii) Achat des aliments à fréquence périodique :


Il s‟agit d‟établir une sorte de calendrier pour l‟approvisionnement en aliments sans
tenir compte de leur prix sur le marché. C‟est une modalité qui permet de reconstituer de

177
Résultats et discussion La gestion financière de l’élevage ovin

manière périodique les stocks d‟aliments à fréquences épisodiques : chaque semaine/ chaque
mois/ tous les 2 mois/ chaque saison/ tous les 6 mois.

Ils sont seulement 18 % de nos interlocuteurs qui déclarent recourir à cette modalité
d‟approvisionnement en aliments de bétail.

V.1.3- Stockage des aliments de bétail


Le stockage des aliments constitue une pratique permettant d‟optimiser la gestion de
l‟alimentation alors que leur acquisition en période de baisse des prix, et entreposer ses
propres productions semblent être les facteurs majeurs derrière cette stratégie. Les aliments
stockés sont généralement : l‟orge en grain, le foin, la paille, et le son de blé.

La majeure partie des enquêtés, soit 88 %, stockent des aliments alors que les 12 % qui
restent ne le font pas par manque de local adéquat et de disponibilités de capitaux financiers
pour l‟acquisition important d‟aliments. Les aliments à stocker ont deux origines ; soit qu‟ils
sont produits sur place, ou bien achetés d‟ailleurs. La moitié des éleveurs (50 %) pratiquant le
stockage. Ils alimentent leurs réserves par des aliments produits et achetés. Tandis que 31 %
ne stockent que les aliments produits sur place. Le reste des éleveurs, soit 19 %, se trouvent
dans l‟incapacité de produire des aliments pour parer aux besoins du cheptel, ou ceux
produisant de petites quantités consommées prématurément, le stockage est réservé
exclusivement aux aliments achetés.

Il est à signaler que la plupart des éleveurs (87 %) préfèrent stocker de petites quantités
de son de blé pour les distribuer aux animaux dans des délais courts et éviter par la même
d‟éventuelles pertes causées par les moisissures, au regard des conditions de stockage
(infrastructure, température et humidité) qui laissent à désirer. Les photos N°7, 8, 9 et 10
montrent les différentes situations de stockage des aliments. Conscients de l‟importance
stratégique et économique que revêt l‟opération stockage des aliments de bétail, les éleveurs
qui investissent dans la construction d‟entrepôts de stockage sont pourtant rares (seulement
6 %). Alors que la majorité des éleveurs (94 %) préfère plutôt investir dans l‟agrandissement
des superficies emblavées, l‟augmentation de la taille de troupeau, l‟achat de matériels
agricoles et de transport, la réalisation de forage pour l‟irrigation des cultures. En somme, il
s‟agit d‟opérations permettant l‟agrandissement du capital productif de l‟exploitation.

178
Résultats et discussion La gestion financière de l’élevage ovin

Photo N°7 : Espace de stockage d’aliments Photo N°8 : Aliment mélangé prêt à être emballé
concentrés « conditionnés en sacs et en vrac ». dans des sacs.

Photo N°9 : Meule de paille et de foin en bottes. Photo N°10 : Paille stockée sous serre.

V.2- Engraissement et vente des animaux


L‟engraissement et la vente des animaux constituent à la fois des pratiques de
valorisation des produits de l‟élevage, ainsi que des moyens de contrôle financier des
ressources monétaires dans l‟exploitation. Autrement dit, ce sont des pratiques de gestion
technique et financière de l‟élevage.

V.2.1- Engraissement des ovins


Des suites des investigations de terrain, nous avons constaté que la pratique
d‟engraissement est la stratégie la plus appréciée par les éleveurs pour optimiser la
valorisation des produits de l‟élevage et assurer le maximum d‟accumulation, car les animaux
engraissés sont les mieux rémunérés. Par ailleurs, ils ressortent trois types d‟éleveurs en
matière l‟engraissement :

i) Les éleveurs naisseurs : ce sont ceux qui ne pratiquent pas l‟engraissement. Ils représentent
40 % de notre échantillon d‟éleveurs. Ils préfèrent vendre les agneaux produits juste après
sevrage.

ii) Les éleveurs naisseurs-engraisseurs : représentés par plus de 52 % de la population


enquêtée qui produisent eux-mêmes les sujets destinés à l‟engraissement. Certains d‟entre eux
ne se contentent pas d‟engraisser que les sujets issus de leurs propres troupeaux, mais achètent
aussi des têtes supplémentaires à engraisser. L‟acquisition d‟animaux à engraisser relève de

179
Résultats et discussion La gestion financière de l’élevage ovin

considérations socio-économiques qui s‟inscrit dans une logique de gestion d‟entrées de fonds
financiers aux moments opportuns liés aux exigences du marché de bétail. A titre illustratif,
lorsque l‟éleveur décide de vendre des agneaux sans cornes dans une perspective de les
substituer par d‟autres plutôt cornés mieux rémunérés sur le marché.

iii) Les éleveurs engraisseurs : ils sont seulement 8 % du total des éleveurs de notre
échantillon dont la pratique de l‟engraissement constitue l‟activité principale dans
l‟exploitation. Ce sont des éleveurs convertis totalement à l‟engraissement. Ils peuvent être
qualifiés d‟opportunistes car ils savent saisir les périodes de forte demande pour injecter leurs
fonds et tirer un maximum de profit. Malgré que les charges alimentaires soient lourdes à
supporter, la pratique de l‟engraissement demeure fort rentable et ce, au regard à la loi du
marché (prix élevés des animaux engraissés et de la viande ovine).

La figure N°56 met en évidence les proportions des trois types d‟éleveurs selon la
pratique ou non de l‟engraissement.

Figure N°56 : Récapitulatif des types d’éleveurs selon la pratique ou non de l’engraissement.

De cette figure on peut déduire que 60 % de nos interlocuteurs pratiquent


l‟engraissement des ovins. C‟est au regard de la préférence et de la forte demande des
consommateurs que les antenais, à hauteur de 70 %, sont les sujets les plus engraissés, Par
ailleurs, le reste des éleveurs, soit 30 %, pratiquent l‟engraissement de toutes catégories
animales confondues (antenais, antenaises, agneaux, brebis de réforme, agnelles) sans pour
autant tenir en considération de la législation en vigueur qui interdit l‟abattage des femelles
reproductrices (antenaises et brebis) dans le but de préservation du capital ovin national.
Toutefois, comme les contrôles ne sont pas opérés de manière systématique, les éleveurs

180
Résultats et discussion La gestion financière de l’élevage ovin

recourent à l‟engraissement des antenaises et des brebis jeunes à des fins d‟abattage.
D‟ailleurs, certains bouchers et consommateurs locaux préfèrent ces catégories animales qui
s‟avèrent moins chères que les mâles engraissés.

Quant au nombre de têtes engraissées, il apparait une corrélation positivement


significative moyennement forte entre le nombre de têtes engraissées et le nombre de têtes en
possession (R² = 0,6102). Autrement dit, les éleveurs possédant un grand troupeau ont
tendance à engraisser un nombre plus important de têtes. D‟un autre point de vue, 83 % des
éleveurs engraissent un nombre de têtes inférieur à 100, avec une moyenne de 59 ± 31 têtes.
Le reste des éleveurs, soit 17 % réalisent entre 130 et 400 têtes engraissés à chaque saison
agricole, avec une moyenne de 243 ± 119 têtes.

Il apparait que l‟engraissement pour la fête du sacrifice (El Aïd El Kabîr), présente
l‟occasion idéale pour rentabiliser au maximum l‟activité de l‟élevage ovin, au regard de la
forte demande en sujets vifs pendant cette occasion. Il en résulte que 93 % des éleveurs
pratiquant l‟engraissement, coïncident leurs calendriers d‟engraissement avec la fête du
sacrifice. Quant aux restes des occasions, elles restent moins importantes aux yeux des
éleveurs, à l‟instar du mois sacré de Ramadan, la saison de pèlerinage (El Hadj) et autres fêtes
(mariage, circoncision, etc.). Seulement 7 % des éleveurs déclarent pratiquer l‟engraissement
pendant toute l‟année, ce sont potentiellement des éleveurs engraisseurs dont l‟engraissement
constitue leur principale activité.

L‟opportunité de la fête du sacrifice met en exergue une forme d‟adaptation à la forte


demande la faisant coïncider avec le calendrier zootechnique de l‟élevage. La fête d‟El Aïd
recule chaque année de 10 jours (calendrier de l‟hégire). Sur le long terme, le décalage entre
année lunaire et année solaire, est continu. Cela représente des perspectives en termes
d‟anticipation que les éleveurs opèrent annuellement en proposant sur le marché des produits
engraissés.

A titre d‟exemple pendant l‟année de déroulement de nos entretiens (2018), la fête du


sacrifice était au début de mois d‟Août, moment où les éleveurs préparaient les agneaux
d‟automne (El Bikri) et les agneaux tardifs de l‟année précédente (Saïfi) pour qu‟ils soient
prêts à la bonne saison de vente. Il s‟agit donc, d‟une prise de décision quant à
l‟engraissement anticipé des animaux. Cette stratégie n‟est pas nouvelle pour les élevages
steppiques, car le décalage, entre année lunaire et solaire, a toujours existé, mais
l‟accroissement de la population et la forte demande à l‟occasion de la fête de sacrifice, le

181
Résultats et discussion La gestion financière de l’élevage ovin

choix des sujets à engraisser doit être opéré bien à l‟avance pour pouvoir répondre à l‟objectif
escompté.

Pour ce qui est du régime alimentaire, pour lequel sont soumis les animaux pendant
l‟engraissement, il s‟agit principalement d‟une supplémentation alimentaire à base d‟aliments
concentrés et de foin de bonne qualité, tout en jouant sur la majoration des quantités
distribuées au cours des trois derniers mois. Comme les aliments concentrés utilisés sont à
base de céréales (orge, son de blé et maïs) riches en énergie et pauvres en matières azotées,
souvent distribuées de façon excessive, il en résulte des sujets mal engraissés avec beaucoup
de graisses sous-cutanées.

V.2.2- Vente des ovins


La vente des animaux est l‟ultime opération à travers laquelle l‟éleveur agit à la fois via
la régulation des flux des animaux, des aliments et des fonds financiers. En milieu steppique
le mouton constitue un tampon financier dans l‟économie et un capital sur pieds mobilisable
en cas de besoin.

Dans cette optique qui se projette dans une logique de gestion de l‟élevage ovin, les
mécanismes de vente des animaux apparaissent très complexes, et semblent influencés par
plusieurs facteurs. En effet, des tendances dans les pratiques de vente sont fonction des
conditions écologiques (pluviométrie et végétation spontanée) et des variations des prix des
animaux sur les marchés de bétail.

Comme l‟alimentation des troupeaux constitue la charge majeure pour les élevages
ovins en milieu steppique, la gestion du troupeau, en termes d‟agrandissement ou de réduction
des effectifs, est subordonnée de la prépondérance de la végétation. En année favorable
(pluvieuse), les éleveurs procèdent à une thésaurisation sur pieds du cheptel au regard de la
gratuité de l‟alimentation. Dans le cas contraire, lors des années à faible pluviométrie, vendre
une bonne partie des animaux éviterai aux éleveurs de supporter des charges supplétives liées
à l‟achat de l‟aliment.

Une première moitié des enquêtés déclarent que la raison principale de vente des
animaux réside dans l‟acquisition des aliments pour la couverture des besoins animaux et
ceux du ménage en cas de besoin pressant d‟argent.

L‟autre moitié des éleveurs vendent leurs animaux pour couvrir les charges de mise en
culture des terres, notamment à tout ce qui attrait aux intrants, travail de sol et irrigation, en
plus d‟achat d‟aliments pour le troupeau et répondre aux besoins du ménage, tout en

182
Résultats et discussion La gestion financière de l’élevage ovin

conservant les sujets engraissés pour les écouler à l‟occasion de la fête d‟El Aïd à des prix
favorables et glaner davantage de profit.

Comme il apparait pour une grande partie des éleveurs, à hauteur de 86 %, que la vente
concerne tout d‟abord les jeunes animaux puis les sujets de réforme. Tandis que pour le reste
des acteurs enquêtés (soit 14 %), ils écoulent les animaux de réforme en premier lieu en
automne, puis les jeunes animaux au printemps juste après sevrage et à l‟occasion de la fête
du sacrifice qui coïncide avec l‟été.

Suivant le format des bêtes, la plupart des éleveurs (86 % des cas), déclarent vendre en
priorité les animaux de bonne conformation, car ils sont mieux rémunérés sur le marché. Pour
le reste des éleveurs, soit 14 % des cas, ils se débarrassent en premier lieu des animaux ayant
une mauvaise conformation. Opération considérée comme une forme de réforme dans le
troupeau.

C‟était la logique de vente des animaux dans les années dites normales. Cependant,
pendant les années sèches, certains éleveurs se retrouvent dans l‟obligation de vendre plus de
têtes pour arriver à subvenir aux besoins du reste du troupeau. Parfois il s‟avère impératif de
vendre des sujets qui relèvent du capital reproducteur. Dans des conditions similaires, une
autre logique de vente a lieu, elle consiste à préserver les sujets améliorateurs, et cela par un
ordre de vente qui commence par les jeunes femelles (non encore pleines), puis les brebis
reproductrices les moins performantes, et en dernier lieu les bonnes reproductrices et les
béliers reproducteurs. 38 % de nos interlocuteurs déclarent recourir à cette stratégie de vente
lorsque l‟année est présumée défavorable. Le reste des éleveurs, soit 62 %, semble pouvoir
éviter pareille pratique en mobilisant d‟autres sources financières afin de résister aux
calamités de la sécheresse.

V.3- Sources externes de financement de l’élevage ovin


Dans certaines conditions les ressources de financement internes de l‟élevage ovin
n‟arrivent plus à assurer la continuité de l‟activité, voire leurs indisponibilités à certaines
époques. Dans cette situation les éleveurs ont tendance à opter pour deux formes de
financements bien distincts : i) Chercher des financements d‟actions permettant
l‟augmentation de facteurs de production, notamment à travers les programmes de soutien
étatique. ii) Obtenir des emprunts ou crédits destinés à couvrir principalement les besoins
alimentaires du troupeau.

183
Résultats et discussion La gestion financière de l’élevage ovin

V.3.1- Soutien étatique


Depuis l‟aube des années 2000, différents programmes de soutien ont été initiés par les
pouvoirs publics pour la mise en valeur des terres agricoles dans les zones arides et semi-
arides. Cependant des dysfonctionnements ont été relevés, portant préjudices à l‟écosystème
steppique naturel (introduction de systèmes de culture au détriment des espaces de parcours).
Les éleveurs moutonniers y ont trouvé un intérêt à court terme en optant pour des profits dans
ces programmes d‟aide. C‟est une forme de financement pour améliorer la résilience de leurs
exploitations, notamment à travers l‟accumulation des facteurs de production (extension des
terres cultivables, acquisition de matériels agricoles, introduction de systèmes d‟irrigation de
pointe…etc.).

37 % de nos interlocuteurs déclarent bénéficier au moins d‟une action soutenue par les
différents programmes d‟appui de l‟Etat. Les actions les plus sollicitées par les éleveurs se
résument dans : la réalisation d‟un forage agricole, la construction d‟un bassin pour
l‟irrigation, l‟acquisition de matériel d‟irrigation d‟appoint (aspersion), et l‟aménagement
d‟un bâtiment d‟élevage. Ces actions, dans leur ensemble, permettent la mise en valeur des
terres agricoles avec l‟irrigation, autrement dit l‟augmentation des capacités à autoproduire les
fourrages cultivés.

Il est à signaler qu‟au début de la mise en œuvre des programmes de soutien, les actions
étaient totalement soutenues. Ce qui a donné lieu à un engouement de la part des exploitants
en milieu steppique pour tirer profit de ces programmes. Chose qui a favorisé davantage la
course à l‟usage de la steppe à d‟autres fins, corollaire d‟une surexploitation individuelle de
ses potentialités naturelles.

Quant au soutien direct à l‟élevage ovin, il porte sur l‟achat de l‟orge en grain aux prix
subventionnés (1 550 DA/ Qx, équivalant à 10 €), dans la mesure où il coûte 3 700 DA/Qx
(équivalant à 24 €) sur les marchés. La quantité autorisée à acheter au prix subventionné est
en relation au nombre de têtes en possession. C‟est notamment à travers un certificat de
vaccination contre la clavelée que les autorités peuvent identifier les élevages et inventorier
les effectifs ovins de chaque éleveur. La quantité d‟orge attribuée est de l‟ordre de 10 à 15
kg.tête-1, et dépend des disponibilités des stocks locaux de l’Office Algérien
Interprofessionnel des Céréales (OAIC), organisme chargé de l‟opération de distribution.
Certes des dysfonctionnements furent relevés, mais la quantité distribuée constitue un apport
non négligeable en aliments, qui peut couvrir même partiellement les besoins des animaux
pendant une certaine période. 72 % de nos interlocuteurs déclarent avoir bénéficié

184
Résultats et discussion La gestion financière de l’élevage ovin

régulièrement à ce type de soutien. Par ailleurs, les 28 % qui restent, attestent s‟abstenir
volontairement à ce service à cause de la lourdeur de l‟opération et la faible quantité octroyée.

V.3.2- Emprunts et crédits


L‟achat des aliments constitue la principale préoccupation des éleveurs pour trouver un
financement immédiat permettant l‟acquisition de complément alimentaire nécessaire aux
animaux. Avoir un crédit semble la solution idéale devant pareille situation, surtout en
l‟absence de possibilités de financement interne et d‟animaux bien rémunérés sur le marché,
ou d‟une récolte prête à vendre. Deux formes de crédits sont recensées dans cette situation :

i) Crédit auprès d’un tiers : il consiste à chercher de l‟argent liquide chez une personne de la
famille, un voisin, ou quelqu‟un d‟autre avec qui les relations sociales sont assez solides pour
avoir un tel service. Ils sont estimés à 58 % des enquêtés qui affirment recourir à ce type de
financement, surtout au début de la campagne agricole.

ii) Achat des aliments par crédit : certains commerçants d‟aliments de bétails peuvent
accepter l‟achat à crédit des aliments par les éleveurs avec lesquels ils entretiennent de bonnes
relations. C‟est une pratique très courante permettant aux éleveurs de retarder le paiement
jusqu‟à la commercialisation des animaux.

67 % de nos interlocuteurs avancent avoir recours régulièrement à ce type de


financement. À cause des charges alimentaires élevées, 36 % des éleveurs approchés
rapportent recourir simultanément aux deux types de crédits. Il est à signaler aussi que les
crédits octroyés n‟ont aucune nature officielle ou administrative, seule la tenue de parole est
gage de confiance mutuelle.

Ces types de crédits demeurent fonctionnels et moins contraignants que les crédits
bancaires. La réticence vis-à-vis les crédits bancaires trouve son explication dans des
considérations de préceptes religieux (taux d‟intérêts bancaires). La lourdeur des démarches
administratives est une seconde contrainte. De ce fait, les éleveurs préfèrent se détourner de
cette forme de financement vers les crédits dits non-officiels. Cette contrainte constitue un
frein majeur pour de nombreux projets d‟investissement agricole.

Cependant, il existe des éleveurs qui enregistrent une autosuffisance financière grâce
notamment à la diversification des activités agricoles. Il apparait difficile d‟avoir une telle
autonomie financière, raison pour laquelle seulement 9 % des éleveurs approchés déclarent
avoir connu une pareille situation.

