APPROCHE_SYSTEMIQUE_ETUDIANTS
APPROCHE_SYSTEMIQUE_ETUDIANTS
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Objectif général
Ce cours a pour objectif général : développer chez les étudiants une manière systémique
d’aborder des situations éducatives pour des décisions plus efficaces et une intégration
réussie des innovations pédagogiques en général, une intégration réussie des technologies
éducatives.
Objectifs spécifiques
A la fin du cours, les étudiants devront pouvoir :
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Plan provisoire des matières à traiter
Introduction : Différentes manières d’aborder une situation
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3.2.4. Approche systémique et formation des enseignants
3.3. Problématique de l’intégration des technologies éducatives à l’école
3.4. Variables à prendre en compte
Conclusion
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Introduction : Différentes manières d’aborder une situation
Prenons une situation, peu importe laquelle. Nous pouvons l'approcher de différentes
manières.
- Juste avant de présenter un examen, une élève ressent de violents maux de tête.
Activité d’apprentissage
Une approche est une action, ou une manière d'aborder un sujet, un problème.
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Nos différentes interventions possibles peuvent être les suivantes :
A. Approche linéaire
Nous considérons qu'à un problème donné, il y a une cause antécédente bien
précise. Nous recherchons une solution simple et immédiate.
Exemple : s’il arrive toujours en retard c’est parce qu’il aime manger le fufu
chaud le matin !
B. Approche circulaire
Lorsqu'un problème se pose, nous explorons son contexte afin d'identifier et de
décrire les différents éléments du "système" dans lequel il s'inscrit, les relations
entre ces éléments, les "boucles de rétroaction" et les mécanismes de
régulation. Les mêmes conséquences peuvent avoir plusieurs causes et les mêmes
causes peuvent avoir des effets différents.
La solution est complexe et va dépendre de notre capacité à jouer sur plusieurs
facteurs.
C. Approche cybernétique1
En plus des principes de l'approche circulaire, nous tiendrons également compte de deux
éléments complémentaires :
- de l'évolution du système liée à la variable temps;
- de la modification du système du fait même de notre présence dans le système en tant
qu'observateur.
1
Cybernétique est une science interdisciplinaire qui étudie les mécanismes de
communication, de commande et de contrôle chez les êtres vivants, dans les machines
et les systèmes économiques et sociologiques. La cybernétique peut aussi se définir
comme la science qui étudie les phénomènes de régulation au sein de machines.
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La solution, c'est peut-être de modifier le point de vue de l'observateur, ou de compter sur
le fait qu'avec le temps, les choses s'arrangent parfois d'elles-mêmes...C'est l'approche
cybernétique (circulaire + temps + observateur), dite aussi "deuxième systémique".
Rajoutons encore deux autres dimensions à l'approche cybernétique : la prise en compte
des modifications potentielles du système
- en fonction des changements d'espace (changement de lieu, changement d'échelle);
- en fonction de la culture dominante de la société ou des individus considérés.
La solution, c'est parfois de changer d'endroit. La recherche de solution n'est peut-être
pas effectuée à la bonne échelle. Dans une autre culture, il n'y aurait peut-être pas de
problème du tout, ou encore il pourrait être insoluble... Cette approche peut être
nommée cybernétique voyageuse et multiculturelle (cybernétique + espace +
culture).
D. Approche mythique
Pour compléter l'éclairage d'une situation, nous prenons en compte l'ensemble des
croyances des personnes (acteurs et observateurs) et des mythes fondateurs des sociétés,
souvent implicites mais sous-jacents dans la façon d'envisager les choses. C'est
l'approche mythique.
Il n'y a pas d'approche meilleure que les autres.
Il conviendra cependant de choisir l'approche la plus adéquate en fonction de la
situation rencontrée.
Les réponses inadaptées engendrent des impasses.
Ainsi, le plus souvent, des solutions linéaires sont proposées alors que la situation est
très complexe...
E. Approche systémique
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sur elle et pourtant le faire de façon intentionnelle implique un renversement de mode de
pensée.
