hadbaoui-ilyes
hadbaoui-ilyes
hadbaoui-ilyes
THESE
pour l’obtention du Diplôme de Doctorat ès-Sciences
en Sciences Agronomiques.
Spécialité : Production Animale
M. HADBAOUI Ilyes
le 14/10/ 2021
THESE
pour l’obtention du Diplôme de Doctorat ès-Sciences
en Sciences Agronomiques.
Spécialité : Production Animale
M. HADBAOUI Ilyes
le 14/10/ 2021
A mes chers parents, en qui j’ai trouvé l’immense soutien dans les études et la vie,
A toutes les personnes qui m’ont soutenu de près ou de loin pour la réalisation de
ce travail.
Ilyes
Remerciements
Je remercie Dieu, le tout -puissant, pour m'avoir aidé et donné la force afin de mener
ce travail à terme.
Au terme de ce travail, qu'il me soit permis d'exprimer mes plus vifs
remerciements à :
Mr SENOUSSI Abdelhakim, Professeur à l’université de Ouargla. Qu’il trouve
ici mes vifs et sincères remerciements pour l’encadrement qu’il m’a assuré, pour le
soutien, les directives et ses précieux conseils et si fructueux qu’il m’a prodigués. Qu’il
trouve aussi, l’expression de mon profond respect et considération pour ses
compétences et ses qualités humaines.
Mr. HUGUENIN Johann. Directeur de Recherche à l’unité SELMET au
CIRAD-Montpellier, en qualité de co-directeur de thèse et maître de stage au sein de
l’unité SELMET lors de mon séjour scientifique au cours de l’année 2019. Je le
remercie pour avoir accepté de m’encadrer et de suivre ma thèse de doctorat, de m’avoir
accueilli au sein des bureaux de l’unité de recherche, de partager ses connaissances
dans le domaine du pastoralisme, et de m’avoir guidé durant tout mon parcours
doctoral.
Mr Chehma A/Madjid, Professeur à l’Université Kasdi Merbah - Ouargla , qui
m’a fait l'honneur d'accepter la présidence de mon jury de thèse ; qu’il accepte mes
sincères remerciements et l’expression de mon profond respect.
Mme DEGHNOUCHE Kahramen, Professeur à l’Université Mohamed Khider
–Biskra, & Mrs. BOUMADDA A/Basset, GUIT Brahim, respectivement Maitre de
Conférences « A » à l’Université Kasdi Merbah -Ouargla et Professeur à l’Université
Ziane Achour –Djelfa, qui m’ont fait l'honneur de participer à mon jury de thèse ;
qu’ils acceptent l'expression de ma gratitude et mon profond respect.
Je désire également exprimer mes remerciements les plus vifs à toute l’équipe de
l’unité SELMET, pour leur accueil, et leurs partages scientifiques et convivialité
sociale pendant mon stage au sein de l’unité. J’ai passé de bons moments avec eux, ils
m’ont ouvert leurs bras pour participer à la vie scientifique et sociale de l’unité.
Je saisis l’occasion pour adresser mon profond remerciement à tous mes
responsables scientifiques et administratifs du CRSTRA - Algérie, là où j’occupe un
poste d’Attaché de Recherche. Je l'ai remercié de m’avoir accordé l’opportunité de
bénéficier du P.N.E. en m'autorisant un détachement pour un séjour longue durée au
C.I.R.A.D. Je les remercie également pour la souplesse des procédures administratives
inhérentes à la gestion des dossiers y afférents.
Je remercie également tout le personnel de la D.S.A. de M’Sila, ainsi que les
éleveurs, bergers et autres personnes ressources dans le monde pastoral qui ont bien
voulu me faire part de leur expérience.
Enfin je ne pourrai omettre de remercier toutes personnes ayant contribué de près
ou de loin à la réalisation de ce travail.
Index des acronymes
A.D.E.P : Association pour le Développement de l‟Élevage et du Pastoralisme.
MS : Matière Sèche.
Tableau N°6 : Récapitulatif des paramètres climatiques de la région de M‟Sila. .................. 108
Tableau N°9 : Les céréales cultivées dans la wilaya de M‟Sila. ............................................ 112
Tableau N°13: Superficies des formations végétales steppiques de la Wilaya de M‟Sila. .... 117
Tableau N°15 : Classes des éleveurs enquêtés selon la taille du troupeau possédé. .............. 122
Tableau N°16 : Répartition de la superficie agricole exploitée selon les classes d‟éleveurs . 125
Tableau N°17 : Répartition des effectifs bovins dans les exploitations enquêtées. ............... 127
Tableau N°19 : Valeurs fourragères de références des ressources alimentaires. ................... 139
Tableau N°20 : Coefficients de conversions des effectifs en UGB (Moskal, 1983). ............. 140
Tableau N°23 : Superficies des cultures fourragères pour les ovins. ..................................... 144
Tableau N°24 : Superficies des chaumes et des céréales sinistrées. ...................................... 145
Tableau N°25 : Récapitulatif des principaux paramètres des classes d‟éleveurs. .................. 151
Tableau N°30 : Récapitulatif des formes d‟usage des cultures fourragères. .......................... 163
Tableau N°32 : Indicateurs de mobilité des troupeaux dans la région de M‟Sila. ................. 170
Tableau N°34 : Synthèse des stratégies de résilience des exploitations d‟élevage. ............... 209
Tableau N°36 : Valeurs propres des sept premiers axes ........................................................ 211
Liste des figures
Figure N°1 : Concept des systèmes d‟élevage vu par Lhoste (1987). ....................................... 8
Figure N°2 : Interactions de l‟approche systémique, savoir et pratique, ................................. 11
Figure N°3 : Schéma de mise en œuvre de l‟approche systémique dans un objectif de
vulgarisation. ............................................................................................................................ 13
Figure N°4 : Représentation à trois sphères (approche latine) (OEDD, 2002). ....................... 21
Figure N°5 : Représentation à trois sphères (approche nordique) (OEDD, 2002). .................. 22
Figure N°6 : Représentation à trois piliers + un (OEDD, 2002). ............................................. 23
Figure N°7 : Représentation à quatre piliers (OEDD, 2002). .................................................. 23
Figure N°8 : Les quatre piliers de la durabilité des exploitations agricoles (Landais, 1998). . 27
Figure N°9 : Réponse dynamique d‟un système à une perturbation (Sauvant et Martin, 2010)
.................................................................................................................................................. 28
Figure N°10 : Modalités des réponses dynamiques d‟un système perturbé. (Sauvant et Martin,
2010)......................................................................................................................................... 32
Figure N°11 : Digrammes ombrothermiques de quelques stations steppiques. ....................... 36
Figure N°12: Coupe géomorphologique de l‟Algérie. ............................................................. 38
Figure N°13 : Evolution de la population humaine nationale et steppique. ............................. 41
Figure N°14 : Répartition des effectifs animaux d‟élevage de la zone steppique.................... 48
Figure N°15 : Evolution du cheptel ovin de la zone steppique. ............................................... 49
Figure N°16 : Evolution du cheptel caprin de la zone steppique. ............................................ 50
Figure N°17 : Evolution du cheptel bovin la zone steppique................................................... 50
Figure N°18 : Evolution du cheptel camelin de la zone steppique. ......................................... 51
Figure N°19 : Évolution de la pluviosité (1907-2003) dans le Sud Oranais Stations Mecheria
et El Bayadh. ............................................................................................................................ 55
Figure N°20 : Schéma de synthèse des mouvements de déplacements des pasteurs dans les
systèmes d‟élevage pastoraux traditionnels en steppe. ............................................................ 65
Figure N°21 : Mouvements de déplacements des pasteurs après transformation des systèmes
d‟élevage pastoraux « traditionnels » pendant et après l‟indépendance. ................................. 70
Figure N°22 : Méthodologie de travail adoptée. ...................................................................... 97
Figure N°23 : Position de la région de M‟Sila dans le climagramme d'emberger période
(1981-2020). ........................................................................................................................... 102
Figure N°24 : Variations des températures mensuelles ; moyennes, maxima, et minima en °C
(1981-2020). ........................................................................................................................... 103
Figure N°25 : Variations mensuelles des précipitations (mm) (1981-2020). ........................ 104
Figure N°26: Variations annuelles des précipitations (mm) (1981-2020). ............................ 104
Figure N°27: Diagramme ombrothermique de Bagnouls et Gaussen de la région de M‟Sila.
................................................................................................................................................ 105
Figure N°28: Variations mensuelles de l‟humidité relative moyenne en (%) (1981-2020)... 105
Figure N°29 : Variations mensuelles de l‟insolation moyenne (heurs) (1981-2020). ........... 106
Figure N°30 : Variations mensuelles de l‟évaporation moyenne (mm) (1998-2008). ........... 106
Figure N°31: Variations mensuelles des jours des gelées (1981-2020). ................................ 107
Figure N°32 : Occupation de la population active de la wilaya de M‟Sila. ........................... 109
Figure N°33 : Répartition des occupés par secteur économique dans la wilaya de M‟Sila. .. 110
Figure N°34 : Evolution du cheptel ovin de la wilaya de M‟Sila (1999-2018). .................... 114
Figure N°35 : Evolution du cheptel caprin de la wilaya de M‟Sila (1999-2018). ................. 115
Figure N°36 : Evolution du cheptel bovin de la wilaya de M‟Sila (1999-2018). .................. 115
Figure N°37 : Evolution du cheptel camelin de la wilaya de M‟Sila (1999-2018). ............... 116
Figure N°38 : Structure des troupeaux de différentes classes d‟éleveurs. ............................. 123
Figure N°39 : Proportions des caprins suivant les classes d‟éleveur. .................................... 124
Figure N°40 : Répartition des âges des éleveurs enquêtés. .................................................... 125
Figure N°41 : Origine des différents aliments concentrés. .................................................... 132
Figure N°42 : Origine des parcours exploités. ....................................................................... 134
Figure N°43 : Origine des fourrages verts pour les ovins. ..................................................... 135
Figure N°44 : Origine des fourrages secs pour les ovins. ...................................................... 136
Figure N°45 : Origine des chaumes et des céréales sinistrées exploitées. ............................. 137
Figure N°46 : Origine des jachères exploitées. ...................................................................... 138
Figure N°47 : Composition alimentaire globale. ................................................................... 146
Figure N°48 : Dendrogramme de classification proposée par la CAH .................................. 148
Figure N°49 : Représentation des variables et des individus sur les axes F1 et F2 de l‟ACP.
................................................................................................................................................ 148
Figure N°50 : Représentation graphique des profils alimentaires.......................................... 149
Figure N°51 : Les modes de conduite de l‟agriculture. ......................................................... 158
Figure N°52 : Répartition de la superficie irriguée. ............................................................... 161
Figure N°53 : Répartition de la superficie pluviale................................................................ 162
Figure N°54 : Répartition de la superficie des cultures suivant les classes d‟éleveurs. ......... 162
Figure N°55 : récapitulatif des types des éleveurs suivant la mobilité des troupeaux. .......... 171
Figure N°56 : Récapitulatif des types d‟éleveurs selon la pratique ou non de l‟engraissement.
................................................................................................................................................ 180
Figure N°57 : Possession de matériels agricoles. ................................................................... 190
Figure N°58 : Représentation des variables sur les axes F1 et F2 de l‟ACM. ....................... 212
Figure N°59 : Représentation des individus sur les axes F1 et F2 de l‟ACM........................ 213
Figure N°60 : Dendrogramme de typologie proposée par la CAH. ....................................... 213
Figure N°61 : Représentation des groupes d‟individus proposés par la CAH sur les axes F1 et
F2 de l‟ACM. ......................................................................................................................... 214
Figure N°62 : Schématisation de la typologie des groupes d‟éleveurs. ................................. 217
Figure N°63 : Schéma d‟aménagement et de gestion de l‟espace des parcours steppiques
(Senoussi et al., 2011). ........................................................................................................... 225
تقيين استذاهة نظن تربية االغنام في الوناطق السهبية الجزائرية :حالة هنطقة الوسيلة.
هلخص
ٚخهخض انٓذف يٍ ْبحّ انذساست ف ٙحغذٚذ االسخشاحٛضٛبث انخ ٙحسًظ نًشب ٙاالغُبو ببنًُبطق انسٓبٛت حغقٛق
انغبصٛبث انغزائٛت نقطؼبٌ يبشٛخٓى ٔانغفبظ ػهٗ َشبط حشبٛت االغُبو ف ٙظم انظشٔف غٛش انًسخقشةٚٔ .ؼخبش انضفبف
َٔقض اػالف انًشاػ ٙانطبٛؼٛت يٍ اْى انًشبكم انخ ٙحؼٛق حشبٛت االغُبو ببنًُبطق انسٓبٛت .حؼخًذ طشٚقت انذساست ػهٗ
انُٓش انُظبيٛتٔ ،انخ ٙحأخز بؼ ٍٛاالػخببس يخخهف يكَٕبث َظى حشبٛت االغُبو ٔكزا انخفبػالث بُٓٛب .حؼخًذ طشٚقّ صًغ
انًؼهٕيبث ػهٗ اسخبٛبَبث يغ يشب ٙاالغُبو بطشٚقّ حضًٍ حًزٛم صًٛغ َظى حشب ّٛاالغُبو انًٕصٕدة ف ٙانًُطقت .عٛذ حى
اسخضٕاة 011يٕال ٔ فالط-يٕال ػبش 01يُطقّ حًزم يُطقّ انًسٛهت .بقذساث سػٕ ّٚحقذس بٕاعذ يهْ ٌٕٛكخبس يٍ
انًشاػ ٙانسٓبٛتٔ ،رشٔة عٕٛاَٛت حقذس بـ 0621يه ٌٕٛساس غُى حؼخبش يُطقّ انًسٛهت يٍ اكزش انًُبطق اَخبصب نهغٕو االغُبو
ػهٗ انًسخٕٖ انٕطُ .ٙعٛذ حخأرش انًشاػ ٙبظبْشة انخذْٕس ٔ انخظغش.
كشفج انذساست ػٍ حُٕع عقٛق ٙف ٙأَظًت حشبٛت األغُبو .عٛذ ٚقٕو انًٕانٌٕ ببسخؼًبل يضًٕػت ٔاسؼت يٍ انًٕاسد
انغزائٛت انًخبعت يٍ خالل اػخًبد أشكبل صذٚذة يٍ انخغزٚت .ػهٗ انشغى يٍ أٌ األػالف انًشكزة حٕفش ٪01يٍ االعخٛبصبث
انغزائٛت اإلصًبنٛت نقطؼبٌ انًشب ٍٛانًؼُ ، ٍٛٛفقذ نٕعظج احضبْبث غزائٛت صذٚذة .حذٔس ْزِ األخٛشة عٕل ديش يغبطٛم
انؼهف ف ٙإداسة حغزٚت األغُبو ،بًُٛب ٚغخم انؼهف األخضش يكبًَب يٓ ًًب ( ٪00يٍ انؼهٛقت انغزائٛت) ف ٙانغظت انغزائٛت نفئت
حخكٌٕ يٍ 00يٕال .بشكم ػبو ،حى حغذٚذ سخت ػشش ( ) 02اسخشاحٛضٛت سئٛسٛت نهظًٕد ٔحبُٓٛب يٍ قبم انًشب ،ٍٛف ٙإطبس
رالد فئبث ؛ - )0اسخشاحٛضٛبث انخٚ ٙخًزم ْذفٓب انشئٛس ٙف ٙحٕفٛش انًشَٔت انغزائٛت نهقطٛغ - )0 ،اسخشاحٛضٛبث حسًظ
بخُٕٚغ دخم انًزسػت - )3 ،اسخشاحٛضٛبث نخقٕٚت أداء اإلَخبس انًخخهفت .اػخًبدًا ػهٗ االسخشاحٛضٛبث انًؼخًذة ٚ ،خى حظُٛف
انًشب ٍٛإنٗ رالد يضًٕػبث )0 :يضًٕػت يٍ انًشب ٍٛرٔ٘ انقذسة انًُخفضت ػهٗ انظًٕد ( 33يٕال) ٔ ،سابطت ضؼٛفت
"حشبٛت انًٕاشٔ ٙانزساػت " )0 ،يضًٕػت يٍ انًشب ٍٛانز ٍٚنذٓٚى يظبدس صٛذة نهغزاء ٔانًشَٔت انًبنٛت ( 30يٕال)
ٔسابطت قٕٚت "حشبٛت عٕٛاَٛت ٔانزساػت" ،حقٕو ػهٗ حُٕٚغ انذخم يٍ خالل حُٕٚغ انًغبطٛم )3 ،يضًٕػت يٍ انًشبٍٛ
رٔ٘ انًظبدس انضٛذة نهظًٕد انغزائ 31( ٙيٕال) ٔسابطت قٕٚت " حشبٛت عٕٛاَٛت ٔانزساػت " ،حخًغٕس عٕل اإلَخبس يٍ
ػ هف انًبشٛت انخبص بٓىٚ .بذٔ أٌ ْزِ االحضبْبث انغزائٛت ْ ٙعهٕل غٛش كبيهت ،ألَٓب حفخقش إنٗ انخقُٛت ٔحسخًش ف ٙحذْٕس
انغطبء انُببح ٙنهًشاػ ٙانسٓبٛت .يٍ يُظٕس االسخذايت ،حٕاصّ االسخشاحٛضٛبث انًؼخًذة عذٔدًا طبٛؼٛت ٔحُظًٛٛتٔ .يغ رنك ،
ًٚكُٓى إنٓبو األفكبس عٕل انغهٕل انًًكُت نُقض يٕاسد انؼهف ف ٙبٛئت انسٕٓة.
كلوات دالة :األغُبو ،انًسٛهت ،انسٕٓة انضزائشٚت ،انًشاػ ، ٙانذٔنت ،انًشَٔت ،االسخذايت.
Assessment of the sustainability of sheep breeding systems in the Algerian steppe area:
Case of M’Sila region.
Abstract
The main objective of the present study lies in the identification of strategies allowing sheep
breeders of the steppe to find the food needs of the herds and to keep livestock activity in a changing
and an uncertain context. In this vein of thought it is important to denote that the Drought and the
shortage of natural fodder remain the main constraints hampering sheep breeding in the steppes. The
approach that been adopted by the work fully embodies the systemic approach, considering the
different components of the breeding system and their interactions. Moreover, the information
collection method is based on surveys completed during a one-off visit, selected breeders so as to have
a maximum of diversity of existing sheep breeding systems. Therefore, 100 actors; represented by
pastoralists and agro-pastoralists were approached, through twenty representative zones of M‟Sila
region. With a pastoral potential of one million hectares of rangelands and a sheep herd of 1.65 million
heads, the state of M'Sila is reckoned among the areas potentially for sheep meat at the national level,
where the rangelands are badly affected by both degradation and desertification.
The current study, revealed a real diversity of sheep breeding systems. Pastoralists, in turn,
shed light on a wide variety of uses of available food resources by adopting new forms of feeding.
Despite the fact that concentrated feeds provide 40% of the overall food needs of the herds of the
breeders‟ approaches, new food trends are noticed. The latter are capitalized in the integration of
fodder crops in the feeding management of sheep, while, green fodder occupies an important place
(42% of the diet) in the food diet for a class of 24 breeders. Overall, Sixteen (16) major resilience
strategies have been identified and adopted by breeders, under the cut of three classes; i) Strategies
whose main goal is to have food resilience for the herd, ii) Strategies allowing diversification of farm
income, iii) Strategies for strengthening different production performances. Depending on the
strategies adopted, the breeders are categorized into three groups: i) Group of breeders with low
resilience (38 breeders), and few “Livestock-agriculture” associations, ii) Group of breeders with good
sources of food and financial resilience (32 breeders) and a strong “Livestock-agriculture” association,
based on income diversification through crop diversification, iii) Group of breeders with good sources
of food resilience (30 breeders) and a strong “Livestock-agriculture” association, which was centered
on the production of their own animal feed. These dietary trends seem to be incomplete curative
resolutions, because they lack technical mastery and continue to destroy the vegetation of natural
rangelands. From a sustainability perspective, they face natural and organizational limits. However,
they can inspire reflection on possible solutions to the lack of forage resources in steppe environments.
L‟étude a permis de déceler une véritable diversité des systèmes d‟élevage ovins. Les éleveurs, à leur
tour, présentent une grande diversité d‟usage des ressources alimentaires disponibles en adoptant de nouvelles
formes d‟affouragement. Malgré un apport conséquent en aliments concentrés qui assurent 40 % des besoins
alimentaires globaux des troupeaux des éleveurs enquêtés, de nouvelles tendances alimentaires sont remarquées.
Ces dernières s‟articulent autour de l‟intégration des cultures fourragères dans la conduite alimentaire des ovins,
alors que les fourrages verts occupent une place importante dans la ration alimentaire (42 %) pour une classe
composée de 24 éleveurs. Globalement, Seize (16) grandes stratégies de résilience ont été identifiées et adoptées
par les éleveurs, sous la coupe de trois classes ; i)- Stratégies dont le but principal est d‟avoir une résilience
alimentaire pour le troupeau, ii)- Stratégies permettant la diversification des revenus de l‟exploitation, iii)-
Stratégies de renforcement des différentes performances de production. Suivant les stratégies adoptées, les
éleveurs sont typés en trois groupes : i) Groupe d‟éleveurs avec une faible résilience (38 éleveurs), et peu
d‟association « Elevage-agriculture », ii) Groupe d‟éleveurs avec de bonnes sources de résiliences alimentaires
et financières (32 éleveurs) et une forte association « Elevage-agriculture », basée sur la diversification des
revenus par la diversification des cultures, iii) Groupe d‟éleveurs avec de bonnes sources de résilience
alimentaires (30 éleveurs) et une forte association « Elevage-agriculture », centrée sur la production de leurs
propres aliments de bétails. Ces tendances alimentaires apparaissent comme des solutions incomplètes, car elles
manquent de la maîtrise technique et continuent à altérer la végétation des parcours naturels. Dans une
perspective de durabilité, elles se confrontent à des limites d‟ordre naturel et organisationnel. Cependant, elles
peuvent inspirer des pistes de réflexions sur des solutions possibles au manque de ressources fourragères en
milieu steppique.
Mots clés : Ovin, M‟Sila, Steppe algérienne, Parcours, Etat, Résilience, Durabilité.
Table des Matières
Introduction .............................................................................................................................. 1
Introduction
Les steppes du nord de l‟Afrique, situées entre les isohyètes de 100 à 400 mm,
couvraient plus de 63 millions d‟hectares d‟une végétation basse et clairsemée (Aïdoud et al.,
2006). La steppe algérienne en représente le tiers (20 millions d‟hectares) et constitue un
territoire marqué essentiellement par des activités pastorales ovines (Nedjraoui, 2004). Le
territoire steppique a connu une régression des formations végétales steppiques (Hammouda
et al., 2019). Depuis le début du XXème siècle, les parcours ne sont plus que 13 millions
d‟hectares (Aïdoud et al., 2006) et abritent actuellement 18 millions de têtes ovines (62 % du
cheptel ovin national) (MADR, 2019).
Les steppes de ce territoire ont fait vivre grâce à l‟élevage, des populations entières
depuis l‟antiquité (Despois, 1958 ; Bencherif, 2018). Ces populations, ont connu de
nombreuses évolutions en demi-siècle (Bourbouze, 2018). Depuis plus de cinquante ans, les
conduites et les pratiques d‟élevages ont fortement changé pour s‟adapter à de nombreux
changements et contraintes : croissance démographique ; mise en cultures des terres de
parcours ; extension urbaine; évolutions socioculturelles ; surpâturage ; aléas météorologiques
plus fréquents et intenses (surtout la sècheresse), etc. Ces perturbations ont induit une
diminution de l‟offre pastorale. En conséquence, les éleveurs doivent recourir
systématiquement à la complémentation par des aliments concentrés qui sont le plus souvent
achetés (e.g. grain d‟orge, son de blé, etc.). L‟apport de concentré a été initié par l‟Etat qui a
donné puis subventionné de l‟orge lors des grandes périodes de sécheresses (1981-1984 puis
1991 et 1998), cette pratique s‟est généralisée chez tous les éleveurs (Bourbouze, 2000). Cela
a provoqué un découplage entre la productivité des ressources des parcours et les besoins
alimentaires du cheptel ovin existant. La superficie des parcours steppiques a diminué en
raison des mises en culture des terres de pâture et de l‟apparition de zones désertifiées
(Aïdoud et al., 2006). Les aléas climatiques conjugués au fort chargement animal et mode de
gestion limitant les rotations ont fait chuter la productivité des parcours pastoraux naturels. Il
en résulte une faible production fourragère de ces parcours (Mallem et al., 2017). Il faut
souligner la croissance continue de la population qui a pour corollaire une augmentation des
besoins alimentaires de la société. Par ailleurs, des politiques publiques ont induit des
transformations dans le mode de vie des éleveurs. L‟ensemble de ces facteurs semblent
favoriser l‟usage individuel des espaces pastoraux conduits jadis de façon collective (Daoudi
et al. 2015).
1
Introduction
Cette situation est favorisée par certaines politiques publiques de gestion qui présentent
des aspects contradictoires à l‟image des politiques des prix des céréales d‟une part, et
d‟autres part aux incitations aux cultures et aux politiques de développement pastoral
(Bourbouze, 2018).
D‟une façon générale, les parcours ne supportent plus la charge animale existante, qui
s‟avère largement supérieure à ce qu‟ils peuvent supporter (charge potentiel 5,65 ha/tête,
charge effective : 0,71 ha/tête) (Senoussi et al., 2014). Ils sont souvent sur-pâturés et sont de
plus en plus nombreux à être occupés toute l‟année (Hadeid, 2008 ; Nedjraoui et Bédrani,
2008 ; Senoussi et al., 2011). Cette conduite d‟exploitation porte atteinte à la fois à la
végétation pastorale et à la mince couche de sol qui se trouve soumise à l‟érosion et à la
désertification. Cette situation et ce processus obligent les éleveurs à rechercher en
permanence des ressources alimentaires afin d‟alimenter leurs bêtes en adaptant leurs propres
systèmes alimentaires (Kanoun et al., 2017 ; Bourbouze, 2018).
Devant cette situation fort inquiétante, les systèmes d‟élevage ovins ont connu ces
dernières années des productivités faibles (la productivité numérique dans les meilleures des
cas ne dépasse pas le 1,06 agneau/ brebis/ an (Bencherif, 2013)) et se montrent vulnérables
face aux différents aléas et incertitudes (Kanoun et al., 2017).
Les façons de faire des éleveurs s‟inscrivent dans une logique prioritaire de gestion anti-
risque pour assurer l‟alimentation de leur cheptel. Étudier les différentes stratégies des
éleveurs, par leurs pratiques, peut permettre de répertorier et identifier les dysfonctionnements
des systèmes d‟élevage actuels, dans un contexte de régression de l‟écosystème pâturé. Le
déséquilibre du système alimentaire touche aux différentes composantes de l‟écosystème
(dégradation et désertification des parcours, résilience des systèmes d‟élevage, stabilité
sociale de la population).
Peu connue dans la littérature scientifique des systèmes d‟élevage ovins, la région de
M‟Sila a été retenue comme espace d‟investigations pour réaliser cette thèse. En plus le
manque d‟étude sur les systèmes d‟élevage ovins à M‟Sila, le choix est basé sur des critères
2
Introduction
pastoraux ; les parcours couvrent 1 million d‟ha, pour un cheptel de 1,65 million de têtes
ovines (5ème au niveau national) (DSA de M’Sila, 2018). A l‟échelle nationale, M‟Sila est
considérée parmi une des régions spécialisées en production de viande ovine (23 066
tonnes/an) (DSA de M'Sila, 2018). Par ailleurs, les parcours dans cette région comptent
parmi ceux les plus touchés par le phénomène de dégradation, où 73% des parcours sont
considérés comme dégradés (charge animale potentielle ≥ 6 ha/tête équiv-ovin) (HCDS,
2010) et présente des risques majeurs de désertification.
Dès lors, il s‟avère pertinent et opportun d‟opérer par un état des lieux de cette région
qui, n‟a fait l‟objet d‟aucune étude traitant des systèmes d‟élevage ovins.
C‟est dans ce contexte que s‟inscrit la présente étude, dont le principal objectif réside à
identifier la diversité et les caractéristiques des différentes stratégies adoptées par les éleveurs.
L‟objet de recherche porte principalement sur le système d‟alimentation qui est fortement
exposé aux multiples aléas et perturbations. Cette problématique ouvre une question
générale :
Dans quelle mesure les stratégies d’adaptation des éleveurs peuvent assurer la
couverture alimentaire de leur troupeau ovin en assurant la durabilité de leur système ?
Hypothèse 1 : Les éleveurs ont recours à d‟autres sources alimentaires, que les parcours
naturels, en cas de manque de végétations pastorales : i)- Recours à la complémentation par
les aliments concentrés ; ii)- Recours à la valorisation d‟autres ressources à pâturer (chaumes,
céréales sinistrées, déprimage, fourrages semés, jachère).
Question 2 : Quel est le niveau de pratique de la transhumance et quel sont les nouveaux
schémas de mobilité ?
3
Introduction
Hypothèse 2 : Certains éleveurs pratiquent toujours la transhumance des animaux, mais avec
de nouveaux modes d‟occupation de l‟espace.
Question 3 : Quelles sont les sources de revenus et de soutien adoptés par les éleveurs pour
assurer ou renforcer le maintien de leur activité ?
Hypothèse 3 : Les éleveurs adoptent d‟autres activités économiques en parallèle pour assurer
le maintien de l‟activité de l‟élevage ainsi que les besoins du ménage.
Ainsi émises, ces hypothèses seront appelées à être vérifiées à travers les investigations
de terrain touchant aux différents maillons des systèmes d‟élevage ovins.
Notre problématique ainsi décrite va structurer le manuscrit qui se décline en trois
parties bien distinctes mais complémentaires :
- Une première partie bibliographique synthétisée à travers quatre chapitres récapitulant les
notions de base sur les systèmes agraires, du développement durable, ainsi qu‟une
présentation du territoire steppique en Algérie et l‟évolution des systèmes d‟élevage
steppiques ;
- Une troisième partie est consacrée aux résultats et discussion subdivisée en six
chapitres traitant de la structure et composition des troupeaux ovins, de la conduite des
troupeaux, de la pratique de l‟agriculture comme source d‟affourragement et de revenu, de la
mobilité des troupeaux et gestion du territoire, de la gestion financière de l‟élevage ovin, et
enfin une synthèse des stratégies de résilience de l‟élevage.
Les statistiques ont permis de ponctuer l‟analyse dans sa dimension la plus expressive,
notamment à travers des conclusions partielles pour chacun des chapitres étudiés.
Enfin, nous terminerons par une conclusion montrant les acquis pouvant répondre à
notre problématique tout soulignant les enseignements majeurs avec des suggestions de voix
pour l‟avenir.
4
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes agraires
I.1- Le système
L‟organisation et le fonctionnement du milieu rural, de par sa complexité doit avoir
recours à la notion de système ou de l‟approche systémique. La systémique, née aux Etats
Unis au début des années 50, est pratiquée en France depuis les années 70. L‟approche
systémique ouvre une voie originale et prometteuse à la recherche et à l'action. Elle repose sur
l'appréhension concrète d'un certain nombre de concepts tels que: système, interaction,
rétroaction, régulation, organisation, finalité, vision globale, évolution, etc. (Donnadieu et al.,
2003). Le concept de système concerne toutes les disciplines scientifiques. Il en ressort donc
plusieurs définitions qui ont évolué dans le temps. Pour Bertalanffy (1973), le système est
l‟ensemble d‟éléments en interactions. Cette définition permet de montrer la différence avec
l‟approche analytique qui se résume à une cause un effet. Dans le champ agronomique, Jouve
(1986), définit le système comme étant un ensemble d‟éléments liés entre eux par des
relations leurs conférant une certaine organisation permettant de remplir certaines fonctions.
Cette définition peut être appliquée dans plusieurs domaines, entre autres le milieu agraire.
Par ailleurs, Mazoyer et Roudart (1997), ont affiné le concept de système agraire
comme « l’expression théorique d’un type d’agriculture historiquement constitué,
5
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes agraires
Pour simplifier cette définition, le système agraire est le modèle théorique pour
identifier et comprendre un type d‟exploitation de la terre par la mise en culture. Il englobe
toutes les composantes du milieu qui sont en interactions réciproques entre eux relevant de
« l‟écosystème cultivé » d‟une part, et du « système social » d‟autre part (Hubert, 2011).
La notion de système agraire laisse à évoquer d‟autres notions qui sont liées, et qui sont
considérées comme des sous-systèmes du système agraire même, à savoir en premier lieu,
celui de système de production, en deuxième lieu celui de système de culture et son
homologue le système d‟élevage.
Dufumier (1985), le définit comme : « une combinaison plus ou moins cohérente dans
l'espace et le temps de certaines quantités de force de travail et de divers moyens de
production (terres, bâtiments, machines, instruments, cheptel) en vue d'obtenir différentes
productions agricoles ».
6
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes agraires
Cette notion du système d‟élevage semble applicable aux différents niveaux d‟échelle ;
elle est pertinente au niveau de l‟exploitation, et elle reste valable au niveau de la
communauté rurale et aussi pour un niveau plus grand.
Pour Dedieu et al. (2008), Concevoir des systèmes d‟élevage à la fois intensifs dans
leur mobilisation des facteurs de production mais également écologiques, préservant l‟air,
l‟eau et la biodiversité constitue de nouveaux défis à l‟échelle de l‟exploitation. Ceux-ci
doivent également prendre en compte les mutations de la forme familiale d‟exploitation
agricole et la nécessité de préserver les capacités d‟adaptation des systèmes pour durer dans
un environnement caractérisé de plus en plus par l‟incertitude sur les conditions de l‟avenir.
Par ailleurs, d‟autres auteurs donnent une définition plus précise à ce concept. Citons
Thewis et al. (2005), qui le définissent comme un ensemble d‟éléments en interaction
dynamique organisés par l‟homme en vue de valoriser des ressources par l‟intermédiaire
d‟animaux domestiques pour obtenir des productions variées (lait, viande, cuir, peau, travail,
fumure…etc.).
Pour schématiser la notion basique du système d‟élevage, Lhoste (1987) résume cette
notion dans un schéma explicative (Figure N°1). Ce schéma qui vise à une approche globale
du système d‟élevage sans privilégier outre mesure l‟aspect strictement zootechnique,
comporte trois entrées (pôles) principales qui justifient déjà un dispositif pluridisciplinaire
assez lourd. Il ajoute aussi que ce schéma s'applique en particulier aux systèmes d'élevage
pastoraux (nomades, transhumants) mais il permet également d'aborder des systèmes mixtes
comme le système agropastoral.
7
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes agraires
Territoire : Troupeau :
Espèces, races, santé,
Ressources fourragères reproduction.
et en eau, culture…
Eleveur :
Ethnie, famille, besoins,
revenus.
Marché :
Exploitation et
Valorisation.
Pour Landais (1987), le système d‟élevage naît d‟un projet humain qui en délimite
l‟extension en mettant en relation les éléments qui le compose. L‟homme est considéré à la
fois comme décideur et acteur intervenant sur le réel. Ceci a amené Lhoste (1987), à dire que
l‟homme est plus qu‟un pôle, il est le chef d‟orchestre ; il met en œuvre des pratiques pour
concrétiser son projet d‟élevage.
8
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes agraires
Pour Landais (1987), les ressources utilisées par le système d‟élevage dans le processus
de production sont de natures variées (informations, moyens financiers, matériels…etc.). Il est
cependant, possible de distinguer deux types de ressources : les facteurs et les conditions de
production.
I.6- L’exploitation agricole
Une définition de l‟exploitation agricole a été donnée par la F.A.O. dans les documents
explicatifs du programme de recensement mondiale de l‟agriculture, comme étant « une unité
économique de production agricole soumise à une direction unique et comprenant tous les
animaux qui s’y trouvent et toute la terre utilisée entièrement ou en partie pour la production
agricole, indépendamment du titre de possession, du mode juridique ou de la taille ». La
direction unique peut être exercée par un particulier, par un ménage, conjointement par deux
ou plusieurs particuliers ou ménages, par un clan ou par une tribu, ou par une personne morale
telle qu‟une société, une entreprise collective, une coopérative ou un organisme d‟Etat.
L‟exploitation peut contenir un ou plusieurs blocs, situés dans une ou plusieurs régions
distinctes ou dans une ou plusieurs divisions territoriales ou administratives, à condition qu‟ils
partagent les mêmes moyens de production tels que la main-d‟œuvre, les bâtiments agricoles,
les machines ou animaux de trait utilisés pour l‟exploitation (FAO, 1995). Cette définition
prend en considération plusieurs formes d‟une exploitation agricole susceptibles de les
rencontrer sur le terrain au cours de notre étude.
I.7.1- Définition
La définition de l‟approche systémique est donnée par Donnadieu et al. (2003)
comme : «une nouvelle discipline qui regroupe les démarches théoriques, pratiques et
méthodologiques, relatives à l'étude de ce qui est reconnu comme trop complexe pour pouvoir
9
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes agraires
être abordé de façon réductionniste, et qui pose des problèmes de frontières, de relations
internes et externes, de structure, de lois ou de propriétés émergentes caractérisant le système
comme tel, ou des problèmes de mode d'observation, de représentation, de modélisation ou de
simulation d'une totalité complexe ».
Par ailleurs, Vissac et Hentgen (1980), In Roca (1987), assignent les objectifs de
l‟application de l‟approche systémique en développement rural comme : « une approche qui
vise à l‟analyse des relations, à la mise en évidence des niveaux d‟organisation, grâce à un
éclairage multidisciplinaire dépassant la spécialisation des sciences et le cloisonnement des
savoirs ».
Il faut signaler que l‟approche systémique est considérée à la fois comme un savoir et
une méthode (Donnadieu et al., 2003). Un savoir qui fait appel à plusieurs notions pour
comprendre un système : Quatre notions composantes essentielles (la complexité, la globalité,
l‟interaction et le système), ainsi que d‟autres notions aussi importantes dans la
compréhension de la systémique à savoir (l‟information, la finalité, la rétroaction, L'agro-
antagonisme, la causalité circulaire, la régulation, la structure et les niveaux d‟organisation
ainsi que la variété, (ouverture / fermeture du système).
10
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes agraires
Dans une approche systémique, l‟exploitation est considérée comme un système, c'est-à-dire
un ensemble d‟éléments en interactions. L‟évolution de cet ensemble dont les objectifs sont
assignés par le chef d‟exploitation dans un environnement donné. La compréhension de ces
relations constitue le point fort de l‟approche système, et elle permet d‟avoir une vision
globale des exploitations et de justifier les différents choix des pratiques et des décisions du
chef d‟exploitation.
11
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes agraires
On donne toujours raison aux pratiques et aux décisions du chef d‟exploitation. « les
agriculteurs ont des raisons de faire ce qu’ils font » (Brossier, 1980). Ce principe renforce la
cohérence dans un système d‟exploitation agricole, précisant que la compréhension du
fonctionnement de l‟exploitation et les décisions de l‟agriculteur passe par celle des objectifs
et finalités du ménage (la famille).
La figure N°3 synthétise les étapes mises en œuvre de l‟approche systémique dans un
objectif de vulgarisation.
12
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes agraires
Paysans
Expérimentation
Phase diagnostic
et diffusion
Analyse des systèmes de
Expérimentation de production
nouveaux paquets
Figure N°3 : Schéma de mise en œuvre de l’approche systémique dans un objectif de vulgarisation.
13
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes agraires
Par ailleurs, une autre définition a été donnée par Bencherif (2011) pour qui, elle
apparaît plus explicative de la pratique du pastoralisme. Il le défini comme étant ; « une
activité de production, une manière de production et un mode de vie original, dont le
fonctionnement et la pérennité ne sont assurés que par l’existence d’un rapport étroit et
respectueux entre les hommes, la terre (les pâturages) et les troupeaux, grâce à une gestion
durable des ressources pastorales naturelles. Son fonctionnement et sa production sont
étroitement dépendants des variations climatiques ».
I.8.2- L’agro-pastoralisme
Comme pour le pastoralisme, plusieurs définitions ont été données à l‟agro-
pastoralisme :
14
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes agraires
enrichir cette typologie, pouvant faire appel à d‟autres critères de classification tels que :
mode de déplacements horizontaux et verticaux, type d‟itinéraire, amplitude de mouvement,
types d‟animaux exploités, place de l‟agriculture dans la vie de l‟exploitation, modes de
commercialisation…etc.
Ainsi, les deux auteurs Bourbouze et Donadieu, (1987), distinguent trois grandes
catégories d‟élevage selon la mobilité des troupeaux et du ménage :
Ainsi le nomadisme permet l‟exploitation des parcours les plus pauvres dont les
ressources dispersées exigent le plus souvent des déplacements fréquents et de forte
amplitude. Les troupeaux se déplacent sur un territoire déterminé dans un cadre assez
précisément défini, et reviennent cycliquement en un point de leur circuit (Bourbouze et
Donadieu, 1987).
15
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes agraires
16
Epistémologie et contexte de l’étude Développement durable en agriculture
L‟exploitation intense des terres cultivées, des forêts, et des parcours pour des profits à
court terme a conduit à une détérioration de l‟environnement. Dans beaucoup de régions du
monde et en particulier dans les pays en développement, les dégâts sont de plus en plus
visibles ainsi sur l‟environnement que sur les sociétés (Nahal, 1998). Suite à ce
bouleversement dans l‟équilibre des écosystèmes, de nombreuses réflexions sont apparues
dans le but de trouver un compromis entre l‟exploitation des ressources naturelles et la
préservation de l‟environnement (Claval, 2006). Certaines réflexions ont conduit à
l‟élaboration du concept de « développement durable » qui tient en compte l‟exploitation de
l‟environnement à long terme, tout en conservant, voir améliorant les ressources naturelles
renouvelables. Avant, il y avait le Club de Rome qui avait publié un rapport en 1972 : The
Limits to growth « rapport Meadows » « L'écodéveloppement », concept apparu lors de la
première conférence des Nations-Unies de Stockholm sur l'environnement (1972), par
Maurice Strong. Vers 1975, l'éco-développement deviendra alors : "Un développement
endogène et dépendant de ses propres forces (self-reliant), soumis à la logique des besoins de
la population entière et non de la production érigée comme une fin en soi, enfin conscient de
sa dimension écologique et recherchant une harmonie entre l'homme et la nature." (Sachs,
1978).