185
Résultats et discussion La gestion financière de l’élevage ovin

V.4- Main-d’œuvre ; types et modalités de rémunération


La main-d‟œuvre affectée à l‟élevage constitue des charges non évitables, alors que le
gardiennage du troupeau en est la principale tâche à assurer. Deux types de main-d‟œuvre
sont engagés pour réaliser les différentes tâches relatives à l‟activité de l‟élevage ovin ; i) Les
bergers engagés via un contrat de travail, ii) l‟usage de la main-d‟œuvre familiale.

V.4.1- Le berger rémunéré


Il est constaté que 56 % de nos interlocuteurs font appel à l‟emploi de berger pour leurs
troupeaux, alors que les 46% restant prennent en main le troupeau, soit par leur propre soin ou
en ayant recours à un membre de la famille, allégeant ainsi les charges inhérentes au
gardiennage.

Par ailleurs, 89 % de l‟ensemble des élevages avec berger engagent un seul berger, 9 %
en engagent deux, et 2 % quatre bergers. Le nombre de bergers recrutés dépend de la taille du
troupeau, malgré l‟inexistence d‟une corrélation statistique significative révélée par la
difficulté d‟établir une équation exacte concernant cette relation. Plusieurs considérations
socio-économiques jouent un rôle déterminant quant au recours ou non de bergers et du
nombre à engager.

Dans les élevages ovins de la région de M‟Sila, deux types de rémunérations des
bergers sont présentes :

i) La rémunération salariale :
C‟est le mode dominant, avec 89 % des cas. En fait, le salariat est le modèle de
rémunération le plus répandu dans tous les secteurs économiques dans la région de M‟Sila.
Alors que dans le secteur de l‟agriculture en général et plus particulièrement pour l‟élevage
les dédommagements sont salariaux. Le salaire unitaire moyen est de l‟ordre de 250
DA/brebis gardée/mois (équivalant à 1,6 € /brebis gardée/mois), notamment avec une
variation entre les différents exploitations. Cette variation est conditionnée par une multitude
de facteurs, entre autres la taille du troupeau qui intervient dans la détermination du salaire.
Au final le salaire est établi sous un contrat verbal entre les deux parties. Les investigations de
terrain révèlent que les salaires des bergers varient entre 10 000 et 50_000 DA/mois
(équivalant de : 63,5 à 318 €/mois).

Certains éleveurs, estimés à 17 % des cas, en commun accord avec le berger engagé
ajoutent dans le contrat de salariat entériné : la prise en charge alimentaire totale ou partielle,
par le propriétaire et un nombre de brebis cédées au berger. Ce qui permettrait à terme à ce

186
Résultats et discussion La gestion financière de l’élevage ovin

dernier d‟acquérir son propre cheptel et qui peut ainsi devenir à terme propriétaire. C‟est ainsi
qu‟émergent de nouveaux éleveurs propriétaires en milieu steppique. Ils débutent comme
bergers et finissent propriétaires au fil des années. Cela a pour conséquence de multiplier les
troupeaux ovins, et donc, d‟augmenter aussi la charge animale dans la steppe, ce qui se traduit
par une surexploitation des parcours.

ii) La rémunération contractuelle :


Appelée communément Reb’ga, c‟est le mode de paiement traditionnel des bergers, peu
employé de nos jours, adopté par seulement 9 % des éleveurs enquêtés. Le contrat est à la
parole (verbal) obéît à un barème qui consiste : pour 5 à 7 brebis gardées, le propriétaire
octroie un agneau sevré au berger. Les agneaux en question sont choisis parmi ceux de la
campagne (El Bikri, El Chettoui, El Rebiï et El Saïfi). En fonction des relations
qu‟entretiennent les deux parties contractantes, certains propriétaires s‟engagent à : i) La prise
en charge totale ou partielle de l‟alimentation et les soins sanitaires d‟un nombre de têtes
appartenant au berger, ii) Accorder un prêt d‟argent au début de la campagne, iii) Offrir une
quantité de grains de céréales au berger après moisson.

Le contrat est entériné à durée annuelle, prend effet à partir de l‟automne, avec tacite
reconduction et renouvellement des articles qui les composent.

Beaucoup d‟éleveurs attirent l‟attention quant à la difficulté de trouver un berger


professionnel et digne « de confiance ». En milieu pastoral, la confiance entre les parties
contractantes constitue la base de tous types de convention. Les propriétaires se plaignent des
bergers qui n‟assurent plus les différentes tâches qui leurs sont confiées, alors que les berges
revendiquent souvent une augmentation de salaire outre de primes annexes et ce, au regard
des conditions de vie difficiles en l‟absence d‟assurance sociale. Cette revendication apparait
légitime dans les circonstances socio-économiques actuelles, notamment où le niveau de vie
est de plus en plus élevé, alors que les autres secteurs d‟activités semblent être mieux
rémunérés que le métier de berger.

V.4.2- Main-d’œuvre familiale


La main-d‟œuvre familiale demeure un aspect plus pratique que l‟appel à la main-
d‟œuvre externe. Dans le milieu rural, où les offres d‟emploi sont rarissimes, recourir à un
membre de la famille semble plus pertinent, alors que cette source de travail permet au
propriétaire du cheptel d‟avoir plus de confiance, elle est moins couteuse, et facile à
mobiliser. 75 % des enquêtés affirment avoir fait appel à la main-d‟œuvre familiale au sein de
leurs exploitations où la plupart emploient entre une (01) et cinq (05) personnes. Les

187
Résultats et discussion La gestion financière de l’élevage ovin

personnes mobilisées sont généralement les fils et les frères auxquels sont affectés les tâches
touchant à l‟ensemble des activités agricoles, à savoir ; gardiennage du troupeau, conducteur
de tracteur, irrigation des cultures, distribution des aliments pour les animaux, opérations
saisonnières, etc.

En général, la rémunération de la main-d‟œuvre familiale prend une dimension salariale


pour les frères. Mais pour les fils, elle se fait contre leur prise en charge dans le ménage. Cela
représente un avantage économique par apport à la main d‟œuvre externe.

Dans les exploitations familiales, le père est toujours le chef de l‟exploitation, et chaque
fils s‟occupe d‟une tâche de travail. Les fils qui sont les héritiers de l‟exploitation, prendront
leur liberté économique lorsque qu‟ils décident de leurs propres ménages. Dans ce cas, le chef
de famille (père) attribue à son fils une partie de son troupeau pour pouvoir commencer. Ainsi
émergent de nouveaux éleveurs, allant crescendo, en milieu steppique qui font à la fois
multiplier les effectifs ovins et augmenter la charge animale sur les parcours.

Reste à signaler que dans les deux formes de main-d‟œuvre citées, le rôle des femmes
reste toujours dissimulé. Malgré qu‟elles s‟adonnent à toutes les activités liées à l‟élevage, les
femmes interviennent notamment dans la distribution des aliments aux troupeaux, aux soins
des jeunes sujets, au pâturage à proximité de l‟habitat, etc. Leur degré d‟implication diffère
d‟un système à l‟autre, mais dans tous les cas, elles n‟ont pas le droit d‟intervenir dans la
gestion des troupeaux. Dans ces sociétés patriarcales, les femmes sont aussi exclues de la
gestion des terres. Même, si la femme possède de la terre, l‟exploitation et la gestion sont
assurées par un membre masculin de sa famille (père, frère, mari ou fils) (Kanoun et al.,
2012).

V.5- Activités extra-agricoles


Avoir une source de revenu hors exploitation agricole est l‟une des stratégies adoptée
par certains éleveurs. Autrement dit, c‟est de la pluriactivité au demeurant une source de
financement à la fois pour le ménage et l‟exploitation, permettant de parer à d‟éventuels
risques. Pour notre échantillon, 17 % des éleveurs approchés affirment avoir une autre activité
hors agriculture (y compris l‟élevage). La grande partie d‟entre eux, soit 65 % ont une activité
dans le secteur publique (fonctionnaires et fonctionnaires retraités), ce qui leurs permet
d‟avoir à la fois un revenu stable couvrant les besoins du ménage, et une sécurité sociale
couvrant les soins de santé pour les membres de ménage. Cette dernière semble très appréciée
par les éleveurs malgré l‟existence d‟une assurance santé et de retraite spéciale pour les
employés du secteur agricole (La sécurité sociale des non-salariés). Mais dans la perception

188
Résultats et discussion La gestion financière de l’élevage ovin

des éleveurs, cette dernière est moins avantageuse, car il faut déclarer ses revenus et payer des
cotisations ; un engagement inexécutable dans un climat de non confiance générale entre les
employeurs et les services étatiques.

Une autre partie d‟éleveurs (soit 35 %) exercent dans des activités libérales
(commerçants et entrepreneurs) dont les revenus s‟avèrent assez considérables comparés au
secteur public. Les revenus, en partie, sont une source permettant d‟amorcer et relancer
l‟élevage dans les conditions difficiles. Dans ces circonstances, les activités libérales jouent le
rôle d‟amplificateur financier : en cas de bénéfice dans l‟activité de l‟élevage, les éleveurs
investissent le surplus d‟argent dans ce type d‟activités d‟un côté, et les bénéfices seront
injectés de nouveau dans l‟élevage à travers l‟agrandissement de la taille du troupeau d‟un
autre côté.

Par ailleurs, un seul éleveur affirme avoir une pension de retraite française constituant la
principale source de revenu dans son exploitation. Par le passé, cette source de revenu issue
de l‟émigration constitue un important facteur dans l‟apparition d‟une classe de grands
éleveurs qualifiés de « notables » bouleversant l‟image classique de la steppe pastorale et
favorisant ainsi une course démesurée vers l‟appropriation des ressources naturelles
(Bourbouze, 2006).

En conclusion, quelques soit l‟activité économique exercée, elle entre dans une stratégie
de diversification des sources de revenu des éleveurs, en augmentant la résilience de
l‟exploitation vis-à-vis des divers perturbations qui peuvent arriver (aléas climatiques et
incertitudes économiques entre autres). Les flux des fonds financiers entre les différentes
activités permettent d‟optimiser leurs performances économiques ; c‟est une forme de
flexibilité économique assurant la poursuite de l‟activité de l‟élevage ovin, notamment par les
fonds des autres activités. Dans cette logique, chaque activité économique constitue une
source de financement de l‟autre, l‟orientation des budgets est fortement influencée par les
conditions de réussite de chaque activité exercée.

V.6- Matériel agricole ; facteur de vigueur dans l’exploitation


Dans les circonstances actuelles, où la mécanisation des activités agricoles et de
l‟élevage est une obligation technique pour pouvoir prétendre à des performances de
production. La possession d‟un matériel est une source de vigueur pour que l‟exploitation soit
efficace en exploitant et valorisant au mieux les ressources (terres agricoles, parcours,
transhumance…etc.). Avoir son propre matériel signifie : plus d‟autonomie et moins de
dépendance par rapport à autrui, plus d‟efficacité dans les opérations effectuées et moins de

189
Résultats et discussion La gestion financière de l’élevage ovin

charges relatives à la location. La figure N°57 met en exergue l‟essentiel du matériel que
détiennent les éleveurs dans leurs exploitations. Il se compose principalement de :

i) Tracteur :
C‟est l‟élément moteur pour assurer différentes tâches opérées sur l‟exploitation (travail
de sol, semis, fertilisation, récolte, transport des aliments et de l‟eau, etc.). Il semble que c‟est
le matériel le plus important aux yeux des éleveurs enquêtés, dont 36 % possèdent leurs
propres tracteurs, excepté un seul éleveur qui détient deux tracteurs.

ii) Camion :
C‟est un moyen qui a bouleversé la logique de la steppe pastorale. Désormais lors des
longs déplacements, les animaux et les fourrages sont transportés par camion. Véritable
perversion de logiques qui a mené Bourbouze, (2000), à dire qu‟à l‟inverse du pastoralisme
traditionnel, l‟eau et les aliments viennent vers les animaux. 27 % de nos interlocuteurs
déclarent avoir un camion.

iii) Véhicule utilitaire :


Il a la même utilité qu‟un camion mais à capacité de charge limitée, généralement c‟est
un 4X4 que 65 % des éleveurs approchés déclarent en avoir un. Ce type de véhicule est utilisé
à la fois dans les tâches de l‟agriculture que dans l‟élevage (transport de semences, récoltes,
aliments, animaux, et matériels agricoles), mais aussi utilisé à des fins domestiques.

iv) Moissonneuse-batteuse : nécessite un lourd investissement, l‟acquisition d‟une


moissonneuse-batteuse ne peut se justifier qu‟en cas de possession de grandes superficies à
moissonner chaque année, ou bien de faire de la prestation aux autres. En effet, cet
équipement lourd, à usage limité dans l‟année (moisson), et pour le rentabiliser il faut
optimiser son usage. Raison pour laquelle on compte seulement 6 % de nos interlocuteurs qui
signalent avoir une moissonneuse-batteuse.

65%

36%
27%
6%

Tracteur Camion Véhicule utilitaire Moissonneuse-batteuse


Figure N°57 : Possession de matériels agricoles.

190
Résultats et discussion La gestion financière de l’élevage ovin

Des correlations positivements significatives sont observées entre les équipements


agricoles en possession et la taille de troupeau ovin d‟un côté, et la superficie agricole
exploitée de l‟autre. Certes, les correlations ne sont pas très fortes (respectivement R²ovin =
0,245, R²SupAgri = 0,357), mais elles reflètent l‟hypothèse de l‟accumulation des facteurs de
production. Autrement dit, les gros éleveurs (avec une taille importante du troupeau) qui
exploitent de grandes supeficies agricoles ont tendance a avoir plus de matériel agricole, ce
qui leurs permet de tirer profit au maximum des ressources. Ainsi, les grandes exploitations
agricoles ont tendance à agrandir leurs potentiels de production en rapport avec leurs
potentialités économiques.

La location de matériels agricoles constitue une source de revenu non négligéable,


surtout pour les moissonneuse-batteuses et les tracteurs. 12 % de nos enquêtés affirment louer
leurs matétiels agricoles à un tiers dans un but d‟amortissement et surtout d‟avoir un revenu
supplémentaire destiné à l‟achat des aliments pour le troupeau.

V.7- Conclusion
Les systèmes d‟élevage ovins sont caractérisés par la diversification des activités
économiques dans le secteur agricole et en dehors également. C‟est la stratégie globale
adoptée par les éleveurs de la région de M‟Sila. La diversification des sources de revenu
contribue à la diminution des risques liés aux différentes perturbations (aléas climatiques,
mutations socio-économiques et politiques de gestion territoriales). Les revenus de chaque
activité économique constituent un fond pour perpétuer sa continuité, mais aussi pour le
déroulement d‟une autre activité, dont l‟élevage ovin. Ainsi les ressources monétaires aussi
bien internes qu‟externes connaissent des flux entre activités en réponse aux besoins et une
garantie à la résilience de l‟activité de l‟élevage ; ô combien révélatrice d‟une importance
capitale dans la plupart des exploitations agricoles de la région d‟étude.

Dans cette logique de gestion financière des exploitations, les ovins sont considérés à la
fois comme un investissement et un capital sur pieds mobilisé en cas de besoin immédiat (Ex :
achat des aliments), ou programmé (achat des terres agricoles). L‟ovin joue un rôle de tampon
économique, essentiel dans la gestion économique des exploitations agricoles en milieu
steppique.

De multiples sources de financement de l‟élevage ovin sont recensés, dont deux


semblent être les plus stratégiques dans la gestion de l‟élevage. Il s‟agit de : i) La gestion de
l‟approvisionnement en aliments de bétails à travers ses trois maillons en l‟occurrence, la

191
Résultats et discussion La gestion financière de l’élevage ovin

production, l‟achat, et le stockage. ii) L‟engraissement et la vente des animaux, considérés


comme régulateurs des flux de sortie des animaux.

Dans la circulation des flux des animaux, des aliments et des informations, le marché de
bétail joue un rôle important ; c‟est l‟endroit de rencontre de l‟ensemble des acteurs
économiques impliqués dans la filière ovine (éleveur, maquignon, boucher, et
consommateur). Les mécanismes de fonctionnement du marché de bétail sont complexes,
notamment en ce qui concerne l‟évolution des prix des produits. La région de M‟Sila est
connue par être une zone de production et de commercialisation des ovins dotée de quatre
grands marchés à bestiaux hebdomadaires qui comptent parmi les plus grands à l‟échelle
nationale (marché de Boussaâda, marché d‟Ain EL Meleh, marché de Sidi Aïssa, et marché de
M’Sila) fréquentés par des acteurs divers venant des quatre coins du pays. Il est aussi relevé
un nombre non négligeable de petits marchés locaux. D‟ailleurs, la plupart des éleveurs
approchés préfèrent la vente sur ces derniers (région de M‟Sila) que ceux des autres zones,
notamment pour leur fréquentation, synonyme de prix de vente plus intéressants pour les
éleveurs.

L‟accumulation des capitaux de production (troupeau, terres agricoles, espace de


pâturage, matériels agricoles, etc.) est la logique adoptée par les éleveurs pour assurer la
durabilité de leurs exploitations. Elle assure une flexibilité des systèmes de production dans
une logique de gestion individuelle. C‟est la logique dominante dans les systèmes de
production caractérisant la région de M‟Sila. Le but ultime est d‟assurer la continuité de
l‟activité de l‟élevage ovin.

Cependant, il y a un aspect négatif de ses stratégies de résilience qui porte sur la gestion
des ressources naturelles. Aucune dimension de préservation des ressources n‟est envisagée
par les éleveurs. Donc, dans les conditions de désordre que connait la filière ovine, tout le
monde trouve dans l‟élevage ovin une opportunité pour un profit rapide et intéressant. Aucune
règle de limitation des effectifs n‟existe, ces derniers ne cessent d‟augmenter dans une course
égalitaire vers l‟exploitation maximale des ressources naturelles (Bourbouze, 2000). En
conséquence, la dégradation des parcours et leur désertification serait la résultante la plus
remarquable.

192
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage

Chapitre VI : Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage.

Dans les circonstances actuelles, les éleveurs sont confrontés à de nombreux obstacles
pour assurer la continuité de l‟activité de l‟élevage. Les sècheresses chroniques et le
manque de fourrages naturels demeurent les principales contraintes entravant l‟élevage
ovin en milieu steppique. La dégradation des parcours et la diminution de leur productivité
poussent les éleveurs à trouver d‟autres ressources alimentaires pour leurs troupeaux.

La sècheresse et le manque de fourrage naturel engendrent une cascade de contraintes


liées les unes aux autres. La cherté des aliments de bétail (couteux pour les produire, et chers
pour les acheter), l‟instabilité des prix des aliments sur les marchés et les perturbations dans
leur disponibilité constituent une source majeure d‟inquiétude des éleveurs, obligés à faire
face.

VI.1- Identification des stratégies de résilience de l’élevage


Suites à nos investigations sur le terrain, il apparait que les éleveurs ont adopté
différentes stratégies pour augmenter la résilience de leurs systèmes de production face aux
multiples contraintes. Elles sont classées selon leur nature : i) Des stratégies liées à la
conduite de l‟élevage, ii) Des stratégies de financement, iii) Des stratégies technico-
organisationnelles touchant l‟aspect décisionnel.

VI.1.1- Stratégies liées à la conduite de l’élevage


Il s‟agit de pratiques favorisant directement ou indirectement la résilience de l‟aspect
conduite de l‟élevage (alimentation et reproduction). Elles sont mentionnées par ordre
d‟importance comme suit :

VI.1.1.1- Association Elevage-agriculture


L‟association entre l‟élevage et l‟agriculture demeure la stratégie préférée par les
éleveurs, dont 90 % de nos enquêtés s‟adonnent au moins à une forme d‟agriculture ; il s‟agit
plutôt d‟agro-éleveur. Cette stratégie a de multiples avantages dont les plus importants sont :

- Diversifier les revenus à travers la diversification de spéculations agricoles ;


- Produire une partie des aliments du troupeau, notamment via les cultures fourragères (orge,
avoine, luzerne) ;
- Diminuer le risque lié aux conditions climatiques qui conditionnent fortement la
disponibilité des fourrages naturels, notamment par le recours à l‟agriculture en irrigué.

