la-pollution-marine-_-cadre-juridique-et-institutionnel
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E-ISSN : 2661-7536
BOUKHATMI Fatima
Professeur
Faculté de Droit, Université d’ORAN, Laboratoire de droit des transports et des activités
portuaires
7
Revue de droit des transports et des activités portuaires- Volume I/N°1, année 2014 (PP 06-38) ISSN : 2437-0681
E-ISSN : 2661-7536
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Article 1 paragraphe 4 de la convention des Nations Unies sur le doit de la mer.
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20% des algériens --soit 6 millions de personnes— vivent sur la bande littorale large de 30 km tout au plus et qui ne
représente que 4% du territoire national.
3
51% des industries est implanté sur le littoral ; voir El Watan 13/11/2013, « atelier maghrébin sur les zones côtières »
p. 5. Cette situation est le résultat de l’absence d’études d’impact sur l’environnement entre 1970 et le milieu des années
80, la plupart des unités industrielles réalisées durant cette période ne répondant pas aux normes requises en matière de
protection de l’environnement
4
2000 navires véhiculant des produits chimiques et 1300 du GNL, la totalité des cargaisons transportée atteignant les
500 millions de tonnes d’hydrocarbures et 40000 tonnes de produits chimiques
5
La caractéristique des mers semi-fermées est que leurs eaux ne se renouvellent que très lentement.
6
La Méditerranée concentre 30% du trafic maritime mondial avec 25% du trafic mondial d’hydrocarbures et plus
de16000 navires la traversant et transportant 600 millions de tonnes de marchandises. B. FRANCOU : Le transit en
Méditerranée, Institut méditerranéen des transports maritimes (IMTM), annales 2005, p. 72.
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Décret exécutif 01-08 du 7 janvier 2001 qui détermine les prérogatives du ministre de l’aménagement du territoire et
de l’environnement..
13
V. site internet du Ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement http://www.mate.gov.dz/
14
Voir Programme d’action national pour la réduction de la pollution marine due à des activités menées à terre pour
l’Algérie, instauré conjointement par le programme des nations-unies pour l’environnement, le plan d’action pour la
méditerranée et le ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement.
15
Voir Instrument européen de voisinage et de partenariat : programme indicatif national 2011-2013 : ce
programme entérine l’approche environnementale préconisée par l’UE dans le cadre de son partenariat avec les pays de
la rive sud et alloue un budget appréciable à la protection de l’environnement (34 M. d’euros)
16
Par exemple l’office national de l’assainissement, l’agence nationale des déchets etc.
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Décret présidentiel 95-163 portant ratification de la convention sur la diversité biologique signé à Rio.
18
Le Plan d’Action pour la Méditerranée -- relevant du Programme des Nations- unis pour l’Environnement lui-même
instauré par la Convention de Stokholm -- a donné le coup d’envoi de la coopération euro méditerranéenne en matière
de protection de l’environnement marin en particulier. La convention de Barcelone est devenue le cadre juridique du
PAM. La Déclaration de Barcelone instaurant le partenariat euro-méditerranéen constitue une assise juridique qui se
réfère également à l’obligation des Etats contractants à collaborer dans le sens – entre autres – de la préservation de
l’environnement marin.
19
Décret 80-14 du 26 janvier 1980 portant ratification de la convention de Barcelone.
20
Décret 96-05 portant ratification de la convention de Montego Bay
12
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marin – par les hydrocarbures-- en particulier. Elle énumère dans son article 2 ses
objectifs, résumant la politique de prévention et de réparation figurant dans
l’ensemble des textes particuliers.
Signalons que ce texte (tout comme la loi 02-02 du 05 février 2002 relative à
la protection et à la valorisation du littoral) englobe des dispositions pénales
sanctionnant tout contrevenant.
22
JORA n°61 du 21 octobre 2010, p. 2
14
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23
Ghodbani Tarik et Semmoud Bouziane, « Urbanisation côtière en Algérie, Processus et impacts sur l’environnement :
Le cas de la baie d’Aïn el Turck », Études caribéennes [15 | Avril 2010.
Malika Kacemi : Protection du littoral en Algérie entre gestion et législation : Le cas du pôle industriel d’Arzew in
Revue droit et société73/2009, p. 687
24
Un faible pourcentage de ces déversements est biodégradable laissant la plus grande quantité de ces déversements
altérer les zones côtières.