Une autre définition a été donnée par l‟association 4D (Dossiers et Débats pour le
Développement Durable), rapportée par Coméliau et al. (2001), qui le défini comme étant
« un développement économiquement efficace, écologiquement soutenable, socialement
équitable, démocratiquement fondé, géopolitiquement acceptable, culturellement diversifié ».
Ces deux définitions abordent les principes d‟un développement durable qui consiste à
exploiter les ressources naturelles renouvelables d‟une façon plus rationnelle pour ne pas
dégrader l‟environnement, et répondre aux besoins actuels et ceux de l‟avenir.
17
Epistémologie et contexte de l’étude Développement durable en agriculture
Cependant, l‟application de cette notion reste peu efficace contre les actions de
l‟homme et sa relation avec son environnement. La détérioration de l‟environnement par la
pollution, la désertification, la perte de la biodiversité ont créés une crise environnementale,
en raison des méconnaissances de certaines activités, de la très forte croissance
18
Epistémologie et contexte de l’étude Développement durable en agriculture
démographique et de la trop lente évolution des règles de contrôle des rapides dynamiques
technologiques.
Ainsi durant les années 1970/80, la société civile prend conscience de l‟urgence de
mettre en place des programmes internationaux pour faire face aux grands bouleversements
des équilibres naturels. Les conséquences de l‟exploitation irresponsable des ressources
deviennent plus flagrantes et plus remarquables au grand public (pluies acides, le trou de la
couche d‟ozone, l‟effet de serre, les changements climatiques…etc.). Néanmoins, de
nombreuses réflexions ont été consacrées au développement, à l‟environnement et aux
problèmes de gestion rationnelle des ressources naturelles.
Ensuite en 1990, les Nations Unies ont sorti deux rapports de la CMED intitulé ;
« perspectives relative à l‟environnement jusqu‟à l‟an 2000 » et « notre avenir en commun ».
Ils ont mis l‟accent sur la nécessité d‟adopter des stratégies à long terme dans le domaine de
l‟environnement si l‟on veut réussir un développement durable. Depuis, le concept du
développement durable a été adopté dans le monde entier, et de nombreuses recherches
scientifiques dans plusieurs domaines sont menées dont le but de répondre aux objectifs d‟un
développement durable.
19
Epistémologie et contexte de l’étude Développement durable en agriculture
20
Epistémologie et contexte de l’étude Développement durable en agriculture
Cependant, cette représentation reste imprécise vis-à-vis certains points comme par
exemple les trois sphères qui sont représentées toujours de la même taille ? Est-ce que les
21
Epistémologie et contexte de l’étude Développement durable en agriculture
trois aspects représentent les mêmes importances dans un développement durable ? Est-ce
qu‟il est possible de changer une composante du social ou de l‟environnement et la remplacer
par une autre économique ou inversement, tout en restant dans l‟interaction de durabilité ?
Ces questions peuvent trouver leurs réponses dans une autre approche de représentation.
Donc suivant cette approche pour attendre la durabilité, il faut se conformer aux
conditions sociales et environnementales, tout en restant dans les limites écologiques. Par
ailleurs, l‟aspect économique vient dans une stratégie de gain toute en rapprochant de la
durabilité sociale et environnementale, c‟est-à-dire que l‟économie doit être considérée
comme un moyen pas une finalité.
22
Epistémologie et contexte de l’étude Développement durable en agriculture
aspects (figure N°6). L‟interaction entre ces différents domaines doit être assurée par une
bonne gouvernance.
23
Epistémologie et contexte de l’étude Développement durable en agriculture
Depuis une trentaine d‟années, l‟homme a pris conscience de ces actes destructeurs de
la nature et nuisible à la santé de tout le monde. Il a été révélé qu‟il devenait impossible de
continuer d‟exploiter les richesses de la nature par de pratiques minières. D‟où le concept de
développement durable qui avait pour vocation de conscientiser l‟humanité. Les pouvoirs
publics, les ONG et les communautés sont sensés en tenir compte, tandis que les entreprises
doivent cherchent à démontrer leur responsabilité sociale vis-à-vis de l‟environnement.
Lors de la conférence de Rio en 1992, des déclarations des principes ont été issues,
l‟agriculture durable n‟est rien d‟autre que la déclinaison au secteur agricole et rural de ces
principes.
Selon Nahal (1998), l‟agriculture durable doit être conçue non seulement au niveau de
l‟exploitation agricole ou de la ferme, mais aussi au niveau de la région géographique et du
pays autant que possible. En effet, une exploitation irrationnelle des ressources naturelles dans
une région donnée affecte systématiquement tout l‟écosystème existant (à l‟exemple de la
pollution dans les nappes phréatiques par les résidus des engrais). Ce qui perturbe aussi bien
les exploitations pratiquant une agriculture durable que celles de type conventionnel.
24
Epistémologie et contexte de l’étude Développement durable en agriculture
Le rapport sur les stratégies relatives à l'agriculture durable présenté en 1988 par
BIFAD (Board of International Food and Agricultural Development Task Force), a donné
plusieurs définitions de l'agriculture durable, dont la plus pertinente est : « La gestion réussie
des ressources pour l'agriculture pour satisfaire l'évolution des besoins de l'homme, tout en
maintenant ou en améliorant la base de ressources naturelles et en évitant la dégradation de
l'environnement. Elle devrait conserver et protéger les ressources naturelles et permettre la
croissance économique à long terme par la gestion de toutes les ressources exploitées à des
rendements durables. ».
Une autre définition a été donnée par l’INRA (2002), l‟appréhende comme : « un
ensemble des pratiques sociales et des techniques qui visent à pérenniser l’activité agricole
dans ses milieux physiques, sociaux, économiques et environnementaux. Elle doit donc
répondre à un triple objectif : la promotion de la qualité et le respect de l’environnement tout
en assurant la viabilité économique des exploitations agricoles ».
Atteindre une production agricole acceptable et adéquate sur le plan des quantités, de la
variété et de la qualité ;
Maintenir des environnements favorables aux humains et autres organismes vivants ;
Prévenir la pollution des eaux superficielles et souterraines, protéger la nature ainsi que les
droits des animaux ;
25
Epistémologie et contexte de l’étude Développement durable en agriculture
Empêcher la destruction et la détérioration des terres fertiles par l'érosion, l'étalement urbain
ou les activités néfastes pour l'agriculture ;
Établir et maintenir les infrastructures rurales indispensables à la production et à la
commercialisation des produits agricoles ;
Protéger les écosystèmes naturels et privilégier la conservation à long terme plutôt que
l'exploitation à court terme ;
Favoriser le recyclage des nutriments et maintenir un bon équilibre entre l'utilisation
immédiate et la stabilité à long terme.
Cependant, Zahm et al. (2015), ont fait un état d‟art sur la notion et ils ont proposé une
définition renouvelée sur la base des propriétés de la durabilité. Ils la définie ainsi : « Une
exploitation agricole durable est une exploitation agricole viable, vivable, transmissible et
reproductible inscrivant son développement dans une démarche sociétalement responsable.
Cette démarche renvoie au choix de l’agriculteur, quant aux effets de ses activités et de ses
modes de production, sur le développement et la qualité de vie des parties prenantes ancrées
sur son territoire ainsi qu’à sa contribution à des enjeux globaux sociétaux non
territorialisables (lutte contre le changement climatique, sécurité alimentaire,…etc.). Son
développement s’appuie sur cinq propriétés : capacité productive et reproductive de biens et
services, robustesse, ancrage territorial, autonomie et responsabilité globale ».
La viabilité dépend d‟abord du niveau moyen de revenu, elle est abordée dans sa dimension
économique et concerne l‟efficacité du système de production à sécuriser à long terme chacun
de ces ressources de revenu face aux variations et aux incertitudes commerciales et
économiques ;
26
Epistémologie et contexte de l’étude Développement durable en agriculture
Figure N°8 : Les quatre piliers de la durabilité des exploitations agricoles (Landais, 1998).
Pour notre contexte d‟étude, les réactions d‟adaptation d‟origine biotechnique sont
l‟objet d‟analyse. Donc les notions qui semblent intéressantes sont celles liées aux systèmes
d‟élevage.
27
Epistémologie et contexte de l’étude Développement durable en agriculture
système donné, le système d‟élevage suit une trajectoire de production et de conduite fixée
par l‟éleveur (chef d‟exploitation). Cette trajectoire de production fixe la finalité de l‟élevage.
Figure N°9 : Réponse dynamique d’un système à une perturbation (Sauvant et Martin, 2010)
Dans la phase qui suit, le système tend à revenir à sa trajectoire initiale ou bien sur une
nouvelle trajectoire (changer les objectifs de production). Les modalités de retour déterminent
la capacité de récupération, ou de régénération du système, qu‟est appelée « la résilience ».
28
Epistémologie et contexte de l’étude Développement durable en agriculture
aux spécificités des systèmes. Dans cette synthèse, nous donnons les définitions de trois
d‟entre eux (résilience, flexibilité et vulnérabilité), qui seront structurants pour décrire les
leviers d‟adaptation et la démarche d‟accompagnement proposée dans les deux parties
suivantes. Ces trois concepts sont complémentaires, et leurs interrelations sont non-triviales
(la résilience n‟est pas l‟opposé de la vulnérabilité…) (Gallopín, 2006).
La résilience est une notion qui s‟est très largement vulgarisée, à partir de différentes
disciplines. En psychologie, elle se définit comme la capacité à se reconstruire après un choc
violent. À l‟échelle de l‟exploitation agricole, en prenant directement inspiration sur Holling
(1973), Milestad et al. (2012) soulignent la nécessité de prendre en compte les trajectoires
des systèmes « famille-exploitation-autres activités » pour caractériser la résilience, définie
dans ce cas comme « la capacité à s’accommoder à des changements internes et
externes, prédictibles ou non, la capacité à apprendre et à s’adapter aux incertitudes, la
capacité à se réorganiser après des chocs ». En écologie, la résilience dans sa définition
récente repose sur l‟idée qu‟après une perturbation le système n‟est pas marqué par un retour
à l‟équilibre, expression d‟un comportement de résistance, mais réagit au contraire de manière
souvent positive, créatrice, grâce à de multiples changements et réajustements. La résilience
est la propriété d‟un système qui, adaptant sa structure au changement, conserve néanmoins la
même trajectoire après une perturbation (Walker, 2020).
29
Epistémologie et contexte de l’étude Développement durable en agriculture
La vulnérabilité a été proposée initialement dans les disciplines des sciences humaines,
en lien avec l‟exposition des personnes à des aléas externes (Janssen et al., 2006 ; Pearson
et al., 2011), avant de connaître un succès important notamment dans les recherches sur le
changement climatique (Füssel et Klein, 2006). Dans les recherches sur les moyens de
subsistance, la vulnérabilité se réfère à l‟exposition à des aléas, et à la difficulté à les gérer
(Rigolot et al. 2019). Selon cette définition, la vulnérabilité a donc deux faces : une face
externe d‟aléas auxquels l‟individu ou le ménage est confronté ; une face interne relevant de
l‟incapacité à gérer les impacts de ces aléas (Oliveira et al., 2015). Selon Adger (2006), la
vulnérabilité résulte de trois composantes : l‟exposition, la sensibilité et la capacité
d‟adaptation. Les caractéristiques de l‟exposition incluent l‟amplitude, la fréquence, la durée
et l‟ampleur spatiale des aléas. La sensibilité mesure l‟impact de cet aléa en l‟absence
d‟adaptation par le pilote (Gallopín, 2006). La capacité d‟adaptation représente la capacité du
système à évoluer pour s‟adapter à son environnement et notamment à l‟occurrence d‟aléas
(Adger, 2006).
En synthèse, chacun des concepts a son origine dans un ancrage disciplinaire spécifique
(respectivement écologie, sciences de gestion, socio-économie) (Rigolot et al. 2019). Les
intersections sont nombreuses mais les recouvrements incomplets. Aussi, le choix d‟un
concept dépend des objectifs que l‟on se donne. La vulnérabilité est quant à elle un cadre
efficace pour opérationnaliser une démarche d‟accompagnement, de par la distinction
analytique entre variables d‟exposition, de sensibilité et de capacité d‟adaptation (Rigolot et
al. 2019).
30
Epistémologie et contexte de l’étude Développement durable en agriculture
comportement du système tel qu'il est exprimé par son état en restant dans le domaine
considéré d'attraction, alors que la vulnérabilité se réfère à des transformations qui peuvent
aller au-delà d'un seul domaine, d‟un seul état d‟équilibre (Gallopin, 2006).
31
Epistémologie et contexte de l’étude Développement durable en agriculture
32
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne
Les steppes du nord de l‟Afrique, situées entre les isohyètes annuelles de 100 à 400 mm,
couvrent plus de 63 millions d‟hectares d‟une végétation basse et clairsemée, soumise à une
exploitation humaine très ancienne. La vocation historique des steppes était l‟élevage extensif
d‟ovins, de caprins et de dromadaires complété par la culture itinérante des céréales (Aïdoud
et al., 2006).
33
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne
D‟une façon globale, la steppe présente un aspect dominant caractérisé par de grands
espaces pastoraux à relief plat et à altitude élevée supérieure à 600 m, divisés par des lits
d‟oueds parsemés de dépressions plus ou moins vastes et de quelques masses des chaînes
montagneuses isolées. La steppe algérienne s‟étend sur une superficie globale de 20 millions
d‟hectares comprenant 15 millions d‟hectares de steppe proprement dite, distribués sur
plusieurs wilayas, et 5 millions d‟hectares de terres cultivées, de maquis, de forêts, et de
terrains improductifs (Bencherif, 2011).
34
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne
Le climat de la steppe se caractérise par une faible pluviométrie (100 à 450 mm par an)
et de fortes amplitudes thermiques. Cette pluviométrie est non seulement faible mais
irrégulière. Elle présente des variations spatio-temporelles très importantes et les
précipitations tombent souvent sous forme de pluies violentes (averses). Une saison estivale
sèche et chaude alterne avec une saison hivernale pluvieuse et fraîche, sinon froide
(Bencherif, 2011).
Selon Khelil (1997), les hauteurs de précipitations subissent une baisse vers l‟Ouest
(Ain Sefra) par suite de la présence du Grand Atlas Marocain, elles augmentent
progressivement vers le centre (El Bayadh, Aflou, Djelfa), puis elles diminuent vers
Boussaâda et M’Sila dominées par l‟influence de l‟enclave saharien du Hodna. Elles
diminuent encore plus vers le piémont Sud de l‟Atlas Saharien (Laghouat), décroissent
rapidement dès que l‟on s‟éloigne de la flexure Sud Atlasique vers le Sud. Les massifs
montagneuses sont relativement plus arrosées dont les monts des Ouleds Naïl et Djebel
Amour qui sont les plus favorisés avec des précipitations qui dépassent les 400 mm/an et où
les crêtes reçoivent jusqu‟à 600 mm/an. La carte N°2 montre les principales zones
pluviométriques de la steppe.
35
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne
Les températures extrêmes sont des facteurs ayant une incidence majeure sur la
végétation. Le régime thermique de la steppe est de type continental et l‟amplitude thermique
annuelle est généralement supérieure à 20°C d‟après Le Houérou (1977). Les gelées de la
saison froide inhibent la poussée de la végétation, ce qui amène les éleveurs à se déplacer vers
les parcours sahariens à température plus chaude (Azzaba). Les températures très élevées de la
36
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne
Le climat de la steppe est aussi marqué par des variations de température importantes,
celles-ci dépassent les 40 °C en été et descendent en dessous de 0°C, et provoque des gelées
en hiver, ralentissant la croissance et même détruisant la végétation surtout des plantes
annuelles. Les vents sont violents et ils peuvent occasionner des dégâts. En été les vents
chauds venant du Sahara (sirocco) soufflent et ont des effets néfastes sur la végétation
(Bencherif, 2011).
Les gelées constituent aussi l‟un des facteurs climatiques les plus contraignants des
zones steppiques. Cette contrainte est directement liée à la température de la saison froide.
Ainsi que la présence du sirocco qui constitue une contrainte climatique importante en saison
estivale. Les vents dominants de direction Ouest et Nord-ouest sont souvent suivis d‟orages,
où une grande partie de la précipitation est orageuse, ce qui diminue l‟infiltration de l‟eau
dans le sol et favorise l‟érosion hydrique.
37
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne
Une coupe géomorphologique de l‟Algérie allant de la côte jusqu‟au Sahara montre les
formations constituant la zone steppique, ainsi que l‟emplacement morphologique de cette
zone dans l‟ensemble du pays. Cela facile la compréhension par la suite des mouvements de
transhumants des éleveurs de la steppe. La figure N° 12 schématise la coupe en question.
38
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne
Pouget (1980), note une grande diversité des sols de la région steppique : sols minéraux
bruts, sols peu évolués, vertisols, sols calcimagnésiques, sols hydromorphe et sols
halomorphes, etc. La plupart des sols steppiques sont caractérisés par la présence
d‟accumulation calcaire réduisant la profondeur de sol utile ; ils sont généralement pauvres en
matière organique et sensibles à la dégradation. Les bons sols dont la superficie est limitée, se
situent au niveau des dépressions (sols d‟apport alluvial) soit linéaire et constituées par les lits
d‟Oueds soit fermées et appelées Dayas.
Les sols calcaires et calciques sont dominants, caractérisés par une faible profondeur,
une croûte calcaire, une teneur en matière organique très faible (inférieur à 1 %) et
décroissante selon la profondeur alors que le taux de calcaire croit et constitue une entrave au
développement des plantes (Nedjimi et Guit, 2012) ; (Nedjimi et Homida, 2006). La texture
est à dominance sableuse imposant une faible stabilité structurale et une faible capacité de
rétention en eau ne permettant le développement que d‟une végétation xérique adaptée aux
conditions du milieu (Benabdeli, 2000).
39
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne
Dans les régions steppiques les ressources hydriques sont faibles, peu renouvelables et
inégalement réparties. Selon MADR (2019), les ressources hydriques sont constituées par :
Les eaux superficielles provenant des précipitations orageuses et qui représentent un volume
annuel de 40 milliards de m3 dont une infime partie est mobilisée par des ouvrages, l‟essentiel
des apports disparaît par évaporation et infiltration ;
Les eaux souterraines, dont le potentiel est évalué à 1,4 milliard de m3. Elles constituent la
seule ressource fiable, utilisée pour les besoins humaines, l‟abreuvement du cheptel et
l‟irrigation des cultures. Cette ressource est d‟une part peu étudiée, hormis sur les périmètres
de l‟Oued Touil et celui du Hodna, et d‟autre part anarchiquement exploitée comme le
témoigne le nombre important de puits devenus non fonctionnels par la baisse du niveau des
nappes alluviales et phréatiques suite à la multiplication des forages.
La carte N°4 montre les principaux types d‟aquifères de la partie nord de l‟Algérie dont
la steppe fait partie. Il est remarquable l‟existence de trois types d‟aquifères dans la partie
steppique à savoir : i) Des aquifères dits non consolidé Ŕ élevé, avec ressource dépendant de
la recharge, ii) Des aquifères sédimentaires inter-granulaires/fracturé, avec une productivité
modéré à élevée, iii) Des aquifères sédimentaires inter-granulaires/fracturé/Karst avec une
productivité élevée à très élevée. Au niveau régional, les aquifères importants sont très
fragmentés. Les aquifères les plus importants sont les aquifères du Hodna et Chott Chergui de
l'Atlas Saharien (Earthwise, 2019).
40
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne
45
40 42
35
30 35
30
25
Millions
20 24
15 18
10 13 12
5 9
3 4 5 7
0
1966 1977 1987 1998 2008 2018
Population de l'Algérie Population steppique
Par ailleurs, les multiples changements concernant le mode de vie ont engendré une
diminution de la part de la population rurale et une augmentation de celle de la population
urbaine. La population rurale est représentée 65 % de la population à l‟aube de
l‟indépendance (1962). Elle ne représente à présent que 26 % à nos jours (ONS, 2018).
41
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne
i) Les formations à Alfa (Stipa tenacissima) présentent une forte amplitude écologique et
retrouvées dans les bioclimats semi-arides à hiver frais et froid, et dans l‟étage aride supérieur
à hiver froid. Ces steppes colonisent tous les substrats géologiques de 400 à 1 800 m
d‟altitude. La production de l‟alfa peut atteindre 10 tonnes de M.S.ha-1.an-1 mais la partie
verte qui est la partie exploitable a une production de 1 000 à 1 500 kg de M.S.ha-1.an-1. L‟alfa
présente une faible valeur fourragère de 0,3 à 0,5 U.F. /kg de M.S. Cependant, les
inflorescences sont très appétées (0,7 U.F. /kg de M.S.). La productivité pastorale moyenne de
ce type de steppe varie de 60 à 150 U.F.ha-1.an-1 selon le recouvrement et le cortège
floristique présent (Aïdoud et Nedjraoui, 1992, In. Boussaid, 2013).
ii) Les formations à armoise blanche (Artimisia herba alba) sont situées dans les étages arides
supérieurs et moyen à hiver frais et froid avec des précipitations variant de 300 à 100 mm.an-
1
. Ce type de steppe s‟étale sur les zones d‟épandage dans les dépressions. La production
primaire varie de 500 à 4500 kg de M.S.ha-1.an-1 avec une production annuelle totale de 1 000
kg de M.S.ha-1.an-1. La production annuelle consommable est de 500 kg de M.S.ha-1.an-1, soit
une productivité pastorale moyenne de 150 à 200 U.F.ha-1.an-1. L‟armoise ayant une valeur
fourragère moyenne de 0,65 U.F. kg-1 de M.S., les steppes à armoise blanche sont souvent
considérées comme les meilleurs parcours utilisés pendant toute l‟année et en particulier en
mauvaises saisons, en été et en hiver où elles constituent des réserves importantes. L‟armoise
est une espèce bien adaptée à la sécheresse et à la pression animale, en particulier ovine. Le
type de faciès dégradé correspond à celui de Peganum harmala dans les zones de campement
des éleveurs et autour des points d‟eau (Nedjraoui, 2001).
iii) Les formations à sparte (Lygeum spartum) sont rarement homogènes. Ces formations sont
soumises à des bioclimats arides supérieurs et moyens à hivers froids et frais. L‟espèce
Lygeum spartum ne présente qu‟un faible intérêt pastoral (0,3 à 0,4 U.F. /kg de M.S.ha-1.an-1
Les steppes à sparte sont peu productives avec une production moyenne annuelle variant de
300 à 500 kg de M.S.ha-1.an-1, mais elles constituent cependant des parcours d‟assez bonne
42
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne
qualité. Leur intérêt vient de leur diversité floristique et de leur productivité relativement
élevée en espèces annuelles et petites vivaces, elle est de l‟ordre de 110 U.F.ha-1.an-1 en
moyenne (Nedjraoui, 2001).
iv) Les formations à Remt (Arthrophytum scoparium) forment des steppes buissonneuses
chamaephytiques avec un recouvrement moyen inférieur à 12,5 %. Les mauvaises conditions
édapho-climatiques de milieu font de ces steppes des parcours qui présentent un intérêt assez
faible sur le plan pastoral. La valeur énergétique de l‟espèce est de l‟ordre de 0,2 U.F. /kg de
M.S. La production moyenne annuelle varie de 40 et 80 kg de M.S.ha-1.an-1 et la productivité
pastorale est comprise entre 25 et 50 U.F.ha-1.an-1. Ce type de steppe est surtout exploité par
les camelins (Nedjraoui, 2001).
43
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne
Superficie Superficie
Faciès steppique % Evolution
2010 (ha) en 1968
Steppe à Stipa tenacissima
4 207 571 19,42 % 4 000 000 + 5%
(Alfa)
Steppe à Artemisia herba alba
2 107 242 9,73 % 3 000 000 - 30%
(Chih)
Steppe à Lygeum spartum
1 547 573 7,14 % 2 000 000 - 23%
(Sparte)
Steppe à Arthrophytum
5 132 801 23,70 % - -
scoparium (Remt)
Psammophiles 5 050 279 23,31 % - -
Halophytes 1 518 566 7,01 % 1 000 000 + 52%
Associations végétales 2 097 463 9,68 % 5 000 000 - 58%
Total parcours 21 661 495 100 %
Source : HCDS, 2010.
44
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne
Les résultats de cette étude révèlent un important changement par rapport à l‟enquête,
baptisée nomadisme, entreprise en 1968. C'est ainsi qu'on relève :
Le faciès à alfa (Stipa tenacissima) qui couvre 4,2 millions d‟hectares, soit 19,42 % de la
superficie des parcours. Sauf la précision d‟estimation (évolution des outils de la précision
avec entre 1968 et 2010) qui indique une légère augmentation des faciès à Alfa (+5 %), ce
dernier n‟a pas enregistré une réelle régression en superficie, cependant son état à attient un
seuil de dégradation préoccupant (40%) ;
Le faciès à armoise blanche (Artemisia herba alba) couvre 2,1 millions d‟hectares, soit 9,73
% de la superficie totale des parcours. Les steppes à armoise blanche sont souvent considérées
comme les meilleurs parcours pour le pâturage. Ce faciès enregistre une réduction de 30 %.
Sa disparition laisse place à des espèces peu palatables comme Noaea mucronata et Anabasis
articulata;
Le faciès à sparte (Lygeum spartum) occupe 1,5 millions d‟hectares (soit 7,14 % de la
superficie totale des parcours). L‟espèce sparte (Sennagh) a connu une diminution de l‟ordre
de 23 % par rapport à 1968, particulièrement dans le Sud Oranais et dans la région de Chott
Chergui ;
Les steppes à Remt (Arthrophytum scoparium) occupent 5,1 millions d‟hectares, soit 23,7 %
de la surface totale des parcours. Avec un taux de recouvrement de l‟ordre de 12,5%, ces
parcours sont d‟un intérêt pastoral très faible ;
Les psammophytes occupent 5 millions d‟hectares, soit 32,31 % de la superficie totale. Ces
formations végétales sont plus fréquentes en zones aride et présaharienne et constituent
respectivement de steppes à Aristida pungens et Thymellaea microphyla ou encore des
steppes arbustives à Retama raetam. Malgré l‟absence de chiffre indicateur de l‟évolution des
psammophytes, mais avec la dégradation d‟une grande partie des parcours steppiques et
l‟avancement de désert (désertification), les espèces psammophytes gagnent de plus en plus
de terrain au détriment des autres faciès plus pâturables ;
Les halophytes comptent 1,5 millions d‟hectares (7 %), représentées principalement par les
Atriplex et les Salsola. Elles subissent une évolution de 52 % et se développent sur les sols
profonds autour des chotts et des dépressions salées ;
Les autres associations végétales occupent une superficie de l‟ordre de 2 millions d‟hectares
soit 9,68 % du total et connaissent une régression de la superficie de l‟ordre 58 %.
45
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne
Production
Superficie Production
Types de Production % moyenne
(ha) (U.F.)
(U.F. /ha)
La production totale des parcours est estimée à 1,57 milliard d‟U.F., avec une production
moyenne de 72,54 U.F. h-1a ;
L‟essentiel de la production est assurée par les espèces annuelles qui contribuent par 70,31%
de la production totale et avec une production moyenne annuelle de 51 U.F. h-1a ;
L‟autre part de la production fourragère est fournie par les espèces pérennes, soit 29,69 %.
Elles produisent en moyenne 21,54 U.F. ha-1.
Par ailleurs, l‟estimation de la charge pastorale potentielle indique que les parcours
steppiques peuvent à peine supporter les besoins de 4 millions de têtes ovines (équivalant
ovin), avec notamment une charge pastorale moyenne d‟une tête pour 5,65 hectares. Or, le
cheptel existant (ovin seul) est au moins quatre fois (4×) supérieur à ce que peut supporter la
végétation pastorale steppique. D‟où des processus de dégradation de l‟écosystème steppique
qui est en cours.
III.2.2.3- Etat des parcours steppiques
La classification des parcours steppiques suivant leur état général, donne une autre
vision quant à la situation qui prévaut dans le tableau N°3.
46
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne
80,45 % des parcours dégradés, dont 70,84 % sont dans un état très avancé correspondant à
15 345 297 ha.
Seulement 19,55 % des parcours sont dans un état moyen à bon, soit 4 231 110 ha.
En 1995, il était constaté déjà une nette dégradation de près de la moitié des parcours et
une perte totale de 3,11 % de leur superficie autour des zones salines et ensablées.
Actuellement le chiffre passe à 80 % de parcours dégradés. Une situation très alarmante qui
nécessiterait une mobilisation collective pour enrayer cette situation et voir même l‟améliorer.
La carte N°6 montre la répartition des parcours steppiques selon leur état.
47
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne
Le tableau N°4 récapitule les effectifs du cheptel animal national et celui présent sur le
territoire steppique.
La figure N°14 illustre la répartition des effectifs des animaux d‟élevage au sein de la
zone steppique où il apparait que l‟ovin est l‟espèce dominante avec 87,5 % de l‟ensemble des
effectifs recensés.
Bovin 0,9%
Caprin
11,29% Camelin
0,16%
Equin
Ovin 87,5% 0,15%
48
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne
Les figures N°15, 16, 17 et 18 récapitulent l‟évolution des effectifs steppiques des
quatre principales espèces animales (ovine, caprine, bovine, et cameline) depuis la veille de
l‟indépendance (1961) jusqu‟à 2019.
Il semble que l‟effectif des ovins a presque sextuplé (×6) en l‟espace de 58 ans. Passé
de 3 millions de têtes à 18 millions, révélant une tendance générale d‟évolution croissante,
mais qui n‟avait pas la même allure pendant toute la période. Durant les premières années, les
effectifs ont augmenté assez rapidement surtout à partir des années 1970, ce qui correspond au
début de la stratégie nationale de subvention des aliments concentrés (orge en grain) pour
préserver le cheptel ovin pendant les périodes de disette. Ensuite, la tendance d‟évolution a
connu un ralentissement au cours des années 1990 à cause du phénomène de l‟exode rural
pendant la décennie noire du terroriste. Ce retard a été vite rattrapé par la suite, avec le
lancement des programmes de mise en valeur agricole et de développements des zones
rurales. Néanmoins on relève des fluctuations des effectifs dictées par les années de disette.
20
Millions
R² = 0,94
18
Ovins
16
14
12
10
8
6
4
2
0
1961
1963
1965
1967
1969
1971
1973
1975
1977
1979
1981
1983
1985
1987
1989
1991
1993
1995
1997
1999
2001
2003
2005
2007
2009
2011
2013
2015
2017
2019
Pour ce qui est du cheptel caprin, au regard de son rôle dans les troupeaux, la tendance
d‟évolution était influencée par les même facteurs agissant sur le cheptel ovin. Cependant,
l‟augmentation du cheptel caprin était moins importante que l‟ovin, et reste associé à ce
dernier dans les systèmes d‟élevage steppique.
49
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne
Millions
Caprins
R² = 0,82
3
0
1961
1963
1965
1967
1969
1971
1973
1975
1977
1979
1981
1983
1985
1987
1989
1991
1993
1995
1997
1999
2001
2003
2005
2007
2009
2011
2013
2015
2017
2019
Source : MADR, 2019.
Figure N°16 : Evolution du cheptel caprin de la zone steppique.
Par contre l‟évolution du cheptel bovin était plus irrégulière ; ayant connu des périodes
d‟augmentation des effectifs et d‟autres de régression, alors que la tendance générale s‟avère
croissante. La politique de développement du bovin dans les zones steppiques n‟était
favorable qu‟à partir les années 2000, avec l‟encouragement de la filière du bovin laitier.
Concernant le cheptel camelin, l‟évolution est moins importante que les autres espèces
animales (R² = 0,57).
250
Milliers
R² = 0,86
Bovins
200
150
100
50
0
1963
1997
1961
1965
1967
1969
1971
1973
1975
1977
1979
1981
1983
1985
1987
1989
1991
1993
1995
1999
2001
2003
2005
2007
2009
2011
2013
2015
2017
2019
Le dromadaire a perdu progressivement son rôle dans les systèmes d‟élevage steppiques
des suites de la conjugaison de multiples facteurs, de nature socio-économique résumée en de
profondes mutations sociales, mais aussi technique à l‟image de la régression des
50
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne
35
Camelins
Milliers
30
25
R² = 0,57
20
15
10
5
0
1989
2003
2017
1961
1963
1965
1967
1969
1971
1973
1975
1977
1979
1981
1983
1985
1987
1991
1993
1995
1997
1999
2001
2005
2007
2009
2011
2013
2015
2019
Source : MADR, 2019.
Figure N°18 : Evolution du cheptel camelin de la zone steppique.
51
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne
al. (2009) ; Hirche et al. (2011) ; Moulay et al. (2011) ; Slimani et Aïdoud (2018) ;
Hammouda et al. (2019) ; Taibaoui et al. (2020). Des zones entières de parcours se sont
transformées en terrains nus. Cela est dû principalement à l‟érosion éolienne et hydrique qui
décape les couches superficiels du sol et atteignent un stade très avancé de dégradation, et se
sont transformés à terme en espace à potentiel biologique quasiment nul.
La lutte contre la désertification, objectif que s‟était assigné l‟Etat depuis le début des
années 1970 devait limiter sinon stopper cette dégradation grâce à des actions touchant aussi
bien l‟environnement écologique que l‟environnement socio-économique. Le bilan de ces
actions montre que, hormis certaines améliorations, notamment sur le plan des infrastructures,
ouvrages et plantations entre autres, la steppe algérienne se retrouve dans un état de
dégradation de plus en plus avancée et une partie de la population pastorale, dans un état de
pauvreté de plus en plus marqué (Bencherif, 2011).
Par ailleurs, les principales causes de dégradation des parcours steppiques se résument
dans les points suivants :
Quand les animaux sont trop nombreux par rapport à la surface de pâturage ou
maintenus trop longtemps, corollaire de surpâturage. Les bonnes espèces prennent un aspect
chétif avant de disparaître et sont remplacées par d‟autres déjà présentes mais moins
appréciées par le bétail, à un moment où ces dernières sont à leur tour sur-pâturées et certaines
d‟entre elles disparaissent par le même processus de succession écologique que
précédemment. Et ainsi de proche en proche jusqu'à aboutir à un pâturage moins productif et
même, dans les cas extrêmes, à un sol quasi nu ou couvert d‟une faible végétation de refus à
l‟image du Peganum harmala (harmel) très vulnérable à l‟érosion (Bencherif, 2011).
Dans la steppe algérienne d‟aujourd‟hui, c‟est bien évidemment les nouvelles conduites
de pâturage qui sont la principale cause de dégradation des parcours. Le maintien d‟un effectif
52
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne
trop important de troupeaux par rapport aux disponibilités fourragères réelles des parcours a
été encouragé durant plusieurs années par des aliments concentrés subventionnés (orge, maïs
et autres concentrés). De nos jours, subventionnés ou non, ces aliments de complément sont
largement utilisés, ils servent à réduire la transhumance et à maintenir un trop lourd
chargement de bétail sur la steppe, en toutes saisons (Bourbouze, 2018). C‟est de cette
manière que le pâturage continu à réduire les potentialités fourragères des parcours
steppiques.
L‟intérêt de la mise en défens d‟un pâturage, réside donc dans le fait que les herbes les
plus appréciées n‟étant plus entièrement consommées par le bétail, peuvent repartir et
redonner des graines et se multiplier. La charge animale joue donc un rôle important dans
l‟amélioration ou la dégradation de la qualité des pâturages. Une bonne charge animale et une
rotation doiventt permettre de consommer les meilleures et les moins bonnes espèces en
laissant une bonne capacité de régénération à l‟ensemble.
D‟un autre côté, les espèces ligneuses de la steppe sont souvent arrachées pour être
utilisées comme bois de chauffage et de cuisson et pour les clôtures. L‟armoise blanche, est
une des espèces les plus arrachées surtout à des fins de cuisson et médicales. La forte
demande de plantes médicinales ne fait qu‟aggraver le phénomène. Malgré la régression du
nomadisme et l‟utilisation du gaz pour le chauffage et la cuisson dans les zones rurales,
l‟arrachage des plantes ligneuses continu d‟être un réel danger (Bencherif, 2011).
Par ailleurs, il y a lieu de signaler que les nouveaux modes de pâturage et les
défrichements des parcours sont le fruit de plusieurs facteurs qui agissent par des effets
conjugués. En effet, on peut noter que les conditions de vie précaire et la faiblesse d‟offre
d‟emploi hors agricole, ainsi que l‟adoption pour un mode d‟élevage de type sédentaire,
53
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne
poussent la population de plus en plus agrandi à défricher des morceaux de terre et élever
quelques têtes de moutons pour satisfaire ses besoins.
Parmi les aspects critiques qui ont contribué à la dégradation des parcours, on peut citer :
Le changement continu des lois foncières agricoles qui a davantage aggravé la situation a
favorisé la spéculation et l‟exploitation irrationnelle des ressources naturelles;
La régression des parcours collectifs pour des parcours individuels ;
La généralisation de subvention des aliments concentrés par l‟Etat a contribué au maintien
d‟un cheptel plus important que les potentialités pastorales de la steppe ;
L‟introduction de nouveaux systèmes de culture, à l‟image de la céréaliculture et de
l‟arboriculture fruitière, a engendré une soustraction des espaces de pâturage ;
La taxe douanière des viandes ovines > à 20 % ; Ce qui permet aux éleveurs de produire des
animaux très chère en raison d‟une utilisation massive de concentrés ;
Faiblesse des programmes de développement de la steppe et l'absence d'un schéma
d'aménagement et de gestion de l'espace pastoral ;
En plus, un relâchement de la rigueur dans la protection des terres de parcours
(Daoudi et al., 2015). Ainsi qu‟une faiblesse d‟engagement des pouvoirs publics quant à la
préservation et la réhabilitation des espaces steppiques et des aménagements pastoraux.
III.4.1.4-La sècheresse
Les steppes algériennes sont marquées par une grande variabilité interannuelle des
précipitations, alors que les dernières décennies ont connu une diminution notable de la
pluviosité annuelle, avec une succession de sécheresse persistante. La diminution des
précipitations est de l‟ordre de 18 à 27% et la saison sèche a augmenté de 2 mois durant le
siècle dernier (Nedjraoui et Bédrani, 2008).
54
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne
Une étude menée par Belala et al. (2018), sur les variations de la pluviométrie dans la
steppe algérienne et leurs impacts sur la végétation naturelle montre variabilité décennale des
précipitations dans le région steppique entière, et une tendance à l'aridification uniquement
dans la région steppique du sud-ouest, avec trois périodes particulièrement sèches en 1940-
1950, 1980-1985 et 1999-2004. De plus, la période 1900-1972 est généralement plus humide
avec des périodes humides alternant avec des périodes sèches plus régulièrement, et la période
1973-2014 est plus sèche. La dégradation régionale de la végétation (expansion des
formations végétales tolérantes au pâturage remplaçant les steppes initiales d'alfa et
d'armoise) ne semble donc pas avoir été déclenchée par le changement climatique mais plutôt
par la forte augmentation contemporaine dans les activités humaines, l'élevage et la
production d'orge.
Quant aux travaux de Hirche et al. (2007), qui ont porté sur une analyse statistique de
l‟évolution de la pluviosité de plusieurs stations steppiques, montrent que les steppes
algériennes se caractérisent par une aridité croissante. Cette tendance est plus prononcée pour
les steppes occidentales que les steppes orientales (Figure N°19).
55
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne
Le début de cette période s‟est déjà singularisé par l‟amorce d‟un processus de
collectivisation de l‟exploitation de la steppe à travers la mise en place de coopératives
pastorales et la création en 1966 des ADEP1. Le processus s‟est consolidé par la promulgation
et la mise en œuvre de la charte de la révolution agraire qui à travers le Code Pastoral (1975)
visait non seulement un aménagement intégré de cet espace, mais surtout la transformation
radicale des rapports sociaux et du système de production à travers le regroupement des
éleveurs dans des coopératives. A ce titre 200 CEPRA2 et 49 ADEP furent créées, mais leur
impact fut dérisoire puisque seulement 5 % du cheptel fut concerné.
1
Association pour le Développement de l‟Élevage et du Pastoralisme
2
Coopératives d‟Elevage de la Révolution Agraire
3
Fonds National de Régulation Agricole
4
Food and Agricultural Organization
56
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne
Le projet à ses débuts avec connu un certain volontarisme que reflète l‟importance des
moyens mis en œuvre, mais avec quelques erreurs techniques commises (monoculture du Pin
d‟Alep, et reboisement sur les terres pastorales). Le projet a donné lieu à la création du
Secrétariat d‟Etat aux Forêts et au Reboisement en 1980. Préalablement étudiés et faisant
appel à des actions diversifiées (fixation de dunes, arboriculture fruitière, plantations
pastorales, réalisation des points d‟eau…etc.).
Il faut reconnaître qu‟à l‟issue de deux décennies et par rapport aux objectifs affichés et
aux finances mobilisées, le bilan reste modeste. En effet, les coopératives d‟élevage furent
dissoutes, les mises en défens abandonnées, les reboisements du barrage vert livrés à la
prédation animale, les points d‟eau non entretenus, quant aux grands projets pilotes et les
études, ils ne connurent pas l‟issue pour lesquels ils étaient destinés.