Pendant longtemps, dans leur quête de connaissance et de sagesse, les hommes ont
recherché des explications simples et logiques à la luxuriance du monde.
Cette méthode était fabuleuse, puisqu'elle est à l'origine des grands progrès réalisés par la
science au cours des 19ème et 20ème siècles.
Il se trouve cependant que cette méthode, parfaitement adaptée à l'étude des systèmes
stables constitués par un nombre limité d'éléments aux interactions linéaires (c'est-à-dire
pouvant être décrites par des lois mathématiques continues et additives) ne convient plus
dès lors que l'on considère la complexité organisée telle que rencontrée dans les grands
systèmes biologiques, économiques et sociaux.
Une autre approche est alors requise, fondée sur de nouvelles représentations de la réalité
prenant en compte l’instabilité, l’ouverture, la fluctuation, le chaos, le désordre, le flou, la
créativité, la contradiction, l’ambiguïté, le paradoxe.
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Tous ces aspects qui étaient perçus naguère comme a-scientifiques par le positivisme
régnant, sont désormais considérés comme autant de préalables pour comprendre la
complexité du réel.
"Si nous ne changeons pas notre façon de penser, nous ne serons pas capables de
résoudre les problèmes que nous créons avec nos modes actuels de pensée" disait Albert
Einstein.
La notion de système
L’approche systémique s’appuie sur la notion de système (Morin, 2005). Et Kazimingi,
(2023), affirme qu’un système est un ensemble d'éléments intégrés entre eux et en
interaction dynamique et permanente, structurés en fonction d’un objectif donné. C’est
également un outil de modélisation permettant de représenter et d'analyser des complexes
d'éléments caractérisés par leur nombre élevé et un réseau de relations imbriquées
(Forrester, 1965).
Ensemble organisé de principes coordonnés de façon à former un tout scientifique ou un
corps de doctrine.
Ensemble d'éléments considérés dans leurs relations à l'intérieur d'un tout fonctionnant
de manière unitaire.
Un système est constitué d’un ensemble d’éléments en interaction dont chacun concourt à
l’objectif commun ou finalité du système. Par exemple, en ce qui concerne le corps
humain, chacun des organes concourt au maintien en vie. Il y a des systèmes vivants ou
naturels : le corps humain, le système solaire ; il y a des systèmes construits : une
entreprise, une multinationale, une école, une administration, un pays, l’Afrique…
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En 1973, Ivon Van Bertalanffy, à l’origine de la théorie générale de systèmes,
définit le système comme étant « un ensemble d’éléments en interaction les uns
avec les autres ».
- Il y a dans cette définition trois idées : celle de variété, celle d’unité ou d’un
tout, et celle de mouvement.
En 1975, Joël Rosnay définit autrement le système en y ajoutant la notion de but,
que les autres auteurs appelleront finalité ou d’objectif. Selon lui, « un système est
un ensemble d’éléments en interaction dynamique, organisés en fonction d’un
but ».
Selon Morin (1977), « un système est une unité globale d’interrelations entre
éléments, actions ou individus ».
- Morin ajoute la notion d’interrelation entre actions et celle d’une organisation
de ces interrelations.
C’est Donnadieu et Karsky (2002) qui vont proposer une définition plus
englobant.
Selon eux : « système est un ensemble, formant une unité cohérente et autonome,
d’objets réels ou conceptuels (éléments matériels, individus, actions …) organisés
en fonction d’un but (ou d’un ensemble de buts, finalités, projets …) au moyen
d’un jeu de relations (interrelations mutuelles, interactions dynamiques, …), le
tout immergé dans un environnement ».
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1.2.1. Le supra-système et les sous-systèmes
Le supra-système est présenté par l’environnement de l’organisation.