25
L’office national de l’assainissement gère des stations de traitement et d’épuration (STEP) installées au niveau
national ; cette structure envisage la réutilisation des eaux usées qui sont généralement jetées à la mer. Il est question
que ces eaux épurées bénéficient à l’agriculture et aux voiries : El-Watan 26 février 2011
26
Voir références du site du ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement http://www.mate.org
15
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-- Des programmes et plans d'actions ont été pensés avec les différents centres
d'activités du Plan d'Action pour la Méditerranée. Il s'agit notamment du
Programme d’action national pour la réduction de la pollution marine due à des
activités menées à terre MEDPOL/MEDPAS), du Plan d'Aménagement Côtier
(PAC) de la région algéroise, du Plan Stratégique pour la Méditerranée (PAS MED),
du programme d'évaluation et de maîtrise de la pollution marine (MED POL), et du
Plan d'Action Stratégique pour la conservation de la Biodiversité marine de la
Méditerranée (PAS BIO).
27
- loi 92-25 relative à la taxe sur les activités polluantes ou dangereuses,
- décret 93-160 relatif au rejet des liquides industriels,
- décret 93-161 relatif au déversement des huiles et lubrifiants dans le milieu naturel.
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Etant le seul pays de la rive sud de la méditerranée à avoir une loi littorale,
l’Algérie tente de mettre au diapason ses textes, encouragée par les instances
européennes. L’article 3 de la loi 02-02 énonce :
28
Protocole de Madrid relatif à la gestion intégrée des zones côtières de la Méditerranée du 21 janvier 2008, entré en
vigueur le 24 mars 2011 ; signé par l’Algérie par l’Algérie le 21 janvier 2008.
29
M.PRIEUR, « Le Protocole de Madrid à la convention de Barcelone relatif à la gestion intégrée des zones côtières de
la Méditerranée » VertigO, la revue électronique en sciences de l’environnement, hors série 9 ; juillet 2011,
http://vertigo.revues.org/10933.
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B- LE CADRE INSTITUTIONNEL
30
Le CNL est chargé - De veiller à la préservation et la valorisation du littoral, des zones côtières et des écosystèmes
qu'ils abritent. - de mettre en œuvre les mesures de protection du littoral et des zones côtières qui lui sont conférées par
la réglementation en vigueur - de maintenir, de restaurer et de réhabiliter les espaces terrestres et marins remarquables
ou nécessaire au maintien des équilibres naturels en vue de leur conservation ;
- de promouvoir des programmes de sensibilisation et d'information du public sur la conservation et l'utilisation durable
des espaces littoraux ainsi que de leur diversité biologique.
31
Programme Tell-el-bahr dont nous avons déjà parlé
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NAVIRES ET A LA NAVIGATION
Les marées noires et les rejets illicites d’hydrocarbures constituent pour les
côtes algériennes un risque majeur35 qu’il s’agit de prévenir et en cas de réalisation
d’en réparer les conséquences comme d’en sanctionner les auteurs.
32
http://www. Appl.dz.
33
L’agence chargée de la protection et de la promotion du littoral algérois :
Veille à l’application des dispositions réglementaires en matière de protection du littoral ;
Fournit à la wilaya toutes les informations et documents relatifs aux atteintes à l’environnement ;
Apporte toute l’assistance technique aux communes dans la gestion de la saison estivale ;
Assure le gardiennage et l’entretien du Port de Pêche et de Plaisance d’ Alger ;
Participe à toutes les campagnes de sensibilisation pour la protection de l’environnement ;
Contrôle et suit la qualité des eaux de baignade (détermine les plages interdites à la baignade durant la saison
estivale).
34
Cette structure sera chargée du suivi du contrôle et de l’évaluation de la situation environnementale ainsi que de l’élaboration des actions du
développement durable du groupe 5+5 (ministres de l’environnement des pays de l’Ouest du bassin méditerranéen).