La promulgation de la loi 83-18 relative à l‟APFA6 par la mise en valeur ainsi que celle
N°87-19 portant mode d‟exploitation des terres du domaine national ;
Le bilan durant cette courte période en matière de préservation des ressources naturelles
et d‟amélioration des conditions de vie des populations a été très en deçà des attentes suscitées
5
Haut-Commissariat au Développement de la Steppe
6
Accession à la Propriété Foncière Agricole
57
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne
par le dossier « steppe » qui n‟a pas pu enclencher une dynamique de développement de ces
zones en raison de l‟absence de stratégie globale dépassant le seul cadre de l‟activité agricole.
Le seul fait remarquable reste la promulgation de la loi sur l‟APFA qui va consacrer la
privatisation de certaines terres qui auparavant étaient à usage communautaire.
i) L‟adoption et la mise en exécution du P.N.D.A7. qui vise d‟une part à développer les
productions adaptées aux zones naturelles et aux terroirs et cela par l‟encouragement des
systèmes de production adéquats avec la particularité fondamentale de faire jouer à
l‟agriculteur un rôle d‟entrepreneur aidé en cela par les services techniques. A travers cette
démarche, l‟Etat s‟engage, avec quelques différences fondamentales par rapport aux périodes
précédentes, notamment à :
7
Plan National de Développement Agricole
58
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne
S‟investir des missions d‟orientation des investissements grâce aux leviers financiers que
constituent le FNRDA8, et le crédit agricole, les deux agissant en concertation et de façon
complémentaire.
Assurer un appui technique aux agriculteurs par le biais de l‟administration agricole, des
instituts techniques et des fermes pilotes, aidé en cela par les organisations professionnelles.
Encourager la mise en valeur des terres par la concession (lame double tranchant pour les
parcours steppiques).
Ces lois prévoient la création d‟une carte de délimitation des terres agricoles ou à
vocation agricole. Elles prévoient aussi la création d‟associations professionnelles
d‟agriculteurs qui bénéficieront d‟une assistance technique, et de nouvelles coopératives
agricoles qui auront pour mission de faciliter les opérations de production, de transformation,
d‟achat ou de commercialisation. Cette nouvelle organisation aurait comme but de réduire le
prix de revient et le prix de vente de certains produits agricoles et de certains services.
Ces nouvelles lois d‟accession foncière agricole permettent d‟avoir une sorte de sécurité
foncière pour les exploitants pour exercer leurs activités de production, outre de créer de
8
Fonds National de Régulation et du Développement Agricole
59
Epistémologie et contexte de l’étude Contexte et état de la steppe algérienne
Cette période était marquée aussi par le lancement du PRR9, qui cible les espaces
occupés par une population d‟environ 13 millions d‟habitants, a pour objectif l‟amélioration
du niveau de vie des ruraux à travers des soutiens économiques et sociaux, avec un
encadrement et un accompagnement. Son outil de mise en œuvre local est le PPDRI10, qui agit
sur quatre axes : i) réhabilitation et modernisation des villages ; ii) protection et valorisation
des ressources naturelles (montagne, steppe, forêt, oasis) ; iii) diversification des activités
économiques en milieu rural (tourisme, artisanat), iv) protection et valorisation du patrimoine
rural, matériel et immatériel.
III.5- Conclusion
Ainsi présentée, la steppe occupe d‟immenses territoires encore dominés par sa fonction
pastoral à agropastoral. Elle a un rôle majeur pour la population qui l‟habite, ainsi que pour
tout le pays, outre qu‟elle est considérée comme une zone tampon assurant une place
écologique et socio-économique non négligeable.
9
Programme de Renouveau Rural
10
Projet de Proximité de Développement Durable Rural Intégré
60
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique
Le présent chapitre tente de synthétiser les éléments clés relatifs à l‟évolution des
systèmes d‟élevage steppiques ainsi que l‟évolution du droit d‟accès aux ressources.
i) Dès la Haute Antiquité, il y a environ trois mille ans, le Nord du Maghreb a été une région
d‟élevage pastoral transhumant. Les modes d‟élevage et leurs zones ont fluctués selon les
époques. Le nomadisme a été pendant de nombreux siècle le mode de conduite des animaux
et le mode de vie des familles dominant. Puis les mobilités ont plus adopté des pratiques de
transhumances. Elles ont commencé à connaitre des contraintes lors de la colonisation
française qui leur empêchaient d‟aller dans les zones de cultures. Depuis, de multiples
facteurs ont pu limiter leur pratique : insécurité, scolarisation, construction d‟habitats fixes,
etc. Il n‟en reste pas moins que par l‟usage des camions et le téléphone portable (pour
négocier des zones d‟accueil), la transhumance s‟adapte et perdure pour frange conséquente
des éleveurs (Gaci et al., 2021). Les pasteurs et leurs troupeaux de moutons et de chèvres se
déplacent saisonnièrement en été vers les plaines du Nord (transhumance estivale) et en hiver
vers le Sahara (transhumance hivernale) à la recherche de pâturages riches en fourrages
(Ballouche, 2012 ; Roubet, 2012). Pendant l‟occupation romaine, les cultures, avec ou sans
élevage, furent étendues à l‟abri du limes (plaines côtières, Tell et Aurès). Alors qu‟au-delà,
61
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique
l‟élevage pastoral était peu soumis à l‟influence romaine (Leveau, 1990 ; Côte, 1993), après
les conquêtes arabes, au 11ème siècle, cet élevage pastoral transhumant gagna du terrain et fut
pratiqué partout, de la côte méditerranéenne au Sahara (Ibn Khaldoun, 13ème siècle).
Cette situation a perduré jusqu‟à l‟arrivée des français en 1830. Avant la colonisation
française, l‟élevage pastoral ovin, avec la grande transhumance d‟été (Achaba) et d‟hiver
(Azzaba), était le mode de conduite des ovins pratiqué par les éleveurs de la steppe. La
population d‟éleveurs nomades, évaluée à un million et demi de personnes, circulait avec ses
troupeaux sur près des quatre cinquièmes des territoires du Nord, de la côte méditerranéenne
au versant sud de l‟Atlas Saharien (Hirtz, 1989).
À la suite de ces remaniements territoriaux, les fractions composant les tribus ont été
séparées et l‟organisation tribale a été perturbée. Néanmoins, durant cette période, l‟élevage
pastoral transhumant, aux mains des algériens, est resté prédominant dans la steppe, alors
qu‟une grande partie des terres cultivables a été occupée par les colons. Avec un effectif
fluctuant entre 4 et 10 millions de têtes, les ovins étaient les animaux les plus nombreux,
suivis par les caprins, avec un effectif variant entre 1,8 million et 4 millions de têtes.
62
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique
essentiellement basé sur l‟exploitation directe par les troupeaux de petits ruminants,
principalement ovins, du fourrage naturel produit par les parcours de la steppe, du Tell et du
Nord du Sahara. Quant au mode de conduite des troupeaux, il est largement transhumant alors
que le mode de vie nomade adopté par les éleveurs permettait à ceux-ci d‟exploiter
pleinement les ressources fourragères communes, dispersées dans des zones bioclimatiques
étendues et variées.
63
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique
leurs chameaux et de leurs chevaux, bien adaptés, les pasteurs avec leurs familles effectuaient
de longs déplacements guidés par les pluies qui annonçaient l‟arrivée d‟herbe fraîche. Les
itinéraires à emprunter étaient établis grâce aux éclaireurs qui partaient à l‟avance examiner
l‟état des pâturages. Les caravanes se déplaçaient seules ou groupées. On y trouvait des
chameaux transportaient femmes et enfants, d‟autres chargés de tentes et d‟autres matériels,
de sacs de grains et de divers produits. Les bergers, les chevaux, les chiens de garde, les ovins
et les caprins, partaient devant (Bencherif, 2011). La figure N°20 proposée par Bencherif
(2011), schématise les mouvements des pasteurs et de leurs troupeaux dans les systèmes
d‟élevage pastoraux traditionnels.
64
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique
65
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique
La politique pastorale de l‟Etat algérien a été longtemps marquée par une sollicitude
envers une fraction de la population durement touchée par la guerre, en visant l‟accroissement
de la production nationale de viande compte tenu des besoins croissants des villes et
l‟amélioration des conditions de vie des nomades. A ce titre, on peut distinguer très
schématiquement quatre phases principales, identifiant quatre types de politiques de
développement (Abbas, 2004) :
66
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique
Enfin, le fait historique se résume à une longue et progressive atteinte des principales
bases de la vie de la population des pasteurs ayant provoqué entre autres une
augmentation continuelle des effectifs du troupeau. Ce facteur est directement incriminé dans
la dégradation des parcours par une simple lecture de cause à effet. Il faut noter aussi que
l‟accroissement des troupeaux constitue une résultante d‟une intervention politique plus
qu‟une adaptation à la sécheresse visant une sécurité que les pasteurs obtiennent par d‟autres
voies et depuis longtemps (Abbas, 2004).
67
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique
La mise en culture en steppe a été favorisée par les lois d‟accès à la propriété foncière
agricole ouvrant des possibilités d'investissement sur les terres collectives et donnant une
légitimité aux activités agricoles. La concurrence entre les cultures et l‟élevage sur
l‟occupation des terres est de plus en plus intense. L‟objectif principal des agro-éleveurs
steppiques réside en la satisfaction des besoins des troupeaux en tentant par tous les moyens
de les atteindre.
11
Exploitation Agricole Collective.
12
Exploitation Agricole Individuelle.
68
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique
avantageux, les éleveurs sont dans l‟obligation de recourir de plus en plus à des achats de
compléments qu'ils font venir du Nord, réduisant ainsi leur mobilité. Ils restent ainsi plus
longtemps sur les mêmes espaces pastoraux steppiques. En définitive, les nouvelles relations
que les éleveurs entretiennent avec leur espace, montrent une certaine „déresponsabilisation
des acteurs vis-à-vis de leur patrimoine. Désormais, les déplacements se décident
individuellement‟ (Bourbouze, 2000). Dans ces contextes l‟élevage se fait désormais selon
différemment.
Les déplacements vers le Sud (Azzaba) ont connu aussi une régression en raison de
changements des règles d‟occupation du territoire. Les éleveurs transhumants trouvent plus de
difficultés à joindre les zones présahariennes quand les déplacements ne se font pas en
camion, les couloirs de passages ancestraux disparaissent. Et les zones d‟accueil gratuites
deviennent délicates à obtenir. D‟où le choix plus fréquents d‟éleveurs qui préfèrent ne pas se
déplacer, même s‟il faut utiliser plus de concentrés. Ce choix correspond également plus au
nouveau mode de vie des éleveurs et contexte socioculturel et économique.
Néanmoins, les déplacements des troupeaux n‟ont pas disparu, mais ils ont pris de
nouvelles formes d‟organisation dans la conduite des troupeaux, ils sont devenus plus ciblés
et plus précis dans le temps et l‟espace. Leurs stratégies se basent maintenant surtout sur les
déplacements motorisés en ayant recours au téléphone pour obtenir rapidement des
informations sur la qualité des pâtures des zones d‟accueil. La perception des pasteurs à la
mobilité des troupeaux connaît donc de nouvelles logiques.
Huguenin et al., (2015), Kanoun et al. (2018), Gaci et al., (2021) signalent que malgré
l‟apparente régression des mobilités, les transhumances restent toujours présentes dans les
systèmes d‟élevage actuels, mais avec de nouvelles formes de déplacements. Ils comptent
cinq nouveaux types de transhumances dans les systèmes d‟élevage étudiés :
69
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique
70
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique
Malgré les charges alimentaires importantes dans les systèmes d‟élevage actuels,
l‟activité de l‟élevage reste toujours rentable à cause des prix des animaux engraissés et de la
viande qui restent élevés pour les éleveurs, grâce à la non concurrence internationale en raison
des fortes taxes douanières sur les viandes rouges.
71
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique
72
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique
droit au foncier, croisés, définissant le statut foncier dans les zones pastorales du Maghreb ; à
savoir :
i) Le droit traditionnel
Ce droit remonte aux époques préislamiques et s‟applique surtout aux terres dites "de
tribus", qui sont organisées en territoires et non pas en propriétés, et sont le plus souvent à
usage collectif. Jusqu‟à la fin du 19ème siècle, ces vastes espaces à usage commun, marqués
par la grande mobilité des groupes ou communautés ethniques sans habitats fixes, sont la
proie d‟une agitation politique continuelle liée aux conflits sur l‟espace et à l‟opposition au
pouvoir central (Chiche, 1992). Mais bien qu‟ancien, ce droit traditionnel fait encore
référence, car il intègre de multiples pratiques liées à l‟exploitation des ressources et à la
conduite des troupeaux. Ces usages se trouvent parfois consignés dans des coutumes (Orf),
mais relèvent le plus souvent d‟un droit oral qui ne s‟appuie pas sur d‟autres preuves que la
reconnaissance par le voisin et l‟ancienneté avérée et reconnue par l‟usage.
a) La libre utilisation des ressources naturelles (qui interdit de fait toute appropriation
individuelle),
b) La vivification (Ihyaa) selon lequel la terre appartient à celui qui l‟a mise en valeur et la
"fait vivre", sachant qu‟il y a trois façons de faire vivre une terre : y cultiver un champ ou un
verger, y creuser un puits et/ou y construire une maison. Dans cette optique, dans les
communautés de pasteurs, le pâturage n‟induit pas de mise en valeur et ne permet donc pas
l‟appropriation. Le statut des ressources est donc étroitement lié à leur utilisation, la pratique
étant de reconnaître l‟exclusivité de la disposition d‟une terre à celui qui a pris l‟initiative de
son aménagement.
73
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique
tribaux vont formaliser les règles du droit moderne mais n‟empêcheront pas les oppositions. Il
en va différemment pour les parcours où il y a plutôt eu une reconnaissance et une
superposition des différents droits pour la gestion d‟un même espace. Mais l‟intrusion du droit
moderne (par exemple, la mise en place de coopératives pastorales, le nouveau rôle des
autorités civiles dans le règlement des conflits) n‟est pas toujours bien perçue car il n‟y a
véritablement pas eu de substitution aux droits précédents, ce qui complique la situation
foncière et se traduit dans de nombreux cas par une mauvaise gestion des ressources
pastorales. Gilles (1993), signale que c‟est cette faiblesse en matière juridique qui autorise les
abus et provoque les conflits.
74
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique
Pour Daoudi et al. (2021), les politiques de mise en valeur des terres par l‟agriculture
semblent équitables en termes d‟approche distributive de la justice quant aux critères
d‟allocation de la ressource foncière ; en termes de conséquences sur la distribution foncière,
la rupture majeure intervient à partir de 2011 (la circulaire 108), qui privilégie
dans des proportions considérables la méga- mise en valeur.
i) Dans la steppe, les terres Arch (sur lesquelles les tribus ont un droit d‟usage traditionnel),
qu‟elles soient cultivées ou de parcours, relèvent formellement du domaine privé de l‟État
(Code pastoral de 1975). Les habitants de la steppe distinguent cependant entre les terres
cultivées en céréales pluviales, considérées comme des terres privées, des terres de parcours
considérées comme bien collectif de la tribu.
ii) Le processus d‟appropriation privative informelle en steppe est ancien et son intensité a
augmenté avec la pression démographique et la raréfaction des ressources (Bédrani et al.,
75
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique
1995). Ce processus mettait en concurrence les membres de la tribu qui cherchaient à étendre
leurs terres labourables. Avant les années 1980, le processus d‟appropriation privative
concernait presque exclusivement les terres de labour, mais il s‟est élargi depuis aux terres de
parcours (Daoudi et al., 2015). Le labour en steppe, interdit par le code rural sauf sur les
terres des dépressions (dayas), est au fondement d‟une véritable institution coutumière, selon
laquelle une terre appartient à celui qui la laboure le premier. Aujourd‟hui, par le labour d‟une
mince bande de terre autour d‟une étendue de parcours, des agropasteurs procèdent à
l‟appropriation privative de ces derniers (Gdel).
Les droits sur les terres, labourables ou de parcours, ont également évolué avec le temps.
D‟un simple droit d‟usage, ils intègrent l‟ensemble des « fibres » du faisceau de droits et
revêtent tous les attributs de la propriété au sens « complet » du terme (intégrant en particulier
le droit d‟aliénation) (Daoudi et Colin, 2017). Les agropasteurs n‟hésitent pas à céder les
terres appropriées en location ou en métayage, et dans certains cas, ils les vendent. La vente
des terres Arch, une fois appropriées, s‟est développée vers la fin des années 1980, de façon
induite ou stimulée par la promulgation de la loi sur l‟APFA.
iii) A partir des années 1980, deux politiques publiques ont en effet apportées des
changements : la loi sur l‟APFA et le lancement des programmes de préservation des parcours
et de lutte contre la désertification. À travers ces deux politiques, l‟État fait valoir son droit
sur les terres Arch, d‟une part en prenant le contrôle lorsqu‟il le juge nécessaire par la création
de périmètres de mise en défens (interdiction d‟accès pendant une période déterminée) et de
plantations pastorales, mis sous le contrôle des communes, d‟autre part en changeant l‟usage
des terres par la création de périmètres de mise en valeur agricole dans le cadre de l‟APFA.
Ces deux politiques ont contribué à accélérer le processus d‟appropriation privative des terres
de parcours et leur marchandisation.
Une condition décrite par la loi de l‟APFA mentionnait que la mise en valeur doit
intervenir dans un délai de cinq années après l‟attribution de l‟arrêté de cession (cette
condition reste théorique). Elle s‟entend au sens de mise en culture irriguée de la terre. Elle
peut se faire dans le cadre de périmètres aménagés par l‟État, ou à titre individuel, hors
périmètre. Entre la théorie et la réalité, une large différence est observée. La lourdeur de la
démarche administrative fait que les terres attribuées initialement pour la mise en valeur se
retrouvent dans un état différent de celui prévue au départ de l‟opération APFA, et notamment
concernent les points suivants :
76
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique
La mise en valeur est partielle, avec une partie des terres attribuées qui ont vraiment fait
l‟objet d‟une mise en valeur par l‟irrigation. Jusqu‟à la fin 2013, 25 696 attributaires de
l‟APFA ont bénéficié de 192 120 hectares, pour l‟ensemble des wilayas steppiques. Parmi ces
bénéficiaires, 24 % seulement avaient obtenu jusqu‟à 2013 la levée de la condition résolutoire
(constat de mise en valeur qui ouvre automatiquement la voie à l‟émission du titre de
propriété, même si l‟émission de ce dernier tarde) (ONTA, 2013).
Actuellement, les terres des périmètres de l‟APFA sont rarement exploitées par les
bénéficiaires initiaux, mais a souvent été vendue, via des transactions informelles, à des
acteurs disposant de ressources, avant même l‟aboutissement du processus de mise en valeur
et la délivrance du titre de propriété (Daoudi et Colin, 2017).
iv) A la fin des années 1990, l‟État a engagé un autre programme foncier en steppe et dans le
Sahara (décret n° 97-483 du 15/12/1997), en réalisant des investissements lourds en
infrastructures et en redistribuant les terres aménagées à des exploitants privés (agriculteurs
ou non agriculteurs) avec un droit de concession de 40 ans. Ce programme devait couvrir une
superficie de 276 000 hectares répartis sur 113 périmètres (Bessaoud, 2013). Dans les faits,
les réalisations sont restées modestes.
A propos de la loi de l‟APFA ; première loi de mise en valeur agricole dans l‟histoire
récente de l‟Algérie et à l‟image de la succession des autres lois des différentes politiques
foncières citées précédemment, ainsi que leurs répercussions sur les systèmes de production.
Bourbouze (2000), explique que sur les steppes algériennes, la loi portant sur "l'accès à la
77
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique
propriété foncière agricole" (APFA) est une appropriation officielle des terres du domaine
public, mais qui s‟inscrit dans un climat hostile et dont les résultats sont très décevants :
investissements inadaptés, systèmes non durables. C'est donc au sein même de la société
pastorale que naissent les compétitions sur l'espace entre éleveurs et éleveurs convertis à
l'agriculture. Il n'y a pas ici, comme en Afrique sub-saharienne, conflit entre deux
communautés, l'une d'éleveurs et l'autre d'agriculteurs, mais plutôt émergence au cœur d'un
même groupe de stratégies divergentes, qui s'expriment le plus souvent par des oppositions
entre grands et petits.
Daoudi et al. (2015) ajoutent que les lois, du foncier agricole, mises en place en steppe
ont permis une légitimation du processus de privatisation des droits de propriété sur les
parcours. Du simple droit d‟usage direct par le pâturage et le labour limité, les agropasteurs
sont passés au droit de tirer profit des parcours sans les exploiter directement,
par la mise en location ou la fructification à travers l‟association, pour aboutir au droit de
l‟aliénation, par le don ou la vente. Donc, dans la mesure où tout le monde essaie de tirer
profit des terres qui lui appartiennent, les nouvelles formes d‟accès aux parcours sont : l‟accès
direct (propres aux parcours), l‟association avec un ayant droit, la location, et même la vente
de parcours (Daoudi et Colin, 2017).
Dans le passé, sur le territoire steppique, la propriété des terres était tribale et collective,
avec un droit d‟usage individuel sur les terres labourables et un usage collectif des parcours.
Chaque tribu avait un droit de gestion et d‟usage sur les territoires qui lui était reconnu, où
tous les membres de la tribu avaient un droit d‟usage des terres selon les règles coutumières
de l‟époque. Les terres labourables étaient attribuées aux familles qui composent la tribu selon
des considérations sociales (statut social des familles), qui avaient même le droit d‟aliénation
aux descendants. Concernant les terres de parcours, tous les membres de la tribu avaient le
droit de pâturage les terres de parcours qui appartiennent à la tribu. Les parcours de chaque
tribu étaient donc surveillés par l‟ensemble des éleveurs exploitants, et gérés suivant les règles
coutumières de la tribu. Compte-tenu de l‟importante autorité sociale, tout le monde respectait
78
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique
ces règles. Comme les systèmes d‟élevage étaient basés sur la mobilité des hommes et des
animaux, des formes de couloirs de passage des troupeaux étaient adoptés dans le but de
laisser le passage pour les troupeaux en transhumance vers les zones d‟accueil (le tell et les
parcours présahariens). Ces passages étaient une nécessité pour éviter d‟éventuels conflits
entre les tribus sur le droit de passage. Ce système de gestion du territoire était fonctionnel à
l‟époque pré coloniale française (avant 1830, et surtout 1870).
Depuis cette époque, plusieurs changements ont modifié l‟usage des parcours et des
mobilités sur le territoire steppique. Durant la période coloniale, les procédures de
réglementation de la gestion du territoire algérien ont abouti à une reconnaissance du droit de
propriété collective aux tribus (les terres Arch) sur une partie du territoire, et étatisation de
l‟autre partie (terre domaniales et terres communale). C‟est à partir de cette époque que la
transhumance traditionnelle a commencé à connaître des obstacles administratifs en raison de
réglementation sur les déplacements. Cela a encouragé la sédentarisation de la population
nomade.
Ensuite, à partir des années 1980, l‟appropriation privative des terres de parcours, et
l‟accession à la propriété foncière agricole ont changés les droits d‟exploitation des terres
steppiques du simple droit d‟usage vers un droit de propriété étendu. Depuis, la compétition
entre les cultures et la pâture des animaux sur les terres steppiques pastorales a eu lieu. Ces
dispositions ont eu pour conséquence d‟exacerber le phénomène de sédentarisation et on
rendu plus difficile les déplacements des transhumances. Les changements d‟occupation du
territoire ont été accompagnés par des bouleversements de l‟organisation sociale et du mode
de vie. Daoudi et al, (2015) avancent que sous l‟effet conjugué de la sédentarisation des
populations, de la croissance démographique et du relâchement concernant la protection des
terres de parcours des labours illicites, il existe depuis quarante ans une importante
accélération du processus d‟appropriation privative des terres de parcours collectifs
steppiques.
79
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique
L‟extension de l‟agriculture dans la steppe a un double effet sur les mouvements des
transhumances ; i) L‟émergence de l‟exploitation agricole dispersée à travers les parcours
entrave les troupeaux pour traverser la steppe vers les zones d‟accueil (le Tell et les parcours
présahariens). Ainsi, les éleveurs sont obligés d‟utiliser les moyens de locomotion mécanique
(les camions), synonyme de charges supplémentaires. ii) Le développement des cultures
fourragères surtout, en irrigué assure une bonne partie de l‟alimentation des animaux. De ce
fait, la transhumance traditionnelle est en régression, et des nouvelles formes de mobilités
locales sont apparues.
En conséquence, les parcours sont passés du simple droit d‟usage collectif à une
exploitation individuelle, même pour les ayants droits sans cheptel. L‟accès direct (propres
aux parcours), l‟association avec un ayant droit, la location, et même la vente de parcours sont
les nouvelles formes d‟accès aux parcours. Tout le monde essaye de tirer profil des terres qui
lui appartiennent. Dans ces conditions de gestion du territoire, de nouvelles relations sociales
apparaissent entre les différents exploitants dans le but de bénéfice mutuel (éleveurs,
céréaliculteurs, agriculteurs, agro-pasteurs). La dynamique des flux alimentaires et financiers
entre les différents exploitants sont fonction des besoins et des conjonctures qui relève d‟un
contexte où le paiement des ressources alimentaires devient une règle générale. En
80
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique
Même dans la zone d‟accueil des transhumances au Nord pour les chaumes (les zones
céréalières du Tell), la tendance à la monétarisation des ressources alimentaires peuvent
engendrer des négociations de plus en plus délicates entre les exploitants. Certaines bonnes
relations sociales entre les éleveurs en transhumance de la steppe et les céréaliculteurs du Tell
sont transmises de génération en génération, et peuvent consolider des liens sociaux qui se
traduisent parfois par des mariages. Ces relations restent toujours fonctionnelles à nos jours,
qui ont permis la gratification de l‟exploitation des pâtures (chaumes et jachères), le cas
échéant une réduction de prix de location des pâtures. En générale, avoir des bonnes relations
avec les céréaliculteurs constitue toujours un avantage pour les éleveurs transhumants.
Par ailleurs, l‟accès aux parcours présahariens reste libre pour le moment, mais, la
monétarisation pourrait advenir pour ce type de ressource, dans un climat de recherche
permanent d‟appropriation des terres par les tribus disposant d‟un ayant droit. Il s‟avère que
certaines terres présahariennes prennent de la valeur, notamment par une mise en culture ou
une installation industrielle (comme pour l‟installation des cultures sous serres ou de
palmeraies dans le territoire de la région de Biskra). Dans ce cas, les conflits d‟exploitation du
territoire entre éleveurs et les autres exploitants du territoire pourraient avoir lieu. Donc, les
relations des éleveurs avec les autres exploitants des territoires pendulent entre le bénéfice
mutuel et la concurrence d‟exploitation des ressources.
81
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique
transhumance permet de réduire les charges de l‟élevage par des pâtures moins chères. Les
coûts des produits évoluent certainement avec le temps, mais le rapport entre les coûts de
production évolué dans la même allure. Il est donc estimé ainsi :
Bourbouze (2006), signale que cette stratégie ne peut opérer et être économiquement
viable que si le rapport de prix : « kg poids vif d’agneau / kg d’orge » reste en toutes
circonstances bien supérieur à 10. Il considère cette règle par le fait qu‟il faut à peine 10 kg
d‟orge pour faire 1 kg de croît à l‟échelle de tout le troupeau. Appliquant cette règle dans les
conditions économiques actuelles :
Sur les marchés, les bêtes sont vendues sur pièce et pas en ayant le poids vif. Le poids
vif est donc estimé. Le prix d‟un kilo de viande d‟agneau est de l‟ordre de 1 200 DA, et avec
un rendement de carcasse de 52 % (Benyounes et al, 2015) pour la race Ouled Djellal. Donc,
le prix d‟un kilo de poids vif d‟agneau est égale à : 1 200 × 0,52 = 624 DA. Le prix d‟un kilo
d‟orge est de 37 DA (a raison de 3700 DA/quintal ; prix maximum recensé). Le rapport de
prix sera donc de l‟ordre de 16,86, supérieur à 10. Ce qui rend la stratégie économique de
capitalisation/décapitalisation toujours viable. Cette stratégie est l‟un des mécanismes de
résilience permettant la sauvegarde de l‟activité de l‟élevage en mobilisant le capital animal
suivant le besoin alimentaire du troupeau.
82
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique
douanières sur les viandes rouges importées comme mesure pour protéger l‟activité des
éleveurs locaux.
Le constat de la situation des systèmes d‟élevage actuels, laisse remarquer une tendance
vers une complémentarité territoriale inversé ; c’est plutôt les aliments qui sont transportés
vers les animaux. Les ressources alimentaires locales ne couvrent plus la totalité des besoins
du cheptel. Un bilan fourrager de la région d‟étude, réalisé par Hadbaoui et Senoussi (2016),
laisse découvrir que seulement 28,57 % des besoins du cheptel animal de la région (ovin,
caprin, bovin, et camelin), sont couvert par les ressources alimentaires locales. La grande
partie des aliments provient donc des zones hors steppiques, surtout des zones telliennes
céréalières (foins, pailles, céréales fourragers en grains…etc.). Cette tendance plutôt
généralisée par les élevages steppiques, contribue considérablement à la diminution des
mouvements de transhumance, et indirectement au maintien d‟une charge animale trop élevée
sur les parcours.
Les photos suivantes montrent des différentes façons d‟exploitation des terres de
parcours dans la région de M‟Sila.
83
Epistémologie et contexte de l’étude Systèmes d’élevage et gestion du territoire steppique
Photo N° 1: Parcours dégradé par surcharge animale. Photo N°2 : Parcours de dégradation
(Peganum harmala).
Photo N°3 : Exploitation agricole en plein parcours. Photo N°4 : Pâturage d’un troupeau sur chaumes locales.
Photo N°5 : Installation des serres pour l’aviculture Photo N°6 : Parcours familial exploité collectivement.
en plein parcours.
84
Démarche investigatrice Méthodologie et objectifs de travail
L‟objet d‟étude porte principalement sur les stratégies d‟adaptation des éleveurs pour
arriver à nourrir leurs animaux, les vulnérabilités et leurs capacités de résilience qui s‟avèrent
très liés aux systèmes d‟alimentation des animaux.
La caractérisation des systèmes d‟élevage ovins existants dans la région d‟étude, surtout en
matière de conduite alimentaire, outre de l‟aspect organisationnel des exploitations ;
85
Démarche investigatrice Méthodologie et objectifs de travail
L‟identification des différentes stratégies de résilience des élevages vis-à-vis des différentes
contraintes et aléas.
Dans le but d'analyser la dynamique d'un système, l'étude historique n'est pas une fin en
soi, mais c'est un moyen essentiel pour saisir l'évolution des conditions d'existence des
systèmes d‟élevage et de comprendre les processus qui sont à la base de cette évolution. Ce
sont entre autres :
86
Démarche investigatrice Méthodologie et objectifs de travail
Par ailleurs, pour la réalisation de cette étude, nous avons opté pour le choix de la région
(Wilaya/préfecture) de M‟Sila (carte N°7). Un choix qui repose sur des critères ayant trait
aux potentialités pastorales et environnementales, qu‟on peut résumer selon les éléments
suivants :
L‟importance des espaces pastoraux et des effectifs ovins, estimés respectivement à 1 million
d‟hectare de parcours et 1,65 millions de têtes ovines. C‟est précisément au regard de ses
potentialités pastorales et de son patrimoine ovin (5ème au niveau national) que M‟Sila est
considéré comme région pilote du fait qu‟elle produit 23 066 tonnes.an-1 de viande ovine
(DSA de M’Sila, 2018).
La région de M‟Sila, à l‟image du reste des zones steppiques, est très éloquente en matière de
tradition d‟élevage ovin. Là où l‟activité de l‟élevage des ovins a fait vivre depuis l‟antiquité
toute une population steppique (Bencherif, 2018) ;
Les parcours dans la région de M‟Sila se situent dans la zone la plus touchée par le
phénomène de dégradation où 73 % des parcours sont présumés dégradés (HCDS, 2010) et
restent sujet à la désertification (Senoussi et al., 2014). L‟état alarmant des parcours de cette
zone nécessite une intervention basée sur des études d‟impact permettant d‟analyser la réalité
du contexte. Dès lors que la présente étude s‟inscrit dans cette logique de réflexion.
87
Démarche investigatrice Méthodologie et objectifs de travail
• Quel que soit le type de système, son étude comprendra deux parties, d'une part,
l'identification de sa structure, c'est-à-dire ses limites, la caractérisation des éléments qui le
composent et leurs relations, sa localisation spatio-temporelle. D'autre part, l'étude de son
fonctionnement, c'est à dire celui des relations, des interactions qui s'établissent entre les
différents éléments du système et son environnement ;
• Les relations, les interactions entre les différents éléments d'un système sont souvent
difficiles à décrire. Il est alors intéressant d'utiliser des méthodes de représentations,
permettant de comprendre l'articulation, le jeu des relations entre différents éléments, de
dégager des tendances et des hypothèses d'évolution ;
• Un système n'est pas une structure stable, c'est une structure dynamique, qui s'autorégule par
un ajustement permanent des relations entre ses différents éléments. C'est également une
structure qui évolue et se transforme constamment par la modification interne de ses propres
éléments et le jeu des interactions avec l'extérieur.
Car un système est un objet complexe, formé de composants distincts reliés entre eux
par un certain nombre de relations. Les composants sont considérés comme des sous-
systèmes, ce qui signifie qu‟ils entrent dans la même catégorie d‟entités que les ensembles
auxquels ils appartiennent. Un sous-système peut être décomposé à son tour en sous-systèmes
88
Démarche investigatrice Méthodologie et objectifs de travail
d‟ordre inférieur ou être traité (au moins provisoirement) comme un système indécomposable,
c‟est-à-dire comme un système réduit à un seul élément. L‟idée essentielle est que le système
possède un degré de complexité plus grand que ses parties, autrement dit qu‟il possède des
propriétés irréductibles à celles de ses composants. Cette irréductibilité doit être attribuée à la
présence des relations qui unissent les composants. On pourra donc parler à ce propos de
relations définissantes. Les propriétés globales les plus intéressantes d‟un système sont celles
qui ont trait à son comportement évolutif. On suppose que l‟évolution d‟un système est
conditionnée à la fois par les modifications internes qui peuvent affecter les composants ou
les relations définissantes et par les interactions qui peuvent s‟établir entre le système et son
environnement. Au cours de son évolution, un système peut conserver une certaine stabilité ;
il peut aussi se transformer soit dans le sens de la désagrégation, soit dans le sens d‟une plus
haute intégration (Encyclopédie Universalis, 2006).
Un échantillon de 100 éleveurs a été retenu pour réaliser des entretiens semi directifs.
Ce travail d‟enquête a été complémenté par l‟obtention de statistiques et de rapports technico-
administratifs auprès de différents organismes responsables de la gestion de la steppe (DSA,
HCDS, ONM, ….etc.). Les investigations de terrain, grâce à des traitements et interprétation
89
Démarche investigatrice Méthodologie et objectifs de travail
Le mode d'exploitation se traduit par une certaine structuration de l'espace, dont nous
chercherons à repérer les principales caractéristiques. Pour exploiter le milieu, le groupe
social dispose de moyens de production (terre, main-d‟œuvre, capital, cheptel) ; nous les
caractériserons et porterons un jugement sur leur disponibilité. Il faudra dès lors repérer les
conditions de mobilisation de ces moyens de production : accession à la ressource, mode
d'accumulation etc. La combinaison des moyens de production concourt à la mise en œuvre
d'une production agricole végétale et animale. Nous chercherons à identifier les
caractéristiques prédominantes du système technique de production. Nous définirons les
fonctions des animaux, leur mode de conduite, leur productivité et nous nous attacherons à
montrer les liens existants avec le système technique de production végétale, les conditions
écologiques et le système économique. Il faudra enfin analyser la destination de la production,
en termes de vente, autoconsommation, mode de valorisation (transformation), conservation.
90
Démarche investigatrice Méthodologie et objectifs de travail
En définitif, il est important de préciser que toutes les observations, les remarques que
nous pourrons relever devront être restituées par rapport aux objectifs dominants du groupe
social. C'est de la qualité des matériaux collectés que dépendra la qualité de l'analyse et du
jugement. Le questionnaire est appelé à être expérimenté lors d'une phase test. Ce test nous
permettra de juger de l'adéquation des questions posées à la réalité du terrain. Par les réponses
obtenues, nous pourrons voir si elles nous permettent de comprendre les pratiques les plus
communes et leurs déterminants. Il nous faudra d'autre part vérifier si nos questions sont bien
assimilées par nos interlocuteurs.
• De commencer par expliquer aux producteurs dans quel contexte institutionnel nous nous
situons, et le but de la recherche ;
• D'établir une progression dans les questions afin que le producteur ne se sente pas espionné,
et de débuter par des questions peu impliquantes, le thème qui nous semble le plus approprié
pour créer un climat de confiance, est celui de l'historique ;
Quant aux informations recueillies depuis le terrain (entretiens avec les éleveurs et
responsables locaux), elles ont permis d‟appréhender les pratiques d‟éleveurs en relation avec
les conditions de la zone considérée, outre de la constitution d‟un fonds documentaire et des
états statistiques relatifs à la steppe algérienne d‟une manière générale et particulièrement
celle de la région de M‟Sila.
91
Démarche investigatrice Méthodologie et objectifs de travail
Les critères susceptibles d'être retenus peuvent être, des éléments du milieu biophysique
(climat, sol, morpho-pédologie, topographie, hydrographie, végétation spontanée, etc.), des
composants socio-économiques (tribu, densité de la population, infrastructures, proximité d'un
marché... etc.), ou des indicateurs du mode d'exploitation (types de cultures dominantes,
spéculations introduites, occupation du sol entre autres.). C‟est une liste qui n'est pas
exhaustive, des critères plus pertinents ont été choisis, selon les situations qui se sont
présentées, à titre d'exemple, des indicateurs de pratiques techniques, économiques, sociales si
l'information est disponible sur l'ensemble de la région. Le choix des critères a été fait à partir
des données existantes (bibliographie, cartographie) ou bien de l'avis des responsables du
développement, des chercheurs, d'informateurs locaux et de toute autre personne ayant une
bonne connaissance de la région.
92
Démarche investigatrice Méthodologie et objectifs de travail
Les pré-enquêtes ont permet de tester et ajuster le questionnaire à travers lequel a été
approché l‟échantillon d‟acteurs dans la perspective d‟estimer et d‟évaluer le contenu de la
trame d‟entretien, en termes de clarté, d‟assimilation des questions posées à l‟égard de nos
interlocuteurs. Nous avons effectué des réajustements sur la forme des questions, leur
chronologie, les aspects abordés, d‟éliminer les questions ambiguës ou refusées, de repérer les
omissions, de juger de l‟ampleur et de la réceptivité du questionnaire (trop long, ennuyeux,
indiscret,… etc.). En d‟autres termes, l‟objectif de cette phase réside dans l‟adaptation du
93
Démarche investigatrice Méthodologie et objectifs de travail
lexique pastoral local (annexe N°1), outre des unités de références utilisées et ce, pour mieux
cerner les différents aspects en relation avec la thématique.
I.3.5. Echantillonnage
L‟enquête proprement dite ne s‟est pas limitée uniquement aux interviews mais
ponctuée par des tours et observations avec nos interlocuteurs alors que les entretiens ont été
entrepris auprès de 100 éleveurs et agro-éleveurs, répartis sur les vingt (20) communes ayant
fait l‟objet d‟entretiens. Ce sont des acteurs représentants des différents systèmes d'élevage
rencontrés dans la région de M‟Sila. Cela nous a permis des saisir des informations d‟éleveurs
ayant des stratégies diverses en matière de conduite d‟élevage ovin et d‟autre part
d‟appréhender les pratiques en termes d‟exploitation et de gestion des troupeaux et de
l‟espace (tableau N°5).
N° d'éleveurs N° d'éleveurs
Commune % Commune %
approchés approchés
Ain Meleh 13 13% Maârif 4 4%
Bir Fodda 10 10% Slim 3 3%
Ain Fares 5 5% M'cif 5 5%
Sidi M'Hamed 8 8% Medjedel 5 5%
Ain Irrich 10 10% Tamsa 3 3%
El Hamel 1 1% Mohamed Boudief 4 4%
Djebal M'Saâd 3 3% Ouled Mansour 5 5%
Khobana 5 5% Sidi Aïssa 3 3%
Sidi Ameur 9 9% Sidi Hadjeres 1 1%
Boussaâda 2 2% Ain El Hadjel 1 1%
Nous n‟avons pas pu élargir notre échantillon d‟avantage (+ de 100) pour plus de
représentativité, pour deux principales raisons : i) manque de moyens de déplacement, ii) le
caractère social très réticent des éleveurs de la région vis-à-vis de toutes sortes d‟entretiens.
Lors de chaque entretien il me fallait être accompagné d‟une personne locale de référence
dans chacune des zones visitées. Cette personne constitue une clé essentielle pour établir une
relation de confiance avec les éleveurs interviewés dès la première rencontre et d‟obtenir le
maximum d‟informations et les plus fiables. L‟absence d‟une telle personne dans certaines
zones a constitué un handicap pour l‟accessibilité aux éleveurs au point de limiter notre
échantillon.
94
Démarche investigatrice Méthodologie et objectifs de travail
95
Démarche investigatrice Méthodologie et objectifs de travail
des données, il s‟agit de dépouiller des fiches d‟enquêtes à l'aide de tableaux de contingence
sur lesquels sont reportés thème par thème, indicateur par indicateur, de chaque élevage
enquêté et de chacune des zones visitées. Cette base n‟est autre qu‟un récapitulatif des
informations recueillies, permettant par la même d‟opérer des vérifications et d‟entreprendre
les analyses préliminaires via l‟outil statistique par variables ou groupes de variables.