Linda Perron (2009) distingue les cinq sous-systèmes suivants d’une organisation:
- le sous-système structurel
- le sous-système psychosocial
- le sous-système technique
- le sous-système culturel
- et le sous-système managérial (ou de gestion).
a. Le sous-système structurel
Le sous-système structurel représente les éléments d’organisation formelle portant
sur les relations d’autorité, la division du travail et les règles qui les régissent. Il
comprend notamment l’organigramme, les descriptions des tâches, les réseaux de
communication, les politiques, les buts, les stratégies, le système de recrutement, le
système de formation, etc.
b. Le sous-système psychosocial
Le sous-système psychosocial intègre les attitudes, les comportements, les besoins,
les aspirations, les motivations ainsi que les relations entre les individus et les
groupes formels et informels des individus. Il englobe aussi les conflits et les
tensions.
c. Le sous-système culturel
Il renvoie à la culture organisationnelle. Il inclut la mission de l’organisation, la
raison d’être de l’organisation, les buts, les valeurs, les normes, les croyances et les
visions qui existent dans l’organisation. Ce sont des éléments qui exercent une
influence sur le fonctionnement de l’organisation, et guident les décisions et les
actions à entreprendre.
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d. Le sous-système technique
Le sous-système technique désigne les éléments techniques, les moyens et les outils
dont disposent l’organisation et les individus pour organiser la mission et le travail
de chacun.
e. Le sous-système managérial.
Le sous-système managérial intègre la direction, les outils et les systèmes de
gestion. Le sous-système managérial s’assure que la mission et les objectifs du
système sont conformes à l’environnement, et que les autres sous-systèmes sont
planifiés pour que les buts et les objectifs soient atteints.
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Voilà comment Perron représente un système d’une organisation et ses supra et
sous-systèmes :
Sous-système Sous-système
structurel psychosocial
Sous-système
Sous-système Sous-système
technique culturel
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L’organisation transforme les intrants en produits ou services (dits extrants). Le sous-
système managérial en assume la direction en se préoccupant de grandes fonctions
comme : planifier, organiser, diriger, contrôler et évaluer. Il coordonne également les
interrelations entre les sous-systèmes.
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Massachusetts Institute of Technology (MIT), spécialiste de la cybernétique, Norbert
Wiener, à un neurophysiologiste, Warren McCulloch, fondateur de la bionique (science
qui s’inspire des modèles des animaux pour l’émission et le traitement des signaux afin
de l’appliquer à l’électronique), au biologiste Ludwig von Bertalanffy, ainsi qu’à
l’électronicien Joy Forrester, professeur de management à la Sloan School of
Management également au MIT.
A. En tant que savoir, la systémique fait appel à quatre concepts de base, spécifiques
pour appréhender la complexité des phénomènes.
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La complexité renvoie à toutes les difficultés de compréhension (flou, incertain,
imprévisible, ambiguë, aléatoire) posées par l'appréhension d'une réalité complexe
et qui se traduisent en fait pour l'observateur par un manque d'information
(accessible ou non).
Le système : Ce concept constitue le socle sur lequel repose la Systémique.
Comme déjà défini plus haut, un système est un ensemble d'éléments en
interaction dynamique, organisé en fonction d'un but.
La globalité : Il s'agit d'une propriété des systèmes complexes, souvent traduite
par l'adage " le tout est plus que la somme des parties " et selon laquelle on ne
peut les connaître vraiment sans les considérer dans leur ensemble. Cette globalité
exprime à la fois l'interdépendance des éléments du système et la cohérence de
l'ensemble. Mais ce concept pourtant riche est malheureusement souvent traduit
superficiellement par la formule vague " tout est dans tout".
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plus important pour le systémicien que de connaître la nature de chaque
composant du système.
Si ces quatre concepts sont essentiels, la systémique recourt aussi à d'autres, plus
directement opérationnels : l’information, la finalité, la rétroaction, la régulation, le délai
de réponse, la boîte noire …
La systémique est aussi une pratique, une manière d'entrer dans la complexité. La
pédagogie à mettre en œuvre doit être novatrice tant dans sa démarche générale que dans
les outils employés.
1° La démarche générale
2° Les outils
L’approche systémique utilise trois outils de base : la triangulation systémique, le
découpage systémique et l’analogie.