35
Rappelons à cet effet le naufrage du Cougar par lequel 240 tonnes de fuel lourd ont été déversés sur les plages de
Staoueli et Zéralda (Alger), celui du Ibn Hawbel polluant les plages de Skikda, plus récemment l’échouage de trois
autres pétroliers dégradant l’écosystème de ces mêmes plages sur une longueur de cinq kilomètres. Sans compter les
nappes visqueuses visibles de façon récurrente, flottant sur le littoral mostaganémois (est d’Oran) ; rappelons aussi que
de grosses pollutions ont été évitées de justesse : En 1980 le « Capitaine Marcos » battant pavillon grec et transportant
plus de 25000 tonnes de fuel lourd, ayant pris feu et ayant été abandonné par son équipage, dérivait dangereusement au
large des côtes algériennes, menaçant d’une pollution imminente le bassin méditerranéen. La marine nationale
algérienne a pu le remorquer et le diriger vers le port d’Oran. En 1989 le même scénario se reproduisit avec le
« Zéphyr » transportant 80000 tonnes de pétrole, remorqué jusqu’au port de Skikda. A une échelle plus importante,
l’exemple de l’Exxon Valdez, de l’Erika ou du Prestige sont révélateurs de catastrophes engendrant des dommages
d’une ampleur économique, écologique et humaine contre lesquelles l’Algérie n’est nullement à l’abri
36
L’Organisation Maritime Internationale, organe de l’ONU, dispose d’une batterie de textes à teneur technique et
juridique en matière de sécurité du navire et de la navigation ainsi que de protection de l’environnement marin qu’elle a
réussi à imposer à l’échelle mondiale. (http //www.omi.org)
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37
Ratifiée par l’Algérie, décret 63-344 du 11 septembre 1963.
38
Ratifiée par ‘Algérie, décret présidentiel 11-246 du 10 juillet 2011
39
Ratifiée, par l’Algérie, ordonnance 74-55 du 13 mai 1974.
40
Amendée en 1978 et largement plébiscitée par les Etats, elle a prouvée son efficacité dans la mesure où une baisse
constante des pollutions maritimes par hydrocarbures a été observée depuis son entrée en vigueur.
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41
Ratifiée par l’Algérie, décret 63-345 du 11 septembre 1963 ; Ses annexes sont régulièrement ratifiées.
Décret 83-510 du 27 aout 1983 ; décret 2000-449 du 11 novembre 1988 etc. (procédure d’acceptation tacite)
42 Ratifiée par l’Algérie décret 80-14 du 26 janvier.
43
Ratifiée par l’Algérie décret 81-02 du 17 janvier 1981.
44
Ratifiée par l’Algérie décret 81-03 du 17 janvier 1981
45
Ratifiée par l’Algérie décret 82-441 du 11 décembre 1982
46
Ratifiée par l’Algérie décret 88-108 du 31 mai 1988.
47
Ratifiée par l’Algérie décret présidentiel 98-124 du 18 avril 1998.
48
Ratifiée par l’Algérie décret 96 -05 du 10-01-1996.
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Ratifiée par l’Algérie décret présidentiel 04-326 du 10 octobre 2004
50
Ratifiée par l’Algérie décret présidentiel 05-71 du 13 février 2005.
51
Ratifiée par l l’Algérie décret présidentiel 2000-58 du 13 mars 2000.
52
Sur un autre chapitre, on peut réfléchir sur le sens nouveau qu’a pris le droit de la mer associé au droit maritime
depuis quelques années : d’un droit de liberté aménagé, il devient un droit acquisitif de compétences pour le Etats
riverains et c’est ce que certains auteurs ont qualifié de « côtiérisme » phénomène parant au laxisme de l’Etat du
pavillon habilité prioritairement à veiller à l’application des normes de sécurité des navires arborant son pavillon
53
La notion de substantial link développé par l’article 217 de la convention de Montego Bay évoque le lien devant
exister entre le navire et l’Etat de son pavillon et qui permet un réel contrôle de cet Etat sur le navire en question
notamment en matière d’application des normes se sécurité du navire et de la navigation et de prévention de la
pollution.
54
Le droit de la mer est défini comme l’ensemble des règles du droit international qui détermine les droits et obligation
des Etats en matière d’utilisation et d’exploitation des espaces marins (P. BONASSIES et C.SCAPEL, Droit maritime,
LGDJ 2006, p. 30)
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-- Le contrôle du navire en libre passage par l’Etat côtier. A cet effet, le navire
est tenu de respecter la règlementation de l’Etat côtier concernant la pollution de
l’environnement, la pêche et la sécurité de la navigation sur les eaux territoriale.
Pour les rejets illicites, la matière est régie par l’Annexe I qui les interdit
dans la Règle 955. Quant à la Règle 10, elle énonce une stricte interdiction de rejet
dans les zones dites spéciales. Enfin, MARPOL renforce la sécurité à bord des
navires et impose aux Etats d’opérer des contrôles sur les navires battant leur
pavillon56.