193
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage

Avoir plusieurs sources de revenu augmente certainement la résilience des


exploitations. C‟est à travers la répartition des risques potentiels que les éleveurs tentent
d‟augmenter la résilience de leurs exploitations. La tendance vers l‟agro-pastoralisme dans la
steppe reflète l‟intérêt de la pratique agricole dans les systèmes de production actuels.

La principale culture pratiquée par les agro-éleveurs demeure l‟orge, avec ou sans
irrigation. L‟orge occupe une place primordiale dans la vie économique des exploitations
d‟élevage steppique au regard de ses multiples usages : fourrage vert, aliment concentré,
paille, chaumes. Il s‟agit de la situation générale. Toutefois, dans certaines exploitations,
d‟autres cultures occupent plus de place que l‟orge. C‟est en fonction des objectifs
économiques de chaque agro-éleveur que des assolements sont mis en évidence. Raison pour
laquelle, les modèles de gestion des terres agricoles diffèrent d‟une exploitation à une autre
selon les objectifs assignés et tenant compte des potentialités disponibles.

Certaines cultures assurent un revenu considérable pour certains agro-éleveurs, à


l‟image de la culture de blé dur qui finit par devenir très rentable au regard de son prix très
avantageux. D‟autres agro-éleveurs s‟adonnent à la pratique des cultures maraichères et à
l‟arboriculture fruitière dont la rentabilité s‟avère considérable, raison pour laquelle, ils
réservent une bonne partie de leurs terres pour ces deux spéculations.

Par ailleurs, l‟élevage a aussi des bienfaits sur les terres agricoles, notamment par une
fertilisation organique via les déjections animales, qui se répercute positivement sur la fertilité
des sols et l‟augmentation des rendements des cultures installées. De cette relation biologique
entre agriculture et élevage, se révèle une véritable symbiose entre vocations, contribuant à la
pérennité de systèmes de production dans leur globalité. Par ailleurs, sur le plan économique,
l‟association « élevage-agriculture » constitue une diversité des revenus, et contribue de
manière mutuelle à la prospérité de l‟exploitation agricole.

VI.1.1.2- Pratique des cultures fourragères


La raison principale de la forte introduction de l‟agriculture dans les systèmes de
production en milieu steppique réside principalement dans la production des aliments pour les
troupeaux afin de se substituer à la végétation pastorale des parcours qui continue à diminuer.
Produire ses propres aliments de bétail constitue donc un avantage à la fois stratégique et
économique :

i) La production des aliments permet d‟avoir plus de flexibilité dans la conduite alimentaire
des animaux, notamment à travers la disponibilité des fourrages verts et les stocks en aliments

194
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage

concentrés (orge en grain), et des fourrages secs (foin et paille). Cela donne plus d‟autonomie
alimentaire en limitant la vulnérabilité de l‟élevage vis-à-vis les variations de prix des
aliments sur les marchés ;

ii) Les aliments produits dans l‟exploitation ont un coût moindre que ceux achetés, ce qui
atténue considérablement les charges liées à l‟alimentation ;

iii) La vente du surplus, en fourrages verts et fourrages secs, constitue une source de revenu
non négligeable pour les éleveurs ayant une pléthore de production.

La céréaliculture a toujours accompagné l‟activité de l‟élevage en milieu steppique


(Bencherif, 2011). Cependant, par le passé, fortement liée à la pluviosité elle était pratiquée
de manière épisodique sans irrigation, à un moment où la production était faible et aléatoire.
Au demeurant, de nos jours, la céréaliculture pluviale présente les mêmes caractéristiques que
la pratique ancestrale (rendement faible et aléatoire). Raison pour laquelle, les agro-éleveurs
agissent de deux manières pour améliorer la production fourragère :

i) L‟extension des superficies des cultures pluviales : ce qui amène forcement au défrichement
des terres de parcours. Cette stratégie n‟empêche pas d‟avoir des productions aléatoires, ce
qui n‟arrange pas trop les agro-éleveurs avec une disponibilité incertaine des productions.

ii) Le recours à l‟irrigation des cultures pour améliorer les rendements, et avoir une certaine
autonomie alimentaire. Cette option s‟avère la plus pertinente dans le contexte actuel, à
condition de disposer des moyens nécessaires.

Le développement des cultures fourragères en irrigué est surtout encouragé par les
différents programmes de mise en valeur des terres agricoles (depuis l‟année 2000), et
notamment par l‟introduction des systèmes d‟irrigation d‟appoint. Il s‟agit certainement d‟un
passage vers l‟agropastoralisme, comme une stratégie « anti-aléatoire » permettant de mieux
maîtriser les incertitudes climatiques et économiques (Bourbouze, 2000). Sur ce point, les
éleveurs approchés sont convaincus que l‟avenir de l‟élevage ne pourra plus être assuré sans
le développement des cultures fourragères, ignorant ainsi toute dimension de développement
environnementale (réhabilitation et préservation des parcours ainsi que des nappes
phréatiques).

Les cultures fourragères pratiquées par les agro-éleveurs de la région de M‟Sila


permettent d‟avoir trois types de sources alimentaires : i) Les fourrages verts (orge, avoine et
luzerne), ii) Des aliments secs sous forme de foin et de paille, iii) Les aliments concentrés,
principalement l‟orge en grain.

195
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage

Par ailleurs, le degré d‟autonomie alimentaire diffère d‟une exploitation à une autre ; où
56 % des interlocuteurs déclarent produire eux-mêmes plus de la moitié des aliments
nécessaires à leurs troupeaux ovins.

L‟usage des fourrages verts constitue une nouvelle tendance alimentaire pour la
substitution des fourrages naturels des parcours, et pour alléger la complémentation via des
aliments concentrés surtout pendant la période de soudure hivernale. Généralement, les
fourrages verts constituent 17 % de la composition alimentaire des troupeaux. Cependant, la
classification des éleveurs approchés a permis de déceler une classe d‟éleveurs (24 éleveurs)
produisant les fourrages verts qui arrivent à couvrir en moyenne 42 % des besoins de leurs
troupeaux ; taux considérable pouvant atteindre les 84 % pour certains d‟entre eux.

VI.1.1.3- Diversification des ressources alimentaires


Les investigations du terrain, ainsi que les calculs de la composition alimentaire laissent
apparaitre une grande diversité dans l‟utilisation des aliments disponibles quant à
l‟affourragement des animaux. Chaque éleveur fait l‟objet d‟une composition alimentaire
particulière. En effet, chaque ration alimentaire est le fruit du choix adopté par l‟éleveur
tenant compte des considérations socio-économiques propres à son exploitation agricole.
L‟objectif de la diversification des aliments est de présenter aux animaux une ration
alimentaire la plus complète et la moins chère possible parmi des ressources disponibles pour
chaque éleveur pour une période donnée.

Les variables composant les éléments clés de cette stratégie sont les suivantes :

i) Le type d’aliment : Il s‟agit de quel type d‟aliment à utiliser parmi les aliments
disponibles. Le choix du type d‟aliment dépend de l‟aliment en lui-même (qualité nutritive),
et de sa disponibilité avec des prix (le coût s‟il est produit) qui doivent rester rentable.

ii) La composition de la ration : Il s‟agit à la fois de la combinaison des aliments de base


(orge en grain, son de blé, maïs, blé tendre) constituant la ration à base d‟aliments concentrés
distribués. Nous avons relevés cinq mélanges alimentaires d‟aliments concentrés, à base de
neuf variantes, dont trois sont les plus utilisées (1/3 orge + 2/3 son, ½ orge + ½ son, et son de
blé seul).

iii) La quantité de l’aliment : Quelle quantité d‟aliment à distribuer pour assurer la


couverture des besoins des animaux ? La quantité varie selon la composition alimentaire, la
catégorie animale à nourrir et les objectifs de l‟éleveur. A titre illustratif, un animal à l‟engrais
ne dispose pas de la même quantité d‟aliment que les autres catégories animales. En

196
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage

engraissement, la quantité distribuée augmente avec le temps pour dépasser un kg.tête-1.jour-1


pendant les trois dernier mois.

iv) La période d’usage : La période d‟utilisation est conditionnée par la période de


disponibilité des différentes pâtures (parcours, fourrages verts, chaumes, céréales sinistrés,
jachères). Donc, la disponibilité de ce type d‟aliments est périodique avec des fréquences plus
ou moins connues, leurs utilisations tiennent compte des périodes de leurs disponibilités.
Néanmoins, la période d‟usage pour les aliments stockables (aliments concentrés et fourrages
secs) est conditionnée par le manque dans les aliments dits « non stockables », pour combler
les besoins des animaux.

Les facteurs qui influencent l‟usage des aliments et définissent la composition


alimentaire à un moment donné sont les suivants :

i) L’abondance des fourrages naturels : Pour les éleveurs, la logique d‟exploitation des
parcours est de faire pâturer les animaux pendant toutes les périodes d‟abondance fourragères,
même si la productivité des parcours est minime. C‟est une logique de surexploitation, qui ne
laisse ni le temps ni la quantité de biomasse végétale nécessaire pour une régénération
ordinaire et optimale. Les éleveurs recourent à la complémentation issue de l‟agriculture
(sources alimentaires payantes).

ii) Le prix de l’aliment : L‟objectif des éleveurs est d‟avoir toujours la ration alimentaire la
moins chère possible. Le prix des aliments sur les marchés est en fluctuation continue. Donc,
il est essentiel pour les éleveurs de prendre en considération ces variations dans l‟estimation
de rentabilité. Globalement, ils ont trois possibilités ; a) produire les aliments avec la moindre
de dépense, b) les acheter pendant les périodes de baisse prix, c) substituer les aliments chers
par d‟autres moins chers (Comme la substitution de l‟orge en grain par le blé tendre).

VI.1.1.4- Optimisation de l’approvisionnement en aliments


L‟optimisation de l‟approvisionnement en aliments est assurée par la trilogie :
Production / Achat / Stockage. La bonne combinaison entre ces trois sources
d‟approvisionnement permet d‟avoir des aliments possibles au moindre coût et au bon
moment d‟usage.

La production des aliments dans l‟exploitation est assurée par la pratique des différentes
cultures fourragères à l‟image de l‟orge, l‟avoine et la luzerne. L‟avantage de
l‟autoproduction est d‟avoir des aliments moins chers, disponibles à l‟utilisation au moment
opportun (avantage économique et stratégique). En effet, les prix et la disponibilité des

197
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage

aliments sur le marché (ou les pâtures à louer) sont très instables et très influencés par les
conditions naturelles (pluviométrie) et socio-économiques. Cependant, la maitrise de la
production des aliments nécessite la disponibilité des moyens de production (terre et capital
financier) pour pouvoir installer des cultures fourragères en irrigué.

Par ailleurs, tous les éleveurs se retrouvent dans l‟obligation d‟acheter des aliments
lorsque la nécessité l‟exige tenant compte du prix sur le marché, de la fréquence d‟acquisition
et de la quantité à acheter. Trois types de modalités d‟achat ont été recensées auprès des
éleveurs de la région de M‟Sila : i) Achat d’aliment en cas de besoin immédiat, ii) Achat
d’aliment à bas prix, iii) Achat d’aliment à fréquence périodique. Celle relative à l‟achat à
prix bas semble la plus avantageuse mais nécessitant la disponibilité de ressources financières.

Entreposer ses propres productions et déposer les aliments achetés à bas prix semble
une stratégie adéquate pour l‟optimisation de la gestion des aliments. Le stockage des
aliments est une pratique permettant la régulation des flux et d‟optimiser à la fois la
production et l‟achat des aliments. Au regard de l‟intérêt du stockage, 88 % de nos
interlocuteurs en font recours, dont la moitié d‟entre eux, remplissent leurs stocks par des
aliments produits et achetés. C‟est ainsi que la combinaison entre les trois sources s‟avère
comme une pratique permettant d‟optimiser l‟approvisionnement en aliments.

VI.1.1.5- Diversification des types d’élevage


C‟est une stratégie qui rentre dans une perspective de diversification des revenus, tout
en diminuant les risques liés à la mono-activité. En milieu steppique, il s‟avère que dans les
conditions actuelles, il est risqué de miser uniquement sur l‟élevage des ovins pour la survie
des exploitations et des ménages. Parmi les stratégies adoptées par certains éleveurs,
l‟introduction d‟autres types d‟élevages pour avoir d‟autres sources de revenus.

L‟élevage bovin laitier est une nouvelle spéculation adoptée dans la région de M‟Sila où
on relève que 22 % des éleveurs enquêtées ont un élevage bovin laitier. La décision de
l‟introduction du bovin laitier dans l‟exploitation est surtout motivée par les mesures
incitatives, initiées par les pouvoirs publics visant à l‟amélioration de la filière lait. Ce sont
principalement les éleveurs dotés de moyens leur permettant de produire les fourrages sur
place en estimant que les subventions accordées pour l‟élevage bovin laitier sont plus
importantes que celles destinées à l‟élevage ovin. C‟est plutôt dans un système d‟élevage
mixte que les ressources fourragères cultivées soient réparties entre ovins et bovins.

198
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage

Quant au caprin, mené souvent en association avec les ovins dans les systèmes
d‟élevage ancestraux, ils sont présent dans 91 % de nos interlocuteurs qui détiennent des têtes
caprines dans leurs troupeaux. La présence de la chèvre permet d‟assurer des protéines
animales (lait et viande) destinées à l‟autoconsommation, alors que la vente en partie des
chevreaux engraissés constitue une autre source de revenu pour certains éleveurs.

Il a été relevé la présence de dromadaires au niveau de certaines exploitations


représentées par 5 % de l‟échantillon approché. Ils sont localisés surtout dans les zones
environnantes du Chott El-Hodna, profitant des parcours psammophytes mieux valorisés par
cet animal. La présence du dromadaire dans les élevages steppiques n‟est pas récente, il a
accompagné depuis toujours les troupeaux ovins. Utilisé comme animal de selle, notamment
pour le transport des équipements pendant les mouvements de transhumance. Aujourd‟hui la
place du dromadaire dans les nouveaux systèmes de production est très marginale, nombreux
sont les éleveurs qui ont fini par l‟abandonner. Quant à ceux qui gardent toujours des
dromadaires, dont l‟intérêt réside d‟une part dans la diversification de revenus à travers la
vente des chamelons et, d‟autre part, de tirer profit de la subvention alimentaire dédiée à
l‟orge en grain dont une partie serait détournée pour l‟alimentation des ovins.

Par ailleurs, la présence des petits élevages, à l‟image de l‟aviculture et l‟apiculture,


n‟est pas notable.

VI.1.1.6- Usage des technologies de la reproduction


Il s‟agit principalement de l‟introduction de la technique de synchronisation des œstrus
dans la conduite de la reproduction des ovins. Cette technique était initiée en milieu steppique
par des programmes d‟amélioration génétique des races locales. Le travail réalisé dans le
cadre de ses programmes consiste à l‟introduction de la technique de synchronisation des
œstrus, en distribuant des kits hormonaux auprès des vétérinaires privés pour les appliquer sur
les troupeaux steppiques. Convaincus de l‟intérêt de cette technique, certains éleveurs font
appel à la synchronisation des chaleurs sur leur compte.

Avoir des naissances groupées et gémellaires, avoir deux mise-bas par an (au lieu de
trois mise-bas tous les deux ans), ou bien rattraper les brebis vides après un avortement ou une
saillie non fécondante semblent être les principaux les objectifs recherchés par les éleveurs via
l‟introduction de la synchronisation des œstrus.

On compte 11 % de l‟ensemble des éleveurs approchés, qui déclarent avoir recours à


cette technique qui touche une moyenne de 37 % des brebis présentes dans leurs troupeaux.

199
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage

Malgré l‟intérêt économique et organisationnel qu‟apporte la synchronisation des chaleurs, le


taux d‟usage ainsi que le taux de réussite restent faibles et ce, par manque de maitrise de la
technicité et du coût élevé des produits utilisés. Ainsi donc, pour l‟ensemble des éleveurs,
l‟intérêt de cette stratégie de reproduction reste faible.

Il est clair que la quasi-totalité des stratégies de résilience touchent essentiellement la


conduite de l‟alimentation des troupeaux. Cette concentration de la réflexion des éleveurs
autour de l‟alimentation apparait logique, du fait qu‟elle constitue la préoccupation majeure
des éleveurs, notamment en ce qui attrait aux charges y afférentes.

VI.1.2- Stratégies de résilience financières


Sous cet ensemble de stratégies se greffent tous les mécanismes et les activités
permettant d‟avoir du financement pour le maintien de l‟activité de l‟élevage ovin au centre
de l‟économie de l‟exploitation. Les stratégies financières sont données par ordre
d‟importance :

VI.1.2.1- Stratégie de capitalisation / décapitalisation du troupeau


Il s‟agit de la gestion de structure du troupeau à travers la vente et la garde des animaux
suivant les besoins financiers de l‟éleveur. La vente et la garde des animaux sont les
opérations à travers lesquelles l‟éleveur agit à la fois via la régulation des intrants et des
charges de l‟élevage. En milieu steppique le mouton constitue un tampon financier dans
l‟économie et un capital sur pieds mobilisable en cas de besoin.

L‟intérêt principal de vente des animaux réside dans l‟acquisition des aliments pour la
couverture des besoins animaux et ceux du ménage en cas de besoin pressant d‟argent. La
vente des animaux est aussi motivée pour couvrir les charges de la mise en cultures des sols
(intrants, travail du sol et irrigation). Par contre, garder les animaux permet d‟avoir une
meilleure valorisation des produits animaux, dans la mesure où les sujets engraissés sont
mieux rémunérés sur les marchés.

Le fonctionnement de la stratégie de capitalisation / décapitalisation du troupeau est


conditionné essentiellement par la disponibilité des fourrages naturels : lors des années de
disettes caractérisées par la faible productivité des parcours et la cherté des aliments de
complémentation, l‟éleveur vend une partie des animaux (décapitalisation) ; ce qui lui
permet à la fois d‟avoir des disponibilités d‟argent pour l‟acquisition des aliments nécessaires
à la survie de son troupeau, et de diminuer leurs besoins alimentaires par la réduction des
effectifs animaux. Dans le cas contraire, en année favorable (pluvieuse), le fourrage naturel

200
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage

est abandon, donc, l‟éleveur garde le maximum de têtes pour profiter de la gratuité des
pâturages (capitalisation).

Le mécanisme de vente des animaux apparait très complexe et semble influencé par
plusieurs facteurs. L‟ordre de vente des animaux suivant la catégorie animale et le gabarit
(conformation) du sujet, la période de vente outre du nombre de têtes à vendre sont les
principaux paramètres déterminant la stratégie de décapitalisation du troupeau. Chaque
éleveur réalise les détails de sa propre stratégie en fonction de ses objectifs de production. Il
apparait qu‟en année dite « normale » la plupart des éleveurs approchés (86 %), ont tendance
à écouler d‟abord les jeunes animaux de bonne conformation, puis ceux de la réforme.

Par ailleurs en année de sècheresse, 38 % des éleveurs semblent être obligés de vendre
une bonne partie de leur troupeau, y compris une partie capital reproducteur (géniteur) afin de
subvenir aux besoins alimentaires du reste des animaux. Cependant, l‟objectif de mécanisme
de vente consiste à préserver au maximum les sujets de bonne conformation, alors que la
vente est ponctuée par ordre ; à commencer les jeunes femelles (non encore pleines), puis les
brebis reproductrices les moins performantes, et en dernier lieu les bonnes reproductrices et
les béliers reproducteurs.