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(visant la structure du système, l’agencement et la relation entre ses composants) et
l’aspect historique (lié à l’histoire du système).
Le découpage systémique
Et l’analogie.
• La métaphore établit une correspondance souvent toute extérieure entre deux séries de
phénomènes différents ou deux systèmes de nature différente. Parce qu'elle se fonde sur
l'apparence, la métaphore est dangereuse. Bien utilisée, elle est précieuse car stimulant
l'imagination et facilitant la création de nouveaux modèles.
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• L'homomorphisme établit une correspondance entre quelques traits du système étudié
et les traits d'un modèle théorique ou d'un système concret plus simple ou plus
commodément étudiable (que l'on appelle alors modèle réduit). Par des observations
effectuées sur ce second système, il est possible de prévoir certains aspects du
comportement du premier.
• L'isomorphisme est la seule analogie acceptable dans une démarche analytique
traditionnelle. Il s'agit d'établir une correspondance entre tous les traits de l'objet étudié et
ceux du modèle, rien ne devant être oublié.
Le langage graphique
Le langage graphique est largement utilisé dans le domaine technique (la carte
universellement employée, et qui est la représentation commode d'un territoire, fait partie
de ce langage graphique).
Il s'agit bien d'un véritable langage, à côté des langages naturels discursifs, écrits ou
parlés, et du langage mathématique formel. Tous ces langages recourent d'ailleurs
volontiers au langage graphique par des schémas et idéogrammes ainsi que par la
géométrie et la théorie des graphes.
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La modélisation
Modéliser est d'abord un processus technique qui permet de représenter, dans un but de
connaissance et d’action, un objet ou une situation voire des événements qui sont réputés
complexes.
On l'utilise dans tous les domaines scientifiques concernés par la complexité.
Mais la modélisation est aussi un art par lequel le modélisateur exprime sa vision de la
réalité. En ce sens, on peut parler de démarche constructiviste. La même réalité, perçue
par deux modélisateurs différents, ne débouchera pas nécessairement sur le même
modèle.
Toutefois, si le modélisateur souhaite que son modèle soit opératoire, c'est-à-dire
permette à l'utilisateur de s’orienter dans la complexité et d’agir efficacement sur elle, il
doit prendre en compte certains critères et respecter certaines lois de construction.
Cette méthode basée sur le réductionnisme avait eu un impact très important en occident
depuis Descartes (1637).
D’après cette méthode expérimentale, "il serait impossible de parvenir à comprendre les
systèmes complexes si l'on n'avait pas commencé au préalable par isoler les diverses
parties qui les composent".
Dans son « Discours de la Méthode », Descartes énonce les quatre préceptes suivants,
dans le but de parvenir à mieux connaître, mieux expliquer, mieux comprendre, mieux
prédire et contrôler la réalité :
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"Ne concevoir jamais aucune chose pour vraie que je ne la connusse évidemment
pour telle, c'est-à-dire d'éviter soigneusement la précipitation et la prévention...
Diviser chacune des difficultés que j'examinerais en autant de parcelles qu'il se
pourrait et qu'il serait requis pour les mieux résoudre.
Conduire par ordre mes pensées en commençant par les objets les plus simples et
les plus aisés à connaître, pour monter peu à peu comme par degrés jusques à la
connaissance des plus composés...
Faire partout des dénombrements si entiers et des revues si générales que je fusse
assuré de ne rien omettre".
Une autre caractéristique importante de la méthode scientifique est sa prétention à
l'universalité. Elle domine depuis plusieurs décennies la pensée scientifique occidentale
et est appliquée dans tous les domaines du savoir humain.
Cette prétention a eu pour conséquences :
la fragmentation du savoir en autant de domaines qu'il y a de phénomènes à
étudier;
l'isolement des disciplines scientifiques les unes envers les autres d'une part, et
face au monde réel d'autre part ;
l'exigence de définir, de façon étroite, les problèmes que nous affrontons;
la sur-spécialisation;
une difficulté grandissante pour les spécialistes de communiquer entre eux;
une efficacité "douteuse" face à la résolution de problèmes qualifiés de
complexes;
une tendance à n'envisager qu'une seule chose à la fois et à en déduire des
attributs appartenant à l'ensemble sous investigation.