- Pour rappel, le socle de base de cette règlementation est constitué par la loi
2003-10 du 19 juillet 2003 relative à la protection de l’environnement dans le cadre
du développement durable, la loi 02-02 du 05 février 2002 relative à la protection et
à la valorisation du littoral, la loi 04-20 du 25 décembre 2004 relative à la prévention
des risques majeurs et à la gestion des catastrophes dans le cadre du développement
durable.
55
L’interdiction ne prévaut pas dans certains cas ( il faut tenir compte la concentration du polluant, la vitesse du navire,
la distance des côtes).
56
Le navire doit posséder un certificat international – valable 5 ans et renouvelable -- attestant qu’il a été contrôlé par
une autorité compétente
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- Il faut cependant avoir une vision globale de ces textes – ainsi que leurs
textes d’application – pour saisir la démarche du législateur dans le domaine de la
pollution marine (y compris ceux relatifs à la pollution tellurique57) ces textes se
complétant. Il en ressort certaines obligations qui pèsent sur l’armateur et le
capitaine en matière de prévention.
L’article 210 du code maritime définit la pollution marine par rapport aux
effets qu’elle peut engendrer.
57
- par exemple : - la loi 92-25 relative à la taxe sur les activités polluantes ou dangereuses, le décret 93-160 relatif au
rejet des liquides industriels,- décret 93-161 relatif au déversement des huiles et lubrifiants dans le milieu naturel.
24
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Cependant, il est dérogé à une telle interdiction aussi bien dans le code
maritime que dans la loi sur la protection de l’environnement par des autorisations
spéciales. L’article 214 du code maritime et l’article 53 de la loi du 19 juillet 2003
énoncent les cas où cette autorisation est donnée59 laquelle n’est pas exigée en cas de
force majeure (art. 54).
58
L’article 52 énonce « … sont interdits le déversement, l’immersion et l’incinération dans les eaux maritimes ou
juridiction algérienne, de substances et matières susceptibles de porter atteinte à la santé publique et aux écosystèmes
marins ; de nuire aux activités maritimes, y compris la navigation, l’aquaculture et la pêche ; d’altérer la qualité des
eaux maritimes du point de vue de son utilisation ; de dégrader les valeurs d’agrément de la mer et des zones côtières et
de porter atteinte à leur potentiel touristique ».
59
L’article 214 du code maritime algérien cette autorisation dans certains cas : « Le rejet des substances polluantes en
mer par un navire peut avoir lieu dans des circonstances particulières, et notamment pour assurer sa propre
sécurité ou celle d’un autre navire, éviter une avarie au navire ou à la cargaison, sauver des vies humaines en mer.
L’article 53 de la loi du 19 juillet 2003 précise que « le ministre chargé de l’environnement peut, après enquête
publique, proposer des règlements et autoriser le déversement, l’immersion ou l’incinération en mer, dans des
conditions telles que ces opérations garantissent l’innocuité et l’absence de nuisance du déversement, de l’incinération
ou de l’immersion »
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- Il est fait obligation à tout navire de rejeter les substances polluantes dans
« les installations portuaires destinées à recevoir (…) d’une manière générale, les
matières polluantes"(art. 213). Il faut cependant signaler la quasi absence
d’installations portuaires de réception en état de bon fonctionnement dans les ports
algériens60.
être déclenché en mer sous juridiction algérienne comme il peut être déclenché dans
les eaux territoriales lorsque la pollution est susceptible de menacer le territoire
maritime national.
Ceux sont les articles 124 et suivants du code civil algérien qui traitent de
la question de l’acte dommageable65. Selon l’article 124 « tout acte dommageable
61
Les CNOSS et CROSS ont été créés par le décret présidentiel 95-290 du 30 septembre 1995
62
Décret 84-231 du 25 aout 1985 relatifs aux interventions et secours en cas de catastrophe.
Arrêté ministériel du 10 octobre 1998 portant « définition des principes généraux devant régir l’élaboration du plan
Tell-el-Bahr».
63
La catastrophe du Torrey Canyon a été à l’origine de l’élaboration de la CLC citée précédemment. Le régime de la
responsabilité instauré par cette convention fut complété par la création du «FIPOL 71 ».