VI.1.2.2- Emprunts et crédits


En cas d‟absence de financement interne à un moment donné, d‟animaux bien
rémunérés sur le marché, ou d‟une récolte prête à vendre, les éleveurs ont souvent recours à
des sources externes pour l‟achat des aliments nécessaires. Les emprunts et les crédits font
partie des solutions financières rapides les plus sollicitées par les éleveurs ovins de la région
de M‟Sila, où ils recourent à deux types de crédits dans le but d‟achat immédiat d‟aliments :

i) Les emprunts auprès d’un tiers : qui consiste à voir du l‟argent liquide en cas de besoin
pressant auprès des personnes avec lesquelles les relations de confiances sont assez solides
pour avoir un tel service. On compte 58 % les enquêtés qui affirment recourir de manière
régulière à ce type de financement, surtout au début de la compagne agricole ;

ii) Achat des aliments par crédit : Les commerçants d‟aliments de bétails acceptent de
retarder le paiement jusqu‟à la vente des animaux. Ils sont 67 % de nos interlocuteurs
approchés qui avancent le retour régulier à ce type de financement, alors que les restes (36 %
des éleveurs approchés) déclarent recourir simultanément aux deux types de financement.

Comme l‟aspect verbal domine les relations d‟échange dans le milieu rural, où les
coutumes sociales ont toujours leurs forces sur la dynamique économique de l‟agro-élevage.

201
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage

Ces formes de crédits n‟ont aucune nature officielle ou administrative, seule la tenue de la
parole est gage de confiance mutuelle.

Cette stratégie de financement empêche la décapitalisation précoce du troupeau et


permet d‟avoir une ligne de défense face au manque alimentaire et aux fluctuations des prix
des animaux sur le marché. Néanmoins, la marge de manœuvre de ce type de crédits se limite
à la même compagne, car les préteurs revendiquent leur dû juste après la saison de vente
massive (période d‟El Aïd El Kabîr). Donc, cette stratégie permet d‟avoir une certaine
résilience à court terme. En cas de disette prolongée, les éleveurs sont contraints à quêter
d‟autres sources de financement, généralement par la décapitalisation du troupeau.

VI.1.2.3- Financement par les aides étatiques


Les éleveurs trouvent dans les aides de l‟Etat une source de financement non
négligeable pour développer leurs activités. Deux types d‟aides se distinguent l‟une de
l‟autre :

i) Des aides directes : qui touchent directement l‟activité de l‟élevage ovin. Il s‟agit
principalement d‟une aide alimentaire par l‟achat de l‟orge en grain subventionné (1 550 DA/
Qx, équivalant à 10 €), dans la mesure où il coûte 3 700 DA/Qx (équivalant à 24 €) sur le
marché. La quantité autorisée à acheter au prix subventionné est proportionnelle au nombre de
têtes en possession (10 à 15 kg/tête/an). Malgré que la quantité attribuée ne couvre qu‟une
partie des besoins des animaux pendant une courte période de l‟année, mais les éleveurs ne
loupent aucune opportunité susceptible d‟alléger les charges alimentaires du troupeau. Ils sont
72 % les éleveurs bénéficiant régulièrement de ce type de soutien.

ii) Des aides indirectes : Depuis l‟année 2000, de multiples programmes ont été initiés par
les pouvoirs publics et qui visent essentiellement la mise en valeur des terres agricoles. La
grande partie de ces programmes de développement était sous forme des soutiens financiers
des actions d‟exploitation individuelle, renforçant ainsi la notion de l‟exploitation agricole
individuelle. Alors que l‟esprit de l‟exploitation individuelle a dépassé la gestion des terres
agricoles pour toucher aussi les terres de parcours. C‟était parmi les facteurs qui ont favorisé
le passage du mode d‟exploitation pastorale à un mode agro-pastoral.

Cependant, les éleveurs moutonniers ont trouvé un grand intérêt financier pour réaliser
de lourds investissements dans leurs exploitations (fonçage d‟un forage agricole, construction
d‟un bassin pour l‟irrigation, acquisition du matériel d‟irrigation d‟appoint, etc.). Il s‟agit des
actions permettant à la fois la diversification des revenus des exploitants (céréalicultures,

202
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage

élevages, maraichères, arboricultures…etc.) et la production sur place des différents aliments


de bétails. La stratégie des agro-éleveurs, via l‟adhésion aux différents programmes de
soutien, se situe dans l‟accumulation des facteurs de production pour améliorer la résilience
de leurs exploitations.

Ils sont estimés à 37 % les éleveurs ayant bénéficié de certaines actions agricoles dans
le cadre de multiples programmes d‟appui de l‟Etat. La réalisation et l‟équipement d‟un
forage agricole, la construction d‟un bassin pour l‟irrigation, l‟acquisition de matériel
d‟irrigation d‟appoint (aspersion) et l‟aménagement d‟un bâtiment d‟élevage sont les actions
les plus sollicitées. En globale, les actions souhaitées permettent la mise en valeur des terres
agricoles avec l‟irrigation et l‟augmentation des capacités à autoproduire les fourrages
cultivés

VI.1.2.4- Pratique des activités hors-agricoles


Toujours dans la perspective de diversification des revenus, certains éleveurs ont
recours à l‟exercice des activités non agricoles. Cette stratégie semble moins intéressante, du
fait que seulement 17 % de nos interlocuteurs affirment avoir une autre activité extra agricole.
Sur le plan stratégique, on distingue deux types d‟activités hors-agriculture, qui se diffèrent
par leurs objectifs :

i) Des activités couvrants les besoins du ménage et assurant une sécurité sociale : Il s‟agit
des activités dans le secteur publique (fonctionnaires et fonctionnaires retraités). Le revenu
escompté par ce type d‟activité permet au moins de se libérer des charges du ménage et ainsi
consacrer les fonds des activités agricoles pour le fonctionnement et la gestion de
l‟exploitation. Les éleveurs adoptant ce type de stratégie sont représentés par 65 % des acteurs
approchés.

ii) Des activités investissant les fonds de l’élevage et de l’agriculture : Ce sont des activités
libérables pilotés par des commerçants et entrepreneurs. On peut leur attribuer le qualificatif
d‟éleveurs-libéraux qui investissent le surplus de fond réalisé par l‟élevage dans ce type
d‟activité, et réciproquement en cas de besoin d‟élevage (achat d‟aliment par exemple) on
puise depuis ces activités. Autrement dit, il s‟agit d‟une stratégie de mutualisation permettant
aux acteurs d‟augmenter la résilience de leurs systèmes de production. Parmi les éleveurs
ayant une activité hors-agriculture, on compte 35 %, le taux d‟éleveurs exerçant dans ce type
d‟activité.

203
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage

VI.1.2.5- Usage du matériel agricole pour le financement de l’élevage


La possession du matériel agricole est une stratégie à double fins :

i) Avoir son propre matériel agricole signifie plus d‟autonomie dans le processus de
production, car un matériel en main est facilement mobilisable aussi bien pour les opérations
agricoles que l‟élevage. Par ailleurs, exploiter son propre matériel revient moins cher que la
location, car il faut compter un certain bénéfice pour le bailleur.

ii) La location de matériels agricoles constitue une source de revenu non négligéable, surtout
pour les moissonneuse-batteuses et les tracteurs. 12 % de nos enquêtés affirment louer du
matétiel agricole à un tiers dans un but d‟amortissement et surtout d‟avoir un revenu
supplémentaire destiné à l‟achat des aliments pour le troupeau.

Le matériel agricole possédé se révèle par son intérêt dans l‟économie des exploitations
sont :

- Le tracteur : élément moteur pour différentes opérations sur l‟exploitation (travail de sol,
semis, fertilisation, récolte, transport des aliments et de l‟eau,…etc.). Ils sont 36 % des
enquêtés qui possèdent leurs propres tracteurs ;

- Le camion : Moyen de transport le plus préféré par les exploitants de la steppe car il sert
aussi bien au transport des aliments que des animaux et matériel sur de longues distances. Un
camion aide à la réalisation de plusieurs services dans l‟exploitation, outre que sa location
s‟avère comme source de revenu non négligeable pour son possesseur. Ils sont 27 % de nos
interlocuteurs qui déclarent avoir un camion.

- La Moissonneuse-batteuse : nécessite un lourd investissement pour son acquisition, mais


l‟utilisation optimale de ce matériel notamment par la location assure un revenu considérable
qui peut être utilisé dans l‟élevage ovin.

Par ailleurs, l‟acquisition d‟un matériel agricole nécessite un grand investissement,


raison pour laquelle, une corrélation positive entre la possession d‟un matériel agricole, la
taille du troupeau et la superficie des terres agricoles exploitées (respectivement R²ovin =
0,245, R²SupAgri = 0,357). Ce qui confirme l‟hypothèse relative à l‟accumulation des facteurs
de production. Autrement dit, les gros éleveurs (avec une taille importante du troupeau) qui
exploitent de grandes supeficies agricoles ont tendance a avoir plus de matériel agricole.

204
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage

VI.1.2.6- Le recours au partenariat


Les éleveurs, en déficit financer interne, contraints au changement de stratégie ayant
trait à la gestion de l‟exploitation. C‟est ainsi pour investir dans un nouveau projet, besoin
immédiat d‟une somme d‟argent importante, ou lorsque la période de disette s‟avère longue,
les éleveurs n‟ont d‟autre alternative que la vente massive des animaux.

L‟une des stratégies de relance de l‟élevage dans des situations extrêmes réside dans le
recours au partenariat avec des tiers disposant de ressources financières nécessaires. Deux
types de partenariats sont rencontrés :

i) Partenariat éleveur-investisseur : Dans ce cas, l‟éleveur fait appel aux fonds d‟un
investisseur via un contrat basé sur un partage équitable de bénéfice. Les investisseurs
spéculateurs trouvent dans l‟élevage une opportunité pour réaliser des profits, alors que les
éleveurs mettent leur savoir-faire pour la reprise de l‟activité de l‟élevage. Le but ultime de
l‟éleveur réside dans l‟accumulation du capital nécessaire pour se relancer seul de nouveau
dans l‟élevage ovin.

ii) Partenariat éleveur-agriculteur : Certains éleveurs qui détiennent un troupeau ovin se


retrouvent dans l‟incapacité de subvenir aux besoins animaux, ils sollicitent des agriculteurs
pour consacrer une partie des terres agricoles à la mise en culture de fourrages. Il s‟agit d‟une
autre forme d‟association « élevage-agriculture » entre deux partenaires.

Le recours à pareille stratégie n‟arrive que dans les cas extrêmes, notamment en
l‟absence de moyens de financement de l‟élevage et sont seulement 8 % des éleveurs
approchés qui affirment entériner des contrats de partenariat.

De ces stratégies financières mises en évidence, les éleveurs tentent d‟augmenter la


résilience de leurs élevages. Certaines des stratégies sont courantes alors que d‟autres sont
exceptionnelles. Cependant l‟objectif ultime réside dans le maintien de l‟activité d‟élevage.

VI.1.3- Stratégies de résilience technico-organisationnelles


L‟origine de toutes les stratégies de résilience est d‟abord de nature décisionnelle. C‟est
à l‟éleveur de mettre en évidence les pratiques qu‟il juge opportunes et adéquates pour sa
prospérité économique. De nature technico-organisationnelle, des stratégies se résument par
degré de priorité comme suit :

VI.1.3.1- Optimisation de la mobilité du troupeau


L‟analyse des données de terrain montre que la place de la transhumance des troupeaux
dans les systèmes d‟élevage actuels a radicalement changé. La transhumance est passée d’un

205
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage

mode de vie basé sur la satisfaction des besoins des troupeaux à une pratique de
complémentation alimentaire en cas d’absence de ressources d’affourragement interne. La
régression de la mobilité des troupeaux est le résultat d‟une multitude de facteurs. Ils sont
estimés à 58 % les éleveurs qui se sont complètement sédentarisés. L‟abandon total de la
transhumance pour cette catégorie d‟éleveurs est une stratégie dictée par les circonstances de
chaque éleveur et orientée par les objectifs tracés.

Cependant, pour les éleveurs pratiquant toujours la transhumance, elle contribue à la


satisfaction des besoins de leurs troupeaux. Mais l‟organisation de la mobilité a pris une
nouvelle forme caractérisée ciblée à travers la dimension spatio-temporelle. Généralement, la
transhumance est pratiquée par 42 % des éleveurs approchés, et touche 64,5 % de l‟ensemble
des effectifs ovins recensés. Trois formes de mobilités sont identifiées :

i) La mobilité estivale : Il s‟agit de déplacement vers les zones telliennes à la quête de l‟herbe.
Connue de montée, elle correspond aux mouvements traditionnels de l’Achaba ;

ii) La mobilité hivernale : C‟est la descente, ponctuée vers les parcours prés-sahariens.
Similaire aux mouvements de l’Azzaba dans les systèmes d‟élevage traditionnels ;

iii) La mobilité locale : dans un rayon ne dépassant pas les 50 Km pour accéder par location
des pâtures locales (parcours, chaumes ou jachères).

La destination, la distance parcourue, les moyens de déplacements, la fréquence de


transhumance (régulière ou irrégulière) et la période idéale de mobilité sont les principaux
paramètres permettant l‟optimisation des mobilités pour une meilleure efficience économique.
Désormais, la transhumance est ainsi devenue une pratique d‟appoint pour une catégorie
d‟éleveurs dits : « éleveurs semi-sédentaires transhumants ».

VI.1.3.2- Valorisation des produits de l’élevage par l’engraissement


Les éleveurs sont conscients que les animaux engraissés sont toujours mieux rémunérés.
Raison pour laquelle, ils tentent par tous les moyens d‟engraisser une partie de leurs animaux,
le cas échéant retarder au maximum la vente (différer la décapitalisation du troupeau). Car
plus l‟animal prend du poids plus, mieux serait sa valeur marchande. C‟est ainsi que
l‟engraissement permettrait une meilleure valorisation des produits de l‟élevage.

Il est relevé que 60 % des éleveurs approchés pratiquent l‟engraissement des ovins, dont
plus de la moitié (58%) sont présumés éleveurs naisseurs-engraisseurs. Au regard de
l‟importance économique que revêt l‟engraissement, certains éleveurs ne se contentent pas
seulement d‟engraisser les sujets issus de leurs propres troupeaux, mais s‟acquittent

206
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage

d‟animaux supplémentaires à engraisser. Le reste des éleveurs (soit 8 %), ce sont des
engraisseurs « strictes », incarnant l‟engraissement comme activité principale dans
l‟exploitation. Les éleveurs de cette catégorie sont qualifiés comme des opportunistes
saisissant l‟occasion du désordre dans la filière ovine pour injecter leurs fonds et tirer un
maximum de profit.

Il apparait que l‟engraissement pour la fête du sacrifice (Laïd El Kebîr) est la meilleure
occasion pour les éleveurs afin de rentabiliser au mieux l‟activité d‟élevage et ce, au regard de
la forte demande en sujets vifs pendant cette occasion. Il en résulte que 93 % des éleveurs
pratiquant l‟engraissement, coïncident leurs calendriers d‟engraissement avec la fête du
sacrifice. Par ailleurs, dans 70 % des cas, il apparait que la catégorie des antenais est la plus
engraissée du fait qu‟elle soit la plus préférée et sollicitée par les consommateurs.

Dans ce sens que Kanoun et al. (2015), ont relevé un type d‟éleveurs
dénommés «éleveurs naisseurs-engraisseurs pour fêtes religieuses » représentant près de la
moitié des éleveurs de la région d‟El- Guedid-Djelfa (région steppique avoisinante de la
région de M‟Sila). Ces éleveurs ciblent les occasions de fêtes religieuses (Ramadhan et Laïd
El Kebîr), adoptant une stratégie d‟écouler les sujets engraissés les plus performants. Chose
qui reflète l‟avantage économique que représente la stratégie d‟engraissement en ciblant les
périodes de forte demande à l‟égard des sujets vifs.

Il est logique qu‟engraisser davantage de sujets, est synonyme de plus de bénéfice. Il


apparait dès lors que le nombre de têtes engraissés est en corrélation positive avec le nombre
de têtes en possession (R² = 0,6102). Autrement dit, les éleveurs possédant un troupeau de
grande taille ont tendance à engraisser un nombre plus important de têtes. Cette situation
confirme une fois de plus la logique des éleveurs quant à l‟accumulation des facteurs de
production pour augmenter la résilience de leurs exploitations.

VI.1.3.3- Usage sanitaire et stratégique des campagnes de vaccination


Deux grandes campagnes de vaccination pour les petits ruminants sont organisées
annuellement et gratuitement par les services vétérinaires à la faveur de tous les éleveurs sans
aucune distinction. Il s‟agit de la vaccination contre la clavelée et contre la brucellose, deux
pathologies animales lorsqu‟elles sont déclarées provoquent d‟énormes pertes économiques
aux éleveurs.

A nos jours, les éleveurs sont convaincus de l‟efficacité de ces vaccins pour préserver
leurs troupeaux des maladies. Raison pour laquelle la totalité (100 %) des éleveurs approchés

207
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage

procèdent à la vaccination contre la clavelée et 91 % contre la brucellose. L‟adhésion des


éleveurs à ces programmes prophylactiques représente un intérêt sanitaire qui réside dans la
protection des troupeaux contre des maladies infectieuses, mais aussi un intérêt économique
d‟éventuelles pertes (forte mortalité).

Par ailleurs, la vaccination donne droit à la subvention de l‟orge en grain tenant compte
du nombre de sujets vaccinés contre la clavelée. Ce qui représente une clé d‟accès au soutien
de l‟Etat. Ainsi donc, la vaccination présente de multiples intérêts aux éleveurs, dès lors
qu‟elle soit qualifiée de stratégie technico-organisationnelle adoptée par les éleveurs
renforçant la résilience des élevages contre les maladies.

VI.1.3.4- Usage de la main-d’œuvre familiale


L‟usage de la main-d‟œuvre familiale présente à la fois un intérêt économique et
stratégique de premier ordre. En milieu rural, les offres d‟emploi sont rarissimes, recourir à un
membre de la famille semble plus pertinent, alors que cette source de travail permet au
propriétaire du cheptel d‟avoir plus de confiance, lui est moins couteuse et facile à mobiliser.
75 % des enquêtés affirment avoir fait appel à la main-d‟œuvre familiale au sein de leurs
exploitations où la plupart emploient entre une (01) et cinq (05) personnes. Quel que soit le
type de rémunération des membres de la famille, elle est toujours moins couteuse et plus
facile à mobiliser que le recours à la main d‟œuvre-externe. C‟est ainsi que les éleveurs
arrivent à réaliser quelques économies liées à la force de travail.

La remarque la plus pertinente tirée à travers cette dernière catégorie de stratégie de


résilience, est que la finalité de toute stratégie est économique ; soit à travers l‟optimisation de
la conduite alimentaire, la valorisation des produits de l‟élevage, l‟amélioration des conditions
sanitaires ou bien la réduction des charges de travail par l‟usage de la main-d‟œuvre familiale.

VI.2- Synthèse des stratégies de résilience


Après identification des différentes stratégies de résilience recensées dans les
exploitations d‟élevage de la région de M‟Sila, il est pertinent de les classer suivant l‟objectif
le plus marquant de chaque stratégie. Une classification des stratégies en trois classes se
propose à travers: i) Stratégies dont le but principal est d‟avoir une résilience alimentaire pour
le troupeau ; ii) Stratégies permettant la diversification des revenus de l‟exploitation ; iii)
Stratégies de renforcement des performances productives de l‟élevage.