L'analyse repose sur la comparaison des différentes situations rencontrées. Ces
comparaisons permettent de regrouper les situations aux caractéristiques analogues. Par
contre, dès lors qu'apparaissent des différences entre situations (règles et pratiques sociales,
économiques et techniques mises en œuvre), il convient de les étudier et de les expliquer.
Cette explication passe par l'étude des relations, des interactions entre les composantes du
milieu physique et de l'environnement économique, des différents modes d'organisation
sociale, les conditions de mobilisation des moyens de production et les systèmes techniques
de production adoptés.
Le recours à l‟outil statistique (Excel et ELSTAT), permet d‟avoir une représentation du
réel de manière tangible. En effet, le traitement de données recueillies depuis le terrain permet
de mettre en évidence la variabilité des situations rencontrées. En d‟autres termes, il permet
d‟étudier leur ressemblances et différence. Le recours à cet outil a permis d‟obtenir les
résultats qui vont être présentés ultérieurement. C‟est la procédure qui répond le mieux aux
objectifs de assignés par la présente recherche.
A partir des bases de données nous avons procédé à des analyses en composantes
principales (ACP). Il s‟agit d‟une méthode d‟analyse multi-variée appliquée sur des données
quantitatives, dans le but de visualiser la projection des individus et des variables sur les axes
factoriels de variations, ainsi que les corrélations entre ces dernières. Une classification des
éleveurs, basée sur la similarité a été nécessaire pour faciliter l‟interprétation des résultats,
cela a été réalisé par une classification ascendante hiérarchique (C.A.H.).
Par ailleurs, en guise d‟outils supplémentaires adoptés dans la perspective de
caractériser les différentes typologies des acteurs enquêtés, nous avons eu recours aux tests
ANOVA, suivis par un test de Fisher de comparaison par pairs Ils ont été opérés pour
comparer les différents paramètres des classes issues des analyses précédentes. Chose qui
nous a permis de situer la différence entre les typologies identifiées après classification
automatique.
La démarche investigatrice empruntée est synthétisée à travers la figure N°22.
96
Démarche investigatrice Méthodologie et objectifs de travail
Recherche bibliographique
Personnes ressources
Pré-enquête
Ain Meleh Bir Fodda Zones Représentatives Ain Fares Sidi M'Hamed
Ain Irrich El Hamel Djebal M'Saâd Khobana Sidi Ameur Boussaâda Maârif Slim
M'cif Medjede Tamsa Med Boudief Ouled Mansour Sidi Aïssa Sidi Hadjeres Ain El Hadjel
Diagnostic
Conclusion
97
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude
98
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude
99
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude
II.2.1.2- Sol
Selon le rapport établi par la DSA de M‟Sila (2018), du Nord au Sud, cinq grandes
zones pédologiques caractérisent M‟Sila :
i) Une zone de montagne xérique avec des reliefs qui dépassent parfois 1 900 m d‟altitude.
Les sols sont des minéraux bruts d‟érosion en association avec des sols bruns calcaires. Ils ne
sont pas aptes à l‟agriculture compte tenu de leur faible profondeur et leur relief. Ils
constituent un substrat des forêts et des zones de reboisement. Néanmoins, des dépressions se
forment dans cette zone, notamment avec des sols plus profonds, et bien structurés, et qui
peuvent être exploités pour l‟agriculture ;
ii) Une zone steppique de dépôts quaternaires anciens et moyens avec des reliefs compris
entre 400 et 1 000 m d‟altitude avec succession de glacis à composition granulométrique et
chimique différentes. Les sols sont de groupe sierozems sur croûte calcaire à encroûtement et
à nodules calcaires. On trouve également des sols gypseux, minéraux bruts d‟érosion et peu
évolués ;
iii) Une zone steppique de dépôts alluviaux récents avec des passages plats et une altitude de
400 à 500 m. Les sols sont surtout peu évolués, d‟apport alluvial en différents degrés affectés
par des sels ;
100
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude
iv) Une zone subdésertique sableuse avec des dunes de sable. Elle est située au sud du chott El
Hodna avec une altitude de 400 à 600 m, et des microreliefs ondulés dus à la présence de
dunes et de sebkhas. Deux types de sols sont présents dans cette zone : le plus répandu est à
texture minérale, et l‟autre à texture moyenne ou variable en profondeur ;
Hormis les dépressions et dayas, la moitié des terres de la superficie agricole totale
(S.A.T) de la Wilaya est composée de sols squelettiques, sensibles à la dégradation et qui ne
sont pas aptes à l‟agriculture.
II.2.1.3- Hydrologie
Le territoire de la wilaya de M‟Sila est un immense bassin versant qui reçoit le flux
pluvial grâce aux différents Oueds qui sont alimentés à partir des bassins versants de la
Wilaya et ceux des wilayas limitrophes particulièrement celles du Nord (Bouira et Borj Bou
Arrerij). Les services de la DSA de M‟Sila (2018), ont mentionnés que les
capacités hydriques sont estimées à 540 millions de m3 dont 320 millions de m3 en eaux
superficielles (soit 59,25% de la capacité totale), et 220 millions de m3 en eaux souterraines
(soit 40,75%).
II.2.1.3.1- Oueds
Le réseau hydrographique est constitué de nombreux Oueds dont les plus importants
sont : Oued El Lahem, Oued El Ksob, Oued M‟cif, Oued M‟Sila, Oued Maïtar, et Oued
Boussaâda, dont la plupart se jettent au chott El Hodna (DSA de M’Sila, 2018).
i) Nappe phréatique : peu exploitée car ces eaux sont très chargées et saumâtres ;
101
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude
ii) Nappes profondes : dont les plus importantes est la captive du Hodna (133 millions
m3/an) et d’Ain Irrich au Sud de la Wilaya (8 millions m3/an).
Le volume d‟eau mobilisée pour l‟irrigation est estimé à 151 millions de m3, réparti
respectivement entre les eaux superficielles avec 35 millions de m3, et les eaux souterraines
avec 116 millions de m3. Les ressources hydriques destinées à l‟agriculture sont donc
importantes et constituées principalement par (DSA de M’Sila, 2018) :
i) Un barrage (El Ksob) avec un volume mobilisé de 29 millions m3/an, qui irrigue 4 840 ha ;
ii) Des forages au nombre de 4 520 ;
iii) Des puits au nombre de 2 600 ;
iv) Des retenues collinaires au nombre de 5, d‟une capacité totale de 1,6 millions m3/an ;
v) Et enfin d'autres sources naturelles qui irriguent environ 5000 ha.
102
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude
Les données climatiques exploitées s‟étalent sur une période allant de 1981 jusqu‟au
2020, Issues du site infoclimat.fr et de la station météorologique de M‟Sila (SMM), située sur
la sortie Sud de la ville de M‟Sila.
II.2.2.1- Températures
Les températures les plus élevées sont enregistrées en été, et celles les plus basses en
hiver (Figure 22). Les températures les plus élevées sont celles du mois de juillet avec 31,8°C
pour la T° moyenne, et 46,2°C comme la T° maximale extrême enregistrée. Tandis que, les
températures hivernales les plus basses sont enregistrées durant les mois janvier, notamment
avec une T° moyenne de l‟ordre de 9°C, et une T° minima moyenne de 3,3°C, qui peut
atteindre en extrême les -9,3°C (figure N°24).
103
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude
25
22,8
20
Précipitation (mm)
15
10
5,2
5
0
janv fev mars avril mai juin juil aout sept oct nov dec
350 328
300
Précipitation (mm)
250
200
150
100
60
50
0
2004
1981
1982
1983
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
104
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude
35 70
30 60
25 50
20 40
Précipitation (mm)
Température (°C )
15 Saison sèche 30
10 20
5 10
0 0
Jan Fev Mar Avr Mai Juin Juil Août Sept Octo Nov Dec
moyenne T°C moyenne précipitation
Source : SMM + infoclimat.fr, 2020.
Figure N°27: Diagramme ombrothermique de Bagnouls et Gaussen de la région de M’Sila.
75
Humidité relative (%)
65
55
45
35
Jan Fev Mar Avr Mai Juin Juil Août Sept Octo Nov Dec
II.2.2.4- Vents
En général, les vents ont une vitesse faible à modérée, et ne dépassent pas 5,49 m/s. Les
vents dominants, de l‟hiver et du printemps, sont de direction Nord-Ouest relativement
humides. Ceux de l‟été soufflant de l‟Est sont chauds et secs, et parfois accompagnés de
sable.
105
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude
II.2.2.5- Insolation
Les rayonnements solaires atteignant le sol ont un impact important sur le monde
animal et végétal. La durée d‟insolation moyenne est de 8,5 heures par jour et le nombre
moyen annuel d‟heures d‟ensoleillement s‟élève à 3 099 heures.an-1. La durée d‟insolation la
plus longue est celle du mois de juillet avec 11,1 heures.j-1, alors que la durée la plus courte
est relevée au mois de décembre (5,6 heures.j-1).
350
330
310
290
270
Heurs
250
230
210
190
170
150
II.2.2.6- Evaporation
L‟évaporation est influencée essentiellement par la température. Elle est très importante
en été et relativement faible en hiver, respectivement 399 mm au mois de juillet et 88 mm
durant le mois de décembre (Figure N°30).
450
400
350
Evaporation (mm)
300
250
200
150
100
50
Jan Fev Mar Avr Mai Juin Juil Août Sept Octo Nov Dec
106
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude
II.2.2.7- Gelées
Les dégâts causés aux cultures par les gelées sont à l‟origine des pertes de rendements.
Le nombre annuel de jours de gelée est relativement important dans la région de M‟Sila. Il
varie entre 3 à 39 jours.an-1, avec une moyenne annuelle qui est de l‟ordre de 10,9 jours.an-1
Durant le mois de janvier, le nombre de jours de gelée est le plus important (5,5 jours en
moyenne). Les gelées printanières sont présentes durant le mois de mars (0,8 jour en
moyenne), alors que les plus tardives causent d‟énormes pertes aux cultures (Figure N°31).
3
Jours
0
Jan Fev Mar Avr Mai Juin Juil Août Sept Octo Nov Dec
II.2.2.8- Grêle
Les chutes de grêle sont souvent rares, mais lorsqu‟elles tombent, elles peuvent
provoquer de grands dégâts aux cultures, surtout si elles coïncident avec la période de
fructification ou de maturation des cultures. La moyenne annuelle du nombre de jours de grêle
est de l‟ordre de 1,9 jour.an-1, elles apparaissent avec l‟arrivée des pluies printanière et
automnale et précisément pendant les mois d‟avril et septembre.
II.2.2.9- Conclusion
Les caractéristiques du climat de la région de M‟Sila peuvent être résumées dans les
points suivants :
- Les températures sont élevées en été notamment en juillet, avec 31,8°C en moyenne, et
basses en hiver, surtout aux mois de décembre et janvier, avec 9°C en moyenne ;
- La pluviométrie est faible et irrégulière avec une moyenne annuelle de 163 mm ;
- L‟humidité relative est élevée en novembre, décembre et janvier, avec un pic de 77,5 % et
s‟abaisse à 36,5 % en juillet ;
107
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude
Les caractéristiques climatiques de la région de M‟Sila montre les limites naturelles des
activités d‟exploitation agricoles pouvant être mises sur place. La faible pluviométrie, et les
orages, constituent le principal facteur limitant la mise en culture. Les températures élevées
engendrent une importante évaporation, ce qui nécessite l‟apport de grandes quantités d‟eau,
ce qui nécessite l‟installation de système d‟irrigation. Les risques de gelées et de la grêle, sont
108
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude
limités, mais demeurent des facteurs à prendre en compte pour l‟agriculture notamment pour
l‟arboriculture fruitière et l‟élevage.
II.3.1- Population
La population totale de la wilaya de M‟Sila a quadruplée en l‟espace d‟un demi-siècle.
Elle est passée de 302 305 habitants en 1966 à 1 226 405 habitants en 2015, enregistrant ainsi
un taux de croissance annuel moyen de l‟ordre de 6,11 %.
M‟Sila et Boussaâda sont les deux grandes villes qui enregistrent le plus grand nombre
d‟habitants. La population rurale représente 44,15 % du total de la Wilaya, reflétant ainsi le
caractère pastoral de la région. Le tableau N°7 récapitule les principaux indicateurs ayant trait
à la population de M‟Sila.
Population occupée
479 239 habitants
Population active 85,19 %
Population totale
562 553 habitants
1 226 405 habitants Population sans travail
45,87 %
83 314 habitants
14,81 %
Source : DPAT, 2015.
Figure N°32 : Occupation de la population active de la wilaya de M’Sila.
109
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude
135 385
28,25% Agriculture
228 357
Bâtiments et travaux publics et industrie
47,65%
115 497
24,1%
110
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude
(S.A.U)
II.4.2- Agriculture
Plusieurs types d‟agriculture sont pratiquées dans la région de M‟Sila, la céréaliculture
demeure dominante. Des considérations historiques font que les céréales occupent une place
primordiale dans la vie économique des exploitations. Les principales spéculations agricoles
recensées dans la région de M‟Sila sont les suivantes :
II.4.2.1- Céréaliculture
Au titre de la campagne 2018, la céréaliculture occupe la première place des
spéculations végétales pratiquées et l‟orge semble la culture la plus pratiquée avec 9 100 ha
111
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude
récoltée, suivi par le blé dur avec 5 500 ha récoltée. Les superficies récoltées du blé tendre et
de l‟avoine sont plus faibles, avec respectivement 800 ha et 180 ha. Le rendement moyen des
céréales est de l‟ordre de 20,9 quintaux/ha. Quant à la superficie totale emblavée, elle s‟élève
à 62 000 ha, et le taux de récolte de 25 %. Ce taux reste très variable selon la qualité de
l‟année (bonne, moyenne, ou mauvaise). Car une grande partie de la superficie des céréales
emblavées est conduit sans irrigation, ce qui les laisse sous l‟influence directe des
précipitations.
Le tableau N°9 Principaux indicateurs des céréales pratiquées dans la région de M‟Sila.
Superficie Rendement
Fourrages Production (Qx)
récoltée (ha) (Qx/ha)
Orge vert 10 000 592 000 59,2
Avoine vert 3 400 145 000 42,6
Sorgho 1 300 195 000 150
Luzerne 700 98 000 140
Total fourrages verts 15 400 1 030 000
Céréales reconvertis en fourrages 24 300 243 000 10
Avoine sec 300 5 400 18
Total fourrages secs 24 600 248 400
Total Fourrages 40 000 1 278 400
Source : DSA, 2018.
112
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude
Comme pour les céréales, la production des fourrages dépend beaucoup plus des
précipitations (la qualité de l‟année : bonne, moyenne, mauvaise). Ainsi, la production et les
rendements varient d‟une année à l‟autre.
Les carottes, la pomme de terre et les oignons sont les légumes les plus cultivés,
occupant plus de la moitié de la superficie consacrée aux cultures maraichères et assurant
environ la moitié de la production maraichère globale.
II.4.3- Elevage
L‟élevage est l‟autre partie du secteur agricole ayant une grande importance pour la
région de M‟Sila. Le caractère pastoral de la région donne à l‟élevage une place socio-
économique fondamentale. Dans cette partie les aspects liés à l‟élevage sont présentés : les
effectifs, leurs évolutions, et les productions animales.
113
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude
Le tableau N°11 représente les effectifs des animaux d‟élevages exprimés en têtes
animales et en UGB.
Tableau N°11 : Effectif du cheptel dans la région de M’Sila.
Equivalant
Espèce Catégories Effectif (tête) UGB/espèce (%)
UGB
Brebis 1 070 000
Ovin Béliers 16 000 1 650 000 148 240 78,51 %
Jeunes 564 000
Chèvres 85 400
Caprin Boucs 2 850 140 800 8 834 4,68 %
Chevreaux 52 550
Vaches 25 000
Bovin Jeunes 5 044 32 800 30 435 16,12 %
Autres 2 756
Chamelle 900
Camelin 1 350 1 305 0,69 %
Autres 450
Total 1 824 950 188 814 100 %
Source : DSA, 2018.
Par ailleurs l‟élevage avicole, concentré dans la partie Nord de la région, constitue une
activité non négligeable, avec notamment 855 aviculteurs enregistrés dans toute la région, et
une capacité de production totale de l‟ordre de 3 415 950 sujets (DSA de M’Sila, 2018).
La courbe d‟évolution du cheptel ovin de la Wilaya de M‟Sila montre un
agrandissement des effectifs avec une tendance croissance, à la fois pour les effectifs totaux
que pour les effectifs des brebis. Le coefficient de détermination R² est assez élevé pour les
deux courbes d‟évolution (total ovins et brebis) ; il est de l‟ordre de R²=0,97 et R²=0,85
respectivement pour le total des ovins, et les brebis (Figure N°34).
1 800
Milliers
1 600 R² = 0,79
1 400
1 200
1 000
R² = 0,85
800
600
400
200
-
114
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude
Par ailleurs, les courbes d‟évolution des autres espèces (caprins, bovin et camelins),
montrent différentes tendances d‟évolution avec notamment une augmentation du cheptel
pour les trois types d‟animaux (caprins, bovin et camelins) sur l‟ensemble de la période
mentionnée (1999-2018).
Pour le cheptel caprin, la croissance positive des effectifs était interrompue par une
chute en 2005. Ce déclin des effectifs caprins était vite récupéré par la suite pour atteindre 140
800 têtes en 2018 (Figure N°35). Par ailleurs pour le cheptel bovin, l‟évolution des effectifs
était plus irrégulière. Elle a connue des années d‟augmentation et des années de recul (Figure
N°36). Le bovin reste influencé par la politique publique de développement du bovin laitier,
et les circonstances sanitaires (épidémies animales émergeantes).
150 Caprins
Milliers
140
130
120
110
100
90
80
70
60
34 Bovins
Milliers
32
30
28
26
24
22
20
115
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude
1800
Camelins
1600
1400
1200
1000
800
600
400
La filière avicole assure aussi une quantité de production non négligeable en viandes
blanches, avec 130 000 quintaux, ce qui représente 36 % de toutes viandes confondues
produites dans la région, outre de près 139 000 000 d‟œufs.
En matière de production de lait, la région d‟El Hodna est considérée comme un bassin
laitier par excellence, avec 77,75 millions de litres du lait produits, et un taux de collecte de
41 %. L‟existence de l‟une des plus grandes laiteries à l‟échelle nationale (SARL Hodna Lait)
dans la région témoigne une volonté d‟extension de l‟élevage bovin laitier dans le bassin du
Hodna. Le tableau N°12 résume les productions animales dans la région de M‟Sila.
116
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude
117
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude
La classification des parcours suivant la charge potentielle dévoile que (Tableau N°14):
- Sur une superficie de 466 978 ha, qui représentent 40,87 %, il faut entre 4 et 6 hectares pour
nourrir une tête ovine.
- Les parcours dont la capacité de charge dépassant les 6 hectares/tête ovine représentent
41,41 % des parcours. Par contre, les parcours pouvant avoir une charge potentielle entre 1 et
2 ha/tête ne représentent que 1,51 %.
- Globalement, les parcours de M‟Sila peuvent accueillir à peine 230 000 têtes ovins, avec une
charge moyenne de 5 ha/tête. Tandis que le cheptel ovin seul à l‟époque de l‟étude (en 2010),
est estimé à 1 530 000 têtes, d‟où une charge réelle de 0,75 ha/tête ovine. Or, la charge
animale calculée est 6,7 fois la charge potentielle des parcours, ce qui explique le degré de
surcharge sur les parcours, ce qui induit forcement leurs dégradation et la nécessité de trouver
d‟autres ressources. Le tableau N°14 récapitule l‟état des parcours de la Wilaya de M‟Sila.
Classe de
Superficie Classe de charge Superficie
Etat phytomasse % %
(ha) (ha/ovin) (ha)
(Kg MS/ha)
Très bon 1400> / / 1<x≤2 17 213 1,51 %
Bon 1400-1100 201 265 17,62 % 2<x≤4 185 243 16,21 %
Moyen 1100-800 102 020 8,93 % 4< x ≤ 6 466 978 40,87 %
Dégradé 800-500 102 799 9,00 % 6<x≤8 196 648 17,21 %
Très dégradé <500 736 413 64,46 % x>8 276 415 24,19 %
Total 1 142 497 100 % 1 142 497 100 %
Source : HCDS, 2010.
En résumé, 73,45% des parcours de la Wilaya de M‟Sila sont présumés dégradés, dont
64,46% sont très dégradés. Ce qui sous-entend une situation fort alarmante des écosystèmes
steppiques. Toutefois, la carte N°12 situe la localisation des différentes classes de parcours
dans la Wilaya de M‟Sila.
118
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude
119
Démarche investigatrice Synthèse monographique de la région d’étude
Malgré ces travaux d‟aménagement, l‟abreuvement sur certaines zones de pâturage reste
difficile, par absence totale ou bien la défaillance des points d‟eau. Cela amène des éleveurs à
se concentrent aux alentours des points d‟eau, ce qui provoque un surpâturage des parcours
avoisinants.
Remarque : dans la région de M‟Sila, une grande partie des éleveurs exploitent les
multiples sources d‟irrigation pour l‟abreuvement de leurs troupeaux. Ces derniers sont
estimés à 4520 forages agricoles et 2 600 puits (DSA de M’Sila, 2018). Sauf pour les
parcours lointains, où pendant les déplacements des troupeaux (les transhumances).
120
Résultats et discussion Structure et composition des troupeaux
Dans cette partie d‟étude sont traités six chapitres relatifs aux différentes pratiques de
gestion technique et d‟organisation de l‟élevage ovin dans la région de M‟Sila. Au terme de
cette partie, une synthèse des différentes stratégies, en termes de flexibilité ou de vulnérabilité
de l‟élevage, sont mises en évidence.
Avant d‟initier toutes les analyses approfondies sur les exploitations d‟élevages ovins, il
nous apparait essentiel de caractériser la structure globale des activités agricoles pratiquées au
sein de ces exploitations. Cela permet de constituer un schéma général sur les façons de faire
des éleveurs ovins dans la région et de comprendre les analyses les plus détaillées.
Les éleveurs des classes II et III, possèdent des troupeaux dont la taille est comprise
entre 101 et 500 têtes. Ils constituent conjointement la plus grande partie de notre échantillon,
soit 74 % de l‟ensemble des éleveurs interviewés.
121
Résultats et discussion Structure et composition des troupeaux
Tableau N°15 : Classes des éleveurs enquêtés selon la taille du troupeau possédé.
Nombre Taille
Nombre
Classes (%) total (%) moyenne
d'éleveurs
d'ovins (tête/éleveur)
Classe I : ≤ à100 têtes 17 17 % 1 283 4% 75 ± 12
Classe II : [101-200 têtes] 35 35 % 5 436 18 % 155 ± 23
Classe III : [201-500 têtes] 39 39 % 11 815 39 % 303 ± 65
Classe IV : [501-1950 têtes] 9 9% 11 813 39 % 1 313 ± 401
Total 100 100 % 30 347 100 %
1) d‟un capital animal stable dont la variation annuelle reste très faible ; ce sont les brebis et
les antenaises (femelles reproductrices), et les béliers (mâles reproducteurs), il s‟agit du
capital reproducteur de l‟élevage.
2) d‟un capital animal variable dont les effectifs varient au cours de l‟année. Il s‟agit
respectivement d‟agneaux, d‟agnelles et des animaux d‟embouche (antenais), dont la
proportion est influencée par plusieurs facteurs technico-économiques du troupeau. Il s‟agit
de la progression du troupeau en termes de gestion du troupeau via :
ii) Le décroissement : périodes des ventes potentielles (Après sevrage des agneaux,
Ramadhan, fête d‟El Aïd El Kabir).
La composition d‟un troupeau ne reflète qu‟une image de la structure dans une période
de l‟année. La figure N°38 résume la structure des troupeaux durant la période estivale, en
plein période de vente des sujets engraissés pour la fête d‟El Aïd El Kabir, où les animaux
d‟embouche ont été pour moitié vendus. Raison pour laquelle cette dernière catégorie ne
constitue que 13,5 % des troupeaux du total enquêté.
122
Résultats et discussion Structure et composition des troupeaux
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
Unité: Tête
Reproductrices (brebis + antenaises) Reproducteurs (béliers)
Animaux d'embouche (antenais) Agneaux (< à 6 mois ou avant sevrage)
Un test ANOVA de comparaison entre les compositions moyennes des quatre classes
d‟éleveurs permet de montrer qu‟il n‟y a pas de différence significative entre les quatre
classes du point de vue composition catégoriale du troupeau. Autrement dit, quel que soit la
taille du troupeau en possession, la structure se ressemble. En effet, durant les investigations
de terrain, la structure générale du troupeau est révélée comme suit : 59,5 % de sujets sont des
femelles reproductrices (48,8 % brebis + 10,7 % antenaises), les mâles reproducteurs
représentent 2,5 %. Tandis que, presque le quart (24,5 %) constitué par les jeunes animaux
(agneaux et agnelles). Le reste, soit 14 %, ce sont des animaux d‟embouche (antenais).
Le sexe ratio se ressemble également pour les quatre classes, il est en moyenne de
l‟ordre de 23 femelles pour chaque bélier. Techniquement acceptable, ce rapport avoisine
celui recommandé pour un élevage extensif qui est de 1 mâle pour 25 femelles (Kabbali et
Berger, 1990).
123
Résultats et discussion Structure et composition des troupeaux
La figure N°39 résume les effectifs des petits ruminants de chaque classe d‟éleveurs,
alors que la proportion du caprin est rapportée au nombre total (ovin + caprin), exprimé en
pourcentage.
303
Classe I : ≤ à100 têtes 1 283
19%
595
Classe II : [101-200 têtes] 5 436
10%
1 016
Classe III : [201-500 têtes] 11 815
8%
425
Classe IV : [501-1950 têtes] 11 813
3%
Unité: Tête
Total Ovin Total Caprin
A cet effet, il a été mise en évidence une classification des enquêtés en trois groupes
d‟âge (Figure N°40). Le choix des intervalles d‟âge est basé sur une simple logique ; la
tranche d‟âge [27 et 40 ans] représente les jeunes éleveurs, puis les éleveurs âgés [41 - 60 ans]
et enfin la catégorie des vieux éleveurs [61 - 86 ans].
Près de la moitié des interviewés (47 %) sont âgés entre 41 et 60 ans. Les deux autres
quarts sont partagés entre les jeunes éleveurs (26 %), et les vieux éleveurs (27 %). Par
ailleurs, un test de corrélation de Pearson révèle l‟inexistence de corrélation significative entre
l‟âge de l‟éleveur et la taille du troupeau. Autrement dit, nous pouvons avoir des jeunes
éleveurs détenant un grand troupeau et vice versa.
124
Résultats et discussion Structure et composition des troupeaux
Au regard de ces résultats et des observations de terrain, nous pouvons dire que la
présence de la relève pour l‟activité de l‟élevage est assurée à travers : i) Un fils d‟éleveurs
qui prend une partie du troupeau familial et l‟agrandit avec le temps, ii) Un berger débutant
avec un troupeau de petite taille menée conjointement avec celui du propriétaire pour finir lui-
même propriétaire, iii) Un investisseur qui se lance dans l‟élevage en s‟associant avec un
éleveur.
I.5.1- l’agriculture
La plupart des enquêtés (90 %) s‟adonnent au moins à une forme d‟agriculture, il s‟agit
plutôt d‟agro-éleveur. Le passage vers le mode agro-pastoral est un phénomène relevé par
plusieurs chercheurs dans le milieu steppique (Bencherif, 2011; Senoussi et al.,
2014; Bourbouze, 2018). Le tableau N°16 indique la répartition des terres agricole irriguées
ou sans irrigation (culture pluviale) tenant compte des classes d‟éleveurs définis
précédemment.
Tableau N°16 : Répartition de la superficie agricole exploitée selon les classes d’éleveurs
Superficie
Superficie % superficie % superficie
Classes totale exploitée
moyenne (ha) en irriguée en sec
(ha)
125
Résultats et discussion Structure et composition des troupeaux
Il apparait que la superficie agricole moyenne exploitée augmente avec les classes,
c‟est-à-dire avec la taille du troupeau en possession. Cette tendance est affirmée par un test de
corrélation de Pearson entre la taille du troupeau et la superficie agricole exploitée.
Le test montre une corrélation positivement significative, même si elle n‟est pas forte
(R² = 0,3708) entre les deux variables. Autrement dit, les éleveurs possédant de grands
troupeaux ont tendance à exploiter plus de terre agricole. Chose qui peut s‟expliquer par la
taille du troupeau. Les besoins des animaux vont de pair simultanément avec celle-ci des
moyens de sécurisation. C‟est ainsi que les éleveurs sont contraints d‟exploiter plus de terres
agricoles et de diversifier leurs revenus et par conséquent, l‟augmentation des facteurs de
production (plus de bête, plus de terre, plus de stock, plus de réserves financières…etc.). C‟est
une logique de gestion qui consiste à augmenter la résilience de l‟exploitation agricole par
l‟accumulation de facteurs de production appelée par Kanoun et al. (2017), «Capitaux de
production ».
Dans notre échantillon, il existe une variabilité marquée entre les modes irrigués ou
pluviales d‟une exploitation à une autre. La répartition résulte d‟une multitude de facteurs
socio-économiques propres à chaque exploitation. Globalement, 45,1 % des terres sont
exploitées en irrigué, et 54,9 % sans irrigation.
126
Résultats et discussion Structure et composition des troupeaux
Du total des éleveurs approchés on compte 22 % de ces derniers qui détiennent entre
une vache et 50 têtes, destinées essentiellement à la production laitière. (Tableau N°17).
Tableau N°17 : Répartition des effectifs bovins dans les exploitations enquêtées.
Des suites des investigations, et à dire d‟éleveurs possédant moins de 4 têtes, le but
d‟avoir quelques vaches réside dans la couverture des besoins du ménage en lait, en guise de
substitution du lait de chèvre. Par contre, pour les éleveurs possédant entre 5 et 20 têtes
bovines (10 éleveurs), le but de ce type d‟élevage concerne la production et la
commercialisation du lait. Alors que les 3 éleveurs ayant plus de 21 têtes, ils font de l‟élevage
bovin à vocation bouchère.
127
Résultats et discussion Structure et composition des troupeaux
Dans la région de M‟Sila le camelin est cantonné essentiellement dans les zones
environnantes du Chott El-Hodna, profitant des parcours halophiles mieux valorisés par cet
animal. La carte N°13 montre des lieux l‟existence des dromadaires dans la région de M‟Sila
suivant les statistiques des services agricoles.
D‟autres activités sont aussi recensées, à l‟image de l‟élevage de poulets de chair (un
aviculteur élevant 16 000 sujets), et l‟apiculture (un apiculteur possède 20 ruches). Il s‟agit
d‟exploitations familiales dont les membres se départagent les activités. Le tableau N°18,
résume les pourcentages des éleveurs exerçant une autre activité agricole.
128
Résultats et discussion Structure et composition des troupeaux
129
Résultats et discussion Structure et composition des troupeaux
I.6- Conclusion
Que peut-on déduire de l‟étude relative aux systèmes d‟élevage ovins en termes de
structure et composition des troupeaux ? Les systèmes d‟élevages ovins existants actuellement
ont certaines caractéristiques des systèmes ancestraux (systèmes pastoraux extensifs) à
l‟image de la présence de quelques chèvres dans le troupeau. Cependant, il est à noter des
caractéristiques novatrices notamment par pluriactivité agricole (différentes types de cultures,
élevage bovin, élevage camelin, aviculture, apiculture). Et surtout, il faut souligner la
contribution des cultures pour alimenter les animaux.
Le potentiel ovin se répartit respectivement via les femelles reproductrices à hauteur d‟une
moyenne de 59,5 % du cheptel, et les mâles reproducteurs à hauteur d‟une moyenne de 2,5% ;
Dans 91 % des cas, l‟ovin est souvent associé aux caprins en termes de conduite de l‟élevage.
La présence de la chèvre dans 84 % des cas est destinée pour la satisfaction des besoins du
ménage en protéines animales (lait et viande) ;
Près de la moitié des interviewés, soit 47 %, sont âgés entre 40 et 60 ans, ce qui dénote que la
relève pour l‟activité d‟élevage est assurée respectivement via : la succession familiale, le
débutant berger qui finit par devenir autonome, ou l‟investisseur entrant en partenariat avec
un éleveur.
La pluriactivité agricole est engagée par les éleveurs, notamment à travers l‟association
élevageŔagriculture dans 90 % des cas, alors que 10 % agissent via la pratique d‟autres
spéculations d‟élevage à l‟image du bovin avec 22 %, du camelin avec 5 % puis enfin
l‟aviculture et apiculture avec 1 % chacune.
130
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins
Dans ce chapitre, nous évoquons les résultats obtenus lors de nos investigations sur le
terrain portant sur les conduites et pratiques zootechniques des troupeaux ovin, en termes
d‟alimentation, de reproduction, d‟hygiène et de prophylaxie.
131
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins
Maïs 7% 93%
% des enquêtés
Acheté Acheté + produit Produit Non utilisé
Il apparait que le son de blé est la ressource alimentaire la plus utilisée par tous les
éleveurs, suivi par l‟orge en grain utilisé par 95 % des éleveurs enquêtés. Ensemble, l‟orge et
le son, constituent le mélange le plus utilisé dans la ration des ovins. Le son de blé est
totalement acheté depuis les meuneries. Par ailleurs, l‟orge en grain, pour presque la moitié
des enquêtés (48 %), est produit en partie par les éleveurs et le reste est acheté. La culture de
l‟orge est la culture dominante. Elle est cultivée en irrigué ou en sec. C‟est notamment grâce
au développement de l‟irrigation que la production de l‟orge est devenue plus centrale dans la
vie économique de l‟exploitation agricole. C‟est ainsi que le quart des éleveurs (25 %)
enquêtés, déclarent qu‟ils arrivent à produire la totalité de l‟orge en grain nécessaire pour
leurs troupeaux, alors que seulement 5 % des enquêtés ne recourent pas à l‟orge en grain dans
l‟alimentation des ovins.
Certains éleveurs substituent l‟orge en grain par de la farine de blé tendre périmée
achetée à un prix moins cher que celui de l‟orge en grain ; 2700 DA/Qx (équivalant à 17 €)
contre 3700 DA/Qx (équivalant à 24 €) pour l‟orge en grain. Il s‟agit d‟une pratique illégale,
le recours au blé tendre est subventionné et il est destiné aux boulangeries. Pourtant certains
éleveurs (10 %) saisissent l‟opportunité d‟acquérir un tonnage appréciable de farine de blé
132
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins
tendre à un prix bas et ce, en l‟absence de contrôle systématique des services des fraudes et de
la qualité.
La non disponibilité et le prix élevé rendent l‟usage du maïs très faible (seulement 7 %
des enquêtés) notamment en mélange avec d‟autres composants d‟aliments concentrés (l‟orge
en grain et le son de blé) destinés principalement pour les régimes d‟engraissement.
Il se révèle que les apports en concentrés concernent que des céréales. Cela a pour
conséquence des rations pauvres en protéines et déséquilibrées en matière azotée.
i) Des parcours privatifs issus de la répartition des espaces pastoraux (terre arch) entre
membres de la tribu, là où l‟éleveur a le droit d‟usage.
ii) Des parcours loués à un tiers ayant un droit d‟usage mais ne possède pas de troupeau ; il
loue son droit de parcours. La figure N°42 récapitule la répartition des éleveurs enquêtés
suivant l‟origine des parcours exploités.
La plupart des éleveurs, soit 86 % des cas, déclarent exploiter les parcours pour
alimenter leurs troupeaux et 66 % d‟entre eux font pâturer que leurs propres parcours. 14 %
d‟éleveurs de l‟échantillon enquêté exploitent les parcours qui leurs appartiennent et louent
aussi une partie chez un tiers. Ce sont des éleveurs poussés à la location des parcours au
regard de leur incapacité à couvrir les besoins grandissants de leurs propres cheptels. C‟est le
souvent lors de la transhumance de ces derniers, sur les parcours steppiques, que l‟éleveur à
recours à cette pratique.
133
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins
Non exploité
14%
Loués
Propres
6%
66%
Propres +
loués
14%
134
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins
% des enquêtés
Produit Produit + loué Loué Non exploité
Il apparait que l‟orge en vert est le fourrage le plus utilisé par 80 % des enquêtés, dont la
majeure partie est totalement cultivée par les éleveurs eux-mêmes (68 % des cas). La location
de terres déjà cultivées comme fourrage vert n‟est pas une pratique très répandue, seulement
12 % des enquêtés déclarent louer de l‟orge vert, dont 7 % louent la totalité de la superficie
fourragère. Quant aux surfaces réservées à l‟avoine en vert et à la luzerne, elles ne sont jamais
mises en location mais plutôt destinées pour nourrir leurs propres ovins.
A dire d‟éleveurs, le prix moyen de location d‟un lopin d‟orge en vert est estimé à
11 700 DA/ha (équivalant à 77 €/ha), avec d‟importantes variations entre zones et selon
l‟année (suivant la disponibilité des autres ressources alimentaires, notamment sur les
parcours). Ce prix apparait très cher, ce qui explique la faible tendance vers la location. Ainsi,
les éleveurs préfèrent produire par leurs propres soins les fourrages verts. Concernant la
productivité unitaire en UF Kerbaa (1980), avance 1 836 UF/ha, l‟orge en vert devient 1,7
fois plus cher que son équivalant en orge en grain. Malgré le prix élevé de cette ressource
fourragère, elle reste appréciée en période de soudure hivernale, où les fourrages naturels sont
à leur plus bas niveau, ce qui explique le prix élevé (offre et demande). Certains agriculteurs
font de la location de l‟orge en vert une source de revenus considérable. Des éleveurs
préfèrent réduire leur cheptel ovin, afin de pouvoir louer le surplus de fourrage vert. Ils
considèrent cette pratique plus rentable que de faire pâturer leur propre troupeau avec leur
effectif initial.
135
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins
L‟exploitation des fourrages verts s‟effectue par un déprimage pour l‟orge et l‟avoine et
par un pâturage direct pour la luzerne. Le déprimage s‟effectue généralement par un seul
passage (60 % des cas pour l‟orge, et 18 % pour l‟avoine). Certains éleveurs pratiquent deux
déprimages sur la même parcelle (19 % des cas pour l‟orge, et 11 % pour l‟avoine) ; même si
cela peut générer une baisse dans les rendements en paille après récolte. Un seul éleveur
déclare avoir effectué quatre passages sur l‟orge, dans ce cas il n‟y a pas de moisson.
Par ailleurs, l‟usage de la technique de pâturage rationné sur les cultures en vert, permet
d‟alterner entre phases d‟exploitation et de repos. La pratique de cette technique appelle à la
mise en place de clôtures « temporaires » à base de fil de fer. Cela permet de mieux rationner
le troupeau, de diminuer le gaspillage de fourrage, et n‟exige pas le gardiennage des animaux
pendant le pâturage.
Produit
24%
Non utilisé
21%
Produit
Acheté +Acheté
20% 35%
136
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins
Les fourrages secs comptent parmi les aliments faciles à stocker pendant une longue
période sans beaucoup de perte. Raison pour laquelle la majorité des éleveurs (79 % des cas)
les utilisent, et dont un quart des éleveurs (24 %), produisent eux-mêmes la totalité des
fourrages secs requis pour leurs troupeaux. Alors que les autres 35 % produisent une partie et
achètent le reste des fourrages secs. Cependant, il est à noter que seulement 21 % des éleveurs
enquêtés n‟utilisent jamais de fourrages secs dans l‟alimentation des ovins.
Produites
Non 18%
exploitées
9%
Louées
13%
Produites
+ louées
60%
91 % des éleveurs exploitent ce type de pâtures, dont une grande partie ont recourt à
leurs propres pâtures et louent le reste. La location des chaumes et des céréales sinistrées
s‟effectue soit chez des voisins qui en disposent, ou bien sur les zones telliennes pour les
éleveurs qui pratiquent la transhumance estivale. Les prix de location sont négociés selon la
137
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins
richesse de la pâture, notamment pour les céréales sinistrées. En moyenne dans la région de
M‟Sila, les chaumes sont loués à 3 500 DA/ha (équivalant 23 €), et les céréales sinistrées à
15 000 DA/ha (équivalant 98 €). Il est clair que le prix des céréales sinistrées est plus élevé
que celui des chaumes au regard de son apport alimentaire susceptible d‟être plus intéressent.
Propres
2%
Propres +
louées
3%
Non
exploitées
59%
Louées
36%
138
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins
Son de blé1 0,74 UF/kg Matière brute Céréales sinistrés3 500 UF/ha
Blé tendre1 1,05 UF/kg Matière brute Jachères pâturées 3 325 UF/ha
Maïs1 1,09 UF/kg Matière brute Paille et foin3 0,33 UF/kg, 25kg/ botte
2
1581 UF/ha 2ème cycle
Luzerne vert
1625 UF/ha 3ème cycle
1099 UF/ha 4ème cycle
139
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins
Mâle 0,11
Ovine Femelle 0,1
Jeune moins de 2 ans 0,07
Mâle 0,08
Caprine Femelle 0,07
Jeune moins de 2 ans 0,05
140
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins
% %
Mélange Composition
enquêtés cumulé
1/3 orge + 2/3 son 42 %
½ orge + ½ son 28 %
Orge + son 72 %
¼ orge + ¾ son 1%
1/5 orge + 4/5 son 1%
Son de blé son de blé 21 % 21 %
Orge +son +maïs 1/3 orge +1/3 son +1/3 maïs 3% 3%
1/2 farine blé tendre + ½ son 2%
Blé tendre + son 3%
1/3 blé tendre cassé + 2/3 son 1%
Son + paille broyée son + paille broyée 1% 1%
Il est remarqué l‟existence de cinq mélanges alimentaires avec neuf variantes, dont trois
sont les plus répandues. Ces dernières représentent 91 % de l‟ensemble de l‟échantillon. Il
s‟agit des mélanges : 1/3 d‟orge + 2/3 de son dans 42 % des cas, ½ d‟orge + ½ de son chez
28 % d‟éleveurs, et juste que du son de blé rencontré auprès de 21 % des exploitations. Les
7 % qui restent recourent aux mélanges de remplacement (blé tendre + son du blé), mélange
d‟engraissement (orge + son + maïs), et un dernier mélange « inventé » à base de son de blé et
de paille broyée.