Aujourd’hui, le précepte réductionniste a montré ses limites. On n’arrive pas à mieux
comprendre et expliquer les phénomènes complexes.
Alors que, jusqu'à une époque récente, la science avait tendance à concentrer son
attention sur les systèmes simples et, notamment, sur les systèmes réductibles par
l'analyse", depuis une cinquantaine d'années, les scientifiques se voient obligés, pour
résoudre les problèmes du monde réel, de s’attaquer à l'étude d'ensembles de plus en plus
complexes. Le monde fait désormais face à une complexification progressive des
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ensembles avec lesquels nous devons composer. Plusieurs des technologies que nous
utilisons aujourd'hui ont des effets sur l'environnement qui dépassent le niveau local pour
atteindre une dimension planétaire. Ce phénomène de complexification des ensembles a
fait ressortir, avec acuité, les limites de la méthode expérimentale.
Watzlawick et al. (1972) poursuivent en disant que: "...tant que la science a eu pour objet
des relations causales linéaires, univoques et progressives, des phénomènes fort
importants sont restés à l'extérieur de l'immense territoire conquis par la science depuis
les quatre derniers siècles"
Ce fait incite à explorer des méthodologies susceptibles de mieux composer avec la
complexité des phénomènes qui nous entourent sans les isoler de l'environnement dans
lequel ils naissent et évoluent.
Ces situations, dites complexes, sont caractérisées par un ou plusieurs des attributs
suivants. Elles sont floues, changeantes et peu structurées. Elles peuvent être étudiées
sous différentes perspectives, sous différents angles, en fonction de plusieurs structures
cognitives et de divers systèmes de valeurs. On y retrouve rarement des relations causales
simples, mais plutôt des relations de type circulaire. Il y a possibilité d'émergence d'effets
pervers et de propriétés contre-intuitives qu'on ne peut déduire des propriétés des sous-
ensembles qui les constituent. Elles imbriquent plusieurs problèmes relativement simples
à première vue mais qui ne peuvent se résoudre individuellement sans affecter les autres.
Elles nécessitent la participation de plusieurs acteurs. Elles présupposent la présence
simultanée de plusieurs critères de performances parfois difficiles à quantifier. Les
"problèmes" qui les caractérisent et les objectifs qu'on leur attribue font rarement l'objet
d'un consensus. Les valeurs des divers acteurs impliqués sont déterminantes. Elles sont
caractérisées par une variété importante de sous-ensembles possédant des fonctions
spécialisées et organisées en niveaux hiérarchiques internes. Enfin, elles doivent être
envisagées sous l'angle de la multi-rationalité. Ces situations, qualifiées de complexes,
correspondent assez bien à celles que nous devons affronter dans le domaine des sciences
humaines.
La prise de conscience faite, depuis une trentaine d'années, par les "scientifiques", de la
nécessité de composer avec la complexité, a créé deux tendances qui sont contre-
analytiques.
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La première repose sur les hypothèses qu'un ensemble possède des propriétés
émergentes qui se révèlent beaucoup mieux par l'étude des ensembles que par celle des
parties qui les constituent. On prétend également qu'il est impossible, dans les systèmes
complexes, d'atteindre la compréhension de l'ensemble comme un tout par l'étude
exclusive de ses parties.
Bertalanffy (1973) confirme cette position plus globalisante, plus holistique que la
méthode scientifique. Il écrit que "la tendance à analyser les systèmes comme un tout
plutôt que comme des agrégations de parties est compatible avec la tendance de la
science contemporaine à ne plus isoler les phénomènes dans des contextes étroitement
confinés, à ne plus décortiquer les interactions avant de les examiner, à regarder des
'tranches de nature' de plus en plus larges".