Le tableau N°34 récapitule les différentes stratégies de résilience des éleveurs face à la
sècheresse et ses conséquences écologiques et socio-économiques, ainsi que leurs degrés

208
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage

d‟importance pour l‟ensemble des éleveurs. Il est remarquable que les stratégies ciblant la
conduite alimentaire des troupeaux ovins soient les plus importantes du fait que l‟alimentation
constitue le poste de dépenses le plus préoccupant. A l‟échelle d‟une exploitation, l‟éleveur ne
dispose pas de la totalité des stratégies de résilience, les choix sont souvent beaucoup plus
restreints mais surtout dictés par les potentialités dont dispose l‟éleveur outre de ses objectifs
de production.

Tableau N°34 : Synthèse des stratégies de résilience des exploitations d’élevage.

Stratégie de résilience alimentaire Importance


 Pratique des cultures fourragères (++++)
 Diversification des ressources alimentaires (++++)
 Optimisation de l‟approvisionnement en aliments (+++)
 Stratégie de capitalisation / décapitalisation du troupeau (+++)
 Emprunts et crédits (+++)
 Optimisation de la mobilité du troupeau (+++)
Stratégie de diversification des intrants
 Association Elevage-agriculture (++++)
 Diversification des types d‟élevage (++)
 Emprunts et crédits (+++)
 Usage du matériel agricole pour le financement de l‟élevage (++)
 Pratique des activités hors-agricoles (+)
Stratégies de renforcement des performances productives
 Optimisation de la mobilité du troupeau (+++)
 Valorisation des produits de l‟élevage par l‟engraissement (++++)
 Financement par les aides étatiques (++)
 Recours au partenariat (+)
 Usage des technologies de la reproduction (+)
 Usage sanitaire et stratégique des compagnes de vaccination (++)
 Usage de la main d‟œuvre familiale (++)
+ : Faible importance ;
++ : Importance moyenne ;
+++ : Importante ;
++++ : Très importante.

209
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage

VI.3- Typologie des éleveurs suivant les stratégies de résilience entreprises


Sur l‟ensemble des stratégies de résilience identifiées, la gamme des stratégies à
disposition de chaque éleveur s‟avère différente d‟une exploitation à une autre. Une multitude
de facteurs d‟origine socio-économiques et naturels interviennent dans le choix des pratiques
et stratégies entreprises.

Pour simplifier la compréhension des choix des éleveurs, il est pertinent de classer
l‟ensemble des éleveurs approchés suivant les principales stratégies de résilience adoptées.
Regrouper les éleveurs permet d‟identifier les trajectoires stratégiques (ensemble de
stratégies de résilience), adoptées par les éleveurs ovins de la région de M‟Sila. Chose qui
permet d‟identifier les sources de vulnérabilité des systèmes d‟élevage en milieu steppique.

VI.3.1- Méthodologie de classification des éleveurs


Dans le but de classer les éleveurs suivant les stratégies de résilience adoptées, il est
essentiel en premier lieu d‟identifier les stratégies qui constituent les variables ; base de
classification. Parmi les différentes stratégies citées précédemment, celles qui semblent plus
pertinentes aboutissent à 6 variables qualitatives. Le type de variable qualitative permet
d‟éliminer des écarts entre les individus liés à la taille de l‟exploitation et ainsi, focaliser
l‟analyse sur la diversité des stratégies de résilience quel que soit la taille de l‟exploitation.

La description des variables retenues est récapitulée dans le tableau N°35.


Tableau N°35 : Description des variables retenues.
Variables /Code Modalités Description
0 ==> 0 % Rapport :
1 ==> 1 à 50 %
SupF/Sup_Irrigue superficie fourragère/ superficie totale irriguée 
2 ==> 51 à 80 %
3 ==> 81 à 100 % Importance des fourrages dans la sole agricole.
1 ==> 1 option Optimisation de l‟alimentation.
O_Aliment 2 ==> 2 options
Les options sont : Production /Achat / Stockage.
3 ==> 3 options
0 ==> Sédentaire
Mobilité 1 ==> Semi-sédentaire Pratique de la transhumance
transhumant
0 ==> Absence
Engraissement Pratique d‟engraissement
1 ==> Présence
1 ==> 1 élevage
2 ==> 2 élevages Nombre de type d‟élevage pratiqué :
DIV_Elevage
3 ==> 3 élevages Ovin/Caprin/Bovin/Camelin
4 ==> 4 élevages
0 ==> 0 Culture
1 ==> 1 Culture
2 ==> 2 Cultures Diversité des cultures irriguées : Nombre des
DIV_Culture 3 ==> 3 Cultures
cultures irriguées pratiquées
4 ==> 4 Cultures
5 ==> 5 Cultures
6 ==> 6 Cultures

210
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage

L‟ACM (Analyse des correspondances multiples), semble l‟outil d‟analyse factorielle le


plus adéquat pour le traitement des données. De ce fait, il est possible d‟identifier les variables
caractérisant les individus.

Par la suite, une classification des éleveurs basée sur la similarité des stratégies
pratiquées est proposée. La CAH (Classification Ascendante Hiérarchique), est appliquée sur
les coordonnées principales des observations issues de l‟ACM précédente. Elle permet de
ranger les éleveurs en groupes homogènes.

La classification proposée par la CAH est recombinée dans la présentation factorielle de


l‟ACM pour différencier par couleurs les groupes d‟éleveurs proposés, et ainsi aider à
l‟interprétation des résultats.

VI.3.2- Typologie des éleveurs


La projection factorielle des vecteurs F1 et F2 de l‟ACM résume 67,35 % de la
variabilité. Cette projection cumule le maximum possible de variabilité et semble être la
projection la plus compréhensible parmi les combinaisons possibles des vecteurs. Le tableau
N°36 résume les valeurs propres et l‟inertie ajustée des 7 premiers axes.

Tableau N°36 : Valeurs propres des sept premiers axes

F1 F2 F3 F4 F5 F6 F7
Valeur propre 0,42 0,32 0,25 0,23 0,19 0,18 0,17
Inertie ajustée (%) 48,93 18,42 4,84 2,91 0,37 0,10 0,00
% cumulé 48,93 67,35 72,19 75,11 75,48 75,58 75,58

La représentation graphique des modalités des variables sur les axes F1 et F2 montre
que (Figure N°58) :

► L‟axe F1 explique 48,93 % de la variabilité, et qu‟il est représenté par les modalités de la
variable : « O_Aliment » (optimisation de l‟alimentation : Production/Achat/Stockage).

► Par ailleurs, l‟axe F2 explique 18,42 % de la variabilité. Il est représenté par les modalités
des variables :
« DIV_Culture » (Diversité des cultures irriguées) ;
« SupF/Sup_Irrigue » (Part des cultures fourragères dans la sole agricole) ;
« Mobilité » (Pratique des transhumances).

Il semble que les variables : « Engraissement » et « DIV_Elevage » ont peu de


contribution dans les deux axes F1 et F2.

211
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage

Graphique symétrique des variables


(axes F1 et F2 : 67,35 %)
2

DIV_Culture_I-1
SupF/Sup_Irrigue-3
DIV_Culture_I-2
1

DIV_Culture_I-3
Mobilité-0
Engraissement-0
SupF/Sup_Irrigue-1
DIV_Elevage-2
O_Aliment-2
0 O_Aliment-3
DIV_Elevage-1
DIV_Culture_I-4 SupF/Sup_Irrigue-0
F2 (18,42 %)

Engraissement-1 O_Aliment-1
DIV_Elevage-3 DIV_Culture_I-0

Mobilité-1
SupF/Sup_Irrigue-2
-1 DIV_Culture_I-5

DIV_Elevage-4
-2
DIV_Culture_I-6

-3
-5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4
F1 (48,93 %)
Variables

Figure N°58 : Représentation des variables sur les axes F1 et F2 de l’ACM.

La représentation graphique des individus (éleveurs) sur les axes F1 et F2 montre deux
groupes visiblement séparés, mais reste à vérifier par une CAH (Classification Ascendante
Hiérarchique). Beaucoup d‟individus sont superposés, ce qui signifie qu‟ils ont les mêmes
allures concernant les stratégies adoptées (Figure N°59).

212
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage

Graphique symétrique des observations


(axes F1 et F2 : 67,35 %)
1,5

9 4 33
3
1 79 72
82
83 85 80
23
76
94 2
90
10 6
0,5 36 35 88
67
26 9344
4232
70 75
24 62 63 19
78 64 506148 47 1
77 45
56 13
0 21 49 66
F2 (18,42 %)

65 29 16 31
34 20 40
73 18 89 87 84
43
69 11 57 59 85 17
7 53 6071 58 25
41 22
12 991530 97 39 28
37 98
-0,5 100 81 86
74 14 27
68
46

38
92 91 96
-1 55
54

52
95

-1,5
51

-2
-3 -2,5 -2 -1,5 -1 -0,5 0 0,5 1 1,5 2 2,5 3
F1 (48,93 %)
Observations

Figure N°59 : Représentation des individus sur les axes F1 et F2 de l’ACM.

Une CAH (Classification Ascendante Hiérarchique) a été appliquée sur les coordonnées
principales des observations issues de l‟ACM précédente. Elle met en évidence trois (3)
groupes d‟éleveurs suivant les stratégies adoptées : (G1 : 38 éleveurs, G2 : 32 éleveurs, G3 :
30 éleveurs). La figure N°60 montre le dendrogramme de typologie proposée par la CAH.

40

35

30

25
Dissimilarité

20

15

10

0
39

84

72

41

96
27
31
28
17
25
63
19
47
16
29
15
99
98
97
30
81
64
62
61
48
50
71
60
59
57
58
22
42
13
86
89
87
18
85
88
33
82

83
79
23
90
94
56
75
26
35
36
80
76
10
44
77
45
24
70
93
51
54
55
38
52
21
78
11
53
32
65
67
46
74
12
73
49
66
43
69
14
68
34
95
91
92
37
20
40
2
1

3
4
9
8

7
100

Figure N°60 : Dendrogramme de typologie proposée par la CAH.

213
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage

La combinaison des résultats des deux analyses statistiques (ACM et CAH) montre la
distinction entre groupes d‟éleveurs proposés par la CAH sur la représentation de l‟ACM et
une projection des individus suivant les modalités des variables qui les caractérisent (Figure
N°61).

Graphique symétrique des observations


(axes F1 et F2 : 67,35 %)
2

DIV_Culture_I-1
1,5
SupF/Sup_Irrigue-3
DIV_Culture_I-2
33
4
3
9
1 82
883
23
72
79
576 80

DIV_Culture_I-3 2
10 94
90
6 35
36
67 0,5 Mobilité-0 88
26 93 44
4232 Engraissement-0
SupF/Sup_Irrigue-1 70 75
78 24 DIV_Elevage-2 64 50
48
62
61 163
19
47
77 5645 13 O_Aliment-2
21 4965O_Aliment-3
66
73 0 16
29 31
-1,5 -1 34-0,540
20 0 DIV_Elevage-1 0,5 18 1 87
84
89 1,5 2
DIV_Culture_I-4 4353
6911 85 SupF/Sup_Irrigue-0
17
25
Engraissement-1 60
59
58
57
71
F2

722
41 O_Aliment-1
DIV_Elevage-3 12 100
15
30
81
99
98
97 28
39 DIV_Culture_I-0
37
74 -0,5 86
14
68 27
46 Mobilité-1
SupF/Sup_Irrigue-2
3891
92
-1 96
DIV_Culture_I-5
55
54
52
95
-1,5
51
DIV_Elevage-4

-2
DIV_Culture_I-6

-2,5
F1 1 2 3

Figure N°61 : Représentation des groupes d’individus proposés par la CAH sur les axes
F1 et F2 de l’ACM.

Il ressort de ces traitements que les groupes formés peuvent être caractérisés ainsi :

 Groupe 1 : les éleveurs de ce groupe se localisent dans une sphère des modalités :
« DIV_Culture_I- 0 », « SupF/Sup-Irrigue- 0 ». Ce qui signifie qu‟ils ont tendance à ne pas
avoir des cultures en irrigué, et par conséquent absence de cultures fourragères en irrigué ;
 Groupe 2 : les éleveurs de ce groupe se localisent dans une sphère des modalités :
« DIV_Culture_I- 4 et 5 », « SupF/Sup-Irrigue- 2 ». Ce qui signifie qu‟ils ont tendance

214
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage

à avoir une forte diversification des cultures pratiquées en irrigué, avec réservation d‟une
partie moyenne pour les cultures fourragères ;
 Groupe 3 : les éleveurs de ce groupe se localisent dans une sphère des modalités :
« DIV_Culture_I- 3 », « SupF/Sup-Irrigue- 1 et 3 », « Mobilité- 0 ». Ce qui signifie qu‟ils
ont tendance à :
- Avoir une diversification moyenne des cultures pratiquées en irrigué, avec réservation d‟une
bonne partie pour les cultures fourragères ;
- Etre sédentaires.

VI.3.3- Description des groupes d’éleveurs


Pour une description plus claire des caractéristiques des groupes d‟éleveurs identifiés,
une analyse descriptive des principales stratégies de résilience adoptées est nécessaire. Les
résultats de ces analyses mettent en évidence :

 Groupe 1 : Ce groupe contient 38 éleveurs qui sont caractérisés globalement par :


- Ce sont des éleveurs sans terres agricoles ou bien qui exploitent les terres en sec ;
- La transhumance à une relative importance, où 47 % des éleveurs sont des semi-sédentaires
transhumants ;
- La pratique de l‟engraissement a également une relative importance, dont 55 % des éleveurs
l‟adoptent.

Les éleveurs de ce groupe ont peu de stratégies d‟association « Elevage-agriculture ».


Ils se basent beaucoup sur les ressources externes. La transhumance assure une partie de
l‟alimentation des troupeaux pour 47 % d‟entre eux. L‟autonomie de leurs exploitations est
jugée faible, donc ils sont très vulnérables aux aléas climatiques et aux perturbations
économiques. En conséquence, la résilience des systèmes d’élevage ovins pour cette
catégorie d’éleveurs semble faible.

 Groupe 2 : Ce groupe est composé de 32 éleveurs qui sont caractérisés globalement par :
- Exploitation de terres agricoles menées en irrigué, ou en mode mixte (une partie irriguée et
l‟autre en sec) ;
- Plusieurs types de cultures en irrigué (de 4 à 6 types de cultures), avec une superficie
relativement moyenne dédiée aux cultures fourragères (57 % en moyenne) ;
- La pratique de la transhumance est entreprise par 53 % d‟éleveurs présumés semi-sédentaires
transhumants ;

215
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage

- La pratique de l‟engraissement s‟avère également d‟une relative importance pour les éleveurs
de ce groupe, dont 63 % la pratiquent ;
Les éleveurs de ce groupe ont de nombreuses stratégies qui renforcent l‟association
« Elevage-agriculture ». Ils se basent sur la diversification des revenus par la diversification
des cultures et la satisfaction d‟une partie des besoins alimentaires du troupeau produite par
leurs propres soins. Plus de la moitié d‟entre eux (53 %) intègrent toujours la transhumance
comme stratégie pour l‟affourragement des troupeaux. D‟où une autonomie importante de
leurs exploitations. En conséquence, les systèmes d’élevage ovins semblent avoir de bonnes
sources de résiliences alimentaires et financières.

 Groupe 3 : Ce groupe est composé de 30 éleveurs caractérisés globalement par :


- l‟exploitation de terres agricole, dont 60 % des agro-éleveurs exploitent la totalité des terres
agricoles en irrigué et 40 % en mode mixte (une partie irriguée et l‟autre en sec) ;
- une diversification moyenne des cultures pratiquées en irrigué (de 1 à 3 cultures), avec la
réservation d‟une bonne partie des terres pour les cultures fourragères (78 % en moyenne) ;
- une faible pratique de la transhumance, 77 % sont des éleveurs sédentaires ;
- l‟engraissement à une relative importance dont 63 % des éleveurs la pratiquent ;

Les éleveurs de ce groupe ont aussi de multiples stratégies qui renforcent l‟association
« Elevage-agriculture », basée sur l‟affourragement des animaux par des aliments produits
dans l‟exploitation. Ils réservent une bonne partie des terres agricoles exploitées aux cultures
fourragères. Ils ont tendance à devenir sédentaires, et se contentent des ressources fourragères
locales. L‟autonomie alimentaire de ses élevages est importante. En conséquence, les
systèmes d’élevage ovins semblent avoir de bonnes sources de résilience alimentaire.

Il est à signaler que la pratique de l‟engraissement est présente chez les trois groupes
d‟éleveurs ; c‟est une stratégie de valorisation des produits de l‟élevage qui semble être
pratiquée par tous les éleveurs lorsque les capacités financières le permettent.

Par ailleurs, des tests ANOVA, suivis par un test de Fisher de comparaison par paires,
ont été opérés pour comparer la taille du troupeau des trois groupes d‟éleveurs. Les tests
montrent l‟absence d‟une différence significative entre les trois classes (P(1,3)=0,13 /
P(1,2)=0,90 / P(2,3)=0,31), notamment en ce qui concerne la taille moyenne du troupeau. Le
choix des stratégies de résilience n‟est pas seulement influencé par l‟importance du troupeau,
il est possible de rencontrer des éleveurs possédant des troupeaux de différentes tailles mais
qui adoptent les mêmes stratégies de résilience.

216
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage

La figure N°62 résume les principales caractéristiques des trois groupes d‟éleveurs
identifiés.

Groupe 3
30 éleveurs
 Forte association Elevage-agriculture ;
 Diversification moyenne des cultures ;
 Cultures fourragères importantes=> 78 % ;
 Transhumance faible => 23 % ;
 Engraissement moyen => 63 %. Groupe 1
Bonne résilience alimentaire 38 éleveurs
 Faible association Elevage-agriculture ;
 Approvisionnement externe ;
 Transhumance moyenne => 47 % ;
Groupe 2  Engraissement moyenne => 55 %.
32 éleveurs Résilience faible
 Forte association Elevage-agriculture ;
 Forte diversification des cultures ;
 Cultures fourragères moyennes=> 57 % ;
 Transhumance moyenne => 53 % ;
 Engraissement moyen => 63 %.
Bonnes résiliences alimentaire et
financière

Figure N°62 : Schématisation de la typologie des groupes d’éleveurs.

217
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage

VI.4- Discussion générale


L‟objectif de la présente étude réside dans l‟identification des stratégies permettant aux
éleveurs ovins de la steppe de subvenir aux besoins alimentaires de leurs troupeaux et de
maintenir l‟activité de l‟élevage dans un contexte mouvant et incertain. La sècheresse et le
manque de fourrages naturels demeurent les principales contraintes entravant l‟élevage ovin
en milieu steppique. La méthodologie de travail adoptée incarne l‟approche systémique,
considérant les différents éléments du système d‟élevages et leurs interactions. La méthode de
collecte des informations repose sur des enquêtes renseignées lors d‟un passage unique auprès
d‟éleveurs choisis de sorte à avoir un maximum de diversités des systèmes d‟élevage ovins
existants. Ainsi, un échantillon raisonné de 100 éleveurs (système pastoral) et agro-éleveurs
(système agropastoral) a été retenu, en respectant les proportions de la réalité de terrain,
recensées par l‟étude de Senoussi et al. (2014), dans la région de M‟Sila.

VI.4.1- Discussion des principaux résultats


Une grande diversité dans les systèmes d‟élevage ovins a été recensée dans la région de
M‟Sila. Une diversité de plusieurs dimensions : i) Une diversité dans la taille des exploitations
(effectifs animaux, superficie des terres agricoles et pastorales,…etc.), ii) Une diversité des
pratiques de conduite de l‟élevage et de l‟agriculture, iii) Une diversité dans les objectifs de
productions, iv) Une diversité dans l‟ordre d‟importance des différentes activités économiques
exercées (activités agricoles et activités non agricoles).