Quant aux quantités utilisées, elles dépendent de plusieurs facteurs, dont le plus
important réside dans la disponibilité du produit. Cependant, le but principal demeure la
satisfaction des besoins des animaux. Le tableau N°22 récapitule les quantités alimentaires
utilisées suivant les saisons.
141
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins
Tous les éleveurs ont recours à la complémentation par des aliments concentrés au
moins pendant une saison de l‟année. La plupart des éleveurs (82 % des cas) distribuent entre
0,7 et 1 kg/tête/jour pendant l‟automne et l‟hiver : saison critique d‟alimentation des
troupeaux. Au printemps, les éleveurs ont tendance à distribuer moins de concentré, les
parcours enregistrent une relative reprise de la végétation spontanée. Cependant en été, près
de la moitié des éleveurs (48 % des cas), ne complémentent plus avec les aliments
concentrés ; les pâtures ont lieu soit sur chaumes ou sur céréales sinistrées, dont l‟apport
alimentaire s‟avère satisfaisant. Quelques éleveurs engraisseurs utilisent plus d‟aliment
concentré dans une stratégie de régime strictement d‟engraissement avec 1,5 kg /tête/jour, et
même 2,7 kg /tête/jour déclarés distribués pour un éleveur au printemps : saison
d‟engraissement des ovins pour la fête d‟El Aid El Kabir. Il s‟agit de régimes exagérés et non
équilibrés et il en résulte des animaux surengraissés destinés exclusivement au marché. La
vente s‟effectue sur pieds et les consommateurs ne peuvent se rendre compte de la qualité de
la carcasse (trop grasse) qu‟après l‟abattage.
142
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins
l‟ensemble des troupeaux des éleveurs enquêtés est de 27,5 % pour l‟année agricole
2017/2018 ; qui est une année jugée moyenne par 80 % des enquêtés qui se réfèrent aux pluies
printanières favorisant la repousse de la végétation spontanée et par conséquent une
prépondérance des parcours.
Ce taux est comparable à celui trouvé dans la région de Djelfa (avoisinante notre région
d‟étude), et précisément dans la zone d‟El-Guedid (270 mm de précipitations annuelles). Le
bilan fourrager de l‟étude réalisée par Kanoun et al. (2007), montre que la part des parcours
steppiques dans la satisfaction des besoins du cheptel local est de 24 %. Ce qui dénote une
certaine similarité entre les régions de M‟Sila et Djelfa, en termes de conduite de
l‟alimentation malgré les différences à caractère socio-économique. Cette similitude peut se
traduire par une charge animale identique sur les parcours des deux régions, car toutes deux se
retrouvent menacées de dégradation (diminution des surfaces et baisse de productivité).
143
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins
144
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins
variabilité de l‟usage est grande entre exploitations, il est donc difficile de parler d‟une
moyenne. Le tableau N°24 met en évidence la distribution des éleveurs enquêtés en fonction
de la superficie des chaumes et des céréales sinistrées exploitées.
Superficie Chaumes
% des enquêtés
+ C. sinistrés (ha)
0 ha 9%
[2 - 5 ha] 17%
[6 - 10 ha] 18%
[12 - 20 ha] 23%
[21 - 50 ha] 21%
[51 - 100 ha] 7%
[165 - 220 ha] 5%
Il apparait que pour les 91 % des enquêtés qui exploitent ce type de ressource
alimentaire, la plupart d‟entre eux (79 %), la superficie exploitée ne dépasse pas les 50 ha. Le
reste des éleveurs, soit 12 %, exploitent des grandes superficies dépassant les 50 ha jusqu‟à
220 ha. Il s‟agit des éleveurs possédant des troupeaux de grande taille.
145
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins
1,5%
3%
11%
Aliments concentrés
Parcours
40%
Fourrages verts
17%
Chaumes et céréales sinistrées
Foin+ Paille
Jachères
27,5%
Il apparait clairement que les aliments concentrés couvrent la grande partie des besoins,
avec 40 % ; ils constituent la base de l‟alimentation dans les systèmes d‟élevage actuels. Ce
taux justifie la réalité qu‟endure la steppe dénoncée par les scientifiques, au demeurant
marquée notamment par le passage de l‟herbe au concentré (Senoussi et al., 2014), et les
aliments concentrés deviennent la ration de base, et les parcours deviennent un complément
(Aïdoud et al., 2006). En somme et paradoxalement il s‟agit d‟une achaba inversée.
Les parcours qui avaient été la principale source alimentaire des animaux dans le passé,
ne contribuent actuellement qu‟à hauteur de 27,5 % de la ration ; conséquence de leur
dégradation sévère, causée principalement par une surcharge animale grandissante et
stationnement permanent des troupeaux sur les parcours naturels (Senoussi, 2011).
Cependant, nous constatons de nouvelles modalités d‟alimentation adoptées par les éleveurs
pour combler le déficit fourrager, il s‟agit des cultures fourragères (orge, avoine, luzerne)
utilisées en vert qui arrivent à couvrir globalement 17 % des besoins animaux annuels.
D‟autres ressources fourragères représentent également une part assez importante dans
la ration des animaux, avec 11 %, il s‟agit des chaumes et des céréales sinistrées. Le reste des
besoins sont couverts par des foins, des pailles et des jachères (soit 4,5 %).
146
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins
Par ailleurs, les variables retenues pour l‟analyse statistique correspondent aux
contributions alimentaires des ressources suivantes : i) les aliments concentrés
« ali_concentre », ii) les fourrages verts « fourrage_vert », iii) les chaumes et les céréales
sinistrées « chaumes + sinistres », iv) le foin et la paille « foin + paille », et v) les jachères
« jachere ». Il est à signaler que la variable correspondante à la contribution des parcours
n‟est pas retenue dans l‟analyse statistique multi-variée car elle relève d‟un calcul entre
variables.
Une ACP (Analyse en Composantes Principales) a été réalisée par rapport aux données
de la composition alimentaire. L‟ACP est l'une des méthodes d'analyse multivariées appliquée
sur les données quantitatives dont le but est de visualiser la projection des individus et des
variables sur les axes factoriels de variations, ainsi que les corrélations entre les variables.
Une classification des éleveurs basée sur la similarité de la composition alimentaire était
nécessaire pour dévoiler les ressemblances alimentaires entre les éleveurs et faciliter
l‟interprétation des résultats. Cette classification a été possible par une Classification
Ascendante Hiérarchique (CAH) à partir des données de la composition alimentaire.
147
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins
Autrement dit, l‟utilisation des fourrages verts se traduit par un moindre usage des aliments
concentrés et vice versa.
La CAH fournit une classification, des éleveurs en trois classes, basée sur la similitude de
la composition alimentaire (C1 : 34 individus, C2 : 42 individus et C3 : 24 individus) (Figure
N°48). La combinaison des résultats des deux analyses statistiques (ACP et CAH) montre une
distinction entre classes d‟éleveurs proposés par la CAH sur la représentation de l‟ACP, et une
projection des individus suivant les variables qui les caractérisent : Les individus de la classe 1
se retrouvent dans une sphère dominée par les variables « ali_concentre » et « foin + paille ».
Par contre, les individus de la classe 2 se regroupent autour des vecteurs des variables
« chaumes + sinistres » et « jachere ». Alors que les individus de la classe 3 semblent être
déterminés par la variable « fourrage_vert » (Figure N°49).
-0,28
-0,08 C2 C3 C1
0,12
0,32
0,52
0,72
0,92
100
84
54
74
20
77
66
39
91
95
15
63
53
56
57
26
90
49
47
88
48
50
60
51
82
99
97
98
25
96
64
45
13
19
16
62
59
61
71
94
37
41
17
81
30
34
92
72
93
78
69
73
31
65
55
67
23
70
52
83
12
22
29
40
68
36
14
21
10
58
79
85
24
46
33
38
86
89
18
87
42
43
27
28
75
44
76
32
11
35
80
6
2
3
8
1
5
Figure N°49 : Représentation des variables et des individus sur les axes F1 et F2 de l’ACP.
148
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins
149
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins
Pour l‟ensemble des classes, l‟utilisation des ressources alimentaires fluctue dans
l‟année selon leur disponibilité. D‟une part, les pâtures (parcours naturels, fourrages verts,
chaumes, céréales sinistrées et jachères) ont une disponibilité saisonnière. D‟autre part, les
aliments concentrés et les fourrages secs (foin et paille) qui peuvent être distribués tout au
long de l‟année selon les besoins. Pour notre cas, les fluctuations saisonnières enregistrées,
sont certes celles de l‟année de déroulement de l‟étude, mais révèlent toutefois les grandes
tendances des disponibilités et d‟usage de chacune des ressources alimentaires.
Globalement, il ressort que pour les trois modalités alimentaires, la grande partie de la
ration des animaux (soit plus de 80 %) est couverte par trois types de ressources alimentaires
à savoir : les aliments concentrés, les parcours et les fourrages verts. Pour les éleveurs de la
classe 1, les aliments concentrés assurent la moitié (49 %) de la ration des troupeaux. Tandis
que, pour les éleveurs de la classe 2, les 72 % de la ration sont assurés à parts quasi égales
entre les parcours et les aliments concentrés. Concernant les éleveurs de la classe 3, environ
80 % des besoins des troupeaux sont couverts par les fourrages verts et les aliments
concentrés.
Par ailleurs, l‟utilisation des fourrages verts occupe une place importante dans la ration
des éleveurs de la classe 3. Ils couvrent 42 % de la ration et assurent une grande partie des
besoins des troupeaux pendant la période hivernale. Il s‟agit des agro-éleveurs consacrant
davantage de superficies fourragères pour leurs troupeaux ovins. Il est à signaler également
que, malgré la contribution globale relativement faible des chaumes et des céréales
sinistrées pour les éleveurs des classes 2 et 3, ils couvrent plus que la moitié des besoins des
animaux pendant la période estivale. Ainsi, nous pouvons identifier des périodes clés pour
chaque ressource alimentaire.
150
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins
Moyenne superficie
Taille Moyenne Moyenne
des cultures
Nbre moyenne de superficie agricole superficie des
Classe fourragères
d’éleveurs troupeau totale cultures fourragères
destinées aux ovins
(tête) (ha) (ha)
(ha)
C1 34 211 11,26 6,35 3,89
C2 42 390 54,46 7,38 6,04
C3 24 284 35,48 18,47 11,32
La taille des troupeaux déclarée va de 50 à 1 950 têtes pour l‟ensemble des éleveurs et
des agro-éleveurs interviewés. Une analyse comparative réalisée grâce à l‟analyse de variance
(ANOVA) a montré qu‟il n‟existe pas de différence significative entre les trois classes du
point de vue taille de troupeau. Cela signifie que la grandeur du troupeau n‟a pas d‟influence
significative sur la composition alimentaire.
Une comparaison des superficies de cultures fourragères entre les trois classes a été
réalisée par l‟ANOVA, suivie du test de Fisher de comparaison des classes deux à deux ont
révélé l‟existence d‟une différence significative entre la classe 3 et les classes 1 et 2. Cela
apparait cohérent, car les agro-éleveurs de la classe 3 présentent un profil alimentaire à usage
important de fourrages verts. Autrement dit, cette catégorie d‟acteurs (classe 3) consacre
davantage de superficies aux cultures fourragères pour subvenir aux besoins de leurs
troupeaux.
151
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins
69 % des éleveurs enquêtés font abreuver les animaux depuis leurs propres forages
agricoles. Tandis que 10 % utilisent les forages collectifs, qu‟ils soient implantés en milieu
pastoral ou ceux réalisés par les services communaux. Une minorité d‟éleveurs (6 %)
recourent aux forages des voisins.
Dans la plupart du temps, l‟abreuvement des ovins des tiers se fait sans rémunération
financière, juste contre un autre service (partage des parcours par exemple). Ce type de
service rentre dans une stratégie de tissage et de consolidation des relations sociales. Les
éleveurs qui ne disposent pas d‟une source d‟abreuvement proche, transportent l‟eau depuis
les différentes ressources disponibles (forage d'un tiers, forage municipal, forage collectif,
mare d'eau). Cette catégorie d‟éleveurs représente 15 % de l‟ensemble approché. Pour cette
dernière catégorie d‟éleveurs, l‟abreuvement par citerne représente des charges assez
importantes. Ce sont des éleveurs qui se retrouvent dans des zones pastorales loin des
agglomérations et des zones de mise en valeur agricole. Il est à signaler que pour les éleveurs
pratiquant les déplacements des troupeaux, ils sont obligés d‟acquérir des citernes d‟eau
dédiées à l‟abreuvement des animaux.
Tous les éleveurs enquêtés pratiquent la lutte libre, exception faite pour les brebis
soumises à la synchronisation des chaleurs. Ces dernières, séparées du reste du troupeau
pendant la période de pose des éponges, ne sont présentées aux béliers qu‟après injection de la
(PMSG).
152
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins
Malgré les inconvénients que présente la lutte libre, les éleveurs ont de bonnes raisons
pour cette option: i) Elle n‟exige pas de main-d‟œuvre et de locaux séparés (allotements) ii)
La présence permanente des béliers permet d‟opérer une lutte gratuite. Cependant, les
inconvénients de la lutte libre constituent une entrave quant à l‟amélioration des performances
productives des troupeaux en l‟absence de contrôle de paternité et de préservation de la
lignée. Elle peut être source de transmission de pathologie par voie sexuelle, et d‟accidents
fréquents suite aux mélanges des sujets.
Pour les éleveurs de la région de M‟Sila, le choix et la sélection des mâles reproducteurs
revêt un caractère capital comparés aux femelles reproductrices. Le nombre de béliers étant
faible par rapport aux brebis, ce qui demande moins de temps de travail pour la sélection,
synonyme de moins de main-d‟œuvre. La sélection est basée sur des caractéristiques
phénotypiques du mouton Ouled Djellal, race dominante dans la région (Berceau de la race).
Parmi des critères de sélection des béliers : conformation générale de l‟animal, oreilles
tombantes, toison blanche et crépue, et testicules volumineux. Un autre critère est
fréquemment pris en compte lors du tri ; absence de cornes évitant d‟éventuelles blessures
occasionnées lors de bagarres entre béliers. La sélection des reproducteurs cornés permet
d‟avoir des antenais cornés, très recherchés par rapport à leurs aspect esthétique que les
acquéreurs préfèrent notamment lors de la fête du sacrifice. Un sujet corné est mieux
rémunéré qu‟un autre sujet de même conformation mais dépourvu de corne. Cette pratique
réside dans l‟objectif assigné n‟est autre qu‟une forme d‟adaptation des éleveurs pour
répondre aux besoins du marché et tirer le maximum de profit.
Puisque la lutte est libre, les agnelages sont étalés sur une longue période, avec des pics
au début de l‟automne et au début du printemps. Les agneaux de l‟automne (EL-Bekri) sont
plus appréciés par les éleveurs, là où la gestation des brebis coïncide avec la période estivale
des chaumes et des céréales sinistrées cela permet un bon développement des fœtus. Ainsi que
le début de consommation des aliments solides pour les agneaux El-Bekri qui coïncident avec
une abondance de fourrages au printemps, ce qui permet un meilleur croit.
Le sexe ratio est égal pour les trois classes d‟éleveurs, il est de l‟ordre de 23 femelles
pour un bélier. Ce rapport reste techniquement acceptable, avoisinant le taux recommandé
pour un élevage extensif (25 femelles/1 mâle). (Kabbali et Berger, 1990).
153
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins
présentes dans le troupeau. C‟est une technique peu maitrisée par les éleveurs avec un taux de
réussite faible, alors que les principaux objectifs recherchés se résument principalement dans :
ii) Avoir deux mise-bas par an (au lieu de trois mise-bas par deux ans) : Un mise-bas précoce
donnant lieu à un agneau El-Bekri, et un second donnant lieu à agneau (Aïdoudi) ;
iii) Rattraper les brebis vides après un avortement ou une saillie non fécondante.
Le premier élément intervenant dans la qualité d‟hygiène réside dans le local d‟élevage ;
en l‟occurrence la bergerie à travers sa mise en place, type d‟aménagements et respect des
règles sanitaires. Dans la région de M‟Sila comme la plupart des zones steppiques, les
éleveurs n‟accordent pas beaucoup d‟importance à la qualité des bergeries. La plupart du
temps, il s‟agit d‟enclos temporaires à base de fils de fer couverts en partie par des tôles
métalliques. Communément appelée « Zriba », c‟est une conception traditionnelle
pratiquement généralisée en milieu steppique. Alors que dans le meilleur des cas la bergerie
est un garage qui est à la fois un abri pour les animaux et entrepôt de stockage des aliments.
Malheureusement, les investigations de terrain révèlent qu‟aucun éleveur ne souhaite investir
dans l‟amélioration de la qualité des bergeries.
154
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins
Cependant aux yeux des éleveurs approchés, la vaccination contre la brucellose présente
une contrainte technique, du fait que les animaux vaccinés doivent être bouclés, et c‟est la
boucle qui pose problème. Une fois posée sur l‟oreille, un risque préjudiciable lors de la vente
des animaux à l‟occasion de la fête de sacrifice. Selon les rites du sacrifice, l‟animal ne
devrait porter le moindre défaut et doit être indemne de toutes anomalies. La réticence et le
refus de certains éleveurs vis-à-vis de la vaccination contre la brucellose a donné lieu à
l‟apparition de foyers brucelliques, où les services vétérinaires ont enregistrés 108 cas positifs
(toutes espèces confondues) au cours de l‟année 2017.
Par ailleurs, les éleveurs font appel à d‟autres types de traitements payants (préventifs et
curatifs), dont les plus fréquents : les traitements antiparasitaires (98 % des cas), traitement
contre les maladies respiratoires (96 % des cas), et un traitement contre l‟entérotoximie (90 %
des cas). Ainsi, 74 % des enquêtés déclarent l‟absence dans le troupeau de maladies
fréquentes à conséquences graves. Les problèmes sanitaires qui semblent inquiétants pour les
éleveurs se résument dans les mortalités post-natales (14 % des déclarations), et
l‟entérotoximie enregistrés auprès des agneaux jeunes. Cela peut être dû à la médiocre qualité
des locaux d‟élevage et de leur l‟hygiène.
Cependant, malgré les efforts de l‟Etat pour lutter contre les maladies animales, le pays
a connu des crises sanitaires dues à l‟apparition et la propagation de certaines pathologies à
l‟image de la peste des petits ruminants qui a frappé au cours de l‟année 2019 en causant des
dégâts considérables à l‟égard du patrimoine ovin national. C‟est au manque de traçabilité des
animaux et de leurs produits, de l‟ignorance et le non-respect des règles sanitaires qui
aggravent souvent la situation des crises sanitaires. Les pouvoirs publics sont alors contraints
de fermer les marchés à bestiaux pendant plusieurs semaines. Les éleveurs cumulent alors les
pertes en conséquence. C‟est une vulnérabilité des systèmes d‟élevage ovins contre les crises
sanitaires avec de lourdes conséquences économiques aussi bien à l‟échelle locale, régionale
que nationale.
La crise sanitaire du Covid-19 a eu aussi ses répercussions sur les éleveurs locaux, car
elle induit la fermeture des marchés à bestiaux. En effet, le confinement de la population et
l‟interdiction de circulation entre Wilayas des animaux et de leurs produits se sont répercutés
négativement sur les circuits de commercialisation.
155
Résultats et discussion La conduite des troupeaux ovins
En somme, nous pouvons dire que l‟organisation actuelle de la filière ovine reste très
vulnérable à l‟égard de certaines crises sanitaires.
II.4- Conclusion
Les résultats présentés dans ce chapitre montrent une grande diversité de la ration
alimentaire des troupeaux ovins dans la région de M‟Sila. Une diversité en fonction des
considérations socio-économiques propre à chaque exploitation. Il apparait que les aliments
concentrés constituent la grande partie des ressources alimentaires avec un taux de 40 % dans la
composition alimentaire globale. Quant aux parcours, ils assurent globalement 27,5 % des
besoins des troupeaux. Pour notre hypothèse dans les calculs de la composition alimentaire,
ayant trait à la complémentation du reste des besoins par la végétation spontanée (fourrages
naturels) des parcours, apparait en creux, mais elle traduit une réelle situation de la logique de
surexploitation des espaces pastoraux de la part des éleveurs. Le constat de la surexploitation des
parcours steppique a été dénoncé par plusieurs études, à l‟instar de celles menées par Bensouiah
(2004) ; Aïdoud et al. (2006) ; Nedjraoui et Bédrani (2008) ; Bencherif (2018). Ainsi donc,
malgré que les nouvelles alternatives alimentaires garantissent une source non négligeable, elles
se développent dans une logique d‟improvisation individuelle qui n‟intègre aucun intérêt en
termes de gestion rationnelle des ressources naturelles, principalement les parcours.
La nouvelle tendance qui consiste à recourir aux cultures fourragères est devenue une
pratique régulière pour réduire l‟utilisation des aliments concentrés pendant la période hivernale
où les parcours sont peu productifs. Des tendances similaires ont été rapportées dans l‟étude de
Bencherif (2018), entreprise dans une grande région de la steppe centrale et de l‟Ouest. Dans
notre cas d‟étude, en l‟occurrence la région de M‟Sila, le développement des cultures fourragères
a débuté en l‟an 2000 avec l‟avènement du plan national de développement agricole (PNDA),
relatif à la mise en valeur les terres agricoles, notamment en ce qui a trait à l‟introduction de
systèmes d‟irrigation de pointe. C‟est ainsi que l‟extension des superficies fourragères (40 000
ha en 2018) témoignent de la tendance vers l‟usage de ces ressources alimentaires. Il s‟agit
certainement d‟un passage vers l‟agropastoralisme, voire même de systèmes agriculture -
élevage, comme une stratégie « anti-aléatoire » permettant de mieux maîtriser les incertitudes
climatiques et économiques (Bourbouze, 2000). Cet agropastoralisme qui relève d‟un système
d‟agriculture - élevage peut être qualifié parfois comme un mode de conduite raisonné, en
intégrant de nouvelles ressources alimentaires plus stables, moins chères et plus productives.
Cependant, l‟extension des cultures fourragères de cette façon présente des défauts techniques et
environnementaux (dégradation des ressources naturelles : parcours et eau).
156
Résultats et discussion La pratique de l’agriculture
Dans la région de M‟Sila, à l‟instar des autres zones steppiques, les pratiques
d‟agriculture et d‟élevage ont grandement évolué au cours du temps. Les systèmes
d‟exploitation traditionnels ont laissé place à de nouveaux systèmes de gestion caractérisés
par une façon de faire plus individualiste et plus inégalitaire (Bourbouze, 2018). Désormais,
la mécanisation de l‟agriculture et le développement de l‟irrigation caractérisent les nouveaux
systèmes agricoles (Deleule, 2016). L‟agriculture dans la région de M‟Sila n‟a pas échappé à
ces évolutions, la superficie irriguée a quintuplée dans d‟espace de presque deux décennies
grâce à l‟application de multiples programmes de mise en valeur des terres agricoles ; initiés à
partir de l‟année 2000, pour atteindre les 40 000 ha en 2018 (DSA de M'Sila, 2018).
Il est à signaler que pour les agro-éleveurs, la majeure partie des terres agricoles
exploitées dans leurs exploitations est consacrée aux cultures pour l‟affourragement des
troupeaux. C‟est ainsi que 82 % des éleveurs approchés consacrent des terres à
l‟affourragements des animaux d‟élevage (ovin, caprin et bovin).
La lecture du tableau en question permet de tirer qu‟ils sont plus de la moitié des agro-
éleveurs approchés (59 % des cas) considèrent que l‟agriculture présente un rôle vital des
exploitations agricoles dont la superficie dédiée aux cultures menées en irrigué occupent 50%
de la S.A.U.
157
Résultats et discussion La pratique de l’agriculture
Quant aux modes de pratique des cultures, il apparait que 42 % des agro-éleveurs
recourent à une agriculture menée exclusivement en irrigué. Tandis que 27 % des interviewés
ne pratiquent que l‟agriculture pluviale des céréales (orge, blé dur, et avoine). Il s‟agir d‟agro-
éleveurs qui ne disposent pas de moyens de mobilisation des eaux d‟irrigation. Alors que 21
% des enquêtés exploitent une partie des terres en irrigué à la limite de leurs capacités en
termes de moyens dont ils disposent, et le reste des terres sont conduites en pluvial. La figure
N°51 résume la répartition des enquêtés suivant le mode de conduite de l‟agriculture.
158
Résultats et discussion La pratique de l’agriculture
Il est à signaler, malgré la diversification dans les manières d‟exploitation des terres
agricoles, que les éleveurs sont unanimes dans les circonstances actuelles, pour considérer la
pratique de l‟agriculture comme essentielle dans la satisfaction des besoins alimentaires de
leurs troupeaux. Alors que ceux qui ne la pratiquent pas, par manque de moyens, ou ceux qui
ne font que des cultures pluviales, accordent toutefois un intérêt pour se lancer dans une
agriculture en irriguée une fois que les conditions seront réunies.
Par ailleurs, comme il a été évoqué plus haut (chap. I), l‟existence d‟une corrélation
positivement significative entre la taille du troupeau et la superficie agricole exploitée. C‟est
une corrélation certes pas très forte (R²= 0,3708), mais elle explique une stratégie
d‟accumulation des facteurs de production appelée par Kanoun et al. (2017) «Capitaux de
production ».
∑
∑ Superficie ∑
d'individus
Superficie Ecart-type
Superficie agricole superficie
Nbre
0 (Sans agriculture) 10 0 0 0 0 0
[1 – 9] ha 20 119,5 6,0 ± 2,54 82,4 % 17,6 %
[10 – 20] ha 28 344,5 12,3 ± 2,95 50,4 % 49,6 %
[21 - 50] ha 23 669 29,1 ± 6,53 55,5 % 44,5 %
[51 - 305] ha 19 2389 125,7 ± 72,10 39,5 % 60,5 %
Total 100 3522 35,2 - 45,1 % 54,9 %
En catégorisant la population des acteurs enquêtés, émergent cinq classes bien distinctes
éclairant que le total de la superficie agricole exploitée par l‟ensemble des agro-éleveurs de
l‟échantillon approché s‟élève à 3 522 ha, dont plus de 45 % du parcellaire est mené en
irrigué, alors que près de 55 % est en sec.
159
Résultats et discussion La pratique de l’agriculture
Nous relevons que 2 389 ha de terres emblavées sont détenues par les agro-éleveurs de
la classe 5 dont les superficies exploitées sont comprises entre 51 et 305 ha. 39,5 % de ces
terres sont irriguées. Il n‟en demeure pas moins que la part la plus importante du parcellaire
irrigué se trouve entre les mains de la classe 1, avec 82,4 %. Il s‟agit de petits lopins dont les
superficies sont comprises entre [1-9 ha].
La superficie maximale irriguée, dédiée aux céréales (orge, blé dur, et avoine), est
estimée à 256 ha. Il s‟agit d‟un seul agro-éleveur, possédant le plus grand effectif ovin avec
1 950 têtes.
Par ailleurs, Il apparait une grande variabilité concernent la superficie louée d‟une
exploitation à une autre. Elle est en moyenne de l‟ordre de 14,56 ha (± 15,18) pour les terres
exploitées en irrigué, et de 37,57 ha (± 41,98) pour les terres exploitées en pluviale.
Cependant, il a été relevé que 90 % des locataires des terres agricoles louent une superficie
inférieure à 50 ha.
160
Résultats et discussion La pratique de l’agriculture
culture (blé dur ordinaire et semences) surtout avec l‟engagement de l‟Office Algérien
Interprofessionnel des Céréales (OAIC) pour l‟achat des récoltes auprès des producteurs
locaux à des prix incitatifs alignés aux prix d'achat du blé sur les marchés internationaux , à
savoir : 4 500 DA /quintal pour le blé dur ordinaire (équivalant de 26 €), et 8000 DA /quintal
pour le blé dur de semences (équivalant de 52 €).
Arboriculture
Maraichères
Luzerne
Blé dur
Blé dur
Avoine
Avoine
Orge
Orge
Type de la culture
161
Résultats et discussion La pratique de l’agriculture
Un aperçu sur les écart-types des superficies des cultures installées montre une grande
variabilité entre les exploitations approchées. Pour cela, il est pertinent de voir l‟occupation
du sol suivant un critère adéquat, en l‟occurrence la taille du troupeau ovin en possession
suivant les classes d‟éleveurs proposées précédemment. Une représentation graphique des
superficies moyennes exploitées par type de culture et par classe d‟éleveurs est récapitulée
dans la figure N°54.
100
90
80
70
60
Superficie moyenne
(ha) 50
40
30
20
10
0
Orge Avoine Blé dur Luzerne Arboriculture Maraichères Total irrigué Total pluvial
Classe I : ≤ à100 têtes 3,88 2,09 1,71 0,68 0,74 1,18 10,26 4,12
Classe II : [101-200 têtes] 2,49 2,01 0,97 0,83 1,06 0,80 8,16 9,94
Classe III : [201-500 têtes] 8,08 3,28 7,15 0,95 0,74 1,05 21,26 18,00
Classe IV : [501-1950 têtes] 13,11 7,11 11,44 0,89 0,56 0,00 33,11 90,56
Figure N°54 : Répartition de la superficie des cultures suivant les classes d’éleveurs.
162
Résultats et discussion La pratique de l’agriculture
163
Résultats et discussion La pratique de l’agriculture
Par contre la culture de l‟avoine, présente chez 45 % du total interviewé est utilisée à
travers trois formes d‟usage distinctes : i) Comme fourrage vert par un déprimage, ii) et en
foin comme fourrage sec, iii) Et comme chaumes après récolte du foin dans 36 % des cas.
La luzerne, comme il s‟agit d‟une légumineuse ; elle est exploitée soit en vert par un
pâturage direct, ou bien en sec comme foin récolté en période d‟excédent de production et
distribué en cas de besoin. Elle est cultivée et exploitée par 23 % des interviewés, dont 19 %
du total des interlocuteurs l‟exploitent sous deux formes (vert et sec) avec une superficie
moyenne de l‟ordre de 4,05 (± 3,73) ha. Le reste des agro-éleveurs, soit 4 % ne l‟exploitent
qu‟en vert avec une superficie moyenne de l‟ordre de 2,13 (± 2,02) ha.
Les céréales pluviales (orge, avoine et blé dur), ont cinq formes d‟usage : i) Comme
fourrage vert par un déprimage sur les parties cultivées dans les lits d‟oueds, quand l‟année
est bonne (pluvieuse). ii) En grain comme aliment concentré après récolte en bonne année sur
les parties les plus arables. iii) Comme chaumes après moisson, s‟il y en a. iv) pâturées en
entier si les rendements sont faibles (céréales sinistrées). v) En paille s‟il y a une moisson.
Deux façons d‟usage des céréales pluviales sont rencontrées dans la région d‟étude : soit que
sinistrées (27 % des cas) cultivées sur des terres peu arables (parcours dégradés), soit les cinq
formes citées précédemment suivant les conditions édapho-climatiques (21 % des cas).
Pour les trois types de cultures fourragères, en l‟occurrence orge, avoine et luzerne, et
selon les différentes formes d‟exploitation possibles, en vert, grain, foin, paille, chaumes ou
sinistrées, trois principales destinations sont recensées, à savoir nourrir les ovins, alimenter les
bovins et la vente. Pour la culture de l‟orge, en irrigué et pluviale, dans 85 % des cas, elle est
destinée exclusivement aux ovins sous toutes ses formes d‟exploitation susceptibles. Pour le
reste, soit 15 % de l‟ensemble qui pratiquent cette culture, les productions sont partagées entre
les ovins et les bovins dans 9 % des cas, et entre les ovins et vente de l‟excédent de la
production dans 6 % des cas.
164
Résultats et discussion La pratique de l’agriculture
Il est à signaler que dans la plupart des élevages (dans 91 % des cas), les caprins sont
toujours associés aux ovins. Les chèvres bénéficient d‟une partie de l‟alimentation destinée
aux ovins lorsque qu‟il s‟agit de pâtures (fourrages verts, parcours, chaumes, sinistrées).
Autrement dit, on sous-entend par cela, alimentation à la fois des petits ruminants (ovin-
caprin).
III.7- Conclusion
En discutant les éléments évoqués dans ce chapitre, il est clair que la diversification des
pratiques agricoles constitue un atout pour la diversification des sources de revenu, ce qui
diminue le risque de défaillance économique et augmente la résilience de l‟exploitation. C‟est
notamment à travers l‟association « agriculture-élevage » que la stratégie de résilience se
base. La pratique des cultures fourragères au sein des exploitations d‟élevage ovin constitue
un intérêt stratégique pour la satisfaction des besoins alimentaires du troupeau par ses propres
165
Résultats et discussion La pratique de l’agriculture
Quant aux façons d‟exploitation des ressources hydriques, le débat est toujours ouvert entre
conviction, qu‟elle soit renouvelable ou non. Nedjraoui (2004), annonce dans un travail
d‟évaluation des ressources pastorales en milieux steppiques algériens que : « les ressources
hydriques sont faibles, peu renouvelables, inégalement réparties et anarchiquement
exploitées ». Raison pour laquelle, des études d‟impact, plus spécialisées dans ces aspects
doivent être réalisées pour évaluer le degré de durabilité et de résilience de ces pratiques
culturales, ainsi que la faisabilité de l‟extension de ces alternatifs alimentaires, de les
améliorer, et de l‟intégrer dans un processus de développement durable de la région.
166
Résultats et discussion La mobilité des troupeaux et gestion du territoire
La steppe était donc un vaste écosystème pâturé et partagé entre des tribus nomades
(Kanoun et al, 2018). Les pâtures steppiques constituaient la principale ressource alimentaire
des animaux d‟élevage. La mobilité se carastérisait par des mouvements pendulaires
(Bencherif, 2011) ; en été, des transhumances traditionnelles allaient vers le Tell au nord
(Achaba), et l‟hiver vers les zones présaharienness au sud (Azzaba). C‟etait grâçe à ces
pratiques de transhumance qu‟un équilibre des systèmes d‟élevage se maintenait. Cependant,
plusieurs facteurs ont profondément affecté cet équilibre, du fait que l‟élevage steppique n‟est
pas resté à l‟écart des changements qu‟à subi le territoire steppique depuis le siècle dernier.
Dès lors, il se retrouve actuellement dans une dynamique perpétuelle de recomposition
territoriale avec des stratégies d‟accaparement de la ressource alimentaire (Kanoun et al,
2018).
Par ailleurs, les effets des changements climatiques, surtout en périodes de sécheresse,
(Kanoun et al, 2018), outre des mutations du statut foncier sur l‟espace pâturé, par le passage
du collectif au privé, (Bourbouze, 2018), ont eu un impact majeur sur l‟organisation de
l‟espace. Les nouvelles pratiques d‟élevage sont caractérisées par l‟objectif d‟avoir plus de
performances que par le passé, mais en adoptant des comportements plus individualistes et
plus inégalitaires comme le signalait Bourbouze (2018).
167
Résultats et discussion La mobilité des troupeaux et gestion du territoire
perspective de répertorier les différentes trajectoires adoptées qui gouvernent la mobilité des
néo-systèmes d‟élevage ovins.
168
Résultats et discussion La mobilité des troupeaux et gestion du territoire
169
Résultats et discussion La mobilité des troupeaux et gestion du territoire
Pour tous les types de mobilité des troupeaux, le moyen de locomotion privilégié reste
toujours le camion, rapide et efficace, mais il constitue une charge assez importante, surtout
pour les éleveurs qui ne disposent pas de moyens de transport et qui se retrouvent dans
l‟obligation de recourir à la location de camion. Son usage est fondamentalement conditionné
par la distance à parcourir, il se justifie surtout pour les longues distances. C‟est ainsi que
pour l‟ensemble des déplacements recensés ; 55 % des éleveurs utilisent toujours le camion
dans les déplacements des troupeaux. Pour 26 % des éleveurs, le camion n'est utilisé que pour
les longues distances. Tandis que le reste, soit 19 % des éleveurs, pratiquent une forme de
mobilité à rayons limités et ne font que déplacer leurs animaux en marchant.
170
Résultats et discussion La mobilité des troupeaux et gestion du territoire
Sédentaires
35,5%
Sédentaires
58%
Semi-sédentaires
Transhumants
Semi-sédentaires 64,5%
Transhumants
42%
Figure N°55 : récapitulatif des types des éleveurs suivant la mobilité des troupeaux.
171
Résultats et discussion La mobilité des troupeaux et gestion du territoire
Dans ce sens, les tests de comparaison des moyennes : test ANOVA, et tests de
comparaison des moyennes deux à deux (test Fisher et test Tukey) montrent une différence
significative entre les tailles de troupeaux des deux types des éleveurs.
La carte N°14 met en évidence les trajectoires de mobilité des troupeaux les plus
fréquentes par les éleveurs de la région de M‟Sila.
172
Résultats et discussion La mobilité des troupeaux et gestion du territoire
Il apparait que la part des de la végétation pastorale des pâtures lors des transhumances
peut atteindre jusqu‟à 66 % des besoins de troupeau, avec une contribution moyenne de
l‟ordre de 20 ± 17 % des besoins des troupeaux transhumants. La transhumance estivale, et la
transhumance locale constituent la grande partie de l‟apport de la transhumance ; elles
contribuent respectivement de 55,5 % et 42,5 % (98 % ensemble). La transhumance hivernale
ne contribue qu‟à 2 % des besoins des troupeaux, car déjà le nombre des éleveurs effectuant
ce type de transhumance est faible (seulement 9 éleveurs).
173
Résultats et discussion La mobilité des troupeaux et gestion du territoire
IV.5- Conclusion
Dans le contexte actuel, caractérisé par la privatisation du foncier en milieu steppique,
la mise en culture et la monétarisation des ressources pastorales, il semble que la mobilité des
troupeaux ovins a moins d‟importance que par le passé pour les éleveurs de la région de
M‟Sila. Elle n‟assure que 21 % des besoins globaux des troupeaux transhumants. Certains
éleveurs ont abandonné la pratique de la transhumance et tentent de trouver des ressources
alimentaires plus proches et plus rentables, notamment à travers la mise en culture des
fourrages, et la location des ressources proches (chaumes, céréales sinistrées, jachère,
parcours) ; ils sont devenus des éleveurs sédentaires (58 % des cas). La transhumance se
justifie pour les éleveurs ayant de grands troupeaux, là où les charges inhérentes au transport
semblent amorties. Dans ce cas, les éleveurs adoptent les mouvements de transhumance
suivant les besoins du troupeau et de la disponibilité fourragère dans les zones d‟origine et
celles de destination. Cette catégorie d‟éleveurs est nommée « les éleveurs semi-sédentaires
transhumants », ils représentent 42 % des cas.
En l‟état actuel des circonstances, désormais la mobilité des troupeaux est décidée de
manière plus rapide, et la gratuité de faire pâturer les animaux n‟est plus de mise dans la
plupart des zones d‟accueil des transhumances, surtout au Nord. Dans ces zones, actuellement
les ressources végétales quel que soit leur nature ont fini par devenir payantes. Par
conséquent, l‟éleveur décide de se déplacer en fonction des opportunités et des moyens à
déployer.
Les changements dans les droits d‟accès aux ressources pastorales ont enclenché une
course d‟appropriation privative et l‟exploitation individuelle des terres de parcours. Les
conséquences écologiques de ces nouveaux modes de gestion du territoire s‟avèrent graves.
174
Résultats et discussion La mobilité des troupeaux et gestion du territoire
175
Résultats et discussion La gestion financière de l’élevage ovin
Aujourd‟hui, il est rare de trouver un éleveur qui ne pratique que l‟élevage ovin. Cette
activité demeure la principale pour un grand nombre d‟éleveurs, mais ils sont nombreux à
avoir des activités annexes à d‟autres spéculations dans leurs exploitations. Chaque activité
exercée trouve sa place dans un schéma de fonctionnement de l‟exploitation permettant aux
éleveurs d‟avoir une certaine résilience économique en diversifiant les sources de revenu.
Cela permet de diminuer le risque lié à la mono-activité, et aussi d‟augmenter l‟autonomie
productive et financière de l‟exploitation notamment à travers l‟association élevage-
agriculture et d‟avoir des fonds disponibles pour le fonctionnement de différentes activités. A
titre d‟exemple, vendre quelques têtes en début de campagne agricole pour l‟achat des
semences et payer les frais de travail de sol.
Nos investigations sur le terrain nous ont clairement montrés l‟existence de multitudes
stratégies et activités. Elles s‟inscrivent dans diverses logiques de gestion et de financement
de l‟activité de l‟élevage ovin dans la région de M‟Sila. Si certaines pratiques ont pour
vocation première de permettre d‟améliorer la gestion alimentaire des troupeaux, d‟autres sont
sources de revenus afin d‟améliorer l‟efficience économique de l‟exploitation.
A travers ce chapitre nous tentons de décortiquer les différentes activités recensées qui
assurent la gestion et le financement de l‟activité d‟élevage.