Les conventions CLC et FIPOL ont été modifiées après la catastrophe de l’ « Amoco- Cadiz » par les protocoles de
1984 et 1992 qui ont augmenté les niveaux de limitation et élargi l’application de la limitation de responsabilité des
propriétaires de navires aux pétroliers lèges, navires mixtes et aux dommages survenus dans la zone économique
exclusive.
64
Ordonnance 75-58 du 26 septembre 1975 portant code civil modifiée et complétée.
65
L’acte dommageable constitue la troisième source d’obligation après la loi et le contrat en droit civil algérien
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de la personne qui cause à autrui un dommage oblige celui par la faute duquel il
est arrivé à le réparer ». Cette obligation de réparer peut être écartée par celui qui
prouve que le dommage provient d’une cause qui ne peut lui être imputé, tel que le
cas fortuit ou la force majeure, la faute de la victime ou de tiers (art. 127).
Classiquement, la responsabilité civile ne peut être invoquée que sur la base de trois
éléments : l’existence de la faute, celle du dommage et le lien de causalité existant
entre ces deux éléments.
-- Pour son application, la CLC exclut les hydrocarbures utilisés en tant que
carburant et ne s’attache qu’aux hydrocarbures marchandise. Le code maritime
algérien est plus large dans la définition de la cargaison puisqu’il lui assimile les
hydrocarbures en soute (art. 174-c).
68
L’article 1-6 de la CLC définit le dommage comme celui « causé à l’extérieur du navire par une contamination
survenue à la suite d’une fuite ou d’un rejet d’hydrocarbures du navire, où que cette fuite ou ce rejet se produise, étant
entendu que les indemnités versées au titre de l’altération seront limitées au coût des mesures raisonnables de remise en
état qui ont été effectivement prises ou qui le seront ». Quant à l’article 117 du code maritime algérien il énonce :« le
propriétaire d’un navire à bord duquel sont transportées des hydrocarbures en vrac en tant que cargaison est responsable
de tout dommage par pollution qui résulte d’une fuite ou de rejets d’hydrocarbures de son navire sauf dans les cas
prévus aux articles 118 et 119 ».
69
Un élargissement géographique est prévu par le protocole de 1992 incluant ainsi les dommages par pollution
survenus dans la zone des 200 milles marins de la ZEE.
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70
Cette solution est justifiée au regard de la facilité à identifier le propriétaire
71
Le protocole modificatif de la CLC de 1984 a réaffirmé le principe de la canalisation en élargissant l’interdiction
d’agir contre les préposés et mandataires du propriétaire au pilote et à l’assistant mais aussi à toute personne autre que
le propriétaire qui exploiterait le navire.
72
«Tout propriétaire d’un navire transportant une cargaison d’hydrocarbures en vrac est responsable des dommages par
pollution résultant d’une fuite ou de rejets d’hydrocarbures de ce navire dans les conditions et limites déterminées par la
convention internationale sur la responsabilité civile pour les dommages dus à la pollution par les hydrocarbures ».
73
C’est la définit ion de la faute intentionnelle et de la faute inexcusable.
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Il figure aussi bien dans la CLC que dans le code maritime algérien 77 mais il
peut être remis en cause et la réparation sera intégrale.
74
K. HADDOUM, « La pollution marine, prévention et lutte », in Actes du colloque sur le « Contentieux maritime »
2& 3 mai 2009, Université d’Oran, p. 69.
75
. A. VIALARD, Droit maritime, PUF 1997, p. 125
76
Les circonstances entourant à l’origine sa consécration n’étant plus les mêmes, les détracteurs de ce principe estiment
qu’il joue plus en faveur des armateurs et déséquilibrent les relations contractuelles entre les parties.
77
Le code maritime consacre ce principe dans l’article 121 en renvoyant le calcul aux règles établies par les
conventions internationales en la matière auxquelles l’Algérie est partie. La CLC avait prévu que le montant de la
limitation s’élèverait à 2000 francs-or par tonneau soit environ 160 euros, elle était plafonnée à 210 millions de francs-
or soit 16 millions d’euros. Ce montant a été revu à la hausse en 1992.
Le propriétaire peut désormais limiter sa responsabilité jusqu’à concurrence de :
-- 3 millions de DTS (4,1 millions de dollars US) pour un navire dont la jauge brute est inférieure ou égale à 5000 unités
(tonneaux de jauge)
--3millions de DTS plus 420 DTS pour chaque unité de jauge supplémentaire pour un navire dont la jauge est comprise
entre 5000 et 140 000 unités.