Cette diversité multidimensionnelle trouve son explication dans la diversité des


conditions socio-économiques, où chaque exploitation d‟élevage est une unité économique de
production indépendamment gérée par son propre chef. Chaque chef d‟exploitation agit
suivant son savoir-faire, les potentialités de son exploitation et les circonstances du milieu
(physique et économique). Donc, l‟origine de toutes les pratiques et les décisions de gestion
de l‟exploitation sont de nature humaine, d‟où la difficulté de quantifier et de catégoriser avec
précision les stratégies adoptées par les éleveurs à l‟égard de différents aléas. Ceci a amené
Lhoste (1987), à dire que l‟homme est plus qu‟un pôle dans le système d‟élevage, il est le
chef d‟orchestre ; il met en œuvre des pratiques pour concrétiser son projet d‟élevage.

Cependant, il était possible d‟identifier les différentes pratiques adoptées dans les
systèmes d‟élevage et de décrire des tendances stratégiques. Généralement, elles sont Seize
(16) grandes stratégies de résilience identifiées et adoptées par les éleveurs de la région de
M‟Sila, en fonction des objectifs assignés par chacune d‟entre elles. Par ailleurs, il est
possible de classer l‟ensemble des stratégies identifiées en trois classes ; i) Les stratégies dont

218
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage

le but principal est d‟avoir une résilience alimentaire pour le troupeau à cout et à long termes,
ii) Les stratégies permettant la diversification des revenus de l‟exploitation, iii) Les stratégies
de renforcement des différentes performances de production. L‟ensemble des stratégies
permettant directement ou indirectement la satisfaction des besoins alimentaires des
troupeaux, du fait que le manque de fourrage naturel demeure la préoccupation majeure des
éleveurs ovins en milieu steppique.

Sur l‟ensemble des stratégies de résilience identifiées, la gamme des stratégies se


présentant pour chaque éleveur est différente d‟une exploitation à une autre. Une multitude de
facteurs d‟origine socio-économiques et naturels interviennent dans le choix des pratiques et
des stratégies entreprises. Les facteurs qui apparaissent essentiels dans les décisions des
stratégies à entreprendre : i) La disponibilité et l‟importance des facteurs de production et de
financement (troupeau, superficie agricole, matériels agricoles, sources de revenus…etc.), ii)
Les facteurs naturels à l‟image de la qualité de l‟année (pluvieuse ou sèche) et l‟emplacement
de l‟exploitation.

Il apparait difficile d‟analyser les choix stratégiques des éleveurs vue la complexité des
interactions entre les différents facteurs de production et la diversité des objectifs de
production en milieu steppique. Mais une classification des éleveurs suivant les principales
stratégies de résiliences adoptées permet d‟identifier les grandes trajectoires adoptées par les
éleveurs ovins. La typologie réalisée à d‟aide d‟outils statistiques a mis en évidence trois (3)
groupes d‟éleveurs qui se révèlent par une ressemblance dans l‟adoption de stratégies de
résilience :

Groupe 1 : Les éleveurs avec une faible résilience


Composé de 38 éleveurs, ils ont peu de stratégies de résilience. Ils intègrent peu la
stratégie d‟association « Elevage-agriculture », et moyennement la pratique de la
transhumance pour l‟affourragement des troupeaux. Par conséquent, ils se basent beaucoup
sur les ressources alimentaires externes, ce qui rend leurs systèmes d‟élevage plus vulnérables
aux aléas naturels et économiques.

Groupe 2 : Les éleveurs avec de bonnes sources de résiliences alimentaires et financières.


Composé de 32 éleveurs, ce groupe adopte le plus de stratégies de résilience. Ils
assurent une grande autonomie alimentaire et financière pour leurs exploitations, notamment
grâce à une forte association « Elevage-agriculture », à travers la diversification des revenus
par la diversification des cultures et la satisfaction d‟une partie des besoins alimentaires de

219
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage

leurs troupeaux par leurs propres productions, sans négliger l‟apport alimentaire de la
transhumance qui reste pratiquée par la moitié des éleveurs.

L‟ensemble des stratégies adoptées par ces éleveurs leur donnent une certaine résilience
à la fois alimentaire (productions de différents aliments de bétails), et financière
(diversification des revenus de l‟exploitation).

Groupe 3 : Les éleveurs avec de bonnes sources de résilience alimentaires.


Composé de 30 éleveurs. Le choix des éleveurs de ce groupe est centré beaucoup plus
sur la satisfaction des besoins alimentaires des troupeaux produits sur place. De ce fait, ils ont
une forte intégration de l‟agriculture avec l‟élevage principalement pour l‟affourragement des
animaux. Raison pour laquelle, ils ont tendance à se sédentariser et à adopter une stratégie de
production de ressources fourragères locales.

Il est à signaler que la stratégie de l‟engraissement est présente chez les trois groupes
d‟éleveurs ; c‟est une stratégie de valorisation des produits de l‟élevage par la production de
sujets à haute valeur ajoutée.

VI.4.2- Les sources de vulnérabilité et les stratégies de résilience de l’élevage


Pour les éleveurs du groupe 1, les sources de vulnérabilité s‟avèrent dépendantes de
conditions externes (naturelles et économiques). Avec les périodes de sécheresse de plus en
plus fréquentes et la dégradation continue des parcours, les éleveurs de ce groupe sont obligés
de décapitaliser davantage leurs troupeaux pour arriver à subvenir à leurs besoins
alimentaires. En plus, la dépendance aux aliments de l‟extérieur présente une source de
vulnérabilité non négligeable ; avec des prix en fluctuation continue au cours de l‟année et
une tendance à la hausse. Ainsi les crises économiques ont de graves conséquences sur les
éleveurs adoptant une telle stratégie. A l‟image de la dernière crise sanitaire du Covid-19 en
2020, qui a engendré une crise économique, à un moment où les marchés à bestiaux ont été
fermés pour une longue période, d‟où absence de possibilité de décapitalisation du troupeau
par vente, et par conséquent absence disponibilités financières pour l‟achat des aliments.

Même si les Groupe 2 et 3 présentent une forte résilience de leurs systèmes d‟élevage,
il existe cependant une perspective de vulnérabilité de leur durabilité. Ces éleveurs se
confrontent à des limites d‟ordre naturel et organisationnel, notamment en ce qui attrait à :

i) Question de durabilité de l’agriculture pratiquée.


La culture en irrigué présente certes un atout stratégique pour les éleveurs à court terme,
mais aussi des facteurs qui risquent une altération des sols et des ressources hydriques à

220
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage

moyen et à long termes. Ce point s‟avère très important à prendre en considération pour une
démarche de durabilité des systèmes d‟exploitation (Khaldi, 2014). L‟extension des espaces
agricoles au détriment des parcours, la surexploitation des ressources hydriques souterraines,
une faible maitrise de la conduite et des opérations culturales, semblent les éléments de
vulnérabilité des systèmes actuels d‟exploitation des ressources naturelles et présentent un
risque de dégradation du patrimoine naturel.

Quant aux façons d‟exploitation des ressources hydriques, le débat est toujours ouvert
entre conviction, qu‟elle soit renouvelable ou non. Nedjraoui (2004), annonçait dans un
travail d‟évaluation des ressources pastorales en milieux steppiques algériens que : « les
ressources hydriques sont faibles, peu renouvelables, inégalement réparties et
anarchiquement exploitées ». Cette constatation est confirmée à travers les observations de
terrain, notamment par le rabattement du niveau des nappes exploitées chaque année. Il est
même noté que des périmètres soient abandonnés une fois que la ressource en eau est tarie. Il
est remarqué aussi un grand gaspillage dans l‟utilisation de l‟eau pour l‟irrigation malgré le
déploiement des techniques d‟irrigation d‟appoint (aspersion). C‟est du manque de technicité
des exploitants (agro-éleveurs et agriculteurs) qui est relevée et ce, pour une gestion
rationnelle de l‟eau d‟irrigation. Les exploitants l‟appréhendent par le fait que le principal
atout de l‟irrigation des grandes cultures par aspersion réside dans des conditions de profit
(moins de main-d‟œuvre et du temps de travail) et non pas dans l‟économie de l‟eau.

Raison pour laquelle, des études d‟impact, plus spécialisées doivent être réalisées pour
évaluer le degré de résilience des pratiques culturales, ainsi que la faisabilité de l‟extension
des alternatifs alimentaires, de les améliorer et les intégrer dans un processus de
développement durable de la région dans sa dimension globale.

ii) Une logique d’usage des parcours favorisant la dégradation


Le changement dans la perception d‟exploitation des parcours consiste à complémenter
les animaux avec les aliments issus de l‟agriculture suivant l‟offre fourragère des parcours, en
prélevant le maximum d‟U.F. disponibles jusqu‟à l‟épuisement total des parcours. Ainsi que,
le changement dans la perception des éleveurs à l‟égard de la mobilité des troupeaux du fait
que les déplacements ont fini par devenir une pratique d‟appoint adoptée lorsque les
conditions sont présumées défavorables, au lieu qu‟elle soit ponctuée de manière
systématique.

De même que, les changements dans les droits d‟accès aux ressources pastorales ont
enclenché une course d‟appropriation privative et l‟exploitation individuelle des terres de

221
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage

parcours. Les conséquences écologiques de ces nouveaux modes de gestion du territoire


s‟avèrent graves. Conséquence de leur dégradation sévère, causée principalement par une
surcharge animale grandissante (Senoussi, 2011). Les parcours n‟assurent globalement que
27,5 % des besoins des troupeaux. Le constat de la surexploitation des parcours steppiques a
été dénoncé par plusieurs études, à l‟instar de celles menées par Aïdoud et al. (2006) ;
Bencherif (2018) ; Bensouiah (2004) ; Nedjraoui et Bédrani (2008).

iii) Manque du collectivisme


Pour l‟ensemble des stratégies recensées, aucune n‟est mise dans un intérêt collectif ;
Toutes sont incarnées dans une logique d‟improvisation individuelle qui n‟intègre aucune
logique en termes de gestion rationnelle des ressources naturelles. Malgré que les nouvelles
alternatives alimentaires par l‟entremise de l‟installation des cultures fourragères sont
désormais considérées comme source non négligeable dans l‟état actuel des circonstances. La
question de leur durabilité à long terme reste posée.

Par ailleurs, la profession qui devrait être interpellée, via le cadre associatif, fait défaut,
hormis l‟adhésion à la chambre d‟agriculture qui se fait afin de facilitation des différentes
démarches administratives. Dans ce sens, l‟organisation des différents producteurs, qu‟ils
soient éleveurs ou céréaliculteurs, nécessiterait une priorité une priorité en matière de
recherche / développement avec l‟appui de socio-anthropologue. Opérations qui seraient
mener de façon interdisciplinaire avec : agronome, écologue, hydraulicien, climatologue,
zootechnicien.

VI.4.3- Que se passe-t-il dans les autres zones steppiques ?


Des situations similaires sont relevées çà et là en milieu steppique, et c‟est à l‟image de
ce que révélaient Kanoun et al. (2017) dont l‟étude a porté sur la région d‟El Guedid-Djelfa,
où les éleveurs développent tous des logiques d‟adaptation aux différents aléas. La
méthodologie d‟analyse des données de terrain est certainement différente de la présente
étude, il adopte une approche par l‟analyse de la capacité des éleveurs à conjuguer les atouts à
leur disposition pour une meilleure résilience. Ces atouts, baptisés « Capitaux » qui sont de
types naturel, physique, financier, social, humain et de savoirs. Il montre que selon la dotation
en capitaux, les éleveurs mettent en œuvre des stratégies adéquates pour leurs exploitations et
ils jouent essentiellement sur la diversification des produits, des revenus, d‟accès aux
ressources, du potentiel des brebis et des flux migratoires (déplacements des troupeaux). Il
souligne aussi l‟importance pour les éleveurs du capital humain (relationnel).

222
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage

Une autre étude a été réalisée par Benidir (2015), au niveau de la région de Djelfa. Elle
est basée sur une méthodologie d‟analyse multi-variée appelée IDEA (Indicateurs de la
Durabilité des Exploitations Agricoles). Il a été relevé sept (7) types d‟éleveurs se distinguant
les uns des autres par leurs pratiques de conduite, alors qu‟une tendance vers la diversification
des productions notamment chez les éleveurs sédentaires est de mise, l‟échelle économique
réalise de bonnes performances alors que les deux échelles agro-écologique et socio-
terretoriale ont des scores médioces. Ce qui corrobore avec les résultats de notre étude,
révélés par les stratégies de résilience qui n‟accordent auncun intérêt à la dimension
environementale.

Dès lors et malgré les différences d‟organisation et d‟exploitation entre régions de la


steppe centrale, les trajectoires de résilience sont similaires. Elles sont basées essentiellement
sur la diversification des activités économiques qu‟elles soient agricoles ou non agricoles.

Mekhloufi (2020), a réalisé une étude similaire dans la région d‟El Bayadh, où il a
récensé trois groupes d‟éleveurs suivant les stratégies d‟adaptation pratiquées : i) Groupe
pratiquant un système d‟élevage sédentaire, type engraissement à courte durée, ii) Groupe
pratiquant un système semi-transhumant/semi-sédentaire, type engraissement à moyenne
durée, iii) Groupe pratiquant un système transhumant et nomade, type engraissement à longue
durée. Il semble que les mouvements de transhumance ont toujours une place importante dans
les systèmes d‟élevage dans la région d‟El Bayadh, contrairement à ceux de la région de
M‟Sila.

VI.4.4- Limites de l’étude et ouverture sur d’autres complémentaires


La présente étude ne peut être représentative de l‟ensemble du territoire steppique. Il
existe des particularités dans chaque zone, aussi bien du point de vue occupation spatiale que
pratiques d‟entreprises par les différents acteurs. Par ailleurs, la méthodologie adoptée ne
permet pas à elle seule de mesurer l‟impact des stratégies d‟adaptation mises en œuvre par les
éleveurs sur le moyen et long terme. Elle met en évidence les principales tendances
stratégiques des éleveurs pour lutter contre les différents aléas rencontrés. Ce sont les deux
principales limites auxquelles s‟est confrontée notre étude.

Ainsi donc, on ne peut pas généraliser les résultats de la présente études sur l‟ensemble
des zones steppiques. Dès lors, il serait plutôt nécessaire de considerer les résultats de la
présente étude en conjuguant les orientations de différents champs disciplinaires
(climatologie, sociologie, économie, etc.). Raison pour laquelle, la réalisation d‟études

223
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage

similaires portant sur d‟autres zones steppiques s‟avère plus que nécéssaire afin de pouvoir
distinguer aussi bien les aspects génériques que les aspects spécifiques.

Les perspectives en Recherche/Développement pourraient porter sur l‟amélioration des


stratégies de résilience chez les éleveurs, principalement via : i) Elaboration d‟un schéma de
développment agro-pastoral intégré permettant à la fois la restauration des parcours en état de
dégradation et la satisfaction des besoins du cheptel. ii) Amélioration des pratiques culturales
à travers le développment des espèces plus adaptées et la maitrise de l‟irrigation. Dans ce
sens, Carrère et al. (2014) notent que les innovations des systèmes fourragers pourraient
fournir des élements d‟inspiration précieux, très utile pour alimenter une réflexion plus
générale. A l‟image des systèmes fourragers rencontrés chez les éleveurs de M‟Sila. iii) Mise
en place d‟un planing d‟exploitation de l‟espace pastoral, en termes d‟accès et de sortie, se
projettant dans la longue période, tout en permettant aux éleveurs d‟agir dans l‟intérêt du
collectif. Dans ce sens qu‟un schéma d‟aménagement et de gestion de l‟espace des parcours
steppiques a été mis en évidence par Senoussi et al. (2011) révélateur de tous les paramètres à
considérer (figure N°63).

A chaque point abordé, les études doivent être menées en symbiose avec les différents
programmes initiés par les pouvoirs publics afin de pouvoir prôner un développement qui
s‟inscrirait dans un processus integratif. Il serait recommandé des actions dans un programme
de développement de la zone steppique qui pourraient s‟inscrire comme suit :
 Les travaux d‟aménagement hydrique pour le captage et l‟usage des eaux superficielles ;
 Les actions de restauration des parcours (mise en défens, plantation pastorale, etc.) ;
 Sensibilisation des éleveurs quant à l‟intérêt porté à la préservation des ressources
naturelles ;
 Amélioration du mallaige des points d‟abreuvement du cheptel pour éviter le pâturage répété
autour des points d‟eau ;
 Plantation d‟espèces fourragères autochtones adaptées à la secherèsse ;
 Amélioration des performances productives du cheptel ovin, notamment à travers des
programmes d‟amélioration génétique et d‟amélioration des conditions d‟élevage.

224
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage

Figure N°63 : Schéma d’aménagement et de gestion de l’espace des parcours steppiques


(Senoussi et al., 2011).

225
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage

Ce type d‟opération doit être accompagné par un travail de vulgarisation et de


sensibilisation des agro-éleveurs de la steppe par une approche participative. La place des
institutions spécialisées est primordiale dans la réalisation des projets de développement à
travers ses différentes phases (depuis l‟étude jusqu‟à sa mise en œuvre). Le HCDS a un rôle
central dans ce processus, à un moment où ses actions déjâ entreprises seraient d‟un impact
positif. L‟implication de tous les acteurs locaux intervenants en milieu pastoral s‟avère
nécessaire pour opter pour une démarche participative. En effet, la participation des
producteurs locaux : éleveurs, agriculteurs et agro-pasteurs, dans l‟élaboration et l‟exécution
des programmes de développement est une condition incontournable quant à leur réussite et
leur pérennisation.