176
Résultats et discussion La gestion financière de l’élevage ovin
La part des aliments produits dans l‟exploitation diffère d‟une exploitation à une autre
suivant plusieurs paramètres (taille du troupeau, superficies cultivées, usage de l‟irrigation,
orientation de production des terres agricoles, etc.). Pour l‟ensemble des enquêtés, le taux
d‟autoproduction des aliments varie de 5 % à 95 %, et n‟atteint jamais les 100 %, car il y a
toujours une partie d‟aliments que doit acquérir l‟agro-pasteur. Il s‟agit principalement
d‟achat de son de blé (impossible de produire sur place). Les investigations de terrain
montrent aussi que 56 % des enquêtés déclarent produire eux-mêmes plus de la moitié des
aliments nécessaires à leurs troupeaux ovins. Tandis que 32 % produisent moins de la moitié
des aliments. Alors que le reste des éleveurs (soit 12 %) déclarent l‟achat de la totalité des
aliments nécessaires pour leurs troupeaux. Ce sont des éleveurs qui ne pratiquent pas
l‟agriculture, ou ceux qui cultivent de petits lopins de céréales en sec avec des rendements très
négligeables.
177
Résultats et discussion La gestion financière de l’élevage ovin
manière périodique les stocks d‟aliments à fréquences épisodiques : chaque semaine/ chaque
mois/ tous les 2 mois/ chaque saison/ tous les 6 mois.
Ils sont seulement 18 % de nos interlocuteurs qui déclarent recourir à cette modalité
d‟approvisionnement en aliments de bétail.
La majeure partie des enquêtés, soit 88 %, stockent des aliments alors que les 12 % qui
restent ne le font pas par manque de local adéquat et de disponibilités de capitaux financiers
pour l‟acquisition important d‟aliments. Les aliments à stocker ont deux origines ; soit qu‟ils
sont produits sur place, ou bien achetés d‟ailleurs. La moitié des éleveurs (50 %) pratiquant le
stockage. Ils alimentent leurs réserves par des aliments produits et achetés. Tandis que 31 %
ne stockent que les aliments produits sur place. Le reste des éleveurs, soit 19 %, se trouvent
dans l‟incapacité de produire des aliments pour parer aux besoins du cheptel, ou ceux
produisant de petites quantités consommées prématurément, le stockage est réservé
exclusivement aux aliments achetés.
Il est à signaler que la plupart des éleveurs (87 %) préfèrent stocker de petites quantités
de son de blé pour les distribuer aux animaux dans des délais courts et éviter par la même
d‟éventuelles pertes causées par les moisissures, au regard des conditions de stockage
(infrastructure, température et humidité) qui laissent à désirer. Les photos N°7, 8, 9 et 10
montrent les différentes situations de stockage des aliments. Conscients de l‟importance
stratégique et économique que revêt l‟opération stockage des aliments de bétail, les éleveurs
qui investissent dans la construction d‟entrepôts de stockage sont pourtant rares (seulement
6 %). Alors que la majorité des éleveurs (94 %) préfère plutôt investir dans l‟agrandissement
des superficies emblavées, l‟augmentation de la taille de troupeau, l‟achat de matériels
agricoles et de transport, la réalisation de forage pour l‟irrigation des cultures. En somme, il
s‟agit d‟opérations permettant l‟agrandissement du capital productif de l‟exploitation.
178
Résultats et discussion La gestion financière de l’élevage ovin
Photo N°7 : Espace de stockage d’aliments Photo N°8 : Aliment mélangé prêt à être emballé
concentrés « conditionnés en sacs et en vrac ». dans des sacs.
Photo N°9 : Meule de paille et de foin en bottes. Photo N°10 : Paille stockée sous serre.
i) Les éleveurs naisseurs : ce sont ceux qui ne pratiquent pas l‟engraissement. Ils représentent
40 % de notre échantillon d‟éleveurs. Ils préfèrent vendre les agneaux produits juste après
sevrage.
179
Résultats et discussion La gestion financière de l’élevage ovin
considérations socio-économiques qui s‟inscrit dans une logique de gestion d‟entrées de fonds
financiers aux moments opportuns liés aux exigences du marché de bétail. A titre illustratif,
lorsque l‟éleveur décide de vendre des agneaux sans cornes dans une perspective de les
substituer par d‟autres plutôt cornés mieux rémunérés sur le marché.
iii) Les éleveurs engraisseurs : ils sont seulement 8 % du total des éleveurs de notre
échantillon dont la pratique de l‟engraissement constitue l‟activité principale dans
l‟exploitation. Ce sont des éleveurs convertis totalement à l‟engraissement. Ils peuvent être
qualifiés d‟opportunistes car ils savent saisir les périodes de forte demande pour injecter leurs
fonds et tirer un maximum de profit. Malgré que les charges alimentaires soient lourdes à
supporter, la pratique de l‟engraissement demeure fort rentable et ce, au regard à la loi du
marché (prix élevés des animaux engraissés et de la viande ovine).
La figure N°56 met en évidence les proportions des trois types d‟éleveurs selon la
pratique ou non de l‟engraissement.
Figure N°56 : Récapitulatif des types d’éleveurs selon la pratique ou non de l’engraissement.
180
Résultats et discussion La gestion financière de l’élevage ovin
recourent à l‟engraissement des antenaises et des brebis jeunes à des fins d‟abattage.
D‟ailleurs, certains bouchers et consommateurs locaux préfèrent ces catégories animales qui
s‟avèrent moins chères que les mâles engraissés.
Il apparait que l‟engraissement pour la fête du sacrifice (El Aïd El Kabîr), présente
l‟occasion idéale pour rentabiliser au maximum l‟activité de l‟élevage ovin, au regard de la
forte demande en sujets vifs pendant cette occasion. Il en résulte que 93 % des éleveurs
pratiquant l‟engraissement, coïncident leurs calendriers d‟engraissement avec la fête du
sacrifice. Quant aux restes des occasions, elles restent moins importantes aux yeux des
éleveurs, à l‟instar du mois sacré de Ramadan, la saison de pèlerinage (El Hadj) et autres fêtes
(mariage, circoncision, etc.). Seulement 7 % des éleveurs déclarent pratiquer l‟engraissement
pendant toute l‟année, ce sont potentiellement des éleveurs engraisseurs dont l‟engraissement
constitue leur principale activité.
181
Résultats et discussion La gestion financière de l’élevage ovin
choix des sujets à engraisser doit être opéré bien à l‟avance pour pouvoir répondre à l‟objectif
escompté.
Pour ce qui est du régime alimentaire, pour lequel sont soumis les animaux pendant
l‟engraissement, il s‟agit principalement d‟une supplémentation alimentaire à base d‟aliments
concentrés et de foin de bonne qualité, tout en jouant sur la majoration des quantités
distribuées au cours des trois derniers mois. Comme les aliments concentrés utilisés sont à
base de céréales (orge, son de blé et maïs) riches en énergie et pauvres en matières azotées,
souvent distribuées de façon excessive, il en résulte des sujets mal engraissés avec beaucoup
de graisses sous-cutanées.
Dans cette optique qui se projette dans une logique de gestion de l‟élevage ovin, les
mécanismes de vente des animaux apparaissent très complexes, et semblent influencés par
plusieurs facteurs. En effet, des tendances dans les pratiques de vente sont fonction des
conditions écologiques (pluviométrie et végétation spontanée) et des variations des prix des
animaux sur les marchés de bétail.
Comme l‟alimentation des troupeaux constitue la charge majeure pour les élevages
ovins en milieu steppique, la gestion du troupeau, en termes d‟agrandissement ou de réduction
des effectifs, est subordonnée de la prépondérance de la végétation. En année favorable
(pluvieuse), les éleveurs procèdent à une thésaurisation sur pieds du cheptel au regard de la
gratuité de l‟alimentation. Dans le cas contraire, lors des années à faible pluviométrie, vendre
une bonne partie des animaux éviterai aux éleveurs de supporter des charges supplétives liées
à l‟achat de l‟aliment.
Une première moitié des enquêtés déclarent que la raison principale de vente des
animaux réside dans l‟acquisition des aliments pour la couverture des besoins animaux et
ceux du ménage en cas de besoin pressant d‟argent.
L‟autre moitié des éleveurs vendent leurs animaux pour couvrir les charges de mise en
culture des terres, notamment à tout ce qui attrait aux intrants, travail de sol et irrigation, en
plus d‟achat d‟aliments pour le troupeau et répondre aux besoins du ménage, tout en
182
Résultats et discussion La gestion financière de l’élevage ovin
conservant les sujets engraissés pour les écouler à l‟occasion de la fête d‟El Aïd à des prix
favorables et glaner davantage de profit.
Comme il apparait pour une grande partie des éleveurs, à hauteur de 86 %, que la vente
concerne tout d‟abord les jeunes animaux puis les sujets de réforme. Tandis que pour le reste
des acteurs enquêtés (soit 14 %), ils écoulent les animaux de réforme en premier lieu en
automne, puis les jeunes animaux au printemps juste après sevrage et à l‟occasion de la fête
du sacrifice qui coïncide avec l‟été.
Suivant le format des bêtes, la plupart des éleveurs (86 % des cas), déclarent vendre en
priorité les animaux de bonne conformation, car ils sont mieux rémunérés sur le marché. Pour
le reste des éleveurs, soit 14 % des cas, ils se débarrassent en premier lieu des animaux ayant
une mauvaise conformation. Opération considérée comme une forme de réforme dans le
troupeau.
C‟était la logique de vente des animaux dans les années dites normales. Cependant,
pendant les années sèches, certains éleveurs se retrouvent dans l‟obligation de vendre plus de
têtes pour arriver à subvenir aux besoins du reste du troupeau. Parfois il s‟avère impératif de
vendre des sujets qui relèvent du capital reproducteur. Dans des conditions similaires, une
autre logique de vente a lieu, elle consiste à préserver les sujets améliorateurs, et cela par un
ordre de vente qui commence par les jeunes femelles (non encore pleines), puis les brebis
reproductrices les moins performantes, et en dernier lieu les bonnes reproductrices et les
béliers reproducteurs. 38 % de nos interlocuteurs déclarent recourir à cette stratégie de vente
lorsque l‟année est présumée défavorable. Le reste des éleveurs, soit 62 %, semble pouvoir
éviter pareille pratique en mobilisant d‟autres sources financières afin de résister aux
calamités de la sécheresse.
183
Résultats et discussion La gestion financière de l’élevage ovin
37 % de nos interlocuteurs déclarent bénéficier au moins d‟une action soutenue par les
différents programmes d‟appui de l‟Etat. Les actions les plus sollicitées par les éleveurs se
résument dans : la réalisation d‟un forage agricole, la construction d‟un bassin pour
l‟irrigation, l‟acquisition de matériel d‟irrigation d‟appoint (aspersion), et l‟aménagement
d‟un bâtiment d‟élevage. Ces actions, dans leur ensemble, permettent la mise en valeur des
terres agricoles avec l‟irrigation, autrement dit l‟augmentation des capacités à autoproduire les
fourrages cultivés.
Il est à signaler qu‟au début de la mise en œuvre des programmes de soutien, les actions
étaient totalement soutenues. Ce qui a donné lieu à un engouement de la part des exploitants
en milieu steppique pour tirer profit de ces programmes. Chose qui a favorisé davantage la
course à l‟usage de la steppe à d‟autres fins, corollaire d‟une surexploitation individuelle de
ses potentialités naturelles.
Quant au soutien direct à l‟élevage ovin, il porte sur l‟achat de l‟orge en grain aux prix
subventionnés (1 550 DA/ Qx, équivalant à 10 €), dans la mesure où il coûte 3 700 DA/Qx
(équivalant à 24 €) sur les marchés. La quantité autorisée à acheter au prix subventionné est
en relation au nombre de têtes en possession. C‟est notamment à travers un certificat de
vaccination contre la clavelée que les autorités peuvent identifier les élevages et inventorier
les effectifs ovins de chaque éleveur. La quantité d‟orge attribuée est de l‟ordre de 10 à 15
kg.tête-1, et dépend des disponibilités des stocks locaux de l’Office Algérien
Interprofessionnel des Céréales (OAIC), organisme chargé de l‟opération de distribution.
Certes des dysfonctionnements furent relevés, mais la quantité distribuée constitue un apport
non négligeable en aliments, qui peut couvrir même partiellement les besoins des animaux
pendant une certaine période. 72 % de nos interlocuteurs déclarent avoir bénéficié
184
Résultats et discussion La gestion financière de l’élevage ovin
régulièrement à ce type de soutien. Par ailleurs, les 28 % qui restent, attestent s‟abstenir
volontairement à ce service à cause de la lourdeur de l‟opération et la faible quantité octroyée.
i) Crédit auprès d’un tiers : il consiste à chercher de l‟argent liquide chez une personne de la
famille, un voisin, ou quelqu‟un d‟autre avec qui les relations sociales sont assez solides pour
avoir un tel service. Ils sont estimés à 58 % des enquêtés qui affirment recourir à ce type de
financement, surtout au début de la campagne agricole.
ii) Achat des aliments par crédit : certains commerçants d‟aliments de bétails peuvent
accepter l‟achat à crédit des aliments par les éleveurs avec lesquels ils entretiennent de bonnes
relations. C‟est une pratique très courante permettant aux éleveurs de retarder le paiement
jusqu‟à la commercialisation des animaux.
Ces types de crédits demeurent fonctionnels et moins contraignants que les crédits
bancaires. La réticence vis-à-vis les crédits bancaires trouve son explication dans des
considérations de préceptes religieux (taux d‟intérêts bancaires). La lourdeur des démarches
administratives est une seconde contrainte. De ce fait, les éleveurs préfèrent se détourner de
cette forme de financement vers les crédits dits non-officiels. Cette contrainte constitue un
frein majeur pour de nombreux projets d‟investissement agricole.
Cependant, il existe des éleveurs qui enregistrent une autosuffisance financière grâce
notamment à la diversification des activités agricoles. Il apparait difficile d‟avoir une telle
autonomie financière, raison pour laquelle seulement 9 % des éleveurs approchés déclarent
avoir connu une pareille situation.
185
Résultats et discussion La gestion financière de l’élevage ovin
Par ailleurs, 89 % de l‟ensemble des élevages avec berger engagent un seul berger, 9 %
en engagent deux, et 2 % quatre bergers. Le nombre de bergers recrutés dépend de la taille du
troupeau, malgré l‟inexistence d‟une corrélation statistique significative révélée par la
difficulté d‟établir une équation exacte concernant cette relation. Plusieurs considérations
socio-économiques jouent un rôle déterminant quant au recours ou non de bergers et du
nombre à engager.
Dans les élevages ovins de la région de M‟Sila, deux types de rémunérations des
bergers sont présentes :
i) La rémunération salariale :
C‟est le mode dominant, avec 89 % des cas. En fait, le salariat est le modèle de
rémunération le plus répandu dans tous les secteurs économiques dans la région de M‟Sila.
Alors que dans le secteur de l‟agriculture en général et plus particulièrement pour l‟élevage
les dédommagements sont salariaux. Le salaire unitaire moyen est de l‟ordre de 250
DA/brebis gardée/mois (équivalant à 1,6 € /brebis gardée/mois), notamment avec une
variation entre les différents exploitations. Cette variation est conditionnée par une multitude
de facteurs, entre autres la taille du troupeau qui intervient dans la détermination du salaire.
Au final le salaire est établi sous un contrat verbal entre les deux parties. Les investigations de
terrain révèlent que les salaires des bergers varient entre 10 000 et 50_000 DA/mois
(équivalant de : 63,5 à 318 €/mois).
Certains éleveurs, estimés à 17 % des cas, en commun accord avec le berger engagé
ajoutent dans le contrat de salariat entériné : la prise en charge alimentaire totale ou partielle,
par le propriétaire et un nombre de brebis cédées au berger. Ce qui permettrait à terme à ce
186
Résultats et discussion La gestion financière de l’élevage ovin
dernier d‟acquérir son propre cheptel et qui peut ainsi devenir à terme propriétaire. C‟est ainsi
qu‟émergent de nouveaux éleveurs propriétaires en milieu steppique. Ils débutent comme
bergers et finissent propriétaires au fil des années. Cela a pour conséquence de multiplier les
troupeaux ovins, et donc, d‟augmenter aussi la charge animale dans la steppe, ce qui se traduit
par une surexploitation des parcours.
Le contrat est entériné à durée annuelle, prend effet à partir de l‟automne, avec tacite
reconduction et renouvellement des articles qui les composent.
187
Résultats et discussion La gestion financière de l’élevage ovin
personnes mobilisées sont généralement les fils et les frères auxquels sont affectés les tâches
touchant à l‟ensemble des activités agricoles, à savoir ; gardiennage du troupeau, conducteur
de tracteur, irrigation des cultures, distribution des aliments pour les animaux, opérations
saisonnières, etc.
Dans les exploitations familiales, le père est toujours le chef de l‟exploitation, et chaque
fils s‟occupe d‟une tâche de travail. Les fils qui sont les héritiers de l‟exploitation, prendront
leur liberté économique lorsque qu‟ils décident de leurs propres ménages. Dans ce cas, le chef
de famille (père) attribue à son fils une partie de son troupeau pour pouvoir commencer. Ainsi
émergent de nouveaux éleveurs, allant crescendo, en milieu steppique qui font à la fois
multiplier les effectifs ovins et augmenter la charge animale sur les parcours.
Reste à signaler que dans les deux formes de main-d‟œuvre citées, le rôle des femmes
reste toujours dissimulé. Malgré qu‟elles s‟adonnent à toutes les activités liées à l‟élevage, les
femmes interviennent notamment dans la distribution des aliments aux troupeaux, aux soins
des jeunes sujets, au pâturage à proximité de l‟habitat, etc. Leur degré d‟implication diffère
d‟un système à l‟autre, mais dans tous les cas, elles n‟ont pas le droit d‟intervenir dans la
gestion des troupeaux. Dans ces sociétés patriarcales, les femmes sont aussi exclues de la
gestion des terres. Même, si la femme possède de la terre, l‟exploitation et la gestion sont
assurées par un membre masculin de sa famille (père, frère, mari ou fils) (Kanoun et al.,
2012).
188
Résultats et discussion La gestion financière de l’élevage ovin
des éleveurs, cette dernière est moins avantageuse, car il faut déclarer ses revenus et payer des
cotisations ; un engagement inexécutable dans un climat de non confiance générale entre les
employeurs et les services étatiques.
Une autre partie d‟éleveurs (soit 35 %) exercent dans des activités libérales
(commerçants et entrepreneurs) dont les revenus s‟avèrent assez considérables comparés au
secteur public. Les revenus, en partie, sont une source permettant d‟amorcer et relancer
l‟élevage dans les conditions difficiles. Dans ces circonstances, les activités libérales jouent le
rôle d‟amplificateur financier : en cas de bénéfice dans l‟activité de l‟élevage, les éleveurs
investissent le surplus d‟argent dans ce type d‟activités d‟un côté, et les bénéfices seront
injectés de nouveau dans l‟élevage à travers l‟agrandissement de la taille du troupeau d‟un
autre côté.
Par ailleurs, un seul éleveur affirme avoir une pension de retraite française constituant la
principale source de revenu dans son exploitation. Par le passé, cette source de revenu issue
de l‟émigration constitue un important facteur dans l‟apparition d‟une classe de grands
éleveurs qualifiés de « notables » bouleversant l‟image classique de la steppe pastorale et
favorisant ainsi une course démesurée vers l‟appropriation des ressources naturelles
(Bourbouze, 2006).
En conclusion, quelques soit l‟activité économique exercée, elle entre dans une stratégie
de diversification des sources de revenu des éleveurs, en augmentant la résilience de
l‟exploitation vis-à-vis des divers perturbations qui peuvent arriver (aléas climatiques et
incertitudes économiques entre autres). Les flux des fonds financiers entre les différentes
activités permettent d‟optimiser leurs performances économiques ; c‟est une forme de
flexibilité économique assurant la poursuite de l‟activité de l‟élevage ovin, notamment par les
fonds des autres activités. Dans cette logique, chaque activité économique constitue une
source de financement de l‟autre, l‟orientation des budgets est fortement influencée par les
conditions de réussite de chaque activité exercée.
189
Résultats et discussion La gestion financière de l’élevage ovin
charges relatives à la location. La figure N°57 met en exergue l‟essentiel du matériel que
détiennent les éleveurs dans leurs exploitations. Il se compose principalement de :
i) Tracteur :
C‟est l‟élément moteur pour assurer différentes tâches opérées sur l‟exploitation (travail
de sol, semis, fertilisation, récolte, transport des aliments et de l‟eau, etc.). Il semble que c‟est
le matériel le plus important aux yeux des éleveurs enquêtés, dont 36 % possèdent leurs
propres tracteurs, excepté un seul éleveur qui détient deux tracteurs.
ii) Camion :
C‟est un moyen qui a bouleversé la logique de la steppe pastorale. Désormais lors des
longs déplacements, les animaux et les fourrages sont transportés par camion. Véritable
perversion de logiques qui a mené Bourbouze, (2000), à dire qu‟à l‟inverse du pastoralisme
traditionnel, l‟eau et les aliments viennent vers les animaux. 27 % de nos interlocuteurs
déclarent avoir un camion.
65%
36%
27%
6%
190
Résultats et discussion La gestion financière de l’élevage ovin
V.7- Conclusion
Les systèmes d‟élevage ovins sont caractérisés par la diversification des activités
économiques dans le secteur agricole et en dehors également. C‟est la stratégie globale
adoptée par les éleveurs de la région de M‟Sila. La diversification des sources de revenu
contribue à la diminution des risques liés aux différentes perturbations (aléas climatiques,
mutations socio-économiques et politiques de gestion territoriales). Les revenus de chaque
activité économique constituent un fond pour perpétuer sa continuité, mais aussi pour le
déroulement d‟une autre activité, dont l‟élevage ovin. Ainsi les ressources monétaires aussi
bien internes qu‟externes connaissent des flux entre activités en réponse aux besoins et une
garantie à la résilience de l‟activité de l‟élevage ; ô combien révélatrice d‟une importance
capitale dans la plupart des exploitations agricoles de la région d‟étude.
Dans cette logique de gestion financière des exploitations, les ovins sont considérés à la
fois comme un investissement et un capital sur pieds mobilisé en cas de besoin immédiat (Ex :
achat des aliments), ou programmé (achat des terres agricoles). L‟ovin joue un rôle de tampon
économique, essentiel dans la gestion économique des exploitations agricoles en milieu
steppique.
191
Résultats et discussion La gestion financière de l’élevage ovin
Dans la circulation des flux des animaux, des aliments et des informations, le marché de
bétail joue un rôle important ; c‟est l‟endroit de rencontre de l‟ensemble des acteurs
économiques impliqués dans la filière ovine (éleveur, maquignon, boucher, et
consommateur). Les mécanismes de fonctionnement du marché de bétail sont complexes,
notamment en ce qui concerne l‟évolution des prix des produits. La région de M‟Sila est
connue par être une zone de production et de commercialisation des ovins dotée de quatre
grands marchés à bestiaux hebdomadaires qui comptent parmi les plus grands à l‟échelle
nationale (marché de Boussaâda, marché d‟Ain EL Meleh, marché de Sidi Aïssa, et marché de
M’Sila) fréquentés par des acteurs divers venant des quatre coins du pays. Il est aussi relevé
un nombre non négligeable de petits marchés locaux. D‟ailleurs, la plupart des éleveurs
approchés préfèrent la vente sur ces derniers (région de M‟Sila) que ceux des autres zones,
notamment pour leur fréquentation, synonyme de prix de vente plus intéressants pour les
éleveurs.
Cependant, il y a un aspect négatif de ses stratégies de résilience qui porte sur la gestion
des ressources naturelles. Aucune dimension de préservation des ressources n‟est envisagée
par les éleveurs. Donc, dans les conditions de désordre que connait la filière ovine, tout le
monde trouve dans l‟élevage ovin une opportunité pour un profit rapide et intéressant. Aucune
règle de limitation des effectifs n‟existe, ces derniers ne cessent d‟augmenter dans une course
égalitaire vers l‟exploitation maximale des ressources naturelles (Bourbouze, 2000). En
conséquence, la dégradation des parcours et leur désertification serait la résultante la plus
remarquable.
192
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage
Dans les circonstances actuelles, les éleveurs sont confrontés à de nombreux obstacles
pour assurer la continuité de l‟activité de l‟élevage. Les sècheresses chroniques et le
manque de fourrages naturels demeurent les principales contraintes entravant l‟élevage
ovin en milieu steppique. La dégradation des parcours et la diminution de leur productivité
poussent les éleveurs à trouver d‟autres ressources alimentaires pour leurs troupeaux.
193
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage
La principale culture pratiquée par les agro-éleveurs demeure l‟orge, avec ou sans
irrigation. L‟orge occupe une place primordiale dans la vie économique des exploitations
d‟élevage steppique au regard de ses multiples usages : fourrage vert, aliment concentré,
paille, chaumes. Il s‟agit de la situation générale. Toutefois, dans certaines exploitations,
d‟autres cultures occupent plus de place que l‟orge. C‟est en fonction des objectifs
économiques de chaque agro-éleveur que des assolements sont mis en évidence. Raison pour
laquelle, les modèles de gestion des terres agricoles diffèrent d‟une exploitation à une autre
selon les objectifs assignés et tenant compte des potentialités disponibles.
Par ailleurs, l‟élevage a aussi des bienfaits sur les terres agricoles, notamment par une
fertilisation organique via les déjections animales, qui se répercute positivement sur la fertilité
des sols et l‟augmentation des rendements des cultures installées. De cette relation biologique
entre agriculture et élevage, se révèle une véritable symbiose entre vocations, contribuant à la
pérennité de systèmes de production dans leur globalité. Par ailleurs, sur le plan économique,
l‟association « élevage-agriculture » constitue une diversité des revenus, et contribue de
manière mutuelle à la prospérité de l‟exploitation agricole.
i) La production des aliments permet d‟avoir plus de flexibilité dans la conduite alimentaire
des animaux, notamment à travers la disponibilité des fourrages verts et les stocks en aliments
194
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage
concentrés (orge en grain), et des fourrages secs (foin et paille). Cela donne plus d‟autonomie
alimentaire en limitant la vulnérabilité de l‟élevage vis-à-vis les variations de prix des
aliments sur les marchés ;
ii) Les aliments produits dans l‟exploitation ont un coût moindre que ceux achetés, ce qui
atténue considérablement les charges liées à l‟alimentation ;
iii) La vente du surplus, en fourrages verts et fourrages secs, constitue une source de revenu
non négligeable pour les éleveurs ayant une pléthore de production.
i) L‟extension des superficies des cultures pluviales : ce qui amène forcement au défrichement
des terres de parcours. Cette stratégie n‟empêche pas d‟avoir des productions aléatoires, ce
qui n‟arrange pas trop les agro-éleveurs avec une disponibilité incertaine des productions.
ii) Le recours à l‟irrigation des cultures pour améliorer les rendements, et avoir une certaine
autonomie alimentaire. Cette option s‟avère la plus pertinente dans le contexte actuel, à
condition de disposer des moyens nécessaires.
Le développement des cultures fourragères en irrigué est surtout encouragé par les
différents programmes de mise en valeur des terres agricoles (depuis l‟année 2000), et
notamment par l‟introduction des systèmes d‟irrigation d‟appoint. Il s‟agit certainement d‟un
passage vers l‟agropastoralisme, comme une stratégie « anti-aléatoire » permettant de mieux
maîtriser les incertitudes climatiques et économiques (Bourbouze, 2000). Sur ce point, les
éleveurs approchés sont convaincus que l‟avenir de l‟élevage ne pourra plus être assuré sans
le développement des cultures fourragères, ignorant ainsi toute dimension de développement
environnementale (réhabilitation et préservation des parcours ainsi que des nappes
phréatiques).
195
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage
Par ailleurs, le degré d‟autonomie alimentaire diffère d‟une exploitation à une autre ; où
56 % des interlocuteurs déclarent produire eux-mêmes plus de la moitié des aliments
nécessaires à leurs troupeaux ovins.
L‟usage des fourrages verts constitue une nouvelle tendance alimentaire pour la
substitution des fourrages naturels des parcours, et pour alléger la complémentation via des
aliments concentrés surtout pendant la période de soudure hivernale. Généralement, les
fourrages verts constituent 17 % de la composition alimentaire des troupeaux. Cependant, la
classification des éleveurs approchés a permis de déceler une classe d‟éleveurs (24 éleveurs)
produisant les fourrages verts qui arrivent à couvrir en moyenne 42 % des besoins de leurs
troupeaux ; taux considérable pouvant atteindre les 84 % pour certains d‟entre eux.
Les variables composant les éléments clés de cette stratégie sont les suivantes :
i) Le type d’aliment : Il s‟agit de quel type d‟aliment à utiliser parmi les aliments
disponibles. Le choix du type d‟aliment dépend de l‟aliment en lui-même (qualité nutritive),
et de sa disponibilité avec des prix (le coût s‟il est produit) qui doivent rester rentable.
196
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage
i) L’abondance des fourrages naturels : Pour les éleveurs, la logique d‟exploitation des
parcours est de faire pâturer les animaux pendant toutes les périodes d‟abondance fourragères,
même si la productivité des parcours est minime. C‟est une logique de surexploitation, qui ne
laisse ni le temps ni la quantité de biomasse végétale nécessaire pour une régénération
ordinaire et optimale. Les éleveurs recourent à la complémentation issue de l‟agriculture
(sources alimentaires payantes).
ii) Le prix de l’aliment : L‟objectif des éleveurs est d‟avoir toujours la ration alimentaire la
moins chère possible. Le prix des aliments sur les marchés est en fluctuation continue. Donc,
il est essentiel pour les éleveurs de prendre en considération ces variations dans l‟estimation
de rentabilité. Globalement, ils ont trois possibilités ; a) produire les aliments avec la moindre
de dépense, b) les acheter pendant les périodes de baisse prix, c) substituer les aliments chers
par d‟autres moins chers (Comme la substitution de l‟orge en grain par le blé tendre).
La production des aliments dans l‟exploitation est assurée par la pratique des différentes
cultures fourragères à l‟image de l‟orge, l‟avoine et la luzerne. L‟avantage de
l‟autoproduction est d‟avoir des aliments moins chers, disponibles à l‟utilisation au moment
opportun (avantage économique et stratégique). En effet, les prix et la disponibilité des
197
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage
aliments sur le marché (ou les pâtures à louer) sont très instables et très influencés par les
conditions naturelles (pluviométrie) et socio-économiques. Cependant, la maitrise de la
production des aliments nécessite la disponibilité des moyens de production (terre et capital
financier) pour pouvoir installer des cultures fourragères en irrigué.
Par ailleurs, tous les éleveurs se retrouvent dans l‟obligation d‟acheter des aliments
lorsque la nécessité l‟exige tenant compte du prix sur le marché, de la fréquence d‟acquisition
et de la quantité à acheter. Trois types de modalités d‟achat ont été recensées auprès des
éleveurs de la région de M‟Sila : i) Achat d’aliment en cas de besoin immédiat, ii) Achat
d’aliment à bas prix, iii) Achat d’aliment à fréquence périodique. Celle relative à l‟achat à
prix bas semble la plus avantageuse mais nécessitant la disponibilité de ressources financières.
Entreposer ses propres productions et déposer les aliments achetés à bas prix semble
une stratégie adéquate pour l‟optimisation de la gestion des aliments. Le stockage des
aliments est une pratique permettant la régulation des flux et d‟optimiser à la fois la
production et l‟achat des aliments. Au regard de l‟intérêt du stockage, 88 % de nos
interlocuteurs en font recours, dont la moitié d‟entre eux, remplissent leurs stocks par des
aliments produits et achetés. C‟est ainsi que la combinaison entre les trois sources s‟avère
comme une pratique permettant d‟optimiser l‟approvisionnement en aliments.
L‟élevage bovin laitier est une nouvelle spéculation adoptée dans la région de M‟Sila où
on relève que 22 % des éleveurs enquêtées ont un élevage bovin laitier. La décision de
l‟introduction du bovin laitier dans l‟exploitation est surtout motivée par les mesures
incitatives, initiées par les pouvoirs publics visant à l‟amélioration de la filière lait. Ce sont
principalement les éleveurs dotés de moyens leur permettant de produire les fourrages sur
place en estimant que les subventions accordées pour l‟élevage bovin laitier sont plus
importantes que celles destinées à l‟élevage ovin. C‟est plutôt dans un système d‟élevage
mixte que les ressources fourragères cultivées soient réparties entre ovins et bovins.
198
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage
Quant au caprin, mené souvent en association avec les ovins dans les systèmes
d‟élevage ancestraux, ils sont présent dans 91 % de nos interlocuteurs qui détiennent des têtes
caprines dans leurs troupeaux. La présence de la chèvre permet d‟assurer des protéines
animales (lait et viande) destinées à l‟autoconsommation, alors que la vente en partie des
chevreaux engraissés constitue une autre source de revenu pour certains éleveurs.
Avoir des naissances groupées et gémellaires, avoir deux mise-bas par an (au lieu de
trois mise-bas tous les deux ans), ou bien rattraper les brebis vides après un avortement ou une
saillie non fécondante semblent être les principaux les objectifs recherchés par les éleveurs via
l‟introduction de la synchronisation des œstrus.
199
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage
L‟intérêt principal de vente des animaux réside dans l‟acquisition des aliments pour la
couverture des besoins animaux et ceux du ménage en cas de besoin pressant d‟argent. La
vente des animaux est aussi motivée pour couvrir les charges de la mise en cultures des sols
(intrants, travail du sol et irrigation). Par contre, garder les animaux permet d‟avoir une
meilleure valorisation des produits animaux, dans la mesure où les sujets engraissés sont
mieux rémunérés sur les marchés.
200
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage
est abandon, donc, l‟éleveur garde le maximum de têtes pour profiter de la gratuité des
pâturages (capitalisation).
Le mécanisme de vente des animaux apparait très complexe et semble influencé par
plusieurs facteurs. L‟ordre de vente des animaux suivant la catégorie animale et le gabarit
(conformation) du sujet, la période de vente outre du nombre de têtes à vendre sont les
principaux paramètres déterminant la stratégie de décapitalisation du troupeau. Chaque
éleveur réalise les détails de sa propre stratégie en fonction de ses objectifs de production. Il
apparait qu‟en année dite « normale » la plupart des éleveurs approchés (86 %), ont tendance
à écouler d‟abord les jeunes animaux de bonne conformation, puis ceux de la réforme.
Par ailleurs en année de sècheresse, 38 % des éleveurs semblent être obligés de vendre
une bonne partie de leur troupeau, y compris une partie capital reproducteur (géniteur) afin de
subvenir aux besoins alimentaires du reste des animaux. Cependant, l‟objectif de mécanisme
de vente consiste à préserver au maximum les sujets de bonne conformation, alors que la
vente est ponctuée par ordre ; à commencer les jeunes femelles (non encore pleines), puis les
brebis reproductrices les moins performantes, et en dernier lieu les bonnes reproductrices et
les béliers reproducteurs.
i) Les emprunts auprès d’un tiers : qui consiste à voir du l‟argent liquide en cas de besoin
pressant auprès des personnes avec lesquelles les relations de confiances sont assez solides
pour avoir un tel service. On compte 58 % les enquêtés qui affirment recourir de manière
régulière à ce type de financement, surtout au début de la compagne agricole ;
ii) Achat des aliments par crédit : Les commerçants d‟aliments de bétails acceptent de
retarder le paiement jusqu‟à la vente des animaux. Ils sont 67 % de nos interlocuteurs
approchés qui avancent le retour régulier à ce type de financement, alors que les restes (36 %
des éleveurs approchés) déclarent recourir simultanément aux deux types de financement.
Comme l‟aspect verbal domine les relations d‟échange dans le milieu rural, où les
coutumes sociales ont toujours leurs forces sur la dynamique économique de l‟agro-élevage.
201
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage
Ces formes de crédits n‟ont aucune nature officielle ou administrative, seule la tenue de la
parole est gage de confiance mutuelle.
i) Des aides directes : qui touchent directement l‟activité de l‟élevage ovin. Il s‟agit
principalement d‟une aide alimentaire par l‟achat de l‟orge en grain subventionné (1 550 DA/
Qx, équivalant à 10 €), dans la mesure où il coûte 3 700 DA/Qx (équivalant à 24 €) sur le
marché. La quantité autorisée à acheter au prix subventionné est proportionnelle au nombre de
têtes en possession (10 à 15 kg/tête/an). Malgré que la quantité attribuée ne couvre qu‟une
partie des besoins des animaux pendant une courte période de l‟année, mais les éleveurs ne
loupent aucune opportunité susceptible d‟alléger les charges alimentaires du troupeau. Ils sont
72 % les éleveurs bénéficiant régulièrement de ce type de soutien.
ii) Des aides indirectes : Depuis l‟année 2000, de multiples programmes ont été initiés par
les pouvoirs publics et qui visent essentiellement la mise en valeur des terres agricoles. La
grande partie de ces programmes de développement était sous forme des soutiens financiers
des actions d‟exploitation individuelle, renforçant ainsi la notion de l‟exploitation agricole
individuelle. Alors que l‟esprit de l‟exploitation individuelle a dépassé la gestion des terres
agricoles pour toucher aussi les terres de parcours. C‟était parmi les facteurs qui ont favorisé
le passage du mode d‟exploitation pastorale à un mode agro-pastoral.
Cependant, les éleveurs moutonniers ont trouvé un grand intérêt financier pour réaliser
de lourds investissements dans leurs exploitations (fonçage d‟un forage agricole, construction
d‟un bassin pour l‟irrigation, acquisition du matériel d‟irrigation d‟appoint, etc.). Il s‟agit des
actions permettant à la fois la diversification des revenus des exploitants (céréalicultures,
202
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage
Ils sont estimés à 37 % les éleveurs ayant bénéficié de certaines actions agricoles dans
le cadre de multiples programmes d‟appui de l‟Etat. La réalisation et l‟équipement d‟un
forage agricole, la construction d‟un bassin pour l‟irrigation, l‟acquisition de matériel
d‟irrigation d‟appoint (aspersion) et l‟aménagement d‟un bâtiment d‟élevage sont les actions
les plus sollicitées. En globale, les actions souhaitées permettent la mise en valeur des terres
agricoles avec l‟irrigation et l‟augmentation des capacités à autoproduire les fourrages
cultivés
i) Des activités couvrants les besoins du ménage et assurant une sécurité sociale : Il s‟agit
des activités dans le secteur publique (fonctionnaires et fonctionnaires retraités). Le revenu
escompté par ce type d‟activité permet au moins de se libérer des charges du ménage et ainsi
consacrer les fonds des activités agricoles pour le fonctionnement et la gestion de
l‟exploitation. Les éleveurs adoptant ce type de stratégie sont représentés par 65 % des acteurs
approchés.
ii) Des activités investissant les fonds de l’élevage et de l’agriculture : Ce sont des activités
libérables pilotés par des commerçants et entrepreneurs. On peut leur attribuer le qualificatif
d‟éleveurs-libéraux qui investissent le surplus de fond réalisé par l‟élevage dans ce type
d‟activité, et réciproquement en cas de besoin d‟élevage (achat d‟aliment par exemple) on
puise depuis ces activités. Autrement dit, il s‟agit d‟une stratégie de mutualisation permettant
aux acteurs d‟augmenter la résilience de leurs systèmes de production. Parmi les éleveurs
ayant une activité hors-agriculture, on compte 35 %, le taux d‟éleveurs exerçant dans ce type
d‟activité.
203
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage
i) Avoir son propre matériel agricole signifie plus d‟autonomie dans le processus de
production, car un matériel en main est facilement mobilisable aussi bien pour les opérations
agricoles que l‟élevage. Par ailleurs, exploiter son propre matériel revient moins cher que la
location, car il faut compter un certain bénéfice pour le bailleur.
ii) La location de matériels agricoles constitue une source de revenu non négligéable, surtout
pour les moissonneuse-batteuses et les tracteurs. 12 % de nos enquêtés affirment louer du
matétiel agricole à un tiers dans un but d‟amortissement et surtout d‟avoir un revenu
supplémentaire destiné à l‟achat des aliments pour le troupeau.
Le matériel agricole possédé se révèle par son intérêt dans l‟économie des exploitations
sont :
- Le tracteur : élément moteur pour différentes opérations sur l‟exploitation (travail de sol,
semis, fertilisation, récolte, transport des aliments et de l‟eau,…etc.). Ils sont 36 % des
enquêtés qui possèdent leurs propres tracteurs ;
- Le camion : Moyen de transport le plus préféré par les exploitants de la steppe car il sert
aussi bien au transport des aliments que des animaux et matériel sur de longues distances. Un
camion aide à la réalisation de plusieurs services dans l‟exploitation, outre que sa location
s‟avère comme source de revenu non négligeable pour son possesseur. Ils sont 27 % de nos
interlocuteurs qui déclarent avoir un camion.
204
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage
L‟une des stratégies de relance de l‟élevage dans des situations extrêmes réside dans le
recours au partenariat avec des tiers disposant de ressources financières nécessaires. Deux
types de partenariats sont rencontrés :
i) Partenariat éleveur-investisseur : Dans ce cas, l‟éleveur fait appel aux fonds d‟un
investisseur via un contrat basé sur un partage équitable de bénéfice. Les investisseurs
spéculateurs trouvent dans l‟élevage une opportunité pour réaliser des profits, alors que les
éleveurs mettent leur savoir-faire pour la reprise de l‟activité de l‟élevage. Le but ultime de
l‟éleveur réside dans l‟accumulation du capital nécessaire pour se relancer seul de nouveau
dans l‟élevage ovin.
Le recours à pareille stratégie n‟arrive que dans les cas extrêmes, notamment en
l‟absence de moyens de financement de l‟élevage et sont seulement 8 % des éleveurs
approchés qui affirment entériner des contrats de partenariat.
205
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage
mode de vie basé sur la satisfaction des besoins des troupeaux à une pratique de
complémentation alimentaire en cas d’absence de ressources d’affourragement interne. La
régression de la mobilité des troupeaux est le résultat d‟une multitude de facteurs. Ils sont
estimés à 58 % les éleveurs qui se sont complètement sédentarisés. L‟abandon total de la
transhumance pour cette catégorie d‟éleveurs est une stratégie dictée par les circonstances de
chaque éleveur et orientée par les objectifs tracés.
i) La mobilité estivale : Il s‟agit de déplacement vers les zones telliennes à la quête de l‟herbe.