-- 59,7 millions de DTS pour un navire dont la jauge est supérieure ou égale à 140 000 unités.
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code maritime algérien dans son article 118 exige cette couverture. L’autorité
administrative maritime chargée du contrôle des navires battant pavillon algérien
délivre le certificat attestant cette couverture78. Le FIPOL intervient pour compléter
le montant79 de l’indemnisation qui n’équivaut nullement au préjudice réellement
subi80.
Par ailleurs la CLC n’écarte pas les règles du droit commun et les
demandeurs peuvent se fonder sur les principes du droit civil et de la responsabilité
délictuelle en particulier et poursuivre par exemple toute personne qui a contribué au
dommage, s’il est distinct de l’armateur81.
78
Des mentions doivent y figurer : Nom du navire et port d’immatriculation, nom et lieu du principal établissement du
propriétaire, type de garantie , nom et lieu du principal établissement de l’assureur ou autre personne accordant la
garantie la période de validité du certificat etc..
79
Les protocoles modificatifs de la convention de 92 ont relevé le montant indemnisable à 135 millions de DTS puis à
203 millions de DTS (FIPOL III)
80
Affaire Oued Guetérini dans lune laquelle une société algérienne SONELGAZ a obtenu une indemnisation du FIPOL
suite à une pollution accidentelle provenant du dit navire, pollution ayant détérioré une installation électrique de
SONELGAZ. ; FIPOL 24 ème session 28 aout 1990
81
C’est le cas d’une livraison d’un navire en mauvais état de navigabilité par exemple.
82
« Toute personne qui a la garde d’une chose et qui exerce sur elle un pouvoir d’usage, de direction ou de contrôle est
présumée responsable et doit répondre du dommage qu’elle a occasionné,.... ».
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Il doit détenir le pouvoir d’usage, de direction ou de contrôle.
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-- De même l’article 124 du code civil algérien peut être évoqué, permettant
ainsi aux victimes de la pollution de poursuivre tout exploitant du navire sur la base
de la faute.
-- Mais il faut relever que l’article 137 du code maritime énonce que
« aucune demande de réparation du dommage du à la pollution ne peut être
introduite contre le propriétaire du navire transportant des hydrocarbures
autrement que sur la base des dispositions du présent chapitre et de la
convention internationale en la matière ratifiée par l’Algérie » disposition
n’allant pas dans le sens de la CLC puisque celle-ci n’écarte pas l’application de
l’article 124. L’issue de cette problématique devra être tranchée par la jurisprudence .
- Un autre classique du droit pénal prévoit aussi que toute personne n’est
pénalement responsable que s’il est prouvé qu’elle a commis une infraction
(principe de la présomption d’innocence). Le droit pénal de l’environnement procède
différemment et incombe la responsabilité par renvoi. Ainsi la personne responsable
d’une pollution est désignée à l’avance par renvoi légal, sans que les éléments de
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l’infraction ne soient réunis (élément légal, élément matériel et élément moral). C’est
la position de la loi 03-10 qui fait peser la responsabilité pénale par renvoi légal, à des
personnes sur la base d’une faute présumée84.
- Ainsi selon son article 90, toute infraction aux dispositions des
articles 92 et 93 par le capitaine est punie de six (06) à deux (02) ans
d’emprisonnement et d’une amende de cent mille dinars (100. 000 DA) à un (01)
million de dinars (1.000.000 DA), si ces infractions ont été commises sur l’ordre du
propriétaire ou de l’exploitant, le maximum de ces peines est porté au double
conformément à l’article 91 de ladite loi.
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des rejets dans les bassins portuaires et les rades87 et des sanctions conséquentes88. Le
Code maritime contient des dispositions similaires89.
L’article 111 de la loi 03-10 établit une longue liste de personnes habilitées à
rechercher et constater les infractions en matière environnementale90. L’article 557 du
code maritime complète cette liste91. Visiblement le législateur algérien a souhaité
impliquer un grand nombre de personnes relevant de différents secteurs pour la
constitution de ce corps. Ce choix d’une pléthore de personnes habilitées à contrôler
et sanctionner relève sans doute d’une volonté de dissuasion/sensibilisation aux
problèmes environnementaux.