Ackoff (1972) appuie, de façon beaucoup plus percutante, cette tendance en affirmant
que "aujourd'hui ... les objets à expliquer sont considérés comme parties de plus grands
touts, plutôt que comme des touts qu'il faut décomposer en parties"
Cette prise de conscience de la nécessité de composer avec la complexité, a créé deux
tendances contre-analytiques.
La première tendance repose sur les hypothèses qu'un ensemble possède des propriétés
émergentes qui se révèlent beaucoup mieux par l'étude des ensembles que par celle des
parties qui les constituent. On prétend également qu'il est impossible, dans les systèmes
complexes, d'atteindre la compréhension de l'ensemble comme un tout par l'étude
exclusive de ses parties. Bertalanffy confirme cette position plus globalisante, plus
holistique que la méthode scientifique. Il écrit que "la tendance à analyser les systèmes
comme un tout plutôt que comme des agrégations de parties est compatible avec la
tendance de la science contemporaine à ne plus isoler les phénomènes dans des contextes
étroitement confinés, à ne plus décortiquer les interactions avant de les examiner, à
regarder des 'tranches de nature' de plus en plus larges". Ackoff (1972) appuie, de façon
beaucoup plus percutante, cette tendance en affirmant que "aujourd'hui ... les objets à
expliquer sont considérés comme parties de plus grands touts, plutôt que comme des touts
qu'il faut décomposer en parties" (p.40).
La seconde tendance insiste sur le fait que la connaissance de l'objet doit passer par
l'étude des relations et des interactions qu'a cet objet ou cet ensemble avec son
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environnement. Il en est ainsi puisque environnement et systèmes s'influencent
mutuellement. Watzlawick et al. (1972) s'expriment de la façon suivante à ce sujet: "Un
phénomène demeure incompréhensible tant que le champ d'observation n'est pas
suffisamment large pour qu'y soit inclus le contexte dans lequel ledit phénomène se
produit". C'est l'opposé du précepte réductionniste qui préconise la décomposition, la
réduction et l'isolement, de l'objet ou du phénomène de son environnement pour mieux
l'étudier. C'est en vertu de ce précepte que les besoins d'un système d'apprentissage, de
formation ou d'enseignement ne peuvent être étudiés sans tenir compte de
l'environnement au sein duquel il œuvre.
Ce phénomène de complexification des ensembles qui nous entourent, la tendance à
considérer les touts plutôt que les parties et la croyance qu'on ne peut extraire un
ensemble de son environnement sans en modifier la nature amènent à explorer des
approches autres que le rationalisme. Dans ce contexte, la systémique apparaît capable de
combler certaines des lacunes ou des insuffisances caractérisant l'approche
expérimentale.
La comparaison des approches analytiques (donc scientifiques) et l’approche systémique
permet de constater qu’elles sont fondées sur des postulats épistémologiques différents,
préconisent des façons différentes de percevoir la réalité, utilisent des méthodologies qui
leur sont propres et abordent l'étude d'ensembles possédant des niveaux de complexité
divers.
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Le tableau de comparaison ci-dessous permet de l’illustrer dans certains aspects :
Approche analytique Approche systémique
S'appuie sur la précision des détails ; ramène S'appuie sur la perception globale ; Considère un
le système à ses éléments constitutifs les plus système dans sa totalité, sa complexité, sa
simples dynamique
La validation des faits se réalise par la preuve La validation des faits se réalise par comparaison
expérimentale dans le cadre d'une théorie. du fonctionnement du modèle avec la réalité.
Approche efficace lorsque les interactions sont Approche efficace lorsque les interactions sont non
linéaires et faibles. linéaires et fortes.
Elle a des effets pervers : elle sépare, isole, Accent sur le relationnel
Emiette, disperse
Logique d’exclusion qui ne suffit plus Logique de complémentarité
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Remarque importante : En dépit de ces différences observées,
Ces deux approches ne sont pas antagonistes mais complémentaires.
Elles ne sont pas contraires mais l’approche systémique intègre l’approche analytique.
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