Connue de montée, elle correspond aux mouvements traditionnels de l’Achaba ;
ii) La mobilité hivernale : C‟est la descente, ponctuée vers les parcours prés-sahariens.
Similaire aux mouvements de l’Azzaba dans les systèmes d‟élevage traditionnels ;
iii) La mobilité locale : dans un rayon ne dépassant pas les 50 Km pour accéder par location
des pâtures locales (parcours, chaumes ou jachères).
Il est relevé que 60 % des éleveurs approchés pratiquent l‟engraissement des ovins, dont
plus de la moitié (58%) sont présumés éleveurs naisseurs-engraisseurs. Au regard de
l‟importance économique que revêt l‟engraissement, certains éleveurs ne se contentent pas
seulement d‟engraisser les sujets issus de leurs propres troupeaux, mais s‟acquittent
206
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage
d‟animaux supplémentaires à engraisser. Le reste des éleveurs (soit 8 %), ce sont des
engraisseurs « strictes », incarnant l‟engraissement comme activité principale dans
l‟exploitation. Les éleveurs de cette catégorie sont qualifiés comme des opportunistes
saisissant l‟occasion du désordre dans la filière ovine pour injecter leurs fonds et tirer un
maximum de profit.
Il apparait que l‟engraissement pour la fête du sacrifice (Laïd El Kebîr) est la meilleure
occasion pour les éleveurs afin de rentabiliser au mieux l‟activité d‟élevage et ce, au regard de
la forte demande en sujets vifs pendant cette occasion. Il en résulte que 93 % des éleveurs
pratiquant l‟engraissement, coïncident leurs calendriers d‟engraissement avec la fête du
sacrifice. Par ailleurs, dans 70 % des cas, il apparait que la catégorie des antenais est la plus
engraissée du fait qu‟elle soit la plus préférée et sollicitée par les consommateurs.
Dans ce sens que Kanoun et al. (2015), ont relevé un type d‟éleveurs
dénommés «éleveurs naisseurs-engraisseurs pour fêtes religieuses » représentant près de la
moitié des éleveurs de la région d‟El- Guedid-Djelfa (région steppique avoisinante de la
région de M‟Sila). Ces éleveurs ciblent les occasions de fêtes religieuses (Ramadhan et Laïd
El Kebîr), adoptant une stratégie d‟écouler les sujets engraissés les plus performants. Chose
qui reflète l‟avantage économique que représente la stratégie d‟engraissement en ciblant les
périodes de forte demande à l‟égard des sujets vifs.
A nos jours, les éleveurs sont convaincus de l‟efficacité de ces vaccins pour préserver
leurs troupeaux des maladies. Raison pour laquelle la totalité (100 %) des éleveurs approchés
207
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage
Par ailleurs, la vaccination donne droit à la subvention de l‟orge en grain tenant compte
du nombre de sujets vaccinés contre la clavelée. Ce qui représente une clé d‟accès au soutien
de l‟Etat. Ainsi donc, la vaccination présente de multiples intérêts aux éleveurs, dès lors
qu‟elle soit qualifiée de stratégie technico-organisationnelle adoptée par les éleveurs
renforçant la résilience des élevages contre les maladies.
Le tableau N°34 récapitule les différentes stratégies de résilience des éleveurs face à la
sècheresse et ses conséquences écologiques et socio-économiques, ainsi que leurs degrés
208
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage
d‟importance pour l‟ensemble des éleveurs. Il est remarquable que les stratégies ciblant la
conduite alimentaire des troupeaux ovins soient les plus importantes du fait que l‟alimentation
constitue le poste de dépenses le plus préoccupant. A l‟échelle d‟une exploitation, l‟éleveur ne
dispose pas de la totalité des stratégies de résilience, les choix sont souvent beaucoup plus
restreints mais surtout dictés par les potentialités dont dispose l‟éleveur outre de ses objectifs
de production.
209
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage
Pour simplifier la compréhension des choix des éleveurs, il est pertinent de classer
l‟ensemble des éleveurs approchés suivant les principales stratégies de résilience adoptées.
Regrouper les éleveurs permet d‟identifier les trajectoires stratégiques (ensemble de
stratégies de résilience), adoptées par les éleveurs ovins de la région de M‟Sila. Chose qui
permet d‟identifier les sources de vulnérabilité des systèmes d‟élevage en milieu steppique.
210
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage
Par la suite, une classification des éleveurs basée sur la similarité des stratégies
pratiquées est proposée. La CAH (Classification Ascendante Hiérarchique), est appliquée sur
les coordonnées principales des observations issues de l‟ACM précédente. Elle permet de
ranger les éleveurs en groupes homogènes.
F1 F2 F3 F4 F5 F6 F7
Valeur propre 0,42 0,32 0,25 0,23 0,19 0,18 0,17
Inertie ajustée (%) 48,93 18,42 4,84 2,91 0,37 0,10 0,00
% cumulé 48,93 67,35 72,19 75,11 75,48 75,58 75,58
La représentation graphique des modalités des variables sur les axes F1 et F2 montre
que (Figure N°58) :
► L‟axe F1 explique 48,93 % de la variabilité, et qu‟il est représenté par les modalités de la
variable : « O_Aliment » (optimisation de l‟alimentation : Production/Achat/Stockage).
► Par ailleurs, l‟axe F2 explique 18,42 % de la variabilité. Il est représenté par les modalités
des variables :
« DIV_Culture » (Diversité des cultures irriguées) ;
« SupF/Sup_Irrigue » (Part des cultures fourragères dans la sole agricole) ;
« Mobilité » (Pratique des transhumances).
211
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage
DIV_Culture_I-1
SupF/Sup_Irrigue-3
DIV_Culture_I-2
1
DIV_Culture_I-3
Mobilité-0
Engraissement-0
SupF/Sup_Irrigue-1
DIV_Elevage-2
O_Aliment-2
0 O_Aliment-3
DIV_Elevage-1
DIV_Culture_I-4 SupF/Sup_Irrigue-0
F2 (18,42 %)
Engraissement-1 O_Aliment-1
DIV_Elevage-3 DIV_Culture_I-0
Mobilité-1
SupF/Sup_Irrigue-2
-1 DIV_Culture_I-5
DIV_Elevage-4
-2
DIV_Culture_I-6
-3
-5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4
F1 (48,93 %)
Variables
La représentation graphique des individus (éleveurs) sur les axes F1 et F2 montre deux
groupes visiblement séparés, mais reste à vérifier par une CAH (Classification Ascendante
Hiérarchique). Beaucoup d‟individus sont superposés, ce qui signifie qu‟ils ont les mêmes
allures concernant les stratégies adoptées (Figure N°59).
212
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage
9 4 33
3
1 79 72
82
83 85 80
23
76
94 2
90
10 6
0,5 36 35 88
67
26 9344
4232
70 75
24 62 63 19
78 64 506148 47 1
77 45
56 13
0 21 49 66
F2 (18,42 %)
65 29 16 31
34 20 40
73 18 89 87 84
43
69 11 57 59 85 17
7 53 6071 58 25
41 22
12 991530 97 39 28
37 98
-0,5 100 81 86
74 14 27
68
46
38
92 91 96
-1 55
54
52
95
-1,5
51
-2
-3 -2,5 -2 -1,5 -1 -0,5 0 0,5 1 1,5 2 2,5 3
F1 (48,93 %)
Observations
Une CAH (Classification Ascendante Hiérarchique) a été appliquée sur les coordonnées
principales des observations issues de l‟ACM précédente. Elle met en évidence trois (3)
groupes d‟éleveurs suivant les stratégies adoptées : (G1 : 38 éleveurs, G2 : 32 éleveurs, G3 :
30 éleveurs). La figure N°60 montre le dendrogramme de typologie proposée par la CAH.
40
35
30
25
Dissimilarité
20
15
10
0
39
84
72
41
96
27
31
28
17
25
63
19
47
16
29
15
99
98
97
30
81
64
62
61
48
50
71
60
59
57
58
22
42
13
86
89
87
18
85
88
33
82
83
79
23
90
94
56
75
26
35
36
80
76
10
44
77
45
24
70
93
51
54
55
38
52
21
78
11
53
32
65
67
46
74
12
73
49
66
43
69
14
68
34
95
91
92
37
20
40
2
1
3
4
9
8
7
100
213
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage
La combinaison des résultats des deux analyses statistiques (ACM et CAH) montre la
distinction entre groupes d‟éleveurs proposés par la CAH sur la représentation de l‟ACM et
une projection des individus suivant les modalités des variables qui les caractérisent (Figure
N°61).
DIV_Culture_I-1
1,5
SupF/Sup_Irrigue-3
DIV_Culture_I-2
33
4
3
9
1 82
883
23
72
79
576 80
DIV_Culture_I-3 2
10 94
90
6 35
36
67 0,5 Mobilité-0 88
26 93 44
4232 Engraissement-0
SupF/Sup_Irrigue-1 70 75
78 24 DIV_Elevage-2 64 50
48
62
61 163
19
47
77 5645 13 O_Aliment-2
21 4965O_Aliment-3
66
73 0 16
29 31
-1,5 -1 34-0,540
20 0 DIV_Elevage-1 0,5 18 1 87
84
89 1,5 2
DIV_Culture_I-4 4353
6911 85 SupF/Sup_Irrigue-0
17
25
Engraissement-1 60
59
58
57
71
F2
722
41 O_Aliment-1
DIV_Elevage-3 12 100
15
30
81
99
98
97 28
39 DIV_Culture_I-0
37
74 -0,5 86
14
68 27
46 Mobilité-1
SupF/Sup_Irrigue-2
3891
92
-1 96
DIV_Culture_I-5
55
54
52
95
-1,5
51
DIV_Elevage-4
-2
DIV_Culture_I-6
-2,5
F1 1 2 3
Figure N°61 : Représentation des groupes d’individus proposés par la CAH sur les axes
F1 et F2 de l’ACM.
Il ressort de ces traitements que les groupes formés peuvent être caractérisés ainsi :
Groupe 1 : les éleveurs de ce groupe se localisent dans une sphère des modalités :
« DIV_Culture_I- 0 », « SupF/Sup-Irrigue- 0 ». Ce qui signifie qu‟ils ont tendance à ne pas
avoir des cultures en irrigué, et par conséquent absence de cultures fourragères en irrigué ;
Groupe 2 : les éleveurs de ce groupe se localisent dans une sphère des modalités :
« DIV_Culture_I- 4 et 5 », « SupF/Sup-Irrigue- 2 ». Ce qui signifie qu‟ils ont tendance
214
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage
à avoir une forte diversification des cultures pratiquées en irrigué, avec réservation d‟une
partie moyenne pour les cultures fourragères ;
Groupe 3 : les éleveurs de ce groupe se localisent dans une sphère des modalités :
« DIV_Culture_I- 3 », « SupF/Sup-Irrigue- 1 et 3 », « Mobilité- 0 ». Ce qui signifie qu‟ils
ont tendance à :
- Avoir une diversification moyenne des cultures pratiquées en irrigué, avec réservation d‟une
bonne partie pour les cultures fourragères ;
- Etre sédentaires.
Groupe 2 : Ce groupe est composé de 32 éleveurs qui sont caractérisés globalement par :
- Exploitation de terres agricoles menées en irrigué, ou en mode mixte (une partie irriguée et
l‟autre en sec) ;
- Plusieurs types de cultures en irrigué (de 4 à 6 types de cultures), avec une superficie
relativement moyenne dédiée aux cultures fourragères (57 % en moyenne) ;
- La pratique de la transhumance est entreprise par 53 % d‟éleveurs présumés semi-sédentaires
transhumants ;
215
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage
- La pratique de l‟engraissement s‟avère également d‟une relative importance pour les éleveurs
de ce groupe, dont 63 % la pratiquent ;
Les éleveurs de ce groupe ont de nombreuses stratégies qui renforcent l‟association
« Elevage-agriculture ». Ils se basent sur la diversification des revenus par la diversification
des cultures et la satisfaction d‟une partie des besoins alimentaires du troupeau produite par
leurs propres soins. Plus de la moitié d‟entre eux (53 %) intègrent toujours la transhumance
comme stratégie pour l‟affourragement des troupeaux. D‟où une autonomie importante de
leurs exploitations. En conséquence, les systèmes d’élevage ovins semblent avoir de bonnes
sources de résiliences alimentaires et financières.
Les éleveurs de ce groupe ont aussi de multiples stratégies qui renforcent l‟association
« Elevage-agriculture », basée sur l‟affourragement des animaux par des aliments produits
dans l‟exploitation. Ils réservent une bonne partie des terres agricoles exploitées aux cultures
fourragères. Ils ont tendance à devenir sédentaires, et se contentent des ressources fourragères
locales. L‟autonomie alimentaire de ses élevages est importante. En conséquence, les
systèmes d’élevage ovins semblent avoir de bonnes sources de résilience alimentaire.
Il est à signaler que la pratique de l‟engraissement est présente chez les trois groupes
d‟éleveurs ; c‟est une stratégie de valorisation des produits de l‟élevage qui semble être
pratiquée par tous les éleveurs lorsque les capacités financières le permettent.
Par ailleurs, des tests ANOVA, suivis par un test de Fisher de comparaison par paires,
ont été opérés pour comparer la taille du troupeau des trois groupes d‟éleveurs. Les tests
montrent l‟absence d‟une différence significative entre les trois classes (P(1,3)=0,13 /
P(1,2)=0,90 / P(2,3)=0,31), notamment en ce qui concerne la taille moyenne du troupeau. Le
choix des stratégies de résilience n‟est pas seulement influencé par l‟importance du troupeau,
il est possible de rencontrer des éleveurs possédant des troupeaux de différentes tailles mais
qui adoptent les mêmes stratégies de résilience.
216
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage
La figure N°62 résume les principales caractéristiques des trois groupes d‟éleveurs
identifiés.
Groupe 3
30 éleveurs
Forte association Elevage-agriculture ;
Diversification moyenne des cultures ;
Cultures fourragères importantes=> 78 % ;
Transhumance faible => 23 % ;
Engraissement moyen => 63 %. Groupe 1
Bonne résilience alimentaire 38 éleveurs
Faible association Elevage-agriculture ;
Approvisionnement externe ;
Transhumance moyenne => 47 % ;
Groupe 2 Engraissement moyenne => 55 %.
32 éleveurs Résilience faible
Forte association Elevage-agriculture ;
Forte diversification des cultures ;
Cultures fourragères moyennes=> 57 % ;
Transhumance moyenne => 53 % ;
Engraissement moyen => 63 %.
Bonnes résiliences alimentaire et
financière
217
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage
Cependant, il était possible d‟identifier les différentes pratiques adoptées dans les
systèmes d‟élevage et de décrire des tendances stratégiques. Généralement, elles sont Seize
(16) grandes stratégies de résilience identifiées et adoptées par les éleveurs de la région de
M‟Sila, en fonction des objectifs assignés par chacune d‟entre elles. Par ailleurs, il est
possible de classer l‟ensemble des stratégies identifiées en trois classes ; i) Les stratégies dont
218
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage
le but principal est d‟avoir une résilience alimentaire pour le troupeau à cout et à long termes,
ii) Les stratégies permettant la diversification des revenus de l‟exploitation, iii) Les stratégies
de renforcement des différentes performances de production. L‟ensemble des stratégies
permettant directement ou indirectement la satisfaction des besoins alimentaires des
troupeaux, du fait que le manque de fourrage naturel demeure la préoccupation majeure des
éleveurs ovins en milieu steppique.
Il apparait difficile d‟analyser les choix stratégiques des éleveurs vue la complexité des
interactions entre les différents facteurs de production et la diversité des objectifs de
production en milieu steppique. Mais une classification des éleveurs suivant les principales
stratégies de résiliences adoptées permet d‟identifier les grandes trajectoires adoptées par les
éleveurs ovins. La typologie réalisée à d‟aide d‟outils statistiques a mis en évidence trois (3)
groupes d‟éleveurs qui se révèlent par une ressemblance dans l‟adoption de stratégies de
résilience :
219
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage
leurs troupeaux par leurs propres productions, sans négliger l‟apport alimentaire de la
transhumance qui reste pratiquée par la moitié des éleveurs.
L‟ensemble des stratégies adoptées par ces éleveurs leur donnent une certaine résilience
à la fois alimentaire (productions de différents aliments de bétails), et financière
(diversification des revenus de l‟exploitation).
Il est à signaler que la stratégie de l‟engraissement est présente chez les trois groupes
d‟éleveurs ; c‟est une stratégie de valorisation des produits de l‟élevage par la production de
sujets à haute valeur ajoutée.
Même si les Groupe 2 et 3 présentent une forte résilience de leurs systèmes d‟élevage,
il existe cependant une perspective de vulnérabilité de leur durabilité. Ces éleveurs se
confrontent à des limites d‟ordre naturel et organisationnel, notamment en ce qui attrait à :
220
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage
moyen et à long termes. Ce point s‟avère très important à prendre en considération pour une
démarche de durabilité des systèmes d‟exploitation (Khaldi, 2014). L‟extension des espaces
agricoles au détriment des parcours, la surexploitation des ressources hydriques souterraines,
une faible maitrise de la conduite et des opérations culturales, semblent les éléments de
vulnérabilité des systèmes actuels d‟exploitation des ressources naturelles et présentent un
risque de dégradation du patrimoine naturel.
Quant aux façons d‟exploitation des ressources hydriques, le débat est toujours ouvert
entre conviction, qu‟elle soit renouvelable ou non. Nedjraoui (2004), annonçait dans un
travail d‟évaluation des ressources pastorales en milieux steppiques algériens que : « les
ressources hydriques sont faibles, peu renouvelables, inégalement réparties et
anarchiquement exploitées ». Cette constatation est confirmée à travers les observations de
terrain, notamment par le rabattement du niveau des nappes exploitées chaque année. Il est
même noté que des périmètres soient abandonnés une fois que la ressource en eau est tarie. Il
est remarqué aussi un grand gaspillage dans l‟utilisation de l‟eau pour l‟irrigation malgré le
déploiement des techniques d‟irrigation d‟appoint (aspersion). C‟est du manque de technicité
des exploitants (agro-éleveurs et agriculteurs) qui est relevée et ce, pour une gestion
rationnelle de l‟eau d‟irrigation. Les exploitants l‟appréhendent par le fait que le principal
atout de l‟irrigation des grandes cultures par aspersion réside dans des conditions de profit
(moins de main-d‟œuvre et du temps de travail) et non pas dans l‟économie de l‟eau.
Raison pour laquelle, des études d‟impact, plus spécialisées doivent être réalisées pour
évaluer le degré de résilience des pratiques culturales, ainsi que la faisabilité de l‟extension
des alternatifs alimentaires, de les améliorer et les intégrer dans un processus de
développement durable de la région dans sa dimension globale.
De même que, les changements dans les droits d‟accès aux ressources pastorales ont
enclenché une course d‟appropriation privative et l‟exploitation individuelle des terres de
221
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage
Par ailleurs, la profession qui devrait être interpellée, via le cadre associatif, fait défaut,
hormis l‟adhésion à la chambre d‟agriculture qui se fait afin de facilitation des différentes
démarches administratives. Dans ce sens, l‟organisation des différents producteurs, qu‟ils
soient éleveurs ou céréaliculteurs, nécessiterait une priorité une priorité en matière de
recherche / développement avec l‟appui de socio-anthropologue. Opérations qui seraient
mener de façon interdisciplinaire avec : agronome, écologue, hydraulicien, climatologue,
zootechnicien.
222
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage
Une autre étude a été réalisée par Benidir (2015), au niveau de la région de Djelfa. Elle
est basée sur une méthodologie d‟analyse multi-variée appelée IDEA (Indicateurs de la
Durabilité des Exploitations Agricoles). Il a été relevé sept (7) types d‟éleveurs se distinguant
les uns des autres par leurs pratiques de conduite, alors qu‟une tendance vers la diversification
des productions notamment chez les éleveurs sédentaires est de mise, l‟échelle économique
réalise de bonnes performances alors que les deux échelles agro-écologique et socio-
terretoriale ont des scores médioces. Ce qui corrobore avec les résultats de notre étude,
révélés par les stratégies de résilience qui n‟accordent auncun intérêt à la dimension
environementale.
Mekhloufi (2020), a réalisé une étude similaire dans la région d‟El Bayadh, où il a
récensé trois groupes d‟éleveurs suivant les stratégies d‟adaptation pratiquées : i) Groupe
pratiquant un système d‟élevage sédentaire, type engraissement à courte durée, ii) Groupe
pratiquant un système semi-transhumant/semi-sédentaire, type engraissement à moyenne
durée, iii) Groupe pratiquant un système transhumant et nomade, type engraissement à longue
durée. Il semble que les mouvements de transhumance ont toujours une place importante dans
les systèmes d‟élevage dans la région d‟El Bayadh, contrairement à ceux de la région de
M‟Sila.
Ainsi donc, on ne peut pas généraliser les résultats de la présente études sur l‟ensemble
des zones steppiques. Dès lors, il serait plutôt nécessaire de considerer les résultats de la
présente étude en conjuguant les orientations de différents champs disciplinaires
(climatologie, sociologie, économie, etc.). Raison pour laquelle, la réalisation d‟études
223
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage
similaires portant sur d‟autres zones steppiques s‟avère plus que nécéssaire afin de pouvoir
distinguer aussi bien les aspects génériques que les aspects spécifiques.
A chaque point abordé, les études doivent être menées en symbiose avec les différents
programmes initiés par les pouvoirs publics afin de pouvoir prôner un développement qui
s‟inscrirait dans un processus integratif. Il serait recommandé des actions dans un programme
de développement de la zone steppique qui pourraient s‟inscrire comme suit :
Les travaux d‟aménagement hydrique pour le captage et l‟usage des eaux superficielles ;
Les actions de restauration des parcours (mise en défens, plantation pastorale, etc.) ;
Sensibilisation des éleveurs quant à l‟intérêt porté à la préservation des ressources
naturelles ;
Amélioration du mallaige des points d‟abreuvement du cheptel pour éviter le pâturage répété
autour des points d‟eau ;
Plantation d‟espèces fourragères autochtones adaptées à la secherèsse ;
Amélioration des performances productives du cheptel ovin, notamment à travers des
programmes d‟amélioration génétique et d‟amélioration des conditions d‟élevage.
224
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage
225
Résultats et discussion Synthèse des stratégies de résilience de l’élevage
226
Conclusion
Conclusion
La steppe algérienne couvre un immense espace à vocation principalement pastorale de
20 millions d‟hectares, dont 13 millions d‟hectares de terres de parcours. Depuis l‟époque
antique, l‟homme a vécu dans les territoires steppiques en synergie avec son milieu en
exploitant des ressources spontanément régulées avec leurs conditions bioclimatiques
fluctuantes. Cette exploitation n‟était possible qu‟avec l‟élevage de petits ruminants et de
dromadaires. Ces animaux sont réputés pour leur rusticité qui permet la mise en valeur de ces
écosystèmes steppiques. Ces animaux et notamment les ovins étaient conduits en extensif
suivant des flux migratoires, à travers des mobilités conditionnées aux pluviométries et donc
la pousse de la végétation pastorale. Depuis le 18e siècle, les déplacements se traduisaient par
des transhumances (Achaba et Azzaba) qui assuraient cette exploitation spatio-temporelle
rationnelle qu‟ont connue les territoires steppes. Actuellement, la steppe abrite 18 millions de
têtes ovines (62 % du cheptel ovin national).
De nombreux changements perturbants l‟élevage pastoral ont émergé depuis plus de
cinquante ans dans le territoire steppique en bouleversant les pratiques des mouvements
pendulaires des animaux et de la population. La croissance démographique ; la mise en
culture au détriment des parcours ; les évolutions socioculturelles et le changement dans le
mode de vie, outre l‟intensification des aléas climatiques, surtout la sècheresse, sont les
principaux bouleversements qu‟a connu la steppe. Il en résulte que les parcours steppiques
subissent une dégradation sans cesse plus forte qui oblige les éleveurs à trouver de nouvelles
sources alimentaires pour leurs troupeaux en substitution du manque flagrant des ressources
pastorales naturelles des parcours.
L‟équilibre des systèmes d‟exploitation ancestraux connait donc une rupture entre les
ressources fourragères des parcours (en diminution) et le cheptel présent (en augmentation).
En conséquence, la complémentation alimentaire des animaux par des aliments concentrés est
devenue une pratique courante pour la survie des troupeaux et la continuité de l‟élevage.
Cependant, la dépendance des éleveurs aux aliments concentrés présente un grand risque
économique lié aux perturbations de leurs prix avec une tendance à la hausse.
Devant cette situation, les éleveurs ovins de la steppe adoptent des nouvelles pratiques
et stratégies pour subvenir aux besoins alimentaires de leurs troupeaux et maintenir l‟activité
de l‟élevage.
L‟objectif de la présente étude a résidé dans l‟identification des stratégies permettant
aux éleveurs ovins de la steppe de subvenir aux besoins alimentaires des troupeaux et de
227
Conclusion
228
Conclusion
une place importante dans la ration alimentaire pour une classe d‟agro-éleveurs au nombre de
24. Ils couvrent 42 % de la ration avec de fourrages verts et assurent une grande partie des
besoins des troupeaux pendant la période hivernale. Ces tendances alimentaires apparaissent
comme des solutions curatives incomplètes, car elles manquent de maîtrise technique.
Cependant, elles peuvent inspirer des pistes de réflexions sur des solutions possibles au
manque de ressources fourragères en milieu steppique.
Par ailleurs, de nombreuses stratégies de résilience de l‟élevage ovin sont décelées.
Globalement, elles sont Seize (16) grandes stratégies de résilience identifiées et adoptées par
les éleveurs de la région de M‟Sila, en fonction des objectifs assignés par chacune d‟entre
elles. Par ailleurs, il est possible de classer l‟ensemble des stratégies identifiées en trois
classes ; i) Stratégies dont le but principal est d‟avoir une résilience alimentaire pour le
troupeau à court et à moyen termes, ii) Stratégies permettant la diversification des revenus de
l‟exploitation, iii) Stratégies de renforcement des différentes performances de production.
L‟ensemble des stratégies permettant directement ou indirectement la satisfaction des besoins
alimentaires des troupeaux, du fait que le manque de fourrage pastoral naturel demeure la
préoccupation majeure des éleveurs ovins en milieu steppique.
Sur l‟ensemble des stratégies de résilience identifiées, la gamme des stratégies se
présentant pour chaque éleveur est différente d‟une exploitation à une autre. Une multitude de
facteurs d‟origines socio-économiques et naturels interviennent dans le choix des pratiques et
des stratégies entreprises : i) Disponibilité et l‟importance des facteurs de production et de
financement (troupeau, superficie agricole, matériels agricoles, sources de revenus, etc.), ii)
Facteurs naturels à l‟image de la qualité de l‟année (pluvieuse ou sèche) et l‟emplacement de
l‟exploitation.
Il apparait difficile d‟analyser les choix stratégiques des éleveurs vue la complexité des
interactions entre les différents facteurs de production et la diversité des objectifs de
production en milieu steppique. Cependant, une classification des éleveurs suivant les
principales stratégies de résiliences adoptées permet d‟identifier les grandes trajectoires
adoptées par les éleveurs ovins. La typologie réalisée à d‟aide d‟outils statistiques a mis en
évidence trois (3) groupes d‟éleveurs qui se révèlent par une ressemblance dans l‟adoption de
stratégies de résilience :
■ Groupe d’éleveurs avec une faible résilience : Composé de 38 éleveurs avec peu de
stratégies de résilience. Ils intègrent peu l‟association « Elevage-agriculture », alors que la
transhumance est moyennement pratiquée pour l‟affourragement des troupeaux. Par
229
Conclusion
conséquent, ils se basent beaucoup sur les ressources alimentaires externes, ce qui rend leurs
systèmes d‟élevage plus vulnérables aux aléas naturels et économiques.
■ Groupe d’éleveurs avec de bonnes sources de résiliences alimentaires et financières :
Composé de 32 éleveurs, adoptant le plus de stratégies de résilience. Ils assurent une grande
autonomie alimentaire et financière pour leurs exploitations, notamment grâce à une forte
association « Elevage-agriculture », à travers la diversification des revenus par la
diversification des cultures et la satisfaction d‟une partie des besoins alimentaires de leurs
troupeaux par leurs propres productions, sans négliger l‟apport alimentaire de la
transhumance qui demeure pratiquer par la moitié des éleveurs.
L‟ensemble des stratégies adoptées par ces éleveurs leur donnent une certaine résilience
à la fois alimentaire (productions de différents aliments de bétails), et financière
(diversification des revenus de l‟exploitation).
■ Groupe d’éleveurs avec de bonnes sources de résilience alimentaires : Composé de 30
éleveurs dont l‟option réside principalement dans la satisfaction des besoins alimentaires des
troupeaux par des aliments produits sur place. De ce fait, ils ont une forte intégration de
l‟agriculture avec l‟élevage. Raison pour laquelle, ils ont tendance à se sédentariser et se
contenter par des ressources fourragères locales.
Il est à signaler que la stratégie de l‟engraissement est présente chez les trois groupes
d‟éleveurs ; c‟est une stratégie de valorisation des produits de l‟élevage par la production de
sujets à haute valeur ajoutée.
A partir des résultats présentés, il est possible de vérifier le bienfondé des hypothèses de
recherche émises au préalable:
- La première hypothèse relative à la diversité des aliments pour la substitution des fourrages
naturels des parcours en régression sans cesse. Nous avons bien remarqué une diversité des
aliments administrés dans la conduite de l‟élevage ovin, notamment à travers l‟usage des
aliments concentrés de différentes origines, compositions et quantités, mais aussi à travers la
valorisation des ressources alimentaires issues de l‟agriculture (fourrages semés, chaumes,
céréales sinistrées, jachère, etc.). Il semble donc que cette hypothèse est bien valide.
- La seconde hypothèse qui aborde la question de la place la mobilité des troupeaux (la
transhumance) dans les systèmes d‟élevage ovin actuels. Il est recensé que 42 % des éleveurs
pratiquent toujours la mobilité des troupeaux pour leurs affourragements, soit 64,5 %
d‟animaux. Mais notamment avec de nouvelles conceptions de la gestion de l‟espace. Ces
dernières façons d‟organisation de la mobilité plus ciblées dans le temps et dans l‟espace
230
Conclusion
231
Conclusion
pratiques d‟exploitation rencontrées. Malgré que certains systèmes dévoilent des grandes
capacités de résilience à court terme, surtout dans sa dimension économique, mais la faiblesse
des dimensions sociales et environnementales laisse un avenir incertain à ses systèmes. Ainsi,
les systèmes d‟élevage actuels ne présentent pas de réels signes de développement durable.
Et si les pratiques d‟usage continuent de surexploiter les ressources naturelles, les
scénarios d‟avenir peuvent être catastrophiques sur tous les plans : social, écologique et
économique. Raison pour laquelle, la prise en compte de ses aspects non durables de gestion
du territoire est primordiale dans toutes démarches d‟aménagement et de gestion du territoire
steppique dans tous les niveaux d‟intervention (local, régional, territorial et national). Il faut
tenir compte aussi des alternatives alimentaires adoptées par les éleveurs, où les éleveurs sont
déjà convaincus que les parcours steppiques ne supportent plus la charge animale existante, et
qu‟il faut trouver des alternatives, notamment à travers les fourrages cultivés. La participation
de la population locale est l‟un des principes d‟un développent durable.
La présente étude ne peut être représentative de l‟ensemble du territoire steppique ; car
chaque zone est révélatrice de ses propres caractéristiques, aussi bien du point de vue
occupation spatiale que pratiques entreprises par les acteurs. Tout comme la méthodologie
adoptée qui ne permet pas à elle seule de mesurer l‟impact des stratégies d‟adaptation mises
en œuvre par les éleveurs sur les moyen et long termes, toutefois elle met en évidence les
principales tendances stratégiques des éleveurs pour lutter contre les différents aléas
rencontrés, notamment ceux concernant les systèmes d‟alimenation des élevages.
Dès lors, il faut considerer les résultats de la présente étude en conjuguant les
orientations de différents champs disciplinaires (écologie, climatologie, sociologie, économie,
etc.) dans un processus de démarche intégrée. Raison pour laquelle, la réalisation d‟études
similaires portant sur d‟autres zones steppiques semblent opportunes afin de pouvoir
distinguer aussi bien les aspects génériques que les aspects spécifiques.
Ainsi, et compte-tenu des résultats auxquels est parvenue la présente étude, il semble
pertinent de mener des tavaux de recherche complémentaires traitant les différents aspects de
la filière ovine, ainsi que les autres filières agricoles. Il s‟avère surtout nécessaire de trouver
des possibilités innovantes afin de mener un développment durable. Il faudrait mener des
études à même de répondre aux attentes sociales tout en réalisant des travaux sur les
conditions de l‟élevage ovin en zones steppiques et la qualité des produits de l‟élevage, à un
moment où l‟enjeu sanitaire et le défi de sécurité alimentaire devraient encore être plus
importants.
232
Références bibliographiques
1. Aaker D. A., Mascarenhas B. 1984. The need for strategic flexibility. The Journal of
Business Strategy, 5(2), 74-82.
2. Abaab A., Bédrani S., Bourbouze A., Chiche J. 1995. Les politiques agricoles et la
dynamique des systèmes agropastoraux au Maghreb. Options méditerranéennes, 14 : 139-165.
3. Abbas K. 2004. Dégradation des parcours steppiques. Pour une lecture différente du rôle de
l‟élevage. Fourrages, 180, 541-556.
4. Abdelguerfi A., Laouar M., M’Hammedi Bouzina M. 2008. Les productions fourragères et
pastorales en Algérie : situation et possibilités d‟amélioration. Agriculture & développement 6
: 14-25.
5. Abdellatif, F. 2013. Le coût de production et la compétitivité de la viande ovine algerienne:
cas de l‟agneau de Djelfa. Les cahiers du CREAD 104, 20p.
6. Adger W. N. 2006. Vulnerability. Global environmental change, 16(3), 268-281.
7. AFP, 2019. Association Française du Pastoralisme. Définition du pastoralisme. [En ligne],
consulté le : 18/02/2019. http://www.pastoralisme.net
8. Aïdoud A. 1989. Les écosystèmes steppiques pâturés d‟Algérie : fonctionnement, évaluation
et dynamique des ressources végétales. Th. Doct. Ecologie, Univ. USTHB, Alger, 240 p.
9. Aïdoud A. 1994. Pâturage et désertification des steppes arides en Algérie. Cas de la steppe
d'alfa (Stipa tenacissima L). Paralelo (37) 16 : 33-42.
10. Aïdoud A, Le Floc’h É, Le Houérou H.-N. 2006. Les steppes arides du nord de l‟Afrique.
Science et changements planétaires/Sécheresse 17(1-2): 19-30.
11. Aïdoud A., Touffet J. 1996. La régression de l'alfa (Stipa tenacissima), graminée pérenne,
un indicateur de désertification des steppes algériennes. Science et Changements
Planétaires/Sécheresse 7(3) : 187-193.
12. Aïdoud, A., Nedjraoui, D. 1992. The steppes of alfa (Stipa tenacissima L) and their
utilisation by sheeps. Plant animal interactions in Mediterrean-type ecosystems, 62-67. In.
Boussaid M., 2013. Diversité des populations naturelles de Stipa tenacissima L en Algérie :
Approches Phénotypique, Caryologique et Moléculaire. Thèse doctorat, Biotechnologies,
Univ. D‟Oran, Algérie, 146 p.
13. Alcaras J.R., Lacroux, F. 1999. Planifier, s‟est s'adapter. Economies et Sociétés, Sciences de
Gestion, Série SG, 26-27.
14. Astigarraga, L., Ingrand, S. 2011. Production flexibility in extensive beef farming systems.
Ecology and Society, 16 (1) : 13 p.
233
17. Bédrani S., Benadjila S. Ghazi M. 1995. Contribution à la connaissance des zones
steppiques algériennes: les résultats du suivi triennal d'agropasteurs de la steppe centrale. Les
cahiers du CREAD, 10 (38) : 11-46.
18. Bekhouche-Guendouz N. 2011. Evaluation de la durabilité des exploitations bovines laitières
des Bassins de la Mitidja et d'Annaba. Th. Doc. Sciences Agronomiques, Institut National
Polytechnique de Lorraine et Ecole Nationale Supérieure Agronomique d‟Alger, 310 p.
19. Belhouadjeb F.A, Chehat F. 2013. Le coût de production et la compétitivité de la viande
ovine algérienne : cas de l‟agneau de Djelfa. Les cahiers du CREAD. 104 : 91-110.
20. Benabdeli K. 2000. Évaluation de l‟impact des nouveaux modes d‟élevage sur l‟espace et
l‟environnement steppique. Commune de Ras El Ma (Sidi Bel Abbes-Algérie). Options
méditerranéennes, 39 : 129-41.
21. Benabadji N., Aboura R., Benchouk F. Z. 2009. La régression des steppes
méditerranéennes: le cas d‟un faciès à Lygeum spartum L. d‟Oranie (Algérie). Ecologia
mediterranea, 35 (1), 75-90. https://www.persee.fr/doc/ecmed_0153-8756_2009_num_35_1_1390
22. Bencherif S. 2000. Etude de la dégradation des parcours de la région d‟Ain Oussera : cas
de la coopérative Yahiaoui. Mémoire Ing. Sciences Agronomiques. Centre Universitaire de
Djelfa, 90 p.
23. Bencherif S. 2011. L‟élevage pastoral et la céréaliculture dans la steppe algérienne Évolution
et possibilités de développement. Thèse de doctorat, Développement agricole. AgroParisTech,
Paris, 294 p.
24. Bencherif, S. 2013. L'élevage agropastoral de la steppe algérienne dans la tourmente:
Enquêtes et perspectives de développement. Mondes en développement, 161 : 93-106.
https://doi.org/10.3917/med.161.0093
25. Bencherif S. 2018. Origines et transformations récentes de l‟élevage pastoral de la steppe
algérienne. Revue internationale des études du développement, (4) 236, 55-79.
26. Benidir M. 2009. Sédentarisation et développement durable de l‟élevage ovin en zone
steppique : Cas de la wilaya de Djelfa. Th. Mag. Sciences animales. Ecole Nationale
Supérieure Agronomique d‟Alger. 142 p.
27. Benidir M. 2015. Evaluation multicritère de la durabilité des systèmes d‟élevage ovin en
zone steppique. Thèse de Doctorat : Sciences Agronomiques. ENSA, Alger, Algérie, 252 p.
28. Benrebiha A. 1984. Contribution à l‟étude de l‟aménagement pastoral dans les zones
steppiques : cas de la coopérative pastorale d‟Ain Oussera (W. Djelfa). Thèse Magister,
Sciences Agronomiques. INA d‟Alger, 160 p.
29. Bensouiah R. 2004. Pasteurs et agro-pasteurs de la steppe algérienne. Enquête sur la région
de Djebel Amour. Strates. Matériaux pour la recherche en sciences sociales, (11).
http://journals.openedition.org/strates/478
30. Benyounes A, Lamrani F. 2015. Qualité de la carcasse des agneaux Ouled Djellal engraissés
sous différents régimes médico-alimentaires. Revue Agriculture. 09 : 04-09.
31. Berkes F., Colding J., Folke C. 2003. Navigating social-ecological systems: building
resilience for complexity and change. Cambridge University Press, 1-29.
32. Bernus E., Centlivres-Demont M. 1982. Le nomadisme. Encyclopaedia universalis :
supplément, (9), 107-122.
33. Bertalanffy L. 1973. Théorie générale des systèmes : Traduction française. Dumod, Paris,
296 p.
234
34. Bessaoud O. 2016. Les réformes agraires postcoloniales au Maghreb : un processus inachevé.
Revue d’histoire moderne & contemporaine, 4(4-4bis) : 115-137.
https://doi.org/10.3917/rhmc.634.0115
35. Bessaoud O., Chaulet E. C. 2013. La question foncière au Maghreb: la longue marche vers
la privatisation. Les cahiers du CREAD, 103, 17-44.
36. BIFAD, 1988. Environment and Natural Resources: Strategies for Sustainable Agriculture.
U.S. Agency for International Development.
37. BNEDER. 2006. Identification et cartographie des zones potentielles à l‟agriculture en
steppe : Etude diachronique du climat et du bioclimat de la steppe algérienne. Bureau
National d’Etude pour le Développement Rural, Alger, 47 p. In. Bencherif S. 2011.
L‟élevage pastoral et la céréaliculture dans la steppe algérienne Évolution et possibilités de
développement. Thèse de doctorat, Développement agricole. AgroParisTech, Paris, 294 p.
38. Boukhobza M. 1989. Société nomade et État en Algérie. Politique africaine, 34, 7-18.
39. Bourbouze A. 1999. Gestion de la mobilité et résistance des organisations pastorales des
éleveurs du Haut Atlas marocain face aux transformations du contexte pastoral maghrébin",
Managing mobility in african rangeland : the legitimization of transhumant pastoralism,
Niamir-Fuller M. (ed), IT Publications Ltd, London, 28 p.
40. Bourbouze A. 2000. Pastoralisme au Maghreb : la révolution silencieuse. Fourrages 161 : 3-21.
41. Bourbouze A. 2006. Systèmes d‟élevage et production animale dans les steppes du Nord de
l‟Afrique : une relecture de la société pastorale du Maghreb. Science et changements
planétaires / Sécheresse 17(1) : 31-39.
42. Bourbouze A. 2018. Les grandes transformations du pastoralisme méditerranéen et
l'émergence de nouveaux modes de production. Watch Letter - Lettre de veille du CIHEAM,
CIHEAM, 2018, Animal health and livestock, Mediterranean perspectives, 7-12.