226
Conclusion

Conclusion
La steppe algérienne couvre un immense espace à vocation principalement pastorale de
20 millions d‟hectares, dont 13 millions d‟hectares de terres de parcours. Depuis l‟époque
antique, l‟homme a vécu dans les territoires steppiques en synergie avec son milieu en
exploitant des ressources spontanément régulées avec leurs conditions bioclimatiques
fluctuantes. Cette exploitation n‟était possible qu‟avec l‟élevage de petits ruminants et de
dromadaires. Ces animaux sont réputés pour leur rusticité qui permet la mise en valeur de ces
écosystèmes steppiques. Ces animaux et notamment les ovins étaient conduits en extensif
suivant des flux migratoires, à travers des mobilités conditionnées aux pluviométries et donc
la pousse de la végétation pastorale. Depuis le 18e siècle, les déplacements se traduisaient par
des transhumances (Achaba et Azzaba) qui assuraient cette exploitation spatio-temporelle
rationnelle qu‟ont connue les territoires steppes. Actuellement, la steppe abrite 18 millions de
têtes ovines (62 % du cheptel ovin national).
De nombreux changements perturbants l‟élevage pastoral ont émergé depuis plus de
cinquante ans dans le territoire steppique en bouleversant les pratiques des mouvements
pendulaires des animaux et de la population. La croissance démographique ; la mise en
culture au détriment des parcours ; les évolutions socioculturelles et le changement dans le
mode de vie, outre l‟intensification des aléas climatiques, surtout la sècheresse, sont les
principaux bouleversements qu‟a connu la steppe. Il en résulte que les parcours steppiques
subissent une dégradation sans cesse plus forte qui oblige les éleveurs à trouver de nouvelles
sources alimentaires pour leurs troupeaux en substitution du manque flagrant des ressources
pastorales naturelles des parcours.
L‟équilibre des systèmes d‟exploitation ancestraux connait donc une rupture entre les
ressources fourragères des parcours (en diminution) et le cheptel présent (en augmentation).
En conséquence, la complémentation alimentaire des animaux par des aliments concentrés est
devenue une pratique courante pour la survie des troupeaux et la continuité de l‟élevage.
Cependant, la dépendance des éleveurs aux aliments concentrés présente un grand risque
économique lié aux perturbations de leurs prix avec une tendance à la hausse.
Devant cette situation, les éleveurs ovins de la steppe adoptent des nouvelles pratiques
et stratégies pour subvenir aux besoins alimentaires de leurs troupeaux et maintenir l‟activité
de l‟élevage.
L‟objectif de la présente étude a résidé dans l‟identification des stratégies permettant
aux éleveurs ovins de la steppe de subvenir aux besoins alimentaires des troupeaux et de

227
Conclusion

maintenir l‟activité de l‟élevage dans un contexte mouvant et incertain. La sècheresse et le


manque de fourrages naturels demeurent les principales contraintes entravant l‟élevage ovin
en milieu steppique. La démarche de travail adoptée incarne l‟approche systémique,
considérant les différents éléments du système d‟élevages et leurs interactions. La méthode de
collecte des informations a reposé sur des enquêtes/entretiens lors d‟un passage unique auprès
d‟éleveurs choisis de sorte à avoir un maximum de diversités des systèmes d‟élevage ovins
existants. Ainsi, un échantillon raisonné de 100 acteurs, représentés par des éleveurs pilotant
dans le système pastoral et des agro-éleveurs au sein du système agropastoral, a été retenu,
dans la région de M‟Sila. Avec un potentiel pastoral d‟un million d‟hectares de parcours et un
cheptel ovin de 1,65 million de têtes. La wilaya de M‟Sila est considérée comme un bassin à
vocation viande ovine, mais dont les parcours sont fortement touchés par des processus de
dégradation et restent très exposés à la désertification.
Une diversité multidimensionnelle dans les systèmes d‟élevage ovins a été recensée
dans la région de M‟Sila. Les diversités se sont révélées notamment : i) Dans la taille des
exploitations (effectifs animaux, superficie des terres agricoles et pastorales, etc.), ii) Les
pratiques de conduite de l‟élevage et de l‟agriculture, iii) Les objectifs de productions, iv)
L‟ordre d‟importance des différentes activités économiques exercées (activités agricoles et
extra-agricoles).
Cette diversité multidimensionnelle trouve son explication dans la multiplicité des
conditions socio-économiques, où chaque exploitation d‟élevage est une unité économique de
production indépendamment gérée par son propre chef. Chaque chef d‟exploitation agit
suivant son savoir-faire, les potentialités que recèle son exploitation et les circonstances du
milieu (physique et économique), tout tenant des interactions sociales.
Du fait du manque de ressources pastorales naturelles des parcours et face aux
irrégularités liées à l‟approvisionnement en aliments concentrés, les éleveurs de la région de
M‟Sila présentent une grande amplitude d‟usage des différentes ressources alimentaires
disponibles et ils expérimentent de nouvelles pistes d‟affouragement et d‟alimentation en
général de leurs animaux. Une classification des éleveurs suivant l‟usage des différentes
ressources alimentaires a révélé trois (3) classes d‟éleveurs avec trois profils alimentaires
différents. Nous avons noté que les aliments concentrés assurent 40 % des besoins
alimentaires globaux des troupeaux des éleveurs approchés. Néanmoins, de nouvelles
tendances alimentaires sont remarquées s‟articulant autour de l‟intégration des cultures
fourragères dans la conduite alimentaire des ovins. Désormais les fourrages verts occupent

228
Conclusion

une place importante dans la ration alimentaire pour une classe d‟agro-éleveurs au nombre de
24. Ils couvrent 42 % de la ration avec de fourrages verts et assurent une grande partie des
besoins des troupeaux pendant la période hivernale. Ces tendances alimentaires apparaissent
comme des solutions curatives incomplètes, car elles manquent de maîtrise technique.
Cependant, elles peuvent inspirer des pistes de réflexions sur des solutions possibles au
manque de ressources fourragères en milieu steppique.
Par ailleurs, de nombreuses stratégies de résilience de l‟élevage ovin sont décelées.
Globalement, elles sont Seize (16) grandes stratégies de résilience identifiées et adoptées par
les éleveurs de la région de M‟Sila, en fonction des objectifs assignés par chacune d‟entre
elles. Par ailleurs, il est possible de classer l‟ensemble des stratégies identifiées en trois
classes ; i) Stratégies dont le but principal est d‟avoir une résilience alimentaire pour le
troupeau à court et à moyen termes, ii) Stratégies permettant la diversification des revenus de
l‟exploitation, iii) Stratégies de renforcement des différentes performances de production.
L‟ensemble des stratégies permettant directement ou indirectement la satisfaction des besoins
alimentaires des troupeaux, du fait que le manque de fourrage pastoral naturel demeure la
préoccupation majeure des éleveurs ovins en milieu steppique.
Sur l‟ensemble des stratégies de résilience identifiées, la gamme des stratégies se
présentant pour chaque éleveur est différente d‟une exploitation à une autre. Une multitude de
facteurs d‟origines socio-économiques et naturels interviennent dans le choix des pratiques et
des stratégies entreprises : i) Disponibilité et l‟importance des facteurs de production et de
financement (troupeau, superficie agricole, matériels agricoles, sources de revenus, etc.), ii)
Facteurs naturels à l‟image de la qualité de l‟année (pluvieuse ou sèche) et l‟emplacement de
l‟exploitation.
Il apparait difficile d‟analyser les choix stratégiques des éleveurs vue la complexité des
interactions entre les différents facteurs de production et la diversité des objectifs de
production en milieu steppique. Cependant, une classification des éleveurs suivant les
principales stratégies de résiliences adoptées permet d‟identifier les grandes trajectoires
adoptées par les éleveurs ovins. La typologie réalisée à d‟aide d‟outils statistiques a mis en
évidence trois (3) groupes d‟éleveurs qui se révèlent par une ressemblance dans l‟adoption de
stratégies de résilience :
■ Groupe d’éleveurs avec une faible résilience : Composé de 38 éleveurs avec peu de
stratégies de résilience. Ils intègrent peu l‟association « Elevage-agriculture », alors que la
transhumance est moyennement pratiquée pour l‟affourragement des troupeaux. Par

229
Conclusion

conséquent, ils se basent beaucoup sur les ressources alimentaires externes, ce qui rend leurs
systèmes d‟élevage plus vulnérables aux aléas naturels et économiques.
■ Groupe d’éleveurs avec de bonnes sources de résiliences alimentaires et financières :
Composé de 32 éleveurs, adoptant le plus de stratégies de résilience. Ils assurent une grande
autonomie alimentaire et financière pour leurs exploitations, notamment grâce à une forte
association « Elevage-agriculture », à travers la diversification des revenus par la
diversification des cultures et la satisfaction d‟une partie des besoins alimentaires de leurs
troupeaux par leurs propres productions, sans négliger l‟apport alimentaire de la
transhumance qui demeure pratiquer par la moitié des éleveurs.
L‟ensemble des stratégies adoptées par ces éleveurs leur donnent une certaine résilience
à la fois alimentaire (productions de différents aliments de bétails), et financière
(diversification des revenus de l‟exploitation).
■ Groupe d’éleveurs avec de bonnes sources de résilience alimentaires : Composé de 30
éleveurs dont l‟option réside principalement dans la satisfaction des besoins alimentaires des
troupeaux par des aliments produits sur place. De ce fait, ils ont une forte intégration de
l‟agriculture avec l‟élevage. Raison pour laquelle, ils ont tendance à se sédentariser et se
contenter par des ressources fourragères locales.
Il est à signaler que la stratégie de l‟engraissement est présente chez les trois groupes
d‟éleveurs ; c‟est une stratégie de valorisation des produits de l‟élevage par la production de
sujets à haute valeur ajoutée.
A partir des résultats présentés, il est possible de vérifier le bienfondé des hypothèses de
recherche émises au préalable:
- La première hypothèse relative à la diversité des aliments pour la substitution des fourrages
naturels des parcours en régression sans cesse. Nous avons bien remarqué une diversité des
aliments administrés dans la conduite de l‟élevage ovin, notamment à travers l‟usage des
aliments concentrés de différentes origines, compositions et quantités, mais aussi à travers la
valorisation des ressources alimentaires issues de l‟agriculture (fourrages semés, chaumes,
céréales sinistrées, jachère, etc.). Il semble donc que cette hypothèse est bien valide.
- La seconde hypothèse qui aborde la question de la place la mobilité des troupeaux (la
transhumance) dans les systèmes d‟élevage ovin actuels. Il est recensé que 42 % des éleveurs
pratiquent toujours la mobilité des troupeaux pour leurs affourragements, soit 64,5 %
d‟animaux. Mais notamment avec de nouvelles conceptions de la gestion de l‟espace. Ces
dernières façons d‟organisation de la mobilité plus ciblées dans le temps et dans l‟espace

230
Conclusion

donne une qualification de « semi-sédentaires transhumants » aux éleveurs de cette catégorie.


Par ailleurs, le reste des éleveurs, soit 58 % du total, sont devenu totalement sédentaires (35,5
% d‟animaux). Donc, la deuxième hypothèse est bien valide, notamment où une partie des
éleveurs pratiquent toujours la mobilité des troupeaux avec des nouvelles formes
d‟organisation.
- La troisième hypothèse relative aux activités économiques exercées par les éleveurs ovins
afin d‟assurer le maintien de l‟élevage. Il apparait une large gamme d‟activités agricoles et
hors-agricoles permettant les unes aux autres la continuité de la vie économique de
l‟exploitation d‟élevage. La diversification des cultures et des élevages, les activités
commerciales et d‟interprétariat, les crédits externes pour alimenter le troupeau, sont les
principaux leviers de financement de l‟élevage ovin à M‟Sila. Ainsi, la troisième hypothèse
semble bien valide, où tous les éleveurs adoptent de multiples activités économiques en
parallèle pour plus de résilience économique.
Ainsi donc, les trois hypothèses de recherche émises semblent être validées. Où toutes
les possibilités d‟affourragement des animaux, imaginées à travers ces hypothèses s‟avèrent
présentes chez les éleveurs ovins de la région de M‟Sila. Notamment par une diversité des
stratégies et des ressources alimentaires recensées.
Les deux derniers groupes d‟éleveurs présentent une forte résilience de leurs systèmes
d‟élevage. Cependant dans une perspective de durabilité, ils se confrontent à des limites
d‟ordre naturel et organisationnel : l‟agriculture pratiquée présente des lacunes qui risquent
une altération des sols et des ressources hydriques à moyen et à long termes. L‟extension des
espaces agricoles au détriment des parcours, la surexploitation des ressources hydriques
souterraines, une faible maitrise de la conduite et des opérations culturales, semblent être des
éléments majeurs de vulnérabilité des systèmes actuels d‟exploitation des ressources
naturelles et présentent un risque important de dégradation du patrimoine naturel.
En plus, pour l‟ensemble des stratégies recensées, aucune ne font l‟objet d‟initiative
collective ; toutes sont incarnées dans un intérêt individuel qui n‟intègre aucune logique en
termes de gestion rationnelle des ressources naturelles. Ainsi, la logique d‟usage des parcours
est basée sur la surexploitation des d‟U.F. disponibles jusqu‟à épuisement total.
Il apparaît donc que pour l‟ensemble des systèmes d‟élevage rencontrés, une absence
totale d‟une démarche durable d‟exploitation des ressources naturelles. Les façons de faire des
éleveurs présentent beaucoup d‟anomalies liées à une surexploitation des ressources naturelles
(parcours, sol, et eau). C‟est surtout la dimension écologique qui manque dans les différentes

231
Conclusion

pratiques d‟exploitation rencontrées. Malgré que certains systèmes dévoilent des grandes
capacités de résilience à court terme, surtout dans sa dimension économique, mais la faiblesse
des dimensions sociales et environnementales laisse un avenir incertain à ses systèmes. Ainsi,
les systèmes d‟élevage actuels ne présentent pas de réels signes de développement durable.
Et si les pratiques d‟usage continuent de surexploiter les ressources naturelles, les
scénarios d‟avenir peuvent être catastrophiques sur tous les plans : social, écologique et
économique. Raison pour laquelle, la prise en compte de ses aspects non durables de gestion
du territoire est primordiale dans toutes démarches d‟aménagement et de gestion du territoire
steppique dans tous les niveaux d‟intervention (local, régional, territorial et national). Il faut
tenir compte aussi des alternatives alimentaires adoptées par les éleveurs, où les éleveurs sont
déjà convaincus que les parcours steppiques ne supportent plus la charge animale existante, et
qu‟il faut trouver des alternatives, notamment à travers les fourrages cultivés. La participation
de la population locale est l‟un des principes d‟un développent durable.
La présente étude ne peut être représentative de l‟ensemble du territoire steppique ; car
chaque zone est révélatrice de ses propres caractéristiques, aussi bien du point de vue
occupation spatiale que pratiques entreprises par les acteurs. Tout comme la méthodologie
adoptée qui ne permet pas à elle seule de mesurer l‟impact des stratégies d‟adaptation mises
en œuvre par les éleveurs sur les moyen et long termes, toutefois elle met en évidence les
principales tendances stratégiques des éleveurs pour lutter contre les différents aléas
rencontrés, notamment ceux concernant les systèmes d‟alimenation des élevages.
Dès lors, il faut considerer les résultats de la présente étude en conjuguant les
orientations de différents champs disciplinaires (écologie, climatologie, sociologie, économie,
etc.) dans un processus de démarche intégrée. Raison pour laquelle, la réalisation d‟études
similaires portant sur d‟autres zones steppiques semblent opportunes afin de pouvoir
distinguer aussi bien les aspects génériques que les aspects spécifiques.
Ainsi, et compte-tenu des résultats auxquels est parvenue la présente étude, il semble
pertinent de mener des tavaux de recherche complémentaires traitant les différents aspects de
la filière ovine, ainsi que les autres filières agricoles. Il s‟avère surtout nécessaire de trouver
des possibilités innovantes afin de mener un développment durable. Il faudrait mener des
études à même de répondre aux attentes sociales tout en réalisant des travaux sur les
conditions de l‟élevage ovin en zones steppiques et la qualité des produits de l‟élevage, à un
moment où l‟enjeu sanitaire et le défi de sécurité alimentaire devraient encore être plus
importants.

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243
Annexe N°1 : Glossaire termes locaux.
Terme vernaculaire Signification Terme vernaculaire Signification
ARCH Tribu J‟DAÏA Chevrette
REFKA Fraction tribale MAAZA Chèvre
RAÏ Berger ATROUSSE Bouc
MAOUAL Eleveur d‟ovins KOTTAR Hectare
KILAME Les ovins AÏTIL Jachère
LAKAOU Les agneaux H‟SIDA Chaumes
KIROUF Agneau GISSIL Orge en vert
KIROUFA Agnelle EL-ALAF Aliment concentré
ALLOUCHE antenais T‟BEN Paille
ALLOUCHA Antenaise GOURTE Foin
KABCHE Bélier reproducteur ARD M‟RÏA Bon parcours
NAÂDJA Brebis reproductrice ARD M‟RAKHSSOU Mauvais parcours
J‟DAÏ Chevreau

YAADAF : Vente sujets en mauvais état (sélection dans le troupeau sur les performances
dont le but de préserver les meilleures bêtes).
Y’OITHER : Stockage des aliments pour la saison suivante.
EL REBGA : contrat de gardiennage ou confiage d‟un troupeau, par rémunération à la tête,
ou bien par nombre d‟agneaux cédés par rapport au nombre de brebis gardées par
annuellement.
Annexe N°2 : Guide d’entretien.

I- Identification de l’éleveur :
N° d‟entretien :……………., Date d‟entretien :………………….
Wilaya :……………….. , Daïra :…………………, Commune :…………………………
Nom et Prénom de l‟éleveur :………. ………………….
Tribu :………………………., Age de l‟éleveur :…………………
Relation avec l‟élevage : (berger / Propriétaire-berger / Propriétaire) …………………………..
A l‟origine, vous êtes : éleveur / agro-éleveur / agriculteur ……………………………………..
II- Données sur le troupeau :
2.1- Composition du troupeau :
Espèces
Ovins Caprins Camelins
Catégories
Femelles + de 2 ans
Femelles de 1 à 2 ans
Femelles -1an
Mâles + 2 ans
Mâles de 1 à 2 ans
Mâles -1 an
Total cheptel

La tendance de variation de la taille du troupeau : (Croissante / En baise / Constante / Variable)


Que représente l‟activité de l‟élevage ovin pour vous ? ……………………………………………
Pourquoi élevez-vous des caprins avec les moutons ? ……………………………………………..

2.2- Alimentation du troupeau :


 Calendrier alimentaire : (Indiquer la période d‟utilisation par une ligne ─)
Sept Oct Nov Dec Jan Fev Mar Avr Mai Juin Juil Août
Parcours
A. concentré
Foin
Paille
Orge en vert
Chaume
Céréales sinistrés
Jachère (ATIL)
………………

Quelle est la principale source alimentaire pour les ovins ?.................................................


Comment qualifiez-vous les parcours steppiques que vous exploitez ? (Bon / Moyen / Médiocre).
Comment qualifiez-vous cette année ? (Bonne / Moyenne / Mauvaise).

~1~
 Utilisation des ressources alimentaires (Kg/tête):
Saisons
Automne Hiver Printemps Eté
Aliments
Orge en grain
Orge (...%) + Son (….%)
Son de blé
Blé tendre
Maïs
……….……
Orge en vert (ha)
Chaumes (ha)
Céréales sinistrés (ha)
Jachère (ATIL) (ha)
Mise en défens (ha)
………………

Quelles sont les ressources alimentaires que vous produisez vous même?
(Orge en grain / Orge en vert / Chaumes / Jachère / ………………………………….)

Quelles sont les ressources alimentaires que vous achetez (ou bien louez) ?
(Orge en grain / Orge en vert / Son de blé / Blé tendre / Maïs / Chaumes / Jachère / ………………)

Pourcentage des aliments produits (%) : ……… Pourcentage des aliments achetés (%) : ………..

Quand achetez-vous les aliments ?


(En cas de besoin immédiat / Quand le prix du produit baisse /…………………………………….)

Comment qualifiez-vous la stabilité des prix des aliments de bétails ? (Très stable / Assez stable /
Non stable). Pourquoi ? …………………………………………………………………………….

Selon vous, quel est le plus rentable ?


● Produire ses propres ressources alimentaires ; ● Acheter les aliments.

Stockez-vous les aliments pour le ravitaillement ? (Oui / Non)


Que pensez-vous de la stratégie de stockage des aliments ? (Bonne / Moyenne / Mauvaise)
Avez-vous un (des) local (aux) pour le stockage des aliments ? (Oui / Non) ………………………….
Lequel ? : ……………………………………………………………………………………………….
Investissez-vous en structure de stockage ? (Oui / Non)
Lesquelles ? (Hangar/ garage / ……………………………………………………………………)

L‟abreuvement des animaux : (Puits/ Forage / Citerne / …………………………………………)

 Coût des ressources alimentaires externes:


Chaumes Céréales sinistrés Orge en vert Jachère …………..
Prix (DA/ha)

~2~
2.3- La reproduction et la vente des animaux :

Type de lutte pratiquée : (libre / contrôlée)

Utilisez-vous la technique de synchronisation des chaleurs (les éponges) ? Oui / Non


- Si oui, pour quelle raison vous l‟utilisez ? ● Organisation de la conduite du troupeau ;
● Avoir des naissances multiples ● Avoir une deuxième mise base pour les bonnes reproductrices ;
● Rattraper les brebis vide après saison d‟activité sexuelle ; …………………………………….

Quelles sont les catégories animales vendues par ordre ? (vendu le premier ═> vendu le dernier)
(Agneaux / Agnelles / Antenais / Antenaises / Brebis de réforme / Brebis reproductrices / Béliers
reproducteurs) …………………………………………………………………………………….