87
Articles 56 à 59, 127 à 129
88
V. communication de K. HADDOUM : « La pollution dans les ports de commerce algérien » Journée d’études
« Perspectives du droit algérien du littoral » organisé par le Laboratoire de droit des transports et des activités
portuaires (LADMAR) , 22 janvier 2013, Faculté de droit, Université d’Oran
89
- ainsi l’article 946 énonce le principe général de la répression des infractions aux règles de la protection de
l’environnement survenues dans les limites du domaine.
- quant à l’article 941, il énonce que « est puni d’une amende de 1.000 DA à 5.000 DA, quiconque jette des terres,
des déchets, des immondices, des résidus du commerce et de l’industrie ou tout autre objet dans les ports et leurs
dépendances ou dépose ces objets sur les quais et terre-pleins portuaires. L’amende est de 5.000 DA à 25.000 DA
lorsque les rejets sont effectués dans les eaux des ports.
La peine est l’emprisonnement de un (1) à cinq (5) ans et une amende de 5.000 DA à 40.000 DA ou de l’une des deux
peines, pour tout rejet dans les eaux des ports de produits chimiques ou de déchets toxiques ou de tout produit altérant le
milieu marin ».
- L’article 949 précise que « est puni d’une amende de 20.000 DA à
45.000 DA, tout capitaine qui jette du lest dans les ports, bassins et rades.
Est puni des mêmes peines celui qui procède aux opérations de lestage et de délestage durant la nuit sans autorisation
des officiers de ports ».
90
« Outre les officiers et agents de police judiciaire agissant dans le cadre des dispositions du code de procédures
pénales et des autorités de contrôle dans le cadre des pouvoirs qui leur sont conférés par la législation en vigueur, sont
habilités à la recherche et à la constatation des infractions aux dispositions de la présente loi :
- les fonctionnaires et agents visés à l’article 21 Code de procédure Pénale;
- les inspecteurs de l’environnement ; les fonctionnaires des corps techniques de l’administration chargés de
l’environnement ; les officiers et agents de la protection civile ; les administrateurs des affaires maritimes ;
- les officiers du port ; les agents du SNGC ; Les commandants des bâtiments de la marine nationale ;
- Les ingénieurs du service de la signalisation maritime ; Les commandants des navires océanographiques ;
- Les agents techniques de l’institut de recherche scientifique, technique et océanographique ; les agents des
douanes.
91
« sont habilités à rechercher et à constater les infractions aux dispositions du présent livre, outre les officiers de
police judiciaire et les personnes mentionnées par la législation en vigueur :
-Les capitaines des navires à bord desquels les infractions ont été commises,
-Les administrateurs des affaires maritimes et les inspecteurs de la navigation et du travail maritimes,
-Les agents assermentés du service national des garde-côtes... ».
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En réalité c’est le Service national des gardes-côtes92 que est chargé des
missions de contrôle, de surveillance et de recherche en mer au titre des
prérogatives de l’Etat du pavillon, de l’Etat du port et de l’Etat côtier 93. Le SNGC
partageait ces missions avec le ministère de la marine marchande mais depuis 199694
il les assure à titre unique95 de même qu’il assure la surveillance des eaux sous
juridiction algérienne.
c- La constatation de l’infraction.
Les infractions précitées sont constatées par des procès verbaux qui font
foi96. Ces derniers doivent sous peine de nullité, être adressés, dans les quinze (15)
jours qui suivent leur clôture au procureur de la république avec copie dans le même
délai à l’intéressé.
C- LA COMPETENCE JURIDICTIONNELLE.
92
Ordonnance 73-12 su 3 avril 1973
93
Décret exécutif 02-149 fixant les règles d’inspection des navires.
94
L’ordonnance 76-80 portant code maritime a instauré des circonscriptions maritimes, stations maritimes principales et
stations maritimes qui ont été placées sous l’autorité du service national des gardes côtes conformément au décret
exécutif 96-350 du 19 octobre 1996 relatif à l’administration maritime locale.
95
L’administration maritime locale à travers ses circonscriptions est chargée notamment de l’administration des gens de
mer, la tenue du registre d’immatriculation, la délivrance des titres de navigation et certificats de sécurité des navires,
l’exécution à bord de tout navire des visites et inspections de sécurité, la protection du domaine public maritime
et du milieu marin.
96
Article 112 de la loi relative à la protection de l’environnement et du développement durable
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Le prélèvement de l’eau en mer et sur le navire, les photographies prises au moyen de satellites sont susceptibles de
constituer des présomptions solides de telles infractions.
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