43. Bourbouze A., Donadieu P. 1987. L‟élevage sur parcours en régions méditerranéennes.
Options Méditerranéennes. CIHEAM/IAM, Montpellier. 11. 100 p.
44. Bourbouze A., Rubino R. 1992. Terres collectives en Méditerranée. Histoire, législation,
usagers, modes d'utilisation par les animaux, Ars Grafica, Villa d'Agri (Italie), 279 p.
45. Boutonnet J.-P. 1989. La spéculation ovine en Algérie, un produit clé de la céréaliculture,
INRAENSAM Montpellier, série notes et documents 90, 50 p.
46. Brundtland G. H. 1987. Our Common Future, Bruxelles : Commission des Nations-Unies
pour l‟environnement et le développement. 349 p.
47. Brossier J. 1980. De la recherche sur les décisions des agriculteurs à la formation
économique des agriculteurs. Économie rurale, 136(1), 39-46.
235
50. Chia E., Marchesnay M. 2008. Un regard des sciences de gestion sur la flexibilité : enjeux et
perspectives. In. L‟Élevage en mouvement : flexibilité et adaptation des exploitations
d‟herbivores. Dedieu B., Chia E., Leclerc B., Moulin C. H., Tichit M. (Eds). Éditions Quae,
Paris, France, 165-142.
51. Chiche J. 1992. Pratiques d‟utilisation des terres collectives au Maroc. Terres collectives en
Méditerranée, coordonné par A. Bourbouze, R. Rubino, Ars Grafica. FAO, 41-56.
52. Cirad. 2002. Mémento de l‟Agronome. Paris (Caillavet). Cirad-Gret, Ministère des affaires
étrangères, 1694 p.
53. CIZ / SYFEL. 2004.Circuit d‟information zootechnique. ITELV, Baba-Ali, document
interne. In : Merdjane L., Yakhlef H. 2016. Le déficit fourrager en zone semi-aride : une
contrainte récurrente au développement durable de l‟élevage des ruminants. Revue agriculture
1: 43-51.
54. Claval P. 2006. Le développement durable: stratégies descendantes et stratégies ascendantes.
Géographie, économie, société, 8(4), 415-445.
55. Coméliau L., Holec N., Piéchaud J.P. 2001. Approche territoriale du développement
durable: repères pour l‟Agenda 21 local. Association 4D, Paris, France, 131 p.
56. Côte M. 1993. L‟Algérie: espace et société, Paris, Armand Colin. 362 p.
57. Daoudi A, Colin J-P, Baroud K. 2021. La politique de mise en valeur des terres arides en
Algérie : une lecture en termes d‟équité. Cah. Agric. 30: 4.
58. Daoudi A., Colin J-P. 2017. Construction et transfert de la propriété foncière dans la
nouvelle agriculture steppique et saharienne en Algérie. Propriété et société en Algérie
contemporaine. Quelles approches, 159-177.
59. Daoudi A., Terranti S., Benterki N., Bédrani S. 2015. L‟indivision des terres appropriées
privativement dans la steppe algérienne: des conséquences socioéconomiques et
environnementales contradictoires. Options méditerranéennes, 72 : 249-261.
60. Dedieu B., Faverdin P., Dourmad J. Y., Gibon A. 2008. Système d'élevage, un concept
pour raisonner les transformations de l'élevage. Productions animales, 21(1), 45-58.
61. Dedieu B., Ingrand S. 2010. Incertitude et adaptation: cadres théoriques et application à
l´analyse de la dynamique des systèmes d´élevage. INRA Productions Animales 23(1), 81 -90.
62. Deleule M. 2016. Evolution des systèmes d‟élevage dans les Steppes du Maghreb : Enjeux et
perspectives. Mémoire Maitrise en environnement. Cheminement de type cours en gestion de
l‟environnement et de la biodiversité intégrée à la gestion des territoires. Master Co-habilité
Université de Sherbrooke (Canada) et Université de Montpellier (France). 105 p.
63. Despois J. 1958. L'Afrique blanche: L'Afrique du Nord. Presses universitaires de France.
628 p.
64. Djebaili S. 1978. Recherches phytosociologiques et phytoécologiques sur la végétation des
Hautes plaines steppiques et de l‟Atlas saharien. Thèse de Doctorat : Université Montpellier II
Sciences et Techniques du Languedoc (France), Montpellier, 299 p.
65. Djellouli Y. 1990. Flore et climat en Algérie septentrionale. Déterminismes climatiques de la
répartion des plantes. Thèse Doctorat, USTHB, Alger. 262 p.
236
66. Dockès A. C., Kling-Eveillard F. 2007. Les représentations de l‟animal et du bien-être
animal par les éleveurs français. INRA Prod. Anim., 20(1), 23-28.
67. Donnadieu G., Durand D., Neel D., Nunez E., Saint-Paul L. 2003. L‟approche systémique :
de quoi s‟agit-il, Synthèse des travaux du Groupe AFSCET « Diffusion de la pensée
systémique ». 11 p. http://www.afscet.asso.fr/SystemicApproach.pdf
68. DPAT. 2015. Direction de la Planification et l‟Aménagement du Territoire de M‟Sila.
Données sur la population de la wilaya de M‟Sila. Doc. Multi-graphie.
69. DSA de M’Sila. 2018. Direction des Services Agricoles de la Wilaya de M‟Sila. Statistiques
agricoles de la Wilaya de M‟Sila. Doc. Multi-graphie.
70. Dufumier M. 1985. Systèmes de production et développement agricole dans le Tiers Monde.
Les cahiers de la recherche développement, Montpellier, n°6. 31-38.
71. Earthwise. 2019. Hydrogéologie d‟Algérie - Earthwise [Internet]. [Consulté 4 mai 2021].
http://earthwise.bgs.ac.uk/index.php/Hydrog%C3%A9ologie_d%27Alg%C3%A9rie#G.C3.A9ologie
72. Elloumi M. 1994. Les approches systémiques. Cahiers Options Méditerranéennes, 2(4), 67-76.
73. Encyclopédie Universalis. 2006. Définition d‟un système. [Internet]. [Consulté 6 mai 2021].
http://pedagopsy.eu/definition_systeme.html
74. Füssel H. M., Klein R. J. 2006. Climate change vulnerability assessments: an evolution of
conceptual thinking. Climatic change, 75(3), 301-329.
75. Gaci D., Huguenin J., Kanoun M., Boutonnet J.-P. et Abdelkrim H. 2021. Nouvelles
mobilités pastorales : cas des éleveurs d‟ovins de la wilaya de Djelfa, Algérie. Revue
d’élevage et de médecine vétérinaire des pays tropicaux. 74(1) : 3-11. DOI:
https://doi.org/10.19182/remvt.36324
76. Galaty J. G., Johnson D. L. 1990. Introduction: pastoral systems in global perspective. The
world of pastoralism: Herding systems in comparative perspective, 1-31.
77. Gallopín G. C. 2006. Linkages between vulnerability, resilience, and adaptive capacity.
Global environmental change, 16 (3), 293-303.
78. Geodumonde. 2018. Image - Chaîne de montagne Atlas - Géographie de la terre depuis ses
débuts... - Skyrock.com [Internet]. [Consulté le 3 mai 2021]:
https://geodumonde.skyrock.com/photo.html?id_article=3268295650&id_article_media=58212420
79. Gilles J. L. 1993. New directions for African range management: observations and reflections
from past experience. In. Case study paper presented for the conference on New directions in
African Range Management and Policy, 31 may-4 june, Woburn, UK, IIED, ODI, London.
80. Hadbaoui I., Senoussi A. 2016. Steppic ecosystem in the area of M‟Sila, Algeria: state and
perspective of rehabilitation. Options méditerranéennes, 114 : 107-110
81. Hadeid M. 2008. Approche anthropique du phénomène de désertification dans un espace
steppique : le cas des hautes plaines occidentales algériennes. VertigO - la revue électronique
en sciences de l’environnement. 8 (1). http://journals.openedition.org/vertigo/5368
237
82. Halima M., Abderrahmane L., Khéloufi B. 2006. Essai sur le rôle d‟une espèce végétale
rustique pour un développement durable de la steppe algérienne. Développement durable et
territoires. Économie, géographie, politique, droit, sociologie.
83. Halimi S. 2018. Vue en coupe du Maghreb Environ 2300 mètres d‟altitude Une superficie km
ppt télécharger [Internet]. [Consulté le 3 mai 2021]. Disponible sur:
https://slideplayer.fr/slide/15358354/
84. Halitim A. 1985. Contribution à l'étude des sols des zones arides (hautes plaines steppiques
de l'Algerie): morphologie, distribution et rôle des sels dans la genèse et le comportement des
sols. Thèse Doc. Sciences du vivant I.N.A. Alger. 169 p.
85. Hammouda R. F., Huguenin J., Julien L., Nedjraoui D. 2019. Impact of agrarian practices
and some pastoral uses on vegetation in Algerian steppe rangelands. The Rangeland Journal,
41(2), 97-107. https://doi.org/10.1071/RJ18081
86. HCDS, 2010, Haut-Commissariat au Développement de la Steppe. Les potentialités
agropastorales de la steppe algérienne : Requêtes cartographiques, analyse et interprétation de
l‟information géographique. HCDS et BNEDER, Djelfa (Algérie), 80 p.
87. Henin S., Feodoroff R., Gras R., Monnier G. 1960. Le profil cultural. Principes de physique
du sol. SEIA, Paris, 320 p.
88. Hirche A, Boughani A, Salamani M. 2007. Évolution de la pluviosité annuelle dans
quelques stations arides algériennes. Science et Changements Planétaires/Sécheresse 18 (4):
314-320.
89. Hirche A, Salamani M, Abdellaoui A, Benhouhou S, Valderrama JM. 2019. Landscape
changes of desertification in arid areas: the case of south-west Algeria. Environ Monit
Assess.179(1):403-20.
90. Hirtz G. 1989, L‟Algérie nomade et ksourienne (1830-1954), Marseille, Éd. P. Tacussel. 214 p.
91. Holling C. S. 1973. Resilience and stability of ecological systems. Annual review of ecology and
systematics, 4(1), 1-23.
92. Hubert C. 2011. L‟agriculture comparée. Quae éditions, Paris, 171 p.
93. Huguenin J., Kanou M., Lionel J., Hammouda R.F. 2015. Les transhumances des élevages
s'ajustent pour pallier aux effets des changements climatiques dans les steppes de Djelfa
(Algérie). In : 22ème Rencontres autour des recherches sur les ruminants. 22, Paris, France,
2-3 Décembre 2015. http://www.journees3r.fr/spip.php?article4053
94. Hulse J.H. 2008. Développement durable : un avenir incertain. Avons-nous oublié les leçons
du passé ? Les Presses de l'Université Laval, 420 p.
238
98. INRA. 2002. Agriculture durable : agir pour les générations futures. Une exposition INRA
2002. Dossiers scientifiques. 68 p.
99. INRA. 2018. Alimentation des ruminants, Éditions Quæ, Versailles (Caillavet), 728 p.
100. Janssen M. A., Schoon M. L., Ke W., Börner K. 2006. Scholarly networks on resilience,
vulnerability and adaptation within the human dimensions of global environmental change.
Global environmental change, 16(3), 240-252.
101. Jemaa T., Huguenin J., Moulin C. H., Najar T. 2016. Sheep breeding in Central Tunisia:
varied strategies and adaptations to changes in land use. Cah. Agric. 25, 45005,
DOI:10.1051/cagri/2016030
102. Jouve P. 1984. Typologie des agro-systèmes villageois des départements de Maradi :
Propositions pour un programme de recherche-développement, n°4. IRATGERDAT, 253 p.
103. Jouve P. 1986. Approche systémique et recherche - développement en agriculture. Quelques
définitions et commentaires. In. Actes Séminaire national sur la liaison recherche-
développement- vulgarisation, 27 - 31 oct. 1986, Bamako (Mali), pp. 48-56.
104. Kabbali A. Berger Y.M. 1990. L‟élevage du mouton dans un pays à climat méditerranéen,
le système agro-pastoral du Maroc. Actes Editions ; Rabat, 348 p.
105. Kadi-Hanifi-Achour H. 2004. Diagnostic phytosociologique et phytoécologique des
formations à Alfa en Algérie: Proposition de gestion. Cahiers Options Méditerranéennes,
(62), 227-231.
106. Kanoun M. 2016. Adaptation des éleveurs ovins face aux multiples changements d‟ordre
environnementaux et socioéconomiques dans les territoires steppiques : Cas des agropasteurs
de la région d‟El Guedid Djelfa. Thèse doctorat Sciences Agronomiques. ENSA-Alger,
Algérie, 209 p.
107. Kanoun A., Kanoun M., Yakhlef H. Cherfaoui M. A. 2007. Pastoralisme en Algérie:
systèmes d‟élevage et stratégies d‟adaptation des éleveurs ovins. Rencontre. Rech. Rumin. 14:
181-184.
108. Kanoun M., Bellahrache A., Kanoun-Meguellati A., Huguenin J., Benidir M. 2018.
Transhumance chez les agropasteurs ovins de Djelfa (Algérie) : quel type pour quel avenir?.
Algerian journal of arid environment. 8 (2), 68-78.
109. Kanoun M., Huguenin J., Kanoun-Meguellati A. 2016. Savoir-faire des agropasteurs ovins
de Djelfa (Algérie) en milieux steppiques en matière d'engraissement des produits d'élevages
ovins. Options méditéranneènes. (A)115, 223-230.
110. Kanoun M., Huguenin J., Yakhlef H., Kanoun Meguellati A., Julien L., Benidir M.,
Taugourdeau S., Bellahrache A. 2017. Diversité des stratégies d'adaptation des agropasteurs
ovins face aux situations d'incertitude en territoires steppiques: cas de la région d'El Guedid.
Revue des Bioressources 7, 28-42. https://revues.univ-ouargla.dz/index.php/volume-7-numero-2-dec-
2017/4190-70203
111. Kanoun M., Huguenin J., Yakhlef, H., Kanoun Meguellati A., Julien L., Taugourdeau
S., Bellahrache A. 2015. Pratiques d'alimentation pour l'engraissement des agneaux dans des
239
systèmes d'élevage agropastoraux de la région d'El-Guedid-Djelfa. Livestock Research for
Rural Development 27 (10), 14 p. http://www.lrrd.org/lrrd27/10/kano27211.html
112. Kanoun M., Kanoun A., Abdelali-Martini M., Huguenin J., Cherfaoui M. L., Ouzzane
A., Benmebarek A., Maamri M., Fodil S. 2012. Marginalisation de savoir-faire des femmes
en milieu éleveurs liée aux changements des sociétés pastorales et à l‟altération des ressources
naturelles. In : 6èmes Journées de recherches en sciences sociales SFER-INRA-CIRAD, 33p.
https://agritrop.cirad.fr/568228/
113. Kerbaa F. 1980. Guide de la valeur alimentaire des fourrages cultivés en Algérie. Alger
(Algérie), ITELV, 17 p.
114. Khaldi A. 2014. La gestion non-durable de la steppe algérienne. VertigO - La revue
électronique en sciences de l‟environnement. [En ligne], Regards / Terrain, mis en ligne le 10
septembre 2014, consulté le 06 novembre 2020. DOI : https://doi.org/10.4000/vertigo.15152
URL : http://journals.openedition.org/vertigo/15152
115. Khelil A. 1997. L‟écosystème steppique : quel avenir ?. DAHLAB Alger. 184p.
116. Landais E. 1987. Recherche des systèmes d‟élevage : Questions et perspectives. INRA,
Versailles. 75 p.
117. Landais E. 1998. Agriculture durable : les fondements d'un nouveau contrat social?. Le
Courrier de l'environnement de l'INRA, 33(33) : 5-22 p.
118. Le Houérou H.-N. 1977. Plant sociology and ecology applied to grazing lands research,
survey and management in the Mediterranean Basin. Application of Vegetation Science to
Grassland Husbandry. 211-274.
119. Le Houérou H.-N. 1989. Situation actuelle des parcours en Afrique du Nord. Ass. Franç. De
pastoralisme, Montpellier, 12 p.
120. Le Houérou H.-N. 1995. Considérations biogéographiques sur les steppes arides du Nord de
l‟Afrique. Science et changements planétaires/Sécheresse, 6(2), 167-182.
121. Leveau P. 1990. L'organisation de l'espace agricole en Afrique à l'époque romaine.
Publications de l'École Française de Rome, 134(1), 129-141.
122. Lhoste P. 1984. Le diagnostic sur le système d‟élevage. Cahiers de la recherche-
développement. pp. 84-88.
123. Lhoste P. 1987. L‟association agriculture-élevage : évolution du système agropastoral au
Sine-Saloum (Sénégal). Etudes et synthèses de l‟IEMVT- Maisons-Alfort, 314 p.
124. Lhoste P. 2001. L„étude et le diagnostic des systèmes d „élevage. Atelier de Formation des
agronomes SCV, Madagascar, 13-23.
240
127. Marty A. 1990. Les régimes fonciers pastoraux, étude et propositions, Le développement
agricole au Sahel, CIRAD, Montpellier, tome I, 237-238.
128. Mazoyer M. 1985. Systèmes agricoles d‟exploitation de la nature. Cahier d’agriculture
comparée. INA, Paris, 80 p.
129. Mazoyer M., Roudart L. 1997. Pourquoi une théorie des systèmes agraires?. Cahiers
Agricultures, 6(6), 591-595.
130. Mekhloufi, M. B. 2020. Pastoralisme, élevage, sédentarisation et développement durable de
la steppe dans la région d‟El Bayadh, Algérie. Thèse de Doctorat : Production Animale et
Pastoralisme. Université Mustapha Stambouli, Mascara, Algérie, 222 p.
131. Milestadt R., Dedieu B., Darnhofer I., Bellon S. 2012. Farms and famers facing change: the
adaptive approach. In. Darnhofer I., Gibbon D., Dedieu B. (Eds). “Farming Systems Research
into the 21st century: The new dynamic”. Editions Springer, 365-385.
132. Miller F., Osbahr H., Boyd E., Thomalla F., Bharwani S., Ziervogel G., et al. 2010. Resilience
and vulnerability: complementary or conflicting concepts?. Ecology and Society, 15 (3).
133. Milleville P. 1986. Point de vue sur la zootechnie et les systèmes d‟élevages tropicaux.
Cahiers des sciences humaines de l’ORSTOM, n° spécial sur les systèmes de production.
Montpellier. 23 (3-4) : pp. 421-437.
134. Moskal S. 1983. Essai d‟évaluation du bilan fourrager en Algérie du Nord. INA d‟Alger : 25 p.
135. Nahal I. 1998. Principes d'agriculture durable. Ed. Scientifiques, Techniques et Médicales,
Paris, France, 121 p.
136. Nedjimi B., Guit B. 2012. Les steppes algériennes : causes de déséquilibre. Algerian journal
of arid environment. 2(2): 50-61p.
137. Nedjimi B., Homida M. 2006. Problématique des zones steppiques algériennes et
perspectives d‟avenir. Magazine du Chercheur. 4 .13-19 p.
138. Nedjraoui D. 2001. Le profil fourrager en Algérie. FAO, 36 p.
139. Nedjraoui D. 2004. Evaluation des ressources pastorales des régions steppiques algériennes
et définition des indicateurs de dégradation. Cahiers Options Méditerranéennes. 62, 239-243.
140. Nedjraoui D, Bédrani S. 2008. La désertification dans les steppes algériennes : causes,
impacts et actions de lutte. VertigO, la revue électronique en sciences de l'environnement,
8(1). 15 p. https://doi.org/10.4000/vertigo.5375
141. OEDD. 2002. Thématiques du développement durable. Réseau agriculture durable IDEA.
115 p.
142. Oliveira M. N. 2014. Une approche pour évaluer la vulnérabilité des systèmes d‟élevage laitiers
selon leurs trajectoires de développement: le cas des agriculteurs familiaux d‟UnaìŔBrésil. Thèse
de doctorat, Spécialité Zootechnie des Systèmes d‟Élevage. AgroParisTech, 239 p.
241
143. Oliveira M.N., Triomphe B., Rigolot C., Cialdella N., Ingrand S. 2015. Evaluation de la
vulnérabilité des systèmes bovins lait familiaux au Brésil : proposition d‟une méthode
quantitative. Fourrages, 222, 135-142.
144. ONS. 2018. Office National des Statistiques. Statistiques de la population 1966-2018. Doc.
multigraphié.
145. ONTA. 2013, Office National des Terres Agricoles « Bilan chiffré de l‟APFA », Alger,
ONPA. 20 p.
146. Pearson L. J., Nelson R., Crimp S., Langridge J. 2011. Interpretive review of conceptual
frameworks and research models that inform Australia‟s agricultural vulnerability to climate
change. Environmental Modelling & Software, 26(2), 113-123.
147. Pouget M. 1980. Les relations sol-végétations dans les steppes Sud Algéroise. Thèse de
Doctorat en Pédologie appliquée. Univ. Aix Marseille III Cach de L‟ORSTOM. 555 p.
148. Rigolot C., Martin G., Dedieu B. 2019. Renforcer les capacités d‟adaptation des systèmes
d‟élevage de ruminants: Cadres théoriques, leviers d‟action et démarche d‟accompagnement.
INRA Productions Animales, 32(1), 1-12.
149. Roubet C. 2012. Néolithisation atlasique en Algérie. Encyclopédie berbère, Louvain/Paris,
Peeters Publishers, (34), p. 5489-5496.
150. Sachs I. 1978. Ecodéveloppement: une approche de planification. Économie rurale, 124(1),
16-22.
151. Sauvant D., Martin O. 2010. Robustesse, rusticité, flexibilité, plasticité... les nouveaux
critères de qualité des animaux et des systèmes d‟élevage : définitions systémique et
biologique des différents concepts. INRA Prod Anim 23: 5-10.
https://doi.org/10.20870/productions-animales.2010.23.1.3280
152. Senoussi A. 2002. Gestion de l‟Espace Saharien en Algérie : Symbiose ou Confrontation
entre Systèmes de Production en Milieu Agricole et Pastoral ? Cas de la Région d‟Ouargla.
Editions Presses Universitaires du Septentrion, Villeneuve d‟Ascq - France. 403 p.
153. Senoussi A, Chehma A, Bensemaoune Y. 2011. La steppe algérienne à l‟aube du IIIème
millénaire : quel devenir ? Annales des Sciences et Technologie (AST) 3(2): 129-138.
154. Senoussi A., Hadbaoui I., Huguenin J. 2014. L'espace pastoral dans la région de M‟sila,
Algérie: état et perspectives de réhabilitation. Livestock Research for Rural Development 26
(11): 7 p. http://www.lrrd.org/lrrd26/11/seno26206.html
155. Slimani H., Aïdoud A. 2018. Quarante ans de suivi dans la steppe du Sud-Oranais (Algérie):
changements de diversité et de composition floristiques. Revue d'écologie. 3 (3) : 293-308.
156. SMM, 2020. Station Météorologique de M‟Sila, Données climatiques de M‟Sila (1981-2020).
Doc. Multi-graphie.
242
157. Taibaoui B., Douaoui A., Bouxin G. 2020. Diversité floristique de la steppe sud algéroise :
Cas de la région de Djelfa (Algérie). Lejeunia, Revue de Botanique. 203, 41p.
158. Tarondeau J. C. 1999. La flexibilité dans les entreprises. Presses universitaires de France.
126 p.
159. Thevenet G. 2004. L‟agriculture durable en 7 questions/réponses. Perspectives Agricoles.
303, 26 - 31 p.
160. Thewis A., Bourbouze A., Compère R., Duplan J. M., Hardouin J. 2005. Manuel de
zootechnie comparée Nord-Sud. Quae éditions, Paris, 656 p.
161. Thomas H. 2008. Vulnérabilité, fragilité, précarité, résilience, etc. Recueil Alexandries
Collections Esquisses. http://reseau-terra.eu/article697.html
162. Turner Ii B. L. 2010. Vulnerability and resilience: Coalescing or paralleling approaches for
sustainability science?. Global Environmental Change, 20(4), 570-576.
166. Vissac B., Hentgen A. 1980. Eléments pour une problématique de recherche sur les systèmes
agraires et le développement", INRA (S.A.D.), Paris. In. Roca P.-J. 1987. Différentes
approches des systèmes agraires. Terres, comptoirs, silos: des systèmes de production aux
politiques alimentaires. Paris, ORSTOM, 75-94.
167. Walker B. 2020. Resilience: what it is and is not. Ecology and Society 25(2):11.
https://doi.org/10.5751/ES-11647-250211
168. Young O.R., Berkhout F., Gallopin G.C., Jansen, M.A., Ostrom, E., Van der Leeuw S.
2006. The globalization of socio-ecological systems: An agenda for scientific research.
Global Environmental Change 16, 304-316.
169. Zahm F. Ugaglia A.A, Boureau H., et al. 2015. Agriculture et exploitation agricole
durables : état de l‟art et proposition de définitions revisitées à l‟aune des valeurs, des
propriétés et des frontières de la durabilité en agriculture. Innovations Agronomiques, no 46, p.
105-125, Doi: 10.15454/1.462267509242779E12.
243
Annexe N°1 : Glossaire termes locaux.
Terme vernaculaire Signification Terme vernaculaire Signification
ARCH Tribu J‟DAÏA Chevrette
REFKA Fraction tribale MAAZA Chèvre
RAÏ Berger ATROUSSE Bouc
MAOUAL Eleveur d‟ovins KOTTAR Hectare
KILAME Les ovins AÏTIL Jachère
LAKAOU Les agneaux H‟SIDA Chaumes
KIROUF Agneau GISSIL Orge en vert
KIROUFA Agnelle EL-ALAF Aliment concentré
ALLOUCHE antenais T‟BEN Paille
ALLOUCHA Antenaise GOURTE Foin
KABCHE Bélier reproducteur ARD M‟RÏA Bon parcours
NAÂDJA Brebis reproductrice ARD M‟RAKHSSOU Mauvais parcours
J‟DAÏ Chevreau
YAADAF : Vente sujets en mauvais état (sélection dans le troupeau sur les performances
dont le but de préserver les meilleures bêtes).
Y’OITHER : Stockage des aliments pour la saison suivante.
EL REBGA : contrat de gardiennage ou confiage d‟un troupeau, par rémunération à la tête,
ou bien par nombre d‟agneaux cédés par rapport au nombre de brebis gardées par
annuellement.
Annexe N°2 : Guide d’entretien.
I- Identification de l’éleveur :
N° d‟entretien :……………., Date d‟entretien :………………….
Wilaya :……………….. , Daïra :…………………, Commune :…………………………
Nom et Prénom de l‟éleveur :………. ………………….
Tribu :………………………., Age de l‟éleveur :…………………
Relation avec l‟élevage : (berger / Propriétaire-berger / Propriétaire) …………………………..
A l‟origine, vous êtes : éleveur / agro-éleveur / agriculteur ……………………………………..
II- Données sur le troupeau :
2.1- Composition du troupeau :
Espèces
Ovins Caprins Camelins
Catégories
Femelles + de 2 ans
Femelles de 1 à 2 ans
Femelles -1an
Mâles + 2 ans
Mâles de 1 à 2 ans
Mâles -1 an
Total cheptel
~1~
Utilisation des ressources alimentaires (Kg/tête):
Saisons
Automne Hiver Printemps Eté
Aliments
Orge en grain
Orge (...%) + Son (….%)
Son de blé
Blé tendre
Maïs
……….……
Orge en vert (ha)
Chaumes (ha)
Céréales sinistrés (ha)
Jachère (ATIL) (ha)
Mise en défens (ha)
………………
Quelles sont les ressources alimentaires que vous produisez vous même?
(Orge en grain / Orge en vert / Chaumes / Jachère / ………………………………….)
Quelles sont les ressources alimentaires que vous achetez (ou bien louez) ?
(Orge en grain / Orge en vert / Son de blé / Blé tendre / Maïs / Chaumes / Jachère / ………………)
Pourcentage des aliments produits (%) : ……… Pourcentage des aliments achetés (%) : ………..
Comment qualifiez-vous la stabilité des prix des aliments de bétails ? (Très stable / Assez stable /
Non stable). Pourquoi ? …………………………………………………………………………….
~2~
2.3- La reproduction et la vente des animaux :
Quelles sont les catégories animales vendues par ordre ? (vendu le premier ═> vendu le dernier)
(Agneaux / Agnelles / Antenais / Antenaises / Brebis de réforme / Brebis reproductrices / Béliers
reproducteurs) …………………………………………………………………………………….
Suivant la conformité animale ; quel est l‟ordre de la vente ? (Bon animal / animal moyen /animal
faible). Pourquoi ? …………………………………………………………………………………
Fréquence de vente des animaux : ● En cas de besoin immédiat d‟argent ● chaque : Souk / mois /
occasion /…………………………………………………………………………………………..
Comment qualifiez-vous la stabilité des prix des animaux sur les marchés ? (très stable /
assez stable/ Non stable). Pourquoi ? ………………………………………………………………
~3~
III- Gestion de l’exploitation :
3.1- Les moyens matériels :
Possédez-vous : Tracteur / Camion / Véhicule de transport /………………………………………
Louez-vous vos matériels à un tiers ? Oui / Non
Lesquels ?: ……………………………………………………………………………………
Comment qualifiez-vous la charge due au transport des animaux et des aliments ?
(Trop élevée / assez élevée / peu élevée)
Investissez-vous dans l‟acquisition des moyens de transport ? Oui / Non
Pourquoi ? …………………………………………………………………………………
Louez-vous des terres agricoles pour cultiver des fourrages pour nourrir les ovins ? Oui / Non
Combien d‟hectares ?:…………….., Fréquence : ………………Pour quelle culture ?…………….
Occupation du sol :
Importance
Forme
Spéculation Surface (ha) Irrigation Destination
( ) d‟utilisation
~4~
3.4- Les activités extra-agricoles :
► Avez-vous ou l‟un du membre du ménage une activité hors l‟agriculture ? Oui / Non
Type d‟activité Intérêt
- - Source de revenu stable pour les besoins du ménage ;
- - Sécurité sociale et retraite ;
- - Autre : ………………………………………………………………
-
~5~
Résumé
L‟objectif de cette étude réside dans l‟identification des stratégies permettant aux éleveurs ovins de la steppe de subvenir aux besoins
alimentaires des troupeaux et de maintenir l‟activité de l‟élevage dans un contexte mouvant et incertain. La sècheresse et le manque de
ressources pastorales naturelles demeurent les principales contraintes entravant l‟élevage ovin en milieu steppique. La démarche de travail
adoptée relève de l‟approche systémique, considérant les différents éléments du système d‟élevage et leurs interactions. La méthode de
collecte des informations repose sur des enquêtes/entretiens renseignées lors d‟un passage unique auprès d‟éleveurs choisis de sorte à avoir
un maximum de diversités des systèmes d‟élevage ovins existants. Ainsi, nous avons retenus 100 éleveurs et agro-éleveurs qui ont été
approchés, via vingt zones représentatives de l‟assiette spatiale de la région de M‟Sila. Avec un potentiel pastoral d‟un million d‟hectares de
parcours et un cheptel ovin de 1,65 million de têtes, la wilaya de M‟Sila est comptée parmi les zones importantes à vocation viande ovine au
niveau national, où les parcours sont profondément touchés à la fois par le phénomène de dégradation et de désertification.
L‟étude a permis de déceler une véritable diversité des systèmes d‟élevage ovins. Les éleveurs, à leur tour, présentent une grande diversité
d‟usage des ressources alimentaires disponibles en adoptant de nouvelles formes d‟affouragement. Malgré un apport conséquent en aliments
concentrés qui assurent 40 % des besoins alimentaires globaux des troupeaux des éleveurs enquêtés, de nouvelles tendances alimentaires sont
remarquées. Ces dernières s‟articulent autour de l‟intégration des cultures fourragères dans la conduite alimentaire des ovins, alors que les
fourrages verts occupent une place importante dans la ration alimentaire (42 %) pour une classe composée de 24 éleveurs. Globalement,
Seize (16) grandes stratégies de résilience ont été identifiées et adoptées par les éleveurs, sous la coupe de trois classes ; i)- Stratégies dont le
but principal est d‟avoir une résilience alimentaire pour le troupeau, ii)- Stratégies permettant la diversification des revenus de l‟exploitation,
iii)- Stratégies de renforcement des différentes performances de production. Suivant les stratégies adoptées, les éleveurs sont typés en trois
groupes : i) Groupe d‟éleveurs avec une faible résilience (38 éleveurs), et peu d‟association « Elevage-agriculture », ii) Groupe d‟éleveurs
avec de bonnes sources de résiliences alimentaires et financières (32 éleveurs) et une forte association « Elevage-agriculture », basée sur la
diversification des revenus par la diversification des cultures, iii) Groupe d‟éleveurs avec de bonnes sources de résilience alimentaires (30
éleveurs) et une forte association « Elevage-agriculture », centrée sur la production de leurs propres aliments de bétails. Ces tendances
alimentaires apparaissent comme des solutions incomplètes, car elles manquent de la maîtrise technique et continuent à altérer la végétation
des parcours naturels. Dans une perspective de durabilité, elles se confrontent à des limites d‟ordre naturel et organisationnel. Cependant,
elles peuvent inspirer des pistes de réflexions sur des solutions possibles au manque de ressources fourragères en milieu steppique.
Mots clés : Ovin, M‟Sila, Steppe algérienne, Parcours, Etat, Résilience, Durabilité.
. حالة هنطقة الوسيلة:تقيين استذاهة نظن تربية االغنام في الوناطق السهبية الجزائرية
هلخص
ظمٙت االغُبو فٛخٓى ٔانغفبظ ػهٗ َشبط حشبٛت نقطؼبٌ يبشٛبث انغزائٛق انغبصٛت حغقٛ االغُبو ببنًُبطق انسٓبٙ حسًظ نًشبٙبث انخٛضٛذ االسخشاحٚ حغذٙخهخض انٓذف يٍ ْبحّ انذساست فٚ
ٙ ٔانخ،تٛقت انذساست ػهٗ انُٓش انُظبيٚ حؼخًذ طش.تٛت االغُبو ببنًُبطق انسٓبٛق حشبٛ حؼٙت يٍ اْى انًشبكم انخٛؼٛ انطبٙؼخبش انضفبف َٔقض اػالف انًشاػٚٔ .ش انًسخقشةٛانظشٔف غ
ّ االغُبوٛغ َظى حشبًٛم صٛقّ حضًٍ حًزٚ االغُبو بطشٙبَبث يغ يشبٛقّ صًغ انًؼهٕيبث ػهٗ اسخبٚ حؼخًذ طش.ُٓبٛت االغُبو ٔكزا انخفبػالث بٍٛ االػخببس يخخهف يكَٕبث َظى حشبٛحأخز بؼ
تَٕٛاٛ ٔرشٔة ع،تٛ انسٓبٌٕٙ ْكخبس يٍ انًشاػّٛ حقذس بٕاعذ يهٕٚ ب قذساث سػ.هتٛ يُطقّ حًزم يُطقّ انًس01 يٕال ػبش- يٕال ٔ فالط011 ذ حى اسخضٕاةٛ ع. انًُطقتٙانًٕصٕدة ف
. بظبْشة انخذْٕس ٔ انخظغشٙذ حخأرش انًشاػٛ ع.ُٙهت يٍ اكزش انًُبطق اَخبصب نهغٕو االغُبو ػهٗ انًسخٕٖ انٕطٌٕٛ ساس غُى حؼخبش يُطقّ انًسٛ يه0621 حقذس بـ
ػهٗ انشغى.تٚذة يٍ انخغزٚت انًخبعت يٍ خالل اػخًبد أشكبل صذٛقٕو انًٕانٌٕ ببسخؼًبل يضًٕػت ٔاسؼت يٍ انًٕاسد انغزائٚ ذٛ ع.ت األغُبوٛ أَظًت حشبٙ فٙقٛكشفج انذساست ػٍ حُٕع عق
ٙم انؼهف فٛشة عٕل ديش يغبطٛ حذٔس ْزِ األخ.ذةٚت صذٛ فقذ نٕعظج احضبْبث غزائ، ٍٍُٛٛ انًؼٛت نقطؼبٌ انًشبٛت اإلصًبنٛبصبث ا نغزائٛ يٍ االعخ٪01 يٍ أٌ األػالف انًشكزة حٕفش
تٛضٛ) اسخشاح02( ذ سخت ػششٚ حى حغذ، بشكم ػبو. يٕال00 ٍت نفئت حخكٌٕ يٛ انغظت انغزائٙت) فٛقت انغزائٛ يٍ انؼه٪ 00( غخم انؼهف األخضش يكبًَب يٓ ًًبٚ ًُبٛ ب، ت األغُبوٚإداسة حغز
غ دخمُٕٚبث حسًظ بخٛضٛ اسخشاح- )0 ، غٛت نهقطٛش انًشَٔت انغزائٛ حٕفٙ فٙسٛخًزم ْذفٓب انشئٚ ٙبث انخٛضٛ اسخشاح- )0 إطبس رالد فئبث ؛ٙ ف،ٍٛٓب يٍ قبم انًشبُٛت نهظًٕد ٔحبٛسٛسئ
ٍ رٔ٘ انقذسةٛ) يضًٕػت يٍ انًشب0 :ٍ إنٗ رالد يضًٕػبثٛف انًشبُٛخى حظٚ ، بث انًؼخًذةٛضٛ اػخًبدًا ػهٗ االسخشاح.ت أداء اإلَخبس انًخخهفتٕٚبث نخقٛضٛ اسخشاح- )3 ، انًزسػت
يٕال) ٔسابطت30 ( تٛذة نهغزاء ٔانًشَٔت انًبنٛٓى يظبدس صٍٚ نذٍٚ انزٛ ) يضًٕػت يٍ انًشب0 ، " ٔانزساػتٙت انًٕاشٛفت "حشبٛ ٔسابطت ضؼ، ) يٕال33( انًُخفضت ػهٗ انظًٕد
تٛت " حشبٕٚ يٕال) ٔسابطت ق31( ٙذة نهظًٕد انغزائٍٛ رٔ٘ انًظبدس انضٛ ) يضًٕػت يٍ انًشب3 ، مٛغ انًغبطُٕٚغ انذخم يٍ خالل حُٕٚ حقٕو ػهٗ ح، "ت ٔانزساػتَٕٛاٛت عٛت "حشبٕٚق
ٙ حذْٕس انغطبء انُببحٙت ٔحسخًش فُٛ ألَٓب حفخقش إنٗ انخق،ش كبيهتٛ عهٕل غْٙ تٛبذٔ أٌ ْزِ االحضبْبث انغزائٚ .ت انخبص بٓىٛ حخًغٕس عٕل اإلَخبس يٍ ػهف انًبش، " ت ٔانزساػتَٕٛاٛع
ئتٛ بًٙكُٓى إنٓبو األفكبس عٕل انغهٕل انًًكُت نُقض يٕاسد انؼهف فٚ ، ٔيغ رنك.تًٛٛت ٔحُظٛؼٛبث انًؼخًذة عذٔدًا طبٛضٛ حٕاصّ االسخشاح، يٍ يُظٕس االسخذايت.تٛ انسٓبٙنهًشاػ
.انسٕٓة
. االسخذايت، انًشَٔت، انذٔنت، ٙ انًشاػ، تٚ انسٕٓة انضزائش، هتٛ انًس، األغُبو:كلوات دالة
Assessment of the sustainability of sheep breeding systems in the Algerian steppe area:
Case of M’Sila region.
Abstract
The main objective of the present study lies in the identification of strategies allowing sheep breeders of the steppe to find the food needs of
the herds and to keep livestock activity in a changing and an uncertain context. In this vein of thought it is important to denote that the
Drought and the shortage of natural fodder remain the main constraints hampering sheep breeding in the steppes. The approach that been
adopted by the work fully embodies the systemic approach, considering the different components of the breeding system and their
interactions. Moreover, the information collection method is based on surveys completed during a one-off visit, selected breeders so as to
have a maximum of diversity of existing sheep breeding systems. Therefore, 100 actors; represented by pastoralists and agro-pastoralists
were approached, through twenty representative zones of M‟Sila region. With a pastoral potential of one million hectares of rangelands and a
sheep herd of 1.65 million heads, the state of M'Sila is reckoned among the areas potentially for sheep meat at the national level, where the
rangelands are badly affected by both degradation and desertification.
The current study, revealed a real diversity of sheep breeding systems. Pastoralists, in turn, shed light on a wide variety of uses of available
food resources by adopting new forms of feeding. Despite the fact that concentrated feeds provide 40% of the overall food needs of the herds
of the breeders‟ approaches, new food trends are noticed. The latter are capitalized in the integration of fodder crops in the feeding
management of sheep, while, green fodder occupies an important place (42% of the diet) in the food diet for a class of 24 breeders. Overall,
Sixteen (16) major resilience strategies have been identified and adopted by breeders, under the cut of three classes; i) Strategies whose main
goal is to have food resilience for the herd, ii) Strategies allowing diversification of farm income, iii) Strategies for strengthening different
production performances. Depending on the strategies adopted, the breeders are categorized into three groups: i) Group of breeders with low
resilience (38 breeders), and few “Livestock-agriculture” associations, ii) Group of breeders with good sources of food and financial
resilience (32 breeders) and a strong “Livestock-agriculture” association, based on income diversification through crop diversification, iii)
Group of breeders with good sources of food resilience (30 breeders) and a strong “Livestock-agriculture” association, which was centered
on the production of their own animal feed. These dietary trends seem to be incomplete curative resolutions, because they lack technical
mastery and continue to destroy the vegetation of natural rangelands. From a sustainability perspective, they face natural and organizational
limits. However, they can inspire reflection on possible solutions to the lack of forage resources in steppe environments.
Keywords: Sheep, M‟Sila, Algerian steppe, rangelands, State, Resilience, Sustainability.