Suivant la conformité animale ; quel est l‟ordre de la vente ? (Bon animal / animal moyen /animal
faible). Pourquoi ? …………………………………………………………………………………

Raison de vente des animaux : ……………………………………………………………………..

Fréquence de vente des animaux : ● En cas de besoin immédiat d‟argent ● chaque : Souk / mois /
occasion /…………………………………………………………………………………………..

Comment qualifiez-vous la stabilité des prix des animaux sur les marchés ? (très stable /
assez stable/ Non stable). Pourquoi ? ………………………………………………………………

2.4- Le déplacement des animaux :


Pratiquez-vous :
- L‟Achaba (vers le Nord) :
Lieu :…………………..., Période (mois) : …..………., Fréquence : (Chaque année /Selon l‟année)
- L‟Azzaba (vers le Sud) :
Lieu :…………………..., Période (mois) : …..………., Fréquence : (Chaque année /Selon l‟année)
Effectuez-vous d‟autres déplacements dans l‟année ? Oui / Non
Lieu :………………..…., Période (mois) :……................., Intérêt : ……………………………….,
Fréquence : (Chaque année / Selon l‟année) ………………………………………………………
Quel est le degré d‟importance de ces déplacements vis à vis l‟alimentation des ovins ?
(Très importants / importance moyenne / peu importants)
Moyen de déplacement : (Camion / en marche) …………………………………………………..

2.5- Vaccination et prophylaxie : (signaler par ×)

Vaccinations Traitements (préventif/ curatif) Maladies fréquentes Dégâts ( )


Anti-clavelée Antiparasites internes
Anti-brucellique Antiparasites externes
Contre les maladies respiratoires
Anti-entérotoximie (TRAF)

~3~
III- Gestion de l’exploitation :
3.1- Les moyens matériels :
Possédez-vous : Tracteur / Camion / Véhicule de transport /………………………………………
Louez-vous vos matériels à un tiers ? Oui / Non
Lesquels ?: ……………………………………………………………………………………
Comment qualifiez-vous la charge due au transport des animaux et des aliments ?
(Trop élevée / assez élevée / peu élevée)
Investissez-vous dans l‟acquisition des moyens de transport ? Oui / Non
Pourquoi ? …………………………………………………………………………………

3.2- Gestion de l’agriculture :


Possédez-vous des terres agricoles ? (Oui /Non), Combien d‟hectare ? : …………………………

Depuis quand commencez-vous à pratiquer l‟agriculture ? (ans) ………………………………..


Pourquoi commencez-vous la pratique de l‟agriculture ? ………………………………………….

Louez-vous des terres agricoles pour cultiver des fourrages pour nourrir les ovins ? Oui / Non
Combien d‟hectares ?:…………….., Fréquence : ………………Pour quelle culture ?…………….

Quelle est l‟importance de l‟agriculture dans la vie économique de l‟exploitation ? ………………..


………………………………………………………………………………………………………..

 Occupation du sol :
Importance
Forme
Spéculation Surface (ha) Irrigation Destination
( ) d‟utilisation

3.3- Autre type d’élevage et d’activité :


► Pratiquez-vous l‟engraissement ? Oui / Non

Catégorie animale N° engraissé Période Durée Intérêt

► Pratiquez-vous d‟autres types d‟élevage ? Oui / Non


Bovin laitier Bovin viande Aviculture ……….. …………
Capacité
Intérêt

~4~
3.4- Les activités extra-agricoles :
► Avez-vous ou l‟un du membre du ménage une activité hors l‟agriculture ? Oui / Non
Type d‟activité Intérêt
- - Source de revenu stable pour les besoins du ménage ;
- - Sécurité sociale et retraite ;
- - Autre : ………………………………………………………………
-

3.5- Les sources de financement extra-agricoles :


Avez-vous bénéficié de soutien de l‟état ? Oui / Non
Quelle action ? : (Orge / forage / Matériel d‟aspersion / Bassin d‟irrigation / Construction bâtiment
d‟élevage / Plantation arboricole/ Matériel d‟élevage / …………………………………………….
Avez-vous bénéficié: ● des crédits bancaires / ●Crédit chez un tiers (SALEF) pour les besoins du
troupeau ? ……………………………………………………………………………………………
Quand empruntez-vous ? …………………………………………………………………………..

3.6- Contrat de travail et main d’œuvre pour l’élevage ovin :

Type de rémunération de berger :


● Salaire : ………DA/mois, ● Contrat : ….. Agneaux/…....brebis gardées /……(période)

Gardez-vous des moutons pour un tiers ? Oui / Non


- Si oui, combien de personnes ?: ……………………… ; De tête ?..............................................
Pourquoi ? ……………………………………………………………………………………………

Utilisez-vous de la main d‟œuvre familiale ? Oui / Non


Quel membre de la famille ? ……………………………………………………………………..
Pour quelle tâche du travail ? …………………………………………………………………..
Pourquoi ? ……………………………………………………………………………………….

Autres remarques et informations utiles :


…………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………

~5~
Résumé
L‟objectif de cette étude réside dans l‟identification des stratégies permettant aux éleveurs ovins de la steppe de subvenir aux besoins
alimentaires des troupeaux et de maintenir l‟activité de l‟élevage dans un contexte mouvant et incertain. La sècheresse et le manque de
ressources pastorales naturelles demeurent les principales contraintes entravant l‟élevage ovin en milieu steppique. La démarche de travail
adoptée relève de l‟approche systémique, considérant les différents éléments du système d‟élevage et leurs interactions. La méthode de
collecte des informations repose sur des enquêtes/entretiens renseignées lors d‟un passage unique auprès d‟éleveurs choisis de sorte à avoir
un maximum de diversités des systèmes d‟élevage ovins existants. Ainsi, nous avons retenus 100 éleveurs et agro-éleveurs qui ont été
approchés, via vingt zones représentatives de l‟assiette spatiale de la région de M‟Sila. Avec un potentiel pastoral d‟un million d‟hectares de
parcours et un cheptel ovin de 1,65 million de têtes, la wilaya de M‟Sila est comptée parmi les zones importantes à vocation viande ovine au
niveau national, où les parcours sont profondément touchés à la fois par le phénomène de dégradation et de désertification.
L‟étude a permis de déceler une véritable diversité des systèmes d‟élevage ovins. Les éleveurs, à leur tour, présentent une grande diversité
d‟usage des ressources alimentaires disponibles en adoptant de nouvelles formes d‟affouragement. Malgré un apport conséquent en aliments
concentrés qui assurent 40 % des besoins alimentaires globaux des troupeaux des éleveurs enquêtés, de nouvelles tendances alimentaires sont
remarquées. Ces dernières s‟articulent autour de l‟intégration des cultures fourragères dans la conduite alimentaire des ovins, alors que les
fourrages verts occupent une place importante dans la ration alimentaire (42 %) pour une classe composée de 24 éleveurs. Globalement,
Seize (16) grandes stratégies de résilience ont été identifiées et adoptées par les éleveurs, sous la coupe de trois classes ; i)- Stratégies dont le
but principal est d‟avoir une résilience alimentaire pour le troupeau, ii)- Stratégies permettant la diversification des revenus de l‟exploitation,
iii)- Stratégies de renforcement des différentes performances de production. Suivant les stratégies adoptées, les éleveurs sont typés en trois
groupes : i) Groupe d‟éleveurs avec une faible résilience (38 éleveurs), et peu d‟association « Elevage-agriculture », ii) Groupe d‟éleveurs
avec de bonnes sources de résiliences alimentaires et financières (32 éleveurs) et une forte association « Elevage-agriculture », basée sur la
diversification des revenus par la diversification des cultures, iii) Groupe d‟éleveurs avec de bonnes sources de résilience alimentaires (30
éleveurs) et une forte association « Elevage-agriculture », centrée sur la production de leurs propres aliments de bétails. Ces tendances
alimentaires apparaissent comme des solutions incomplètes, car elles manquent de la maîtrise technique et continuent à altérer la végétation
des parcours naturels. Dans une perspective de durabilité, elles se confrontent à des limites d‟ordre naturel et organisationnel. Cependant,
elles peuvent inspirer des pistes de réflexions sur des solutions possibles au manque de ressources fourragères en milieu steppique.
Mots clés : Ovin, M‟Sila, Steppe algérienne, Parcours, Etat, Résilience, Durabilité.

.‫ حالة هنطقة الوسيلة‬:‫تقيين استذاهة نظن تربية االغنام في الوناطق السهبية الجزائرية‬
‫هلخص‬
‫ ظم‬ٙ‫ت االغُبو ف‬ٛ‫خٓى ٔانغفبظ ػهٗ َشبط حشب‬ٛ‫ت نقطؼبٌ يبش‬ٛ‫بث انغزائ‬ٛ‫ق انغبص‬ٛ‫ت حغق‬ٛ‫ االغُبو ببنًُبطق انسٓب‬ٙ‫ حسًظ نًشب‬ٙ‫بث انخ‬ٛ‫ض‬ٛ‫ذ االسخشاح‬ٚ‫ حغذ‬ٙ‫خهخض انٓذف يٍ ْبحّ انذساست ف‬ٚ
ٙ‫ ٔانخ‬،‫ت‬ٛ‫قت انذساست ػهٗ انُٓش انُظبي‬ٚ‫ حؼخًذ طش‬.‫ت‬ٛ‫ت االغُبو ببنًُبطق انسٓب‬ٛ‫ق حشب‬ٛ‫ حؼ‬ٙ‫ت يٍ اْى انًشبكم انخ‬ٛ‫ؼ‬ٛ‫ انطب‬ٙ‫ؼخبش انضفبف َٔقض اػالف انًشاػ‬ٚٔ .‫ش انًسخقشة‬ٛ‫انظشٔف غ‬
‫ّ االغُبو‬ٛ‫غ َظى حشب‬ًٛ‫م ص‬ٛ‫قّ حضًٍ حًز‬ٚ‫ االغُبو بطش‬ٙ‫بَبث يغ يشب‬ٛ‫قّ صًغ انًؼهٕيبث ػهٗ اسخب‬ٚ‫ حؼخًذ طش‬.‫ُٓب‬ٛ‫ت االغُبو ٔكزا انخفبػالث ب‬ٛ‫ٍ االػخببس يخخهف يكَٕبث َظى حشب‬ٛ‫حأخز بؼ‬
‫ت‬َٛ‫ٕا‬ٛ‫ ٔرشٔة ع‬،‫ت‬ٛ‫ انسٓب‬ٙ‫ٌٕ ْكخبس يٍ انًشاػ‬ٛ‫ّ حقذس بٕاعذ يه‬ٕٚ‫ ب قذساث سػ‬.‫هت‬ٛ‫ يُطقّ حًزم يُطقّ انًس‬01 ‫يٕال ػبش‬-‫ يٕال ٔ فالط‬011 ‫ذ حى اسخضٕاة‬ٛ‫ ع‬.‫ انًُطقت‬ٙ‫انًٕصٕدة ف‬
.‫ بظبْشة انخذْٕس ٔ انخظغش‬ٙ‫ذ حخأرش انًشاػ‬ٛ‫ ع‬.ُٙ‫هت يٍ اكزش انًُبطق اَخبصب نهغٕو االغُبو ػهٗ انًسخٕٖ انٕط‬ٛ‫ٌٕ ساس غُى حؼخبش يُطقّ انًس‬ٛ‫ يه‬0621 ‫حقذس بـ‬
‫ ػهٗ انشغى‬.‫ت‬ٚ‫ذة يٍ انخغز‬ٚ‫ت انًخبعت يٍ خالل اػخًبد أشكبل صذ‬ٛ‫قٕو انًٕانٌٕ ببسخؼًبل يضًٕػت ٔاسؼت يٍ انًٕاسد انغزائ‬ٚ ‫ذ‬ٛ‫ ع‬.‫ت األغُبو‬ٛ‫ أَظًت حشب‬ٙ‫ ف‬ٙ‫ق‬ٛ‫كشفج انذساست ػٍ حُٕع عق‬
ٙ‫م انؼهف ف‬ٛ‫شة عٕل ديش يغبط‬ٛ‫ حذٔس ْزِ األخ‬.‫ذة‬ٚ‫ت صذ‬ٛ‫ فقذ نٕعظج احضبْبث غزائ‬، ٍُٛٛ‫ٍ انًؼ‬ٛ‫ت نقطؼبٌ انًشب‬ٛ‫ت اإلصًبن‬ٛ‫بصبث ا نغزائ‬ٛ‫ يٍ االعخ‬٪01 ‫يٍ أٌ األػالف انًشكزة حٕفش‬
‫ت‬ٛ‫ض‬ٛ‫) اسخشاح‬02( ‫ذ سخت ػشش‬ٚ‫ حى حغذ‬، ‫ بشكم ػبو‬.‫ يٕال‬00 ٍ‫ت نفئت حخكٌٕ ي‬ٛ‫ انغظت انغزائ‬ٙ‫ت) ف‬ٛ‫قت انغزائ‬ٛ‫ يٍ انؼه‬٪ 00( ‫غخم انؼهف األخضش يكبًَب يٓ ًًب‬ٚ ‫ًُب‬ٛ‫ ب‬، ‫ت األغُبو‬ٚ‫إداسة حغز‬
‫غ دخم‬ُٕٚ‫بث حسًظ بخ‬ٛ‫ض‬ٛ‫ اسخشاح‬- )0 ، ‫غ‬ٛ‫ت نهقط‬ٛ‫ش انًشَٔت انغزائ‬ٛ‫ حٕف‬ٙ‫ ف‬ٙ‫س‬ٛ‫خًزم ْذفٓب انشئ‬ٚ ٙ‫بث انخ‬ٛ‫ض‬ٛ‫ اسخشاح‬- )0 ‫ إطبس رالد فئبث ؛‬ٙ‫ ف‬،ٍٛ‫ٓب يٍ قبم انًشب‬ُٛ‫ت نهظًٕد ٔحب‬ٛ‫س‬ٛ‫سئ‬
‫ٍ رٔ٘ انقذسة‬ٛ‫) يضًٕػت يٍ انًشب‬0 :‫ٍ إنٗ رالد يضًٕػبث‬ٛ‫ف انًشب‬ُٛ‫خى حظ‬ٚ ، ‫بث انًؼخًذة‬ٛ‫ض‬ٛ‫ اػخًبدًا ػهٗ االسخشاح‬.‫ت أداء اإلَخبس انًخخهفت‬ٕٚ‫بث نخق‬ٛ‫ض‬ٛ‫ اسخشاح‬- )3 ، ‫انًزسػت‬
‫ يٕال) ٔسابطت‬30 ( ‫ت‬ٛ‫ذة نهغزاء ٔانًشَٔت انًبن‬ٛ‫ٓى يظبدس ص‬ٚ‫ٍ نذ‬ٚ‫ٍ انز‬ٛ‫ ) يضًٕػت يٍ انًشب‬0 ، " ‫ ٔانزساػت‬ٙ‫ت انًٕاش‬ٛ‫فت "حشب‬ٛ‫ ٔسابطت ضؼ‬، )‫ يٕال‬33( ‫انًُخفضت ػهٗ انظًٕد‬
‫ت‬ٛ‫ت " حشب‬ٕٚ‫ يٕال) ٔسابطت ق‬31( ٙ‫ذة نهظًٕد انغزائ‬ٛ‫ٍ رٔ٘ انًظبدس انض‬ٛ‫ ) يضًٕػت يٍ انًشب‬3 ، ‫م‬ٛ‫غ انًغبط‬ُٕٚ‫غ انذخم يٍ خالل ح‬ُٕٚ‫ حقٕو ػهٗ ح‬، "‫ت ٔانزساػت‬َٛ‫ٕا‬ٛ‫ت ع‬ٛ‫ت "حشب‬ٕٚ‫ق‬
ٙ‫ حذْٕس انغطبء انُببح‬ٙ‫ت ٔحسخًش ف‬ُٛ‫ ألَٓب حفخقش إنٗ انخق‬،‫ش كبيهت‬ٛ‫ عهٕل غ‬ْٙ ‫ت‬ٛ‫بذٔ أٌ ْزِ االحضبْبث انغزائ‬ٚ .‫ت انخبص بٓى‬ٛ‫ حخًغٕس عٕل اإلَخبس يٍ ػهف انًبش‬، " ‫ت ٔانزساػت‬َٛ‫ٕا‬ٛ‫ع‬
‫ئت‬ٛ‫ ب‬ٙ‫ًكُٓى إنٓبو األفكبس عٕل انغهٕل انًًكُت نُقض يٕاسد انؼهف ف‬ٚ ، ‫ ٔيغ رنك‬.‫ت‬ًٛٛ‫ت ٔحُظ‬ٛ‫ؼ‬ٛ‫بث انًؼخًذة عذٔدًا طب‬ٛ‫ض‬ٛ‫ حٕاصّ االسخشاح‬،‫ يٍ يُظٕس االسخذايت‬.‫ت‬ٛ‫ انسٓب‬ٙ‫نهًشاػ‬
.‫انسٕٓة‬
.‫ االسخذايت‬، ‫ انًشَٔت‬، ‫ انذٔنت‬، ٙ‫ انًشاػ‬، ‫ت‬ٚ‫ انسٕٓة انضزائش‬، ‫هت‬ٛ‫ انًس‬، ‫ األغُبو‬:‫كلوات دالة‬

Assessment of the sustainability of sheep breeding systems in the Algerian steppe area:
Case of M’Sila region.
Abstract
The main objective of the present study lies in the identification of strategies allowing sheep breeders of the steppe to find the food needs of
the herds and to keep livestock activity in a changing and an uncertain context. In this vein of thought it is important to denote that the
Drought and the shortage of natural fodder remain the main constraints hampering sheep breeding in the steppes. The approach that been
adopted by the work fully embodies the systemic approach, considering the different components of the breeding system and their
interactions. Moreover, the information collection method is based on surveys completed during a one-off visit, selected breeders so as to
have a maximum of diversity of existing sheep breeding systems. Therefore, 100 actors; represented by pastoralists and agro-pastoralists
were approached, through twenty representative zones of M‟Sila region. With a pastoral potential of one million hectares of rangelands and a
sheep herd of 1.65 million heads, the state of M'Sila is reckoned among the areas potentially for sheep meat at the national level, where the
rangelands are badly affected by both degradation and desertification.
The current study, revealed a real diversity of sheep breeding systems. Pastoralists, in turn, shed light on a wide variety of uses of available
food resources by adopting new forms of feeding. Despite the fact that concentrated feeds provide 40% of the overall food needs of the herds
of the breeders‟ approaches, new food trends are noticed. The latter are capitalized in the integration of fodder crops in the feeding
management of sheep, while, green fodder occupies an important place (42% of the diet) in the food diet for a class of 24 breeders. Overall,
Sixteen (16) major resilience strategies have been identified and adopted by breeders, under the cut of three classes; i) Strategies whose main
goal is to have food resilience for the herd, ii) Strategies allowing diversification of farm income, iii) Strategies for strengthening different
production performances. Depending on the strategies adopted, the breeders are categorized into three groups: i) Group of breeders with low
resilience (38 breeders), and few “Livestock-agriculture” associations, ii) Group of breeders with good sources of food and financial
resilience (32 breeders) and a strong “Livestock-agriculture” association, based on income diversification through crop diversification, iii)
Group of breeders with good sources of food resilience (30 breeders) and a strong “Livestock-agriculture” association, which was centered
on the production of their own animal feed. These dietary trends seem to be incomplete curative resolutions, because they lack technical
mastery and continue to destroy the vegetation of natural rangelands. From a sustainability perspective, they face natural and organizational
limits. However, they can inspire reflection on possible solutions to the lack of forage resources in steppe environments.
Keywords: Sheep, M‟Sila, Algerian steppe, rangelands, State, Resilience, Sustainability.

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